ŒUVRES
♦
COMPLÈTES
d’âmbroise paré.
PARIS. — IMPRIMERIE DE BOURGOGNE ET MAUTfNET,
OEUVRES
( COMPLÈTES
D’AMBROISE PARÉ
REVUES ET COLLATIONNÉES SUR TOUTES LES ÉDITIONS,
AVEC LES VARIANTES;
ORNÉES DE 217 PLANCHES ET DU PORTRAIT DE L’AUTEUR ^
ACCOMPAGNÉES DE NOTES HISTORIQUES ET CRITIQUES ,
PRÉCÉDÉES D’ÜME INTRODUCTION
SUR l’origine et les progrès
DE LA CHIRURGIE EN OCCIDENT DU SIXIÈME AU SEIZIÈME SIÈCLE,
ET SUR LA VIE ET LES OUVRAGES d’ AMBROISE PARÉ,
PAR
J.-F. MALGATGNE.
Labor improbus omnia vincit.
A. Paré.
TOME TROISIEME.
V?'
3062 1
A PARIS,
CHEZ J.-B. BAILLIÈRE,
libraire de L’ACADEMIE ROYALE DE MEDECINE,
RUE DE L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE , 17.
A LONDRES CHEZ H. RAILLIÈRE, 219, REGENT STREET.
1841.
PRÉFACE
DU TROISIÈME VOLUM
Voici le dernier volume de cette nouvelle édition , et , si cette
expression m’était permise , la dernière pierre du monument
littéraire que j’ai voulu élever à la mémoire et au génie d’Am¬
broise Paré. Le piédestal aurait pu être plus digne de la statue ;
le seul témoignage que je veuille me rendre, c’est que pendant
deux années d’un travail assidu et opiniâtre, je n’y ai point épar¬
gné mes efforts. J’ai tâché autant qu’il était en moi, et dans mon
introduction, et dans mes notes, de peindre ce grand homme au
milieu de son époque , de mettre ses doctrines en regard des
doctrines rivales , afin que les lecteurs , embrassant d’un coup
d’œil le point de départ et le point d’arrivée, pussent mieux
mesurer le chemin qu’il avait fait. A l’égard du texte , je n’ai
rien négligé pour le rendre complet, exact, purgé des additions
et des altérations étrangères ; et j’ose le dire avec confiance, c’est
par là surtout que cette édition l’emportera sur toutes les autres.
Il n’est pas inutile de rappeler que la quatrième édition, publiée
encore par Ambroise Paré lui-même, offre des lacunes notables ;
in. a
.12X5
It
PRlîFACE.
que la cinquième , plus complète , présente déjà quelques alté¬
rations provenant des éditeurs posthumes ; que ces altérations
ont été tonjours en augmentant jusqu’à la huitième, plus com¬
plète que les précédentes , et bien moins complète encore que
la nôtre. Quant aux éditions de Lyon, qui avaient, je ne sais
comment, usurpé une certaine réputation dans la librairie, elles
peuvent être mises sur le môme rang que les plus honteuses
contrefaçons.
J’ajouterai pour les chirurgiens qui citent Paré sur la foi
des traductions étrangères , que ces traductions ne méritent
qu’une médiocre confiance. Elles ont toutes été calquées sur la
version latine, faite elle-même d’après la deuxième édition fran¬
çaise, et ne contiennent en conséquence que vingt-huit livres, y
compris l’introduction ; quelques unes seul^ent y ont ajouté
l’apologie et les voyages. Mais ce qui est plus grave, la compa¬
raison habituelle du texte français et du texte latin m’a fait voir
qu’en un très grand nombre d’endroits, le traducteur avait pris
des licences hors de toute mesure, sautant des phrases , des pa¬
ragraphes et jusqu’à des chapitres entiers, et glissant en revanche
de temps à autre’de petites intercalations de sa fabrique ; j’en ai
cité dans mes notes de nombreux exemples.
Le texte de Paré paraît donc véritablement ici pur et complet
l^our la première fois ; complet dans sa rédaction définitive ,
pl^us complet encore par l’addition des variantes fournies par les
quatorze éditions originales. Ces variantes ont offert quelquefois
tànt d’intérêt et d’étendue, qu’elles ne pouvaient rester dans les
notes ; c’est ainsi qu’on trouvera insérés dans le cours de l’ou¬
vrage, la dédicace du discours de la mumie, le fameux chapitre
de V Antimoine, et surtout Za maniéré de extraire les enfans tant
mors que viuans hors le ventre de la mere, qui ne tient pas moins
de dix pages dans le second volume.
S’il m’est permis cependant de dire un mot sur mes propres
additions , sans parler de mon introduction , qui prend à elle
seule près d’un demi-volume, un exemple mettra à même d’en
PREFACE.
in
apprécier l’étendue. Les livres huitième , neuvième et dixième,
qui commencent le second volume, occupent 289 pages, sur les¬
quelles les notes ont pris environ io5 colonnes. En faisant la
juste part de la différence apportée par le caractère employé
pour les notes , on trouvera qu’elles équivalent en réalité aux
deux cinquièmes du texte qu’ elles accompagnent. Je n’ai assuré¬
ment déployé un pareil luxe d’annotations que pour les livres
consacrés aux matières chirurgicales; et si j’ai fait ce calcul,
c’est bien moins par une vaine ostentation que pour me préparer
une excuse contre ce reproche d’ailleurs mérité, de n’avoir point
épuisé la matière, et d’avoir laissé en arrière des faits et des
idées qui auraient pu aussi être cités avec avantage dans celte
revue générale d^a chirurgie du xvi® siècle.
Du reste , si fHKîn d’amasser et de mettre en ordre les ma¬
tériaux nécessaires à une telle entreprise avait un peu retardé
l’apparition du premier volume , le second et le troisième ont
suivi avec assez de rapidité pour que le premier seulement ait
pu jusqu’à présent passer à l’examen de la presse médicale.
Comme il ne renferme que très peu des livres chirurgicaux, c’est
mon introduction surtout qui a attiré les regards ; et je ne sau¬
rais témoigner ici assez de reconnaissance pour la bienveillance
unanime et les encouragements dont on m’a comblé. On n’a
voulu voir en quelque sorte que le but que je m’étais proposé,
et l’on a épargné les critiques à l’exécution. Quelques remarques
utiles m’ont cependant été adressées. J’avais moi-même quelques
faits notables à ajouter à mon premier travail ; et afin de mettre
quelque ordre dans ces additions, je les diviserai en quatre par¬
ties, qui se rattachent, suivant la marche de l’introduction même,
1 “ à l’histoire de la chirurgie au moyen-âge ; 2“ à la biographie
de Paré ; 3“ à ses écrits ; 4“ et enfin je consacrerai le dernier ar¬
ticle au récit de l’inauguration de sa statue sur l’une des places
publiques de Laval.
§ I. — Additions à l’histoire de la chirurgie au moyen âgé.
M. Bôzelmeris a relevé d’abord doux assertions émises dans
mon introduction , pages xxiv et xxv, au sujet de Constantin
l’Africain. Suivant lui, le Pantegni, qui est en vingt livres au
lieu de dix, ne serait point un extrait de l’ouvrage d’Ali-Abbas ,
mais une traduction très complète et même plus longue que l’o¬
riginal. N’ayant pu me procurer alors le Pantegni, j’avais copié
ces deux assertions , sous toutes réserves, dans le Dictionnaire
historique de M. Dezeimeris lui-même. Aujourd’hui qu’il re¬
vient sur ce qu’il avait écrit , je m’en fie volontiers encore à sa
rectification; cependant il y a une difficulté que je lui ai sou¬
mise et qu’il n’a point résolue ; c’est que dans le supplément de
Grimer à X Aphrodisiacus de Luisini, le texte du Pantegni qui
a rapport aux affections vénériennes non seulement diffère de
celui d’Ali-Abbas , mais est notablement plus court , attendu
qu’il n’occupe que trente-six lignes là où l’autre en absorbe
soixante-une. La question a donc besoin de nouveaux éclaircis¬
sements.
A la page xxii , d’après Reinesius , j’avais rapporté à Gario-
pontus le premier emploi de ces mots nouveaux adoptés plus
tard par la langue médicale , cauterizare , gargarizare , etc. ;
M. Dezeimeris les a retrouvés dans Théodore Priscien, queGario-
pontus a copié en ceci comme en bien d’autres choses, ainsi
qu’il a été dit.
Une discussion plus intéressante est celle qui concerne la
personne et les ouvrages d’Albucasis. J’avais dit, pagecix, que
l’auteur du Liber Seivitoris, id est liber xxviij Bidcasim Bena-
benazerim, était Espagnol, et n’avait rien de commun avec le
chirurgien Albucasis, dont nous possédons une Chirurgie en
trois livres , plus une Médecine en quarante-huit traités fet non
en trente ou trente-deux livres), altendu que le vingt-huitième
livre en question n’a rien de commun avec le vingt-huitième
PRKFACE.
traité de ce dernier ouvrage. M. Dezeimeris m’a fait observer
d’abord que, depuis les recherches deCasiri, on savait qu’Al-
bucasis était né à Alzahara, près de Cordoue , ce que je ne sau¬
rais accorder ; car j’avais lu fort attentivement Casiri , et n’y
avais pas même trouvé l’apparence d’une démonstration. Mais
M. Dezeimeris ajoute que mes deux Albucasis n'en font qu’un ;
que ce vingt-huitième livre du Ser^iteu?' est la dernière partie
d’un grand ouvrage comprenant ainsi tout l’art de guérir, méde¬
cine , chirurgie , pharmacie ; et il a montré par un certain
nombre de citations un rapport réel entre cette troisième partie
et les deux précédentes. Bien qu’il reste à résoudre plusieurs
difficultés, il faut avouer que cette hypothèse, si c’est une hy¬
pothèse , a quelque chose de séduisant ; et , sans être acceptée
encore d’une façon définitive , elle appelle certainement toute
l’attention des érudits.
A la page lviii , à propos de Richard et de Gilbert l’Anglais ,
j’avais dit qu’il y a moins de chirurgie dans ce qui nous reste de
ces deux auteurs que dans le fJliiim de Bernard de Gordon, qui
n’était certes pas un chirurgien. M. Dezeimeris assure au con¬
traire que l’ouvrage de Gilbert Jiest rien moins qiiun traité
complet de médecine et de chirurgie, et même le plus complet
que nous ait légué ce siècle. Je crains que M. Dezeimeris ne se
soit ici laissé emporter un peu trop loin par un enthousiasme ,
d’ailleurs assez naturel, pour un auteur dont il a fait ur.e
étude approfondie. Il a montré que Gilbert avait parlé des her¬
nies delà ligne blanche et des carnosités de l’urètre, ce qui fait
remonter au xiii® siècle les premières notions do ces affections,
auxquelles j’avais assigné une date bien postérieure^. Gilbert,
d’après les mêmes recherches , aurait pratiqué de sa^ main le
cathétérisme , le taxis et l’incision des hernies , la suture des
plaies, etc. Malgré cela je n’ai pu me ranger cette fois de l’avis
‘ J’ai retrouvé depuis la mention des carnosités urétrales dans les Arabes
et jusrpie dans Rhasès.
VI PREFACE.
de M. Dezeimeris. Je n’ai pii en aucune manière retrouver dans
Gilbert un traité complet de chirurgie. J’ai accordé facilement
que Gilbert avait abordé plusieurs questions chirurgicales,
comme Gordon , comme Arculanus , et bien d’autre*i ; mais ,
comme ces deux écrivains par exemple , il ne saurait être
classé que parmi les médecins do son temps.
Je ne veux pas omettre de dire que M. Dezeimeris a fixé l’é¬
poque où avait vécu Gilbert , et sur laquelle on n avait aucune
certitude. Gilbert avait entendu, à Salerne, au plus tard vers le
milieu du xiii® siècle, les leçons de Platearius (le jeune), de
Jean de Saint-Paul, de Ferrari et de Maurus ; et c’est lui-même
qui nous l’apprend.
Au xy" siècle , M. Dezeimeris m’a averti que j’avais donné à
Arculanus deux procédés pour l’ectropion qui ne lui apparte¬
naient pas (voyez page lxxxviii). Cette critique est parfaitement
juste pour le deuxième procédé, qui remonte à Celse; mais pour
le premier, qu’ Arculanus donne comme sien , il lui appartient
en réalité, bien que se rattachant à une méthode générale indi¬
quée également dans Celse.
Nous arrivons à Jean de Vigo, sur qui M. Dezeimeris avait
donné , dans son Dictionnaire historique , des détails dont il
n’avait pas indiqué la source. Il nous la donne aujourd’hui , et
je ne saurais mieux faire que de transcrire tout ce passage. — ^
a Ils sont pris d’une histoire du siège de Saluces, écrite par un
témoin oculaire. Bernardine Orsello, l’ami intime de Battista de
Bapallo, dans laquelle se trouvent des détails sur l’organisation
du service médical et chirurgical de la ville assiégée. On y voit
que Battista de Bapallo, chef du service chirurgical, avait sous
ses ordres^quatre chirurgiens, dont un était son propre fils, Jean
de Vigo.» Voilà pour la paternité de Battista et pour la date
de i485. Quant à celle de c’est l’époque où écrivait Or¬
sello ; or, dans le passage qui vient d’être cité , rendant hom¬
mage à l’habileté incomparable de Battista de Bapallo, il ajoute
entre parenthèses : « La ville de Saluces regrette aujourd’hui
PRÉràCi.
VII
l’absence de ce grand homme , bien qu’elle ait le bonheur de
posséder son fils, praticien aussi supérieur à ses contemporains
par son habileté qu’il l’est par l’étendue et la variété de ses
connaissances.»
M. Dezeimeris a fait voir aussi que le mode d’extirpation du
cancer avec l’instrument tranchant et le fer rouge, dont j’avais
fait honneur à de Vigo, se retrouvait très exactement dans Gil¬
bert, au XIII® siècle.
Ici se terminent les remarques dont je suis redevable à M. De¬
zeimeris ; il y avait joint quelques autres critiques, mais qui, ne
me paraissant pas aussi bien justifiées , seraient inutilement
rappelées ici. On pourra consulter à cet égard ses Remarques sur
quelques points de l’histoire de la chirurgie au moyen âge, dans
l’Expérience, numéro du 20 février 1840, et ma réponse dans
le numéro suivant du même journal.
Mon excellent maître, M. Gama, a bien voulu me communiquer
une note sur Gersdorf, insérée, avec un discours prononcé en
1 81 7 à l’hôpital militaire de Strasbourg, dans le troisième volume
du Journal de Médecine militaire ; on la lira avec un grand
intérêt.
« Je m’arrête avec plaisir un moment sur Gersdorf, disait
M. Gama, pour lui rendre, devant ses compatriotes , l’hommage
qu’il a mérité de la part des chirurgiens militaires. Il nous ap¬
prend lui-même qu’il fut d’abord élève de Maître Nicolas, sur¬
nommé le Dentiste, chirurgien du duc Sigismond d’Autriche, et
avec lequel il s’est trouvé à trois batailles pendant les guerres de
Bourgogne. Il se fixa à Strasbourg à son retour de l’armée. Son
livre renferme plusieurs bons préceptes sur l’extraction des balles
et autres corps étrangers engagés dans les plaies ; on y trouve des
tire-balles fort ingénieux et bien faits. Une chose assez remar¬
quable, c’est que, au lieu de la suture alors en usage après les
amputations , il avait déjà indiqué la réunion immédiate , sur
laquelle on a tant disserté depuis quelques années. Je ne puis
m’empêcher de relever ici une erreur dans laquelle Haller est
Vllï
Ï^uh-’ACK.
tombé âii sujet de ce chirurgien ; il le dit élève de Mulliart, et
n’a pas vu cpie le terme allemand c’est-à-dire dentiste,
est un surnom qu’on donnait communément dans ce temps aux
chirurgiens qui excellaient dans leur profession, comme d’autres
surnoms étaient donnés aux individus de toute autre classe qui se
faisaient remarquerpar quelque chose de particulier ; par exem¬
ple, Gersdorf avait le sobriquet de Schylhans, ou Schiel hans^
c’est-à-dire le louche. »
Moi-méme aussi , comme on peut le présumer , je pourrais
ajouter ici d’autres remarques ; car c’est à la fois le regret et la
joie des hommes qui s’adonnent aux études sérieuses, d’appren¬
dre toujours quelque chose, et, par une inévitable conséquence,
de trouver toujours quelque chose à reprendre dans leurs travaux
antérieurs. D’ailleurs, même à l’instant où je tenais la plume,
j’étais obligé de faire un choix parmi mes documents ; et bien
vain serait celui qui, avec plus d’espace que je n’en avais à ma
disposition, faisant l’inventaire scientifique de cette époque en
apparence si déshéritée du moyen âge, s’imaginerait n’avoir rien
laissé en arrière, et croirait sa moisson si complète, qu’il ne
resterait plus à glaner. Toutefois, sauf quelques rectifications de
détails semées à l’occasion dans ces trois volumes, et qui portent
essentiellement sur des questions de priorité, je n’ai rien vu
jusqu’ici qui vînt contrarier les faits historiques qui ont servi de
matériaux à cette oeuvre, et les conséquences que j’en ai fait
découler..
J’avais dessein de rectifier quelques fautes échappées à l’im¬
pression ; ainsi à la page lx, ligne 4, il faut lire Armengimdus
Blasius ; page lxxiii, ligne 4, au lieu de les mesures, corriger
les menaces ; mais ce sont là les plus essentielles, et les autres
seront faciles à rectifier par le lecteur.
Il est cependant une partie de mon Introduction où les moin¬
dres détails demandaient à trouver place, et pour laquelle il est
urgent de mettre en lumière ceux qui m’avaient alors échappé ;
je veux parler de la biographie d’A. Paré.
PRÉFACE,
IX
§ IX. — Additions & l'histoire d’Ambroise Paré.
J’ai dit qu’il était né à Laval en 1517. Le hasard m’avait fait
tomber depuis sur une traduction de la Jérusalem délivrée^
publiée à Paris en iSSg, par M. Bourlier. L’auteur signait ainsi
sa Préface :
« Loms Bourlier ,
de Laval , Déparlement de la Mayenne ,
un des descendans d’Ambroise Paré , à
qui la science médicale est redevable de la
découverte de la circulation du sang, j)
Ceci, et quelques détails ajoutés plus bas sur la vie de Paré,
témoignaient suffisamment que M. Louis Bourlier n’avait pas
beaucoup ouvert les œuvres de son illustre aïeul ; mais il ajoutait
enfin :
« Il était né au commencement du xvi® siècle , dans le bourg Hersent, com
ligu au bourg d’Avenières, où je suis né, moi . »
Ce renseignement curieux était exact : je l’ai trouvé confirmé
dans ce passage d’une lettre adressée à M. David par les notables
de la ville de Laval, réunis en commission centrale pour l’érection
d’un monument à la mémoire du grand chirurgien
« Vous serez curieux d’apprendre que la reconnaissance populaire a élevé
depuis long-temps sa statue à Ambroise Paré au lieu même où il naquit ,
dans le petit village du Bourg -Hersent , qui forme presque un des faubourgs
de Laval. Nous avons tous le souvenir d’avoir vu long-temps, dans l’âtre de
la cheminée du premier étage d’une maison en ruine , un buste placé en la
mémoire d’Ambroise Paré ; et on voit encore aujourd’hui dans ce village ,
sur la façade d’une maison construite sur l’emplacement de la maison du
seigneur au service duquel paraît avoir été attaché le père d’Ambroise Paré,
‘ Notice sur le monument élevé à la mémoire d’Ambroise Paré, en la ville de
Laval, publiée par les soins de la Commission. — Laval, 1840.
X PRÉFACE.
on voit encore , disons-nous , un portrait qui paraît l’œuvre d’un peintre
d’enseignes , et au bas duquel on lit cette inscription :
DANS CETTE MAISON EST NÉ AMBROISE PARÉ.
Quant à la date de sa naissance, il ne paraît pas qu’on ait dans
le pays même aucun moyen de la fixer ; mais il y a une tradition
perpétuée, dit M. le docteur Hubert, par de vieux manuscrits ,
qui à la vérité n’ont pas une authenticité bien constatée. Il eût
été à désirer peut-être que la commission de Laval s’expliquât
mieux sur ces manuscrits ; mais elle sp borne à la simple mention
qu’on vient de lire, et s’en tient ensuite à la tradition.
« Suivant cette tradition , poursuit M. Hubert , Ambroise Paré serait né
vers l’année 1509 au petit village du Bourg-Hersent , près Laval , dans une
dépendance de la maison seigneuriale du comte de Laval , et dans la domes¬
ticité de ce seigneur, dont son père aurait été le valet de chambre-barbier. »
Le narrateur passe sous silence les autres détails donnés par
Percy; mais il conjecture que ce fut sans doute quand le comte
de Laval, remarié en troisièmes noces en lûaô, conduisit, dans
une des années suivantes, sa femme à la cour, que la famille de
Paré suivit ce seigneur à Paris- J’ai dit, et ne veux pas y revenir,
ce qui paraissait le plus certain. Une fois Paré loin de Laval, ses
compatriotes le perdent de vue et n’ajoutent rien à ce que nous
en savons; je ne veux pas omettre cependant une note curieuse
de la notice déj à citée .
« La Commission avait espéré un moment pouvoir publier des renseigne¬
ments inédits sur la famille d’Ambroise Paré, et sur les premières années de
sa vie ; elle avait découvert à Amsterdam un sieur Paré , ferblantier, qui se
dit descendant direct d’Ambroise Paré , et possesseur de tous les papiers de
famille ; mais comme il a refusé d’y laisser fouiller sans recevoir par avance
une somme d’argent, nous n’avons pas cru pouvoir engager les fonds de la
souscription sans savoir ce que pourraient amener ces recherches , et nous
n’avons pas donné de suites à sa proposition. »
De ce peu de détails nouvellement recueillis , on ne saurait
PRÉFACE.
XI
tirer grande lumière. On voit pourtant qu’en réalité des membres
de la famille de Paré ont émigré en Hollande ; mais est-il bien
vrai de dire que la révocation de l’cdit de Nantes fut la cause de
cet exil ? Dans tous les cas, l’exil n’aurait point frappé la famille
entière; car outre M. Louis Bourlier, que nous avons vu tout-à-
l’heure réclamer cette parenté glorieuse, Je trouve inscrit sur la
liste des souscripteurs, le nom de mademoiselle Bourlier d’Aves-
nières, sans doute de la môme famille, et celui d’une dame de
Laval qui porte encore ce beau nom de Paré. M. le docteur
Hubert, dans la notice déjà citée, nous apprend qu’on retrouve à
Laval, depuis 174O) une famille du même nom dont les descen¬
dants portent pour prénom habituel le nom d’Ambroise, sans
pouvoir établir aujourd’hui une filiation plus directe ; et que cette
famille J avant la révolution de 1789 ^ était exempte décapitation
et de l’impôt de gabelle, comme issue de notre grand chirurgien.
Gomment donc M. Villaume, en parlant de la mission donnée à
Lassus (et non à M. de LasuSe, comme il l’avait imprimé par er¬
reur) de rechercher à Laval les descendants de Paré, ajoute-t-il
qu’il ne s’y en trouva point? M. Hubert rapporte à cet égard
« qu’en i8o4» lorsque le professeur Lassus vint présider le jury
de médecine à Laval, il était porteur d’une lettre du cabinet de
l’Empereur qui lui enjoignait de rechercher à Laval les descen¬
dants de Paré, qu’il voulait honorer de ses bienfaits ; » mais il ne
dit rien des résultats de cette recherche.
Avant d’abandonner ce qui regarde la famille, je dois dire que
Claude Viart, beau-frère de Paré suivant M. E. Bégin (voir mon
Introd. , page ccxxvii), est cité à plusieurs reprises dans les œuvres
de Paré, notamment dans la grande Apologie, à la date de i585,
et toujours sans aucun titre de parenté*
Nous avons vu que Paré avait d’abord été reçu maître barbier
chirurgien ; et aux documents que nous avons réunis sur l’état des
barbiers à cette époque est venue s’ajouter depuis une curieuse
planche , insérée par M. Dusommerard dans sa grande et belle
publication, ÏAlhum des Arts au moyen dge, et calquée sur un
XII PftIÎFACI’.
vitrage colorié du xyi*" siècle , représentant la boutique d’un
barbier. Nous avons pu, grâce à l’obligeance de M. Dusommerard,
étudier à la fois la planche et le vitrage ; en voici une description
succincte.
Le sujet principal représente l’intérieur de la boutique; sur
une chaise est assis un patient que l’on vient de saigner. La
manche gauche de la chemise est retroussée jusqu’au coude, et
repliée là de façon à faire office de ligature ; d’autre ligature il
n’y en a point. La piqûre a été faite vers le milieu de l’avant-
bras; le sang sort en un jet magnifique ; mais, par un singulier
oubli, le peintre a oublié de le colorier. Le malade embrasse de
la main gauche un long bâton, dont le bout pose à terre ; procédé
qui remplace avantageusement la bande ou lelancetier que l’on
fait aujourd’hui tourner dans la main ; du reste, le procédé était
déjà indiqué par Guy de Chauliac au xiv® siècle ; on le retrouve
figuré par Scultet au xvif ; et enfin je l’ai encore vu mettre en
usage par les barbiers de Pologne durant la campagne de 1 83 1 .
Le barbier, debout à droite, reçoit le sang dans un bassin de cui¬
vre; la barbière, à gauche, tient un gobelet probablement rempli
d’eau, pour donner à boire ou pour asperger la figure en cas de
syncope. Du reste, barbier et barbière sont en grande toilette ,
la tête coitîée du béret noir avec double panache de plumes
blanches.
La salle est éclairée par une fenêtre cintrée à six comparti¬
ments, garnie de carreaux arrondis maintenus par des bandes
de plomb. Au-dessus de la fenêtre , pendent à la muraille cinq
bassins de cuivre de différentes grandeurs ; au-dessus des bassins,
dix poëlettes beaucoup plus petites et d’une grandeur uniforme.
Sur un pan de la muraille à droite, tout-à-fait en haut, un bassin
et une aiguière ; au-dessous, retenues par une bande de cuivre
horizontale, trois paires de ciseaux et deux paires de rasoirs à
lame pointue , à dos de cimeterre , comme ils étaient au moyen
âge, servant à la fois à faire le poil et les incisions ; au-dessous,
trois ustensiles peinls en noir, qui me paraissent être des boites
XIII
OU pennaroles suivant le terme de Guy, destinés à recevoir les
instruments. Seulement, tandis que dans la trousse moderne les
instruments ont leurs cases disposées sur le même plan, l’une à
côté de l’autre, ici les cases sont superposées l’une à l’autre, de
manière à donnera la boîte une notable épaisseur, et une forme
comparable à celle des fontes où les cavaliers plongent leurs
pistolets. Du reste je me hâte d’ajouter que ce que je viens de
dire de ces boîtes est pure conjecture ; car toutes les trois sont
vides ; et Guy en parlant du pennarole n’a rien dit qui pût servir
à en déterminer la forme. Enfin, toul-à-fait au-dessous, trois
peignes également fixés à la muraille.
Sur le pan de mur de gauche se voient en haut cinq bocaux
rangés côte à côte, et certainement destinés à contenir les on¬
guents. Au-dessous, et comme pour faire pendant à ceux de l’autre
côté, cinq rasoirs entr’ouverts. Madame la barbiôre nous cache
le reste.
Le compartiment supérieur représente une autre salle éclairée
par deux fenêtres à carreaux arrondis, et tout autour de laquelle
règne une large banquette adossée aux trois murailles visibles.
A droite sur une chaise , est assis un client auquel on vient de
faire la barbe, car le rasoir est encore sur la banquette ; le gar¬
çon barbier est occupé maintenant à lui couper les cheveux. A
gauche est un autre client qui a subi, à ce qu’il paraît, la double
cérémonie; car j’aperçois sur la banquette le rasoir, les ciseaux,
un peigne simple et un peigne double ; je ne sais donc quel reste
de toilette lui fait le garçon encore occupé à sa tête ; peut-être
la lui lave-t-il avec une éponge. Ce qui me suggère cette conjec¬
ture, c’est quoie client est à genoux sur un espèce de prie-dieu,
la tête au-dessous d’un vase suspendu au plafond, d’où pourrait
bien suinter quelque liqueur odoriférante ; et le garçon a les bras
nus jusqu’aux coudes, tandis que son camarade a gardé son haut-
de-chausses. Tous deux ont le béret noir , mais sans panache ;
et enfin celui de droite, chose assez curieuse, a une poëlette pen-
XIV
PRÉfACE.
due au côté gauche de la ceinture, comme une arme qui ne
devait pas le quitter.
Le vitrage porte on bas la date de 1 669 ; et en caractères go¬
thiques, la signature de 3o0e Eid)U)iUfr.
Je reviens maintenant à Paré.
En i636 il partit pour l’Italie, et j’avais avancé, malgré les
assertions hasardeuses de Devaux , que Thierry de Héry avait fait
les mêmes campagnes. J’en ai trouvé depuis la preuve directe
dans un passage du livre publié par Thierry en i55a , page i85.
Thierry raconte qu’il passa les monts en 1637, et parle des ge¬
lures des soldats à peu près dans les mômes termes que Paré.
Rien à ajouter à l’histoire de Paré jusqu’au siège de Rouen ,
en i562. Mais là vient se placer un fait d’une haute importance,
resté en oubli jusqu’à ce jour , et pour lequel nous avons le
témoignage de Paré lui-même. Après la prise de Rouen , il faillit
être empoisonné dans un dîner, quelque compaignie ^ dit-il,
où en auoit quelques vus qui me hayoyent a mort pour la reli¬
gion ; et il n’échappa que par une présence d’esprit remarquable.
Il avait raconté assez longuement cette histoire dans le livre des
Rapports ào, l’édition de 1576 , mais il l’avait effacée de toutes les
autres éditions postérieures ; nous avons soigneusement repro¬
duit cette précieuse variante, tome III , page 662. Quels étaient
ces fanatiques qui faisaient venir ainsi le poison en aide à leurs
opinions religieuses ? Paré ne les nomme point. Toutefois , le
mot unique qu’il a laissé tomber de sa plume sur la religion , en
prenant ce mot dans l’acception du xvT siècle, semble indiquer
que les empoisonneurs étaient catholiques, et que Paré, alors du
moins, était passé au calvinisme. Mais ceci admis, il faut donc
qu’il soit retourné plus tard à ses croyances primitives, et je
répéterai ce que je disais à la page cclxxxi : Il me parait
incontestable que ^ du moins après la Saint-Barlhélemj ^ A, Paré
faisait profession de la foi catholique.
Ici se terminerait ce que j’avais à dire de celte partie de TIn-
PRÉFACE.
XV
troduction, si je n’avais à rectifier un lapsus plumæ à peine
concevable. A la page gclxiii , on lit que François II était le
deuxième fils de Catherine; c’est fils aîné qu’il fallait dire.
§ IIX. — Additions relatives aux écrits de Varé.
Je n’ai rien à ajouter à la bibliographie que j’ai donnée de ses
ouvrages et de leurs éditions. J’ai bien vu indiquée dans \ Histoire
de V anatomie de Portai, tome VI, page 817, une édition du
Traité des playes d’ hacquebiites , qui aurait paru à Lyon , in-4'’,
en 1572; j’ignore où Portai a retrouvé cette date, mais il ne
paraît pas avoir vu cette édition par lui-méme ; et très probable¬
ment il s’agit des Cinq livres de chirurgie publiés à la même date ,
mais à Paris et in-8" suivant Haller, édition sur laquelle je n’ai
encore pu mettre la main , malgré toutes mes recherches.
J’ai oublié de dire que l’édition de i552, de la Maniéré de
traiter les playes di hacquebiites , se trouve à la Bibliothèque
royale , à celle de l’Arsenal et à la Faculté de médecine.
Pour le Traité de la peste de i568, je n’en connais qu’un
exemplaire unique fort bien conservé ; il est à la bibliothèque
Sainte-Geneviève , T . , 940 .
Relativement au texte de Paré , je commencerai par relever
quatre fautes d’impression un peu plus graves que celles qui ne
consistent que dans une lettre soustraite ou surajoutée , ou mise
en la place d’une autre.
Dans le tome II , page 2 1 9, on lit à plusieurs reprises : le ca¬
pital des cautères; le mot propre est capitel, du latin capitellum.
Page deuxième colonne, ligne 29 : Hure troisième , des
maladies traitant; lisez : liure troisième des maladies, trai¬
tant , etc.
Au tome III, page 54 1 , deuxième colonne, sixième ligne,
quatre lettres ont sauté ; lisez : sont tousiours chancreux.
Accident semblable à la page 710, première colonne , der¬
nière ligne ; lisez : beaucoup de soldats.
XVl
l' R K F A Ci;.
Mais la plus grave do toutes ces fautes , celle que j’ai gardée à
dessein pour la dernière , parce qu’elle donnerait lieu à un fâ¬
cheux anachronisme dans l’histoire de la chirurgie , se trouve ii
la page 280 du tome II. On y lit l’iiistoire de Pirou Garbier, au¬
quel fut coupée la iamhe dextre quatre doigts au-dessus du ge-
noüil; c’est quatre doigts au-dessous qu’il faut lire. A la vérité,
l’erreur aurait été rectifiée par ceux qui auraient lu , deux pages
plus loin , la grande note où je montre qu’au xvi® siècle on n’osait
faire l’amputation de la cuisse , ni môme peut-être celle du bras-
La première mention que je connaisse de l’amputation de la
cuisse ne remonte qu’à Fabrice de Hilden.
Quelques autres rectifications m’ont été imposées par une cir¬
constance dont je n’ai pas été le maître. En commençant mon
édition , j’avais trouvé dans la bibliothèque de feu M. Richerand
un exemplaire assez mal en ordre de la quatrième édition des
couvres complètes; mais quand j’eus appris à M. Richerand la
rareté et le prix de cette édition, comme dernière édition ori¬
ginale , il se sentit pris tout d un coup d’une telle tendresse pour
son volume , qu’il ne voulut plus me le confier. Il en est résulté
que , pour mon premier tome et le commencement du deuxième
jusqu’au livre des Playes d’harquebiises , je n’ai pu indiquer que
rarement si tel passage manquant dans la deuxième édition fran¬
çaise , datait de la quatrième ou de la cinquième. Je vais rec¬
tifier à cet égard les notes qui en ont besoin.
NOTES DÜ TOME fREMlËR.
Page 26, corrigez ainsi la note ; Tout ce qui suit manque dans les deux pre¬
mières éditions.
Page 28, lisez ; Ici. dans la quatrième édition et les suivantes.
Page 30, première note ; On lit dans toutes les éditions originales.
Page 36 : Dans la quatrième édition et les éditions posthumes.
Page 46 : même correction à la note.
Page 53 ; m le onzième de la quatrième édition et des éditions posthumes.
Page 55, ajoutez à la note : Ce paragraphe en question est de 1585.
Page 76 : Dans les deux premières éditions et l’édition latine.
Même correction à la page suivante, et en général , excepté dans les notes
i'RÉFA.CE.
XVfl
que je rectifie ici, les premières éditions doivent toujours's* entendre des deux
premières éditions françaises et de l’édition latine.
Page 266, j'ai signalé en note une amplification ajoutée au texte dans les
éditions postérieures à la cinquième. Il faut dire de plus que ces mots mêmes,
comme vue lozange à quatre cornes^ ne se lisent pas encore dans la quatrième
édition.
Page 391, notes 2 et 3 : le paragraphe en question date de la quatrième
édition ; et alors, comme plus tard, on y lisait le mot inferieure^ que je regarde
comme une faute d’impression.
Page 400, première colonne : Cette citation se lit pour la première fois dans
la cinquième édition.
Page 419, ajoutez à la dernière note : Le titre du chapitre en 1585 portait
seulement : de la Tumeur du fondement.
Page 446, note de la première colonne : Il n’est fait mention des sangsues
qu’à la cinquième édition.
NOTES DU DEUXIÈME VOLUME.
Page 5, dernière note : Ce paragraphe manque jusqu’à la quatrième édition.
Page 9 : Ce paragraphe date de 1585.
Page 10, note 3 : les dix figures se voient également dans la quatrième
édition.
Page 11, première colonne : Ce paragraphe date de 1585.
Page 60, ajoutez : Elle date de 1585.
Page 70, deuxième colonne, note 2 : la phrase en question se lisait encore
dans la quatrième édition.
Page 80: le paragraphe sur l’épilepsie a été ajouté en 1585.
Page 81, deuxième colonne ; Ce paragraphe date de 1585.
Page 91 : Ces deux histoires ont été ajoutées à la quatrième édition.
Page 108, note l : La date exacte de ce paragraphe est de 1585.
Page 129 : Ces mots : Ce qu’on n’auoit encores fait, n’ont été ajoutés qu’à la
première édition posthume.
Page 138, première colonne : Cette histoire a été ajoutée en 1585,
Plus loin les notes sont exactes ; j’avais alors plusieurs exem¬
plaires de la quatrième édition entre mes mains.
J’ai un mot à dire de l’ordre que j’ai suivi dans l’arrangement
des livres de la collection. Et d’abord il convient d’avertir le lec¬
teur que l’article consacré à cette question et à plusieurs autres ,
dans mon Introduction, a été sauté dans la table des ma¬
tières du premier volume. Il forme le § XX et commence à la
iir. b
xvin
PRÉFACE.
page cccxxx. Or , on fera bien , pour compléter cet article , de
recourir aux notes que j’ai placées au commencement de chacun
des livres de la collection , et qui exposent avec plus de détail
et les sources où Paré a puisé, et les motifs de l’arrangement
que j’ai adopté.
Il y avait cependant un travail général à faire sur les auteurs
cités dans tout l’ouvrage ; au-devant de chacune de ses grandes
éditions , Paré n’avait pas manqué d’en donner la liste , et elle
comprenait 176 noms en ]585. Ces noms étant jetés au hasard
les uns à côté des autres , il n’en ressortait rien pour l’intelli¬
gence du lecteur , et j’ai cru qu’on pouvait faire mieux. Laurent
Joubert, dans sa traduction de Guy de Chauliac, rechercha et
fit rechercher par plusieurs élèves et docteurs de Montpellier
toutes les citations alléguées par son auteur , et en dressa une
table merveilleusement significative pour ceux qui la savent lire.
On voit en effet que pour édifier son œuvre , Guy a eu recours à
cent autorités, citées ensemble jusqu’au chiffre de 3,299 fois. Cela
suffit certes pour démontrer que l’autorité étaiialors la base prin¬
cipale de la philosophie chirurgicale ; que si vous voulez savoir
quelle était l’autorité dominante , réunissez les citations des an¬
ciens, elles s’élèvent à 1 1 17, tandis que celles des Arabes vont à
i4o4- Ainsi, malgré la prépondérance de Galien, le plus sou¬
vent cité de tous , c’étaient les Arabes qui faisaient loi , et c’est à
juste raison que les chirurgiens d’alors étaient nommés ara-
bistes.
Or, ce que Joubert avait fait pour Guy, j’ai voulu l’imiter pour
Paré , et je ne m’en suis rapporté qu’à moi seul. J’ai donc parcouru
ligne par ligne toute cette vaste collection, notant avec soin chaque
auteur cité en témoignage, et le nombre de fois qu’il se trouvait
cité. Le résultat donne au total 266 noms d’auteurs et 2,168 ci¬
tations ; démonstration suffisante de l’influence encore puissante
de l’autorité , mais qui laisse entrevoir cependant sa décadence
prochaine et déjà commencée. De plus , le règne des Arabes et
des arabistes est passé; ils n’obtiennent pas tous ensemble
PRÉFACE.
XIX
200 citations , tandis qu’Hippocrate seul en a près de4oo et Galien
encore davantage. Galien même a perdu de son pouvoir ; si on
lui ôte le chiffre juste de loo citations parsemées dans les deux
livres des médicaments et des fièvres , qui ne touchent pas à la
chirurgie, et plus de 160 pour les livres d’anatomie, parties de
l’art à peine touchées par Hippocrate , celui-ci reprend le dessus ,
et c’est avec juste raison que la chirurgie de cet âge peut être
appelée hippocratique. J’ai supputé séparément pour Hippocrate
et Galien les citations du deuxième volume , uniquement consa¬
cré à des matières chirurgicales; il y en a 228 pour le premier,
218 seulement pour le second. Rappelez-vous , pour mieux ap¬
précier encore ce résultat, la masse immense des écrits de Ga¬
lien ; et enfin , si vous ouvrez le volume au hasard , vous serez
frappé de cette circonstance , que Galien est surtout cité pour les
définitions et les théories , Hippocrate presque uniquement pour
les doctrines d’application.
Pour rendre l’étude de cette table plus facile, j’ai séparé les
auteurs en cinq grandes catégories , en suivant généralement les
époques auxquelles ils appartiennent. Dans chaque époque j’ai
essayé aussi de rapprocher ou par les dates ou d’après le caractère
de leurs écrits , les chirurgiens , les médecins , les philosophes ,
les poètes , mais sans m’attacher à une exactitude qui eût exigé
trop de travail pour trop peu de fruit.
PllKl'ACE.
LISTE DES AUTEURS CITÉS PAR A. PARÉ.
Nicanrlre. . . .
Iléropliilc .
Erasistralc. ......
jAsclépiadea ....
Antonius Musa. . .
Rufus . .
l’iiiloxène .
Soranus .
Archigène . .
’Cœlius Aurelianui
AlArélée. ,
Écriture Sainte , auteurs
juifs, et pères de l’Église.
Nombre de fois.
Ecriture saillie en géné¬
ral . 8
Moïse et les livres du
Peiilalenfjne . 23
.Tosué. . . . . 1
Jub . 4
Sairmel . l
f. ivre des Rois
David , Psaumes . i4^Alexandrc de
.•Salomon . . . al (Trallian)
Jésus, fils de Sirach, et jOribase...
l’Ecclésiaste . 5 Léonides..
Jérémie . 3 ^ Apollonius.
Jsaïo . . üPhilotinns.
Ezécbiel .
Amos .
Estlras .
Piouveau-Tcslament en
général . . .
.Saint Maltbieu .
S.aint Marc . . 4 Socrafe.
Saint Luc . 2 'piaion
Saint Jean . 4'cicéro
Actes des Apôtres
Hérodote .
Ctésias .
DioJorc de Sicile..
j.Tuslin . .
Tite-Live . .
Elien (Æli.an)....
Valèro l’iiislorien. .
llérodien . .
1 Mitbridates. .
1 ] Aeluarius . . .
î Serenus .
‘ iErapédocle.
] l’ylhagore. .
Saint Paul . . . 8 Marc Aurèlc.
Livre des Epbèscs (pro¬
bablement Epîlrc aux
Epliésicns) .
Epîlrc de saint Jacques.
Josèpbe .
Eusèbo .
J.aclancc .
Sénèque . 3
ILcs Stoïques .
ISexlus de Cbéronée . . .
^ jPausanias .
^ |piiiloslrale- .
^ .Mare Varron .
^ Slrabon .
‘ Ploloinéo..
Homère .
Hésiode .
Euripide .
Lucrèce .
Horace .
Catulle .
Ovide .
Lucain .
Perse .
Claudien .
Oppieu . .
Total. .
. iSgi
Saint Augustin . Aulugelle .
Total . 109 La loi des 12 tables..
lAristomacbus . .
Auteurs anciens.
Glirysippus.
Crinilus. .
Hippocrate . 390 lAdrianus. ,
Gelse . 6i Stobée. . . ,
Auteurs arabes.
Les Arabes en général
par opposition aux
Grecs , dans le livre
des Fièvres . 7
Rhasès . 3
^ Jdem à Almansor . . . . 2
Ati-Abbas . 2
Isaac. . 1
Mesué . 10
Sérapion . 1
Avicenne... . 5i
Averrhoès . 3
Avenzoar . 1
Albucasis . ï\
Abdanalarach . 1
Total..
Galien . .353 Vitruve .
Aétius.... . . 66 Feslus .
j’aul d'Eginc . 5i .Héliodore,,
Aristote . 67 Solînus . . . .
Pline . 58 Macrobe ... ,
Dioscoride . 17 OEphadius..
Tliéophrasle. ........ 4 .Gassianus,, .
Plutarque . . . 19 |
96
Auteurs ardbistes ou du
moyen âge.
Constantin . 1
Plalearius . . 1
Tlieodoric . . 2
Lanfranc. . . I
Arnaud .
Nombro de foie.
Gilbert l’Auglais . i
Gourclon . ic
Guido ou Guy de Chau-
liac . 2(
Nicolas de Florence. . . î
Valescus de Tarenle. . . J
Pierre d’Apono , ou le
Conciliateur . i(
Pliilonius (probable¬
ment le Philonium de
Valescus ) . .
Pierre d’Argelata .
Arculanus .
Total. .
66
i5l
Auteurs de la Renaissance.
Jean de Vigo . 25
Marianus Sanctus .
Antonius Benivenius.. .
AlesLaiuler Benediclus.
Symphorianus .
Nicolas Godin .
Paracelse .
Trgaut .
Fuclisius .
Langius . 4
Maggius .
Cornarius. . . . . ..
Vidus Vidius .
Nicolas Massa ....
Ainalus Lusilauus,
Cardan .
i‘ ernel . 1 5
Jacques Sylvius . iSj
Coluuabus
Vésale .
Fallopius . i4
Rondelet . 25
Ingrassius . . .
Houlier .
Duret .
Manardus . .
Montanus .
Delacorde .
Gorrobus . . .
Léonellus Faventinus.
Valleriola . 4'
Estienne de la Rivière..
Gesnerus . 7
Lecoq .
Thierry de Iléry .
Franco .
Botal .
Calmethèe (Gbauuictle).
Joubert .
Dalechamps . . .
Andréas dclla Cruce.. .
PREFACJ-.
Nombre de foie
Rousset . (
Jean Wier ou Vierus. . l
Philippe Foreslus . i
RembertDodoeus (qu’il
appelle Dodonay et de
Doufly) . I
Cornélius Gemma . i
Savonarola . ]
Jordanus . i
Vassée . ;
Caslellan . !
Gourmelin (sans le nom¬
mer, dans l’Apologie), i
Courtin . !
Fier-à-Bras . .
Christophe Landré. ... (
Lepaulmier ( sans le
nommer ) .
[Simon de Valembert. .. :
’Wolff ( Liber gynœcio-
rum ) . .
Jacques Rueff . ■
Nicole du Haut-Pas. .. . ■
Simon de Provanchie-
Liébaut . . .
Jacques Grcvin .
Belon .
André Baccy .
André Marin .
Albert. . . . .
Sébastien Munster . ..
Nicole Naucel .
Volatcrran .
Antoine Mizault .
Claude Tesserant .
Lycoslhènes .
Cœlius Rhodiginus . . .
Jovianus Pontanus. . . .
Loys Lavater. . . .....
Jean de Marconîille.. .
Duhaillan . '. . . . .
Lopez , Espagnol .
Benzo, Milanais .
[Mariinus Cromerus. . .
Franciscus PicusMiran-
dula .
üamascène) .
Diphile. . .
Mathias Coruax .
Egidius Hertages .
Paul Gi’illant .
Pierre de la Palude ....
Martin d’Arles .
Facellus . .
Abraham Orlelius.. . . .
Mclchior Guillaudin Be-
- , Nombre de foie
Jean de Léry . s
Lucio Maggio . ,
Julius Obsequens.. .. i
Miliehius . i
Egnatius . . .
Baptiste Léon .
Loys Celléc .
Levimis [jcvinius . 1
Matt. Sylvius .
Jean Léon ou Leon l’A¬
fricain . <
Jean Papou .
Jacques de Fouilloux. .
Pierre Boaistuau . ï
Alexander ab Alexan-
dro . . .
Pierre Gilic .
P. Rhodicn .
Bodin . .
Julius Poilus .
J. -B. Théodose .
Pierre Messie .
George Agricola .
Lapopelinière .
Apollonius Menabeniis.
Olaus Magnus .
^ ndré Thével . 2
Mathiole . 5
Massurius .
Nonus .
ibriel du Préau .
Philippe de Mornay. . .
Erasme .
Claude Paradin .
Philippe Ulstade .
and Pouzet. .
Loys de Berth irae. . . .
Garcias ab llortoou du
Jardin .
Metrius . .
Aloysius Cadamustus. .
Ænéas Sylvius Piccolo-
nimi .
Polydore Virgile .
Otho .
Hector Boétius .
[Marc Pau! . .
Vloustrclet .
Philippe de Coinines.
Saxon l’hûtorien .
Fulgose .
Alvarez .
Dubartas .
Bonsard .
Tottil .
Total général,
5o5
2iG8
XXII PRÉFACE.
Enfin , je terminerai cet article par le sonnet que Paré avait
placé lui-même en avant de ses éditions complètes ; le texte actuel
est de IÔ79 et n’a pas été changé depuis; mais je donnerai en
note les variantes de l’édition de i575,
SONNET DE L'AVTEVR.
Ce liure maintenant que ie îmets en lumière ,
De mon art Theritier, contient tous les secrets
Que iadis bien au long les Arabes et Grecs
Ont laissé par escrit à la race derniere
Plein d’exemples il est de diuerse maniéré,
Ainsi que nous voyons de mille beaux portraits
Les prez se bigarrer, eschauffés par les rais
Du Soleil, lorsqu’il fait sa course printanière*.
Or sus donc maintenant, va-t’en, mon fils tres-cher
Que depuis quarante ans n’ay cessé de lecber :
Va , priant vn chacun qu’il leur plaise (fensuiure
Lysippe , qui reprint Appelles doucement.
Mais arriéré , enuieux ; car éternellement
Oû verra maugré vous ce mien ouurage vitire.
§ IV. — Inauguration de la statue d’Ambroise Paré.
Nous avions annoncé en terminant qu’une statue en bronze
allait être érigée en l’honneur de Paré sur l’une des places pu¬
bliques de Laval , dernier hommage de la reconnaissance popu¬
laire. Paré avait été oublié dans cette large hospitalité que la
munificence royale offrait à Versailles à toutes les gloires de la
‘ Variante de 1575 î ànostre aage derniere.
2 Ces trois vers se lisaient ainsi en 1775 :
Ainsi que nous voyons de mille et mille raiz
Reluire le paon , quand par vn grand progrez
Sa plume va monstrant plein d’arrogance fiere.
* Variante : Va4’en , mon fruict très cher.
PREFACE,
XXIII
France ; et non pas lui seulement , mais avec lui plus d’une autre
grande gloire scientifique. Il aura désormais, dans un plus large
espace , en face du ciel et du soleil , un piédestal et une statue
dignes de lui.
Dès i835 , le conseil-général de la Mayenne avait exprimé le
vœu qu’un monument fût érigé à A. Paré dans sa ville natale. Le
préfet répondit à ce vœu, en i836 , en proposant de faire les
premiers frais par une allocation de 9,000 francs au budget dé¬
partemental ; le gouvernement et les souscripteurs devaient faire
le reste. Une commission s’organisa immédiatement sous la pré¬
sidence de M. Queruau Lamerie , maire de Laval *, elle se com¬
posait de MM. Guédon, Lelièvre, Meslay, et’de deux de nos
honorables confrères , MM. Bucquet et Hubert , tous deux cor¬
respondants de l’Académie royale de médecine. Déjà, dès le
29 mars i836 , M. David avait proposé , dans le même but, une
souscription où seraient reçus les dons même les plus modiques ,
s’engageant, pour sa part, à faire gratis le modèle de la statue.
Cette offre magnifique fut acceptée avec reconnaissance, et un
programme de souscription ayant été arrêté , le roi , le ministre
de l’intérieur , le conseil municipal de Laval , l’Académie et la
Faculté de médecine de Paris , plusieurs sociétés savantes et un
grand nombre de souscripteurs y répondirent , et le succès du
projet fut assuré. Nous vîmes s’élever dans l’atelier de M. David
le modèle de la statue , achevé dès le 1®" novembre 1889 ; nous la
vîmes couler en bronze, le 12 mars i84o, par les soins de
MM. Soyer et Ingé , et dès le 9 juillet elle était arrivée à Laval.
Alors s’élevèrent avec rapidité de magnifiques blocs de granit
bleu , préparés pour le piédestal d’après les dessins de M. Moll ,
inspecteur des travaux du gouvernement, qui , lui aussi , refusa de
mettre à prix d’argent son concours pour cette œuvre patrio¬
tique; et enfin le 29 juillet fut fixé pour la solennité.
Un ciel sans nuages semblait avoir voulu favoriser la fête ; des
villes et des communes voisines était accourue une foule inouïe
de spectateurs. Sur la place de la mairie, autour de la_statue
XXiV PRÉFACE.
encore voilée , la garde nationale et la troupe de ligne , auxquelles
s’étaient jointes des députations de tous les corps de métiers de
Laval, musique en tête et enseignes déployées, formaient un
carré immense. A toutes les croisées et jusque sur les combles
de rHôtel-de- Aille, des dames élégamment parées -, le peuple
dans toutes les rues adjacentes ; au centre de la place, sur une
estrade élevée en face de la statue , les autorités civiles et mili¬
taires , les chefs des administrations publiques , les députés des
sociétés savantes ; et au milieu de ce grand cortège d’hommes ,
une seule femme , mademoiselle Renée Ambroise Paré , des¬
cendante de notre grand chirurgien et la dernière héritière de son
nom. A quatre heures et demie , un coup de canon donna le si¬
gnal, et la statue fut découverte au bruit des tambours battant aux
champs , des troupes présentant les armes , et des applaudisse¬
ments et des acclamations de la multitude.
Après que ces puissantes manifestations eurent fait silence ,
un chœur de musiciens salua l’image triomphante; puis
M. le docteur Hubert, au nom de la commission de Laval,
M. Pariset, au nom de l’Académie royale de médecine, M. le
docteur Perdrix , délégué de l’association des médecins de Paris ,
M. Leterrier, principal du collège du Mans, prononcèrent des
discours où se répétait, mais toujours sous un aspect différent,
l’éloge du grand homme que Laval a donné à la France.
M. Naudet lut un dithyrambe dans lequel Paré se trouve mer¬
veilleusement peint d’un seul trait par ce vers :
Humble de cœur, grand de génie.
Et enfin une salve d’artillerie annonça que la cérémonie de
• l’inauguration était terminée. Ce n’était point encore la fin de la
fête; un magnifique banquet, présidé par les autorités , réunit
dans la salle d’honneur de la mairie toutes les députations des
sociétés savantes , et dans la soirée la ville tout entière couronna
dignement cette belle journée par une illumination générale.
PRÉFACE.
ÎCXV
La statue s’élève sur la place de la mairie -, elle est en deux
morceaux , le corps et la tête , en outre des accessoires qui ont
été fondus à part ; elle a 2 mètres 60 centimètres de haut , et pèse
1 ,200 kilogrammes. La figure que nous en avons donnée au fron¬
tispice du premier volume, nous dispense de la décrire en dé¬
tail; disons seulement qu’en arrière des volumes placés à la
droite , et dont les titres annoncent les éditions françaises et les
versions étrangères , se déroulent quelques feuilles manuscrites
sur lesquelles sont gravés les canons suivants de Paré :
Vn remede expérimenté
Vaut mieux qu’vu nouveau inuenté.
Le nauré doit faire abstinence ,
S’il veut auoir prompte allégeance.
Celui qui pour auoir, et non pas pour sçauoir,
Se fait Chirurgien , manquera de pouuoir.
La gangrené qui est ja grande ,
Rien que le Cousteau ne demande.
Le Chirurgien à la face piteuse
Rend à son malade la playe venimeuse.
Le piédestal sur lequel la statue repose est composé de 9 blocs
de granit bleu du pays, pesant ensemble 82,900 kilogrammes,
et offrant 3 mètres 60 centimètres de hauteur. Il est élevé sur
deux marches en granit et asphalte , dont la plus élevée supporte
une grille de fer formée de 1 44 barreaux.
Sur le premier socle en granit, dans une cavité creusée au mi¬
lieu de la pierre , a été placée et soudée une boîte en plomb con-
. tenant : r une notice sur la statue même; 2“ le programme de
la commission ; 3“ la liste des souscripteurs ; 4“ une lithographie
représentant A. Paré d’après le portrait de l’édition de 1628;
5“ six pièces de monnaie à l’effigie de Louis-Philippe ; 6“ et enfin
une plaque en cuivre sur laquelle a été gravée cette inscription ;
XXVI
PRÉFACE.
Monument élevé en la ville de Laval, dans l’année 1840,
A la mémoire d’Ambroise Paré , créateur de la Chirurgie ,
Conseiller et premier Chirurgien des rois de France Henri II,
François II, Charles IX et Henri III , né au village du
Bourg Hersent, près Laval , vers l’année 1509, décédé à
Paris le 20 décembre 1590, et inhumé le 22 dans l’église
Saint" André“des-Arcs.
La statue en bronze qui couronne ce monument est l’œuvre
du célèbre statuaire David d’Angers.
Et enfin , sous la plinthe en bronze de la statue , il a été dé¬
posé une autre boîte en plomb contenant la notice sur A. Paré ,
par M. Villaume , et la copie sur parchemin du procès-verbal de
la pose de la première boîte.
Je regrette de ne pouvoir reproduire tous les discours pro¬
noncés dans cette solennité imposante, mais je ne saurais passer
sous silence celui de M. Pariset.
« Messieurs,
» Quelle noble émulation s’allume entre les villes de France !
Je vois partout , au milieu d’elles, s’élever des monuments aux
gloires contemporaines et aux gloires des temps passés. Voltaire
et Buffon ont eu des statues et ces statues sont, avec celles des
conquérants et des rois, l’ornement de la capitale. Aujourd’hui
Montbéliard, Rouen, Strasbourg, en consacrent à la mémoire de
Gutenberg, au prodigieux savoir de Cuvier , au mâle génie de
Corneille, à l’aimable muse de Boyeldieu; et Boyeldieu et Cor¬
neille attendent Fontenelle, comme Voltaire et Buffon attendent
l’inimitable Molière. Grenoble a son héroïque Bayard ; La Ferté-
Milon, son sublime et harmonieux Racine ; Château-Thierry ,
son naïf et profond La Fontaine. Bientôt sans doute l’auguste
image de Bossuet couvrira Dijon de sa lumière. Bordeaux ne
sera plus veuve de son Montaigne et de son Montesquieu ; ni
PREFACE.
XXV 11
Marseille de son Pythéas et de son Belzunce ; ni Angers de son
Bodin, et de tant d’autres que je ne puis nommer ; ni Agen de son
Bernard de Palissy ; ni Dunkerque de son Jean Bart; ni même
l’humble hameau de Poy de son Vincent de Paul. Massillon re¬
viendra émouvoir et charmer sa ville natale, comme il a charmé
toute la France ; et reçu dans le château modeste de la Motte,
comme dans un sanctuaire, le divin Fénelon y appellera les ado¬
rateurs de son talent et de ses vertus. Quels noms, quelles vertus,
en effet ! quels talents et quelles gloires 1 En est-il une seule que
ne voie fleurir l’heureuse terre que nous habitons? Que si toutes
nos villes suivaient un si bel exemple ; si chacune d’elles s’epi-
pressait de tirer de l’oubli les hommes qui l’ont honorée; si, par
des récits et des tableaux, elle rendait encore une fois vivantes,
pour ainsi dire, leurs actions et leurs personnes ; quelle merveil¬
leuse géographie. Messieurs! ou plutôt quel unanime concert de
voix éloquentes pour réchauffer dans nos âmes l’amour du beau,
la passion dubien, deux sentiments qui se produisent, se nour¬
rissent, se fortifient l’un par l’autre, et font le ciment et le bon¬
heur de la société parmi les hommes! N’est-ce point par là que l’an¬
cienne Grèce jetait comme un enchantement dans les étrangers
qui la visitaient ? Et n’est-ce point par là que notre nation devien¬
drait elle-même le modèle de toutes les autres ?
Cet exemple. Messieurs , c’est le donner que de l’imiter
comme vous le faites. Un homme est venu parmi vous, qui par la
puissance de son esprit, par l’habileté de ses mains, par la géné¬
rosité de son cœur, par l’élévation de ses principes, et j’ajouterai
par sa constante pitié pour les malheureux, peut soutenir le pa¬
rallèle avec les plus grands et les meilleurs hommes qu’ait portés
la terre : Ambroise Paré, qu’un souvenir aussi vif que le souve¬
nir attaché au nom de Henri IV rend encore, après trois siècles,
aussi présent au milieu de nous que l’est lui-même cet excellent
roi. Et ce souvenir empreint dans vos esprits , vous avez voulu
qu’il prît un corps ; vous avez voulu qu’Ambroise Paré fût en
XXVIII
PHIîFAClf.
réalité sous vos yeux : le voilà. Il respire dans ce bronze que
David a vivifié de son génie.
» Parlerai-je ici de ses premières années ? Ce qui résulte des
contradictions de ses historiens, c’est que, né pauvre, ne sachant
que lire, ne sachant qu’écrire, et dépourvu de toute littérature,
il vint à Paris , fut reçu dans l’officine d’un barbier , entra à
l’Hôtel-Dieu et y étudia trois années, n’ayant pour guides que
quelques livres, la nature et lui-méme ; lui, dis-je, car, de même
que le potier de Saintonge , il avait cette trempe d'intelligence
qui , saisissant les faits et les multipliant par l’étendue et la
sûreté des inductions, sait tirer, comme Scarpa, d’une expérience
bornée une expérience sans limites , et crée elle-même l’art
qu’elle veut connaître. La guerre était alors partout, fomentée
par la politique et la religion; source intarissable de calamités
pour les peuples, et d’enseignements pour Ambroise Paré. A dix-
neuf ans, il court sur les champs de bataille ; il y rencontre des
préjugés bizarres , et des pratiques plus meurtrières que la
guerre elle-même. Une seule observation lui ouvre les yeux sur
tant d’absurdités et de barbarie. Sur-le-champ sa raison les re¬
jette, pour y substituer des idées plus saines , et des pratiques
plus faciles et plus simples, et tout ensemble plus humaines et
plus sûres ; car c’est épargner la vie des hommes que de leur épar¬
gner la douleur. Ses heureuses innovations deviennent le texte
de son premier ouvrage ; et cet ouvrage, bien que très court,
commence en Europe et achève sa renommée. L’Allemagne et
l’Italie adoptent sans hésiter une doctrine à laquelle le temps
n’a rien changé. A vingt ans. Paré avait donné des lois à la
chirurgie.
» Suivez-le aux sièges de Boulogne, aux sièges deDamvilliers,
de Metz , de Hesdin ; suivez-le dans dix autres expéditions
militaires, au cœur de la France, et jusqu’aux confins de l’Espa¬
gne et de la Flandre ; partout môme courage, même activité d’es¬
prit, même soin de recueillir des faits et d’agrandir ses connais-
PHÈFA-CE.
XXIX
sances ; partout môme justesse de vues, même sagacité, mêmes
succès ; à ce poiut qu’il est l’idole de l’armée, et que, raffermi par
sa présence, le soldat se seut plus intrépide , et ne craint ni les
dangers ni la mort. Une foi si vive. Paré l’inspirait par ses décou¬
vertes, par son habileté, par l’ardeur de son zèle à servir les
hommes. Dans les grandes amputations, où l’ouverture des ar¬
tères rend les hémorrhagies si dangereuses , quelle soudaine
inspiration le porte à fermer les vaisseaux par la ligature, au lieu
de les fermer, comme on le faisait, par la cruelle application du
feu ! D’un trait de sa lumière, il change encore sur ce point toute
la face de la chirurgie. Dans le traitement du Balafré, que de
hardiesse, de prudence et de fermeté ! et dans le traitement de
ce soldat blessé de douze grands coups d’épée, que Paré prend
moribond sous sa garde, et qu’il rend à la vie en se faisant son
médecin, son chirurgien, son apothicaire et son cuisinier : quelle
patience, quel dévouement et quelle humanité ! Personne, dans
nos temps modernes, si j’en excepte l’illustre Larrey, qui l’avait
pris pour modèle, personne n’a porté plus loin l’oubli, l’abnéga¬
tion, le sacrifice de soi-même, et lés nobles et touchantes vertus
du chirurgien.
» Dans le tumulte d’une vie si agitée, au milieu des déplace¬
ments qu’exigent la guerre et les fonctions qui l’attachaient à ses
rois, une belle et noble pensée préoccupait ce grand homme.
Frappé du vide de la chirurgie française , il voulait qu’après lui
un corps de doctrine rendît plus facile aux hommes de sa nation,
l’étude d’un art si nécessaire. Il voulait que ce corps de doctrine
fût son ouvrage, parce qu’il se sentait seul en état de l’exécuter ; et
de là sont nés tant d’écrits si divers, qui, accrus d’année en année,
et perfectionnés parle travail le plus opiniâtre, composent la ri¬
che collection qu’il a léguée à la postérité. Tout n’est pas de lui
dans ce grand ouviftge, mais le nombre et l’excellence de ses
propres vues et de ses découvertes en sont l’âme, pour ainsi dire ;
elles en forment la partie essentielle, capitale et dominante ; elles
seront la leçon de tous les siècles.
XXX
pr:éface.
» A l’égard de ses rivaux et de ses envieux critiques, l’intérêt
de sa propre gloire, je me trompe, l’intérêt de la vérité seule fit
qu’il prévint les uns par sa diligence, et qu’il soumit les autres
par la seule autorité do sa raison. Il eut surtout contre lui les
ombrages de la Faculté ; la Faculté ne souffrait pas qu’il entrât
dans des matières dont elle s’était fait comme un domaine exclusif.
Singulier temps, où, faute de vains titres, faute de grec et de latin,
l’homme qui pouvait le mieux écrire sur la médecine, n’en avait
pas le droit I N’est-ce pas renverser tous les termes, mettre les
mots au-dessus des choses, et préférer l’accessoire au principal?
Le génie, en quoi que ce soit, ne saurait dépendre d’un idiome
éteint et muet. Bessarion, avec tout son savoir, n’était qu’un pé¬
dant ridicule; et, pour prendre un exemple plus élevé, lorsque
le plus sage et le plus brave roi qu’ait eu la France, songeait, en
faveur des peuples, à établir en Europe un équilibre d’indépen¬
dance et de liberté, il n’avait pour appui dans ce grand dessein
que les conseils d’un chancelier sans lettres, et l’épée d’un con¬
nétable qui ne savait pas lire. Tels étaient les auxiliaires ; mais il
y avait là un sens si parfait, une raison si droite et si ferme, que
le roi n’en voulait pas d’autres. Avec toutes ses lumières, la Fa¬
culté ne voyait pas qu’uniquement formé par lui-même, disciple
et maître tout ensemble. Paré n’en était que plus admirable et
plus digne de respects.
» J’ai parlé de guerre. Messieurs, et mes paroles ont pu réveil¬
ler dans vos esprits ces dissensions funestes qui, au nom d’une
religion de paix et de charité, ont si long-temps déchiré la France.
Placé par sa profession même entre deux partis acharnés l’un
contre l’autre, Ambroise Paré, plus sage que ne l’avait été le
Milanais Lanfranc, plus sage que les Italiens fugitifs qui venaient
peupler Paris du temps de Pitard, et qui tous avaient trempé
dans les guerres civiles, Ambroise Paré, environné des mêmes
excès, des mômes périls et des mômes séductions, sut maintenir
son indépendance et sa liberté. Comme il ne se livrait à aucune
faction, sa réserve rendit sa foi suspecte. On le crut, on le dit en-
PRÉFACE,
XXXI
gagé dans la réforme, et c’est là l’opinion qui a prévalu jusqu’ici.
Mais, ainsi que l’a démontré en dernier lieu M. Malgaigne, cette
présomption s’accorderait mal avec les dates que fournit l’histoire.
Elle serait même démentie par quelques actes publics de la vie
de Paré, par son second mariage , et par sa sépulture dans une
église catholique. Mais quoi ! il est des temps d’aveuglement et
de fureur où la modération , ce frein ou plutôt cette règle de tous
nos sentiments, est comme la perle de l’Evangile ; c’est elle sur¬
tout qui aigrit les caractères violents et passionnés ; et le fanatisme
s’irrite moins de ce qui lui résiste, que de ce qui le condamne.
» Quels qu’aient été, du reste, sur des questions si délicates,
les secrets sentiments de Paré, il est certain qu’il avait l’âme pé¬
nétrée d’une piété profonde. Il reconnaissait, il admirait , il ado¬
rait partout l’intelligente, la bienfaisante main du Créateur. Il
osait se réserver l’humble mérite de panser les malades, mais
c’est à Dieu qu’il rapportait la gloire de la guérison. Tout le
monde connaît sa maxime favorite: le le pansaj^ Dieu le guarist;
sainte maxime qui renferme Paré tout entier, son âme, son esprit,
sa simplicité, sa modestie, et l’invariable principe de ses volontés
et de ses actions, je veux dire l’amour de Dieu et des hommes.
Il le savait en effet mieux que personne : un art tout divin
préexiste en nous, un art tout divin nous anime et conduit nos
mouvements intérieurs avec une sagesse à laquelle doit toujours
se subordonner la faible sagesse du médecin, de l’homme qui
ose intervenir dans cette combinaison de merveilles. Ambroise
Paré était donc souverainement religieux ; mais il l’était à sa
manière, à la manière de Fénelon, à la manière des plus rares
esprits qui aient honoré notre espèce. Il pensait comme eux , ou
plutôt il sentait qu’une religion n’est toute divine qu’ autant qu’elle
est tout humaine, et que nous n’adorons Dieu, qu’en servant nos
semblables. Si l’âme de l’homme est immortelle, et s’il était pos¬
sible que l’âme de Paré m’entendît, ou que ce bronze prît pour
lui la parole, une secrète voix m’avertit qu’il applaudirait à la
mienne, et que, peu touché des éloges qu’on donne à son talent.
xxxn
PRÉFACE.
il accepterait du moins ce dernier hommage que je rends à sa
mémoire.
» C’est au nom de l’Académie royale de médecine que j’ai osé
paraître en cette solennité. Puisse cette compagnie, et puissiez-
vous, comme elle, ne pas désavouer le langage que je vous ai
fait entendre ! Souffrez maintenant que je vous félicite en mon
propre nom du triple choix que vous avez fait, et de l’homme
que vous avez voulu célébrer, et de l’artiste qui vous a secondés de
son talent, et du lieu charmant où vous élevez son chef-d’œuvre ;
lieu découvert, accessible, où les aimables pompes d’une riante
nature viennent se marier comme d’elles-mêmes aux pompes de
l’art et aux embellissements que vous leur préparez. Appelé, re¬
tenu aux pieds de l’image d’Ambroise Paré, par l’attrait de ce
nouvel Élysée, le voyageur ému contemplera ce bronze; et pour
peu qu’il ait un cœur d’homme, il en entendra sortir ces paroles :
« Tu vois qu’il est des hommes qui savent faire le bien, et qu’il
» en est qui savent le reconnaître. Que les uns et les autres soient
» toute ta vie tes modèles! » Ces paroles, je les entends. Mes¬
sieurs ; et c’est l’âme remplie d’un si beau précepte, que je vais
me séparer de vous, avec le regret de ne pas être un des vôtres,
de ne pas vous appartenir, à vous qui montrez des sentiments si
humains, et qui m’avez comblé de vos bontés. Puissiez-vous, du
moins, ne pas me refuser la seule grâce à laquelle il me soit per¬
mis d’aspirer ! puissiez-vous me donner dans vos souvenirs une
place , quelque petite qu’elle soit , à côté de votre glorieux
compatriote , l’immortel fondateur de la chirurgie française ! »
LE DIX-NEVFIÉME LIVRE
TRAITANT
DES MONSTRES ET PRODIGES
PREFACE.
Monstres sont choses qui apparois-
sent outre le cours de Nature ( et
sont leplussouuent signes de quelque
malheur à aduenir ) comme vn en-
’ Voici , de toute la collection de Paré ,
le livre dont ses admirateurs ont cru avoir
le plus à rougir, et Percy entre autres s’é¬
criait : Plût à Dieu qu’il n'eûl jamais vu le
jour! Ces jugements un peu précipiîés vien¬
nent d’une étude très superficielle de l’œu¬
vre et de l’époque; peut-être aussi certains
esprits se sont-ils laissés effaroucher par la
forme, sans pénétrer jusqu’au fond; et je
suis si loin de partager une pareille opinion,
que je n’hésite pas à donner ce livre comme
un des plus curieux et des plus intéressants
du xvr siècle. Peut-être la forme sous la¬
quelle je l’ai présenté ralliera-t-elle plus
d’un lecteur à mon avis.
Il avait paru pour ta première fois en 1673,
dans les Deux Hures dechirurgie, à la suite
du Livre de la génération, dont il peut, en
eflet, en bonne parlie passer pour le com¬
plément. Il se composait alors de 31 chapi¬
tres traitant des monstruosités naturelles et
des cas rares de chirurgie, avec une digres¬
sion assez malheureuse sur les démons et
III.
fant qui naist auec vn seul bras , vu
autre qui aura deux testes , et autres
membres outre l’ordinaire.
Prodiges , ce sont choses qui vien¬
nent du tout contre Nature, comme
vne femme qui enfantera vn serpent,
l’art magique, mais jusque là sans sortir de
la pathologie; et il se terminait par unf
32' chapitre, sans liaison aucune avec les
précédents ni avec le plan du livre, intitulé :
Des monstres marins. En 1679, à l’époque
même où la lecture de Thévet avait inspiré
à Paré son livre des animaux, il compléta
celui des monstres par trois chapitres consa¬
crés aux monstres volatiles, aux monstres ter¬
restres et aux monstres célestes. Or je le ré¬
pète , et on s’en assurera pat la préface de
Paré même, tout cela était hors du plan du
livre, plan régulier, logique, et qui créait
dans la pathologie chirurgicale une bran¬
che toute nouvelle, ainsi qu’avait fait le li¬
vre de la prothèse. Long-temps balancé en¬
tre le respect que je devais au texte et à
l’arrangement de l’auteur, et le désir de
restaurer son ouvrage suivant le plan qu’il
avait tracé lui-même, enfin je me suis dé¬
cidé pour ce qui m’a paru le plus favorable
à l’illustration de son livre; j’ai retranché
hardiment tout ce qui concerne l’histoire
LE LIX-NEVFIEME LtVRE
OU Vil chien , ou autre chose du tout
contre Nature , comme nous mons-
trerons cy apres par plusieurs exem¬
ples d’iceux monstres et prodiges:
lesquels i’ay recueillis auec les fleu¬
res de plusieurs qutltieurs : comme
des Histoires prodigihuses de Pierre
Boistuau , et de Claude Tesserand ,
desainct Paul, sainct Augustin, Esdras
le Prophète : et des anciens philo¬
sophes , à sçauoir d’Hippocrates , Ga¬
lien , Empedpcles , Aristote , Pline ,
Eycosthene , et autres qui serpnt
cottés selon qu’il viendra à propos.
des animaux et des prodiges météoriques ,
que j’ai reportée à la fin de la collection, im¬
médiatement après le livre des animaux, où
était vraiment sa place naturelle. Ce n’é-
tai't pas assez, et dans' ce restait se trod-
vaieiit des figures de m?onstres tellement
hors de nature, qu’il ne faùt pas s’étonner si
leur simple aspect a suffi pour frapper beau¬
coup de lecteurs de nausée et de dégoût. J’ai
d’autant moins hésité à effqc|r ces figures
que pas une seule n’appartient à Paré, et
qu’il les a copiées dans des recueils dç pro¬
diges publiés- de son temps, et o^ l’on est
bien loin de trouver le boq sens, la saine
observation et la science qui frappent daqs
son lîYre. Dp reste , j’ai respecté scrupuleu¬
sement celles qui lui uppqrtenaient à lui-
même; et j’en ai même conseryé beaucoup
d’autres qui ont encore aujourd’hui leur
intérêt pour la tératologie , ou même qui,
mal faites et défigurées, sont essentielles
cependant à rintelligence des doctrines du
ïYi' siècle.
On voit par la liste des auteurs que Paré
a consultés et qu’il énumère dans sa préface,
qu’il ne checche pas à s’attribuer plus qu’il
ne lui revient, dans la composition de son
œuvre; et' l’on peut dire qu’il y a excès de
modestie dans ses aveux. Fercy a prétepdu
que Grévin l’avait aidé dans 1® rédaction ;
cela n’a pas l’ombre de fondement. Ij est
probable toutefois qu’il a eu un collabora¬
teur, ne fût-ce que pour lui traduire les en¬
droits des auteurs latins qu’il cite; et il y n
quelque^probabilité que ce fut son ami Hau-
Les mutilés ‘ , ce sont aueugles ,
borgnes , bossus , boiteux , ou ayans
six doigts à la main ou aux pieds, ou
moins de cinq , ou ioints ensemble:
ou les bras trop courts, ou le nez
trojp enfpncé, copinie ont les camus :
ou auoîr les léures grosses et ren-
ucrsées, ou closture de la partie gé¬
nitale des filles pour cause de l’hy-
meh , ou chair supernaturelle , ou
qu’elles soient hermaphrodites : ou
ayans (quelques taches ou verrues,
ou loupes , ou autre chose contre
Nature.
lin. D’ailleurs, l’auteur dans lequel il fouille
ié plus communément est Lycosthènes, qu’il
a mis par.iii les anciens philosophes , sans
doute à cause de son nom grec, et qui est
tout simplement un écrivain du xvi® siècle.
L’ouvrage de Lycosthènes que Paré a mis à
cqp^l-jpution avijit parp ^ B^le, eq 1^7, spus
ce t^tre : Prodîgifirurn ac ost_eiHo,rurri.çhroHi-
con, ejtc., per. Conradum Lycosthenem Jiubea-
quertsem ; c’est üh petit ih-folîo dé C78 pages,
coûtenant par ordre de dates tous les prodi¬
ges que l’auteur a pu recueillir dans les au¬
teurs depuis le commencement du monde
juSf(ù’à 'Pan 1564 , avec" une innômbrable
quantité de figures; livre indigeste, mais
d’uttè éfuditioù étonnante , et source pré-
cieûS'e où l’ori peül eû'coré'puiser après Paré
po'ür l’histoire clé la tératologie. Vieniient
è'nsùîte les fiîsldires prodigieuses de Pierre
Boaistuau, qu’il écrit AoishtaM, publiées' en
1560, réimprimées avec des augmentations
cii 1575; c’est cette dernière édition que j’ai
suivie; et enfin un livré du même titre de
Claude de Tesserand , qu’il appelait par er¬
reur 'Ç/aude Desserand, dans ses premières
éditions; mais je n’ai pu me procurer ce
dernier ouvrage,
i Çe paragraphe ne date que do 1579 , et
on lisait aloys 'par une faute d’ImpresSion
facile A compreiidl-e : les inutiles.
On voit par là que l’auteur se propose de
traiter de trois sortes de monstruosités ; tan¬
dis qu’en 1573 il se bornait aux deux premiè*
res, savoir, aux 'monsu-es et aux prodiges,
dont lé nom est resté dans le titre du livre.
Des E!:ç P^ppipçs. 3.
CHAPITRE II.
CHAPITRE L
DES CAYSES. DES IMOMSTSES.
Les çftpses iponstrps sont plu-
■ LaprpTOipr^, est }a glopç Je Dipp,
L^ Se,ÇRpcle, §pn ii^p.
La Rpisiémp , ^ tfpp, g^an^e qpap-
Pté fie septepcp,
quatrième, la trpp pelitç qqan-
Ulé. .
La çipquiéme ,
La slpépie, l’apgustie pu petitesse
de la matrice.
La septième» l’a^ÿetp indecente
ta meve , epninie ^ estapt grosse ,
g’est te«ue trop Iqngqomept asjse
\% eupes pi^pjsti^s., PU servées p.qptre
Ip yeptre. •
LaLuitié^^Uî PftI Çtieute , pu çppps
i^onqès ÇeUtVe le centre ^P la pierp
esiapt gçpsse d’epfant.
La neuftéme , par ipalapies Lere:
PUeiies, PU apçiueutjes-
LafIwme,parppuevit,wepU ÇpÇr
ryptionje la sepiepçe.
L’PP^iéme , pay mixtlpn , pp tpe^-
lange de semence.
La dppiîÂéme, par Vo.nJiee des
mescb.ans Lelistres de rosliere f.
La treiziéme, par les Démons ou
Diables 2.
1 Des mendiants. La traduction latjne a pris
d’étranges licences dans tout ce livre j et par
exemple , elle 4 laissé de côté toute cette
énumération des causes. Mais au chapitre 18,
répondant au chapitre 21 du texte français ,
elle donne poyr équivalent mendicanies,
Yoyez ce chapitre 21.
^ L'édition de 1578 ajoutait ici le para¬
graphe suivant, qui a été retranché en 1579 :
« Il y a d’autres causes que ie laisse pour
le présent, parce qu’outre toutes les raisons
hurpaines, l’on n’en peut donner de suffi¬
santes et probables : comme, [)Qurquoy soqt
EXEMPLE DE LA GLOIRE DE DIEV.
Il pst escrit ep S. ïean f d’vn homme
qqi estoit pày apeugle , Ipquel ayant
ypopupert la veup. par la graep pp
Îp^qs-LLrist, fut interrogqéppses dis¬
ciples , si le peçlié de luy ou de ses
parens estoit çause qull eust esté
ainsi produit aueqgle dés le iotir de
sa patlpité. Et lesys-Christ leur res-
ppnd.it : Que luy, ne son pere , ne sa
mpre n’auoient péché , mais que
p’estoit 4 lin qpe les œuures de Dieu
fussent magnifiées en luy.
CHAPITRE III.
EXEMPLE DE l’ire PE DIEV.
P y a d’autres causes qui nous es-
tonnent dOuLlement, parce qu’ils np
proepdept des causes susdites , mais
yne confusion d’estyanges pspeces,
qui pepdP.4t I4 erpatnre nqn spule-
rpent mopstrueusp, mais prodigieuse ,
p’pst-à-dire qui esf dut tout abbOf-
renfe et contre nature : çomipe pQdr-
quoy sont faits ceux qui ont la fîgurp
d’yn ebien, ef la teste d’vne volaille,
vp aufre ayant quatre pprpes 4 la
teste , yn aqtre ayant quatre pieds de
bfçbf, ef les çuissps decbiquctées :
yp autre qyaut fa teste d’vn perro¬
quet , et deux papaches spr la teste,,
faicts ceux qui n’ont qu’vu seul œil au mi¬
lieu du front, ou le nombril, ou vne corne
à la teste, ou le fôye s’eii dessus dessous :
Autres naissent aians pieds de griffon ,
comme les oiseaux, et certains monstres qui
s’engendrent dans la mer; bref, une infinité
d’autres qui seroient trop long? à d’es-
cripre. »
1 Cap. 9. -A. P. -*1073-
LE DlX-WÈVFllblE LIVRE ,
4
et quatre griffes : autres d’autres for¬
mes et figures , que tu pourras voir
par plusieurs et diuerses figures , cy-
apres dépeintes sur leur ligure
Il est certain qua le plus souuent
ces créatures monstrueuses et prodi¬
gieuses procèdent du iugement de
Dieu , lequel permet que les peres et
meres produisent telles abominations
au desordre qu’ils font en la copula¬
tion comme besles brutes, où leur
appétit les guide, sans respecter le
temps , ou autres lois ordonnées de
Dieu et de Nature : comme il est es-
crit en Esdras le Prophète , que les
femmes souillées de sang menstruel
engendreront des monstres
Pareillement Moyse defend telle
conionction au Leuitique , chap. 16.
Aussi les anciens ont obseruépar lon¬
gues expériences , que la femme qui
aura conceu durant ses fleurs , en¬
gendrera enfans lepreux , ligneux ,
goutteux , escrouëlleurs , et autres ,
ou sujets à mille maladies : d’autant
que l’enfant conceu durant le flux
menstrual prend nourriture et ac¬
croissement, estant au ventre de la
mere, d’vn sang vicieux , sale et cor¬
rompu , lequel auec le temps ayant
enraciné son infection , se manifeste
et fait apparoistre sa malignité : au¬
cuns seront ligneux, autres goutteux,
autres lepreux , autres auront la pe¬
tite verolle ou rougeolle , et autres
infinités de maladies. Conclusion ,
c’est vne chose salle et brutale d’a-
uoir affaire à vne femme pendant
qu’elle se purge s.
‘ Ce paragraphe a été ajouté en 1579.
s Esdras, ch. 5. liv. 4. — A. P. — Ici Unis¬
sait le chapitre dans les deux éditions de
1673 et 1575, d’où l’on voit qu’il était fort
court, ne consistant qu'en cet unique para¬
graphe. Le reste a été ajouté à diverses dates.
3 Ce paragraphe est de 1585.
Lesdits anciens eslimoient tels pro¬
diges venir souuent de la pure vo¬
lonté de Dieu , pour nous aduertir
des malheurs dont nous sommes
menacés, de quelque grand desordre,
ainsi que le cours ordinaire de
Nature sembloit estre peruerti en
vne si malheureuse engeance. L’I¬
talie en fit prenne assez suffisante ,
pour les travaux qu’elle endura en
la guerre qui fut entre les Florentins
et les Pisans , apres auoir veu à Ve-
ronne, l’an 1254, vne iumenlqui pou¬
lina vn poulain qui auoit vne teste
d’homme bien formée, et le reste
d’vn chenal *.
Autre preuue. Du temps que ^e
Pape Iules second suscita tant de
malheurs en Italie , et qu’il eut la
guerre contre le Roy Louys douzième
(1512), laquelle fut suiuied’vne san¬
glante bataille donnée prés de Ra-
uenne : peu de temps après on veit
naistre en la mesme ville vn monstre
ayant vne corne à la teste, deux ai¬
les, et vn seul pied semblable à celuy
d’vn oiseau de proye : à la iointure
du genoüil vn œil : et participant de
la nature de masle et de femelle
1 Toutes les éditions, à partir de celle
de 1579, ajoutent ici : comme tu vois par cesic
figure; après quoi vient une figure parfaite¬
ment caractérisée par son titre : Figure d’vn
poulain ayant la teste d’homme. C’est une de
ces imaginations absurdes qu’admettait la
crédulité du xvi' siècle, et qui a même trou¬
vé des partisans beaucoup plus tard. Paré a
emprunté cette histoire et cette figure à Ly-
costhènes, ouvr. cité, page 438.
2 Ce paragraphe a été ajouté en cet en¬
droit en 1579, mais il existait déjà en 1573,
du moins en substance, à la lin du chapi¬
tre G. Là, comme ici, il était suivi du Por¬
trait d’vn monstre merueilleux, de tout point
en accord avec la description fantastique
qu’on vient de lire. Si à toute force on peiit
présumer que l’histoire précédente aurait
DES MONSTRES ET PRODIGES.
CHAPITRE IV.
EXEMPLE DE LA TROP GRANDE QUANTITÉ
DE SEMENCE.
Hippocrates sus la génération des
monstres dit, que s’il y a trop grande
abondance de matière , il se fera
grand nombre de portées , ou vn en¬
fant monstrueux ayant des parties
superflues et inutiles , comme deux
testes , quatre bras , quatre iambes ,
six doigts és mains et pieds , ou au¬
tres choses : au contraire si la se¬
mence defaut en quantité , quelque
membre defaudra , comme n’auoir
qu’vne main , point de bras, ou de
pieds , ou de teste , ou autre partie
defaillante.
Sainct Augustin ‘ dit que de son
temps il nasquit en Orient vn enfant
qui auoit le ventre en haut , toutes
les parties supérieures doubles , et
les infeiieures simples ; car il auoit
deux testes et quatre yeux, deux poi¬
trines et quatre mains , et la teste
comme vn autre homme , lequel ves-
quit assez long-temps.
Cælius Rhodiginus a escrit au liure
de ses antiques leçons ^ , auoir veu
en Italie deux monstres , l’vn masle
et l’autre femelle, leurs corps bien
parfaits et proportionnés , reste la
duplication de la teste ; le masle mou¬
rut peu de iours apres sa natiuité , et
pris son origine dans un fait réel de quel¬
que monstruosité mal observée , il est cer¬
tain, au contraire, que celle-ci est une pure
fable et n’a jamais eu le moindre fonde¬
ment. L’histoire et la figure sont égale¬
ment copiées de Lycosthénes, ouvrage cité ,
page 517, qui lui-même l’avait pris de Rueff,
De conceplu et generaiione, 1654, fol. 51.
1 Chap. 8 de la Cité de Dieu. — A. P.
2 Cil. 3, 241iu. — A. P.
5
la femelle , de laquelle tu vois ici le
pourtrait , vesquit vingt - cinq ans
apres : qui est contre le naturel des
monstres , lesquels ordinairement ne
viuent gueres , pource qu’ils se des¬
plaisent et melancholient de se voir
ainsi en opprobre de tout le monde ,
si bien que leur vie est briefue.
Figure d’vne fille ayant deux testes i.
1 Nous sortonsjcette fois du domaine de
l’imagination pour entrer dans celui de la
réalité; aussi ai-je fait soigneusement co¬
pier les figures qui suivent. Celle que l’on
voit ici se rapproche beaucoup de la fameuse
Rita Christina , si bien étudiée par M. Geof¬
froy Saint-Hilaire. [Uist. des anomalies de
l’organisation, Paris, 1836, t. III , p. 166.)
J’ai rétabli le titre de la planche d’après l’é¬
dition de 1573.
Du reste, Paré a probablement emprunté
0
dril Nnt îcyhnt’ci’iibcstycosthend
dsicrit vhb ciîbsd méhièilleüsb db fed
liiriti^trc» fomoile : c<1r résct-ùb Id d’u-
plioîiildd de id teste, îlaiurc ri^y kdott
rleh ôttiiâ : ceà deui testes ( dit-il)
auoîe'nt iÜeslne désir de boire , idan-
gél*, bt dormir , et la barblle sembiablë ,
comme ostbibht mesmés toutes lëtih
affections. Cesle fille alloit d’huis en
huis chercher sa vie, et luy don-
noit-on volontiers pour la nouueauté
d’vnsiestrangé et nouueau spectacle :
toutcsfois elle fut dechassée à la lon¬
gue de la duché de Bauiere, parce
( disoit - on ) qU’elle pourroit gaster
le fruict des femmes grosses, pour
l’apprehension et idées qui poür-
roient demeurer en la vertu imagi-
natiue , de la figure de ceste créature
ainsi monstrueuse 2,
L’aii de grâce 1475 , furent engen^
dréës pareillement en Italie, en la
ville de Veronne, deux filles conioth-
tes par les reins , depuis les espauleS
iusques aux fesses : et parce que leurs
parens estoieqt panures , elles furent
portées par plusieurs villes d’Italie ,
pour amasser argent du peuple, qui
estoit fort ardent de voir ce nouueau
spectacle dë nature.
rhistoire et lalîgure de ce monstre à Boais-
tuau.ouv. cité; folio 128, verso,; lequel avait
à soti tbürcdbié LycosthèneS, oùv. cité, page
566.
1 En 16T3, Paré écrivait : que Licosthene ,
g'rànd philosbphh , été. Il effaça cet éloge dès
lS75i
2 Jl n’est bon que les monstres cohabitent
entre noMs, — A. P. — Cette remarque est
de 1579.
Figure de deux filles gemelles , ioiûtes et unies
par les parties postérieures *.
L’an 1530, on à vëù Vh Ijbrnihe eti
ceste ville de paris , dii ventre duquel
sorloit vn autre homme bien fbrnié
de tous ses inembres, reseruéla testé,
et cest homme estoit aagé de qhâ-
1 Cette figure jippartient çncoiçë a tÿpô-
sthènes, p.4 90, et se trouve reproduite à di¬
vers endroits de son livre ; du reste, comme
la |)têcêdehtè, éilè r’ëtlrèsénté urié môhstrllo-
sité éxactetaé’nt ôfôetvte. bh peill réHiîii'qtiél'
qiië lés dèÜk sûjlîtfe sont dcbollia ^dr leiirs
partiel sèbibiRBles, èüivànt là lél établie
par M. Sétrès. fôÿezëbn ouvtaglpi Éehherchès
d’gnatoŸniè irtinse'enàani'e et p'àïhôïo’gtiiïè, Pa¬
rts , 1832, 111-4“ ët Ülaé ih-folio; et ihén
Anatomie chtriirgicdlc, Paris, 1838, 1. 1, p. 54.
— On trouve une figure piirclllc dans Rüeff,
De concept, et gene)iiio‘lte, 155^, îot. 4fi.
DE8 MbNSTRÈS
rante ans dü enüiipbn, el pbrtbit àilasi
CG corjis ehtfe Sdsbl-asjâuecsi^ràhdie
merueillë; que le nidilldbs’asSenibloit à
grandes troüpëâ bbUir le tWI- : la figuré
duquel t’est iby repfc^ntéô ail vif.
Figurt d’vfi hommè, ïïu ventile âuqUel sohôii
m aüt're h'o'fMne 1.
En Pîedmont en la ville de Quiers,
distante de Thurin enuiron de cinq
lieues, vne honneste dame accoucha
d’Vn monstre lé dix-septiéme iour de
iàniiier à huit heuires dh Sdir , cteSte
priésëhté iapiiéé 1578 , Jâ face èfetaüt
1 Par^ ^'é 'dit pàs qu’il ait vil lui'-Wenié
ce monstre J il 1’^ mà^féstemcnt çonié Üé
hoaistuaü , qui dit l’avoir vu à vàlçncç ei|
1530 , et qui conséquemtpèht lè dëcnVïiit idé
tnéinôiré après üh long teni'ps èfcoûfèj oüv.
ET PHODIGES. ^
bitett héopdrliohnée én tnhte'i^ ’^pShRT-
tiek. 11 a esté ttibhslruédk Üh îéstia dé
la teste, en c,e qu’il en sor toit cinq
cornes approchantes à cëlles d’un bé¬
lier, rengées les 'Vnes çdntré les au¬
tres aii haut du front ; et au dérriere
vne longue piecO de chair pen\iante
le long du dos , en maniéré d’vn cha¬
peron de damoiselle. Il auoit ai^tour
de sdn col vue piece 4e chair double
couci]|ée en la maniéré d’vn collet de
chemise tout vni, les extrémités des
doigts rçssembians aux griffes ^e quel¬
que oiseau de proye, lek genoux aux
iarrets. Le pied et la jambe droite es-
toient d’vn rouge fort haut en cou¬
leur : le reste du corps estoit de la
couleur d’vn gris enfumé. .dit qu,’à
la naissance de cç mpnstre qu,’il.|ettf
yn grand cry, qui estonna ,tellem.ent
la, sage-femme et toute la compagnie,
que l'effroy qu’i|s en eurent leur, fli
iquiîter le log|s. Dont la nonuelle e|.-j
tapt venue ipstjnes à naonsiery; le
ppnce de Piedmont, pour 1^ de^ic
qu’il auoif de le voir , l’enuoya. ijucT
rir, en ia presence duquel plusieurs
en firent diuers iugemens L
Ce présent monslr.e que .yçÿe?. py
dépeint a ,esté trpnué dedans, pp
qyant. la face et yisàge J’vn hpujlùé >
tous les cheueüx de petits serpeh-
citè, fol. sb, baps fous les cas 11 è4 inèni-
ment probable duè réhiarit pàrksité, l’îl
émergeait du ventre , p’ayait que l’jibdoroen
et les membres îüfèri'éûrs. Le mon|tré '4ç
henais, que M. Lisfrane avait eil Tid^p 4’‘0-
pérer, i^tait *prës;(]|U,‘6 eh tout semblable à cé-
iüi-ci. 'V'ôféz mon \Èmi6mie î. ï, fo 'S-*
tyCpsthènés, ouV. cité, fo ^24, dûbhe uhh
iégur'e toüle pareille, jcomhiè là réprésen-
tÀlion d’un bofonié qui fut vu èn Savoie
kn 15lé.
1 Céifo Histoire, coihinë oh àürait hh le
présumer d’âprés sa dhte, à étié ajoutée par
ràütéur dans 'son ^ditioni de l^O. Ü est pro»
LE 1)IX“NEVFIEME LIVRE,
feaux tous vifs, et la barbe à la mode
et façon de trois serpcns qui luy sor-
toîent hors du menton : et fut trouué
le quinziéme iour du mois de mars
dernier passé, 1569, chez vn aduocat
nommé Baucberon , à Authun en
Bourgongne , par vne chambrière qui
cassoit des œufs pour les mettre au
beurre , entre lesquels cesluy-ci es¬
tait : lequel estant cassé par elle, veit
sortir ledit monstre , ayant face hu¬
maine, les cheueux et barbe de ser-
pens, dont elle fut merueilleusement
espouuentée. Et fut baillé de la glaire
dudit œuf à vn chat, qui en mourut
subitement. De quoy estant aduerti
monsieur le baron deSenecey cheua-
lier de l’ordre, a esté de sa part en-
uoyé ledit monstre au roi Charles ,
qui pour lors estait à Metz
bable qu’il s’agissait d’une encéphalocèle pos¬
térieure ; pour les autres phénomènes , ils
ont été certainement grossis ou défigurés
par la peur ou la crédulité. Paré ajoutait :
La figure l'est icij représentée apres le naturel ;
mais, malgré cette annonce fastueuse, la pré¬
tendue ligure d’après nature était si mani¬
festement imaginaire et ridicule que je n’ai
pas hésité à la supprimer. J’ignore du reste
à quel auteur il a pu l’emprunter.
1 Malgré la date de cette histoire , elle ne
L’an 1546, à Paris vne femme grosse
de six mois enfanta vn enfant ayant
deux testes, deux bras, et quatre
iambes, lequel i’ouuris, et n’y trou-
vay qu’vn cœur (lequel monstre est
en ma maison , et le garde comme
chose monstrueuse *) : partant l’on
peut dire n’estre qu’vn enfant.
Figure d’un enfant ayant deux testes , deux
bras et quatre iambes.
se trouve pas dans l’édition de 1573, et a
été ajoutée seulement en 1679. Elle est fon¬
dée sur quelque chose de réel , sans doute ,
et l’on a trouvé quelquefois dans des œufs
des figures bizarres. Mais évidemment l’ima¬
gination la plus crédule a pu seule inventer
cette tête d’homme avec des cheveux et une
barbe de serpents.
‘ Cette parenthèse manque dans toutes
DES MONSTRES
Aristote dit qu’vn monstre ayant ]
deux corps ioints ensemble , s’il est
trouud auoir deux coeurs, on peut vé¬
ritablement dire estre deux hommes
ou femmes ; autrement s’il est trouué
n’auoir qu’vn cœur auec deux corps,
ce n’est qu’vn. La cause de ce mons¬
tre pouuoit estre famé de matière en
quantité, ou vice de la matrice qui
estoit trop petite , parce que nature
voulant créer deux enfans , la trou-
uant trop estroilte,se trouue man¬
que, de façon que la semence estant
contrainte et serrée , se vient lors à
coaguler en vn globe, dont se forme¬
ront deux enfans ainsi ioints et vnis
ensemble.
L’an 1569, vne femme de Tours en¬
fanta deux enfans gemeaux , n’ayans
qu’vne teste, lesquels s’en tre-embr as¬
soient : et me furent donnés secs et
anatomisés par maistre René Ciret ,
maistre barbier et chirurgien, duquel
le renom est assez célébré par tout le
pays de Touraine , sans que je luy
donne autre loüange*.
les éditions du vivant de Paré, et se lit pour
la première fois en 1598. Toutefois on peut
la regarder comme authentique, d’après la
note marginale que nous reproduisons plus
bas.
' Aristote en ses probl. , et 4 chap. du
liu. 4, de Gener. animal. — A. P.
2 Ces deux monstres derniers sont en la pos¬
session de l’aiuheur. — A. P. — Celte note
existe déjà dans l’édition de 1573.
On peut remarquer, à l’occasion de cette
figure et de la précédente, que quand
A. Paré a lui-même observé les sujets, ses
descriptions n’accordent rien à l’imagina¬
tion, et que ses figures pourraient encore
être reproduites parmi les plus exactes dans
les ouvrages les plus modernes.
ET PRODIGES. 9
Figure de deux gemeaux n'ayant qu’une seule
teste.
Sebastien Munster escrit auoir veu
deux filles l’an 1495, au mois de sep¬
tembre, prés de Wormes , au village
nommé Bristant , lesquelles auoient
les corps entiers et bien formés, mais
leurs fronts s'entretenoient ensemble,
sans que par artifice humain on les
peust séparer, et s’entre-touchoient
presque du nez : et vesquirent iusques
à dix ans, et lors en mourut vne , la¬
quelle fut ostée et séparée de l’au tre :
et celle qui demoura viue mourut
tost après , quand on sépara sa sœur
morte d’auec elle , pour la playe
io ’tÈ ibîk-NEVFii^Miî
qu’elle axioit receuë rte la séparation :
la figure desquelles t’est icy représen¬
tée
Figure dedeuxfiHÛqemlles, l^equelles s’en-
treleno^ent pür le frà'ni\
deux cnWns ainsi figurée , reïnait|üés
pai‘ les chirurgiens pour maslc ot fe-
mfelle, et furent baptisés à S. Nico¬
las des Chamois, et noinihxîs Loys et
Ldÿse. Leur pere auoit nom Pierre
Germain i dit Petit-Dieu, de soit raes-
tier aide à maçon, et leur mere
Matthéé Perrielle.
Figure dedevx enfans monstrueux, rfagueres
nés à Paris.
L’ati l57b , le 20. ïour de iüillelt, à
i^dHs, rue dës Graufelliers, à l’ehsei-
|tle 4e la Clocîxë, nasquirent Ces
. .1 foutes les éditions complètes, à partir
de celle delS79', pprlenf; : t’pst icy [dessus rq-
preseniee -, et en effet la^ figure est avant le
texte coinme la plupart des précédentes. J’ai
préféré la réduction et l’arrangement des
figiirèS dél’éilitiok {)rimitivé 4é iWS. Dii
reste , malgré la citation ambitieuse de Sé¬
bastien Munster, l’histoire et la figure sont
prises de Lycosthènes, ouvr. cité , p. 5,04.
Le lundÿ dixiéirië loùr 4e iuîllët
ipil cipq cens soixante et doixze, en la
ville du Pont de S,ée , prés d’Angers ,
nasquirent deux enfgns femelles, les¬
quels vesquirent demie heure et re-
ceurent haptesme : et estolen’t bien
formés, fors qu’vhe main senestro
h auoi seulement que quatre doigts t
et estoient codioiht.^ ensemble én leurs
parties anterieures, â SëàÜoir, depxü^
le menton iusques à l’ombilic, et n’a-
uoient qu’un seul nombril, et un seul
cœur, le foye diuisé en quatre lobes.
DES MôîvstftkS
Figure de deux filles iointes ensemble j h’a- i
gueres nées en la Ville du Pont de Sée, prés
Angers i, 1
Csfelitls lihb'di^inus ; bhapître tifbî-
éiértie > liüt-e tiri^t-quatriiéhie dë
l^àhà^ ësfcrft ijlfll Alt jjrë-
duit un monstre â Fétrarë eii Italie {
l’an de grâce mil cinq cens quarante,
le dix-peuqiéme ipur de Mars, lequel
lors , qu’il fut enfanté , estçit aussi
grand et bien formé que s’il eust eq
duatfê mois accothplîfe, ayant le sexe^
féihinih ët Imdsbüliri , (et deüx testes ;
rihe dé iüMe , et raütfé dë feniellë.
1 Ryetr, ouvragé cité, folio 44 et 45, dénué
deux ligures presque semblables , coinme la
représentatioh de mbnstt-es observés à Scimf-*
fouso et à Einsidleu en 1543 et 1653;
fe'i' i*kODTt’ES. il
l^oriraït 'à’vn rn'onstre ayant deux ieàes
l’vne de masle et Vautre àe femelle i.
loüîanus Pontaiiüs. escrit que l’an
mîlciiiqbensyingt-nëüf, lë neufléihe
deianuier, il fut veu en Allemagne
un enfant, masle ayant quatre bras
et (Quatre iàmbës , duquel tu vois iby
le pôrtrak.
1 Véifi certainement une de ces mons¬
truosités réellement observées , mais défi¬
gurées par l’ignorance. On sait que la plu¬
part des monstres sont du sexe féminin : on
sait aussi que cheî; les foetus peu avancés ,
avec ou sans monstruosité, je clitoris proé-
mine de manière à simuler assez, bien la
verge. Un observateur superficiel aura cru
voir une verge et une, vulve, à la fois., consé¬
quemment wn bermapbroditqj et plus tard
LK DIX-NEVFI^ME LIVRE,
Figure d’vn enfant masle ayant, quatre bras et
quatre iambes.
La mesme année que le grand roy i
François fit la paix auec les Soüis- |
ses, nasquit en Allemagne vn mons¬
tre ayant vne teste au milieu du ven¬
tre : iceluy vesquit iusques en Faage
d’iiomme : icelle teste prenoit aliment
comme l’autre 1.
le dessinateur, faisant son esquisse d’après
le texte , n’a trouvé rien de mieux que de
figurer la vulve d’un côté, la verge et les
testicules de l’autre. J’ai dû cependant me
conformer à la figure de Paré, et j’en ai tou¬
jours agi ainsi à l’égard des figures que j’ai
conservées.
1 Cette histoire est empruntée à Lycosthê-
nes, qui la rapporte à l’année i51G (ouvr.
cité , page 521 ), et il l’avait probablement
copiée d’après Rueff, De conceptu et generu-
tione, etc., 1554, page 44. La seule différence
est que dans Rueff la face de l’individu en¬
tier est celle d’un enfant, tandis que dans
Figure d’vn homme ayant vne teste au milieu
du ventre.
Le dernier iourde Feburier 1572, en
la paroisse de Viaban , sur le chemin
de Paris à Chartres, au lieu des peti¬
tes Bordes, une femme nommée Cy-
priane Girande , femme de Jacques
Marchant laboureur, accoucha de ce
monstre , lequel vesquit iusques au
dimanche ensuiuant ^
Lycosthènes et Paré elle est d’un homme.
Du reste , l’histoire et la figure sont très
probablement imaginaires. Il n’existe pas
d’observation authentique d’une pareille
monstruosité, et l’on peut tout au plus pré¬
sumer qu’il s’agissait d’un monstre analo¬
gue à celui de la page 7.
1 Rueff a une figure presque absolument
semblable , ouv. cité, fol. 47 , qu’il rapporte
à un individu observé en Angleterre en 1552.
Lycosthène a copié l’histoire et la figure de
1 Rueff à la p. G 19 de son livre.
des monstres et prodiges.
i3
Porlrail de deux enfam bien monstrueux, ausquets vn seul sexe féminin se manifeste.
L’an 1572, le lendemain de Pas- costé : leurs sexes estoient mal distin-
ques , à Mets efl Lorraine , dans l’hos- gués, de façon qu’on ne pouuoit con-
tellerie du Sainct-Esprit, vne Iruye noistre s’ils estoient masles ou fe-
cochonna vn cochon ayant huict iam- melles : ils n’auoient chacun qu’vn
bes, quatre oreilles, la teste d’yn conduit sous la queue : la figure du-
vray chien, les derrières des corps quel t’est demonstrée par ce portrait,
séparés iusques à l’estomac , et depuis lequel puis n’agueres m’a esté enuoyé
ioints en vn, ayant deux langues si- par monsieur Bourgeois, Docteur
tuées au^ rauers de la gueule, et auoit en Medecine, homme de bon sça-
quatre grandes dents, sçauoir est au- uoir et bien expérimenté en icelle,
tant dessus que dessous , de chacun demeurant en ladite ville de Mets.
Figure d’un cochon monstrueux, nay à Mets en Lorraine,
J 4 PI^-NEY
A çQsj^ endfp.H
hors de propos d’escrire des femmes
qui portent plusieurs enfans d’vne
-ventrée
CHAPITRE V.
DUS FEMI«ES QVI PORTENT PLVSIEVRS
ENFANS d’vne VENTREE.
Le commun accouchement des fem¬
mes est vn enfapt, toutesfois on voit
(comme le nomîbrç des femmes est
grand ) qu’elles accouchent de deux ,
que l’on appelle gémeaux, ou bessons :
il y en a qui en accouchent de trois,
qpatre^ cinq, six, Çt plus,.
Einpedo'cles dît <ï,ue lors qu’il y a
grande quanti|é #d^ence , il sérail
p,%alitd d’dqfdd^^ AdRes, cujqme
les Stoijdues, disent qu’ils s’engen¬
drent pour ce qù’éd la matriçpii y g
plusieurs cellules , sÇRdïdÜous. et
cauités, et quand la sèjneqçe eft es-
panduq en icelles , il se fait plusieurs
enfâus. TouWsfàia ÇPid
en la patrice de Iq fepiU.® d, M. ^
trouue qu’vne seule cauité : mais aux
bestes , comme chiennes, pourceaux,
et autres, il y a plüsieürs cellules, qui
est cause] qu’elles portent plusieurs
petits.
Aristote a escrit que la femme ne
pouuôit enfanter d’vne portée plus de
1 Cette phrase se lit dans l’édition de 1573 ;
dans telle de elle devint le titre du
chapitre suivant, bien que le titre actuel
existât déjà dès 1573; et enfin elle a été effa¬
cée dans toutes les autres. Je l’ai rétablie ici,
parce qu’elle fournit au moins une appa¬
rence de transition entre ce chapitre et le
suivant. La succession est d’ailleurs assez lo¬
gique, puisque la plupart des monstruosités
décrites dans ce thapitre gont des fusions de
deux jumeaux.
îdYRl?,
cinq enfant : toulesfois cola est ad-
uenu en la semante d’Auguste César,
que d’une portée elle accoucha de
cinq enfans, lesquels (non plus que
la mere ) ne vesquirent que bien peu
de temps.
L’an 1554, à Berne en Soüisse,la
femme de lean Gislinger, Docteur,
enfanta pareillement d’vne portée
cinq enfans, trois maslés et deux fe¬
melles C
Albucrasis dit estre certain d’vne
dame qui en auoit fai[t sept : et d’une
autre, laquelle s’estant blessée, auorta
de quinze bien formés. Pline, ch. ii,
liv. 7, fait mention d’une qui en auorta
de douze. Le mesme autheur dit que
l’on a veu à Peloponnese vne femme
qui accôücha quaitrefois,età chaque
portée de cirttf erifarfs , desquels la
pluspart vesquirent.
Dalechanàps, en sa Chirurgie Fran¬
çoise, ch. Lxxiv, feuil. 448 , dit qu’vn ,
gentilhomme nommé Bonauenture
Sauelli, Siènriois, luy a affermé qu’une
sienne esclaue, (^u’il entre(,|noit, fit
sept enfans d’une portée , desquels
quatre furent baptisés. Et de notre
temps, entre Sarteét Maine, parroisse
de Seaux, près Chambellay, il y a une
mqisqn dp genlilho(nme appellée la
Maldemeure, duquel la femme eut la
première année qu’elle fut mariée,
deux enfans , la seconde année trois ,
la troisième quatre, la quatrième cinq,
la cinquième six, dont elle mourut :
il y a vn desdits six epfans viuant ,
qui est auiourd’huy sieur dudit lieu de
Maldemeure.
ABeaufort en vallée, pays d’Anjou,
vne ieune femme , fille de feu Macé
Chauniere, accoucha d’un enfaqt , et
1 Cette histoire est empruntée à Lyco-
sthènes, p. 644, d’après lequel j’ai recplié le
nom de Gislinger dont leg imprimeurs de
Paré avaient fait Gdinger.
DES ]\pNST;iES
huict tliîf ioui s apres d’vn autre, ■
qu’il luy fallut tirer hors lë ventre,
ciont clip en mourut.
Mavtinus Cromejrus au iiure 9. de
l’iiistoqe de l’pulpngne, esprit p^u’en
la prpvincè de Çracouie, ü^arguerite,
dafïip fort Ycrtueüse et de grande et
ancienne maison , femme d’vn comte
di^ Vipbps.laüs , accoucba Ip xx. iour
c|e lanuîer 1269, d’vne ventrée de
tpente ^ix: ppfans vift.
Fraqciscus Ficus ^irantlula esprit
p[u’Yne femige en Italie, nommée 1)0-
rpih^, accoucha ep deux fois 4é
vingt enfans , à sçauoir, de neuf en
vne fois, et (l’onze à l’autre : laquelle
pprtapt vp si grancl fardeau , estoi't si
grosse qu’elle sousienoit sppî ventre,'
qui îuy descendoit iüsgpés aux ge-
noüils , auec vne grande bandé ,
qui luy prenoif au col et aux espau-
Ips*. ‘ '
Or quppt à la raison tl6 la multi¬
tude des enfans, quelques -vps du
tout ignares de l’apatoniie ont voulu
persuader qu’en la mptriçe de la
femme il y auoit plusieurs cellules
et sinus, à sçauoir sept : trpis pu cpsté
(froit pour les masles, trois au gauçlie
pour les femelles, et le septiépie
1 Toutes les éditions ajoutent : comme tu
vois pa-f ce portrait; et elles donnent en ètTét
la figure d’une femme avec un ventre énor¬
mément grossi et soutenu par la bande in¬
diquée. Paré a copié cette figure dans Ly-
côsthèaes , où elle est reproduite au moins
cinq ou six fois ; je t’ai retranchée comme
étant de pure fantaisie et d’ailleurs inutile
pour l’intelligence du texte. C’est aqssi (i’a-
près Lycosthènes, p. G44, qu’il rapporte l’his¬
toire de Dorothea. J’ajouterai qu’immédiate-
ment après cette figure, dans tes éditions
de 1573 i't 1575, venait l’histoire de l’épita¬
phe fie Yolande Bailly, rèponée depuis au
chapitre 44 du livre de la Génération, Voy.
t. u,p. 736.
E'T PRODIGES. y 5
droit au piilieu pour les hermafro-
dités : mesme que ce mensonge a esté
aulhorisé iusqueslà, que qdelques-
j Vps par après ont affermé vne cha¬
cune de ces sept caultés estre derechef
diuisée en dix autres : et de là ils ont
; tiré la multitude des enfans d’vnë
Yentrée , dé ce que diuerses portions
(le la semence estoient escartées et
receuës en plusieurs cellules K Mai^
: telle chose n’est appuyée d’aucune
j raison et authorité, aîns est côntraire
I au seps et à la véuë, hien qùé Hip-
, pôcrates semble auoir esté de céste
i opinioh au Iiure De natùra puéfil
i mais Aristote, Iiure i , chapitre 4, De
I genéràtiàne ammai.,pense qu’il se fait
] des îumeaux, ou plusieurs enfâhy
i d’une ventrée , de mesme sorte qu’ vn
! sixième doigt en la main , à sçaüëif,
i pour la redondance de la matière ,
j laquelle estant éh grande abondance,
j si elle vient à se diuiser en deux,
j il sè fait des iupieaux.
Il ih’a semblé bon qu’à cest en-
I droit îé descriüé des herniafrodites ,
à causé qu’ils viennent'aussi de süpér-
abondance de matière. '
CHAPITRE VL
DES HERMAFRODITES OU ANDROGYNES ,
C’ESt-A-DIRE, QUI EN VN MESME CORPS
ONT DEUX SEXES.
Les hermafrodites ou androgynes
sont des enfans qui naissent auec
double membre génital , Pvn niascu-
lin, l’autre féminin, et partant sont
1 II a 'déjà parlé de celte opinion , mais
avec moins de détails au commencement du
chapitre ; du reste , ce paragraphe a été
ajouté en 1575.
le DIX-NEVFIÉME LIVRE,
x6
appelés en notre langue françoiso,
hommes et femmes K
Or quant à la cause , c’est que la
femme fournit autant de semence
que l’homme proportionnément , et
pour-ce la vertu formatrice, qui tous-
iours tasche à faire son semblable, à
sçauoir de la matière masculine vn
masle , et de la féminine vne femelle,
fait qu’en vn mesme corps est trouué
quelquesfois deux sexes, nommés
hermafrodites. Desquels il y a quatre
différences, à sçauoir, hermafrodite
masle , qui est celuy qui a le sexe de
l’homme parfait , et qui peut engen¬
drer , et a au perinæum ( qui est le
lieu entre le scrotum et le siégé ^ ) vn
trou en forme de vulue , toutesfois
non pénétrant au dedans du corps, et
d'iceluy ne sort vrine ne semence.
La femme hermafrodite, outre sa
vulue qui est bien composée , par la¬
quelle iette la semence et ses mois,
a vn membre viril, silué au-dessus
de ladite vulue , près le penil , sans
prepuce : mais vne peau delièe , la¬
quelle ne se peut renuerser ne retour¬
ner , et sans aucune érection , et d’i-
celuy n’en sort vrine ny semence , et
ne s’y trouue vestige de scrotum ne
testicules. Les hermafrodites qui ne
sont ne l’vn ne l’autre , sont ceux qui
sont du tout forclos et exempts de
génération , et leurs sexes du tout im¬
parfaits, et sont situés à costé l’vn
de l’autre , et quelquesfois l’vn des¬
sus et l’autre dessous , et ne s’en peu-
uent seruir que pour ietter l’ vrine.
Hermafrodites masles et femelles , ce
sont ceux qui ont les deux sexes bien
formés , et s’en peuuent aider et ser¬
uir à la génération : et à ceux-cy les
lois anciennes et modernes ont fait et
font encore eslire duquel sexe ils
veulent vser, auec defense, sur peine
de perdre la vie, de ne se seruir que
de celuy duquel ils auront fait élec¬
tion , pour les inconueniens qui en
pourroient aduenir. Car aucuns en
ont abusé de telle sorte , que par vn
vsage mutuel et réciproque , paillar-
d ient de l’vn et de l’autre sexe : tan-
tost d’homme , tantost de femme , à
cause qu’ils auoient nature d’homme
et femme , proportionnée à tel acte ,
voire comme descrit Aristote, leur
tetin droit est ainsi comme celuy d’vn
homme, et le gauche comme celuy
d’vne femme L
Les médecins et chirurgiens bien
experts et auisés peuuent connoistre
si les hermafrodites sont plus aptes à
tenir et vser de l’vn que de l’autre
sexe, ou des deux , ou du tout rien.
Et telle chose se connoistra aux par¬
ties génitales , à sçauoir si le soa; fé¬
minin est propre en ses dimensions
pourreceuoirla verge virile, et si par
iceluyfluent les menstrues ; pareille¬
ment par le visage , et si les cheueux
sont délies ou gros : si la parole est
virile ou gresle, si les tetins sont sem¬
blables à ceux des hommes ou des
femmes : semblablement si toutel’ha-
bitude du corps est robuste ou effé¬
minée , s’ils sont hardis ou craintifs
et autres actions semblables aux
masles ou aux femelles. El quant
aux parties génitales qui appartien¬
nent à l’homme , faut examiner et
1 Androgyne en grec signifie homme et
femme, et femme et homme, — A. P.
2 Cette définition est exacte j malheureu¬
sement Paré en a ajouté en marge une autre
qui l’est moins et que voici ; Perinæum ,
c’eut -à-dire l’enlrefesson.
du.. pro.a et4 - Paul, liure G, chap fit).
- Plin hu. 7, chap. 2. - a. P. _ 1579
J ai fait voir ci-devant, page H com¬
menta pu venir celte idée absurde d’bcrma-
Phrodites ayant la vulve à côté de la verge
DES MONSTRES
voir s’il y a grande quantité de poil
au penil et autour du siégé ; car com¬
munément et quasi tousiours , les
femmes n’en ont point au siégé : Sem¬
blablement faut bien examiner si la
verge virile est bien proportionnée
en grosseur et longueur, et si elle se
dresse . et d’icelle sort semence : qui
se fera par la confession de l’herma-
frodite , lorsqu’il aura eu la compa¬
gnie de femme ; et par cest examen
on pourra véritablement discerner
et connoistae l’hermafrodite masle
ou femelle , ou qu’ils seront l’vn et
l'autre , ou qu’ils ne seront ny l’vn ny
l’autre. Et si le sexe de l’hermafrodite
tient plus de l’homme que de la
femme , doit estre appelé homme :
et ainsi sera-il de la femme. Et si
l’hermafrodite tient autant de l’vn
que de l’autre, il sera appelé herma-
frodite homme et femme *.
L’an mil quatre cens quatre vingts
et six, on veit naistre au Palatinat,
assez près de Heidelberg, en vn bourg
nommé Rorbarchie, deux enfans gé¬
meaux s’entretenans , et ioints en¬
semble dos à dos, qui estoient her-
mafrodiles, comme on les peut voir
par ce portrait
‘ Toutes les éditions ajoutent : comme lu
peux voir par ce portrait ; et en effet , on voit
une figure humaine portant une vulve du
côté droit, une verge et des testicules au
côté gauche , avec ce titre : Pouriraici d’vn
hermafrbdile homme et femme. C’est là une
de ces figures qui déshonoraient ce livre,
et j’ai d’autant moins hésité à la supprimer,
qu’on n’en retrouve que trop fidèlement le
trait principal dans la figure de la page 11
empruntée à Cælius Rhodiginus, et dans
celle qui va suivre.
® Il s’agit ici tout simplement de deux fœ¬
tus femelles joints ensemble , jugés herma¬
phrodites à raison de la longueur du clito¬
ris, et défigurés par l’ignorance des compi-
III.
ET PRODIGES. l'7
Figure de deux enfans gemeaux hermafrodi-
tes, eslans ioints dos à dos l’vn auec l’autre.
Le iour que les Vénitiens et Gene-
uois furent reconciliés, nasquit en Ita¬
lie (comme raconte Boistuau) un
monstre qui auoit quatre bras et qua¬
tre iambes , et n’auoit qu’vne teste ,
auec la proportion gardée en tout le
reste du corps , et fut baptisé , et ves-
quit quelque temps apres.
Jacques Rueff, chirurgien de Surich ,
escrit en avoir veu vn semblable , le¬
quel auoit deux natures de femme ,
comme tu peux voir par ce portrait.
lateurs. Voyez la note 2 de la page 1 1 . — Celte
histoire et cette figure sont prises de Lyco-
sthènes, ouvrage cité, page 496. Lycosthènrs
dit, in Rorbachio, qu’on pourrait traduiic
tout au plus par Rorbach ; mais toutes les
éditions de Paré portent Rorbarchie.
2
l8 tt DlX-NEVFliME LIVRE,
t'igun d’vn monstre ayant quatre bras et qua¬
tre pieds, et déitx haiurés de femme i.
1 Ce monstre e^t en effet fidèlement copié
d’après la figure de Rueff, édit, citée, fol. —
Quant aux deux vulves, stupidement placées
dans cette figure à côté l’une de l’autre, il
est probable qu’elles appartenaient, l’une au
bassin antérieur, l’autre au bassin posté¬
rieur.
Le chapitre ne se terminait point là dans
les premières éditions.
D’abord l’édition de 157-3 offrait ici le pa¬
ragraphe relatif au monstre imaginaire qui
a été ajouté depuis au chapitre 3 ( voy. ci-
devant la dernière note de la page 4 ) 5 ce
changement de place a eu lieu en 15 J5.
Après quoi la même édition de 1573 con¬
tenait un assez long passage sur les nymphes,
augmenté encore en 1575 , réduit en 1679 ,
et enfin tout-à-fait supprimé en 1586 , o?u.
CHAPITRE VII.
HISTOIHES MEMOBABLE9 DE CEltTAlNÈâ
FEMMES QVl SONT DÉGÉNÉRÉES EN
■ HOMMES.
Amatus Lusitanus recite qu’il ÿ
eut en vu bourg nommé Esguetra,
yne fille appelée Marie Pacheca , la-
pour parler plus exactement , reporté alors
à la fin du chapitre 34 du l'r Hvre de VAna'^
tpmie. On peut lire tout ce passage aux pages
168 et 169 du tome I" de notre édition; il
commence par ces mots : D’abondant au com¬
mencement du col de la matrice, elç., au haut
dé la 2® colonne de la page 168 ; et toqte
cette colonne jusqu’aux mots goutte à goutte
représente exactement le passage de l’édir
tion de 1573 ; le reste du paragraphe , jus¬
qu’aux mots : aux operations de chirurgie, re¬
présente la fin du passage dans l’édition de
1579 ; et c’est en ce sens qu’il convient de
rectifier la première note de la page 169.
Mais pour revenir au texte bien plus
étendu de l’édition de 1575, Paré y citait
toùt au long le texte de Léon l’Africain ,
qu’il a jugé â propos de supprimer depuis.
0 Entre les deuineurs qui sont à Fez, ville
principale de Mauritanie en Afrique, il y a
certaines femmes (dit-il liure 3.) qui faisans
entendre au peuple qu’elles ont familiarité
aux démons , se parfument auec quelques
odeurs , feignants l’esprit leur entrer au
corps, et par le changement de leur voix
donnent à entendre que ce soit l’esprit qui
parle par leur gorge : lors on leur laisse en
grande reuerence vn don pour le démon.
Les doctes africains appellent telles femmes
Sahacat, qui Vaut en latin Fricalrices, par¬
ce qu’elles se frottent l’vné l’autre par plai¬
sir, et véritablement elles sont atteintes de
ce meschant vice d’vser charnellement les
vnes auec les autres. Parquoy si quelque
femme belle les va interroguer, pour paye¬
ment au nom de l’esprit, luy demandent les
copulations charnelles. Or il s’en trouue
DES Mo^^Stt^ÈS ET PRbDlGÈS.
qliellé efetàlit SÜS Ife tëiüiis qüe lës fii-
lë^ fcottlnlëticeht a aüoir lëiirs fleurs ,
au lieu flèSdites fléUrs iuy sortit uii
rtiëtiibre Viril, lë^tiel estoit caché de¬
dans autyat’àiiatit , et ainsi de férnëiië
dëüihtfnasle : pdi-qtioÿ ëlte fût vestüë
de r'ëbhë d’hënimë, ët Son nôhi dë
]ytài*ie fût ëhangë ëti Manilet. Icëlüÿ
Itafiquâ tëng tëtüflS és iiideS , Ou
ayant acquis gî'ancl in-üit et gfànctës
flChëéSës, a Sëü l'ëibüt se rnafia : tou-
tësfels cëst authëtii* ne Sçait s’il eut |
èfifans : Ÿray ëSt (dit-il) qu’îi dë-
meüëà tousieürs Saris büfhe K
quelques ynes qui , ayants pris guust à ce
ieu, allechees par le doux plaisir qu’elles en
reçoyuent , feignent ëstre malades , et en-
tiôye'flt qüèrîr çes dîuinéréSsés , et te plus
souuent font fjifé Ifc' fhesèage pat leur rtiaty
mesme: mais pour mieux couurir leur mes-
chanceté , font accroire au mary qu’vn es¬
prit est entré dedans le corps de leur femme :
la santé de laquelle ayant en recommanda¬
tion, il faut qu’il luy donne congé de se
pouuoir mettre au rang des diuineresses :
pàfqdôy tè bô'n tè'ari y èônSentànt , {jtégdrë
vn somptueui fëstift k toàte èéste venerable
bande, à la fin duquel on se met au bal,
puis la femme a congé de s’en aller où bon
luy semble. Mais il s’en trouue quelques vns,
lesquels finement s’apperceuants de ceste
ruse , font sortir l’esprit du corps de leurs
femmes à beaux coups dé bastonnades. D’au¬
tres aussi donnants à entendre aux diuine-
fessès qu’ils sont détenus par les esprits, les
dèçoyuèrtt par Wesme moyen qu’elles ôiit
fait leùrs fèntmes ; Voyla ce qu’en escrit
Leon l’Africain. Assenrant en autre lien qu’il
y a gens en Afrique qui vont par la ville à
la mode de nos Ghastreux , et font mestier
de couper telles caruncules , comme auons
monstré cy deuant aux operations de Chi¬
rurgie. »
On voit aussi par ce texte que la citation
de YArrest de lean Papou est une addition
de 157y.
• 1 C’est la trente-neuvième histoire de la
centurie deuxième d’Amatus Lusitanus. J’ai
.
Aiitbîhë LoquenëUx , recëuéür des
tdilies pour le roy à sainct Quentin ,
ti’agüéres m’a affirmé i auoir veü vn
homme au logis dit Cygne à Rhëims ,
l’aii soixante , ïeqiiël semblablement
oii aübit ëstimé estfë fille iüsqüës en
l’ààge dé quatbfze ans : mais se ibüànt
ët fblàstfànt, èstant cbüché auec vne
ckàtiibfiere , ses partiès génitales
d’hbmmë se vindrerit à deüëlbpper :
le perë et la nierë lë connbissarit estrè
tel, luy firent par aûthbrité dé l’È-
glisë changer le nom de léfinne à
lèan , et lüy furent baillés habillé-'
inëns d’homme.
Aussi estant à la süitë du foÿ 2, à
Vitrÿ le François en Champagne , i’ÿ
vis vn certain personnage * noinmé
Germain Garnier : aüctins le nbm-
inoiènt Germain Maine , ^àf-ce qu’es¬
tant fille estoit appellé Alarie : jeûné
homme de taille moyenne, trappë,
et bien amassé , portant barbe rousse
assez espaisse , lequel iusqu’au quin¬
ziéme an de son aiage auoit esté tenu
pour fille, atiendû qu’en luy ne se
nionstroit aucune marque de virilité ,
ët inesme qu’il se tenoit auec les Allés
en habit de femme. Or ayant atteint
i’aage susdit, comme il estoit aux
champs, et poursuiuoit assez viuë-
rectifié d’après l’auteur le nom du bourg
Ésgueira , dont les imprimeurs de Par^
avaient fait Esgücinai le nôffi de Pdchecd,
qu’ils avàîent changé èil Patècd ■ et eiïfifi le
nom de Manuel, deTeritt sous leurs liidins
Emanuel.
1 N’agueres ; Paré écrivait cecî en 1573<
a L’édition de 1573 porte : Auesi estant dei'-
rmrement à la suite du Roy, avec cette note
marginale : le Roy à présent régnant. Dès
1575 , Paré avait mis en marge : Le Roy
Charles régnant ; et le mot dernièrement a été
retranché en 1579.
3 Editions de 1575 et 1575 ; vn certain
pastre.
20
LE DIX-NEVFi:^ME LIVRE,
ment ses pourceaux qui alloient de¬
dans vn blé, trouuant vn fossé le
voulut affranchir: et l’ayant sauté,
à l’instant se viennent à luy deuelop-
per les genitoires et la verge virile ,
s’estans rompus les ligamens par les¬
quels au-parauant estoient tenus clos
et enserrés (ce qui ne luy aduint sans
douleur ) et s’en retourna larmoyant
en la maison de sa mere , disant que
ses trippes luy estoient sorties hors
du ventre : laquelle fut fort estonnée
de ce spectacle. Et ayant assemblé des
Médecins et Chirurgiens, pour là des
sus auoif aduis, on trouua qu’elle
estoit homme , et non plus fille : et
tantost apres auoir rapporté à l’Eues-
que , qui estoit le défunt Cardinal de
Lenoncourt , par son autorité et as¬
semblée du peuple, il receut le nom
d’homme : et au lieu de Marie ( car il
estoit ainsi nommé au-parauant) il fut
appellé Germain, et luy fut baillé ha¬
bit d’homme : et croy que luy et sa
mere sont encore viuans.
Pline , liu. 7 ch, 4., dit semblable¬
ment qu’vne fille deuint garçon, et
fut confiné pour ceste cause en vne
isle deserte et inhabitée , par arrest des
Aruspices K II me sembl ' que ces
deuineurs n’auoient occasion de ce
faire , pour les raisons cy dessus allé¬
guées : toutesfois ils estimoient que
telle monstrueuse chose leur estoit
mauuais augure et présagé, qui estoit
la cause de les chasser et exiler
La raison pourquoy les femmes se
peuuent dégénérée en hommes , c’est
que les femmes ont autant de caché
dedans le corps, que les hommes des-
couurent dehors : reste seulement
qu’elles n’ont pas tant de chaleur, ny
suffisance pour pousser dehors ce
1 Aruspices ou deuineurs. — A, P,
* Le chapitre se terminait ici en 1673; le
reste est de 1676.
que par la froidure de leur tempéra¬
ture est tenu comme lié au dedans.
Parquoy si auec le temps, l’humidité
de l’enfance qui empeschoit la cha¬
leur de faire son plein deuoir estant
pour la plus part exhalée , la chaleur
est rendue plus robuste, acre et ac-
tiue , ce n’est chose incredible qu'i¬
celle, principalement aidée de quel¬
que mouvement violent, ne puisse
pousser dehors ce qui estoit caché de¬
dans. Or comme telle métamorphosé
a lieu en nature par les raisons et
exemples alléguées : aussi nous ne
trouuons iamais en histoire véritable
que d’homme aucun soit deuenu fem¬
me, pour-ce que Nature tend tous-
iours à ce qui est le plus parfait , et
non au contraire faire que ce qui est
parfait deuienne imparfait.
CHAPITRE VIII.
EXEMPLE DV DEFAVT DE LA QVANTITÉ
DE LA SEMENCE.
Si la quantité de la semence (comme
nous auons par cy deuant dit) man¬
que, pareillement quelque membre
defaudra aussi , plus ou moins. De là
aduiendra que l’enfant aura deux tes¬
tes et vn bras, l’autre n’aura point de
bras ; vn autre n’aura ny bras ny
iambes, ou autres parties defaillan¬
tes , comme nous auons dit cy des¬
sus : l’autre aura deux testes et vn
seul bras , et le reste du corps bien
accompli , comme tu vois par cette
figure
éditions complètes, à partir de celle de IJ
ont omis ces mots ; comme lu vois par c
figure, et rejeté la figure après les deux s
vantes : changement qui n’était d’accorc
DES MONSTRES
Figure d’vn monstre ayant deux testes , deux i
iambes, et vn seul bras
L’an 1573. ie veis à Paris, à la porte
de sainct André des Arts , vn enfant
aagé de neuf ans, natif de Parpeuille,
village trois lieues près de Guise : son
pere se nommait Pierre Renard, et sa
mere qui le portoit. Marquette. Ce
monstre n’auoit que deux doigts à la
main dextre , et le bras esloit assez
bien formé depuis l’espaule iusqu’au
coude, mais depuis le coude ius-
avec le texte, ni avec la logique. Seulement
j’ai gardé à la figure son titre de 1575, le pri¬
mitif ayant été alors transporté à la figure
suivante.
> On trouve une figure presque semblable
dans RuelT, ouvr. cité fol. 49, verso, et dans
Lycosthènes , qui parait l’avoir copiée de
Rueff.
ET PRODIGES. QI
qu’aux deux doigts estoit fort dif
forme. Il estoit sans iambes ; toutes-
fois luy sortoit hors de la fesse dextre
vne figure incomplète d’vn pied , ap¬
parence de quatre orteils : de l’autre
fesse senestre en sortoit du milieu
deux doigts, l’vn desquels ressem-
bloit presque à la verge virile. Le¬
quel t’est demonstré au vray par
ceste présente figure L
Figure d’vn enfant monstrueux , du defaut
de la semence en deuë quantité.
L’an 1562, premier iour de Nouem-
bre , nasquit à Ville-franche de Bey-
ran en Gascongne, ce présent monstre
sans teste, lequel m’a esté donné par
monsieur Hautin , docteur regent en
la faculté de medecine à Paris , duquel
monstre as icy la figure tant ante¬
rieure que postérieure, et m’a affirmé
l’auoir veu.
1 Ce paragraphe et la figure qui le suit ont
été ajoutés en 1575. L’auteur transporta
alors à cette figure le titre qu’il avait d’a¬
bord attribué à la précédente j voyez la der¬
nière note de la page 20.
Lip DIX-NEVFtÉME tlVRE,
as
Figm d'n «este i.
On a veu depuis quelque temps
I Cette pgure, avec le texte qui s’y rap¬
porte, a été ajoutée eu 1575, et l’auteur
avait mis en marge cetlç naïve exclamation ;
Chose fort m6ns,trueme, voir vue femme sans
teste !
II est à remarquer que le texte français
semble dire d’abord que le monstre lui-
même a été donné à Paré par Hautin , et
qulensuite il est manifeste que c’était seu¬
lement la figure. De plus, Paré dit nettement
que Hautin avait vu le, naenstre, et cela
n’était pas , ain^i que nous allons le voir.
On lit en effet dans la traduction latine :
Amo Domini 1562 calendis navembvis , j
Fillœ-Frmcm in Fqseoniâ , namm est qwd
appictuvi hh vides mçnstnum , fœmm «ce-,
phalon, cujus imaginem A Fontaho A-G^hçnsi
MEDICO QUI SE ID VIDISSE SANCTK AFFIRMABAT
ciçceptam, mihi hanç de mqnsUàs comrnerttqtio-
nem pqrattli obtqlit Joanuçs AWm.s dficlpr
medicqs-
Or, ce texte, fait paître plq? d’un.e ré-.
flexion, Qu’était-ce don.c, quacq traducteqç»
en çà à Paris vn homme sans bras,
aagé de quarante ans ou enuiron ,
fort et robuste, lequel faisoit presque
toutes les actions qu’vn autre pou-
uoit faire de scs mains : à sçauoir,
auec son moignon d’espaule et la
teste, ruoit vne coigpée contre vne
pièce de bois aussi ferme qu’vn au¬
tre homme eust sceu faire auec ses
bras. Pareillement faisoit cliqueter
vn foüet de chartier , et faisoit plu¬
sieurs autres actions : et quec ses pieds
mangeoit, beuuoit, et iouoit aux car¬
tes et aux dez, ce qui t’est demonstré
par ce portrait; A la fin ftit larron ,
voleur et meurtrier, et exécuté en
Gueldre , à sçauoir pendu , puis mis
sus la roué,
si bien instruit de l’affaire, qu’il rectifie com¬
plètement soq auteur, apporte une autre au¬
torité, et rejette soigneusement loin de Hau¬
tin l’idée que celui-ci ait vn le prétendu
monstre? Il est presque impossible que ce
soit un autre que Hautiq lui-méme ; et c’est
là une preuve à peu prè^ décisive de l’opi¬
nion que nous avions avancée comme pro¬
bable touchant le traducteur latin de Paré.
Voyez mon Introduction , pages cccxxvij et
ccexxxü.
Qq voit, qussi queçette figure , venue à
Paré de tfoiâème m?m, certifiée seule¬
ment par un médecin de province , ne nié-
rite pas confiance pour tous ses détails. 11
faut dire que Paré avait donné deux figures
de ce monstre; Fune, qiie j’ai retranchée ,
le représentait par derrière avec une espèce
de trompe au milieu du dos, et sur les omo¬
plates deux spirales situées à l’égard de U
tropape eppime les yçux le sont au-dessus
du nez. Enfin , les deux saillies que l’on
aperçoit sur les épaules, comparées dans
l’une Qt l’aulrq fi,§,ur.e , avaient, quelque res-.
semblancè éloignée ayec lés Oi'eil|le.s, Assu¬
rément le médecin d’Agen a pu observer un
acéphale , et cette monstruosité n’est pps
bien r,are; mais, le dçssin qu’il eq a tracé
fait phis d’honnçur à son imagipatlon qb'à,
; son esprit observàtèür. ^
DES MONSTRES
Fîgur'e d'vii homme sans bras
Semblablement , de recente mé¬
moire , on a veu à Paris vne femme
sans bras, qui tailloit et cou soit, et
faisoit plusieurs autres actions.
1 Rueff donne exactement Va figure de
l’homme , mais sans les instruments dont H
se servait , ouvr. cité, fol. 43 ; et il dit l’a¬
voir vu se servir des pieds comme il aurait
pu faire des mains. Lycostfiènes a copié la
figure, en y ajoutant le fouet , la hocbe , les
dés.etç. (ouvr. cité, p. 636); en consé¬
quence l’histoire est un peu amplifiée ; il
la rapporte à l’an 1528. On peut conjecturer
que Paré en copiant la figure a cependant
voulu parler d’un autre individu ; disait
dans son édition de 1573 : on a veii.rt’oÿiieves
à Paris., etc,; il a remis , depuis quelque, temps
«U ça, dé» l’édition de léio»
ET PRODIGES.
Hippocrates au liure 2 des Epidé¬
mies escrit , que la femme d’ Anti¬
genes accoucha d’vn enfarit tout dô
chair, n’ayant aucuns os , neantmoins
auoit toutes les parties bien formées,
CHAPITRE IX.
EXEMPLE DES MONSTRES QUI 9E FONT
PAR IMAGINATION.
Les anciens qui ont recherché les
secrets de Nature ‘, ont enseigné d’au¬
tres causes des enfans monstrueux ^
et les ont référés à vne ardente et
obstinée imagination que peut auoir
la femme ce pendant qu’elle conçoit,
par quelque obiet, ou songe fantasti¬
que , de quelques visions nocturnes,
que l’homme ou la femme ont sus
l’heure de la conception. Cecy mespie
est vérifié par t’authorité de Moyse ,
où il monstre couime lacob deceut son
beau-pere Laban, et s’enrichit de son
bestial , ayant fait peler des verges ,
les mettant à l’abreuuoir, à fin que
les chéures et brebis regardans cçs
verges de couleurs diuerses , formas¬
sent leurs petits marquetés de diuer¬
ses taches 2 : par-ce que l’imagination
a tant de puissance sus la semence et
géniture, que le rayon et charac-
tere en demeure sus la chose enfan¬
tée.
Qu’il soit vray , Heliodore escrit
que Persina , royne d’Ethiopie , coti-
ceut du roy Hydustes, tous deui
Ethiopiens , vne fille qui estoît blan¬
che , et ce par l’imàginatioii qu’elle
attira de la semblance de la belle
Andromeda , dont elle auoit la pein-
1 Aristote , Hippocrates et Empedocle^
A.P.^
• Moyse, 30 cAap»— Ai P»
le dix-nevfi:éme livre
a4
tare deuant ses yeux pendant les
embrassemens desquels elle deuint
grosse K
Damascene , auteur graue , at¬
teste auoir veu vne fille velue comme
vn ours , laquelle la mere auoit en¬
fantée ainsi difforme et hideuse, pour
auoir trop ententiuement regardé la
figure d’vn sainct lean vestu de peau
auec son poil , laquelle estoit atta¬
chée au pied de son lit , pendant
qu’elle conceuoit.
Par semblable raison Hippocrates
sauua vne princesse accusée d’ adul¬
téré , par-ce qu’elle auoit enfanté vn
enfant noir comme vn more , son
mary et elle ayans la chair blanche :
laquelle à la suasion d’Hippocrates
fat absoute, pour le portrait d’vn
more semblable à l’enfant, lequel
coustumierement estoit attaché à son
lit 2.
D’auantage, on voit que les connins
et paons qui sont enfermés en des
lieux blancs , par vertu imaginatiue
engendrent leurs petits blancs
Et partant faut que les femmes , à
l’heure de la conception, et lorsque
l’enfant n’est encore formé ( qui est
de trente ou trente-cinq iours aux
masles, et de quarante ou quarante-
deux, comme dit Hippocrates , liure
De natura pueri, aux femelles) n’ayent
1 Heliodore, liu, 10 de son Histoire Æthio-
pique. — A. P. — 1572.
2 Ces deux histoires ont été empruntées à
Boaistuau , ouvrage cité, fol. 14, ainsi que
deux figures qui suivaient sous ce titre :
Figure d’vne fille velue et d’vn enfant noir
faits par la vertu imaginatiue.
J’ai retranché sans scrupule ces figures ,
fort inutiles et d’ailleurs tout-à-fait fantasti¬
ques. J’ignore du reste où Boaistuau a été
chercher cette histoire d’Hippocrate, qui
est absolument apocryphe.
î Cette phrase manque jusqu’à l’édition
de 1585.
à regarder ny imaginer choses
monstrueuses ; mais la formation de
l’enfant estant faite , iaçoit que la
femme regarde ou imagine attentine-
mciit choses monstrueuses, toutesfois
alors l’imagination n’aura aucun lieu,
pour-ce qu’il ne se fait point de trans¬
formation depuis que l’enfant est du
tout formé.
En Saxe , en vn village nommé
Stecquer , fut né vn monstre ayant
quatre pieds de bœuf, les yeux , la
bouche, et le nez semblables à vn
veau , ayant dessus la teste vne chair
rouge , en façon ronde ; vne autre
par derrière , semblable à vn capu¬
chon de moyne , ayant les cuisses dé¬
chiquetées*.
L’an mil cinq cent dix-sept, en la
paroisse de Bois le Roy, dans la forest
de Biere , sur le chemin de Fontaine-
Bleau,nasquit vn enfant ayant la face
d’vne grenoüille, qui a esté veu et vi¬
sité par maistre lean Bellanger, chi¬
rurgien en la suite de l’Artillerie du
roy , és présences de messieurs de la
iustice de Harmois : à sçauoir hono¬
rable homme lacquesBribon, procu¬
reur du roy dudit lieu , et Estienne
Lardot , bourgeois de Melun , et lean
de Vircy, notaire royal à Melun , et
autres : le pere s’appelle Esme Petit ,
* Toutes les éditions ajoutaient : comme
tu vois par ceste figure; et faisaient suivre en
effet le texte d’une figure intitulée :
Figure d’vn monstre fort hideux ayant les
mains et pieds de bœuf, et autres choses
fort monstrueuses.
Cette figure monstrueuse , qui a pu avoir
cependant un original réel , mais défiguré
par le dessinateur, dans quelque anencé-
phale, a été donnée d’abord par Rueff, ouvr.
cité, fol. 46 , verso , et copiée par Lycosthè-
nes, ouvr. cité, p. 530.
Le chapitre se terminait ici en 15735 l’his¬
toire qui suit a été ajoutée en 1579,
DES MONSTRES ET PRODIGES.
25
et la mere Magdaleine Sarboucat,
Ledit Bellanger , homme de bon es¬
prit , désirant sçauoir la cause de ce
monstre, s’enquit au pere d’où cela
pouuoit procéder: luy dist qu’il esti '
moit que sa femme ayant la fléure ,
vne de ses voisines luy conseilla pour
guarir sa fléure , qu’elle print vne
grenoüiile viue en sa main, et qu’elle
la tint iusques à ce que ladite gre-
noüille fust morte : la nuit elle s’en
alla coucher auec son mary, ayant
tousiours ladite grenoüiile en sa main :
son mary et elle s’embrasseront , et
conceut, et par la vertu imagina tiue
ce monstre auoit esté ainsi produit*.
CHAPITRE X.
EXEMPLE DE l’aNGUSTIE OU PETITESSE
DE LA MATRICE.
Il se fait aussi des monstres pour
la detresse du corps de la matrice :
comme l’on voit que lors qu’vne
poire attachée à l’arbre , posée en vn
vaisseau estroit deuant qu’elle soit
accreuë, ne peut prendre croissance
complette ; ce qui est conneu aussi
aux dames qui nourrissent des ieunes
chiens en petits paniers, ou autres
vaisseaux estroils, pour garder de
croistre. Pareillement la plante nais-
* Toutes les éditions ajoutent ici : comme
tu vois par cesie figure-, et donnaient en effet
une Figure prodigieuse d’vn enfant ayant la
face d’vne grenouille.
On peut aisément se ia représenter d’après
la description ; et eiie était trop absurde pour
être reproduite. Il s’agissait probablement
encore de quelque anencéphale; du reste
Paré avait copié ceite figure d’après un pla¬
card que l’on criait par les rues de Paris,
auec priuilege , comme ii nous l’apprend lui-
même au chapitre 21.
sant de terre , trouuant vne pierre ou
autre chose solide à l’endroit où elle
vient , fait que la plante sera tortue ,
et engrossie en vne partie, et gresle
en l’autre : semblablemént les enfans
sortent du ventre de leurs meres
monstrueux et difformes. Car il dit >
qu’il est necessaire qu’vn corps qui se
meut en lieu estroit, deuienne mutile
et manque.
Empedocle et Diphile ont attribué
semblablement cela à la superabon¬
dance, ou defaut et corruption de la
semence, ou à l’indisposition de la
matrice : ce qui peut estre véritable ,
par la similitude des choses fusibles ,
esquelles si la matière qu’on veut
fondre n’est bien cuitte , purifiée et
préparée , ou que le moule soit rabo¬
teux, ou autrement mal-ordonné , la
médaillé ou effigie qui en sort est
défectueuse , hideuse et difforme.
CHAPITRE XT.
EXEMPLE DES MONSTRES QVI SE FONT , LA
MERE S’ESTANT TENVE TROP LONGVE-
MENT ASSISE, AYANT EV LES CVISSES
CROISÉES, OV POVR S’ESTRE RANDÉ
ET SERRÉ TROP LE VENTRE DVRANT
QV’eLLE ESTOIT GROSSE.
Or quelquesfois aussi il aduient,par
accident , que la matrice est assez
ample naturellement, toutesfois la
femme estant grosse ,pour s’estre te¬
nue quasi tousiours assise pendant sa
grossesse , et les cuisses croisées ,
comme volontiers font les cousturie-
res ou celles qui besognent en tapis¬
series sus leurs genoüils , ou s’estre
‘ Ce mot il dit se rapporte à Hippocrate
que Paré cite en marge. Hipp., lia. de lu
Geniture.
26
lÆ I)lX-NEVPlIïMÊ LIVRE,
bandé et trop serré le ventre, les
enfans naissent courbés, bosstis, et
contrefaits, aucuns ayans les mains
et les pieds lortus, comme tu vois par
cesta figure.
Figure d’vn enfml qvi a esté pressé au Pentre
de samere, ayant les mains et pieds tarfus i.
^*ortrait d’un prodige et enfant
pptrefié, leqpel g esté trouué au cad,a-
I Ruefif a une figure semblable , ouvrage
cité,, fol.46, verso.
II s’agit ici des ilfcormités connues sous
les noms de pieds bâts êt de mains botes ; et
Ton voit que la théorie qui les' attribue à
Une pressioti subie par fenfant dans la ma¬
trice remonte assez haut.
Le chapitre se termine ici dans les pre-
naières Mitioia^ Ce n’est qa’en l&8à que
Paré y a ajouté tout ce qui luitt
uer d’vne femme en la ville de Sens*
le seizième de May mil cinq cens oc¬
tante deux, elle estant aagéo de
soixante huit ans, et l’ayant porté en
son ventre par l’espace de vingt huit
ans. Ledit enfant estoit quasi tout ra¬
massé en vn globe : mais il est icy
peint de son long , pour mieux faire
voir l’en tiere figure de ses membres,
hors mis vue main qui estoit défec¬
tueuse.
se peur coniirnter par Matthias
Cornax, médecin de Maximîllan, roy
des Romains, lequel recite queluy-
mesme assista à la dissection du Ven¬
tre d’vne femme, laquelle auqit porté
en sa matrice son enfant , l’espace de
quatre ans. Aussi Egidins Hertages ,
medecm à Bruxelles, Mi «tentiai;
DES MONSTRES ET PRODIGES.
d’une femme qui a porté en ses flancs,
treize ans reuolus , le seelete d’vn en¬
fant mort. loannesLangius,en l’epis-
tre qu’il escrit à Achilles Bassarus ,
tesraoigne aussi d’vne femme , qui es-
toit d’vn bourg appellé Eberbacb,
laquelle rendit les os d’vn enfant
qui estoit mort en sqn yentye ans
au-parayapt.
CHÆPITR3E XII,
EXEMPLE DES MONSTRES QVI SONT EN¬
GENDRÉS, LA MERE AYANT REÇV QVEL-
QVE COVP,OVCHEVTE,EST4NT GROSSE
d’enfant.
D’auantage quand la mere reçoit
quelque coup sus le ventre, ou qu’èUe
tombe de haut en bas , les eufàns en
peuuent auoir les os rompus , desboi-
tés et torturés, ou reçeupir autre
vice , conrme eslre boiteux , bossus et
contrefaits : ou pour cause que l’en¬
fant deuient malade au ventre de sa
mere , ou que le uourrissement dont
il deuoit croistre soit escoülé hors la
matrice ‘. Pareillement aucuns ont
attribué les monstres estre procréés
de la corruption des viandes ordes et
sales que les femmes mangent , ou
‘ Tçutes les éditipqs , É pavUr dç la cin¬
quième, portent, ici simplement : oa poH?-
cause que f enfant deuient malade au ventre de
sa mere, ou que les femmes mangent, etc.
C’est une laeune qui résulte de deux lignes
sautées dans la cinquième édition et qui
existent dans toutes les précédentes; aussi
cette cinqaième édition porte ou, que le les
femmes mangent, ce qui accusait la lacu»e;
ce sont les. éditeurs suivants qui , pour don¬
ner plus de suite à la pht:a,se , ont retraRÇUé
l’article «dns S’inquiéter du sensk
27
désirent manger, ou qu’elles abhor¬
rent de voir tost apres qu’elles ont
conceu : ou que l’on aura ietté quel¬
que chose entre leurs tetins , comme
vne cerîse , prune , grenoüille , vne
souris , ou autres choses qui peuuent
rendre les enfans monstrueux.
CHAPITRE XIII.
EXEMPLE DES MOnSTRRS QVI SE FONT
PAR LES MALADIES HEREDITAIRES.
Aussi pour les indispositions ou
compositions héréditaires des pçres
et meres , les enfans sont faits mons¬
trueux et difformes : car il est assez
manifeste qu'vn bossu fuit naistre son
enfant bossu , voire teilerneut bossu ,
que les deux bosses deuant et der¬
rière à quelques-vns sont si fort esle-
uées que la teste est à moitié cachée
entre les espaules, ainsi que la teste
d’vne tortue dans sa coquille. Vne
femme boiteuse d’vù costé fait ses
enfants boiteux semblables à elle :
autres estans boiteuses des deux
hanches, font enfans qui le sont sem¬
blablement , et qui cheminent cane-
tant : les camus font leurs enfans
camus : autres balbutient : autres
parlent en bredouillant, semblable¬
ment leurs enfans bredouillent Et
où les peres et meros sont petits , les
enfans en naissent le plus saunent
nains , sans nulle autre deformité , à
sçauoir quand le corps du pere et
de 1^ mer© n’ont aucun vice en leur
conformation. Autres font leurs en-
1 Balbutier, c’est-à-dire begayer, ne pou-
uant bien proférer (a parole. — Bredouiller,
c’est dire deux ou trois fois vne parole sans
estre bien proférée^ — Ai P»
le dix-nevfiéme livre
28
fants bien maigres, à cause que le
pere et la mere le sont : autres sont
ventrus et fort fessus, quasi plus gros
que longs , parce qu’ils ont esté en¬
gendrés du pere ou de la mere, ou de
tous les deux , qui seront gros et
grands, ventrus et fessus. Les gout¬
teux engendrent leurs enfans gout¬
teux , et les lapidaires , suiets à la
pierre : aussi si le pere et la mere
sont fols , le plus souuent les enfans
ne sont gueres sages : pareillement
les epileptiques engendrent des en¬
fans qui sont suiets à Tepilepsie K
Or, toutes ces maniérés de gens se
trouuent ordinairement, qui est chose
qu’vn chacun peut voir, et connoistre
à l’œil la vérité de mon dire; partant
ie n’ay que faire d’en parler d’auan-
tage. Aussi ie ne veux escrire que les
ladres engendrent des enfans ladres ,
car tout le monde le sçait. Il y a vne
infinité d’autres dispositions des pe-
res et meres, ausquelles les enfans
sont suiets , voire des mœurs, de la
parole de leurs mines et trongnes ,
contenances et gestes, iusques au mar¬
cher et cracher. Toutesfois de ce ne
faut faire reigle certaine ; car nous
voyons les peres et meres auoir tou¬
tes ces indispositions , et neanmoins les
enfans n’en retiennent rien ; parce
que la vertu formatrice a corrigé ce
vice.
‘Cette dernière phrase, relative à l’épi¬
lepsie, manque dans toutes les éditions du
vivant de l’auteur, et n’a été ajoutée qu’à la
première édition posthume.
2 L’édition de 1573 et toutes tes autres
jusqu’en 1585 finissaient le chapitre plus
brusquement. Après ces mots : des mœurs, de
la parole , e'ies ajoutaient simplement; ius-
qiies au marcher el cracher, non pas tousiours,
mais le plus souuent. La nouvelle rédaction
est de 1585,
CHAPITRE XIV.
exemple de choses monstrvevses
QVI SONT ADVENVES EN MALADIES
AGCIDENTALES
Deuant Sainct lean d’Angolic , vn
soldat nommé Francisque, de la com¬
pagnie du capitaine Muret, fut blessé
d’vn coup d’harquebuse au ventre ,
entre l’ombilic et les Isles : la balle
ne luy fut tirée , parce que l’on ne la
pouuoit trouuer, au moyen de quoy
il eut de grandes et extremes dou¬
leurs ; neuf iours apres sa blessure,
ietta la balle par le siégé, et trois se¬
maines apres fut guari ; il fut traité
par maistre Simon Crinay, chirurgien
des bandes Françoises.
lacques Pape , seigneur de Sainct
Aubam aux Baronniers en Dauphiné,
fut blessé à l’escarmouche de Chase-
nay de trois coups d’harquebuse pe-
netrans en son corps , dont il y en
auoit vn au dessous du nœud de la
gorge, tout proche la canne du poul-
mon , passant près la nucque du col ,
et la balle y est encore à présent : au
moyen dequoy lui suruindrent plu¬
sieurs grands et cruels accidens, com¬
me fléure , grande tumeur à l’entour
du col , de sorte qu’il fut dix iours sans
pouuoir rien aualer , fors quelques
boüillons liquides; et neantmoins tou¬
tes ces choses a recouuert santé, et est
à présent encore viuant : et fut pensé
par maistre lacques Dalam, chirur¬
gien fort expert , demeurant en la
ville de Monlelimar en Dauphiné.
‘ I.’édition latine a beaucoup changé en
cet endroit l’ordre du livre, et renvoyé ce
chapitre et les trois suivants après l’histoire
des démons et des magiciens , et immédia¬
tement avant celle des monstres marins.
DES MONSTRES
Alexandre Benedict ‘ escrit d’vn |
villageois qui fut blessé d’vn coup de
traict au dos , et lut tiré : mais le fer
demeura dedans le corps , lequel es-
toit long de deux doigts en trauers, et 1
estoit barbelé aux costés. Le chirur¬
gien l’ayant long temps cherché sans
le pouuoir trouuer, ferma la pi ye,
et deux mois apres ce fer sortit sem¬
blablement par le siégé.
D’auantage , audit chapitre , dit
qu’à Venise vne fille aualla vne ai¬
guille, laquelle deux ans apres la ietta
en vrinant , couuerte d’une matière
pierreuse, amassée à l’entour de quel¬
ques humeurs gluans.
Ainsi que Catherine Parlan, femme
de Guillaume Guerrier , marchand
drapier, honneste homme, demeu¬
rant rue de la luifuerie à Paris, allait
aux champs en trousse sus vn cheual,
vne aiguille de son tabouret entra
dedans sa fesse dextre, de sorte que
l’on ne la peust tirer hors. Ladite
Parlan fut deux mois qu’elle ne pou-
uoit se tenir assise, à cause qu’elle
sentoit l’aiguille la piquer 2. Quatre
mois après m’enuoya quérir, se plai¬
gnant que lorsque son mary l’em-
brassoit , sentoit en l’aine dextre vne
grande douleur piquante , à raison
qu’il pressoit dessus. Ayant mis la
main sus la douleur, trouuay vne
aspérité et dureté , et fis en sorte que
luy liray ladite aiguille toute enroüil-
1 Liu. 3 (le son Histoire anatom.,ch. 5. —
A. P.
2 Cette phrase tout entière manque au
texte dans toutes les éditions, et l’on n’en
trouve même aucune trace dans les notes
marginales à partir de l’édition de 1575. Il
n’y a donc que la seule édition de 1573 qui
contienne cette phrase en marge, et comme
elle fait partie intégrante de l’observation ,
je n’ai pas hésité à la joindre au texte, sauf
à en avertir le lecteur.
ET PRODIGES. 29
lée. Cecy doit bien estre mis au rang
des choses monstrueuses, veu que
l’acier qui est pesant monta contre-
mont , et passa au trauers des mus¬
cles de la cuisse, sans faire aposteme.
CHAPITRE XV.
DES PIERRES QVI S ENGENDRENT AV
CORPS HVMAIN.
L’an mil cinq cens soixante et six,
les enfans de maistre Laurens Collo \
hommes bien expérimentés en l’ex¬
traction des pierres , en tirèrent vne
de grosseur d’vne noix , au milieu de
laquelle fut trouuée une aiguille de-
quoy coustumierement les coustu-
riers cousent. Le malade se nommait
Pierre Cocquin , demeurant en la rue
Gallande, près la place Maubert à Pa¬
ris, et est encore à présent viuant. La
pierre fut présentée au Roy en ma
presence, avec ladite aiguille que les-
1 Je respecte ici l’orthographe que Paré a
donnée à ce nom de Collo , et qui est restée
la même en cet endroit dans toutes les édi¬
tions. Dans celle de 1564, à l’occasion de la
taille des femmes , Paré avait écrit Colloi-,
mais il a ensuite corrigé Collo dans toutes
les éditions postérieures, et l’édition latine a
également admis cette dernière orthogra¬
phe. Toutefois ni l’une ni l’autre n’a préva¬
lu , et dans l’ouvrage posthume de François
Colot, publié par Sénac en 1725 , on trouve
le nom écrit avec un t et une seule l. Peut-
être cependant, si l’on considère l’amitié
qui unissait Paré à Laurent Collo et à ses
fils, la première manière dont il avait écrit
ce nom , corrigée uniformément dans toutes
les éditions suivantes, et enfin le consente¬
ment du traducteur latin j peut-être, dis-je,
y aurait-il quelque présomption que l’or¬
thographe de Paré était la véritable, et c’est
pourquoi je l’ai conservée , au moins en cet
I endroit.
3o
Ï,B DIX-NBVFi:éMH LIVRE,
dlis Collos m’ont donnée pour mettre
en mon cabinet , laquelle le garde et
ay encores de présent ën ma posses¬
sion, pour mémoire de chose si mons¬
trueuse.
L’an mil cinq cens septante, ma¬
dame la duchesse de Ferrare enuoya
quérir en ceste ville lean Collo , pour
extraire vne pierre de la véssie d’vn
pauure pâtissier, demeurant à Mon-
targis <, laquelle poise neuf onces, de
grosseur d’vn poing , et de figure
comme tu vois icy le portrait : et fut
tirée en la présence de monsieur
inaîstre François Rousset , et malstre
loseph lauelle , hommes sçauans et
bien expérimentés en la médecine,
médecins ordinaires de ladite dame.
Et fut si heureusement tirée , que 1er.
dit pâtissier guérit ; toutesfois peu de
temps apres luy vint vne suppres¬
sion d’vrine , au moyen de deux pe-,
tites pierres qui descendirent des
reins, qui bouchefent les pores vre-
teres , et furent cause de sa mort,
Pigim d’vnç fiem. extraite, à vn, palmier- de
Mdntargis.
1 Ladite dame couslumiere d’aider aux pan¬
ures, fil loua les frais pour la cure dudil palis-
sier. — A. P.
L’an mit cinq cens soixante et six ,
le frore dudit lean Collo , nommé
Laurens *, fit pareillement en ceste
ville de Paris extraction de trois pier¬
res estanS en la vessie , de grosseur
chacune d’vn bien gros œuf depoulle,
de couleur blanche , pesans les trois
douze onces et plus , à vn surnommé
Tire- vit , demeurant à Marly * : le¬
quel pour-ce qu’il auolt dés l’aage
de dix ans quelque commencement
desdites pierres en la vessie , tlroit
ordinairement sa verge , dont fut
nommé Tire-vit : car la vertu expul-
trice de la vessie , voire de tout le
corps , s’efforçoit à letter hors ce qui
luy nuisoit, et pour-ce luy causoit
vn certain esguillonnement à l’extre-
milé d’icelle verge { comme se fait
ordinairement à ceux qui ont quel¬
que sable , ou pierre aux parties dé¬
diées à l’vrine , ce quei’ay escrit plus
amplement en mon liure des pierres *.)
Icelles furent présentées au roy , es-
tantpour lors à Sainct Maur des fos¬
sés ; on en cassa vne auec vu mar¬
teau de tapissier, au milieu de la¬
quelle fut trouuée vne autre , res¬
semblante à vn noyau de pesche , et
de couleur tannée. Lesdits Collos
m’ont donné les susdites pierres pour
1 Lesdils Collos, chirurgiens ordinaires du
Roy , sonl très expers à l’exiraciion des pier¬
res, et en plusieurs autres operations de la chi¬
rurgie. — A. P. 1673.
vunsoiiaee f
n retourna en sa maison, oü à. présent est
encore viuant. — A. P.
produlUi d’apré, l-édillon de 15,3,
deux éié „„
dans l éditian suivante.
^Ceux qui ont vne pierre fi la vessie On
tousiours vn prurit n ®
de ,a Le , ! V'*"""'
Hiipil il «an • ’ des Pierres au-
q»e 11 ,6»,ok Mt celui de W4. ,„i
parue aujeurtfliui do livrer OpLi«,
jbES MONSTRES BT PRODIGES. 3l
mettre à mon cabinet, comme choses 1 au plus prés du vif, ainsi que tu néux
monstrueuses, et les ay fait portraire I voir par ces figures
Figures de trois pierres extraites à vne fois sans interuaUe de temps, de la tessie d’un
appelé Tire-vit, l’vné desquelles est brisééé
D'auantage ie puis icy attester que
i’en ay trouué dedans les reins des
1 On trouve dans l’/n/roducdon d’À. Paré,
chapitre 2 (tome pf de cette édition , page
28) , l’histoire de ce Tire-Vii racoptée d’une
manière toute différente , de telle sorte qu’il
faut nécessairement admettre , ou bien que
Collo opéra deux individus du nom de
Tire-vit, ce qui est peu probable, et ce qui
aurait dû au moins être noté -, ou bien que
Paré a pris un malade pour l’autre , et mis
sous le nom de Tire-vit une observation qui
ne le concernait pas ; ou enfin que les deux
observations n’en constituent qu’une seule,
qui aurait été incomplètement racontée dans
l’un et l’autre endroit. Ce qu’il y a de plus
certain , c’est que Paré , ici comme en beau¬
coup d’autres occasions , s’en fiait à sa mé¬
moire pour se rappeler des faits écoulés de¬
puis long-temps : et que cette malheureuse
habitude est ce qui a le plus encombré la
chirurgie d’observations douteuses, vagues,
sans certitude et presque sans valeur.
corps ttiorts , de plusieurs figures ,
comme de cochons , dé Chiens , et au*-
très diuerses figures , ce qui nous a
esté laissé par éscrit des anciens
Monsieur Dalechamps recite en sa
chirurgie, qu’il aveu vn homme auoir
vne aposteme sus les lombes, dont
apres la suppuration icelle dégénéra
en fistule , par laquelle ietta en di¬
uerses fois plusieurs pierres venans
du rein : et enduroit le Irauail du ché-
ual et des chariots.
Hippocrates escrit * dé la châm-
2 Cette attestation si légèrement donnée
d’un homme tel que Paré est bien propre à
nous faire connaître que les meilleurs es¬
prits fléchissent quelquefois sous les préju¬
gés de leur siècle , en même temps qu’elle
explique l’origine de tant de monstres admis
par la crédulité de ce temps.
3 Liure 6 des jFpidemies. — A. P.
3î2 le DIX-HEVFIÉME LIVÎIE
briere de Dysere , aagée de soixante
ans , qui auoit des douleurs comme
elle si eust deu accoucher : dont vne
femme luy tira de la matrice vne
pierre aspre et dure, de la grandeur,
grosseur , et figure d’vn peson de fu¬
seau.
lacques Hollier, Docteur regent en
la faculté de Medecine à Paris, escrit '
qu’ vne femme, après auoir esté tour¬
mentée d’vne difficulté d’vrine par
l’espace de quatre mois , en fin mou¬
rut ; laquelle ayant esté ouuerte, fu¬
rent trouuées en la substance du
cœur deux assez grosses pierres, auec
plusieurs petites apostemes : estans
les reins et les pores vreteres et la
vessie sains et entiers.
L’an mil cinq cens cinquante-huit,
fus appelé de lean Bouclier , maistre
tailleurd’habits,demeurantruesainct
Honoré , pour luy ouurir vne apos-
teme aqueuse qu’il auoit au genoüil :
en laquelle trouuay vne pierre de la
grosseur d’vne amende, fort blanche,
dure , et polie , et guérit , et encores
est à présent viuant \
Une dame de nostre cour fut lon¬
guement et extrêmement malade ,
sentant douleur au ventre, auec gran¬
des espreintes : estant pensée par
plusieurs médecins , lesquels igno-
roient lèJieu de la douleur. On m’en-
uoya quérir, pour sçauoir si ie pour-
rois connoistre la cause de son mal.
Par l’ordonnance des médecins , luy
regarday au siégé et à la matrice, auec
instrumens propres à ce faire, et pour
tout cela ne pus connoistre son mal.
Monsieur Le Grand luy ordonna vn
clystere, et en le rendant ietta vne
1 Liu. 1, ch. de la Palpitation du Cœur.
— A. P.
2 C’est là le premier cas connu d’un corps
étranger développé dans le genou, et extrait
heureusemeot par l’incision.
pierre par le siégé , de la grosseur
d’vne grosse noix : et tout subit ses
douleurs et autres accidens cessèrent,
et depuis s’e t bien portée '.
Semblable chose est arriuée à la
dame de SainctEustachc, demeurant
au carrefour de la rue de la Harpe
Le capitaine Augustin, Ingénieux
du Roy, m’enuoya quérir auec mon¬
sieur Violaine , docteur regent en la
faculté de Medecine, et Claude Viard,
Chirurgien luréà Paris, pour luy ex¬
traire vne pierre qu’il auoit sous la
langue , de longueur de demy doigt ,
et grosse d’vn tuyau de plume. Il en
a encore vne , qu’on ne peut bien en¬
core destacher ®.
1 Dans l’édition de 1573 et encore en 1575,
cette histoire était rapportée après celle de
Dalechamps , et la rédaction en était un peu
différente :
« Monsieur le Grand , Docteur regent en
la faculté de Medecine, et médecin ordinaire
du Roy , homme sçauant et grandement ex¬
périmenté, lequel fait autant bien la mede¬
cine qu’homme que i’aye iamais cogneu ,
fus appelé auec luy pour appliquer \n spé¬
culum ani à vne dame d’honneur qui estoit
tourmentée d’extremes douleurs au ventre
et au siégé, toutefois sans nulle apparence
à la veuë d’aucun mal : il luy ordonna cer¬
taines potions et clisteres, auec l’vn desquels
ietta vne pierre de grosseur d’vn esteuf, et
subit ses douleurs furent cessées, et guérit.»
^ En 1579, Paré modifia la rédaction de
l’observation , qui était peu correcte , mais
en conservant à Legrand à peu près les mê¬
mes éloges, que l’on retrouve encore dans la
traduction latine. C’est en 1585 qu’il chan¬
gea définitivement et le texte et le plan de
l’histoire , comme on la lit aujourd’hui.
2 Cette observation a été ajoutée en 1585.
8 Cette observation , de même que la pré¬
cédente , a été ajoutée en 1585. On trouvera
une autre observation de calcul sous la
langue dans la grande ^po/oy/e, au titre :
r oyat^e de Bayonne, 1564.
DES MONSTRES ET ERODIGES.
Or pour le dire en vn mot, les pier-
es se peuuent engendrer en toutes
les parties de nostre corps , tant inté¬
rieures qu’exterieures. Qu’il soit
vray , on en voit estre engendrées
aux iointures des goutteux ». Anto-
nius Beniuenius , médecin florentin ,
au liure 1, chapitre 24, dit qu’vn
nommé Henry Alleman ietla vne
pierre de grosseur d’vue auelaine en
toussant.
CHAPITRE XVI.
DE CERTAINS ANIMAVX MONSTRVEVX
QVI NAISSENT CONTRE NATVRË AVX
CORPS DES HOMMES , FEMMES, ET PE¬
TITS ENFANS 2.
Tout ainsi qu’au grand monde il
y a deux g randes lumières, à seau oir
le soleil et la lune , aussi au corps hu-
1 C’est par cette phrase que se terminait
le chapitre dans les trois éditions de 1573 ,
1675 et 1579j la citation de Benivenius a été
ajoutée en 1585.
^Ce chapitre n’existe pas en cet endroit
dans la plupart des éditions complètes ; il
est donc nécessaire de dire pourquoi nous
l’avons rétabli.
L’édition de 1573 avait un 16= chapitre
intitulé des Verms, reproduit par celle
de 1675 sous ce titre plus correct, des Fers.
Il était assez court, et composé de quatre
histoires que l’on retrouve dans le courant
du chapitre actuel. En 1579, le texte en fut
considérablement amplifié; l’auteur y ajouta
quelques histoires qu’il détacha du chap. 19
( voir les notes suivantes ), et il le transporta
dans son livre De lapeiUe Ferolle, entre le
chapitre 3 qui termine l’histoire de la variole,
et le chapitre 4 qui commence l’histoire des
vers intestinaux. Sans doute qu’il avait des¬
sein de réunir ainsi tout ce qui concerne
les vers engendrés dans le corps humain; et
cependant le. titre mememontre bien qu’il ne
III.
33
main il y a deux yeux qui l’illumi¬
nent : lequel est appelé Microcosme,
ou petit portrait du grand monde
accourci. Qui est composé de quatre
elemens , comme le grand monde ,
auquel se font des vents , tonnerres ,
tremblemens de terre , pluye , rosée ,
vapeurs, exhalations, gresles , éclip¬
sés , inondations d’eaux, stérilité ,
fertilité , pierres , montagnes , fruits ,
et plusieurs et diuerses especes d’a¬
nimaux : aussi se fait-il le sembla¬
ble au petit monde , qui est le corps
humain. Exemple des vents ; ils se
voyent estre enclos és aposlemes
venteuses, et aux boyaux de ceux qui
ont la colique venteuse , et pareille¬
ment en aucunes femmes, ausquelles
on oit le ventre bruire de telle sorte
qu’il semble y auoir vne grenouillère :
lesquels sortans par le siégé rendent
bruits comme coups de canonnades.
Et encore que la piece soit braquée
vers la terre , neantmoins tousiours
s’agissaitpas des vers proprement dits, et que
le chapitre était déplacé dans le lieu nouveau
qu’on lui avait assigné, en même temps qu’il
laissai t une lacune dans le livre des Monstres.
Du reste , ce changement de place avait été
opéré si négligemment, que dans toutes les
éditions du vivant de l’auteur la table du
livre des Monstres accusait toujours un cha¬
pitre 16, des Fers, qui n’existait plus à par¬
tir de 1579, tandis que la table du livre de
la petite Ferolle n’indiquait en rien l’ad¬
jonction du chapitre nouveau; et celui-ci ,
ne comptant pas même dans le livre comme
un chapitre spécial, semblait une suite du
chapitre troisième intitulé ; Quelles parties
jaiit présenter de la verolle. En pesant toutes
ces considérations , je me suis détermine à
restituer à ce chapitre la place qu’il avait
eue d’abord, et qui est de beaucoup la plus
naturelle et la plus logique.
Le texte général du chapitre est donc de
1579, sauf les parties qui seront signalées
dans les notes comme d’une date différente.
* 3
LE DIX-NEVFIÉME LHEE
34
la fumée du canon donne contre le i
nez du canonnier, et do ceux qui sont
proches de luy.
Exemple des pluyes et inondations
d’eaux : cela se voit aux apostemes
aqueuses et au ventre des hydropi¬
ques. Exemple du tremblement de
terre ; telle chose se voit au commen¬
cement des accès des fléures , où les
pauures febricitans ont vn tremble¬
ment vniuersel du corps. Exemple
de l’eclipse : cela se voit aux synco¬
pes ou défaillances du cœur, et aux
suffocations de la matrice. Exemple
des pierres : on les voit à ceux aus-
quels on en extrait de la vessie , et
autres parties du corps.
Exemple des fruits : combien en
voit-on qui au visage ou autres par¬
ties extérieures du corps ont la figure
d’vne cerise , d’vne prune, d’vne cor¬
me, d’vne figue, d’vne meure? la
cause de quoy a esté tousiours réfé¬
rée à la forte imagination de la
femme conceuante ou enceinte , es-
meuë de l’appetit vehement , ou de
l’aspect , ou d’vn attouchement (Uice-
luy à l’improuiste ; comme mesme de ]
ce qu’on en voit naistre d’aucuns
ayans en quelque endroit du corps la
figure et substance d’vne coinne de
lard , d’autres d’vne souris , d’autres
d’vne escreuisse, d’autres d’vne solle,
et d’autres semblables, Ce qui n’est
point hors de raison, entendu la force
de l’imagination se ioignant auec la
vertu conformatrice , la mollesse de
l’embrion prompte, et comme vne
cire molle , à receuoir toute forme :
et que quand on voudra esplucher
tous ceux qui sont ainsi marqués, il
se trouuera que leurs meres auront
esté esnieuës durant leur grossesse de
quelque tel appétit ou accident. Où
nous remarquerons en passant , com¬
bien est dangereux d’offenser vne
femme grosse , de lui monstrer et ra-
menteuoir quelque viande, de la¬
quelle elle ne puisse auoir lu ioüis-
sanee promptement, voire et de leur
faire voir des animaux ou portraits
d’iceux difformes et monstrueux. En
quoy i’attensque quclqu’vn m’obiecte
que ie no deuois donc rien inférer de
semblable on mon liure de la géné¬
ration. Mais ie luy respons en vn mot,
que ie n’escris point pour les femmes.
Retournons à nostre propos.
Exemple des montagnes; on les
voit aux bossus, et à ceux qui ont
des loupes grosses et énormes. Exem¬
ple de stérilité et seieberesse : on le
voit aux hectiques , qui ont la chair
de leur corps presque toute consom¬
mée. Exemple de fertilité ; on la con-
noistàceuxqui sont fort gras, fessus,
et ventrus, tant qu’ils creuent en leur
peau, force leur est de demeurer
tousiours couchés ou assis , pour ne
pouuoir porter la grosse masse de
leur corps. Exemple des animaux qui
se procréent en nos corps, à sçauoir,
pouls , punaises , et morpions, et au¬
tres que descrirons à présent *.
Monsieur Houlier escrit en sa pra¬
tique qu’il traitoit vn Italien tour¬
menté d’vne extreme douleur de
teste, dont il mourut. Et l’ayant fait
ouurir, luy fut trouué en la substance
du cerueau vn animal semblable à
vn scorpion 2, lequel, comme pense
ledit Houlier, s’estoit engendré pour
1 Ces deux dernières lignes sont de 1585.
2 L’auteur ajoutait : Comme tu vois pciv
ceste figure, et on voyait ici une figure de
scorpion, que j’ai retranchée.
Du reste, cette histoire se lisait déjà au
chapitre IG du livre des Monstres de l’édi¬
tion de 1573, mais avec une rédaction un
peu différente.
lacques Ilollier escript en sa Practique des
Maladies internes iju'i/ s'engendra au cerueau
d m Italien vn scorpion pour auoir continuelle¬
ment senti du basilic, lequel scorpion lui causa
DES MONSTRES ET PRODIGES.
auoir continuellement senti du ba- j
silic. Ce qui est fort vray-semblable,
veu que Chrysippus , Diopbanes , et
Pline ont escrit, que si le basilic est
broyé entre deux pierres et exposé
au soleil, d’iceluy naislra un scor¬
pion.
Monsieur Fernel escrit d’vn soldat,
lequel estoit fort camus , tellement
qu’il ne se pouuoit moucher aucune¬
ment : si bien que de rexcrement re¬
tenu et pourri , s’engendrerent deux
vers velus et cornus de la grosseur
d’vn demy doigt, lesquels le rendi¬
rent furieux par l’espace de vingt
iours , et furent cause de sa mort *.
Depnis n’agueres yn ieupe bqinnie
auoit vn aposteme au milieu de la
cuisse partie externe , de laquelle
soriit cest animal, lequel me fut ap¬
porté par lacques Guillemeau , Chi¬
rurgien ordinaire du Roy , qui disoit
l’auoir tiré : et l’ay mis dans vne
phiole de verre, et a demeuré vif plus
d’vn mofe sans aucun aliment. La fi¬
gure t’est icy représentée
Monsieur Duret m’a affirmé auoir
ietté par la verge, apres vne longue
si grande douleur de teste qu’il en mourut. Ce
qui est fort vraisemblable, etc.
La figure du scorpion n’avait été ajoutée
par Paré qu’en 1679.
‘ Paré ajoutait: Tu envois la figure, 0.1 pré¬
sentait en effet au lecteur la figure d’un
yer velu et cornu. Je l’ai retranchée sans hé¬
siter. Du reste , celte histoire se lisait déjà
au chapitre 16 du livre des Monstres de l’é ¬
dition de 1573; seulement la figure n’y a
été accolée qu’en 15^9.
2 J’ai gardé cette ligure parce que Paré
dit l’avoir vue, bien qu’il fasse toutes ré-
35
maladie , vne beste viuante sembla¬
ble à un clouporte , que les Italiens
appellent Porceleti, qui estoit de cou¬
leur rouge L
Monsieur le comte Charles de Mans-
feld , n’agueres estant malade d’vne
grande fleure continue à l’hostel de
Guise , a ietté par la verge vne cer¬
taine matière semblable à vn animal:
dontla figure t’est icy représentée
II se fait pareillement en la ma¬
trice des femmes beaucoup de for-
serves sur sa véritable origine ; et il faut as¬
surément que Guillemeau ou Paré s’en soient
laissé imposer, et que le dessinateur ait beau¬
coup ajouté à la forme réelle de l’objet.
On peut remarquer que Guillemeau est
appelé ici Chirurgien ordinaire du Roy; mais
cette histoire ne date que de l’édition de
15S5. Voyez , t. n , la note de la page 799.
I II y avait encore ici : comme tu vois par
ce portrait; et de plus une figure fort mal
faite de cloporte. Je l’ai supprimée. 11 n’est
pas besoin de dire que monsieur Duret avait
raconté là une histoire absurde ; mais on
voit par cette réunion des grands noms de
la médecine du xvi® siècle, Houlier, Fernel ,
Duret , tous si crédules en fait de prodiges ,
qu’il était bien difficile à un chirurgien de
ne pas se laisser entraîner par le torrent; et
cependant il faut rendre cette justice à Paré,
qu’aucune des observations où il a figuré
comme témoin ne porte l’empreinte d\ine
si facile crédulité.
2 Cette observation peut servir de preuve
à ce que j’ai dit dans la note précédente. SI
pareille chose se fût présentée aux méde¬
cins éminents cités plus haut, nul doute
qu’ils n’en eussent fait un animal ; Paré
dit seulement : vne certaine matière semblable
àvn animal; et rien n’empêche, en effet,
qu’un caillot sanguin puisse offrir une forme
plus ou moins approchant de celle-ci, qui a
sans doute été exagérée par le dessinateur.
36
LE DIX-NEVFIÉME LIVRE,
mes d’animaux ( qui souuent se treu-
uentauec les moles et enfans bien for¬
més) comme grenoüilles, crapaux ,
serpens,lezars, harpies ^ Nicole Flo¬
rentin les compare à chats-huans , et
dit deuoir eslre appelées bestes sau¬
nages. Les harpies ont esté appelées
des anciens , freres Lombars , par-ce
que telles choses aduenoient aux
femmes de Lombardie, et qu’elles
naissoient en vne mesme matrice
comme les enfans bien formés , qui a
donné occasion de les nommer freres
vterins , par une mesdisance d’vne
personne que l’on hait 2. Or les fem¬
mes du royaume de Naples y sont fort
suiettes , à cause de la mauuaise
nourriture qu’elles prennent , les¬
quelles de tous temps ont mieux aimé
auoir le ventre de bureau que de ve-
1 La question traitée dans ce paragraphe
l’avait déjà été dans le livre des 3'Ionstres ,
édition de 1573 et 1575, chapitre 19. Ce
texte primitif mérite d’être reproduit.
« 11 s’est veu des femmes auoir ietté par
leurs matrices des serpens et autres bestes,
ce qui peut aduenir par la corruption de
certains excrements estans reteous en leur
matrice, comme l’on voit se faire és intes¬
tins, et autres parties de notre corps, de gros
et longs vers, voire pelus et cornus (comme
nous demonstrerons cy après) : Quelques
vns ont voulu fredonner que telle chose peut
venir quand vne femme se baigne, si par
cas fortuit quelque beste venimeuse comme
serpens et autres ont frayé , et rendu se¬
mence en leau, à l’endroict de laquelle il soit
aduenu quon aye espuisé auec leau vne
telle ordure, et que puis apres la femme se
soit baignée en icelle, veu principalement
qu’à cause de la sueur et chaleur, tous ses
pores sont dauantage ouuerts : mais telle
raison ne peut auoir lieu, attendu que la
vertu génératrice de ceste semence est suf¬
foquée et esteinte par la grande quantité
deau chaude, ioinct pareillement que la
bouche de la matrice ne s’ouiire point, si
ce n’est à l’heure du coït , ou que les mois
coulent. »
î Gourdon , liv. 7, chap 18. — A. P.
lours c’est à dire manger fruits ,
herbages . et autres choses de mau-
uais suc qui engendrent tels animaux
par putréfaction, que manger viande
de bonne nourriture, pour e.spargner,
estre braues et bien accoustrées.
Monsieur loubert ^ escrit de deux
Italiennes : l’vne femme d’vn frippier,
et l’autre damoiselle,dans vn mesme
mois accoucheront chacune d’vn part
monstrueux : celuy de la frippiere
estoit petit , ressemblant à vn rat sans
queuë , l’autre de la demoiselle estoit
gros comme un chat : ils estoient de
couleur noire : et au partir de leurs
matrices, tels monstres grimperont
en haut contre la paroy de la ruelle
du lict, et s’y attachèrent fermement.
Lycosthenes escrit, que l’an 1494,
vne femme de Cracouie, en vne place
nommée Sainct Esprit, enfanta vn en¬
fant mort, qui auoit un serpent vif
attaché à son dos, qui rongeoit ceste
petite créature morte \
Leuinus en raconte vne merveil¬
leuse histoire en ceste façon *, Ces
années passées vne femme vint vers
raoy pour me demander conseil ; la¬
quelle ayant conceu d’vn marinier,
le ventre lui commença à enfler de
telle^ sorte, qu’on pensoit qu elle ne
1 f^entre de bureau que de velours, façon de
parler proverbiale pour dire qu'elles soi¬
gnaient mal leur ventre. Bureau était te
nom d’une étoffe grossière dont nous avons
fait bure ; on trouve encore ce mot dans Boi¬
leau Despréaux :
2 Au liure des Erreurs populaires. — A. P.
3 Paré ajoutait : comme lu vois pur ceste
figure, et donnait en effet une misérable
figure copiée de Lycosthenes, ouv. cité, page
503. Au reste, cette histoire et cette figure
f Monstres
» 1573 et 1575, chapitre 19, mais après
1 histoire qui va suivre.
^ Liu. 1 de occult, naïur,, chap. 8.— A. P.
UES MONSTRES
(Icust iamais porter à terme. Le neii-
fléme mois passé, elle enuoye qué¬
rir la sage-femme : et auec grands
efforts, premièrement accoucha d’une
masse de chair sans forme , ayant à
chacun costé deux anses longues d’vn
bras, qui remuoit et auoit vie comme
les esponges. Apres luy sortit de la
matrice vn monstre ayant le nez
crochu, le col long, les yeux estin-
celans, une queue aiguë, les pieds
fort agiles. Si tost que ledit monstre
fut sorti , il commença de bruire , et
remplir toute la chambre de siffle-
mens , courant çà-et-là pour se ca¬
cher : sur lequel les femmes se iet-
terent, et le suffoquèrent auec des
oreillers. A la fin la pauure femme
toute lasse et rompue, accoucha d’un
enfant masle, tant bourrelé et tour¬
menté par ce monstre , qu’il mourut
si tost qu’il eusl recëu bapfesme. La¬
dite patiente, apres auoir esté longue
espace de temps à se r’auoir, luy ra¬
conta le tout fldelement
Cornélius Gemma, médecin de Lou-
uain, en vn liure qu’il a fait depuis peu
de temps, intitulé De nalurœ diuinis
characterismis , raconte vne histoire
admirable d’vne ieune fille de ladite
ville , aagée de quinze ans , du corps
de laquelle, apres douleurs infinies,
sortirent plusieurs choses estranges
par haut et par bas. Entre lesquelles
elle rendit par le siégé auec les excre-
mens, vn animal vif, long d’un pied et
demy , plus gros que le pouce , repré¬
sentant si bien vne vrayeet naturelle
anguille, qu’il n’y auoit rien a redire,
‘ Cette histoire se lisait déjà dans le livre
des Monstres de 1673 et 1575, après le long
passage reproduit dans la note de la page
précédente , et avant l’histoire de Lycosthè-
nes. C’est d’après le texte de ces deux édi¬
tions primitives que j’ai restitué la dernière
phrase, qui manque dans toutes les autres,
ET PRODIGES. 3^
fors qu’il auoit la queuë fort peluc *.
Maistre Pierre Barque , chirurgien
des bandes Françoises , et Çlaude le
Grand chirurgien , demeurans à Ver¬
dun , n’agueres m’ont affirmé auoir
pensé la femme d’un nommé Gras
bonnet , demeurant audit Verdun ,
laquelle auoit vne aposteme au ven¬
tre : de laquelle ouuerte sortit auec
le pus grand nombre de vers , gros
comme les doigts , ayans la teste ai¬
guë, lesquels lui auoient rongé les
intestins, en sorte qu’elle fut long
temps qu’elle iettoit ses excremens fé¬
caux par l’vlcere, et à présent est du
tout guerie 2.
Antonius Beniuenius , médecin de
Florence, escrit qu’vn quidam nommé
Ieaii,menusier, aagé de quarante ans,
auoit presque vne assiduelle douleur
de cœur, pour laquelle auoit esté en
danger de mort. Et pour y obuier,
eut l’opinion de plusieurs médecins
de son temps , sans toutesfois en
auoir receu aucun allégement. Quel¬
que temps apres s’adressa vers luy ;
ayant considéré sa douleur, luy
donna vn vomitoire , par lequel ietta
grande quantité de matière pourrie
et corrompue , sans toutesfois appai-
ser sa douleur. Derechef luy ordonna
vn autre vomitoire , au moyen du¬
quel il vomit grande quantité de ma¬
tière , ensemble un ver de grandeur
de quatre doigts , la teste rouge ,
ronde , et de grosseur d’vn gros pois,
ayant le corps plein de poil follet,
la queuë fourchue en forme de crois-
1 Paré ajoutait : Comme tu peux voir par le
portrait cy- dessous, semblable à celuy que
Gemma a mis en son liure. J’ai retranché
cette absurde ligure , que Paré eût bien fait
de laisser à Gemma
2 C’est par celte histoire, reproduite ici
textuellement , que commençait le chapitre
16 du livre des Monstres en 1673.
LE DlX-NEVFi:éME LIVRE,
38
sant, ensemble quatre pieds, deux
au douant, et deux au derrière
le dis encore qu’aux apostemes il
se trouue des corps fort estranges,
comme pierre, croyc, sablon, char¬
bon, coquilles de limaçon, espics,
foin , cornes , poil , et autres choses ,
ensemble plusieurs et diuers ani¬
maux , tant morts que viuans 2. Des¬
quelles choses la génération (faite
par corruption et diuerse alteration)
ne nous doit estonner beaucoup , si
nous considérons que, comme Nature
fécondé a mis proportionnément en
l’excellent Microcosme toute sorte de
matière , pour le faire ressembler et
estre comme image viue de ce grand
monde ; aussi elle s’esbat à y repré¬
senter toutes ses actions et mouue-
mens, n’estant iamais oisiue quand la
matière ne luy defaut point ^
; 1 Ici encore revenait la phrase habituelle,
comme tu vois par cesle figure, suivie en effet
de la figure annoncée, que j’ai supprimée
comme les autres. Cette suppression m’a
d’autant moins coûté que Benivieni n’avait
pas donüé de figure, et que c’est Paré qui
l’avait fait faire d’après la description. Du
reste , Cette histoire avait été ajoutée en
chapitre en 1575, et la figure seulement
en 1579,
2 11 a déjà dit quelque chose de semblable .
au livre des Tumeurs en general, ch. 4. —
Voyez t. I, p. 324.
3 Dans l’édition de 1573, le chapitre se
terminait ainsi ;
l’ûy escripi eh mon Traiété de la Peste
auoir teu vne femme qui auoil ietlé vnver par
le siège de longueur plus d’vnè toise, de figure
d’vn serpent ; qui voudra sçauôir la génération,
les especes et différences , leurs diuersités de
couleurs , figures d’iceux , les Irouuera audict
chapitre.
Cette citation se rapporte au Traité de
la Peste de 1568, qui a été depuis divisé en
deux livres, celui de la Peste, et celui de la
petite Fcrolle et Lepre ; c’est dans ce, der¬
nier, chapitre 4, que l’on trouvera l’histoire
et les détails annoncés par l’auteur.
CHAPIïRË XVÏI.
DE CERTAINES CHOSES ESTRANGES QVE
NATVRE RËPOVSSE PAR SON INCOM¬
PREHENSIBLE PROVIDENCE '.
An'toniiis Beniueniiis, mcdccln de
Florence , escrit qu’vne certaine fe¬
melle aualla vne aiguille d’airain,
1 Ce chapitre, qui est bien le 17' de l’é¬
dition primitive et de colle de 1575 , est le
16' de toutes les autres éditions complètes.
Voyez la note 2 dè là pàg^e â3.
Éâis dans le principe il ne commençait
pas comme aujoui-d’iml. L’auteur débutait
sans p'réambülè par raconter l’Lisloire dè
monsieur Sarret, qu’on Ht aujourd’hui au
chapitre 52 du livre des Operations de Chi¬
rurgie (voyez tome U, page 500, le texte et la
note', et il ajoutait: Ce que i’aij veu sem¬
blablement aduenir à monsieur le comte de
Mansfelt , de sa blessure de pistole qu'il eut
au bras senestre le iour de la bataille de
Montcontour. On trouvera l’histoire du comte
de Mansfelt rapportée fort au long au cha¬
pitré 14 du livre des pldyes d'harquebuses
(tome n , pagé IGS) ; seulement il est bien
remarquable qu’eh 1573 Paré dise que la
blessure était au bras senestre , et en 1575 ,
au bras dexire ; nouvel exempte du danger
pour l’observateur de s’en fier à sa mémoire.
—Ensuite venait l'histoire de monsieur de la
Croix, qui plus tard a suivi le sort de celle
de monsieur Sarret (voyez tome 11, page SOQ) ;
il faut dire pointant que l’édition de Ï573
ajoute CP documeht qui manque dans toutes
les autres , que la blessure était à la ioinc-
ticre du coude ; imiis quelle'confiance accor¬
der à ce renseignement donné de méHioiré
plus de neuf ans après l’accidentl* et ne so
peut-il pas que Paré ait attribué à M. de la
Croix les conditions de la blessure de M. de
Mansfelt, pour lequel nous venons de voir
qu’il avait commis une autre erreur?
Quoi qu’il en soit, notre auteur ne man¬
quait pas, après ces histoires, do raconter
. sa discussion sur le trajet de la sanie à tra¬
vers les vaisseaux, appuyée do la comparai-
DES MONSTRES ET PRODIGES.
sans auoir senti aucune douleur
l’espace d’vn an ; lequel estant passé,
luy suruint grande douleur au ven¬
tre, et pour-ce eut l’opinion de plu¬
sieurs médecins touchant ceste dou¬
leur, sans leur faire mention de ceste
aiguille qu’elle auoit auallée : tou-
tesfois aucun ne luy sceut donner al¬
légement : et vesquit ainsi l’espace de
dix ans ‘ ; lors tout à coup par vn pe¬
tit trou prés du nombril , ladite ai¬
guille sort , et fut guarie en peu de
temps.
Vn escolier nommé Chambellant ,
natif de Bourges , estudiant à Paris
au college de Presle , aualla vn espy '
d’herbe nommé gramen, lequel sortit
quelque temps apres entre les costes
tout entier, dont il en cuida mourir:
et fut pensé par défunt monsieur Fer-
nel , et monsieur Huguet , Docteurs
en la faculté de Medecine. Il me sem
bleque c’estoit fort fait à Nature d’a-
uoir expulsé ledit espy de la substance
des poumons , auoir fait ouuerture à
la membrane pleuretique, et aux
muscles qui sont entre les costes : et
neantmoins receut guérison : et croy
qu’il soit encore viuant.
son des monte-vins, de celle du lait des
femmes ilouvellemetlt accouchées qui s’é¬
coule par la matrice ; eti alléguant égale¬
ment l’exemple du chyle attité par le foie ,
de la sfemence parcourant les vaisseaux du
testicule. On peut retrouver toute celte dis-
Cussibn, avéc des changements insignifiants
de rédaction, aux pages 501 et 502 de notre
tome deuxième.
Après tout cela venait ensuite l’histoire de
Vescoliev Chambellant , qui est la seconde du
chapitre actuel. Quant à celle de Beni-
vieni, elle a été ajoutée en 1576 , en môme
temps que toutes les précédentes étalent
supprimées.
1 Paré avait mis par erreur, deux ans; le
texte de Benivieni porte , deeem annU.
39
Cabrolle * , chirurgien de monsieur
le Mareschal d’Anuille, n’agueres m’a
certifié que François Guillemet , chi¬
rurgien de Sommieres , petite ville
qui est à quatre lieues prés de Mont¬
pellier, auoit pensé et guéri vn berger
auquel des voleurs auoientfaitaualler
vn Cousteau de longueur d’vn demy-
pied, et le manche estoit de corne, de
grosseur d’vn pouce : qui fut l’espace
de six mois en son corps, se plaignant
grandement , et deuint etique , sec
et émacié : en fin luy suruint vne
aposteme au-dessous de l’aine, ieltant
grande quantité de pus fort puant et
infect , par laquelle en presence de la
iustice fut tiré ledit Cousteau , lequel
monsieur loubert , médecin célébré
à Montpellier, gardé éri son cabinet ,
et l’a motistré à plusieurs, comme
vne chose admirable, digne de grande
mémoire , et monstrueuse. Ce que
pareillement lacques GuiÜemeau ,
Chirurgien luré à Paris, m’a affermé
auoir véu au cabinet de monsieur
loubert, pour lors estant à Mont¬
pellier 2.
Monsieur de Rohan aüoit vn fol nom¬
mé Güion, qüi aualla la pointe d'Vhe
espée tranchante, de longueur de
trois doigts ou enuiron , et douze iours
apres la ietta par le siégé : et ne fut
sans luy adUenir de grands accident,
tôutesfois réchappa : il y a des gen-
1 L’édition de 1573 disait monsieur Ca¬
brolle ; le monsieur a été retranché dès 1579,
probablement parce que c’était trop d’hon¬
neur pour un chirurgien. Cabrol vivait en¬
core en 1595.
2 Cette dernière phrase , dans laquelle
Paré appelle Guillemeau en témoignage, a
été ajoutée en 1579 , et n’a pas été changée
depuis. On volt que Guillemèau n’y est pas
ehcoro nommé chirurgien du roi. Voyez
tome II, page 799, la note 1 de la deuxième
colonne.
LE DIX-NEVFIÎÎME LIVRE
4o
tils-hommes de Bretagne encore vi-
nans qui la Iny virent aualler.
On a veu aussi à certaines fem¬
mes , l’enfant estant mort dans leur
matrice , les os sortir par l’ombilic ,
et la chair par pourriture estre iettée
par le col de leur matrice , et par le
siégé , s’estant fait abcès ; ce que deux
chirurgiens célébrés et dignes de foy
m’ont certifié auoir veu à deux diuer-
ses femmes.
PareillementmonsieurDalechamps
en sa Chirurgie Françoise , recite
qu’Albucrasis auoit traité vne dame
de mesme chose , dont l’issue fut
bonne, ayant recouuert sa santé,
toutesfois sans porter enfans depuis.
Semblablement est vne chose bien
monstrueuse de voir vne femme ,
d’vne suffocation de matrice estre
trois iours sans se mouuoir, sans ap¬
parence de respirer , sans apparente
pulsation d’artere : dont quelques
vues ont esté enterrées viues,pensans
leurs amis qu’elles fussent mortes.
Monsieur Fernel escrit d’vn certain
adolescent, lequel apres auoir pris
grand exercice, commença à toussir
iusques à tant qu’il eust ietté vne j
aposteme entière de la grosseur d’vn
œuf, laquelle estant ouuerte fut trou-
uée pleine de boue blanche , enue-
loppée en vne membrane. Iceluy
ayant craché le sang par deux jours ,
auec vne grande fiéure, toutesfois
réchappa C
L’enfant d’un marchand drapier,
nommé de-PIeurs, demeurant au coin
de la rue neufue nostre Dame de Pa¬
ris, aagé de vingt deux mois , aualla
vne piece d’vn miroir d’acier, qui
descendit en la bourse, et fut cause
de sa mort. Estant décédé , fut ou-
1 Le chapitre se terminait là en 1673 et
1576; le reste est de diverses dates.
uert en la presence de monsieur le
Gros, docteur regent en la faculté de
Medecine à Paris, et l’ouuerture
faite par maistre Balthazar, chirur¬
gien pour lors de rilostel-Dieu. Cu¬
rieux de la vérité , m’en allay parler
à la femme dudit de-Pleurs , laquelle
m’affirma !a chose estre vraye, et me
monstra la piece de miroir qu’elle
portoit en sa bourse ; qui esloit de
telle figure et grandeur >.
Figure d’vne piece de miroir, qu'avalla vn en¬
fant aagé de vingt deux mois, qui fut cause
de sa mort.
Valescus de Tarante médecin, en
ses Obseruations médicinales et exem¬
ples rares, dit qu’vue ieune fille Vé¬
nitienne aualla vne aiguille en dor¬
mant, de la longueur de quatre doigts,
et dix mois après la ielta par la vessie
auec l’vrine
L’an 1578, au mois d’octobre, Tien-
nette Chartier, demeurant à sainct
Maur les Fossés , femme vefue aagée
de quarante ans, estant malade d’vne
fiéure tierce, vomit au commence¬
ment de son accès grande quantité
d’humeur bilieux , auec lequel elle
1 Cette histoire a été ajoutée en 1685, de
même que l’observation suivante de Va¬
lescus.
® Valescus de Tarente n’a point écrit
d’ Observations médicinales; Paré cite par
mégarde le titre d’un livre deRembert Do-
doens , Medicinalium Observationum Exem-
pla rara , àla suite duquel Dodoens a publié
quelques faits extraits du Philonium de Va¬
lescus.
DES MONSTRES ET PRODIGES.
reietta trois vers, qui estoient ve¬
lus, et du tout semblables en figure,
couleur, longueur et grosseur à che¬
nilles, sinon qu’ils estoient plus noirs:
lesquels depuis vesquirent huit iours
et plus, sans aucun aliment. Et furent
iceux apportés par le barbier dudit
sainct Maur à monsieur Milot,docleur
et lecteur des escoles en Medecine,
quipensoit lorsladite Chartier, lequel
me les monstra. Messieurs le Féure,
le Gros, Marescot, et Courtin Docteurs
en Medecine, les ont aussi veus G
le ne puis encore passer que ne
recite ceste histoire prise aux Chro¬
niques de Monstrelet , d’vn franc-ar¬
cher de Meudon près Paris , qui estoit
prisonnier au Chastelet pour plu¬
sieurs larcins, dont il fut condamné
d’estre pendu et estranglé : il en ap-
pella en la cour de Parlement, et par
icelle cour fut déclaré estrebien iugé
et mal appellé. En mesme iour fut
remonstré au roy par les médecins
de la ville, que plusieurs estoient fort
trauaillés et molestés de pierre, coli¬
que, passion et maladie de costé,
dont estoit fort molesté ledit franc-
archer, et aussi desdites maladies es¬
toit fort molesté monseigneur de
Boscage , et qu’il seroit fort requis de
voir les lieux où lesdites maladies
sont concreées dedans les corps hu¬
mains, laquelle chose ne pouuoit es-
tre mieux sceuë qu’en incisant le
corps d’un homme viuant : ce qui
1 Celte histoire a été ajoutée en 1.W6 , en
même temps que la suivante. La place
qu’elles occupent est une nouvelle preuve
du peu de soin avec lequel Paré faisait ces
additions; car évidemment cette histoire de
vers rejetés par le vomissement revenait de
droit au chapitre qui précède; et l’anecdote
du franc archer de Meudon convenait beau¬
coup mieux au chapitre des pierres qui s’eu-
gendreui au corps humain.
4i
pouuoit estre bien fait en la personne
d’iceluy franc-archer , qui aussi bien
estoit prest de souffrir la mort : la¬
quelle ouuerture fut faite au corps
dudit franc-archer, et dedans iceluy
quis et regardé le lieu desdites ma¬
ladies, et après qu’ils eurent esté
veus, fut recousu, et ses entrailles
remises de laus : et par l’ordonnance
du roy fut bien pensé , tellement que
dedans quelques iours il fut bien
guari : et eut sa remission , et luy fut
donné auec ce argent*.
CHAPITRE XVIII.
DE PLVSIEVRS AVTRES CHOSES ES-
TRANGES.
Alexandre Benedict recite en sa
Pratique, auoir veu vne femme
nomi^eVictoire, laquelle auoit perdu
toute* ses dents : et estant deuenue
chauue, autres dents luy reuinrent
toutes en l’aage de quatre vingts ans.
Antonius Beniuenius médecin , au
liure 1. chap. 83, fait mention d’vn
nommé lacques le larron , lequel es¬
tant décodé, luy fut trouué le cœur
tout couuert de poil
Le fils de Bermon , Baille demeu¬
rant en la ville de S. Didier, au pais
de Vellay , auoit vne loupe sur le
sourcil de l’œil dextre, laquelle com-
mençoit desia à l’offusquer et cou-
urir, et partant voulut que i’en fisse
amputation ( ce que ie fis il n’y a pas
long-temps, et trouuay la loupe pleine
* On peut comparer cette citation avec le
texte original de Jean de Troye.s, que j’ai
donné dans mon Introduction, tome i, page
cv. C’est à Jean de Troyes que Monstrelet
avait emprunté cette anecdote.
2 Cette citation de Benivenius ne date que
de 1585.
49 le DIX-NEVrilÉME LIVRE ,
diRpoil, aiiec vnemallere mucllagi-
nfiiise : et en huit iours la playe fut
totalement consolidée
Estietme Tessier, maistre barbier
ChimrgiendemeUrant à Orléans, hom¬
me de bien , et expérimenté eh son
art, m'a recité que depuis peu de
temps auoit pensé et médicamenté
Charles Verignel, sergent demeurant
à Orléans, d’vne playe qu’il auoit re-
ceuë au jarret, partie dextre, auec
incision totale des deux tendons qui
fléchissent le jarret : et pour l’habil¬
ler luy fit fléchir la iamhe , en sorte
qu’il cousit les deux tendons bout à
bout Tvn de Tautre, et la situa et
traita si bien , que la playe fut con¬
solidée sans estre demeuré boiteux :
chose digne d’estre bien notée au
ieune chirurgien , à fin que lorsqu’il
lüy Viendra entre ses mains telle
Chose , il en face le semblable.
Que diray-ie d’auantage ? C’^t que
i’ay veu - plusieurs guaris, ayans des
coups d’espées , de fléchés, d’harque- |
htise au tt-auérs du corps ; d’autres j
des playes à la teste, auec déperdition
de la substance du Cèrueau : autres
auoir les bras et les iambes empor¬
tées de coups de canon , neantmoins
receuoir guarison ; et d’autres qui
n’auoient que des petites playes su¬
perficielles , que l’on estimoit n’es-
Ire Hen , toutesfois mouroient auec
grands et cruels accidens. Hippo¬
crates au cinquième des épidémies,
dit auoir arraché six ans apres vn
‘ J’ai rétabli cette observation dans le
texte d’après l’édition de 1573. Elle avait été
retranchée dès 1575, et il est difficile d’en
comprendre la raison, à moins que l’auteur
ne l’ait effacée par erreur avec une phrase
qui suivait concernant les corps étrangers
dans les loupes et apostèmes, et qu’il vou¬
lait transporter au livre des Tumeurs, ch. 4.
Voyez la note 1 de la page 39.
fer do fléché qui estoît demeuré
plus profond do l’aine , et n’en rend
autre cause dcceste longue demeure,
sinon qu’il estoit demeuré entre les
nerfs, veines, et artères sans en bles¬
ser vne seule ‘. Et pour conclusion
ie diray auec Hippocrates (pere et
autheur de la médecine) qu’aux ma¬
ladies il y a quelque chose do diuin,
dont l’homme n’en srauroit donner
raison. le ferois icy mention de plu¬
sieurs autres choses monstrueuses
qui se font aux maladies, n’esloit que
ie crains d’estre trop prolixe, et répé¬
ter vne chose trop de fois.
CHAPITRE XIX.
EXEMPLE DES MONSTRES QVI SE FONT
PÀR CORRVPTION ET POVRRITVRE
Boistuau en ses Histoires prodigieu¬
ses escrit, que luy estant en Auignon,
vn artisan ouurant vn cercueil de
plomb d’vn mort , bien couuert et
soudé, de façon qu’il n’y auoit aucun
air, fut mordu d’un serpent qui estoit
enclos dedans, la morsure duquel es-
toit si veneneuse, qu’il en cuida mou¬
rir. L’on peut bien donner raison do
la naissance et de la vie de cest ani¬
mal : c’est qu’il fut engendré de la
pourriture du corps mort.
1 Celte histoire, empruntée d’ Hippocrate,
n’a été insérée en cet endroit qu’en 1579.
2 Ce chapitre était bien plus étendu dans
les deux éditions de 1573 et 1575. il com¬
mençait par une discussion sur les serpents
contenus dans la matrice des femmes, puis
par deux autres histoires tirées de Levinug
et de Lycoslhènes. Tout cela a été reporté
en 1579 dans un appendice au chapitre 3 du
ivre de lu petite p'erolle , que j’ai remis à
sa place naturelle comme chap. ic du p,é-
sen ivie. Voyez les notes des pages 33 et 3(1,
DES MONSTRES ET PRODIGES.
Baptiste Leon escvit pareillement.) i
que du temps du Pape Martin cin¬
quième , fut trouué en vne grande
pierre solide vn serpent vif enclos ,
n’y ayant aucune apparence <^6 ves¬
tige par lequel il deust respirer.
En cest endroit ie veux reciter vne
semblable histoire. Estant en vne
mienne vigne prés le village de Meu-
don S où ie faisois rompre de bien
grandes et grosses pierres solides , on
trouua au milieu de l’vne d’icelles
vn gros crapaud vif, et n’y au oit au¬
cune apparence d’ouuerture : et m’es-
merueillay comme cest animal auoit
peu naistre, croistre et auoir vie. Lore
le carrier me dit qu’il ne s’en falloit
esmerueiller , par-ce que plusieurs
fois il auoit trouué de tels et autres
animaux au profond des pierres, sans
apparence d’aucune ouuerlure. Ôn
peut aussi donner raison de la nais¬
sance et vie de ces animaux : c’est
qu’ils sont 'engendrés de quelque sub¬
stance humide des pierres, laquelle hu
midité putréfiée produit telles bestes.
CHAPITRË XX.
EXEMTLE de XA COÎHivilSTlON ET MES-
XaNge xe semence.
Il y a des monstres qui naissent
moitié de figure de bestes, et l’autre
humaine, ou du tout retenans des ani¬
maux, qui sont produits des sodo¬
mites et des atheistes , qui se ioighent
et desbordent contre nature auec les
bestes, et de lù s’engendrent plu-
1 Nous avons dit dans notre introduction,
d’après M. E. Bégin , que Parc avait une
campagne à Meudon ; lui-meme nous donne
ici'la preuve qu’il y possédait en effet que 1-
ques propriétés.
43
sieurs monstres hideux et grande¬
ment honteux à voir et à en parler.
Toutesfois la deshonnesleté gist en
effet , et non en paroles ; et est lors
que cela Se fait vne chose fort mal-
heureusé et abominable, fet grande
horreur à l’homme ou à la femme se
mesler et accoupler auec les bestes
brutes : et partant aucuns naissent
dehiy hommes et demy bestes.
Le semblable sé fait , si bestes de
diuerses especes cohabitent les vnes
aiiec les autres, à cause que Na¬
ture tasche tousiours h faire son Sem¬
blable : comme il s’est vu vn aigneaU
ayant la teste d’un porc, parce qu’vn
verrat auoit couuert la brebis ; car
nous voyons mesme aux choses ina¬
nimées, comme d’vn grain de fro¬
ment , venir non l’orge , mais le fre-
ment : et du noyau d’abricot venir vn
abricotier, et non le pommier, par ce
que Nature garde tousiours son genre
et espece.
L’an 1493, vn enfant fut conceu et
engendré d’vne femme et d’vn chien ,
ayant depuis 'le nombril les parties
supérieures semblables â la forme et
figure de la mere , et estoit bien ac¬
compli, sans que Nature y eustrien
obmis ; et depuis le nombril auoit
toutes les parties inferieures sembla¬
bles aussi à la forme et figure de ra¬
nimai qui èstoitle pere : lequel (ainsi
que Volateranus escrit) fut enuoyé
au pape qui regnoit en ce temps-là.
tCardan , Mure 14. chap. 64. de la va-
^rieté des choses , en fait mention *.
Cœlius Ilhodiginus en ses antiques
1 Ici Paré donnait \a figure d’vnenfanldemy-
chien que , malgré ses savantes citations , il
avait tout simplement copiée de Lyeosthè-
hes, son guide ordinaire, dav. cité, p. 502
et 656.
44
LE niX-NKVFI^ME LIVRE ,
Leçons dit qvi’vn pasteur nommé
Cratain en Cybare, ayant exercé auec
vne de ses chéures son désir brutal,
la chéure chéureta quelque temps
apres un chéureau qui auoit la teste
de ligure humaine , et semblable au
pasteur : mais le reste du corps sem-
bloit à la chéure.
L’an onze cens et dix, vne truye
en vn bourg du Liege cochonna vn
cochon ayant la teste et le visage
d’homme, semblablement les mains
et les pieds , et le reste comme vn co¬
chon 2,
L’an 1564 à Bruxelles, au logis d’un
nommée loest Dickpert , demeurant
rue Warmoesbroeck, vne truye co¬
chonna six cochons, desquels le pre¬
mier estoit vn monstre ayant face
d’homme, ensèmhle bras et mains, re¬
présentant l’humanité generalement
depuis les espaules ; et les deux iam-
hes et train de derrière de pourceau ,
ayant la nature de truye : il tetoit
comme les autres, et vesquit deux
iours : puis fut tué auec la truye ,
pour l’horreur qu’en auoit le peuple
L’an 1571 à Anuers, la femme d’vn
1 Lib. 25, ch. 32. — A. P. — 1573.
s Ici .se trouvait la figure d’vn cochon ayant
la teste , pieds et mains d’homme , et le reste
d’vn cochon. Paré citait en marge Lycosihe-
nes; et en effet on trouve cette flgure répé¬
tée en de nombreux endroits de l’ouvrage
de cet auteur, pages 124, 136, 371 , 374,
etc., etc.
8 Toutes les éditions ajoutent : dont tu as
icy le portrait qui t’est représenté le plus natu-
rellemetu possible; puis venait une figure ab¬
surde, dont on peut se faire une idée d’après
le texte. Je ne sais où Paré a emprunté cette
histoire, non plus que la suivante, a moins
que ce ne soit à Cornélius Gemma, déjà cité
tJlus haut, page 38.
compagnon imprimeur nomme; Mi¬
chel , demeurant au logis de Ican
Mollir), tailleur d’hisloires, à l’ensei¬
gne du pied d’or, à la Camer.strale ,
le propre iour sainct Thomas, sur les
dix heures du matin , accoucha d’vn
monstre représentant la figure d’vn
vray chien, excepté qu’il auoit le col
fort court, et la teste ne plus ne
moins qii’vne volaille, loute.sfois sans
poil : et n’eut point de vie, parce que
ladite femme accoucha auant terme :
et à l’heure mesme de son enfante¬
ment , ietlant vn horrible cry ( chose
esmerueillahle) la cheminée du logis
cheut par terre, sans aucunement of¬
fenser quatre petits enfans qui es-
toient à l’entour du foyer*.
L’an 1224, prés de Verone , vne iu-
ment poulena vn poulain qui auoit
vne teste d’homme bien formée, et le
reste d’vn cheual. Le monstre auoit la
voix d’homme, au cry duquel vn vil¬
lageois du païs accourut, et s’e.ston-
nant de voir vn monstre si horrible ,
le tua ; à raison de quoy estant mis
en iustice , et interrogué tant sur la
naissance de ce monstre que de la rai¬
son qui le luy auoit fait tuer , dit que
l’horreur et espouuentement qu’il en
auoit eu le luy auoit fait faire , et
partant fut absout ^
* L’auteur aj ou lait en 1573 : Et parceqtie
c’est vne chose recente , il m’a semblé bon pour
la postérité d’en donner icy le portrait. Plus
tard il effaça ces mots ambitieux : pour ta
postérité, et j’ai supprimé tout le reste.
8 Cette histoire ne se lit ici que dans ies
éditions de 1573 et 1575; plus tard elle fut
transportée au chapitre 3 (voyez ci-devant
page 4, la note l de la 2' colonne ). Mais
elle avait 6ié éirangcment écourtée, et c’est
pourquoi j’ai cru devoir la rétablir ici avec
le texte complet piimiiif.
DKS MONSTRES ET PRODIGES.
Loys Cellée escrit auoir leu en vn
aullieiii’ appi’üuuc , qu’vnc brebis
couceut et aignela d’vn lyon, chose
monstrueuse en nature
Le 13. iour cl’auril 1573, vn aigneau
nasquit en vn lieu nommé Chambe-
noist, faux-bourg de Sezanne, en la
maison de lean Poulet , mesureur de
sel : et ne fut conneu en cest aigneau
vie , sinon qu’il fut veu remuer bien
peu : sous les oreilles y auoit vne em-
bouclieure approchant de la forme
d’vne laraproye 2.
Geste année présente mil cinq cens
soixante et dix sept , nasquit vn ai¬
gneau au village nommé Blandy, vne
lieue et demie prés Melun, ayant trois
testes en vne : celle du milieu estoit
plus grosse que les deux autres , et
quand vne desdites testes belloit , les
autres faisoient le semblable. Maistre
lean Bellanger , chirurgien demeu¬
rant en la ville de Melun, affirme Ta-
uoir veu , et en a fait portraire la fi¬
gure , laquelle a esté criée et vendue
parceste villedeParis, auecpriuilege,
auec deux autres monstres , Fvn de
deux filles iumelles, et vn autre ayant
la face d’vne grenouille, qui a esté cy
deuant figuré®.
1 Cette citation de Louis Cellée a été ajou¬
tée en 1585.
* La figure duquel est telle que tu vois ; en¬
core une figure absurde que j’ai retran¬
chée, et dont on peut d’ailleurs se faire une
suffisante idée d’après le texte. Cette his¬
toire a été ajoutée en 1579.
s La date de cette histoire indique assez
qu’ellen’a pu êlre insérée ici qu’en 1579. On
voit cependant par ces deux dates que Paré
n’attendait ])as la réimpression de ses OEu-
vres pour y ajouter et corriger.
La figure à laquelle il renvoie a été sup
primée ; mais on peut en voir l’histoire ci-
devant, pages 24 et 25.
45
La figure d’vn aigneau ayant trois testes.
Il y a des choses diuines cachées et
admirables aux monstres , principa¬
lement à ceux qui aduiennent du
tout contre nature : car à iceux les
principes de philosophie faillent, par¬
tant on n’y peut asseoir certain iuge-
ment. Aristote en ses problèmes dit
qu’il se fait des monstres en nature, à
cause de la mauuaise disposition de
la matrice, et cours de certaines con¬
stellations. Ce qui aduint du temps
d’Albert, en vne métairie, qu’vne va¬
che fit vn veau demy-homme : de-
quoy les villageois se doutans du
pasteur , l’accuserent en iugement ,
pretendans le faire brusler auec la¬
dite vache : mais Albert , pour auoir
fait plusieurs expériences en astro¬
nomie , connoissoit ( disoit-il) la vé¬
rité du fait , et dit cela estre aeluenu
par vne spéciale constellalion : de
sorte que le pasteur fut deiiuré et
purgé de l’imposition de tel execrable
crime. le doute fort si le iugement du
seigneur Albert estoit bon *.
1 Les éditions de 1573 et 1675 ajoutent :
parce que Dieu n’est point lié ny subiect de
SLiyure l’ordre qu’il a esiabli en nature, ny en
mouuemenl des astres et planettes. En même
I temps on lisait cette note marginale ; Le iu-
gement des astrologues est fort douteux, que ie
46 LE CIX-IVEVFIEME LIVRE,
Or ie délaissé icy à escrire plusieurs
autres monstres engendrés de ceste
farine , ensemble leurs portraits, les¬
quels sont si hideux et abominables,
non seulement à voir, mais aussi d’en
ouyr parler , que pour leur grande
détestation ne les ay voulu reciter
ne faire portraire. Car ( comme dit
Boistuau, apres auoir recité plusieurs
histoires sacrées et profanes, qui sont
toutes remplies de griefues peines sus
les paillards) que doiuent qsperer les
atheïstes et sodopaites, qui se ioignent
contre Dieu et Nature ( comme i’ay
dit cy-dessus) auec les bestes brutes?
A pe propos saint Augustin dit , la
peine des paillards estre de tomber
en aueuglement , et deuenir enragés
apres qu’ils sont délaissés de Dieu , et
ne voir point leur aueuglement , ne
pouuans escouter bon conseil, prouo-
quans l’ire de Dieu contre eux.
naturel derrière son dos , couuert de
son manteau, à fin qu’on estimast que
le bras du pendu estoit le sien propre :
et criüit à la porte du temple qu’on
lui donnas! l’aumosne en l’honneur
de sainct Antoine. Vn iour du Ven-
dredy sainct , le monde voyant ainsi
le bras pourri , luy faisoit aumosne,
pensant qu’il fust vray. Le coquin
ayant par long espace de temps re¬
mué ce bras , en fin se destacha et
tomba en terre , où tout subit le re¬
louant, fut apperceu de quelques-vns
auoir deux bons bras, sans celuy du
pendu : alors fut mené prisonnier,
puis condamné à auoir le fouet , par
l’ordonnance du magistrat, ayant le
bras pourri pendu à son col, deuant
son estomach, et banni à iamais hors
du pays.
CHAPITRE XXL
EXEMPLE DE l’artifice DES MESCHAlNS
6VEVX DE L'OSTIERE C
l’ay souuenauce estant à Angers,
mil cinq cens vingt cinq , qu'vu mes-
chant coquin auoit coupé le bras
d’vn pendu , epeores puant et infect,
lequel il auoit attaché à SOn pour¬
point, estant appuyé d’vne fourchette
contre son costé , et cachoit son bras
leur laisse à^puter etkprouuer. lerenne, 10.
Dieu n’est point subiet aux astres, car il est
autheur de toutes choses. Liure des Epheses. —
Les derniers memljriÆ de ces deux phrases:
.que ie leur laisse, etc.; car U es,t autheur, etc.
furent retranchés en 155,8.
1 Gmcux de l’ Ostiere eu de l’hostier.e, men-
diapts ; le traducteur latjn traduit ce mot
par men^ica»tes. Le JXabelaisiana donne
CHAPITRE XXII.
l’imposïvre d’vne belistresse fei¬
gnant AVOIR VN CHANCRE A LA MAH-
MEIXE.
Vn mien frere nommé lehan Paré*,
chirurgien demeurant à Vitré , ville
de Bretagne , vit vne grosse et po¬
telée cagnardiere demandant l’au¬
mosne à la porte d’vn temple vn di¬
manche, laquelle feignoit auoir vn
chancre à la mammelle, qui esloit
vne chose fort hideuse à voir, à cause
d’une grande quantité de boue qui
comme synonymes: gueux de l’hôpital, ou
suivant d’aubes , gueux de l’ost, qui demande
a la porte des maisons,
‘ Toutes les éditions du vivant de l’auteur
1-nr hn v”’ j’ai conservé
r qai peut être re¬
plie de
celle de 1 époque dont il parle.
des monstres RT PROBICxES.
semblpit en découler sus vn linge
qu’elle auoit deuant soy. Mondit
frere contemplant sa face, qui estoit
d’vne viue couleur, monstrant estre
bien saine, et les parties d’autour
son chancre vlceré blanches et de
bonne couleur, et le reste de son
corps bien habitué, iugea en soy-
mesme que ceste garce ne pouuoit
auoir vn chancre estant ainsi grasse,
potelée et goujue , s’asseurant que
c’estoit vne imposture : ce qu’il dé¬
nonça au magistrat (dit en ce pays-là
l’Aloüé ‘ ) , lequel permit à mondit
frere la faire mener en son logis pour
connoistre plus certainement l’im¬
posture. Laquelle y estant arriuée,
luy descouurit toute sa poitrine , et
trouua qu’elle auoit sous son aisselle
vne esponge trempée et imbue de
sang de beste et de laict meslés en¬
semble , et vn petit tuyau de sureau
par lequel ceste mixtion estoit con¬
duite par des faux trous de son chan¬
cre vlceré, découlant sus le linge
qu’elle auoit deuant soy ; et par cela
conneut pour certain que le chancre
estoit artificiel. Alors print de l’eau
chaude , et fomenta la mammelle , et
l’ayant humectée , leu a plusieurs
peaux de grenoüilles noires , vertes ,
et iaunastres , mises les vnes sus les
autres, colées auec bol armene et
blanc d’œuf et farine, ce que l’on
sceut par sa confession : et les ayant
toutes leuées, on trouua le tetin sain
et entier , et en aussi bonne disposi¬
tion que l’autre. Ceste imposture
descouuerte , ledit Aloüé la fit con¬
stituer prisonnière, et estant inter-
1 L’édition de 1573 porte : rMloüé, ce qui
est une faute, d’impression , puisqu’un peu
plus tard elle dit : ledict Alotié.
Du reste, toutes les autres éditions ont
corrigé dans ce sens.
hl
roguée , confessa l’imposture , et dit
que ç’auoit esté son gueux qui l’auoit
ainsi accoustrée : lequel semblable¬
ment feignoit d’auoir vne vlcere
grande et enorme à la iambe ; ce qui
sembloit estre vray par le moyen
d’vne ratte de bœuf qu’il posoit le
long et autour de sa iambe , attachée
et fenestrée bien proprement , auec
vieux drapeaux aux deux extrémités :
de façon qu’elle sembloit estre plus
grosse deux fois que la naturelle : et
pour faire la chose plus monstrueuse
et hideuse à voir, faisoit plusieurs
cauités en ladite ratte, et par dessus
iettoit de ceste mixtion faite de sang
et de lait , et sus tous ses drapeaux.
Ledit Aloüé fit chercher ce maistre
gueux , larron , imposteur, lequel ne
put estre trouué , et condamna la
pute à auoir le foüet, et bannie hors
du pays : qui ne fut sans estre aupa-
rauant bien estrillée à coups de foüet
de cordes noüées , ainsi qu’on faisoit
en ce temps-là.
CHAPITRE XXIII.
l’impostvre d’vn certain maravt qvi
CONTREFAISOIT LE LADRE,
Vn an après vint vn gros maraut
qui contrefaisoit le ladre , se mit à la
porte du temple, desployant son Ori-
flan » , qui estoit vn couurechef , sus
lequel posa son baril et plusieurs es¬
peces de petite monnoye, tenant en sa
main dextre des cliquettes, les faisant
cliqueter assez haut : la face cou-
uerte de gros boutons , faits de cer-
lOriflan, orijlant, oriflambe, pour on-
flamme, bannière, enseigne. Il est pris ici
au figuré; le latin dit ; merces simcxplicmt.
LE DIX*NEVF1ÉME LIVRE.
48
tainc colle forte , et peinte d’vne fa¬
çon rougeastre et linide, approchant
à la couleur des ladres , et estoit fort
hideux à voir : ainsi par compassion
chacun luy faisoit aumosne. Mondit
frere s’approcha de luy , et luy de¬
manda depuis (piel temps il estoit
ainsi malade : luy respondit d’vne
voix cassée et rauque , qu’il estoit
ladre dés le ventre de sa mere, et que
ses pere et mere en estoient morts , et
que leurs membres leur en estoient
tombés par pièces. Ce ladre auoit cer¬
taine lisiere de drap entortillée au¬
tour de son col : et par dessous son
manteau de sa main senestre se ser-
roit la gorge, à fin de se faire monter
le sang à la face , pour la rendre en¬
core plus hideuse et défigurée , et
aussi pour faire sa voix enrouée , qui
se faisoit par l’anguslie et stricture de
la trachée artere, serrée par la li¬
siere. Mondit frere estant ainsi à de-
uiser auec luy, le ladre ne put si
long temps demeurer qu’il ne deser-
rastsa lisiere, pour reprendre vn peu
son haleine ; ce que mondit frere ap-
perceut , et par ainsi eut soupçon
que ce fust quelque fausseté et im¬
posture. Parquoy s’en alla vers le
Magistrat , le priant lüy vouloir tenir
la main pour en-^:^auoir la vérité :
ce que volontiej%luy accorda , com¬
mandant qu’il fust mené en sa mai¬
son pour esprouuer s’il estoit ladre.
La première chose qu’il fit , ce fut de
luy oster la ligature d’autour du col,
puis luy l^mr la face auec de l’eau
chaude, et*r icelle tous ses boutons
se destacherent et tombèrent, et la
face demeura viue et naturelle, sans
nul vice. Cela fait , le fit despouiller
nud , et ne troüua sus son corps au¬
cun signe de lepre, tant vniuoque
qu’equiuoque. Le Magistrat estant
aducrli de ce, le fit congtiluer pri¬
sonnier , et trois iours après fut in-
terrogué : où il confessa la vérité
( qu’il ne pouuoil nier j après vne lon¬
gue remontrance que luy fit le ma¬
gistrat, luy mettant deuantles yeux
qu’il estoit vn larron du peuple, es¬
tant sain et entier pour trauailler.
Ce ladre luy dit qu’il nesçauoit mes-
tier autre que de contrefaire ceux qui
sont trauaillés du mal S. lean ,
S. Fiacre, S. Main: bref qu'il sçanoit
contrefaire plusieurs maladies , et
qu’il n’en auoit iamais trouué de plus
grand reuenu que de contrefaire le
ladre : alors fut condamné d’auoir le
foüet par trois diuers samedis, ayant
son baril pendu au col douant sa poi¬
trine, et ses cliquettes derrière son
dos, et banni à iamais hors du pays sus
peine de la hart. Quand ce vint au
dernier samedy, le peuple crioit à
haute voix au bourreau ; fiowte, boute,
monsieur l’officier, ü n’en sent rien,
c’est vn ladre : dont à la voix du peu¬
ple monsieur le bourreau s’acharna
tellement à le fouetter, que peu do
temps après il mourut, tant pour le
foüet dernier, que pour luy auoir re-
nouuellé ses play es par trois diuerses
fois ; chose qui ne fut grandement
dommageable pour le pays ».
Les vus demandent à loger , et es-
tre à couuert au soir : et les ayant
par pitié mis au dedans , ouurent les
portes , et donnent entrée à leurs com¬
pagnons, lesquels pillent, et souuent
tuent ceux qui les auront hébergés :
ainsi vn homme de bien sous bonne
foy souuent sera tué et pillé de tels
meschans , ce qu’on a veu plusieurs
fois.
Autres s’enueloppent la teste de
quelque meschant drapeau, et se
Uci SC terminait ce chapitre en 1573 et
1575j le reste est de 1679.
DES MONSTBES
couchent dedans le fient en certains
lieux où le monde passe, demandons
faumosne auec vue voix basse et
tremblante , comme ceux qui ont vn
commencement de üéure : et ainsi
contrefaisons estre bien malades, le
monde en ayant pitié leur donne , et
cependant n’ont aucun mal.
Ils ont vn certain iargon par lequel
ils se connoissent et entendent les
vns les autres, pour mieux deceuoir
le monde , et sous ombre de compas¬
sion on leur donne faumosne, qui les
entretient en leur mesçhanceté et im¬
posture.
Les femmes feignent estre grosses,
voire prestes d’accoucher , posons vn
oreiller de plume sus le ventre , de¬
mandant du linge et autres choses
necessaires pour leurs couches : ce
qu’encores nagueres i’ay descouuert
en ceste ville de Paris.
Autres se disent icteriques et auoir
la iaunisse, se barbouillant tout le vi¬
sage, bras, iambes et poitrine , auec de
la suye delayée en eau : mais telle im¬
posture est aisée à descouurir, regar¬
dant seulement le blanc de leurs i
yeux : car c’est la partie du corps où
ladite iaunisse se monstre première¬
ment : autrement leur frottant le vi¬
sage auec vn linge trempé en eau ,
leur fallace est descouuerte. Cerles ,
tels larrons, belistres, et imposteurs,
pour viure en oysiueté, ne veulent
iamais apprendre autre art que telle
mendicité , qui à la vérité est vne
escole de toute mescbanceté : car
quels personnages sçauroit-on trou-
uer plus propres pour exercer mac-
querellages , semer poisons par les
villages et villes , pour estre boute¬
feux, pour faire trahisons , et seruir
d’espions , pour desrobcr, brigander,
et toute autre mescbanceté pratique?
Car outre ceux qui ont esté meur-
ET PRODIGES.
triers d’eux-mesmes , et qui ont cau¬
térisé et stigmatisé leurs corps , ou
qui ont vsé d’herbes et drogues pour
rendre les playes et corps plus hi¬
deux , il s’en est trouué qui ont des-
robé des petits enfans, et leur ont
rompu les bras et iambes , creué les
yeux , coupé la langue , pressé et en¬
foncé la poitrine, disans que la foudre
les auoit ainsi meurtris , pour ( les
portant parmy le monde ) auoir cou¬
leur de mendier et attrapper deniers.
Autres prennent deux petits en-
fans , et les mettent en deux panniers
sur vn asne, crians qu’ils ont esté
expoliés , et leur maison bruslée. Au¬
tres prennent vne pance de mouton ,
l’approprians sur le bas du ventre ,
disans estre rompus et greués, et
qu’il les conuient tailler, et ampu¬
ter leurs testicules. Autres chemi¬
nent sur deux petites tablettes, qui
peuuent voltiger et faire soubresauts
autant bien qu’vn basteleur. Autres
feignent venir de lerusalem , rappor-
tans quelques bagatelles pour reli¬
ques, et les vendent aux bonnes
gens de village. Autres ont vne iambe
pendue à leur col ; autres contrefont
estre aueugles , sourds , impotens ,
cheminans à deux potences ‘ , au de¬
meurant bons compagnons.
Que diray-je plus? C’est qu’ils dr-
partenllesprouinces,pouren certain
temps rapporter tout au commun
butin , feignans faire voyage à sainct
Claude , sainct Main, sainct Maturin,
sainct Hubert , à nostre dame de Lo-
rette, en lerusalem , et sont ainsi en-
uoyés pour voir le monde , et ap¬
prendre : par lesquels mandent de
ville en ville aux gueux leurs compa¬
gnons, en leur iargon, ce qu’ils sça-
1 A deux béquilles; voyez la figure des
potences auliv. 17, ch. 13, t. ii, page62i.
4
III.
00
LE DlX-NEVriÉME LIVRE,
uent de nqnueau et qui cuncenie
leur fait, comme de quelque maniéré
de faire nounollement înuenléo poqr
allrapper monnoyo.
Puis n’agueres vu gros maraut fei-
gnoit estre sourd , muet , et boiteux :
toutesfois par le moyen d’vn instru¬
ment d’argent qu’il disoit auoir eu en
Barbarie (marqué toutesfois de la
marque de Paris) ilparloit de façon
qu’on le pouuoit entendre, jl fut ap-
perpeu estre imposteur, et fut mis és
prisons de sainct Benoist, et par la
prière de monsieur le Baillif des pau-
ures , i’allay ausdites prisons pour vi¬
siter ledit maraut auec pompaguie, et
feismes, rapport à messieurs du Bureau
des panures de Paris, comme s’ensuit.
Nous Ambroise Paré, Conseiller, et
premier Chirurgien du Roy, Pierre Pi-
gray, Chirurgien ordinaire de sa Ma¬
jesté, et Claude Viard, Chirurgien à
Paris 1 , certifions ce iourd’huy, par
la priere du Procureur des pauures ,
auoir veu et visité és prisons de
S. Benoist vn quidam lequel n’a
voulu dire son nom, aagé de qua¬
rante ans ou enuiroû : sur lequel
auons trouué vne tierce partie de l’o¬
reille dextre perdue , qui luy a esté
coupée. Semblablement vne marque
sus l’espaule dextre, qu’estimons
auoir esté faite par vn fer chaud.
B’auantage contrefaisait vn grand
tremblement de iambe , iceluy disant
prouenir par vne déperdition de Pos
de la cuisse, qui est chose fausse,
d’autant que ledit os y est tout en¬
tier : et ne paroist aucun signe par-
quoy puissions dire iceluy tremhle-
iJ’ai dit dans mon introduction, page
ccx,vvii , qqe je n’avais trouvé qu’une seule
fois le nom de Claude F'ianoxx Viard àié par
Paré, àia tfidp de 1585 .; le voici en 1579,
et j’ai depui^ retrouvé çjeuv ou trois endroits
où ii est également nommé.Yoyez l’Apologie.
ment venir d’aucune maladie qui
auroit précédé , mais prouenir d’vn
mouuemcnt volontaire. Item auons
visité sa bouche (à raison qu’U nous
voulait suader sa langue luy auqir
esté tirée par la nucque du cul, Im¬
posture grande et qui no se peut
faire) , mais auons trouué sa langue
enliere sans aucune lésion d’icclle,ny
des inslrumens scruans à son mouue-
ment : toutesfois quand il veut parler,
il vse d’vn instrument d’argent , le¬
quel ne peut en rien y seruir, ains
plustost nuire à la prolatiou, Hem dit
estre sourd, ce que n’est pas , à raison
que l’auons inlerrogué sçauoir qui
luy auoit coupé l’oreille : U nous a
respondupar signes, qu’op Iqy auoit
coupé auec les dents.
4prés que lesdits seigneurs du Bu¬
reau eurent receu ledit rapport par
vnerocheteur, feirent apporter le ve-
nerahle imposteur à l’hospital sainct
Germain dps Prés, et luy fut osté son
instrument d’avgçut. La nuict passa
par dessus la muraille qui est assez
haute , et de là, s’en alla à Rouan, qù
il voulut vser de son imposture : la¬
quelle fut descouuerte, et estant ap¬
préhendé , fut fouetté, et banni hors
de la duché de Normandie , sur peine
de la hart : et de ce m’en a asseuré
monsieur le Bailly des pauures de
ceste dite ville.
CHAPITRE XXIV.
D’VNE CAGNARDIERE FEIGNANT ESTRE
MARADE DV MAL SAINCT FIACRE , ET
LVY SORTOIT DV CVL VN LONG ET
GROS BOVAV , FAIT FAR ARTIFICE.
Monsieur Flecelle , nocteur en la
faculté de Medcciue, homme sçauuut
DES MONSTRES ET PRODIGES.
et bien expérimenté », me pria vn iour
l’accompagner au village de Champi-
gny, deux lieuës près do Paris, où il
auoit vne petite maison. Où estant
arriué, ce pondant qu’il sepromenoit
en sa cour, vint vne grosse garoe , en
bon poinct, luy demandant l’aumosne
en l’honneur de monsieur sainct Fia¬
cre, louant sa cotte et chemise, mons-
trant vn gros boyau de longueur
d’vn demy pied et plus qui luy sor-
toit du cul , duquel docouloit vne li^
queur semblable à de la boue d’apos-
t§ine, qui lui auoit teint et barbouillé
toutes ses cuisses , ensemble sa che¬
mise deuant et derrière, de façon que
cela estftit fort vilain et deshonneste
à voir, t’ayant interroguée combien
il y nùoit de temps qu elle auoit ce
mal , luy fit responae qu’U y auoit
enuiron quatre ans : alors ledit Fle-
celle contemplant le visage et rhabi-
tude de tout æn corps , conneut qu’il
estait impossible ( estant ainsi grasse
et tessuo ) qn’il peust sortir telle
quantité d’excremeas , qu’elle ne de-
uint emaciée, seiche et bedique : et
alors d’vn plein saut se iettade grande
cbolere su:s ceste garee , luy donnant
plusieurs coups de pied sous le ven¬
tre , tellement qu’il l’atterra , et luy
fit sortir le boyau hors de son
siégé, auee son et bruit, et autre
chose ; et la contraignit luy déclarer
l’imposture : ce qu’elle fit , disant
que c’esîtdt ù« boyau de bœuf noué
en deux lieux , dont l’vn des nœuds
estoit dans le cul , et ledit boyau es¬
tait rempli de sang et de laict meslés
t fi s’agit de l’auteur de l’Introduction
àla Çhb'urgie, 4 quiPard a fait denotables
emmunts poqr saïuogK lolroducüoa,
5i
ensemble, auquel auoit fait plu¬
sieurs trous , à fin que ceste mixtion
decoulast. Et de rechef connoissant
ceste imposture , luy donna plusieurs
autres coups de pied dessus le ventre,
de sorte qu’elle feignoit estre morte.
Lors estant entré en sa maison pour
appeller quelqu’vn de ses gens , fei¬
gnant enuoyer quérir des sergens
pour la constituer prisonnière : elle
voyant la porte de la cour ouuerte ,
se leua subit en sursaut , ainsi que si
elle n’eiist point esté battue , et se
print à courir , et iamais plus ne fut
veuë audit Champigny.
Et encore de fraische mémoire vint
vne vilaine cagnardiere, priant mes¬
sieurs du Bureau des panures de Pa¬
ris qu’elle fust mise à l’aumosne,
disant que par vn mauuais enfante¬
ment sa matrice luy estoit tombée,
qui estoit cause qu’elle ne pouuoit
gaigner sa vie. Alors messieurs la fei-
rent visiter par les Chirurgiens com¬
mis à ceste charge, ettrouuerent que
c’estoit vne vessie de bœuf, qui estoit
demie pleine de vent , et barbouillée
de sang , ayant attaché le col d’icelle
vessie profondément au conduit de sa
matrice bien proprement, par le
moyen d’une esponge qu’elle auoit
mise à l’extremité d’ieelle vessie , la¬
quelle estant imbue s’enfle et grossit,
qui estoit cause de la faire tenir , de
façon qu’on ne luy pouuoit tirer que
par force ; et ainsi marchoit sans que
ladite vessie peust tomber. Ayant des-
couuert l’imposture, messieurs la
feirent constituer prisonnière : et ne
sortit des prisons que premièrement le
bourreau n’eusl bien carillonné sus
son dos , et apres fut bannie à iamais
hors de la ville de Paris».
LE DIX-NEVFIÉME LIVRÉ,
5q
CHAPITRE XXV.
d’VNE grosse garce de NORMANDIE ,
QVI FEIGNOIT AVOIR VN SERPENT
DANS LE VENTRE.
L’an 1561, vint en ceste ville vne
grosse garce fessue, potelée et en bon
poinct , aagée de trente ans ou emii-
ron, laquelle disoit estre de Norman¬
die, qui s’en alloit par les bonnes
maisons des dames et damoiselles,
leur demandant l’aumosne, disant
qu’elle auoit un serpent dans le ven¬
tre, qui luy estoit entré estant endor¬
mie en vne cheneuiere ; et leur faisoit
mettre la main sus son ventre pour
leur faire sentir le mouuement du
serpent, qui la rongeoit et tourmen-
toit iour et nuict, comme elle disoit :
ainsi tout le monde luy faisoit au-
mosne par vne grande compassion
qu’on auoit de la voir, ioinct qu’elle
faisoit bonne pipée. Or il y eut vne
damoiselle honorable et grande au-
mosniere, qui la print en son logis, et
me fit appeler (ensemble monsieur
Hollier Docteur Regent en la faculté
de Medecine, et Germain Cheual, Chi¬
rurgien iuré à Paris) pour sçauoir s’il
y auroit moyen de chasser ce dragon
hors le corps de ceste pauure femme :
et l’ayant veuë, monsieur Hollier luy
ordonna vne medecine qui estoit as¬
sez gaillarde (laquelle luy fit faire
plusieurs selles) tendant à fin de faire
sortir ceste beste : neantmoins ne sor¬
tit point. Estans derechef r’assemblés,
conclu smes que ie luy meltrois vn
spéculum au col de la matrice : et
partant fut posée sur vne table, où
son enseigne fut desployée , pour luy
appliquer le spéculum , par lequel ie
feis assez bonne et ample dilatation »
pour sçauoir si on pourroit appcrcc*
uoir queue ou teste de ceste beste :
mais il ne fut rien apperceu , excepté
vn mouuement volontaire que faisoit
ladite garce , par le moyen des mus¬
cles de l’epigastre : et ayant conneu
son imposture, nous retirasmes à part,
où il fut résolu que ce mouuement ne
venoit d’aucune beste, mais qu’elle le
faisoit par l’action desdits muscles.
Et pour l’espouuanter et connoistre
plus amplement la vérité, on luy dist
qu’on reïtereroit à luy donner encore
vne autre medecine beaucoup plus
forte , à fin de lui faire confesser la
vérité du fait : et elle craignant re¬
prendre vne si forte medecine, estant
asseurée qu’elle n’auoit point de ser¬
pent, le soir mesme s’en alla sans dire
adieu à sa damoiselle, n’oubliant à
serrer ses hardes , et quelques vues de
ladite damoiselle : et voila comme
l’imposture fut descouuerte. Six iours
après ie la trouuay hors la porte de
Montmartre, sus vn cheual de bast,
iambe deçà , iambe delà , qui rioit à
gorge desployée , et s’en alloit auec
les chassemarées , pour auec eux
( comme ie croy) faire voler son dra¬
gon et retourner en son pays.
Ceux qui contrefont les muets , re¬
plient et retirent leur langue' en la
bouche : aussi ceux qui contrefont le
mal sainct lean se font mettre des me¬
nottes aux mains, se veautrent et pion -
gent en la fange, et mettentidu sang de
quelques bestes sus leur leste , disans
qu’en leur débattant se sont ainsi bles¬
sés et meurtris ; estans tombés par
* Faire voler son dragon; c’est probable¬
ment une expression proverbiale de l’épo¬
que pour gazer quelque chose de plus cru ;
toutefois je ne l’ai point trouvée dans les di-
j vers glossaires de Rabelais. Le traducteur
I latin l’a passée sous silence.
DES MONSTRES ET PRODIGES.
terre, remuent les bras et les iambes,
et débattent tout le corps , et mettent
du sauon en leur bouche pour se faire
escumer , ainsi que font les épilepti¬
ques en leur accès. Autres font vne
certaine colle auec farine delayée , et
la posent sus tout leur corps , crians
qu’ils sont malades du mal sainct
Main. Or long temps y a que ces lar¬
rons imposteurs ont commencé le
train d’abuser le peuple, car ils es-
tolent jà dés le temps d’Hippocrates
en l’Asie , comme il est escrit au liure
de l’Air et des eaux ‘ : partant il les
faut descouurir tant qu’il sera possi¬
ble , et les deferer au magistrat , à ce
que punition en soit faite ainsi que
l’enormité du cas le requiert.
CHAPITRE XXVI.
EXEMPLE DES CHOSES MONSTRVEVSES
FAITES PAR LES DÉMONS ET SOR¬
CIERS 2.
Il y a dessorciers et en chanteurs , em¬
poisonneurs, venefiques,mescbans, ru¬
sés, trompeurs, lesquels font leur sort
par la paclion qu’ils ont faite aux Dé¬
mons, qui leurs sont esclaues et vas¬
saux. Et nul ne peut estre sorcier que
premièrement n’aye renoncé Dieu son
créateur et sauueur, et prins volon¬
tairement l’alliance et amitié du dia¬
ble, pour le reconnoistre et aduouër,
au lieu duDieu viuant, et s’estredon
né à luy. Et ces maniérés de gens qui
deuiennent sorciers, c’est par vne
* Ici se terminait la phrase et le chapitre
dans les premières éditions ; le reste a été
ajouté en 1579.
» Dans les éditions de 1573 et 1575, le titre
de ce chapitre ne fait pas mention des sor¬
ciers; aussi le chapitre ne parlait que des
démons ; et les deux premiers paragraphes
n’ont été ajoutés qu’en 1579.
53
infidélité et défiance des promesses et
assistance de Dieu , ou par mespris ,
ou par vne curiosité de sçauoir cho¬
ses secrettes et futures : ou estans
pressés d’vne grande pauureté, aspi-
rans d’estre riches.
Or nul ne peut nier, et n’en faut
douter, qu’il n’y ait des sorciers : car
cela se prenne par autborité de plu¬
sieurs Docteurs et expositeurs tant
vieux que modernes , lesquels tien¬
nent pour chose résolue qu’il y a
des sorciers et enchanteurs , qui par
moyens subtils, diaboliques et incon-
neus, corrompent le corps, l’enten¬
dement , la vie , et la santé des hom¬
mes, et autres créatures, comme
animaux, arbres, herbes, l’air, la
terre et les eaux. D’auantage l’expe-
rience et la raison nous contraignent
le confesser, par ce que les loix ont
establi des peines contre telles maniè¬
res de gens. Or on ne fait point de loy
d’vne chose qui iamais ne fut veuë,
ny conneuë : car les droits tiennent
les cas et crimes qui ne furent iamais
veus ny apperçeus pour choses impos •
sibles, et q^ui ne sont point du tout.
Deuant la natiuité de lesus Christ il
s’en est trouué , et bien long temps
auparauant , tesmoin Moyse , qui les
a condamnés par le commandement
exprès de Dieu , en Exode chap. 22.
au Leuilique 19. Ochosias receut sen¬
tence de mort par le Prophète, pour
auoir eu recours aux sorciers et en¬
chanteurs.
' Les diables troublent l’entendement
aux sorciers par diuerses et estranges
illusions *, de sorte qu’ils cuident
auoir veu, ouy, dit et fait ce que le
diable leur représenté en leur fanta-
1 Bodin en sa République. — A. P-
Tout ce paragraphe , qui est à la ois re
atif aux sorciers et aux diables, ne
jue de 1585.
LE dix-mevfii!me livre ,
t
lesus Christ. Les diables qui estoien
S4
sie , et qu’ils seront allés à cent lieuës
loin, voire mcsme autres choses qui
sont du tout impossibles , non seule¬
ment aux hommes , mais aussi aux
diables ; ce neantmoins ils ne seront
bougés de leur lict ou autre place;
Mais le diable , puis qu’il a puissance
sur eux , leur imprime tellement en
la fantasie les images des choses qu’il
leur représente, et qu’il leur veut
faire accroire comme vrayes , qu’ils
ne peuuent penser autrement qu’il
ne soit ainsi , et ne les ayent faites ,
et n’ayent veillé cependant qu’ils dor-
moient. Telle chose se fait aux sor¬
ciers pour leur infidélité et meschan-
ceté , qu’ils se sont donnés au diable,
et ont renoncé Dieu leur créateur.
Nous sommes enseignés par TEs-
critüre sainte ‘ , qu’il y a des esprits
bons et naauuais : les bons sont appel-
lés Anges, et les mauuais, Démons
ou Diables. Qu’il soit vray, la loy est
baillée par le ministère des Anges.
D’auantage il est escrit : Nos corps
ressusciteront au son de la trompette
et à la voix de l’Archange. Christ dit,
que tlieu enuoyera ses anges qui
recueilleront les esleus des bouts du
ciel. Il se peut pareillement prouuer
qu’il y à des esprits malins appellés
Diables. Qu’il soit ainsi , en l’histoire
de iob 2, le diable fit descendre le feu
du ciel, tua le bestial, suscita les vents
qui esbranlerent les quatre coins
de la maison , et accablèrent les en-
fans de lob. En l’histoire d’Achab il
y auoit vn esprit de mensonge en la
bouche des faux prophètes 3, Le dia¬
ble rtiit au cœur de ludas de trahir
1 S. Paul aux Hebr. 1, 14. — Gai., 3 , 19,
i,—Thess.i 1, 16. — A. P.
C’est par ce paragraphe que commençait
le chapitre en 1573 et 1575.
^lobi 1, 6. — A, P.
6 1 .RoîV» 28. — A. P»
en grand nombre dedân* le cOépS
d’vn seul homme , S’appelloient Lé¬
gion , et oblindrenl permission de
Dieu d’entrer és pourceaux , lesquels
ils precipilerertl en la mdr Il Ta
plusieurs autres tcsmoignnges de la
sainte Escrilure , qU’il y a des anges
et des diables. Dés le commencement
Dieu créa vne grande multitude
d’anges pour citoyens du ciel , qui
sont appellés Esprits diuins , et sarts
corps demeurent / et sont messagers
à executer la volonté de Dieu leur
créateur, soit en iustice ou miséri¬
corde, toutesfois ils s’estudient au
salut des hommes ; au contraire des
malins anges, appellés Démons ou
diables, qui de leur nature taschent
tousiours à nuire au genre humain
par machinations , fausses illusions ,
tromperies et mensonges ; et s’il leur
estoit permis d’exercer leur cruauté
à leur volonté et plaisir, véritable¬
ment en bref le genre humain seroit
perdu et ruiné : mais ils ne peuuent
faire qu’erttant qu’il plaist à Dieu leur
lascher la main. Lesquels pour leur
grand orgueil furent chassés et de-
ietlés hors de Paradis et de la pré¬
sence de Dieu ; dont les vns sont en
l’air^ lès autres en l’eau , qui appa¬
raissent dessus et aux riues , les au¬
tres sus la terre , les autres au pro¬
fond d’icelle, et demeureront iusques
à ce que Dieu vienne iuger Ife monde :
aucuns habitent aux maisohs ruinées
et se transforment en tout ce qui leur
plaist. Ainsi qu’on voit aux nuées se
former plusieurs et diuers animaux ,
et autres choses diUerses^ à sçauoir
centaures, serpens, rochers, chas-
teaux , hommes et femmés , oiséàuX ^
poissons et autres choses : ainsi lés
i /enii, 13, -- Maroi i, 30, 34. - A,. P.
»ES MONSTRES ET PRODIGES.
65
démons se forment tout subit en ce
qui leur plaist> et souuent on les voit
transformer en bestes, comme ser-
pens, crapaux, chats-huants, hup¬
pes, corbeaux, boucs , asnes, chiens,
chats» loups, toreaux et autres : voire
ils prennent des corps humains vifs
ou morts, les manient j tourmentent,
et empeschent leurs œuures naturel¬
les ; non seulement ils se transmuent
en hommes , mais aussi en Anges de
lumière : ils font semblant d’estre
contraints , et qu’on les tient attachés
à des anneaux , mais vne telle con¬
trainte est volontaire et pleine de
trahison. Iceux démons désirent et
craignent , aiment et desdaignent ; ils
ont charge et office de Dieu pour
exiger les peines des maléfices et pé¬
chés des meschans , comme il se peut
prouuer que Dieu enuoya en Egypte
exploit par mauuais anges ils hur¬
lent la nuit , et font bruit comme s’ils
estoient enchaisnés ; ils remuent
bancs , tables , traiteaux , bercent les
enfans , ioüent au tablier, fueillettent
liures , comptent argent, et les oit-on
promener par la chambre , ouurent
portes et fenestres , iettent vaisselle
par terre, cassent pots et verres, et
font autre tintamarre : neantmoins
on ne voit rien au matin hors de sa
place , ny rien cassé , ny portes ou fe¬
nestres ouuertes. Ils ont plusieurs
noms , comme démons , eacodemons ,
incubes^ succubes^ coquemdres , gohè-
lins,luUns, mauuais anges, Satan,
Lucifer , pere de mensonge^ prince des
tenebres ^legion'^, et vne infinité d’au¬
tres noms , qui sont escrils au liure
de l’imposture des diables , selon les
différences des maux qu’ils font, et
és lieux où ils sont le plus souuent.
1 Nomb., 22, 28. — A. P.
* Piblm, 79 , — Pierre de Ronrard en seS
üytnnes, «- A. P»
CHAPITRE XXVtt.
DE CEVX QVt SONT POSSEDES DÉS DE¬
MONS, QVI PABLENT EN DIVEKSES PAR¬
TIES DE LEVES CORPS
Ceüx qui sOiit tibssédés déé dehlons,
parlent la langue tirée hofs là bou¬
che, par lë vetitré , par leé bàrlies
naturelles, et parlent diüCrs langages
inconueus. ils font trembler là terre,
tohner, esclairèr, venter ; desracihent
et arrachent les arbres , tant groS et
forts soiént-ils : ils ftint marcher ttlé
montagne d’Vn lieu en autre , soUS-
leUenl eh l’air vn chasteau , et lé re¬
mettent en sâ place : fascinent les
yeux et lés esbloüisséht , en sorte
qu'ils font toir soüueht ce qui n’est
point. Ce que i’atteste audîr teu faire
à vn sorcier, ëti là présertce dü de-
funct Roy Châties neufiéme , et au¬
tres grands Seigneurs.
Paul Grillant escrit de son temps
aUoir vëü à Rome briislér vnë fémnië
sorcière, qui faisoit parler vn chien.
Ils font encores autres choses que di¬
rons cy apres. Satan pour enseigner
aux plus grands sorciers la sorcelle¬
rie , entremesle propos de la saincte
Escriture et des saincts Docteurs, pour
faire du poison auec du miel , qui a
tousiours esté et sera l’astuce de Sa¬
tan. Les sorciers de Pharaon contre-
faisoient les œuures de Dieu.
Les actions de Satan sont super¬
naturelles et incompréhensibles, pas-
sans l’esprit humain , n’en pouuant
rendre raison non plus que de 1 ai¬
mant qui attire le fer et fait tou mer
l’aiguille. Et no se faut opiniastrer
contre la vérité, quand on voit les
ice chapitre a été ojodté *n entier dani
l’édition de 168Ô»
56 LE DIX-NEVFI^ME LIVRE
effets , et qu’on ne sçait la cause ; et
confessons la faiblesse denostre es¬
prit , sans nous arrester aux principes
et raisons des choses naturelles , qui
nous manquent, lors que nous vou¬
lons examiner les actions des démons
et enchanteurs. Les malins esprits
sont les exécuteurs et bourreaux de
la haute iustice de Dieu , et ne font
rien que par sa permission. Parquoy
il nous faut prier Dieu , qu’il ne per¬
mette point que soyons induits aux
tentations de Satan. Dieu a menacé
par sa loy d’exterminer les peuples
qui souffroient viure les sorciers et
enchanteurs*. C’est pourquoy sainct
Augustin au liure de la cité deDieu"^
dit que toutes les sectes qui iamais
ont esté , ont décerné peine contre les
sorciers , excepté les Epicuriens. La
royne lesabel , pour-ce qu’elle estoit
sorcière , lehu la fit ietter par les fe-
nestres de son chasteau, et la fit man¬
ger aux chiens.
CHAPITRE XXVIII.
COMME LES DEMONS HABITENT ÉS
CARRIERES.
Loys Lauater escrit que les Metal-
liers affirment que l’on voit en cer-
aines mines des esprits vestus comme
ceux qui besongnent aux mines, cou¬
rons çà et là, et semble qu’ils trauail-
lent, encores qu’ils ne bougent : aussi
dient qu’ils ne font mal à personne ,
si on ne se mocque d’eux ; ce qu’adue-
nant, ils ietleront quelque chose
contre le mocqueur, ou l’endomma¬
geront de quelque autre chose.
Aussi n’agueres que i’estois en la
1 Leidt, 2. — A. P.
s Qiav. 20. — A. P.
maison du duc d’Ascot, vn sien gentil¬
homme nommé l’Hcister*, homme
d’honneur, et qui a la plus grande
part de la charge de sa maison , m’as-
seura qu’en certaines mines d Alle¬
magne (ioint aussi que d’autres 1 ont
escrit) on oyoit des cris fort estranges
et espouuentables , comme vne per¬
sonne qui parleroit dedans vn pot,
trainant chaisne aux pieds, toussant et
souspirant, tantost lamentant comme
vn homme que l’on gesne : autresfois
vn bruit d’vn grand feu qui claquette-,
autresfois coups d’artilleries laschées
de bien loing, tabouiins, cleronset
trompettes, bruit de chariots et che-
uaux, cliquets de foüets, cliquetis de
harnois, piques, espées , hallebardes,
et autres bruits comme il se fait
aux grands combats ; aussi vn bruit
comme lorsqu’on veut bastir vne mai¬
son, oyant esbaucher le bois, bruire
le cordeau , tailler la pierre , faire les
murailles et autres manœuures, et ce¬
pendant l’on ne voit rien de tout cela.
Ledit Lauater escrit qu’en Dauans,
païs des Grisons, il y a vne mine d’ar¬
gent , en laquelle Pierre Briot ,
homme notable et consul de ce lieu là,
a fait trauailler ces années passées ,
et en a tiré de grandes richesses II
y au oit en icelles vn esprit , lequel
principalement le iour du vendredy ,
et souuent lors que les metalliers ver-
soient ce qu’ils auoient tiré dedans
des cuues , faisoit fort de l’empesché,
changeant à sa fantasie les métaux
des cuues en autres. Ce consul ne
s’en soucioit pas autrement , quand
il vouloit descendre à sa mine , se
fiant que cest esprit ne luy pouuoit
faire aucun mal , si ce n’estoit par la
volonté de Dieu. Or aduint vn iour
* Ces deux mots , nommé l’üeuter, n’ont
été ajoutés qu’en 1579.
DES MONSTRES ET PRODIGES.
que cest esprit fît beaucoup plus de
bruit que de coustume, tellement
qu’vn metalller commença à l’iniu-
rier, et luy commander d’aller au
gibet et en son enfer, auec maudis¬
sons : lors cest esprit print ce metal-
licr par la teste , laquelle il luy tordit
en telle sorle, que le douant estoit
droitement derrière ; et n’en mourut
pas loutesfois, mais vesquit longue¬
ment depuis, ayant le col tors, conneu
familièrement de plusieurs qui viuent
encore, et quelques années après
mourut.
Il escrit beaucoup d’autres choses
des esprits , que chacun peut lire en
son liure.
Ledit Loys Lauater au liure susdit,
dit auoir ouy dire à vn homme pru¬
dent et honorable , baillif d’vne sei¬
gneurie dépendante de Surich, qui af-
firmoit qu’vn iour d’esté , de grand
matin , allant se promener par les
prés, accompagné de son seruiteur,
il vit vn homme qu’il connoissoit
bien se meslant mescbamment auec
vne iument , dequoy il fut grande¬
ment estonné : retourna soudaine¬
ment , et vint frapper à la porte de
celuy qu’il pensoit auoir veu. Or il
trouua pour certain que l’autre n’a-
uoit bougé de son lit ; et si ce baillif
n’eust diligemment sceu la vérité , vn
bon et honneste personnage eust esté
emprisonné et gesné II recite ceste
histoire, à fin que les iuges soient
bien aduisés en tel cas.
57
nostre terrienne lourdesse , à raison
de la subtilité de leur essence, et ma¬
lice de leur volonté : car ils obscur¬
cissent les yeux des hommes , auec
espaisses nuées qui broüillent nostre
esprit fantastiquement, et nous trom¬
pent par impostures sataniques , cor-
rompans nostre imagination parleurs
bouffonneries et impiétés. Ils sont doc¬
teurs de mensonges, racines de ma¬
lice, et de toutes meschancelés à nous
seduireet tromper, et preuaricateurs
de la vérité ; et pour le dire en vn
mot , ils ont vn incomparable artifice
de tromperies , car ils se transmuent
en mille façons, et entassent aux
corps des personnes viuantes mille
choses estranges , comme vieux pan¬
neaux, des os, des ferremens, des
clous , des espines , du fil , des che-
ueux entortillés , des morceaux de
bois, des serpens, et autres choses
monstrueuses, lesquelles ils font sou-
uentesfois sortir par le conduit de la
matrice des femmes : ce qui se fait
apres auoir esbloüi et altéré nostre
imagination , comme nous auons dit.
D’aucuns sont nommés Incubes et
Succubes : Incubes , ce sont démons
qui se transforment en guise d’hom¬
mes, et ont copulation auec les fem¬
mes sorcières : Succubes , ce sont dé¬
mons qui se transmuent en guise de
femmes. Et telle habitation ne se fait
pas seulement en dormant, mais aussi
en veillant : ce que les sorciers et
sorcières ont confessé et maintenu
plusieurs fois, quand on les executoit
CHAPITRE XXIX.
COMME EES DEMONS NOVS EEWENT
ÜECEVOin.
Or iceux démons peuuent en beau¬
coup de maniérés et façons tromper
nort ‘.
Ce paragraphe a été modifié et amplifié
1585. Les éditions précédentes portaient
iplement :
, D'aucuns sont nommés incubes et succu-
, comme nous auons dict; iceux *0”'
, J„cubes
Il les femmes en dormant , et su
deçoiuent les hommes. »
LE DIX'-NEVFI^ME LÏVhE
58
Sainct Auguâtin h’a pâs du tout
nié que les diables ttansfortnés en
forme d’hOmme ou dé femme puis¬
sent exercer les ϟures de Nature ,
et auoir affaire aücc les hommes et
femmes pour les allécher à luxure ,
tromper et deceuoir ‘ ; ce que les an¬
ciens n’ont point seulement expert
mente : mesme de nostre temps» cecy
est arriué en plusieurs prouinces , à
diuerses personnes auec lesquelles les
diables ont eu affaire, transfigurés en
homme et femme.
lacobus Rueff en ses liures De con-
ceptu et generatione hominis tes-
moigne que de son temps vne femme
perdue eut affaire auec vn esprit ma¬
lin la nuit , ayant face d’homme , et
que subit le xentre luy enfla, et pen¬
sant estre grosse, tomba en vne si
estrange maladie , que toutes ses en¬
trailles tombèrent, sans que par au¬
cun artifice de médecin ny de chirur¬
gien peusl estre secourue.
Il est escrit le semblable d’vn ser-
uiteur boucher, lequel estant pro¬
fondément plongé en vaines cogita¬
tions de luxure ^ fut estonné qu’il ap-
perceut subit deuant luy vn diable en
figure de belle femme , auec lequel
ayant eu affaire, ses parties génitales
commencèrent à s'enflamber , de fa¬
çon qu’il luy sembloit auoir le feu
ardent dedans le corps , et mourut
misérablement *.
Or c’est vne chose absurde à Pierre
de la Pallude, et Martin d’Arles, sous-
tenir qu’au giron de la femme les
1 En la Cité de Dieu, au 22 , 23. chapitre,
15. Hure. — A. P.
2 Chap. dernier, liu. 6. --- A. P.
3 Ici se terminait le chapitre dans les édi¬
tions de 1573 et 1575. Le long paragraphe
quisuitet quia été placé ici en 1579, faisait
auparavant lafin du chapitre 31 ; et en effet
sa place est bien plus logique ici qu’à l’au¬
tre endroit)
diâbleS laissent coulét’ do Id Séhténce
d’vn homme mort, dont vn enfant
peut estre engendré , ce qui est ma¬
nifestement faux : et pour reproutier
ceste vaine opinion , ie diray seule¬
ment que la semence qui est faite de
sang et esprit , laquelle est apte pour
la génération , estant peu ou rien
transportée , est inconlîncnt corrom¬
pue et altérée , et par conséquent sa
vertu du tout esteinte, par-ce que la
chaleur et esprit du cœur et de tout
le corps en est absente, si bien qu’elle
n’est plustemperée, ny en qualité, ny
en quantité. Pour ceste raison , les
médecins ont îugé l’homme qui au-
roit la verge virile trop longue, estre
stérile, à cause que la semence estant
escoülée par vn si long chemin , est
ja refroidie auant qU’elle soit receuë
en la matrice. Aussi quand l’homme
se desioint de sa compagne trop su¬
bit, ayant iétlé sa semence, elle peut
estre altérée en l’air qui entre en la
matrice, qui cause qu’elle ne produit
aucun fruit- Ainsi donc l’on peut con-
noistre combien Albert le Scollaste a
lourdement failli, lequel a escrit, que
si la semence tombée en terre estoit
remise en la matrice , il serOit possi¬
ble qu’elle conceuroit. Autant en
peut-on dire de la voisine d’ AUerroïs,
laquelle ( comme il dit ) l’auoît as-
seuré par serment, qu’elle auolt con-
ceu vn enfant de la semence d’vn
homme qu’il auolt iettée dans vrt
baing , et s’estant baignée ën iceluy
elle en deuint grosse. Aussi il ne vous
faut nullement croire que les démons
ou diables qui sont de nature spiri¬
tuelle, puissent conudistte charnelle¬
ment les femmes : car à l’execution
de cet acte , la chair et le süng sont
requis , ce que les esprits n’ont pas.
D’auantage, comme seroit-il possible
que les esprits qui n’ont point de
DES MONSTRES ET PRODIGES.
corps, puissent estre espris de l’a¬
mour des femmes, et qu’ils puissent
engendrer en icelles? et aussi où il
n’y a point de parties générantes , il
n’y a aussi point de conionelion : et
où il n’y a viande no breuuage , il n’y
a point de semence : aussi là où il n’a
esté necessaire auoir succession et
repeuplement, la Nature n’a point
baillé le désir d’engendrer. D’auan-
tage , les démons sont immortels et
éternels : qu’ont-ils donc nécessité de
caste génération , puis qu’ils n’ont af¬
faire de successeurs, d’autant qu’ils
seront tousiours? Encore n’est-il en
la puissance de Satan, ny à ses anges,
d’en creer de nouuelles : et si ainsi
estoit, depuis que les démons sont
créés , qu’ils eussent peu en engen¬
drer d’autres , il y auroit bien de la
diablerie sus les champs.
Or quant à moy, ie croy que ceste
prétendue cohabitation est imagi¬
naire, procédante d’vne impression
illusoire de Satan ‘ <
CHAPITRE XXX.
EXEMPLE DE PLVSIEVRS ILLVSIONS
DIADOLIQVES.
Et àfln qu’on ne pense que l’artifice
du Diable soit ancienj il a encores pra¬
tiqué de nostre temps en semblables
sortes , comme plusieurs ont veu , et
beaucoup d’hommes doctes ont es-
crit , d’vne fort belle ieune fille à
* Cette dernière phrase est de 1585 ; on
peut remarquer qu’elle insiste sur ce que
l’auteur avait déjà dit dariS le paragraphe
prééêdérit, hiais qüè Céttë cdhclusiotl ëét
tout-à-l'ait en désaccord avec ce qu’il sem¬
blait avoir eu intention d’établir au com-
luencemetit du chapllrèt
^9
Constancë, laquelle aùoit nom Mag-
daleine , seruante d’vn fort riche ci¬
toyen de ladite ville, laquelle publioit
par tout que le diable vfie nuit l’a-
uoit engrossie : et pour ce regard les
Potestats de la ville la firent mettre
en prison , pour entendre l’issue de
cest enfantement. L’heure venue de
ses couchés , elle séntil des tranchées
et douleurs accoutumées des femmes
qui veulent accoucher : et quand les
matrones furent prestes de receuoir
le fruit, et qu’elles pensolent que la
matrice se deustouurir,il commença
à sortir du corps d’icelle tille, des
clous de fer , des petits tronçons de
bois, de voire, des os, pierres, et che-
ueux , des estoupes, et plusieurs au¬
tres choses fantastiques et estrauges,
lescjuelles le diable par son artifice
y auoit appliquées , pour deceuoir et
enibaboüiner le vulgaire populace ,
qui adiouste legerement foy en pres¬
tiges et trùmperies.
Boistuau affirme quMl produiroit
plusieurs autres histoires semblables,
recitées non seulement des philo¬
sophes, mais aùssi des ecclesiastiques ,
lesquels confessent que les diables
par la permission de Dieu , ou pour
punition de nos péchés , peuuent
ainsi abuser des hommes et des fem¬
mes ; mais que de telle conionction il
se puisse engendrer quelque creatùre
humaine , cela n’est pas seulement
faux, mais contraire à noslre religion,
laquelle croit qu’il eut oneques
homme engendré sans semence hu¬
maine , reserué le fils de Dieu. Mes-
mes, comme disoit Cassianus, quelle
absurdité , répugnance , et confusion
seroit-ce en Nature, s’il estoit licite
aux diables de coriceuoir d’hommes ,
et les femmes d’eux : combien, de la
crëàtioü dli môndë^iüsqués à P*’®®®";’
les diables ëüSSéfit produit de mOh»
bO LE DIX-NEVFIIÉME LIVRE
très par tout le genre humain ,
iettans leur semence dans Jes ma¬
trices des besles , creans ainsi par les
perturbations de semence vue infinité
de monstres et prodiges ?
CHAPITRE XXXI.
DE l’art MAGIQVE.
D’auantage l’art magkjue se fait
par le meschant artiOce des diables.
Or il y a de plusieurs sortes de magi¬
ciens : aucuns font venir à eux les
diables, et interroguent les morts,
lesquels sont nommés nécromanciens:
autres cheiromanciens , parce qu’ils
deuinent par certains lineamens qui
sont és mains : autres hydroman-
cicns, par-ce qu’ils deuinent par l’eau :
autres geomanciens , par-ce qu’ils de¬
uinent par la terre : autres pyroman-
ciens, qui deuinent par le feu : autres
aëromanciens , ou augures , ou pro-
gnostiqueurs de la disposition future,
par-ce qu’ils deuinent par l’air, sça-
uoir est par le vol des oiseaux , ou
par tourmentes , orages , tempestes
et vents. Tous lesquels ne font que
tromper et abuser les incrédules, qui
vont au recours à ces deuins, prophè¬
tes , maléfiques , enchanteurs : les¬
quels sus fous autres sont coustu-
mierement opprimés de perpétuelle
pauureté et disette, par-ce que les
diables les engouffrent en vn abysme
d’obscurité , leur faisans accroire
mensonge estre vérité, par illusions
et fausses promesses interturbées et
insensées, qui est vne folie et insup¬
portable bourbier d’erreur , et facé¬
tie. Il faut du tout fuir ces hommes,
et les chasser loin par ceux qui con-
noissent la vraye religion , comme
fist anciennement Moyse par com¬
mandement de Dieu.
lean de Marconuille en son liure ,
Du recueil mémorable d’aucuns cas
merueilleux aduenusde nos ans, escrit
d’ vne deuineresse, sorcière de Boulon-
gne la Grasse en Italie, laquelle après
auoir long temps exercé son art dia¬
bolique, tomba en vne griefue mala¬
die, dont elle flna ses iours. Quoy
voyant vn magicien, qui ne l’auoit
iamais voulu desaccompagner pour
le profit qu’il tiroit du vivant d’elle de
son art ; il luy mit vn certain poison
venefique sous les aiscelles , telle¬
ment que par la vertu de ce poison ,
elle sembloit estre viuante, et se
trouuoit aux compagnies comme elle
au oit accoustumé, ne semblant en
rien différer d’vne personne en vie ,
fors la couleur qui esioit excessiue-
ment pâlie et blesme. Quelque temps
apres il se trouua vn autre magicien
à Boulongne , auquel il prit fantasie
d’aller voir ceste femme , pource
qu’elle auoit grand bruit, à raison de
son art : lequel estant arriué à ce
spectacle comme les autres pour la
voir ioüer, tout subit s’escria disant :
Que faites- vous icy, messieurs? ceste
femme que vous estimez qui face ces
beaux soubre-sauts et ieux de pas¬
se-passe deuant vous, c’est vnepuante
et orde charongne morte : et tout
soudain elle tomba en terre morte, de
sorte que le prestige de Satan et l’a¬
bus de l’enchanteur fut manifesté à
tous les assistans.
Langius en ses Epistres Médicina¬
les », raconte d’vne femme possédée
d’vn mauuais esprit, laquelle après
auoir esté affligée d’vne cruelle dou¬
leur d’estomach, estant délaissée par
» Epislre 41. — a. P.
DÈS MONSTEES
les Médecins, subitement vomit des
clous fort longs et courbés, et des ai¬
guilles d'airain empaquetées auec de
la cire, et des cheueux. Et en la
mesme Epistre escrit , que l’an mil
cinq cens trente neuf, au village
nommé Tuguestag, vn certain labou¬
reur nommé Vlrich Nenzesser, après
auoir enduré vne cruelle douleur au
flanc , luy ayant esté faite ouuerture
d’vn rasoir , sortit vn clou d’airain :
toutesfois les douleurs s’augmentè¬
rent de plus en plus , et d’impatience
se coupa la gorge : et ayant esté ou-
uert , on luy trouua dans l’estomach
vn morceau de bois , long et rond ,
quatre cousteaux d’acier , desquels
aucuns estoient aigus , les autres den¬
telés en maniéré de scie, et ensemble
deux ferremens aspres , lesquels sur-
montoient la longueur d’vne demie
coudée, auec vne grosse pelote de
cheueux. Il est vray-semblable que
toutes ces choses se sont faites par
l’astuce du diable, qui deceuoit les
assistans par leur veuë.
Encor depuis n'agueres i’ay veu
faire à vn imposteur et enchanteur,
en la presence du Roy Charles IX, et
de Messeigneurs les Mareschaux de
Montmorency, de Rets , et le seigneur
de Lansac, et de monsieur de Mazille
premier Médecin du Roy, et de mon¬
sieur de sainct Pris, valet de chambre
ordinaire du Roy, plusieurs autres
choses qui sont impossibles aux hom¬
mes de faire sans l’astuce du diable ,
qui déçoit nostre veuë , et nous fait
apparoistre chose fausse et fantasti¬
que : ce que librement ledit impos¬
teur confessa au Roy, que ce qu’il
faisoit estoit par l’astuce d’vn esprit,
lequel auoit encor temps de trois ans
à estre en ses liens , et qu’il le tour-
mentoit fort : et promit au Roy, son
temps venu et accompli, qu’il seroit
ET PEODKiES. 5}
homme de bien. Dieu luy en veuille
donner la grâce : car il est escrit ; Tu
n’endureras point mure la sorcière. Le
Roy Saül fut cruellement puni , pour
s’estre addressé à la femme enchante¬
resse. Moyse pareillement a com¬
mandé à ses Hebrieux , qu’ils missent
toute peine d’exterminer d’autour
d’eux les enchanteurs L
CHAPITRE XXXII.
DE CERTAINES MALADIES ESTRANGES^.
Or pour encore contenter l’esprit
du liseur, de l’imposture des diables
et de leurs esclaues magiciens , malé¬
fiques , enchanteurs et sorciers , i’ay
recueilli ces histoires de Fernel, telles
qu’il s’ensuit
‘ Exode 20, ch. — Leuil. 19. — 1 des Rois ,
28. — Deuteron. — A. P.
Le chapitre ne se terminait pas là en 1573
et 1575. — On lisait d’abord l’histoire sui¬
vante:
« En la ville Charanti, les hommes ayants
appelé les femmes à coucher auec eux ,
auoient coustume de s’attacher auec elles en
la maniéré des chiens , et ne s’en pouuoient
de longtemps détacher -. et les ayants quel-
quesfois trouuez, ont esté condamnez par
iustice d’estre penduz en vne perche au re¬
bours, et attachez par vn lien inaceoustu-
mé, et seruoient au peuple d’vn spectacle
ridicule : et telle chose se faisoit par l’astuce
du diable satanique, qui estoit vne détesta¬
ble risee. »
Cette histoire absurde a été retranchée
dès 1579 ; elle était suivie d’un très long pa¬
ragraphe qui a été transporté depuis au
chapitre 28. Voyez la note 3 de la page 58.
2 Ce chapitre tout entier est une addition
de 1579.
* Ex cap. 16, liu. 2, De abditis rerum cou¬
sis, Fernel. — A. P.
, LM PIXrNEVFIGM? UVRE,
IJ y a des iiiialadios lesquelles ^qqt
euuoyées aujj: hommes par la permis¬
sion de Dieu , et ne peuuent estre
gpories pftr les vempdes ordinaires >
lesquelles pour «este raison sont di¬
tes outre-passer le cours ordinaire
des maladies desquelles les liotnmes
ont acGpustnmé d’estre lourmcntés.
Ce qui se peut aisément pi'ouiier par
l’Escriture saincte mesme, laquelle
nous fait fPJ» flue pour le péché de
Dauid il suruint vne telle corrup¬
tion d’air, que Iq peste trenpha le
filet de la vie à plus de soixante mille
personnes. Nous lisons aussi en la
mesme Escriture, qu’Ezechias fut
tourmenté d’une tres-grande et tres-
griefue maladie. lop. receut tant d’vl-
ceres sur son corps , qu’il eu estait
tout couuert : ce qui leur aduint par
la pernaission de ce grand pieu, lequel
gouuerne à son vueil ce monde infe¬
rieur, et tout ce qui est contenu en
iceluy.
Or tout ainsi que le Diable , capital
et iuré ennemy de l’homuie, souuent
( par la permission dé Pieu toutes-
fois ) nous afflige de grandes et di-
uerses maladies : ainsi les sorciers ,
trompeurs et meschans , par ruses et
finesses diaboliques , tourmentent et
abusent vne infinité d’hommes : les
vns inuoquent et adiurent ie ne sçay
quels esprits par murmures, exor¬
cismes , imprécations , eucbantemens
et sorcelleries ; les antres lient à l’en¬
tour du col , QU bien portent sur eux
par autre façon quelques escritures ,
quelques cbaracteres , quelques an¬
neaux, quelques images, et autres
tels fatras : les autres vsent de quel¬
ques chants harmonieux , et dan¬
ses. Quelquesfois ijs vsent de cer¬
taines potions , ou plustost poisons ,
suffumigations , senteurs , fascina¬
tions, etenchantemeas. Us’eatyouun
lesquels ayans brassé l’image et re¬
présentation de quelqu’vn absent , la
trauspercept auccques certains ins-
trumens, et se vantent d’affliger de
telle maladie qu’d leur plaira , celuy
doïit ils transpercent la représenta¬
tion , encore qu’il soit bien eslongné
d’eux , et disent que cola se fait par
la verlu des estpiles., et de certaines
paroles qu'ils bourdonnent en per¬
çant telle image on représentation
faite de cire. H y a enpore vne infinité
de telles forfanteries qui ont estéip-
upntées par les forfantes, pour affli¬
ger et tourmenter les hommes , mais
il me fasche d’en parler d avantage.
Il y en a qui ysent de tels sortilè¬
ges qui emneschent Vbomme et la
femme de consommer le mariage , çe
qu’on appelle vulgairement naüer
Il y en a qui empesebent
que l’homme n’a rendu son vrine,
ce qu’ils appellent chemller. H y en a
aussi qui rendent par leurs sorcelle¬
ries les hommes si mal-habiles à sa¬
crifier à madame Venus, que les pau-
urps femmes qui ep ont bien affaire
pensent qu’ils soyentebastrés, et plus
que chastrés.
Telle quanaiile p’afflige pas seule¬
ment les hommes de plusieurs et di-
uerses sortes de maladies : mais aussi
tels pendars pi sorciers qu’ils sont
lancent des diables dedans les corps
des hommes pt des femmes. Çeux qui
sont ainsi tourmentés des diables par
les sorcelleries de ces forfantes, ne dif
ferept en rien des simples maniaques,
sinon qu’ils disent des choses mer-
ueiUeusenaent grandes. Ils raponteut
tout ce qui s’est passé parapant , en¬
core qu’il fust bien fort caché et ip-
conneu , fors qu’à bien peu de gens.
Ils descouurent le speret de ceu)^ qui
sont presens, lesipiurians et blasop-
mm ^iuement,, qu’ils seroiept plus
DES MONSTRES
que ladres s’ils ne le scntoient : mais
incontinent qu’on parle de la saincte
Escriture , ils sont tous espouuentés ,
Us tremblent, et sont fort fàschés.
N’agueres vn quidam, par les gran¬
des chaleurs de l’esté, se leua de
nuit pour boire , lequel ne trouuant
aucune liqueur pour estancher sa
soif, prend vne pomme qu’il aduise :
lequel incontinent qu’il eust mordu
dedans, il luy sembla qu’on l’estran-
gloit : et desia comme assiégé d’vn
malin esprit caché en ceste pomme ,
il luy semhloit au milieu des tene-
hres voir vn grand chien fort noir
qui le deuoroit : lequel estant puis
après guari , nous conta de fil en ai ’
guille tout ce qui luy esloit arriué.
Plusieurs médecins luy ayans touché
le pouls , ayans reconneu la chaleur
extraordinaire quiestoit en luy, auee
vne seicheresse et noirceur, de la¬
quelle iugerent qu’il auoit la fiéure ,
et d’autant qu’il ne reposoit aucune¬
ment et qu’il ne cessoit de resuer , le
iugerent hors du sens.
Il y a quelques années qu’vn ieune
Gentil-homme par interuallede temps
tomboit en certaine conuulsion , tan-
tost ayant le bras gauche seulement ,
tantost le droit, tantost un seul doigt,
tantost vne cuisse, tantost toutes
deux , tantost l’espine du dos et tout
le corps si soudainement remué et
tourmenté par ceste conuulsion, qu’à
grande difficulté quatre valets le
pouuoient tenir au lict. Or est-il qu’il
n’auoit aucunement le cerueau agité
ni tourmenté : il auoit la parole libre,
l’esprit nullement troublé , et tous les
sens entiers , mesmes au plus fort de
telle conuulsion. Il estoit tr au aillé
deux fois par iour pour le moins de
telle conuulsion , de laquelle estant
sorti il se porloit bien , hors-mis qu’il
se Irouuoit fort làs et, corrompu , à
ET PRODIGES. ^3
cause du tourment qu’il auoit souf¬
fert. Tout Médecin bien aduisé eust
peu iuger que c’ estoit une vraye epi-
lepsie , si auec cela les sens et l’esprit
eussent esté troublés. Tous les plus
braues Médecins y estons appellés ,
iugerent que c’estoit vne conuulsion
de fort près approchante à l’epilepsie,
qui estoit excitéeM’vne vapeur mali¬
gne , enclose dedans l’espine du dps ,
d’où telle vapeur s’espanchoit seule¬
ment aux nerfs qui ont leur origine
d’icelle espine , sans en rien offenser
le cerueau. Tel iugement ayant esté
assis de la cause de ceste maladie -, ü
ne fut rien oublié de tout ce que copa-
mande l’art, pour soulager ce pauure
malade. Mais en vain nous fiscaes tous
nos efforts, estans plus de cent Ueuës
eslongnés de la cause de telle mala¬
die. Car le troisième mois suiuant, pp
descouqrit que ç’estoit vn diable qui
estoit autheur de ce mal , lequel se
déclara luy-mesme, parlant par la
bouche du malade du Grec et du Ea-
tin à foison, encores que ledit ipalade
ne sceust rien en Grec. Il descouurpit
le secret de ceux quiestoient^reseps,
et principalement des Médecins , se
mocquant d’eux, pource qu’auec
grand danger il les auoit pircouue-
nus, et qu’auecques des médecines
inutiles ils auoient presque fait piou-
rir le malade. Toutes et quanfes fois
que son pere le veuoit voir, inconti¬
nent que de loin il l’apperceuoit ,
il crioit , Faites le retirer, empeschez
qu’il n’entre, ou bien luy ostez la
chaisne a au col : car comme
Cheuallier qu’il estoit, suiuant la
coustume des Cheualiers françois , U
portoit le collier de l’ordre , au bout
duquelestoit l’image de sainct Michel.
Quand on lisoit quelque chose de ta
saincte Escriture deuant luy, il se he-
rissonnoit, se souslcuoil , et se tour-
64 LE tlX-NÉVFn^MË LIVRE,
mentoit bien plus qu’auparauant.
Quand le paroxysme estoit passé , il
se souuenoit de tout ce qu’il auoitdit
ou fait , s’en repentant, et disant que
contre son vueil il auoit ou fait ou
dit cela. Ce démon contraint par les
ceremonies et exorcismes , disoit qu il
estoit un esprit, et qu’il n’estoit point
damné pour aucun forfait. Estant in-
terrogué quel il estoit , ou par quel
moyen et par la puissance de qui il
tourmentoit ainsi ce gentilhomme, il
respondit qu’il y auoit beaucoup de
domiciles au dedans où il se cachoit,
et qu’au temps qu’il laissoit reposer
le malade, il en alloit tourmenter
d’autres. Au reste qu’il auoit esté
ietté au corps de ce gentilhomme par
vn quidam qu’il ne vouloit nommer,
et qu’il y auoit entré par les pieds , se
rampant iusques au cerueau , et qu’il
sortiroit par les pieds quand le iour
pactionné entre eux seroit venu. Il
discouroit de beaucoup d’autrfes cho¬
ses, selon la couslume des demonia-
cles , vous asseurant que ie ne mets
cecy en ieu comme vne chose nou-
uelle ; tbais afin qu’on connoisse que
quelquesfois les diables entrent de¬
dans nos corps , et qu’ils les bourel-
lent par tourmens inaudits.
Quelquesfois aussi ils n’entrent
point dedans, mais agitent les bonnes
humeurs du corps , ou bien enuoyent
les meschantes aux principales par¬
ties, ou bien remplissent les veines de
ces meschantes humeurs , ou en bou¬
chent les conduits du corps, ou bien
changentle bastiment des instruraens,
d’où il arriue vne infinité de maladies.
Les diables sont cause de toutes ces
choses , mais les sorciers et meschans
hommes sont serfs et ministres des
diables. Pline escrit que Néron de son
temps a trouué les plus fausses ma¬
gies et sorcelleries qui ayent point es¬
té. Mais qu’est-il de besoin mettre en
atiant les Ethniques, attendu quel’Es
criture tesmoigne, comme il appert
de ce qui est escrit de la Pylhonisse ,
de la femme ventriloque , de Nabu-
chodonosor roy, des sorciers et en¬
chanteurs de Pharaon , et mesme de
Simon Magus du temps des Apostres ?
Le mesme Pline escrit qu’vn nommé
Demarchus se changea en vn loup ,
ayant mangé les entrailles d’vn en¬
fant sacrifié. Homere escrit que Circé
changea les compagnons d’Vlysse en
pourceaux. Plusieurs poètes anciens
escriuent que tels sorciers faisoient
passer les fruits de champ en champ
et de iardin en iardin. Ce qui ne sem¬
ble estre fabuleux , d’autant que la
loy des douze tables conslitue et or¬
donne certains supplices à tels char¬
latans et forfantes
Or tout ainsi que le diable ne peut
bailler les choses vrayes, lesquelles
il ne pourroit nullement creer , ains
baille seulement quelques vaines es¬
peces d’icelles , par lesquelles il offus¬
que l’esprit des hommes ; ainsi aux
maladies ne peut-il donner vne v raye
et entière guérison , ains vse seule¬
ment d’vne fausse et palliatiue cure.
l’ai veu aussi la iaunisse disparoir
de la superficie du corps en vne seule
nuit, par le moyen d’vn certain petit
breuet qui fut pendu au col de l’icte-
rique. l’ai veu pareillement les fié-
ures estre guaries par oraisons , et
certaines ceremonies , mais elles re¬
tournoient après bien plus mauuaises.
11 y en a encore bien d’vn autre
tonneau : car il y a des façons de
faire que nous appelions supersti¬
tions, d’autant qu’elle ne sont fon¬
dées sur aucune raison ou aulhorilé,
soit diuine ou humaine ; ains sur
quelque resuerie des vieilles. le vous
prie, n’est-ce pas vne vraye supersti-
DES MONSTRES
tion de dire que celuy qui porte le
nom des trois roys qui vindrent ado¬
rer nostre Dieu , à sçauoir, Gaspar,
Melchior et Balthasar , est guari de
l’epilepsie ? Ce que loutesfois les re-
medes bien approuués ne font pas
ordinairement , comme peut estre
l'essence de succinum ou ambre
meslé auec conserue de piuoine, don¬
née au malade tous les matins la
grosseur d’vne noisette. Que les dents
sont guaries, si ce pendant qu’on dit
la messe , on proféré ces paroles : Os
non comminuetis Qu’on appaise
les vomisseraens par certaines cere¬
monies, sçacbant seulement le nom
du patient?
l’ay veu quelqu’vn qui arrestolt le
sang de quelque partie du corps que
ce fust, bourdonnant ie ne sçay quel¬
les paroles. Il y eii a qui disent ces
mots : De lalere eius exiuit sanguis et
aqua.
Combien y a-il de telles maniérés
de guarir les fiéures? Les vns tenans
la main du fébricitant disent : Àequè
facüis tibi febris hœc sit, atque Mariœ
virgini Christi partus. Les autres di¬
sent en secret ce beau psaume : Eœal-
tabo te Deus meus rex. Si quelqu’vn
(dit Pline) a esté mordu d’vn scor¬
pion, et qu’en passant il le die en Fo-
reille d’vn asne , il est incontinent
guari. Voila de belles maniérés de
guarir. Or tout ainsi que par telles
paroles ils guarissent , aussi par de
semblables et superstitieux escrits
guarissent-ils. Comme pour guarir
le mal des yeux , il y en a qui escri-
uent ces deux lettres grecques , «•
et les enueloppent en vn linge,
puis les pendent au col. Pour le mal
des dents ils escriuent : Slrigües fa\-
cesque dentatœ , denlium dolorem per-
sanate.
Il se trouue aussi de grandes su-
III.
ET PRODIGES. gfj
perstitions aux applications externes.
Comme cestuy-cy d'Apollonius , à
sçauoir se scarifier les genciues auec-
ques la dent d’un homme qui a esté
tué , pour guarir le mal des dents :
comme faire des pillules du crâne
d’vn homme pendu , contre la mor¬
sure d’vn chien enragé. Comme ils
disent que Fepilepsie est guariepour
manger de la chair d’vne beste sau-
uage qui aura esté tuée du mesme
fer qu’aura esté tué vn homme. Com¬
me ils disent aussi que la fiéure
quarte est guarie, si on boit du vin
où aura trempé vne espée de laquelle
on a coupé le col d’vn homme. Si
cela estoit vray, l’estât du bourreau
de Paris luy vaudrait mieux qu’il ne
fait. Ils disent aus.si, que pour guarir
la mesme fiéure quarte, il ne faut que
mettre les rogneures de ses ongles
dedans vn linge , les lier au col d’vn
anguille viue, et la ietter incontinent
en l’eau. Pour guarir la râtelle ( di¬
sent-ils) il ne faut que mettre dessus
icelle la ratte d’vne beste , et que le
médecin dise qu’il fait la medecine à
la ratte. Pour guarir delà toux, il ne
faut que cracher dedans le bec d’vne
grenoüille rouge, et la laisser inconti¬
nent aller. La corde de quoy on a
pendu quelqu’vn , liée à l’entour des
temples , guarit le mal de teste.
C’est vn plaisir que d’entendre telle
maniéré de faire la medecine: mais en
Ire autres ceste-cy est gentille, qui est
de mettre ce beau mot, Abracadabra
en vne certaine figure qu’escritSere-
nus,pour guarir de la fiéure. C’est vn
autre beau trait de dire que la feuille
deCataputia, tirée par haut, fait vo¬
mir, et tirée par bas, fait descharger
le ventre. Et qui plus est , ils ont esté
si impudens que de feindre qu’il y
auoit quelques herbes dediées et con¬
sacrées aux diables, comme recite
5
66
DIX-NÎÎVFIÉMË
Galien d'vn certain André ^ et Pam¬
phile*.
le n’aurois iamais fait si le Yonlois
m’amuser à rapsodler vne milliace
de telles superstitieuses sornettes,
et n’en eusse tant mis en auant , si¬
non pour donner aduis à beaucoup
qui s’y abusent de plus n’y croire,
et les prier de reietter toutes telles
sotteries ^ et s’arrester à ce qui est
asseuré j et par tant d’habiles et gal-
lans hommes approuué et receu en
la medecine , ce que faisant , il en
reüssira vn bien infini au public :
d’autant qu’aprés l’honneur de Dieu ,
il n’y a rien qui doiüe estre plus pré¬
cieux à l’homme que sa santé. Et ne
se faut aucunement fier aux hommes
qui ont laissé les naturels moyens et
vertus données que Dieu à mises aux
plantes , animaux et minéraux, pour
la curation des maladies , et se sont
iettés dans les filets des esprits malins,
qui les attendent au passage : car il
ne faut point douter que , puisqu’ils
ne se fient aux moyens qne Dieü a
ordonné, et qu’ils abandonnent ceste
reigle vniuersellement establie dés la
création du monde, il ne faut ignorer
que les esprits malins ne Së soyent
mis en peine de les y tenir, leur don¬
nant entre deux vertes vne meure ,
et se fier par ce moyen à la vertu des
paroles et characteres, et autres ba¬
dinages et piperies, ainsi que les
sorciers en sont venus iüsques à dire
qu’ils ne se soucient qui les guarisse,
et fust le diable d’enferj qui est vn
prouerbe indigne d’vn chrestien : car
l’Escriture saincte le defend expressé¬
ment. Il est certain que les sorciers
ne peuuent güarir les maladies natu¬
relles , ny les médecins les maladies
venues par sortilèges. Et quant à
i Galien, au 6. liure des Simples. — A; P;
quelques empiriques qui curent les
playes simples par seule application
delingës secs ou trempés en eau pure,
et quelquesfois les gtiarissent, pour
cela ne faut croire que ce soit en¬
chantement ny miracle, comme pen¬
sent les idiots et populace , mais par
le seul bénéfice de Nature , laquelle
guarit les playes , vlceres^ fractures,
et autres maladies : car le chirurgien
ne fait que hiy aider en quelque
chose i et oster ce qui empescheroit ,
comme douleur , fluxion , inflamma¬
tion , aposteme , gangrené, et autres
choses qu’elle ne peut faire , comme
réduire les os fracturés et luxés,
boucher vn grand vaisseau pour es-
tancher un flux de sang, extirper
vne loupe, extraire vne grosse pierre
en la vessie , oster une chair Super¬
flue, abattre vne cataracte , et vne in¬
finité d’autres choses que Nature de
soy ne peut faire.
CHAPITRE XXXIII.
DES IINCVBES ET SVCCVBES SELON
LES MEDECINS.
Les médecins tiennent que Incu-
bus est vn mal où la personne pense
estre opprimée et suffoquée de quel¬
que pesante charge sur son corps , et
vient principalement la nuit : le vul¬
gaire dit que c’est vne vieille qui
charge et comprime le corps, le vul¬
gaire 1 appelle Chauche-poulet *.
La cause est le plus souuent pour
auoir beu et mangé viandes par trop
vaporeuses, qui ont causé vne crudité,
desquelles se sont esleuées au cer-
*Ces derniers mois, k vulgaire l’anoelle
chauche-poulet, manquent en 15T3. ^
DES MONStniîS ET PRODIGES.
Uftaü fei*tisscs vajléilt’s qui remplis-
SCrtl ses ŸculiTbules, à raisou de quoy
la fadtllté anltnale qui fait sentir et
Itiouuoir, est elftpcscliée de reluire
par lés tierfs < dont s’ensuit vue suffo¬
cation imaf^inâire, parla lésion qui se
fait tant aü Uiapbragtne qu’aux poül-
tnons èt antres parties qui seruént à
la respiration. Et alors la voix est
empesfchéc, tellement que si péu
qui leur en demeure; c’est e.h inu-
giattt èt balbutiant ; et requérant
aide et secours, s’ils ponuoient par¬
ler. Polir la èuralion , faut eüiler les
yiandes taporenses et vins forts , et
getieralettient toutes choses qui sont
eause de faire cSleuer les fumées au
èèruèaü *.
CHAPITRE XXXIV.
DES N0VEVR3 D’ESGVlLLEtTE
67
et paillardises qui s’en ensuiuent:
car ceux qui sont liés brnslent de cu¬
pidité Tvn auprès de l’autre. D’abon¬
dant il en aduient sonuent plusieurs
meurtres , commis aux personnes de
ceux qu’on soupçonne auoir noüé
resguillette , qui bien souuent n’y
auoient pas pensé. Aussi comme
aüons dit cy-dessus , les sorciers et
empoisonneurs , par moyens subtils ,
diaboliques et inconneus corrompent
le corps , la vie , la santé et le bon
entendement des hommes. Parquoy
il n’y a peine si cruelle qui peust suf¬
fire à punir les sorciers: d’autant que
toute leur meschanceté et tous leurs
desseins se dressent contre la maiesté
de Dieu , pour le despiter, et offenser
le genre humain par mille moyens.
CHAPITRE XXXV.
Noüeri’esguillette, et les paroles ne
font rien , mais c’est l’astuce du
diable : et ceux qui la noüent ne le
peuuent faire sans auoir eu conuen-
tion auec le diable , qui est vne mes¬
chanceté damnable. Car celuy qui en
vse ne peut nier qu’il ne soit violateur
de la loy de Dieu et de nature , d’em-
pescher la loy de mariage ordonné de
Dieu. De cela il aduient qu’ils font
rompre les mariages, ou pour le
moins les tenir en stérilité , qui est
vn sacrilege D’auantage, ils estent
l’amitié mutuelle du mariage et la
société humaine, et mettent vne haine
capitale entre les deux conioints; pa¬
reillement sont cause des adultérés
^Ce chapitre est suivi en 1575 des autres
histoires non hors de propos.
* Ce chapitre a été ajouté en 1585.
® Bodin en son liur. des sorciers. — A. P.
AVTRES HISTOIRES NON HORS DE
PROPOS ‘.
Aucuns estiment que ce soit vne
chose monstrueuse de se lauer les
mains de plomb fondu : mesme Bois-
tuau en ses Histoires prodigieuses ,
chapitre huitième , recite que Hie-
rosme Cardan , liure sixième De sub-
tilitate,enesctit ceste histoire comme
prodigieuse.
Lors, dit-il, que i’escriuois mon
liure des subtiles inuentions, ie vis
un quidam à Milan lequel lauoit ses
mains de plomb fondu , et prenoit un
Ce chapitre existait déjà en 1573, non
,mc chapitre j mais comme appendice a
li des incubes et succubes. En 1585 il mt
arté après celui des noileurs d’aiguillettes;
îomme il avait un titre spécial , h m a
U plus naturel d’en faire un chapitre
68 LF. DIX'NEVFIEME LIVRE,
escu do chacun spectateur. Cardan
taschant à rechercher ce secret en
nature, dit que par nécessité il falloit
que l’eau de laquelle il se lauoit pre¬
mièrement les mains , fust extrême¬
ment froide, et qu’elle eustune vertu
obscure et crasse : toulesfois ne la
descrit point.
Or depuis n’agueresi’ay sceu quelle
elle estoit , d’vn gentil-homme qui la
lenoit pour vn grand secret, et laua
ses mains de plomb fondu en ma pré¬
sence et de plusieurs autres, dontie fus
fort esmerueillé, et luy priay affec¬
tueusement de me dire le secret : ce
que volontiers m'accorda, pour quel¬
que seruice que luy auois fait : ladite
eau n’estoit autre chose que sonvrine,
de laquelle se lauoit premièrement
les mains, ce que i’ay trouué estre
véritable , pour en auoir fait l’expe-
rience depuis. Ledit gentil-homme en
lieu de son vrine se froüoit les mains
d'vnguentum aureum , ou d’vn autre
semblable , ce que i’ay pareillement
expérimenté : et en peut-on donner
raison, par-ce que leur substance
crasse empesche que le plomb n’ad-
here aux mains, et le chasse de costé
et d’autres en petites papillotes. Et
pour l’amour de moy fît d’auantage;
il print vne pelle de fer toute rouge ,
et ietta dessus des trenches de lard
et le fît fondre , et tout flambant du
degoust s’en laua les mains : ce qu’il
me dit faire au moyen de ius d’oignon
duquel auparauant s’estoit laué les
mains.
l’ay bien voulu reciter ces deux
histoires (encore qu’elles ne soyent
du tout à propos ) à fîn que quelque
bon compagnon par ce moyen puisse
gaigner la passade entre ceux qui ne
sçauroient ce secret L
1 Ce chapitre est suivi , dans les éditions
anciennes , des histoires des Monstres ma¬
rins et autres ; j’ai expliqué dans la pre¬
mière note de ce livre pour quelles raisons
j’ai cru devoir les rejeter après le livre de*
Animaux. Voyez ci-devant, page 1.
LE VINGTIÈME LIVRE,
TRAITANT
DES FIÈVRES EN GENERAL
ET EN PARTICVLIER
PREFACE AU LECTEUR.
Amy lecteur , i’auois bien preueu
que le traité des Fiéures dont i’auois
‘ La chirurgie proprement dite est termi¬
née; nous entrons dans la médecine, et je
n’ai pas cru pouvoir mieux commencer que
par le livre des Fiéttre«,qui , composé pour
les chirurgiens et pour servir en quelque
sorte de complément à leurs études , forme
une transition naturelle aux autres livres
purement médicaux.
Paré avait inséré un premier traité sur ce
sujet dans la première édition de ses OEuvres
complètes; il l’avait mis entre l’Anatomie et
le livre des Tumeurs en general; et nous
avons vu dans notre Introduction, et il va
rappeler tout-à-l’heure dans sa Préface les
démêlés que cette hardiesse lui fit avoir avec
la Faculté de Paris. Je dis hardiesse , et c’é¬
tait en efl'et une innovation bien remar¬
quable alors et trop peu remarquée depuis,
que cette première tentative pour rallier la
chirurgie et la médecine.
Dès l’édition de 1679, ce premier livre des
fièvres avait disparu ; il n’en restait que
quelques chapitres rattachés tant bien que
mal à d’autres Livres; etcette fausse indica-
autresfois fait voir quelque eschan-
tillon, donneroit occasion à plusieurs
de reprendre etblasmer mon dessein;
en ce que ie taschois d’instruire les
tion du catalogue, qu’on retrouve même
encore dans la huitième édition :
Quant au Hure des Fiéures, il a esté trans¬
porté et accommodé au Hure des Tumeurs con¬
tre nature , pour mieux instruire le ieune chi¬
rurgien.
Et enfin ce ne fut que dans la huitième
édition, en 1628, que parut pour la première
fois le Traicté de toutes sortes de Fiebures ,
tant en general qu’en particulier, auec les re-
medes et curations d’icelles, treuué dans les
manuscrits de l’autheur par ses en fans. Ceci
est le titre du catalogue ; le titre placé en
tête du livre même est celui-ci : Letrenties-
me Hure traictant des fiebures en general et en
particulier : par Ambroise Paré de Laual ,
conseiller et premier chirurgien du Roy ,
treuué dans les manuscrits de l’autheur, et
adiousté en ceste nouuelle édition.
C’est ce livre que nous allons reproduire.
Le premier, ou celui de 1676, était beau¬
coup plus court et ne traitait pas non plus
de tant de matières. J’avais pensé d’abord à
le réimprimer en entier, comme j’avais fait
LE VINGTIEME L!VKE
70
Chirurgiens en vne maladie qui n’est
point de leur gibier, qui ne touche en
aucune façon Fobiet de la Chirurgie,
qui est hors l’estendue d’icelle, et
qui appartient proprement au Méde¬
cin. On sçait assez ce qui est arriué
sur ce suiet, sans que ie m’estende
dauantage , ou à respondre à leurs
raisons , ou à m’excuser de mon des-
pour Lamaniere de extraire les enfans ; mais,
outre l’intérêt beaucoup moindre de cette
reproduction , j’ai bien vite reconnu qu’elle
ferait double emploi , presque tout le texte
primitif ayant passé dans le livre nouveau.
Là où la rédaction différera sensiblement ,
je donnerai les variantes dans mes notes;
pour le reste, j’indiquerai exactement les
passages correspondants du texte actuel ; en
sorte qu’au besoin on pourrait reconstruire
en entier ce premier livre. Il convient seu¬
lement ici d’en iqdiqqer la distribution gé¬
nérale. Il avait pour titre :
LIVRE DES FIEVRES
recueilli de Galien, Fernel,et autres autheurs,
et il se composait de 15 chapitres dont voici
les titres :
Ch. l'r. — Que c’est que fleure, et de ses causes.
Ce chapitre a été disséminé par morceaux
dans la préface et les chapitres et 2 de
la première partie du livre actuel.
Ch. II. — De la fleure ephemere.-~-l\ répond
au ch. 7 de la première partie du livre ac¬
tuel.
Ch. III. — Des fleures putrides, premièrement
de leurs causes et especes en general, — Ré¬
pond aux chapitres 12 et 13 du livre actuel.
Ch. IV. — Les signes des fleures putrides en
general. — Se retrouve tout entier dans
un paragraphe du ch. 13 du livre actuel.
Ch. V. — La curation des fieures putrides en
general. — Correspond au ch. 14.
Ch. VI. — Des fleures d’accez, et première¬
ment de la quotidiane intermittente. _ On
en retrouve un court fragment au ch. 17
et le reste au ch. 25.
Cii. Vil. — Des fieures tierces d'accès ou in¬
termittentes. — Disséminé dans les chapi¬
tres 19, 20 et 21 du livre actuel.
sein. l’ai trouué bon ‘ la censure de
l’escole de Médecine de Paris, comme
estant celle qui nourrit et esleue les
plus beaux pspfits qui soient en la
medecine, qui distribue la pure et
la vraye doctrine d’Hippocrates et de
Galien , et pour mon particulier, qui
Ch. VIII. — Des fleures quartes. — Corres¬
pond aq chapitre 28.
Cn. IX. — Des fieures continues, de leurs es¬
peces et de leurs signes. — Correspond au
chapitre 17.
Cn. X. — Cure de la fleure synoche putride.
— Correspond au chapitre IG.
Ch. XI. — De la fleure ardente , espece de
tierce continue. — Correspo:id au cha¬
pitre 23.
Cn. XII. — Cure de la fleure quotidiane conti¬
nue. — Correspond au chap. 26.
Cn. Xllf. — Curp de la fleure qugrlç conti¬
nue. — Correspond au chap. 31.
Ch. XIV. — De la fleure hectique, et de ses
différences , causes , signes et cure. — Cor¬
respond au chap. 35.
Ch. XV. — Pourquoy les accez des fleures in¬
termittentes retournent à certains iours.
sçauoir aes ^uotidianes tous les iours, des
tierces de trois en trois, des quartes de quatre
en quatre iours. — Fait actuellement le
chap. 18.
De eps quinze chapitres, sept seulement
avaient été conservés en tout pq en partie
dans l’édition de 1579 et le? suivantes; sa¬
voir, le 2s le 3« et le ip' fondus dans le
chapitre II du livre des Tumpursen general;
les 7« , 6» et 8® constituant les 15' 24' et 35*'
du même livre (Voyez f. I", pages 33C, 341,
360 et 371 ) ; et enün le 14' avait passé dans
le livre des Plages en particulier, ou il faisait
le chapitre 34. (Voyez f. Il, page 103. ) Mais
dans cette édition de 1.579, il y ayait eu dans
ces chapitres conservés des modifications et
des additions souvent importantes, dont
Paré ne s est plus souvenu en composant le
irpAT,':-
celtes qui viennent aptes ont mis:
ué bonne.
DES FIEVRES.
m’3 enseigné et donné ce peu de
sçaiiqir que ie desire pQmpiuniqner
aux autres.'Mais ie n’ay peu jamais
gouster la réprimandé de quplques-
yns, qui pour aiioir plus d’enuip à ma
réputation que de bonne volonté de
seruir au public, m’ppt chargé de
calpninie, accusé deplqgiaire,ctsans
oüjr mps raisons et prendre en bonne
papl ipes desseins, condamné d’igno-
rqpcp et de témérité, Ppur la pre-
ipiere,iene suispointsi apiateur de
mpy-mesipe et si esejaue dp mps per¬
fections , que ie pe confesse ignorer
beaucoup de choses en Iq mpdecine ,
que pour beaucoup de difficultés ie
n’pyepris l’aduis dp quelques méde¬
cins plus sçauans que ie ne suis, que
ie ne pie sois serpi dp leur conseil ej
de leur labeur, et que ie n’aye profité
beaucoup en leup cpnference et com-
mupicatipn. Mais pour la teiperité,
ie leur prie de croire que ie n’en suis
non plus coupable , qu’eux ne le
crqyent estre en la censure qu’ils
font de mes intentions.
Car pour dire la vérité, ce n’est ny
l’ambition de paroistre docte , ny
l’enuie que i’ay de ietter de la pous¬
sière aux yeux des médecins, que j’ay
entrepris ce disequrs des fiéures. Ç’a
eslé seulement le desjr de profiter au
public, de déraciner Ijeaucqup d’a¬
bus qui se sqntglissés danslapratjque
des chirurgiens qui sopt hqrs des
grandes villes , et de rendre vniuer-
sellpment le chirurgien plus prqpre
et plus instruit de serujr et soùlagpr
les médecins presens , et d’aduertir
les absens plus soigneusement et
exactement des accidens qui arriuent
aux malades. Car il est très asseuré
que le chirurgien ayant quelque Ip-
gere et superflcjplle çonnoissancp des
fiéures, peut plus conimodpment que
no le s(;auroient faire Ips gardes et
assistans des malades , aduertir le
médecin de l’espece dp la fiéure, et
dps accidens qui peupept supuenir.
Mpsme en rabspnpe du médecin, et
en cas dp nécessité pressante pt vrr
gente, ij peut doUUPr quelque aller
gemept, empescher les iuflammaUPUS
dps parties notdes, Pt dpstoun^pr par
quelque l’empde fait à propos pt tirp
par l’indication des effets et des cau¬
ses des fiéures, les symptômes qui
iptlept bien sopuent Ips malades dans
le péril de la mert. El yeritabiement
les fiéures estans des accidens qui acr
compagnent ordinairement pu le plus
squuent les dispositions contre na^
tpre qnc la phirurgip entreprend dp
guérir, comine sont les tumeurs, leg
playes , les vlceres , les fractures et
les luxations : yoire rnesme qUC les •
fiéures entretiennent Ipsdlte^ mala¬
dies et les empesebent de guérir, et
que pareillement le plu§ sQunent lesr
dites fiéures ne suruipnnent gup par
la dopleur et autres aPCidens desdi¬
tes maladies qui entretiennent les
fiéures tandis qu’elles subsistent : on
peut par là recpnnoistre qup la cqn-
noissance des fiéures et de leurs cau¬
ses est très necessaire au chirurgien*.
1 Ce débat a remplacé pejui du premierfivre
des Fièvres , dont on peut cependant recon¬
naître aisément les idées. En voici le texte :
Ch. I. — Que c’est que Fleure et de ses causes.
a Apres auoir discouru des indications que
doit tousiours auoir le chirurgien méthodi¬
que et rationel deuant les yeux , eiiscmhle
de l’anatomie, il m’a semblé estre necessaire
faire vn petit discours des Fleures : tant à fin
qu’il ne manquast rjen en ce nostre liure ,
dont le chirurgien peust receuoir instruc¬
tion , tant aussi qu’ayant quelque legiere et
superficielle cognoissancc d’icelles , il peust
plus conuapdément que ne sçauroient faiic
les gardes et autres assistans ignares de i art,
aduertir le médecin de l’cspec.; de la fieurc
LF> VINGTIÈME LIVRE ,
7*2
le (lemanderois volontiers à ceux
quiblasment si opiniastrement mon
dessein, que de iiiendra vu chirurgien,
lequel sera appellé à vn malade fe*
bricitant qui aura esté blessé à la
teste , et qu’il trouuera en de grands
vomissemens et en vn saignement de
nez ? Comment connoistra-il que le¬
dit vomissement et saignement de
nez viennent de la fleure et non de la
playe, s’il ignore tout à fait la nature
de la fléure, et qu’il ne sache que ces
accidens peuuent aussi bien venir de
la fléure que de la blesseure ? Il ne
sçauroit iamais s’esclaircir de ceste
difficulté sans ceste connoissance, et
ne pourra en asseurance traiter la
playe et en faire son prognoslic sans
ceste lumière.
C’est ce qui m’a induit à reuoir de
nouueau mon premier traité des fié- !
ures, et à l’accommoder à la capacité
des chirurgiens. le ne pretens pas par
iceluy de les rendre capables d’en¬
treprendre leur curation : elle doit
et des accidens qui seroient suruenus au
malade : et mesmes à iceux en son absence,
en cas qui requist prompt secours et sans
delay , donner quelque allégement , contra¬
riant tousiours tant qu’il sera possible , non
seulement aux effects, mais aussi aux causes
desdites fleures. Et véritablement les fleures
sont accidens qui accompagnent ordinaire¬
ment, ou le plus souuent, les dispositions
qui seront cy apres traictees : et les entre¬
tiennent et gardent qu’elles ne se peuuent
guarir : semblablement souuent sont causes
que les fleures interuiennent, pour la dou¬
leur et autres accidens , lesquels conuient
corriger par leurs contraires , premièrement
que pouuoir osier la fleure. Par quoy il est
bien necessaire au chirurgien cognoistre les
fleures et leurs causes, qui seront icy som¬
mairement traictees. »
C’était là alors tout le préambule, après
quoi l’autcurenlrait immédiatement en ma¬
tière. Voyez ci-après la note de la page 74.
estre entièrement reseruée aux Mé¬
decins nos Maistres : mais ie desire
faire en sorte qu’vn chirurgien ne
soit point surpris pour les accidens
qu'elles apportent , et qu’il puisse
estre capable de seruir le médecin
qui ne peut estre présent à la cura¬
tion. Et de fait, que l’on remarquera
que iene donne icy aucuns préceptes
ny enseignemens du pouls ou batte¬
ment des arteres , des signes et indi¬
cations qui sont prises des vrines et
des excremens du ventre, des vomis¬
semens , rigueurs , frissons , tremble-
mens, et autres changemens qui ac¬
compagnent les fléures , sans la con¬
noissance desquels il est impossible
de les guérir seurement , promptement
et doucement. Mais ie laisse cela aux
médecins, me reseruant simplement à
traiter ce qui est de la Nature, Diffé¬
rence, Signes, Curation, et Mitigation
des symptômes des fléures , ce que
i’estendray vn peu plus au long que
ie n’ay fait par cy-deuant , ma brief-
ueté ayant esté cause que les nouices
en la chirurgie n’ont peu receuoir le
proflt de mon œuure tel qu’ils se le
proposoient.
Or àfln que nous gardions quelque
méthode en ce discours , qui oste
l’obscurité et la difficulté du suiet
que nous traitons, nous le diuiserons
en deux parties : dont la première
parlera de la nature , différence ,
causes, signes, et curation des fléures,
tant en general qu’en particulier:
l’autre donnera quelques aduis sur
les symptômes et accidens d’icelles ,
tant à fin d’adoucir leur fascherie et
importunité, que pour en soulager le
malade qui se trouue quelquesfois
plus incommodé des symptômes que
des fléures mesmes. Mais deuant que
passer outre, ie veux que l’on voye
tout mon dessein racourci dans la
DES FIÈVRES.
73
figure suiuante, pour seruir non seu- le iugement de ceux qui voudront
lement d’indice à tout l’ouurage , lire mon discours,
mais aussy pour aider la mémoire et
TABLE
OV INDICE
DE TOUT CE DISCOYRS DES FIÈVRES.
( Définition, ch. 1.
l Causes, chap. 2.
j Signes, chap. 3.
! En general touchant leurj duration en gene-
l I rai. chap. 4.
/ Li première parle |
1 Moyens pour les
\ guérir, chap. 5.
Ce discours des fiéures)
a deux parties
[ En particulier [ Des différences, chap. 6.
f La seconde parle des symptômes des liéures. Voy. le second
^ Discours.
PREMIÈRE PARTIE
DES FIÈVRES EN GENERAL ET EN PARTICULIER.
CHAPÎTRE I.
LA DEFINITION DE FIEVRE.
C’est chose 1res - asseurée qu’en¬
tre toutes les maladies les fiéures
sont les plus communes et les plus
fascheuses. Il n’y a si petit mal, pour
peu de temps qu’il dure , qui ne soit
accompagné de la fleure, et si nous
voulons croire à quelques- vns, per¬
sonne ne meu^t sans fléure , non pas
ipespie ceux qui meurent de mort
violente. Elle est quelquesfois si na¬
turelle qu’elle accompagne quelques-
vns toute leur vie, comme qu’il on dit
arriue aux lions : les autres vue fois
tous les ans , et ce au iour de leur
naissance, comme on raconte d’ vn cer¬
tain poëte nommé Antipater , et d’vn
autre appellé lean l’Architecte. C’est
vn mal Ires-importun , pource que
par iceluy toutes les parties de nostre
corps extérieures et intérieures sont
affligées , d’où s’ensuit lésion et de-
prauation de toutes les operations. Ou¬
tre que par la vehemence d’iceluy les
esprits qui sont communs instrumens
de toutes nos actions sont manifeste¬
ment offensés, ou en leur qualité
pour estre trop eschauffés et subti-
liés, ou en leur quantité pour estre
promptement dissipés par l’ardeur
de la fléure, ou en leur substance
pour estre corrompus par l’infection
des vapeurs pourries qui sortent des
humeurs que font les fleures putri¬
des L En sorte que c’est vn mal tres-
pernicieux, veu mesme qu’il a son
siégé en la partie la plus noble que
nous ayons, qui est le cœur. le diray
toutesfois que , comme la nature n’a
point donné à la vipere de venin
qu’elle neluy ait donné pareillement
son antidote , aussi que la fléure n’a
point tant eu d’incommodité qu’elle
n’aye eu aussi auec soy quelque fruict
1 Ce début du chapitre premier est imité
et amplifié du deuxième paragraphe du pre¬
mier chapitre de l’ancien livre.
« C’est chose toute asseuree , qu’entre
toutes les maladies les Fieures sont tes plus
fascheuses , pource que par icelles toutes les
parties tant internes qu’externes sont affli¬
gées : dont S ensuit lésion et dépréciation de
toutes les operations : entendu en outre que
par la vehemence d’icelles les esprits, qui
sont communs instruments de toutes nos ac¬
tions , sont manifestement olfensez , ou en
leur qualité, pour estre trop eschaulfcz et
subtiliez, et aussi corrompus par l’infection
des vapeurs suscitez des humeurs putréfiez
és fleures putrides : ou en leur quantité,
pour estre promptement dissipez en l’ardeur
d icelles, dont s’ensuit que de tant que le
mal est grand et pernicieux, de tant faut-il
trauailler a le cognoistre : pour k quoy par-
uemC’ il sera bon de commencer par la dé¬
finition. »
DES FrEVRES,
et quelque douceur. Car nous obser-
uons apres Hippocrates et Galien ,
qu’il est quelquesfois à souhaiter d’a-
uoir la fiéurc , qu’elle guérit de plu¬
sieurs maladies, qu’elle vient par voye
de crise et de soulagement , et qu’elle
oste les incommodités que peut-estre
l’art de la medecine ne pourroit des-
raciner. Mais certes ce bien icy est si
rare et si peu ordinaire , que quand il
arriue il donne mesme de l'apprehen-
Slon , et ferpit-on volontiers des sa¬
crifices comme anciennement à Rome
à la fleure, à fin qu elle n’eust point
à venir , ou à s’en retourner promp-
lepacnt.
Or en quelque façon que la fiéure
arriue , sa connoissance est tres-ne-
cessaire : c’est ppurquoy nous deuons
trauailler diligemment en ceste eslu-
de, et nous efforcer à son esi laircisse-
ment, à fin queleieune chirurgien en
tire profit. Nous auons dit que ceste
doctrine a deu3^ parties , l’vne qui ex¬
plique l’essence et la nature de la fié¬
ure, et l’autre qui regardeles apcidens.
La première est double , generale et
particulière. Pour la generale, elle
consiste à expliquer la définition de
la fiéure , ses causes, ses signes et sa
curation. Pour la particulière , e|}e
sera expliquée cy-aprés. C’est vne
maxime des iibilosophes , que les
choses generales et vniuerselles vont
lousiours douant les particulières , et
que la connoissance de cplles-cy dé¬
pend immédiatement de celles-là : ne
plus ne moins que les iodiuidus dé¬
pendent des especes , et cellcs-cy des
genres. C'est poufquoy il est très à
propos, pour esclaircir ce'fraité , de
commencer au general destiéures , et
voir auant que passer outre quelle
est sa définition.
le ne veux point ici rechercher cu¬
rieusement les noms do la fiéure grecs
7^
et latins, veu qu’ils seruent fort peu
à l’intelligence de la fiéure , et point
du tout à l’instruction du chirurgien,
le me contenteray d’apporter sa défi¬
nition ou description la plus propre
et exacte que i’ay peu tirer des meil¬
leurs auteurs. La fièvre donc n’est
au tre chose qu’ vpe intemperiecbaude
et seiche , excitée et enflammée au
cœur, et du cœur communiquée à
tout le corps par les veines et artè¬
res C En ceste définition le mot û’in-
‘ Cette définition n,e difTèr,epjas de cplle de
l’ancien livre,- cependant la disposition du
texte n’est pas tout-à-fait la même. Voici
donc ia suite du passage cité dans la note
précédente.
« Fieurp esf; pne intemperfitute efiande et
seiche, excitep pt epflarnmpp cueur, Pt
d’iceluy comniuniqpee partout je corps par
tes conduits des arteres Ep ceste définition
le genre est (intemperature) dont nous en¬
tendons que fleure est maladie des parties
similaires, et non des organiques. Les diffé¬
rences sont (chaude et seiche) pour distin¬
guer la fleure des autres intemperatures
froides et humides, dont nous apprenons
la ptianiere dp vipre des fleurps en geperaj
deuoir tendrp à réfrigération et humectjai-
tion, L’aufre différence (excitee au cueur)
pour mpnstrerlesubiet pt sjege de telle ma¬
ladie. Et de vray, si la fleure (comme nous
auons touché par cy-deuant, et comme aussi
cognoissent par expérience ceux qui sont at¬
teints de tel mal) est vne maladie non par¬
ticulière et resserree en vne partie, comme
l’ophthalmie, ains generale et vniuerselle à
tout le corps , il est bien raisonnable que le
siégé d’icelle soit en partie noble, principale,
et qui ait sympathieet intelligence manifeste
auec tout le corps.
» La définition de fleure ainsi expliquée,
nous viendrons maintenant ù la diuision.
Galien au commencement du premier hure
des différences des fleures fait plusieurs di-
uisions d’icelles, prises tant de leurs acci-
dens que de leur essence. Or d’icelles nous
choisirons et poursuiurons seulement celles
LE V^^GTIÉME LIVRE,
76
temperie est mis pour le genre , à fin
que nous conceuions que la fléure
estant vne intempérie, par conse
quent que c’est vne maladie des par¬
ties similaires , et non point des orga¬
niques : outre aussi que par ce mot
d’intemperie on distingue la üéuredes
maladies qui sont appellées commu¬
nes, pour être propres des parties simi¬
laires et organiques. Pour la premiè¬
re différence, nous auons dit que c’est
vne intempérie chaude et seiche , afin
de distinguer la fléure des autres in-
temperatures , soit simples , soit com¬
posées , qui ont leur nature diuerse
de celle de la fléure. le sçay que quel-
ques-vns ont estimé que l’intempera-
ture qui fait la fléure , est seulement
chaude et non seiche, fondés sur quel¬
ques passages d’Hippocrates etde Ga¬
lien mal entendus. Mais il n’y a point j
d’apparence de les croire , veu que
ces deux grands personnages ont es-
cril le contraire , et qu’il est impossi¬
ble qu’vne notable chaleur, telle que
l’on voit aux fiéures , soit sans sei-
cheresse. L’autre différence est com¬
prise en ces mots, excitée au cœur^ par
lesquels on donne à entendre quel est
le siégé et le lieu de la fléure. Il est très
certain que l’idée ou espece du mal
consiste en la partie affectée, et en la
qui sont prises des causes essentieles, pource-
que les autres n’estant d’aucun prouffît pour
la pratique et vsage de medecine : de celles
cy pouuons tirer quelques indications pro¬
pres pour la guarison des fleures , comme
nous monstrons par le discours d’vne cha¬
cune espece en particulier. »
Ce dernier paragraphe a été laissé de côté
dans le nouveau livre, où Paré s’est beau¬
coup plus étendu sur les différences des liè¬
vres. Voyez ci-après le chap. C.
disposition qui est contre nature :
mais c’est la partie affectée principa¬
lement qui fait distinguer les maladies
les vnes des autres Par exemple , par
où pensons-nous que la phrenesie , la
pleuresie et l’ophthalmie soient dis¬
tinguées les vnes des autres? Ce n’est
pas par l’inflammation , car toutes ces
trois sont inflammations, mais par la
partie malade : car la phrenesie est
vne inflammation des membranes du
cerueau,la pleuresie est aussi vne in¬
flammation de la membrane qui en-
ueloppe les costes : et l’ophthalmie
pareillement est vne inflammation ,
mais de la membrane de l’œil qui
s’appelle conionctiue. La fléure donc
est bien une intempérie chaude et
seiche, mais qui n’est pas resserrée et
attachée à une seule partie , ains qui
est excitée premièrement au cœur ,
et de là communique à tout le reste du
corps. Par où nous apprenons pre¬
mièrement, que la fléure n’est pas vne
maladie particulière et propre d’vne
seule partie , mais generale et vniuer-
selle à tout le corps ; et en second lieu ,
qu’elle ne pourroit estre communi¬
quée à tout le corps , si elle n’estoit
allumée en vne partie noble et prin¬
cipale , comme est le cœur, qui a vne
sympathie et communication mani¬
feste auec tout le corps , tant par les
arleres qui naissent de luy, que par les
veines qui luy sont enuoyées du foye.
Voila ce qu’on peut briefuement
dire pour l’explication et intelligence
de la définition de la fléure , n’estant
point besoin de s’amuser à une quan¬
tité de questions que l’on fait sur ce
suiet, lesquelles sont bonnes pour
l’escole , mais ne seruent de rien en
la pratique-
DES FIÈVRES.
CHAPITRE II.
des cavses generales de la fièvre.
Bien que l’on ait accouslumé de
mettre quatre genres de causes lors
qu'il est question d’examiner l’essence
des choses : si est-ce qu’en l’exposi¬
tion des maladies, on obmet tous-
iours la cause formelle et la finale ,
d’autant qu’elles seruentde peu à leur
connoissance. On se contente donc
de parler de l’efficiente , et de la ma¬
terielle.
Pour l’efficiente, c’est celle qui a
presque tout pouuoir, et par la¬
quelle l’interaperie chaude et sei¬
che , qui est le genre de la fiéure , est
engendrée. Or on peut dire générale¬
ment que tout ce qui augmente la
chaleur de nostre corps, iusquesàce
point qu’elle puisse empescher les
operations d’iceluy , est la cause effi¬
ciente de la fleure. Galien auliure
premier Des différences des fiéures
chapitre troisième, rapporte ceste
cause à cinq chefs principaux, au
mouuement , à la pourriture, à la ré¬
tention et suppression des excremens,
à l'attouchement et voisinage d’vne
chaleur externe et estfangere, au
meslange de quelquesubstancechau-
deparmylq nostre intérieure
‘ Nous retrouvons ici le texte de l’ancien
livre , faisant suite au passage reproduit
dans la note précédente.
« Doiicques les causes des fleures en pre¬
mière diuision sont de deux sortes, sçauoir
efficientes , ou materielles. Les causes effi¬
cientes sont do cinq especes.
» La première est le mouuement excessif
ou violent, tant du corps que de l’esprit. Ce-
luy du corps est ou actif volontaire, etc. »
En cet endroit l’auteur suit tellement son
77
[ Par le mouuement, on entend celuy
qui est violent et excessif, tant de
ancien texte, qu’à peine trouve-t-on çà et là
un mot de changé, sans que rien soit changé
au sens , et que ce serait véritablement faire
un double emploi que de le reproduire. Il
expose donc ainsi les cinq causes efficientes;
seulement, dans les exemples qu’il donne de
la cinquième, après les autres choses aroma¬
tiques, ameres, acres ou salees, il avait omis
les vins forts etpuissans. A partir de là aussi
la rédaction devient assez différente pour
qu’il devienne utile de la mettre en regard;
la voici donc :
« Telles sont les cinq choses efficientes ,
desquelles toutes sortes de fleures sont exci¬
tées : faut maintenant parler des mate¬
rielles.
» Les causes materielles des fleures sont
celles esquelles consiste, est placée et fondée
comme en son propre subiet , l’essence de la
fleure, sçauoir, l’intempérie chaude, ou
chaleur contre nature. Icelles causes mate¬
rielles sont de (rois sortes, comme ainsi soit
que la substance de nostre corps soit triple,
la spiritueuse ou aëree , l’humide et la so¬
lide : en l’vne desquelles la chaleur contre
nature estant vne fois allumée, sont exci¬
tées ces trois especes de fleures tant renom¬
mées entre les médecins, esquelles toutes les
autres se peuuent reuoquer. La première est
la Diaire ou Ephemere, de laquelle la cha¬
leur est àllumee és seuls esprits ou substan¬
ces spiritueuses. La seconde est la pulride ,
de laquelle la chaleur est allumée és hu¬
meurs. La troisième est hectique, de la¬
quelle la chaleur est allumée és parties so¬
lides de notre corps. De chacune d’icelles
nous parlerons par ordre , de telle sorte que
premièrement nous expliquerons leurs cau¬
ses, puis leurs signes, enfin toucherons en
bref la curation. »
Là finit le premier chapitre du livre pri¬
mitif. Il serait curieux de comparer ces doc¬
trines du seizième siècle à celles qui tendent
à reprendre vie parmi nous ; mais je laisse
cela aux médecins qui , par hasard ou au¬
trement, en viendront enfin à Jeter un
coup d’œil sur ce livre trop dédaigné.
78
LE VINGTIÈME LIVRE,
l’esprit que du corps. Celuy du corps 1
est ou actif , volontaire etprouenant
de nous, comme luitter, courir, ioüér
à la paume: ou passif, et qui nous est
donné par vne cause externe, comme
pour auoir esté en carrosse, ou auoir
pifitlê tti Chéuül faschëux et violent.
Célüÿ de l’efeljrit efet soin, veliemente
appréhension, faschérie, cOurroux, et
autres semblables passions de l’ame ,
lorsqu’elies nous tiennent fort sou-
uent et fort long temps. Mais il ne
faut pas icy s’ abuser, et penser que le
seul mouuement excite la fleure :
car nous voyons par expérience que
le repos, qui est son contraire, ap¬
porte souuent la fléure : car ceux qui
auoient de coustume de s’exercer,
s’ils viennent à s’adonner à l’oisiueté,
par accident tombent en fléure , tant
parce que les excremens qu’ils sbu-
loient dissiper par l’exercice, retenus
dansle corps, se pourrissans aisément,
reschauffent outre mesure : qu’aussi
pource que leur chaleur naturelle se
fait contre nature , pour n’estre plus
esuentée par l’exercice modéré, ainsi
qu’ellé souloit âuparauant.
La seconde cause efficiente des flé-
ures est la pourriture ou putréfaction,
qui n’est autre chose qu vne corrup¬
tion causée par vne chaleur estrange
et externe en vn humeur enfermé et
non esuenté , comme nous voyons
souuent aduenir aux phlegmons et
erysipeles , ausquels par conséquent
les fléures sont annexées et con-
iointes. Cette cause est propre des
fléures putrides ; c’est pourquoy nous
remettons en ce lieu là à en parler,
plus particulièrement et amplement.
La troisième est la rétention et sup¬
pression dés excremens , qui ont de
coustume d’eslrë vuidés et poussés
hors de nos corps, non seulement par
vne euacuation manifeste et sensible à
la veuë, comme sont les mois des fem¬
mes et les hemorrhoïdes des hommes,
mais aussi par vne euacuation qui ne
se voit point, et que nous appelions
insensible transpiration , qui se fait
par les pores du cuir ; car tel excre-
ment , principalement s’il est acre et
fuligineux , comme des hommes bi¬
lieux, retenu et entassé dans le corps,
ne pouuant expirer pour la densité
du cuir, ou pour la constipation des
pores d’iceluy , excite promptement
des fléures ou ephemeres ou putrides.
Laqitatriéme est l’attouchement ou
voisinage d’vne chaleur externe ,
comme du feu, des medicamens caus¬
tiques^ des rayons du soleil, d’vn
corps fébricitant auec lequel nous
auons couché , et principalement s’il
est d’vn tempérament picrochole ou
atrabilaire.
La cinquième cause des fléures
est la prise ou meslange de quelque
substance chaude parray la nostre
intérieure, soit qu’icelle substance
chaude soit médicamenteuse, soit
qu’elle soit alimenteuse. Ainsi voyons-
nous souuent qu’vne medecine de
scamonée ou de rhêubarbe donne la
fléure, à celuy principalement qui a
le foyc chaud. Le semblable fait l’v-
sage du miel et du sucre és corps des
ieunes hommes, d’autant qu’en iceux
les choses douces s’enflamment aisé-
meiu ei se tournent en bile : ce que
plus euidemment font les espices, et
autres choses aromatiques , amefes,
acres , ou salées : comme aussi les
vins qui sont forts et puissans.
Voila les cinij causes emclentes des
Mores qui ont esté tres-doclement
expl.queeset traUdes par Galien , et
du depuis conllrnldcs par tous les
médecins qui l’„„t sui„i.
parler des causes nialeilelles.esquel-
es consiste la nature de la lldure , et
OES FlÉVllES.
sur k'sslucllcs elle est placée et l'on¬
dée , comme en son propre suiet. Ces
causes icy sont de trois sortes, comme
estant rapportées à nostre corps , qui
est basli et constitué de trois diuer-
ses substances , de la spiritueuse ou
aëree , de la liquide ou humoralk\ et
de la solide. Car l’intemperie chaude
et seiche qui fait la fleure , venant
à s’attacher àl’vne de ces trois subs¬
tances , fait vne fléure diflerenle et
conforme à la nature de la subs¬
tance qui reçoit cette intempérie, et
à laquelle elle sert comme de ma¬
tière et de propre suiet. Par exem¬
ple, si l’intemperie s’attache à la
substance spirituelle ou aérée, il s’en¬
gendre une fléure vrayement spiri¬
tuelle., c’est-à-dire, qui est propre des
esprits de notre corps, et qui, pour
ne durer qu’un iour naturel, est ap-
pellée Ephemere ou Diaire. Si le feu
s’enflamme en la substance humoralle
la fléure sera vrayement humoralle,
comme ayant pour matière et suiet
les humeurs du corps. Que si la cha¬
leur s’allume en la substance solide
du corps , il se fera vne fléure hecti¬
que, ainsi nommée pource qu’elle est
stable et difûcile à guérir, comme les
choses qui ont pris leurs habitudes.
C’est pourquoy nous concluons , que
comme il y a cinq causes effleientes des
fleures cy-dessus speciflées , aussi y a-
il trois causes materielles, à sçauoir,
les esprits , les humeurs, et les parties
solides de nostre corps.
CHAPITRE HL
DES SIGNES DES FIÉVHES EN GENEKAL
Encore que la coimoissance des flé-
ures apparlienne au seul médecin ,
79
et qu’il n’y ait rien de plus difficile
en la medecine que le traité des
signes , si est-ce que ie ne laisseray
pas d’en parler vn polit mol en pas¬
sant : et tascheray d’en dire quelque
chose si vulgairement et grossière¬
ment , que le chirurgien pourra s’en
informer médiocrement , et en tant
qu’il en a besoin, pour le soulage¬
ment des malades qui se trouueront
pressés en l’absence du médecin.
Or le signe n’estant rien qu’vne
marque euidente et manifeste , qui
nous conduit en la connoissance
d’vne chose obscure et cachée , il est
à croire qu’en la recherche des signes
nous deuons trouuer quelque chose
qui soit plus euidente et plus mani¬
feste que la fléure : autrement nous
ne pourrions pas bien nous instruire
en sa connoissance. Donnons donc
quelques marques qui soient plus ai¬
sées à descouurir que la fléure, et qui
nous puissent donner certitude, les
ayant apperceuës en quelque corps,
que la fléure y est par nécessité.
Mais deuant que ce faire , il faut se
ressouuénir qu’il y a deux sortes de
signes, les vus appellés Diagnostiques i
qui seruent à reconnoislre la fléure
présente, les autres Drognosiiques,c\u\
déclarent l’euenement de fléure ,
quelle elle doit estre, mortelle ou sa¬
lutaire, longue oubriefue,etquandet
comment elle doit et se peut terminer.
Quant aux diagnostiques, il y en a
de certains propres et inséparables :
il y en a d’autres qui sont trompeurs,
douteux , equiuoques et moins asseu-
rés. A ceux-cy nous ne deuons pas
beaucoup nous arrester : si fait bien
aux autres,qui ne trompent gueres le
iugemenl du médecin docte et expé¬
rimenté. Quand ie dis qu’il y a en la
fléure et aux maladies des signes dia¬
gnostiques certains, asseurés, propres
8o
LE VINGTIÈME LIVRE,
et inséparables , ie n’entens pas dire
que chaque maladie ait vn tel signe
qui soit seul, ainsi que l’on dit en phi¬
losophie que le rire est vn signe seul
propre et asseuré de l’homme : mais
ie veux dire que toute maladie a vn
amas de quatre ou cinq signes , plus
ou moins , qui se rencontrans ensem¬
ble valent vn signe propre , tel qu’on
r appelle en philosop h ie . Par exem pie ,
si ie vois vn malade qui ait vne dou¬
leur poignante au costé, difficulté de
respirer, auec la toux: et la fiéure, ie
puis dire en asseurance qu’il a le signe
propre et inséparable de la pleuresie,
’et par conséquent qu’il en est malade.
De mesme est-il de la fiéure, laquelle
n’a pas vn seul signe pour sa connois-
sance,mais plusieurs qui concourans
ensemble nous la font asseurément
reconnoistre.
Le premier de ces signes , c’est la
chaleur: car comme enseigne Galien
au premier commentaire qu’il a fait
sur le sixième liure des Epidémies ,
article 28. si le goust est l’indice des
saueurs, de mesme la chaleur receuë
par le toucher est indice et .signe de
la fiéure, puisque la fiéure n’est
qu’ vne chaleur. Or ceste chaleur n’est
pas simple , naturelle et douce , mais
acre, piquante, et surpassant la nalu
relie : et au reste diffuse et estendue
par tout le corps , si ce n’est qu’elle
soit empeschée de s’espandre par tout.
Ce qui arriue en trois maniérés. Pre¬
mièrement , au commencement des
accès des fiéures qui ont des frissons,
par le reflux et concours du sang et
des esprits aux parties intérieures:
car en ce faisant les parties extérieu¬
res demeurent comme priuées de
chaleur. Secondement, és fiéures que
l’on appelle epiales, esquelles à cause
de la multitude des humeurs crues
amassées dans le corps , les parties
qui ont les humeurs plus subtiles et
ténues s’eschauffent, cependant que
celles qui sont les plus grossières de¬
meurent froides et sans chaleur. Tier-
cement és fiéures nommées lypiries ,
esquelles quelque partie noble inté¬
rieure estant assiégée de quelque in¬
flammation ou erysipele, il arriue
que le sang et les esprits sont arriués
des parties externes aux internes ,
comme par vne ventouse , en sorte
que la partie intérieure affectée
brusle , tandis que celles de dehors
demeurent sans chaleur. Mais quoy
que ce soit, la chaleur surpassant
l’ordinaire, soit qu’elle soit espandue
par tout le corps, soit qu’elle soit at¬
tachée à quelques parties principales,
est vn des signes de la fiéure. le dis
vn des signes , car il y a des fiéures
qui ont, comme enseigne Hippocrates
aux Epidémies, vne chaleur qui pa-
roist douce au toucher; et c’est pour-
quoy Galien a adiousté d’autres si-
gnespour la connoissance de la fiéure,
c est à sçauoir le pouls, les vrines, la
soif , et les veilles.
Pour le pouls il est tousiours fre¬
quent en la fiéure , et plus la fiéure
est grande , et plus le pouls est viste
et frequent. Mais pour scauoir ce
que c’est qu’vn pouls frequent, il fau-
droit prendre ce discours de plus
loing, ce qui n’est point necessaire
r, V. '^msiruire seule-
ment le chirurgien , qui n’a que voir
eu ce traite. Non plus qu’en celuy des
mines , qui seruent quelquesfois à la
connoissance delà fleure : mais si peu
senrement que les médecins les plus
expérimentés sont contraints de con-
Snx ‘«s ftlla-
cieux.Ioutesfoissiauec vne chaleur
aere,vn pouls freqneut, on apperçoit
DES F]i5:VRES.
des vHnes crues , ou grandement
teintes de bile, on peut comme en as-
seurance prononcer qu’il y a de la
fiéure. Et encore bien d’auantage, si
auec les signes susdits le malade est
trauaillë de quelque soif extraordi¬
naire, et de veilles desreglées et non
accoustumées, et dont on ne sçauroit
en reietter la cause sur quelque ehose
euidente et manifeste. Voila les cinq
signes comme propres et insépara¬
bles de la fleure, du premier desquels
Galien parle au commentaire cité du
sixième des Epidémies , du second et
troisième au liure second à Glau-
con , au premier liure des Vresages
des pouls , chapitre premier , et au
troisième des Crises cbap. troisième :
du quatrième et cinquième au Com¬
mentaire troisième du troisième des
Epidémies^ art. 34.
le viens aux signes prognostiques,
qui sont ceux qui font plus paroistre
le iugement et l’experieiice du Méde¬
cin. Car par iceux non seulement il
se conflrme ès remedes qu’il faut
faire au malade : mais aussi il s’ac¬
quiert vne telle authoritè sur luy, et
prend vn crédit si grand , que quoy
qu’il puisse proposer , il y trouue le
malade très obéissant Mais ces signes
icy estans en très grand nombre , et
de très difficile intelligence à ceux
qui ne sont consommés en l’art de
Medeeine, ils m’obligent de les passer
sous silence , et d’aduertir le chirur¬
gien de n’entreprendre iamais le pro-
gnostic des fièures, estant choses au
de là de sa eapaeitè et de son art.
Qu’il en laisse la charge au prudent
médecin, n’estant pas petite louange
à vn homme de seauoir se taire en
temps et lieu.
8i
CHAPITRE IV.
de la cvration des fièvres
EN GENERAL.
Il n’y a maladie plus commune
que la flèure, mais il n’y en a point de
plus diffieile à guérir. Anciennement
autant qu’il y auoit de médecins, au¬
tant y auoit-il de sortes de remedes
pour la traiter. Prodicus et Erodicus
auoient leur façon , Herophilus et
Erasistratus la leur, Asclepiades vne
autre , Themison vne autre : bref,
autant de testes, autant d’opinions.
Et en ce siecle icy où nous sommes ,
nous voyons que les alchymistes tien¬
nent vne autre forme de traiter les
fléures, que ne font pas les médecins
qui suiuent la doctrine de Galien, qui
a esté celuy lequel a plus diligem¬
ment recherché les remedes propres
et essentiels à la flèure , et a si bien
parlé de toutes les indications , qu’il
nous a osté les difficultés où ont
accouslumé de nous précipiter les
diuérses opinions et iugemens des
autheurs.
Nous auons dit au chapitre 3. et 22.
de nostre Introduction à la Chirurgie,
qu’il y auoit des indications neces¬
saires au chirurgien méthodique et
rationnel qui veut entreprendre la
guérison de quelque maladie : là i’ay
discouru amplement de la nature des
indications , combien de sortes il y
en auoit , d’où elles estoient prises et
puisées , et que par icelles seules on
distinguoit le chirurgien qui trauaille
par méthode et raison , d’auec celuy
qui trauaille par hazard à l’aduen-
ture, tels que sont les empiriques,
charlatans, et autres imposteurs. Cela
mis et posé pour fondement, nous di-
6
iii.
LE VINGTIEME LIVRE ,
82
sons que pour guérir la fléurepar rai¬
son, puisque c’est vne maladie, que le
chirurgien le doit faire par les indica¬
tions prises des choses naturelles, non
naturelles et contrç nature. Lesquelles
choses toutesfqis, (1 Un de les racour-
cir, se peuuent et se doiuent rapporter
à trois indications principales, sça-
uoir à celle qui est prise de la uiala-
(lie, à celle qui est puisée de sa cause,
et à celle qui est prise des forces Au
malade,
Par la première, nous apprenons que
la fiéure ainsi que les autres maladies,
se doit guérir par son contraire, es¬
tant vn axiome très certain en la doc¬
trine d’Hippocrates et de Galien, que
tout contraire se guérit par son con¬
traire. Or est-il que nous auons escrit
cy-dessu.s que la fiéure estoit vne in-
tcniperie chaude et seiche, par çonse- j
quent il faut pour guérir fa fiéure
vser de remedes rafraichissans et hu-
mectans- Donc la prerniere indica¬
tion nous apprend, que le cl^irurgien
qui voudra entreprendre à guérir la
fiéure, généralement parlant, ne doit
se sernir que des remedes qui rafrai-
chissent et qui huniectent, estant im¬
possible d’oster la chaleur que par
les choses rafraîchissantes , et de cor¬
riger la seicheresse que par celles qui
mouillent et humectent.
Pour la seconde indication, efie est
prise des causes du mal , lequel ne
peut estre guéri si ce n’est en retran¬
chant la cause , estant très véritable
raxiome des philosophes , que l’effet
cesse , sa cause estant ostée. H faut
toutesfois icy obseruer qu’il y a des
fléures, telle qu’est fephemere et
diaire , qui persistent ençores que
leurs causes, soient ostées : ef c’e%t
pourquoy ceste indication n’a fieu
qu’aux fiéures qui ont leurs causes
présentes, et qui sont en mouuement,
qui fomentent et entretiennent le mal
par leur prosence et par leur action ,
et qui donnent commencement, pro¬
grès et entretien par leur effet reel et
actuel ausdites fiéures. Lors que telles
causes se présentent , alors le chirur¬
gien par ceste seconde indication doit
recourir à leur retranchement , à fin
de couper le mal en sa racine ; veu
que ce seroit vn abus de le vouloir
oster tandis qu’on laisseroit en force
et en vigueur le principe et l’agent
de sa génération. Partant toutesfois
et quantes qu’il y aura vne cause
présente, faut commencer la curation
de la fiéure par le retranchement de
ceste cause , quoy faisant on ostera
tout ensemble et la cause de la fiéure,
et la fiéure mesme , sans autre plus
grand appareil. Que s’il n’y a point
de cause présente en la fiéure, comme
il arriue à l’epfiemere causée par
l’ardeur du soleil , laquelle persiste
fiors la presepee d’iceluy, alors il ne
faut point s’amuser à ceste indication,
mais il faudra seulement combattre
par remedes rafraichissans et hu-
meçtans l’intemperie chaude et seiche
de la fiéure. Mais s’il arriue qu’en
partie la fiéure soit faite , en partie
qu’elle se fasse , c’est à dire que si la
cause de la fiéure n’y est plus , mais
qu’vne autre pareille cause vienne à
entretenir la mesme fiéure , il faut
premièrement ester ceste derniere
cause , et puis il faudra combattre
la fiéure faite de la première cause
absente par la voye de la première
indication, ie veux dire par les ro-
medes qui rafraichissent et humec¬
tent.
Passons à la troisième indication , la¬
quelle se prend des forces du malade:
icelle n’estant rien que le dessein qu’a
le chirurgien de maintenir la vertu
du fébricitant, et luy donner la force
uiîs riÉvRiîs.
do résister au mal iusqiies à la fin ,
par le moyen de la bonne nourriture.
Par ceste indication on ordonne vn
régime de viuro contraire à la fleure
et à ses causes, mais qui est conforme
et proportionné au tempérament, à
l’aage , et à l a cousin me du fébrici¬
tant ; et souuent nous faisons tel es¬
tât de celte indication , que nous lais¬
sons là les deux autres pour embrasser
ceste-cy ; car comme nous auons dît
ailleurs, le plus souuent nous laissons
la propre cure et principale de la fle¬
ure , qui est le retranchement de la
cause , pour suiure ceste indication ,
et nous employer à la conseruation
de la force et vertu du fébricitant.
Par exemple, aü commencement des
accès de la fleure, en prenant indica¬
tion de la maladie , il n’y a rien si
contraire que le manger , veu qu’il
augmente la matière de la fiéure ;
tdutesfois s’il aduenoit que les forces
du malade fussent si debiles , que le
malade ne peust résister à l’effort de
l’accès , alors pi’enant indication dés
forces , et non d’autre chose , il fau-
droit nourrir le malade et luy donner
à manger, encore bien que la matière
de la fléure s’en deust augmenter.
Douant que finir ce chapitre, il faut
obseruer deux choses : la première,
que les deux premières indications
quelquesfois s’accordent ensemble,
quelquesfois elles sont contraires en-
tr’elles : si bien que l’indication qui
oste la cause de la fléure , augmente
l’intemperie de la fléure. Au premier
cas la chose est bien aisée, car il ne
faut rien faire que rafraîchir et hu¬
mecter , comme il arriue aux fiéures
bilieuses : car eu esgard à l’inlempe-
rie de la fléure qui est chaude et sei¬
83
che , il faut rafraîchir et humecter :
eu pareillement esgard à la cause
materielle de la fléure, qui est la bile
aussi chaude et seiche, il ne faut faire
autre chose que rafraîchir et humec¬
ter. Mais lorsque deux indications
ne s’accordent pas , comme és fléures
pituiteuses et melancholiques , alors
il faut prendre indication de la chose
qui presse le plus et qui apporte plus
de peine ou de péril au malade , ne
négligeant pas tout à fait neantmoins
l’autre indication. En vn mot , il faut
s’adresser premièrement et principa¬
lement au plus necessaire et plus vr-
gent , et puis après à ce qui presse le
moins. L’autre chose à obseruer est
pour la seconde indication , que nous
auons dit estre prise du retranche¬
ment de la cause. Or ce retranchement
ne se peut faire par vn seul remede,
mais par diuers moyens , à cause
qu’il n’est pas question d’vne seule
cause en la fléure, mais de plusieurs,
comme nous auons donné à entendre
cy-dessus. Par exemple l’estouperaent
des pores et conduits du cuir, et la
suppression de l’excrement acre et
fuligineux qui se fait par ces pores ,
sont ostés par les medicamens relas-
chans, résolutifs et digestifs : la pourri¬
ture par ceux qui euacuent , cuisent,
contemperent , atténuent, incisent et
ouurenl : l’obstruclion des vaisseaux,
si elle est faite par humeurs crasses ,
lentes et froides, par ceux quieschauf-
fent puissamment et qui incisent et
atténuent : si elle est causée d’hu¬
meurs bilieuses, par ceux qui rafraî¬
chissent : et ainsi des autres , comme
nous dirons au progrès de ce Traité ,
en la cure de chaque fiéure en parti¬
culier.
LE VINGTIEME LIVRE,
H
CHAPITRE V.
DES MOYENS DESQVELS ON SE SERT
A GVERIR LES FIEVRES.
Il faut parler en ce chapitre des
instrumens ou remedes qui peuuent
seruir à obtenir la fin des trois indica¬
tions que nous auons expliquées au
chapitre precedent. Car ce n’est pas
tout de dire qu’il faut se seruir de re¬
medes froids pour esteindre la fiéure,
qu’il faut couper la cause de la fiéure
par son contraire , et qu’il est neces¬
saire de restablir et conseruer les
forces du malade : il faut sçauoir par
quels insl rumens ou moyens nous
pouuons venir à la fin de cesdesseins.
Or ces inslrumens sont trois , autant
qu’il y a de sortes de remedes en la
partie de medecine qu’on appelle
thérapeutique , sçauoir la diele^ la
chirurgie, et la pharmacie.
La diete n’est autre chose que l’or¬
dre et la reigle qu’on doit garder, non
seulement au boire et manger , mais
aussi en l’vsage des six cfioses que les
médecins appellent non nalurellés ,
qui sont Voir , le boire et le manger^
le dormir et le veiller, l’exercice et le
repos , la modération aux affections et
passions de i’ame, et l’excretion et ré¬
tention, ou repletion et inanition. Par
la chirurgie, nous entendons les ope¬
rations de la main qui seruent à la
guérison des fiéures. Et par la phar¬
macie l’vsage des medicamens, soit
purgatifs, soit alteratifs, qui doiuent
estre employés à la cure des mesmes
fiéures.
Pour ce qui est de la d'ete des fié¬
ures, nous pouuons définir en general
qu’elle doit estre rafraichissante et
humectante tant que faire se pourra,
ayant esgard à la nature du malade,
à son aage, à sa coustume, et au
pais où il est. Et à fin de particulari¬
ser ceste réglé , et rendre nostre doc¬
trine plus claire et intelligible, nous
disons que l’air que hument les ma¬
lades doit estre froid et humide : que
si la saison ne le permet , il faut le
préparer par l’art de medecine , ar-
rousant la chambre du malade d’eau
fraîche, semant par icelle des fueilles
de violiers de Mars, de vigne, de laic-
tues, des fleurs de nénuphar et de ro¬
ses, et choses semblables : d’autant
que par ce moyen l’air estant rendu
froid et humide , imprime à tout le
corps les mesmes qualités, et bien
d’auantage au poulmon et au cœur ,
ausquels il est porté directement par
la respiration : ce faisant on modéré
l’intemperie chaude et seiche de la
fiéure par la première indication , qui
est de guérir le mal par son contraire.
Pareillement la qualité des viandes
doit estre froide et humide, pour les
mesmes raisons , prenant garde que
telles viandes soient aisées à cuire , et
de bon suc , et qu’on en donne en
telle quantité qu’elle suffise à entre¬
tenir les forces et la vertu du malade,
et en temps où elles puissent tous-
iours profiter, et ne nuire iamais. Les
meilleures viandes et plus communes
des febricitans sont bouillons, iauncs
d’œufs , gelées, pruneaux cuits, pom¬
mes cuittes , orges mondés , et autres
viandes legeres faciles à digerer, et
qui ne charpnt point l’estomach.’Le
boire des febricitans doit estre de
l’eau bouillie , de la ptisane faite
auec reglisse, orge et choses sembla¬
bles, et quelquesfois de l’eau meslée
auec quelque syrop rafraichissanl et
humectant, comme est le violât, et
de nénuphar. Galien , au neufiéme de
la Méthode, recommande l’eau froide
DKS FIKVI^ES.
pour la fiéure , mais auec certains
(liorismes et précautions qu’on peut
aller voir à loisir dans le mesme au¬
teur. Pour le vin, il leur doit eslre dé¬
fendu , sur tout s’il est puissant , gé¬
néreux, fort, fumeux et grossier.
Pour ce qui est des veilles et du som¬
meil , elles doiuent estre modérées, en
sorte toulesfois que le sommeil soit
plus long que les veilles : car combien
que les veilles rafraicbissent d’auan-
tage les parties intérieures, et le som¬
meil les extérieures , à cause que par
les veilles la chaleur s’espand au de¬
hors , et par le sommeil se relire au ]
dedans : si est-ce toutesfois qu à cause
de beaucoup de biens et commodités
que le sommeil apporte à l’esprit et
au corps , comme d’aider la coction ,
reslablir les esprits, fortifier les puis¬
sances de l’ameet du corps, esleindre
la soif , arrester les vomissemens , la
toux et le flux de ventre, humecter le
cerueau et tout le corps ; à cause, dis-
ie , d’vn plus grand bien , le sommeil
des febriritans doit estre plus long
que les veilles. Quant à ce qui est de
l’exercice du corps ou du repos, il est
tres-asseuré que l’exercice eschauf-
fant et les humeurs et les esprits, que
le repos est à préférer , et qu’il doit
estre recommandé aux febricilans,
puis qu’il rafraischit et humecte ,
blasrnant la façon de faire de Prodi-
cus et Herodicus et de leurs secta¬
teurs, lesquels par l’exercice de luiter
et de courir, qu’ils faisoienl faire aux
febricilans , les tuoient pluslosl que
de les guérir.
Les passions et perturbations de
l’ame ne sont aucunement vliles aux
febricilans au contraire le repos et
la tranquillité de l’esprit leur est ne¬
cessaire, estant par ce moyen le
trouble des humeurs et des esprils,
qui suruient par l’excès des passions,
85
telles que sont la cholere, la ialousie?
le chagrin, la tristesse et le desespoir :
la ioye modérée par accident, car par
icelle le sang se retirant du coeur ,
qui est le siégé de la fiéure, és autres
parties du corps, et principalement
aux extérieures , elle est cause que
le cœur se rafraichit aucunement,
et par conséquent diminue l’intempe-
rie chaude de la fiéure. Il n’y a point
de passion qui fust plus propre aux
fiéures que la crainte, laquelle ra¬
fraichit les humeurs et les esprits ,
si ce n’est qu’elle apporte beaucoup
déplus grands accidens auec elle ; et
de fait nous lisons que plusieurs per¬
sonnes , par crainte et frayeur subite
et non preueuë, ont perdu tout à fait
la fiéure, par vn extraordinaire ra-
fraichissement du cœur et des parties
contenues en iceluy, causé de l’excès
de reste frayeur. Ce que i’adiousle
pour donner à entendre qu’il ne faut
pas pour esfeindre la fiéure vue pe¬
tite crainte, et telle qu’elle arriue
communément : mais qu’il faut vne
frayeur extraordinaire et excessiue ,
qui ait non seulement le pouuoir de
faire retirer le sang , les esprits et la
chaleur des parties extérieures vers
le cœur, mais aussi de rafraichir la
chaleur du cœur sans l’esleindre
neantmoins tout à fait: en quoy on
descouure la difficulté et le péril de
ce remede.
Le dernier article des choses non
naturelles qu’on doit obseruer pour la
fiéure est la rétention cl euacuation ,
la rétention des choses vtiles et profi¬
tables au corps, et l’euacualion des
excremens et superfluités nuisibles,
le ne m’eslens point d’auantage au
dénombrement de telles choses: ie
diray seulement que si les excremens
du ventre, lesvrines, lessueurs, etc.,
sont retenus trop longtemps au corps
86
LE VINGTIEME LIVRE
(lu fébricitant, qu’ils augmentent la
tiéure , et la diminuent quand ils sont
euacués en temps et lieu et en quan¬
tité suffisante : comme au contraire ,
s’il suruient au fébricitant vne eua-
cuation d’bumeurs froides au lieu des
chaudes, il sent la tiéure s’en aug¬
menter : et trouue que ses forces s'ab-
battent , s’il luy arriue vne euacua-
tion des choses qui doiuent estre
retenues au corps , et qui luy sont
vtiles et necessaires. l’ay rapporté
en mon Introduction de chirurgie ,
chap. 17. ce sixième chef des choses
naturelles à la repletion et à l’inani¬
tion , et ay particularisé les especes
et différences , lesquelles peuuent es¬
tre rapportées en ce lieu , et accom¬
modées à nostre intention. C’est pour-
quoy ien’en diray rien d’auantage, et
passeray à l’autre instrument de la
thérapeutique , qui est la chirurgie.
Quand nous parlons icy de la chi¬
rurgie , nous n’entendons pas parler
de toutes les operations de la main
qui luy appartiennent , mais de celles
seulement qui peuuent seruir à com¬
battre et guérir la tiéure, telle qu’est
principalement la saignée. Non pas
que la saignée conuienne directe¬
ment et proprement à la tiéure , mais
indirectement seulement , par acci¬
dent. Le propre de la saignée n’est
pas de rafraichir et d’humecter, mais
de vuider le corps et d’euacuer le
sang , à quoy à la vérité succédé le
rafraicbissement , par la diminution
qu’on fait du sang et de la chaleur
qui l’accompagne. Elle peuttoutes-
fois conuenir à la fiéure , par le
moyen d’vne de ses causes , qui est la
plénitude , laquelle ne peut estre os-
tée plus promptement et seurement
que par la saignée. Pour toutes ces
raisons, et pour destourner quel-
quesfois les fluxions qui se font sur
les parties nobles en la pluspart des
fiéures , et aussi pour donner air et
vent à la chaleur qui est csloufTée
dans le corps, comme pareillement
pour desgager les obstructions , et
pour beaucoup d’autres commodités
qu’apporte la saignée au corps, elle
est fres-propre et tres-necessaire aux
fiéures, en sorte qu’il serait presque
impossible de les guérir, si ce n’estoit
par son moyen. Et voila principale¬
ment l’operation pour laquelle la
chirurgie est vtile aux fiéures : bien
qu’on se serue encore de quelques
autres , mais moins puissantes et
moins profitables, comme sont l’ap¬
plication des sangsues , les scarifica¬
tions faites aux iambes, vsuelle en
Egypte , Espagne , et quelques lieux
d’Italie : les ventouses et les cornets
appliqués sur les espaules, et presque
sur tout le corps, auec ou sans scari¬
fications et mouchetures : les sinapis¬
mes, vésicatoires et cautères, et
autres choses semblables , lesquelles
sont employées à la guérison des fié¬
ures , mais auec bien peu de succès.
l’aurois beaucoup à discourir sur
le troisième instrument qui conuient
aux fiéures, qui est la Pharmacie, sinon
que ie me reserue au particulier des
fiéures. Nous dirons toutesfois en ge¬
neral que la Pharmacie abeaucoup de
moyens à employer pour la guérison,
qu’elle prend des medicamens tant
purgatifs qu’alteratifs, qu’elle donne
ou intérieurement ou extérieurement,
soit pour tout le corps, soit pour (luel-
qu’vne de ses parties. Les lauemens
ou clysteres, les brcuuages purgatifs
les emelic[ues ou vomitoires, les bo-
lus,les pillules, seruept h osUu-la
cacochymie, et à purger le corps de
beaucoup de superfluités qui nour¬
rissent et entretiennent la fiéure. Les
juleps et apozemes rafraichissans et
DES FIÈVRES.
hutnectans , les epitliemes , fomenta¬
tions, liiilmens, bains, onguens,
combattent directement les causes
de la fléure et intempérie chaude et
seiche. Les alexiphatmaques et cor¬
diaux corrigent la malignité des hu¬
meurs , donnent de la force et de la
vigueur au cœur et pal lies nobles, et
résistent à la pourriture qui se mesle
d’ordinaire parmy lesfléures. Bref, il
n’y à rien en la pharmacie qUi ne
puisse aider à la guérison des fleures,
s’il est bien mesnagé par un docte et
iudicieux médecin , qui sait mesme
tirer profit des poisons et venins pour
rvtilité et salut des malades.
CHAPITRE TL j
LA DlFFEEENCE DES FIEVRES.
Encore bien que les philosophes
ayent accousluraé de faire suiure la
diuision des choses après leur défini¬
tion : si est-ce toulesfois que ie me
suis reserué à parler de la différence
des fléures en ce lieu , et en apporter
toutes les especes , à fin d’auoir l’oc¬
casion et le moyen de parler de cha¬
que espece de fléure tout d’vne suite,
et sans interruption d’autre matière.
Or les médecins n’ont pas tousiours
esté^ bien d’accord lors qu’il a fallu
assigner les especes et différences des
fléures : c’est pourquoy Galien re¬
prend les anciens pour auoir gran¬
dement erré en ce suiet : les vns pour
auoir mis moins de différences de
fléures qu’il y en a , les autres pour
auoir rapporté celles qui sont acci¬
dentelles au lieu des essentielles : et
les autres pour auoir supposé, au lieu
des différences vtiles et necessaires,
celles qui sont purement inutiles et
87
sans profit. De fait, que nous appre¬
nons que les vnsontprisla différence
des fléures de leur inuasion , disans
que les vues prennent sans frisson ,
les autres auec frisson : quelques-vns
les ont prises en l’essence ou condi¬
tion de la nature de la fléure , asseu-
rant que des fléures les vnes ont vne
chaleur aiguë et mordante au toucher,
les autres vne chaleur douce ; quel-
ques-vnes qui paroissent douces , et
qui se font sentir peu après aigres et
mordantes : et quelques autres enfin
qui semblent aigres et aiguës , et qui
deuiennent douces à la main. Il y
en a qui prennent la différence des
fléures de l’intension de leur chaleur,
appellant les vnes brmlantes , et les
autres tiedes et debiles : ou bien les
diuisent selon les accidens et qualités
qui accompagnent ladite chaleur. Par
exemple, ils appellent les vnes sei¬
ches et salées , les autres venteuses et
horribles à voir, ils en nomment quel¬
ques autres humideé , rouges , pasles ,
liuides , malignes, veneneuses , pesïi-
léûtes^pop'tilaiHs, lentes, aiguës, conta¬
gieuses , et ainsi des autres. Bref, plu¬
sieurs croyent que la distinction des
fléures doit estre prise des humeurs
dentelles sont faites, et par consé¬
quent que les vnes sont sanguines ,
les autres bilieuses, les autres pitui¬
teuses ou phlegmaiiques , et quelques
autres melancholiques. Mais pour dire
la vérité de toutes ces différences , il
n’y en a pas vne qui soit sans repre-
hension , veu qu’elles sont en partie
ou superflues ^ ou défectueuses , ou
inutiles , ou de peu de considération.
Nous auons dit cy-dessus que la
différence des fléures , selon Galien ,
doit estre prise du suiet ou matière
où elles s’allument dans noslre corps,
qui sont les esprits, les humeurs, et
les parties solides, d’où il résulté
88
LE VINGTIjJjVIE LIVRE
trois genres de fleures, que l’on ap¬
pelle spirikielle ou ephmere, humo-
rale,et hectique; la première desquel¬
les s’allume aux esprits , la seconde
aux humeurs , la troisième aux par¬
ties solides : et il n’y a aucune autre dif¬
férence de fleures qui ne puisse estre
rapportée à l’vne de ces trois, comme
nousverronsen la suite de ce discours.
l’adiousteray toutesfois pour plus
grand esclaircissement de ceste doc¬
trine , et pour nous accommoder à la
capacité des ieunes chirurgiens, pour
l’instruction desquels nous auons ra¬
massé ces préceptes des œuures des
meilleurs autheurs de la medecine ,
que toutes les fléures sont ordinaires
ou extraordinaires. l’appelle ordinai¬
res celles qui sont communes et vul¬
gaires , et n’ont rien que les accidens
communs qui les accompagnent sou-
uent et fréquemment , sans soupçon
d’vne cause plus cachée, ou d’effets
prodigieux et estranges. Les extraor¬
dinaires sont celles qui ont quelque
chose par de-là les communes , soit
en leur cause , ou en leurs effets , ou
en leurs accidens , ou en quelque au
fre chose qui les accompagne, comme
sont les fléures pestilentes , les epi-
demiques, la sueur d’Angleterre, etc.
Pour les ordinaires elles sont essen¬
tielles ou symptomatiques : les es en-
tielles sont ainsi appellées à cause de
leur origine qui vient d’elles mesmes,
et non en suite d’vn autre mal, com¬
me d’vne inflammation de quelque
partie , ainsi que font les symptoma¬
tiques. Or ces fléures essentielles sont
de trois especes, ephemeres, humorales.^
et hectiques , desquelles nous allons
I parler particulièrement, commençant
aux ephemeres.
Les fléures sont, ou)
t Ordinaires, et c’est ou < ^
, / Ephemeres, chap. 7.
\ Essentielles, et sont trois. < Humorales, chap. 8.
I NÆ'ecaques. chap. 3'».
■\ \Sympiomaliques. chap. 35.
\ Extraordinaires, chap. 36.
CHAPITRE VIL
■DES FIEVRES EN PARTICVLTER, ET PRE¬
MIEREMENT DE LA FIEVRE EPHEMERE
Après auoir parlé des fléures en ge¬
neral , il faut descendre au particu-
‘ Ce chapitre répond au chapitre deuxième
du livre primitif, et ce chapitre deuxième
avait lui-même passé en très grande partie
dans le onzième chapitre du livre des Tu¬
meurs en general dès l’édition de 1579. Nous
aurons donc à instituer dans ces notes une
double collation , pour indiquer tes portions
du texte qui ont varié ou qui sont restées les
mêmes dans ces diverses publications.
lier d’icelles, et commencer à celle qui
est la moins périlleuse et de moindre
durée. C’est Vephemere, ou iourna-
liere, ainsi appellée poureequede sa
nature elle parfait son cours et son
temps en vn seul accès , qui ne dure
O- Heu¬
res, qui est l’espace d’vn iour naturel
ce qui a pareillement fait qu’elle à
esté nommée diaire, qui vaut autant à
dire chez les Latins qu'ephemerechez
lesGrecs, etiournaliere aux François.
Cy-deuant nous l’auons appellée sp/-
ritue le ou spxritueuse, d’autant qu’elle
s allume aux esprits du cœur, qui
On peut doncladcfinir, m. mlempe-
DIS FIEVRES.
rature chaude et seiche allumée aux es¬
prits vitaux, par l’espace de vingt-qua¬
tre heures seulement. Son temps est
fort court, parce qu’estant allumée
aux esprits, comme en \ne matière
ténue, subtile et fort aisée à dissiper,
elle ne peut subsister d'auantage : ne
plus ne moins que nous voyons que le
feu qui se prend à la paille, ou à quel¬
que autre matière deliée et sublile,
s'tsteint incontinent et est de fort peu
de durée.
Sa cause est tousiours externe , et
vient de dehors , appelée pour ce su-
iet des médecins Prvcalhartique : c’est
pourquoy elle est fort diuerse , bien
qu’elle se puisse rapporter à quatre
chefs principaux , sçauoir ; première¬
ment aux choses de dehors qui tou¬
chent le coi-ps extérieurement : secon¬
dement aux choses qui entrent dans
le corps : tiercement aux choses qui
apportent passion et alteration à l’es¬
prit ou au corps , ou ensemble à l’vn
et à l’autre : en quatrième lieu aux
symptômes et accidens contre na¬
ture. Au premier point se rapporte
l’air chaud et estouffant , l’air trop
froid et trop sec, les bains d’eau
froide ou alumineuse, qui poures-
touper ies pores du cuir eschauffent
les esprits par accident. Au second
appartiennent les alimens et les me-
dicaraens chauds et acres , le vin , les
espices et choses semblables , mesme
les alimens bien tempérés, mais pris
en trop grande quantité et sans me¬
sure. Le troisième comprend tous les
mouuemens et changemens naturels,
comme la faim , la soif, la lassitude ,
ire , fureur , tristesse , longues veil¬
les, etc. Le quatrième regarde prin¬
cipalement la douleur, qui pour estre
vu symplome Ires-ordinaire, ne laisse
pas pour cela d’eschauffer grande-
metït les esprits, et introduire en
iceux une intempérie chaude et sei¬
che. En vn mol , toutes les causes
nommées cy-deuant , communes à
toutes les especes de fiéures, peuuent
exciter la fiéure ephemere , excepté
la pourriture ou putréfaction qui est
reseruée seulement pour la généra
tion des fiéures putrides Le bubon
1 Tout ce début ressemble pour les idées
au début du chapitre 2 du livre primitif;
mais le texte en est un peu différent, ainsi
qu’on va en juger.
« Cn. II. — De la fieiire ephemere.
» Fieure ephemere ou diaire, est vne in-
temperature chaude et seiche allumée és es¬
prits vitaux, ainsi nommee quasi comme
iournaliere, du vocable latin dies, qui signi¬
fie iour : parce que de sa nature elle parfait
son cours en vn accez, qui ne dure pas d’a-
uantage que vingt quatre heures, qui est
l’espace d’un iour naturel, et ce à cause
qu’elle est allumée en un subiet ténu , aisé¬
ment et en peu de temps dissipable , sça¬
uoir, és esprits.
» Les causes des fieures ephemeres sont,
lassitude, ebrieté, ire, fureur, tristesse,
longues veilles, grande refrigeralion , adus-
tion, baings, mutation de vie déclinant à
chaleur par application ou prise dé médica¬
ments acres , comme venins ou alimens
chauds : bref toutes les causes nommées cy
deuant causes efficientes, communes à toutes
les autres especes de fieures, peuuent exci¬
ter la fieure diaire, excepté la seconde appe¬
lée pourriture ou putréfaction : car icelle
nous auons dit estre propre seulement pour
la génération des fieures putrides. »
Le texte est ensuite presque absolument
le même jusqu'aux endroits signalés dans
les notes suivantes.
Dans le livre des Tumeurs , il avait bien
fallu raitacher au phlegmon l’histoire de ces
fièvres ; en conséquence le chapitre commen¬
çait ainsi :
« Ch. Xr. — Del especes des fiéures qui sur-
uiennent au phlegmon, et curntion d’icelles.
» Entre les accidens qui plus corn mimé-
LE VINGTIEME LIVRE
mesmc , c’est-à-dire l’inflammation et
phlegmon des glandules , ioint auec
vne vlcere manifeste, et prouenant
d’vne cause manifeste , excite ceste
fleure diaire : comme au contraire ,
s’il est sans vlcere, prouenant de cause
latente et intérieure , comme inflam¬
mation et auti-e vice de partie noble,
cerueau , cœur et foye , excite vne
autre espece de fldure , et pire que
la diaire , comme escrit Hippocrate
en l’Aphorisme 55. du liure 4. où
il -dit ; Les fiéures qui suruiennent
aux tumeurs des glandules sont toutes
müUgneê, excepté les diaires. Lequel
aphorisme toutesfois n’est pas vray
en tout et par tout : comme il est
aisé à connoistre par les bubons qui
suruiennent aux enfans , et par les
bubons veneriens, lesquels, bien
qu’ils soient sans vlcere manifeste ,
ment accompagnent les phlegmons , et plus
generalement affligent les malades, sont les
fléures , c’est à dire, inlemperatures chau¬
des et seiches , excitees et allumées au
cœur, et d’iceluy départies à tout le corps ,
par les conduits des arteres, Icelles au phleg¬
mon sont ou diaires, ou synoches non pu¬
trides, ou synoches putrides. Fiéure est vne
ébullition de ferueur et d’inflammation ,
que les Grecs appellent Feu: carde quelque
espece que ce soit, est tousiours fondée en
chaleur contre nature. De la nature et cuj
ration desquelles ie diray icy briefuement
ce que i’en ay apprins de messieurs nos
maistres les Docteurs en medecine, auec les¬
quels i’ay hanté et pratiqué.
« Fieure ephemere ou diaire, etc. »
A partir de cet endroit, le texte suivait à
très peu près celui de l’édition primitive;
seulement, à la fin du premier paragraphe,
après ces mots, és esprits, l’auteur ajoutait :
et ne gisl point en pourriture , mais en vn es¬
prit exhalatif embrasé. De même au deuxième
paragraphe, parmi les causes de ces fièvres ,
il ajoutait : la faim, densalion ou aslriclion de
cuir. Et enfin , là même où le texte primitif
sont toutesfois ordinaifement sans
fleure dangereuse: aduertissement
que doit bien noter le ieune chirur¬
gien.
Les signes communs de la fiéure
ephemere sont , chaleur douce , haü-
teuse et suaue à rattouchement : le
pouls viste et frequent , quelquesfois
grand et fort, quand la diaire est
causée de courroux et de fureur , au¬
tres fois petit lors qu’elle est causée
de fascherie, tristesse, faim, froid,
crudité , au reste égal et bien réglé.
Les signes Ires-certains et pathogno¬
moniques sont , si la fiéure est sur-
uenue non lentement et peu à peu ,
mais subitement et inopinément de
quelque cause externe et euidente ,
sans que le malade aye esté premiè¬
rement degousté , sans auoir senti
vne lassitude spontanée, sans pro-
et le texte posthume se rejoignent , à l’occa¬
sion du bubon, lè texte intermédiaire était
un peu différent :
« Le bubon mesme , c’est a dire l’inflam¬
mation et phlegmon des glandules , excite
cette fiéure, selon l’aphorisme qui dit , que
les fiéures qui suruiennent aux tumeurs des
glandules sont toutes malignes , excepté les
diaires. Lequel aphorisme doit estre bien
entendu, et pris auec la distinction de Ga¬
lien , disant cela s’entendre seulement des
tumeurs qui viennent aux glahdules sarts
cause manifeste. Car autrement, les fiéures
qui en suruiennent ne sont tousiours dan¬
gereuses : comme nous voyons par les bu¬
bons qui suruiennent souuent aux enfans,
et par les bubons veneriens , qui sont sans
inflammation , ou corruption de foye : car
tels sont ordinairement sans fiéure dange¬
reuse ; aduertissement que duit bien nuter
le leune chirurgien. »
Et enfin un peu plus loin, cette phrase du
texte actuel qui se retrouve aussi dans le
texte primitif : ie ne fais mention des vrines,
se trouvait supprimée.
DES Ï'IÉVBES.
fond soîümeil, oscitation et bâille¬
ment , sans grande douleur , sans
lactation du corps et inquiétude, sans
horreur et grand frisson , bref sans
aucun autre fascbeux symptôme. le
ne fais point icy mention des vrines,
pour les causes que i^ay dites cy-de-
uant , et aussi à raison que le plus
souuent en ces fleures icy les vrines
sont semblables à celles des sains : ou¬
tre qu’en si peu de temps quelesdites
fleures durent, il ne se peut faire
gratid changement de la masse du
sang , de laquelle l’vrine donne con-
noissance , et non des esprits qui sont
lès propres suiets des fléures epheme-
res. Cy-dessus i’ay dit qUe ceste flé-
ure n’a qu’vn accès , lequel dure vn
iour de sa propre nature, combien
qu’il s’estende quelquesfois iusques à
trois ou quatre lours : et alors elle se
change facilement et dégénéré eu
fléure putride, si quelque erreur
suruient, ou par le defaut du malade,
ou par quelque autre chose exté¬
rieure. Elle desîne et Se termine ou
par insensible transpiration , ou par
vue moiteur etsueUr naturelle, douce
et non fetide ou puahte * : en sorte
qu’elle ne laisse après elle aucun
symptotne ny accident de ceux qui
ont accoustumé d’accompagner les
fléures , ou de leur suruiure.
L’ordre de la cure de ces fiéureS est
double, general ou commun, et par¬
ticulier à chaque fléüre. La cure ge¬
nerale consiste és six choses non na-
1 Le paragraphe s’arrêtait ici à la fois dans
l’édition de 1575 et dans celle de 1579 j et de
même aussi le suivant reprenait directement
par ces mots ; La mre generqle , etc. Mais il
faut ajouter que dans te chapitre de 1570 ces
deux paragraphes se trouvaient séparés par
une descriptiort do la lièvre synoque norr pu¬
tride , que nous retrouverons plus loin au
chapitre 0.
91
turelles , qu’on doit ordonne!’ par là
voye de contrariété à la cause desdi¬
tes fléures. En premier lieu, les bains
d’eau tiede et naturelle sont très-
vtiles, pourueu que le malade ne soit
point pléthorique, plein d’excremens,
ou autrement suiet à catarrhes et
defluxions : pource qu’eU fondant et
liqueflant les humeurs , et en relas-
chant les parties, on serOit cause
d’exciter ou augmenter le catarrhe :
c’est aussi pourquoy en tel accident
on doit euiler les frictions et onctions
faites auec les hiiiles tiedes, qui d’ail¬
leurs sont fort vtilês à ces fléures ,
principalement quand elles sont cau¬
sées par trauâil excessif , par adstric-
lion des pores, et par lès bubons ‘.Que
la nourriture soit rafraîchissante et
humectante, faite de viandes legeres,
de bon suc , et aisées à cuire et à dis¬
tribuer, Pour le boire oîi peut donner
de petit vin , et bien trempé , d’autant
qu’il rafraîchit , prouoque les vrines
et les sueurs , humecte èt fortifie l’es-
tomach , et recrée les esprits. Qu’on
se donne loütesfois bien garde de le
donner lorsqu’il y aura douleur de
teste , et quand la fléure sera excitée
1 Le texte variait ici en 1575 et en 1579.
On lisait :
« Au rèste que cesté règle té Soit genètalé,
d’opposer à chaque cause dont ceste fleure
aura esté excitee , son contraire pour re-
mede, comme au trauail le repos, aux veilles
le dormir, à la colore etfascherie toutes cho¬
ses plaisantes , propos ioyeux et récréatifs :
au bubon la curation de l’vlcere dont il aura
esté excité , en apres celle du bqbon , enfin
de la fleure. Le vin médiocrement trempé ,
selon la coûstume du malade , est vtile en
toutes les causes de la fleure diaire, excepté
quand il y aura douleur de teste , quand elle
est excitee de courroux , et d’vn bubon, etCi »
Dans son nouveau traité, il a réservé cette
règle générale pour la conclusion du cha*
pitre.
9*-^ I-E VlNGTi:
de courroux el d’vji bubon: car,
principalomenl en ces derniers cas ,
il faut retrancher tout à fait le vin ,
iusques à tant que l’inflammalion
ayant passé son estât vienne en sa
déclinaison
Pour la cure particulière , il faiit
tenir pour réglé asseurée qu'à chaque
cause qui aura excité la fiéure , il est
necessaire d’opposer son contraire
pour remede , comme au trauail le
repos, aux veilles le dormir, à la
cholere et fascherie, toutes choses
plaisantes et agréables, propos ioyeux
et récréatifs ; au bubon la curation de
l’vlcere dont il aura esié excité , en
après celle du bubon, et enfin celle de
la fiéure. le ne parle point icy ny de
la saignée, ny de la purgation , d’au¬
tant que la fiéure estant courte , sans
péril, et sans l’impuretédu sang et des
humeurs , tels remedes genereux se-
roient icy hors de saison.
CHAPITRE VIII.
DE LA FIÉVBE HVIVIORALE, ET DE SES
DIFFEEENCES.
Pour esclaircir les différences des
fiéiires , il est besoin de s’arrester au
1 Ici se lerminaitle chapitres du livre pri¬
mitif. Lecliapitre 11 du livre des Tumeurseii
ÿe//era/ n’étant pas-uniquement consacré aux
fièvres diaires, se terminait par un long ar¬
ticle sur \esfiéuressynoches putrides ;maL\s‘dn-
paravant il contenait ce court paragraphe
qui a encore rapport à la fièvre diaire, et
qui n’a pas été reproduit dans le livre pos¬
thume :
« Geste sorte de fiéure trauaille assez sou-
uent les petits enfans. (.ors donc leurs nour¬
rices doiuent estre pensees comme si elles
blE LIVIIE,
précepte de Galien , qui nous aduer-
tit que la fiéure ayant son siégé dans
le cœur, elle ne peut auoir plus de
différences qu’il y a de parties dans
iceluy. Or est-il que dans le cœur
nous n’y considérons que trois parties,
scauoir le corps et la substance du
cœur, les humeurs qui sont conte¬
nus dans iceluy, et qui seruent à le
nourrir ; et enfin les esprits vitaux ,
qui sont continuellement engendrés
en iceluy. Partant il ne peut y auoir
plus de trois genres de fiéures , dont
la première est allumée comme il a
esté dit dans la propre substance du
cœur ; la seconde aux humeurs d’i-
celuy : et la troisième aux esprits.
Nous auons parlé decestederniere en
premier lieu , comme la moins péril¬
leuse et la plus seure. Il faut parler
maintenant de celle qui s’allume aux
humeurs , et qui pour ce suiet est
nommée humorale : qui à vray dire
n’est autre chose qu’vne intempérie
chaude et seiche introduite dans les
humeurs du cœur. Or nous ne par¬
lons point du moyen que ceste intem¬
périe s’introduit , sçauoir si c’est par
simple alteration , ou par putréfac¬
tion et pourriture. Car lors que nous
viendrons à parler des causes de cha¬
que espece de fiéure humorale, ceste
difficulté sera esclaircie. Il faut donc
parler de toutes les especes de ceste
fiéure , et en faire vn dénombrement
le plus méthodique que faire se pour¬
ra, estant vne chose tellement obs¬
cure et embroüillée dans les au-
theurs, que si ie n’y apporte de
l’ordre , il sera impossible au ieune
mesmes auoyent la fiéure, à fin de rendre
leur laict médicamenteux. Il sera aussi bon
de baigner l’enfant , et apres le bain , l’oin¬
dre d huile violât le long de l’espinc du dos
et poiclrine. »
Des î'iévrès.
fihirargien d’entrer en la connois-
sance d’vn si grand nombre de fié-
ures qui sont rapportées à cette es¬
pece.
Or i’estime que ceste fiéure estant
nommée du nom des humeurs, elle
peut estre premièrement diuisée en
autant de différences qu’ii y a d’hu¬
meurs. C’est pourquoy ayant quatre
humeurs en nostre corps , le sang, la
bile , la pituite et la melancholie , il
y aura par conséquent quatre genres
de fiéures humorales, la sanguine , la
bilieuse , la pituiteuse, et la melancho-
lique. Que si ladite fiéure est seule et
simple, sans estre meslée auec vne
autre fiéure , alors ceste fiéùre s’ap¬
pellera simple humorale généralement
parlant, et en particulier se fera
nommer d’vn nom propre et conue-
nable à sa nature. Que si elle se raes-
le auec deux ou plusieurs fiéures en¬
semble, pour lors elle sera compliquée
ou composée^ et sera appellée des noms
qui seront rapportés cy-dessous.
Voila en general la diuision des
fiéures humorales. Pour le parti¬
culier , la fiéure qui vient du sang
est appellée synoque , et est tous-
iours continue , n’ayant qu’vn accès
depuis son commencement iusques
à sa fin : mais quelques fois elle a
des exacerbations , c’est à dire que
sa violence redouble par certains
périodes , et se fait sentir auec plus
de vehemence et de chaleur. Que si
le sang dont elle se fait est seulement
eschauffé contre nature , sans qu’il se
pourrisse , alors ceste fiéure est nom¬
mée simple synoque: mais si elle se
fait par pourriture et putréfaction ,
pour lors elle s’appelle synoque pour¬
rie , laquelle toutesfois et quantes
93
qu’elle a des ex-acerbations qui vont
en croissant et deuançant, .s'appelle
Epacmastique et Ânauatique , c’est à
dire croissante et deuançante. Que si
elle en a qui aillent en diminuant,
elle est nommée Paracmasiique. Que
si elle garde vn mesme degré de cha¬
leur et de vehemence depuis le com¬
mencement iusques à la fin , elle est
appellée Homotone et Acmastique.
Voila pour la fiéure du sang
La bilieuse est continue ou inter¬
mittente, c’est à dire , ou qu’elle n’a
iamais interruption depuis le com¬
mencement iusques à la fin , ou bien
qu’ell-e cesse tout à fait par certains
interualles. La continue est double ,
l’ardente ou causonide, et la tierce con¬
tinue. L’intermittente pareillement
est double , la tierce vraye et la tierce
baslarde.
La fiéure pituiteuse a trois especes,
la quotidiane, l'epiale et la lypirie.
La quotidiane est intermittente ou con¬
tinue : celle-là est la quotidiane vraye,
ou la quotidiane has'arde : celle-cy
est appellée quotidiane continue.
La melancholique est continue ou in¬
termittente : celle-là se nomme quarte
continue : celle-cy est ou quartaine ,
ou quint aine on seætaine , etc., des-
tpielles la quai taine est ou vraye ou
bastarde.
Voila pour ce qui est des fiéures
humorales simples. Les composées
sont plusieurs , la detny tierce , ou he-
mitritée, les doubles tierces, les dou¬
bles et triples quartes, et les fiéures
appelées confuses, desquelles nous
parlerons amplement, après que nous
aurons expliqué par le menu chaque
espece de fiéure humorale , que nous
I auons racourcies en ce tableau.
^4
LE VINGTIEME LIVRE,
/Sang, d’où vient la / Synoqm simple. ) §■
I j chap. 9. _ )jr,>acmastfqtie.}.S
) Svnoque pourrie. 1 Paracmaslique )
\ chap. 15. V P
i, .\Vraye. chap. 19.
//UeraideiUÊlieweetest çh. 22.
.J , j Causonide. ch. 23.
Commue et est double ^ j'iercecontimec,2i
Çuoti- j Mermirnnte | ' 1 chap. 25.
Continue ( Quolidiane continue) c. 26.
/Simple et. . .
/sè fait de\ Pituite
' let est
diane.
Epiale.
Lypirie.
chap. 27.
La fiéure humorale\
j Intermil-
Melancholie , et .est( tente.
\ .
, Demi tierce. 1
1 Double tierce, |
1 Composée <
i Double et triple t
quarte. 1
\ '
k Confuse. }
Quar- ! F raye, j 50
tmme. t Bastarde ‘
> Qtiinlaine.
iSextaine. V
1 Cktaine , etc. )
Continue ( Quarte continue. ) c. 30.
,ch. 29.
] chap. 31 .
} chap. 33.
CHAPITRE IX. j
DB LA FIÈVRE SVNOQUE SIMPLE K
Entre les fiéures qui se font de la
masse du sang, ou du sang le plus pur
qui soit dans les humeurs , est la flé-
ure synoque simple , ainsi appellée à
la différence de la synoque pourrie :
celle-là se faisgint seulement par l’in-
1 Le livre primitif ne parlait pas de cette
fièvre, sinon dans une courte parenthèse pla¬
cée à la fin du chapitre 3 (voyez ci-après la
note 1 delà page 102); mais l’auteur y avait
consacré un paragraphe spécial dans le cha¬
pitre 11 du livre des 'Fumeurs.
« Les fiéures synoches non putrides, s’en¬
gendrent de sang non corrompu, mais seu¬
lement eschauffé outre mesure , faisant
grande euaporation par tout le corps. D’où
vient que les veines se monstrent enüees, la
tlammation eteschauffementdu sang,
et celle-cy par la putréfaction qui
s’introduit en iceluy- Quelques-vns
confondent la première auec l’ephe-
mere qui dure plusieurs jours , et qui
pour ce suiet est improprement ap¬
pellée diaire. Or se faisant du plus
pur sang du corps, qui est grande¬
ment vaporeux, elle fait paroistre
face enflambee, les yeuï rouges et ardans,
l’expiration chaude , toute l’habitude du
corps humide : le tout à raison de l’ebulU-
tion du sang et desdites vapeurs , qui est
cause que telle fiéure quetquesfois est appel-
tee humorale. Les petits enfans y sont sub-
iets, comme aussi toute personne sanguine
sans cacochymie. La façon de guarir telle
fiéure est semblable à la euro de la fiéure
diaire. Parquoy ce que nous dirons de l’vnc
se pourra accommoder à l’autre , sinon que
la saignee est icy bien requise. »
Ce paragraphe était placé avant celui qui
traitait de la curation de la fièvre diaire.
Voyez la note 1 do la page 91.
DES FIÈVRES.
les veines et tout le corps comme
bouffi et enflé , ce qui a donné occa¬
sion à quelques médecins arabes de
l’appeller sinocus inflatiua , synoque
enflante et bouffante. Ce genre de
fiéure, pour n’auoir qu’vn accès de¬
puis Je commencement iusques à sa
fin , et pour auoir vn mesme degré de
chaleur en tout le temps qu’elle dure,
sans accroissement, sans diminution,
est mis au rang des tîéures que l’on
appelle continues , c’est à dire , qui
durent sans cesser, depuis le premier
point de leur inuasion iusques au
dernier point qu’elles finissent , sans
aucune interruption ou relasche, ainsi
qu’il arriue aux fiéures que l’on
nomme intermittentes. le ne m’ar-
reste point à expliquer les différences
que l’on apporte entre les fiéures
continues et continentes , que l’on dit
continuas et continentes.^ et par les
Grecs CTVVgXVÇ et Œvvtxsf?. le me conten-
teray d’aduertir le ieune chirurgien
qu’il y a deux sortes de continues,
l’vne qui garde iousiours vn mesme
estât et degré de chaleur depuis son
commencement iusques à sa fin, telle
que l’on peut dire estre la fiéure sy¬
noque simple : et l’autre qui ne garde
pas tousiours vn mesme estât , mais |
quelqu’esfois augmente de chaleur,
autresfois diminue , par fois a des
exacerbations et redoublemens , et
par fois a des remissions et diminu¬
tions : et telles sont toutes les fiéures
putrides.
De tout ce discours, nous tirons
ceste conclusion pour l’intelligence
de la fiéure synoque simple, que
c’est vne fiéure continue d’vn seul ac¬
cès , allumée dans les esprits et dans la
partie la plus ténue et subtile du sang.
Elle est continue, à cause que le sang
allumé dans toutes les veines et ar¬
tères du corps , ou à tout le moins
95
dans les plus grandes , communique
continuellement la ferueur au sang
du cœur : ce qui ne se ferolt pas si ce
sang n’estoit contenu que dans les pe¬
tites veines, ou en celles qui sont gran¬
dement esloignées du cœur. Fay dit
qu’elle n’auoit qu’rjn accès, d’au¬
tant qu’elle est tousiours en mesme
estât depuis son commencement
iusques à sa fin , encore bien que
quelqùes-vns la diulsent en Homo-
tone ou Acmastique , Epacmastique
ou Anabatique, et en Paracmastique ,
que les Latins disent Æquales , Cres-
centes, Decrescentes. Car si la chaleur
demeure tousiours égalé du com¬
mencement iusques à la fin , c’est à
dire si ce qui transpire et sort par les
pores du corps , qui sont vapeurs et
fumées esleuées du sang eschauffé
et bouillant dans les veines , est pro¬
portionné iustement à ce qui est al¬
lumé dans les vaisseaux du sang, elle
sera homotone ou égalé : ie veux
dire qu’elle demeurera tousiours en
mesme et pareil estât tandis qu’elle
durera. Mais si les fumées qui s’eua-
porent sont en moindre quantité et
proportion que ce qui est allumé dans
les vaisseaux, alors elle sera epacmas¬
tique ou croissante: i’enlens que sa
chaleur ne sera pas tousiours égalé ,
mais redoublera et augmentera con¬
tinuellement iusques à sa fin. Que si
enfin les vapeurs s’exhalent en plus
grande quantité qu’il ne s’allume de
sang dans les vaisseaux , pour lors
elle sera paracmastique ou décroissante,
et reconnoistra-on que sa chaleur ira
tousiours en s’abaissant et diminuant
du commencement iusques à sa fin.
Et de là aussi on remarquera en quels
corps et en quel estât elle sera moins
ou plus périlleuse. Car aux corps ra¬
res, poreux et maigres quis’euapo-
rent aisément , elle est moins dange-
LE VI!NGTi:ÉME LIVRE)
96
reuse et beaucoup plus courte : aux
gras , pleins , charneux et espais , qui
n’ont que peu ou point de transpira¬
tion , elle est plus longue et dange¬
reuse. Aussi si elle est paracmastique,
elle est plus courte et plus douce : si
elle est hoinolone , elle l’est moins
que la première, mais plus que l’epac-
mastique , laquelle est la plus longue
de toutes et la plus dangereuse, d’au¬
tant qu’elle dégénéré souuent en
la synoque putride, qui n’est gueres
sans péril.
CHAPITRE X.
DES CAVSE8 ET SIGNES DE LA SYNOQVE
' SIMPLE.
La cause de ceste fleure que l’on
appelle co.dûnU et inséparable^ qui est
celle laquelle par sa presence fait et
conserue la fiéure , et par son absence
ro.4e et fait cesser : telle cause, dis-ie,
de ceste fiéure n’est autre chose que
la ferueur des esprits etdu sang retenu
dans tous les vaisseaux, ou à tout le
moins dans les plus grands qui sont
contenus entre les aisselles et les ais-
nes , laquelle venant à se communi¬
quer au cœur, luy imprime ses pro¬
pres qualités , qui sont la chaleur et,
la seicheresse : ou pour le dire en vu
mot, vne intempérie chaude et seiche.
Ceste ferueur est introduite au corps,
comme veulent quelques- vns, par les
mesmes causes qui font la fiéure
Ephemere; ou pour mieux dire parla
constipation et obstruction des pores
qui sont au cuir, et ensuite par l’es-
louftément de la chaleur naturelle,
lors que la transpiration est einpes-
chée, en sorte qu’elle ne reçoit pas de
l’air qui nous enuironne le rafrai-
chissement accoustumé que nous eu
relirons. Ce rafraichissemcnt icy
defaillant , les fumées qui s’exhalent
continuellement du sang demeurimt
enfermées , par conséquent remplis¬
sent les vaisseaux , rendent le sang
pesant, lourd et moins fluide , estou-
pent pareillement les petits trous
dont le cuir est plein : et enfin à la
longue apportent la pourriture au
sang , comme il arriue aux synoques
putrides. Mais en ceste fiéure icy l’es-
toupement vient particulièrement de
la trop grande abondance du sang ,
que l’on appelle pléthore , qui auec
la cacochymie fait les deux causes
antécédentes de toutes les maladies. Il
est donc necessaire, pour produire
ceste fiéure, que le sang surabonde
dans les veines ; car cela estant il s’es-
leue d’iceluy vne grande quantité de
vapeurs chaudes et boüillan les , les¬
quelles ne pouuant aisément ny suf¬
fisamment s'euaporer ( car elles ne
sont iamais supprimées tout à fait)
s’eschauffent peu à peu et si bien ,
qu’elles eschauffenl les humeurs et
introduisent la fiéure. D’icy nous re¬
marquerons que ceux qui abondent
en sang , et qui ont le corps bien
charnu et nourri, dense et espais, smit
plus suiets à cette fiéure que les
autres. Pareillement elle arriue d’or¬
dinaire au printemps, aux ieunes
hommes, à ceux qui se remplissent
de bonnes viandes, et boiuent bien du
vin ; comme aussi à ceux qui souloient
auoir quelque descharge de sang par
le nez , hemorrhoïdes, ou autres va s-
seaux. Là où ceux qui sont d’vn tem¬
pérament froid , qui ont peu de sang ,
qui ont le corps rare , maigre et per-
spirable, qui se nourrissent peu et qui
boiuent de l’eau , y sont fort peu su¬
iets.
Il semble que ceste fiéure doiue
DES FIEVRES.
auoir les mesmes signes que la diaire.
Elle les a toutesfois plus clairs et plus
euidens. Car bien que la chaleur soit
douce, si est- ce qu’elle est plus grande
et vn peu plus acre qu’en la diaire.
Le cuir est comme moite : l’vrine vn
peu plus espaisse et rouge que la na¬
turelle : le pouls est vehement, leger,
frequent , plein , grand et égal. Tout
le corps et le visage principalement
est comme bouffi et plein de rou¬
geur. Les veines sont grosses et en¬
flées de sang : on a par tout le corps
tension et lassitude , la teste pesante,
la respiration vn peu empescbée , des
enuies de dormir, et en dormant des
illusions toutes rouges et de sang. Au
reste, ceste fiéure n’est point péril¬
leuse, et se termine ordinairement
ou par sueur ou par flux de sang vers
le quatrième ou le septième iour.
Que si toutesfois elle estoit négligée
ou mal traitée, principalement en
ceux qui abondent en sang, il y au-
roit à, craindre qu’elle ne dégénéras!
en phrenesie, squinance , pleuresie,
ou autre maladie qui vient de la plé¬
thore, ou bien enfin qu’elle ne se con-
uertit en vne synoque putride, ou alors
elle ne seroitsans danger de la vie.
CHAPITRE XL
DE LA CVRE DE LA SYNOQVE SIMPLE.
La thérapeutique ayant trois par¬
ties, la diete, la Chirurgie et la Phar¬
macie , il faut qu’en la guérison de
toutes les maladies on ait recours à
vn ou à plusieurs de ces chefs :
comme nous ferons d’ores-en-auant
en la cure de toutes les fiéures, les re-
medes desquels seront pris de ces trois
chefs ensemble.
III.
9V
Et pour commencer à la Synoque
simple , ie dis que le genre de viure
doit estre rafraichissant et humec¬
tant, ténu et leger, à fin de ne sur¬
charger les malades qui ont plus de
sang qu’il n’en faut. C’est pourquoy
on doit se contenter de bouillons faits
au veau et à la volaille, assaisonnés
d’herbes rafraichissantes, comme laic-
tue, pourpié, ozeille, buglosse, con¬
combre en la saison. On peut aussi
donner des œufs frais bien mollets,
des ius de pruneaux, de la gelée
faite auec le ius de citron, et non
auec le vin, sans beaucoup de canelle.
Pour le boire , on ne donnera point
de vin, mais de laptisane seulement,
ou de l’eau boüillie auec orge et
chiendent. Galien au neufiéme de la
Méthode , chap. 4 , conseille de don¬
ner de l’eau froide et crue tant que
les malades en voudront et pourront
boire. A laquelle opinion plusieurs
médecins ne s’accordent pas, pour les
accidens qu’on en a veu arriuer. Car
on a reconneu que l’eau froide estoit
grandement contraire à ceux qui ont
peu de sang et de chair, qui ont les
viscères bouffis ou enflés, ou pleins
d’obstructions causées par des hu¬
meurs crasses , visqueuses ou pitui¬
teuses , et qui ont l’estomach et les
parties nerueuses grandement foibles
et délicates. A ces personnes icy l’eau
froide donnée sans mesure et sans
réglé apporte l’hydropisie , difficulté
de respirer, tremblement des mem¬
bres, conuulsions , léthargies, et au¬
tres violens accidens , surtout quand
telles gens ne sont pas accoustumés à
boire de l’eau. Que s’il s’en trouue
qui ayent accoustumé ce breuuage ,
et qui ayent les entrailles bonnes et
vigoureuses , l’estomach bon et fort,
et grande quantité de sang dans les
veines, à ceux-cy on peut leur laisser
7
LE VINGTIÈME LIVRE,
98
boire de l’eau froide , pourueu que
ce ne soit point au commencement ny
en l’accroissement de la fleure , mais
en sa vigueur, et lors que les signes de
coction apparoissent. Car pour lors
l’eau froide fortifie tellement les par¬
ties solides, et recrée tellement la
chaleur naturelle, qu’elle en cuit
mieux les humeurs, retenant les bon ¬
nes et chassant les mauuaises et su¬
perflues , soit par le vomissement ,
soit par les selles, soit par les sueurs.
Pour les remedes pris de la Chirur¬
gie , la saignée tient le premier lieu ,
sur tout en ceste fleure où il est ques¬
tion de plénitude. Or est-il que par la
voye des contraires , la plénitude du
sang ne se peut mieux guérir que
par l’euacuation d’iceluy, à quoy la
saignée a esté inuentée par l’art de
medecine; outre que par accident
elle profite grandement à rafraichir
le sang et les esprits , et à rendre la
liberté aux conduits qui sont estou-
pés ou bouchés. Voila pourquoy le
but principal en ceste fleure estant
destiné à ester premièrement la plé¬
nitude du corps et à diminuer le sang,
et puis après à ouurir les passages , à
atténuer les choses espaisses, à inciser
les gluantes , à prouoquer la transpi¬
ration , à esteindre la ferueur de la
fléure, et à fortifier les parties du
corps foibles et abbattues par l’op¬
pression des humeurs : on a recon-
neu qu’il n’y auoit rien de plus ex¬
cellent à tous ces effets que de tirer
promptement du sang en ceste mala¬
die, non vne fois seulement, mais
deux ou trois fois, selon lavehemence
du mal, la force du malade, et le degré
de la plénitude que l’on observe en
luy. Galien, au lieu cy-dessus allé¬
gué , ordonne la .saignée iusques à
défaillance de cœur, et presque
iusques à l’esuanoüisseraent , pour
quelque nombre de raisons qu’il pro¬
pose trcs-iudicieusement. Toutesfois
cela est si périlleux et apporte telle
espouuante au malade et aux assis-
tans , outre beaucoup d’accidens qui
en peuuent suruenir, et desquels Ga¬
lien mesme fait mention, que le plus
seur est de conseruer tousiours les
forces du malade , et tirer plustot du
sang cinq et six fois par inter ualle
que d’en oster vne seule fois si profu¬
sement. L’opa obserué en ceste fléure
que ceux qui n’ont pas tiré du sang
hardiment ont précipité quelquesfois
les malades à des flux de sang par le
nez si desmesurés et excessifs, qu'ils en
ont pensé perdre la vie. Car la nature
se trouuant par fois grandement irri¬
tée, soit par l’abondanee, soit par l’a¬
crimonie des humeurs, ou autrement,
s'oublie tellement, qu’au lieu d’vne
crise elle fait vne hypercrisie, et au
lieu d’vne euacuation iuste et modé¬
rée, fait vn desbordement desreglé et
pernicieux.
Quant aux remedes Pharmaceuti¬
ques, il est de besoin, premier que de
saigner , si le ventre estoit serré , de
donner vn lauement emollient, lequel
on pourra continuer tous les iours,
à fin de rabattre beaucoup de fumées,
rafraiL-hir le dedans, et vuider beau¬
coup d’ordures qui s’amassent tous
les iours de la nourriture que l’on
prend.Plusieurs prescriuent des juleps
et apozemes rafraîchissants et apéri¬
tifs, préparés auec vne décoction de
chiendent , de cichorée saunage , d’o-
zeille , endiue , laictue, pimpernelle ,
buglosse , bourache , capillaire , orge ,
semences froides, fleurs cordiales, et
de nenupar , en y adioustant les sy-
rops violât, de nénuphar, de limons,
de cichorée simple , aceteux simple,
de pommes simple, et autres de pa¬
reille qualité.
DES EIÉYRES.
Qn Ordonne aussi des epilhemes,
partie sur lecœur, partie sur les hypo-
chondres, à fin d’esteindre laferueur
du sang, et empescUer que pareille
intempérie ne s’attache trop fixement
au cœur , et autres viscères.
On se doit donner garde de purger
au commencement de ceste fiéure :
mais on doit attendre que les signes
de Goction apparoissent aux vrines et
aux excremens , et pour lors on peut
donner des medicamen s doux et bé¬
nins, comme est'la casse, les tamarins,
et le séné de Leuant , auec les syrops
de cichorée ou de pommes compo¬
sés ; ou bien on donnera le lenitif, ou
le catholicon double de rbeubarbe ,
fuyant tant qu’il sera possible les pur¬
gatifs où il y entre du diagrede et
scammonée. le n’approuue point les
vomitifs en ceste fiéure, et n’en ay ia-
mais veu aucun bon effet ‘ : ils ne
seruent qu’à troubler la nature et
tourmenter le malade , et ne vuident
rien de la cause coniointe.
le ne mets point icy en ligne de
compte beaucoup d’autres medica-
mens , comme les orges mondés , les
iuleps pour dormir , les opiates, ta¬
blettes et poudres cordiales , les lini-
mens ^ frontaux , et pastes conforta-
tiues , auec vn nombre infiny d’alexi-
teres et alexipharmaques , desquels
on a de coustume d’amuser les mala¬
des : car la fiéure n’estant pas péril¬
leuse cfelle-mesme , elle n’a pas be¬
soin de tant d’appareils , qui en outre
ont quelquesfois plus de monstre que
d’effet.
Il y a quelques recensé, qui après
Nicolas de Florence constituent vne
*
1 Voici un des endroits où l’auteur parle
en son nom et d’après son expérience; j’au¬
rai toujours soin de les signaler.
* Il entend parler de Fernel. — Celle note
est des éditeurs de 1628#
99
fiéure synoque simple , engendrée de
la bile et de fagitation des plus chau¬
des humeurs du corps , sans toutesfois
aucune pourriture. Ce que ie ne crois
pas neantmoins trop aisément , veu
que si ceste fiéure se fait de la bile, il
est necessaire qu’elle ait pareils re-
doublemens qu’ont les autres qui en
sont faites , et qu’elle ait des périodes
de trois en trois iours. Il est plus vray-
semblable que telle fiéure se fait du
sang le plus subtil , qui quelquesfois
est appellé de quelques-vns bile , à
cause de sa subtilité , et de son es-
cume : mais à n’en mentir point ce
n’est que pur sang , et qui partant ne
peut faire de fiéure autre que sy¬
noque simple sanguine.
CHAPITRE XII.
DES FIEVRES PVTKIDES EN GENERAL,
ET DE LEVRS DIFFERENCES.
Avant que de parler des Synoques
putrides, il nous faut esclaircir quel¬
ques difficultés, sans lesquelles on ne
sauroit comprendre ce que c’est que
fiéure putride , ny comment elle se
fait , ny mesme en quelle façon elle
différé des autres. Voila pourquoy
nous dirons quelque chose d’elles en
general , de leurs causes , signes et
curation , à fin puis après de l’appli¬
quer au particulier de la synoque pu¬
tride.
Il y a eu grand débat entre quel¬
ques autheurs anciens et modernes,
touchant l’existence de ces heures :
les vns asseurans qu’il n’y auoit au¬
cunes fiéures putrides, les autres te-
nans le contraire : et ceux cy ont tel¬
lement fortifié leur parly de fortes
raisons et de bonnes expériences, que
100
LE VINGTIÈME LIVRE,
pour maintenant on ne reuoqueplus
en doute ceste vérité ; si bien que
Ton lient pour constant et asseuré
qu’il y a des fleures putrides, soit
continues , soit intermittentes. Mais
s’il y a eu du débat louchant cest ar¬
ticle , il y en a bien vn plus grand
touchant la nature de la pourriture,
pour sçauoir si la définition qu’en
donne Aristote s’accorde à celle de
Galien, et s’il y en a vne naturelle,
vne autre contre nature : vne gene¬
rale et vne particulière : vne du tout,
et vne de partie ; et finalement s’il y a
différence entre pourriture et putré¬
faction. le renuoye l’esciaircissement
de toutes ces ditflcullés aux philo¬
sophes et aux médecins, mereseruant
à expliquer aux chirurgiens ce que
c’est que fléure putride , et les causes
pourquoy les humeurs se pourrissent
au COI ps.
Fiéure putride n’est autre chose
qu’me inlemperie chaude et seiche , al¬
lumée dans le cœur par le moyen de
quelque humeur qui se pourrit dans
le corps. Or l’humeur qui se pour¬
rit, ou immédiatement elle est con¬
tenue dans le cœur, ou hors du
cœur : si c’est au cœur, c’est l’hu¬
meur mesme qui excite la fléure : si
elle est hors du cœur, ce n’est que sa
vapeur et sa fumée. D’auanlage, si
ceste humeur est contenue au cœur,
ou dans les grands vaisseaux qui sont
entre les aisnes et les aisselles , la
fléure est rendue continue à cause
que sa vapeur est portée au cœur
sansaucune interraission, iusquesà ce
que l’humeur cesse de se pourrir.
Mais si l’humeur est hors des gi andes
veines, reléguée aux parties eslon-
gnées du cœur, la fléure ne se fait
qu’intermittente , à cause que sa va¬
peur ne peut pas estre contiiiuelle-
mentuqrtée au cœur, pour les rai-
t ^ A,
sons que nous dirons cy-apres. Si bien
que par ce discours nous apprenons
qu’il y a deux sortes de fiéures : l’vne
qui est continue , qui n’a qu’vn accès
depuis le commencement iusques à la
flu , encore bien qu’il dure quelques-
fois non seulement plusieurs iours ,
mais aussi plusieurs semaines et plu¬
sieurs mois , selon que la fléure est
courte ou longue , et qu’elle se ren¬
contre en vn corps bien ou mal fait ,
chargé de peu ou de beaucoup d’hu¬
meurs , et vsant de bon ou de mau-
uais régime de vie : et l’autre sorte de
fléure est intermittente.
Que si l’on veut vne particulière
distinction desfléures putrides, disons
que ses especes et ses différences sont
prises, ou bien des lieux où les hu¬
meurs se pourrissent , ou bien de la
variété des humeurs qui reçoiuent et
endurent pourriture f Pour le regard
et la variété des lieux, i’ay dit qu’elles
esloient distinguées en continues cl
intermittentes, et que les continues
estoient celles desquelles la matière et
l’humeur putride est contenue et en¬
fermée és grands vaisseaux qui sont
entre les aisnes et les aisselles. Carde
* Toute la fin de ce paragraphe et même
du chapitre se retrouve au chapitre 3 du
livre primitif de 1675. Celui-ci commençait
par exposer les causes des lièvres putrides
(voyez les deux premières notes du chapiire
suivant) , après quoi il continuait:
« Les causes de pourriture et des fleures
putrides aind expliquées, faut maintenant
passer à la diuision d’icelles. La diuision des
fleures pulrides en certaines et differentes
especes , est prise de la différence et diuer-
sUé des lieux oùjes humeurs se pourrissent,
ou de la distinction et variété des humeurs
qui reçoiuent et endurent pourriture. Pour
le regard et variété des lieux , etc. »
Le texte se suit alors presque mot pour
in»t jusqu’à la lin iju paragraphe.
101
DES FIEVRES.
ces lieux là , tant à cause de l’abon¬
dance de riiumeur pourri destiné à
la nourriture de tout le corps, que
pour le voisinage qu’ils ont auec le
cœur, qu’aussi à cause de l’amplitude
et capacité des conduits et canaux, il
arriue continuellement et sans inter¬
mission que quelque portion de la
substance de l’humeur qui se pourrit,
ou à tout le moins sa vapeur et exha¬
laison putride est portée au cœur, seul
et vray siégé de la fiéure , et où elle
l’entretient tant et si long temps, que
par la force et action de la chaleur
tout cest humeur pourri soit en vn
coup résout et digéré , ou cuit , eua-
cué et chassé hors du corps. C’est
pourquoy les fléures continues, dés
leur commencement iusques à la fin,
n’ont qu’vn accès sans aucune inter¬
mission franche et absolue : ie dis
franche et absolue , parce que ceux
qui sont tourmentés de fiéures con¬
tinues peuuent bien auoir quelque
relasche de l’ardeur de leur fiéure, de
sorte qu’ils ne la sentent si faschcuse
qu’auparauant, mais non pas qu’ils en
soient tellement quittes comme ceux
qui, ayans enduré vn accès de fiéure
quarte intermittente, peuuent chemi¬
ner et faire leurs affaires , comme
s’ils estoient sains, iusques à ce qu’ils
soient assaillis d’vn autre nouueau
accès ; par conséquent telle relasche
se doit plustost appeler remission
qu' intermission. Les fiéures intermit¬
tentes au contraire, sont celles des¬
quelles la matière hors des veines est
contenue et reserrée en la première
région du corps enuiron les entrailles,
sçaiioir le ventricule, le diaphragme,
la cauité du foye , la ratte , le pan¬
créas , l’omenlum et mesentere, par¬
ties qui sont quasi comme vn esgout
commun de tout lé corps, dans lequel
toute l’ordure et senline des humeurs
flue et s’arreste. Telle matière n’es¬
tant contenue és veines, n’est point
humeur alimentaire ou suc propre de
sa nature à la nourriture du corps ,
mais plustost vne humeur superflue
et excrementeuse, qui deuant que de
passer de la vouste du foye en sa par¬
tie gibbeuse, est retirée et séquestrée
par la prouidence de Nature en ses
propres réceptacles , à fin de rendre
plus pur le reste du bon sang et ali¬
mentaire ; mais ceste humeur icy
superflue, venant enfin par quelque
accident, et par quelque vne des cinq
causes efficientes des fiéures cy de¬
uant déclarées , à se corrompre et
pourrir, elle fait la fiéure intermit¬
tente , c’est à dire qui a remission
franche et absolue, que les Grecs ap¬
pellent apyrexie , et les Latins infe-
bricitation , quittant et reprenant
le patient par interualles et secousses
manifestes, tant pource que la matière
et humeur qui fait telle fiéure est
plus eslongnée du cœur qu’elle puisse
trafiquer auec iceluy par les con¬
duits manifestes des vaisseaux hors
desquels elle est arrestée; et aussi
parce qu’elle est enfermée et cachée
dans la cauité des parties cy dessus
nommées , lesquelles estans de sub¬
stance membraneuse, dense, et es-
paisse, ne donnent libre issue à quel¬
que portion ou vapeur de ladite
humeur pour estre portée continuel¬
lement au cœur, et par ce moyen en¬
tretenir tousiours la fiéure ; laquelle
ne peut estre sans que le cœur soit
eschauffé et affecté , comme nous
auons montré au commencement de
la définition d’icelle.
Voilà la diuision des fiéures prise
des lieux où les humeurs se pourris¬
sent: l’autre diuision est prise de la
diuersité des humeurs qui reçoiuent
pourriture. Or n’y ayant point au-
102
LE VINGTIEME LIVRE
cuno humeur qui ne se puisse pour¬
rir , il faut qu’il y ait autant d’especes
de fleures putrides qu’il y a d’hu¬
meurs, Par cy deuant nous auons
arresté qu’il y auoit quatre humeurs,
le sang , la bile , la pituite , la melan-
cholïe: par conséquent il y aura quatre
différences de fiéures putrides , la
sanguine que nous appelions syiioque
putride , la bilieuse , la pituiteuse et
melanchoHque , lesquelles trois der¬
nières sont ou continues, ou intermit¬
tentes, selon que les humeurs qui les
font se pourrissent dans les veines ou
hors des veines
ï Ce dernier paragraphe se retrouve bien
en idée dans le dernier paragraphe du cha-
titre 3 de 1575 j mais le texte diffère assez
pour mériter d’être reproduit.
« Maintenant pour le regard de la diuer-
sité des humeurs, desquels vn chacun en soy
est capable de pourriture , les fleures putri¬
des sont distinguées en bilieuses (ausquelles
si elles sont continues, est rapportée l’es¬
pece de fleure qu’on appelé synoche , c’est
à dire continente, causée de la pourriture
de toute la masse du sang egalement tem¬
péré de la meslange des quatre humeurs :
comme l’autre espece de synoche, causée
par vne simple ébullition d’icelle masse san¬
guinaire , sans aucune pourriture, est rap¬
portée aux fleures diaires , comme enseigne
Galien au liure neufleme et onzième de la
Méthode , et au deuxieme des fleures cha¬
pitre douzième) , pituiteuses et melancho-
liques : et icelles ou continues, ou intermit¬
tentes, selon que la bile ou melancholie qui
pourrist est contenue dans les veines ou hors
des veines. »
J’ai déjà dit que cette parenthèse est
la seule mention qui soit faite dans te livre
de 1575 des flèvres synoches simples, men¬
tionnées avec un peu plus de détails au
chapitre 2 du livre des Tumeurs de 1579 ,
et qui ont enfin été traitées au chapitre 9 du
livre actuel. Voyez ci-devant la note de la
page 94.
CHAPITRE XIII.
DES CAVSES ET SIGNES DES FIÉVEES
PVTRIDES ‘
Apres auoir donné la définition et
diuision des fiéures putrides, il faut
venir à leurs causes et siirnes , expli¬
quant la façon que les humeurs se
pourrissent au corps.
Et desia nous auons enseigné que
la cause materielle des fiéures putri¬
des , est la pourriture de l'vn des
humeurs desquels nostre corps est
composé, ou de plusieurs d’iceux, ou
de tous ensemble. La cause efficiente
est l’vne des cinq cy deuant expli¬
quées , mais principalement celle que
Le début de ce chapitre répond presque
exactement au début du ch. 3 du livre pri¬
mitif. Il n’y a guere que les premières lignes
qui diffèrent.
« Ch. III. — Des fleures putrides, première¬
ment de leurs causes et especes en general.
« La causé materielle des fleures putri¬
des est la pourriture de l’vn des humeurs ,
desquels est cohaposé notre corps, ou de
plusieurs d’iceux, ou de tous ensemble. La
cause efficiente est l’vne des cinq cy deuant
expliquées , mais principalement la seconde
appelée putréfaction , de laquelle pour ce il
faut maintenant parler vn peu plus ample¬
ment.
» La putréfaction est excitee en nos corps,
et tous autres qui sont mixtes et composez
des quatre éléments, quand la chaleur qui
deust régir les humeurs est au contraire
maîstrisee par iceux, par faute de compe¬
tente euenlîlation. Ainsi Voyons-nous iour-
nellenient les chairs gardées , etc, »
A partir de cet endroit, le texte se suit
presque mot poür mot Jusqu’à la fin du pa-
1 ragraphe.
DES FÎÉVftÈS.
nous aüons appelée putréfaction, qui
n’est autre qu’me corruption qui ar~
riue aux corps mixtes composés des
quatre elemens, par le moyen de la
chaleur, laquelle au lieu de régir les
humeurs sé laisse maistriser par
iceux , à faute d’vne suffisante euenti-
lalion et euüporation. Ainsi voyons-
nOus iournellement les chairs gardées
pour rvtilité du mesnage , se pourrir
tant en hyuer qu’en esté , lorsque
l’air est chaud et humide , espais et
non euentilé : ou bien lors qu’elles
sont enfermées en vn lieu remugle ‘
et estroit. De là vient que les hommes
sanguins , pour l'abondance du sang
qui est chaud et humide, sont plus
suiets à pourriture que le reste des
hommes , si pour la moindre occasion
du monde ils sont priués du béné¬
fice de l’euentilation , tant insensible
qui se fait par les pores du cuir , que
sensible et manifeste qui se fait par la
contraction et dilatation des arteres
semées par tout le corps , et par f in¬
spiration et expiration instituée pour
le cœur , principalement à celle fin
d’attirer vn air frais et nouueau en
nous, et chasser de nous celuy qui est
fuligineux. C’est pourquoy nous pou-
uons à bon droit dire que la mere de
pourriture , s’il faut ainsi parler , est
l’humidité, et le pere la chaleur, non
pas toute sorte de chaleur, mais celle
qui est infectée des vapeurs fuligi¬
neuses retenues dans le corps par
faute de leur euentilation. De là nous
apprenons que toutes Choses qui em-
peschentla liberté delà transpiration
peuuent exciter en nousla pourriture,
et par conséquent engendrer les fié-
ures putrides.
Or ces causes sont ou internes ou ex¬
ternes. Externes, • comme densité et
* Remugle, humide.
io3
constrictiorï du cuir causée par Vap-
plication dd choses astringentes , re¬
froidissantes, desseichantes et emplas-
tiques , laquelle cause proprement et
en vn mot est appelée constipation. Les
internes sont plusieurs, premièrement
la pléthore , c’ést à dire plénitude et
excessiue abondance d’humeurs, tant
à l’esgard des vaisseaux, qui est nom¬
mée plenitudo ad vasa , que pour le
regard des forces, laquelle est appelée
plenitudo ad tire^. En second lieu , la
lenteur, crassitie, viscosité et gïutino-
sité des humeurs, lesquelles ou occu¬
pent et empeschent toute la capacité
des vaisseaux , ou bouchent et estou-
pentles orifices d’iceux, en sorte que
l’entrée de l’air qui nous enuironne
est défendue, et l’issue des vapeurs
fuligineuses empeschée, d’où s’ensuit
que la transpiration n’estant pas li¬
bre , mais fort contrainte , amcine là
pourriture dans les humeurs, et ceste
cause en vn mot est nommée obstruc¬
tion K
Après auoir ainsi succinctement
expliqué les causes principales des
fiéures putrides , il faut venir à leurs
signes K Entre lesquels premièrement
1 Après l’étude des causes, le reste du cha¬
pitre de l’édition de 1673 était consacré à
celle des différences 5 celles-ci aU contraire
ont été traitées dans le texte posthume au
chapitre qui précède celui-ci. "Vôyex la note
de la page 101.
2 Ce paragraphe est constitué en grande
partie par le chapitre 4 tout entier du livre
primitif. Yoici comment débutait ce cha¬
pitre :
« Ch. un— Les signes desfieures putrides en
general.
« Les fleures putrides sont distinguées et
cogneues en cecy d'aucc les ephemeres, c’est
qu’elles ne suruiennent point.', etc. »
Et le texte suivait à peu près motfpour
mot jusqu’à la fin du paragraphe, à l’ex-
loA LÈ VINGTIEME LIVRE,
nous mettrons cestuy-cy : c’est que
ces tiéures sont distinguées des cphe-
meres, en ce qu’elles ne suruiennent
point subitement d’vne cause externe
et euidente, comme font les cpheme-
res, mais viennent peu à peu, ayans
pour auant-coureur vne inégalité et
lassitude spontanée ( c’est à dire qui
nous tient sans auoir trauaillé ) vne
paresse et pesanteur de tout le corps,
vn sommeil turbulent, et souuent
vne inquiétude du corps et de l’es¬
prit qui empesche de dormir , vne
distension et boufement des hypo-
chondres, vne respiration pénible,
repletion, tension et tumeur des vei¬
nes , douleur pesante de la teste et
des tempes, accompagnée quelques-
fois d’vne forte pulsation , degoust ,
alteration, nausée, vomissement. Mais
quand la fléure est tout à fait formée,
elle se reconnoist à ce qu’elle donne
vne chaleur bien plus acre, piquante
et mordante que l’ephemere ou la
synoque simple, principalement en
l’augmentation et estât de ses accès.
Elle est accompagnée d’inégalité de
pouls et de respiration , car la con¬
traction de l’artere quifait le pouls se
sent bien plus legere que la dilata¬
tion. Car comme ainsi soit que plu¬
sieurs fumées et vapeurs s’excitent
et s’esleuent de l’humeur enflammé
par putréfaction ou chaleur pourris¬
sante, Nature par la contraction du
pouls déprimant l’artere , se haste à
les chasser dehors , n’estant au reste
si pressée d’attirer l’air froid par la
dilatation. le dis le mesme de la res¬
piration , dont l’expiration est bien
plus courte que l’inspiration , à cause
de la nécessité qu’a le cœur et le
poulmon de mettre hors l’air fuligi-
ceplion de l’avant-dernière phrase du texte
actuel : le dis le mesme de la respiration, etc.,
qui manquait en 1S75.
neux , acre et piquant qui est à l’en¬
tour d’eux. L’vrine n'est pas sembla¬
ble à celle des sains ; mais ou bien elle
est crue , ou elte est trouble , ou bien
acre, ou accompagnée des signes de
pourriture d’humeurs, ou d’vne odeur
puante et fefide.
Ces fiéures-cy sont tousiours pires
que les ephemeres et les synoques
simples : il est vray qu’entre icelles ,
celles qui sont intermittentes ne sont
pas si mauuaises que les continues,
lesquelles ne sont iamais exemptes de
péril, estans presque tousioursaccom-
pagnées de très sinistres et mauuais
accidens , lesquels plus ils sont fas-
cheux , plus ils demonstrent que la
fléure est périlleuse. Elles sont pa¬
reillement bien plus dangereuses és
corps cacochymes qu’aux autres ,
comme aussi à ceux qui se nourris¬
sent de mauuaises viandes et mal sai¬
nes , et qui vsent de quelque grand
desreglement en leur façon de viure.
Enfin ceux qui ont les entrailles mal
faites et mal habituées , ou qui ont
quelque partie noble intéressée et
vicieuse, c’est à dire mal constituée et
disposée , sont bien en plus grand
danger lors qu’ils tombent en ceste
fléure que ne sont ceux qui ont les
viscères bien sains, forts, robustes, et
doüé> d’vn bon tempérament.
Il y a finalement des signes pour
connoistre les fléures putrides les vnes
d’auec les autres : par exemple si l’on
obserue vne chaleur ardente , et vne
soif insupportable, non seulement on
colligera que c’est vne fléure putride,
mais que c’est celle quenous appelions
fiiéure chaude : de mesme si elle ne
prend que de deux iours l’vn , ou de
trois l’vn , on s’asseure que la pre¬
mière est faite de bile , et l’autre de
melancholie, et ainsi dos autres des¬
quelles nous parlerons en leur lieu.
DES FIÈVRES.
CHAPITRE XIV.
DE L\ CVRE DES FIEVRES PVTRIDES
EN GENERAL.
Comme ainsi soit qu’il y a beaucoup
de causes concurrentes en la fiéure
putride, aussi y a-il en sa cure beau¬
coup d'indications à prendre, veu que
chaque cause doit estre ostée par la
deuë administration de son contraire.
C’est pourquoy nous disons qu’en ge¬
neral , il n’est pas seulement besoin
d’alteration par les choses rafrai-
chissantes, à fin de corriger l’in tem
perie chaude de tout le corps, comme
aux ephemeres : mais qu’il faut en
oulre vser de coction et euacuation
de l’humeur pourri, qui est la ma¬
tière de la fiéure C En vn mot , quel-
quesfois il est besoin de tirer du sang,
vne autre fois de purger les humeurs
vicieuses et peccantes : tantost il faut
esuentiler la matière qui se pourrit
et qui fait les obstructions, aussi faut-
il par fois rafraichir, desseicher, in¬
ciser, deterger, fortifier. Mais comine
toutes ces choses ne peuuent estre
> Ce début répond presque exactement à
celui du chap. 5 du livre primitif. Le lecteur
peut en juger.
« Ch. V. — La curation des fleures ‘putrides en
general.
» Les fleures putrides, pour leur curation
en general , n’ont besoing de simple altera¬
tion par choses réfrigérantes , pour corriger
l’intemperie chaude de tout le corps, comme
és diaires : mais en oultre de concoction et
euacuation de l’humeur pourry, qui est ma¬
tière de fleure. »
Mais après ceci le texte posthume a ajouté
des détails assez longs, et nous ne retrouve¬
rons la fin du chapitre primitif qu’au 3» pa¬
ragraphe du chapitre actuel.
io5
faites toutes à la fois, 11 faut suiure
le conseil que Galien donne à l’on¬
zième de la Méthode chap. 16 , qui est
qu’en la resolution et analyse* des
causes, ce qui est le dernier trouué
doit estre mis le premier en execution,
lors qu’il est question de la cure des
maladies. C’est donc ce qu’il faut faire
en la cure des fleures putrides; il faut
commencer à oster la cause qui a esté
trouuée la derniere en ordre de la gé¬
nération d’icelles : par exemple , il
faut euacuer la matière qui fait ob¬
struction. Car si la fiéure ne peut es¬
tre ostée tandis que la pourriture de¬
meure, qui est la vraye et propre
cause, et si la pourriture ne peut ces-
.ser tandis que l’esuentilation est em-
peschée , et si l’esuenlilation ne peut
estre libre tandis que l’obstruction per-
seuere, il faut conclure qu’auant tou¬
tes choses, il faut osier les causes qui
empeschent la transpiration , qui est
l’obstruction ou constipation. Or l’ob¬
struction estant en partie faite, çn
partie se faisant tous les iours , ce se-
roit trauailler en vain qui voudroit
oster l’obstruction qui est desia faite,
deuant que d’empescher celle qui se
doit faire tous les iours. Car encore
bien qu’on tasche de vuider les hu¬
meurs qui font l’obstruction , mesme
quand on osteroit tout à fait l’ob¬
struction , ce n’est toutesfois rien d’a-
uant'é, puis que l’on n’empesche pas
que les humeurs n’affluent derechef
pour continuer l’obstruction. C’est
pourquoy il faut s’arrester à ceste
maxime, que pour commencer la gué¬
rison des fiéures putrides, il faut de¬
uant toutes choses oster l’humeur
superflue qui est propre à faire l’ob¬
struction ; car ce faisant on empesche
qu’il ne se face aucune obstruction
dans le corps.
Voicy donc .six ou sept chefs qu’il
LE VINGTIEME LIVRE
106
fdut obseruer en la cure des fleures
putrides. Le premier, est qu’il faut
ester les causes euidentes et manifes¬
tes , s’il s’en tfouue quelqu’vne qui
puisse augmenter le mal. En second
lieu , il faut prescrire vu régime de
viure propre et conuenable, suffisant
d’entretenir les forces, et ne fomenter
pas le mal. ïiercement, il faut retran¬
cher la cause antecedente en euacuant
les humeurs superflues et vicieuses
parles voyes conuenables, sçauoirpar
la saignée, ou par la purgation, ou pâl¬
ies deux ensemble. Quatrièmement ,
il faut dégager les obstructions s’il
y en a , et procurer par toutes sor¬
tes de remedes propres et conuena¬
bles, la transpiration et l’euentilation
des humeurs. En cinquième lieü , il
faut corriger les indispositions du
corps et des parties nobles, qui engen¬
drent tous les iours de nouuelles hu¬
meurs vicieuses , ou qui corrompent
les bonnes. En sixième lieu , si la ma¬
tière d’elle-raesme ne chasse les mau-
uaises humeurs , il faut les euacuer ,
ou bien , si faire se peut , les corriger
et les ramener à quelque meilleure
trempe. Enfin, il faut corriger l’intem-
perie du corps et des humeurs , ester
la pourriture , restablir les parties en
leur premier estât , et rendre à celles
qui sont débilitées et afifoiblies leur
première force et vigueur.
Mais il faut icy obseruer, deuant
que venir à l’eiiacuation des humeurs
vitieüses , qu’il faut préparer tant le
corps que les humeurs 1. La prepara-
< Nous revenons ici au texte de 1575,
cfaap. 5 :
« Deuant que procéder à l^euacUation , il
faut préparer le cotpà et les humeurs. »
C’est bien là le début de notre paragraphe
actuel. Le reste suit jusqu’à là lin , sauf quel¬
ques rrtodiûcalions, èt nous Signalerons dans
tion des humeurs se fait en atténuant
et subtiliant ceux qui sont espais,
detergeant ceux qui sont lents, et
incisant ceux qui sont viscides et
gluans. le ne mets point icy en con-
trouerse , s’il faut espaissir ceux qui
sont trop liquides et ténus : i’en laisse
la decision à ceux qui en ont fait des
liures entiers 1. La préparation du
corps se fait en estant et ouurant les
obstructions, et rendant tous les con¬
duits du corps, tant manifestes qu’in¬
sensibles , tant internes qu’externes ,
ouuerts, libres et transpirables. C’est
pourquoy en vain en vne fléUre cau¬
sée d’obstruction interne, ordonne-
t-on choses qui esmeuuent les sueurs
et les vrines. Car par ce moyen on
euacue l’humeur crud de la cauité
des veines et entrailles en l’habitude
et superficie du corps, auquel lieu,
par defaut de chaleur suffisante, il ne
se peut iamais cuire qu’à tres-grando
peine et en fort longtemps ; là où si
on l’eust laissé à l’entour des entrailles
il eut peu se cuire aisément, facile¬
ment et en peu de temps , à cause de
la chaleur puissante qui résidé en ces
lieux-là : qui est l’occasion pour la¬
quelle Galien au liure quatrième de
la conseruation de la santé , et au li-
üre premier à G/aucou, defend fort sa¬
gement de tirer du sang à ceux qui
ont des crudités au ventricule et vei¬
nes de la première région du corps 2,
d’autant que par telle euacuation le
sang qui souuent est bon et louable
tant en quantité qu’en qualité, des
grandes veines est euacué et tiré, et
iceluy qui est crud, corrompu et
pourri, est attiré du ventricule dans
les notes suivantes celles qui ont quelque
peu d’importance.
^ Cette phrase manque en 1575.
2 L édition de 1575 ajoute ! comme és vei¬
nes mesaraïques.
t)ES FIÈVRES.
les gràndes veines et vers les pàrties
nobles. Qbe si la fléure putride estoit
causée , non d’obstruction interne ,
mais de la constipation du cuir, pour
lors les medicamens qui purgent sont
inutiles , d’autant qu’ils attirent l’hu
meur peccante de la superficie au de¬
dans et centre du corps : en ce cas-là
il faut donc se Seruir des sudorifiques
et diurétiques Toütesfois il faut no-
teE que si l’euacuàtion que nous tas-
cbohs faire par digerens ét sudorifi¬
ques ii’èst suffisante pour euâcüer
toute rbuineur , qu’én tel cas il sera
Vlilé d’Vser de medicamens purgatifs
et diurétiques ; comme au contrâire
lors que la crudité dés humeurs qüi
sent en la première région du corps ,
sera Cüilte, digeCée et mitiflée, il sera
tres-necessaire non seulement de pur¬
ger par en bas, auec potions et clÿs-
teres, mais aussi de prouoqüer les
sueurs et les vrinës
Quiconque voudroit icy spécifier
par le menu tous les remedes qui sont
necessaires et vliies aux fiéures putri¬
des, àüroit besoin dë fâire vn discours
plus long que Celuy que nuus auUUs
entrepris pour toüles les fiéures :
d’autant qu'il n’y a sorte de médica¬
ment qui ne puisse y estre approprié ,
à cause de là grande diuersité d’indi¬
cations que nous auons dit dcuoir
estre prises en la cure de ces fiéures.
Il eUst esté aussi bien à propos de
mettre icy en question si la saignée
1 Cette fin de phrase : en ce cai là il faut
donc se seruir des sudorifiques et diurétiques,
manque dans le texte de 1575.
* Ici se terminait en réalité le chapitre 5
de l’édition de 1575; toutefois , elle ajoutait
une phrase finale pour servir de transition
au chapitre suivant :
« Apres auoir ainsi dcscrit les causes et
especes en general , reste maintenant de
parler de chacune en particulier. »
10^
est necessaire à toutes les fiéures
pourries : car comme il est tres-cer-
tain qu’elle conuient à celles qui se
font du sang pourri , et aussi à celles
qui se font des autres humeurs, et
qui sont continues : de mesme peut-
on douter si elle est vtile aux fiéures
intermittentes, qüi ont leur siégé non
dans le sang hy dans les grands vais¬
seaux , mais dans les autres humeurs
non alimenteuses, et dans les petites
veines espar ses P ar la premier e région .
Mais ie remets cette difficulté lors
que nous parlerons dë la cure des fié-
ures intermittentes OU particulier.
CHAPITRE XV.
DE LA FlÉVhE SŸNOQVE.
Cy dessus rtous auons rapporté là
différence qu’il y âubit éntre la sÿtto-
que simple et la Synoque putride , et
auons dit quô celle *cÿ estoit vne
fiéuï-e continue, excitée de là pourriture
du sang qui est contenu dans les grands
vaisseaux Situés entré les aisnes et les
aisselles. Or cë sang qüi Se pourrit est
modéré, temperé, et composé d’Vne
égale permistion et meslange deS qua¬
tre humeurs ; ce que ie dis à flü qü’Oh
la reconnoisse des autres fiéüres con¬
tinues, lesquelles ont cela de propre,
que si le sang n’est modéré et egale¬
ment meslé des autres humeurs , ont
des sensibles redoüblemens et exa¬
cerbations , ou tous les iours , ou de
deux l’vUjOudetroisi’vn, selonqü’ily
a en la masse du sang vne humeur qui
excede et surabonde , ainsi que nous
dirons cy après. Mais lors que le sang
est proportionné d’vne égalé partie
des autres humeurs, ppür lors ceste
fléure n’a aucuns redoublemefis seU-
1 o8 LK VINGTIEME LIVRE
Sibles , si ce n’est lors que les vapeurs
putrides qui s’esleuent de ce sang
s’euaporent plus ou moins : ce qui fait
et produit trois degrés de tiéure , qui
sont comme autant de différences
d’icelle, sçauoir, Vliomotone ou acmas-
tique^ Vepacmastique, et la paracmas-
iique, desquels nous auons parlé cy-
dessus au chapitre de là synoque
simple. Quelques autheurs ont voulu
nier qu’il y ait aucune fiéure synoque
putride, d’autant (disent-ils) que le
sang ne se peut enflammer et pourrir
qu’il ne se tourne incontinent et dé¬
généré ou en bile, ou en atrabile, ce
qui fait indubitablement changer l’es¬
pece de la fiéure. Mais pour toute res-
ponse, ie les renuoye à Galien au
huitième de laMelhode, chap. 3, au
second den Différences des fiéures, cha¬
pitre 2 et 11, et au troisième des Cri¬
ses chap. 4, ausquels lieux ils pour¬
ront voir que Galien admet ceste
fiéure pour deux ou trois raisons qui
n’ont point de repartie.
I.es causes de ceste fleure ont esté
expliquées cy-dessus au chapitre 13, là
où nous auons dit que c’estoit ou la
constipation , ou l’obstruction , les
quelles estoient cause que la pourri¬
ture se meltoit dans le sang, principa¬
lement en iceluy qui est moins pur et
net. On pourroit icy s’enquérir s’il est
possible de subsister auec la pourri¬
ture du sang, qui nous sert de nourri¬
ture, etcomment il se peut fairequ’es-
tant vne fois pourri, il puisse se
corriger et reuenir en grâce et en
faneur auec la nature. A cecy ie res-
pons que iamais tout le sang ne se
pourrit, si ce n’est par vne extreme
ou insigne pourriture, de laquelle il
n’y a point d’appel , pour estre icelle
tout à fait ennemie de nostre vie : mais
toutesfois et quand que la pourriture
se met dans les veines, elle pourrit à
la vérité tout le sang , mais non pa
toutes les parties du sang. Car iceluy
estant composé de trois autres hu¬
meurs, et en outre d’vne certaine sé¬
rosité: en premier lieu, la partie plus
prompte et plus preste à se pourrir
reçoit la pourriture , et puis ensuite
les autres parties les vues après les
autres, selon qu’elles ont plus ou
moins de disposition : et ainsi la pour¬
riture s’introduit au sang et y de¬
meure, iusques à ce que toutes les
parties du sang plus disposées à pour¬
rir ayent esté consommées et dissipées,
et la fiéure entièrement esteinte : ce¬
pendant la partie du sang la meil¬
leure, et qui pour n’auoir pas eu dis¬
position à la pourriture ne s’est point
infectée auec les autres , demeure et
perseuere en son entier pour la con-
seruation et entretien de la vie *. C’est
pourquoy nousrespondrons aux diffi¬
cultés proposées , que toutes les par¬
ties du sang ne se pourrissant pas, il
en reste quelqu’vne saine et entière
qui sert de nourriture à nostre corps.
Pour les signes de celte fiéure, ce
sont les mesmes qui se trouuent en la
synoque simple, mais en vn degré plus
eminent et excellent. La chaleur est
plus acre, le pouls plus grand, vehe-
ment , viste et frequent qu’en la simple
synoque , outre qu’il est inégal et de
réglé, à cause, comme nous auons dit
au chapitre 13, que sa contraction est
plus legere que sa dilatation. Les
vrines en ceste fiéure sont rouges ,
espaisses , troubles, sans sédiment, et
puantes. Bref tous les accidens et
symptômes sont plus violons qu’en la
simple synoque. Aus.si est elle bien
plus périlleuse, sur tout lors que dés
le commencementil .suruienlvn cours
de ventre, car il abbat tellement les
DES FIEVRES.
forces, que la nature ne se peut ren¬
dre la maistresss du mal. Il est vray
que si ce cours de ventre venoit à
cause d’vn grand amas d’humeurs, il
pourroit accourcir la fiéure, pourueu
qu’il ne fust de longue durée : mais
s’il vient de la malignité des humeurs,
pour l’ordinaire il apporte la mort
Au reste ceste fleure quelquesfois
se termine au quatrième iour , bien
que rarement ; le plus souuent c’est
au septième , et ce , ou par cours de
1 L’édition de 1576 ne conûent aucune
description de la fieure synoche putride, chose
d’autant plus singulière, qu’elle a un cha¬
pitre exprès consacré à la cure de cette fiè¬
vre, comme nous le verrons au chapitre
suivant. Tout au plus rencontre-t-on au cha¬
pitre 9 quelques mots qui y ont rapport , et
qui se retrouvent d’ailleurs dans ce livre
nouveau au chapitre 17. Mais dans l’édition
de 1679, au chapitre déjà cité du livre des
2'umeurs, Paré avait essayé de donner une
idée de la synoche putride qu’il rattachait
alors au phlegmon ; voici ce texte :
« Que si le phlegmon est en vne partie in¬
terne, ou fort grand , ou voisin de quelque
partie noble , de sorte qu’il puisse enuoyer
de soy continuellement au cœur quelque
portion et vapeur île sa substance pourrie,
et non par la seule qualité de chaleur contre
nature, par continuation des parties de l’vne
l’autre , il fera l'espece de fieure que nous
disons Synoche putride, si le sang, qui par
contagion se pourrit dans les grands vais¬
seaux , est composé d’egale meslange et per-
mistion des quatre humeurs.
» Ceste fieure se connoist à ce qu’elle n’a
aucune remission ou exacerbation, encores
moins d’intermission. Elle tient le fébrici¬
tant oultie les vingt-quatre heures, ne finis¬
sant point lors à la mode des intermittentes
par vomissemens , sueurs, ou moiteurs, ou
peu à peu insensiblement, mais perseuerant
dure iusques à ce qu’elle se termine et quite
du tout le malade. Elle ne surprend sinon
ceux qui sont de bonne nature , en tempe-
109
ventre , ou par flux d’vrlnes , ou par
sueurs , ou par vomissemens , ou par
flux de sang : mais cela n’arriue point
que dés le quatrième iour on n’ait
apperceu des signes de coction dans
les selles et dans les vrines. Que si
après auoir veu les signes de coction
au quatriémeiour, il suruenoit quel¬
que crise au sixième , il faut la tenir
pour suspecte et pour imparfaite, qui
ameine apres elle, ou la recidiue , ou
la mort ».
rament et complexion , abondans en beau¬
coup de sang . et icelny iustement meslé des
quatre humeurs. Ceste fieure est de peu de
duree : d’autant que le sang par sa pourri¬
ture dégénérant en bile ou melancholie ,
fait incontinent vne autre espece de fieure,
sçauoir tierce ou quarte continues. »
Cette description diffère beaucoup de
celle du livre actuel ; mais on en retrouvera
les principaux traits au chapitre 17, lequel,
ainsi qu’il a été dit, correspond au chapi¬
tre 9 de l’édition de 1676.
1 Ce paragraphe semble correspondre à un
passage du chapitre 10 du livre primitif;
toutefois la doctrine n’en est pas exactement
la même. Voici le texte de 1676 :
« Sur tout il faudra espier le quatrième
iour : car si lors apparaissent quelques si¬
gnes de concoction , la ciise se fera le sej -
tierne iour, et ce par flux de ventre, ou vo¬
missement, ou vrines, ou sueurs, et prin¬
cipalement par hæmorrhagie : et lors ne fau¬
dra rien remuer d’auantage, ains laisser
faire Nature son deuoir, selon son chemin
qu’elle aura pris. Que si au contraire il n’ap.
paroist aucun signe de concoction ny de
crise, il ne faut rien entreprendre dauan-
tage , de tant que tel malade est déploré :
quelle maniéré de gens Galien defend d’at-
loucher. »
La première de ces deux phrases avait été
reproduite dans le chapitre 11 du livre des
Tumeurs-, mais la deuxième y est supprimée;
et on voit enfin comme s’explique le texte
définitif.
1 10
LE VINGTII^ME HVRE,
Nous voyons quelqucsfois que ceste
fleure se termine par vne quantité de
macules et de taches rouges qui appa-
roissent par tout le corps, et sont
cause que l’on l’appelle pour lors
pemphygodcs ^ purpurée, ou fiéure de
pourpre, qui est ordinairement fort
périlleuse, et qui ne se termine gueres
que dans la seconde ou troisième
sepmuine. Auxenfans ceste fléure est
souuent accompagnée de rougeolles
et verolles.
CHAPITRE XVl.
DE LA. CVKE DE LA SYNOQVE PUTRIDE
Nous auons dit vne partie de ce
qu’il faut faire pour la cure de ceste
fiéure en celle de la synoque simple,
et au chap. 14 : qui est que la princi¬
pale intention consiste à ester la cause,
et à modérer l’excès de la chaleur.
Premièrement donc , à cause que
c’est le sang qui peche icy, il faut l’eua-
cuer et le diminuer, et en suite combat¬
tre les causes par leurs contraires. Par
exemple, la constipation des pores du
cuir doit estre dégagée par les me-
dicamens qui ouurent, qui débou¬
chent et qui raréfient : semblable¬
ment on doit oster l’obstruction,
sçauoir celle qui se fait de l’abondance
des humeurs par leur euacuation , et
celle qui se fait par la crassitie d’iceux
par les remedes qui atténuent.
En somme le viure doit estre toutjà
‘ Ce chapitre est en grande partie la re¬
production du chapitre 10 du livre primitif,
mais avec des cUaugemens tels que la fln de
celui-ci se retrouve au commencement de
l’autre; et la doctrine même a notablement
varié. Le lecteur en fera aisément la com¬
paraison à l’aide des notes suivantes.
fait réfrigérant et humectant, au reste
fort ténu , et qui pour la plus part
consiste en boüillons de poulets et de
chair de veau, que mesme nous alté¬
rerons auec herbes d’ozeillc, de laic-
tue et de pourpié : caria chaleur natu¬
relle estant atTolblie, et par la violence
de la fiéure , et par les remedes qu’il
conuient faire, ne pourroit cuire beau¬
coup de viandes. La boisson sera d’eau
d’orge, de sirop violât trempé de
beaucoup d’eau, deiulep alexandrin,
si principalement il suruient quelque
grand flux de ventre , comme il ad¬
ulent souuent en ceste fléure > : fuyant
1 Ce paragraphe répond à la fin du cha¬
pitre 10 de 1575 ; et le texte est le même jus¬
qu’en cet endroit ; mais alors l’édition pri¬
mitive intercalait un court paragraphe sur
l’observation du quatrième jour, que nous
avons reproduit dans la dernière note du
chapitre précédent. Puis le chapitre se ter¬
minait par cette phrase sur l’usage de l’eau
fraîche et du vin :
« Quant à l’eau fraische de laquelle Galien
fait si grand cas en ceste maladie, il ne fau¬
dra en donner à boire, qu’il n’apparoisse
premièrement signes de concoction : mesmes
sur la déclinaison sera bon donner du vin
pour esmouuoir les sueurs. »
Cette phrase avait d’abord été copiée dans
le livre des Tumeurs en 1579; mais en 1585
elle fut modifiée ainsi qu’il suit :
« Gai. llu. 9. de la Méthode, chap. 5. or¬
donne de boire grande quantité d’eau froide
au plus fort de la fiéure ardante, et des fié-
ures synoches : telle chose profite , et amol-
list la chaleur febrile , comme quand on
iette force eau au feu pour l’cstelndre :
toutesfois il n’en faudra donner au malade,
que premièrement on ne voye les signes de
concoction : mesme sur la déclinaison , ne
sera hors de propos donner du vin pour
esmouuoir les sueurs. »
Et enfin dans le livre actuel, mieux in¬
struit par l’expérience, Paré rejette absolu-
I ment l’usage du vin, qu’il avait d’uhojd
DES FIEVRES.
tant que faire se pourra le vin, que ie |
ne conseille mesnies pas de boire au
déclin de la Heure, de peur de res-
chauffer le foye et le sang , qui n’est
pas encore bien remis de la première
chaleur. Quelques-vns trouuent bon
d’en donner sur le déclin, à fin d’emou-
uoir les sueurs : mais ie le trouue vn
peu dangereux, à cause qu’en ces vio¬
lentes fléures continues , on n’est pas
sans soupçon d’inflammation aux par¬
ties nobles. le trouue meilleur auec
Galien de donner l’eau froide libre¬
ment et libéralement, mais auec les
cautions cy-deuant obseruées.
Mais la curation principale de ceste
fléure , selon l’opinion de Galien en
Fonziéme de lo, Melhode , consiste en
la phlébotomie : car le sang estant tiré,
la plénitude est ostée, d’où il s’en suit
que l’obstruction est dégagée, et par
conséquent la pourriture ' . Or comme
ainsi soit qu’en ceste fléure , il n’y a
pas seulement vice de la matière par
la pourriture du sang, mais aussi ex¬
cès en la température par la vehe-
donné comme bon, puis comme non hors de
propos. Nous trouverons par la suite plus
d’une rétractation de ce genre, qu’il me pa¬
raît fort intéressant de signaler.
1 Le commencement de ce long paragra¬
phe répond exactement au début du chapi¬
tre 10 de l’édition de 1675, et on le retrouve
également au chapitre 2 du livre des Tu¬
meurs des éditions postérieures. Seulement
ce dernier texte porte : la curation de ceste
fléure {selon ce que i’ay appris des bons méde¬
cins), etc.; tandis que le livre primitif et le
livre posthume portent également ; selon
l’apiniop de Galien. De même tous deux
s’accordent à dire un peu plus bas : ce qui
a esmeu Galien « dire qu’il fallait icy saigner
iusques à lipothymie ; tandis que le livre des
Tumeurs corrige : ce qui a esmeu quelques
vns, etc. Mais à partir de cette dernière
phrase, le texte a beaucoup changé; j’y re¬
viendrai dans la note suivante.
mence de la chaleur : de là vient que
la phlébotomie ne remedie pas seule¬
ment à la pourriture, comme nous
auoris dit , mais aussi à l’intemperie
chaude ; car le sang (auquel consiste
toute nostre chaleur) estant euacué,
fait exhaler auec luy les excremens
acres et fuligineux , qui pour estre
supprimés et retenus au corps, aug-
mentoient fort l'ardeur de la fléure.
En outre en la place du sang euacué,
les veines attirent beaucoup d’air froid
pour euiter le vuide que la nature
abhorre : d’où vient le rafraichisse-
menf de toute l’habitude du corps :
mesme à plusieurs par le moyen de
la phlébotomie il suruient vn bene-
flce de ventre, ou bieri les sueurs sor¬
tent en abondance, choses fort sou¬
haitables en ceste espece de fléure. Ce
qui a esmeu Galien à dire qu’il falloit
icy saigner iusques à lipothymie *, ce
que nous n’auons pas toutesfois ap-
prouué cy-dessus , louant d’auantage
l’opinion de ceux qui, aduenantlecas
que le malade eust besoin de grande
euacuation de sang, départent par
epaphœrese icelle vacuafion, estant
du sang par interualles , tant de fois
‘ Là finit la ressemblance entre le com¬
mencement du chapitre 10 de 1575 et le
texte posthume; je reproduis ici le premier,
qui est fort court, et qui avait été reproduit
à peu près littéralement au livré des Tu¬
meurs :
« Toutesfois d’autant que plusieurs par ce
moyen ontauec le sang rendu l’ame entre les
mains des Médecins, ie serois plustost d’auis,
aduenant le cas que le malade eust besoing
de grande euacuation de sang, de partir par
epicrase icelle euacuation , répétant icelle ,
et estant du sang par interualles , tant que
les forces du malade le pourront aisément
porter. »
Voilà ce qui , dans le livre primitif, cor¬
respond à toute la ûn du paragraphe actuel.
1 12
LE VINGTIEME LIVRE
que les forces du malade le peuuent
souffrir aisément, et que la grandeur
du mal le desire. Il est à la vérité im¬
possible de dire la quantité du sang
qu’il faut tirer, et le nombre de
fois qu’il faut saigner : il faut toutes
fois bien s’empescher de suiure l’opi¬
nion de ceux qui , après auoir saigné
deux ou trois fois, et quatre ou cinq
au plus, laissent plustosl mourir le
malade que de le saigner d’auantage.
Il faut tousiours s’arrester à ces deux
maximes, qui sont d’auoir esgardà la
grandeur et violence du mal, et aux
forces du malade. Tant que les forces
le permettent, il faut saigner si la
violence du mal vous y conuie, ne
regardant point si c’est de iour ou de
nuit, si c’est le matin ou le soir, si
c’est l’hyuer ou l’esté, si c’est en plaine
ou nonuelle lune, en quelque con-
ionction que se puissent trouuer les
astres, n’espargnantmesmepas ny les
enfans , ny les vieillards , ny les
femmes grosses, ny les femmes accou¬
chées ; brefn’ayantaucuneexception,
ny des lieux, ny du temps, ny des
personnes. C’est pourquoy cette reigle
doit estre obseruée ailleurs comme à
Paris, en Italie, Espagne, Allemagne,
Poloigne , Angleterre , comme en
France : en l’Afrique et Amérique,
comme en l’Europe : estant toutesfois
de la prudence du Médecin de modé¬
rer l’euacuation du sang selon les
circonstances, lesquelles ne peuuent
pas empescher tout à fait les remedes
indiqués par le mal, mais les modérer |
seulement et les modifier : ne plus ne
moins que pour la vie,»il est necessaire
de prendre de la nourriture, estant
toutesfois besoin de la changer, aug¬
menter, diminuer, aduancer, retarder
selon les circonstances de l’aage, du
sexe, du tempérament, du lieu, du
temps et de la saison. le me suis icy
voulu estendre sur la saignée, pour
desraciner l’opinion de ceux qui la
blasment, et pour encourager ceux
qui sont trop craintifs à la faire. Cecy
en outre seruira non seulement . pour
la cure de la fiéure synoque putride,
mais aussi pour la cure des autres
fleures, et de toutes les maladies qui
ont besoin de la phlébotomie.
Auantque faire la saignée, ou après
la première saignée faite , si le ventre
est dur et paresseux , il faudroit le
lascher auec un clyslere remoliient
et rafraîchissant, de peur que les
veines espuisées et vuidées par la
phlébotomie n’attirent à elles l’impu¬
reté des humeurs qui croupissent
dans les intestins. Mais il faut que le
clystere soit modérément rafraichis-
sant ; car ceux qui rafraîchissent
trop adstreignent et serrent plustost
le ventre que de le lascher. En la
première impression de ce discours ,
ie conseillois après la première sai¬
gnée de donner vn leger médicament,
comme le bol de casse, ou de calho •
licon, pourfaire minoration delà ma¬
tière. Mais i’en ay veu de si mauuais
effets, et des redoublemens de fiéure
si furieux , et autres accidens si es-
tranges , que i’ay esté contraint de
changer d’aduis, et remettre la pur¬
gation après le septième iour. C’est
pourquoy à mon exemple, ie conuie
ceux qui ont la mesrae pratique que
i’auois d’estre plus circonspects à don¬
ner les purgatifs, et peser deux ou
rois fois, auparauant que de les bail¬
ler, si la violence de la chaleur et la
grandeur de la pourriture contenue
dedans le sang le peuuent permet¬
tre 1. Il faut à la vérité minorer la
‘ Voici une nouvelle rétractation de Paré,
ou on voit qu’après avoir suivi une pra¬
tique qui se rapprochait du brownisiue ino-
DES FlléVRES.
maliere, et nettoyer la première ré¬
gion du corps : mais cela se peut bien
faire plus commodément et seure-
ment par les clysleres qui ne trou¬
blent point la nature, que par les
purgatifs qui remuent , troublent ,
esbranlent et agitent toutes les hu¬
meurs , et ne vuident rien de ce
qui fait le mal, d’autant qu’au com¬
mencement des maladies , il n’y a en¬
core rien de cuit ny de préparé. At-
derne, il en était revenu presque au régime
antiphlogistique; il est curieux de repro¬
duire à eette occasion ses diverses rédactions.
Dans son premier livre, en 1575, il s’expli¬
quait ainsi:
« La phlébotomie ainsi deuëmentcelebree,
il faudra incontinent donner vn clystere qui
soit remolliens, et modérément refraischis-
sant : car ceux qui reCraischissent trop, ad-
streignent plustost le ventre qu’ils ne le las-
chent. Or Inccntinent apres la saignee , ou
peu deuant, il faut lascher le ventre, de
peur que les veines inaniees parla phlébo¬
tomie n’attirent en leur capacité l’impurité
des intestins. Le lendemain faudra par vn
legier médicament, comme de bol de Casse
ou de Gatholicurn , faire minoration de ta
matière : et apres ordonnerez syrops qui non
seulement ayent force de refraischir, mais
aussi d’empescher la pourriture, quels sont
les syrops de limons , de berberis, Vaceteus,
de acelodtate citri , de gremlis ; oxysaccara
simples, ausquelsil faudra rnesler des eaux
de pareille vertu , comme l’eau d’aceteuse,
de roses, et autres semblables. »
Après quoi il passait à la prescription du
viure, que nous avons retrouvée au commen¬
cement de ce chapitre. En 1579 , il s’était à
peu près borné à copier ce passage , sauf la
phrase si remarquable relative à L’absorp¬
tion des veines, qu’il a d’ailleurs reproduite
dans le texte actuel. Je ne sais d’ailleurs par
quel fâcheux oubli, ayant ainsi changé tout-
à-fait de pratique , il laissait subsister dans
son livre des Tumeurs des préceptes recon¬
nus mauvais par lui-même, et auxquels il
avait renoncé.
n3
tendant donc le huitième îour à
purger le corps, on se seruira cepen¬
dant des clysteres , tant pour rafraî¬
chir que pour nettoyer les impuretés
des intestins , et fera-on vser aux ma¬
lades de iuleps, apozemes et syrops,
qui non seulement ayent la force de
rafraîchir, mais aussi d’empescher
la pourriture, tels que sont les syrops
de limons, de berberis, l’aceteux ,
de acetositate citri , de grenade, oxy-
mel , oxysacchara simple, ausquels il
faudra rnesler les eaux ou les décoc¬
tions des herbes de pareille vertu.
Ayant ainsi préparé les humeurs et
adouci la chaleur de la fiéure , vers
le huitième iour on pourra purger
le corps auec infusion de casse, de
tamarins, de séné de Leuant , et le
syrop de cichorée composé auec
riieubarbe, ou auec tels autres pur¬
gatifs que le médecin iugera estre
propres, tant au naturel du maladeet
à la condition de l’humeur qui do¬
mine plus en son corps, qu’à la partie
du corps qui est plus chargée d’hu¬
meurs.
CHAPITRE XVII
DES FIÈVRES INTERMITTENTES, DE lÆVRS
ESPECES, ET COMMENT ELLES SONT
DISTINGVÉES DES CONTINVES.
Après auoir parlé de la fléure pu¬
tride qui se fait du sang,, il faut pas¬
ser à celle qui s’engendre de la bile
jaune, laquelle nous auons dit estre in¬
termittente ou continue. Nous auons
ditdesia ce que c’estoit que la fiéure
continue , et comme elle differoit de
l’intermittente *. Il est neantmoins à
' Il en a déjà parlé en effet en divers en¬
droits , notamment aux chapitres 8 et I2
8
III.
LE VINGTIEME LIVRE
i«4
propos deuanl que de passer outre j
d’expliquer encôre cela plus ample¬
ment, à lin d’en informer le foible es¬
prit du ieune chirurgien , et qu’il ap¬
prenne par quéls signes il connoistra
vne fleure' intermittente d’auec vne
continue.
Il a donc esté dit cy-deuant i que la
matierè' deS fléurés Continués venant
à sè pourrir aux grands vaisseaux, en-
mais nulle part peut-être si nettement qu’au
commencement du chapitre G de 1675, intî-
tulé :'2?es fieures d'accez, et •premièrement de
la quotidiàne ihtér'miitèhte, y oici ce premier
texte : -
« Ayant parlé de la cure des fleures putri¬
des en general, faut maintenant en parler
en particulier , commençant par les inter¬
mittentes, ou d’accez. Doncques fleure d’ac¬
cez e't celle: qui à certaines heures déter¬
minées en certains iours, comme tous les
iours , si elle est quotidiane : ou de trois
iours Vvn , si elle est tierce : ou de quatre
iours rvri, si elle est quarte, surprend le ma¬
lade. »
On retrouvera la suite de ce texte au cha¬
pitre 25 du livre actuel.
‘ Cydeuant : voyez au chapitre 12. Du
reste le chapitre 12 n’en avait parlé qu’en
passant, car l’auteur avait traité ce sujet
dans le chapitre 9 de son premier livre de
1575 , et il ne voulait pas perdre sa rédac¬
tion, Ce chapitre 9 est intitulé : Des fleures
cohiinues, de leurs especes, et de leurs signes,
et il peut paraître assèz étrange dé le voir
fondu tout entier dans un autre qui a pour
titré : Des fiéures inter\niàenies. l\ en est ce¬
pendant ainsi, et Paré nous a accoutumés à
tien d’aulrés'disparates. Ainsi tout le para¬
graphe actuel h’est que la reproduction du
commencement du chapitre 9de 1575, à pari
les premiers naots qui se lisaient ainsi :
« La matière des fleures continues est placée
és grands vaisseaux', oâ veiiant à pourrir, en-r
uoye de soy continuellement au cœur, etc. »
Nous retrouverons le reste de ce chapitre
dans les notes suivantes.
uoye de soy continuellemenf aucœur,
ou quelque portion de la substance
pourTie , ou bien quelque vapeur , ce
qui fait que le cœur estant ainsi con¬
tinuellement combattu et eschauffé,
enuoye par tout le corps vne chaleur
immodérée et contre nature, que nous
appelions fleure continue. Que si ceste
matière est enfermée en l’aine ou
en autre lieuplus eslongné, alors pour
la distance des lieux , pour l'angustie
des vaisseaux , pour la petite quan¬
tité de la matière , elle ne peut en-
uoyer au cœur aucune substance pu¬
tride ny aucune exhalaison , mais la
seule quantité de chaleur contre na¬
ture, par continuation des parties
Fvne à l’autre, comme nous enseigne
Galien; au premier des fiéures,, dont est
excitée simplement ou la fleure diaire,
ou ja Symptomatiqué.
Mais lors' que la matière est reser¬
rée dans les veinés et conduits de la
première regiop du corps , laquelle
pour parler nettement est comme sa
sentine et son esgout, pour receuoir
les élcreméns de la première et se¬
conde coction : et après qu’elle y a
deméubé et croupi fort long-temps,
si élleviènt à s’y pourrir, paï sonebul-
lition elle enüoyé des vapeurs au
cœur par les veines et arteres, qui se
communiquent les vues aux autres
par les rameaux de la veine porte qui
sont insérés en la vouste du foye, et
par ceux de la veine caue qui sortent
de la partie gibbe d’iceluy. Ces ra¬
meaux icy seioignans ensemble dans
la substance du foye par leurs embou-
chèuresou anastomoses, font que les
vapeurs putrides sont facilement por¬
tées iusques au cœur : mesme que les
rameaux de la grande artere, qui
sont enuoyés àl’estomach, auxintes-
tins, àlarateet au mesentere, por¬
tent aussi lesdites vapeurs qui sortent
BES FIÈVRES.
des humeurs pourries de la première
région du corps iusques au cœ'ür où
la fiéüre est àlluméô, taht et si long¬
temps que la maliere qui se pourrit
duré et s’entretient. Ladite fiéure
cessé aussi IdM 'que' ladite matière Se
dissipé et Sé résout,' Soit’ insensible-
nient pat ta chaleur' de la fiéure, ou
iù'Sëiisiblerneht par les vomissemensj
flüi de f entré", flùx d’vrine,' Où siiëurs.
Ôr d’autaùt qüé ladite nàatieré, pour
eStre dans des conduits estroits et
petits, ne peut pas estte arnassée en
grâride quantité : de là Viénl queles
accès de la fleure, qui ’éSt excitée pàr
Cette matière, né péüùent pas estre
longs ùÿ dé düréb : et par cè moyen il
arriue'què céste fleure a dé l'intermiis-
sii>n et disparôisf toùt à fait , iü Sqüès
à cé qiiè pareille màtiete soit ren geù-
drée et ramassée de nouueau par
rindisposilioii de^ parties, et (jumelle
Ÿiéiiné dé reciiefà sè pourrir : car pour
lors f accès aussi de la fléure retourne
de nouueau, et dure iusques à ce que
ladite matière soit dissipée et resoute:
et ainsi par périodes la fleure a des
r(?prises et des intermissions, qui font
que pour ce suiet elle est nommée
fiëüreîniermitiénté. ' ' '
Par ce discoursnous apprenons que
les fièurés continues doiuent estre
distinguées des intermitleules par
deux ou trois signes. Premièrement
en ce que depuis leur commencement
iusques à la fin et guérison entière,
elle tiennent constamment le malade
sans aucun relasche : là où les inter¬
mittentes, après auoir fait vn accès
de douze ou de quinze heures, plus ou
moins, donnent vrte intermission ma¬
nifeste de quelques heures sans tenir
aucunement le malade. Secondement,
la continue est disliriguée de l’inter¬
mittente par la diuerse façon de sur¬
prendre le malade. Car la continue
1 15
surprend subitement le fébricitant,
sans enuoyer deuant ny frisson, ny
horreur, ny rigueur, sinon peut estre
qu’au premier commencement il peut
y auoir quelque inégalité au corps.
Mais rintermiltente vient peu à peu,
et enùoÿe tousioùrs pour messagers
et aùaht-coureurs, ou vn frisson ou
vn tremblement, auec des pandicula¬
tions, baaillemens, restrecissemens
des parties, pasleur au visage, fluidité
où ternisseure aux onglés, et autres
tels àcCidens. Bref, la continue presse
et tient son homme outre les vingt-
quatre heures, et perseuere iusqués à
Ce quelle se termine et quitte du tout
le malade, làoùrintermittente après
quelques heures comme i’ay dit, flnit
soh accès ou insensiblement, ou sensi¬
blement et manifestement par vomis-
sëmehs, sueurs ou autres euacua-
lions ‘.
1 Ce paragraphe se retrouve en germe
dans le chapitre 9 de 1675.Voicile passage,
qui se lit , non point après celui de la note
précédente , mais immédiatement après ce¬
lui de la note suivante :
« Venons maintenant aux signes. Il te sera
aisé de distinguer vne continue d’auec vne
intermittente par ces marques. La continue
subitement surprend le fébricitant sans
qii'aucttn ft'isson , horreur ou rigueur mar¬
che et le tienne deuant, sinon peut estre
pour le premier commencement il y a ine-
qualité : le pouls plus grand que la vehe-
mence de la chaleur ne porte : elle pousse
et tient son homme outre les vingt-quatre
heures, ne finissant point lors à la mode des
intermittentes par vomissements , sueurs
manifestes , ou par moiteurs, ou peu à peu
insensiblement, mais pefseuerant dure ius¬
ques à ce qu’elle se termine , et quitte du
tout le malade. Tellement sont distinguées
les continues d’auec les intermittentes...»
Voyez la suite à la dernière note de ce
chapitre.
Le VmGTI^ME LIVRE,
116
Allant que finir ce chapitre, ie veux 1
donner les especes de s fiéures conti- !
nues et des intermittentes , et dire les
marques par lesquelles on les peut
distinguer les vnes d’auec les autres. ,
Pour les continues nous en auons de
quatre especes, la synoque, la tierce
continue, laquotidiane continue, et la
qunrie continue. La synoque se fait
quand le sang se pourrit , comme
nous auons démontré cy-dessus. La
tierce continue se fait quand la masse
du sang qui se pourrit a en soy plus de
bile que des autres humeurs. La quo-
tidiane continue s’engendre quand
il y a en la masse du sang plus de
pituite que des autres humeurs. La
quarte continue vient quand en la
masse du sang la melancholie sur¬
monte. Mais, me direz-vous, si telles
fiéures sont continues, pourquoy les
nommez-vous tierce, quolidiane ,
quarte, à la mode des intermittentes ?
Elles sont appellées continues, parce
que pour le voisinage et commerce
qu’a la matière dont elles sont exci¬
tées auec le cœur, elles continuent
tousiours sans aucune intermission ,
iusques àla fin et terminaison generale
de toute la maladie. Mais elles sont
aussi appelées l’vne tierce , l’autre
quarte, l’autre quotidiane, pource
qu’estant excitées d’vn sang ou plus
bilieux, ou plus melancholique, ou
plus pituiteux, ellesdonnent quelques
redoublemens et exacerbations, et se
montrent plus violentes et ardentes,
ou de trois en trois, ou de quatre en
quatre iours, ou de iour en autre,
donnant au reste quelque relasche
et remission , mais non pas inter¬
mission absolue , és iours et heures
d’entre-deux. En quoy elles sem¬
blent retenir quelque chose du mou-
ueraent des intermittentes , selon
qu’en la matière pourrie qui les fait,
il y a plus de bile, ou melancholie, ou
pituite*.
Or à fin que tu reconnoisses ces qua¬
tre sortes de fiéures continues les vues
d’auec les autres, tuteressouuiendras
que la synoque ne surprend sinon
ceux qui sont de bonne nature et d’vn
tempérament bien reiglé et modéré,
quiont abondance de bon sang, et qui
ont vne bonne habitude de corps. Au
reste, elle tient tousiours egalement
son homme, non seulement sans in¬
termission, mais aussi sans remission
et exacerbation manifeste.Les tierces,
quartes, et quotidianes continues, se
connoissent parles causes qui peuuent
accumuler et engendrer bile, melan¬
cholie, ou pituite en la masse du sang,
ou bien par les effets de telles hu¬
meurs et par leurs exacerbations 2,
* Tout ce paragraphe est copié presque
littéralement du chapitre 9 de 1575, qui pré¬
sente même quelque chose de plus au com¬
mencement et à la fin. Ainsi immédiate¬
ment après le passage noté dans la première
note, on lisait :
«Or pour retourner aux fleures continués,
leur matière contenue és grands vaisseaux,
veines et aiteres, qui sont entre les aissel¬
les et les aisnes , est le sang, ou masse san¬
guinaire : lequel venant à se pourrir par
quelqu’vne des cinq causes efficientes para-
uant mentionnées, nous fait quatre especes
de fleures continués, synoche, etc. »
Et après les derniers mots du paragra¬
phe actuel : ily a plus de bile, ou melancho¬
lie, ou pituite, l’édition de 1575 ajoutait :
« Gomme ainsi soit que le propre de la
bile soit de se mouuoir de trois en trois, de
la melancholie de quatre en quatre iours ,
et de la pituite tous les iours : de quoy Dieu
aidant nous tascherons à rendre raison àla
fin de ce liure. »
Il renvoyait ainsi à son chapitre 15, qui
va faire tout à l’heure le chapitre 18 du li¬
vre actuel.
’ Ce paragraphe faisait la fin du chapitre 9
DES FIÉVKES.
qui sont que les tierces continues les
ont de deux iours l’vn , les quartes de
trois l’vn, et les quotidianes tous les
iours. ♦
Quant aux fiéures intermittentes,
il y en a de trois especes, la tierce qui
se fait de la bile, la quarte qui vient
de l’huraeur melancholique ou atra¬
bilaire, et la quotidiane de la pituite.
Elles sont distinguées enlr’elles, en ce
que la tierce ne prend que de deux
iours l’vn, la quarte de trois l’vn, et
la quotlHane tous les iours. Nous
allons tascher d’apporter les raisons
de ces intermissions périodiques au
chapitre suiuant.
CHAPITRE XVIIL
POVRQVOY LES ACCES DES FIEVRES IN¬
TERMITTENTES RETOVRNENT A CER¬
TAINS lOVRS , SÇAVOIR DES QVOTI-
DIANES TOVS LES lOVRS, DES TIERCES
DE TROIS EN TROIS, DES QVARTES DE
QVATRE EN QVATRE lOVRS
l’cntreprens en ce chapitre l’expli¬
cation d’vne question non moins pro¬
fitable que plaisante ; ce que ie fais
d’autant plus volontiers que ie con-
en 1595; seulement, à l’endroit de cette
note, le texte primitil portait: «...ei par
leurs exacerbations et remissions ; toutes les¬
quelles choses ont esté cy deunnt expliquées assez
au long. »
1 Ce chapitre porte le même titre que le
chapitre 15 et dernier du livre de.î Fleures
de 1575; et à part la courte phrase qui le
termine et quelques mots au commence¬
ment, il en est presque littéralement copié.
Il sulTira donc de rétahlir le début du texte
primitif.
« Ayant exposé assez amplement , non ,
'^7
nois la cause d’icelle n’estre moins
obscure et controuersée en l’esprit
des Médecins, que son effet est mani¬
feste et sensible es corps des panures
febricitans qui en endurent les accès.
Car à commencer par Galien le pre¬
mier de tous, luy-mesme a confessé
plainement etapertement, qu’il igno-
roit la cause de la certitude des accès
des fiéures intermittentes. Ses paroles
sont couchées à ce propos au chap. 8
du liure 3 des iours Critiques, v Quelle
» est la cause (dit-il) que des maladies
» aiguës les accès se font de trois eu
» trois iours, et des longues de quatre
» en quatre, où tous les iours, il n’est
» pas aisé à trouiier , et n’est pas
» maintenant necessaire de le dire. »
Quelques-vns qui sont venus depuis
Galien ont dit que cela procedoit d’vne
certaine qualité inconneuë et pro¬
priété occulte qui est en chaque hu¬
meur, et qui la fait mouuoir en tel et
en tel iour, ny plustost, ny plus tard.
Mais de recourir à vne propriété oc¬
culte, c’est plustot fuyr le trauail
d’vne curieuse industrie , que de re¬
chercher la vérité du fait. Car qui
est-ce qui ne pourra par ce moyen
soudre toutes sortes de questions les
plus difficiles ? mais pour cela nous ne
serons pas éclaircis, ny resouts de ce
peut estre, comme la dignité de la chose le
requeroit, mais tant que besoin estoit pour
l’instruction d’vri Chirurgien, les différences
et especes des fleures , les causes dont elles
dépendent et viennent, les signes par les¬
quels on les cognoist quand elles sont ve¬
nues, et les moyens de les curer et guarir,
i’ay bien voulu adiousteretreseruer pour le
dernier mets l’explication de ceste ques¬
tion , non moins profitable que de plaisant
discours : et que i’ay entrepris de tant plus
volontiers que ie cognoissois la cause d’i¬
celle n’estre moins obscure et controuersée
en l'esprit des Médecins, etc.,, »
LE VINGTIEME LIVRE,
I l8
que nous auons à tenir de telles pro¬
positions. C’est pourquoy pour parue-
nir à la resolution de celle qui se pré¬
senté, prenons vn autre chemin. Nous
dirons premièrement que c’est qu’ ac¬
cès, et quelles causes font l’accès,
pour de là tirer des principes propres
pour l’intelligeUce et conclusion de ce
que nous prétendons.
Accès donc n’ek autre chose sinon
vn effort dénaturé irritée pour se dé¬
faire et despestrer de l’humeur qui luy
est fascheuxet moleste. Car l’humeur
chaud etpourri, reclus en quelquelieu
que ce soit hors des veines, tant qu’il
est à recoy et de repos n’agite et ne
trouble le corps aucunement : mais
lors que quasi comme forcené , il vient
às’esmouuoir de làpar impétuosité de
nature irritée, il l’esbranle diuerse-
ment. Car pour accommoder cecy aux
fiéures intermittentes, posons le càs,
comme il peut aduenir, que le mesen-
tere soit le foyer de la fiéure : l’hu¬
meur bilieux là enuoyé ou accumulé
peu à peu, se pourrit au bout de quel¬
que temps, tant à cause de l’obstruc¬
tion que de l’impression de la pourri¬
ture laissée en Ce lieu par le premier
et precedent accès : dont eschauffé et
comme fomenté par la chaleur pu-
tredineuse, se gonfle et enfle, de sorte
que ne pouuant plus tenir en son lieu
et tas accoustumé, il s’espand par les
parties membraneuses et sensibles du
mesentere, donnant vn effroy et hor¬
reur à tout le corps, pour le consen¬
tement et sympathie qu’ont toutes
les membranes les vnes auec les au¬
tres. De cest humeur ainsi enflammé
en cesle sentine et foyer du mesen¬
tere , s’esleue vne fumée chaude et
caligineuse, qui portée au cœur vient
de là à se répandre par tout le eprps,
premièrement auec vn sentiment de
froideur, puis de chaleur , faisant en
vn mot ce que nous appelions accès.
Donc deuant qu’vn accès se fasse,
trois choses sônt requises : le foyer
ou le lieu où s’amasse et se pourrit
l’humeur : la faculté excreti ice irri¬
tée par cest humeur puis l’humeur
Ju’oporlionné en quantité et qualité
pour irriter la faculté excrétrice; du
mesentere , ou de quelque autre j^ar-
tie hors des veines, qui sera le siege
et foyer de la fjéure intermittente, il
faut donc., premier que Fhumeur
puisse irriter Nature à en faire excré¬
tion par la violence d’vn accès,
qu’iceluyhumeur excedeen quantité,
autreihent il ne la chargera point
de son faix : et qu’il pesche aussi en
qualité putredineuse, autrement U ne
l’esguillonnera point , et ne fera rien
en icelle d’auantage qu’vne seule
pléthore et répétition : qui sont les
deux points en somme desquels dé¬
pendent les principes de la certitude
de la répétition des accès, et qui liés
et conçurrens ensemble envn mesme
humeur, sont cause que la pituite en
la fiéure quotidiane répété son accès
tous les iours , que la bile ou cholere
ameine la tierce de trois en trois, et
que l’humeur melancholique fait, la
quarte intermittente de quatre en
quatre iours.
Car pour commencer par le premier
de tous les humeurs que nous auons,
il n’y en a ppint qui soit en plus grande
quantité après le sang que là pituite,
il n’y en a point aussi qui prenne
pourriture après ledit sang plus aisé-
ment, d’autant qu’estant espaisse et
visqueuse, elle reçoit aisément ob¬
struction par faute de libre transpi¬
ration : et en outre elle conuient par
vnede sesqualités auec la pourriture,
c est à sçauoir par l’humidité , qui est
la mere de putréfaction. Parquoÿ fai¬
sant son accès de la longueur de dix-
DES FIEVRES.
huit heures, elle peut en l’espace de
six heures qui restent du iour, s’ac¬
cumuler et s’amasser en iuste quantité
dans la parüe qui sera le siégé et
foyer de la fiéure quolidiane, etpourra
pareillement receuoir promptement
pourriture en icelle, fin que pour les
raisons cy-dessus alléguées, elle irrite
par sa quantité et qualité ladite partie
à faire excrétion de ceste humeur,
commeinutile et ennuyeuse, etqu’elle
donne par ce moyen vn nouueau ac¬
cès pour la tournée suiuante. Ce qui
se continuera tpusiQurs par vnereigle
et ordre asseuré, tant que par l’effort
et violence deplusieurs accès s’entre-
suiuans de iour en autre, toute la pi¬
tuite qui estoit propre à conceuoir
pourriture dedans le corps, soit eua-
cuée et vuidée hors d’iceluy par les
vrines, sueurs, vomissemens, et au¬
tres euacuations qniaccompagnent et
terminent les accès : en outre que
l’intemperature de la partie où estoit
le foyer definflammaiipn,par le bé¬
néfice de nature, ou des medicamens
refrigeralifs, soit tellement corrigée
et'esteinte, que la cause efficiente et
m aterielle des accés'cessan te , jia îfiéure
ensemble cesse de tout en tout.
Pour pareille . et semblable raispn
on cp.nclud et inféré pour la certitude
de raccés de la fleure tierce de trois
en trois iours. Car après le sang et la
pituite, ii y a plus d’hqmeur choléri¬
que et bilieyx en nous que d’autre
humeur que ce soit, tant pour remplir
la capacité du cystis fellis qui eisl la
flole du fiel, que pour procüi'er les
excrétions iournalieres qui se font par
en bas, lors que le fiel vi -nt à regor¬
ger de sa fiole ou vessiedansreephysis
etieiunurn intcstiniim.îl n’y en, ^ poin,t
aussi après le sang et pituite, qui plus
aisément reçoiue l’impression de la
pourriture que l’humeur bilieux, tant
119
pour sa tenuité, estant ce principe et
maxime receu en Medecine ; Que toute
substance, ténue estplus facilement et
promptement altérée qu’vne dense et
espaisse ; qu’aussi pour c.p qu’il est
enclin et disposé à pourriture par
vne de ses qualités, qui est la chaleur.
C’est pourguoy faisant son accès dp
la longueur de douze heures,, U luy
est requis plus de temps qu’àlapituite
pour s’amasser en iuste quantité d.ans
le foyer de la fiéure, et pour aqqiîérir
la qualité de pourriture competente
pour donner les eslancemens et as¬
sauts d’vn nouueau accès ce temps
donc naturellement et par raispp est
d’vn iour et demy, c’est à dire trente-
six heures, temps qui est plus long que
celuy delà fleure quotidiane, d’autant
que rhumeur bilieux cède et en quan¬
tité, et en promptitude , dp , receuoir
pourriture à la pituite, , et stirpa,s?p,la
raelancholie. Cpr la melapchoiip p’es-
taut presque d’aucun ysage ennostre
corps , est en quantité beàucpup
moindre que toutes les autres hu¬
meurs, et sid’auantage elle résisté de
toutes ses deux qualités, froideur, et
siccité, à la pourriture : estant au reste
difficile à s’enflammer et alterpr, pour
la densité et terrestreté de . sa., sub¬
stance, Voila pourquoy N ature faisant
dissipation de la matière accumulée
en son foyer,, par l’impétuosité de
son accès , qui est de la longueijir de
flouze ou dix-huit heures au plus,
a besoin de l’espace d’yn Iour entier
Pt vn quart, deuant qu’elle puisse
ramasser en iuste quantité ladite hu¬
meur, et quücellp, puisse receuoir
l’inflammation et pourriture , comme
il est requis pour l’appareil d’vn se¬
cond accès ; lequel derechef s’estant
expédié et libéré de l’humeur nuisible
et amassée, retournera d’vn pas réglé
à certain iour » tant que les causes >
20
LE VINGTIEME LIVRE
sçaiioir la quantité et la qualité de
riiumeur qui effectuent ceste con-
slance de retour, demeureront en
leur entier et perfection. Mais si par
vne maniéré de viure dereglée vous le
corrompez, comme si vous remplis¬
sez vn quartenaire de viandes melan-
choliques , telles que sont les chairs
des oiseaux de riuiere, de cerf vieil ,
et de bœuf, et en outre de salines,
espiceries et moustardes , l’accès an¬
ticipera et viendra deuant le iour
nommé, d’autant que vous aurez
augmenté la quantité et aiguisé la
qualité de l’humeur, à ce qu’il s’es-
meust plustost qu’il ne deuoit faire
naturellement : qui est bien signe que
la certitude de ces accès ne dépend
que de la variété de la quantité et
qualité des humeurs , puis qu’icelles
estant changées, l’effet pareillement
se change , anticipant ou retardant.
Pour plus ample preuue de cecy,
considérons, ie vous prie, le cours de
fiéure synoque putride : icelle dure
continuant depuis le commencement
iusques à la fin et issue totale, ne fai¬
sant qu’vn accès sans interruption.
D’où vient .cela? de ce qu’elle est exci¬
tée d’vn sang pourri, duquel la quan¬
tité estant plus grande en nous que
celle de toutes les autres humeurs , et
en outre iccluy sang estant plus
prompt à receuoir pourriture , à rai¬
son qu’il est chaud et humide en ses
qualités*naturelles, que toutes les au¬
tres humeurs : de là vientque le sang
fournit continuité de matière deuë-
ment qualifiée de pourriture , pour
faire pareillement continuité de fié¬
ure. C'est pourquoy, telle qu’est la
cause de la continuité de la fiéure sy¬
noque pourrie, telle est aussi la cause
de la certitude de la répétition des
accès des fléures intermittentes.
Voire mais, dira quelqu’vn, l’on voit
quelquesfois des fiéures quintaines et
septaines. Mais ne voit-on pas aussi
des monstres et hommes à deux testes?
et pour cela la proposition ne sera
pas fausse , qui dit que l’homme n’a
naturellement qu’vne teste. Ce sont
choses rares, et esquelles, d’autant
qu’elles se voyent rarement , il est
aisé au médecin moins rusé de s’y
abuser, estimant que ce ne soit qu’vne
fiéure, ce qui est compliqué de trois
tierces , quatre ephemeres, ou autre
confusion ou complication de plu¬
sieurs fiéures.
Voila mon aduis touchant la certi¬
tude des accès des fiéures intermit¬
tentes ; desquelles le lecteur doüé de
tant soit peu de iugement , pourra
colliger les causes de toutes les ques¬
tions qui se peuuent former sur l’ac¬
cès des fiéures, comme d’où vientque
les vns anticipent, les autres retardent ,
les vns sont plus longs, les autres plus
courts ; les vns viennent auec frissons,
les autres auec horreur, autres auec
rigueur , les autres viennent confusé¬
ment et sans ordre. Car tous les effets
ne dépendent d’autres causes que de
la diuersité de la quantité et qualité
en tenuité , crassitie , viscosité , habi¬
lité et difficulté à receuoir pourriture
de ces trois humeurs*. Et cecy suffise
pour le general des fiéures intermit¬
tentes , le particulier estant reserué
és chapitres suiuans.
‘ Ici finissaient à la fois le chapitre 15 et
le livre des Fièvres de 1676 ; la phrase qui
suit sert seulement de transition aux chapi¬
tres suivants.
DES FIEVRES.
121
CHAPITRE XIX.
DES FIÈVRES FAITES DE LA BILE, ET
PREMIEREMENT DE LA TIERCE INTER¬
MITTENTE, VRAYE ET LEGITIME.
Selon noslre diuision cy-dessus rap¬
portée , après les fiéures pourries qui
se font du sang, viennent celles qui
s’engendrent de la bile ou de la cho-
lere , desquelles nous auons dit que
les vnes estoient intermittentes , et
les autres continues. Entre les inter¬
mittentes sont la vraye tierce , et la
tierce bastarde : entre les continues,
la causonide et la tierce continue.
Partant selon cet ordre, il faut parler
en ce chapitre de la tierce qu’ils ap¬
pellent veratn et eccquisilam , non pas
à cause qu’elle prend de trois iours
l’vn , car la bastarde fait le mesme ,
mais à cause qu’elle est faite de l’hu¬
mour bilieuse pure et simple, sans
mixtion ou meslaoge d’aucun autre.
D^jnc la fléure tierce vraye légi¬
timé est celle qui se fait de deux
iours l’vn, h cause d'vn amas de bile
qui se pourrit hors des grands vais¬
seaux En quoy nous remarquerons
1 Dans l’édition de 1575, Paré traitait de
cette fièvre au chapitre 7, intitulé : Des fle¬
ures tierces d’accez, ouinlermiitenles.Laidéll-
nition était brève, et consistait simplement
en cette phrase :
« Fleure tierce d’accez , est celle qui a son
aecez vn iour, et l’autre non. »
Après quoi il passait immédiatement à
l’exposition des causes. Ce chapitre 7 de
1575 avait été reproduit en entier au livre
des Tumeurs en 1579, chapitre 15, avec ce
titre :
Des fiéures qui suruienneni aux tumeurs ery-
sipelateuses.
Le commencement avait dù être mis né-
premierement , que ceste fléure est
intermittente ; secondement, qu’elle
vient de deux iours l’vn ; tiercement ,
qu’elle se fait d’vne bile pourrie : et
finalement , que la cause materielle
de ceste humeur est hors des grands
vaisseaux.
Or elle se fait intermittente pour
trois raisons, parle synathrisme^ ainsi
que parlent les Grecs , par la pour¬
riture, et par le mouuementde la ma¬
tière. Le synathrisme est vn amas
d’humeurs contre nature qui se fait
en la partie , laquelle est le foyer de
la pourriture ; et cest amas ne vient
qu’à cause que ladite partie se rem¬
plit , ou en receuant des autres par¬
ties ce qui leur est nuisible par sa dé¬
bilité, ou en attirant à elle par
quelque douleur ou chaleur estran-
gerequiluy suruient.Cesl amas estant
ainsi fait, il vient à se pourrir les¬
tant pourri , la nature vient à le mou-
uoir, pour eslre excitée et esguillon-
née à le chasser , soit par sa quantité,
soit par sa qualité ; de sorte qu’vne
cessalrcment d’accord avec ce litre. On lisait
donc :
«Comme aux tumeurs phlegmoneuses ,
aussi aux erysipelateuses suruiennent fié-
ures quelquesfois, qui retiennent et se res¬
sentent de l’humeur duquel elles sont exci¬
tées, sçauoir de la bile ou cholere. Laquelle
pource qu’elle a cela de propre d’auoir des
mouuemens de trois en trois iours : pour
cela aussi aux grands eryslpeles excite sou¬
vent fiéures tierces , qui ont leurs accès de
deux iours l’vn. »
Je ne dirai rien de cette bizarre idée de
rattacher la fièvre tierce aux tumeurs
érysipélateuses, sinon que Paré voulant abso¬
lument parler des fièvres et n’osant conserver
un livre spécial sur ce sujet, s’était efforcé
d’en rattacher les principaux chapitres à
un autre livre comme il avait pu, et qu’il
n’avait pas rencontré le meilleur rroy en à
beaucoup prés.
125 LE VINGTIEME LIVRE
de ces conditions manquant , iamais
la fidure ne se fait intermittente.
Quand donc la bile s’amasse en quel¬
que partie , qu’elle s’y pourrit, et que
la nature vient à s’efforcer à l’expul¬
ser hors de là Comme vne chose nui¬
sible , la fiéure intermittente s’en¬
gendre, laquelle ne prend que de deux
iours l’vn , à cause que comme nous
auons dit cy-dessus, il n’y , a pas si
grande quantité de bile en nostre
corps que de sang et de pituite. La¬
quelle raison doit suffire, si ce n’est
qu’on Yueille recourir aux propriétés
occultes , et dire que le propre de la
bile est de se mouuoir de deux iours
l’vn, comme le propre de l’aymant
est d’attirer le fer ; et que de ce moü-
uement l’on n’en peut pas rendre
raison non plus que du flux et reflux
de la mer, du mouuement de l’es-
guille marine vers le Nord, et de la
vertu des médicaments purgatifs,
qui purgent par élection certaines hu¬
meurs plustost que les autres : ou
bien de la propriété de quelques ve¬
nins qui blessent certaines parties , et
non pas d’autres , comme le liéure
marin le poulmon , et les cantharides
la vessie, selon que discourt l’au¬
teur de la Theriaque. Soit donc que
nous referions la cause du mouue¬
ment de la bile , qui se fait de deux
iours Lvn , à vne propriété occulte et
inconneuë, soit que nous la rappor¬
tions à la quantité de l’humeur, il est
certain que lorsque nous voyons vne
fiéure intermittente qui prend de
deux ioursl’vn, que nous pouuons as-
seurer qu’elle se fait de la bile. Mais
comme ainsi soit qu’il y a deux sortes
de bile, l’vne naturelle et l’autre
Contre nature , il faut examiner la-
quejle des deux fait la vraye fiéure
tierce intermittente. ,
Nous appelions la bile naturelle ,
non le sang bilieux, mais ceste qua“
triéme humeur de la masse du sang ,
qui pour sa tenuité, chaleur et sei-
cheresse , et pour la ressemblance
qu’elle a auec la bile excrementeuse,
s’appelle vulgairement bile ou hu¬
meur bilieuse, laquelle s’engendre
dans le foye de la partie du chyle la
plus chaude et la plus subtile, es¬
tant de sa nature amere , et iaune en
couleur : c’est pourquoy on l’appelle
bile iaune. La meilleure portion et la
plus vtile de ceste humeur se mesle
auec le sang dans les grandes et pe¬
tites veines; l’autreportion est portée
dans la vessie du fiel, et de là en-
uoyée dans l’intestin duodénum par
les conduits cholédoques, pour aider
à chasser les gros excremens des in¬
testins. iPour ce qui est de la bile non
naturelle , il y en a de quatre sortes,
lesquelles ie passe sous silence , pour
n’estre pas celles qui font la fiéure
tierce légitimé, mais seulement celle
que nous auons appellée non natu¬
relle. Ceste bile icy venant à s’amas¬
ser en quantité à l’entour du foye, du
mesentéré , pancréas, et autres par¬
ties voisines qui sont dans la première
région du corps , par trait de temps
elle vient à s’eschauffer et à se pour¬
rir, et enfin à exciter la fiéure tierce
intermittente. -Que si ladite bile n’es-
toit pas seulement contenue dans les
petites veines de la première région,
mais aussi dans les grandes vçinps de
la seconde région du corps , alors la
fiéure qu’elle exciteroit ne seroif; pas
intermittente, mais continue , pour
les raisons que nous auons rapportées
cy-dessus au chap. 17. Il est vray que
Galien n a pas esté de nostre aduis
touchant le siégé de ceste fleure inter¬
mittente, ne voulant, pas ,quo l’hu¬
meur fust amassée dans les petites
veines do la première région, mais
123
DES FIEVRES.
danf leç petits vaisseaux de la troi¬
sième région , op habitude du corps :
pour quelques raisons qu’il en ap¬
porte, lesquelles toutesfois se trou-
uent legeres , mises en comparaison
auec celles qui combattent pour mon
opinion, que l’on peut voire déduites
dans les œuures des bons médecins de
nostre temps y -, n’estant pas à propos
que ie les.transcriue icy, d’autant que
nous n’auons que des chirurgiens à
enseigner, pour lesquels ce que i’ay
rapporté peqt suffire.
Ppur les causes efficientes de ceste
fléure , nous disons br general que
ce sont toutes;, celles qui peuuent en¬
gendrer, augmenter,, ou eschauffer
l’humeur bilieuse : comme sont la
ieunesse , resté chaud etboüillant , la
constitution de l’air chaude et seiche,
les. veilles, les grandi^ exercices, le
long ysage des choses calefactiues et
desiccatmes,, soit dp medicamens,
soit d’alimens ; excessiue abstinence
de manger, auec trauail, soin, et fas-
clieries : lesquelles causes proprement
sont dites primitiues. Les antécéden¬
tes sont grande abondance de bile ou
cholere , la température de tout le
corps ou du foye seulement tendant à
chaud et sec. Les coniointes sont le
synathrisme , çonculcation ou amas,
et putréfaction d’humpurs choléri¬
ques dans les petits, vaisseaux de la
première région du corps, et aussi se¬
lon Galien hors des grands vaisseaux
en toute l’habitude du corps 2.
1 Voyez Fermi et Boulier., — A. P* : ;
2 Cette exposition des causes se retrouve
presque exactement dans le chapitre 7 de
1575. Voici ce texte primitif.
« Les causes primitiues sont grands
exercices, principalement en temps chaud,
long vsage des choses calefactiues et dc’-
siiccaliues, soient des medicamens, soient
d’alimens 1 excessiue abstinence do raan-
CHAPITRE XX.
DES SIGKES DE LA FIEVRE TIERCE , OV
IL s’agit de la RIGVEVR et DE l’HOR-
REVR.
Entre les signes des fiéures inter¬
mittentes, l’horreur, la rigueur ou le
frissonnement, auec la froideur ou
refroidissement, tiennent le premier
lieu. C’est pourquoy il est bon auant
que de passer outre , de dire vn petit
mot de ces signes icy, afin d’instruire
le chirurgien à ne se troubler point
de ces accidens, qui le plus soutient
suruiennent aux playes dangereuses
et mortelles. Comme les fiéures inter¬
mittentes ne se font point sans la
pourriture des humeurs, aussi n’at¬
taquent elles point sans que les hu¬
meurs pourries s’esmeuuent, et se iet-
tent sur les parties sensibles du corps ,
comme sont les membraneuses et ner-
ueuses : ce mouuement icy se faisant
sur des parties grandement sensibles,
et par vne humeur acre , piquante, et
eschautr^e,' donne le ressentiment, ou
de l’horreur , ou de la rigueur, ou du
simple refroidissement, estant très- vé¬
ritable que ces trois choses ne diffe¬
rent entr’elles que selon le plus et le
ger, anec trauail, soiug, Veilles, et fasche-
ries. Lès causes antécédentes sont grande
abondance do cholere : la température de
tout le corps, ou du foye seulement., tendant
à chaud et- sec. Les causes coniointes sont
conculcalion ou amas, et putréfaction d’hu¬
meurs çholeriques, hors des grands vais¬
seaux en toute l’habitude du corps. »
Le chaplfre 15 du livre des Tumeurs s’ex¬
prime à peu près de la tnêine manière; seu¬
lement il ajoutait à la dernière, phrase ces
mots, qui ne se retrouvent pas dans le texte
actuel : eotnmüniquee et [epandue iusques^au
tosurt
LK VINGTIÉMK LtVRK ,
lû4
moins. Car le refroidissement se fait
lors que l’humeur est en moindre
quantité, qu’elle est moins acre et
mordante, et qu’elle se meut assez
legerement. L’horreur au contraire est
excitée par yne grande abondance
d’humeurs assez acres et piquantes, et
agitées ou esmeuës assez fermement.
Pour la rigueur, elle suruient par vne
grande quantité d'humeurs grande¬
ment eschautféeset poignantes, etvio-
lemment esmeuës. La rigueur n'est
donc autre chose qu’vne concussion
ou esbranlement inégal de tout le
corps, et principalement de tous les
muscles, avec vn ressentiment de
froid douloureux, qui est excité par la
vertu expultrice , laquelle tascheà se
dégager d’vne quantité de matière
acre,mordanteet violemment esmeuë
par les parties du corps les plus
sensibles, cependant que la chaleur
naturelle fait vn reflux des parties
extérieures et intérieures. L’horreur
est moindre que la rigueur : aussi elle
n’esbranle que la peau et le cuir,
et ne donne qu’vn ressentiment de
froid sans douleur, pour eslre excitée
par vne humeur moins piquante et
plus legerement agitée. En vn mot,
la rigueur semble estre propre des flé-
ures bilieuses, pour ce que la bile
pour estre acre , piquante et aisée à
esmouuoir, irrite la nature plus vio¬
lemment que les autres humeurs.
L’horreur est propre des fléures me-
lancholiques : et le refroidissement
des pituiteuses, h cause que c’est vne
humeur plus douce, et plus pesante
ou difficile à esmouuoir. Par ce dis¬
cours on remarquera que , selon la
quantité, la qualité et le mouuement
de l’humeur qui fait la fiéure, on a
les ressentimens differens, longs ou
courts , doux ou violens , encore que
quelques- vns ne rapportent pas cela
aux humeurs , mais aux fumées et
vapeurs qui s’esleuent des humeurs
pourries et qui vont frapper et atta¬
quer le cœur.
Cecy présupposé, disons que les si¬
gnes de la fiéure tierce intermittente
vraye et légitimé son t horreur, comme
quand en hyuer après auoir vriné on
tressant* : rigueur forte et poignante,
comme si l’on sentoit quelque chose
aiguë qui poignist par tout le corps,
à cause de l’acrimonie de la bile
poussée et portée violemment au com¬
mencement de l’accès p ar les membra¬
nes et corps sensibles : la chaleur dé¬
nient acre dés le commencement ,
pour estre le feu allumé comme en
bois sec. Le pouls est grand, subit et
égal : la langue est seiche , l’vrine
rouge, enflammée, ténue ou subtile.
Les accidenssont veilles continuelles,
soif démesurée, fureur ou déliré,
promptitude à se cholerer pour la
moindre occasion , comme pour oüyr
parler, ou autre petit bruit : iactation
et agitation de tout le corps , que les
Grecs appellent Alisme : inquiétudes,
maux de cœur et d’estomach, nausées,
vomissemens d’humeurs iaunes et
ameres, tranchées par fois dans le ven¬
tre et douleurs importunes , à cause
du mouuement de la bile. Telles flé¬
ures se terminent auec grandessueurs.
Elles viennent à gens cholériques et bi-
1 Tout ce long paragraphe est copié , à
part quelques modifications de pure rédac¬
tion , du chapitre 7 du livre de 1575 , où il
venait immédiatement après le paragraphe
signalé dans la dernière note du chapitre pré¬
cédent. Déjà il avait été reproduit au livre
des Tumeurs en 1679; seulement, dans le
livrer Tumeurs, l’auteur rappelait deux
aphorismes d’Hippocrate dont il n’avait pas
fait mention en 1575 , et qu’il a depuis cités
tout au iong dans le paragraphe suivant du
[ texte actuel.
DES FIÈVRES.
lieux, aux ieunes, aux maigres , et en
Esté. L’intermission d’icelles est pure,
et sans aucun reliquat de fleure, ius-
ques à lantque l’accès suiuant repren¬
ne, à cause que la matière bilieuse qui
donnoit l’accès a esté par la vehe-
mence et concussion d’iceluy toute
dissipée, à cause de sa tenuité et sub¬
tilité: ce qui n’aduient aux f ê tres
quotidianes, d’autant qu’elles laissent
après l’accès tousiours quelque inéga¬
lité, molestie et pesanteur du corps,
à cause de la pesanteur et tardiueté
de la pituite , qui n’a peu estre tout à
fait resoulte et euaporée. Les accès
de ceste fléure durent quatre, cinq,
six , huit , onze , douze, quinze, dix-
buit heures, et prennent en sorte que
le premier et le second accéssontplus
doux , le trois et le quatre très- violens,
et les autres qui suiuent vont tous¬
iours en diminuant, soit de violence,
soit de durée. Le septième accès est
la fin de ceste fléure, laquelle est sans
péril et danger, pourueu qu’il ne soit
commis aucun erreur, ny du costé du
Médecin, ny de la part du malade.
Celle qui suruient en esté est tres-
courte: celle qui vient en hyuer est
plus longue, d’autant qu’en ceste sai¬
son la bile ne peut point estre si pure
. qu’elle n’ait quelque meslange d’vne
autre humeur ; outre que la transpi¬
ration ne se fait pas si bien en hyuer
qu’en esté, à cause que les pores du
cuir sont reserrés par la rigueur du
froid. Le commencement de ceste flé¬
ure est auec rigueur, l’estât auec
sueur. Que s’il suruient des vlceres
au nez, à la bouche, ou aux léures,
c’est signe que la fléure se termine :
car par cet accident on descouure et
onappcrçoit la force de la nature, qui
peut ietter la matière morbifique du
centre et intérieur du corps à Texte-
rieur et à la superficie ; outre qu’en
125
cest effort il se fait euacuation de la
cause coniointe. Or telles vlceres
n’apparoissent pas en la déclinaison
de toute fléure tierce, mais seulement
en celles esquellesla bile, cause de
ceste fléure, est contenue ou pous¬
sée de quelqiTautre partie de la pre¬
mière région du corps dans le ventri¬
cule : car delà laplus ténue etsereuse
portion d’icelle , portée par la conti¬
nuité de la tunique intérieure à la
bouche et aux léures, excite aisément
des vlceres en ces parties là.
Bref, nous auons deux aphorismes
d’Hippocrates, qui seruenl au prognos¬
tique de ceste fléure. Le premier est
le 43 du 4. liure, où il dit que les fié-
ures qui ne sont pas intermittentes, et
qui ont des redoublemens de trois en
trois iours, sont dangereuses : mais
celles qui sont intermittentes, sont
sans péril. L’autre aphorismeest le 59.
de la mesme section, où il asseure que
les fiéures tierces exquises cessent
pour le plus au septième accès. Il
dit pour le plus , d’autant que selon
que la matière est plus subtile et
en moindre quantité, il arriue que
ceste fléure se termine au troisième
ou au quatrième accès. Au reste
il faut prendre ces deux aphorismes
d’Hippocrates auec vn grain de sel,
c’est à dire auec ceste distinction, que
ce qu’il dit est vray, pourueu, comme
nous auons dit cy-deuant, qu’il ne se
face aucune faute, ny de la part du
malade, ny de la part de ceux qui le
traitent et le sollicitent.
le diray vn mot en passant contre
les Apothicaires, lesquels ne se lassent
iamais de donner des remedes aux
malades, qu’ils traitent en tout temps
et à toutes les heures, sans se soucier
de ce que dit ou ordonne le Médecin.
Pourueu qu’ils débitent leurs dro¬
gues, et qu’ils fassent aualler force iu-
126
LE VINGTIEME LIVRE ,
leps aux malades, et qu’ils leur trem
peut bien les hypochondres auec leurs
epilhemes, cela leur suffit, sans se
soucier si c’est en temps et en saison :
mais que tels Apothicaires apprennent
la leçon que leur fait Galien , qui les
appelle au premier liure des iburs
Critiques chap. 11, et ennemis delà
nature, et ennemis du malade : Galien
ayant obserué au premier ad Glauco-
wmchap. 9, qu’vn malade de la fiéure
tierce estoit mort tabide , pour auoir
vsé du bain hors de saison, par Faduis
de quelqu’vn qui se seruoit d’vh mes-
tier qu’il ne sçauoit pas. Ce queie dis,
à fin que les Chirurgiens que ie tasche
d’instruire ne fassent iamais rien à
Festourdie et sans raison, et qu’aux
choses douteuses et de conséquence,
ils prennent tpusiours Faduis dés Mé¬
decins.
CHAPITRE XXL
DE LA CVRE DE LA FIEVRE TIERCE
LEGITIME.
le ne veux point icy m’embroüiller
d’vn nombre infiny de remedes, tant
externes qu’internes, qui ont esté mis
en allant par les Médecins qui ont
suiui la méthode des Arabes, estant
chose si confuse et si difficile à prati¬
quer, qu’il y a plus de péril en eeste
grande variété de remedes qu’en la
grandeur du mal. C’est pourquoy ie
traiteray de la guérison de cesle fié-
ure et des autres le plus simplement
qu’il me sera possible, afin de ne trou¬
bler point le iugement du ieune Chi¬
rurgien, et de ne fatiguer point les
malades d’vn nombre presque infiny
de remedes, que l’on leur ordonne
communément au grand détriment
de leur corps et de leur bourse.
Il faut en premier lieu ordonner le
régime deviure sur les six choses non
naturelles *, qni seront establies pour
rafraîchir et humecter le plus qu’il
sera possible, à cause que l’humeur
bilieuse qui fait ceste fiéure, est la plus
chaude et seiche de tout ce, qui est en
nostre corps. C’est pourquoyil faudra
faire que le malade respire un air
froid et humide : ce qui se fera en esté
arrosant la chambre d’eàu fraîche,
et la parsemant d’herbes et de fleurs
rafraîchissantes 2. Il faut luy donner
pour nourriture toutes choses réfri¬
gérantes et humectantes, en tant qu’il
les pourra cuire , Comme lalctue ,
ozeille, courge, concombre, poirée,
m^iulue , orges mondés, boüillons
clairs, et non pressés, assaisonnés de
verjus ou dejus de citron. Il vserade
vin bien trempé, petit, ténu et en petite
quantité, et ce lors seulement que
l’humeur aura commencé d’estre
cuite : car au commencement il n’en
faut aucunement vser, mais en la de-,
clinaison il sera permis d’en vser
plus libéralement, pourueu toutes-
fois qu’il ne soit ny fort ny vieil ». En
quoy on peut reprendre l’erreur de
ceux qui croyent que le vin vieil est
1 Nous rentrons ici dans fe texte de 1575;
et à partir de cet endroit jusqu’à la fin du
chapitre, l’auteur suit presque pas à pas la fin
du chapitre 7 de cette édition. Ce n’est pas
cependant qu’il n’y ait de notables change¬
ments; ils seront signalés dans les notes
suivantes.
® Cette phrase : ce qui se fera en esté , etc.,
constitue un précepte nouveau qui ne se li¬
sait ni dans le livre de 1575, ni dans le cha¬
pitre 15 du livre des Tumeurs des éditions
suivantes. *
» Jusqu’ici le texte est à peu près le même
que celui de 1575 et 1579 ; mais la lin du
paragraphe est une addition qui appartlertt
tout entière au livre posthume. ■
DES FIÉVHES.
pins sain , et qui pour ce suiet le
recommandent aux malades febri-
citans. Mais ils deuroient se mettre
deuant les yeux que le vin vieil est
tout vineux , qu’il a fort peu de par¬
ties aqueuses et sereuses, qu’il est pe¬
sant, de parties crasses et difOciles à
distribuer, et qui par conséquent peut
faire plus de sang, peut eschauffer
d’ auantage les entrailles parla longue
demeure qu’il y fait, et a de coustume
de reserrer le ventre et le rendre
paresseux. Mais pour le dire saine¬
ment, il serait très à propos de défen¬
dre toutes sortes de vins tandis que
ceste fleure continue, de peur d’en¬
tretenir son foyer : et cependant faire
vser au malade de quelque boisson
rafraichissante et aperiliue, préparée
auec quelque racine, ou syrops violât,
de limons, de pommes simples, de ca¬
pillaires, de cerises, et autres de sem¬
blables effets.
Quant au temps propre pour nour¬
rir le malade, il se faut donner garde,
le lourde l’accès, de luy bailler à man¬
ger plus tard que trois ou quatre heu¬
res auparauant ledit accès ‘ ; de peur
que la chaleur de la fleure (le propre
de laquelle est de corrompre toutes
choses, comme le propre de la chaleur
naturelle est de cuire et conseruer)
rencontrant les viandes encore crues
en l’estomach , ne.les corrorhpe , pu¬
tréfié, et tourne en suc bilieux : aug¬
mentant par ce moyen la matière de
la fleure, prolongeant l’accès, et en
outre reuoquantlanature, qui est oc¬
cupée à la concoction et expulsion de
l’humeur mdrbiflque , pour s’em¬
ployer à la concoction des viandespri-
ses. Pour lesquelles raisons on s’abs-
1 En 1575 et dans toutes les éditions de
son vivant, Paré disait : plus tard que trois
heures auparauant ledit accez.
127
tiendra aussi de donner aucune nour¬
riture audit fébricitant durant tout
son accès, et attendra-on à le nourrir
qu’il soit tout à fait hors de fleure,
Toutesfois, ceste réglé se doit enten¬
dre lors que la vertu du malade est
forte et vigoureuse : autrement si la
nature estoit debile, et qu’il prist des
foiblesses au malade, il faut non seu¬
lement le nourrir deuant l’accès, mais
aussi en l’accès : mais il faudroit que ce
fusl legerement , et que ce qu’on luy
donneroit fust en petite quantité 1,
Pour le breuuage, il faut luy défen¬
dre tandis que dure le frisson : en la
chaleur on ne luy doit point defendre :
au contraire, il faut inuiter ceux qui
boiuentpeü à prendre quelque grand
traict de ce qui luy aura esté ordonné
potir son breuuage.
Pour ce qui est des remedes pris
tant de la Pharmacie que de là Chirur¬
gie, il est bon à la sortie de chaque
accès de donner quelque lauement en
partie rafraîchissant, en partié laxa¬
tif, à fin d’esteindre les restes de la
chaleur allumée dans les reins et dans
le ventre , et aussi à fin d’euacuer
l’humeur qui aura esté esbranlée par
la violence de l’accès : ayant obserué
plusieürà fois qu’il sort par le moyen
de tels lauemens, des bassinées entiè¬
res de bile iaune et escuUiante dés
les seconds et troisiémès accès, ce qui
adoucit grandement la furie de Ceste
fleure, et accourcit ses accès. On fait
vn lauement auec décoction de maul
ues, guymauues, violiers de Mars,
apparitoire, laictues, pourpié, con¬
combres mis par tranches et ruelles,
fueilles de vignes en la Saison, fleurs
‘ Tous ces préceptes se retrouvent dans
les éditions du vivant de l’auteur ; seulement
ce qu’il va ajouter pour le breuuage , ne se
lit que dans le livre posthume.
LE VINGTIE
de nénuphar, vn peu de fenouil verd:
on délayé dedans vne liure trois on¬
ces de miel violât, et autant d’huile
violât ou de beurre frais, vne once
de sucre rouge et de lenitif : et don-
ne-on ce clystere à la sortie de l’accès,
comme dit est. Que si les malades se
trouuoient trop lasches et fatigués
apres leur fléure , on peut remettre
ledit lauement gu iour de l’intermis¬
sion, ou le matin si la saignée ne l’em-
pesche, ou surl’aprcs-dinée. Souuent
on fait les clysteres auec vne décoc¬
tion de prunes, iuiubes, violes, orge,
son, et choses semblables, quelques-
fois auec le petit laict seulement L
1 II est curieux de suivre dans les trois
rédactions de Paré la marche de ses idées
relativernei t au traitement. Pour ne parler
d’abord que des médicaments à administrer,
voici comme il s'exprimait en 1575 :
« Quant aux médicaments, faut preuoir si
la vertu du malade est suflisanle, et si les
humeurs sont furieux et mobiles , alors faut
ordonner du diprunis simple , casse fistu-
laire mondee, décoctions de vielles, mira-
bolans citrins, syrops violât, rosat, de gre¬
nades , oxyzaccara. Semblablemenl soit fait
ciistere de décoction de prunes, iuiubes,
violles , son , orge. Si le malade par siccité
de teste deuient en phrenesie , soit procurée
sternutation auec huille viollat, ou rosat, et
laict de femme. Les pieds et cuisses soient
mis en eau tiede , et douce. La plante des
pieds soit oincte auec huille viollat ou sem¬
blable. En la déclinaison est bon faire bain
d’eau douce auec fueilles de vigne , de sauls,
de laictues, et semblables refrigerans. Et
mesme apres les purgations generales pro-
uoquer les sueurs par l’vsage de vin blanc
et tenu , bien trempé : et les vrines par dé¬
coction d’acheet d’aneth. »
Le reste est relatif à la saignée ; nous y re¬
viendrons dans la note suivante. En 1579,
dans le chapitre cité du livre des Tumeurs,
Paré commençait également par les laxatifs;
mais il ajoutait aussitôt :
« Autrement si les forces du malade sont
lE LIVRE,
Il y a vne grande conlrmierSeenlrô
les auteurs, sçauoir s’il faut saigner
ou purger dés le commencement :
pour moyi’ay veiien monieune aage,
petites, ne faut purger ni saigner que bien
petitement : de peur que la dissipation des
esprits { à laquelle les bilieux sont subiels )
n’induise syncope. »
Puis venait l’indication des clystères ; puis
cette phrase, calquée sur la première édi¬
tion , et dont le sens est cependant tout dif¬
férent :
« Si le malade par resiccation du cer-
ueau tomboit en déliré, qu’on luy rafrcs-
chisse la teste avec huile violât, rosat, et
autres semblables. »
Ainsi dans le texte primitif il s’agit de
Sternuiation, dai;s le second de fomentations
rafraîchissantes. Toutefois il est probable
que le mol de slernulaiion provient d’une
faute d’impression, car une note marginale
porte: Fomentation. Les autres prescriptions
sont les mêmes ; mais à l’occasion des sueurs,
la rédaction de 1579 offre un long passage
qui ne se retrouve ni dans le texte primitif
ni dans le livre posthume. Voici tout ce qui
a trait à cet objet.
« Mesme l’humeur ja cuit et initiüé, les
purgations generales ayant procédé, sera
bon prouoquer les sueurs par l’vsage de vin
blanc , bien tenu et trampé. Vrayement les
sueurs en toute fleure putride sont bonnes,
quand elles viennent en temps et lieu :
pource qu’elles euacuent les matières con-
ioinctes de la maladie. Mais surtout en la
fleure tierce : d’autant que tel humeur se
resoult aisément en sueurs pour sa tenuité.
Pour aider à la sueur, sera bon auecques le
vin blanc mentionné , prendre décoction de
figues, raisins de damas mondés, chiendent,
et autres racines aperitiues. Par dehors on
prend esponges imbues en la décoction
d’herbes chaudes , comme romarin , thym ,
lauande , marjolaine et autres, cspreintes et
appliquées chaudement aux ainnes, aisselles,
entr’espaulc du malade, tenu couuerl en son
lit. Autres remplissent à dcmy des vessies
de porc de cesto décoction , les appliquent
aux coslez et entre les iambes , comme aux
DES ErÉVRKS.
et î’ay remarqué en mon premier
traité des fiéures que dés le com-
pieds des bouteilles de terre remplies de
mesme. On doit cesser de faire suer lorsque
la sueur commence à se refroidir sur le ma¬
lade. »
Dans le texte actuel , il s’occupe d’abord
des lavements, et précise mieux l’époque de
leur administration. Tout-à-l’heure, quand
il aura parlé de la saignée, il établira aussi
une plus grande réserve, appuyée sur sa
propre expérience, touchant l’emploi des
purgatifs. Les bains, le vin blanc et les diu¬
rétiques demeurent recommandés; mais
plus de fomentations à la tête, plus de bains
ni d’onctions aux pieds, et enfin plus de ces
moyens sudorifiques que l’on trouvait signa¬
lés dans toutes les éditions à partir de 1679.
‘ Je reproduirai ici comme terme de com¬
paraison le texte exact du premier traité.
« La saignee doit estre faite non apres le
tiers accez, comme commande Galien, mais
dés le commencement de la fieure. Car
comme ainsi soit que ceste fleure au plus
tard se termine en sept accez, certes si vous
attendez que le tiers accez soit passé, la
fieure sera en son estât. Or Hippocrates dé¬
fend de rien mouuoir en l’estât par l’apho¬
risme 29 de la 2. section, de crainte que
Nature, qui lors seulement trauaille à la
concoction de la maladie, ne soit retirée
et desbauchee de son entreprise. Or cela se
doit entendre s’il y a pléthore au corps et
plénitude des vaisseaux, pour euentiler et
refraichir la masse des humeurs : car au¬
trement ne sera bon de faire vacuation de
sang , de tant qu’iceluy est le frain de la
cholere : c’est-à -dire ce qui l’adoucit, et qui
meslée auec icelle par sa douceur et va¬
poreuse bénignité et humidité empesche
qu’elle ne se monstre si furieuse etviolente.»
Ainsi se termine le chapitre 7. Au livre
des Tumeurs de 1679, on lit à peu près la
même chose , sauf la dernière phrase , qui
est supprimée. La première phrase avait été
aussi singulièrement changée : « La saignee
doit estre faicte, non apres le tiers accès,
mais dés le commencement, comme le com¬
mande Galien. »
i‘i9
mencement de la fléure , après auoir
considéré si les forces du malade le
permettoient, qu’on le purgeoit, prin¬
cipalement quand les humeurs es-
loient furieux et mobiles, et ce auec
diaprunis simple , casse fistulaire
mondée, décoctions de violes , mira-
bolanscitrins,syrops violât, rosat, de
grenades, oxysaccara : et on ne sai-
gnoit , selon le precepte de Galien ,
qu’ après le troisième accès. Et encore
n’esloit-ce que ceux où il y auoit plé¬
thore au corps et plénitude des vais¬
seaux, pour euenliller et rafraichir la
masse des humeurs : autrement il
n’estoit loisible de faire vacuation
de sang, d’autant qu’on croyoit que
c’est luy qui est le frein de la cholere,
c’est à dire, ce qui l’adoucit, et qui
meslé auec icelle , par sa douceur
et vaporeuse bénignité , empesche
qu’elle ne se monstre si furieuse et
violente. Mais maintenant ie voy que
les plus célébrés Médecins, soit qu’ils
ayent esté faits sages par l’erreur des
autres, soit par leur propre expé¬
rience, et par les beaux effets qu’ils
ont veu reüssir de la saignée, saignent
dés le commencement, non vne seule
fois, mais après les trois premiers ac¬
cès aux trois iours de l’intermission,
et ne purgent leurs malades qu’aprés
le quatrième. accès: et de fait, que
c’estoitmal ordonné que de différer la
première saignée après le troisième
accès. Car comme ainsi soit que ceste
fiéure au plus tard se termine en sept
accès : certes si on attend que le troi¬
sième accès soit passé, la fiéure sera
en son estât. Or Hippocrates defend
de rien mouuoir en l’estât par l’Aphor.
29. de la 2. sect., de crainte que la na¬
ture, qui lors seulement trauaille à la
concoction de la maladie, ne soit l’eli-
rée et desbauchée de son entreprise.
Donc selon la violence du mal et le
9
111.
l3o LE VINGTIEME LIVRE ,
tempérament du malade, on pourra
saigner deux ou trois fois dés les pre¬
miers accès aux iours d’inlel mission,
et après le quatrième on purgera
doucement et benignement auec
casse, tamarins ^ rheubarbe, séné de
Leuant, mirabolans citrins, et syrops
violât , de pommes composé , et de
cichorée aussi composé, réitérant le
mesme médicament après le cinq on
sixième accès, à fln d’espuiser le ventre
d’vne quantité d’bumeurs qui y re¬
gorgent. Fay obserué que ceux qui
purgeoient auant le quatrième accès,
on qui vsoient de remedesvnpeuforts
et violens , d’vne fiéure tierce simple
faispient vne double tierce : c’est
pourquoyil se faut faire sage, et estre
vn peu plus retenu àla purgation que
n’estoient pas nos anciens.
Sur le déclin de la fleure, il estbon
de faire vn bain d’eau douce auec
fueilles de vigne, de sauls, de laitues,
et semblables refrigerans» Et mesme
après les purgations generales , pro-
uoquer les sueurs par rvsage du vin
blanc et ténu bien trempé : et les
vrinespar décoction d’acbe et d’anet.
CHAPITRÉ XXII.
de la fièvre tierce bastarde, de
SES CAVSES, SIGNES ET CVRE.
L’autre fléure intermittente qui se
fait de bile est la tierce bastarde,
ainsi appellée à cause qu’elle ne se
fait pas comme la precedente de bile
pure et simple, mais de bile meslée
auec quelque autre humeur : et aussi
à cause qii’elle ne garde pas toutes
les qualités, représentation et idée
de la tierce légitimé. Elle en a bien
quelque chose, en ce que l’vne et
l’autre ont leurs redoublemens de
deux iours l’vn : mais chacune d'ellès
a certains signes , par lesquels elles
semblent constituer diuerses especes
do fléure, de sorte qu’elles ne diffe¬
rent pas entre elles par l’ordrè el par
le temps de leurs accès et périodes ,
mais par quelques autres accidens
qui viennent de la condition de la
matière qui fait ces deux sortes de
fléures. Or ayant discouru de la con¬
dition de la tierce légitimé , il faut
parler icy de la bastarde, à fln d’ap¬
prendre quelle sera leur différence,
et comme, selon icelle il faudra trai¬
ter les malades qui seront atteints de
cestè tierce bastarde.
L’vne et l’autre fiéure à la vérité
se font de bile, mais la légitimé se fait
de bile pure et simple : et la bastarde
se fait de bile meslée auec quelque
aptre humeur, en sorte toutesfois
qu’elle excede et surmonte l’humeur
auec laquelle elle est meslée : autre¬
ment la fléure ne seroit pas tierce,
mais garderoit le mouuement de l’hu¬
meur qui y predomineroit. Or ceste
mixtion se fait ou de la bile auec la
pituite ténue ou crasse , ou duec là
melànChbliè ; si C’eSt avec la pituite, il
se fait vne fléure que les Arabes ap-
pelient c/ioleram mmom ffirnw , çho-
lere plus ordinaire et plus remarqua¬
ble : si c’est auec la melancholie , il
s’en fait vne autre que les mesmes
Arabes nomment choleram minoris fa-
mœ, cholere moins ordinaire et moins
remarquable, d’autant que la pre¬
mière arriue fort soüuent, et la der-
nierè fort rarement. Les susdits mé¬
decins arabes enseignent que ceste
première fléure bastarde maioris
famœ, comme ils appellent, se fait ou
lors que la bile citrinejou pasle est mes¬
lée auec la pituite aqueuse et ténue,
ou lorsque la bile vitelline est meslée
auec la pituite crasse ; semblable-
i)ÈS FIEVRES.
liieiti ils disent que la derniere liéüre
bastarde s’engendfe, ou quand la bile
est nieslée auec l’Humeur tnelancbo-
Hqüe naturelle, ou quand elle est
tneslée auec l’hutneur melancboliqüe
atrabilaire ; et selon toutes ces ditii-
sions, ils lugent de la longueur oü
briefueté , de la violence dU de la
douceur de la liétire. Mais certes
cCste doctrine est tellement em-
broüillée , et il est si difficile de iuger
de toutes tes différences dé ces cau-
sè§ , que ie ne veux ÿ engager l’es¬
prit du ieune chirurgien , de peur de
luy donner plus de trouble que de
lumière. C’est poürquoy ie me con-
tenteray de parler de la fléure tierce
bastarde, a|)peHée tnaioris fdfïiæ,
eomiiie plus ordirtaire , et qui se fait
du meslange de rhumeur bilieuse
auec la pituiteuse; et qui pour ce
suiet peut esire definie ; fiéure qui a
des accès et intermissiom de deux
iours Vvn , pour estre engendrée d’hU-
meur Miteuse meslée avec la pituite ,
qui: se pourrit hôrs des grands Vais¬
seaux.
Il n’est point question de sçaüoir
siceste bile est citrine, vitelimCj por-
racée, ou ærugineuse, et en quelle
partie du corps ces diuerses sortes de
bile se peuuent engendrer.Il faut tenir
pour constant que c’est bile contre
nature, laquelle plus elle acquiert
de degrés de chaleur , plus elle se
rend maligne, et apporte de plus si¬
nistres âccidens : si bien que si la
fiéure a vue médiocre vehemence et
violence , ce sera vn signe que l’hu¬
meur bilieuse qui la fait a acquis vn
degré de chaleur contre nature mé¬
diocre ; que si les symptômes sont
violenS, ce sera la marque d’vu
degré de chaleur excessif. Pour ce
qui est de la pituite qui est meslée
auec la bile , on la reconnoistra si le
fébricitant, aoec vn tempérament
chaud et sec, et en son ieune aage,
aura demeuré en oysiueté , se sera
rempli de beaucoup de viandes, de
fruits crüds, et eh vn mot aura
amassé beaucoup d’excremens èt de
crudités. Et par la longueur de la
fléure, on remarquera aisément si la¬
dite pituite est en grande Ou petite
quantité , et aussi par la longueur et
lenteur des frissons. Car si là fîéüfe
n’a ses accès que seize ou dix-huit
heures , et que les frissons soient vio-
lens et aigus , c’est sans doute qü’il y
aura peu dë pituite, d’autant que là
fléure approche fort prés de la condi¬
tion de la tierce légitimé ; mais si les
accès sont de vingt-quatre, trente ou
trente- six heures, et que le frisson
soit long et lent , c’est signe qu’il y a
beaucoup de pituite, d’autant que là
fléure s’eslongne fort de la nature de
la tierce légitimé.
Enquoy nous remarquerons que la
fiéure bastarde qui à ses accès plus
longs que dix-huit heures s’appelle
Tertiana extensa , tierce estendue ,
plus ou moins selon que l’accès s’ès-
tend ou à vingt, ou à vingt-cinq, OU
à trente , ou à trente-six heures. Car
il est très asseuré que ceste fléuré à
des accès quelquesfois de trente , de
trente-six, ou de quarante, mesme
de d’auantage , selon la quantité et la
crassitie de la pituite qui y est meslée.
Or ceste fléure commence plustost
auec horreur qu’auec vn frisson Vio¬
lent ; sa chaleur est plus douce et
moins mordicante, et qui s’espand
plus difficilement par tout le corps
qu’en la tierce légitimé; le malade
n’est point tant altéré , ny ne vomit
point des matières si araeres. Il sent
vue pesanteur de corps, douleur à
l’espine du dos , bouffement à l’esto-
mach auec degoust. L’accès passe
LE VINGTIÉMK livre,
182
douze heures , et s’estend quelques-
fois iusques à trente, et d’aiiantage,
comme enseigne Galien au commen¬
taire troisième du premier des Epidé¬
mies, et au commentaire 2, du sixième
liure. Les accès se terminent non par
de grandes sueurs , mais par des
moiteurs. Elle est plus frequente en
automne qu’en autre saison , et atta¬
que les ieunes hommes qui , par vne
vie desreglèe, amassent grande quan¬
tité d’excremens et de crudités : elle
surprend aussi ceux qui viuent en
oysiueté , les hommes gras et replets,
ceux qui crapulent et qui vsent des
bains mal à propos. Rarement se
termine-elle au septième accès , mais
va iusques au quatorzième, voire
mesme dure quarante iours , tantost
deux mois, tantost trois mois, quel-
quesfois six mois : et lorsqu’elle dure
si long-temps, elle apporte enfin ou
vne dureté de ratte , ou vne hydro-
pisie, ou quelque vice notable des
entrailles. Souuent elle ameine des
«oliques furieuses, lesquelles dege-
nerent en quelque paralysie impar¬
faite , ou des bras ou des cuisses ,
mal à ce que l’on dit familier et com¬
mun à quelques prouinces de ce
royaume.
Geste fièure est de difficile guérison,
mais toutesfois sans péril, puis qu’elle
est intermittente, s’il n’arriue quelque
faute en la traitant, ’foutesfois elle
est plus dangereuse que la tierce lé¬
gitimé, à cause de la diuersité des
humeurs qui la font, lesquels rendent
les maladies fascheuses et contuma¬
ces, comme enseigne Hippocrates, et
Galien au premier des Epidémies ,
Comment. 3. article 21.
Pour la cure de ceste fièure, elle
n’est point autre que celle quicon-
uient à la tierce légitimé, sinon qu’il
ne faut pas tant rafraîchir, mais au
contraire eschauffer doucement et
modérément , inciser puissamment
l’humeur peccante , atténuer, cuire,
vuideret fortifier les entrailles. Les
clysteres detersifs tous les iours sont
tres-vtiles, dans lesquels on doit mes-
1er les simples qui dissipent les vents
et flatuosités qui remplissent les in¬
testins de ceux qui sont trauaillés de
ceste fièure, s’engendransde la pituite
qui est atténuée par l’ardeur de la
fièure. Dés le commencement il faut
aussi saigner pour esteindre l’empi-
reume des entrailles, et ce plusieurs
fois pour aller au deuant de la pour¬
riture, et empescher la continuelle
génération des mauuaises humeurs.
Il ne faut pas se persuader que la pi¬
tuite empescbe ce remede : elle le
modéré bien, mais de l’empescher
tout à fait, nullement , veu que le
feu qui est en la pituite est aussi
bien feu que celuy qui est en la bile.
En quelque suiet que se met la pour¬
riture, l’intemperie chaude l’accom¬
pagne, laquelle s’esteint par l’euapo-
ration, qui se fait fort commodément
parla saignée. Ayant osté tout soup¬
çon d’inflammation aux parties no¬
bles, on viendra à purger le corps dou¬
cement et souuent, auec apozemes
apéritifs et relaxatifs de séné, agaric,
rheubarbe, electuairelenitif, etautres
medicamens bénins.
H y en a qui trouuent bon de don¬
ner des vomitifs au commencement
des accès : mais il faut premièrement
que ce soient vomitifs doux et bénins,
et non violens tels que sont les mé¬
talliques : et en second lieu il les faut
donner lors que la coction paroist
dans les vrines, autrement i’ay lous-
lourslrouué qu’ils ne profitoient de
rien, et qu’ils debiliioient grandement
1 estomach, qui après cuisoit moins
bien les viandes, et par conséquent
DES FIÈVRES.
engendroit quantité de mauuaises
humeurs , et donnoit occasion au foye
d’en faire de mesme : puis que c’est
vne maxime en Medecine que la se¬
conde coction ne corrige iamais la
première.
le donnerais icy des formules d’a-
pozemes apéritifs, incisifs et laxatifs,
desquels il faut entretenir le malade
durant vne si grande longueur de
temps : mais d’autant que cette lon¬
gueur de temps donne assez de loisir
au Chirurgien de consulter les Méde¬
cins sur les diuers incidens de ceste
fiéure,ie les remets ausdits Médecins:
aussi qu’il est impossible qu’vn Chi¬
rurgien puisse auoir la connoissance
et la science d’vne si grande diuersité
de remedes, telle qu’elle est necessaire
d’estre pratiquée en ce mal, à fin de
n’ennuyer point le malade d’vn .seul
genre de médicament. Que le Chirur¬
gien ait soin seulement de bien nour¬
rir le fébricitant , et vn peu plus
largement qu’en la tierce légitimé :
à fin qu’il ait des forces de resisterius-
quesàlafindu mal. Après donc les
premiers accès (durant lesquels on ne
nourrira les malades que de. viandes
legereset liquides) on pourra donner
les iours de l’intermission quelque
viande solide, aisée à digerer, vne fois
leiour seulement, comme sont les
poulets, chapons, perdris, veau, mou¬
ton : ayant tousiours pour maxime de
ne nourrir point le malade durant
l’accès (s’il n’auoit quelque foiblesse
extraordinaire), mais trois ou quatre
heures auant l’accès, et à la fin de
l’accès.
Les anciens donnoient pour breu-
uage l’eau miellée, qu’ils appelloient
mulsarn, qu’ils aromatisoient d’hy-
sope ou de spicnar : les recens se ser-
uent de l’eau sucrée ou de l’oxysac-
eara , quelquesfois d’eau d’orge
i33
assaisonnée de racine de fenoüil et de
semence d’anis. Les plus délicats se
seruent d’hippocras d’eau, les autres
de décoction de reglisse, racine d’o-
zeille et de cichorée saunage : bref on
peut s’accommoder aucunement au
goust des malades, et leur fairechan-
gerde boisson lorsqu’ils seront en¬
nuyés de quelque vne. Il ne faut pas
leur permettre toutesfois de boire du
vin iusques au déclin de lafiéure, et
quelessignes de coction apparoissent.
Après les purgations, on n’oubliera
pas ny les sudorifiques ny les diuréti¬
ques, et à la fin de tout le bain d’eau
douce.
CHAPITRE XXIIL
DE LA FIÈVRE ARDENTE, ESPECE DE
FIÈVRE TIERCE CONTINVE *.
Après les fiéuresde bile intermit¬
tentes viennent les continues, entre
lesquelles est l'ardente bilieuse, que
les Grecs appellent Causon'^, excitée
de bile, mais bien plus ardente que
celle qui fait la tierce continue com¬
mune, de laquelle nous parlerons au
chapitre suiuant. Parquoysilamasse
sanguinaire bilieuse, c’est à dire qui
a en soy plus de bile que d’autre
humeur, conçoit en soy si grande in¬
flammation qu’elle tienne tousiours le
1 Ce chapitre porte le même titre que le
chapitre 11 de l’édition de 1676, auquel il
répond d’ailleurs exactement et presque mot
pour mot, sauf quelques changements que
nous signalerons en leur lieu.
2 Le chapitre 11 de 1676 commence autre¬
ment :
« Ceste fiéure est vne sorte de continué
ardente bilieuse, que les Grecs appellent
Cmsus , etc,
l34 LE VINGTIEME LIVRE,
cœur assiégé, elle fait la vrayeCanso- '
nide i, c’est à dire fleure ardente, qui
différé en cecy seulement de la fleure
tierce continue commxine, qu’elle n’a
point de trois en trois iours d’exacer¬
bation manifesté, ains marche tous-
iours d’vne perpétuelle constance et
égalé ardeur. Au reste elle est aussi
quelquesfois excitée dephlegme salé,
et fait vne espece de causus moins
propre, qu’on appelle caususbastard,
ou non légitimé, qui n’est pas si vehe-
metit que le premier.
Geste fléure suruient aux ieunes en
esté, et à ceux qui sont de tempéra¬
ment chaud et sec, et qui font mes-
tier de trauailler excessiuement.
Les signes du causus pathognomo¬
niques, c’est à dire propres et perpé¬
tuels, sont fléure vehemente (à cause
qu’il est excité de l’humeur bilieuse ,
qui d’ordinaire s’enflamme le plus ai¬
sément et furieusement) et lassitude
vlcereüse, comme Si on estoit piqué
d’aiguillons partout le corps : ce qui
vient à cause de l’acrimonie de l’hu¬
meur bilieuse et ténue, qui pique les
parties sensibles de nostre corps. Les
signes accompagnans ceste maladie
que l'on appelle assidens et non per¬
pétuels , sont la langue seiche , et
pour ce fort aspre, noire à raison de
l’adustion , douleur de ventre mordi-
cante et tormineuse , prouenante
d’vne fluxion de bile ténue, sanieuse
et ichoreuse , deiection souuent pasle
et liquide pour l’abondance delà ma¬
tière crue , acre et ténue , là poussée
par la vehemence de la maladie. Lors
que le siégé du causus est le foye ou
le ventricule, alors la soif est grande
et excessiue, à cause de l’ardeur et
siccité de tout le corps, si principale¬
ment la bile qui fait le causus est
‘ Edition de 1575 i fait le vray causite,
amassée en lieu et partie d’où se peut
proprement exciter la soif, comme eu
la bbuche et drifice sulierîcùr du
ventricule , au venlliculc mesme, ou
aux poulinons, quclquosfois au pi-
lore bu orifice inferieiir de l’esto •
mach, et dans l’intestin appellé ieiu-
nütn. Les veilles sont grandes, par le
defaut d’hümidité benigne et vapo¬
reuse qui cause le Sommeil : délires
à cause du mouuement de là bile
vers le chef, si principalement ie
siégé d’icelle est au poülitnort et Ibl’S
sans doute la langue est asiJl-e et
noire, ils ne resliirent iqU’à peine, et
halénent Vn esprit chaud et bruslant,
halètans tousiburs à bouche ouuerte.
La boUclie est incessamment amère,
pour la continuité de la tiihique in¬
térieure du ventricule qui èst cohi-
mune à la langue.
Cette maladie est fort aiguë, et qui
tue en peu de temps , d’où vient qu’à
bon droit elle est appellée à Môntpel-
lier Trousse-galand : parlant dés le
commenceméht il faut que le Chirur¬
gien, pour Son honneur, et pour
s’exempter de caloninie, eXpose auX
assistons le danger où est le malade :
car si les accidens susnommés se mohs-
trent grands dés le cbUinièrlcement dé
ceste maladie, s’il süiruient vne petite
stibür au front où aux clauicules, si
lé malade amasse les flobcons de sa
coiiùerturevers luy, s’il iotië foH des
doigts, si les extrémités luy dCuien-
neht froides, si la maladie à ses exa¬
cerbations et redoublemens à iohrs
pairs, si les vrinCs sont ténues, noires,
crues et en petite quantité, si le ven¬
tre esl retenu , ou bien si és délec¬
tions il y a indice de colliquation, si
la soif n’est si gCande qu’elle doit
estre, eu esgard à l’ardeur dé la
fléure , si goutté à goutte il lüy flue
vu peu de sang par le nez , ort peut
DES FIEVRES.
asseurément prédire la mort , sans
autrement entreprendre à g[uerir tel
malade.
Toutesfois s’il y a esperance de
santé , il faut que la Curation consiste
en deux choses, sçaiioir est en la
diele , et és medicamens.
Pour la diele faut considérer trois
choses , c’est à sçàUoîr, la quantité
des alimens et la vCrtu du malade,
le temps de la maladie, et la qualité
de la fiéure. Il faut connoistre la
vertu du malade pour la garder et
conseruer , car c’est elle qui chasse
la maladie : partant il ne conuient
donqer si grande quantité d’alimens
qu’elle ne les puisse cuire , ny pareil¬
lement en donner si peu qu’elle dé¬
faille , et qu’elle ne soit assez forte,
El (iuânt au temps de Iq maladie , si
elle est eh sa vigueur bu prés d’icelle,
il faut donner peu d’alimens pu rien
dü tbul, pourcje que c’est diuertir
Natili-e de sop intention : car elle pe
peut cuire les alipieps, et ensemble
contrarier à la maladie. Outre plus
fapt considérer la qualité de la lua-
ladie: car la fitîure, yeu que c’est vpe
maladie chaude et seiche, requiert ali¬
mens froids et humides, non enclins à
putréfaction, comme lajctue, poûrpié,
(izéille, orge mondé, et autres sem¬
blables. Le hoire dpit estre d’ean*
d’orge mondé, auec syrop violât
ou de limons, eau boüillie, d’hippo-
cràs d’éaü, bii eau pannée, donnant à
boire au nialade tout son sapul et à
sbK plaisir : el qtiànd à là chair et
viandes solides, ie ne suis pas d’aduis
qü’on èn donne, bu bien que ce soit
en tres-petite quantité, et que la chair
soit cuite auec herbes réfrigérantes
cy- dessus mentionnées, et prise auec
ius d’oranges, limons, citrons, gre¬
nades, pu verjus de grain. Que si pour
le soustehir on est contraint de luy
i35
donner de la gelée, qu’elle soit faite
sans expression et distillation, et ou¬
tre sans canelle et vin, euitantles sa¬
lines et espiceriès, et autres choses
contraires. Il faut faire en sorte que
le malade respire l’air le plus frais
qu’il sera possible, si ce n'çst en lig¬
uer, brassant et versant de l’eau de
puits d’vn verre eri autre : car, de là
il sera rafraichi, et en outre endormi
par le doux murmure de l’eau : que
le paué de là chambre soit semé de
roses, de fueilles de vignes, de laictue,
de nénuphar, pourpié, et autres trem¬
pées en eau rose, vinaigre, bu eau de
puits tres-froide ; arrangeant d’auàn-
tage par la chàmbre des hrançhesde
sâulés verds qu’il faudra changer
soutient : qu’il aye tousiours en sa
màin des fueilles de laiclues bu de
vigne , pu des pièces de courge ou
ePheoinbre, mesme à là piànte de§
pieds; qii’oh luy plonge les pieds et
les mains dans de l’eau froide en la¬
quelle u y àitvn peu de vin pour laire
pénétrer l’eau : qü’oh te remue de lit
et de draps, d’heüre en heure, pbür-
ueii toutésfois (jue la crise ne soit pro¬
che ; câr lors on luÿ nuirbit grande-
iriertt en le rafraichissahl et remuant.
Là saignée dPit estre faite spüüent
et eri borine quantité , non seuleriient
des bras, iriais aussi des pieds qüariq
le malade est en déliré , ou qu’il est
proche d’y tomber : comme aussi és
feriimes qüin’ontpas leurs reglemens
ordinaires, ou qui ne les ont pas sufii-
sarhinéiit; et aux homiries pareiHé-
inent qui ont hemorrhoïdes arrestees,
pourueu que la vertu, l’aagé, et autres
circonstances desquelles nous arions
parlé en la phlébotoiriie le pCrhiet-
teht
1 L’édition de 1575 dit seulement :
<( La saignée doit estre faite en bonne
i36
LE VINGTIIÎME LlVllE ,
Les epîthemes sur la région du foye
seront faits auec huile rosat, de
coings, de nénuphar , et autres refri-
gerans, et ce en la vigueur ou décli¬
naison de la maladie. On n’obmellra
pas les fronteaux, faits d’oxyrhodi-
num , huile de nénuphar , aubins
d’œufs et oxycrat.et leurs semblables ;
et que le malade tienne souuent en la
bouche eau froide, ou eau d’orge, ou
des fueilles d’ozeille trempées en eau
froide, ou bien des cerises seiches ai¬
grettes aussi trempées en eau. Il enn¬
uient aussi euacuer la matière auec
clysteres emolliens et rafraichissans,
tels que sont ceux que l’on préparé
auec le sérum laclis, auec décoction
de violes , maulues et autres sembla¬
bles. En tels clysteres dissoudras plus-
tost du sucre que du miel, et de
l’huile violât plustost que du com¬
mun , pour tousiours euiter la cha¬
leur.
Pour les purgatifs, on donnera
casse nouuellement mondée , tama¬
rins, diaprunis simple, décoction
de roses et violes , syrops de capilli
veneris, de violes , de nénuphar, de
cichorée, d’endiues , et leurs sem¬
blables (ayant esgard aux obstruc¬
tions du foye) : les autres purgations
faites de rheubarbe infusée en décoc¬
tion de tamarins, endiue, laictue, sca-
riole, et autres quirafraichissent sans
adstriclion sont fort vtiles : combien
qu’il faille prescrire le moins de medi-
camens purgatifs qu’on pourra, à
cause qu’ils sont tous chauds et acres,
quantité, si la vertu, l’aage, et autres efr-
constances que dirons cy apres en la phlé¬
botomie le permettent. »
Ce renvoi à la phleboiomie s’explique fa¬
cilement, parce que le livre desFiéures était
placé alors avant tous les autres. La phlébo¬
tomie est traitée, comme on sait, au livre
des Operations,
et par conséquent contraires à la fléure
ardentc.Parquoy en lieu d’iceux,il se-
roit fort bon de purger le malade auec
laict d’anesse cuit , ou pour le mieux
auec le sérum de laict : car l’vn et l’au¬
tre a propriété de purger les sérosités
bilieu.ses, et est fort humide, sans au¬
cune acrimonie , et sans flatuosité par
le bénéfice de la cuisson L
CHAPITRE XXIV.
DE LA FIÈVRE TIERCE CONTINVE.
V oicy la derniere des fléures qui se
font de la bile, de laquelle nous auons
peu de choses à dire , à cause de ce
qui a esté dit de la nature et curation
du causus : on peut comprendre ce
qui est de l’essence et de la curation
deceste fléure tierce continue, y ayant
peu de différence entre l’vne et l’au¬
tre, en sorte que Galien mesme à peine
les distingue-il au liure second des
Crises, chapitre 6. Geste fléure donc
n est autre chose , qu'me fiéure con •
tinue qui a des redouhlemens manifes¬
tes et des sensibles remissions de deux
iours Vvn, produite d’vne bile pure qui
se pourrit dans les vaisseaux eslongnés
du cœur.
Lors donc que labile contenue dans
‘ L’édition de 1576 ajoutait ici cette
phrase, par laquelle se terrninaitlechapitre;
« Au reste de ce qui est Icy dit de la cura-
ton du causus, tu peux comprendre les
choses requises à la curation de la fleure
II 0 '^ehemente ar¬
deur et inflammation. »
Dans le livre actuel, l’auteur a Jugé à pro¬
pos de parler plus au long delà fléure tierce
continue, et c est l’objet du chapitre suivant.
DES FIEVRES.
ces vaisseaux vient à se pourrir, si la
Nature ne peut la chasser en l’habi¬
tude du corps , elle la vomit et dans
les grands vaisseaux , et au cœur
mesme : d’où il arriue qu’il se fait vne
fleure continue périodique , laquelle
a deux accès ou redoublemens d’au¬
tant plus sensibles , comme aussi des
remissions d’autant plus aisées à re¬
marquer, que l’humeur qui se pourrit
est eslongnédu cœur. Lors donc que
ceste bile, de deux iours l’vn, accourt
au foyer où la pou rr iture s’attache, elle
s’eschauffe aisément , et allume vne
chaleur remarquable , laquelle vient
à se diminuer vu peu à mesure que
ceste bile qui accourt se consomme,
mais elle ne cesse point tout à fait
que ladite bile ne soit tout à fait con¬
sommée : c’est pourquoy la fiéure est
continue ; et à cause du lieu où labile
se pourrit eslongnée du cœur, ladite
fiéure a des redoublemens et des re¬
missions manifestes. Pour la bile qui
fait ceste fiéure, elle est moins acre et
en moindre quantité que celle qui
fait la fiéure ardente , et au reste
n’est pas si proche du cœur , estant
très véritable que tant plus l’humeur
qui se pourrit est proche du cœur,
plus donne-il de chaleur et de vio¬
lence de fiéure.
Que si l’on me demande comment
ie reconnoistray vpe fiéure ardente
d’auec la fiéure continue, ie respons
que la fiéure ardente brusie assiduel-
lement les febricitans d’vne pareille
chaleur, sans auoir de sensibles re¬
doublemens ou remissions de deux
iours l’vn ; là où la tierce continue a
des remises bien douces, et a des re¬
doublemens remarquables de iour à
autre, par conséquent ne garde pas
vne pareille chaleur de son commen-
cemeiil iusques à la fin. Au reste tous
les accidens et symptômes sont moins
13?
violons en la tierce continue qu’en
la fiéure ardente , la soif et les veilles
moindres : elle est plus longue et
moins périlleuse, et ne se termine que
vers le 14. iour.
Elle s’attache à ceux mesmes qui
sont suiets au causus , sçauoir aux
ieunes , bilieux , d’vn tempérament
chaud et sec , en l’esté plustost qu’en
autre temps, à ceux qui trauaillent
beaucoup, qui veillent, qui ont beau¬
coup de soin, qui se laissent transpor¬
ter à la cholere, qui s’exposent à l’ar¬
deur du soleil, et qui vsent de viandes
chaudes et acres, boiuent des vins
forts , ieusnent beaucoup, ou ont
amassé de la bile de longue main
qu’ils auoient accoustumé de vuider
en certaines saisons.
La cure de ceste fiéure est presque
mesme qu’au causus ;le viure ne doit
pas estre si rafraichissant et humec¬
tant : l’on peut nourrir le malade plus
libéralement aux iours de rémission.
Les remedes doiuent estre mesurés à
proportion que ce mal approche plus
ou moins de la fiéure ardente. Il ne
faut point espargner la saignée, les
lauemens, les purgatifs, les alteratifs,
les corroborans, les épithemes, fron¬
taux, et autres remedes se rapportans
à ceux que nous auons spécifiés au
chapitre precedent. Bref, le causus et
la tierce continue differans seulement
du plus et du moins , doiuent aussi
estre traités par remedes qui soient
differens du plus et du moins seule¬
ment.
le diray pour conclusion, que la
fiéure que les autheurs appellent sy-
notiue bilieuse se rapporte à ceste
fiéure icy continue, d’autant qu’elle
se fait du sang qui se change et se
tourne en bile : elle a neanlmoins vne
chaleur vn peu plus douce que les
fiéuresqui sont faites de la bile pure
l38 LE VINGTIEME LIVRE,
qui se pourrit. Et voila cç que nous
allons à dire des fléures bilieuses.
ciLiPrrRE XXV.
DES FIÈVRES PITVITEVSES, ET PREMIÈ-
REHENT DE I.A QVOTIDIANE INTEtî-
MITTENÏE , LEGITIME ET ILLEGITIME*.
Ndusparlerons icydesfîéures faites
de pituite , qüi semblent estre Oppo¬
sées aux precedentes, en tant que la
pituite est froide ethiirhide, et la bile
chaude et seiche. Or dé ces fiétires , il
y eh a quatre especès , la quotidiane
irilerlfhittente, la quotidiane continue,
V épia le, et la lypirie. Pour là qüo ti-
diane intermittente , élle a esté ainsi
appellée, non de l’humeur qui la fait,
mais du tehips et qiie l’humeur qui
* Gè chapitre répond d’une part au cha-
pitie 6 de l’édition de IStâ, et d’autre part
aii chapitre 24 du livre des Tumeurs de 1579
et dés éditions suivantes , intitulé : De la
Mare qui suruietu aux mineurs œdemûleuses.
Copiment Paré avait-il eu l’idée bizarre de
rattacher la fièvre quotidienne à l’oedème,
c’est ce qu’il explique lui-même au début
de ce dernier chapitre :
« toutes les especes et différences des tu¬
meurs œdémateuses expliquées, reste à par¬
ler briefuemeht dé la fiéure accideniaire,
qüi tissez sbuuerit leur suruient. Icelle rete¬
nant du inoüüement de l’humeur pituiteux
dont elle est excitee, est ordinairement de
l’espece de celles que les Médecins appel¬
lent quotidiennes intermittentes. »
Le chapitre de 1575 a lui-même un autre
commencement, que nous avons reproduit
ci-dessus à foccasipn du chapitre 17 ; et de
même aussi le premier paragraphe du texte
actuel ne ressemble à rien de ce qu’on lit
dans les autres éditions. C’est au deuxième
paragraphe que lés rédactions se rappro-
ctieiiti
la fait a ses mouuemens , et que la¬
dite fiéure a ses accès ou exacerba¬
tions, qui est tous les iours : c’est
pourquoy elle est appelée des Grecs
Amphimerinos , et est definie fiéu e
pourrie, qui a tous les iours des accès
et intermis siens , faite d’vne pituite
douce ou insipide qui se pourrit hors
des grands vaisseaux.
Élle fait donc tous les iours son ac¬
cès de la longueur de dix-huit heures,
donnant intermis.sion et relasche ma¬
nifeste le reste du iour *. C’est vne fié-
ure qui arriue fort rarement, à cause
que la pituite se pourrit fort difficile¬
ment, d’autant qu’estant familière à
la Nature , elle se la reserué pour la
tourner en aliment et nourriture, en
cas qu’elle ait faute de sang : comme
enseigne Galien au commentaire
deuxième dU liiire d’Hippocràte du ré¬
gime de viure és maladies aiguës, par¬
tie 44.
Les causes primitiùes d’icelle sont,
froideur et humidité de l’air qui nous
enuirohne , long vsage des choses
froides et humides qui aisément sé
corrompent et pourrissent , comme
fruicts nouueaux et poissons : inter¬
mission d’exercice accoustumé. Les
causes antécédentes sont grande re-
pletion d’humeurs , principalement
phlegmatiques et pituiteuses. Les cau¬
ses dispositiües sont la froideur èt dé¬
bilité de féstomach et du foye, qui aü
lieu d’humeurs cuites en font de crues
et mal digérées 2. La pàü^e coindihlé
est le phlegme putréfié Hors des
iLe texte de 1575 et celui de 1579 se
bornent à donner cette dôflnllion ; le reste
du paragraphe est une addition propre au
ivre posthume.
2 L édition de 151'5 ne parle pas de cescaii-
sesdi,?po«i</uM, etelleseliorne aussi 4 rimji-
cationdelacause conioime ; le reste du para¬
graphe, depuis ces mois I cjccepldep»iÉ!,etCi J
DES FIEVRES.
grands vaisseaux, ou en l’habitude et
espacé de tout le corps, ou pour
inieüx diré en la première région d’i-
celiiy. Ôi’ ce phlegme ou pituite est
doux ou insipide, et non salé ny acide,
estant vray (jue ce premier là fait la
fleure qubtidiahe lntermiltenleea;gu^-
siïe ou légitimé, là où ies autres espe-
cés de piiuîte font l’intermittente àas-
tarde. C’est pôurquoÿ l’on peut auec
raison appeler ceste icy légitimé, à
caiise de l’humeur qui la fait : qui
est la yraye et naturelle pituite pure
ét simple, et non eSlràngere ou meslée
auec dùetqùe autre humeur, d’où sé
font les iquotidianes intermittentes
bâstardés.
Les signes de ceste fleure quoti-
diane intérmititértté sont pris de trois
choses . Sçauôif des natureiles, des
non naturelles, et dé pelles qui sont
contre nature. Des choses naturelles,
càr le ptùs souuent ceste fiéürp prend
céüx qui sont de nature oii tempéra¬
ment froids et humides , comme gens
vleiis, femmes, petits éhfans, et hpin-
mes ëdttuqueS, pour t’aflondance du
phlegnié qui est en çüx. Ladite fiéure
prend les vieils naturellément, poürce
qu’en icéux la chaleur nàturefle est
tbibie, debiié, ëtne peut cuire les aii-
mens en qüelque petite quantité qu’ils
puissent estfe pris : mais elle prend les
enfans par accident, et non naturelle¬
ment, car ils sont chauds et humides:
mais pour la quanlilé des alimens
qu’ils prennent , et l’inconstance et
mouuemént desordonné, ils engen¬
drent grande abondance d’humeurs
crues, qui est la cause materielle de
la fiéuré quolidiane. bes choses non
natureiles : cap telle fleure prend
plus soudent en liyuer qu’au prin-
est une addition du iivre posthume. Le texte
dé 1^70 suit céliil dé 1575.
i39
temps, aux pays froids et humides,
parvne mapiere de viure oiseuse et
sédentaire : par l’vsage des viandes
non seulement froides et humides ,
mais aussi chaudes et seiches, si elles
sont prises en telle pt si excessiue
quantité qu’elles débilitent et suffo¬
quent la chaleur naturelle : car le vin,
bien qu’il soit de facuUé chaude, et
seiche, toutesfois, pris trop abondam¬
ment, il engendre de la pituite et des
maladies froides ; ainsi l’ebrieté et
yurongnerie : la crapule ,.la crudité ^
le bain , l’exercice et trauail pris in¬
continent après le repas, rapissant
les viandes deuant qu’elles ayent eu
le loisir d’estre cuites pour estre dis¬
tribuées à l’habitude dp coyps : bref
toutes les autres causes qui peuuent
engendrer en nous abondance de pi¬
tuite, peppent exciter la fleure qpoli-
diape. Le troisième chef d’où sont pris
les signes de ceste fléure, sont les
choses contre nature, popree que
ceste fiépre suit le froid , ep tant que
tout le corps est refroidi, et pripcipa-
lepiept les extrémités L
Les accideps de telle fiéure sont
douleur d’estomach , pource que le
phlegme pour la plus part s’engendre
ep icelpy, d’où s’ensuit vomissement
pituiteux : ep outre la face apparoist
toute pasie, mesme durant l’estât de
l’accès ; et la bouche est humide sans
soif, à cause que l’estomach estant
rempli de pituite, la bouche et la
larigue s’en résenlént, pour la conti¬
nuité de la tunique intérieure qui leur
est commune auec le ventricule. La
fléure donc quolidiane faite de
phlegme doux, commence par le froid
1 Ce paragraphe est pre.sque textuellement
t copié sur le texte de 1.575 ; celui dé i57£) ri’en
j dilï'ère que parce qu’il a siibi plusieurs sup-
I préssidns.
LE VINGTll^ME LIVRE
i4o
aux extrémités, par pouls petit et
profond, qui toutesfois en l’estât de
l’accès semonstre plus fort, plusgrand
et humide, et plus leger, pour mesme
raison que la chaleur de ceste fléure i
semble au premier attouchement
douce, vaporeuse et humide , mais
enfin y tenant pluslong-tempsla main
elle se sent acre, tout ainsi que le feu
allumé en bois verd se monstre du
commencement petit, languide et
fumeux ; mais enfin ardent et violent,
lors que le bois estant eschauffé et
reseiché, l’action et Tardeur du feu
n’est plus empeschée par la presence
de l’humidité contraire. L’accès se
termine par petites sueurs, lesquelles
aucunes fois ne se montrent point du
commencement, mais approchant la
crise elles suruiennent en plus grande
abondance. L’vrine est pasle du com¬
mencement et espaisse, et aucunes
fois ténue là où il y a obstruction ;
mais là où lamatiere est cuite comme
elle est en Testât de la fléure, Tvrine !
se monstre rousse. Si au commence¬
ment de la fléure il suruient vn vo¬
missement pituiteux, cela signifle
qu’elle sera en peu de temps terminée,
tant pour la tenuité de sa matière,
que pour ce que par telle euacuation
est faite excrétion de la cause con-
iointe de la fléure '.
La fléure quotidiane le plus souuent
1 Tout ce paragraphe se lit de même dans
toutes les éditions ; c’est ce qui m’a autorisé
à corriger ces derniers mots , la cause con-
iointe de la maiiere , qui se lisent dans le li¬
vre posthume , par eeux-ci : la cause\ con-
ioinie de la fléure, qu’on trouve dans toutes
les éditions du vivant de l’auteur.
Au reste, tout ce qui suit jusqu’au der¬
nier paragraphe , à part des modifications
insignifiantes de rédaction, est copié sur le
texte de 1575, suivi lui-même par celui de
1579.
est longue, pour ce que l’humeur pi¬
tuiteux estant de sa nature froid et
humide, est lourd, pesant et tardif à
semouuoiriet outre non sans dan¬
ger de plus grande maladie, pour ce
que le plus souuent elle se change en
fléure ardente ou en quarte, par ainsi
il se fait complication de maladies. Car
comme ainsi soit que la saueur salée
soit propre entre toutes les humeurs
à la seule pituite, et que telle saueur
est fort proche de la saueur amere, en
laquelle mesme aisément elle se
change et dégénéré par adustion, il
ne faut s’esmerueiller si la pitùite par
telle adustion se change en bile rousse
et noire.
Tous ceux qui releuent de fléure
quotidiane, ont la faculté concoctrice
fort debile , et partant ne leur enn¬
uient bailler abondance d’alimens et
difficiles à cuire. En la fléure quoti
diane, tout le corps est plein d’hu¬
meurs cruds.
Toute ceste fléure dure le plus sou¬
uent soixante iours. Si dés le com¬
mencement de l’accès on vient à vo¬
mir, et si à la fin il suruient de gran¬
des sueurs, ce sont signes qu’icelle
sera tost terminée , pource que la
matière est obéissante , et la vertu
naturelle forte, au moyen que la
vertu expullrice iette hors la ma¬
tière d’icelle fléure.
Au reste , donne-toy garde d’estre
trompé , prenant vne fléure double
tierce pour vne quotidiane , pource
qu’elle répété et donne lous les iours
vn accès comme la quotidiane. Or il
sera aisé de les distinguer, si tu con¬
sidérés Tespece et forme essentielle
de 1 vne et de Taulre. Les causes sont
contraires , et pareillement les symp¬
tômes. D’auantage les quotidianes
piennent.tousiours après midy, sur le
soir cl commencement de la nuict ,
DES I'i:ÉVRÈS.
lors que par l’absence du Soleil l’air
estant refroidi, tout nostre corps est
pareillement refroidi : d’où vient que
les humeurs froides ont leur mouue-
ment en iceluy, lesquelles auparauant
estoient aucunement retenues par la
chaleur : les doubles tierces au con¬
traire commencent et surprennent le
matin , et deuant midy.
La brieueté et douceur de l’accès et
grande sueur, sont signes que la fiéure
est briefue et salutaire, si cela ad¬
ulent l’humeur estant ja cuit.
La curation consiste en deux cho¬
ses , sçauoir est , en régime et medica-
mens. Le régime doit estre ténu et
incisif, l’air clair, chaud et sec modé¬
rément. Les alimens soient pain bien
cuit, chaudeaux faits de poulailles
cuites auec racines de persil , ozeille ,
petit houx, semences froides, et autres
semblables. On peut manger poulets,
mouton, perdris, et petits o y selets ,
poissons d’eau douce rostis, œufs
mollets. Les fruits soient raisins, pru¬
neaux, amandes, dactes. Le breuuage
soit petit vin blanc , trempé auec eau
cuite : l’exercice modéré est Ires-
bon, comme aussi les frictions de
tout le corps : le dormir est commode
s’il est fait aux heures deuës , et qu’il
soit proportionné aux veilles. Quant
aux affections de l ame , il faut que
le malade se resioüisse, et qu’il
prenne tousiours bonne esperancede |
sa santé.
A l’heure de l’accès les pieds et les
iambes du malade soient mises en eau 1
tiede, en laquelle aura cuit camomille,
anet , melilot, marjolaine, sauge, ros-
marin. Les medicamens alteratifs sont
syrops digestifs, apéritifs, oxymel : tels
que son t les syrops d’absinthe, de men¬
the, des deux et cinq racines, auec dé¬
coctions de camomille, calamente,
melilot, anet, et leurs semblables, ou
l4l
auec décoctions communes. Les me¬
dicamens purgatifs soient diaphœni-
cum , electuaire diacarthami , hiera
picra, pillules aurées, agaric, tur-
bith, desquels on fera potion auec
eau de menthe , melisse , hyssope ,
sauge, fenouil, scariole: aucuns se¬
ront donnés en forme de bolus auec
sucre, selon que le docte Médecin
considérera estre moins moleste et
fascheux au malade. Enuiron l’estât
de la maladie, il faudra auoir esgard
au ventricule, et principalement à
l’orifice d’iceluy, d’autant qu’il est le
siégé principal de la pituite, qui fait
ceste fleure quotidiane. Parquoy de
deuxiours rvn,il sera bon de l’oindre
d’hnile de camomille auec vn peu de
vin blanc. Il sera bon aussi de le dé¬
charger par vomissement, auec le suc
de raue, et force oxymel, ou anec
décoction de semence ou racine d’a-
zarum , ou de camomille , auec syrop
aceteux , et sur le commencement de
l’accès, lors que Nature commence à
s’esmouuoir. Pour vne quotidiane
inueterée, que l’on n’aura peu guérir
■ par remedes communs et vsités, il n’y
a rien si propre que de donner demie
drachme, ou vne drachme entière de
theriaque vieille, auec sucre en forme
de bolus, ou bien dissoute auec vn
peu d’eau de vie L
Que dirons- nous delà saignée? est-
elle necessaire en la cure des quoti-
dianes? Les autheurs grecs n’en font
aucune mention, ne semblant pas
estre à propos de rafraîchir vn corps
par la saignée, qui tombe malade
pour estre trop rafraîchi. Les Arabes
sont d’vn autre aduis, et estiment
1 Ici se termine le chapitre dans l’édition
de 1575, et de même aussi celui du livre des
2'umeurs de 1579. Le reste est donc une ad¬
dition propre au livre posthume.
le vingtième livre
qu’il est à propos qqelquesfois , lors¬
qu’on s’apperçoit quelque plénitude ,
de tirer vn peu de sang, tantost du bras
droit, lors que le temps et la saison
est chaude et bouillante , tantost du
bras gauche quand le temps est troid.
I*oür riioy i gy appris des meilleurs
médecins de Paris , qu’à cause de la
pouri'ilùre, et de ceste chaleur es-
trangere qui s’introduit dans les hu¬
meurs, que ce n’est pns mal fait d’es-
penter par fois la veine , principale¬
ment lors que nous obseruons que les
urines sont espaisses et rouges , que
pous voyons que la fléüre s’augmente
et s’aigrit , et que nous craignons
quelques grands et violens symptô¬
mes qui peuuent estre çause de quel¬
que sipistre accident à la vie du ma¬
lade. En çecy il faut s’en rapporter à
la prudence du sage médecin, qui
apres auoir bien pesé et balancé tou¬
tes les circonstances qui se trouuejpt
ei au tempérament naturel du mala¬
de, et aux conditions de la fleure,
peut ou, prescrire, ou obmettre cere-
mede.
Pource qui est de la quotidiane bas-
ta,rde, nous en dirons vn mot au
Çtiapitre vingt-sept.
CHAPITRE XXAI.
DE LA FIÈVRE QVOTIDIANE CONTINVE ‘.
La fleure quotidiane continue est
vn peu plus frequente que n’est pas
' Ce chapitre répond essentiellement au
chapitre 12 de 1675, intitulé: Cure de la
fleure quotidiane continué: Toutefois il y a
quclquès différences, que j’aurai soin de si¬
gnaler.
rintcrmittente : et quant au reste elle
ne différé point d’auec elle, soit en sa
connoissanco, soit en sa curation.
Toute la différence qu’il y a entre ceS
deux fleures , c’est en leur foyer , ce-
luy de la continue estant dans les
grands vaisseaux, et celiiy de Flnter-
mittente dans les petits vaisseaux , au
fond du ventricule, aux intestins,
mesentere , et autres parties adjacen¬
tes de l’abdomen : d’où il arriue que
la chaleur de l’intermittente est moin¬
dre que celle de la continue ‘.
Au reste tu connoistras la continue
par les mesmes Indices que l’intermit¬
tente, te resouuenant tousioUrs qu’elle
n’a ny accès, ny frissoiij ny intermis¬
sion ^ et qu’entre toutes les fiéures
continues, il n’y eu a point qui ait
plus de ressemblance auec son inter¬
mittente que ceste-cy : d’autant que
l’intermittente a si peu d’interualle et
d’intermission , qüe durant ce repos
mesme il semble que la fleure perse-
uere tousiours , si bien que Galien
mesme auec tous les anciens Grecs
ont douté si ceste fléure intermittente
n’estoit point continue, comme tu
pourras apprendre du Chap. i du
1 Le premier paragraphe du chapitre de
1575 est fort différent quant à ia rédaction,
et plus encore peut-être relativement à l’une
des idées principales. Tandis que le texte
actuel déclare la fièvre quotidienne conli
nue plus fréquente que l’intermittente , le
texte primitif dit :
« Geste beure est fort rare , de tant que
bieii difficilement adüient-il que la pHuito
pourrisse dans les veines , et grands vais¬
seaux, comme ainsi soit que nature la garde
comme sang à demy cuit, pour la tourner
en vray sang en cas de nécessité. »
2 Là s’arrête tout Ce que l’édition de 1575
contient sur le diagnostic; le reste du )ara-
graphe appartient en entier au livre pos-
thume.
DES FIÈVRES.
lia. 2 çics Différences des fdures cl e
Galien.
La façon de guérir ceste fiéure con¬
tinue est (iiuerse, selon la diuersitédes
temps de la maladie. C’est pourquoy
au commencement il sera très à pro¬
pos de lasçlier le ventre auec vn clys-
tçre, ou quelque medecine douce,
bien que ie voye la pluspart des Mé¬
decins d’à présent reculer la purga¬
tion iusques après la saignée C Donc-
ques après, le clystere , il faut penser
à la saignée , s’il y a iuste occasion de
ce faire, çomme si la fiéure est grande,
si le pouls est haut et esleué , si les
vrines sont espaisses et rouges , s’il y
a quelque estoulfement , si les forces
le peuuent porter : toutesfois. quoy
que ce soit , il ne faut pas beaucoup
tirer de sang à la fois , mais partir et
diuiser l’euacuation à deux ou à trois
fois 2, Deux iours après la saignée , il
faut donner vn minoratif pour tous-
iours soulager la nature , la descbar-
geant d’vpe partie de son faix : ce qui
se fait à commandenient apeç vne dé¬
coction propre contre la pituite, en la¬
quelle on dissoudra du catbolicon
( et non de la casse , qui est ennemie
du ventricule et de ceste maladie , à
cause de son humidité ) et quelque peu
de diaphoenicum. Car le catbolicon ,
bien qu’il soit propre à purger la bile,
si est-ce que dissout en quelque décoc¬
tion atténuante et incidente , purge
aussi la pituite. En après il faudra
cuire la masse de l’humeur pituiteux
par detersifs , incidens et apéritifs : le
1 Ceci est le texte presque pur de 1575;
seulement cette fin de phrase : bien que ie
voye la pluspart des Médecins, etc., est une
addition du livre posthume.
® Ces mots : mais partir et diuiser Veua-
cuation, etc. , sont encore une addition du
livre posthume.
i43
miel rosat coulé et l’hydromel déter¬
gent, incisent et ouurent : l’oxymel
tant simple que composé, le syrop
aceteux , de byzantiis , capilli veneris,
de duabus et quinque radicibus. En fin
faut donner vne bonne et passable¬
ment forte purgation pour purger la
matière , ainsi comme dit est prépa¬
rée C On obseruera toutesfois , que si
la chaleur de la fiéure est vehemente
et acre , on doit eontemperer les sy-
rops cy-dessus nommés auec de plus
bénins et moins eschauffans , tels que
sont les syrops d'endiue simple et
composé, l’eau d’endiue, de borra-
che , des capillaires , et autres de
mesme faculté.
Au reste, soumenne-toy en ceste
fiépre tousiours de roborer le ventri¬
cule , ce qui se fera commodément
auec le mithridat. En ceste fiéure il
fautfuyr rvsage immodéré des pota¬
ges, coullis, et choses semblables ,
d’autant qu’elles humectent trop le
ventricule , et emplissent la teste de
vapeurs : pour laquelle mesme raison
il faut nourrir le malade de chair
solide , de bestes de moyen aage : car
j celle des ieunes est pleine d’humi-
I dité muqueuse et excrementitielle.
CHAPITRE XXVII.
DE LA FIEVRE EPIALE, ET DE LA LYPIRIE.
Nous ;auons remarqué cy-deuant,
ce me semble , que la pituite natu-
1 Là s’arrête le paragraphe dans le texte
primitif; la phrase qui suit appartient au
livre posthume : après quoi le dernier para¬
graphe est copié presque exactement sur
l’édition de 1575, où, comme dans celle-ci,
il termine le chapitre.
LE VINGTIÈME LtVRE,
l44
relie, douce ou insipide, estoit cause
de la fleure quotidiane intermittente
exquisiteet légitimé, laquelle nous
axions expliquée au Chapitre 25 : il
reste maintenant à deraonstrer que
les autres especes de pituite non na¬
turelle , telles que sont la salée , l’a¬
cide et la vitrée, font l’autre espece de
fleure quotidiane illégitime ou bas-
tarde. Mais nous auons deux sortes
de cesle fléure bastarde : l’vne plus
douce et moins fascheuse, qui est
engendrée de la pituite salée ou
acide, l’autre plus importune et
fascheuse , qui se fait de la pituite
vitrée. Pour la première qui* se fait
de la salée ou acide , nous n’en di¬
rons autre chose , à cause qu’icelle
approche fort de la condition et na¬
ture de la quotidiane légitimé, c’est
pourquoy il faut fort peu d’indications
et de remedes. Qu’on se remette seu¬
lement deuant les yeux que la pituite
acide se fait par vne vehemente froi¬
deur, la salée par vne chaleur estran-
gere, la douce et insipide par vne
froideur médiocre : que l’acide excite
la faim , la salée la soif , et la douce le
sommeil : et que l’acide demande des
medicamens qui la puissent cuire et
adoucir , et la salée des purgatifs qui
la chassent hors du corps. Ce faisant,
il sera aisé d’appliquer les remedes
de la quotidiane légitimé à la quoti¬
diane bastarde , qui sera faite ou de la
pituite acide, ou de la salée.
Pour l'autre fléure bastarde qui se
fait de la pituite vitrée, elle est nom¬
mée Epiale d’vn nom grec qui signifle
chez les Latins Algorem , c’est à dire
froideur vehemente , telle qu’on la
ressent en ceste fléure. Or elle est de-
finie fléure quotidiane bastarde , la¬
quelle apporte au corps vn ressenti¬
ment de grande froideur , et de peu
de chaleur , engendrée de la pituite
vitrée qui se pourrit en partie. Par
ceste définition nous apprenons pre¬
mièrement, qu’il y a en ceste fléure vn
inégal sentiment, d’autant que tes
parties tout ensemble ont froid et
chaud : mais ce froid est violent , et
la chaleur est douce et modei'ée. Car
ceste fléure e.stant engendrée de la pi¬
tuite vitrée , laquelle est l’humeur la
plus froide et la plus humide de tout
le corps, il adulent qu’à cause de
ceste grande froideur les parties du
corps ressentent le froid ; et à cause
que ladite humeur se pourrit, les
mesmes parties ressentent du chaud :
mais le chaud est moindre que le
froid , à cause qu’il n’y a qu'vne pe¬
tite portion de l’humeur vitrée qui se
pourrit : le reste estant sans pourri¬
ture demeure froid et humide , d’où
vient ce grand ressentiment de froid.
Nous dirons en second lieu , que l’hu¬
meur vitrée s’engendre en nostre
corps , ou à cause des alimens qui sont
grandement froids et pituiteux , ou à
cause de la chaleur naturelle qui est
foible et languide : mais ceste humeur
ne peut s’y engendrer en grande
quantité, pource qu’vnefroideur telle
qu’il en faudroit jÿour amasser vne
grande quantité de ceste humeur vi¬
trée , esteindroit tout à fait la chaleur
naturelle. Or tandis que ceste humeur
ainsi amassée dans le corps ne se re¬
mue point , et ne s’esmeut point , elle
n’apporte point de grande froideur
aux parties , d’autant que les parties
sont accoustumées à la sentir : mais
lors qu’elle vient à se porter et à
se mouuoir par les parties sensibles ,
c’est lors qu’elle apporte le ressenti¬
ment de froideur insupportable , sans
aucune fléure, si cela adulent sans
qu’elle se pourrisse : mais si elle se
vient à pourrir, alors elle excite la
fléure. Finalement nous pouuons ap-
Des Fîjîvres,
prendre par la définition susdite, que
cesle humeur se peut pourrir ou en
partie , ou totalement et entièrement.
Que si elle se pourrit entièrement, elle
apporte vne fiéure vrayment quoti-
diane, dont la guérison est fort peu
differente de celle que nous auons ap¬
portée cy-deuant. Si elle se pourrit en
partie, elle engendre la fiéure Epiale^
et voila la cause du sentiment inégal
qui est au corps durant l’accès de
ceste fiéure : car la portion d’humeur
qui n’est pas pourrie cause le froid ,
la portion qui est pourrie enuoye des
vapeurs chaudes par tout le corps ,
qui donnent la connoissance de la
fiéure. Elle arriue à la vérité tres-ra-
rement , et le commencement de son
accès est par des baaillemens , frisson
violent, petit pouls et tardif, vrines
crues et aqueuses ; l’accès arriue tous
les iours, s’ estend quelquesfois iusques
à vingt quatre heures , quelquesfois
moins ; mais tousiours il est plus rude
que celuy des quotidianes légitimés ,
et apporte des symptômes et aeeidens
plus violens.
Pour la cure , il faut mesme régime
de viure qu'aux légitimés, sinon qu'il
faut qu’il soit vn peu plus eschauf-
fant , atténuatif et incisif II ne faut
nullement parler icy de la saignée, de
peur que la pituite se rendant plus
tenace et visqueuse , n’apporte vne
fiéure tres-longue et tres-difficile à
guérir. Il se faut seruir de medica-
mens qui eschauffent et qui incisent,
commençant toutesfois par les plus lé¬
gers , pour puis après venir aux plus
forts. Du commencement donc on
donnera le syrop aceteux, l’oxymel,
auec les décoctions de bourrache,
buglosse , beloine , les cinq racines
aperitiues , calament , origan , et au¬
tres. En après on donnera l’oxymel
composé et scillitique, le syrop d’hys-
145
sope, de bîzance, des deux et des cinq
racines, qu’on dissoudra dans vn apo
zeme préparé auec hyssope, calament,
origan, thym, stœchas, absinthe, ra¬
cines d’enula campana, d’ireos, et au¬
tres de pareille vertu. Ayant ainsi
préparé les matières , il faudra venir
à la purgation, à fin de vuider ce qui
aura esté bien cuit, et préparé , et ce
auec diaphœnic, diacarthami, les deux
hieres, ou pillules conuenables. Cela
fait , derechef il faut recourir aux al-
teratifs, à fin d’eschauffer et d’inciser,
et puis après aux purgatifs, n’obmet-
tant pas par interualle l’vsage des
clysteres ou suppositoires vn peu
acres. Bref on recommande les estu-
ues seiches, lors que les signes de coc-
tion apparoissent , lesquelles on peut
préparer auec menthe, origan, rosma-
rin, calament, sarriette, thym , stœ¬
chas et autres, qu’on fera boüillir
dans quatre portions d’eaude riuierc,
et vne de vin bhinc. Par le moyen de
ce remede, la pituite crasse et espaisse
est atténuée , et puis après euacuée
par les sueurs, mais que le malade no
s’en serue qu’à ieun , et après auoir
purgé le ventre, ou auec vn purgatif
le iour precedent, ou auec quelque
clystere. Il sera bon sortant des es-
tuues de frotter le corps assez douce¬
ment , et principalement le long de
l’espine du dos, que l’on frottera auec
huile^ de iasmin, de camomille , d’a-
neth, de nard , de noix muscade , et
autres semblables. Après cela qu’on
donne au malade vne dragme de
trium piperum, ou diacalamenthe ,
ou mithridat , ou theriaque , ou de
quelque opiate vsuelle qu’il prendra
en bol , ou bien delayée auec vn peu
de vin blanc.
Deuant que de finir ce Chapitre , ie
diray vn mot de la fiéure que les Grecs
ont appellée Lypirie , pource qu’jl
10
111.
LE VINGTIEME LIVRE,
l46
sômblé (jiiô là clVàlciVr (défaille en
icelle. A là vcnt'é le nie tt^onué bien
empcscbé â (jfü'elic sbi'té de fiéurés xé
la dois fapDorter, voyant les Arabes
estre côiilraix’es tout à' fait aux au-
theürs grecs, céux-cy l'a rapportant' ^
vue grandé inflammation, ceux là' à
vne pituite cra^sé et visqueu'se. Pour
mby , a^rés àuoir bien esplucbé les rài-
Sôhi^ des vris et dés àüfres, ie ti^oüue
qu’il y à deiix sortes de Ixéuré Lypirié,
Fvne prôprèniénl' ainsi appéllée, ét
rauti'é'àppeliée improprement ét par
ressëmblance. tiétie qui ést* propré-
tnént' atipellée Lypirie , est cétie des
Grecs , qui est vrië flëuré contîriué ,
causée tiàr nUflammàtion véheménté
dé quelque partie îUtériéüré , oii par
vne féruéur désUiesuréé d'Uümeufs
chaudes, boüiilan tes ét malighës , éii
laquelle lés parties intérieures lirus-
lént, cèpéndant que les' extérieures
demeurent toütes froides : cé qui
arriüé poUfcé qUe la cUaléur du de¬
dans attife à'soy comihë vne ventouse
là chaleur dés itaf ties éxternes. Ôr
telle fîéure tfapparlienf nullement
aux fiëufes pituitéüsës : c’est pour-
qüoy il ri’ést’point'besbin d’enùonnéf
iéy la güef ison : il’ faut les reséfuer
prùuf lés symiitbmàliqües, qui smüënt
l’iUflàmmatioü de quelque partie no¬
ble. irfàüt seuléinént’ parler de celié
que nous aübns dîf estré impropTe-
menf appellée Gypirié, et ce pour
resseiiihlancé qu’elle à àUècla prece¬
dente , qui est en ce qüé lé dèhofs dè-
meuré fibid, tàiidis qüe le dédaris'
bruslé. Car ëstàiit eh'^èndrée d’vne'
pituite esp'àîésè et viSqUèusé, la cha¬
leur ét'lè's vapeurs sont tellement re¬
tenues et'sùffbqüées, qü’ellès ne peu-
uent s’estendre à l’exterieur ; d’où il'
arriue qU’oU seüt de la chaleur au'
dedans du corps, mais au dehbrfe bii y
sent dü’ froid. L'es aütfés'- veulent*
qu’etic se flfsse d’vne pituite moins
è^paisse, qui pourrissait ay centpe
du coi^ps y alluipe le feu , piais qui
enuoyè à rexterjeur si peu de fumées
et de yapeprs, qu’elles n’ont p^s la
Ibrée dlèsch^autfer heauçoup ni loqg-
témps les purties; c’est pourquoy elles
demeureiit tousiours froides.
A ceste fléui’e icy ie ne connois
point d’autre cui^ation que celle qe
l’Epiaïeet des autres quotidianes. Le
régime de viure est de mesme façon ,
les purgations pareilles, les altera-
tïfs de mesme yertii., Les autheurs qui
en ont traité ordonnent le syrop
aceleux et l’oxymel , pour préparer
la matière J y meslant toutpsfois les
choses qui fortifient et corroborent
[ restomach, comipe le syrop de rose$
seiches et de berberis. Après cela ils
purgent le corps aueç l’aloé , la hiere
et la rheubarbe. i^ar fois ils ordon¬
nent le vpxnissement , vne autre fois
les diurétiques , je plus sopuent des
clysteres acr.es et forts. Bref, ils gar¬
dent le mesme ordre qu’en l’epiale ,
et font prendre au malade les estuues
séichés, lés sueurs ,lés frictions, onc-
fiqris, opiâtes et antidotes qui oiit
esté spécifiés çy dessus.
de qui doit suffire pour la cohclid-
sïoh dés fléures pituiteuses!
CH'APifRE XXYÜI.
DÈS FIE VRES FAITES DE l’hVmÈvK ME-
l'aNCHOLIQVÈ , ET PnEMIEREMENï DE
LA QVARTE INTERMITTENTE VRAYÈ L
Les dérnieres fiéurés humorales
sont celles qiii së font de f humeur
' Ce chapitre répond au chapitre 8 de l’é¬
dition dé 1675; intitulé : lies jùureï qïiar-
lÿES FIEVRES.
Bjelancbolique, lesquelles sont diüer-
ses selon que ladite-humeuF est di^
tteise ,^estnnt. vra-y* qu’il y> en a vne
qui est naturelle , fooide et-seicbe, et
Üaulre contre -nalure ,.-eliaude" -et
seiche il appellée coinmunénient atre--
hile- tjuoy queeesoit, les fiéures «le-
laqchpliques«ant ,< ou intermittentes,
op.oonlinuesK.lesin terminent es'vien'-
n^nt :de .quatre en qualF© iôurs,-£m
deiGinq.eacinqi<de'.siv«n six, «de se^
e»-sepl i ou .autre» tel iaterualle.* Cei-
UîS.qni viennent- de quatre en- quatre
iOMiJS sont appeilées ^uaries'intermii^
tmtÿs ; celles4jui vienn^t de’cinq en
einq,de6ixenjsiXj ete.,. swit appeilées
du ,«om dutiour . qu’elles ■ arriuent ,
sçauoir quintmaei ,-seætaim»i mtmneÿ,
mmmiSjj qu’0û.dit en Id^inqmntetfms-,
^ætams ., septmas-i- octana^^,. nona-
nia&,.etc.^ desquelles nous dirons vn
n[iûtEy.ap»és.;Pari0n8 des vrayes fié^
ujres imelancholiques- intermittentes
qm Ifop .appelle I quartes ^ et en pre-
mipiilieuide celle qulest vraye et lé¬
gitimé yRb -puis. au -chapitre -suiuant
nousiparlerons de la baslarde ou il-
legilbne-.v;. - ■- ' •
( : La fiéuj-fi quarteintermktenteiegi-
lime a son accès le quatrième iour, et
et ap ch^pitr*. 32 du H-yre Tumeuts
de,,l,5’I^, ayant pour titre la fiiure qui
suruiifntaux a schù;reit$fia. Le début de
ce dernier chapitre a pour objet de justifier
ce singulier rapport
« Telle fiépre ordinairepient est quarte,
ou retirant à la nature de quarte : à raison
de rtiumeur mejancholic d’où elle est
excitée; qui enfermé en certain lieu ou il
fait tumeur, par communication de vapeurs
putrides, .eschaufle le coeur et altéré les hu-
nreufâ, contenus en iceluy , dont se fait fié-
ure,.», , . . . . . . .
H fautajoutepquele -premier paragraphe
da-chapltreaotuel-appartient exclusivement
au livre posthume.
a deux iours de remission , ou plus-
tost d’intermission ‘ ; et s’engendre
de l’humeur melancholique naturel
qui se pourrit dans tes petites xfeines,
où il s’ainasse peu à peu et de longue
main. Chacun sçait que la masse du
sang est composée de quatre diuers
humeurs, qui se rapportent attx con¬
ditions et qualités des quatreEteraens,
sçauoir de la biie, qui pour estre
chaude et seiche représente le feu :
du sang , qui se rapporte* à l’air pour
estre chaud et humide : de la pituite ,
quh eonuient à l’eau par sa froideur
et humidité" et de l’humeur melan¬
cholique, qui par sa seicheresse et
froideur représenté la terre. Or
comme de ces quatre humeurs il n’y
a que le sang qui soit grandement
famüiei' à nostre nature, et tres-
propre à la nourrir et fo menter , aussi
il semble que les veines ayent esté
faites exprès pour le reeeuoir et le
retenir : et qu’il y a eu des récepta¬
cles pour retirer les autres humeurs,
de peur qudlsne se rendissent les plus
puissans dans les veines. Et de fait
que quelques'VDS ont voulu dire que
l’estomach estoit le réceptacle de la
pituite : mais passant celle-cy sous si¬
lence , à cause qu^elle ne s’eslongne
pas beaucoup de la douceur et de la
trempe du sang , nous dirons que la
vessie du fiel a esté faite pour rece^
uoir la bile et en desebarger les veines,
comme nous auons discouru cy-de-
uant parlant des fiéures bilieuses : et
que la ratte a esté mise au corps pour
retirer l’humeur melancholique, pour
en purger, nettoyer et purifier le
saug , et pour empescher en fin qu’il
■ Le texte de 1575 et celui de 1579 don¬
nent cette définition , mais ils s’arrêtent là ;
etle resle du paragraphe actuel appartient
exclusivement au livre posthume.
l4S tË vmGtiéME LIVRÉ,
tie vînt trop à s’augmenter dans les
veines. Cest humeur donc ainsi at¬
tiré à la ralte , par la foiblesse de la
chaleur naturelle , ou par la quan¬
tité des viandes propres à engendrer
vn tel suc , vient quelquesfois à s’a¬
masser et croupir à l’entour de ladite
partie, dans les petites veines raesa-
raïques, dans le pancréas, l’omen-
tum, et autres parties voisines : où
en fin se pourrissant il vient à exciter
ceste fiéure icy de quatre en quatre
iours , soit par vne propriété occulte
ou secrette , soit pour les causes et
raisons que nous en auons rappor¬
tées cy-deuant , parlant des accès et
périodes des fléures intermittentes.
Doncques la cause coniointe de
ceste fiéure est l’humeur melancho-
lique naturel , qui se pourrit hors
des grands vaisseaux , dans les petits
qui sont ou en la première egion du
corps, comme dit est, ou en l'habi¬
tude d’iceluy comme a voulu Galien.
Les causes antécédentes sont abon¬
dance d’humeurs melancholiques ,
regorgeantes et redondantes par tout
le corps. Pour les priraitiues, ce sont
les choses qui multiplient et engen¬
drent le suc melancholique, comme
le long vsage des legumes, pain bis et
bruslé, chairs salées , comme de
bœuf, chéure , cerfs, vieils liéures ,
vieil fromage , choux , gros vins ,
bref les viandes terrestres et de gros
suc, froides et seiches, comme pro¬
pres à engendrer l’humeur melan¬
cholique*.
Les signes de la vraye quarte sont
pris de trois choses , sçauoir est , des
naturelles, non naturelles, et contre
nature. Des naturelles , pource que
la température froide et seiche, l’aage
1 Cette exposition des causes est à peu de
chose près la même dans le livre primitif.
de la vieillesse , ceux aussi qui sont
froids et grassets, ayans les veines
petites et cachées, et ta ratte imbe-
cille et enflée, sont affligés de telle
fiénre. Des choses non naturelles,
pource qu’en temps d’automne ceste
espece de fiéure est fort frequente, non
senlement pource que l’automne est
froid et sec, et par conséquent propre
à faire amas de l’humeur melancho¬
lique : mais aussi à cause que par l’a-
dustion de l’esté passé , les humeurs
les plus ténues et liquides ayans esté
consommées, le reste demeure espais-
si, desseiché ,. et réduit à vne consis¬
tance terrestre, bref , en tout temps
froid et sec, aux régions froides et
seiches, aux corps froids et secs or¬
dinairement, ceste fiéure s’engendre,
si principalement à cela est coniointe
vne façon et condition de viure triste,
pénible et fasebeuse, pleine de crainte
et anxiété *. Et véritablement entre
les passions de l’ame, la tristesse et la
crainte sont tres-propres à engendrer
ceste fiéure, veu mesme qu’Hippo-
crates nous a laissé par escrit en l’a¬
phorisme 23. du 6. liure, que la tris¬
tesse et la crainte estaient signes
asseurés des maladies melancholi¬
ques. Quant aux signes pris des choses
contre nature, premièrement, c’est
qu’au commencement de l’accès,
quand la matière se putréfié , il sur-
uient horreur ou rigueur tres-labo-
rieuse, tout ainsi que si l’on auoit les
os froissés : secondement, c’est que la
maladie se fait reconnoistre par son
inuasion , qui reuient le quatrième
iour, et que le mal est chaud et sec « :
‘ Tout ce paragraphe est copié presque
littéralement sur l’édition primitive. Toute¬
fois la phrase qui suit: ventablemenl, etc.,
est une intercalation du livre posthume.
® L’édition de 1628, et toutes les autres
DES FjivRES.
car combien que la matière dont il
est fait et excité soit de sa nature
froide et seiche , si est-ce que par
accident elle est chaude et seiche , à
raison de la pourriture et putréfac¬
tion qui s’est introduite dedans. D’â-
uantage, on ressent le pouls au
commencement petit, tardif, profond,
comme retiré au dedans, ainsi que
celuy des vieilles gens ‘ : en après il
s’explique et se dilate à mesure que la
chaleur de l’accès s’augmente. L’vrine
est blanche et aqueuse au commen¬
cement, inclinante à liuidité et noir¬
ceur. En la déclinaison, estant la ma¬
tière cuite, l’vrine deuient noire, non
point par la su menue de quelque
mauuais accident, non point par
l’excès de la chaleur naturelle , ou
par son extinction , car par ce moyen
elle seroit funeste et mortelle : mais
par l’euacuation de la matière con-
iointe, sçauoir est le suc melancholi-
que, qui de sa nature tend sur le
noir. L’accès des fléures quartes peut
durer vingt-quatre heures , et alors
donne quarante-huit heures d’inter¬
mission.
Le plus souuent telle fiéure pro-
uient de l’obstruction, douleur et
dureté de la ratte , et rétention des
menstrues et hemorrhoïdes
après elle , portent : froid et sec, ce qui est
en contradiction avec la suite de la phrase.
J’ai suivi le texte du livre primitif, qui est
également celui du livre des Tumeurs de
1S79.
1 La phrase s’arrête ici dans les éditions
primitives ; le reste, e« après il s’explique, etc.,
est une addition du livre posthume.
* Ce paragraphe précède immédiatement
le suivant dans le texte primitif de I67ô, et
même encore dans le livre des Tumeurs de
1579. Mais en 1585 Paré en avait intercalé
un autre, qui est resté dans toutes les édi¬
tions suivante» , et dont cependant il n’a
Les fléures quartes en esté sont
briefueset courtes, selon l’aphorisme
d’Hippocrates 25. de la seconde sec¬
tion : mais en automne elles sont bien
longues , principalement si elles pren¬
nent sur la fin d’iceluy, vers le com¬
mencement de l’hyuer. Celle qui
prouient par les mauuaises disposi¬
tions et par les maladies du foye, de
la ratte , ou par autre maladie prece-
pas fait usage pour son livre posthume des
Fléures. Le voici :
« Esdites fléures suruiennent au com¬
mencement des accès, rigueurs, horripila¬
tion, baaillement , grande froideur et trem¬
blement ,iusques à claqueter les dents, qui
sont les precur.'^eurs ou trompettes qui an¬
noncent la venue de la fiéure. Telles choses
se font à cause de la qualité et matière he¬
ureuse qui altéré et corrompt les humeurs
contenus dedans les veines et arteres : de
façon que Nature les a en horreur, et les
veines et arteres les iettent hors d’vne
grande secousse , et les respandent parmy
la ehair, nerfs et membranes iusques au
pannicule charneux. Geste qualité febrile est
si cuisante et se meut si rudement , que les
parties par où elle passe en ont telle douleur
qu’il semble qu’on les pique et deschire.
Parquoy il ne faut trouver estrange si ceste
matière fléureuse, soit froide ou chaude,
cause frisson : car l’eau bouillante iettée a
l’improueu sur vn corps nud, le fait trem¬
bler aussi bien que la froide: toutesfois la
fiéure, de quelque espece que ce soit, est
tousiours fondée en chaleur. Ainsi les par¬
ties sensibles irritées d’humeur febrile se¬
couent toute la personne , lors que la vertu
expulsiue tasche à ietter ce qui luy nuist.
De là vient le tremblement , qui demonstre
l’accès, lequel dure iusques à ce que la ma¬
tière febrile soit consommée et dissipée sen¬
siblement et insensiblement. Sensiblement,
comme parsueurs,Yümisscmens,llux de ^ en¬
tre, flux de sang, flux d’vrine et autres. In¬
sensiblement , pur résolution, qui se fait par
insensible transpiration, parle Lencfice des
forces et chaleur natuie le de noire corj s. «
i5o
LE VINGTliME LIVRE
dente est pire, et sonnent se termine
eh liydropisie*. Si elle pronient sans
auctine maunaise habiltide Ün foye,
ôü d’antires' ttialadiës',' ponrnerf que
le malade se gouuerïic bien , elle h’a-
iheine phint d^iutresdangers : an con¬
traire elle empesched’aütres maladies
plus mannaises, et garantit de melan-
cbelie, epilepsie, Spasme, mahie : rf’aiï-
fant qhe’ ia matière melancbolique
dont télle^ maladies pourroieht estre
excitées; est' de 'quatre en quatre ionrs
euacuée par l’effort de l’accès.
La fléure qualité , pouruen qu’il n’y
ait faute du malade, ny du médecin,
ne dure qu’ vnan. Car ainsi que les n>a-
ladies aiguës sont iugées' faisans leur
crise pah le moUoemeht de la luiio:
ainsi les maladies l’ohgües, comuie fié-
üi*eS quartes et autres/sontiu gées fai¬
sans crises selon lé cours du soleil, le¬
quel est fait par l’espace d’ vn an entier:
toutesfois, selon Auicenne, quelques-
foiselle dure douze ans ^; on en voit
assez qui d’ordinaire durent dix-btril
mois , deux ans, et trois ans • celles
qui durent quatre ans et d’auantâge
sont plus tares , et sont ainsi prolon¬
gées pour: la plüspart , partie pour
ië mauiiaîs ‘régime de viure que l’on
garde / partie pour se seruir de quel¬
ques remedes mal à propos et hors
de saison, lesquels on prend par
l’aduis du premier venu , et non des
médecins, n’y ayant maladie pour
laquelle le peuple sçaebe plus de re-
modes, et pour laquelle on en fasse
1 Tout ceci est repris du livre primitif de
. 1575 ; déjà Paré avait reproduit ce paragra¬
phe avecTcs autres au livre de^ TurneuYs de
1579; mais, je he sais pourquoi, llavait alors
supprimé la phrase quisuit :si eliepi'oniem
sans aucune mauuaise habitude duYmje , etc.
s Là s’arrête ce paragraphe dans le texte
do 1676 et de 1679 ; le reste appartient donc
tUi livre postbume, ■ • .<
aussi d’auantage, à cause de sa grande
longueur. ■ . ,
Là' quarte qui commence en an-
toiiihe , d’ordinaire se termine au
printemps süiüànt. Celle qui est faite
par Làdù'stiôn'dü'sahg, ou de la chô-
îere; où'pblég'me salé , est plus facile
èt brïefu'e' à cü'rer que celle qui est
faite ‘dë - rbuméur melaucboliqué
adUSte ‘i pour cë que tel liumour me-
lanfchOïïque éstànt de sa nature ter-
feSti^e'j’et difficile à ésmôiiuoir et dis-
èüt'ëù QU Vésbudre plus que mil autre
bütoetm, il ést -’éneofe rendu d’auan-
tagè tel pàr raduslîon , par laquelle
plus’ tériùés parties d’icéliiÿ. estant
di^sipée^,”ët les autres féstantes plus
è'râssëSët lèrrestres, il ést rendu plus
OpînidstreVrebëilé et malin. ‘
La duré consisté en là diete , et aux
rnédicamëhs. La‘ dietq doit estre or-
flo'ntiée sur le^ siit choses non natu-
fiellés contrariantes à la cause. Le
mâl'adé li’t'serà de cbàir de pourceau ;
hÿ 'dé' choses flatüeiiseS , visquéuses ,
gluàhteS '. fuyt*â la chair des Oiseaux
àquatiques, lés' p'ôissons' salés, la
grosse venaishn, et autres viandes
grossières' et de difficile ‘éoheoCtion.
L’vsage du vin blanc medioCremeht
r Ce paragraphe est encore emprunté à la
rédaclâQfl 'primitive; mais; dans ie livre-dw
Tumeurs de 4579 ; le texte était Un peu diP
férent. On y lisait seulement :
« Celle qui est faite par adustion du sang
ou phiegme saléiest de,plus facile et briefue
curation , que-ceile quLest taito- par adus-
lion d’hum,eur meknchoiic ou bifieux. b’vn
est plus furieux et pénétrant, l’autre est:plui
pesant et.diflieile à discuter. » . , i
En 1586, Pa'réy ajouta Cette autre phrase,
qui n’a poii« passé dans le llvre actucl.^
•<t Fernel/'Miïre quatriesmerfe* jiéum, cha¬
pitre neufiesme, dit que les fléures se gua-
rissent plus souuontpar nature que par let
remedesi pnuîe <l«e!a"oat«e en-est Ignorcen*
DES FIEVRES.
chaud et ténu luy est bon , et mesme
pris au commenc.eipent de ji-’^ccés éje¬
cté le yomissenjent, iG.^uel a tant de
vertu en la fleure quarte, qup d’iceluy
seul plusieurs ont esté guéris*. Ce
n’^st pc|s que ie vueille que l’on pr-
donnp au cpuinienceniept de ceste
fleure les vppiilifs , Iprsque toutes
choses sont crues • car pn ce l.emps là
ilsne seruept ^ proprement parjer qu’à
irriter la uatupe , flpsflaucfler l’esto-
rpach, ei, attirer flans jeeluy ynp quan-
tilé fle maunaises ijufpeurs : et si
ils ne tlrept rjen fle Jfl cause cpnipinte.
Il fau}. ^onc attenflfe la mUificatipp
fleshupieurs, et ebserper sur tout,
lors que l’on les orflopne, qu’il n’y ait
point de flupplé sensijïie aux fleux
yisceres nourripiprs, Ip fpye ej la
ratte ; profitent nul-
ieînept, si çe u’esp aprps ppip ysp flp
ren^ede^ apéritifs qpf ayept dégagé
guaptilp d’pbsfructipns qui se fpnt
flans le^ ptîiiféS yeipes , et qui entre-
tipnnen( le leuaip de la fleure. Çela
estç^pt , Pt ne restant que les humeurs
melpnchotiques quf s’anaass.pnt iouy-
nefiepient pn fa ratte, si l’on vient
a flopner quelque yomilfl ü profite
granfleuient. d aubant qu fi irrfie la
rattp a se desgorger fie sps flpmeurs
melancfiohques fiâtes 1 estoipacfi , par
le conduit que ipp appelle vas brenq.
qn; va fle la ratte afifiit estoxnacb.
* Jusqu'ici ce çaragraphç est calqué sur le
texte rie 'i 576; je dois dire cepend.aîn.t qu’en
1579 il y avait eu un petit changement qu’il
est bon dc reproduire : '
« L’vsage du vin blanq ténu, et ipedjoqre-
ineqt çhjaudj, est h^on poifr. affptuer ei, inciser
l’humeur melancholic , proifpc^jfer les v,rii}es et
sueurs. Et niesmes i)i:ls_ au cqfnriien,çern.ent
(te l’açcés, etc, »
Quant au, reste d,u paragraphe : Ce. n’est
p<is:qt^e,ie vueille, etc., ij, apparUent exclu-
fi,>:cm^n,t tjq Ijyr.e DP8tii»,utnf!t
Outre tout cecy, les exercices , les
frictions auant le repas, et autre;
choses accoustumées prises et faites
auec médiocrité, sont louables et vil¬
les au fébricitant. Les actions de
l’ame contraires à la cause dont ceste
fiéure aura esté excitée , luy floiucnt
estre permises , comme tous ieux ,
sons d’inslrumens de musique , dis¬
cours agréables et récréatifs, et autres
choses resioüissantes. Dés le commen¬
cement il faut doucement traiter le
malade , et ne faut vser d’aucun fort
et violent médicament , si ce n’est
quelque temps après : car flii com¬
mencement ceste humeur opipiaslre
est rendue plus rebelle et reseichee
par la chaleur des violons medica-
mens. lit si le sang est abondant , ü en
faut tirer de la médiane ou basilique
du bras senestre ou de la veine splé¬
nique * : auec ceste caution, que s’il sp
monstre noirastre et espais , il le faut
laisser couler : et au contraire , s’il se
monstre ténu et bfen coloré, il faudra
promptement l’arrester^.
Quelquesfois le sang n’esit pas seu¬
lement noirastre, mais aussi corr
rompu et pourri : poqr lors il faut en
tirer vn peu plus largement , et plqs
d’vnefais. On a obserué que saignant
deux heures deuant l’accès , cela non
seulemen,t adoucit les accès , mais re¬
tranche tout d’vn coup la fleure :
bien qu’à vray dire cela arriue fort
rarement. L’ouuerture des veines he-
morrhoïdes , soit par la lancette ,
1, F'eipe.splpnique, spjletiilifiife vyv splenelir
que , c’est la salyalelle de la inain gauche ;
voyez rome I, pkge 274. Xe iraduclclii; latin '
ne parle pas de la saignée de çeüe veine; et
l’on va voir Paré lui -même en faire une cri¬
tique vigoureuse.
» Ce paragraphe se lisait déjà dans les
édition* dfl làtô et mais, le Bifivant est
i52 le VlNGTli
soit par les sangsues , à ceux qui en
sont trauaillés et ausquels elles pa-
roissent , est fort souueraine : et ce
remede est non seulement vacualif,
mais deriuatif, estant la cause con-
iointe que la nature souuent déposé
et met dans ces veines , qui ont grande
communication auec la ratte, comme
nous allons enseigné en l’anatomie,
le diray encore vn mot de la saignée
faite en la veine splenique ou salua-
telle: c’est qu’il y a quelques-vns si
scrupuleux et si superstitieux , qu’ils
croyent qu’il ne faut ouurir autre
veine que celle là en ceste fleure , et
qu’indubitablement elle la guérit,
quand bien même on n’en tireroit
que peu de sang. Mais il faut que ces
gens desracinent ceste mauuaise opi¬
nion de leur esprit, et qu’ils croyent
que la saignée faite de la médiane ou
basilique est mille fois meilleure sans
comparaison que de la saluatelle. Il
est vray qu’elle se peut faire de ceste
veine icy loutesfois et quand que
nous craignons quelque foiblesse au
malade, et que nous redoutons en
V ne longue et pénible maladie, telle
qu'est la fléure quarte, vne trop
grande dissipation d’esprits : mais au¬
trement la saignée de ceste veine me
semble inutile. Car à quel propos, si
nous voulons vuider et euacuer le
sang grossier et noirastre, prendrons-
nous vn filet de veine telle qu’est la
saluatelle, et laisserons-nous vn gros
tuyau , duquel en faisant bonne ou-
uerture nous pouuons tirer le sang
terrestre et grossier , qui pour sa pe¬
santeur et sa consistance ne sçauroit
iamais sortir d’vne petite veine , qui
ne peut souffrir qu’vne bien petite
ouuerture? Que l’on pese vn peu ces
raisons, et que l’on ne s’aheurte point
tant à certaines opinions préoccupées,
qui n’ont point d’autre fondement
lË LIVRE ,
que la fantasie de quelques Ignorans
empiriques , qui iiigent par vn eue-
nement particulier de tout en ge¬
neral.
Pour les medicamens pharmaceu¬
tiques , il faut digerer et diminuer la
matière par syrops d'epithyme, de
scolopendre , de capüli veneris , de
eupatorio, auec eaux ou décoctions
de houblon , bourrache , buglosse ,
et leurs semblables*. On peut faire
quelque syrop magistral de pommes
de reinette , ou court-pendu , de bu¬
glosse , bourrache , capillaires , et
autres, et le rendre purgatif auec bon
séné de LeuanI, qui est comme l’alexi-
pharmaque de l’humeur melancho-
lique, et en purger le malade deux
fois la sepmaine ; ce qu’il faut conti¬
nuer opiniastrement , pour auoir rai¬
son de ce mal opiniastre. le proteste
auoir esté cause de la guérison de
plusieurs^, qui auoient esté long¬
temps vexés et trauaillés de ladite
fléure, donnant à boire au commen¬
cement de leur accès, et à la décli¬
naison de la maladie trois doigts
d’eau de vie, auec vn peu de théria¬
que dissoute en icelle®: lesquels reme-
des estoient baillés selon les forces du
malade, et les indications cy dessus
mentionnées , le tout après auoir vsé
des remedes generaux et particuliers,
* Ce paragraphe se lit déjà dans le texte
primitif de 1575 et au livre des Tumeurs de
1579, mais avec quelques changements qu’il
importe de noter. Ainsi toute la phrase qui
suit : On peut faire quelque syrop rnagis~
irai, etc., se lit pour la première fois dans
le livre posthume.
® ceci est le texte pur de i575 ; celui de
1579 porte : le proteste auoir esté cause, auec
l aide de Dieu, de la guarison de plusieurs, e,ie.
» Paré suit encore ici son texte primitif;
en 1579 il avait ajouté : ou deux et trois
grains de musc, dissouls en maluoisie,
i53
DES Fièvres.
pour la préparation de l’humeur me-
lancholique. Car pour en parler à la
vérité, 1 fiéure quarte inueterée ne
peut estre guerie, si le corps n’est
grandement eschauffé par alimens et
medicamens. Parquoy en tel cas , ie
trouue bon i ce que plusieurs disent
auoir heureusement pratiqué : sça-
uoir de donner au matin du vin blanc
à boire , dans lequel par l’espace
d’vne nuit auront trempé fueilles de
sauge.
C’est aussi chose vtile , sur le com¬
mencement de l’accès, d’oindre toute
l’espine du dos d’huiles propres à es-
chauffer les nerfs, telles que sont
l’huile de rue, de noix muscade, de
poiure, de vers , y mettant quelque
peu d’eau de vie : car telles onctions
valent non seulement à mitiger la
vehemence de l’horreur, mais aussi
à esmounoir les sueurs 2.
* Correction de 1 679 : ie ne trouue hors
de raison.
* Ce dernier paragraphe appartient en¬
core au texte de 1576; il ne terminait ce¬
pendant pas alors le chapitre, et l’auteur
ajoutait :
« Telle est la curation des fléures inter¬
mittentes vrayes et légitimés, c’est-à-dire
de celles qui sont d’vn seul, pur et légitimé
humeur, de laquelle se pourra aisément
comprendre la curation de celles qu’on ap¬
pelle intermittentes bastardes, de tant qu’es¬
tants excitees d’vn humeur non pur et sim¬
ple, mais adultéré et mesié de deux (comme
pour exemple la fleure intermittente bas-
tarde de l’humeur bilieux , qui a en soy
quelque meslange etadmixion de l’humeur
pituiteux), il faudra pour la curation d’icel¬
les, mesler les médicaments propres à la
tierce et à la quotidiane, de tant que les
causes de telles fleures sont meslees, faisant
vne sorte de fleure confuse de toutes les
deux. Faut maintenant parler des fleures con¬
tinués. »
On comprend que dans son nouveau
CHAPITRE XXIX.
DE LA FIÈVRE QVARTE INTERMITTENTE
BASTARDE.
Entre les flétiros de l’Inimeur me-
lancholiqvie, est la fiéure quarte in¬
termittente illégitime et bastarde,
ainsi appellée à cause qu’elle ne se
fait pas comme la precedente de l’hu¬
meur melancholique naturelle, pure
et simple ; mais bien ou d’icelle hu¬
meur meslée et adultérée de quelque
autre humeur, telle qu’est la pituite
ou la bile, ou de l’humeur melancho¬
lique contre nature , qui s’appelle
T frebtlc. De quelque façon qu’on la
prenne, elle a ses accès comme la
precedente de quatre iours l’vn , c’est
à sçauoir, après deux iours d’inter-
Tralté, Paré voulant parler des fièvres inter¬
mittentes bâtardes, ce qu’il va faire dans le
chapitre suivant, tout ce paragraphe deve¬
nait inutile. Il ne l’était pas moins au cha¬
pitre 30 du livre des Tumeurs , où il s’agis¬
sait seulement de la fiéure qui suruient aux
tumeurs schirrheuses ; mais là, le dernier pa¬
ragraphe s’était beaucoup étendu , et c’est
par oubli sans doute que Paré n’a pas trans¬
porté dans son Traité posthume cette rédac¬
tion nouvelle. Ce qu’on va lire est entière¬
ment de la date de 1679.
« C’est aussi chose vtile, vn peu deuant
l’accès, oindre toute l’espine du dos d’huil-
les propres à eschauffer les nerfs, comme
sont l’huille de rue, de poiure, auec vn peu
d’eau-de-vie , ou huile de castoree qui aura
cuit sur les charbons dans vne pomme de
colocynthe vuidee de ses grains , auec poi¬
ure, pyreihre et euphorbe puluerisez , et ce
iusques à la consomption de la moitié de
l’huile: le tout en apres exprimé. Telles
onctions valent non seulement à mitiguer
la vehemence de l’horreur ou fri.'^son : mais
aussi à esmouuoir les sueurs. Car tels me-
l54 LE VINGTIEME LIVRE,
mission vn iour d’accès : et ce d’au¬
tant que quelque mixtion qu’il y
puisse auoir,riuimeur melancholique
y prédominé tousionrs.
Or on obseruera diligemment que
la liéure quarte légitimé est lous-
iours plus longue que la bastarde,
d’autant qu’entre toutes les liumeurs,
il n’y en a point de plus rebelle, de
plus difficile à préparer et mitiger
que l’humeur melancholique : si bien
que là où ceste humeur se trouue
puCe et simple , et sans meslange
d’aucune autre humeur, il y a plus
de peine à ]a dompter et à la prépa¬
rer-: lù où s’il y a quelque autre hu¬
meur meslée parmy, ceste humeur là
l’adoucit et l’empesche d’estre si re¬
belle. Doneques si la pituite se trouue
meslée parmy" l’humeur melancho-
liquef la fleure n’en sera pas si lon¬
gue : mais elle sera aussi plus longue
que si ladite humeur melancholique
dicamens par leur chaleur et humidité es-
meuuentel eshranlent cest humeur pesant,
etnon obéissant à la faculté expultrice : n’es¬
tant l’humeur melanchoHc autre chose que
comme la lie de toute la masse du sang.
Mais si au contraire la liéure quarte estoit
excitee d’adustion d’humeur bilieux, il la
faudroit traiter par remedes refrigerans et
bumectans, vsant de potages, d’oseilles, le-
tue, pourpié, concombres , citrouilles, mê¬
lons, et semblables. Autrement qui voudroit
vser de remedes eschauffans, il rendroit tel
humeur plus rebelle par dissipation de ce
qui luy'restèroit d’humidité. Ainsi Trallian
(liu. 12, chap. 8.) ràconte auoir ’güary plu-
sîéurs qui auoient telles fiéurés, pour auoir
\sé en temps commode et au paràuant l’ac¬
cès, d’épithemes médiocrement refrigerans.
Quant aui riiédicàrnèiis purgatifs qu’il fau¬
dra vsurper déliant que vèhif àses'pai-ti'cu-
lîérs, le sérié, 'l’agàric,' rbàhàrbe^ diaphoeni-
(!{iin, sont recomiharidez pardessusïesautres.
AÜSsi ésïiè , duquel Rondelet se
dU'ttttoîf guary plusleuriflétiréi (Quartés* »
estoit adultérée de l’humeur bilieuse:
à raison que la piluite est bien plus
diffleile à cuire , mitiger et adoucir
que la bile, laquelle fait des maladies
bien plus courtes que ne fait pas la
pituite.
On peut en outre reconnoistre la
qualité etconflilion de l’humeur qui
est meslée auec la melancholique,
par les signes que nous auons rappor¬
tés en la fléure tierce et en la fleure
quotidiane. Car si partny les signes
de la fléure quarte , nous en recon-
noissons quelques vns qui soient
propres, ou de la fléure tierce, ou
de la fléure quotidiane, nous pou-
uons^diré en asseurance que c’est
la bile ou la pUuite qui est ines-
lée auec la melancholie: outre qu’a-
uec cela nous pouuons reconnoistre ,
et par le tempérament dn malade ,
et pair son genre de viure, et par
la saison , et par la constitution dq
l’air, et par l’aage mesme du ma¬
lade , si c’est bile ou pituite qui se
mesle auec la melancholie. Certes
quand ie songe qu’Hippocrates dit au
liure2. des Aphorismes, aphor. 25,
que lès fléu res quartes qui arriuent
l’esté sont courtes, que celles qiii
viennent l’automne sont longues ,
ef celles qui viennent proche de
rhyuëi- sont encore plus ■ longues :
ie hië persuade difii à voulu don¬
ner ’à èritélid,rè' qué les fléurds quar¬
tes qui sè' font de ta mixtion d.ç
la foie qui régné en esté , sont pl,us
courtes que les autres :, que celles qqi
se font en automne tiennent du
meslange de la pituite , et par consé¬
quent qü’ elles sont plus longues que
celles qui se font en esté , mais aussi
plus courtes que celles qui se font en
^ÿüer, àÜqùèl'tenlps le suc melancho-
d<>fofo.è d’auaiifoge, Ce qui soit
flU ilotir pluïcfoir'e Intèl'llgendfâ
DES FIEVRES.
ce que nous au ons apporté cy-dessus
desfléuresquartes basiardes intra^mU-
tentes , qui-s’engeudrent -de la ■ mix¬
tion de ^quelques humeurs -auec la
melancholique. -
Reste à parler de celle qui se fait
de i’atrebile ou humeur melancholi-
que contre nature. Onceste humeur
se fait doublement, premièrement
du suc melancholique qui se bruslant
et pourrissant outre mesure, deuient
mordant, acre , rnarlih et grandement
noirastre •. secondement . de la bile
iaune ou vitelline , qui venant à se
brusler^ se conuertit premièrement
en bile porraeée, puis après en eru-
gineuse, et enfin en bile acre etnoire.
Gestè -humeur ainsi bruslée acquiert
vue grande et insigne acrnnonie , et
vne vertu .corrosiue si remarquable-,
que versée et espanRue sur terre, elle
la fermente et la fait comme bouillir
et ésleuer. Galien compare ©este hu¬
meur à la lie de vin bruslée , ou à vn
fer rouge et ardent de feu : et le suc
melanoJiolique au fer qui n’est chaud
ny ardent , çt à la lie de vin qui n’cst
point bruslée. Toutesfois et quantes
donc que ceste humeuc atrabilaire
s’amasse ' en -trop grande quantité
hors des grands vaisseaux , et qu’elle
vient à se pourrir, elle excite vne
fleure quarte intermittente bastarde
bien plus violente et aixlente,- bien
plus maligne et périlleuse que toutes
celles quenousauonsescrit cy-dessus.
Tous les accidens qu’elles apportent
sont plus violons , et ses accès appro¬
chent fort en vehemence de ta fléure
caosonide; la langue est seiche, aride
et noire, Talteration grande et déme¬
surée, l’esprit extrauague ordinaire¬
ment , le ventre est bouffi; el doulou¬
reux , les veilles sont impo-r lunes , et
le peu de sommeil qui vient est ac-
oompagné de grande» resueries et de
i55
songes cspouuantables : les entrailles
sont eschauffées -outre mesure , le
foye et la ratte bruslans et ardens :
bref, tous les symptômes sont grands
et considérables, et donnent appré¬
hension o u que qu elqü e Inflàmm atîon
intérieure se face, ou que le foye et
la ratte se desseichent ou s’endurcis¬
sent, en sorte qu’ils causent vne hy-
dropisieou dysenterie mortelle.
Pour ce qui est de la cure de la
fléure quarte bastarde,' si elle se fait
du meslange du suc melanchoiiqvfe
auec l’humeur bilieuse ou -pituiteuse ,
il faudra la traiter comme la vraye et
légitimé, ayant toutesfois esgard à
l’humeur quisera mesiéeaueclame-*
lancholique, y appropriant -les reme-
de.s propres etcoftuenables: sçauoirà
la bile, ceux que nous auons spécifiés
en la cure delà tierce, età la i(C.tuite
ceux dont nous auons parlé en la cu re
de la fléure quotidienae.- Mais quant
à ce qui est de la quarte faite de*Phu*
meur atrabilaire, il faut presque vne
contraire curation, s’empeschanttant
qu’il est possible d’vser ny d’alimené
ny de medicamens chauds. Toutes
choses doiuent estre rafraîchissantes
et humectantes : la saignée doit estre
frequente et des bras et des pieds : les
purgatifs doiuent estre doux et bé¬
nins : les iuleps et apozemes apéritifs
doiuent estre sans chaleur manifeste :
les epithemes sont grandement vtiles
pour rafraîchir et humecter, et dé¬
tremper ceste mauuaise humeur, et
la rendre plus souple et obéissante
aux medicamens purgatifs : ïes demy
bains d’eau tiede aux iours d’inter¬
mission sont tres-excellens : le petit
laict pris en grande quantité est vn
remede souuerain, principalement si
on fait bouillir dedans vn peu de fu-
mcterre. Bref, il faut vne grande pru¬
dence à traiter* les malades de ceste
tE VINGTIEME LIVUE,
l56
fiéure, laquelle, de mesme que les
carcinomes, demande plustost à estre
flattée qu’irritée.
CHAPITRE XXX.
DKS FIÉVBES QVINTAINE, SEXTAINE ,
OCTAmE, ETC.
le me trouue bien empesché tou¬
chant la connoissance de ces fiéures
icy intermittentes, pour ne sçauoir
presque à quel genre de fiéure ie les
dois rapporter : estans au reste si ra¬
res et si peu vsitées que peu de Méde¬
cins les rencontrent. Le premier tou-
tesfois qui les a obseruées, et qui nous
en a laissé quelque chose par escrit ,
c’est <i:ippocrates au liure des Epidé¬
mies : et en suite quelques Médecins
sont venus, dont les vns ont dit qu’ils
auoient veu des fléures quintaines,
les autres dessextaines,lesautresdes
septaines,octaines, nonaines, et ainsi '
de quelques autres pareilles , dont
toutesfois ils ont parlé si legerement,
qu’ils ne nous ont rien laissé d’asseuré
par escrit, soit de leurs causes, soit de
leur curation. Quelques vns d’eux
se sont persuadésquece n’estoit point
vn genre de fiéure distinct et séparé,
des autres, mais que c’estoient fiéures
erratiques, lantost ephemeres, tan-
tostquotidianes, tantost tierces, selon
la condition de l’humeur qui les fai-
soil , et qui estant amassé en petite
quantité n’apportoit que peu d’accès.
D’autres ont voulu dire que c’esloient
fiéures compliquées , tantost d’vne
ephemere auec vne quarte, lantost
d’vne tierceauecvnequotidiane, dont
l’on n’obseruoil pas bien les accès ni
les périodes. Bref, il y en a qui ont creu
que tout ainsi qu’aux choses natu¬
relles il y a des monstres et des
prodiges, aussi parmy les maladies et
les fiéures il y en a de monstrueuses
et prodigieuses , desquelles on ne
sçauroit rendreraison, si ce n’est qu’on
recourust aux causes vniuerselles, et
aux constellations du Ciel, qui selon
ses diuerses influences, produit diuer-
sités d’effets, lesquels les hommes ad¬
mirent sans en connoistre ta raison.
Pour moy i’ay trouué bon de rap¬
porter ces fiéures icy aux melancho-
liques,à cause des esiranges effets
que produit ceste humeur , laquelle
comme vn Protée se change en mille
et mille façons, et produit des accidens
sidiuerset si prodigieux, que quel¬
ques vus n’ont point fait de difficulté
de dire qu’il y auoit quelque chose de
diuin en icelles ; mesme qu’Aristote
en ses problèmes^ et au liure de la di-
uinalion par les songes, asseure que
tous les grands personnages qui ont
paru et esclaté, soit en la guerre,
soit en la poésie, soit aux sciences, soit
aux diuinations, ont esté touchés de
ceste humeur melancholique. Et véri¬
tablement nous voyons vne si grande
différence et variété entre ceux que
nous appelions hypochondriaques ,
bien qu’ils soient affligés d’ vne mesme
maladie de melancholie, qu’il faut
croire et confesser qu’il y a quel¬
que chose d’extraordinaire en ceste
humeur. le me suis mille fois estonné
comment vn melancholique s’estime
roy, empereur, riche, heureux, sça-
uant, qui ne l’est pas, etvn autre qui
l’est s’estime ignorant , pauure, mal¬
heureux , et de basse condition Tel
croit auoir les forces de soustenir le
Ciel auec le doigt, et vn autre se per¬
suadera qu’il n’aura pas la force de se
inouuoir. Toutes ces merueilles font
que i’ay creupouuoir rapporter toutes
ces fiéures périodiques extraordi¬
naires au mouuentenl do l’humour
UËS FIIÉVBÈS.
tnelanchoHque ou atrabilaire , qui ne
s’amassant pas tousiours en suffisante
quantité, etn’acquerant pas pareille¬
ment vne suffisante qualité putredi-
dinale pour exciter la fiéiire de qua¬
tre en quatre iours, quelquesfois elle
le fait de cinq en cinq, tantost de six
en six, tantost de sept en sept, plus
ou moins, selon que le corps se trouue
disposé à engendrer peu ou point de
ceste humeur, et selon que l’humeur
se trouue disposée et preste à receuoir
pourriture. Que s’il y a quelqu’vn qui
n’approuue mes raisops, il luy sera
loisible de remettre ces fiéures icy au
rang des erratiques et inconstantes,
desquelles Galien a tres-doctement et
tres-iudicieusement parlé à la fin
du second iiure des différences des
fiéures, les paroles duquel ie veux rap¬
porter pour esclaircissement de ceste
matière.
« Les fiéures , dit-il , qui n’ont point
» d’ordre, acquièrent ce desreglement
» par l’erreur qu’on commet au regi-
» me de viure. Aussi le SdUg quand il
« se pourrit, se change grandement
» et passe en vne autre nature : car,
» comme nous auons expliqué cy-de-
» uant, vne portion du sangse change
» en bile iaune, vne autre en la bile
» noire. Or est-il que selon que les hu-
« meurs se changent dans le corps
» des malades , à mesme temps aussi
» les accès et les périodes des fiéures
» se changent, comme pareillement à
» cause des fautes que l'on commet au
» boire et au manger, lesquelles fautes
» changentles accès. Parlant à tous les
j> changemens et fautes notables que
« le malade fait , il est necessaire ou
« que les accès anticipent, ou qu’il s’en
» fasse de nouueauxtous differens des
» autres, d’où vient la variété des
» périodes. Voicy encore vne autre
* raison de ce changement, c’est qu’à
167
» mesme temps qu’il y a vne humeu r
» en quelque partie du corps qui
» commence à se pourrir, à mesme
» temps il y a vue autre humeur dif-
« ferente qui regorge ou en quelque
» autre partie du corps , ou bien
» mesme en tout le corps ; d’où le
» plus souuent à cause de la compli -
» cation ou confusion des accès et re-
» doublemens inconneus au Médecin,
» il semble que les périodes sont sans
» ordre et reglement : ce qui n’est pas
« toutesfois, l’ordre ne se changeant
» iamais que lors que les humeurs
» qui font la fiéure changent de na-
» ture ét sont conuertis en d’autres
» humeurs, ou bien lors qu’il arriue
» que l’on commet des fautes au re-
» gime de viure. «
Voila à peu prés ce qu’a dit Galien
pour le changement des accès, que
nous pouuons approprier à ces fiéures
cy-dessus nommées. Bien qu’à vray
dire, il n’est besoin de se mettre tant
en peine pour leur intelligence ,
veu qu’elles arriuent si rarement, et
qu’elles donnent en outre le loisir
de consulter les médecins sur leur
guérison.
Or pour l’ordre qu’il faut y appor¬
ter lors qu’elles arriuent, ie desire
que l’on considéré seulement si elles
se font ou de suc melancholique na¬
turel, ou de l’humeur atrabilaire : si
c’est du premier , il faudra les traiter
comme les fiéures quartes intermit¬
tentes légitimés : si c’est du dernier ,
elles seront traitées comme la quarte
intermittente qui se fait de l’atrebi-
le : c’est pourquoy il leur faudra des
remedes rafraichissans et hurnec-
tans. Au reste, Hippocrates dit qu’en¬
tre les fiéures qui auoient cours en
Thasos, durant la troisième consti¬
tution de l’air qu’il raconte au pre¬
mier des Epidémies , il n’y en auoit
i58
LE VINGTIEME LIVEE
point de pire quçles quin laines ; car
soit qu’elles arriuassent auant la phti¬
sie, soit qu’elles vinssent après , eljes
appqrtqient la mort. Ceux qui vo.u-
drOjUt sçauoir quelje opinion a eue
(^aliep de ces fiéures,^ aillent
voir son cpinmenlaire Iroisiérnesyr le
prepiiey des Epidémies , article deux ,
neuf, et dix-sepl.
CHAPITRE XXXI.
DE LA FIÈVRE QVARTE CONTINVE
uAfi.fés les Apures auaeteç iuterp?itr
tejqtef , vient 4 fluajrte .cppll^uue jla^r
quelle est fort rare. ppuT Iq.peu d,e
melancAQlie quj s auji^sse dau§ .les
veines au regardites autres Aupieue,^.
E/lesecoonoi^par Icçuie me^si^gpes
que 1 ipternulieritLj mep queRe^q
spn exa.çefpaUjiap„qç .quaifUeU quulrp
iou;;s, ^§pps /risseany b.QFreu^-, et
repîjssjpn ,§ans, sue-M- .peut #ÇP
rpn^çirqqer ep ^ce^te, fléqyeuPliiP.ldW
sjgpe^Je.pouFjitpre,, m^}ç, tçFt oAr
scurèment : ny le pouls mesjae u’est
si teger, frequent et.ipegal qu’és au¬
tres, fiépf es : uy l’ vrqîe n’^t ^4 jrouge
ny enflammée, bien qu’elle se monstre
plus. espais^e, < :
, La pause d’icelle est t ubunAanee du
suc naelancholi,que en la qip^e^.du
s^pg, laquelle prpuiepi de l’infirtotté
de la ratte, qui pe, fait pas deueiPenit
spn deupir d’attb'Çr .suffisamment . 1a-
dlt suç melanchplique, deuant que le
sang passe dansla y, eipApaue. ,
jTI taut Içy saigner.cojmme és UutFqs
tipur es,. après anpif dpnné vn clystere
aupaFapant. Eppr la,quelte pbose ar¬
tificiellement executer, il faut choisir
AQe jliapitjre rst, en, mn4.e partie copié
du chapitre 13 du livre primitif,
et Quurir la veipe. du bras gauche, qui
a plus de .UQmmvuiipîition aupc la
ratte, à ücntpur de, laquelle. la plus-
part dp la maliepe de, çpste fièip'C est
sppuent arnassèp. Qpoy lait.lrQis.ou
quatre , ipurSj apr.çSv sp hasler
d’auantage (d’aulapt ppe ppste ddurn
est longisq, ,et bon sLa|guë que les au¬
tres cpnünues) il taudr.dtiobneF quel¬
que,, doux médicament et .lenUif ,
çprnmg de casse ,pt- db ..patlî,oUc,9n ,
auec deçpctipn. de pjer.çuriale, 0U,,d,9
laict çlairg, ou de pass.ules , polyptode
et sepè. .Que si. t’jardè.Wniest grande,
après .aupjir,,ebeo,r,..saigbd yue Iqîs»
nous yserpns des sirops dç fpmb.terrQ,
de «ci?4^f4te.cî<r/'^ja.o^niOfbfiU?:y o,fi-
iopstpro.us des eaux., de P»?reille fçp-
9diRv.ç.9b}bîede.yiPi^??^ .fie. Pdurpié,
.dp pourges , de bqgJos^e , JiourracJtrej
et en ceux qui ont vn tempérament
bilieux, de .çichqrée.et d’.ebdiue *•
il.Tabl bpter q.dd fî.c-
ure, cpmjrpe .plie est rare, aussi, est-
eltedres-dangereuse ay contraire pe
t^.Æ^brie intermittente : si bien que
Eeu eo ,.reçhappebl.v prificipaî®'
ment, les yjeiljes geps- Ç’pst pqurqu.oy
il faut .par tpus, mpyeps regarder à
cûîretepir les tpjrçes dp. maladej ce
flWi |e fpr.a ep pprpjettapt l’vsage du
Mb yi.b ténu et .odçrJfprapt, .pqpipie
yib dAUialuQlsle, ysant ,de restabrbbS
ci.çppfiit.s, qui se.fppt,df;.,con.s,er.ue,dP
bbglpÂ^e . , de ,b,9urr.a,c.he , dp’ yiolès ,
de capillaires, de cichorée, auec pou-
' Après. , ce paragraphe , l’é|i|lion de 1575
en contenait un autre que voici :
« (^ue si ceste , fleure es,t e,ngçndrée , qon
de melancholie simple, mais adusle et brus-
Ice, le syrop d’endlue simple et composé) le
sj'fop composé de fumeterre, d’epitliymo y
sera propre j toutc.sfois il ne faut point vser
de. .syrops compesfiz prcraiomueal la
ni.alier.e ne soit aucunement cuilto etpre-
1 parce. »
DES FIÈVRES.
iSg
façon de viure soit bien exquisit^
et téjiue qu’és intermittentes, ej; prin¬
cipal, ement si au ec ce qu’elles sont
dres de diamargaritum frigidum,,j^t
dp gemmis. Qp peut aussi donner des
potions cordiales, qui se feront de ;
confection d’alkermes, aueç eau de
violes, dp bourrache, sirop de vio¬
le^, ou bien sirop de nenupliar et dp
pauot, si le malade ne peut dormir, ^
Les confitures de cerises, de pescbes, :
pt autres fruits ç[ue nous aupns gç-
cpustumé (le confire pn esté, sorit fqj-f
propres ^ telle maladie. Au reste sur
l’estât et déclinaison ^e ce mal, plu¬
sieurs louent l’vsage |^és cbose§ fiçrps,
conirne nroustarde, poiure et yian^es
s,qilées, d’autapt que Je§ei ipcisp.Pjt at¬
ténué les excrpipens, qu’il .deseiçbe,
ramasse et fortifie les facultés : ce que
toutesfois ie n’approuue pas beau¬
coup 1.
Geste fléure fort heureusement,
peut terminer par yoniissenient d’hu¬
meurs noires, non en toutes person¬
nes, mais eU ceux ausquels le vais¬
seau appellé vas ireup ,(,^ui va de la
cauité de la ratte à rorifiçp,dè l’esto-
mach, pour en repur^ea^nt Ig ratte ex¬
citer rappelii:, et robbrer fe ventri¬
cule par le moyen de raçidilé.du Suç
in^lancboiique) est fort grpnd et apa-
ple' Auirement la i^îte se . purfe
mieux par embas , la mnijére estant
pprtée (le la vefoe splpnique au tronc
de la yeine porte, et dç iù incontinent
en la veine mesenteyi(iue* Elle se
piarge aussi par fes yeines hernorrhoï-
des, qui paissent de la veine spléni¬
que, et aussi par les reins et vrinès
par le moyeu de l’artere mésenté¬
rique. . .
J’ay oublié vn point qu’il faut tou-
tesfoïs bien noter pour la curation
generale de toutes les fièures contL
nues : c’est qu’en icelles, il faut (jue la
‘ Ces mots : ce que louLcsfois.ie u’approuue
pas i/mwoup > sont une addition du traité
posthume.
centinues , elles sonjt aiguë^, c’est à
dire qu’elles , doiuent auoir leur e^,tat
et crise au septième iour '
Id que sur le point de l’estât et de la
Crisçj il ne faut que très peu pp point
nourrir le mala,de, de peur, dejÇUUri
quer la Natnre dp.suu niOuu.ejnen,t et
exçfetion d,es hupieurç inorbifiques,^
punr. roepuper et l’empescher en la
CUisspn 4es ,yiandeç. Siqne peu. à peu
du.fipmjriçiencenîent iusques à l’esjtaj ,
npus diminuions tousiours i’çrdinaire
, dç la nourriture ; et au contraire l’es¬
tât passé , nous l’augmentions tou-
sipurs peu à peu comfoe UPUSl’dUfo.h,^
auparapaut diniinué. Souüienne-tpy
aussi de ne donner eau froide aux 4é-
ures continues , si la fiéure nfost fpr|
ardente, et si les signes ,(le cpncoc,tion
n’ont précédé , çt si ley parties ne
spnt .exeniptes jie phiegmpn pu , in-
flammaüon :. autrement tu permet.tras
au malade d’en prendre tant qu’il en
pourra porter. Voila ce que i’auois
oublié pour le general des fiéures con¬
tinues G
lereuieus à la (juartp continue , et
dis qu’outre celle que nous venons
d’expliquer , il y pn a, vne, autre qui
se fait de ratrebile^ laquelle est tres-
perilleusé et très- dangereuse , estant
1 Le chapitre de 1575 se terminait avec
ce paragraphe ; seulement .on ç’y .trouvait
pas ces derniers mp.ts : rpi/a ce que^i’,ay.p^
oublié, etc. , et en leur place on lisait cette
phrase : , . ,
« Telle est la curation des fléu.res çontlr
nuës en geperal et en particulier , i’eptens
de celles qui ne sont accompagnées dÇ fa?r
cheux i pçstilens et pernicieux symptom,^
car' des fieures pestilentcs et de leur cura¬
tion, nous en auons amplement traltté en
iiostre iiure de la Peste. »
Lt VINGTIEME LiVftE ,
i6o
presque impossible qu’vue humeur si
chaude et maligne puisse s’amasser
au corps sans l’inflammation de la
ratte ou de quelque autre partie. A
ceste fiéure icy, il faut saigner hardi¬
ment des bras et des pieds, pour em-
pescher qu’il ne se face quelque
phlegmon : faut fuir la purgation au
commencement comme vn poison,
mais la faudra remettre au temps que
la matière sera cuite et préparée.
Qu’on se donne garde d’ vser de reme-
des chauds, mais de toutes choses
réfrigérantes et humectantes. Le laict
clair, les epithemes et fomentations,
les bains et demy bains d’eau tiede
sont excellens. Bref, on traite les
malades de ce mal comme ceux qui
sont affligés d’vne maladie grande¬
ment chaude , et qui est produite par
deshumeurs grandement acres etvio-
lens.
Et cecy suffise pour la curation
des fiéures melancholiques, ensemble
de toutes les fiéures humoralles sim¬
ples , tant intermittentes que conti¬
nues.
CHAPITRE XXXII.
DES FIÈVRES HVMORALLES COMPOSÉES,
ET PREMIEREMENT DE l’hEMITRITÉE.
Nous auons cy deuant diuisé les
fiéures humoralles en simples et com¬
posées : pour les simples, elles ont
esté expliquées assez copieusement
et prolixement : il reste donc à parler
des composées.
Or par les composées ie n’entens
pas seulement celles qui sont compo¬
sées, mais aussi les confuses. l’appelle
composées, celles qui concourent tel¬
lement ensemble, et sont en sorte as¬
semblées 1 que la nature de chaque
fiéure, les signes et les symptômes
peuuent estre aisément distingués et
reconneus. Mais les confuses sont tel¬
lement meslées ensemble , qu’elles
commencent à mesme temps, finis¬
sent à mesme temps, et ont leurs si¬
gnes si confus qu’on ne les peut pres¬
que reconnoislre. Or la complication
(car il faut parler de celle-là, deuant
que parler de la confusion) se fait en
diuerses façons ; premièrement lors
qu’vne fiéure putride se mesle auec
vne fiéure non putride, comme quand
l’ephemere se mesle auec la synoque
pourrie, ou vne fiéure pourrie auec
l’heclique : secondement, lors qu’vne
fiéure pourrie se mesle auec vne au¬
tre pourrie, et ce auec des fiéures
qui soient de mesme espece , ou qui
soient de diuerses especes. Quand vne
fiéure tierce intermittente se mesle
auec vne autre tierce intermittente,
ou une quarte intermittente, auec
vne autre quarte aussi intermittente,
pour lors il se fait complication de deux
fiéures de mesme genre et espece. Mais
quand vne tierce vient à se ioindre et à
se mesler auec vne quotidiane ou auec
vne quarte, alors il se fait vne compo¬
sition de fiéures de diuerses especes :
d’autant que la tierce estant faite de
bile, est d’vne autre espece que n’est
pas la quotidiane qui se fait de pituite,
ou la quarte qui se fait de l’humeur
melancholique. Qui voudroit icy re¬
chercher exactement toutes les com¬
plications des fiéures qui se peuuent
former et figurer par l’entendement,
et qui voudroit s’estendre sur cha¬
que complication, auroit vn grand
chemin à faire, et trouueroit assez do
matière pour faire vn grand discours :
mais pour moy i’ay délibéré de me re¬
trancher et de demeurer dans les
termes des fiéures compliquées qui
des FlivRES.
se rencontrent plus ordinairement, et
qui sont delà praliquede la Medecine,
entre lesquelles le n’en trouue point
de plus grande importance et déplus
difficile à traiter que celle que l’on
nomme hemitritée. C’est pourquoy
nous parlerons d’elle en ce chapitre
icy , et reseruerons les autres au sui-
uant.
Ce que les Grecs appellent hemilri-
ieum,\Qs> Latins l’appellent semitertia-
nam, par vne forme de parler fort
impropre, veu que ces mots là signi¬
fient vne fiéure qui retient la na¬
ture d’vne demie tierce seulement : et
toutesfois c’est vne fiéure qui a la na¬
ture et les accidens beaucoup pires
qu’vne fiéure lierce, et dé la moitié
plus dangereux. Aussi n’est-ce pas ce
que les aut heurs grecs et latins ont
voulu entendre par ces appellations,
mais ils nous ont voulu donner à con-
noistre que ceste tierce tient en partie
de la nature de la fiéure tierce , et en
partie de la quotidiane , d’autant
qu’elle est composée de ces deux fié-
ures là. Ils ont dit semitertianam ^
comme qui diroit qu’vn mulet est se-
miasinus^ et le minolaure $emiuir ,
à cause que le mulet est- en partie
engendré d’vne asnesse , et en partie
d’vn cheval , et que le minotaure est
partie homme , partie taureau , pour
auoir esté engendré d’vne femme et
d’vn taureau. Pour autant donc que
la demie tierce est composée d’vne
fiéure tierce et d’vne quotidiane ,
elle a obtenu sa dénomination des
Grecs et des Latins , et nous n’auons
point en françois de plus propre nom
pour l’appeller.
Or nous la pouuons de^nir fiéure
continue qui a des exacerbations de
tierce et de quotidiane tous les iours,
engendrée partie de la bile, partie de la
piluile qui se pourrit en diuers foyers.
III.
i6i
le dis qu’elle est continue: car l’accès
de la fiéure tierce suruenant deuant
que l’accès de la quotidiane soit passé,
ou bien l’accès de la quotidiane sur¬
prenant deuant que celuy de la tierce
soit tout à fait esteint, le malade ne
se trouue iamais sans accès : c’est pour¬
quoy ceste fiéure est continue. Quel¬
ques vns demandent icy si elle se fait
continue, à cause que l’humeur pour¬
rie est contenue dans les grands vais¬
seaux, ce qui est cause des fiéures
continues, ou à cause de sa compli¬
cation. A quoy ie respons , que c’est
quelquesfois à cause de i’vnet de l’au¬
tre. Car bien souuent il y a telempy-
reume, chaleur, et disposition inflam¬
matoire aux parties nobles , que pour
ce suiet la fiéure s’en rend continue :
autresfois c’est seulement à cause
de sa complicalion , ses deux foyers
estans hors des grands vaisseaux dans
les petites veines du mesentere. Or
quoy que c’en soit, elle a des exacer¬
bations et desredoublemens de tierce
et de quotidiane , à cause que la ma¬
tière de sa génération est partie la
bile, partie la pituite. Quand ie dis la
bile , ie n’entens pas la naturelle et
celle quifaitlafiéure tierce et légitimé,
mais i’entens celle qui est contre
nature , et qui fait la tierce bastarde :
autrement ceste fiéure ne serait pas
longue comme elle est , et ses accès
ne seroient pas de si longue durée.
Au reste, il est necessaire qu’il se
trouue en ceste fiéure diuers foyers
et sieges de sa génération. Car s’il n’y
auoit qu’vn foyer , il faudroit de né¬
cessité que labile et la pituite fussent
meslées ensemble : ce qu’estant il n’y
auroit qu’vne sorte de fiéure. Car ou
la bile predomineroit, et lors ce seroit
vne fiéure tierce : ou la pituite seroit
en plus grande abondance, et pour
lors il se produiroit vne fiéure quoti-
102 LE VINGTIÈME LIVRE
diane. Mais d’autant que la bile se
pourrit en vu lieu , par exemple , à
l’entqur du foye , et que la pituite §e
pourrit en vu autre , comme qui di-
roit à l’enlQur de l’estomach, de là U
arriue qu’il y a deux sortes et especes
de fiéures, qui ont séparément et dis¬
tinctement leurs accès et redouble-
mens , leurs accidens et symptômes,
leur déclin et leur remission , leurs
effets et leurs propriétés : dont l’vne
est tierce, à cause de la bile, et l’autre
quotidiane, à cause de la pituite. Mais
iè veux bien que l’on se resouuienne
que le plus soùuent la fiéure tierce est
intermittente , et que la quotidiane
est continue, de sorte qu’il faut ad¬
mettre que le foyer de la tierce est
hors des grands vaisseaux , et celuy
de la quotidiane est dans iceux. Tou-
tesfois tout cecy s’entendra mieux
après que nous aurons apporté toutes
les différences et especes de la demie
tierce.
Galien au chap. 4 du liure de Ty-
pis, met deux sortes de demie tierce,
l’vne continue , et l’autre intermit¬
tente : pour i’interraittente, il en fait
de trois façons, l’vne qu’il appelle pe¬
tite , qui a les accès de vingt-quatre
heures, l’autre médiocre, qui dure
enuiron de trente-six heures, et la
troisième grande, quia grande affinité
auec la continue, qui a ses accès d’en-
uiron de quarante-huit heures. Mais
à vray dire ie ne sçay comme il se peut
faire qu’vne fiéure qui a 48 heures
d’accès, peut estre intermittente :
c’est pourquoy il faut dire que Galien
appèl'le improprement telles hemitri-
téès intermittentes, et que telles inter¬
mittentes sont ainsi nommées à cause
qu’elles prennent presque à la façon
des hemitritées. Les Arabes qui ont
calculé plus par le inenu toutes les,
différences des fliéures , font trois sor¬
tes et especes de demi-tierces : l’vne
moindre, Pautre moyenne , et la troi¬
sième grande et excessiue. Pour la
première, ils veulent qu’elle se fasse
d-vne quotidiane continue et d’vne
tierce intermittente, à cause de la
pituite qui se pourrit dans les grands
vaisseaux, et de la bile qui sé pour¬
rit hors d’iceux dans les petits, si bien
que son accès et redoublement est de
dix-huit heures, et sa fausse inter¬
mission , ou pour mieux dire sa rémis¬
sion, de six heures. La seconde se pro¬
duit et se compose d’vne tierce conti¬
nue et d’vne quotidiane intermit¬
tente , à cause de la bile qui prend et
reçoit pourriture dans les grands vais¬
seaux , et de la pituite qui ne se pour¬
rit que dans les petits : au reste son
redoublement est de trente-six heu¬
res, et son repos ou remission mani¬
feste de douze. La derniere est com¬
posée, ou d’vne quarte continue auec
vne tierce intermittente, ou d'vue
quarte intermittente auec vne tierce
continue : et ce à cause , ou bien que
l’atrebile se pourrit dans les grands
vaisseaux , et la bile dans les petits ,
ou bien au contraire à cause que
Patrebile se pourrit dans les petits, et
ia bile dans les grands , d’où il arriue
que les redoublemens sont de plus de
60 heures, et sa remission de 10 ou
12. Or de toutes ces différences , il
n’y a qiie la première qui soit pro¬
prement appellée demie tierce : les au¬
tres le sont improprement, à cause,
comme dit Galien , qu’elles ont leurs
redoublemens à la façon et à la ma¬
niéré des hemitritées.
Quant aux signes de ceste fiéure, il
est assez aisé à les connoistre, veu
qu’elle a ceux qui apparoissent et en
la quotidiane continue, et en la tierce
intermittente , desquelles elle est com¬
posée. De fait que nous oJbseruons
DES FIÈVRES.
que l’humeur pituiteuse, ayant ses
aepés tous les Jours , et la bile de deux
ioups l’vn , il arriue qu’en oeste fiéure
à certain leur , il n’y a qu’vn aeeés
causé de la pituite , mais au iaur sui-
uant il y a deux redoublemens , l’vn
fait par la pituite , et l’autre par la
bile. Par exemple qu’auiourd’huy
vera les quatre heures d’après midy ,
quelqu’un tombe en fleuré , auee vn
grand refroidissement de tout le corps
meslé de ie neseay quellehorreur qui
face connoistre que c’est vn accès
d’vne fleure pituiteuse, lequel doit
durer en sa violence iusques à dix
heures du matin du iour suiuant ,
qu’il oommeneera à entrer eu son de-
clin 5 qu’à mesme heure du lendemain
dix heures, il suruienne vn frisson
vehement aueo Ycmissemens, qui se
face sentir comme auant- coureur
d’yn accès de tierce qui doiue durer
15 ou 16. heures : sansdoute le mesme
iour vers lesquatre heures l’accès de la
quolidiane reuiendra , et par ainsi ce
iour là le malade aura deux redou-
bjeinens ; Pvn de tierce sur le matin,
Fautre de quotidiane sur le soir :
mais aussi le iour suiuant il n’aura
sur le soir que l’accès de la quolidia-
ne, à cause que la tierce donne trefue
d’vn iour, et que son aeeés ne doit
rouenir que le 4. iour de la maladie
de ce malade, auquel sur le matin il
aur-a ledit accès de tierce , et sur le
soir celuy de quotidiane , le propre
de laquelle est de reuenir tous les
iours. Et voila l’ordre que tient ceste
fiéure hemilritée , si ce n’est que les
aeoèspeuuent anticiper ou retarderde
quelques heures, comme nous auons
dit que font les accès des flèures in¬
termittentes : voire mesme que les
redoublemens de ces deux flèures
peuuent tellement l’vii anticiper et
Fautre retarder, qu’ils se rencontrent
t63
en mesme temps et en mesme heure ,
oe qu’arriuant , à cause de ceste con¬
fusion il est difficile de les bien dis¬
tinguer Fvne d’auec Fautre, ce que tu
peux voir ingénieusement expliqué
dans Galien au liu. 2, des Différences
des ftéures , chap. 7.
Au demeurant, tu remarqueras
qu’Hippocrates et Galien ont appellé
oeste fiéure horrifique, à cause des
rigueurs et horreurs qu'elle apporte
en ses redoublemens , ce qui aduient
d’autant qu’elle n’est pas composée
de deux flèures continues: car si
elle en estoit composée, elle n’auroit
pas de si sensibles exacerbations : elle
n’est pas aussi meslée de deux inter¬
mittentes, veu que si cela estoit, elle
ne seroit pas continue, mais auroit
nécessairement quelque sensible et
manifeste intermission. Le iour que
la seule quotidiane apparoist , il ne
suruient en ceste fiéure aucune hor¬
reur, mais seulement au iour que la
tierce et quotidiane viennent : auquel
iour le malade est grandement tra-
uaillé, tant à cause de ce double ac¬
cès, que de ce que la nature est desia
lassée et fatiguée de l’accès prece¬
dent.
le n’oublieray pas à remarquer que
la demie tierce, proprement appellée,
est double , Fvne vraye et légitimé ,
Fautre illégitime et bastarde^ En la
légitimé il y a égalé portion des hu¬
meurs qui se pourrissent, à sçauoir,
bilieuse et pituiteuse. En la bastarde,
la portion de ces deux hurneurs est
inégalé , car ou la bile est en plus
grande quantité , ce qui fait que les
accidens et signes de la tierce sont
plus apparens et sensibles : ou bien
elle est la moindre et en plus petite
dose, et pour lors la fiéure quotidiane
se fait bien mieux remarquer que ne
fait pas la tierce.
LE VINGTIÈME LIVRE
i64
Par ce discours nous apprenons que
la cause materielle de cesle fiéure est
en partie la pituite qui se pourrit dans
les grands vaisseaux, et en partie la
bile qui se pourrit dans les petits ;
l’vne et l’autre humeur , au reste, à
cause qu’elles ont des qualités con¬
traires , s’amassent dans le corps par
des causes contraires; la bile, par ce
qui est chaud et sec, et la pituite, par
ce qui est froid et humide. Partant
cesteûéure arriue principalement du¬
rant l’automne, et aux hommes qui
viuent en oisiueté, et qui vsent d’ali-
mens pituiteux, comme aussi à ceux
qui sont d’vn tempérament froid et
humide, et qui vsent de nourriture
grandement chaude et seiche. Elle
arriue ordinairement aux régions qui '
sont chaudes et humides, et dit-on
qu’elle est fort commune et ordinaire
à Rome et en la coste d’Afrique.
Elle s’accompagne tousiours de
tres-mauuais et sinistres accidens, car
outre ces mouuemens horrifiques et
inégaux , elle apporte de grandes in
commodités à l’estomach et aux par¬
ties nerueuses ; souuent elle iette les
malades dans de profonds assoupisse-
mens , qui sont comme léthargiques :
vne autre fois elle donne des veilles
importunes , des resueries , des nau¬
sées, des vofnissemens , des foiblesses
de cœur, vne langue seiche et aride,
vne soif desmesurée.
L’on reconnoist ceste fiéure d’auec
les autres, en ce qu’elle est continue,
pleine d’horreurs, de diuersredouble-
mens, et de tres-violens symptômes :
vn iour elle est sans horreur, auec le
seul refroidissement des extrémités,
l’autre iour elle est auec horreur et
autres mauuais acccidens, si bien
qu’elle a vn iour meilleur l’vn que
l’autre. Quand il arriue des sueurs en
ceste liéure, d’ordinaire elles n’ap¬
portent rien de bon , soit à cause que
les forces sont débilitées et abbatues,
soit à cause de la quantité d’humeurs
crues qui se rencontrent au fébrici¬
tant. Les vrines sont crues , ténues ,
vne fois sans couleur, vne autre fois
fort troubles , et tousiours sans sédi¬
ment, ou auec vn sédiment mauuais :
le pouls est frequent et inégal : bref
elle n’est point sans donner ou de la
douleur , ou vne pesanteur de teste ,
ou vn assoupissement , ou autres ac¬
cidens dangereux.
Hippocrates met ceste fiéure entre
les maladies aiguës et longues ; entre
les longues , â cause ou qu’elle ap¬
porte bien tost la mort , ou que la
tierce dont elle est composée se finit
bien tost, si bien qu’il ne demeure
plus que la fiéure continue quoti-
diane, qui dure encore quelque
temps : après il la met pareillement
entre les maladies longues et chroni¬
ques, d’autant qu’elle dure iusques à
vn mois, voiremesme iusques à deux
et à trois; si elle passe outre, elle ap¬
porte d’ordinaire la fiéure hectique ,
qui est sans remede et sans espoir de
salut. Il est vray que pour l’ordinaire
elle est plus longue que la tierce , et
plus courte que la quotidiane, de
laquelle toutesfois elle approche fort
lors qu’elle est produite par vne
grande quantité de pituite ; car selon
qu’elle a plus ou moins de ceste hu¬
meur, aussi elle est plus ou moins
longue.
Tu obserueras que quand il y a
égalé portion en ceste fiéure de bile
et de pituite, elle saisit auec peu
d’horreur, qui semble estre moyenne
entre la rigueur et le refroidissement ;
mais lors qu’il y a plus de bile que
de pituite , alors l’horreur est vio¬
lente , non sans estre mesléo de ri-
I gueur, laquelle est incontinent suiuie
DES FIEVRES.
d’vue chaleur ardente, de soif, de
veilles, de vomissemcns bilieux, de
cours de ventre, et autres signes qui
accompagnent les fiéures tierces. Que
si la pituite est en plus grande quan¬
tité que la bile , l’horreur est douce,
le refroidissement des extrémités sen¬
sible, la chaleur tarde à venir, les
accès sont longs, et accompagnés des
signes des fiéures quotidianes ; finale¬
ment, quoy que c’en soit, c’est vne
fiéure tres-perilleuse, et pour la plus
part du temps mortelle, tant à cause
de la violence de la maladie et des
symptômes qui abbattent les forces du
fébricitant , qu’à cause que ces fiéures
cy ne sont presque iamais exemptes
de quelque inflammation des par¬
ties nobles, ou à tout le moins de
quelque disposition inflammatoire,
comme remarque Galien aux Epidé¬
mies.
La cure de ceste fiéure semble estre
double , pour estre composée de celle
quiconuient à la quotidiane , et de
celle qui est propre à la tierce. A
celle-cy l’vsage des medicamens ra-
fraichissans et humectans est plus
profitable que des atténuatifs, inci¬
sifs , et apéritifs : tout au contraire
à l’autre en laquelle il faut plustot
atténuer, inciser, ouurir, deterger et
euacuer les raauuaises humeurs , que
rafraîchir et humecter. En sorte que
selon ceste réglé, lors qu’il y a autant
de bile que de pituite, il faut auoir
esgard esgalement et à la tierce , et
à la quotidiane, par des medicamens
qui ayent la force et la vertu de re¬
médier à l’vne et à l’autre : mais si la
bile surpasse , il faut auoir plus d’es-
gard à la tierce qu’à la quotidiane :
au contraire s’il y a plus de pituite
que de bile, il faut songer plustost à
la quotidiane qu'à la tierce. Partant
pour ce qui concerne le régime de vi-
i65
ure, il faut qu’il soit réfrigérant’
humectant, detersif, atténuatif, par
alimens de bon suc et de bonne nour¬
riture, prenant garde que le iour que
la seule quotidiane arriue, on peut
nourrir vn peu plus libéralement,
mais plus escharcement le iour que
la tierce et la quotidiane suruiennent.
Il faut aussi bien prendre garde que
l’on ne donne pas la nourriture sur
l’heure de l’accès, pour les raisons que
nous auons dites cy deuant. Il n’est
pas à propos que ces alimens soient
solides , mais liquides , à fin qu’ils en
soient plus aisément cuits , digérés et
distribués. Toutesfois sur le déclin de
la fiéure, on pourra un peu se licen-
tier, et donner quelque chose de so¬
lide au fébricitant. Il ne faut point icy
parler de donner de vin , à cause qu’il
aide à augmenter la ferueur des en¬
trailles , et donne à bon escient à la
teste, qui n’est que trop chargée d’ex-
cremens en ceste maladie. On fera
donc vser au malade de quelque dé¬
coction de racines pour son boire or¬
dinaire, en y meslant le syrop aceteux
simple , le iulep rosat , le suc de li¬
mons, syrop d’escorce de citron, de
cerises aigrettes , de berberis, et au¬
tres.
Quant aux medicamens, les clyste-
res sont tres-vtiles, qu’on préparera
auec maulues, mercuriale, laictue,
apparitoire, espinars, lleursde chamo-
mille , melilot , semence de fenoüil et
de cumin, et dissoudra-on dedans
miel, sucre rouge, lenitif, catholi-
cum, et choses semblables ; selon la
chaleur que le fébricitant sentira aux
lombes et aux reins, on pourra faire
plus ou moins rafraichlssans lesdits
clysteres. Ayant ainsfpreparé le corps,
il faudra venir à la saignée, laquelle
quoy qu’on en die, ne doit point estre
icy espargnée, à fin d’empescher l’in^
LE vmGtiliMfe LivhE,
lôB
flaHimailiioti deé pâHlës hbbles ët
dimlntiW Id pbürfUüfè. n’ësl: pôÜlr-
qtiby elle sera faitë plüsicüi's fois
dës deux bras et des deüx pieds , pdr
reuiises loüiesfois et irilerualles, afin
de rt’abbatre les forces du ihdladfe et
esteihdre là chaleur ttàtürelle. ÜÜ-
ratit ces iolerüaÜes iâ, il faudra
pürgéi- lé corps, Càr C’est sàUs
doute quil y a grdude quaiitilé d’ex-
cretuetis dahs la première région du
corps, qui a besoin qii’on les chàsse
par purgatifs benirts et soüueht réité¬
rés. iifàudrà dohc, tarttost recourir à
là sàiguëe pour esieindre le feu et la
flâtumé de là fiéure,tàniost a là pur-
gàtioii pour expulser les ciiàtbotis qui
etitrcîHenUétil ce feu. Mais qu’on se
souuieuhe de donner les purgatlfe ès
iours ou il y a moins d^accés , et àUx
autres tours on doUnerâ des alteràtifê,
comme iulëps , apozêmes,et potüs, '
sans oublier les fomentations , epitbfe-
mes, ohgUetis^ linimeiis, bulles, et
cataplasmes.
Il y en a qui approüuent les vomi¬
tifs en cesle fleure, mais fl faut y ap¬
porter vne grande précaution ; càr
s’il y à quelque disposition inflamma¬
toire aux entrailles , iis ne peuuént
eslre que tres-pernicieux. Que s’il tt’y
a aucun sbupbott d’inflammatioU , on
eh peut bailler quelque bénin , prin¬
cipalement a ceüi qui vomissent , OU
qui ont sans ceSse deS ehuies de vo¬
mir : et ce le ioUr bü lé malade est tra-
ualllé de l’accès de la tierce. Ët cecy
suffise pour ce qni ést des fléüres be-
mitrilées;
ClTÀPItRE XXXilT.
DE la boVftt.fe ET TaifLE TlEttcC, Pov-
CLK OVOTiDtASfe, bOvnlE et Triple
pyAhTfè.
jtolis allons expliquer eii ce Cbàpi-
trëleâlieUrës composées de fletiresdU
me'sme.nalürë et espece , qiii suiüent
celles ddi Sdrit composées de fléüres
dë diUerSésësb6cës, telle qll’esl f beniî-
trifee. ôr en la cOmposiiion de ces fle¬
ures de ffie'sihe ëspëcë,'qüélqüesfoiS il
nh S^y en renCbülrë qüê déüx , quol-
qUeSiOiS il y en a trois : parexëmple ert
là double tierc'ë 11 n’y en a que deux ,
ed la Irîpie tierce il y en a trbls : comme
parelilèment en lâ double et triplé
quarte, i^ous auohs donc icy a expli¬
quer trois fléüres doubles, sçauoir :
la 'ébühlê ïleHé \ là ÏÏoûïle quôtidîàne ,
et la ‘dôûbîê ‘4Mfle , ët puis aplés deux
fléurës iriplës^ qui sont ia îripleiîerce,
et lâ triple ’qüarîè. Nous appelions
double iîer'ce vue fléUrë composée de
deüi tierces, qui se font d’vnè bile qui
se pourrit ën dèüx diuefS lieux hors
dès grands vaissëàüx. tbüfesfois et
quand dOncques qu’il y a deux foyers
d‘e bile au me'sërttére qUi prénnëhlfeü
l’vh après f autre , pOüf lors il arriiié
deux fiêures, iesquëtlès, â cause
qü’ëllës flrërtheht dé flëüx ioürs Pvii ,
on appelle double tierce • par exem¬
ple, qlf aiiiOUrd’buÿ vii tlëS fOyérS de
là bllë éiCite vhe èélirë sur lëS dix
heures du malin, iàqüëllë ne doiiië
flfllr que sur les dix fleures du soir, si
le mesiné iOur l’àütrë fdyer s’aliUrtie
sur ië§ trois ou quatre bëürës du soir,
oü bien lé lëndémaih d quëiqüè fléürè
qtie cé Soit , Satis doute bu ObserUera
vhé dêüre cOUiposëé dé deux liërcés,
là'qimllè pbtil Kbolr detii fêdotiblë-
DES FIEVRES.
mens en vn îonr,par exemple; si
l’vne prend le matin à dix heures, et
l’autre le soir à quatre heures: pu
bien vii seul redoublement tous les
iours , si la seconde Oéure par exem¬
ple ne prend pas le mesme iour que
l’autre, mais seulement îë lendemain,
li est vray qii’il y a quelques au-
theurs qui apporten t en cecy quelque
distinction , et disent que si ces deux
fiéures tierces prennent à mesme ioùr,
on ne les doit pas appeüer double
tierce , mais deux tierces simplement,
que si elles prennent à diuers iours,
c’est alors que l’on les doit nommer
double tierce. Combien au reste que
la double tierce prenne tous les iours,
à la façon de la quotidiane, si y a il
bien de la différence, d’autant qu’elle
a tous les signes qui accompagnent
vne fiéure bilieuse : elle vient auec
rigueur, elle se termine par sueur,
les aecidens qu’ellë apporte sont sei-
cheresse et amertume de bouche *
grande alteration , veilles , vomisse-
mens de matières bilieuses et ameres,
agitations, inquiétudes, et les autres
que nous auons spécifiés en la fiéure
tierce intermittente. le ne m’estens
pas d'auantage à rapporter les signes
delà double tierce, jeu que celuy
qui reconnoistra là simple tierce in¬
termittente, connoistra incoiitinent
la nature de ceste-cy. le diray seule¬
ment que la double tierce qui afflige
deux fois tous les iours est fort rare,
et que celle qui vient tous les iours
est assez l’requente et commune, bien
que les accès n’arriuent pas tousiours,
ny à mesme temps, ny à mesme heure.
Pour la double quotidiane elle ar-
riue tres-rarement ^ et ne l’ay peu en¬
core iamais obseruer ; elle se fait au
reste de la pituite qui se pourrit en
deux diuers foyers s qui fait qu’elle
prend deux fols en vingt-quatre heu-
/
res. Car si par exemple la première
fleure s’allume à quatre heures du
soir, et l’autre à quatre heures du
matin, on a deux accès en yingt-
quatreheures : et si il arriue ce faisant
que le malade ne se trouùe point sans
fiéure, la seconde surprenant deuant
que la première quitté, et la première
reuenant pour la seconde fois deuapt
que la seconde ait quitté. Ce que ie
desire qu’on entende de la fiéure quo¬
tidiane qui a ses accès estendus et
prolongés iusques à dix-huit heures,
comme il arriue le plus souuent, non
de celle qui auroit tant seulement
sept ou huit heures d’accé's. Quant
aux signes de la double quotidiane ,
ils sont les mesmes que ceux de la
quotidiane intermittente , c’est pour-
quoy ie n’en diray rien d’àuantage.
Reste la double quarte, qui se f^it
de l’humeur melancholique , laquelle
se pourrit dans deux diuers endroils
du corps hors de grands vaisseaux:
Ceste fiéure icy est assez ordinaire, et
trauaiile le malade deux iours conse¬
cutifs, ne lui en laissant qu’vn de bon.
Car si la première quarte prend ce
iourd’huy à six heures du soir, la sè-
conie prendra lé lendemain peu!
estre à mesme heure , si bien qu pn
aura deux iours consecutifs mauüais :
le troisième suiuant sera bon , ei sans
fiéure, et puis en suite il en viendra
deux mauuais. Ces signes àü reste iië
sont point autres ç^ue ceux dé la sini-
plé quarte intermiitente.
Voila pour les fiéures composées
douilles de mesme espece. Èiitrc les
triples est prèmierément là triplé
tierce , laquellé est produite et en¬
gendrée de labile quÿse pourrit éii
trois fpyérs aux lieux dltiers du corps,
hors des grands vaisseaux toütesfoîs.
Ôr ceste fiéure icy » fi ois redophle-
mens en l’espace dé deux ioür&i c’est à
LE VINGTIEME LIVRE,
fiçauoir vn seul redoublement en vn
iour, et deux redoubleraens l’autre
iour. Galien au liure 2. des Crises
chapitre 9. fait mention d’vn ieune
adolescent qui estoit trauaiüé de
ceste sorte de fiéure :
«Il commença, dit-il, à auoir la
» fiéure vers les cinq heures du ma-
» tin auec un frisson fort court, sur
» le vespre il sua vn peu : vers les sept
» heures de nuit, deuant que la pre-
» miere fiéure fust tout à faitesteinte,
» vne autre fiéure le reprit , auec vn
» frisson aussi fort court , en après il
» sua vn peu; le lendemain vers les
» dix heures il eut vn nouueau redou-
» blement , et puis sua la nuit sui-
» uante. Derechef le troisième iour la
» fiéure le prit par anticipation à
» deux heures du matin , auec vn
J) frisson, deuant que l’accès du iour
» precedent fust tout à fait esteint.»
Voila ce qu’en dit Galien , lequel
s’estend bien au long pour desmon¬
trer que c’estoit vne fiéure composée
de trois tierces, et que ce n’estoit
point vne hemitritée, comme quel¬
ques- vns pensoient. Ce qu’il remar¬
qua si exactement, qu’il prit garde que
tous les accès de ceste triple tierce
anticipoient iusques au septième
période, et que de là en auant ils
commencèrent à retarder, et puis à
diminuer grandement ; si bien que le
malade quin’auoit point esté iusques
à ce temps là sans fiéure , commença
à auoir deux heures entières d’inter¬
mission. Tu peux voir ce chapitre là
de Galien pour plus grande intelli¬
gence des fiéures composées et com¬
pliquées, par lequel aussi lu ap¬
prendras par quels signes on peut ve¬
nir à la connoissance de la triple
tierce , et laquelle des trois fiéures
doit finir la première.
Reste la triple quarte , laquelle se
fait toutesfois et quànd que l'humeur
melancholique se pourrit en trois di-
uers endroits du corps hors des grands
vaisseaux. Les signes de ceste fiéure
sont de prendre tous les iours, mais
auec les marques qui sont propres de
la fiéure quarte simple, par lesquelles
elle est aisément distinguée et de la
quotidiane, et de la double tierce. Or
ce qui est cause que ceste fiéure se
multiplie ainsi, c’estquelquesfoisaussi
l’vsage desreiglé des choses qui aug¬
mentent l’humeur melancholique :
quelquefois aussi l’vsage des medica-
mens trop chauds . comme de la thé¬
riaque, que Ton donne au commence¬
ment des fiéures quartes. Car ces
medicamens icy n'ayant pas faculté
de cuire ou d’euacuer l’humeur mor¬
bifique, ils Tagitent seulement et la
iettent d’vn lieu en Tautre, d’où vien¬
nent les diuers foyers. Ainsi Galien
remarque au liure des Prédictions
ch. 2. qu’vn certain philosophe peri-
pateticien , nommé Eudemus, estant
trauaillé d’vne simple quarte inter¬
mittente , par Taduis de quelque mé¬
decin prit de la theriaque auant que
la matière fust cuite et préparée , la¬
quelle fit qu’il tomba en vne triple
quarte : laquelle par après Galien
guérit par Tvsage mesme de la thé¬
riaque, qu’il donna à propos lors que
la matière fut préparée. Lors donc
que toutes choses ^sont crues, si on
donne des medicamens qui eschauf
fenl beaucoup, d’autant qu’ils ne
peuuent résoudre les humeurs par les
sueurs, ils l’agitent simplement et en
transportent vne partie qui çà qui là,
si bien qu’il arriue qu’au lieu d’vn
seul foyer qu’il y auoit, il s’en fait et
deux et trois , d’où puis après il s’en¬
gendre autant de fiéures.
Si nous n’auions parlé de la cura¬
tion des fiéures eu particulier, il fau-
des FIEVRES.
droit icy faire vn grand discours pour
la cure de ces fiéures composées. Mais
qui entendra bien ce que nous auons
dit iusques icy , il n'aura pas beau¬
coup de peine de trouuer les indica¬
tions necessaires à la guérison de celles
que nous traitons en ce Chapitre, veu
que la composition ne change ny les
indications ni les remedes , mais les
modifie seulement ; en tant qu’il faut
auoir plus d’esgard à conseruer les
forces du malade en ces fiéures com¬
posées, que non pas aux simples,
d’autant qu’il n’a pas esté relasché,
et qu’il est plus aigrement et violem¬
ment trauaillé. Quiconque donc vou¬
dra guérir les doubles et les triples
tierces , qu’il recoure aux remedes
prescrits à la simple tierce intermit¬
tente: qui voudra guérir les doubles
quotidianes,aiile chercher les remedes
ordonnés à la simple quotidiane in¬
termittente : bref, qu’on ait recours
aux remedes de la simple quarte in¬
termittente, si on veut guérir les dou¬
bles et les triples quartes. Néant-
moins ie donneray cest aduerlisse-
ment, qu’il faut auant que de songer
auxremedes, connoistre si la double
et la triple tierce, si la double quoti¬
diane, si la double et triple quarte se
font de la bile naturelle ou contre
nature, de la pituite naturelle ou
contre nature, du suc melancbolique
nalurelou de l’humeur atrabilaire:
car selon cestediuersité, il l’audra re¬
courir aux remedes de la tierce vraye
ou baslarde, de la quotidiane vraye ou
bastarde, delà quarte vraye ou bas-
tarde: veu que nous auons appi is par
cy-deuant que la curation des fiéures
vrayes est grandement eslongnée en
quelques-vnes de la curation des bas-
lardes.
•9
CHAPITRE XXXIV.
des fièvres confvses.
le n’ay que trois mots à dire en ce
Chapitre, veu que la doctrine des fié¬
ures confuses dépend de celle des
composées , que nous auons expli¬
quées a.ssez copieusement au Chapi¬
tre precedent.
Nous appelons fiéure confuse, celle
qui est engendrée de la pourriture
de diuerses humeurs ensemble pesle-
meslées et confuses en vn mesme
lieu, mais qui ne laissent pas de gar¬
der leur propre nature. Les composées
se font bien de la pourriture de di¬
uerses humeurs : mais ny ces hu¬
meurs là ne sont point confuses et
pesle meslées ensemble , ny ne se
pourrissent point en vn seul lieu,
mais en diuers foyers: d’où il arriue
aussi que les signes et les symptômes
des composées sont aisément conneus
et distingués, là où ceux des con¬
fuses sont confus , et tellement ioints
et liés par ensemble , qu’on ne les
sçauroit ny reconnoistre ny distin¬
guer. l’ay dit au reste, que telles hu¬
meurs, encore bien qu’elles soient re¬
tenues en vn mesme lieu, ne laissent
pas que de conseruer leur propre na¬
ture, qui est par exemple, de la pi¬
tuite. de s’esmouuoir tous les iours,
et de donner des refroidissemens au
commencement de la fiéure qu’elle
produit : de la bile, de s’esmouuoir
tous les trois iours, et de donner des
frissons: de la raelaficholie,dc semou-
uoir le quatrième iour , et d’apporter
des horreurs. Ce que i’ay bien voulu
adiouster, à fin de donner la diffé¬
rence qu’il y a entre les fiéures con¬
fuses et les fiéures intermittentes
LE VINGTIÈME LIVRE,
170
bastardes, que quelques vus ont vou¬
lu mettre au rang des confuses, veu
qu’elles s’ehgertdr(!rit de deux di-
ueises bumeurs qui se pourrissent
et en mesme temps et en mestne lieu. .
Mais comme i’ay dit, les bumeurs qui
font les confuses gardënl cbacuné leur
naturel-, d’autant qu’elles ne sont pas
si bien meslëes qu’élles nb facent
qu’vue nature, ains seulement sont
confusément mises en mesme lieii :
de sorte que cela n’empesche pas
qu’elles né gardent tousiburs et lelir
nature et leurs propriétés : mais lés
bumeurs qui font les fléutes bastàr-
des î sont si exacterrtent nleslées et
mixlionnées entr’éllesi qu’élles ne
font qu’vne nature j et ne reeoiuènt
qu’vne forme : c’est poürquby aussi
elles ne font qii’vne seule fléure:
Quelques autres Veulent (jue les ]
fiéures confuséS soient produites de i
deux Occasions , cortirne dé l’inflam¬
mation dé deux diuerSes parties, la¬
quelle fait deüx fiéures continues;
Que si pareillement le poûlmon par
exemple est Irauaillé Ü’vii erysipelej
et le foye d’vn phlegmon , ils disent
qu’ alors il Suruient deux fiéures con¬
fuses, l’vne bilieuse causée par l’ery-
sipele du poulmon^ et l’autre sanguine
engendrée par le phlegmon du foye-.
Mais tout cela est de peu d’impor¬
tance pour la pratique : car soit que
ce soient fiéures confusesj oli fiéures
composées poutueu qu’On recon-
noisse la qualité de l’humeur qui se
pourrit, il est aisé d’ihuenter et de
trouuer les relnedés propres à les
guérir;
CriÀPÎTRE XXXV.
DE LA FIÉViiE IIECTIQVEi DE SES DIFFE-
lîENCES, CAVSES, SIGNES ET CVRE *.
Ennostre dluision déS fiéures, nbus
auons dit qu’il y en auoit de trois sdr-
tesjl’epbemere; l’humorale, et l’hecti¬
que. Nous auons expliqué iUsqües
icy l’ephemere et les humorales : par¬
tant il ne nous reste plus que la flé¬
ure hectique -, laquelle est ainsi ap-
pelléo j ou pource qU’ellé est Slablé
et difficile à guérir et oster ^ comme
les choses qui ont pris leur habitude :
car le mot Grec signifie habitude :
ou pource qu’elle occupe les parties
solides de nostre corps; lesquelles les
Grecs appellent IVtç, mesme que le
mot Latin habitus se prend en l’vne
et l’autre signification;
L’on fait trois sortes de fiéures hec¬
tiques; qui pour en parler à la vetité;
1 Ce chapitre porte le même titre et a
gardé presque absolument ia même rédac-
tioti qiië lé chapitré il du Traité de 1576.
Là Sèdië diiîérênce liti peu hotablé consisté
dahé là hiàhièrè dbnt celui-ci débutait : Là '
fi'buY'e héclï^dè ksi aiiisi àppcfiefe , bit parcé
qtC'ell'e esi slàtle; ët'c. 5 àinSi lé hoùteâu testé
a ajouté deux lignes fort insigtiiflantes; après
quoi il n’y a plus aucun changement.
1 C’est le dernier chapitre dont le Traité
nouveau ait hérité de l’ancien ; mais ii faut
ajouter que ce chapitre tout entier, à partir
dé rëditibh dë I6'i9, avait passé avec le
mêrhe litre ail livré des Pî'àyes en particulier,
où il constituait le chapitré 34. tonie lî,
pàgé 11)3, là dérniêrë hdlë. Cétte hble à bè-
soin d’être réctifléé ëti cé séiil , tjti’ëh effet
e texte actuel contient Un très Idtig passage
qui avait été retranché au livre des Ptuyes,
mais en revanche celui-ci en contenait
d’autres qui manquent au livre des Fiéures,
et que nous aurons soin de rcproduirCt
bfes ttfeVËES.
sôht t)ltlstdsi deèt'dé tîü’éspiBcfes ü’i-
cdiiiî. te prèhiiér dëgbiî doHic, ëfet
qiiciirtd ià ëhaiëui' hëcliqde cdHsomriië
Ihilrtiiclilë des. parties solidéS; Lé Se-
cdhd, quatid il Üëlibt-é là sbbrtàiicë
charneuse d’icëlles. Le Irbisiehie et
dérti ier düi fert ihfcUHblè, dd^nd il
s’âltacllë àük pàrliëé MlÜe§ , ët lës
dëStrtlit et cohsoitiilie : tôüt àitlsi pUe
là liatPftié d’Vne laiPpé ëbbsbmiiJë
pfehiierfelliePt l’hüilë ; eri apirts là
prbpëë liüttiidilë dû Idrhigribn, et ëil
fin lé bdrp§ du llitliiî^dbli më§tné ; bé
qÜ’ertàht, il h’y à plïis de nibÿéli ilÿ
d'éfepëranbêÜë le pôuüdir FàllUHi'ér;
bien dÜë VbüS lüy dbhhiëz l’büllë â
régorgfër.
Cëste dëürê né prëtid que biétibà-
réiPëlît, èt à péiHê cbrürhëtibé-ëirë
d’ëlië-meSnie : b’ërt pbübiqdoÿ ëllë
siiit toUsibUrs duëldUe alltVë flëlirë.
te§ càusés dbhbddës Üé la flêUrë
hëcliduë Sotlt iléliteS àigUë§ et àb-
dëhléS îïialpetiséëB, ét principàlétiiëtit
ausqüëltés bb h’a dohiië bélVig'él’àtibil
compëtèntëpal' ëpithërbé§ sur le cëeUb
et Hÿpbé'bhdi’ês, Hÿ éàü frôidë à Bbibë
ett temps ët salsotl requise. Ëlle pëüt
aiiSsi csli-ê causée ti’yiie fiêure diàibë,
qui àüi'à ëü Sdn cbitilhèilbéibéftt dé
qliëlqüë grande ët Ibngüé fâfecbêrië
oli chbiérê; là càüSe ët iriiprëSsibti
dicellë pérsëüëràtil long téinps ëri
ribüs ; ëllë pëilt àtlssl vértië de dtiél-
qué tràti ail excessif ériliëü élën temps
chaud ëiàrdënt, ët ëti Thëbrpsllbüet,
qui a pëu desàug ët d’humiflité. Pa-
reilleitieiit elle est sbilüëtit càüsëë
d’^iie vicérë èt iniiammàtioti des
pbülmoris, empÿëtne dü llibràx^ Ü’vri
grand et Ibhg phlëgHibil dé foye,
vërltricüie.lnesehteré, màtricë, rëiiis,
vessie, intéstiris ieiunum ët bbl'oh :
Vbiré lUeslne des autres^ Fils sont
enttamniés d’vnelongueet vehemëtlte
dlarthéè, UdhteHë; liü dÿsëtlféHè,
dbht aussi S’ensuit inflammatlbn *
réslrbàtioii j emacialioh de toüt lô
corps^ et par Cdnsequeut flëute hec¬
tique. car l’humidltë estant cnnsoni-
méë et ëspuisëe, là chaleur se fait plus
acre et ardente.
Geste fiéüre de tant èst-elle plus
aisée à bbnnoistre, qu’ellé est difîlbile
à guérir. Le pbuls donc en icelle ëst
dur, à causé de la siccité dé l’artere
qui est partie SolidCi ët debile pour
rinflrmitédeiafaculté vitale, lëbOBUr
estant en toute sà sUbSlaucé assailli :
au resté petit et freqUeüt, à Caüse de
l’intemperàture et abdéiir du cœur;
qüi ne pouüant faire grand pouls
pour se refrigcrerj à cause de son ira-
bebillitéj taSche à së rëuàngër et ra¬
fraîchir (mais en tain) pàf sa fré¬
quence èt vitesse d’ibeluy. Le propre
signe de telle fleure; pour lé respect
du pouls, est qu’vue heüre bu déüx
après lé repas le pouls se monstre plüs
grand et ieger^ et hiesme la chaleur
qui est aü corps du ihaladë pour lors
se nlbnstrë plus grande : ce qui dUre
tant que la distribution de l’aliment
se fait; et iusques à tant que la siccité
du cœur soit aucunement ebrrigée èt
sa substance humectée par la surué-
nue de faliment; qui est cause que la
chaleur S’augmente : në plusne moins
que la chaux auparàuant froide à
f attbticheméntj s’eschauffë iusqubs à
fumer et boüiliir quand elle ëst ar-
rbusée d’eaü. Au réstë; la Chaleur et
le pouls demeürent tousiours égaux
eh leur petitesse, langueur ^ obscurité,
dureté^ frequeheé, sans aucune exa¬
cerbation r si bien que le malade
mesme ne pense pas auoir la fleure, et
ne sent aucun mal et douleur , qui est
vu autre signe propre de la fiéure
héctique. La raison vient de ce que la
chaleur ne se monstre point; n’estant
placée en la siqperflcie des esprits
LE VINGTIEME LIVRE
et humeurs, comme en la diaire
et putride , ains est comme cachée
et plongée au plus profond de la
substance des parties solides : com¬
bien que toutesfois si vous tenez long
temps vostre main sur son corps, la
chaleur en fin se fait sentir acre et
mordicante, le passage luy estant ou-
uert par le cuir raréfié par l’attou-
chement doux et bénin d’vne main
bien temperée. Que si le malade en
ceste fiéure sent quelque douleur, et
que par l’inégalité et exacerbations
de la chaleur, il se iuge et sente liiy-
mesme auoir la fiéure, c’est signe que
telle hectique n’est pas simple, mais
compliquée auec vne fiéure putride,
qui apporte telle inégalité. Au reste
si la face Hippocra tique a lieu en quel¬
que maladie , certes elle paroisi clai¬
rement és hectiques, à cause de la
colliquationde tout le corps.
Pour la cure de ceste fiéure, il faut
curieusement considérer auec quelles
maladies elle est compliquée , et de
quelle cause elle aura esté excitée.
Premièrement, il faut sçauoir si elle
est maladie ou symptôme : car si elle
est symptomatique, elle ne pourra
estre guerie tandis que la maladie
persistera et perseuerera : comme, si
elle est causéed’vne fistule au thorax,
à raison d’vne playereceuëen ce lieu,
ou d’vne vlcere dysentérique d’intes¬
tins, elle ne pourra guérir que pre¬
mièrement la fistule ou vlcere ne soit
guerie, d’autant que la maladie en¬
tretient tel symptôme, comme la
cause son effet. Mais si elle est
maladie simple première ; d’autant
que son essence consiste en vne in¬
tempérie chaude et seiche, qui est
placée non és humeurs, mais ésparties
solides, toute l’intention et conseil
du Médecin se doit rapporter à alté¬
rer et corriger , et non à purger : car
les seuls humeurs sont capables de
purgation , et non les parties solides.
Reste donc maintenant de rafraîchir
et humecter les parties solides : ce
qui se fait par choses prises au dedans,
et apposées par dehors.
Les choses qui se peuuent fort heu¬
reusement prendre au dedans du
corps , sont les alimens médicamen¬
teux , qui profitent sans comparaison
plus que les choses qui peuuent sim¬
plement altérer , c’est-à-dire rafraî¬
chir et humecter sans donner nour¬
riture : car par le respect de la portion
alimenteuse qui est en eux, estans
attirés et apposés à la partie , et
tournés en la substance d’icelle , ils
viennent à l’bumecter et rafraîchir,
non superficiellement comme les cho¬
ses qui altèrent simplement, mais
intérieurement. Nous auons de ces
choses icy entre les herbes , entre les
fruits, entre les racines, entre les
semences , entre les choses que nous
prenons ordinairement pour la nour¬
riture de nostre corps ; l’on recom¬
mande fort entre les herbes pour cest
effet la viole, le pourpié,labuglosse,
l’endiue et la lentille pallustre, la
maulue aussi quand il y a adstriction
de ventre. Les fruits sont de courge ,
de concombres , pommes , pruneaux ,
la passebille, amandes douces et ré¬
centes, et les pignons : des semences
nous auons les quatre semences froi¬
des , grandes et petites, et icelles ré¬
centes à cause de leur humidité , les
semences de pauot , de berberis , de
coings , les fleurs de buglosse, de vio¬
les , de nénuphar : desquelles choses
l’on fait des condits auec vn poulet
pour prendre au matin , la première
concoction estant accomplie, ce que
l’on continuera par l’espace de neuf
iours.
Quant aux viandes , pour le com-
Des fi^vees.
moncement , lors que les facultés ne
sont encore fort debiles, que le fébri¬
citant prenne alimens qui à la vérité
soient difficiles à cuire, mais qui
nourrissent fort et longtemps , telles
que sont les extrémités des animaux,
comme pieds de veau et de pourceau,
non salés, chair de tortue qui pre¬
mièrement aura cslé nourrie en
quelque jardin, pour se gourmer et
purger de ses humidités excremen-
titielles , la chair de limaçons , la
semoule , et autres semblables ‘ : car
telles choses ayant vn suc visqueux
s’agglutinent aisément aux parties de
notre corps , et ne peuuent estre dis¬
sipées si aisément par l’ardeur de la
chaleur. Mais lorsque la fiéure hec¬
tique aura ja longtemps traisné dans
le corps, d.e sorte que les facultés
semblent fort affoiblies , il faudra
donner viandes aisées à cuire, et ce
icelles plustost bouillies que rôties:
d’autant que les bouillies humectent
d’auantage, et que les rosties se tour¬
nent plus aisément en bile 2.
1 Ceci est le texte de i67:); mais en 1579
au chapitre 34 du livre dus flayes en par -
liculier, après la chair de Utrliie, on lisait :
« ... La chair de limaçons blancs pris és
vignes, les grenouilles, escreulces de ri-
uiere, anguilles prises en eau pure et bien
assaisonnées, œufs durs mangez auec jus
d’ozeille sans espice , le stocphis et merlu
bien detrampez et dessalez, des anons et
poncepieds, la semoule, et autres sembla¬
bles. »
On retrouvera une partie de ces aliments»
mais non pas tous, indiqués plus bas dans
le texte actuel, comme déjà en 1576.
2 Le chapitre 35 du livre des Playes de
1579, avait intercalé en cet endroit un para¬
graphe que l’auteuraoublié de reporter dans
son nouveau Traité :
« Les viandes seront veau , chéureau ,
chappons, poulets, cuittes en herbes, et se¬
mences qui rafraîchissent et humectent, les
173
Que si toutesfois le malade est de-
gousté des viandes boüillies, que la
chair qu’on luy donnera ne soit guè¬
re rostie, et qu’on luy donne non de
la superficie de la chair qui est plus
seiche et bruslée, mais de l’interieure
qui est plus humide , et qu’elle soit
j en outre temperée encore d’eau rose,
: de suc de citrons, d’orenges, ou de gre-
■ nades. Qu’il s’abstienne de poissons
sallés et durs : les meilleurs sont les
saxatiles , pour l’exercice qu’ils font
estans continuellement heurtés entre
Iss rochers ; ceux aussi qui ont la chair
glutineuse ‘ et visqueuse , comme les
anguilles prises en eau pure et bien
assaisonnées, les tortues, les escre-
uisses, les limaçons et grenoüilles. Le
laict d’asnesse pris chaudement, et
corrigé auec vn peu de sel, de sucre
rosat, miel, fenoüil, ou anis, de peur
qu’il se corrompe ou aigrisse en l’es-
tomach, ou bien le laict de femme
succé de la mamelle, sont fort re¬
commandés en ceste maladie, le tout
pris iusques à demie liure^. Qu’il
orges mondez, les amendes leur sont pro¬
pres : comme aussi la panaile faite de mie
de pain blanc arrousee d’eau de rose, puis
cuitte en la de coction desquatres semences
froides, auec du sucre rosat en forme de
boulie : telle panade refraichit le foye et
l’habitude de tout le corps, et nourrit gran¬
dement, comme aussi les testicules, les
foyes, aillerons, de ieunes coqs, les figues et
raisins de Damas. »
1 Le livre des Places en pariicalier disait
ici : comme ceux que nous auons cy deuanl
nommez,
2 II y avait encore ici une intercalation
assez étendue dans le chapitre 35 du livre
des Playes de 1579; la voici:
« Mais celuy de la femme est plus vtile,
parce qu’il est plus doux et nourrissant , et
approchant de plus près de nostre naturel,
moyennant qu’il soit pris d’ vne nourrice bien
tempcrec et habituée , mesme qu’il est sia-
174 LE ^.IVRE,
trcin.Rp son viR giieç quelqne çeu
d’oRR do \aiclne , «io poiR-pié , qr d.e
RPRupJia^, et aueq peRRCoRp de celle
de tiRglQsse, tJlpt poVR-cp qu’elle hu-
ipeple gropdoipopt, qn’apssi gu’elle p
yçrln specijilo, dp'resîpiiyy et re-
çi;“eef lo cçeqr , la splislnpçe duquel
0§t fort qffligée pn ços.to inalartie. Et
toUos sont Ips clio^es, qn’ij copplept
pVOnqrp RU (iedqns.
Colles qui so tlpipont appliquer çor
dçbofs sont les onctions, les, Ipiip.s,
les, epithomçis , les, ç^^stoi’es. l-es çrp-
tions sont dinersos , solo^i la nipevsité
de VlndiORtion, prise (les parues sar
lesquelles il les faut applique^. Car
surleclos et sur toute l’espine. Ualiep
y fait des onctions 4? choses froides
et astvingentes mo40i’éRient, c’est à
dire qpi puissent eoboree les parties
et eçnpesçber la colliquation d’iceUes,
et non boucher le passade à l’insen¬
sible transpiration, ce gni rendront la
chaleur beaucoup plus açre.q’els sopt
les, lipirpens qu’oa peut felfe 4’hu.Ue
ro,s,at , 4e pennphar, de coings apec
vn peu de cire, s’il vient à propos.
les parties peetoivales m eontraire
doiuent estre cuntes de choses
mojennanient rafraîchissantes et re-
laschantes: ie dis moyennement ra-
guliçr aux érosions de restoçnAcb et \lceres
des poultnons , dont s.’ensuit ernaciation et
phtisie, tenant au laiçt d’asnesse.il Iç faudra
choj,sir qu’elle soit nourrie d’orge et auoine,
fueilles de chesne, à fin qire par le bénéfice
de telle nourriture, il soit plus profitable et
moins subiet à corruption. Et où le malade
auroit le ventre trop lasche, on fera vn
peu bouillir le laict, et y esteindre des cail-
lous tous rouges et ardens. Et noteras que
si ledit larct pris , le malade auoit rots ai¬
gres, difficulté d’allatnc, chaleur non accous-
tumee, enflure et fluctuation du ventre,
douleur de leste, comme il adulent à plu¬
sieurs, il faudra désister à prendre ledit
laict. »
fraichissaptes , d’autant que le froid
est toni ù fait ietp- ennemy : ie dis
Russi relasçhanlos , 4 raison (lue les
astringenles apRorlerolcnt vue diffl-
cpUd de respirer, et dp mouuoir li¬
brement les muscles du thorax. Telles
sont les onctions qui se peuuent faire
d’huiie violât, de saules, d’huile de
semence de iRictue, de pauot, de né¬
nuphar, y meslant de l’huile d’a¬
mendes douces, pour teraperer l’ad-
^Iriclion et frigi4ité qu’ils pourroient
auoiç. Sur tqutque l’on se garde que
l’Apothicaire par auarice, au lieu de
ces bdlles recentement tirtîes , ne
vous en suppose de vieilles , rancides
et sallées : car au lieu de rafraichir
vous eschaufferiez , çonaine ainsi soit
que le vin 1 le miq! > et l’huile par
l’RRge acqpierent yne chaleur exces-
sjue. Ap defaut 4e bonnes huiles ,
noqs les oindrons de beurre premie-
çCRient laué diligemment en eaq de
Ylnles çt de morclle. L’vsage de
telles onctions est de rafraichir , hu¬
mecter et confori.er les parties : et
se doiuent faire matin et soir, quand
le uiRlRde s’ira coneber, dpuRnt et
api-és le bain.
Quant aux bains , npqs les pr4on-
npn^, ou poijr siinplement humecter,
et lors suffira le bain 4’eRu tiçde.,
dans laquelle on pourfR ietter Peurs
de violes , de nénuphar, fueilles de
saules, et orge mondé: ou pour non
seulement humecter, mais aussi re-
lascher les parties qui sont tendues
d.e siccité et aridité hectique, et outre
leur apporter quelque meilleure ha¬
bitude, à çe qu’elles 4cuiennen,t
mieux refaites et no.urrms , et lors on
y pourra aussi mesler ia 4ecoclion
d’vne teste et tripes do mouton,
et ensemble quelque quantité de
beurre.
Au reste, l’appareil d’vu bAin pour
DES ÇISYRBS.
hpçt^^^îs ^oil pslrç tle rHis grîiRd
^l’iifiçp qv*e Ip Yulga^e des praU-
pieps ne pppse. L’ar^[|cp est ïl
faut auqir trois bajgaqires : la pre-
miçre spr^)^ d’eap douce piodepémept
phau(te, Pt ce pour puurir les pores
(tp ppip : seppnde sera d’eau tiede,
pppr sipïplerpent t^up^eçter , l’ppu
pepptrpnt pisémept Ppr (es ppres
(ip çpi^* : la troisiépie d’ppu froiite ,
pour ppfrpipb.ir , fortifier et açlslrpip-
drp les ppflies , et Ippp faire gpi’dpr
rhpmidité repepë , de peur qu’elle
p’pxhple : tt fapt (Ippieprei- qpelqpe
pep qp temps fipps le secpnq , pt lort
peu dans t? troisiépie, Tpptesfpts
ceux qpi p’ppront les pipyeps pp qui
se fascberopt de trpnspprlpr tppçs
corps, ainsi sqççes,s,mepippt de l)pi-
gnpire ep autpe, pourrpnt açcppiplir
toutes cps trois ipteptiops ep vp |
mesine baip , luy qpppant l’eau plps
chaude pu çompiepçepiÇi\t , ppis y
pietlant tapt d’eqp frptçte qu’il y en
ait suffisamment pouf repère le tept
tiede : en fin vuipant Rpr vpe fpptpine
qu’il y apra au dehors, de ta haignpire,
tant de çestç eap tiede, qp’empli^ppt
le reste d’epu tfoide le tout soit
rendu entièrement f^oid- JetV9hpe-
rois hon que deuant de plonger le
malade dans le piemier hain , qu’on
luy fist receuoir, non par la houche ,
mais par le r^este de tout le corps, la
vapeur de l’eau chaude. Le moyen
seroit que , tenu sur la gueule de la
baignoire par trois ou quatre hom¬
mes , et au dessus enueloppé et çou-
uertde toutes parts d’vn linge hprspiis
la leste, il recéut ladite vapeur, pour
estre plus pleinement par après dans
le bain humecté , le corps estant es¬
tant ainsi raréfié et laxé
■ Ce curieux paragraphe sur radiftipislrft-
tion pes bains est copié liçxlaçllement de
175
Pr U faut qu’il ait pris et cuit quel¬
ques viandes deuant que d’entrer
dans ce bain, h tin que par là cha¬
leur dudit hain l’aliment ia cuit soit
attiré aux parties et on toute l'habi¬
tude (lu corps ; car d’y entrer l’esto-
mach vuide et à jeun, il se feroit trop
grande dissolution des forces du
corps.' Le régime donc qu’il conuien-
drq tenir deuant que d’entrer dedans,
doit estre tel ; que le iour de deuant
sur le matin on lui donne vn clystere
remollieut , à fin que les excremens
qui ont cftustume d’estre retenus dans
ies intestins par. l’intemperie seiche
soient euacués : qu’on le fasse disner
par après sur les neuf heures , luy
donnant viande de solide nourriture :
qu’il Sftuppe sur les quatre heures,
(nuis moins, et de viandes aisées à
cuire : vue heure après minuicl qufil
prenne la deçoction d’vn poulet,' ou
YU orge mondé , ou deux œufs mol¬
lets , dens lesquels on mettra vin peu
d’eau rose et de sucre au lieu de sel :
quatre ou cinq heures après qu’il
entre dans le bain., à la façon que dit
est. En uprés qu sortir du hain, qu’on
le nettoyé et fçoUe doucement auec
linges ptols et déliés 1 après qu’il soit
oinct à la mode cy-deuant descrite :
puis qu’il repose et dorme dans le Met
deux on trois heures, si possible est :
à son resueil qu’il boiuede Iq plisane,
et qu’il prenne des potages de facile
digestion ; à son souper qu’il boiue
du Yiu, et qu’il se nourrisse de
Yiandes plus solides. Le matin qu’on
luy donne vn orge mondé , ou autre
yiande de pareille estoffe i en après
qu’il r’ entre dans le hain à la mode
susdite. Ce luy sera chose Ites-pruM-
Védilion de, 1675; U est assez singulier que
le livre des Playes de I67a l’ait passé sous
lilençe,
170 LE VINGTIEME LIVRE,
table qu’il vse ainsi artiflciellement
du bain de dix en dix iours , et ce par
l’espace de trois iours continus. Que
si le malade est suiet à quelque
crudité d’es omach, de sorte qu’il ne
puisse endurer le bain sans danger
-'t de syncope et d’autres accidens , il
luy conuiendra roborer et fortifier le
ventricule auec linimens d’huile de
coings, d’absinthe et de mastic, ou
bien luy apposer vne crouste de pain
aspergée de poudre de roses , de san-
dal , et de girofle , et de vin odorifé¬
rant, sur la région du ventricule, et
par derrière enuiron la treiziéme
vertebre du dos , où par l’intelligence
de l’Anatomie nous entendons res-
pondre la bouche de l’estomach.
Les epithemes luy doiuent estre
apposés sur le foye et sur le cœur,
à fin de temperer l’ardeur acre d’i¬
celles parties, et corriger leur siccité
par vne humidité raisonnable : c’est
pourquoy tels epithemes se prépa¬
rent auec choses froides et humec¬
tantes, mais plus humectantes que
froides , d’autant que ce qui est fort
froid coupe et ferme passage à l’hu¬
midité : à cela sont propres les eaux
de buglosse et de vielles iusques à vn
quarteron , auec quelques gouttes de
vin blanc. Mais ceux qui se font
d’orge mondé, de semence de courge,
de pompons, ou de concombres , ius¬
ques à trois drachmes de chacune en
la décoction , en y meslant par forte
agitation de l’huile de violles ou
d’amendes douces , sont plus excel-
lens que tous les autres. Le moyen
d’appliquer ces epithemes, est de
plonger des drapeaux dedans, et les
appliquer sur le cœur et sur les hy-
pochondres , les changeant d’heure à
autre à mesure qu’ils s’eschaufferont
sur la partie.
Quant aux clysteres , d’autant que
pour l’imbécillité de la faculté con-
coctrice , plusieurs excremens s’a¬
massent es corps des hectiques, il
sera vtile d’en vser sonnent tout le
long de la maladie ; on les préparera
de la décoction d’herbes, fleurs ^t se¬
mences réfrigérantes et humectantes,
sans y dissoudre autre médicament
que la casse auec le sucre, huile
violai, ou de nénuphar, et autres
semblables. Mais aussi de tant qu’à la
fleure hectique, quand elle est fort
aduancée, suruiennent des flux de
ventre fort pernicieux, qui sont signes
et marques de l’imbécillité de toutes
les facultés , et de la colliquation de
toute la substance du corps, il faudra
remedierpar choses réfrigérantes et
adstringentes , par alimens de grosse
substance, comme de riz, de pois
chiches, appliquant par dehors cho¬
ses qui adstreignent et roborent ,
donnant en outre à boire au malade
eau en laquelle de l’auoine ou de
l’orge rosti auront cuit.
Quant- au reste, il faudra traiter
le fébricitant le plus doucement que
l’on pourra , le tenant en perpétuel
repos , et le faisant le plus dormir
qu’il sera possible L
CHAPITRE XXXVI.
DES FIÈVRES SYMPTOMATIQVES , DE
LEVE DIFFERENCE ET CVRATION.
Aux fiéures essentielles sont oppo¬
sées les symptomatiques , qui ne sont
* Là finissait aussi le chapitre de 1575 ;
mais le livre des Playes de 1579 ajoutait les
trois paragraphes suivants, qui peut-être
ne méritaient pas l’oubli où ensuite l’auteur
les a laissés :
« L on dit que la liqueur des limaces
DES FI
pas des maladies premières , mais des
accidens qui suruiennenl à cause de
quelque maladie qui les précédé et
deuance. Car encore bien que la fié-
ure telle qu’elle soit, soit vnemaladie,
c’est à sçauoir vne intempérie chaude
et seiche , si est-ce loulesfois qu’on a
accoustumé de diuiser la fiéure en
celle qui est maladie, et en celle qui
est syinploine. ha fleure maladie, ou
comme nousauons dit, la fleure essen¬
tielle suruient sans qu’vne autre ma¬
ladie l’ameine et l’excite: maislaflé-
ure qui est symptôme est excitée par
vne autre maladie , ne plus ne moins
que les autres accidens, tels que sont
la douleur, les veilles, la soif, et cho¬
ses semblables. Doneques, tout ainsi
que quelque symptôme ou accident
de maladie suit ladite maladie tant
qu’elle dure, et s’esuanoüit à mesme
temps que la maladie cesse : tout de
blanches , prises et nourries és vignes, des
tortues nourries à la façon parauant expli¬
quée, au reste pillees et distillées en l’allam-
bic de verre in balneo Mariœ , baillee auec
syrop de pauot.de nénuphar ou eau de dé¬
coction de laictues et de poullet, est singu¬
lièrement bonne en la üéure hectique.
» Telle fiéure peut assaillir les petits en-
fans, ou pour quelque despit ou longue
crainte en laquelle ils auroient esté tenus,
ou auoir vne nourrice cholérique de nature
et de façon de viure, de laquelle pértant le
laict est trop chault et ardent : ou pour
(.stre nourris de vin , ou pour estre tenus
continuellement au soleil ; en ce cas il leur
faudra changer de laict de nourrice et fa¬
çon de viure en autre toute contraire , les
tenant en air chaud et humide temperé-
ment : les oindre d’huille violât, et faire à
peu près les choses cy douant expliquées
pour les refroidir et humecter.
» Que si la ficurc est compliquée d’hecti¬
que et putride, il faudra pareillement com¬
pliquer et accoupler les remedes pour l’vne
et l’autre intention , par bonne méthode. »
VRES.
mesme la fiéure symptomatique ne
vient qu’en suite de quelque maladie,
et s’en va aussi à mesme heure que
ladite maladie. C’est pourquoy ceste,
fiéure icy n’a point de propres indica¬
tions , comme a l’essentielle, les indi¬
cations de laquelle sont prises de
sa nature et de ses causes. Mais
celles de la symptomatique sont prises
de la maladie qui la produit, et de
là vient aussi que l’on nomme ceste
fiéure du nom de sa maladie, et non
de son nom propre, comme enseigne
Galien sur l’aphorisme septante-deux
de la quatrième section.
« Les anciens , dit-il, disoient que
« ceux estoienl malades de la fleure,
» qui sans aucune inflammation, sans
» abcès, sans douleur, sans erysipele,
» et pour le dire en vn mot , qui sans
)) aucune autre maladie remarquable
» se trouuoient affligés de fleure.
» Mais s’ils se trouuoient auoir la flé-
» ure , ou à cause de la douleur de
» costé, ou de poulmon, ou à cause de
» l’inflammation de quelqueautrepar-
» tie, ils ne les appeloient pas febrici-
» tans, mais pleuretiques, peripneu-
» moniques, hépatiques , et de pareil-
» les et semblables appellations. »
Ce n’est pas toutesfois que toutes
les fleures symptomatiques viennent
de nécessité de quelque inflammation :
il y en a encore d’autres : c’est pour¬
quoy ie m’en vais apporter toutes
leurs différences et especes. Les fié-
uresdonc symptomatiques sont prises
de trois chefs , ou de l’inflammation
de quelque partie, ou de l’obstruction ,
ou de la pourriture et corruption de
quelque partie noble.
Celle qui vient de l’inflammation
est double : car ou elle vient de l’in¬
flammation de quelque partie noble,
et voisine du edeur, ou dequelque par¬
tie ignoble , et qui est eslonguée du
12
111.
LE VINGTIEME LIVRE
178
cœur. Celle-cy est ephemere et ne
dure qu’vn iour, d’autant que la par¬
tie pour eslre eslongnée du cœur ne
peut rien eschauffer en luy, si ce n’est
les esprits qui se portent plus aisément
par les conduits destournés que ne
font pas les humeurs. L’autre fléure
qui vient de l’inflammation des parties
nobles et voisines du cœur est aussi
double ; car elle est ou pblegmoneuse,
queles Grecs disent ouery-
sipelateuse, que les mesmes Grecs ap¬
pellent EpuçiTttXaTuJyjî OU Celle
là se fait par vn vray phlegmon de
quelque partie, et celle-cy par l’ery-
sipele de la mesme partie. Par exem¬
ple, si les membranes du cerueau
s’enflamment par la corruption du
sang qui est au cerueau , il se fera
vne fléure symptomatique phlegmo-
neuse ; mais s’il se fait vne inflamma¬
tion ausdites membranes par la
corruption de la bile, la fléure symp¬
tomatique qui en sera excitée sera
appellée ou tÿphodes ou erysipelateuse.
Au reste ces fléures icy d’autant plus
sont-elles grandes, violentes, dange¬
reuses et périlleuses, que la partie qui
reçoit inflammation est noble et voi¬
sine du cœur ; car le cœur en reçoit
plus aisément et promptement les
mauuaises fumées et vapeurs qui s’en
esleuent continuellement.
La seconde fléure symptomatique
vient de l’obstruction qui est viue-
ment attachée à quelqu’vne des en¬
trailles, et telle fléure d’ordinaire est
lente : car c’est vn feu caché, et vne
pourriture secrette qui se glisse len¬
tement dans les veines, et à peine se
peut elle communiquer au cœur :
c’est pourquoy ceste fléure est si
douce et a des accidens si légers qu’à
peine le malade se persuade-il auoir
de la fléure ; bien qu’il soit assez aisé
au médecin prudent et aduisé de la
reconnoistre, par quelques signes de
pourriture qui apparoissent, et aux
vrines et au pouls. Quelques-vns
rapportent à ce genre de fléure celles
dont les cachectiques et les filles qui
ont les pasles couleurs sont trauail-
lées, lesquelles sont engendrées et
produites d’vne certaine pituite sé¬
reuse, qui se pourrit lentement dans
toutes les parties du corps où elle est
diffuse et espandue. D’autres aussi
mettent entre ces fléures icy , celles
qui sont produites parles vers, bien
qu’elles ayent des symptômes beau¬
coup plus violens que les fléures
lentes.
La troisième et derniere espece de
fléures symptomatiques, est prise de
la pourriture et corruption de quel¬
que partie de nostre corps qui est
noble et necessaire à la vie. Par exem¬
ple, toutesfois et quantes que le poul-
mon,le foye,la ratte se pourrissent et
se corrompent en leur substance ,
par la continuité des vaisseaux qui
sont insérés en ces parties là, il y a de
mauuaises vapeurs qui sont portées
au cœur, où ils allument vne fléure
lente continue, qui consomme peu
à peu le malade et le débilité de iour
en iour, et l’extenue tellement qu’il
en meurt à la fln : et ceste fléure icy
n’est point autre que symptomatique,
encore bien que quelques vns la vueil-
lent appeller hectique : mais en l’hec¬
tique, il n’y a point de pourriture , si
a bien en celle-cy ; c’estpourquoy elle
constitue la troisième espece des
symptomatiques.
Or la connoissance des fléures symp¬
tomatiques despend de leurs propres
signes. Celles qui se font à cause de
l’inflammation de quelque partie ,
Ise reconnoissent par l’inflammation
mesme, qui se donne assez à connois-
tre, tant par la douleur que par la
DES FIÏ^VRES.
lésion et affliction qu’elle donne à la
partie malade ; d’auantage ces fleures
n’ont aucuns accès périodiques, et ne
donnent aucune signiflcationde pour¬
riture dans les vrines, si ce n’est qu’il
suinte de la partie enflammée quelque
petite portion de pourriture qui se
mesle parmy le sang, et qui le cor¬
rompe. Bref telles fléures ne reçoi-
uent point de crises, ny au septième
iour,ny au quatorzième, mais se gué¬
rissent peu à peu à mesure que l’in¬
flammation se diminue.
Pour la fléure lente qui se fait de
l’obstruction, elle se reconnoist par
la tumeur ou dureté de viscères qui
sont estouppés : elle n’apporte au¬
cun grief accident, si ce n’est que peu
à peu elle oste les forces du malade,
luy fond le corps, et le rend maigre
encore qu’il se nourrisse bien. Elle
dure quelquesfois bien longtemps,
vu mois, deux mois, plus ou moins,
selon que l’obstruction est plus ou
moins opiniastre : le pouls du malade
est petit, foible, frequent, leger et
inégal.
Reste la fléure qui suit la corruption
des parties : celle-cy se reconnoist ,
parce qu’elle ne diminue nullement ,
ny par aucune purgation, ny par au¬
cune saignée : ains au contraire elle
s’aigrit et augmente à veuë d’œil. Elle
donne des défaillances de cœur, et
peu à peu elle amaigrit tellement le
malade et le débilité, qu’elle Poste
hors de ce monde. Il faut au reste
prendre garde quelle est la partie qui
se corrompt, si c’est le poulmon, le
foye, la ratte, l’estomachjles reins, le
mesentere, la matrice : car par ce
moyen vous entrez en sa connoissance.
Cecy eslabli, venons à la cure de
ces fléures symptomatiques. Celle qui
suit les inflammations se doit trai¬
ter comme l’inflammation mesmo ,
‘79
et comme les autres fléures que nous
auons dit estre des intempéries chau¬
des et seiches. C’est pourquoy le re -
gime de viure doit estre rafraichis-
sant et humectant , en s’abstenant
tout à fait de vin et des choses qui
peuuent augmenter l’inflammation.
Il faut commencer les remedes par
la saignée, laquelle est si necessaire
en ce mal icy, que si elle n’est faite et
promptement et competemment, ou
le malade meurt bien tost , ou il se
fait vn abcès, qui quelquesfois est
mortel, quelquesfois est de tres-lon-
gue durée. Cependant on fera vser au
malade dejuleps et apozemes refri-
gerans, qui ont la force et la vertu de
reprimer la ferueur de la bile, et au¬
tres humeurs ardentes et boüillantes
qui fomentent le mal. Use faut bien
donner de garde de purger le malade
du commencement, voire mesme tant
qu’il y aura soupçon d’inflammation :
car il faut craindre d’irriter la partie
malade , de l’eschauffer, et de luy
transporter de nouueau demauuaises
humeurs. Lors mesme qu’il sera temps
de purger, il faut se seruir de purga¬
tifs doux et bénins, et fuir les violens,
et ceux qui reçoiuent la scammonée.
Il ne faut nullement parler de vomi¬
tifs, d’autant qu’ils sont tres-perni-
cieux aux inflammations. En vn mot on
se doit con tenter presque durant toute
la maladie de clysteres, de la saignée,
et remedes alteratifs rafraichissans
et humectans : ayant toutesfois tous-
iours esgard à la partie enflammée
pour luy appliquer les remedes pro¬
pres , comme les bechiques au poul¬
mon, les epithemes au foye et à la
ratte, et ainsi des autres.
Pour les fléures lentes symptonaa-
tiques qui viennent de l’obstruction
ou du foye, de la ratte, il faut se ser¬
uir d’vn régime de viure qui soit in-
LE VINGTIEME LIVRE
180
cis'if et altenualif , préparant des
bouillons de poullets auec racines de
persi!,defonoüil,de câpres, d’orge, et
autres diurétiques : il faut euiter les
alimens visqueux et grossiers , toutes
sortes de legumes, et autres viandes
flatulentes et lerreslres. La boisson
ordinaire doit cstre préparée auec
orge, chiendent, racines d’ozeille et
de cichorée saunage, de dent de lion,
meslant quelquesfois vu peu de vin
blanc qui est apéritif et diurétique.
Entre les remedes la saignée lient le
premier lieu, qui oste et desgagepuis •
saniment les obstructions, et en outre
descharge la nature d’vne portion
des humeurs qui Faffoiblissent, et qui
diminuent la chaleur naturelle. Les
clysteres delersifs doiuent eslre sou-
uent vsités, cependant que l’on pré¬
paré les humeurs auec juleps et apo-
zemes qui ouurent, desbouchent,
incisent et atténuent sans excessiue
chaleur, et que par inlerualle on cor¬
robore les entrailles, lantosl auec l’e-
iecluairede (riasantali, tantosl auec
les trochisques d’aigremoine, ou bien
auec poudres, condits, tablettes, et
opiates conuenables. Après cela il fau¬
dra purger doucement et fréquem¬
ment le corps, ayant tousiours esgard
la partie qui est estouppée, comme
au foye ou à la ralte : pour selon ceste
indication mesler les medicamens qui
ont plus de familiarité auec la partie
affectée. Bref ilne faut rien obmettre
des choses qui ont la force de des¬
boucher, d’ouurir, d’inciser, d’alte-
nuer, et de desgager les obstructions.
En fin les fiéures symptomatiques
qui viennent de la corruption des par¬
ties nobles reçoiiient assez de reme-
despallialifs, mais elles n’en peuuent
auoir qui les puissent entièrement
guérir. H en faut mourir tost ou lard,
veu qu’jl est impossible de restituer
vne partie noble qui aura esté vne
fois corrompue : l’axiome du philoso¬
phe estant tres-vray, qui dit qu’il n’y
a point de retour de la priualion à
l’habitude. Il faudra donc se conten¬
ter du prognoslic, et prescrire au ma¬
lade le meilleur régime de viure que
faire se pourra : que s’il estoit tra-
uaillé de quelques violens symptô¬
mes, il faut tascher à les adoucir les
mieux qu’il sera possible, et du reste
n’esperer autre issue de la maladie
que la mort.
CHAPITRE XXXVII.
DES FIEVRES EXTRAORDINAIRES.
N ostre première diuision des fiéures
a esté en ordinaires et extraordinai¬
res, dont les premières ont esté expo¬
sées iusques icy. Restent donc les
extraordinaires seulement, qui pour
le dire sainement, ne sont point nou-
ueiles différences et especes de flé-
ures, ains sont les mesmes que nous
allons expliquées, mais qui ne sont
pas seulement accompagnées de leurs
symptômes et accidens ordinaires ,
mais aussi d’autres qui sont plus
estranges et plus extraordinaires , et
pour la pluspart tous dangereux et
mortels. A ces fiéures icy ie rapporte
toutes celles que l’on appelle mali¬
gnes, pestilentielles, contagieuses, pur-
purées, les tierces quolidianes et quar¬
tes pestilentielles, ïephemere des An¬
glais, que l’on appelle i’<îpovoî;<rov, les
fiéures epidemiques accompagnées de
coqueluche, de pleuresie, péripneu¬
monie, dysenterie pestilentielles et
contagieuses : bref toutes celles qui
ont quelque malignité extraordinaire,
desquelles toutesfois ie ne pretens
point en ce discours parler plus am¬
plement, d’autant qu’icelles fiéures
se peuuent commodément rapporter
à la peste, de laquelle nous auons fait
vnliure particulier ». C’est pourquoy
1 II renvoyait déjà pour le même objet à
son livre de la Pesie dans le traité des Fié¬
ures de 1575. Voyez ci-devant la dernière
note du chapitre 13.
ce seroit chose superflue que de vou‘
loir derechef ra’eslendre sur ce suiet :
qu’on ait recours à mon discours par¬
ticulier, et on trouuera dedans assez
de matière pour contenter l’esprit
curieux du chirurgien. Et que cecy
suffise pourla première partie du dis¬
cours des fiéures, l’ordre nous appel-
lant à la seconde partie.
SECONDE PARTIE
DV DISCOVRS DES FIEVRES
TOVCHANT LEVRS SYMPTOMES.
CHAPITRE I.
DE LA DIVLSION DES SYMPTOMES,
ET SVITE DE CE DISCOVRS.
Il n’y a point de maladies qui ne
soient suiuies et accompagnées de
quelques symptômes, tout ainsi que le
corps est suiui de son ombre. Mais
entre toutes les maladies , il n'y en a
point qui en ayent de plus frequens, de
plus violens et de moins supportables
que les fléures, d’autant qu’estant
maladies vniuerselles et communes
à tout le corps, elles peuuent en tous
endroits d’iceluy produire de mau-
uais accidens. C'est pourquoy ce n'a
pas esté sans raison que nous auons
diuisé le traité des fléures en deux
parties, la seconde desquelles nous
auons destinée à l’explication de leurs
symptômes. Car encore bienqu’iceux
n’ayent aucune propre indication, et
qu’ils se dissipent et s’esuanoüissent
à mesure que les fléures cessent et
finissent, ce qui semble nous persua¬
der qu’il ne leur faut autres remedes
que ceux qui sont ordonnés aux flé-
I Toute cette deuxième partie est neuve,
c’est-à-dire qu’il n’en avait rien paru dans
les œuvres publiées par l’auteur lui-même.
Nous n’aurons donc qu’à suivre scrupuleu-
sementle texte de l’édition posthume de 1628.
ures. si est-ce toutesfois qu’ils sont
quelquesfois si violens , si fascheux et
insupportables auxfebricitans, qu’ils
obligent les . malades à demander
quelque soulagement, et forcent le
médecin de leur trouuer et appliquer
des remedes. Outre qu’il est Ires-cons-
tant et asseuré que les symptômes
quelquesfois sont causes de nouuelles
maladies, bien qu’ils ne soient que
les effets d’icelles : mais ils sont
effets des premières maladies, et sont
causes de quelques maladies secon¬
des qu’ils excitent : par exemple , le
déliré n’est qu’vn effet de l’intempe-
rie chaude et seiche de tout le corps :
mais si ce déliré perseuere, il apporte
la phrenesie , et est cause d’une in-
flamihation qui se fait au cerueau ,
qui est vne nouuelle maladie. D’au¬
tant doncques que les febricitans se
plaignent plusiost des symptômes
que de la maladie, et aussi à fin d’em-
pescher leurs mauuais effets, i’ay
trouué à propos de donner quel¬
ques remedes pour leur soulage¬
ment, que toutesfois ie modereray tel¬
lement , qu’ayant esgaid aux symp¬
tômes, ie ne laisseray pas tousiours
de bulei; premièrement et principa¬
lement à la cure et guérison des flé¬
ures dont ils sont accidens et effest.
Or à fin de garder quelque ordre en
ce discours, nous prendrons celuy des
DES FIEVRES.
symptômes , que les médecins appor- i
tent en la pathologie , qui est qu’ils I
diuisent les symptômes en trois chefs,
sçauoir :
1. En ceux qui appartiennent à
l’action lesée:
2. En ceux qui dépendent de l’a-
metric des excremens :
3. En ceux qui suiuentla simple af¬
fection du corps.
N ous pareillement , et à leur exem¬
ple, parlerons des symptômes des
fleures qui appartiennent à l’action
lesée, tels que sont la douleur, les
veilles, l’assoupissement et sommeil
profond , le déliré , la conuulsion , la
paralysie, resbloüissementde la veuë,
la surdité , la difficulté de respirer, la
toux , la difficulté d’aualler , le de-
i83
goust , la nausée , le sanglot , le vo¬
missement, la soif desreglée , la lipo¬
thymie et syncope. En second lieu
nous ferons mention des symptômes
qui suiuent l’ametrie des excremens ;
comme sont, le flux de vcnire , la du¬
reté de ventre, la suppression d’vrine,
le flux excessif d’vrine, les sueurs
immodérées , et le flux de sang. En
troisième lieu nous rencontrerons les
symptômes qui appartiennent à la
simple affection du corps, telle qu’est
la iaunisse, la seicheresse et noirceur
de la langue, la froideur des extré¬
mités du corps, l’excessiue chaleur, la
tension des hypochondres. Voila l’or¬
dre que nous tiendrons, duquel tu
vois le racourcissement en la table
suiuante.
Les symptô¬
mes des fléures'N
sont pris ou
La douleur.
Les veilles.
L’assoupissement et sommeil profond.
Le déliré.
La conuulsion.
La paralysie.
L’csblouissement de la veuë.
De l’action le- La surdité,
sée, tels que/ La difficulté de respirer,
sont La toux,
La difficulté d’aualler.
Le degoust.
La nausée.
Le sanglot.
Le vomissement.
\ La soif desreglée.
'La lipothymie et syncope.
!Le flux de ventre.
La dureté de ventre.
La suppression d’vrine.
Le flux excessif d’vrine.
Les sueurs immodérées.
^ Le flux de sang.
, La iaunisse.
De la simple/ j geicheresse et noirceur de lâ langue, chap.
I affection dut ^ ^ ivoideur des extrémités. cl'“P-
^ corps, tels quej L’excessiue chaleur.
( La tension des hypochondres. chap.
chap. 5
chap. ;
chap. ^
chap. 1
chap. I
chap. '
chap.
chap. '
chap. 1
chap. 1
chap. 1
chap. 1
chap. 1
chap. 1
chap. 1
chap. 1
chap. ]
chap. 1
chap. 5
chap. i
chap.
chap.
chap.
23.
24.
chap. 25.
i84
LË VlNGTllÉME LIVRE,
CHAPITRE II.
DES SYMPTOMES DE l’ ACTION LESEE :
ET PREMIEREMENT DE LA DOVLEVU.
Entre tous les symptômes des flé-
ures, il n’y a point de si frequent et
de plus importun que la douleur :
c’est pourquoy nous la mettons icy
au premier rang. Or ladouleur qu’ap¬
porte la fiéure est principalement, ou
à la teste, ou à l’estomach , ou au
yentre , ou aux lombes , ou aux cuis¬
ses et aux iambes.
Pour la douleur de teste, peu de fe-
bricitans en sont exempts, et s'atta¬
che particulièrement aux temples, au
front , et au deuant de la teste; celle
qui vient au sommet et derrière de la
teste ou à l’entour des oreilles venant
plutost d’autre cause que non pas de
la fiéure. Au reste, la fiéure donne la
douleur de teste , par le moyen des
fumées et vapeurs qui sortans du
foyer delà fiéure contenu dans la pre¬
mière ou deuxième jegion du corps,
sont portées au cerueau par les vei¬
nes et arteres et autres conduits.
Quand ceste douleur est legere, elle
ne mérité pas que l’on fasse autres re-
medes que ceux que l’on donne pour
la fiéure ; mais si elle est importune
et violente, après les clysteres et les
saignées, on pourra faire quelques re-
raedes topiques, frottant les tempes et
le front d’oxyrhodinum préparé auec
huile rosat, et la 7. ou 8. partie de
vinaigre: ou bien on prendra quatre
onces d’eau rose, vue once de fueilles
de saule ou de fleurs de violles et de
nénuphar, six drachmes de vinaigre
rosat, le blanc d’vn œuf, qu’on agite¬
ra et meslera ensemble, pourfaire vn
frontal à mettre sur lesdites parties.
Que si ces choses ne suffisent à ap-
paiser la douleur, on peut raser la
teste et la frotter souuent dudit oxy-
rhodinum, ou mettre dessus vn linge
trempé en eau de rose, de plantain, de
betoine , de morelle, et autres de pa¬
reilles vertus. Quelques vus aiment
mieux se seruir de cest onguent, pré¬
paré auec deux onces d’huile vio¬
lât et de nénuphar , vne once et de¬
mie d’huile tirée de la semence de
courge, vne once de suc de laictue et
de morelle, auec vn peu de cire pour
luy donner corps. Que si le malade
ne peut endurer les choses liquides ny
mouillées , on luy fera ce frontal sec ,
prenant :
“if. Fleurs de nénuphar et violles, de chacune
deux drachmes :
Vne drachme et demie de fleurs de cha-
momille et de melilot:
Vnedrachmeetdemie degraine d’ozeille,
de pourpié et de laictues :
Deux scrupules de graine de pauot hlanc
et de psjUium :
Fleurs de roses de Prouins 3. drachmes.
Qu’on mesle le tout en poudre pour
enfermer en vn sachet de tafetas de
iuste grandeur bien piqué , à mettre
sur le front et sur les temples, après
qu’on l’aura arrousé du costé qu’il
doit toucher la chair d’eaux de pour¬
pié, de laictues , d’ozeille , de violles,
de nénuphar , de morelles et autres
semblables, le liant fermement , à fin
d’empescher d’autant plus les fumées
démonter au cerueau.
D’autres prennent :
Fueilles seichées de marjolaine , de
sauge, de melisse, et de betoine, de cha¬
cune 2. ou 3. drachmes.
Du calamiis aromatique, souchet et ga-
langa menu, de chacun vne drachme.
Noix muscade, macis, schœnanthe, graine
d'alkermes, et roses rouges, de chacune
demie drachme.
DES FlivRES.
Ils réduisent le tout en poudre, dont '
ils font vn frontal; qui sert à digérer
et résoudre les fumées qui ne vien¬
nent pas d’humeurs si boüillantes et
eschauffées.
La douleur est quelquesfois si opi-
niastre qu’il faut venir aux ventou¬
ses scarifiées et sans scarification ,
qu’on applique sur les espaules , et
qu'on réitéré plusieurs fois: ou bien
aux vésicatoires, qui par l’attraction
qu ils font, donnent air aux fumées
enfermées dans le cerueau , et en ti¬
rent en outre bonne quantité de sé¬
rosités. Si cela n’y fait rien , les iuleps
somnifères sont excellons , veu que
par le sommeil qu’ils apportent ils ra¬
fraîchissent puissamment le cerueau ,
et hebetent ia chaleur et furie des va¬
peurs les plus bouillantes : de ces iu¬
leps icy nous en parlerons cy après, au
chapitre des veilles immodérées,
le viens à la douleur d’estomacb ,
que les Grecs appellent Cardialgiam ,
qui est excitée de quelque humeur
acre et piquante , laquelle blesse et
offense l’orifice supperieur de l’esto-
mach, que les Médecins appellent
xapcîtav. Cette douleur est grandement
sensible , et apporte quelquesfois auec
elle la nausée , le sanglot , le vomisse¬
ment, à cause que la partie affligée est
grandement nerueuse: c’est pourquoy
les febricitans se plaignent souuent
au médecin de cesle douleur. Il faut
à cest accident icy les choses qui peu-
uent hebeter l'acrimonie de l’hu meu r ,
et qui peuuent la rafraicliir , tels que
sont les syrops violât, de limons , de
grenades, de berberis, de agresta ,
qu’on prendra seuls ou délayés en
eau ou décoction d’endiue, de sca-
riole , d’ozeille , de cichorée sau¬
nage, de pourpié, de laictue: ou bien
dans l’eau de décoction d’orge , des
quatre semences froides , grandes ou
i85
petites, de fleurs de vielles, de bu-
glosse , de bourrache , de nénuphar.
On peut aussi ordonner les conserues
de nénuphar, de violles, de roses, de
buglosse : comme pareillement quel¬
ques poudres qui puissent boire les
sérosités bilieuses qui sont dans le
ventricule, sans toulesfois eschauffer,
comme sont la poudre des coraux, do
perles préparées, de racleure de corne
de cerf et d’yuoire, de coriandre, de
spodium , et autres de pareilles ver¬
tus, desquelles on pourra mesme pré¬
parer des tablettes auec sucre dissout
en eau de buglosse et de laictue , ou
des opiates stomachales. Nous en di¬
rons d’auantage aux chapitres du vo¬
missement et de la syncope.
Souuent il suruient aux febricitans
des douleurs de coliques, qui sont
excitées ou par humeurs acres et es-
chauffées, ou bien de quelques vents
et flatuosités qui errent et vaguent
par les intestins. A ces premiers, il
faut toutes choses réfrigérantes ,
comme clysteres, iuleps, apozemes ,
epithemes , linimens. On préparé les
clysteres auec le lait clair, fueilles de
vignes, de laictue, de pourpié, de
fleurs de nénuphar, de concombre
coupé par tranches, de semence,
froides : on délayé dedans le miel vio¬
lât, l’huile violât, casse mondée:
quelquesfois quand les douleurs sont
violentes , syrop de pauot , pilules de.
cynoglosse, theriaque recente, cam¬
phre, et autres. Les iuleps et apozemes
sont faits d’herbes , de fleurs et de se¬
mences rafraîchissantes; on délayé
dedans les syrops de limons , de viol¬
les , de nénuphar, de pauot appellé
diacodion. On donne aussi par fois le
petit laict en grande quantité cuit et
clarifié, ou bien quelques émulsions
rafraichissantes. Les epithemes doi-
uenl continuellement estre appliqués
l86 LE VINGTIÈME LIVRE,
sur Ig ventre, faits d’eaux de morelle,
d’ozeille.de buglosse, de plantain,
de roses , meslées auec vinaigre rosat
et quelques poudres astringentes ,
pour conseruer les forces du foye et
delà ralte. Les linimens se font d’hui¬
les de nénuphar , rosat, violât, om-
phacin, cerat santalin, onguent ro¬
sat de Mesué , auec vn peu de vinai¬
gre rosat. Que si cela ne profite , on
donne le demy-bain malin et soir, qui
est vn excellent rernede contre ces
coliques d’humeurs bilieuses.
Que si ces douleurs sont excitées
par des ventosités , on fera des clys-
teres detersifs et résolutifs préparés
auec maulues , aigremoine , son , or¬
ge , betoine , fleurs de chamomille et
de meiilot , semence de lin , de fœnu-
grec , de fenoüil , d’anis , de figues
grasses : délayant dedans miel mer-
curial ou d’anthos , electuaire lenitif,
diaphœnic , sucre rouge , auec huiles
de chamomille, de noix, de rue et au¬
tres. On applique aussi sur le ventre
fomentations faites de décoction des
qu atre emollien tes, de betoine, de mar¬
jolaine, de calament, de fleurs de cha¬
momille et meiilot , de semence d’a-
neth et de fenoüil , qu’on fait cuire
dans moitié eau et moitié vin blanc.
On fait aussi des sachets de millet ,
d’auoine fricassée, de son, de paritoire
aussi fricassée auec beurre frais. Les
huiles de rué , de iasmin, de chamo¬
mille , de lin , de noix muscade ser-
uent à faire les linimens. On fait aussi
des poudres à prendre par la bouche
auec coriandre , fenoüil , perles pré¬
parées , canelle , poudres de l’elec-
tuaire de gemmis et diarhodon abba-
tis, que le malade prend à certaines
heures du iour.
Les douleurs des lombes et de la
région renale prouiennent de la
grande chaleur qui est contenue dans
la grande artere, et la veine eau®
descendante, à cause du sang qui
bout dedans : à ces douleurs on or¬
donne l’oxyrhodinum pour frotter les
lombes, l’oxycrat appliqué auec des
linges, les linimens de suc de laiclue et
de blanc d’œuf, de populeum , et do
cerat de Galien, auec les sucs de mo¬
relle, de ioubarbe, et vn peu de
camphre. On fait fomentations auec
eaux de laictue, plantain, morelle, ro¬
ses , pourpié , vinaigre rosat , et cam¬
phre. On met sous le malade vnepiece
ou de marroquin, ou de camelot, ou de
bougranj estofifes qui ne retiennent
que bien peu la chaleur. Autres font
mettre sur les lombes, ou fueilles de
vigne , ou tranches de melons et de
concombres. On donne des iuleps ou
émulsions rafraîchissantes, et des or¬
ges mondés, Vn grand rernede, ce sont
les clysteres emollieris et rafraichis-
sans et doucement purgatifs, à fin
d’oster d’alentour des reins vne quan¬
tité d'ordures qui croupissent ordi¬
nairement dans le ventre, et qui es¬
tant Ame fois eschauffées apportent
ces importunes douleurs de reins.
La douleur de cuisses et de iam-
bes est souuent bien importune aux
febricitans, qui se sentent auoir les
os comme brisés ; à peine peuuent-ils
se remuer , et mesme endurer que la
couuerture du lit les louche : autres-
fois ils ont des lactations et agitations
fascheuses , pour ne pouuoir trouuer
aucune bonne place. Or ces douleurs
viennent quelquesfois de l’ardeur de
la fiéure , qui enflamme les esprits et
les humeurs qui sont esparses parmy
les parties cutanées et musculeuses ;
autresfois elles arriuent par l’etTusion
d’ vue humeu r sereu se, acre et bilieuse,
qui se iette ou dans les espaces vuides
des muscles , ou sur le périoste , qui
est la membrane qui enueloppe les
DES Fi:ÉVRES,
OS. Pour les agitations, iactatioiis et
alysme , elles prouiennent ou des es¬
prits enllammds qui se iettent çà et là,
selon qu’ils sont poussés et chassés
par l’ardeur de la fléure, ou bien
d’vne quantité d’humeurs bilieuses ,
chaudes et acres , qui pour estre dans
les veines ou à l’entour des entrailles
toutes bouillantes et furieuses , cher¬
chent vn plus grand lieu que celuy où
elles sont enfermées et trop serrées ,
d’où vient qu’elles pressent le dia¬
phragme , le cœur et les poulmons ,
ce qui fait que le malade estoutfe et
ne peut trouuer de place à son aise,
A ces lactations , ie ne trouue point
meilleurs remedes que ceux qui sont
ordonnés à la fiéure, les saignées fre¬
quentes, les clysteres réitérés, les fo¬
mentations, les iuleps: et quand le
mal le permet, les purgations , vomi¬
tifs et aulres.
Aux douleurs de membres, prin¬
cipalement des cuisses et des iambes,
on fait des frictions douces , des lini-
mens auec huile d’amandes douces ,
de nénuphar , rosat , violât, y adioiis-
tant tant soit peu de celle de lis et de
chamomille, pour résoudre et ouurir.
On fait des décoctions partie réfrigé¬
rantes, partie resolutiues, pour fo¬
menter auec bons linges les parties
dolentes. On fait des lauemens de
pieds et de iambes auec eau tiede
simplement, ou auec décoctions de
chamomille, de melilot et nénuphar,
de fueilles de vignes, de lalctue, et au¬
lres semblables. On descharge aussi
les iambes par l’application d’vne
quantité de sangsues : bref on fait sa¬
chets, linimens, bains, onguens, fo¬
mentations, lesquels n’ont pas quel-
quesfois tant de force qu’aura quel¬
que iulep somnifère , qui par le som¬
meil qu’il apportera, appaisera tout
d’vn coup telles douleurs.
187
CHAPITRE lir.
des veilles IMMODEREES.
S’il y a chose qui après la douleur
abbalte les forces d’vn fébricitant , ce
sont les longues veilles et immode
rées , qui quelquesfois viennent de la
violence des douleurs, quelquesfois
d’vne grande seicheresse du cerueau,
qui est causée par des humeurs ou va¬
peurs chaudes et seiches.
Les veilles que la douleur apporte
sont ostées par les mesmes remedes
qui assoupissent la douleur ; celles
qui viennent de seicheresse du cer¬
ueau doiuent estre empeschées par
remedes contraires , c’est à dire par
ceux qui rafraichissent et humectent.
On fera donc des frontaux auec huile
rosat , eau rose, vinaigre rosat, et vn
blanc d’œuf meslés ensemble : ou bien
auec conserue de betoine , de nénu¬
phar , de violes , de roses , et l’on¬
guent populeum.^Il faudra rafraîchir
la chambre du malade auec herbes
rafraîchissantes , et l’arroser d’eau
froide : il faudra faire tomber de l’eau
de haut en vn bassin, à fin que le petit
bruit et murmure qu’elle fera induise
le malade à dormir. Que les iuleps et
apozemes soient rafraichissans et hii-
mectans , et pour ce on les préparera
auec décoction de laictue, pourpié ,
ozeilIe,buglosse, bourrache, semences
froides grandes et petites, fleurs de viol-
lesel denenuphar, délayant dedans les
syrops de nymphéa , de pauot , pour¬
pié , de courge : dans trois ou quatre
onces de décoction on pourra mettre
vno once, dix drachmes, ou vne once
et demie de diacodion, pour chaque
dose qu’on donnera sur les dix heures
du soir.
LE VINGTliME LIVRE
Lors qu’on donnera des iuleps
hypnotiques , on ne mettra pas des
topiques à l’entour de la teste : U se
faut contenter des vns ou des autres ,
de peur de trop assoupir le malade.
Les topiques plus doux sont huile
violât, de nénuphar, de courge, les
sucs delaictue, decichorée, d’ombilic
de Venus , de morelle. L’huile de pa-
uot, le suc deiusquiame ou de man¬
dragore l’opium, sont plusdaugereux.
On préparé des boüillons somnifères
auec force laictues qu’on fait bouillir
dedans, et quatre, cinq, six, huit testes
de pauot blanc , plus ou moins selon
les forces du malade et la continuité
des veilles : et tels boüillons sont ex¬
cellons et de grand profit. Galien con¬
fesse que l’usage des laictues luy os-
toit les douleurs de teste et luy
apportoit le sommeil.
Quelques vns préparent vne es-
ponge hypnotique , comme reraede
tres-aisé et souuerain : ils font bouil¬
lir jdes fueilles de laictues, de pour-
pié, de morelle, de lentille aquatique,
d’ombilic de Venus, de chacune deux
poignées ; fueilles de saule et de vi¬
gne, de iusquiame, de mandragore, et
de pauot blanc , vne poignée de cha¬
cune. Ils prennent vne liure de ladite
décoction, etyadiouslent dix onces de
suc de laictue, et vne drachme d’o¬
pium. Cela fait, ils font tremper et ma¬
cérer deux ou trois fois vne esponge
qu’ils font seicher à l’ombre. Quant ils
s’en veulent seruir, ils la trempent
dans ladite décoction, et la font sentir
toute tiedeau fébricitant, ou bien luy
appliquent aux temples et sur le de-
uant de la teste.
Ils font aussi grand estât d’vne
emplastre hypnotique, qu’ils font
auec :
Vne once et demie de racine de man¬
dragore :
Vne demie once de graine de psyllium
et de coriandre préparée :
Deux drachmes de testes de pauot blanc :
Demie drachme d’opium :
Et meslent et amollissent le tout auec
huile de nénuphar, et de pauot, et en
font vne emplastre. Mais pour dire la
vérité, ie ne trouue pas beaucoup de
seureté à ces remedes extérieurs , et
ne les voudrois ordonner qu’à ceux
qui abhorrent les iuleps, lesquels ie
préféré aux autres remedes pour con¬
trarier non seulement aux veilles ,
mais aussi à la fléure qui excite les
veilles. Mais d’autant qu’il n’est pas
à propos de donner tousiours des hyp¬
notiques , il faut recourir souuent
aux bains des pieds et des iambes,
qu’on peut faire ou auec l’eau tiede
seulement , ou auec la décoction de
fueilles de saule, laictue, nénu¬
phar, maulues, violes, testes de pauot
blanc, pourpié, morelle, chair et se¬
mence de courge, dans laquelle quel-
quesfois on peut adiou ster vn peu de
vinaigre blanc.
CHAPITRE IV.
DE l’aSSOVPISSEMENT ET SOMMEIL
PROFOND.
L’assoupissement est contraire aux
grandes veilles, et tous deux sont
contre nature : voire mesme que l’as-
so’upissement quelquesfois suruient
aux febricitans en suite des grandes
veilles , après leur auoir ordonné
trop inconsidérément les narcotiques
et somnifères : mais nous ne parlons
point de cest assoupissement là , ne
croyant pas qu’il y ait aucun sage et
prudent médecin qui face ceste faute :
il n’y a que les empiriques et igno-
BES FIlIVRES.
rans qui, pour n’auoir aucune con-
noissance, ny delà maladie, ny du
tempérament et des forces du malade,
peuuent ielter les febricitans en ce
danger. Nous parlerons donc de l’as¬
soupissement qui suruient aux fleures,
qui se reconnoist en ce que les mala¬
des se resueillent à peine, et estans
resueillés retombent au sommeil tout
incontinent.
Tel sommeil contre nature est exci¬
té de quelques mauuaises et malignes
vapeurs qui se congèlent aucunement
dans le cerueau, et s’y espaississent
en partie : cependant que celles qui
sont les plus ténues, desliées et lé¬
gères se dissipent tout à fait. Il y a
des liéures qu’on appelle soporeuses ,
à cause qu’elles apportent tousiours
auec elles de grands assoupissemens:
et cela vient de ce que y ayant quan¬
tité de pituite à l’entour des entrailles,
l’ardeu r de la liéure venant à la fondre
et liquefler, enuoye grande abon¬
dance de vapeurs crasses et espaisses
au cerueau , lesquelles par après se
resoudent et conuertissent en humeurs
qui apportent l’assoupissement.
Quand on voit ces grands assou¬
pissemens, il faut resueiller le fébri¬
citant, tanlost auec les choses qui
puissent eschauffer les esprits ani¬
maux engourdiset gelés, tantost auec
celles qui resueillent la paresse de la
vertu expultrice , tantost auec celles
qui atténuent , incisent et euacuent
la pituite qui abreuue le cerueau.
C’est pourquoy on agitera le malade
çà et là , on luy fera des frictions for¬
tes et dures, que l’on continuera
longtemps , on parlera souuent à
luy , on luy fera des ligatures dou¬
loureuses aux bras et au dessus des
genoüils, on le pincera, on luy tirera
les che)ieux , on le vcntousera auec
scarifications profondes , on luy met-
189
tra des vésicatoires en diuers endroits,
entreIesespaules,derrierelesoreilles’
et au sommet de la teste. On luy don¬
nera des clysteres acres et piquans.
On luy mettra du castoreum dissout
auec fort vinaigre dans les narines ,
sans oublier les sternutatoires et mas¬
ticatoires. L’on loué fort en ceste
extrémité la confection dite anacar-
dina, dissoute auec vinaigre scilli-
tique. Si tout cela ne profite, à peine
trouuera-on d’autres remedes.
CHAPITRE V.
DV DELIRE OV RESVERIE.
Il y a deux sortes de déliré et de
resuerie ; l’vne qui est essentielle , et
qui vient de l’inflammation des mem¬
branes du cerueau , et l’autre n’est
que symptomatique. Nous n’enten-
tendons point parler de la première ,
mais seulement de la seconde, qui est
excitée par des vapeurs et fumées
chaudes et acres, qui sont enuoyées
au cerueau des parties inferieures où
est allumée la fiéure. Ce déliré icy
quelquesfois n’est que passager, et
paroist durant la vigueur des accès
des liéures intermittentes : autresfois
il est fixe et permanent , et pour lors
il est à craindre qu’il n’ameine la
phrenesie. Au reste, il est parfois
gay et ioyeux : quelquesfois serieux et
seuere , et pour lors il est plus à
craindre : car c’est signe qu’il se fait
de vapeurs beaucoup plus noires et
plus acres.
Quand nous voyons la resuerie
des febricitans perseucrer , il faut
promptement recourir aux remedes.
On aura donc recours aux clysteres
acres, aux frictions, aux ligatures
LE VmGTÏiéME LIVRE ,
190
des cuisses, aux bains des pieds et des
iambes , à la saignée le pied en l’eau ,
que les Arabes recommandent comme
vn remede tres-propre à ce mal. Ce¬
pendant on ne négligera point les to¬
piques, comme frontaux rafraichis-
sans et humectans, embrocations auec
oxyrhddinum sur toute la teste qu’on
rasera auparauant, les ventouses
sur les lombes et sur les espaules auec
scarification, les sangsues, la saignée
des veines des temples , l’ouuerture
de l’artere qui est tout contre les
oreilles , les cochets ou ieunes coqs
blancs fendus en deux par le dos, et
appliqués tous chauds sur la teste
trois heures durant : les poulmons
tous chauds des ieunes aigneaux ou
chéureaux tués sur l’heure, pareille¬
ment appliqués sur la teste, et infinité
d’autres remedes. le loué grande¬
ment enlre les principaux les choses
qui font dormir, tant à cause que
d’ordinaire les veilles accompagnent
le déliré, que pour autant que le
sommeil est souuerain refrigeratif du
cerneau.
CHAPITRE TI.
DE LA CONVVLSION ET lECTIGATlON.
La iectigation qui vient aux fiéures
est vn tremblement et tressaillement
que l’on sent au pouls du malade ,
qui monstre que le cerueau qui est
l’origine des nerfs est attaqué , et en
outre menacé de quelque conuulsion.
Or cest accident, aussi bien que la con¬
uulsion qui suruient aux fiéures, ne
vient pas à cause de quelques ventosi¬
tés ou humeurs crues et pituiteuses
qui occupent les parties nerueuses,
mais de l’ardeur et trop grande sei-
cheresse desdites parties , qui est in¬
troduite par la fiéure et les humeurs
mesmes acres et mordantes qui sont
cause de la fiéure. Mais il faut remar¬
quer qu’à proprement parler, ceste
conuulsion icy n’est qu’vne image de
la vraye conuulsion, autrement nous
y chercherions des remedes en vain :
veu que la vraye convulsion qui vient
de la desiccation des parties nerueu¬
ses est tout à fait mortelle. Cest acci¬
dent icy donc, parlant proprement ,
n’est qu’vn tressaillement et trem-
blottement des parties nerueuses,
causé et excité par la seicheresse que
la fiéure apporte.
C’est pourquoy premièrement il
faut tascher à vuider vne partie des
humeurs morbifiques qui entretien¬
nent la fiéure , et empescher qu’elles
ne soient transportées au cerueau :
or cela se fait commodément auec
clysteres vn peu acres , tels que nous
en auons ordonné au déliré, ensemble
la saignée des pieds , après celle des
bras qu’on aura faite à raison de la
fiéure En second lieu , il faut rafraî¬
chir et humecter le cerueau , qui est
la source et l’origine des parties ner¬
ueuses : à cela conuiennent les from
taux , les embrocations , les lini-
mens et onguens sur la teste après
estre rasée, les iuleps rafraichissans
et humectans , les orges mondés , les
hypnotiques , mais doux et non vio-
lens, de peur de quelque sinistre ac¬
cident. Bref, il faudra venir aux re¬
medes qui destourneut et seruent de
reuulsion, et qui peuuent fortifier le
cerueau. A ceux-cy se rapportent les
frictions , les ligatures , les ventouses
et scarifications , les vésicatoires, les
poulets et les poulmons des ani¬
maux frais tués appliqués sur la teste.
Quelquesfois ces conuulsions icy re¬
présentent les epileptiques , et pour
DES FIEVRES.
lors OU elles sont mortelles pour la
pluspart, Quelles durent tout du long
de la vie. l’ay veu des malades qui
pour auoir eu des conuulsions dans
les fleures pestilcnles, ont esté suiets
tou te leur vie aux conuulsions epilep-
liques , nonobstant toute sorte de re-
medes internes et externes , iusques
aux cautères des bras, et à la nuque
du col.
CHAPITRE VIL
DE LA PARALYSIE,
Cest accident icy est rare, mais
qui arriue toutesfois comme i’ay ouy
dire en quelques prouinces de la
, France et de l’Allemagne , où il est
assez familier. Il ne suruient pas aux
fîéures violentes et aiguës , mais aux
longues et chroniques : et si il ne vient
pas directement de la fleure , mais de
la colique qui suruient ausdites flé-
ures longues. Car vne quantité de
bile eschauffée et ardente s’amassant
dans les veines dumesentere, et à
l’entour de la vessie du fiel, si elle
n’est euacuée par le bénéfice de la
nature ou des medicamens , et qu’elle
ne puisse estre consommée par la lon¬
gueur de la fiéure, elle croupit dans
les petites veines , où peu à peu s’es-
chauffant et se bruslant , elle tasche
à trouuer quelque issue , ce que ne
pouuant faire par les veines du me-
sentere, à cause des grandes obstruc¬
tions qui y sont , elle se iette de furie
sur les membranes de l’abdomen, qui
sont parties grandement sensibles , là
où elle excite des douleurs intoléra¬
bles qui respondeiit au bas ventre , et
qui apportent par interualles tantost
des vomissemens bilieux , tantost des
descharges de veplre porracées et
erugineuses.'En fin par trait de temps,
après plusieurs remedes alteratifs et
purgatifs ces douleurs s’appaisent:
mais il arriue qu’vne portion de l’hu¬
meur est portée par la continuité des
membranes iusques à l’espine du dos,
laquelle doucement et peu à peu se
coule et s’insinue iusques à la moelle
par les petits trous des vertèbres, où
elle bouche les nerfs et les estoupe,
empeschant que les esprits animaux
n’y puissent auoir accès, d’où il s’en¬
suit vne paralysie, imparfaite toutes¬
fois, d’autant qu’il n’y a que le seul
mouuement qui est empesché, le senti¬
ment demeurant en son entier.
A cest accident icy, il ne faut des re¬
medes qui soient grandement eschauf-
fans : il faut doucement et benigne-
ment purger le corps, et auec clyste-
res et auec purgatifs. On peutfaire des
linimens le long de l’espine du dos ,
auec huiles qui raréfient et dissipent
sans beaucoup de chaleur, de peur de
faire fondre quelque humeur crasse
et pituiteuse , ou l’attirer en ces par¬
ties là des lieux plus eslongnés, qui
feroit une vraye et parfaite paralysie.
En se contentant de ces petits re¬
medes là, on trouue que quelque
temps après la nature trouue moyen
de se deffaire de ses mauuaises hu¬
meurs , et redonne le mouuement au
malade.
CHAPITRE VIII.
DE l’eSBLOVISSEMENT DES YEVX.
II y a trois symptômes de la veuë ,
l’osbloüissement , que les Grecs ap¬
pellent à/;./3lvoj7riav , l’aucuglcment ou
cécité qu’ils nomment : et la
tromperie delà veuë, quand elle prend
102
LE VINGTIÈME LIVRE,
vn obiet pour vn autre , qu’ils appel¬
lent napépaaiv : la première diminue
la veuë , la seconde l’osle tout ù fait,
et la troisième la depraue et rend au¬
tre qu’elle ne deuroit. Or l’esbloüisse-
mentest assez familier durante! après
les fièures. 11 en suruient quelque¬
fois \ n critique durant la fiéure, qu’ils
appellent axoro^ivca, et est auant-cou-
reur d’vn vomissement ou d’vne hé¬
morrhagie critique. Après les fleures,
la veuë demeure quelquesfois trouble,
particulièrement lors que le fébrici¬
tant a esté atteint au cerueau ou de
resuerie,ou de veilles importunes, ou
de grande douleur de teste : soutient
aussi cela arriue à cause des grandes
euacuations de sang ou d’autres ma¬
tières.
Quoy que ce soit , le plus souue-
rain remede en cecy est le bon régime
de viure et les bonnes viandes que
l’on donne aux febricilans ; car c’est
le moyen de faire bons esprits, de les
augmenter, et de fortifier mesme les
yeux ainsi que les autres parties. Le
bon vin repare les esprits , et les res-
ueille et clarifie quand ils sont assou¬
pis, paresseux ou obscurcis: il faut
donc attendre que le temps, aidé de
ces bonnes viandes , fortifie le cer¬
ueau et reslablisse les esprits ani¬
maux. Il ne sera pas cependant hors
de propos de faire quelques collyres
pour les yeux , auec décoction ou les
eaux distillées de fenoüil , de rue ,
de chelidoine, d’euphraise, de ver’
ueine , d’asperges, de beloine, de ra-
ues, de pimprenelle, d’ache. de mar¬
jolaine , de pariloire , de rosmarin, de
canelle , de bois d’aloës , de santaux
y adioustant vu peu de miel , d’aloës ’
de tulie, desaffran, et choses sem¬
blables.
CHAPITRE IX.
DE LA SVRDiTÉ.
Des (rois symptômes qui suruien-
nenl à l’oüye, il n'y en a point qui
vienne plus ordinairement durant les
fièures que la surdité imparfaite, que
les Greesnomment Sxpuyixoi-(a,les Latins
surdiislritalem^ qui est proprement
entendre dur. Or cela vient d’vne va¬
peur bilieuse , qui estant portée au
cerueau se iette souuent sur les or¬
ganes de l’oüye, par lesquelles la
bile a accoustumé de se descharger,
comme tesmoignent les saletés qui
viennent aux oreilles. Cest accident
icy quelquesfois est passager, quel¬
quesfois il est permanent: et souuent il»
est accompagné de quelque tintoüin
des oreilles qui incommode fort les
malades.
- ..J, ,, y a
leur que prouoquer, s’il y a moyen, le
cours de ventre, puis qu’Hippocrates
a dit aux Aphorismes, que les flux de
ventre bilieux esfoient arrestés par
la surdité qui suruient, et qu’au con¬
traire la surdité est ostèe toutesfois
et quand qu’il suruient vn flux de
ventre bilieux. Ce qui nous donne
assez a connoistre que quand l’hu-
meur bilieuse est arrestée , il s’en fait
vn transport au cerueau : ce qui n’ar-
nue pas quand ladite humeur prend
son cours par le ventre.
Au reste, si. auec la surdité il y a
doule,u.„-„,eiUe grande elviole/te
1 an sonuenl attendre quelque anp:
ptralion : par foi,i
S et f''“ , comme sa¬
li erbes '■“il'P'icc
mot aner “''“"'“"mil. me-
lot,oneth, semence tie fenoüil, qn'oB
DES FIÈVRES.
fait bouillir dans le laict. On se con¬
tente aussi de mettre dans l’oreille
vn peu d’huile d’amandes douces ou
ameres, vn peu de laict , vne décoc¬
tion de peu de coloquinte , du coton
musqué , et autres telles choses qui
en partie sont anodynes, en partie
resolutiues.
CHAPITRE X.
DE LA DIFFICVLTÉ DE RESPIIIER.
Ce n’est pas de la dispnœe ou diffi-
cullé de respirer que nous parlerons ,
qui est excitée ou par vne humeur
crasse et visqueuse qui occupe la
trachée artere et le poulmon , ou qui
vient de l’inflammation des parties
qui seruent à la respiration : mais de
celle qui arriue ordinairement de
quelque matière qui pétillé à l’entour
du foye et de la ratte, et qui par ce
moyen presse le diaphragme et les
poulmons : ou bien de celle qui vient
de la chaleur du cœur , que les poul¬
mons ne peuuent suffisamment es-
uenter ny rafraîchir, tant il y a de
fumées enfermées et reserrées à l’en¬
tour de luy.
En cesle première , il faut recourir
aux clysteres emolliens , refrigerans ,
et vn peu laxatifs, à fin de rafraîchir
les humeurs qui bouillent , et en vui-
der tousiours quelque partie , l’atti¬
rant vers les parties basses : il se faut
aussi seruir d’epilhemes et linimens
refrigeratifs sur les deux Lypochon-
dres. On se seruira pareillement de
iuleps et apozemes refrigerans et hu-
mectans , à fin par toutes sortes de
moyens d’oster la ferueur de ces hu¬
meurs, et brider leur furie.
A la dispnœe qui vient do la cha-
III.
193
leur du cœur des parties thorachiques,
il faut mettre des epithemes sur le
cœur auec eaux de morelle, de roses,
d’endiue , de charbon benist , de sca-
bieuse, d’ozeille, deplantin, et pareil¬
les autres. On fera des linimens sur
toute la poitrine auec huile de nénu¬
phar, violât, de pauot ; ou de peur
que ces huiles ne s’enflamment si on
les mettoit toutes seules , on pourra
les mesler auec les sucs dépurés de
pourpié, de laictue , d’ombilic de Ve¬
nus , et vn peu de camphre. Il est be¬
soin que le malade respire vn air
froid : pourquoy s’il n’est tel , on le
préparera auec aspersion d’eau froide,
ou de roses , d’herbes et fleurs réfrigé¬
rantes et de bonne odeur : nourris¬
sant cependant le malade de viandes
legeres, et luy donnant à boire frais.
Au reste , c’est tousiours vn tres-
mauuais accident des fleures , quand
la respiration est empeschée et que le
fébricitant se sent estouffer, surtout
quand ce symptôme vient de l’imbé¬
cillité des forces ; car c’est signe que
la vertu animale ne peutmouuoir et
esleuer les muscles du thorax, à
cause de la pénurie et paucité de la
chaleur naturelle et des esprits: aussi
ne suruient-il qu’à ceux qui sont pro¬
ches de la mort.
CHAPITRE XI.
DE LA TOVX.
Il y a vne sorte de toux qui arriue
vn peu deuant les accès des fiéures
intermittentes, qui prouient des va¬
peurs de la matière morbifique qui
commence à s’esmouuoir, mais qui se
passe à mesure que par l’ardeur de
l’accès lesdiles vapeurs sont consom-
i3
le vingtième livre,
19^
mées ; c’est pourquoy il ne faut point
s’arresler à ceste toux là , mais seu¬
lement à celle qui dure après les ac¬
cès , et qui trauaille ceux qui ont
des fiéures continues. Or ceste toux
icy est fort fascheuse et incommode,
pource qu’elle apporte la douleur de
teste telle qu’il semble qu’on la fende,
qu’elle empesche le sommeil, qu’elle
trauaille le poulmon et apporte op¬
pression et difficulté de respirer, et
d’auantage qu’elle fait redoubler la
fléure, aiguisant la chaleur des poul¬
inons par l'effort continuel qu’elle ap¬
porte. '
La cause de ceste toux icy, ou c’est
l’intemperie chaude et seiche des or¬
ganes qui sentent à la respiration, ou
quelque refroidissement qu’a ressenti
le malade, soit à la teste, soit à la poi¬
trine, qu’il decouure quelquesfois
mal à propos. C’est pourquoy ceste
toux icy est aride et fascheuse , sur
tout quand elle est frequente : car
si elle ne vient que par interualle , et
qu’elle ne soit pas si aigre , elle peut
seruir à quelque chose , comme dit
Hippocrates à l’aphorisme 54. du
quatrième liure ; c’est à sçauoir, à la
soif des malades qu’elle adoucit : car
comme dit Galien, par l’effort et le
mouuement qu’elle apporte, elle at¬
tire l’humidité des parties voisines,
qui sert à arrouser et la bouche et les j
parties qui sont à l’entour de la tra¬
chée artere.
Mais si la toux est aigre, il faut y
pouruoir par quelques remedes, c’est
à sçauoir par ceux qui humectent et
rafraichissent, soit qu’on les tienne à
la bouche , soit qu’on les aualle dou¬
cement et lentement , soit qu’on les
prenne en forme de breuuage. On se
peut donc seruir des syrops violât, de
pauot, nénuphar, de pommes simples,
de réglisse, de iuiubes, ou pris à part.
oq meslés ensemble, ou délayés dans
quelque décoction de violes, de laic-
tue , de pourpié, semences froides
grandes et petites , reglisse , orge et
autres. On fait aussi des tablettes de
sucre rosat, de tragacanlhe, déra¬
cinés de guymauues. On donne des
conserues de roses , de violettes , de
nénuphar, de pas d’asne, de pauot
rouge , et semblables. Il y a quantité
d’autres remedes à la toux, mais c’est
à celle qui est excitée de la pituite du
I cerueau qui distille dans la poitrine ;
de laquelle nous ne faisons point icy
mention.
CHAPITRE XII.
DE LA. DIFFICVLTÉ d’aVALLER.
V oicy vn accident qui estonne gran¬
dement les malades, quand ils sentent
que les viures ne peuuent presque
passer , et qu’ils se persuadent qu’il y
a quelque chose en l’œsophage qui les
veut suffoquer etestouffer. C’est pour¬
quoy il faut auoir quelques remedes
pour les soulager promptement.
Ce symptôme icy arriue par vne va¬
peur espaisse ou humeur pituiteuse,
qui tombant du cerueau, ou esleuèe
del’estomach, s’attache à l’œsophage,
et peu à peu par l’ardeur de la fiéure
s’y endurcit ; si bien que partie à
cause de sa viscosité , partie à cause
de sa grande seicheresse, elle estoupe
et estrecit en sorte le passage, que le
fébricitant a peine d’aualler.
Il faut donc à ce mal partie deter-
ger et nettoyer , partie humecter et
amollir. Ce qui se fait auec les syrops
violât, de iuiube, sucre candi, suc de
réglisse, vinaigre, verjus; on peut
faire vn gargarisme auec reglisse re-
DES FIÈVRES.
cente, orge, betoine, sauge, hyssope,
marjolaine, figues grasses, semence
d'anis, dans lequel on délayé vne once
de syrop aceteux simple pour quatre
ou cinq onces do décoction. Quel¬
ques vns en font vn plus aisé , auec
décoction d’orge seulement, et syrop
de grenade, miel rosat, ou oxymel.
Au reste il y a vne difficulté de res¬
pirer qui suruient aux fiéures, où il
n’y a point de remede ; elle vient de
la luxation des vertebres du col ex¬
citée par la conuulsion des nerfs des¬
dites vertebres , ou d’vne grande foi-
blesse et imbécillité du malade ; en
ce cas il ne faut esperer que la mort,
veu que la conuulsion qui vient de
la seicheresse est mortelle ; et lors que
les forces du malade manquent, les
remedes n’ont plus de lieu.
CHAPITRE XîII.
DV DEGOVST ET APPETIT PERDV.
Il y a deux accidens touchant le
goust; l’vn est le goust depraué, lors
que la langue iuge autrement des sa-
ueurs qu’elle ne deuroit ; l’autre est
l’appetit perdu ou inappétence , par
laquelle le malade perd tout à fait
la volonté de manger.
Pour le premier , quand il n’est
point accompagné du degoust , c’est
vn vice de la langue seulement, ou
de sa tunique qui l’enueloppe , pour
estre imbeuë et arrosée ou de quelque
mauuaise vapeur, ou de quelque hu¬
meur corrompue. Geste humeur icy es-
tan t esmeuëpar fini midité des viandes
et du breuuago, pénétré iusquos au
nerf qui est espandu par la chair et par
la membrane de la langue, et commu¬
nique sa qualité et sa saucur à la
195
viande : sçauoir, l’amertume quand
l’humeur est bilieuse, la fadeur et sa-
üeurinsipidequandelle est pituiteuse,
la saline quand c’est vne pituite sallée,
et ainsi des autres : ce qui trompe le
malade , d’autant qu’il pense que telles
saueurs viennent des viandes, et non
pas des humeurs dont sa langue est
abbreuuée. A cest accident icy, il faut
souuent lauer la bouche auec eau
et vin , ou auec du vinaigre ou ver¬
jus , suc de limon , d’orange , décoc¬
tion d’orge, et autres semblables.
Mais quand le goust est depraué
auec vn grand degoust et inappé¬
tence, alors le vice n’est pas seulement
à la langue et au palais de la bouche,
mais aussi s’estend iusques au ven¬
tricule, qui estabbreuué de quelque
humeur peccante laquelle assoupit
tout à fait l’appetit , ou est altéré de
quelque chaleur estrangere et extra¬
ordinaire. A ceux cy on doit permet¬
tre l’vsage des choses qu’ils deman¬
deront à manger , pourueu qu’elles
ne leur soient point tout à fait con¬
traires , suiuant en cela le conseil
d’Hippocrate, qui en l’aphorisme 38.
du 2. liure dit que les aliraens désirés,
bien que pires à la santé , sont à pré¬
férer à ceux qui sont meilleurs, mais
qui sont en degoust au malade.
Au reste, si ceste inappétence vient
de quelques mauuaises humeurs con¬
tenues au ventricule , il faut les pur¬
ger doucement et nettoyer l’estomach
de telles ordures : autrement il ne
fautpasespererquel’appetitreuienne.
Mais si ce n’est qu’à cause de la cha¬
leur estrangere du ventricule, il faut
se seruir de remedes rafraichissans
et qui soient acides, à fin que lesdils
mcdicamens pénétrent mieux : tels
sont le jus de citron , d’orange et de
grenades, le verjus, les cerises ai¬
grettes, le vinaigre rosat, et autres.
ig6 lÆ VINGTIl
Cependant attendant que l’appetit
vienne, il faudra nourrir le malade de
viandes liquides et aisées à prendre et
à aualler, comme iaunes d’œufs mol¬
lets, boüillons, jus de chair de perdris,
de veau, et de volaille, et de la gelée.
CHAnTRE XIV.
DES NAVSÉES ET ENVIES DE VOMIR.
L’enuie de vomir quelquesfois suit
le grand degoust, c’est à sçauoir
quand le malade a telle horreur des
viandes, que si lost qu’il les sent le
cœur luy sousleue : quelquesfois elle
est sans grand degoust : seulement
après auoir pris quelque chose, il
suruient des efforts de vomir, sans
toutesfois rien vuider et reietter. Cest
accident est excité par quelque hu¬
meur vitieuse, qui pour sa quantité
ou qualité picole reslomach, l’irrite,
et le force à se descharger de ce qui
lui est nuisible. Geste humeur vitieuse
quelquesfois nage dans la cauité du
ventricule : quelquesfois elle est fixe¬
ment attachée à ses tuniques, et c’est
pour lors que l’estomach s’efforce si
souuent sans aucun effet delà mettre
Lors. La pourriture est quelquesfois
si grande dans le corps, comme par
les fiéures pestilentielles et malignes,
qu’il arriue des nausées perpétuelles,
à cause des vapeurs putrides qui
vont frapper l’orifice supérieur de
l’estomach.
A cesle nausée icy maligne, il faut
les choses acides rafraichissantes ,
qui puissent empescher ou corriger la
pourriture. Quelques-vus recourent
à la Theriaque, et autres medicamens
chauds , que ie n’approuue point,
d’autant qu’ils augmentent la fiéurc,
et par conséquent entretiennent la
L1V11J2 ,
pourriture. Pour l’autre nausée qui
vient des humeurs attachées au ven¬
tricule, il faut les nettoyer et les eua-
cuer, ou bien par vomitifs, ou bien
par purgatifs. Que si l’estât de la
fiéure ne le permet, on peut donner
quelques poudres, tablettes ou opia-
tes, pour ebiber, absorber et con¬
sommer les humidités superflues du
ventricule. On prend :
De la coriandre maccrée plusieurs fois
dans le vinaigre, vne once et demie :
Vneonce de semence d’anis et de fenoüil .-
De l’escorce de citron confit, trois drachmes :
Deux drachmes de coral rouge bruslé et
laué neuf fois auec eau rose ;
Vn scrupule de canelle et de mastich :
Perles préparées demie drachme :
Crousle de pain bruslé vne once :
Auec quantité suffisante de sucre
rosat, on fait vne poudre dont le ma¬
lade prend vne bonne cuillerée auant
le repas. Que si le malade l’aime
mieux en tablettes qu’en poudre, il
sera aisé de le contenter, ou luy en
faisant exprès, ou luy faisant vser de
celles de senlaux, ou diarhodon.
CHAPITRE XV.
DV SANGLOT ET HOCQVET.
Il n’y a pas grande différence entre
la nausée et le sanglot, veu que c’est
aussi vn effort sans effet de l’expul-
trice du ventricule : mais le sanglot est
vn mouuement conuulsif, et qui tra-
uaille bien plus le ventricule que ne
lait la nausée : d’auantage par le san¬
glot et hocquet le ventricule seresserre
en soy-mesme, et tire en bas l’œsopha¬
ge : au contraire en la nausée le ven-
tiiculescrelasche et sc renuerse, com¬
me pour monter vers l’œsophage.
La cause du hocquet est double, la
DES FIÈVRES.
repletion et l’inanition. La repletion, |
quand il y a vn humeur acre et mor¬
dant attaché fixement aux tuniques
du ventricule, que la nature tasche
dcchasseret mettre hors. L’inanition,
lors que les tuniques du ventricule
toutes desseichées par l’ardeur de la
fléure, se retirent et font ce mouue-
ment de commision.
Silehocquet vient de la première
cause, il faut premièrement hebeter
l’acrimonie de ces humeurs auec iu-
leps et apozemes rafraichissans , pré¬
parés auec décoction de nénuphar,
de buglosse, de violettes, de roses, de
pourpié, ou auec émulsions faites des
quatre semences froides grandes et
petites, dissoudant dedans syrops
violât, de nénuphar, de grenade, de
agresta, de pourpié et de pauot , fai¬
sant cependant des fomentations
auec herbes, fleurs et semences de
pareille vertu. En second lieu, il faut
tascher de vuider ces mauuaises hu¬
meurs, ou auec vomitifs, ou auec pur
gatifs. Quelquesfois il n’est pas hors
de propos, si le hocquet perseuere,
d’appliquer vne ventouse sur la ré¬
gion de l’estomach, ou bien antérieu¬
rement , ou posterieurement vers l’on¬
zième, douzième, ou treiziéme vertè¬
bre. Quant au hocquet qui vient de
l’inanition, encore bien qu’il soit incu¬
rable, si ne faut-il pas laisser de don¬
ner au malade des remedes humec-
tans, et des alimens de pareille vertu.
Les fiéures malignes et pestilentiel¬
les, par les vapeurs putrides qu’elles
enuoyent à l’orifice supérieur de
l’estomach, apportent aussi le san¬
glot, auquel pour remedes conuien-
nent ceux que nous auons rapportés
à la nausée qui vient pareillement
des fiéures malignes.
Il y a vne autre espece de sanglot qui
vient de l’inflammation du cerueau,
197
ou du foye, et ce par le consentement
et sympathie qu'il y a entre toutes
ces parties par le bénéfice des nerfs :
et pour lors il ne faut pas tant auoir
esgard à l’estomach, qu’au cerueau et
au foye, leur ordonnant des remedes
quiseruent à guérir l’inflammation
desdites parties.
CHAPITRE XVI.
DV VOMISSEMENT.
La nausée et le vomissement ne dif¬
ferent que du plus ou du moins, se¬
lon leur cause, et non pas selon leur
eflfet , veu qu’vn petit vomissement
n’est pas vne grande nausée. Il est
certain qu’il y a telle cause qui peut
faire la nausée , qui ne peut faire le
vomissement, parce qu’elle n’est pas
assez forte ; c’est pourquoy la nausée
est moindre que le vomissement. le no
veux point m’estendre à expliquer les
causes du vomissement, veu qu’elles
se peuuent assez entendre par ce qui
a esté dit au Chapitre de la nausée ; ie
diray seulement que les humeurs qui
causent le vomissement, quelques¬
fois sont chaudes et fluides, quel¬
quesfois froides, lentes et pituiteuses.
Pour les chaudes, elles peuuent es-
tre aisément euacuées par le vomisse¬
ment, qu’il n’est pas besoin d’arrester
dés son commencement , de peur de
faire ietter l’humeur sur quelque
partie noble : mais s’il perseuere trop
long temps, de peur qu’il n’affoiblisse
trop le malade, et n’empesche qu’il
ne puisse prendre nourriture, et par
ainsi qu’il ne le précipité à la mort ,
il faut apporter tous les artifices
qu’on pourra à fin de l’arrester. Les
syrops propres à cest effet sont de ber-r
igB LE VINGTIÈME LIVRE,
beris, de grenade, de coings, de ace- fueilles de menthe et d’absinthe , de
tositate citri , décorai, de agresta; fleursdcchamomille,mclilot et roses,
on fera des poudres auec les perles d’aneth, de racines de souchct, de
préparées, le spodion, les coraux, les doux de girofle , de zedoaria , et des
cinq fragmens précieux, le bol ar- bayes de geniéure. Il ne faut pas ne-
mene , la terre sigillée , l’escorce de gliger, ny de faire flairer au febrici-
citron, le mastich, le sang de dragon, citant du vin, du vinaigre, de l’eau
et autres. Le suc de ribes et de ber- rose, du pain rosti , ny de luy trem-
beris , le suc de grenade , la chair de per les mains en eau froide, et luy
coings et de nefles, la conserue de ro- appliquer par interualle quelque ven-
ses rouges sont de grand effet. Exte- touse seiche sur l’estomach.
rieurement les linimens d’huile ro-
sat, de cerat santalin , d’huile de mas - ' ■:==
tich, de coings, sont vtiles. Quelques
vns font des sachets de poudres as- CHAPITRE XVII.
Iringentes qu’ils appliquent sur l’es-
tomach, d’autres se contentent d’vne de la soif desreglée.
rostie de pain , ou d’vne esponge ar¬
rosée de vin ou de vinaigre. Vn des propres signes et indiuiduels
Si le vomissement est excité par des fléures, c’est la soif inextinguible,
des humeurs pituiteuses , il faut pre- laquelle ne s’en va point à force de
mierement les inciser et atténuer, boire, mais perseuere tousiours auec
que de tascher à les euactler par si grande seicheresse de bouche, qu’à
vomitifs ou purgatifs. Cependant in- peine le fébricitant peut-il parler ou
terieurement on donnera oxymel et aualler. Ce symptôme arriue principa¬
le syrop aceteux , auec décoction de lement pour deux raisons ; l’vne pour
menthe, d’absinthe, de roses, d’aneth, l’ardeur de la fléure qui desseiche la
d’escorce de citron et de semence de tunique intex'ieure du ventricule ;
coriandre. Extérieurement on fera l’autre pour quelque humeur chaude,
vne fomentation auec sachets garnis acre , bilieuse , qui est enfermée long
defleurs de rosmarin,de stœchas,de temps entre les tuniques de ladite
fueilles de menthe , d’absinthe , de partie.
clous de girofle, de noix muscade, d’es- Quand la soif vient de la chaleur
corce de citron sec. On frottera l’esto- de la fléure seulement, il ne faut que
mach d’huile rosat , d’absinthe , et de rafraichir et humecter : mais quand
myrtilles : on mettra dessus en forme elle vient des humeurs , il les faut
d’emplastre de la conserue de roses euacuer, autrement la soif ne cesse
meslée auec du vieil cotignat , et de la point, quelque rafraichissement que
poudre de mastich et d’absinthe : ou vous puissiez donner : c’est pourquoy
bien on se seruira de l’emplastre de il faut recourir et aux clysteres et
leuain, qui se préparé auec vne li- aux vomitifs, et aux purgations, si la
ure de leuain, deux manipules de fléure le peut permettre,
fueilles de menthe desseichées, vne Or ce qu’il faut en premier lieu
once de mastich, incorporés ensemble obseruer en la cure de la soif, c’est le
auec huile de mastich. Quelques vns temps qu’il faut donner à boire • qui
font estât d’vn cataplasme fait de [ n’est pas le commencement du froid
DES FIÈVRES,
et de l’accès, car ce serait faire comme
les forgerons , qui voiilans allumer
leurs fournaises y iettent de l’eau :
mais c'est principalement vers le de-
clin de la fiéure, auquel temps il ne
faut pas craindre de donner à boire
. librement, tant à fin d’esteindre la
chaleur, que pour prouoquer la sueur
quisuruient pour lors. Cependant en
r augmentation de l’accès, onlaschera
de tromper la soif, tanlost auec des
fueilles de pourpié ou d’ozeille trem¬
pées en eau ou vinaigre, et mises sur
la langue, tantost auec des cerises
seiches et aigrettes, pareillement
trempées dans l’eau: vne autre fois
en gargarisant la bouche , soit d’eau
fraîche auec vn peu de vin ou de vi¬
naigre, soit auec vn gargarisme fait
expies dereglisse, de raisinsde Damas,
de sebestes, de fleurs de nénuphar et
de violettes, d’orge, auec les syrops
violât et de grenades. Ce n’est pas
toutesfois que durant la force et la
vigueur de la fiéure, il ne faille don¬
ner à boire au fébricitant : mais il faut
modérer la quantité. Qu’on luy
donne à boire de la ptisane vulgaire
faite auec reglisse, ou de l’eau battue
auec quelque syrop , comme seroit
l’aceteux simple, de limons, de
agresta, le violât, celuy oe grenades,
ou le potus diuin fait de lus de limons
et d’oranges, de sucre et d’eau.
Il y en a qui pour tromper la soif
préparent ce linctus : ils prennent,
Deux onces de conserue de roses ou de
viollettes :
Fleurs de casse, demie once :
De mucilage de semence ^ de psyllium,
deux drachmes :
et en font vn linctus. D’autres pren¬
nent,
Demie once de mucilage de semence de
psillium:
19g
Deux drachmes de mucilage de semence
de coings :
Elect. de tragacanthe vne drachme :
Et sucre candi suffisante quantité,
et en font vn linctus. Quelques vns ai¬
ment mieux faire des pillules à mettre
sous la langue , faites auec semence
de concombre et gomme adragant dis¬
soute auec vn blanc d'œuf. Mais le
plus souuerain remede contre toute
sorte de soit, est le sommeil, lequel de
sa propre nature esleint la soifet cor¬
rige la seicheresse: s’il ne vient donc
de luy mesme, il faudra le prouoquer
ou par lauemens de pieds et de iambes,
ou par frontaux , ou par iuleps hyp¬
notiques, desquels nous auons parlé
au chapitre des veilles. On peut voir
aussi au traité des fiéures ce que nous
auons dit de l’eau froide, et quand et
à qui il la conuient donner largement.
Au reste, il faut obseruer que les fe-
bricitans' quelquesfois ne sont point
altérés , ou à cause qu’il tombe quel¬
que humeur du cerueau dans l’œso¬
phage et dans l’estomach , ou quand
le iugement du fébricitant est telle¬
ment peruerti qu’il ne connoist pas
qu’il a soif, ou en fin à cause que le
sentiment de Festomach est perdu:
laquelle cause est tres-pernicieuse aux
fiéures ardentes.
CHAPITRE XVIII.
DE LA LIPOTHYMIE^ ET SYNCOPE.
Il suruient trois symptômes aux
fiéures qui ont grande affinité les vns
auec les autres, et qui ne 'different
presque que du [plus ou du moins :
sçauoirje. mal de cœur,j|que les Grecs
appellent fxluaiv , la défaillance qu’ils
nomme nt ou itiirovf.ux'*'' ,
200
LE VINGTIEME LIVRE ,
et l’esuanoiiissement qu’ils appellent
cryvxoTTt'v, qul est le plus grand de tous,
et qui estonne grandement, quand il
suruient, le malade et le Médecin.
La cause deresuanoüissement (car
de l’explication de celuy-cy, on enten¬
dra facilement la nature des autres)
c’est tout ce qui peut altérer les esprits
vitaux , les corrompre et les dissiper,
comme sont les longues veilles, les
douleurs externes, toutes les grandes
et subites euacuations, les douleurs
d’estomacli excitées par quelques hu¬
meurs malignes et veneneuses, les va¬
peurs mauuaises et putrides qui sor¬
tent de quelque abcès formé aux
parties nobles : bref la corruption de
quelque partie.
Pour apporter les remedes conue-
nables, 11 faut auoir esgard aux cau¬
ses, pour leur opposer remedes con¬
traires si faire se peut : comme aux
veilles , il faut ordonner le dormir :
aux douleurs, il faut les anodins ; aux
esprits dissipés , il faut ce qui les re -
uoque et les engendre : aux vapeurs
malignes , les cardiaques : à la ca¬
cochymie, la purgation. Or de quel¬
que cause que puisse estre excitée la
syncope, elle fait quitter au Médecin
le dessein de guérir la fléure, pour luy
trouuer des remedes, à cause que
c’est vn mal si pressant et si vrgent,
que si l’on laissoit longuement le ma¬
lade en défaillance, il y auroit crainte
qu’il ne mourust subitement. C’est
pourquoy dés qu’on apperçoit la syn¬
cope, il faut tascher à reuoquer les
esprits et à faire reuenir le malade
en luy iettant de l’eau froide sur le
visage, luy mettant les mains dans de
l’eau fraische , luy frappant dans les
mains; luy frottant le nez, les tem¬
ples, et le pouls auec bon vinaigre:
lui faisant aualler du vin, lequel est
vn tres-souuerain cardiaque. Ceux
qui voudront voir Galien , et comme
il reinedie à ce mal , qu’ils lisent le
premier liure ad Glauconem. Pour
moy ie n’en veux pas dire d’auan tage :
d’autant que la syncope est traitée
tres-amplement par tous les prati¬
ciens qui ont escrit des maladies en
particulier.
CHAPITRE XIX.
DES SYMPTOMES QVI SVIVENT l’aME-
TRIE DES EXCREMENS : ET PREMIERE¬
MENT DV FLVX DE VENTRE.
Après les symptômes de l’action lé¬
sée, viennent ceux qxii appartiennent
à l’ametrie des excremens. Entre les¬
quels est le flux de ventre, qui est vn
accident fort commun des fiéures,
quelquesfois vtile et profitable, quel-
quesfois tres-mauuais et pernicieux.
Celuy qui est tousiours mauuais est
le lienterique, qui vient de boire trop,
ou de quelque malignité qui par les
fiéures pestilentielles et malignes dis¬
sout les forces de l’estomach et des
intestins
A ce flux de ventre icy, il faut tant
qu’on peut fortifier l’estomach et les
intestins , tant par les remedes inté¬
rieurs qu’exterieurs. On fait des pou¬
dres auec les choses qui astreignent
et fortifient, comme spodiurn, san-
taux, bol armene, sang de dragon,
perles préparées, coraux, et autres!
On donne des opiates auec la conserue
de roses, le mastich , la chair de coings,
le rhapontic, les mirabolans; exté¬
rieurement on fait des linimens auec
huiles de myrtilles, de mastich, de
coings : on applique des emplastres de
mastich et de cotignac à l’estomach:
on fait des sachets et fomentations de
DES FIÈVRES.
201
choses adstringentes et corrobovati-
ues. Que si tout cela ne profite, on
recourt aux choses qui prouoquent le
sommeil , lequel, comme dit Hippo¬
crates au liure de Victu in acutis , ar-
reste toutes sortes de fluxions.
L’autre flux de ventre qui est vtile
est humoral , ou diarrhoïque , par le¬
quel les mauuaises humeurs sont
euacuées. Mais à fin qu’il soit profita¬
ble, premièrement , il faut qu’il sur-
uienne à la fin des fiéures , lors que
les humeurs sont cuites et domptées
par la nature : secondement, il faut
qu’il soit modéré, veu que toutes cho¬
ses qui sontsans mesuresont ennemies
de la Nature. De là nous apprenons
qu’il ne faut pas tousiours arrester le
cours de ventre : car ce seroit bien
souuent enfermer le loup dans la ber¬
gerie, comme l’on dit. En outre nous
apprenons que le cours de ventre mo¬
déré nous montre le dessein de la
nature, qui est de chasser hors les hu¬
meurs nuisibles. C’est pourquoy il ne
faut point faire de difficulté, lorsqu’on
voit tel flux de ventre, de donner quel¬
que doux purgatif, à fin d’aider à la
nature, qui bien souuent ne vuide
que le plus clair ; le terrestre ou limon-
neux demeurant au corps, qui est bien
souuent cause de recidiues. C’est pour¬
quoy il est bon de donner les purga¬
tifs qui puissent entraisner, auec ce
qui sort volontairement, les humeurs
plus grossières et limonneuses. Que si
le flux deuient immodéré, alors il
faudra temperer les humeurs chaudes
auec medicamens rafraichissans, for¬
tifier l’estomach auec des corrobora¬
tifs , adoucir les boyaux auec quel¬
ques clysteres detersifs et anodins :
purger doucement les humeurs auec
le catholicum doublé de rheubarbe,
ou auec la rheubarbe en infusion, ou
bien meslée en tablettes ou opiates.
On peut pareillement prouoquer le
sommeil , qui arresto les fluxions ,
comme dit est, contempere les hu¬
meurs, et fortifie les parties.
Il y a deux autres sortes de flux de
ventre , l’vn qui vient de l’imbécillité
ou corruption des parties nobles, qui
est tout à fait mortel : et l’autre qui
est colliquatif , à cause du grand feu
qui fond la substance propre du corps,
et celuy-cy n’est gueres moins péril¬
leux. Toutesfois il fautlascher à modé¬
rer ceste grande chaleur par toutes
sortes d’artifices, ce qui reüssit quel-
quesfois assez heureusement.
CTUPITRE XX.
DE LA DVRETÉ DV VENTRE.
Au commencement des fléures, le
ventre deuient paresseux, à cause du
repos que l’on prend dans le lict, et
aussi à cause que le fébricitant de-
meurantlong tempscouché sur le dos,
D s’eschauffe le ventre , qui par après
endurcit les humeurs qui sont con¬
tenues dans les intestins. Car la cause
ordinaire de la dureté du ventre vient
de la chaleur , qui desseiche les ex-
cremens, qui pourestre ainsi espuisés
de toute humidité résistent à la vertu
expultrice des intestins.
En cestaccident, il faut recourir aux
clysteres emolliens et refrigeralifs , et
aux suppositoires. Il faut donner quan¬
tité de bouillons au veau, et assaison¬
nés de bourrache, buglosse, cichorée,
laictue, ozeille, endiue, sommités
de maulues, au fébricitant ; on luy
fera vser de pommes cuites, et de pru
neaux auec leur ius, en attendant
qu’on le puisse purger auec quelque
bol de casse et autres doux purgatifs.
Q02
LE VINGTI]
Il y a vne au tre eau se de la dureté du
Yentre , c’est à sçauoir l’estoupement
et obstruction du conduit cholédoque
qui porte la bile dans les intestins, la¬
quelle sert à irriter la vertu expul-
trice. Quand donc labile ne coule pas
aux intestins, ladite vertu expultrice
deuient paresseuse, et par conséquent
le ventre deuient dur. A cesle cause
icy il faut des remedes particuliers,
lesquels nous particulariserons au
chapitre de la iaunisse.
CHAPITRE XXL
DE LA SVPPRESSION d’vEINE.
Des trois empeschemens qu’il y a à
l’vrine, sçauoir de la dysurie, quand
on a douleur en pissant, de la strangu-
rie, quand on pisse goutte à goutte, et
de rischurie , quand l’vrine est sup¬
primée et arreslée , la derniere est la
pire , et celle aussi qui vient plus or¬
dinairement aux febricitans. Or telle
suppression est ou crilitiue, ou symp¬
tomatique. La critique, comme en¬
seigne Galien, vient deuant les ri¬
gueurs, et est comme vn auant-cou-
reur d’vne crise qui se doit faire par
les sueurs : les sueurs et les vrines
ayans vne mesme matière. Pour la
symptomatique, elle arriue ou la ves¬
sie estant vuide, ou la vessie estant
pleine.
Quand on reconnoist en la suppres¬
sion de rvrineque la vessie est pleine,
s’il n’y a tres-grande inflammation au
col de la vessie, il n’y a rien de plus
prompt pour soulager le fébricitant
que la sçnde creuse, laquelle si tost
qu’elle est introduite, vuide l’vrine
qui est retenue en la vessie. Que s’il
y a inflammation et obstruction, ou à
ME LIVRE,
la* vessie , ou aux vreteres, ou aüx
reins, il faut recourir aux remedes
particuliers de ces maladies, desquel¬
les tous les praticiens ont parlé fort
amplement; c’est pourquoy il faut
auoir recours à leurs liures.
CHAPITRE XXII.
DV FLVX EXCESSIF D’VRINE.
La Nature cherche quelquesfois di-
uerses descharges pour guérir les ma¬
ladies, tantost par le ventre, par les
diarrhées, tantost par les sueurs, tan¬
tost par vn flux d’urines que les Grecs
appellent perirrhée : et ce flux icy est
critique, d'autant qu’il se fait par le
bénéfice de la Nature au soulagement
du malade. Quelquesfois on prouoque
l’vrine auec des medicamens diuréti¬
ques si puissamment, qu’il sort vne
grande quantité d’eaux du corps:
mais tel flux est plustost nuisible que
profitable, d’autant que cela vient de
la malignité de tels medicamens , qui
pour estre grandement chauds, et de
parties ténues, fondent le sang et le
font tourner en eau et sérosité. A
cest accident icy, il faut donner les
medicamens rafraichissans , qui puis-
sen t pareillemen t esp aissi r et incr asser
le sang, et arrester les fluxions,
comme sont les décoctions deplantin ,
depourpié, laictue, bource de pasteur,
ioubarbe, auec les syrops de pauot et
de pourpié.
Il y a vn autre flux d’vrine excessif,
que l’on appelle diahetes , lorsque les
febricitans pissent beaucoup et sou¬
rient, et rendent leur vririe aqueuse
et ténue si tost qu’ils ont beu. La cause
de ce symptôme est triple, sçauoir
l’intemperie chaude et seiche des
DES FIEVRES. qo3
reins, l’humeur bilieuse acre et salléé
dont les reins sont abbreuués et in¬
cessamment irrités, et quelque venin
pernicieux. On obserue qu’aux üé-
ures ardentes le diabètes suruient par
la colliquation des reins et dissolu¬
tion de tout le corps, ce qui fait
qu’ordinairement il est mortel. Ces
accidens sont de telle importance
qu’ils méritent bien qu’on aille fueil-
leter les liures des bons autheurs,
pour leur trouuer des remedes : c’est
pourquoy ie n’en diray rien autre
chose. Il me suffit d’indiquer ces
symptômes, comme effets pernicieux
des fiéures.
CHAPITRE XXIII.
DES SVEVES IMMODEREES.
le ne m’estens point icy sur la
différence des sueurs et leur signifi¬
cation , veu que cela appartient à
la sémiotique : ie m'arreste seulement
à la sueur immodérée : laquelle, soit
qu’elle vienne par voye de crise ou
autrement, précipité le malade en de
grandes faiblesses , et en suite , si on
n’y remedie, à la mort.
C’est pourquoy lors qu’on voit telle
sueur immodérée, il faut recourir
aux medicaraens qui repercutent et
qui bouchent les pores du cuir. On
fera donc des fomentations d’eau de
rose, de plantain, de morelle, y ad-
ioustant la sixième partie de vinai¬
gre rosat: ou bien on fera vne décoc¬
tion dans l’eau des marescbaux , de
roses rouges , de balaustes , de noix
de cyprès, d’escorce de grenade, do
morelle , de plantain , de ioubarbe ,
d’absinthe, de pentaphyllum, de cen-
tinode , de tapsus barbatus et autres.
On aura aussi recours à ces medica-
mens que les Grecs appellent diapas-
mata et alispasmata, faits de poudres
de roses rouges , de bol armene , de
terre sigillée , de croye , d’alun , de
plomb bruslé , de piastre laué , les¬
quels on seme sur le corps du malade,
à fin que par leur vertu emplastique
iis empeschent la sueur de sortir. On
donnera aussi cependant au malade
des iuleps et apozemes adstringens
et incrassans pour le mesme effet ,
les nourrissant bien au reste de vian¬
des aisées à cuire , mais qui ne puis¬
sent nullement eschauffer.
CHAPITRE XXIV.
DV FLVX DE SANG IMMODERE.
Encore bien qu’il se puisse faire
durant les fiéures des flüx de sang im¬
modérés , tant par les veines bemor-
rhoïdales, que par celles de la matrice
aux femmes : bien qu’il suruienne
des dysenteries , et que quelquesfois
on pisse le sang aux fiéures malignes,
si est-ce qu’en ce chapitre icy nous
ne délibérons parler que du flux de
sang qui vient par le nez, estant vn
accident assez commun presque à
toutes les fiéures, principalement
aux synoques.
Or ce flux de sang est ou critique ou
symptomatique : le symptomatique
doit tousiours estre arresté , puisqu’il
ne fait qu’affoiblir le malade sans di¬
minuer la maladie. Pour le critique,
il est ou petit, ou médiocre, ou exces¬
sif. Le petit ne doit point estre ar¬
resté : au contraire il doit estre excité,
si faire se peut, en grattant et frot¬
tant le nez, et en y mettant dedans
quelque paille ou quelque plume, à
LE VINGTIÈME LIVRE,
204
fin d’irriter les veines et les ouurir.
Au médiocre, il ne faut rien faire.
L’excessif et immodéré , pour em-
pescher qu’il n’oste les forces et la
vie tout ensemble, doit estre promp¬
tement arresté : veu qu’il prend la
qualité et la condition du symptoma¬
tique.
Il faut donc en premier lieu tirer
vn peu de sang et à diuerses fois
des bras pour seruir de reuulsion.En
après il faut se seruir de remedes ad-
stringens et glutinatifs pour appliquer
sur le front et sur les temples, dé¬
layant auec de l’eau rose et vinaigre
et vn blanc d’œuf, du piastre , du
poil de Heure et du bol armene : on
met dans les narines quelques poudres
adstringentes, ou du cotton trempé
en quelque décoction adstringente.
On met alentour du malade des linges
trempés en oxycrdt : mesme si le flux
est grandement excessif, on liiy en-
ueloppe tout le corps en pareils lin¬
ges, on en met pareillement sur la
bource des testicules. On oste le ma¬
lade de dessus la plume , et le met -on
sur la paille. On luy applique des
ventouses sur la région du foye : on
lui frotte l’espine et les lombes de ce-
rat de Galien rafraîchissant, d’oxyrho-
dinum, ou de mucilage de semence de
psyllium tirée auec l’eau de pourpié.
On luy donne à boire de l’oxycrat
auec le bol armene et la terre sigillée.
On luy pend au col du coral rouge
et du iaspe , que l’on croit auoir la
force d’arrester toutes sortes de flux
de sang.
CHAPITRE XXV.
DES SYMPTOMES DES FIEVRES QVI AP¬
PARTIENNENT A l.A SIMPLE AFFECTION
DV CORPS : ET PREMIEREMENT DE LA
lAVNISSE.
La iaunisse qui apparoist aux tié-
ures aiguës vient, ou de l’inflammation
et scirrhe du foye, ou de l’obstruc¬
tion du conduit cholidoque , par le¬
quel la bile a accoiistumé de se des¬
charger dans les boyaux pour les irri¬
ter à l’excretion des excremens. Lors
donc que ce conduit et passage est es-
touppé, la bile au lieu d’aller aux
intestins se porte dans les grandes
veines, et des grandes aux petites, et
des petites dans toute la superficie et
habitude du corps, ce qui le fait pa-
roislre tout iaune.
Or il y a grande difficulté de recon-
noistresi cest accident, quand il sur-
uient aux tîéures aiguës, est critique
ou symptomatique. Hippocrates a des
exemples si contraires entre eux,
qu’il est difficile d’en tirer quelque
reigle assurée. Au reste, si la iaunisse
vient de l’inflammation du foye , elle
n’a point d’autres remedes que ceux
que l’on fait à l’inflammation. Quand
elle vient d’obstruction, il faut se ser¬
uir des medicamens qui destouppent
et qui ouurent , desquels nous avons
rapporté grand nombre cy-deuan t. On
se seruira pareillement de purgations
frequentes, d’epithemes, de clysteres,
iuleps, apozemes , et autres. Le corps
ayant esté ainsi préparé, lors qu’il ne
reste plus que l’hurnéur qui est es-
parse par la superficie du corps , on
mettra le malade dans le bain d’eau
tiede, à fin de résoudre le tout , et re¬
mettre le corps à sa propre couleur.
DES FIEVRES.
CHAPITRE XXVL ‘
DE LA, SEICHERESSE , NOIRCEVR, ET AV-
TRES ACCIDENS DE LA LANGVE.
D’autantque la langue a sa tunique
commune qui l’enueloppe auec toute
la bouche, l’œsophage et le ventri¬
cule, et qu’elle a de petites veines
par lesquelles elle a communication
auec les viscères , il arriue de là que
de la couleur de la langue nous iu-
geons de la disposition des entrailles,
et des humeurs qui sont contenues
dans les veines. Aussi voyons-nous du- j
rant les fléures que la langue prend
diuerses qualités et affections, selon
la condition, Violence, et malignité
de la fiéure. Cela arriue volontiers
à la langue , pource que les vapeurs
qui s’esleüent de bas en haut, lors
qu’elles sont paruenues iusques à la
langue, pour ne pouuoir passer outre
et pour trouuer la langue molle et
spongieuse, elles s’y attachent et la
rendent telle qu’elles sont, tantost
aspre et rude, tantost noire, tantost
fendue , tantost seiche, et ainsi des
autres. Doncques tous ces accidens
icy sont produits parles fupaées brus-
lées qui s’esleuent de tout le corps ,
et font le mesme effet que les fumées
qui s’esleuent du bois qui brusle , les¬
quelles noircissent la cheminée, et y
font croistre vne suye qui la couure
comme vne grosse crousle.
Or l’asprcté de la langue venant
d’vne grande seicheresse doit estre
corrigée par les remedes qui humec¬
tent, lenissent et adoucissent, comme
par le syrop violât, de iuiubes, de
sucre candi, sucre de réglisse tenu en
la bouche. A mesme effet on prépare
vn gargarisme de décoction d’orge ,
2o5
de racine et semence de guimauues,
de semence de lin , de fueilles de laic-
tue et de pourpié, de fleurs de violet¬
tes, auec quelque syrop conuenable.
Les mesmes medicamens sont bons à
la noirceur de la langue, ensemble
les frictions que l’on y fait auec vn
linge rude ou auec vne cuilliere d’ar¬
gent, lauant aussi la bouche auec
verjus, vinaigre, vin blanc, syrop
aceteux , miel rosat , suc de limons ,
d’orange et autres.
Quand la langue est fendue et
comme découpée en diuers lieux,
pour l’adoucir on préparé le mucila-'
ge de semence de coings et de psyl¬
lium : on la laue auec le laict clair, ou
mesme auec le laict ; on fait vn gar¬
garisme de feuilles de laictue,depour-
pier, de plantin , de langue de chien ,
semence de coings et de psyllium,
auec le miel rosat ou violât, et le
syrop violât. Pour les ordures qui
s’attachent à la langue, aux dents
et au palais de la bouche, on les gratte
auec vne cuilliere d’argent, et on laue
la bouche auec les mesmes remedes
cy dessus spécifiés.
CHAPITRE XXVIL
DE LA EROIDEVR DES EXTREMITES
DV CORPS.
Quand les frissons et les horreurs
des fléures intermittentes arriuent,
ils sont quelquestois tellement vio-
lens, qu’on est contraint d’y apporter
quelques remedes. Le plus ordinaire
est d’eschauffer bien le Uct des febri-
citans, les enuelopper de bonnes alai¬
ses chaudes, mettre des linges chauds
sur la poitrine, à l’entour du col, sur
le ventre, sur les genoux, et autres
200 LE VINGTIEME LIVRE
parties. Qiielquesfois on leur fait
prendre quelque chose par la bouche,
comme deux doigts d'eau de vie,
d’eau rose, de cannelle et de sucre
meslés ensemble , et infusés par l’es¬
pace de vingt-quatre heures. D’autres
donnent simplement de l’hippocras ou
du vin d’Espagne , ou de la theriaque
dissoute dans de bon vin.
Il y a des fléures continues où les
malades ont presque tousiours les ex¬
trémités froides : à ceux cy, outre les
linges chauds, on fait des douces
frictions auec linges mollets, on frotte
les cuisses et les iambes auec huiles
d’amendes douces, de cbamomille, de
lis , de iasmin , à fin de rappeller la
chaleur. On met dans le lict des bou¬
teilles d’eau tiede à l’entour du fébri¬
citant , on lui met des grés chauds aux
pieds, et à Eentour de luy. Quel-
ques-vns les enueloppent auec des
fourrures bien douces et mollettes,
qui peu à peu font reuenir la cha¬
leur.
CHAPITRE XXVIII.
DE l’excessive CHALEVR.
Ce n’est pas la moindre incommo¬
dité des febricitans que la grande
chaleur et ardeur de tout le corps :
c’est vn symptôme qui leur apporte
de grandes impatiences. C’est pour-
quoy il faut donner au malade quel¬
que consolation. Ce qui se fera pre¬
mièrement rafraichissantle plus qu’on
pourra l’air de la chambre, changeant
le fébricitant de lict en autre, lui
donnant à boire frais, mettant sur
ses mains et bras des fueilles de vigne
rafraichies en l’eau, luy donnant à
tenir dans les mains des boules de
marbre et de iaspe, des laictues pom"
mées , des citrons trempés en l’eau ,
et autres telles choses. On luy mettra
sous les reins vne peau de marroquin,
ou vne piece de camelot , ou de bou-
gran, mettant en son lict des linceux
neufs , et vn peu rudes. Quelques- vns
trempent des linges en oxycrat, dont
on enueloppe les parties honteuses.
Le reste gist à donner au malade des
iuleps et apozemes que nous auons
ordonnés à la soif.
CHAPITRE XXIX.
DE LA TENSION DES HVP0CH0NDRES.
La tension, esleuation et meteo-
risme des hypochondres vient, ou de
l’inflammation des entrailles, ou de
quelques humeurs bouillantes et qui
sont comme en leuain, lesquelles
sont contenues à l’entour des viscères,
ou bien de quelques flatuosités qui
sont dans l’abdomen. A celle qui
vient de l’inflammation , il faut mes-
mesremedes qu’à l’inflammation. Aux
humeurs boüillantes, il faut donner
quantité dç lauemens emolliens, re-
frigerans et laxatifs; il faut faire vser
de iuleps et apozemes refrigerans et
humectans. Il faut faire des linimens
et fomentations de pareille vertu : at¬
tendant qu’on puisse auec de doux
purgatifs euacuer lesdites humeurs.
Quand le meteorisrae vient des vents
et flatuosités enfermées, on recourt
pareillement aux clysteres detersifs ,
ou, comme l’on dit , carminatifs. On
fait des fomentations aussi résolu li-
ues auec fleurs de chamomillo, meli-
lot, sauge, marjolaine, maulues, pa-
ritoires boüillies en eau et vin : on
DES ElÉVRES.
fait sachets auec mesmes herbes, ou
auec le son , l’auoine ou millet fri-
cassé. Bref on purge le corps, à fin de
vuider les humeurs crasses et pitui¬
teuses, d’où se forment les vents.
Voila tout ce que nous auions à
dire touchant les symptômes des fle¬
ures, qui seruira grandement à l’in¬
struction du ieune chirurgien , que ie
prie de prendre en bonne part, comme
n’ayant esté dressé qu’à sa seule oc¬
207
casion , et au soulagement des mala¬
des.
le proteste icy que ce n’a point
esté par ambition de paroistre docte
ny sçauant, sçachant tres-bien que
tout ce qu’il y a de bon dans tout ce
Traité des fléures a esté compilé par
moy des bons médecins, ausquels,
après Dieu , ie suis tenu de ce peu de
connoissance que i’ay en la medecine
et en la chirurgie.
LE YINGT-VNIEME LIYRE,
TRAITANT
DE LA MALADIE ARTHRITIQYE,
VVLGAIREMENÏ APPELÉE GOVTEL
CHAPITRE I.
DESCRIPTION DE LA MALADIE ARTICV-
LAIRE, DITE VVLGAIREMENT GOVTE.
Arlhrilis, on Goûte, est vne mala¬
die qui afflige et gaste principalement
1 Je ne connais pas d’édition séparée de
ce livre, qui a paru pour la première fois
dans la grande édition de 1576. Il formait
alors le dix-septième livre, et se trouvait
placé entre celui des Operations et celui de
la grosse Verolle, place qu'il a toujours con¬
servée, bien qu’en 1585 il ait pris le titre de
dix-huüiesme Liure. Après le livre des Fié-
ures, c’est le premier dans l’ordre de la col¬
lection qui soit à peu près purement médi¬
cal, et je n’ai pas vu de raisons suffisantes
pour changer cet ordre. 11 se composait en
1675 de 25 chapitres; on en compte aujour¬
d’hui 29; mais cette augmentation est plus
apparente que réelle. En effet, elle résulte
seulement de la division des chapitres 2 et
9 chacun en deux, et du chapitre il en trois
chapitres.
J’ai à ajouter un mot touchant l’orthogra¬
phe du mot goule : bien que dans quelques
endroits des livres de Paré on trouve écrit
goutte, cependant toutes les éditions de ce
livre n’y mettant qu’un seul t, je m’en suis
tenu à cette orthographe.
la substance des articles d’vne ma¬
tière virulente, accompagnée de qua¬
tre humeurs : et pour ceste cause est
nommée des Grecs Arlhrilis , et des
Latins, Morbus articularis .'et ce nom
est general pour toutes les iointures.
Mais le vocable de Goûte, qui est
françois, luy peut auoir esté attribué
par-ce que les humeurs distillent
goule à goûte sur les iointures : ou
pour-ce que quelquesfois vne seule
goûte de cest humeur fait douleur
tres-grande. Et peut venir à toutes
les iointures du corps, et selon les
lieux où la fluxion se fait, prend di-
uers noms.
Parquoy nous dirons qu’elle a au¬
tant d’especes et différences qu’il y a
de iointures. Comme si la fluxion se
fait sur la iointure des mandibules,
elle pourra estre nommée Siagona-
gra , par-ce que les Grecs appellent
la mandibule Siagon. Si elle vient au
col , se peut appeller Trachelagra ,
pour-ce que les Grecs nomment le
col Trachelos. Si elle vient sur l’es-
pine du dos, on la pourra nommer
Rachisagra, par-ce que les Grecs
nomment l’cspine Rachis. Aux es-
DES GOVTES.
paules, Omagra , à cause que la ioin-
ture de l’espaule et du bras est dite
des Grecs Omos. Aux iointures des
clauicules, Cleisagra, par-ce que la
clauicule est appellée en grec Cleis,
Au coude, se peut nommer Pechya-
gra, du nom grec Pechys, qui signifie
le coude. Si elle vient aux mains, elle
est communément appellée Chiragra ,
à cause du nom grec Cheir, qui signi¬
fie la main. Et à la hanche Ischias^
pour ce qu’elle est appellée en grec
Ischion. Au genoüil, Gonagra, du nom
grec Gony, qui signifie le genoüil. Aux
pieds Podagra, du grec Vous, c’est à
dire, le pied.
Lors qu’il y a trop grande quantité
d’humeur, et que le malade vit en oi i-
ueté, quelquesfois le mal occupe tou¬
tes les iointures vniuersellementL
AucunsTappellent descente, rheume,
ou catarre , par-ce que le nom de
goûte est odieux, principalement aux
ieuncs gens. Autres le nomment goûte
naturelle , à la différence des goûtes
de la grosse verole.
CHAPITRE II.
DES CAVSES OCCVLTES DES GOVTES.
L’humeur qui cause les goules ne
se peut bien expliquer, non plus que
celuy qui fait la peste, ou qui est cause
de la verole ou de l’epilepsie ; et est
totalement d’autre nature que celuy
qui fait vn phlegmon , ou vn œdème,
ou erysipele, ou scirrhe ; et iamais
ne se suppure (comme dit Acce, cha¬
pitre 12. du 12. liure^) commefonlles
1 Le chapitre se terminait ici en 1575; le
reste est de 1585.
* Cette citation a été ajoutée en 1579.
III.
209
autres humeurs : ioint aussi que les
iointures qui en sont affligées sont
desnuées de chair, et de température
froide et seiche : et lors que lesdits
humeurs defluent en quelque partie
iusques à s’aposlumer, ne causent
telles douleurs que celuy qui fait la
goûte, ny mesme vn chancre apostu-
meux. Outre plus, lesdits humeurs ne
font des nœuds aux iointures comme
fait celuy qui cause la goûte , lequel
laisse vne matière gypsée incurable,
ainsi que nous déclarerons cy après.
Sur ce fau t noter, que cest humeur
fluant ne fait pas nuisance parla voye
où il passe (non plus que celuy qui
cause l’epilepsie, montant des par¬
ties inferieures iusqu’au cerueau sans
leur faire aucune nuisance), mais su¬
bit qu’il est tombé aux iointures,
cause extremes douleurs, et autres
diuers accidens, en eschauffant ou
refroidissant. Car on voit aucuns
malades qui se disent brusler, et ne
leur peut-on appliquer remedes assez
froids : autres disent sentir vne froi¬
dure glacée, lesquels on ne peut
assez aussi eschauffer : et mesme-
ment en vn mesme corps se voit que
la partie dextre est intemperée de
chaleur, et la seneslre de froidure.
Aussi on voit des gouteux, lesquels
ont la goûte chaude au genoüil, et
au mesme pied froide : ou aux pieds
chaude, et au genoüil froide. le diray
plus : on voit souuent vne Ires-grande
chaleur eslre vn iour en vne partie,
et l’autre vne froideur : et partant en
vn mesme membre faut vser (le re¬
medes contraires. Et quelquesfois
ceste matière virulente estsiperuerse
et maligne, qu’elle répugné , et ne
cede ü nuis remedes : et disent les
malades sentir plus de mal y appli¬
quant quelque chose, que lors qu’ils
n’y font rien. El bon gré mal gré de
14
aïo
LE TINGT-VNIÉME LIVRE
toutes choses faites par raison et mé¬
thode, ceste matière a son période et
paroxysme : qui demonstie aperte-
ment la mesconnoissance et malice
de la cause.
Pareillement on voit que les goûtes
ne se peuuent iamais parfaitement
guarir (principalement cellesquisont
héréditaires) quelque diligence qu’on
y puisse faire : dont cela est venu en
prouerbe, mesmes aux poètes latins,
entre lesquels Horace dit :
Qui cupit , aul meluil , iuual ilium sic domus ,
aiU res,
Üt lippum pictæ tabulas, fomenta podagram.
Voulant dire, que les medicamens
et fomentations donnent autant d’al-
legemens aux podagres, que font
les richesses à celuy qui est vexé
d’auarice infatigable, désirant tous-
iours d’amasser : ou comme les pein¬
tures et tableaux donnent récréation
à vn homme qui a mal aux yeux. Sur
quoy aussi Guide dit;
Soluere nodosam nescii medicina podagram ;
Qui signifie que la medecine ne
peut guarir la goûte des pieds estant
noueuse*. Donc en ce on ne doit accu¬
ser les Médecins et Chirurgiens , ny
aussi les Apoticaires et leurs drogues.
Cari’ose affermer, qu’aux goûtes il y a
vn certain virus inconneu et indici¬
ble : ce qu’Auicenne semble confes¬
ser , liure troisième , fen. 22. traité 2.
chapitre 5. et 7. quand il dit qu’il y a
vne espece de goule qui est d’vue
matière si aiguë et maligne, que si
elle vient à s’esmouuoir par quelque
courroux d’esprit, elle cause vne
mort subite. Aussi Galien au liure de
» L’édition de 1575 ajoutait: si ce n'est
pour pallier^Ceci a été effacé en 1579.
Theriaca ad Pisonem, chap. 15. dit
que le theriaque profite aux poda¬
gres , et à toutes maladies articulai¬
res, parce-qu’il obtond, consomme et
seiche la matière virulente des goû¬
tes. D’auanlage, Gourdon au chapi¬
tre des goûtes , semble auoir entendu
qu’en icelles y a quelque vénénosité,
quand il dit qu’en telle maladie l’v-
sage du theriaque est fort à louer , et
principalement après que le corps est
mondifié et purgé. Or pour le dire en
vn mot, les goûtes participent de
quelque matière virulente, Ires-sub-
tile et veneneuse , non toulesfois con¬
tagieuse , laquelle peche plus en qua¬
lité qu’en quantité : qui cause vne
douleur extreme en la partie où elle
tombe , et est cause d’y faire fluer les
humeurs, principalement ceux qui
sont aptes et préparés à descendre :
et non seulement les humeurs , mais
aussi les esprits flatueux : ainsi qu’on
voit és morsures et piqueures de bestes
venimeuses, comme des mousches à
miel, fVeslons , et autres , qui par leur
venin causent douleur aiguë, auec
chaleur, enfleure et vessies: qui se fait
par l’ebullition des humeurs causée
par le venin. Le virus arthritique
fait pareils accidens, lesquels ne ces¬
sent iusques a ce qu’il soit resou U et
consommé, soit par Nature, ou par
medicamens, ou par les deux en¬
semble.
Or il faut icy entendre que les ac¬
cidens des morsures et piqueures
des bestes venimeuses ne viennent
pas seulement pour la solution de
continuité : car on voit souuent les
cousturiers, et autres artisans, se pi¬
quer profondément de leurs aiguilles
aux extrémités des doigts , mesmes
entre l’ongle et la chair : neanlmoins
ne sentent pareille douleur, et n’y
voit -on suruenir le plus souuent
DES GOVTES.
211
aucun mauuais accident. Parquoy ie
conclus que les accidens prouenans à
cause de la morsure d’vne vipere , ou
piqueure d’vn scorpion, ieltant vne
bien petite quantité de venin , et qui
est cause en peu de temps de faire
vne intemperature à la partie et
grande mutation au corps , se doiuent
attribuer non à la playe, mais à la
qualité du venin principalement.
Aussi la cause de la douleur et des
autres acciJens qui aduiennent aux
goûtes, est vne virulence et véné¬
nosité, laquelle (comme nous auons
dit ) peche plus en qualité qu’en quan¬
tité : ce qu’on connoisten ce qu’au¬
cuns ont des douleurs aux iointures
sans aucune apparence de defluxion
d’humeurs , mais par vne seule in¬
temperature indicible : laquelle chose
peut estrfeencores illustrée et enten¬
due par ceste histoire.
CHAPITRE IlL
HISTOIRES MEMORABLES
Le Roy estant à Bordeaux, ie fus ap¬
pelé auec messieurs Chapelain, Con¬
seiller et premier Médecin du Roy,
Caslellan , Conseiller et Médecin du
Roy, et premier de la Royne, auec
monsieur de la ïaste. Médecin de¬
meurant à Bordeaux, et maistre Ni¬
cole Lambert, Chirurgien ordinaire
du Roy, pour visiter et donner con¬
seil à vne damoiselle, aagée de qua¬
rante ans ou enuiron , malade d’une
tumeur de la grosseur d’vn petit
pois, située au dessous de la ioin-
1 Ce chapitre existait déjà en 1575, mais
confondu avec le précédent; il en a été sé¬
paré en 1579.
ture de la hanche senestre, partie ex¬
terne : et sur ladite tumeur et par¬
ties voisines, sentoit par interualle de
temps vne extreme douleur, comme
ie declareray cy après : et pour l’ap-
paiser on auoit cherché tous moyens,
appellant pour ce faire plusieurs Mé¬
decins et Chirurgiens , voire mesme
des sorciers et sorcières : tous lesquels
ne luy sceurent donner aucun allé¬
gement de sa douleur. Or ayans tous
entendu ceste histoire, ie desiray fort
sçauoir quels accidens suiuoient en
l’accès de sa douleur : dont ie m’en al-
lay au logis de ladite damoiselle , ac¬
compagné dudit de la Taste : où bien
tosl après estans arriués, sa douleur
luy print: et alors elle commença à
crier, se iettant çà et là, faisant des
mouuemensincroyables. Car elle met-
toit sa teste entre ses iambes, et les
[ pieds surles espaules, auec plusieurs
autres mouueùiens merueilleux. Cest
accès luy dura prés d’vn quart d’heure;
pendant lequel ie m’efforçay à pren¬
dre garde s’il suruenoit tumeur, ou
quelque inflammation au lieu de la
douleur : maisie puis acertener qu’il
n’en y auoit aucune, ny au sens du
tact , ny de la veuë. Vray est que lors
que i’y touchois , elle crioit d’auan-
tage. L’accès passé, elle demeuroit
en vne grande chaleur et sueur vni-
uerselle, et lassitude de tous ses mem¬
bres, ne se pouuant aucunement re¬
muer. Or après auoir veu telle chose,
ie demeuray grandement esmerueillé,
comme aussi ledit de la Taste : au¬
quel ie demanday ce qui luy en sem-
bloil ; il me fit response, qu’il estimoit
que c’estoit vn démon qui tourmen-
tüit ceste panure créature. En quoy
ie ne luy voulus contredire pour
l’heure, attendu que iamais n’auois
véu ny ouy parler de tel accident.
Car si c’eust esté vue maladie epilep-
212
LE VINGT-VNlliME LIVRE,
tique, il se fust ensuiui perdition de
tous les sens, anec commision : niais
ceste demoiselle ratiocinoit bien, et
parloit encores mieux. Apres qu’eus-
mes fait rapport de ce spectacle à
messieurs Chapelain et Castellan ,
ils furent grandement estonnés : et
fut conclu de nous tous (attendu
qu’on auoit procédé auparauant par
plusieurs moyens , lesquels ne luy
auoient aucunement osté sa douleur)
qu’on luy appliqueroit sur la tumeur
Yn cautere potentiel, lequel i’appli-
quay ; et l’escarre cheute, tomba vne
sanie virulente de couleur fort noire ;
et fut veuë depuis n’auoir aucune
douleur.
Parquoy ie veux conclure par ceste
histoire, que la cause de sa douleur
estoit vn virus venimeux , lequel
pechoit plus en qualité qu’en quan¬
tité , qui eut issue par le moyen de
l’ouuerlure faite parle cautere.
Vn semblable fait est aduenu à la
femme du cocher de la Royne , de¬
meurant à Amboise, au milieu du
bras droit, ayant par certains iours
semblables douleurs que la susdite
damoiselle : laquelle nous vint trou-
uer, messieurs Chapelain, Castellan
et moy, à Orléans, nous suppliant que
nous eussions à luy vouloir donner
secours à sa douleur qui estoit si
vehemente qu’elle se vouloit ietter
parles fenestres , ayant pour ceste
occasion garde auec elle. Nous con-
clusmes qu’on luy appliqueroit vn
cautere potentiel surlapartiemesme,
ainsi qu’auions fait à la susdite da¬
moiselle, ce que iefis : et l’ouuerture
faite, sa douleur cessa, et l’a depuis
du tout perdue.
< La phrase s’arrêtait là en 1575; le reste
a été ajouté en 1579.
Or pour retourner à nostre propos,
le vice des humeurs n’est pas seule¬
ment cause des goules, par-ce que le
mal ne seroit pas seulement aux ioin-
tures , mais aussi aux parties muscu¬
leuses ; et ne causeroit telles dou¬
leurs, comme i’ay dit. Aussi on peut
dire à la vérité que le mal ne vient
pas de l’imbécillité des iointures
(comme plusieurs estiment) laquelle
seule aussi ne peut causer telles dou¬
leurs. Car s’il estoit ainsi , les douleurs
ne cesseroient iamais pendant que
l’homme vit , d’autant que l’imbecil-
lité est tousiours aux articles : ains
les deux ensemble , c’est à sçauoir, la
redondance vicieuse de l’humeur , et
l’imbecillilé des articles.
Que diray-ie plus pour demonstrer
l’incertitude de la cause des goûtes?
C’est qu’elles sont comme vne rente
consti tuée : pource qu’elles reuiennen t
tous les ans à certains termes, princ ipa-
lement en automne et au printemps »,
quelque diligence que l’on y sçache
faire : de quoy l’experience fait foy . Et
qui plus est, celles mesmement qui
viennent de naissance, c’est à dire,
par héritage du pere et de la mere,
ne peuuent iamais guarir vrayement,
comme i’ay dit : ains seulement re-
çoiuent curepalliatiue. Et pour y pro¬
céder , les Médecins et Chirurgiens
doiuent auoir bon pied , bon œil , et
qu’ils soient munis de bon iugement,
et de plusieurs et diuers remedes ,
à fin qu’on en puisse choisir selon
qu’on verra les accidens aduenir,
pour seder les douleurs tant chaudes
que froides, ou mistionnées ensem¬
ble , tant qu’il sera possible.
’ SeZon Hippocrates Aph. 55. li. 6. —A. P.
Celte citation date seulement do l’édition
posthume de 1508.
DES GOVTES.
CHAPITRE IV.
DES CAVSES ACQVISES ET MANIFESTES
DES GOVTES.
Combien que nous ayons demonstré
la cause des goûtes estre inconneuë,
toulesfois communément on luy assi¬
gne des causes dont le Médecin peut
donner quelques raisons. Or tout ainsi
qu’il y a trois causes aux autres mala¬
dies, à sçauoir, primitiue, antecedente
et coniointe, aussi y a-il aux goûtes.
Quant à la primitiue, elle est dou¬
ble : l’vne vient de la première géné¬
ration, comme celuy qui aura esté
procréé de pere et mere goûteux :
principalement quand la matière vi •
rulente est en rut, c’est à dire en
mouuement , et que l’homme se ioint
auec sa compagne , et qu’il engendre,
il est bien difficile que les enfans ne
soient gouteux , à cause que ceste ma¬
tière virulente se mesle auec la se¬
mence ; d’autant que la matière de la
semence vient de tout le corps ,
comme monstre Aristote au liure De
generationeanimalium * : pareillement
Hippocrates au liure deVair, des ré¬
gions et des eaux. L’autre prouient
par intemperature, tant de la maniéré
de viure que de trop frequent exercice,
de l’acte venerien , et autres choses
que déclarerons cy après.
Celle qui prouient des parens gou¬
teux peut estre appellée maladie hé¬
réditaire, pour-ce qu’elle vient de
pere en fils : ce que toutesfois n’ad-
uient pas tousiours, comme l’experien-
ce le monstre. Car on voit plusieurs
estre vexés des goûtes, desquels les
pere et mere iamais n’en auoient esté
‘ Aul. liure, chap. 17. —-A. P.
!2i3
malades : et d’autres n’en estre aucu¬
nement affligés ,et toutesfois leurs pere
et mere en estoient grandement tour¬
mentés ; laquelle chose se fait par la
bonté de la semence de la femme , et
par la bonne température de la ma¬
trice d’icelle , corrigeant l’intempera-
ture de la semence virile : tout ainsi
que celle de l’homme peut corriger
celle de la femme : comme on voit
souuent par expérience des enfans
n’estre point gouteux, lepreux , tei¬
gneux , epileptiques , encore que leurs
pere ou mere fussent suiets à telles
maladies. Laquelle correction si elle
defaut au pere ou à la mere , les en¬
fans ne péuuent eschapper qu’ils ne
soient suiets ausdites maladies : les¬
quelles ne se peuuent parfaitement
curer , quelque diligence qu’on y
puisse faire. Parquoy on ne doit
( comme nous auons dit ) calomnier
la Medecine ny la Chirurgie, ny
moins les drogues de l’Apoticaire :
pour-ce que la semence suit la com-
plexion et tempérament de celuy qui
engendre : en sorte qu’vn homme et
vne femme bien tempérés produiront
vne semence bien complexionnée : au
contraire , s’ils sont intemperés , pro¬
duiront vne semence mal complexion¬
née, et non propre pour engendrer
vn enfant bien complexionné, comme
le dit Auicenne C Parquoy celuy qui
sera gouteux, s’il fait vn enfant, à
grande peine pourra-il euader qu’il
ne soit gouteux , si ce n’est par la
rectification de la semence de la mere
ou du pere , ainsi qu’auons déclaré.
La seconde cause vient des super¬
fluités de nostre corps , qui s’altèrent
et se conuertissent en cest humeur
virulent. Or ces superfluités produites
1 Auicenne liu. 3. fen. 22. traité 2. chup, 5.
— A. P. Cette citation est de 1579.
Ql/i LE VINGT-VNIEME LIVRE
par vne grande plénitude ou obstruc¬
tion des vaisseaux ( qui se fait prin¬
cipalement par la mauuaise maniéré
de viure, et pour auoir crapule et
beu des vins forts) font esleuer au
cerueau plusieurs vapeurs , qui rem¬
plissent la teste': puis les membranes,
nerfs et tendons en sont rendus laxes
et imbecilles, et par conséquent les
iointures. Aussi cela adulent pour
auoir mangé plusieurs et diuerses
viandes à chacun repas , en trop
grande quantité : lesquelles engen¬
drent vne cacochymie. Aussi dormir
tost après le repas et longuement , et
prendre peu d’exercice, telles choses
corrompent la faculté digestiue. Car
lors qu’elle defaut , s’ensuiuent cru¬
dités, obstructions et sérosités, qui
tombent sur les iointures : lesquelles,
sur toutes autres parties , sont debiles
naturellement , ou par accident : na¬
turellement, comme en ceux qui les
ont dés leur première génération
laxes et foibles : par accident, comme
en ceux qui ont beaucoup cheminé à
pied , ou se sont tenus debout , ou
ont enduré le froid : pour-ce que par
la longue intemperature , les iointu¬
res sont rendues imbecilles. Aussi
cela peut aduenir par cheute, ou
coups, ou pour auoir esté estendu
sur la gesne , ou auoir enduré l’astra-
pade : pareillement à ceux qui sont
excessifs au coït , et principalement
tost après le repas, d’autant que tout
le corps est réfrigéré : par-ce que la
chaleur naturelle s’amoindrit , pour
la grande quantité d’esprits qui sont
iettés au coït, et que la faculté diges¬
tiue en est alToiblie » : et partant s’en¬
suiuent crudités sereuses qui de-
fluent sur les iointures , à cause des¬
quelles , et aussi de ladite réfrigéra¬
tion, lesdites iointures sont debilitée.s,
qui est cause des goûtes. Or veu que
ladite faculté digestiue defaut aux
vieilles gens, il ne se faut esmerueil-
1er s’ils sont gouteux.
Outre-plus, les euacuations accous-
tumées retenues , comme le vomisse¬
ment, flux menstruel, hemorrhoïdal,
flux de ventre et autres, souuent sont
cause de la goûte ; partant les fem¬
mes ne sont suiettes aux goûtes pen¬
dant qu’elles ont leur flux, mais bien
après l’auoir perdu. Ce que dit Hip¬
pocrates ‘ : par-ce que les superflui¬
tés sont retenues , lesquelles auoient
accoustumé de se purger. D’auan-
tage , ceux à qui vieilles vlceres ou
fistules auront coulé par longues
années, et puis sont closes et con¬
solidées , s’ils ne tiennent après bon
régime, et ne se purgent par fois,
sont en danger d’estre gouteux :
comme au contraire , les varices des
cuisses etiambes, et les hemorrhoïdes^
flux dysentérique . et vieilles vlceres,
empeschent la génération des goûtes.
Plus , ceux qui releuent de quelque
grande maladie , lesquels n’ont point
bien esté purgés par medecine, ou
par Nature, souuent deuiennent gou-^
leux. Ceux qui ont le cerueau fort
froid et humide, sont pareillement
suiets aux goûtes.
Or pour conclure en peu de paro¬
les, les causes manifestes de ceste
maladie sont , mauuaise maniéré de
viure , qui engendre crudités et séro¬
sités: le coït superflu , cheminer trop
hasliuement ou plus longuement que
Nature ne le peut porter, demeu¬
rer trop longuement debout, équita¬
tions de trop longue durée, euacua-
‘ Galienaa 1. liii.De semine. — A. P.
Àpho. 29. Hure 6.— A. P.
DES GOVTES.
tions accoustumées retenues , le vice
des parens, lequel les enfans sont
contraints de sentir , quasi par droit
héréditaire.
Quant aux causes internes, entre
les principales sont, redondance des
humeurs crus, et l’amplitude des vais¬
seaux : la force des principales parties
mandantes, et l’imbécillité des rece-
uantes , auec laxe capacité des con¬
duits et inanités d’icelles, et la situa¬
tion inferieure de la partie affligée
Or le ieune Chirurgien doit sça-
uoir qu’il y a quatre facultés natu¬
relles, par lesquelles les plantes et
animaux se gouuernent. La première
est qui attire l’aliment ; la seconde ,
qui le retient : la tierce , qui le chan¬
ge et digéré : la quarte, qui reiette le
superflu , par-ce qu’il peche en quan¬
tité ou en qualité , ou tous les deux
ensemble : aussi le virus et les hu¬
meurs sont iettés par la vértu expul-
trice aux ioinlures. Quant à ce que
ledit humeur s’arreste plustost aux
ioinlures qu’aux parties musculeuses,
cela se fait pour-ce que les ioinlures
sont exangues et froides, c’est à dire
auec vn peu de sang, et de substance
dense et serrée , et que les parties qui
sont entre icelles sont charneuses,
laxes et molles , et la grande astric-
tion du cuir (qui est ordinairement
aux vieux pour la siccité ) fait que la
transpiration est empeschée et les
superfluités retenues : dont souuent
s’ensuit la goûte, ou quelque grand
prurit par tout le corps, ou gralelles,
ou rongnes , et leurs vrines acres.
Or la douleur qui se fait en cesle
maladie vient pour l’acrimonie de la
qualité virulente, quelquesfois toute
seule sans nul autre humeur ; et
aussi le plus souuent la douleur faite
^Voy. Guidon au chap, des 'goutes. — A, P.
aiÔ
du virus est cause d’attirer des esprit®
flatueux et humeurs ja préparés à
fluer : comme le sang , et alors la
fluxion sera phlegmoneuse : si c’est la
cholere, erysipelateuse : si c’est le
phlegme , œdémateuse : si c'est l’hu¬
meur melancholique , scirrheuse. Et
s’il y a deux humeurs meslés ensemble,
celuy qui sera en plus grande quan¬
tité prendra la dénomination ; comme
si le sang domine la cholere, on
pourra dire phlegmon erysipelateuoc :
au contraire si c’est la cholere , sera
nommé erysîpelas phlegmoneux : et
ainsi des autres humeurs. Et ceste
matière virulente accompagnée des
humeurs et esprits flatueux , estant
aux ioinlures , les remplit et fait
distension aux parties , comme mem¬
branes, aponeuroses, tendons, et au*
très parties qui lient les ioinlures.
CHAPITRE V.
DE l’origine de LA DEFLVXION
DES GOVTES.
L’origine de la defluxion et matière
des goûtes vient du cerueau, ou du
foye L Lors qu’elle vient du cerueau,
on peut dire que c’est la pituite se-
reuse, claire et subtile , telle qu’on
voit le plus souuent distiller et cou¬
ler par le nez et par la bouche, ac¬
compagnée du virusindicible,laquelle
difflue par les tuniques des nerfs et
tendons par dessous le cuir muscu¬
leux qui couure le crâne , et par de¬
dans le grand trou par lequel la nu¬
que passe : et telle fluxion est tous-
iours froide. Lors qu’elle vient du
foye, elle court et flue par les veines
1 Fernel. — A, P.
216
et arteres chargées d’abondance d hu¬
meurs qu’elles ne peuuent contenir
pour la quantité, ou pour la qualité
vicieuse. Et peut-on lors dire que ce
sont les quatre humeurs contenus en
la masse sanguinaire, simples ou com¬
posés, accompagnés pareillement du
virus arthritique ; et sont plustost
chauds que froids, au contraire de ce
qui âduient lors que la fluxion se fait
du cerueau.
. Or ceste matière de laquelle sont
faites les goûtes, que nous auons
maintenant déclarée , est la fluxion
qui se fait des autres parties : outre
laquelle il y a vne autre cause, ap-
pellée congestion : à sçauoir, quand
quelque partie ne peut faire concoc¬
tion de ce qui luy est baillé par Na¬
ture pour sa nourriture. Et quant à
moy, il me semble (sauf meilleur iu-
gement que le mien ) que la matière
virulente des goûtes est en la masse
sanguinaire, voire en toutel’habitude
du corps : et que ceste sérosité viru¬
lente se meut par certaines causes
qu’auons cy dessus mentionnées ».
Encore outre ces raisons naturelles,
il y a quelque chose qu’on ne peut
expliquer, ainsi qu’à l’epilepsie , flé-
ure quarte , et à vne infinité d’autres
maladies, ce qu’ Hippocrates a dit
au liure premier des Prognostiques ,
1 Le chapitre se termine ici dans les édi¬
tions de 1579 et 1585. Dans la première édi¬
tion posthume, Paré, ou son éditeur, a réta¬
bli la dernière phrase qui se lisait déjà dans
l’édition de 1575; mais cette première édi¬
tion ajoutait en outre cette autre phrase, qui
est demeurée absolument supprimée :
« Ce qui est venu en proverbe ,
Qu’en la fiéure quarte et la goule
Le médecin n’y roil goule :
principalement en celle qui est héréditaire
ou Inueteréc. »
LIVRE,
qu’aux maladies il y a quelque chose
de diuin.
CHAPITRE VI.
SIGNES QVE LA FLVXION VIENT
DV CERVEAV.
Les malades , lorsque la fluxion se
veut faire, se sentent appesantis, en¬
dormis, et hébétés, auec grand senti¬
ment de douleur aux parties externes
de la teste, et principalement quand
on leur renuerse leurs cheueux ; et
souuentesfois on leur trouue vne tu¬
meur œdémateuse au cuir qui cou-
ure le crâne : et leur semble qu’ils
ayent changé leur nature à vne autre
presque toute estrange, de sorte qu’il
leur est aduis qu’ils ne sont plus eux
mesmes , pource que la virulence de
la matière a renuersé et changé les
fonctions et toute l’œconomie du
corps. Aussi ils sentent grandes cru¬
dités en l’eslomach, et routemens
aigres. Et mesme l’humeur qui cause
la migraine a similitude, pour sa ma¬
lice et virulence, à celuy qui cause
les goûtes ; laquelle pource qu’alors
elle communique sa douleur à toute
la moitié de la teste, a esté appellée
des anciens Hemicrania. A aucuns la
fluxion descend du cerueau entre cuir
et chair aux iointures, voire iusques
à celles des doigts des pieds : et telle
defluxion procédé lentement, au con¬
traire de l’humeur qui est chaud, du¬
quel la fluxion se fait promptement
et auec sentiment de douleur.
lÆ VINGT-VNIÉME
DES GOVTES.
CHAPITRE VIL
LES SIGNES QVE LA FLVXION VIENT
DV FOYE ET DE LA MASSE SANGVI-
NAIRE.
Les malades sentent chaleur au
foye, et aux parties intérieures de
leur corps , et sont communément de
température sanguine et cholérique,
ayans les veines larges et grosses,
ioint que la fluxion se fait prompte¬
ment : dont se fait fluxion de sang
et de la cholere auec les autres hu¬
meurs. Mais quelquesfois le sang peut
degenerer de sa qualité chaude, et
deuenir pituiteux et sereux par mul¬
tiplication de crudités, et autres cho¬
ses qui causent et engendrent la pi¬
tuite ; et alors peut aduenir que de
la masse sanguinaire, comme du cer-
ueau, tombe et découlé sur les ioin-
tures vn humeur pituiteux auecques
le virus : tout ainsi que si l’humeur
melancholique est en grande abon¬
dance , il y peut aussi découler : ce
que tou tesfois est rare, comme nous
demonstrerons en son lieu. Partant
pour mieux distinguer la différence
desdits humeurs, nous les descrirons
particulièrement.
CHAPITRE VUE
LES SIGNES POVR CONNOISTRE QVEL IIV-
MEVR ACCOMPAGNE LE VIRVS AR-
THRITIQVE.
Premièrement pour connoistre si le
sang domine, faut considérer l’aage,
comme la ieunesse du malade , sa
température sanguine , le temps de
217
l’année , qui est le printemps, la ré¬
gion temperée : aussi s il a vsé de ma¬
niéré de viure chaude et humide,
multipliante le sang : et qu’au matin
la douleur est plus grande et plus pul¬
satile et tensiue, auec vne pesanteur,
et la couleur de la partie rouge et
vermeille : ioint qu’il y a grande tu¬
meur , non seulement des veines ,
mais aussi de toute la partie malade :
et y a grande distension en la partie,
tellement qu’il semble qu’elle se
rompt. Les vrines sont rouges et es-
paisses : d’auantage, ils ne peuuent
endurer l’application des remedes
chauds, ains par l’application d’iceux
la douleur s’aigrit d’auantage. Plus ,
les exacerbations, ou accès, se font et
repetent tous les iours, et principale¬
ment au matin. De toutes ces choses
tu peux conclure que le sang domine.
CHAPITRE IX.'
LES SIGNÉS DE LA CHOLERE.
Aussi les signes de la cholere sont,
que la couleur de la partie sera trou-
uée blaffarde , auec grande chaleur
ignée et peu de tumeur, douleur
poignante et extrêmement aiguë : et
le malade sent plustost chaleur que
distension et pesanteur ; et (îombien
que la partie apparoisse rouge, tou-
tesfois elle tend plus à citrinité, c’est
à dire couleur iaunastre, qu’à la cou¬
leur sanguine ; et si elle est pressée
du doigt, le sang cholérique ( à cause
qu’il est fort subtil ) fuit facilement,
puis subit retourne , et renient plus
rougeastre qu’auparauant. Car de-
uant qu’on comprimast la partie, l’hu¬
meur plus vicieux et flaue occupoit
I la superficie du cuir, et par la com-
LE VINGT-VNIÉME LIVRE,
ai8
pression du doigt, le sang qui estoit
caché sous le cuir fait monstre et pa¬
rade de soy, iusques à ce que l’effet
de la compression cesse, l’humeur bi¬
lieux retourne en son premier lieu
dont iceluy apparoist plus blaffard
qu’en vn phlegmon fait de sang pur,
comme nous auons dit : ioint que
la partie est plus aidée par medica-
mens refrigerans et humectatifs , que
par ceux qui eschaiiffent et seichent.
Le patient a le pouls fort viste ët fre¬
quent, et est de tempérament cholé¬
rique. Aussi la douleur sera trouuée
plus grande sur le midy, iusques à
quatre heures du iour, qu’à autres
heures, parce que la cholere se meut
en tel temps. D’auanlage les patiens
ont des exacerbations , c’est à dire
reuouuellemens de douleur, de trois
iours en trois iours, comme on voit
aux fléures tierces. Aussi la chaleur
du temps donne indice, comme l’esté.
Outre-plus la qualité des viandes est
à considérer, comme si le malade a
vsé de viandes qui multiplient et en¬
gendrent la cholere. Ses vrines seront
trou nées fort subtiles et de couleur ci-
trine, et quelquesfois tellement acres,
qu’elles offensent le conduit vrinal.
CHAPITRE X.
SIGNES DE L’hVMEVR PITVITEVX.
L’humeur pituiteux , qui cause les
goûtes , est sereux, et quasi tousiours
semblable à celuy qu’on voit distiller
* Ceci est le texte tel qu’il a été corrigé
en 1579; l’édition de 1575 portait:
« Et par la compression du doigt le sang
qui estoit caché sous le cuir s’enfuit, puis
cessant de comprimer retourne auec l’hu¬
meur flaue. »
du cerueau en temps froid par le nez,
comme auons dit. Lors qu’il dcflue
sur quelque iointure, il faut qu’elle
apparoisse enflée, et de la couleur du
cuir : et ne différé pas grandement
en couleur de la partie saine, c’est à
dire qu’elle n’est ny rouge ny chaude,
mais on sent froideur au sens du
tact : et l’application des choses froi¬
des nuit grandement au patient ,
mais les chaudes luy sont profitables.
Or pour engendrer tel humeur,
là vieillesse y fait beaucoup, et aussi
le tempérament froid et humide, et
Tair ambiens de mesme : pareille¬
ment le temps d’Hyuer, l’oisiueté,
les viandes froides et humides, fruits,
legumes, et generalement toutes cho¬
ses qui engendrent la pituite : et la
douleur est en temps d’hyuer plus
grande la nuict que le iour, pour ce
que la pituite a ses exacerbations ou
mouuemens tous les iours , et prin¬
cipalement la nuict. La tumeur sera
trouuée molle, en laquelle après
auoir pressé du doigt dessus , la fosse
y demeure quelque temps après,
comme on voit aux œdemes. Les
vrines seront trouuées crues et es-
paisses, et de couleur blanchastre,
comme toutes les autres superfluités
phlegmatiques, muqueuses, et glai¬
reuses. Si la pituite est salée , le pa¬
tient sentira vn grand prurit et mor-
dacitéà lapartie. Le pouls au toucher
sera trouué mol, lent, et diuers.
Aussi on prend garde que le malade
n a fait exercice. Et cest humeur cause
le plus souuent les goules, principa¬
lement quand il est cru : et pour
abroger, d’autant que les susdits hu¬
meurs seront esloignés de leurs tem-
peramens , et auront acquis vne qua¬
lité acre et virulente, d’autant aussi
en seront les douleurs et accidens
plus grands.
DES GOVTES.
CHAPITRE XL
SIGNES DE l’hVMEVR MELANCHOLIQVE
En la partie y aura peu de tumeur
et douleur, et sera comme endormie
en vn sentiment de pesanteur. La
couleur sera aucunement liuide et
plombine : et le plus souuent on sent
la partie froide quand on la touche.
Aussi peut estre que le malade est de
température melancholique , et at¬
ténué : pareillement qu’il aura vsé
de viandes qui multiplient l’humeur
melancholique. La cause aussi de tel
humeur est la région froide et seiche,
et les alimens qui engendrent suc
melancholique : aussi la tristesse , le
temps d’automne, oul’hyuer, etl’aage
qui est vers la vieillesse. Le pouls sera
trouué dur, tensif et petit. Le patient
aura peu d’appetit de boire et man ger .
Les vrinesleplus souuent au commen¬
cement sont ténues et aqueuses, à
cause des obstructions, et après plus
noires qu’elles ne doiuent estre selon
nature , et moyennement crasses. La
résidence 2 est quelquesfois meslée de
matière cruente et fusque. Les exa¬
cerbations seront de quatre iours en
quatre iours : et la douleur sera trou-
uée plus grande après midy vers le
soir, qu’à autre heure du iour, à cause
que le mouuement de l’humeur me¬
lancholique est tel: ce qu’on voit
aux fiéures quartes, qui sont faites
de tel humeur.
Or plusieurs estiment que les gou-
1 Ce chapitre était confondu avec le pré¬
cédent dans l’édition de 1575 ; il en a été sé¬
paré en 1579.
* L’édition de 1576 portait : la subsidence;
ce qui a été corrigé en 1579.
aig
tes ne s’engendrent d’humeur melan¬
cholique, à cause de sa substance
grosse et terrestre , qui à peine peut
fluer aux iointures : ce que ie concédé,
s’il estoit seul : mais estant accompa¬
gné du vfrus prédit , peut fluer aux
iointures L
CHAPITRE XII.
PROGNOSTIC DE LA GOVTE.
Les anciens médecins nous ont
laissé par escrit , que les maladies des
iointures sont trouuées entre les plus
griefs maux et tourmens presque in¬
supportables ; tellement que quel¬
quesfois les malades perdent le sens
et entendement , et désirent plus la
mort que la vie.
Les goûtes tiennent leur période
et paroxysme du virus et des hu¬
meurs dont elles sont faites : elles
viennent volontiers au printemps et
en automne, comme nous auons par cy
deuant déclaré 2. Et ceux qui sont ve¬
xés de goûtes naturelles , c’est à dire
qui les ont héréditaires, ne guarissent
iamais parfaitement, ou bien rare¬
ment. Lors aussi que les nœuds, ou
nodosités sont aux iointures , ils ne se
peuuent parfaitement curer, princi¬
palement si la matière est gypsée,
parce qu'elle ne se peut résoudre , et
encore moins suppurer.
Les goûtes faites de matière pitui¬
teuse et froide ne sont pas tant dou¬
loureuses que celles qui sont faites de
* L’édition de 1575 ajoutait : combien que
plus rarement ; ces mots ont été supprimés à
l’édition suivante.
2 Hippocrates liu. 6. apho. 55. — A. P.
Cette citation est de 1598.
T20
LE VINGT-VNIEME LIVRE,
matière chaude, comme de sang ou
de cholere : aussi elles ne sont si tost
curées, parce que les chaudes sont
plustost digérées et resolües , à cause
de leur chaleur et subtilité. Caries
froides durent le plus souuent qua¬
rante iours ou plus , à cause que la
matière est grosse et espaisse ‘ : quel-
qiiesfois plus tost , et quelquesfois
plus tard , selon que le malade tien¬
dra bon régime, et qu’il sera bien
pensé du Médecin et Chirurgien.
Aussi d’autant plus que la partie où
s’est faite la fluxion est espaisse,
- comme la iointure du genoüil , ou
sous le talon, ou en lieu profond,
comme à la hanche, et qu’elle a la
vertu expultrice imbecille, le mal
est plus long à guarir que quand
le contraire se fait.
Celles qui sont chaudes durent qua¬
torze iours, et bien souuent vingt ou
plus, quelque diligence qu’on y sça-
che faire.
Les goûtes qui sont causées d’hu¬
meurs gros et visqueux ne font pa¬
reillement grande douleur, et ne
sont aussi tost guaries.
Celles qui sont faites d’humeurs
chauds et cholériques sont tres-dou-
loureuses , et mettent quelquesfois le
patient en desespoir, et causent à au
cuns paralysie, difficulté de respi¬
rer, perturbation d’esprit, gangrené
et mortification en la partie , et par
conséquent la mort.
Entre toutes les douleurs arthriti¬
ques, la sciatique emporte le prix ,
pour estre plus douloureuse , et cau¬
ser plus grands accidens, comme fié-
ure, inquiétude, luxation, et clau¬
dication perpétuelle , émaciation , ou
amaigrissement de toute la cuisse
I Galien au com. ctu49. Ayh, de la 6. sect.
— A. P.
et de la iambc , et quelquesfois de
tout le corps. La cause de la claudi¬
cation et de l’emaciation est, que
l’humeur aura ietté l’os femoris hors
de sa boëtte et lieu naturel ; lequel
estant hors , presse les muscles , vei¬
nes, arteres, et le gros nerf qui descend
le long de la cuisse iusqu’à l’extre-
milé des orteils, pour se distribuer
aux muscles : au moyen de quoy les
esprits ne peuuent reluire aux par¬
ties inferieures , et par conséquent se
tabefient, et deuiennent consommées
et amaigries : dont le panure gouleux
demeure après claudicant tout le
long de sa vie.
Or plusieurs demeurent claudicans,
combien qu’ils n’ayent luxation ; qui
se fait à cause que l’humeur glaireux,
propre tant pour la nourriture des
iointures que pour les lubrifier et
les rendre plus faciles h mouuoir,
s’endurcit par la chaleur estrange :
. et pareillement parce qu’il n’est
subtilié par le mouuement qui auoit
accoustumé d’estre fait : et les autres
humeurs, qui sont deflués en plus
grande quantité que la partie n’a
peu digerer et assimiler en sa sub¬
stance, par congestion sont demeu¬
rés impactes et endurcis, qui fait que
le mouuement ne peut estre fait et
accompli.
D’auantage, la goutte causée de ma¬
tière grosse et visqueuse defluant sur
vne partie , souuent rend les mem¬
bres courbés et tortus , iusques à iet-
ter les os hors de leurs propres ioin¬
tures ; ce que l’on voit non seulement
és grandes iointures , mais és doigts
des mains et des pieds, lesquels par
vne goûte noüée sont quelquesfois
iettés de leurs iointures, au moyen
dequoy ils deuiennent tout crochus :
et principalement quand l’humeur
tombe en grande abondance , rend la
DES GOVTES.
221
partie languide et atrophiée, c’est à
dire consumée, aride et seiche, et
son action dpprauée,et souuent du
tout perdue. Car toute intemperalure
qui demeure longuement sur vne par¬
tie , diminue la force et vertu d’icelle,
et par conséquent son action, comme
nous auons dit cy dessus. Lors que
le virus causant les goûtes n’est , se¬
lon son cours ordinaire et paroxysme
accoustumé , ietté aux iointures ( par
l’imbécillité de la vertu expulsiue)
il cause maladies cruelles, grandes et
mortelles. Car quand il arriue en la
substance du foye, il excite inflam¬
mation d’iceluy : s’il demeure aux
grandes veines, il engendre vne fléure
continue : et s’il tombe sur la mem¬
brane qui couure les costes , il cau¬
sera vne pleuresie : s’il demeure et
s’attache aux intestins , sera cause de
faire vne colique, ou iliaque passion,
auec tres-grande douleur : et ainsi
sur les autres parties fait accidens
diucrs. Ce qu’on voit en ce qu’aucuns
gouteux deuiennent paralytiques , à
cause que la matière des goûtes bou¬
che les porosités des nerfs , de sorte
que l’esprit animal n’y peut reluire :
parquoy la partie demeure immobile
et résolue.
Les vieillards ne peuuent iamais
estre deliurés de leurs goûtes, parce
que leur sang et toute leur masse
sanguinaire est altérée et ne peut
estre rectifiée, non plus qu’vn vin
bas et deuenu aigre.
Les goûtes qui viennent prompte¬
ment , precedent d’intemperature
chaude et souuent sans matière : qui
se connoist , parce qu’il n’y a aucune
tumeur apparente à la partie , ny au
dehors ny au dedans des iointures: et
sent-on apertement par le toucher la
partie fort chaude , et le patient se
sent allégé par remèdes froids, ainsi
que nous auons dit. Au contraire, la
fluxion faite de matière froide découlé
lentement, et la partie sera froide, et
allégée par remedes chauds.
Les goûtes viennent quelquesfois
au fort de l’hyuer, pour la grande
froidure qui blesse les parties ner-
ueuses, et comprime les humeurs,
les chassant aux iointures. Pareille¬
ment aucuns en sont vexés au fort de
l’esté , pour la grande chaleur, qui
liquéfié et fond les humeurs, dilate
les conduits et parties nerueuses et
membraneuses Or elles peuuent ve¬
nir en tout temps de l’année , pource
que les gouteux se desbauchent , et
ne tiennent reigle en leur maniéré de
viure : toutesfois elles reuiennent
plustost au printemps et en automne,
comme nous demonstrerons cy après.
D’auantage, les gou ieuxprognosti-
quent ordinairement le changement
de temps , comme pluye , neige , ou
quelque autre temps nubileux : telle¬
ment qu’ils portent auec eux vn al¬
manach qui leur sert toute leur vie ,
à cause de l’air gros et vaporeux
que le vent austral ou de midy
ameine et conduit, qui remplit les
corps d’humidités, ei esmeut inté¬
rieurement les humeurs et les agite :
et lors qu’ils sont ainsi esmeus , se
fait nouuelle fluxion sur les parties
imbecilles , et principalement sur les
iointures, qui sont peu charneuses, et
exangues ou priuées de sang , et par
conséquent de chaleur naturelle : et
parce aussi qu’elles ont esté malades,
affligées et débilitées de longtemps ,
non seulement en leur harmonie ,
mais aussi en leur propre substance :
et parlant les panures gouteux au
changement du temps , et lorsqu’il
veut pleuuoir, leurs douleurs leur
viennent et les tourmentent plus ai¬
grement.
222
LE VINGT- VN lÉME LIVRE,
II y a aucuns gouteux qui désirent
grandement le coït pendant leurs
douleurs, parce qu’ils sentent vne
grande chaleur estrange au dedans
du corps , laquelle ne se résout et
dissipe point en exhalations comme
l’ardeur febrile, mais fait fondre l’hu¬
midité séminale, qui courant aual
vers les parties génitales , les fait en¬
fler et enorgueillir. Ce que nous
voyons mesme tous les iours aduenir
aux mulets deschargés , et aux che-
uaux de poste rendus en Testable ,
après auoir couru vn long chemin.
Toutesfois tel acte aux gouteux est
bien contraire , à cause que par le
coït (comme nous auons dit) les es¬
prits et chaleur naturelle se resol-
uent, dont la chaleur estrange s’aug¬
mente , et quant-et-quant leurs dou¬
leurs. Parquoy ie leur conseille qu’ils
s’en gardent s’ils le peuuent faire , et
s’ils sont sages , et principalement
ceux qui ne sont pas mariés.
Les anciens médecins et ceux de
nostre temps ont tenu que ceste ma¬
ladie estoit incurable : toutesfois on
en a veu guarir, principalement celle
qui n’est pas héréditaire ou inuete-
rée , si le malade veut tenir bon ré¬
gime , et n’estre suiet à ses plai¬
sirs.
Les riches sont plus sonnent tour¬
mentés de goûte que les panures,
parce qu’ils ne trauaillent pas et
qu’ils mangent beaucoup , et de di-
uerses viandes en tous leurs repas ,
et boiuent d’autant et immodéré¬
ment , et trop souuent ioüent aux
dames rabbatues. Aussi on a veu des
riches (leurs biens confisqués) re¬
tourner à la table des panures, et fai¬
sans exercice, auûresté guaris d’i¬
celles qui auparauant les vexoienl
beaucoup. Et de fait , on voit rare¬
ment les panures laboureurs et arti¬
sans auoir les goûtes. Parquoy ceux
qui se veulent deliurer des goûtes ,
faut qu’ils mangent peu, et vsent de
viandes qui engendrent bon suc :
qu’ils s’exercent modérément, et lais¬
sent Tvsage du vin et des femmes,
ou pour le moins qu’ils en vsent mo¬
dérément : et aussi qu’ils vomissent
et se purgent par l’ordonnance du
docte médecin.
Hippocrates dit que les enfans ne
sont gouteux auant qu’ils vsent du
coït 1 : toutesfois on voit aucuns
chastrés estre gouteux , principale¬
ment ceux qui viuent en oisiueté et
ne trauaillent point, comme les sé¬
dentaires et crapuleux, qui est cause
qu’ils amassent crudités en leurs corps
et humeurs malins et superflus qui
causent les goûtes. Semblablement
les femmes ne sont point goûteuses
pendant qu’elles ont leurs mois , car
pariceux tout leur corps se purge : au
contraire lorsqu’ils sont trop tost re¬
tenus, beaucoup de matière et hu¬
meurs s’amassent en leurs corps,
qui le plus souuent leur causent les
goûtes.
CHAPITRE XIII.
CVKE PRESERVATRICE ET CVRATIVE
BES GOVTES.
Deuant toutes choses, il faut de
rechef distinguer toutes les causes et
la diuersité de leur origine , à fin de
diuersifier les medicamens selon la
nature de l’humeur péchant en quan¬
tité ou en qualité, à fin de les guarir
‘ Hippocrate A(>h. 30. liu. 6. — A. P.
* Aphor. 29. secl. 6. — A. P.
DES GOVTES.
par leur contraire. Or il y a trois cau¬
ses en general , comme nous auons
dit, qui font les goûtes. La première
qui vient par héritage de pere en fils.
La seconde , par le vice et alteration
des humeurs. La tierce, de la foiblesse
et imbécillité des ioinlures. Et pour
contrarier à telles choses, il faut auoir
double indication, à sçauoir,euacua-
tion et alteration des humeurs supera-
bondans, et la fortification et robora-
tion desiointures debiles. Or telles cho¬
ses se feront par bon régime , purga¬
tion , saignée, et en prouoquant les
hemorrhoïdes , vomissemens , sueurs
et vrines, et autres, selon qu’on verra
estre necessaire, et par application des
remedes locaux. Lesremedes qui ser-
uent àlapreseruationdes goûtes, ser-
uentaossi à la curation, tanS curatiue
que palliatiue. 11 est donc necessaire
de contrarier aux causes qui font les
goûtes , comme à l’vsage immodéré
du vin, et de l’acte venerien,etroisi-
ueté, au dormir tost après le repas, et
autres choses qu’auons esc rit aux
causes.
' Lorsque le malade connoistra le
temps approcher auquel les goûtes le
doiuent prendre, il tiendra bon ré¬
gime et se purgera : et si la douleur
prouient du sang , il se fera saigner
( s’il n’y a chose qui l’empesche ) de
la partie contraire , pour faire vacua-
tion et l’euulsion. Exemple : si les par¬
ties supérieures sont enflammées, on
tirera du sang des parties inferieures :
au contraire si les parties inferieures
sont enflammées, on saignera les su¬
périeures, en gardantla rectitude des
filamens : comme si c’est le bras droit,
on ouurira la veine de la iambe
droite : et si c’est le bras senestre, on
saignera la iambe senestre : et sera tiré
du sang telle quantité qu’il sera be¬
soin. Et après auoir ainsi fait la sai¬
gnée vniuerselle, et que pour cela la
douleur et inflammation continuas¬
sent, alors on fera apertion de la veine
la plus proche de la douleur : cé que
i’aypar plusieurs fois fait, auec bonne
et heureuse issue. Ce que commande
Hippocrates en la sentence 5. de la
6. section sur leliure 6. des Eptrfemfes,
qui dit qu’aux douleurs il faut eua-
cuer et tirer de la partie prochaine et
malade par section et vslion , qui est
vn souuerain remede C
Or ie seray tousiours d’aduis, que
pour saigner et purger, qu’on prenne
le conseil du docte Médecin , parce
qu il ne faut pas tousiours tirer du
sang tous les ans aux gouteux , s’il
n’est bien necessaire. Car auecques le
sang , l’e.sprit vital se perd , les forces
s’affoiblissent, et le corps se refroidit :
par ainsi on abbregeroit la vie du
pauure gouteux. b’auantage la sai¬
gnée ne profite à ceux qui sont con¬
tinuellement affligés de goûtes, et qui
ont le corps imbeciile et froid , et à
qui la pituite seule domine. Aussi les
purgations sont quelquesfois necessai¬
res ; mais où elles seroient frequen¬
tes, sont dangereuses. Parquoyil vaut
mieux corriger le vice des humeurs
par bon régime de viure , que d’vser
tant souuent de saignée et de purga¬
tions. D’auantage , ceux qui sont ex¬
cessifs au manger et boire et à l’exer¬
cice venerien, et qui ont beaucoup
de crudités, trouuent peu d’aide de la
saignée et purgation , pource que les
humeurs crus n’obeïssent aux méde¬
cines. Et pour ceste cause le plus sou¬
uent plusieurs gouteux ne peuuent
guarir ny estre aidés par aucun re-
mede, pour la grande intemperature
1 Cette citation d’Hippocrate manque dans
les premières éditions, et n’a été ajoutée
qu’en 1585.
224 LIÎ VINGT-VNilblE LIVRE,
et crudité qu’ils ont en toute l’habi¬
tude de leurs corps , et de l’altera¬
tion de la substance des parties af¬
fligées.
Or pour retourner à nostre propos,
le malade vsera de choses .réfrigé¬
rantes et euitera le vin , principalement
s’il a les goûtes chaudes, ou pour le
moins y mettra beaucoup d’eau , se¬
lon que son estomach le pourra souf ¬
frir. Le temps principal auquel on se
doit purger est le commencement du
printemps et d’automne ; parce que
les goûtes sont communément eS'
meuës en ces temps là, selon l’autho-
rité d’Hippocrates et l’experience.
Car en automne elles sont excitées ,
parce qu’en esté la faculté concoctrice
a esté fort débilitée , à cause de l’air
ambiens qui attire hors nostre cha¬
leur naturelle : ioint qu’en ce temps
d’esté, nous vsons volontiers de fruits
crus, qui engendrent grande quan¬
tité de crudités et corruption en la
masse sanguinaire: lesquelles en au¬
tomne (à cause de la froidure exté¬
rieure) s’assemblent au dedans, puis
montent à la teste, et après par leur
grauité et pesanteur retombent aux
iointures , lesquelles alors reçoiuent
plus facilement la fluxion, pource que
par la chaleur de l’esté s’est fait di¬
latation des conduits , et par l’intem-
perature inégalé d’automne les arti¬
cles sont fort débilités. Au printemps
les humeurs s’esmeuuent, pource que
par la froidure d’hyuer ils ont esté
serrés et comprimés au dedans du
corps : et estans subtiliés et eschauf-
fés, au pi’in temps ils sortent hors du
centre, et courent aux iointures. Par-
quoy il est besoin en ce temps-là pur¬
ger et saigner les gouteux, si on voit
qu’il soit necessaire, comme auons dit,
à fin de vacuer les humeurs qui cau¬
sent les goûtes. Car en ce temps les
humeurs s'espandent, et sont esmeus
et préparés à euacuation , par la¬
quelle si on ne cure et garde de ve¬
nir les douleurs arthritiques , pour le
moins elles en seront beaucoup moin¬
dres.
CHAPITRE XIV.
DV VOMISSEMENT ‘.
Tous les anciens ont fort approuué
le vomissement sur toutes autres pur¬
gations, lorsque principalement la
cause des goûtes prouient du cerueau
etdel’estomach.Carpariceluyilsefait
euacuation et diuersion des humeurs
pituiteux , sereux et cholériques , qui
defluent plus communément que les
autres humeurs aux iointures. Pa¬
reillement le vomissement atténué le
phlegme gros et visqueux contenu en
l’estomach, et partant il est loüé,
tant au commencement qu’à l’ac¬
croissement, estât et déclinaison , et
aussi tant à la preseruation qu’à la
curation des goûtes , et deliure de
plusieurs autres maladies, et purge
l’humeur virulent, comme nousmons-
trerons au traité de la Peste. Tu pren¬
dras toutesfois garde que le patient
n’ait le thoiax et le cerueau debiles :
car en ce cas le vomissement seroit
suspect.
î Et pour le regard de l’ordre et
temps qu’il conuient vomir, ceux-là
doiuent vomir auant le past, ausquels
pour quelque exercice que ce soit, ou
autre mouuement, les excremens
fluent en l’estomach : au contraire
J Ce chapitre était confondu avec le pré¬
cédent en 1575 J il en a été séparé en 1679.
1)ES GOVTES.
doiuenl vomir après le pasl, ceux qui
ont amassé grande quantité d’hu¬
meurs pituiteuses. le loue plus le vo¬
missement après la prise des viandes,
qu’à ieun, parce qu’il faut plus grand
effort à ietter la pituite qui est contre
les parois de l’estomach estant vuide,
que lors qu’il est plein de viande : et
par le vomissement qui est fait par
force , y a danger qu’il ne se rompe
quelque veine ou artere de la poi¬
trine ou des poulmons. D’auantage,
à ceux qui ont la poitrine estroitte et
le col long, en temps d’hyuer le vo¬
missement est contraire, s’ils ne l’ont
accoustumé, et que nature ne tendist
à se descharger par telle voye. Et faut
que le patient vomisse de quinze
iours en quinze iours, plus ou moins,
selon la répétition et vexation de la
goûte.
Or il me souuient auoir pensé en
ceste ville vn gentil-homme geneuois,
lequel auoit vne extreme douleur à la
iointure de l’espaule senestre, auec
impotence de tout le bras, et auoit ja
esté traité par plusieurs médecins et
chirurgiens , tant de Lyon que de
ceste ville : et me recita que pour luy
oster sa douleur , il auoit esté purgé,
saigné, et auoit fait diete, tant par le
gaiac que par l’esquine , et qu’on luy
auoit fait plusieurs applications sur
le lieu de sa douleur : neantmoins ne
luy auoient toutes ces choses rien ou
peu profité. Sur quoy ie luy deman-
day s’il n’auoit point eu la grosse vé¬
role , à cause de sa douleur qui esloit
plus grande la nuit que le iour , par¬
ce que la cause esloit vne pituite et
matière froide : il m’afferma que non :
et ayant entendu tous les remedes
qui luy auoient esté faits , et ce par
gens doctes, ne luy sçauois qu’ordon¬
ner, fors que le vomissement. Et
m’ayant dit qu’il estoit difficile à vo-
111.
2^25
niîr, ie luy conseillay qu’il crapulast,
et mangeast plusieurs et diuerses
viandes au souper, auec oignons, po-
reaux, et semblables : puis qu’il beust
d’autant, et de diuers vins , à sçauoir
doux et aigres : pource que la grande
quantité etdiuersité de viandes et de
breuuage est cause du vomissement,
é raison qu’aucunes sont cuites et
pourries les vues deuant les autres ,
et la grande quantité ne permet icel¬
les eslre digérées en l’estomach, dont
s’ensuit qu’on vomit plus aisément.
Aussi luy ordonnay qu’aprés cela il
se couchast assez tost , nt qu’à son
premier resueil il se prouoquast à vo¬
mir , mettant vne plume ou le doigt
en la gorge, à fin que plus aisément
il iettast auec sa viande le phlegme
gros, visqueux et sereux, et qu’il fist
cest excès par deux ou trois iours sui-
uans : pource qu’en ce faisant (comme
dit Hippocrates ‘) le second et le fiers
iour peuuent pousser ce qui reste du
premier. Et luy dis qu’il continuas!
ce vomissement vne fois ou deux le
mois , et qu’il prist en sa bouche et
maschast par fois du mastic à ieun, à
fin qu’il fist par ce moyen euacuation
et diuersion de l’humeur qu’il sentoit,
disoit-il, couler de la teste sur son es-
paule. Semblablement qu’il frottast
sa nucque et son espaule d’eau de vie,
en laquelle on auroit infusé rosma-
rin, lauande, doux de girofle, vn peu
concassés : pareillement qu’il fist exer¬
cice médiocre de son bras. Quelque
temps après ie le trouuay , et me dit
qu’il auoit fait ce que ie luy auois
conseillé, et n’auoit iamais trouué
meilleur moyen pour appaiser sa dou¬
leur et la perdre: et par ainsi fut
du tout guari , s’aidant autant bien
1 Hippocrates au Hure De railone rictus.
226
LE VINGT-VNIÉME LIVRE,
de son bras que iamais auoit fait.
Ceux qui ne veulent crapuler pour
leur prouoquer le vomir, boiront
bonne quantité d’eau i en laquelle
aura bouilli des raues, auecques de^
mie once d’oxymel : toutesfois ne faut
en faire coustume ^ mais suffira deux
ou trois fois le mois, et quand le ma¬
lade sentira son estomach chargé, et
que Nature le stimule à ce faire.
Or maintenant il nous faut pour-
suiure nostre propos de la curation
preseruatiue.
CHAÎ>lTtlE XV.
DIVERS REMEDES POVR LES GOVTÈVX »•
Le malade goûteux , pour garder
que les humeurs sereux et pituiteux
ne courent aux iointlires, vsera quel-
quesfois de choses diüreliques , pour
les faire Vüider par les Vrines, comme
sont racines d’ozeille ^ persil , fenoüil ,
bruschus, asperges, gramen (autre¬
ment dit dent dé chien) et leurs sem¬
blables : lesquels seront faits bouillir
aux potages, et seront donnés au ma¬
lade. Sur quoy faut sçauoir que quand
le patient a grand flux d’vrines , et
qu’elles sont espaisses , ses douleurs
cessent.
Aussi aucuns des anciens comman¬
dent ( ce que i’ay fait plusieurs fois )
faire des vlceres auec cautères poten¬
tiels , et les tenir ouuertes , à fin de
donner issue à euacuer le virus qui
fait les goûtes : pour ce que par telles
ouuertures le virus s’escoule. Ainsi
que vojnons aux verollés , lorsqu’ils
ont vlcert s qui coulent , ils ne sentent
1 Ce chapitre était confondu avec les
deux précédents en 1575^ il en a été séparé en
1679.
sans comparaison tant de douleur
que lorsqu’ils n’en ont point : ou au¬
ront esté consolidés sans auoir osté
ledit virus par son alexitere , qui est
le vif-argent , par-ce que par icelles
ouuertures découlé et s’euacue por¬
tion du virus verolique : tout ainsi
aduient aux goûtes , lorsqu’on leur
aura fait des ouuertures : lesquelles
seront diuersiflées selon la diuersité
des lieux par où se fait la fluxion.
Exemple : si la fluxion se fait du cer-
ueau tombant sur les os clauiculaires,
l’ouuerture se fera par derrière le
col : et si elles tombent sur les ioin-
tures des espaules et aux coudes , ou
sur les mains , ou appliquera les cau¬
tères au dessous des muscles epomis :
et si elle tombe à la hanche ou aux
genoüils et aux pieds , ils seront ap¬
pliqués trois doigts au dessous des ge¬
noüils partie intérieure, pourueu que
le patient n’ait pas à faire grand
exercice : pource qu’estant faite l’ou-
uerture en ce lieu, il se fera plus
grande euacuation , à cause de la
veine saphene qui est en telle partie.
Au contraire, si c’est vn ieune homme
~ ^ vucuai, 1 uu-
uerlure se fera en la partie extérieure
entre les deuxfociles, à fin que l’es-
triuiere et la selle du cheual ne luy
soit trop moleste et douloureux.
Or telles ouuertures se feront par
cautères actuels ou potentiels , selon
qu on verra estre necessaire, et la vo¬
lonté du malade. Si on veut vserde
1 actuel, Usera de figure triangle,
tranchant et aigu, à fin que plus
promptement il face son operation,
et à moins de douleur. D’auanlage,
ü se peut mettre vne pièce de fe^
trouée sur l’endroit où l’on veut ap¬
pliquer le cautere, laquelle seruira
qu il ne touche sinon qu’au lieu où
DES (ÎOVTES.
l'on veut qu’il soit appliqué , comme
nous allons dit au chapitre de VÆgi-
lops * : et sera tenue l’vlcere ouuerte,
y mettant dedans vne petite ballotte
faite d’or ou d’argent ou de racine
d’iris, ou d’hermodactes, ou de liege,
ou de gentiane ^ ou de cire, auec la*
quelle on incorporera poudre de vi¬
triol , mercure, ou alun , de peur que
l’vlcere ne se consolide , iusques â la
volonté du malade, et conseil du mé¬
decin et chirurgien
D’auantage, il faut purger le cer¬
neau (qui est le plus souuent la fon¬
taine de ce mal ) vne fois le mois ,
auec pilules cochées, et d’assajeret en
hy uer : et en esté de pilules quihus,
ou impériales, desquelles la dose sera
vne drachme deuant la pleine lune :
et le lendemain on prendra vn bouil¬
lon de pois chiches auec racines
1 C’est le chapitre 16 du livre des Opera¬
tions. Voyez tome II, page 432.
2 On ne soupçonnerait guère qu’il fallût
chercher dans le livre des Goûtes la descrip¬
tion d’üh procédé pour établir un cautère.
J’ajouterai ici que Paré semble avoir ima¬
giné quelques uns des pois artificiels qu’il,
recommande ; du moins on trouve dans les
Dix Hures de chirurgie de 1564, fol. 222, v.,
la figure suivante, que l’auteur a complè¬
tement oubliée dans ses œuvres complètes.
Il y avait quatre de ces boulleues, comme
il les appelle, mais qui ne différaient abso¬
lument que de volume. On lisait au-dessous :
Bonnettes faittes d’or ou d’argent pour tenir
vn vlcere ouuert en quelque partie de nostre
corps, auec vn petit lien, pour les tirer dehors
Je n’ai pas trouvé d’endroit plus convena¬
ble pour cette figure que celui-ci.
1227
aperitiues Ct diiirctlques. L’vsage des
diurétiques esl bon, pour ce qu’ils
purgent les superfluités sereuses de
la seconde et tierce digestion. On
peut semblablement vser d’autres pi¬
lules, qui ont vertu de purger l'hu¬
meur pituiteux et sereux, comme
celles- cy.
-if, Pilularum fœtidarura et de hermodact.
ana 5. û.
MUce, et Cum sücco vel syrupo ïosarum so-
lutiuo formentur pilulæ.
Autres.
If. Aloës 3. iij.
Agarici trochisc. rhabarb. ana 3. j.
Massæ pilularum arthriticarum , et de
hermo. ana 0.;ij.
Diagredij 9 j.
Cum melle rosato, fiat massa.
Desquelles en sera donné au malade
vnedragme, plus ou moins, selon la
force et vertu.
Les remedes purgatifs seront chan -
gés selon que le docte Médecin verra
estre besoin à purger les humeurs su¬
perflus qui causent les goûtes : comme
si la cholere en esl cause, on vsera de
remedes cholagogues : et entre tous,
le catholicum est loué , et les pilules
communes. Et après pour roborer les
parties intérieures, on donnera demie
dragmede theriaque, trois heures de¬
uant le past.
Or il faut icy entendre que pour
purger le cerueau, les pilules ont esté
plus loüées des anciens que les autres
médecines liquides , à cause qu’elles
demeurent plus longuement en l’es-
tomach à faire leur operation ; et
par ce moyen elles attirent mieux
du cerueau et des parties lointaines
l’humeur qui doit estre deriué et eua-
cué par le siégé. l’ay conneu aucuns
qui ont vsé des pilules , ausquclles y
Q5|8 le vingt-vni^me livre
entroit bonne quantité de scammonée,
à sçauoir , sept ou huit grains pour
vne prise , lesquels après iettoient
grande quantité d’eau et sérosités :
et pareillement ausdiles pilules y en¬
troit du gingembre , de peur qu’elles
ne fissent mal h l’estomach. Or en tel
cas, après la prise et operation, on
baillera à manger au malade vn peu
d’orge mondé , pource qu’il adoucit
et lenit les parois de l’estomach, qui
pourroit auoir esté blessé desdites pi¬
lules. Et le lendemain on pourra pa¬
reillement bailler du lheriaque la
grosseur d’vne féue : laquelle ne con¬
forte pas seulement la débilité de l’es-
tomach, procedente des purgations,
maisaussi corrige le virus arthritique.
Il ne faut pareillement omettre qu’a-
prés le past faut vser de dragée de
fenoüil, anis et coriandre, ou cotignac,
ou conserue de roses, à fin de rabbat-
tre les fumées qui montent de l’esto-
mach au cerueau. Semblablement on
vsera de parfums en temps humide,
lesquels seront ainsi faits:
•Jf. Thuris, vernicis et mast. ana 3. j.
Granorum iunip. bacc. lauri ana § . fi.
Ligni aloës 3. ij.
Assæodoratæ 3. j. fi .
Conquassentur grosso modo .
Et en soient parfumées estouppes
de chanure , ou cotton cardé, et soient
posées chaudement sur la teste. D’a-
uantage, on pourra frotter la teste
du patient de ceste poudre par l’es¬
pace de quinze iours, plus ou moins,
à fin de tousiours desseicher les humi¬
dités superflues :
:2f. Rosarum rubr. folior. senæ, stœchados
utriusque ana m. fi.
Milij § . iiij.
Furfuris loti in vino albo 5 . îij.
Flor. camom. inelil. ana p. j.
Sem. anisi j.
Salis comm. §. ij.
'^Soit faite poudrequ’on mettra en pe¬
tits sachets de toile , et les fera-on es-
chauffer dedans vne poésie, etd’iceux
on frottera la leste au matin. On peut
aussi vser des pilules qui ensuiuent :
Pulu. hieræ simplicîs 3. j,
Agarici recentertrochiscali et rhabarbari.
electi ana 3. ij .
Mirabalanorum, cbebularum 5. fi.
Tamarindorum 9.j.
Cum infusione senæ fiat massa, et ex ea for-
mentur pilulæ vj. pro draebma.
Capiatduasante cœnam octauo quoquedie.
On peutd’auantage prendre au ma¬
tin, au temps de la fluxion, vne pilule
de la composition suiuante, la tenant
vn quart d’heure en la bouche, la
maschant , et crachant continuelle¬
ment ce qui aura esté attiré et deriué
en la bouche:
Of. Cubebarum , nucis moscatæ , glycyr-
rbizæ, anisi ana 3
Pyretbri3. j.
Mastiebes , radicis stapbisagriæ , eryn-
gij ana 3.ij.
Toutes ces choses soient puluerisées
et meslées ensemble , et en soit fait
des petits noüets entre deux linges ou
taffetas, et soient formées petites pi¬
lules de la grosseur d’vne auelaine.
Et pour ob tondre la virulence de
l’humeur qui cause les goûtes, on
doit prendre quelque peu de theriaque
par interualle , auec de la conserue
de roses , ou de fleurs de rosmarin ,
parce qu’il consomme vne partie des
humeurs superflus, et rectifie et ob-
tond l’intemperature du virus arthri¬
tique , comme nous auons dit cy des¬
sus.
DES GOVTES.
CHAPITRE X7I.
DE LA MANIERE DE VIVRE DES GOVTEVX.
Il ne faut manger viandes sur
viandes, c’est à dire que la digestion
ne soit faite en l’estomach , de peur
que le foye n’attire les crudités par
les veines mezaraïques, dont le nour- |
rissement du corps demeure, cru et
insalubre. Et faut icy noter que la
seconde digestion ne corrige point la
première, ny la tierce la seconde
Les viandes doiuent estre de bon suc
et de facile digestion, et doiuent estre
rosties pour les pituiteux : mais pour
les sanguins, cholériques , et melan-
choliques, plustost boüillies que ros¬
ties. Il faut euiter la variété des vian¬
des en vn repas ; aussi tous legumes ,
le laict et le fromage , et toutes cho¬
ses acides, comme verjus , vinaigre ,
orenges , citrons et leurs semblables ,
si ce n’est en petite quantité. Le ma¬
lade ne doit manger s’il n’a appétit ;
aussi il ne mangera iusques à satiété,
mais se leuera de table auec appétit.
Il euilera de manger grands oiseaux,
comme cygnes, grues, paons, et leurs
semblables : car ils sont de difficile
digestion, et engendrent mauuais suc.
Les anciens défendent l’vsage ordi¬
naire de chapons, et autres poulailles,
parce qu’elles sont souuent vexées de
podagre : de quoy l’ expérience fait
foy. i.es poissons ne leur sont bons,
parce qu’ils engendrent beaucoup de
superfluités, et aussi se corrompent
facilement , et engendrent phlegmes,
et amollissent et relaxent l estomach.
Les moins nuisibles sont ceux que
déclarerons au chapitre du régime de
1 Axiome enmedecine, — A,. P.
Q29
la peste. Or entre les bestes à quatre
pieds, le veau est recommandé, parce
qu’il engendre bon suc et vn sang
bien tempéré, ioint qu'il est de facile
digestion. Le mouton pareillement
est bon.
Or il faut icy noter que les gouteux
doiuent lenir grand régime, tant au
manger qu’au boire ; toutesfoisilfaut
auoir esgard au tempérament d’vn
chacun, diuersifiant les alimens , tant
en quantité qu’en qualité. Car les
cholériques et sanguins (pource qu’ils
ont la chaleur forte, et qu’ils con¬
somment beaucoup) ont besoin de
manger d’auantage , parce que le
ieusner rend la chôlere plus acre , et
par conséquent augmente les dou¬
leurs. D’autre part, il ne faut pas
qu’ils vsent de viandes trop humides :
car leur humidité aggrandit la
fluxion , et pourrit les humeurs , et
les fait couler aux iointures. On doit
espaissir la cholere, tant par medica-
mens pris par dedans que par dehors,
de peur que par sa tenuité elle ne
coule plus facilement aux iointures.
Les phlegmatiques, qui ont la chaleur
debile, portent presque leur aliment
auec eux, et endurent mieux le ieusne:
aussi le régime humide leur nuit
beaucoup , d’autant qu’il augmente
les defluxions. Neantmoins aux uns
et aux autres on aura esgard qu’on
ne leur baille rien qui soit de difficile
concoction et de facille corruption.
Car à raison de la douleur , ils ont le
plus souuent vne fléure lente, laquelle
diminue leur chaleur naturelle, et est
cause de conuertir leurs alimens à
pourriture. D’abondant , il se faut
bien garder de leur donner trop d’ali-
mens, où la chaleur naturelle estant
occupée à la digestion d’iccux , fait
moindre concoction des humeurs qui
causent les goûtes, et ne les peut sur-
23o
LE VINGT-YNIEME LIVRE,
monlcr. Par quoy les cholériques et
sanguins vseront de viandes de bon
suc et de facile digestion , lesquelles
seront froides d’elles-mesmes , c’est à
dire de leur faculté, ou seront altérées
par herbes froideset humides, comme
laictuc, pourpier , ozeille , et leurs
semblables : aussi les semences froi¬
des concassées seront mises en leurs
potages. Ils pourront vser d’orge
mondé, dans lequel on mettra pareil¬
lement semences froides.
Ceux qui ont perdu vne partie de
leur corps, comme vn bras ou vne
iambe, ou si elle est atrophiée, ne
doiuent tant manger ny boire qu’ils
faisoient lors que leur corps estoit
entier : car la nourriture qui auoit
cousturae d’aller à telle partie , coule
souuent sur les iointures , et cause la
goûte. Et pour abbreger, ceux qui
sont de bonne habitude, et qui viuent
sobrement, tenans bon régime, sont
peu vexés de goûte : mais ceux qui
sont fort replets et bien nourris sans
exercice, et excessifs en bonnes et
diuerses viandes, ou qui se nourris¬
sent de mauuaises, sont volontiers
gouteux.
CHAPITRE XVIL
DV BOIRE DES GOVTEVX.
Ceux qui sont suiets aux goûtes
se doiuent bien garder de boire trop,
non seulement de vin , mais aussi de
tout breuuage : car cela fait nager la
viande en l’estomach, et empesche et
esteint la chaleur naturelle , à cause
dequoy la concoction est plus diffi¬
cile : et de là s’cnsuiuent grandes
crudités , dont sont engendrés beau¬
coup d’humeurs sereux et subtils, les¬
quels facilement coulent aux loin-
turcs. Aucuns médecins ordonnent
boire du vin blanc, pourcc qu’il ex¬
cite les vrines, ce qui n’est à reietter,
moyennant que le corps soit pur et
net : mais s’il y a plusieurs excre-
mens et crudités (et que ce soit à vn
corps de température chaude) par tel
vin seront parlées aux iointures , et
exciteront les goûtes. Parquoy en tel
cas il le faut du tout euiter, s’il n’es-
toit clairet, petit, debile et astringent,
à fin qu’il bouche les orifices des
veines et artères, de peur que les hu¬
meurs cholériques et sereux ne dif-
fluent facilement aux iointures. Et si
le patient veut du tout s’en abstenir ,
ce sera le meilleur : et en lieu d’ice-
luy,il vsera d’hydromel fait ainsi :
Aquæ îb. iiij,
Mellis optimi q, s.
Bulliant ad consumpiionem libræ vnius ,
bene despumando , adde saluia^ p. (h.
Et où le patient seroit de tempéra¬
ture phlegmatique , on y adioustera
de la canelle, et vn peu de muguette,
et clou de girofle. Ét pour les cholé¬
riques , on fera hippocras d’eau en
ceste maniéré :
Aquæ fontîa ft. iiij.
Sacchari ft, fi.
Golentur per manicam hippocratis sine
ebulliiione, addendo in fine cinna-
momi 3. ij.
Et luy seruira aussi grandement à
roborer l’estomach. On peutaussilour
faire vser de pthane , en laquelle on
la fin de la cuisson, on mettra vn peu
de roses seiches, ou de syrop de gre¬
nades, de peur qu’elle ne soit rendue
bilieuse au ventricule : et subit qu’elle
sera tirée hors du feu, la faut laisser
reposer , et puis la couler par vne
DES GOVTES,
manche de drap , ou seruiette blan¬
che. Les phlegmatiques doiuent pa¬
reillement Yser de viandes de bon
suc et de bonne digestion ; mais faut
qu’elles soient chaudes de leur na¬
ture , ou altérées de choses chaudes,
pourueu qu’ils n’ayent fleure ou
grande chaleur, à raison de la grande
douleur : car alors il se faut garder
d’alimens chauds. Et pour ces causes,
la maniéré de viure sera diuersiflée
selon l’aduis du docte médecin, et
laissera-on la propre curation pour
subuenir à l’accident. Et aussi il fau¬
dra par coniecture artiflcielle chan¬
ger tous les reraedes , tant ceux qui
sont pris par dedans qu’appliqués
par dehors , selon que la disposition ,
le tempérament et les accidens le re^
querront : et à la fin de table , vse-
ront de chair de coings, parce qu’elle
a puissance de defendre que les va¬
peurs ne montent de l’estomach au
cerueau. Et combien que de sa na¬
ture elle estreigne , touteafois estant
prise après le past, elle lasche le ven¬
tre , pource qu’en resserrant l’estO-
mach par haut, elle aide à faire bonne
digestion, et fait aller à la selle.
L’exercice est fort profitable contre
les gontes, et l’oisiueté est mere d’i¬
celles. Car comme le fer qui est laissé
sans estre manié, bien tost se roüille :
aussi noslre corps estant sans s’exerr
cer, se remplit d’humeurs superflus ,
qui est souuent cause des goûtes. Ce
qu’on voit par expérience , qu’entre
mille laboureurs , et autres hommes
de grand trauail de corps, il s’en
trouue peu de goûteux, Et partant il
faut faire exercice au matin , après
qu’on aura rendu ses excremens. Et
ceux qui sont suiets à auoir la goûte
aux pieds, exerceront les bras. Car par
ce moyen ne se fait seulement réso¬
lution et consomption des excremens
23 1
qui sont aux parties du corps , mais
aussi se fait reuulsion d’iceux, Il faut
aussi euiter les passions de l’ame,
comme cholere , tristesse , et autres,
L’acte venerien doit estre du tout dé¬
laissé , pour les causes qn’auons ex¬
posées par cy douant ; mais ceux qui
à cause du mariage ne s’ep peuucnt
exempter, en yseront après que la di¬
gestion sera faite en l’estomach, et s’y
gouuerneront si bien, qu’il ne leur
fera qu’vn peu de mal.
CHAPITRE XVHI.
POVR ROBORER UES lOMÎVRES.
Il reste pour la cure preseruatiue
parler delà roboration des iointures,
à fin qu’elles puissent résister aux
humeurs qui tombent sur icelles. Et
pour ce faire, il est bon de les frotter
soir et matin d’huUe d’olipes non
meures, appellée oleum ompfiacinum,
ou d’huile rosat , ausquelles on in¬
corporera sel commun broyé subtile¬
ment : on le pourra aussi meslep auec
huile commune, et y adiouster de la
limature de corne de cerf, parce
qu’elle desseiche et astreint. Aussi
est bon de lauer les iointures de
lexiue faite en ceste maniéré ;
Tf, Cortlcum granatorum , nucum cupressi,
gallarum , sumach , corticis quercini ,
ana § . ij.
Salis communis, aluminis rochæ ana § .j.
Saluiæ , rorismarini , lauandulæ , lauri ,
iuæ arthriticæ ana m. j.
nosarum rubrarum m. C>.
Toutes ces choses soyent boüillies
ensemble , en six liures de gros vin
astringent, et lexiue faite d’eau ferrée,
LE VmGT-VNiéME LIVRE,
Q3a
auec cendre de chesne: et de ceste
décoction, on fera fomentation auec
feutres ou esponges. Et icelle faite,
faut bien essuyer les parties auec
linges chauds , et se garder du froid.
Le suc de senelles vertes délayé
en oxycrat, est vn remede singulier.
Aussi pour roborer vne partie débi¬
litée de cause froide , on prendra de
l’eau de vie , et vin vermeil fort as¬
tringent, ausquels on fera infuser et
tremper , ou faire bouillir in ialneo
Mariœ ,
Of. Sauge, rosmai'in, thym , lauande , lau¬
rier, absinthe, ana. m. j.
doux de girofle, gingembre, poiure,
tout concassé ana. § j.
Et seront lesiointures fomentées de
ceste mixture chaude, soir et matin, à
fin d’eschautT; r et rectifier l’intem-
perature délaissée par le froid. On
trouue aussi par expérience, que fou¬
ler la vendange conforte fort les ioin-
tures : et qui ne le peut faire , on fo¬
mentera les pieds de vin recent pris
en la cuue. On peut semblablement
faire des petits sachets, dans lesquels
on mettra ce qui s’ensuit :
Salis communis , aluminis rochæ, corti-
cum granatorura , sumach , berb. nu-
cum cup. ana § . iiij.
Foliorum saluiæ , rorlsm. rosar. rubrar.
anam. ft.
Bulliant omnia simul cum lixiuio , fiat de-
coctio, pro fotu.
Et d’icelle on fomentera les ioin-
lures auec esponges ou feutre , assez
longuement. Voila ce qu’il me semble
pour la roboration des iointures, à fin
qu’elles soient fortifiées contre les
fluxicns.
CHAPITRE XIX.
DE LA CVRE PALLIATIVE DES GOVTES.
Pour bien procéder à la curation
de ceste maladie, il faut considérer la
diuersité des causes d’icelle, et les
temperamens du corps, et autres cho¬
ses, lesquelles ne sont tousiours sem¬
blables , et partant ne peuuent estre
curées par vn seul remede, comme
estiment les vulgaires et empiriques
qui veulent d’vn seul remede guarir
toutes especes de goûtes ; ne consi-
derans pas que celles qui sont faites
de matière froide accompagnant le
virus , demandent autre maniéré de
curer que celles qui viennent de
matière chaude : aussi celles qui sont
faites d’vn humeur simple, que celles
qui sont faites de composé. Car celles
qui sont faites de cbolere pure , cau¬
sent douleurs grandes et extremes ;
mais lors qu’elle est mixtionnée auec
phlegme, elle n’est tant douloureuse.
Plus il faut autre femede au com¬
mencement qu’à: l’accroissement , et
ainsi des autres temps. Semblable¬
ment selon les parties où sont les
goûtes : car en la schiatique n’est be¬
soin d’vser de medicamens repercus-
sifs , s’il n’y auoit grande inflamma¬
tion : ce qu’on peut bien faire aux
autres parties. Finalement si la goûte
vient du cerueau , il faut vser d’au¬
tres remedes que lors qu’elle vient
du foye et de la masse du sang.
Ces choses ainsi promises nous com¬
mencerons la cure, non proprement
curatiue, mais pluslost palliatiue
(principalement de celle qui vient par
héritage) laquelle consiste en quatre
choses : la première , à ordonner le
DES GOVTES.
régime sur les six choses non naturel¬
les , selon la diuersité des causes : la
seconde, à euacuer et diuertir la ma¬
tière antécédente, tant par médecines
laxaliues, que par saignées , s’il est
besoin : la tierce , par deuëment ap¬
pliquer les remedes locaux et parti¬
culiers, lesdiuersiQantselonrhumeur '
qui cause les goules , à sçauoir, par
remedes chauds aux humeurs froids,
et par froids remedes aux humeurs
chauds , en les changeant aussi selon
les quatre temps ; à sçauoir, commen¬
cement , accroissement , estât , et dé¬
clinaison , comme a esté dit. Et s’il
y a vne intemperature simple sans
matière, on appliquera remedes alte-
ratifs, sans qu’ils soient vacuatifs. La
quarte est corriger les accidens,et
principalement la douleur , qui en
telle affection tourmente extrême¬
ment les panures gouleux, voire leur
cause quelquesfois vne mort subite ,
si le virus est grand , comme nous
auons ditcy dessus.
Or il faut icy noter, que souuent le
chirurgien est deceu à connoistre la
cause de la douleur : car en appli¬
quant remedes froids et narcotiques
aux goûtes froides, si la douleur
s’appaise, on estime que tel humeur
soit chaud ; ce qui adulent toutesfois
à cause que tels remedes stupéfient,
endorment et estent le sentiment de
la partie , encore que la cause de la
goule soit froide. Au contraire quel¬
quesfois nous estimons que la matière
soit chaude, combien qu’elle soit froi¬
de, pource que quand nous appli-
.quons medicamens chauds, ils appai-
sent la douleur, en rareflant, atté¬
nuant , resoluant, et dissipant portion
delà matière par insensible transpira¬
tion ; et partant à cause de l’aide qui
s’ensuit de ces remedes cliauds, on
pourroit penser que la matière seroit
233
froide , à cause de ce qu’on dit com¬
munément , Contraria contrariis cu-
rantur : et au contraire , Similta
similibus conseruantur. Donc pour le
dire en vn mot, l’indice pris des cho¬
ses qui aident ou nuisent, est souuent
fallacieux : d’abondant il découlé
quelquesfois vne grande quantité de
matière froide, laquelle cause grande
douleur : mais c’est à cause du virus,
et de quelque humeur cholérique,
qui subtilie et conduit l’humeur
froid et visqueux aux iointures : le¬
quel humeur virulent et cholérique
induit la douleur, et non la pituite :
et à cause delà douleur, la partie est
chaude et enflammée, et bien sou¬
uent cause fiéure , et grande altera¬
tion : et alors nous croyons que la
cause principale soit chaude , et tou¬
tesfois elle est froide : partant nous
sommes souuentesfois deceus : et ce
qui en est cause, est que la fluxion des¬
cend par les nerfs et tendons, ce qui
ne nous appert par dehors. D’auan-
tage quand les humeurs sont meslés
ensemble, quelquesfois la couleur
de la partie nous déçoit : car combien
qu’elle nous apparoisse cilrine, ou
blaflfarde (ce que véritablement ad¬
ulent de l’humeur cholérique , lequel
aisément , à cause qu’il est de subtile
et ténue substance,- est ietté du pro¬
fond du corps à la superficie du cuir )
toutesfois il se peut faire que le
phlegme sereux découlé aux iointu¬
res , et soit la principale cause de la
goûte, à raison qu’il induit vne
grande et extreme douleur, princi¬
palement la nuict, et communément
lors qu’il est accompagné d’vne por¬
tion de l’humeur cholérique : dont le
sang et les esprits s’esmouueront, et
se monslreront à la superficie du cuir
de la partie affectée , qui la feront
apparoistre rouge et chaude. D’auan-
LE VINGT-VNIJÎME LIVRE ,
234
tage, au moyen de la douleur, il sur-
uicndra au malade, par le defaut du
repos et pour la grande inquiétude,
vne fléure , laquelle liquéfié et subti-
lie rhumeur, et l’eschauffe , et le fait
fluer d’auantage aux iointures : ioint
aussi que l’vrine sera teinte, et le
pouls fort esmeu, et toutesfois la
cause du mal sera froide : et partant
en tout cas ce seroit grande erreur de
vouloir procéder à la cure, comme
si la cause de la goûte estoit chaude.
Vray est qu’il faut souuent laisser la
propre cure pour suruenir aux acci-
dens. Au contraire, il se peut faire
que la cholere soit cause du mal,
sans toutesfois que la couleur de la
partie affectée demonstre apertement
icelle : mais plustost la couleur sera
blanche, ou plombine , et la partie
froide , à cause du froid de l’air am-
biens , ou de quelque application de
remede froid, qui aura fait qu’elle
représente plustost la qualité du
phlegme que de la cholere. Dont
nous concluons , qu’il ne se faut ar-
rester tousiours à la couleur et froi¬
dure de la partie , pource que les hu¬
meurs qui sont profonds au dedans I
d’icelle , ne changent pas tousiours
en couleur le dehors , si ce n’ estoit
qu’ils perseuerasseut longtemps.
Outre plus, il adulent souuentes-
fois que le corps est tant rempli
d’humeurs gros, espais, visqueux,
que Nature en iette vne partie aux
iointures , et en laisse vne portion au
profond du corps , à cause de l’imbé¬
cillité de la vertu expultrice : laquelle
portion estant arrestée en quelque
partie intérieure , fait obstruction et
pourriture , dont est engendrée vne
fléure intermittente, c’est à dire qui
a relasche quelque espace de temps
entre les accès, sçauoir est, si elle se
fait aux petites veines : mais elle sera
continue si cela adulent aux gran¬
des veines. Et telle chose aduenant, le
médecin et chirurgien ne doiuent pas
considérer la maladie arliculaire,mais
seulement beaucoup plus la fléure ; la¬
quelle si elle est continue , apporte
tousiours danger au malade, et des¬
honneur au Médecin ; si elle est inter¬
mittente, elle passe facilement en con¬
tinue, si on n’y donne medicamens pro¬
pres. Car il faut alors doucement pur¬
ger le ventre, et ouurir la veine, si le
Médecin connoist qu’il en soit besoin ;
puis après auoir préparé et cuit les
humeurs, on donnera au patient vue
bonne et forte purgation, si on voit
qu’il en soit besoin. le dis bonne , de
peur que la maladie articulaire ne
s’augmente : ce qui adulent souuent
quand on ne fait qu’esmouuoir les.
humeurs sans les purger ; car estans
esmeus , ils se iettent tousiours sur la
partie affligée. Partant tout cecy gist
en la contemplation du Médecin et ,
Chirurgien , lesquels par coniecture
artificielle connoistront la matière
des goûtes : à sçauoir , par la couleur,
par le toucher , par l’aide ou nuisan¬
ce des remedes , par le régime que le
patient aura auparauant tenu , par
son tempérament , aage , région, par
la considération du temps de l’année,
la maniéré de la douleur , et auquel
temps du iour elle s’esmeut et est
plus grande , et quel est son période
et paroxysme : aussi par ,1e iugement
des vrines et autres superfluités qui
sortent du corps du malade , ce que
nous auons par cy deuant déclaré
plus particulièrement.
Or aucuns disent qu’il ne faut pur¬
ger ny saigner les goûteux pendant
leurs grandes douleurs, toutesfois
il est aisé de prouuer le contraire.
Car veu que la loy de Medecine gist
en addition et detraction : et que la
DES CtOVTES,
235
goûta vient d’addition et d’augmen^
lation d’humeurs superflus qui ac¬
compagnent le virus arthritique ,
ioint que les douleurs ne se penuent
appaiser sinon quand la cause en est
hors, il s’ensuit nécessairement que
la saignée et purgation sont grande¬
ment vtiles. Metrius, en son Traité de
la goûte , dit qu’il faut tousiours vser
de purgations pour vuider et euacuer
l’humeur superflu , et non seulement
en la déclination , mais aussi en la
force et vigueur de la maladie ; ce
que nous auons troqué par expérien¬
ce estre grandement profitable, et pris
d’IIippocrates , disant ; Quand il y a
douleur , il faut donner medecine par
bas *. Aussi cela se peut prouuer par
authorité d’Hippocrates , au liure De
Àffectionibus ^ parlant de Arthritide^.
Et semblablement par Galien , au
Comment, sur le 23- Aphorisme delà
section première , qui commande
qu’on saigne aux grandes inflamma¬
tions et fléures ardantes et grandissi¬
mes douleurs , disant qu’il n’y a point
de meilleur remede. Et s’ils ne peu-
uent estre aidés par la saignée et
purgation deuëment faite, cela ad¬
ulent (comme dit Galien au liure De
curatione per sanguinis missionem)
que les intemperans , gourmands et
yurongnes ne sont guaris par purga¬
tions ny par saignées, pour-ce que
l’in tempérance assemble abondance
d’humeurs crus , lesquels ne cedent
aux remedes. Partant les gouteux
goulus et intemperans ne peuuent
estre aidés par aucuns remedes, com¬
bien qu’ils soient administrés par
vraye et bonne méthode.
1 Cette citation de Metrius est de 1579,
2 L’édition de 1576 citait Hippocrate, au
lin, de Morbia, 9, çlwpilre de ArOirilide.
CHAPITRE XX.
DES REMEDES TOPIQVES OV PARTICV-
LIERS POVR- MATIERE FROIDE.
Maintenant il nous faut descrire
les remedes locaux, ou particuliers,
pour contrarier à chacun humeur.
Et premièrement noteras , que les re¬
medes topiques apportent peu de
proflt, si le corps du gouteux n’est
pur et net des excremens : ioint qu’il
y a danger de renuoyer la fluxion et
le virus aux parties nobles par les
forts repercussifs , dont s’ensuit mort
subite , comme on ^ l’a veu aduenir
plusieurs fois, Parquoy il faut que les
choses vniuerselles precedent les par¬
ticulières. Or nous traiterons pre¬
mièrement de la douleur causée de
pituite , ou phlegroe , par ce qu’elle
adulent plus souuent que de matière
chaude. Au commencement faut v^er
de remedes repercussifs domestiques,
ayans faculté d’astreindre et seicher,
non toutesfois en la sciatique.
Cataplasme reperçussif,
Of. Foliorum sabinæ m.fi.
Nucis cupressi § . iij.
Aluminis rochæ § . j,
Gurnmi Uagacanthi | . iiij
Mucilagipis psyllij, et cydPmPfuin quan.
tnm suflicit.
Fiat catapiaaina.
Autre.
Stercoris bubuli recentis îb.J.
Mellis rosati § . lüj.
Olei rosati et aceti ana 5 • fl-
Bulllant simul parum, fiat cataplasma.
Autre,
Of.. Olci rosati^et myrthini ana o ■
Pulueris myrrhæ, alods ana §.j.
Acaciæ § . ij. ft.
236 LE vingt-vni^me livre,
Incorporenturcum aqua gallarum coctarum, | sont solides, et non aisées à résolution
et fiatvnguentum. comme sont les parties charneuses.
Autre remede.
Aceti quantum sutficit, in quo coques
saluiam, flores camomillæ, meliloti, ab-
synlhij et ebuli ana m. j.
Faut tremper la partie en icelle dé¬
coction chaude, et l’y laisser assez
longuement : ce que i’ay expérimenté
plusieurs fois auec bonne issue. Ce re¬
mede repousse l'humeur et le con¬
somme , et si fortifie la partie : et le
faut faire plusieurs fois, encor qu’il
y eust chaleur.
Le marc desoliues recent appliqué
dessus, sede la douleur : aussi font
les orenges seiches et boüillies en
vinaigre, et puis broyées.
Autre.
"if, Medij corticis vlmi tt>. fi.
Caudæ equinæ, stæch. consolidæ maio-
ris ana m. fi .
Aluminis rochæ, thu. ana 5 •
Far. bord. § . v.
Lixiuij comm. quantum suflicit.
Fiat cataplas. ad formam pullis salis liquidæ
secundum artem.
Lors que la partie est enflée, la dou¬
leur cesse le plus souuent , à cause
que la vertu expulsiue a ietlé l’hu¬
meur du centre à la circonférence,
c’est à dire du dedans au dehors : ce
qui nous appert en ceux qui ont vne
extreme, douleur aux dents : lors
que le visage s’enfle, on voit subit la
douleur cesser. Après auoir ainsi vsé
de repercussifs, il faut venir aux réso¬
lutifs et euacuatifs : car toute fluxion
arrestée sur vne partie demande
vacuation. Et ne se faut esrnerueiller
si on ne resoult tost la matière conte¬
nue aux ligamens , membranes , et
parties nerueuses, par-ce qu’elles
Exemple des résolutifs.
%. Radicis bryonioe, sigilli beatæ Mariæ
ana §.iiij.
But. in lixiuio, postea terantur et coten-
tur per cetaceum, addendo :
Far. bord, et fabarum ana § . j.
Olei camomill. § . üj.
Fiat cataplasma.
Autre.
Of. Farinæ bord, et lupinorum ana 5 • 'h.
Sulphur. viui et salis comm. ana 3 j.
Mellis communis § . v.
Pulu. aloës et myrrbæ ana 5 • ^ •
Aquæ vitæ § . j.
Et cumlixiuio fiat cataplasma.
Autre.
%. Succi caulium rubrorum , acetl boni
ana§.iiij.
Far. bord. § . j. fi.
Pulueris bermodactylorum § fi.
Vitellos Quorum numéro iij.
Olei camomill. § . iij.
CrociS. ij.
Autre.
"if.. Radices et caules brassicæ , vre, et misce
cinerem cum axungia suilla et puluere
ireos, et fiat medicamenlum.
Autre.
“if. Lactis vaccini H), ij.
Micæ panis albi quantum suflicit.
Bulliant simul addendo :
Pulueris subtilis florum camomillæ me-
liloti ana m. fi.
Croci 9.j.
Vitellos Quorum numéro iiij.
Olei rosarum § . iij.
Butyri recenti s § .
Terebentbinæ § . ij.
Fiat calaplas. ad formam pultis satis liquidæ.
Or il faut noter que ce cataplasme est
propre à toutes douleurs de goûtes,
soit au commencement, à l'accroisse-
DES dOVTES.
ment, estât, ou en la fin et en toutes
températures : etdoitestre renouuellé
deux ou trois fois le iour. Le théria¬
que dissoult en vin et appliqué sede
grandemen t la douleur. On peut aussi
vser d’empiastres, onguens, cerots et
linimens.
Exemple d’emplastre.
'if. Gummi ammoniac! , bdellij , slyracis
ana § ij.
Cum aceto et aqua vitæ dissolue, et adde :
Far. fœnug. § . fi .
Olei camomill. et anethi ana § . ij.
Ceræ quantum suffi.
Fiat emplastrum molle.
Autre.
lf>. Radicis bryoniæ et sigilli beatæ Mariæ
ana g . Y.
Bulliant in lixiuio complété, et colentur per
cetaceum, addendo:
Olei camomillæ § . llj.
Seui hircini §, iiij.
Ceræ nouæ quantum sufficit.
Fiat emplastrum molle.
Autre.
"if. Gummi ammoniac! , opopanacis , gal-
bani ana § . ij.
Dissoluantur in aceto , postea colentur : et
adde:
Olei liliorum, terebenth. Venet. ana § . j.
Picis naualis et ceræ nouæ quant, suff.
Fiat emplastrum molle.
Autre pour résoudre et appaiser les douleurs ,
et roborer les iointures,
Of. Succorum radicum enulæ campanæ et
ebuli ana § . iij.
Radicis altheæ Ib. fi.
Coquantur , et colentur per setaceum , ad¬
dendo :
Flor. camomll. melilot. sambuci, roris-
raarini, et hyperici an. p. ij.
Nuces cupressi numéro iiij.
Olei chamæmeli, aneti, hyperici , lilio¬
rum, et de spica ana § . ij.
2^7
Pingiiedinis anatis, gallinæ, et anseris
ana §. fi.
Ranas virides viuas numéro vj.
Catellos duos nu per natos.
Bulliant omnia simul in ib ij. fi. vini odo-
riferi etvnâaquæ vitæ ad consumptio-
nem succorum et vini , ac ossium
catellorum dissolutionem, et Tortiter ex-
primantur : expression! adde ;
Terebenthinæ § iij.
Ceræ quantum sufficit.
Fiat emplastrum molle.
On peut vser pour mesme effet à
résoudre des emplastres de Vigo,
oæycroceum,'Ue mucilaginibus, de meli-
loto , et autres semblables ; lesmeslant
ensemble, et les liquéfiant auec huiles
et axonges resolutiues, diminuant ou
augmentant leurs forces, comme on
verra eslre necessaire, et que le mal le
requerra.
Exemple d’onguent.
if. Anserem pinguem , et impie catellis ij,
de quibus deme cutem , viscera , caput
et pedes.
Item accipe ranas numéro x.
Colubros detracta cute in frustula dis-
sectos numéro iiij.
Mithridatij et theriacæ ana § fi .
Foliorum saluiæ, rorismarini , thymi ,
ruthæ, ana m. fi .
Baccarum lauri et iuniperl concassata-
rum ana § . j.
Pulueris nucis moscatæ, zlnziberis, ca-
ryophyllorum, piperis ana 7. j.
Et dudegoutsoit faitonguentou li-
niment auec cire ou terebentbine de
Venise, y adioustant vn peu d’eau de
vie. Tel onguent appaise à merueilles
la douleur faite de cause froide.
Autre.
if. Gummi pini et ladani, ana § iifi.
Gummi elemi et picis naualisana § . j. 6 .
Terebent. Venetæ claræ 5 . vj.
238
LE VINGT-VNIÉME LIVRE ,
Olei chatiiæmell et de lUio ana § . iiij.
Vini rubri Ib j.
Setn. aquæ vitæ cl saluiæ ana | . vj.
Omnia simul dissoluantur lento igné , ba-
culo semper agitando. Deinde adde :
Pulueris ireos Florentiæ, baccaium lauri
et hermodactylorum ana § - ij.
Semin. inastioheg , myrrhæ et olibani
ana § . ij,
Farinæ fabarum § • iiij.
Omnia simul incorporentur, et fiat vnguen-
tum molle.
Autre.
If. Muccaginis seminis fœnugræci in aceto
extractæ quantum volueris.
Gui misce :
Mellis quantum sufficit : coquanlur si¬
mul, donec spissitudinem vnguenti ac-
quirant.
Ces choses soient appliquées à la
partie malade, et remuées si soudent
qu’on verra estre besoin. Et pour
mesme effet, à sçauoir, à appaiser la
douleur et résoudre, on fera des fo-^
mentâtiohs.
Exempki
:2f. ÎFol. fütîë, saluiæ, rofismati ana m. j.
Flor. camomil. melilot. àna. m. fi.
Vini albi et lixiuij sarment, ana lib. iiij.
Büi. orhnia simul , fiat decoctio pro folu.
Autre ,
Jf. Origani, satureiæ , calamintbæ, saluiæ,
rorisraarin. florum. camomill. meliloti,
lauand. hyperici, rosar. rub. absinth.
ana m. j.
Bullianl cum aceto et vino : fiat decoct. pro
fotu.
Ceste décoction est propre n on seule¬
ment à la goûte froide, mais aussi â
celle qui est chaude, pour ce qu’elle
résout, astreint et robore la partie, et
garde la defluxion.
11 faut bien prendre garde que les
medicamcns des goules soient sou-
uent changés : car Tvn profite à vne
heure, et nuit à l’autre. Que si la
douleur et l’humeur esloicnt si opi-
niastres, que par les remedes susdits
ils ne voulussent débusquer, alors
faudra venir aux plus forts, suiuant
la doctrine d’Hippocrates qui dit,
qu’aux extremes et rebelles maladies
il faut vser de forts et violens reme¬
des ; comme ceux qui s’ensuiuent.
-if. Axung. gallinæ , olci laurini, et euphor-
bij ana S. j*
Olei mastiches, § j.
Pulu. euphorb. et pyretbri ana 5. J.
Ou plus ou moins, selon l’intempera-
ture qu’on connoistra estre en la par¬
tie. Ces choses soient meslées ensem¬
ble, et soit fait médicament, duquel
on frottera la partie tous les iours. Ce
remede est bon , car l’euphorbe et
pyretbre eschauffent et sublilient,
dissoluent et font résolution ; l’huile
et axonge amollissent , et l’buile de
mastic par son astriclion empeschela
fluxion nouuelle.
Ame.
Prenez buile de regnard , en laquelle on
aura fait bouillir des vers de terre , et de
la racine d’enule et bryonia : et auec yn
peu de terebentbine et cire soit fait on¬
guent.
Lequel amollit , atténué , et résout
l’humeur froide qui est aux ioin-
lures.
Autre remede à ceste intention.
if. Sera, sinapi puluerisati et acerrimo aceto
dissoluli §. iij.
Mellis anacardini §. Ij.
Aquæ vilæ § . j.
Salis corn. 3. ij.
1 Hippocrate*, Apho. Hu. 1. — A. P.
DES GOVTES.
Le tout soit mcslé, et en soit appliqué
sur la douleur.
Autre.
•Jf, Picis nigræ 5 • *'!•
Terebenthinæ Venetæ 5 , üj.
Sulphu. viui subtiliter puluerisati § . ].
Euphorbij et pyrethri ana § . fi .
Empla, oxycrocel § . iij.
Olei quant, suf.
Liquéfiant simul, et fiat emplâstrunl , ex-
tendatur super alutam.
Et soit laissée l’espace de deux ou !
trois iours, si le malade sent allége¬
ment de sa douleur : sinon soit osté
comme dessus est dit.
Pourceste mesme intention, on peut
appliquer sur la douleur des orties
griesches, puis lauer le lieu d’eau
sallée : pareillement la fiente de pi¬
geons bouline assez longuement en
vinaigre, duquel en soit fomentée la
partie. Aussi le vésicatoire fait de le-
uain bien aigre, cantharides, staphi-
sagre, et vn peu d’eau de vie, est sou-
uerain remedepour vacuer la matière
coniointe. Car par tels vésicatoires
sort vue certaine serositéet virulence,
laquelle estant hors , s’ensuit allé¬
geance des douleurs, Or il ne se faut
esmerueiller si ces remedes acres ,
corrosifs et vesicatifs, donnent allé¬
geance, et appaisent les douleurs
causées de matière froide et pitui¬
teuse, non plus que les bains froids et
humides à bonne et iuste raison pro¬
fitent aux douleurs composées d’hii-
meurs chauds et acres, pour ce qu^ils
humectent et refroidissent. Car il y a
des douleurs arthritiques qui ne peu-
uent iamais estre appaisées que par
remedes plus grands que n’est l’in-
tempcrature : partant lesdits vésica¬
toires ne doiuent estre deietlés, veu
que les anciens ont commandé le fer
139
chaud et ardent, comme nous dirons
cy après.
Christofle l’André, en son Oecoïa-
trie, recommande la fiente de bœuf
ou de vache, enueloppée de fueilles
de choux ou de vigne, posée sus les
cendres, et puis chaude appliquée sus
la douleur C
CHAPITRE XXL
REMEDES LOCAVX POVR LA GOVTE DE
MATIERE CHAVDE , PRINCIPALEMENT
FAITE DE SANG.
Il faut vser de repercussifs au com¬
mencement, qui sont froids, secs et
astringens, à fin de Contrarier aux
qualités du sang qui est chaud et hu¬
mide, et ce après les choses univer¬
selles.
Exemple des remedes repercussifs.
"if. Albumina ouor. numéro iüj.
Lueci lactucæ et solani aiift § . j.
Aquæ rosarura g. ij.
Incorporentur simul, fiat linimentum.
Lequel sera renoüuelé souuent.
Autre.
Prenez de la farine d’orge, de lentilles, aca¬
cia, huile rosat et de myrtilles, vn peu de
vinaigre s et de ce soit fait cataplasme.
Autre.
Prenez sumach, myrtilles, bol armeniac, de
chacun demie dragme.
Acacia , escorce de grenades , balausles ,
de chacun vne dragme.
Eau de plantain et de roses, de chacun
trois onces.
* Celte dernière phrase a été ajoutée en
1579.
24o VINGT VNIÏME LIVRK ,
Huile rosal once et demie.
Vinaigre vne once.
Farine d’orge et de lentilles , de chacun
tant qu’il en faudra.
Et soit fait calaplasme.
Lequel est fort excellent pour ar-
rester les fluxions phlegmoneuses et
erysipelateuses.
Autre.
Prenez mucilage de coings extrait en eau
rose , casse mondée, huile rosat et vi¬
naigre, et de ce soit fait cataplasme.
Autre de semblable vertu.
Prenez deux ou trois poignées de fueilles de
vignes pilées verdes : lesquelles seront
faites bouillir en oxycrat d’eau de rna-
reschal, puis on y adioustera:
Vne once de sumach concassé :
Huile rosat, 2 onces:
Farine d’orge tant qu’il en faudra :
Et soit fait cataplasme, et soit appliqué sur
la partie.
Autre.
"If. Succi semperuiui , hyoscyami et portu-
tulacæana § . iüj.
Corlicum mali granati § . j. fi.
Farinæ hordei § . v.
Vini austeri quantum sullicit.
Fiat cataplasma.
Tel cataplasme est fort à louër, pour
cequele VinetPescorce de grenadeas-
Ireignent, et lesius refroidissent, et
la farine aussi d’auantage esjpaissit et
forme le cataplasme.
Autre.
Tf. Foliorum hyoscyami , acetosæ ana m. j.
Lesquelles seront enueloppées dans du
papier, et cuites entre deux cendres, et
puis pistées auec deux onces d’vnguen-
tum populeum, ou rosat : et soient ap¬
pliquées tiedessur la partie.
Autre.
■if. Florum iusquiami Ib. ij.
Ponantur in phiala \ilreata, et reconde
in fimo equino donec putruerint : accipc
ex putrcdineg . ij. in qua dissolue olei
de iunipcro § . fi.
Fiat linimentum ad vsum.
Autre.
Prenez des citrouilles pistées , et soient ap¬
pliquées dessus.
Antre.
if. Mucaginis psyllij, cydoniorum, extrartæ
in aqua rosarum et solani ana § . iüj.
Olei rosati omphacini §j.
Vini granatorum 5 . j
Vitellos ouorum cum albumine nu¬
méro iij.
Camphoræ 9 . iij .
Incorporentur simul, fiat linimentum.
Autre.
if. Olei rosati omphacini § . iüj.
Albumina ouorum cum vitellis nu¬
méro vj.
Succi plantaginis , lactucæ , et solani
ana §.j.
Faiinæ hordei §.iij.
Incorporentur simul, fiat cataplasma.
Autre.
if. Farinæ hordei et fabarum ana § . iij.
Olei rosati § . ij.
Oiycrati quantum sufficit,
Goquantur simul, fiat cataplasma.
Autre.
if. Mucaginis seminis psyllij § . iüj.
Olei rosati § . ij.
Aceti § . j.
Vitellos ouorum numéro iij.
Croci 9 . j.
Misce : fiat medicamentum.
Pline au vingt-deuxième liurees-
crit, qu vn iurisconsulte estant à voir
vanner son bled ayant les goûtes aux
pieds, il se mit dans son bled par des-
DES GOVTES,
SUS les genoux , et s’y tint quelque |
temps, et par ce moyen sa douleur
cessa
Or il faut icy noter que quelques-
fois la douleur ne se peut seder, à
cause de la multitude du sang qui est
deflué sur la partie, et partant le faut
vacuer: ce que véritablement i’ay
pratiqué, faisant ouuerture de la
veine plus apparente et proche delà
douleur, et subit elle estoit cessée.
Il faut aussi noter qu’il ne faut
vser trop des remedes repercussifs,
de peur d'endurcir la matière, qui
puis après à grande difficulté pourroit
estre résolue, et y auroit danger qu’elle
ne fust conuertie en nœuds et pierres
gypsées: et partant on y prendra
garde. Et après l’vsage des repercus¬
sifs , il faut appliquer des résolutifs,
qui seront cy après déclarés , à fin
de résoudre l’humeur qui pourroit
estre demeuré en la iointure.
CHAPITRE XXII.
KEMEDES TOPIQVES POVR L’HVMEVR
CHOLERIQVE.
Les remedes locaux doiuent estre
froids et humides , à fin de contrarier
aux deux qualités de la cholere , qui
est chaude et seiche.
Exemple des remedes repercussifs pour la
cholere.
Comme fueilles de solanum, portulaca, sem-
peruiuum , hyoscyamus , papauer , ace-
tosa, plantago , aqua frigida :
et autres semblables, desquels on fait
plusieurs compositions.
1 Telles goules esloieni chaudes, — A. P.
111.
241
Exemple.
'if. Succi hyoscyami , semperuiui , lactucæ
ana § ij.
Farinæ hordei § . j.
Olei rosati §.ij.
Agilando simul fiat medicamentum.
Et soit renouuellé souuent : tel remede
sede grandement l’inflammation.
Autre.
Le cerueau de porc, broyé auec
am y don, ou farine d’orge et huile ro-
sat, est vn remede singulier : pareil¬
lement les mauues cuites en eau,
broyéeset pilées, et appliquées dessus,
sedent grandement la douleur.
Autre.
if. Mucaginis psyllij extraclæ în aqua so-
lani vel rosarum § . ij.
Farinæ bord. 5 -J.
Aceli quantum sufiicit.
Fiat linimentum.
Autre.
if. Vnguenti rosati Mesuæ et popul. ana § . iij .
Succi melonum § . ij.
Albumina ouorum numéro iij,
Misceantur simul : et soit fait comme dessus.
Pareillement vne esponge imbue en
oxycrat , et vn peu espreinte , fait le
semblable.
Autre.
Prenez fueilles de cboux rouges deux poi¬
gnées , cuitles en eau et vinaigre , puis
broyées, y adioustant trois moyeu fs
d’œufs, huile rosat trois onces, farine
d’orge tant qu’il suffira : et soit fait ca¬
taplasme.
On peut aussi prendre le suc cru des
choux et deshiebles, roses pislées,
huile rosat, et farine d’orgè tant qu’il
16
2/12 VINGT-VJV
suffijl : et.soit fait cataplasme. En hy-
ucr qu'on ne peut trouuer des herbes
recentes, en lieu d’.jc(i||eÇiO,p, prendra
de l’onguent de Galien réfrigérant,
auec du populeum.
Onguent repercussiffoH excellent.
Ceræ albæ. § . j.
Cfoci 9 . j.
Opij 9 , iiij.
M . Olei rosati quant, suflicih. . ,
Macerentur opium et crocus in aceto, deinde
•terantur et incorporentur cum cera et
oJeo : fiat ceratum,
Lequelser,a e^tepdu sur4u linge, Pt
appliqué dessus le lieu dolent et aux
parties voisines;, et renouuellé son¬
nent:. Qr véritablement ce remede est
à loüer, à cquse ,qn’,il y entre du vi¬
naigre, lequel resoultpt seiche gran¬
dement , et Qunre, tes.pQrosités.de la
partie, et fait penetrerJaKyertp des
autres ingrediens qui dissipent l’acri¬
monie du virus arthritique, et parlant
sede tes douleurs : ce qu’on a veu à
plusieurs. . : ,, .
Autres prennent grenpüiUes foutes
viue^j.et les fendent par le ventre,, et
les appliquent sur le lieu doulou-
reuît-:''-- ■, ■ i';;.' ■ ; Ï --!
, uAutres ont trouué que l’eau mu¬
queuse des limaçons rouges isede
grandement la douleur et inflamma¬
tion. Il faut prendre cinquante ou
soixante limaçons xouges, et les met¬
tre dans vnpot.de cuiure, et les sau¬
poudrer de sel commun,. et les laisser
par l’espace d’vn iour entier : puis on
les coulera par vne estamine , et d’i¬
celle coulature on en trempera des
linges, lesquels .seront appliqués sur
le mal^ et. renouuellés souuent. Et
faut icy noter que s’U y aupit grande
inüamiPOtion , on fera boüillir les li¬
maçons en vinaigre et eau rose. Cedit
ii.düufi' ('»,î t \ , ü (ii'in. J ,;ff
iiemede .Qst.lbrf exQeHqnt„vainsi qpe
i’ay plusieurs fois expcrimen|:jé- ,pt
mcsméuKt’d confirmé, monsieur de
fongemea,u gentilhomme , d’hon-
■nem;, et j[ligne,d|0 .foy, le/iuçl aypnt
esté nmlp,dÇi et-tourmqntéd’vnc Sicia-
fique, l’espace, , dp Sis^, mpis , poqp la
gu.wison)do,lanueUe ilauoit fadt plp-
sifiurs : repiedes ,( tant vp juersetsi Qd®
particulieii'S:,: sçins Ipy jripn prodtçr :
en finfeçeut pm çedd rooyen,giiari-
;Son, ;en;iysant par l’espace de sept ou
huit,ip,Uii;s,t.
. , : f ,arçillemenMes PO.mmes dp.ciljÇpps
pUidrenges cujttP? en, v,i,nq|gre,„puis
jqstéeç Uiuec n,peu de fpr^ç jd’orge
ou de feues, et appliquées dessus.
Autre.
i^."Pomoram coctorum in lacté Ib. J.
Butiri §. j.- <
'Vitellos i). Quorum.
Aceti §.j.
Fiat cataplasma.
Aucuns prennent, vn .fromage frais
escremé, battu auec huile rosat et
•farine d'orge ; il reprime l’inflamma¬
tion et sede la -douleur. Autres pren¬
nent de la casse recentement mondée,
et la meslenl auec.jus. de cougourde
ou melon. Autres prennentdes fueil-
leséle choux et d’hiebles, ou d’ache,
ou les trois ensemble broyées, auec
vn peu de vinaigre, et les appliquent
sur le lieu dolent. Les autres pren¬
nent de la semence de lin vne once,
■et en tirent mucilage auec bierç puis
.y. adioustent liuile , rosat et farine
d’orge, et en font cataplasmes, Autres
prennent huile de pauot auec de la
chair de citrouille pilés ensemble, et
l’appliquent sur la partie dolente.
^ Cette histoire de M. de Longemeau a
été intercalée ici en 1679.
DES C'OVTES.
Jlüirer'èke'de', par tétlUel "h e’^fé un
'hoitibie 'en Gascon^nè', eh Ih ville de Basas,
uni auoü esté affligé de la goule fort long¬
temps, auec les plus eslranges douleurs qu’on
Sçauroit excogiter : et n'a senti depuis au¬
cune douleur. i
Wétis vn'e WÎïè *fèMërè
fôrtè et espàis'^e, et la ïh'fe d'taWfôr
îù'sqües à ce '^liè '^fle âeitëtfiiè
rdüge, I kqüerte âatts Vffè ‘
autre tulllè 'flaVeifte ëh ÿrkntletfr, |
toute froide, de crainte que le linge !
tlulit où sérà'lè maiaëê nè'sê'Iirus'lè. :
Puis ‘tu fëfnj^iïirks % ‘su^Ülffe *ftiifte
chaude de fueilles (i^iiebYeS , e'n‘tëlle
quantiië'qüe la pakqië*TiiÉhdè 'y’p'Üisse
estre posée, et demeurer dèSahS sans
se brusler.Le malaidé en endurera la
chaleur et sueiii- l’espace d’vne heure
ou plus s’il peut , r’adioustant t ere-
chef des hiebles, apres que les pre- j
mieres seront des'sëichées, changeant
aussi de tuille reschauffée, si la pre¬
mière ne te semblé asséVchaude. Cés
choses faites, la partie sera essuyée
auec vn linge: et contihueras lesdites
estuues douze ou quinze iours le ma¬
tin, l’estomach estant à ieun : et après
‘ik [iarüe^sefa dittte'du Imitaient sui-
uant, estant vh'peu chküffé :
Succi ebuli ft. j.
Ôiéi commutais 11». j.
Misceantur sim’ul etponanturin vase ficüli,
cuius oriflcium sit strictum àdmodum, ét
çurn luto bene obturatum : postéa bul-
liant in duplici vase cum vino ad médias
■ diluto, per spacium décem' vèl duôdècim
horarum : rèrrigefentür et seruentur
vsùi, addètado ynctîonis tèmpoire giittas
alîçfùot aqUae Vilæ.
rnurigi'pôterlt'tais aut' ter ïn die, longe à
'pastu.
Pareillement les racines et fueilles
d’^hiébles ctaites en eau, pistées, et ap¬
pliquées sur la ‘douleur , la sedent.
243
Sémblabîcment Phiriie d’hiebles ex¬
traite éta quinté-essetace, est slngu-
ÏÏèrè pour sèdér lés do'uleii'rs.
Or si la ‘dotaïéüta éstoit la ïè'belle
qu’elle ne péust estrê sedéè par lestae-
medes susdits, et qu’elle fust intoléra¬
ble, auec vue tres-grande chaleur et
ferueurenla partie, tellement que les
esprits fussent resouts et les forces
abbatues, et que le malade tombast
en syncope : il fküt alors vser de re-
medes narcotiques et stupefactifs ,
combien que par icèux la tempéra¬
ture de la partie soit dissolue, 'et la
chaleur naturelle dimiriuéé, vo'irë es-
'tëîhte,sioft'ëh vStiit'trdplota^üenlent;
neantmdlhs ils'Üdiilënt plüstôst estfe
appliqués, que de permettre que tout
le corps ilérrs^e de Üdüléür intdlefk-
^bre.^Eétlr vertu'eéfüe gf andeihent ré¬
frigérer et seichér,ef4l’hëbéterlesen-
tîniéht dé la pariie :‘ét qüi liltas éSt,
ils êspàiSsîSSëiit'et inérasseht lës hü-
iüéurs sdbtlls, aérés -et taibfdicküs,
‘éomme ééf Phüinëur’ cholérique. Si'la
înatieré estoit crasse et italpkcté én’la
partie , aiOrs lés faüt éüiter, Ou pOur
le inoins' éh S'ser auèc géaiide* discré¬
tion, de peur d’induite stupeur.
Exemple d’un rhëàicament narcotique,
'if. Micæ panis secâlini'pârdm côcU iriîâcte
§• ij-
Vitellos ouor. numéro ij.
OpijS. j.
Succorum solani, hyoscyami, mandra-
goræ, portulacæ, semperuiui, ana § . j.
Le tout soit meslé ensemble, et en
soit appliqué dessus, et renouuellé
souuerit.
■Autre.
Prenez fueilles. de iusquiamc, ciguë,
, ozeille, de chacune vne poignée.
Lesquelles seront bouillies en Oxycrat , puis
244 LE VIKGT-VNIEME LIVRE,
pilées et broyées auec moyeux d’œufs
cruds : huile rosat, deux onces: farine
d’orge, tant qu’il suffira : et soit fait ca¬
taplasme, lequel sera appliqué sur la dou¬
leur , et sera continué iusques à ce que
l’inflammation soit cessée.
Ce remede est fort approuiié , et du¬
quel i’ay vsé souuent auec bonne
jissue.
Autre.
Tf. Opij 3. iij.
Camphoræ 3. 6 .
Olei nenupharis § . j.
Lactis §.ij.
Vnguenti rosati descriptioneGaleni § iiij.
Incorporéntur simul in mortario.
Et de ce en soit appliqué sur la partie.
Outre plus , l’eau froide appliquée
et iettée goûte à goûte sur la par¬
tie, est narcotique et stupefactiue i,
comme dit Hippocrates, Aphoris. 25.
de la sect. 5 ; adioustant icelle, pour
vne autre raison, estre fort propre en
toute espece de goûte, sçauoir, em-
peschant par sa vertu repercussiue
que les humeurs n’affluent d’auan-
tage sur la partie.
Autre.
Prenez pommes de mandragore cuittes en
laict, puis pilées et appliquées dessus.
Autre.
Prenez fueilles de lusquiame, ciguë, pour-
pié, laictues cuittes en laict, et soient
pistées et appliquées dessus.
Et qui voudra que ces remedes soient
plus froids, il ne les faudra cuire,
mais les appliquer tous cruds.
Or subit que la douleur et ferueur
‘ La phrase s’arrêtait là en 1576; le reste
est une addition de 1579.
sera esteinte et cessée, il faut désister
de tels remedes, et roborer et forti¬
fier la partie auec remedes chauds et
résolutifs. Car autrement y auroit
danger qu’elle ne fust rendue debile
et intemperée : ou que puis après elle
fust suiette à toutes fluxions*. Parquoy
pour la fortifier, il faut vser de dé¬
coctions faites d’herbes résolu liues,
et autres choses descrites cy deuant,
ou autres qui s’ensuiuent-
Gummi ammoniacl, bdellij ana §.j.
Dissoluantur in aceto , et passentur per se-
taceum, addenda :
Styracis liquidæ, farinæ fœnugræci ana
§. fi.
Pulueris Ireos § . iij.
Olei camomillæ S . ij.
Pulueris pyrethri 5. ij.
Cum cera, fiat emplastrum molle.
Autre.
Of. Radicum enulæ, ebuli, altbeæ ana tt. fi .
Seminis fini, fœnugræci ana 3. ij.
Ficuum pinguium numéro xxij.
Coquantur complété , et passentur per se-
taceum, addenda :
Pulueris euphorbij 3. ij.
In olei camomill.anet. rutæ, ana § . iij.
Medullæ cerui § . iiij.
Fiat cataplasma.
Nous auons par cy deuant fait men¬
tion de plusieurs autres résolutifs,
desquels le chirurgien se pourra ai¬
der selon qu’il connoistra estre be¬
soin ; et se gardera de trop résoudre
et seicher, de peur de consumer l’hu¬
meur subtil, délaissant le gros en¬
durci et putréfié dont se pourroient
faire des tophes et nœuds , ainsi qu’il
se peut faire aussi par l’indeuë appli¬
cation des repercussifs.
* Annotation aux ieunes Chirurgiens digne
d’ estre obseruée. — A. P.
DES GOVTES.
le ne veux encore laisser en ar¬
riéré que les anciens ont fort loüé
les bains faits d’eau douce, en laquelle
on fera bouillir herbes réfrigérantes:
et sont profitables estans administrés
principalement trois heures apées vn
leger past ; car après la viande, le
bain a plus grand pouuoir de corri¬
ger les in températures bilieuses, et
principalement à ceux qui sont gresles
et de rare texture, par-ce qu’ils hu¬
mectent l’habitude du corps , et eua-
cuent l’humeur cholérique par insen¬
sible transpiration : d’autant que les
conduits sont ouuerts et dilatés par
le bain, et les humeurs liquéfiés. Après
le bain, il faut oindre tout le corps
d’eau et d’huile d’oliue, à fin d’hu-
mecter et gaider que la chaleur na¬
turelle ne s’exhale : et les faut conti¬
nuer iusques à ce que le chirurgien
verra estre necessaire. Aussi faut no¬
ter que les viandes de gros suc, comme
bœuf, pieds de mouton, ris, et leurs
semblables, leur sont meilleures que
les délicates (pourueu que le malade
les digéré bien) pour-ce qu’ils incras-
sent le sang bilieux, dont il n’est si
facile à defluer aux iointures.
CHAPITRE XXill.
nES AIDES DE LA DOVLEVR FAITE
D’INTEMPERATVRE sans MATIERE.
Il y a des douleurs aux iointures
qui se font d’intemperature sans ma¬
tière, ce qui n’aduient pas souuent :
tou tesfois ie l’ay expérimenté sur moy-
mesme il y a enuiron de dix à douze
ans‘.
Estant en hyuer en mon estude, vn
245
vent coulis me donna sur la hanche
senestre, lequel ie ne sentois alors , à
cause que la vertu imagina tiue estoit
occupée à l’estude : puis me voulant
leuer, il me fut impossible de me pou¬
uoir soustenir debout ; et auois vn
sentiment de douleur si extreme et
intolérable, qu’il me seroit impossible
la descrire , sans aucune apparence
d’intemperature , ny de tumeur au
sens de laveuë. Lors force me fut me
faire mettre dedans le lit ; et consi¬
dérant que le froid (qui est du tout
enneray des parties nerueuses ‘ ) estoit
cause de ma douleur, me fis appli¬
quer plusieurs linges chauds dessus :
et neantmoins qu’ils fussent fort
chauds, ie ne sentois qu'à peine la
chaleur sur l’endroit de ma douleur,
tant estoit l’intemperalure grande :
et és autres parties voisines ie la sen¬
tois si bien qu’elle me brusloit, ius¬
ques à me faire leuer des vessies. D’a-
uantage ie fis appliquer des sachets
remplis d’auoine et de mil fricassés
ensemble, et imbus de vin vermeil :
pareillement autres fois y faisois ap¬
pliquer vessies de bœuf, dans lesquel¬
les y auoit de la décoction d’herbes
resoliitiues, et n’estoient qu’à demy
pleines, à fin qu’elles adhérassent
mièux sur le lieu de la douleur. Autres
fois y faisois appliquer vne escuelle
de bois creuse, presque remplie de
cendres chaudes, et par dessus de la
sauge , rosmarin et rue vn peu pis¬
tés : puis ladite escuelle estoit cou-
uerte et enueloppée d’vn linge, sur
lequel on iettoit eau do vie, de la¬
quelle sortoit vne vapeur humide qui
donnoit grand allégement à ma dou¬
leur. Autres fois y faisois appliquer la
mie d’vn gros pain tout recentement
tiré du four, arrousée d’eau de vie et
Je rappelle que ce texte est de 1675.
1 Hippocrates, ^pli. 18. liu. 6. — A. P.
240 LE LIVRE,
pnijeïoppée dans vne spruietfp : sp,pi-
l)la})leipept me faisp^s .‘ippliguer aux
pieds des i)outei}l,es de terre reippîipq
d’eau boüillante, à flp gup l’intepipp-
r.ature fust plus ampjleuient corrigée,
d’autant que la cbateur de ce re/pede
peut se communiquer aq cerueau,
pour bl rectitude des nerfs. Cesle
exitrenie douleur pie dura en.qiron
vingt .quatre heures, et fut cessée par
les repiedes susdits ‘ .
U y a encore vne aptre espeee
.d’ïhumeur es;cre,nientilieux , t.^uel
-paur.estre de substance fort deÙée et
subtile, ne se peut voir àl’œsb, qui
s’appelle ,fuUgif((,eMçc , ù .cause qu’i,! est
seniblable au npir qui s’ engendre .^e
lafuuiée.d’vnedampe , lequel .estant
accompagné de sérosité .yirutepte ,
passe partout , .faisant ,des pxtrqpies
.douleurs , tantpst à ype parlie ,ddn-
.tost a i’autre, ne detnapdapt qu’à, sor¬
tir :partantduy faut.ppurir lapqjçte
, en. queJqpe.5prte. gpe. çe,,soit , ’ pu p^r
application de veptopses atuproets,
et.scarifiCiatiQps , op par Yeaicatoires
.et capter e, s.
ÇHAPITRE JMY.
CE QV’iL FA VT FAIRE, LA DOVLEÜR
CESSÉE DES GOVTES.
La douleur estant appaisée , il faut
roborer et .fortifier ^çs ioip,tures., pr
ce mot de rpborer se doit pon seple-
pient entendre à vser des aslringens
et deslccatifs, mais au&si çpntràrier à
rindisposilion délaissée à la. pàrfie.
Comme s’il y a quelque bunieur' su¬
perflu , il faut résoudre: et s’il y a
‘ Cettehistoire faisait tout le chapitre en
1575; le paragraphe suivant a été ajouté en
1679.
guplqtjo seicheresse, il faut humecter
Pt reîasci[|er: eVau 'contrairé , si les
jpijj|i|ccs estoiépl’ lrop luïn'iqucs cl
felttxées (çopimé souuen(: adulent aux
potlagrps', tjesqueis la goule a' cslé
faite de màtiere pituileuse), alors faut
vser de rem’ëdosuesiccatifs et fort às-
tringens : et ainsi dès autres ilniétn-
peratiires , comnie nous auons dit 'cy
dessus.
Outre plus faut entendre que les
ppd^gref après ailpir perdit leûr'dôu-
^epr (laquelle commence tantpst sdiis
le tqlpn,nt ^uelqûesifois sous la caiiilé
jdupjipd), neantmoins Üemèurent lôiig
jto’^s spns pouuoir marcTiér dü*à
.gr.jrnd ippine à .cause que ïés nerfs et
tî|pdpns qui spnt en grand nombre
,ppx iPieds, sont inibiis et arroüsés
,d’vp jbupieur 'pituiteux i et ^à'r "ce
^piOyen ont esté relaxés, 'cTe sorte qu^ils
‘^Opt demeurés amollis comme vh par
filftîujin môüillè , qui fait que le pab-
,iirp podagre ne^jent chemmef, ët luy
semble gu’il^mjarç'li'e sur espinès.
^IÇt pour ;ie faire cbemïiier,' il Mit’hè -
ç.essair.pm.ent consomniei ' ' l^huineur
. cppioipt jèt, délaissé' aux ' parfies ner-
uèuses : qui se fera aube' fomenta¬
tions , cafaplasmes’et emplastfès às-
f‘rip§;ç.us..et..d,çsicca.lifs , comme ceux
qui s’ensuiuent. . . - .
Pourra fpmçnt^ation , on vsera de
celle qui est èscritè cy ’ dessus , au
chapitre jdcla„robor|i^ipp des iointu-
l'es vRopp la pj'eséruatiôn',, augmen¬
tant la quantité de i’aïiini et du sel,
,adiou^lapt,du^^p,plp^hre vif en pareille
.99 i cèsf em-
, Plâtre: . ‘ '' ■'
.,^i.¥“f^^..Çmillastri contra rupturam^ . iiii.
terébenth, §. ij'.” ’ ’ ' '■
Pulu. rosarnm rubr. nucum cupres.si,
gallarum ; granbrüm ririyrthl , ét Tolio-
rum eiusdem, thu. mastic, caryophyl.
ana. g. j.
DES GOVTES.
Malaxentur omnia simul manibus inunct'is'
, o]eamy,rthinaet. mastiohino,.ct fiaL«m-
plastrum oxtensum supra aJiutamidcbitæ
magnitudinis et latitudinis.
Et soit apposé sur les pieds tant des¬
sus que dessous : p«is faut auoir vue
chausse de cuir de^chien conroyé , la¬
quelle soit lassée bien proprement
sur toute la iambe.iOF. cest 'emplas-
tre est fort ’vtile , d’autant qu’il forti¬
fie les nerfs et consume rhumeür im¬
bu en iceux , et empesche la fluxion ;
et la. chausse de cuir de chien con-
serue la chaleur naturelle : et par-ce
qu’elle comprime et. serre , elle em-
p, esche aussi la fluxion de se faire sur
les pieds. . <
CHAPn'RE XXV.
DES TOPHES OV NOEVDS QVI VIENNENT
AVX lOINTVRES DES GOVTEVX.
En aucuns gouteux s’engendrent
des- nœuds aux iointures, appellés
des anciens topM, ounodi, ou tubero'si-
tés: lesquels sont faits par congestion
d’vne pituite crasse, visqueuse, crue
et indigeste-, accompagnée d’vn hu¬
meur bilieux, acre et chaud : lesquels
conioints et délaissés en la partie
(pour l’imbécillité d’icelle) ne peu-
uent estre résout»: et aussi pour la
douleur du virus arthritique, il se
faitvne autre augmentation de cha>
leur estrange et adulte,- qui coA-
somme et résout la partie la plus
subtile de l’humeur, et le gros et
terrestre demeure et s’endurcit ;et se
conuertit en matière gypseuse et
pierreuse ,- comme crayc : et par con¬
séquent sont engendriS des nopuds et
pierres , ainsi qii’on voit se faire eu j
54;
la vessie. Pareillement les nœuds sè
font quelquesfois pour indeuë appli¬
cation des medicamens repercussifs et
résolutifs , d’autant que par les reper¬
cussifs les humeurs s’espaississent et
congèlent, et par les résolutifs le plus
subtil se résout , et le reslo se tourne
en pierre. Parquoy le Chirurgien
qui sera appelé pour curer les de-
fluxions , se "doit bien garder de trop
longuement 'Vsër de remedes' reper¬
cussifs , résolutifs et desiccâlifs.
Les medicamens' qui doiueht amol¬
lir ont vue chaleur modérée -et- doi-
uent médiocrement humecter, pour
liquéfier d’humeur conioint et atta-^
ché en la partie comme l’e'au tiede.
Aussi on pourra faire' boüiltir 'des
herbes emollientes , ou en lieu d’icel¬
les la décoction de trippes , pieds et
testes de veau ou de mouton i,-ot au¬
tres semblables: Et-aprés auoir deuë-
ment fomenté, on vsëta de eeihedi-
cament; • < ‘ ' ‘ '
"if. Axungiæ humanæ , anseris et gallinæ ,
medallæ ceruinæ ana- § . ôj. ' ' ■ ‘
Terebentbinæ- Veaetæ i§,. jJi
Aquæ vUæ parum. t
Ceræ quantum sufficit.
Fiat vhguentum molle.
Après auoir quelque temps vsé de
ce médicament, on vsera de ces-
tuy-oy: ' . ' . '
“îf. Rad. altheæ, lilio. bryoniæ, lapathi aculi
ana §. iiij.
Coquant. complété et passentur per seta-
ceum :iadde'i:>‘ ’’ ^ ' ' '
Gunt. ammdn. bdellij , galba, opopana.
in aceto diss. ana § . j. '
Medullæ ceruinæ ana § . J. é> •
IncorporCntiir slrnül, et appliccMur parli
affectæ. - ■
2^8 LE VINGT-VN
Autre,.
■if. Olei lilio. et amygda. dulcium , medul.
n uris cerui ana § . >]■ C> •
Mucaginis seminis Uni , altheæ , et fœ-
iiugr. ana ^ . j.
Ceræ quant, suff.
Fiat ceratuni.
Autre.
■if. Emplast. de Vigo cum mercurio et cerati
de œzipo humida descriptione Phila-
grij. ana §.ij.
Malaxentur simul cum cleo lilio,
Fiat massa.
Autre.
■if. Gum. ammon. opopa. galb. bdellij, dis-
solutorum in acelo ana § . ij-
Panno lineo coilatis adde :
Pulueris sulphu. nitri, sinapi, pyrethri
ana § • fi •
Styracis liqufdæ, axungiæ hum. ana § . j.
Resinæpini, tereb. Yene. ana §. fi.
Ceræ quantum suff.
Fiat ceratum molle.
Et entre tous autres cestuy-cy est
fort approuué des anciens , pour rom¬
pre le cuir et faire fondre les nodosi¬
tés putréfiées ‘ , et nommément de
Gai. liu. 10. des simples 7. et d’Aui-
cennefen. 22. liu. 3. traité 2. chap. 21.
■if. Pedes porcello. bene salsos num. iij.
Et vcterem petnam cum illis coque, ad-
dendo sub finem :
Bad. alth. bryon. lapalh. acuti ana 5 . iij.
Axung.taur.etmedullæceruinæana § .j.
Et cum caseo putrefacto, fiat emplast. satis
molle ad vsuni.
Autre bien excellent^.
if. Casei acris et putrefacti § . iiij.
Pul. sulpli. viui , euphorbij et pyrethr.
ana 5 .iij.
' La phrase finissait ici en 1575; les deux
citations suivantes sont de 1579.
3 Celle formule a été également ajoutée
lilÆE LIVRE ,
Communis veteris pernæ et pedum por¬
cello. salilorum quod suff.
Ad incorporandum ducantur in mortario ,
et fiat empla. ad vgum.
Autre.
■if. Spumæ nitri 5 • ^3-
Terebcnt. § . ij.
Olei veleris §. vüj.
Lixiuij quo lanæ pileorum lauantur, et
ceræ quantum sulficit.
Fiat ceratum salis molle,
Et après l’vsage des remollitifs, on
feravneeuaporation auecla pierre py¬
rite, ou de moulin, ou d’vne bricque
bien chaude , et sur icelle sera, ietté
de bon vinaigre et eau de vie ; car
telle vapeur dissoult, subtilie, incise
et rompt la matière grumeuse , gyp-
seuse et endurcie, et fait souuent ou-
uerture au cuir. Et ne se faut esmer-
ueiller si tels remedes rompent le
cuir, attendu que le plus souuent en
tel cas la peau s’ouure d’elle mesme
sans nulle incision : et pour le dire en
vn mot, les remedes qui sont propres
à curer les scirrhes , sont bons pour
amollir les nodus. Mais il faut en¬
tendre que lors qu’il y a matière
coniointe et ja conuertie en pierre
par vne autre fluxion , quelquesfois
se suppure , et est necessaire de faire
ouuerture pour vacuer l’humeur su¬
perflu contenu en la partie, lequel hu¬
meur est laicteux ; puis la substance
gypseuse qui fait les nodosités, fort
dure comme piastre : et après estro
sortie , il faut curer l’vlcere et mettre
en 1579, et outre le titre fastueux que l’au¬
teur lui donnait alors, il a appelé de nou¬
veau l’attention sur son efficacité par celte
note marginale en 1585 :
Excellent médicament sur tous pour les no¬
dosités, auquel entre vieil iambon et vieil fro-
mage.
ftÉS GOVTES.
Templastre de gratta dei, et autres
que le Chirurgien verra eslre neces¬
saires.
GRÂPltRE XXVÎ.
Les véntosités qvi le plvs sovvent
SONT TROVVÉES AVEC LES GOVTES ,
ET DE LEVES REMEDES.
Parmy les humeurs accompagnés
du virus qui fait la goûte , souuentes-
fois est trouuée grande quantité de
ventosités, principalement és gran¬
des iointures , comme à la hanche et
aux genoüils , qui l'ont qtielquesfois
sortir les os de leur propre lieu. Et
sont conneus estre en la partie , en ce
qué le malade sent grande douleur
tensiue , sans pesanteur : et lors qu’on
presse dessus du doigt ,il n’y demeure
pointde cauité, comme auxœdemes:
mais l’esprit flatueux repousse et se
releue en haut , comme qui presseroit
vnc balle remplie de vent : ioint aussi
que la partie ne peut faire son action,
à cause que les vents remplissent les
espaces vuides et empeschent le mou¬
vement de se pouuoir faire. Or au¬
cuns ieunes Chirurgiens mettans leurs
doigts dessus, en esleuant l’vn et
pressant l’autre, sentent la ventosité
s’esleuer entre leurs doigts , comme
vne inondation de pus ja fait en vne
aposteme , et y ayant fait ouuerture ,
icelle faite n’ont apperceu sortir au¬
cune matière : et partant ont esté de-
ceus , et causes de grands accidens ,
comme augmentation de douleur et
fluxion d’humeurs, qui ont fait des-
boëtter les os hors de leurs iointures,
et les malades sont demeurés ù iamais
claudicans. El pour ces causes, ie
conseille aux gouleux, en tel cas,
249
d’appeller pour leur aide des Chirur¬
giens expérimentés.
On voit peu souuent telles ventosi¬
tés sans qu’elles soient accompagnées
de quelque humeur pituiteux, lequel
ti’est téop crli ny visqueüx. D’auan-
tage ces ventosités demeurent lon¬
guement sans pouuoir eslre résolues,
à cause de l’inlemperature froide
que fait la matière venteuse , et des
membranes et ligamens qui lient les
iointures , lesquelles sont denses et
dures, et par conséquent leurs pores
sont serrés, de façon qu’à grande dif¬
ficulté les matières ne se peuuent
euaporer ny sortir hors.
Or pour la curation , il conuient
pour consumer les ventosités vser de
fomentations resolutiues , carminali-
ues, disculiuesetdessiccatiues : aus-
quelles auront bouilli fenouil , anis ,
rue, camomille, melilot , sauge, ros-
marin, origan, calaraenthe, mar-
rubium , et leurs semblables , cuit tes
auec vin et lexiue, et \n peu de vi¬
naigre, rosat et du sel commun. Et
après la fomentation on appliquera
ce Uniment qui s’ensuit ;
Ijf. Olei camomillæ, anethi , rutæ , laurini,
ana § • ij-
Et cum cera alba fiat linlmentum , addendo
aquÆ vitæ parum.
B’auantage, après ce Uniment on
appliquera ce cataplasme :
IFloriim camomillæ, meliloti, anethi, ro-
sarum rubrarum pulueris. ana m. j.
IFoliorum maluarum et absinthij ana
m. ft.
Furfurism.j.
1! .nlüantomnia cum lixiuio et vino rubro :
;ileinde pistentur cum meduUa panis e
farina fabarum quantum suflicit : fiat
’calaplasma, üddendo olei rosati et myr-
.tiiii ana 5 . ij.
LE VINGT- VNIÉME LIVRE,
2 00
Aucuns ont loüé pour telle disposi- ’
tion ce reinede pour tarir la ventq-
site: .
AXung. suillæ ^ . iiij.
Calcis viuæ § . j. fi .
Ces choses soient battues en vn
mQrticr , et appliquées dessus.
Autre. ‘
7f. Stercoris caprini cocti cum vino et aceto
ana Ib . fi .
Terebénthlnæ Venétæ, et Ihelliscomïrtu-
nis ana § . ij.
Aqiiæ vitæ §. fi.
Pulueris rad. ireos Florentiæ, sabinæ ana
, , ,
Olei rutæ et 'ahetbi aha f . j. ' ' ' '' " '
Faririæ fabarum quantum suflicit.
Fiat çataplasmâ ad forriïam pultjs.
' 'il faut 'appliquer des Compresses
trempées ( et espreintes ) en oxycrat ,
auquei on aura fait bouillir absinthe,
origan , câmomhle, melilot, nie, sel
côiumun , y àdioûstànt eau dé vie :
et sera la parlïé liée et serréè le plus
qu'l! sera jiossiblé ^ d't qUé’le malade
lé poiirra 'éhdurèr. Ëtsùr là fin pour
roborer la partie, on appliquérâ'des-
sus de la lexiue faite de cendre de
cWésne ét’ dé sarment :' én’ 'laquelle bn
aura fait boüillir sel, soülphre , alum
dé roche en séCrépt et liant la par¬
tie , comme dessus,’ aiiëc' compresses
trempées en icelle lexiue. Or s’il y
auoit grande douleur, alors fàudroit
laisser la propre cure pour surueuir
, aux apcidens , en frottant la partie
de quelque huile carminatiue , auéc
laine à tout le suif, et autres remedes
qu’on verra estre necessaires.
CHAPITRE XXVII.
. RE LA SCIATIQVE.
Maintenant il nous reste à traiter
de la goule ;Sciatique,^ laquelle sur
toutes (comme i’ay dit au prognoslic)
enipqrte le prix pour estre la plus
douloureuse: et cause grands et ex¬
trêmes accidens, à raison delà loin-
ture qui est plus profonde que les au¬
tres , et que le plus smiuent l’humeur
è's'tânl' en grân'dé abondance et pitui¬
teux , ‘froid , gros et visqueux , diffi¬
cilement le peut-on faire debu^^uer
de la partie. Et Vient le plus squuent
après vhe longue maladie , d’vn hu-
nieùr malin, léqùerdeliurant lés par¬
ties d’où il est venu , cause vne ex¬
trême douleur, * non seulement b la
iointure dè la hanche , niais encore
plus profondément dédans les muscles
de' là ' fesse , aux aisnès , genoux , et
iüsqüés à Eéxlfërriifé dés orteils , et
quelquésfbis aux verlébres des lom¬
bes, qui donné grand tourment au
malade': lequel' pensé (et aussi les
Medeciiis et Chirurgiens) éstre vne
colique venteuse oü pierreuse, ce que
n’ëst pas. Mais la cause pourquoy
‘extremés'douleursV, est à
raison des nerfs qui viénneni dés ver¬
tèbres des lombes , et de ceux de l'os
sàcf lini ,' qui dèsc'ehdë'nt èt sé'disse-
minënt aux mUscles dè la cuisse pt dé
laiambeViusgues à l’extrémité des
orteils : ce qdë i’ay amplémént mqns-
tré ëri l’anatomie. . > .
. Le plus ; soduent' od u’y 'adpérço'it
aucuhe tumeur ny rougeur, ny autre
mteniperaturë dla veué : par-eequ’au
cuir de ceste partie y a peu de veines
superricielïes , et; *qde l’humeuV ÿ est
fiché fort profondément’,, et pe se
DES GOVTES.
25i
monstre à la superficie. Aussi au côn-
ffaifev iiMiS' 'voÿnns quelquesf'ois
'raison dé l’extreme douleur ^ il
sé'fài't '' si' 'grand' amas d’humeurs et
téiïtOsilési quMls emplissent la cauité
dé la béëtle , et relaxent' si fort le li-
gamént intérieur fet les extérieurs,
tiulîs 'chassent l’os du tout hors de sa
C'àulté: Et' s’il y demeure long' temps ,
il hé faut esperer- quMl puisse estre
iàih'ais teduiti,' et qu’il Se tienne en sa
pldcé , ' &’ éUuse * que^d’humeur a oe-
éUpé le lieu et oauité de- 1-a teste de
rosfemorisj'et aussi que . les- bords de
1^''boëtte ‘(qai Sont cartilagineux) ^se
feôht ëstressis', et les ligamehs relaxés
ët aîlôn^ës': 'dont s’onsuîuent plu-
)sîehrS '‘àccidens- pôrnieieuM'^ comme
éldüdication' perpétuelle ',-amaigrfese-
'méhtdetoute’laîcûisséetdela-iambe;
pàr-'éêqüe l’ôs'ïi’ësteh son lieunatu-
Vel, jprèSsé les muscles , > veines y - ar¬
tères 'et '"nerfs y et" y manque - le
Dtôhuè'meîit : âu moyen de' quoy les
‘èsiifitsèStahs alhsi'comippimfe' et ar-
‘i-éstës hë'peüu’eht ' rëlurrë' aux par-
Hie^ihfëi-ietireSV et par! '«onsequent se
tabeflentet deuiennettleneftiaeialion,
’c’ést' à ' dife' ■ 'bWaî'gi-iSsemeæi t-; n non
sëtileméhl'de tOUlé ia cufesë'et de la
îdiiiBë'/ Aiüife'iihyiquesfois' aussi de
tëtft'le b'ôtÎDsyauéf. vhe- fiéurè hëc-
tique , qui meine le mal'ade à* la mort.
Parquoy faut que les Médecins et
Chirurgiens qui 'setOnt''appellés m
lélie disposition ,'àÿëht grand 'esgard
à ne laisser aduéhir tels' aecidens, et
qu’ils Ysent de remedes forts et vi¬
goureux, loirs qu’il eu Serà besoin,
comme nous dirons cy après’
CHAPITRE XXVlir.
CVRE DE LA SCIATIQVE.
En la goûte sciatique , combien
que communément elle soit faite de
pituite crasse, toutcsfois si- le corps
du malade abonde-en sang , et qu’il
soit fort et de température sanguine,
il faut faire la saignée ; car par icelle
il se fait égalé vacuation des' hu¬
meurs : et partant la fluxion ne sera
si prompte à courir sur la partie.
le vous puis asseurer que n’ay
iamais trouué plus présent remede à
seder la douleur causée d’inOamma-
tion phlegmoneuse que la saignée ,
premièrement faite de la veine basi¬
lique au bras qui esbdu costéi3aa]a<ie,
comme i’aydit oy deuant /(ài:ftn de
faire reuuision ) : et!aprés( pour des-
cbarger et vacuer la matiero con-
iointe ) de saigner la veine sciatique ,
qui est sur la malléole extérieure du
pied , sçauoir est ,' siTa douleur oc-
,cupe plus ceste partie ;'<et.siolle est
plus grande au dedans , faut ouurir
la veine saphene , qui est sur la mal¬
léole interne : et faut tirer du sang
* selon qu’on ^ verra ostre necessaire. . Et
à ce faicei ie conseille ,au ieuqe. Chi¬
rurgien! qu’il appelle ,1e: Médecin,, à
fm qu'il soit présent lors qu’pn h'rera
“le .sang ;;eti où la cas aduiçndrpit.qù’il
'n©‘s’y peust.trouuerY! et, qu’il o^jdom-
nast Cirer trois.palleUes , ,,plns;,,eu
'•moinst de sang' des yeines sciaUque,et
saphene , âlipour-roit faillir à la.quan-
tilédu sang : à cause que pour saigner
telles veines .aux pieds, .il les faut
niellre en eam chaude., et le sang se
mcslant en l’eau on ne.' peut, bien
übseruer la 'quantité : si ce n’est qu’en
laisant mettre le pied du patient de-
LE V IKGT-VNIEME LIVRE,
dans le vaisseau auquel sera l'eau , il
fera vue marque à la hauteur de
l’eau, puis il adioustera deux ou Irois
palleltes d’autre eau , plus ou moins ,
selon qu’aura ordonné le médecin,
et fera de rechef vne autre marque
audit vaisseau : puis retirera la qu m-
tilé de l’eau proportionnée du sang-
qu’il faudra tirer, et ainsi il ne pourra
faillir à tirer plus ou moins la quan¬
tité du sang qu’aura ordonné le Mé¬
decin
Pareillement les clysteres forts et
aigus sont vtiles , pourueu qu’il n’y
ait rien qui les empeschast , comme
seroient vlceres aux intestins et he-
morrhQïdes,
Exemple d’vn clysiere.
"if Rad. acori § . ij.
Centaurij, rulæ, saluiæ, rorismarini, ca-
lamenthi, origani, pulegij, ana m. fi.
Stœchados Arabicæ, florum chamæmeli,
meliloti, anethi ana p. j.
Seminis anisi, fœniculi ana § . fi .
Fiatdecoctlo ad ïb.j. in colatura dissolue :
Hieræ, diaphœnici ana § . fi.
Mellis anthosati, et sacchari rubri an. § . j .
Olei liliorum § . iij.
Fiat clyster.
Lequel il faudra accommoder au
tempérament, aage, et au temps, se¬
lon la prudence du Médecin.
Aussi les purgations vigoureuses ,
comme les pilules d’hermodactes , fé¬
tides , arthritiques , assajeret pour les
pituiteux , et autres cy dessus men¬
tionnées. L’elecluaire de diacartami
purge l’humeur cholérique et pitui-
1 Subtile obseriiaiion de l’Auiheur, — A. P.
Nous avons trouvé plus haut , dans ce
même livre, la manière d’établir les cautè¬
res ; voici maintenant un procédé fort ingé¬
nieux pour la saignée du pied, qui est resté
dans l’oubli , sans doute parce que personne
n’était tenté de l’aller chercher là.
teux. Les vomissemens frequens^^
( si le malade le peut faire commo¬
dément) font euacuation non seule¬
ment des humeurs, mais aussi reuul-
sion d’iceux , comme nous auons dit
par cy deuant. Les bains et sueurs
sont semblablement bons. Aussi la
décoction de gaiac ou de salseparille,
et en vser tant et si peu qu’on verra
estre necessaire. Et si on connoist
qu’il y ait chaleur, on frottera la par¬
tie û'oxyrhodinum , qui est mixtion
d’huile rosatet de vinaigre, principa¬
lement quand la douleur est profonde.
Car le vinaigre, à cause de sa tenuité
pénétrant iusques au profond , fait
voye à l’huile . laquelle de son natu¬
rel appaise les douleurs. Aussi on
pourra vser d’autres repercussifs , si
on connoist estre besoin : et après on
appliquera remedes qui attirent et
resoluent, lesquels ne seront nulle¬
ment appliqués que premièrement
on n’ait fait vacuation vniuerselle, de
peur qu’on n’attirast trop d’humeur
à la partie , et qu’il ne fust rendu vis¬
queux et espais.
Donc après les choses vniuerselles ,
pour attirer l’humeur du profond à
la superficie , on vsera de l’emplastre
fait de poix et d’euphorbe et de soul-
phre , fait ainsi ‘ :
Of. Picis naualis tt. j.
Sulphuris viui sublilitcr puluerisati § . ij
Euphorbij puluerisati 5. ij.
Lardi 5 . fi .
Fiatemplastrumsecundum artem, etexten-
datur super alutam.
1 Dans l’édition de 1575, on lisait : de
f emplasire de poix et de souphre cy dessus men¬
tionné, ou VH emplustre d’ammoniac , etc. _
En 1579, il s’aperçut sans doute qu’il n’avait
point donné la formule de cet emplâtre, et
il corrigea r de l’emplastre fait de poix et de
souphre {desquelles choses il faut vser auec
Des govtes.
Dont il faut vser auec prudence,
de peur qu’il n’y suruienne inflam-
malion. Ou vn emplastre d’ammo¬
niac, euphorbe , terebenllune, pro¬
polis, galbanum, bdellium, opopauax,
et semblablement d’huile de sauge ,
rosmarin, de pyrethre et autres
semblables, extraite par quinte-es¬
sence : lesquelles sont bien plus à
loüer que les autres, d’autant que
d’icelles les vertus sont plus pures, et
leur action plus prompte sans com¬
paraison que celles qui ne sont tirées
par quinte-essence, par-ce que elles
sont de ténue et subtile substance,
et pénétrent fort profondément, et
resoluent et roborent les parties ner-
ueuses.
Semblablement onfera desfomenta¬
tions d’herbes discutientes et résolu -
liues, comme racines et fueilles d’hie-
bles , ireos , graine de laurier, ge-
néure, semence de fœnugrec, anis,
fenoüil, sauge, rosmarin, camomille,
melilot, fueilles de sureau, et leurs
semblables : et les faut faire cuire en
vin et en huile , et de ce soit faite fo¬
mentation.
Aussi ceste emplastre est fort loüée
des anciens pour résoudre et seder
la douleur, auec ce qu’elle attire les
espines et os pourris».
"if. Seminis vrticæ mundatæ, spumæ bora-
cis , salis ammoniaci , radicis aristolo-
chiæ rotundæ , colocynthidos, terebent.
Yenelæ ana. 3 X.
Fœnugr. piperis longi, xylobalsatni, thu-
ris, myrrhæ, adipis caprilli, gummi
pini ana 3. v.
Ceræ a. fi.
Lactis ficus siluestris 3. üj. fi.
prudence de peur qu’il n’y suruienne inflam-
malion) ; et enfin il en donna la formule en
1685.
» Auicenne loué cest emplastre. — A. P.
a53
Il faut liquéfier les choses seiches
auec quantité suffisante d’huile de lis
et bon vin , et le tout incorporé en¬
semble, soit fait emplastre, et en soit
appliqué dessus l’os ischion.
Autre.
If. Sinapi aceto acerrimo dissoluti §. ij.
Fermenti acris § . fi .
Pulueris hermodactylorum 3. ij.
Mellis communis §.iij.
Terebenlhinæ §.iiij.
Olei laur. et de spica ana § . ij.
Farinæ fœnugræc. §.j. fi.
Terræ formicarum cum ouis ft. j.
Foliorum lauri , saluiæ, rutæ, rorisma-
rini ana m. fi.
Vermium terrestrium præparatorum
a. fi.
La terre de fourmis , et leurs œufs,
et les vers , cuiront à part , auec les
herbes hachées auec vin blanc , puis
coulées, et en icelle coulature on ad-
ioustera les autres choses selon l’art :
et de ce soit appliqué sur l’os ischion,
comme dessus.
Autre.
7f. Radicis enulæ campanæ, sigilli Salomo-
nis, bryoniæ, bismaluæ ana §. ij.
Coquantur complété et pistentur, et passen-
tur per setaceum, addendo :
Farinæ fœnugræci et bordei ana § . j.
Olei liliorum et camomillæ ana § . iij.
ïerebenth. § .iiij.
Ceræ quantum sufficit.
Fiat cataplasma.
Il résout et appaise la douleur , et
attire la matière du profond à la su¬
perficie.
A ut re.
If. Radicis sigilli beatæ Mariæ § . vj-
Emplastri diachylonis albi § • üij-
Croci dissoluti in aqua \itæ.3. ij.
LE VINGT- VNIÉME LIVRE
254
Tcrcbenlinnæ
dlci de spica nardi quantum sufficit.
Fiat cmplaslrum', ap'plicctur super akitam
calide.
Fay appliqué plusieurs fois de la ;
seule ra.çine (je pcqlçç JiTarjœ
en rouelles sur toute la hanche , qui
a sedé tost la douleur causée de ma¬
tière froide.
Jlulre. \
If. Ceræ citrinæ et térebenthinæ abietis ana '
. . . .„o, ..
Fup,^n^tur jSimulj^in vase duplici : et vbi
refrixerint, adde :
Euiuçris, henjxQdactylpjçum. .
Florum camomillæ, iridis Florentiæ ana
3. iij.
.Spicæ, nardi,, florum thymi ana 3.Jj.
Intexioris çijgmamomi electi et seminis
, nasturtij|ana 3. ij.
Cro>:i3. üij., ^
Malaxentur §imul mapjbijs axungia,,porci
yptprq.pon salita vnctis, et fiat massa
emplastri.
Et si par ces remedes on ne peut
seder la douleur, alors faut venir aux
“prus forts , comme tippliiquér dés^iis
grandes vèhtbiises auéc/grahde flam- |
me pour attirer l’hümeûr du'profohd
à la supérticie :‘pViis dppÜq'uër vési¬
catoires , à fin 'que Ton fasse vacua-
tioh manifeste de rhumeur contenue
à la partie.
Exemple d’vn vésicatoire.
7f, Cantharidum, quibus detractæ sunt alæ
.■S.’ijv,.
Staphidis àgriæ 5. iij.
Sinapi 3. j. fi.
Fermenti acerrimi §•
Ces choses soient incorporées en-
semilë, et sbif fait vesicâtoiré.
'"Autre.
Prenez l’interieur de l’escorce de viorne ,
le poids de dcux.escüs, et appliquez aù
dessous de la douleur.
Les vlcëres faites par les vessies se¬
ront tenues longuement ouuertes, à
fin de vacuer et tirer l’humeur con-
ioint en la partie. Si la cuisse tombe
eh atrophie , on y procedërà en la
maniéré 4i*’auons déclaré , traitant
des accîdehs des fractures et luxa¬
tions.
Et si pour tous ces repiedes lepau-
ure gouteux ne trouue allégement de
son mal, il faut venir <à l’extreme re-
medës'par le cdmmandement d’Hip-
’pocràtes‘, hui dit,'que cëiix qui sont
affligés de douleur diüturrie éh l’is¬
chion, la cuisse se luxe, et deuiërihënt
tabideS, et clochent à 'perpétuité , si
on ne lës cautérisé. Aussi Celse^ cciih-
mahde '4u’6n vlcere la peau aux
vieilles douleurs sciatiques en trois
ou quatre lieux, auec cautères: car
toutes telles doüleürs,, quand elles
sdnt enuieillies', à grànde’peine peü-
üent estre'güariés sans bruSleiires ; et
on a veu plusieurs qui ont recouüert
santé après l’application de c'aüleres.
Parijuoy 'pour sëdër l’exlrerne dou¬
leur, et prohiber les accidens prédits,
on appliquera trois ou quatre caute-
.res actuels ou potentiels . autour de
la ioînture de l’ischion , les faisans
’profohder eh’la chair l’eSpaisseur d’vn
doigt, (plus ou moins, selon que le
màlâde’sera "gras bu’ ni aigre ) se don-
nantjgarde de toucher lës nerfs. Et
pour bien fairë, le ciîirul-gîen doit te¬
nir les viceres Ion gùémehjt ouuertes,
à fin de donner issuq à la^ matière
coniointe qui a esté de long tems re¬
tenue en la partie affectée, qui se fera
par le moyen de petites bo.ulettes
d’or ou d’argent, gentiane, ou de cire
1 Hippocrates, Jtpfi.' 60.' fiu.'O. —'A.' P.
* Celse liu, 4, — A. P.
DES GOVTES.
fondue auec poudre de vitriol ou de
mercure, ou d’autre matière cathe-
relique^.
Or le? paqtqres profitent pareill,e-
ment à cause qu’eschaulîans la par¬
tie , aussi ils eschauffent et dissoluent
les humeurs froids, et subtilient les
gros et visqueux , et les attirent de¬
hors pour estre euacués par les excre-
mens que iettent les vlceres ; et ^lussi
que les ligamens se resserrent par les
cicatrices, et la partie affectée de¬
meure puis après fortifiée K
Annotation au ieune chirurgien :
c’est qu’il faut faire fléchir et es-
tendre la cuisse malade de celuy
qui aura vne sciatique, de quelque
cause que ce soit, de peur que le liga¬
ment cartilagineux, qui lie les os en¬
semble ne s’enfle au dedans de la ioin-
tqre, et que les os ne, se conioignent
ensemble, et se face vn anchilosis.
CHAPITRE XXIX.
DE LA GOYTE GRAMPE.
La goûte grampe est vne espece de
conuulsion, faite d’vne matière flatu-
lente, par le moyen de laquelle sou-
uentesf'ois le col , , ks bras et iarn-
bes sont par vne grande force re-
1 Yoyez pour ces boulettes la note de la
page 227. . .. , . , , ^
.. . chapitre se terminait là en lô75|et
en 1579: V annoiation qüi suit est une addi¬
tion de 1585.
205
tirées , ou estendues , causant vne
extreme douleur , non toutest'ois de
longue durée.
La cause d’vn tel mal est vne va¬
peur crasse et lente, qui est entre les
membranes dés muscles : qui vient
plpstost de nuit que de iour, à raison
que la chaleur naturelle et esprits se
retirent au centre du corps , qui fait
que la matière, flatulence s’esleue et
fait tension aux parties, où s’introduit
la goûte grampe. Aussi quelquesfois
vient à ceux qui nagent en eau froide,
qui les fait noyer, pour l’impotence
qu’ils ont , ne pouuans nager , de-
meurans immobiles, parce que par la
frigidité de l’eau le cuir est espaissi
et retrait , et les pores clos , de sorte
qu’il ne se peut faire euâporation de
ladite matière flatulente mais au
contraire elle s’augmente 'par Té'au
froide. Ceux qui sont addonnés à
yurongperie, oi.siueté et paresse, pour
les crudités qu’ils amassent , spnt le
plus souuent espris de ceste maladie.
Pour la cure , faut tenir bon ré¬
gime, et trauailler modérément, et ro-
borer les parties où tel mal adiiient,
qui se fera par Mqfions'^loi^ues, auec
J? J^;'ën||a-
,queCle op (aura ipf'ugéTufiiüç^d^^^^^
ge,xos|marip, thym^^arMlé, lauande,
xlous. 4e. girofles, gingembre, ou au¬
tres semblables discutions et résolu¬
tifs. Et pourseder la douleur, lors
que la goûte grampe occupe quelque
partie , promptement elle sera ap-
paisée par friction, ou par extension,
ou flexion, ou par cheminer.
LE VINGT-DEVXIÉME LIVRE,
TRAITANT
DE LA PETITE VEROLLE, ROUGEOLLE,
ET VERS DES PETITS ENFANS, ET DE LA LEPRE
CHAPITRE I.
DES CAVSES DE LA PETITE VEBOLLE,
KT ROVGEOLLE.
Pour ce que la petite verolle et rou-
geolle sont comme les postes, hé¬
rauts , et messagers de la peste , pro-
I Ce livre avait paru pour la première fois
dans le Traicté de la peste , petite verolle et
rougeolle, de 1568 ; Ehistoire de la petite vé¬
role , de la rougeole et des vers comprenait j
au chapitre 51 au 54 inclusivement, et l’his¬
toire de la lèpre du 56 au 62 et dernier du
livre. C’était donccommeun simple appen¬
dice au traité tie la Pesie; aussi l’auteur
commençait en ces termes le premier cha¬
pitre :
« Pource que nous auons auparauant déclaré
que la petite verolle et la rougeolle sont comme
les postes, etc. »
Et tout en retranchant quelques mots,
l’auteur a encore laissé subsister dans le pre¬
mier paragraphe du livre actuel des traces
trop manifestes de la place qu’il lui avait
primitivement donnée. C’est eu 1575 , dans
la première édition des OEuvres complètes,
que ce livre fut séparé de celui de la peste ,
uenant aussi du vice de l’air, et de la
corruption des humeurs : outre-plus
qu’en la peste s’engendrent des vers
à plusieurs, il m’a semblé bon d’en
escrire icy quelque chose, afin que
par ce traité le ieune chirurgien soit
plus amplement et parfaitement in¬
struit en ceste maladie pestilente
et placé avant lui, entre celui de la grosseFe-
rolle et celui des Morsures et Piqueures vene-
neuses. Il se composait alors de il chapitres,
qui en firent 12 en 1579 par la division du
deuxième ; et deux autres ont été ajoutés en
1585. Je ne parle pas d’un long article sur
les vew, placé en 1579 à la suite du troisième
chapitre, et que j’ai renvoyé au livre des
Monstres, d’où il avait été en partie tiré. J’ai
d’ailleurs exposé dans mon introduction
quelle avait été pour Paré l’occasion de ce
livre, ou du moins de la première partie.
Voyez tome page ccxxii.
2 A la suite de ce premier paragraphe, on
lisait dans les éditions de 1568 et 1575 :
« Et en ceste petite addi tion ie con fesse auoir
imité en plusieurs endroits ce que maistre
Simon de Vallambert, homme prudemment
versé aux bonnes lettres , Médecin de mon¬
seigneur le duc d’Alençon et de madame la
DE LA PETITE VEROLLË ET LEPRE.
Donc pour commencer à la descrip- |
lion de la petite verolle et rougeolle :
ce sont petites pustules et taches qui
apparoissent à la superficie du cuir , I
faites de sang impur et autres hu¬
meurs vicieux , iettés par la force de
la vertu expulsiue. Les anciens tien¬
nent qu’elles sont engendrées de quel¬
que reste du sang menstruel , duquel
l’enfant ayant esté nourri au ventre
de la mere, en retient encore apres
quelque portion et malignité : la¬
quelle en grand chaud ou saison aus¬
trale venant à s’exciter et bouillonner
auec tout le reste de la masse sangui¬
naire, s’espand, et se monstre par
l’habitude de tout le corps. Qu’il soit
vray, on voit peu de personnes qui ne
rayent vue fois en leur vie : et mesme
elles peuuent venir aux grands ainsi
qu’aux petits enfans , d’vne grande
ferueur et ébullition de sang, et autres
humeurs vicieux, et aussi par conta¬
gion de l’air pestiféré ; dequoy l’ex-
perience iournelle nous fait foy.
Or la verolle différé de la rougeolle,
ainsi que la bosse du charbon : d’au¬
tant que la verolle est faite de matière
plus crasse et visqueuse, sçauoir san¬
guine et pituiteuse, que la rougeolle,
qui se fait d’vne matière plus chaude
et plus subtile sçauoir bilieuse :
parquoy là rougeolle ne laisse pour
marque de soy sinon taches comme
de pulces par tout le corps, autres
fois rouges, autres fois verdes ou noi-
duchesse de Sauoje , a cscrit en son liure de
la maniéré de nourrir et gouuerner les en-
fans, ce que ie croy qu’il ne trouuera pas
mauuais, attendu que ie l’ay faict pour l’v-
tilité publique. »
Peut-être est-il à regretter, pour la probité
scient ilique de notre auteur, qu’il ait effacé
ce modeste aveuà partirde l’éditionde 1679.
1 Le reste de celte phrase a été ajouté en
1675.
267
res : mais la verolle s’esleue en pus¬
tule pointue et blanchissante, argu¬
ment de meslange de pituite auec
sang. D’auantage, la verolle est plus
esleuée en pointe : au contraire la
ipugeolle ne sort gueres hors du
cuir, mais est plus large : toutesfois
au commencement que l’vne et l’autre
sortent, comme du premier, second ,
et tiers iour, il est difficile de les dis¬
tinguer l’vne de l’autre , par ce qu’el¬
les sont en leur commencement pres¬
que semblables : et depuis le second
ou tiers ou quart iour, la verolle
croist et se blanchit auant qu’elle
vienne en crouste : au contraire , la
rougeolle demeui*e rouge à la super¬
ficie du cuir , et ne croist point en
tumeur. D’auantage la verolle pique
et fait démangeaison , et la rougeolle
ne pique et ne démangé point : parce
que l’humeur n’est pas si acre ny
mordicant, ou par ce qu’estant plus
subtil il s’exhale plus aisément. Les
malades ont vne grande sternutation
lors qu’elles veulent sortir, à cause
que les vapeurs putrides montent des
parties inferieures au cerueau- Outre¬
plus ils ont fiéure continue, . auec
douleur très-grand e au dos, prurit
et démangeaison au nez, aussi dou¬
leur et pesanteur de teste auec ver-
ligine , comme si tout tournoit , dé¬
faillance de cœur, nausée et vomis-
semens , mal de gorge , la voix
enrobée , douleur de poitrine, courte
haleine, auec grand battement de
cœur. D’auantage, ils ont les yeux
flamboyans, lassitude de tout le
corps, vrines rouges et troubles,
resueries : toustes lequelles choses ,
ou la plus grande part d'icelles , ad-
uiennent au commencement de la
verolle et rougeolle.
Quant au présagé que Ion peut
faire de ces deux maladies si sembla-
17
111.
2^8 LE VINGT-DEV:
blos d’on^jlnep^^^ ^sseuréracnt
dire q^ie^iÇn iQeÙes il, a yne qua¬
lité Jeileitpent ,P|
gièuse , que mpsme a’uec lès hu.meurs
et parties charneuses eUes rongent
èi gastent les oSpÇO^mp'faUia grosse
yeroile : ce que ie p’ay^pas yeu seule-
‘ i^ent en Fannée 15(j8 mais ^plusieurs
au, tr e^ fqis ^par.'^^e ^ dispp u rs dq . .l’à âge
qu’il a ;plèu àDieù me donner îùsques
à présent. . ^ . _ ,, .
, Ët.pour vouàeq, donner yn^notable
exemple, i’ày bien voulu ,‘descrire
cesluy-cy 1 qui, est iVn des.'plps es-
merueillables que l’on scâuroit voir )
d’vne petite fille aâgée ge quatre à
cinq ans fille de Claude , Pique , re¬
lieur de liures du roÿ, depaeuraot rue
Saint-Iacques à Paris ^ laquelle ayapt
esté nialade de petiteverplle enuiron
vu mpis, et Nature n’aypnt peu sur¬
monter la ppison , luy sùrqindrènt
a,pos,teuies, sur. le slernôu et aux
Ipiaïuree des e^pàules dont Iq ma-
tierq yiruleqtejrongè^ et sépara én-
tiereqi^nt tops les os , d'iy sternop pt
les .èpiphy ses des os adiu tqires , , auèc
bonne , portion de .^la teste de Fômq-
plate; ce, que n’ay yeu seul, ains
auec mpy monsieur Myrpn ,^a presënt
Conseiller , et premier Médecin du
Moy, Dqcteuy,, Régent delà Faculté de
Medecine de baris % et lean Doreaii,
chirurgien de M. le comte de Pryane : i
en la presence desquels i’ay veu et
anatpmis^ la dite fille, en laquelle
ay trouué ce que i’ay dit cy dessus.
*, Edition de 1668 : cesle année 1568.
2 Edition de 1668 : Monsieur maistre Marc
■ Myron, Medeciii'Ordmaire du Roy et Docteur ,
à Paris ; maistre François Russe des Neux , j
chirurgien audit lieu, ei. Jean Doreau, etc.
— Dans l’édition de li}7 b ,jnonsieur M y rvn
était déjà déçqré dja ses .titrer nouveaux , et
cederniWa été rayé du tèiteèh 1519. ' ‘
‘Roim,,. Marie, rqarckjand iùnc,tier
déipeùrant près ,1e, Palais,, ^e^ fit ap-
poytey sa fille aagée de quatre ans
dqqx .mpis, qui aqpd cU|tputlp corps
couuert de, pustules de la, petite ve-
rplle, ayant ie^ qs de^bras et iambes
ap.ostumés , pourris ej fracturép , ac-
ponqpagnée de fiéure ardente, le pe
luy youlus aucunement toucher : le
lendemain décéda h , , ,, ,
,Ôn voit ap^i , à plusieurs grande
portion dd gçqçiues carieuses et pour-
yjjçs, auQC grande feteur : ^elle cpr-
^pptjpp Jsq (ait de, vapeurs putredi-
pepsps gui s’es|eu,çnt,des,,partiea iq-
tei^eurqs à la bouçhe:, et meurept
presque tous,, quelque diligence qu’on
Iqup s,çaçhe fairq., , .
,,,pn ,yoit d’auantage, par, la dissec¬
tion des,^cqrp^ qui en sont.morts, que
ipsdites maladies laissent le plus,sou-
p.ént vpe meçueilipusqintemperature
aqx parties, du .dedans ,,,cpmmp ,au
foye, ,à îa,jratef,(it aux intestins, ^p,nt
s’ensuit àjpl,usieu,rs hydropisie, phthi-
siq , ènrpüqure de ^yoix ,, çpurte ha-
,lf,ine J fiqx, de^ jvqnitre, qneç flceres
qqy intestins, ^jPt par cpusequent,ia
pjpjt , ^loq , que. (jès ’ pustules ont
raqagé, pp, ,çes parties, inteneurès
dq. înespe furiq que Ton j^e.s voit as-
.^Seoir sur la peau. Ét quant aux^par-
t'ies Cf terqeSj,' eïlè| laissent, nôn'.sèu-
lement detprmité , principalement au
visage , à cause, des pqstules et ylcp-
res, qui passant la superficie du cuir
ont .profondé en la chair, desquelles
spnt demeurées des laides cicatrices :
mais aussi quelquesfois elles gastent
et font perdre le mouuement des
, de même que
le paragraphe qui vient après, sont des ad¬
ditions de 158,5,,
2 La phrase s’arrêtait là en 1568; elle a
été complétée en 1575.
DF, VK PETITE VEROLLE ET LEPRE.
ïoMtïiï'es , eft ’firiïi'ci'pûîe'rRTiit dé« coti-
d'es , ^OTg^etè , ‘gètfô’til, et thi «pied.
A'tfc'u'Aà'dn ôtît d'àtètit p'eTdTi là veüë,
Idttsi faî*! lëiSe%WeûT de Guinfie-
pfày;, ët vëë îdTi'n'ilè d’aotres ': ansSi
i^eïqùes Vès ôtit perdti roiiye’, au-
ïëes Te ffet/rer, p'aV ‘excrcdssannce ‘«Te
ëhaîr sPitten^e ‘atix cotidtilts tant
des 'ôVeilWs qtfe'du’ïierz,ti‘piësfèspus-
tüTes ’sôVlfes , '«ydiPyne ëlîes f«>ftt 'àtrssi
eh toûs Tés ëffdVcdfô dfi c'ôVpè , taWt
ÿar ‘deTïôVs'qàëpar “deffavs ('t^Sî'^e
nous auons demonsfiëpâTey’detrant)
'ïèsq'tfëls ëftipefeclfeM les ëcWj'duitsties
cfrëilTe^ ët dti tie^. ie puis tîh*e
'^e td'i^es lés ‘àpWétwes^ui addleti-
Tffént'àVit pë^îfS WfàftS àfa'tfs eu îa
Véi'ôlîè éti ¥ô'<%è^rîe^, ’tfes^éHes ils
ti'àWon’tyias 'esté pW^és à SûffisïU'de
p’ôiîr Ih’dëc'h'àV^é dê PîâtuTé’,tiéfiïic'fit
'de là riiàTîfPîüé ët Venértôsîté de l’hu¬
meur qui fàît le^dîtés ‘hraiadies’, ët
^àit’ânt '^cWt fôtt uiàTàiKéeà à’güàrir.
‘ïlfpdhr %'dfre‘énVh inôt’, lâ petite
vëf olléët roirgécrllePëSfaPs pas 'hién
']për|ëës, 'c'àuSeët d’ààssi dîtrérs 'èt
'féMléPk àdcidè’hS «pie fôît ta '^osse
Vérolle
enà^iTOE IL
DE XA CVRE DE LA PETITE VEROLLE
ET RUVGEOLLX.
La'cure dicelles sera diùersifiée se¬
lon que l’humeur participera de la
peste', ou n’aura aucune commu-
nWatioh auec icelle. Car si elles
sont pestilentes , et aux enfans qui
encore tetent , on fera vser à la nour-
1 Les éditions de lSé8 et 1575 ajoAitaiient
ici :''é< mei'mes aifcintés fois la tepre . (Ma a
été effacé en 1579.
269
rîce dé choses qui contrarient au ve¬
nin , comme nous dirons eh la cure
de rehfahtpestifeTé, à fin d’ émpesdher
qiie le venin n’aille saisir le cceur. Et
faut tenir l’enfant eh chàTnhre chau¬
de-, oà le vent n’entre point, et l’en-
üëlopper de drap d’escarlate 1, oh
d’autre drap rouge, c’est à dire,
en faire les cuStôdes et coëuer-
ture de son llet;, auquel on le fera
tenir, le couurant mèdiocréfnent,ius-
qttesà ce que là verolle ouroügéolle
soit sortie du tout. Aus^ fauLqUe la
nourrice mange en sespotâgès', pour-
pié , laictue , vinette , cîchorée , bour¬
rache, et qu’où y mette vn nôiîet
d’orge-mondé. Elle euitera du tout
■les viandes chaudes, comme saleë res,
pàstisserîes , espiceries , et le vin , s’il
n’estoit hien trempé d’eau , de peur
de rendre son sang trop chaud , qui
eschaufferoit d’auantege celuy de
renfant : parquoy en lieu d’iceluy,
elle boira ptisane cuitte auec raisins
et racine devinette. Et faut qüëile
prenne lés medicàmens en lieu de
lënfant, comme siëllemesùïe audit
Ceste maladie : et partant on luy or¬
donnera sôn régime et maniéré de
viure, et médecines qui soient en
«piantité conuenables et proportion¬
nées à elle, ét en qualité propres à
lënfant, à fin de rendre le laict médi¬
camenteux : car il prend necéssaire-i
ment la vértü et mature de ce que la
nourrice a pris , ainsi que nous auons
prouué par cy deuant : ét partant le
laict d’icelle supplée au defaut des re¬
mèdes qu’il deuroit prendre luy
mesme par dedaùs : et pour le dire en
Vn mol , elle tiendra le régime qu’on
1 Gaddicàdén , aii xiv» siëéte, 'avait donné
un côiiseil tout semblable pbur le fifs du
rbi d’Angletéére. Voyez mon Ihtrbduction,
-pa^e Lin.
LE VliNGT-DEVXlÉME LIVRE
260
a accouslumé de tenir aux fiéures
pestilentes.
Il ne faut donner bouillie à l’en ¬
fant, ou on luy en donnera en bien
petite quantité. Et s’il est sevré et ja
grandelet, il n’vsera pareillement de
chair, iusques à ce que la fleure soit
passée et grandement diminuée, et
que la verolle soit du tout sortie : mais
il mangera orge mondé fort liquide,
ou laict d’amandes, ou potage de pou¬
lets cuits auec les herbes susdites,
panade, gelée, coulis, pruneaux et
raisins de Damas.
Pour son boire, vsera de ptisane
faite auec orge mondé, racines de dent
de chien et de vinette , vn noüet des
quatre semences froides, pruneaux
et raisins de Damas, auec poudre
d’yuoire et de corne de cerf ; et auec
icelle entre les repas on pourra mes-
1er du syrop violât, et non rosat, ny
autre astringent, de peur d’arrester
l’humeur, et l’empescher de sortir
hors.
Le dormir de l’enfant doit estre mo¬
déré et non trop profond, de peur
de retirer les matières au centre du
corps et augmenter la chaleur de la
fiéure.
Il ne faut purger ny saigner ( s’il
n’y au oit grande plénitude, ou quel¬
que complication de maladie, comme
vne pleuresie, ophthalmie, squinan-
cie, et autres semblables) si ce n’est
en la déclinaison, ou bien le premier
ou second iour au plus tard de la
maladie , de peur d’interrompre le
cours de nature : mais on se conten¬
tera de donner quelque clystere , ou
boüillon de maulues, violettes de
Mars, bourrache, ou ius de pruneaux ,
et raisins au matin. Et aux enfans
plus grandelets, quelque bolus de
casse, pour amollir le ventre, et aider
Nature à ietter hors les humeurs
pourris et corrompus qui causent la
verolle ou rougeolle : ce qui se fait
volontiers au troisième ou quatrième
iour, plus ou moins, selon la disposi¬
tion du corps et l’humeur préparé à
sortir hors, ou selon l’air ambiens.
Et alors faut prouoquer la sueur par
remedes qui ouurent les pores, et
subtilient les humeurs , et les facent
sortir par sueur, de peur que la ma¬
tière virulente ne demeure au de¬
dans du corps, et soit cause de la
mort des malades.
Ce que i’ay veu depuis peu de
temps en ça ‘ auec maistre Richard
Hubert, Chirurgien iuré à Paris, en
deux Allés, l’vne aagée de quatre ans,
l’autre de dix-sepl : ausquelles après
leur mort auons trouué les parties
intérieures toutes couuertes de bou¬
tons crousteux, et tous semblables à
ceux qui sont au dehors.
Or s’il aduenoit que le sang sortis!
par le nez, ne faut penser que la
matière de la petite verolle se puisse
tousiours parfaitement euacuer par
iceluy : car i’ay veu souuentesfois
qu’au quatrième ou cinquième iour
suruenoit grand flux de sang par le
nez aux malades, et toutesfois pour
ceste vacuation la verolle ne laissoit
à sortir en grande abondance, telle¬
ment que leur corps en estoit tout
couuert. Et pour ce ne faut arrester
ledit flux, s’il n’estoittrop impétueux,
et qu’on conneust les forces abbatues,
à quoy alors on procédera comme
nous dirons 2.
Et pour retourner à la sueur, pour
la prouoquer sera vtile la potion faite
de décoction de flgues seiches, lentil-
1 Je rappelle que ceci est le texte de 1568.
2 L’édition de 1568 portait : comme mus
auons dit au chap. 28. Voyez oi-devant la
note 1 de la page 256.
DE LA PETITS VEROLLE ET LEPRE.
les escorcées, semence de citron, de
fenoil, d’ache, persil, et les racines de
reglisse, et leurs semblables, auec
raisins de Damas et dactes.
Or que telles choses soient bien
propres à faire sortir la verolle et
rougeolle, il appert par ce que la de
coction seule de figues prouoque
grandement la sueur, aussi elleadou-
cit et absterge doucement. Les se¬
mences de fenoil et autres mention¬
nées, omirent les pores pour donner
issue aux humeurs : les lentilles em-
peschent que la gorge et autres par¬
ties internes ne soient esprises de
boutons de la verolle, pour ce qu’elles
ont vne astriction benigne, et seruent
aussipourengarderle flux de ventre :
on les y met escorcées, par ce quel’es-
corce est trop astringente ;les dactes y
sont mises pour roborer l’estomach :
la seniencede citron, pour defendre le
cœur ; et la reglisse pour adoucir la
gorge, et empescher l’enroiieure ,
ioint aussi qu’elle aide à prouoquer
la sueur. Et de ces simples on fait des
doses grandes ou petites, selon la
qualité et force des malades, et la
vehemence de la maladie et ses acci-
dens.
La sueur sera prouoquée loing du
repas, tant par choses intérieures
qu’exterieures. Et faut enuelopper
l’enfant en vn linceul moüillé en la
susdite décoction chaudement , et
exprimé bien fort : ce qui se peut bien
faire non seulement aux enfans, mais
aussi aux grands. D’auantage la dé¬
coction de millet , figues et raisins
auec sucre , prouoque la sueur :
outre plus on peut appliquer aux
parties extérieures vessies, ou espon-
ges, ou cailloux chauds. Aussi est bon
esuentiller le visage pendant que le
malade sue, auec vn esuentoir, à fin
de corroborer Iq chaleur naturelle,
261
et engarder que le malade ne tombe
en défaillance de cœur par la chaleur
et sueur : ce faisant la vertu est mieux
conseruée, et par conséquent les su¬
perfluités sortent mieux par les pores
du cuir, et par le cracher et mou¬
cher. Pareillement on fera sentir au
malade vinaigre et eau rose, auec vn
peu de camphre et autres senteurs
qui ont vertu de rafraischir : ce qui
sert encore pour defendre le dedans
du nez de la verolle.
CHAPITRE III.
QVELLES PARTIES FAVT PRESERVER DE
LA VEROLLE L
Entre les parties du corps qui sont
fort suiettes à estre gastées et per¬
dues de ladite verolle, les yeux, le
nez, la gorge, les poulmons et intes¬
tins y sont fort enclins, dont quel-
quesfois la mort s’ensuit : parquoy il
y faut remedier ‘K
Et premièrement , pour subuenir
aux yeux qu’ils ne soient gastés ; au
commencement on doit mettre autour
des paupières eau rose, verjus, auec
vn peu de camphre, ou faire vne dé¬
coction de sumacb, berberis, escorce
de grenades, aloé auec vn peu de
saffran. Le jus de grenades aigres est
bon à ceste intention : aussi on peut
mettre souuent dedans les yeux, des
blancs d’œufs et eau de rose battus
ensemble : pareillement du laict de
femme eteau de rose autant d’vnque
1 Ce chapitre était contondü avec le pré¬
cédent dans les premières éditions ; il n’en
a été séparé qu’en 1579.
s La première édition posthume ajoutait
ici : tant que possible sera. J’ai cru devoir
préférer le texte de toutes les éditions faites
du vivant de l’auteur.
aô.îi VINGT- p.ÇyXIEM^i piyRÇ ?
(l’autre, et les renouue^ev spupeot.
El pour le (lire en vn mot, les choses
froides et qui repoussent, sont bon¬
nes : neanlmoins si oq voit les yeux
fort tuméfié? et rouges, il ne faut
vser de simples repercussifs, m.{iis ils
seront mcslésauec choses abstersiue.S)
et qui ayent faculté de corroborer la
veuë, comme l’eau d’etiphrase, fe-
noil, et autres semblables. Et lors
qu’il y a inflammation ou rougeur , il
ne faut que le malade ’vpye. granttU
clarté ny choses rouges, de peur
d’augmenter la douleur et inflamma¬
tion. Et qijand la verolle est en son
estât, qui est son plus grand mal, et
qu’il y a grande chaleur et rougeur;
aux yeux, adonc on doit vser de re-
medes desiccatifs et résolutifs doux et
bénins, et ayans vertu de roborer la
veuë, comme sont âloé, tuthie, anti¬
moine laués , eau de fenoil , d’eu-
phrase et (le roses.
Pour défendre le nez, on doit faire
sentir au malade vinaigre et eau rose
auec vn peu de camphré, ou verjus et
vinaigre,' et en mouiller souuent le
nez auec vn mouchoir : et aux parties
supérieures on doit appliquer des
reinedes repercussifs cy dessus men¬
tionnés.
Pour defendre la gorge, et que la
respiration ne soit ’empeschée , on
fera des gargarismes d’oxycrat ou de
vin de grenades aigres, et enconuient
maschër, et tenir des grains soutient
en la bouche • ou des noüets faits dè
psyllium, de coings, et autres choses
froides et astringentes.
Quant est des poulmons, pour les
(lefen(ire et empes.cher là côurte lla-
ieine, ie malade v^era' souüeht ‘^^fle
^yrojp.s de i,\iivi^,es,^9,ù violât, 'où rqsat,
ou b\finc,,9.u ,èe .^rènadés,
ou de. nénuphar, et aqtres sem|bj\î\L|les.
Et quand la verolie et rougeoyp
sont du tout sorties dehors, il ne faut
tant tenir la chambre close, ny si
chaude comme on faisoit : ains alors
quant à la verolle, la finit suppurer,
puis rouurir, la desseicher, qt faire
tomber les croustes Mais 1 1 rougepllq
ne se suppure point, ()n la fait résou¬
dre et seicher seulement. On suppure
la verolle auec beurre frais, ou aui'.ç
vne fomentation faite ^e figues^ ra¬
cines de guymauue, oignons dé lis ,
semence de jin, et leurs semblables.
Et quand les grains dé vei'Plle sont
meufs, on les doit poupei; auec ci¬
seaux, ou autrement ouurir aueç vne
aiguillé d-or pu dJargent de peur
que la bouë et sanie ne façe érosion
à la chair de dessous , et que puis
après n’y demeurent déS pelitcs fos¬
settes et cicatrices caue? , qui est
chose laide, principalement en la face.
Or après qu’elles sont Quuertes, il les
conuient dessejeher , puis le? faire
tomber, qui se fera auec ongjient
rosat, auquel on adioustera çeruse,
litharge, aloës subtilement pu)uerisé
aiiec vn p.eu de saffran ; ce qui ppn
seulement desseiche, mais aussi aide
nature à engendrer chair. JEjt pour ce
on peut dissoudre de la farine d’orgç
et (le lupins (deslayées auec eau rose,
et auec vn finge bien déhé pn en
oint les parties majades. Aucuns fes
gressepf.dé coënnede lard yn peu
bouillie auec epp ejt vin, puis respap-
depf déssns dé la farine ^’orge, ou dp
lupins, pu t.ou.tes les (jeux en sem e:
les autres prennent pu miçl venant
de la ruch.e, auec .farine d’orgelet
oignent Içs boutons pour lês seich er
et fairetpmjber : et quand ils sopt ,dp
to.pt seiebés, pour fes auapçèr de se
separer,,il.s,nieftentdej;tiu,jderp^
} .Ces mots : ouurir auec me aiguille 4’or pu
dWÿem, ont été intercalés ici en 1,575. .
DE LA PETITE VEROTXE ET LEPRE.
violât, OU d’amandes douces tiede ou
de la cresme:
Après que la verolle est sortie, il
suruientvn grand prurit et déman¬
geaison, et par s'e trop gratter quel-
qiiesfois aduiennent grandes ’ escor-
cheureset vlceres, par ce que le grat¬
ter est cause de faire al traction à la
partie, et y causer vlceres, dont les
cicatrices sont puis après laides, et la
face difforme: parquoy, si c’est vn
enfant qui.soit malade, il luy faudra
lier les mains, et fomenter les lieux du
prurit de la décoction de guymauues,
orge, lupins et sel, IJt quand le cuir
est escorché, il, y faut appliquer de
ronguentditalbumllhasiscamphré,y
adioustant vn peu d’aloës en poudre
etde cinabre, ou de dessiccatif rouge,
ou autres semblables remedes.
Que si la verolle s’est iettée aux
yeux , nonobstant quelque defense
qu’on ait peu faire, premièrement il,
faut defebdre la grande clarté et la
veuëdes choses rouges, et y appli¬
quer collyres, les dluersitjant selon la
diuersité des accldens. l?t faut bien
auoiresgard à la grande tumeur et
inflammation qui y suruient quel-
quesfois : comme l’pn voit à plusieurs
enfansle maleslre si grand., qu’ils
perdent la yeuë, et mesme a aucuns'
les yeux se creuent et sortent du tout'
hors de la teste : à quoy le Chirurgien
pquruoyra, et, y remédiera tant 'qu’il
\u)[ sera possibi|e.
l^jareillement s’ilsuruientdes grains
d.e verol,le dedans le nez, qui deuién-
nent en croustes et vl,ceres , on y
appliquera remèdes propres, lés y
adaptant auec des tentes de linge ou
de 'èot’ton.'
Aussi le çlus souuent en la bouche
et au gosier y viéhhenl escdrchures,
auec enroUeure de voix, et grande
difficulté d’aualler les viandes : et
203
pour y remedier, il la conuient gar¬
gariser auec eau d’orge et deplanlain ,
ou de cerfeuil, ausquelles on dissou¬
dra du syrop rosat et diamorurn :
aussi le malade tiendra souuent on ta
bouche Sucre rosat, ou dialragacanth
froid , ou pilules blanches , sucre
candi, alphehic^ et didire’o's.'
Et quant aux cicatrices ou marques
qui demeurent aü cuir, pour les ôster
il faut auoir esgard en quelle partie
elles sont : car si c’est au visage, et
qu’il y ait grande tubérosité, il les
conuient coupier auec ciseaux, ce que
i’ay souuentésfois fait : aussi ôn y ap¬
pliquera de l’onguent citrin recente-
ment fait, ou de la pommade, ou ce
Uniment.
Atnyli triticei et amygdalarum excorti-
■ eatarüfti âhà 3V j.'C. : ‘ ' • '
Gumrtiltragslcaiithi S. fi.
Sérhihis' tn^lohuin , fabarum siccarum
èXcorUcatar(jm,'far. bord; ïttia 5'. üj.'
: Puïuerisehtur omüia' sublîlitèr , deînde iri-^
'•fc'ôrpotentur'è'urA. aqna rosâceâ, et’fial li-‘
i nirtientuTa: ' '■ ' '■ ' ■> < *'■ *■
Buquefen faut oindre la face auec
vne plume, et le laisser toute la nuit :
et le lendemain la lauer auec eau de
sonde froment,. Le laict virginal y
est pareillement propre. La gresse
d’oye, ou de canard, ou de poulaille,
est propre pour lenir et adoucir
l’aspérité du cuir, comme l’huile de
lis. Le sang de liéure tout chaud, ap¬
pliqué souuent, est souuerain pour
remplir les cauilés et faire le cuir égal ,
et corrige la noirceur qui dèmeufe
és cicatrices ; pour c'est effet aussi vne'
côëriné dé lard chaude' est propre ,
froilaht 'd icellë la partie. PaVeillè-
ment réaù distillé'e'dé fleurs dé féües
et de racine de lis est singulière pour
effacer ét' polir ' lés cicatrices : aussi
l’eau distillée (fe racines de cannes et
LE VINGT-DEVXIÉME LIVRE,
q64
de coques d’œufs, et mesme l’huile
d'œuf, et plusieurs autres remedes
semblables.
CHAPITRE IV.
DES VERS QVI S'ENGENDRENT ÉS
ROYAVX K
Les vers se font d’vne matière
grosse, visqueuse et crue, laquelle se
corrompt en l’estomach.puis descend
és intestins : et veu qu’elle n’est pas
bien cbylifiée , c’est à dire façonnée
par la première concoction qui se fait
en l’estomach, elle se pourrit du tout
et pour sa viscosité , qui la fait adhé¬
rer à iceux, ne la peuuent ietter hors
le ventre, dont y estant retenue se pu¬
tréfié d’auantage : de quoy sont pro¬
duits et engendrés des vers par l’action
de la chaleur, qui puis après viuent
d’icelle : laquelle estant consumée,
si on ne leur baille promptement vne
autre matière pour les nourrir et
saouler, ils se pourmenent par les in¬
testins , causons grandes douleurs aux
malades , et montent quelquesfois
iusquesen restomach,etles iette l’on
par la bouche, et aucunesfois passent
par les trous du palais, et sortent par
le nez, ce que i’ay veu plusieurs fois
Il y a trois especes et différences de
vers, à sçauoir, de ronds et longs,
larges et longs, et de petits et gresles.
1 Ce chapitre est toujours coté le qua¬
trième dans toutes les grandes éditions à
partir de celle de 1579; mais alors même il
était séparé du précédent par un assez long
article en partie emprunté au livre des
Monstres s auquel nous l’avons en entier
restitué. Voyez ci-devant page 33, note i.
2 Ces derniers mots : ce que i’ay veu plu¬
sieurs fois, n’ont été ajoutés que dans la
première édition posthume.
Les premiers sont nommés des anciens
Terctes, c’est à dire ronds en longueur.
Les seconds sont dits Teniœ, parce
qu’ils sont longs et larges en forme
d’vne bande. Les tiers sont appelés
Ascarides, pource que tels communé¬
ment sont sautelans.
Il y a d’autres différences des vers
prises des couleurs, comme rouges,
blancs , noirs, gris , citrins , et quel¬
ques vns sont trouués cornus et
velus, ayans la teste de la figure
d’vn chabot. En aucuns malades s’en
procrée grand nombre, qu’ils iet-
tent tous les iours par le siégé ,
et sont menus comme filets ou poils,
et tels isont volontiers de couleur
blanche ; ce sont ceux que nous
auons appelés Ascarides. Ladiuersilé
des couleurs se fait selon la cause
des humeurs pourris*, non pas que
des vers les vns soient engendrés de
cholere, autres de melancholie, au¬
tres de pituite, comme les Médecins
grecs ont estimé : car la melancholie
et cholere sont humeurs pour le re¬
gard de leurs qualités du tout ineptes
à la génération des vers; mais parce
que parmy la substance chyleuse ou
pituiteuse dont ils sont engendrés, il
y a quelque meslange des humeurs:
de là vient la diuersité des couleurs
és vers.
Or les longs et larges , ou plats,
tiennent quelquesfois tout le long des
intestins, et tels sont comme vne sub¬
stance mucqueuse et glaireuse: et
véritablement i’en ay veu vn qui sor-
* L’édition de 1568 ajoutait : ainsi qu’a-
uons dicl du pourpre et des charbons, et arrê¬
tait là ce paragraphe. Celle de 1575 l’a com¬
plété; mais bien qu’ayant changé la place
dulivre de la Peste, elle avait conservé, sans
dflute par inadvertance, cette indication de¬
venue fausse. Elle a été rayée en 1579.
DE LA. PETITE VEROLLE ET LEPRE,
tit hors d’vne femme, etestoit sem¬
blable à vn serpent , de longueur de
plus d’vne toise. Dequoy ne se faut es-
merueîller, veu que les anciens escri-
uent en auoir veu de toute la lon¬
gueur des intestins, qui est sept fois
la longueur de nostre corps, parce que
les boyaux de chacun homme ont
telle longueur : et le sçaypourl’auoir
veu, et monstre quelque.sfois aux es-
coles de Medecine de ceste ville, fai¬
sant dissections anatomiques publi-,
ques.
D’auantage , lean Wier , Médecin
tres-docte du Duc de Cleues , escrit
en son liure de l’Imposture des diables^
qu’vn villageois ietla vn ver de huit
pieds etvn doigt de long, lequel auoit
la gueule presque semblable à vn bec
de cane L
Monsieur Vuleriola, Médecin d’Ar¬
les, au liure de ses Obseruations, dis¬
courant doctement sur les causes de
la génération des vers, dit en auoir
veu vn en la ville d’Arles ayant neuf
pieds et plus de long 2.
Et tout ainsi que les vers sont diffé¬
rons les vns des autres, aussi il y a
diuersité des lieux où ils se procréent :
car les ronds et longs s’engendrent
volontiers és intestins gresles, les au¬
tres aux gros , et principalement les
petits vers capillaires , et iamais en
l’estomach : car nul animal ne se fait
en la concoction de la viande , mais
seulement en la distribution és
boyaux, après qu’elle a commencé à
estre corrompue en l'estomach : es-
quels boyaux elle se corrompt et pour-
1 Paré avait ajouté ici en 1579 une mé¬
chante figure d’wi vers ayant la teste comme
vue cane. J'ai suivi les éditions primitives
où la figure n’existe pas.
* Cette citation de Valeriola est une addi¬
tion de 1576.
a65
rit d’auantage, et de là naissent des
vers. Quelquesfois ils s’engendrent
dés que l’enfant est au ventre de la
mere, à cause de la mauuaise nour¬
riture qu’il prend d’elle et aussi à
cause qu’ils ne vuident lors rien par
le fondement, dont ad nient que de la
rétention de tels excremens s’engen¬
drent vers, comme quelques-vns ont
noté de la sentence d’Hippocrates au
liure quatrième de mqrbis , sur la fin.
Et pour le dire en vn mot, ils s’en¬
gendrent en tous aages, et principale¬
ment aux crapuleux, goulus, et à
ceux qui viuent de mauuaise nourri¬
ture, comme de fruicts crus, fromage
et laictage.
Or pour connoistre en quels en¬
droits du corps sont les vers , il faut
entendre que lorsqu’ils sont aux in¬
testins supérieurs, les malades ont
vne douleur d’estomach auec appétit
canin et depraué , c’est à dire qu’ils
désirent à manger diuerses viandes
et grande quantité , parce que leur
nourriture est consumée et mangée
par les vers : et tombent souuent en
défaillance de cœur, à raison du con¬
sentement et sympathie de l’orifice
du ventricule et estomach qui a sen¬
timent tres-exquis auec le cœur. D’a¬
uantage ils sentent vn prurit et dé¬
mangeaison au nez , et ont l’haleine
forte et puante, à cause de la corrup¬
tion des viandes en l’estomach , dont
les exhalations montent en haut, qui
fait pareillement qu’ils sont fort as-
sommeillés, et tressaillent en dormant.
Outre-plus ils ont quasi tousiours vne
petite fiéure lente, auec toux seiche,
les yeux connillans, et souuent chan¬
gement de couleur au visage.
On connoistleslongsetlargesquand
• La phrase finissait là en 1608 ; le reste
a été ajouté en 1575.
I-E tlJIlE,
voit ap^ exçremens. l les petits., les rpu^e_s plus mauuaU
scmblà^ès à semences de melons ou | ç^ue lesb'lànc^sU.esyîfs cpiêi^^^^
ç()ugpurd,es : les aulres, sçauoir t(^s as- | et les bigarrés plus que ceiix qui sont
carules, se connoissent par le pruri^ | d’vne seùlé couleur, de lant qu’ils
çl démangeaison qu'ils font au siege, | demonstrènt jilus grand,e pourrifuVe.
ainsi que morsures de fourmis ' : par | El ïdrs qu’iî y en a grand nombre, ils
yn'^tene'smé ' et descente du gros J demonstreni d’autant grande quan-
bôyau.
La raison de tous ces symptômes est
^ellë ; le sommeil de ceux qui sont iri-
^ûiëlés dès vers est turbulent j iusques
à çrier eri dorrnànt, quarici'lés vapeurs
excitées par le remuement des Vers
çtènuoyëes'au cerpeau sont chaudes,
sublile^'et acres : 'cominé au contraire
[è sommeil est piVlond'ibrs que tellès'
vapeurs sont fr'oideVet grossières. ïls
songent en dormant manger ei àual-'
fèr*, bii bien grincent les den^S, à
cause que les vers lors deuorans lé
çbÿlus enuoyé du venlré aux intes¬
tins, éxcitehi semblable sentiment et
imagination en eux ïorsquVis dor-
mèni': ils ont vne toux seiche, pay le
çonsentenie'njt des parties qui sbnt de-
dièès à ïa respiration', auec celles
qu’on 'àpi>elîe 'natiirelles : desquelles
vapeurs putrides sont esleuée^ , ^ui
venans à heurter contre le dia¬
phragme ,rirriten t à excrétion comme
pour ietter quelque chose nuisibile :
lesquelles venans à monter à l’orifice
de festomach, partie fort sensible de
nostfè corps, excitent vu sanglot^ ou
synqbpe, selon qu’elles sont subtiles,
grossières, ou acres : et venans à s'es •
leuèr vers la teke, excitent vne de-
eqangeâisbn ^e narines et esbloüisse-
liienialayeue V .
' Ceux'<t^i sont grands sont pires que
1 Encore une phrase qui s’arrêtai| |à tout
court en 1568, et qui a été coinpiétéeen 1.575!
'V‘ Ce paragraphe tout entier date de 1675.
îyie dé pourrituré. Ceux qui sorlent
âuec Ic’sang signifient mal, parce
qii’iis demb'nstrént que les intestins
sont offensés d’érosion : car qùelques-
fbis iis les ron gen t, de façon qu’ils sbr-
lènt dors dès mieslins et se dispersent
en plusieurs endroits du ventre, èt
sont cause d,e la mort des’ pauures
malades 2.' Ainsi èscril facqueV Hôu-
l^ièr, cbapitre 54' des malaàies internes,
et Mahard én ses Episires liure 3,
qu’on a Veu quelque'sfois des vers
sortir par lès amès', s’estaiis èüx-mes-
mes fait le chemin par érosion.
QuandlèseVifahs ont des vers, et ne
peüuen t 'auoîrleur haleine qu’à peine,
èt sont moites , c’est sigtiè que la
niort est* à la porte. D^'âuahtagè au
conimencémènt dès fleures aiguës, si
les vers ronds et longs sortent en vie,
c’est signe que la tiéurè ést'pestilente,
demon’strant qu’ils né peuu'ent endü-
rér tel venin’: et encô'rés s4is sont
nibrts, ils donnent à connoistre d’à-
uaritage qu’il y à plus grande corrup¬
tion èf vénénosité! ‘ '
1 La pu de cette phrase est de 1575.
2 Là finissait le paragraphe dans l’édition
primitive. La citation ^e boulier se pt déjà
en 1576; mais ie nom de Manarfi n’,y a'été
ajouté que dans la première édition pds-
tllume. dette addition àvail élé faile avec k
peu de soin , que le ch. 54 , Des maladies
Internes, s'enibMt sè rapporter à Ma'nard;
j’ai restitué à chaque aUleur'ce qui liii ap¬
partient. ' : • : i
DE LA PETITE
CHAPITRE V.
CVRE DES YERS.
XoDte l’intention de la cure est
faire sortir les v.ers vifs ou morts hors
du corps ‘ ; de tant qu’ils sont de ce
geïjre des choses qu’on dif estre du
tout contre ISature.
H faut euiter toutes, viandes qui
engendrent corruption , conime fruits
Crug, fromages, laictiiges, et le pois¬
son, et generaletnent toutes choses
de difficile digestion et de facfie cor¬
ruption. ha bouillie est bonne aux
enfans , ^ cause quUls ont besoin d’vne
pourriture humide, de grosseur con¬
forme au laict , noq de trop difficile
digestiop ; lesquelles conditions sont
frouuées en |a bouillie , pourueu que
la farine de froment ne soit crue ,
rnais cuite auparauant au four . à
fin quielle ne soit tant visqueuse et
grpssiere? Pt aussi à fjn que lejaictne
puise pas si longuement ; parce qulil
faut que PPHr donner cuissop à la fa-
rjne, le |aiçt cuise semblablement
longtemps 5 en quoy il perd sa bonté,
parpe que le cuisant beaucoup, sa
substance aqueuse se consume par le
feu et engendre gros sang , comme il
se fait par la boüiUie , lors que la fa¬
rine nîest cuite auparauapt : car U
perd en ceste façon sa sub, stance de
maigue et de beurre , y restant Seu¬
lement la fromageuse, grosse, vis¬
queuse ét de difficile digestion , et par
(Conséquent pesante, ét faisant ob-
^trùctnjn" és ^premières veines' et au
foye ; qui souuepfesfois cause qu’il
s’engendre des vers à l’enfant, et des
pjefres et auRgS ipauuqis aqçictens.
ROLLE ET LÇPRE.
pour n’es^re la.^itç^ farine, le^
laict trop cùit.'pàr qliqy ceux 9iui on1|
des enfans y premiront gfardé , si pou
l^eur semble. É’t né seritle lÿen d’aUe-
guer (lùe par experiençe quoti-
fiiane on ypit plusieurs enfans (jui
mangent boüilUe sans que ^ fad”^'
soit' cùite , se péf ier bign : çar ie dis
(jue cela f ê tait p^ustpst d’^du.enture
pu dé*b'ônne nature» que de la bopié
dp çéste/npurrîfûre.
Pm çlpil ^
auy^ m'aladei dé Tipn'nés viandes, ^p
peiir. pue tps ypr.f ne piquent èf ron¬
gent les ipiplfifi?- =. p.| fihé tels
aniipàqx spni sonuent engendré de
pppitrïtûre , fapt purgep le malijdp»
ei çorrigep icelle par remeiles. escrits
Cy après en 1 - PP®lé- pppV ïcs faire
jupprir Pt for.iif promptèpiep^ îé sy'
rop dé Çichorée. é.u dg |iùipus , quec
rhéubai’lîe' et vu peu de sucrp , et
therigque où mithfidàt , pst vu sin¬
gulier r(jpipd(t, ppurpeu du’il u’pus.t
fiédf.e çoniointp : où en |ïeu dp pétéÙ
pourra ysep la^ rnptjecine qui s’ert-
sùjt :
:2f. Cornu ceruL.pulue. ras. ebor.anaS.j. fi.
Seminis tanac. contra vérmes ana 5. j.
Fiat decoctio pro parua dosi : in colatura in-
fuiide:
' pUabarb.QPtimi?. j.
Cinnam. 3.1.
Piss()lue syrupi de çpfiptp. § • •
fiatdps. deturm^nè tritf.hqr. ante partum.
Outre-plus , l’huile (i’oliue prise par
la bouché fait mourir les yéfs, comVn'e
aussi l’eau de cérrigiole i donnée à
boire auec du laict ; bref toutes cho¬
ses ameres les tuent. Mais deuant que
d’vser d’icelles, il faut donner vu
clysteré de laict auec niiel et sucre,
auquel op ne doit nieltre huilé ou
1 Çqrrig^iole, ç’es\ la refîçiij^e. 4- P-
La fin de cette phrase est de i575.
LE vingt-devxii5me livre
a68
graisse ny choses ameres , de peur de
les renuoyer contromont, parce que les
choses douces les attirent, el les ame¬
res les repoussent. D’auantagc, tu
noteras qu’il faut tousiours donner et
mesler choses douces auec les ameres,
à fin que par la douceur les vers atti¬
rent ce qui les pourra faire mourir.
Et partant faut donner l’espace de
deux ou trois iours du laict sucré au
malade , puis après y mesler choses
ameres, comme semences de cen¬
taurée, aloës, rue, absinthe, el leurs
semblables. Aussi la corne de cerf a
grande vertu contre les vers ; et en
doit-on bailler tant à boire qu’à man¬
ger , à sçauoir la mettant en poudre
et la faisant boüillir en eau , laquelle
on donnera à boire au malade ; aussi
on en mettra cuire vn petit noüet auec
la viande. Pareillement le theriaque
donné à boire en boüillon tue les
vers. Le pourpié est semblablement
bon en potage ou en décoction et
breuuage , et le faut faire boüillir en
eau , et en faire boire aux petits en-
fans : et aux grands on le pourra !
donner auec du vin. Le semblable est
de la cichorée et de la menthe. Aussi
le aïzoon minus et les sebestes sont
propres, en faisant vne décoction d’i-
ceux , et en donnant à boire deuant
le repas auec vn peu de sucre.
On donnera aux enfans à manger
de la poudre de la semence contre
les vers dedans leur boüillie ,ou auec
vne pomme bien cuite. D’auantage ,
on pourra faire suppositoires comme
cestuy :
Prenez du coral qui tire sur le blanc , des
racleures d’yuoire, de la corne de cerf
bruslée, et d'iris, de chacun deux scru¬
pules :
Du miel blanc, deux onces et demie :
Et de l’eau de corrigiole, autant qu’il en
faut pour incorporer le tout ensemble,
et faites suppositoires.
Dont on en appliquera tous les iours
vn qui soit du poids de deux dragmcs
aux enfans, et plus pesant aux grands.
De tels suppositoires faut principa¬
lement vser lorsque ceux desquels le
malade est tourmenté sont du genre de
ceux que l’on appelle Ascarides, parce
qu’estans attachés et logés dans le
boyau appelé droit , ils peuuent par
tels remedes estre promptement tirés L
Quant aux petits enfans qui ne peu¬
uent rien prendre par la bouche , il
leur faut appliquer sur le nombril ca¬
taplasmes faits de poudre de cumin ,
incorporée auec fiel de bœuf et farine
de lupins, absinthe, aurosne et tena-
sie , fueilles d’artichaut, rue, poudre
de colocynthe , semence de citron ,
aloés, persicaria , mentastrum , fueil¬
les de perfiguier , costamer, zedoai-
re , sauon mol. On applique telles
choses non seulement sur le nombril,
mais sur tout le ventre et sur l’esto-
mach : toutesfois on y doit mesler des
astringens , de peur de le trop relas-
cher , comme sont huile de myrtiles,
de coings, mastic, et autres sembla¬
bles. Outre-plus, on leur peut appli¬
quer sur le nombril vn gros oignon ,
lequel on creusera, et sera rempli
d’aloës et theriaque , puis on le fera
cuire sous la braise ; et le tout chaud
pisté auec amandes ameres et fiel de
bœuf. D’auantage on leur pourra
faire emplastres de choses ameres,
comme cestuy :
Prenez du suc d’absinthe et du fiel de bœuf,
de chacun deux onces, adioustant de
la colocynthe huit dragmes: le tout soit
broyé et meslé ensemble , et incorporé
auec farine de lupins.
Et de ce soit fait emplastre, qui sera
appliqué sur le nombril de l’enfant :
‘ Ce paragraphe a été ajouté en 1575.
DE LA PETITE VEROLLE ET LEPRE.
OU on pourra faire onguens et Uni- i
mens de semblables matières pour
leur frotter le ventre. Les pilules
communes sont pareillemen t fort bon¬
nes à en faire emplaslres pour appli
quer dessus le nombril. Et pour les
faire encores plustost débusquer et
sortir hors, faut oindre le siégé du
malade de miel et de sucre, parce
qu’ils fuyent l’amertume et courent
à la douceur ; et partant sortent plus¬
tost du ventre.
Pareillement faut prendre des mes-
mes vers, et les faire seicher sur vne
pelle de fer fort chaude , puis les pul-
ueriser et en donner à boire auec
vin ou autre breuuage , et prompte¬
ment mourront. Aussi le jus de citron 1
en petite quantité donné à boire dans
vne cuilliere auec huile d’amendes
ameres , ou huile d’oliue >.
D’abondant , on pourra faire bains
contre les vers, comme le suiuant.
Prenez de l'absinthe et noix de galle
autant qu’il en faudra, faites boüillir
le tout en eau , mettez l’enfant dans
icelle, et le lauez chaudement. Fina¬
lement on peut baigner l’enfant dans
de l’eau en laquelle on aura fait boüil¬
lir des fueilles de pescher et d’absin¬
the : ce qui est principalement propre
contre les vers qui sont appellés As¬
carides 2.
Or en toute ceste curation, faut
auoir esgard que le mal des vers est
souuent compliqué auec maladie plus
grande et principale, comme auec
1 Ce paragraphe est encore une addition
de 1675.
2 L’édition de 1668 termine ici ce qui a
rapport à la variole et à la rougeole; elle
ajoute: IL nous faut maintenant escrire des in-
cornmoditez de la peste et du souuerain vemede ;
et passe au ch. 55, qui est le 51 du livre ac¬
tuel de la Peste, La fin du chapitre a paru
pour la première fois en 1575.
269
fiéure aiguë et ardente, auec flux de
ventre, et semblables accidens : es-
quels cas si, pour exemple, vous don¬
niez incontinent semen contra, ou
theriaque vieille , myrrhe , ou aloës ,
vous augmenteriez l’ardeur de la
fleure et flux de ventre , d’autant que
les choses ameres sont contraires à la
guarison de ces deux accidens : comme
au cas pareil, si ayant esgard au flux de
ventre , par lequel les vers sont re-
iettés , vous ordonnez du corail ,
pourpié, farine de lentilles, vous
rendez la fléure plus difflcile à gua-
rir, de tant que toutes choses astrin
j gentes et seiches rendent la matière
de la fiéure plus contumace. Parquoy
il faut estre diligent à considérer si
la fléure est dépendante des vers , ou
bien si elle est cause propre, comme
estant fiéure première, propre, es¬
sentielle , et non symptomatique : et
tousiours ordonner medicamens qui
combattent la maladie principale.
Autrement on peut choisir medica¬
mens qui combatent l’vn et l’autre :
comme laxatifs, et quelque peu amers
en la fiéure et vers ; amers , et quel-
Ique peu adstringens en vers ioints
auec flux de ventre.
CHAPITRE VI.
DES POVX, MORPIONS ET CIRONS*.
Ces trois sortes d’animaux sont en¬
gendrés de la grande multitude d’hu¬
meurs et humidités corrompues , faite
d’vne portion crasse et visqueuse de
la sueur, laquelle s’amasse et s’ar-
■ Ce chapitre est d’une date beaucoup plus
récente que les autres; il a été ajouté ici
seulement en 1585.
tTK MNÔT-t)ÉVilÉTVIË LTVftE
‘i70
resfè aïil méâts ffCs ^6\¥& àù WàV !
cfiir. I
Dés ’ÿb'éix.
Les potix sont appelés en latin
^ediculi ,}po\\v la multitude de leurs
j)iecis, et excitent vqe ptialadie que
les Latins appellent Morbus pedicula- :
ris. Ils .naissent par tout ^e cprps, ;
principalement és lieux chauds et
humides , comme sous les aiscelles ,
aux aines, à la teste,, pour la multi¬
tude du poil : et vojt-on conimuné-
pient, qu’ils s’engendrent à l’entour
du col , parce qu’il y a vne eiponc-
toire, accompagnée ^e plusieurs
grande vaisseaux, par lesquels, sor¬
tent plusieurs humidités superflues
pour l’abondance des sueurs. Les pe¬
tits enfens y sopt fort suiets, à rai¬
son qu’ils crapulent et engendrent
beaucoup d’excrpmens. , ,
11 ne faut négliger ceste maladie;
car plusieurs personnes en ont esté
traûaillqes et en ont perdu la yje,
comme Ilero^e, roy de ludée, Sylla,
dictateur de Rpnie, le poçte Alcnian,
Âca^tu^, fils, de Pelias, Phere.cides,
théologien,. Callisl,henes..01ynthien ,
Mutins, iuriscons.ulte , Eunüs, qui
fut le premier qui suscita la guerre
des serfs en la Sicile, et Antiochus.
Ils se peuuent engendrer par toutes
les parties de nô'stre ddrps , mesme
dans la masse du sang , comme tes-
moigne Pline en'plusieurs lieux , au
liu. 7 , chap. 51. liu. 11. chap. 33.
La curation de ce mal corisisté en
trois points. Le premier e^t d’ordon-
lier le régime de viüre desîccatif, et
euiter les viandes qui engendrënt
mauuais suc , et principalement les
figues et chastaignes , et faut vser
de viandes ameres. Le secpnd de pur¬
ger Phumeur, que le médecin verra
estre de besoin. Le troisième est
dàVerfeV Te 'c'drp'è ^i.Vÿnfe , ''Àui(4uèTs
'cfitr'eéà 'de là sfapTilsàgr'è , gcnti'àVie ,
àl'ùïàe, Vue, riiarrub'ium, et au'fres
h'e'rbes aVA'eVcè'. ÀpVds le feain, oh
fro'ffei'a Té coi'iis d’vh ongiion't fait
d’axôh^e ’Àe ‘poVc , eh la^üelle l’on
'fera boiÏÏt'firles he'A'ès èhfe'dïtes : puis
y'seVa ihe'^lé s'oh'ïpWe v'ifsuhhlei'nent
phTherisé , sl'a'pîiïsâfgVê’, ‘drphhent ,
àThës, et vif-adgeht, leq^îèl 'e'st propre
éô'htre les ‘p'ouk', 'ih'ôi^piohs et cphns :
puis on reïterera les LMs elTesdiTs
réihedes , 'tà'ht‘4u’'iVseV!i ïïeshîn.
Des morpiotVs.
Lesmorpiôns sont fot't à'dherahs ‘à
la peau’, si bien qù’dn tie lés peut
qu’à peine arracher. Par leurs ’Ûiofr-
sufes fis hcnUtrelft le Vlïir iusqües
dedans là ch'àir, et tfiesffies aùx pah-
pieres des yeux , qtfi cà’use Vu ei-
treihe prurit et âemaiigeàisdn : et
(comme escrit CélSe, liùre 6'. chàp.'e.)
par, la grande fi'icfîô'n 's’y fait f(é-
flUxioh, qui vîerit à gaster et corro'hi-
pr'e la vue , tant eSt insupportable le
dit prurit ; VofniUe i’ày véU d’Vh'e
femthe qui se lüüoit les y eUi de bien
fort Vinâîgrt\ Or iTs sUUt engendrés
d’vhe Uiatiére plus séiehe qtié les
poux , qui tait qu’ils sdUt 'à'ü’s'si plus
plats et moins nout'fis.
La cure sera semblable à celle des
poüx. •
Des cirons.
Les dirons sontpetits aUiniaUk'fô'U-
sioürs cachés sOüsle cifir, sous leqüel
ils se traînent , rampent et le rongent
•petit à ‘t)éllt','excîtàhs vne füscheuse
et gratelle. Ifs spht
/^ds Q’vne mâtière, seiche , làqüelle,
yîscqsîté ,'est diuiséè .et
sepàrée , comme petits atomes vi-
uaiis.
. Les cirons se doiuent tirer auec es-
pingles ou aiguilles : toutesfois il vaut
DE LÀ PETITE VERÔtLlî ET LEPRE.
mieux les luer aueconguens etdecoc-
lions faites de choses ameres et sa¬
lées. Le remede prompt est le vi¬
naigre, dans lequel on aura fait
bouillir du staphisa'gre et sel com¬
mun.
Autre. Prenez axonge et vif-argent,
auec vn peu de sublimé et aïoës , et
soit fait onguent; lequel est excellent
entre tous les remedes pour tuer lés
poux , cirons et morpions.
.^utre linimenl^.
2f. Staphistigri'æ tritæ '§ . &.
AloësS. ij .
Aceti scillitici , et olei araygdalarum
amara.rum ana 5 . ij,. , . . . .
Olei fraxini, et succi genistæ ana § . fi .
Cum succo .alhanasiæ , fiat instar mellis pro
litu partium affectarum.
. L’eau, marine auec le spuipjil-e et
du fiel de boeuf .mesiés ensemble y
^ont aussi fort singuliers. Xe bon
homme Guidon , traité 6. docG L
phapitre 3. promet qu’vne ceinjure
de laine portée sur La chair , frottée
d’on gupnt vif argentin , tue entier, e-
ment et fait mourjr les poux , de
quelque espece qu,’ils soient, et en
quelque partie que l’on l’applique.
CHAPITRE VU.
BRÎÈfVE description de la LEPRE
OV LADRERIE •
^ Cesteinaîadiee^'ap^ellée'^^^^^^^^
‘Élephaniîasis , parce que lés ihaîaciies
1 Petrus de .^rgilala li. 5. Traité 2. ch, 2.
- A. P.^;, , ,, .. ^ , , ,
2 chapitre faisait je 56' dp l’édidon de
1668 ;, il éiaitTe 5' ,de ce jiyrc en f575, le 6'
én 1579, et est enlih 'devenu le 7' ch 1585.
271
j ont leur peau aspre, scabre, ridée et
inégalé , ainsi que les elephans : ce
qui est dit aussi à cause de la "gran¬
deur de la maladie. Quelques chi¬
rurgiens ‘ suiuans l’opinion des Ara¬
bes, lu y ont attribué cepom de Lepre
( mais improprement , d’autant qu’il
signifie vne espece de scabie, ou galle
et viçe du cuir, a'ppellé du commüh
peuple, le mal S. Main) duquel nous
vserons, elle retiendroris piour le pré¬
sent , comme estant fort commun et
vsité.
Donc nous dirons premièrement ,
que Lepre ou Ladrerie ( selon Paulus
Ægineta 2 ) est vn ’cbancre vniuersel
de tout le corps. Auicenne rappelle
maladie vriiuerselie, laquelle cor-
rpmpt lacpmplexion, foçmeou figure
des membre^. Galien , dit que c’es^t
yne maladie tres-grande ,.prpuenapt
de l’erreur de la vertu digestipe 6^t
sanguificaliup du , foye ,, par jeqpel
erreur qt defaut ja vertu assimila-
tiûe de la, chair est granderqent de-
prauée et changée. Le,raesme GaUcn,
liujre deuAÎéme a .Glaucon^ Séfipit
çeste maladie •. effusion de sang
troUjble et grossier ,.CQntepu qs yçines
par tout le corps et habitude «j’içe-
luy h Outre , Lepre est ditç maladie
tres-gyande, à cause (Qu’elle parfr
cipe d’yn yirus, Venenpux , corrom¬
pant les 'membres et, la bqàuté du
corps ^ : car qu’elle participe Üe venin,
il est aisé à çonnoistre : ^ c’est ^ qu’il
n’est pas, pecessaire que lous ceux
qui en tout leur çorps sont melanclîb-
liques', soient ladres.
l 'Éditioh 'dc 'ihé'8':'ie ‘wtÿafce des Ùii-
rurgiens. ^
s'PaurÆgin.'l/. %.chaip. 1.— A. E.
8 Cette deuxième citation de Galien a été
ajo.utée en 1575. , , , , , . v,;
f La fin de'cetthphrase est aussi une addi¬
tion de 1575.
LE VJNGT-DEVXIKME LIVRE,
ment espais et nébuleux , rend par
272
Elle contient les trois genres de
maladies : et premièrement elle est
de maimaise complexion , à sçauoir,
chaude et seiche au commencement ,
et enfin l’ebullition et ardeur passée
et esuanoüie, froide et seiche, qui
est la cause immédiate de lepre con¬
firmée. Elle est de mauuaise compo ¬
sition, pource qu’elle corrompt la
forme et figure des ‘membres. Aussi
elle fait solution de continuité , qui
est maladie commune.
CHAPITRE YIII.
DES CAVSES DE LEPRE.
Les causes de lepre sont trois , à
sçauoir primitiue, antecedenteetcon-
iointe. La cause primitiue est double ,
à sçauoir celle qui est introduite au
ventre de la mere, comme lors que
quelqu’vn est engendré au temps
des menstrues , ou qu’il a esté fait de
la semence d’vn pere ou mere lé¬
preux, et partant on lapent asseuré-
ment dire estre vne maladie heredi
taire : car vn ladre engendre vn ladre,
veu que la semence ou geniture pro-
uient de toutes les parties du corps :
partant les parties principales estans
viciées , et la masse du sang altérée ,
corrompue et infectée , pour-ce il est
necessaire que la semence le soit
aussi, dont celuy qui est engendré est
infecté. Pareillement ceste maladie
peut venir d’autres causes, à sçauoir,
pour faire sa demeure en lieux mari¬
times ‘ , où l’air estant coustumiere-
1 Après cette première cause, l’édition de
1568 ajoutait directement : ou pour commu¬
niquer et fréquenter mec les ladres; les quinze
lignes qui séparent aujourd’hui ces deux
membres de phrase sont de 1575.
succession de temps telle toute l'iiabi-
tude do nostre corps, selon le dire
d’Hippocrates : Que quel est l’air, tels
sont les esprits , tels sont nos humeurs.
Ou pour l’habitude des lieux et pays
trop chauds, dont nostre sang dé¬
nient aduste et bruslé : ou lieux trop
froids , dont il deuient espais, tardif
et congelé; ainsi voyons nous en quel¬
que partie d’Allemagne beaucoup de
ladres , et en Afrique et Espagne plus
qu’au reste du monde , et en nostre
Languedoc, Prouence et Guyenne,
plus qu’au reste de la France. Ou
pour communiquer et fréquenter
auec les ladres , et coucher auec eux,
pour ce que leur sueur et exhalation
des vapeurs qui sortent hors de leurs
corps , sont veneneuses. Ainsi est de
leur haleine, et de boire aux verres
et autres vaisseaux ausquels ils au¬
ront beu : car de leur bouche ils y
laissent vne saliue sanieu se contenue
entre leurs genciues et contre les
dents , laquelle est veneneuse en son
espece , ainsi que la baue du chien
enragé est en la sienne. Pour ceste
cause, les magistrats leur enioignent
ne boire qu’en leur baril : et à la
mienne volonté que tous les ladres le
fissent , à celle fin qu’ils n’eussent
occasion d’infecter personne par ce
moyen.
Or icy se peut esmouuoir vne
question, à sçauoir, si vne femme
peut auoir compagnie d’homme lé¬
preux, sans qu’elle soit infectée. Ce
qui est possible , si bien tost après ses
mois coulent, d’autant que nature se
purge et nettoye par tel flux : mais au
contraire l’homme à tard et difficile-
inent se peut sauuer qu’il ne soit
lépreux, s’il a compagnie d’vnefemme
lepreuse , ou qui recentement ait ha¬
bité aueç vn lepreux , et qu’elle ait
UK LA PETITE VEROLLE ET LKERE,
encor quelque portion de la matière
spermatique demeurée aux rugosités
du col de sa matrice, pour ce que
l’homme est apte et prompt à receuoir
le virus ou venin lepreux , à cause
que la verge virile est fort spongieuse
et rare , au moyen dequoy reçoit faci¬
lement le virus esleué des vapeurs
de la matière spermatique, qui est
communiquée aux esprits par les
veines et arteres, et aux membres
principaux , et de là en toute l’habi¬
tude du corps , ainsi qu’on voit com- 1
munémcnt que la grosse verolle se
prend par tel acte.
Or les lepreux désirent grandement
le coït, principalement lors que leur
maladie est en son commencement et
en estât, à cause qu’ils sentent grande
chaleur estrange aux parties internes
de leurs corps, et partant bruslent
du désir de dame Venus : mais tel dé¬
duit leur est fort contraire, d’autant
que par iceluy les esprits et chaleur
naturelle se resoluent, dont la cha¬
leur estrange est fort augmentée et les
br U sle d’ auan tage . A U ssi ceste mal adie
peut aduenir pour auoir vsé de viandes
trop salées, espicées et acres, grosses
et crasses, comme chair de porc, d’as-
ne , d’ours : aussi de pois , féues et
autres legumes, laictages, poissons et
semblables , tant alimens que medi-
camens, qui generalement engen¬
drent sang cacochyme et melancho-
lique, aduste et bruslé : aussi par trop
crapuler, et boire de vins trop forts ;
pareillement grand Irauail assiduel ,
seing et sollicitude , vie misérable et
en perpétuelle crainte : lesquelles
choses font vne intemper atu re chaude
et seiche, qui engendre vn sang me
lancholique, féculent, aduste et brus¬
lé par vne chaleur immodérée, lequel
^73
delà masse sanguinaire venant à s’es-
pandre aux parties extérieures, chan¬
ge toute l’habitude du corps , et de-
praue sa forme ou figure.
Autre cause de lepre peut estre as¬
signée sur la rétention des super¬
fluités et excremens melancholiques,
comme des hemorrhoïdes, flux mens¬
truel , grosse et petite verolle , rou-
geolle, vieilles vlceres, fiéures quar¬
tes, oppilation de râtelle, excessiue
chaleur du foye. Or il faut icy en¬
tendre que la cause de lepre par la
rétention des superfluités se fait à
cause que le sang corrompu n’est na¬
turellement euacué, dont il regorge
par tout le corps, et corrompt le sang
qui doit nourrir tous les membres :
parquoy la vertu assimilatiue ne peut
bien assimiler , pour la corruption et
vice du suc dont la lepre est causée.
Les causes antécédentes sont les
humeurs préparés à se brusler et cor¬
rompre, et conuertir en melancholie,
par vne chaleur aduste et du tout es.
tr ange à nature* : car és corps possé¬
dés de telle chaleur, les humeurs par
adustion sont aisément tournés en
atrabüis : laquelle par long temps
venant à s’enuenimer et corrompre ,
donne commencement et essence à la
ladrerie.
Les coniointes, sont les humeurs ja
pourris et veneneux, ja espandus par
l’habitude, qui altèrent et corrom¬
pent tout le corps par vne intempera-
ture froide et seiche, contraire au
principe de vie, dont la mort s’en
suit : car nostre vie consiste en cha¬
leur et humidité naturelle.
1 La fin de ce paragraphe a été ajoutée en
1576.
III.
18
274
LE VINGT-DEVXIÉME LIVRE ,
CHAPITRE IX.
CHAPITRE X.
DES SIGNES QVI MONSTRENT LA
PREPARATION DE LEPRE.
SIGNES QVI MONSTRENT LA LEPRE ESTRE
JA CONFIRMÉE *.
Geste maladie est conneuë par les
signes et accidens qui s’ensuiuent:
pource que chacune maladie a ses
propres accidens qui la suiuent,
comme l’ombre fait le corps. Et entre
les signes, aucuns signifient la prépa¬
ration , les autres l’effet , lequel a
quatre temps, à sçauoir coriimence-
ment , accroissement, estât, et décli¬
naison.
Le commencement est quand le
virus touche les membres intérieurs,
dont leurs actions sont diminuées et
afifoiblies.
L’accroissement , lors que le virus
apparoist au dehors , et les signes et
accidens se multiplient et accroissent.
L’estât est quand les membres
commencent à s’vlcerer.
La déclinaison est que la face est
hideuse à regarder , et que les extré¬
mités des doigts tombent, et alors les
signes sont populaires et conneus à
vn chacun.
Or les signes qui demonstrent la
préparation ou disposition à la lepre,
sont, mutation de couleur naturelle
en la face , comme goutte rose , sa-
phyrs, cheute de poil, grande altéra
lion tant de iour que de nuit, l’fia-
leine forte et puante, et vlcerations à
la bouche, mutation de voix, etvn
grand désir de l’acte venerien.
Suiuant la doctrine des anciens , il
faut examiner toute la leste, et prin¬
cipalement la face du malade , en la¬
quelle apparoissenl les propres signes
et les plus véritables , pource que la
face est molle et rare , et en icelle le
cuir de ténue substance ; au moyen
dequoy l’humeur melancholique et
aduste y est facilement conneu , fai¬
sant lésion à icelle plustost qu’aux
autres parties extérieures.
Premièrement donc faut regarder
la teste, et sçauoir si les malades ont
vne alopécie , c’est à dire, cheute de
poil, assez semblable à celle à laquelle
sont suiets naturellement les re¬
nards, et régénération de cheueux
gresles, courts et subtils : qui se fait,,
pource que l’action de nature en l’ha¬
bitude des poils est corrompue par
le defaut d’aliinens propres, et par¬
tant il est necessaire qu’ils tombent.
Adiousteque les humeurs et vapeurs
enuoyées et suscitées des parties na¬
turelles et hiferieui-es d’vn ladre ,
en haut, sont si adusles, que de
leur acrimonie ils rongent la ra¬
cine des poils et aliment qui pourroit
estre enuiron icelle, de sorte qu’iceux
1 Ce chapitre est, comme le précédent
de 1568; mais ila été fort augmenté en 1575
Les additions portent sur la plupart des pa¬
ragraphes, et on peut remarquer, en thèsi
généiale, que presque tout ce qui est di
description positive dans l’énumération dei
signes est de l’édiiion primitive , et que h
plupart des explications sont de l’édition sut
vante. Je noterai d’ailleurs les principales.
DE LA. PETITE VEROLLE ET LEPRE.
ne peuuent aucunement subsister ‘ ;
et à cause de l’imbécillité de la par¬
tie, ils y reuiennent plus déliés et
gresles. Pareillement ou leur arra¬
chera dos cheueux et de la barbe, et
des sourcils, et verra-on si auecques
leur racine on arrache quelque por¬
tion de chair : car telle chose ne se
fait que par pourriture et corruption
de snc alimentaire-
Pour le second signe, faut taster du
doigt les sourcils et derrière les oreil¬
les, sçauoir s’ils ont des tubercules
granuleux , c’est à dire grains ronds
et durs, à cause qu'en la lepre la
vertu assimilatiue defaillant, fait que
le nourrissement venant aux parties
ne se peut assimiler entièrement et
parfaitement ; parquoy arresté ef
comme conglobé en lieu estroit ,
comme derrière les oreilles , de sa
propre crassitie et terreslrité , il de¬
meure granuleux ; laquelle chose ap¬
pert et se monstre principalement au
visage et aux parties desnuées de
chair ; et tel signe est fort certain,
P’auantage, ils ont les orei.les ron¬
des , pour la consomption de leurs
lobi^s et parties charneuses par de¬
faut d’aliment suffisant , grosses, es-
paisses et tuberculeuses à cause de
la crassitie et terreslrité de l’aliment
qui afflue à la partie ; ce que nous
mettrons pour le troisième signe.
Pour le quatriénae , ils ont le front
ridé comme vn lion, dont aucuns ont
appeilé ceste maladie morbus hotii-
nus. Et telle siccité vient de toute
l’habitude du corps : aussi voyons-
nous l’escorce d’vn vieux chcsne et
i Le commencement de cette phrase est
une addition de 1575.
® L’édition de 156S portait seulement : ils
ont les oreilles rondes, grosses, espaisses et tu¬
berculeuses; le reste est de 1575.
276
la face de nos vieilles gens estre
toutes pleines de rides
Le cinquième , ils ont le regard
fixe et immobile, à cause que les mus¬
cles faisans le mouuement de l’œil ,
reseichés par faute d’humidité, qui
les rend glissans et lubriques, sont
moins prompts à se mou noir. Et les
yeux ronds : car les yeux de soy, et
de leur propre substance, sont pres¬
que ronds. Or ce qui fait qu’ils appa-
roissent en nous plats par deuant, et
tendans en pointe par derrière , vient
de la concurrence et figure des mus¬
cles et graisse qui les enuironne. Par¬
quoy iceux consommés par faute de
nourriture, ou par l’acrimonie de
l’humeur qui leur est enuoyé, ce n’est
de merueille si, comme desnués de
leur vestemcnt, ils se montrent ronds.
Pareillement ils ont les yeux rouges,
enflammés et luisans comme ceux des
chats , à cause de l’ardeur des esprits
et humeurs acres et adustes ; et vraye-
ment le tempérament des ladres est
fort semblable à celuy du chat , sça¬
uoir sec et melancbolique , comme
aussi les mœurs , en ce qu’ils sont
malicieux comme eux 2.
Le sixième , ils ont les narines lar¬
ges par dehorsetestroiles par dedans,
à cause de l’aliment terrestre , gros¬
sier et melancbolique, lequel poussé
du dedans en l’extremité des narines,
les esleue en tumeur par dehors ;
dont s’ensuit que pour l’espaisseur du¬
dit humeur, leur cauilé intérieure se
monstre moindre et comme bouschée.
Icelles narines sont pareillement cor¬
rodées, crousteuses et Vlcerées, dont
1 Cette dernière phrase est encore de 1675.
^L’édition de 1568 portait simplement :
« Le cinquiesme, ils ont le regard fixe et im¬
mobile, et les yeux ronds, rouges et euflara-
més comme chats. »
rü LE VIJNGT-BEVXliME LIVRE
souuent en sort du sang : et le septum
cartilaginosum corrodé et consumé:
et sont veus estre camus, d’autant que
toute la face est tumefiée , imbue et
enflée de mauuais sue*, ce qui aussi
peut procéder de l’acrimonie de l’bu-
meur qui corrode les os qui font l’e-
minence du nez , ou font contraction
d’iceux au dedans, dont pour la ca-
uité apparente ils deuiennent camus.
Le septième, ils ont les léures fort
grosses , esleuées , et les genciues or-
des, puantes et corrodées, à cause des
vapeurs acres : dont les dents sont des-
charnées.
Le huitième, ils ont la langue en¬
flée et noire 2, pour mesme cause que
leurs narines : car comme l’air extrê¬
mement chaud de l’Afrique, par re¬
solution de la portion plus subtile,
espaissit les humeurs attirés en l’ex-
tremité des léures des hommes de ce
païs : ainsi la chaleur intérieure des
ladres fait le semblable des humeurs
poussés au dehors vers ceste partie ,
laquelle outre se monstre renuersée
à faute d’appuy, pour soustenir vn
tel faix d’humeurs. Ont dessus et des¬
sous des tubercules, ou petites glan-
duletles, ou grains, comme on voit
aux pourceaux ladres, et les veines
de dessous apparoissent grosses et va¬
riqueuses. La cause est que la langue
est vn corps spongieux: parquoy il
est aisément imbu des hpmeurs qui
régnent par tout le corps ®.
Et pour le dire en vn mot , ils ont
1 Le reste de cette phrase manque en 1 568,
de même que la fin de la phrase précédente,
à partir de ces mots : à cause de l’aliment
terrestre, etc.
2 L’édition de 1568 portait : Ils ont la lan¬
gue enflee et noire, et ont dessus et dessouz des
tubercules, etc.-
s Celte dernière phrase est encore une
addition de 1575.
toute la face tumefiée et couperosée,
de couleur rouge obscure, liuide, et
les yeux flamboyans , hideux et es-
pounentables à regarder, comme sa¬
tyres : laquelle chose procédé de la
cachexie et mauuaise habitude de
tout le corps. Or la couleur du cuir
est vn signe tres-certain des humeurs
qui abondent et dominent aux corps :
partant veu que l’humeur melancho-
lique qui cause la lepre est gros et
adu.ste , il s’ensuit que la couleur du
cuir, et principalement de la face, soit
liuide et plombine K Ce qu’il faut en¬
tendre de ce qui apparoist le plus
souuent : car autrement la couleur
à quelques ladres tend sur le iaune ,
à autres sur le blanc, selon qu’est
l’humeur qui en iceux régné. Car
ainsi la plus part des médecins font
trois especes de ladrerie : rouge ou
noiraslre, faite de sang ou melan-
cholie naturelle : iaunastre, faite de
cholere : blancheastre, faite de pi¬
tuite : le tout bruslé et recuit par la
chaleur non naturelle,
9» Leur haleine est fort puante, et
généralement tous les excremens qui
sortent de leurs corps, sentans la sau-
uagine qui commence ja à se pourrir,
pour le venin conceu en leurs hu¬
meurs.
Le dixiéme, ils ont la voix enroüée,
et outre qu’ils parlent du nez : ce
qui aduient à cause que leurs poul-
mons, nerfs recurrens , et muscles du
larynx sont offensés et imbus de la
matière virulente, et qu’ils ont la
cauité du nez bouchée : la trachée
artere, comme toutes les parties du
corps, fort desseichée, trop aspre et
inégalé, ainsi que l'on voit aduenir à
ceux qui ont largement beu des vins
* Le paragraphe finissait là en 1568 ; le
reste est de 1575.
DE LA PETITE VEROLLE ET LEPRE.
trop chauds , forts et puissans : pour
laquelle mesme cause ils ont grande
difficulté de respirer, pour la seiche-
resse des muscles seruàns à la respi¬
ration.
Le onzième est qu’ils ont morphea
et defedation vniuerselle de leur peau ,
et l’ont pareillement crespie comme
une oye maigre déplumée, à sçauoir,
aspre, aride et inégalé, icelle se ridant
et grillant par l’adustion et siccité in¬
térieure des humeurs , de mesme fa¬
çon qu’vn cuir au feu ou au soleil.
Aussi ont plusieurs dartres et vilaines
galles, desquelles souuentesfois sor¬
tent des croustes, comme escailles de '
carpe, ou autres poissons, et ont aussi
plusieurs glandules ; lesquelles cho¬
ses procèdent à cause des humeurs
altérés et corrompus, et principale¬
ment de la malice du gros sang me-
lancholique et aduste , pour n’estre
bien elabouré par l’œuure de la na¬
ture, et régi par la faculté nutritiue ;
et partant il se procrée vne chair
crasse, scirrheuse, dure, aspre et iné¬
galé. Donc veu qu’en ceste maladie il
y a grand erreur en la faculté nutri¬
tiue, et par conséquent en Fassimila-
tiue, de là s’ensuit que l’aliment n’es¬
tant bien elabouré , ne peut estre
changé ny assimilé. Et par tel defaut,
il est necessaire que ces tubercules se
facent en la chair, et qu’elle soit dure,
et toute la peau aride, inégalé et de
mauuaise couleur , et vlcerée en plu¬
sieurs endroits, tant à cause de la
crassitie et terrestrité que pour l’a¬
crimonie d’iceux : et cestuy cy doit
estre bien noté entre tous les signes.
Le douzième, ils sentent par fois
grande ardeur et ponctions par tout
le corps, comme si on les piquoit d’ai¬
guilles : qui se fait à cause d’vne va¬
peur maligne qui s’esleue des parties
intérieures , et est retenue sous la
277
peau, et ne peut librement sortir,
pour ce que le cuir est fait gros, dense,
et espais,par l’adustion des humeurs
pourris : partant la vertu expulsiue
est continuellement stimulée à ietter
hors les vapeurs acres et mordican tes.
Le treiziéme est qu’ils ont vne éma¬
ciation ou amaigrissement , et con¬
somption des muscles qui sont entre
le poulce et le doigt index , non point
seulement pource que la faculté nu¬
tritiue a defaut d’alimens pour nour¬
rir lesdits muscles (car tel defaut est
general par. tous les muscles du corps)
mais pource qu’iceux , comme le te-
nar, ayans vne eminence manifeste,
la dépréssion et émaciation , comme
chose estrange et inaccoustumée , est
plustost remarquée en iceux. Et pour
ceste raison ils ont les espaules pro¬
tubérantes en forme d’ailes, à cause
delà consomption et émaciation de
la partie intérieure du muscle tra¬
pèze.
Le quatorzième, ils ont vne stupeur
ou diminution de la faculté sensiliue,
à cause que les nerfs sout remplis
d’humeurs melancholiques gros et
terrestres : qui fait que l’esprit animal
ne peut reluire et estre porté par
iceux aux parties qui eu ont besoin ,
dont s’ensuit stupeur.
Véritablement ie me suis souuent
trouué àl’espreuue des ladres, et en¬
tre tous les signes dignes d’estre bien
notés, cestuy-cy m’estoit commun,
c’est que les ayant piqués d’vne assez
grosse et longue espingle au gros
tendon qui s’attache au talon, qui est
fort sensible par dessus les autres, et
voyant qu’ils n’en sentoient rien, bien
que i’eusse poussél’aiguille fort auant,
ie conclus que véritablement ils sont
ladres. Or pourquoy ils perdent ainsi
ile sentiment, lemouuement leur de¬
meurant entier , la cause est que les
27^ VINGT-DEVXIIÉME LIVRE,
nerfs qui sont disséminas au cuir ment et incrément de leur maladie,
sont plus affectés, et ceux qui sont à raison de l’adusUon des humeurs,
aux muscles ne le sont tant : et pour- à laquelle d’auantage la siccilé sert
ce quand on les pique profondément d’aiguillon ; mais en Testât et decli
ils sentent la piqueure , ce qu’ils ne naison delà maladie, ils deuiennent
font ù la superficie du cuir. cauteleux et trompeurs, et soupçon-
Le quinziéme , ils n’ont point ou neux , à cause qu’ils sont defflans
peu de sentiment en leurs extremi- d’eux-mesmes, à raison de fa melan-
tés, et icelles tombent principale- choliqueqüi, froide et seiche, lesrend
ment en la déclinaison, à cause que ineptes à executer toutes choses, soit
la faculté expultrice iette les hu- de corps ou d’esprit : d’où vient que
meurs pourris qui la molestent le craignans toutes choses, voire les
plus loing qu’elle peut des parties no- plus asseurées , ils taschent tousiours
blés, dont vient que l’humeur melan- à paruenir et suppléer par malice ce
cholique estant de substance grosse, qu’ils sçauent leur défaillir d’esprit et
accompagnée du virus lepreux, op- d’adresse : qui est la mesme cause
pille les nerfs , de façon que l’esprit pourquoy les vieilles gens , les mala
sensitif ne peut penetrer et reluire des et femmes sont sur tous su-
iusqu'aux extrémités , lesquelles sont ieis à tels vices. Ils désirent aussi
loing de la chaleur naturelle : ioinct grandement la compagnie des fem-
que depuis que Tvne des principales mes, et principalement au temps de
facultés manque en vhe partie, les l’accroissement et estât de leur mala-
autres la desdaignent et n’ÿ reluisent die, à raison de la chaleur estrange
assez suffisamment, pour la sympathie qui les brusle au-dedans : mais en la
qu’elles ont les vnes auec les autres : déclinaison ils abhorrent tel déduit,
et par ainsi la partie tombe en totale parce questeur chaleur naturelle est
mortification. presque exhalée et esteinte ». Cela
Le seizième, ils ont songes et idées peut aussi prouenir de la crassitie de
en dormant fort espOuuentables : car leurs humeurs, lesquels outre que ils
quelquestbis il leur est aduis qu’ils sont terrestres, sont d’auantage em-
voyent des diables, serpens, et ma- brouillés d’vn esprit fiatulent excité
noirs obscurs, sepülchres, corps morts et proumené dedans la masse sangui-
et autres choses semblablesjesquelles naire par la chaleur non naturelle,
impressions sont faites au sens com- Le dixhuitiéme , leur vrine est es-
mun à cause des vapeurs fuligineuses paisse comme celle des iumens, et
del’hùmeur melanchoîique quimon- quelquesfois subtüe pour Tangustie
tent au cerueau ; ainsi que nous des vaisseaux par où passe T vrine
voyons aussi aduenir à ceux qui es- par lesquels le plus subtile s’ euacue 2;
tant mords de chiens enragés tom- iceUe^est aussi quelquefois blaffarde
bent en hydrophobie. et de couleur cendrée et fetide, com-
Pour le dixseptiérae, nous mettrons me tous leurs autres excremens.
qu’ils sont quasi tous cauteleux, trom- Le dixneufiéme, ils ont le sang fort
peurs, et furieux », sur le commence-
» La ün de ce paragraphe est de 1576.
1 La phrase finit là en 1568; tout le reste ** Ce membre de phrase ; et quelquesfois
est de 1575. subtile, etc., est de 1575.
279
DE LA PETITE VEROLLE ET LEPRE.
gros, aduste, et de couleur noirastre
et plombine i et si on le laue, on le
trouiiera arenuleux en sa profondité
pour la grande aduslion.
Le vingtième est qu’ils ont le pouls
fort debile et languide, à raison que
le cœur et faculté pulsatile residente
en iceluy , est tellement opprimée des
vapeurs fuligineuses qui s’esleuenlde
leurs humeurs grossiers et melan-
chüliques, qu’elle ne peut librement
battre K
Or nous auons plusieurs autres si¬
gnes de ladrerie, comme dureté de
ventre, à raison de l’ardeur du foye :
rois frequons, à cause de la frigidité
de l’estomach. causée de l’humeur me-
lancholique qui regorge en iceluy :
frequente sternutation, pour la pléni¬
tude du cerueau : mais entre tous
cestuy leur est fort frequent : c’est
que leur visage et tout leur cuir ap-
paroist tousiours onctueux, à raison
de l’ardeur et chaleur non naturelle
qui dissout et liquefle toute la graisse
qui est sous la peau, dont elle semble
toute arrcusée. Ce qui se connoistra
si on leur iette de l’eau nette sus la
peau : car l’on verra icelle nes’arres-
ter en aucun lieu par faute de prise 2.
Or des signes susdits les vns sont
vniuoques, c’est à dire qui demoris-
trent véritablement la lepre : les au¬
tres sont equiuoques ou communs,
et suruenans à d’autres maladies qu’à
icelle lepre, toutesfoisseruent grande¬
ment à la connoistre. Et pour conclu¬
sion, si toutes ces choses là ou la plus
part sont trouuées , elles demonstrent
véritablement la ladrerie parfaite.
1 Cette explication est de 1676; l’édition
primitive portait : à raison que la chaleur
naturelle est suffoquée parcelle qui estestrange
causée du virus lépreux,
* Ce paragraphe est entièrement de la date
de 1676.
CHAPITRE XI.
nV PROGNOSTIC DE LEPRE,
La lepre est une maladie hérédi¬
taire*, et contagieuse, quasi comme la
peste, et du tout incurable, comme
aussi souuent est la peste. Geste con¬
tagion est si grande qu’elle vient aux
enfans des enfans, et encore plus
loing, de quoy l’expedence fait foy.
Or elle est incurable , parce que
(comme nous auons dit) c’est vn chan¬
cre vniuersel de tout le corps : car si
vn chancre qui est en vne seule partie
d’iceluy ne reçoit aucune curation,
comment se pourra guérir celuy qiâ
occupe vniuerselleraent tout le corps?
Aussi elle ne se peut guérir, parce
que le mal est plus grand que re-
mede aucun qu’on ait iusques à pré¬
sent peu trouuer et inuenter.
Outre-plus il faut estimer que, lors
que les signes apparoissent au dehors,
le commencement est Ion g temps au-
parauant au dedans, à raison qu’elle
se fait tousiours plustost aux parties
intérieures qu’exterieures: toutesfois
aucuns ont la face belle, et le cuir
poli et lissé, ne donnant aucun indice
de lepre par dehors , comme sont les
ladres blancs 2, appellés Cachots, Ca-
gols et Capots, que l’on trouue en
basse Bretagne et en Guyenne vers
* L’édition de 1668 ajoutait ici entre pa¬
renthèses : {comme nous auons par cydeuanl
déclaré.)
2 L’édition de 1668 portait:
« ...comme sont les ladres blancs, appelés
cachos, que l’on trouue en basse Bretagne,
et plusieurs autres lieux, qui m’est vne chose
indicibie. »
Le texte actuel et le reste du paragraphe
sont de 1676.
îtSo LE VINGT-DEVXIÉME livre,
Bordeaux, où ils les appellent Gubets^ 1
ds visages desquels bien que peu ou
point des signes sus allégués apparois-
sent, si est-ce que telle ardeur et
chaleur estrange leur sort du corps,
coque par expérience i’ay veu ; quel-
quesfois Tvn d’iceux tenant en sa
maison l’espace d’vne heure vne
pomme fraische, icelle après apparois-
soit aussi aride et ridée , que si elle
eust esté l’espace de huit iours au
soleil. Or tels ladres sont blancs et
beaux, quasi comme le reste des
hommes, à cause que leur ladrerie
consiste en matière pituiteuse , la¬
quelle reseichée par adustion, est
faite atrabilaire : si que retenant tous-
iours sa couleur blancheastre , ap¬
porte toutesfois tels inconueniens aux
actions de ceux qu’elle possédé, quels
nous auons cy dessus mentionnés des
vrais ladres et descouuerts.
D’auantage, on voit qu’en ceste
maladie les trois vertus et facultés du
corps sont corrompues et viciées : car
premièrement l’animale precedente
du cerueau est altérée et changée :
ce qui est conneu par les imaginations
et songes terribles et espouuentables,
et par la difficulté du sentimen t et
mouuement qu’ont les malades : la
corruption de la vitale est aussi con-
neuë par la voix, et difficulté d’ha¬
leine, et puanteur d'icelle, et par le
pouls tardif et depraué ; le vice de la
naturelle se comioist, par ce que le
foye ne fait sa sanguification , et par
les excremens de tout le corps procé¬
dons du foye : parquoy nous pouuons
conclure que les trois membres prin¬
cipaux pâtissent en lalepre.
CHAPITRE XII.
DE l’AlIiE SEPARER I,ES LADRES DE LA
CONVERSATION ET COMPAGNIE DES
SAINS.
!S signes sus-
Or ayant conneu par les s ^
dits que quelqu’vn sera espris de le-
pre ja confirmée , et considérant le
danger qu’il y a de conuerser auec
telles gens, les magistrats lesdoiuent
faire séparer et enuoyer hors de la
compagnie des sains, d’autant que ce
mal est contagieux quasi comme la
peste, et que l’air amhiens ou enui-
ronnant, lequel nous inspirons et at¬
tirons en nos corps , peut estre
infecté de leur haleine, et de l’exha¬
lation des excremens qui sortent de
leurs vlceres : et l’homme sain con-
uersant auec eux l’attire, ce qu’ayant
fait, il luy altéré et infecte les esprits,
j et par conséquent les humeurs, dont
après les parties nobles sont saisies,
qui cause la lepre. Et pour ceste oc¬
casion, il est bon et necessaire de les
faire séparer, comme i’ay dit : ce qui
ne répugné point aux sainctes Ecritu¬
res. Car il est escrit que le Seigneur
fit séparer les lepreux hors de l’ost
desenfans d’Israël. Aussi aux leuites
est commandé le semblable ‘ : et est
ordonné pour les connoistre , qu’ils
ayent les vestemens deschirés, et la
teste nue, et soient couuerts d’vne
barbute, et appellés sales et ords •
mais auiourd'huy on leur baille des
cliqueties et vn baril, à fin qu’ilssoient
conneus du peuple.
Neantmoins ie conseille que lors
qu’on les voudra séparer, on le face
le plus doucement et amiablement
1
JVombre 5, — LeuU, 13. — A. P.
DE LA PEÎITE
qu’il sera possible, ayant mémoire ,
qu’ils sont semblables à nous : et où il
plairoil à Dieu, nous serions touchés
de semblable maladie, voire encor
plus griefue. Et les faut admonester
que combien qu’ils soient séparés du
monde, loulesfois ils sont aimés de
Dieu en portant patiemment leur
croix. Qu’il soit vray, lesus Christ
estant en ce monde a bien voulu
communiquer et verser auec les lé¬
preux, leur donnant santé corporelle
et spirituelle : car il est escrit qu’vn
lepreux s’inclina deuant lesus Christ,
disant ; Seigneur, si tu veux tu me
peux nettoyer : et lesus estendant sa
main le loucha, et luy dit : le le veux,
sois net : et incontinent la lepre fut
nettoyée. Outre plus est escrit que
lesus vne autrefois guerist dixladres C
CHAPITRE Xlll.
DE LA CVRE POVR CEVX QVI SONT |
PREPARES A LA LEPRE. ]
11 nous faut maintenant parler de
la cure, toutesfois seulement pour
ceux qui sont préparés à tomber en
tel desastre et disposition ; c’est qu’il
leur conuient euiler toutes choses qui
eschauffent et bruslent le sang, et
generalement contrarier à toutes cel¬
les que nous auons dites cy dessus
pou uoir procréer la lepre, et qu’ils
vsent de viandes qui engendrent bon
suc et aliment, lesquelles descrirons
cy après au régime de la peste : et
seront purgés, saignés, baignés, et
1 Mal. 6. — Luc. 5. — Marc. 1. — Luc. l7.
— A. P.
VEROLLE ET LEPllE. 28 1
cornetés selon l’aduis d’vn docte
Médecin, à fin de refrener l’intempe-
rature du foye, et par conséquent de
tout le corps.
Valescus de Tarente ‘ conseille
qu’on leur osle les testicules, dequoy
iesuis aussi d’aduis : car par l’incision
et amputation d’iceux, l’homme est
mué en température féminine, et par
ainsi en complexion froide et humide,
laquelle est contraire à la chaleur et
seicheresse de la lepre; partant le
foye est refroidi, et par conséquent
ne brusle les humeurs, qui sont cause
première d’icelle maladie.
Or quant à la cure de la lepre con¬
firmée, il n’y en a point, comme nous
auons dit , encor qu’on donne des
serpens à boire et à manger, et qu’on
saigne, ventouse, corneteetbaigneles
malades, ou qu’on vse de plusieurs et
diuers autres remedes. 11 est vray que
par ce moyen on peut pallier et re¬
pousser l’humeur au dedans, à fin
qu’ils ne soient conneus : ce que ie
ne voudrois conseiller de faire, de
peur qu’ils n’abusassent les femmes
et eussent conuersation auec les sains :
mais pour les faire AÛure plus longue¬
ment, ie leur conseilleray tousiours
qu’ils se facent chastrer pour les
raisons susdites, et aussi à fin qu’on
en puisse perdre plus facilement la
progéniture 2.
Maintenant nous parlerons som¬
mairement de la lepre dès Grecs.
1 Dans toutes les éditions on lit Falesien,
ce qui est une erreur. L’opinion citée et ap¬
prouvée par Paré appartient bien en effet à
Valescus.
2 Ici se terminaient le chapitre et le livre
dans les trois éditions de 1568, 1676 et 1679,
Le chapitre suivant est de 1686.
282
LE VINGT-DEVXIlïME LIVRE.
CHAPITRE XIV.
DE LA LEPRE DES GRECS, DICTE DV
VVLGAIRE MAL SAINCT MAIN, QVI EST
VNE RONGNE.
Rongne est vue aspérité du cuir, ou
vue vlceralion legere coniointe auec
vn prurit, causée d’vne pituite ni¬
treuse et sallée, et de melancholie
qui se pourrit sous le cuir ; et est tres-
difflcile à guarir.
Pour la curation, il faut estre purgé
et saigné, euiter toutes viandes de
haut goust qui enflamment le sang.
On baignera le malade par diuerses
fois, et l’on mettra dedans le bain
choses remollientes : et au partir du
bain tout le corps du malade sera
frotté de beurre frais, à fin de faire
tomber les croustes, et amollir l’aspe-
rilé du cuir. En après on retournera
au bain, et dans iceluy seront appli¬
qués plusieurs cornets auec scarifica¬
tions, pour euacuer le sang contenu
entre cuir et chair. Et quelques iours
après sera frotté le corps de l’onguent
qui s’ensuit.
Of. 0!el iuniperi g . ij.
Olei nucum g . j.
Olel tarlari albi g . j.
Vilrioli Romani, salis communis , sul-
phuris viui ana 3. iij.
Terebent. lotæ in succo limonura § . ij.
Lithargyri g. 6.
Ceræ modicum.
Fiat vnguentum.
Or ce médicament sera de plus
grande efficace, si on y adiouste deux
onces de vif-argent, et deux dragmes
de sublimé : et aura grande vertu,
appliqué après le bain. Car le bain
amollit et ouure les pores, et par con¬
séquent le fait pénétrer plus fort.
Autre.
Prenez racines d’enula campana g. iiij.
cuites en fort vinaigre , puis pilées, et
passées par l’estaminc : adioustez :
Soulphre vif g . fS.
Jus de limon g . ij.
Beurre frais g . iiij.
Et de ce soit fait onguent.
Si la rongne est rebelle à guarir, les
parties malades seront frottées de
l’onguent Enulatum cum Mercurio.
litre.
Prenez axongede porc g. iiij.
Soulphre vif g . j.
Sel subtilement puluerisé, terebenthine
lauée, vne once et demie.
Et de ce soit fait onguent.
CHAPITRE XV,
DES DARTRES*.
Les dartres sont aspérités du cuir,
comme petites enleueures auec gran¬
de dernangeaison, qui iettent vne ma¬
tière sereuse.
Pour les remedes topiques, Hippo¬
crates au liure De m or bis mulierum,
recommande le vinaigre où l’on aura
fait tremper de la pierre-ponce , ou
soulphre vif Pareillement l’huile de
fourment extraite sur vne enclume
auec vne pelle toute rouge : et en
frotter la dartre tant de fois que l’on
connoistra estre guarie. L’eau de su¬
blimé aura pareille vertu, ou l’eau
forte qui aura serui aux orféures.
Let article des Dartres se lit déjà en
1585; mais il faisait suite au chapitre précé¬
dent, bien qu’en étant tout-à-fail distinct
par son titre. C’est afin d’établir plus nette¬
ment cette distinction que j’en ai fait un
chapitre séparé.
LE VINGT-TROISIÈME LIVRE,
TBAITAWT
DES YENINS ET MORSVRE DES CHIENS ENRAGÉS,
ET AVTRES MORSVRES ET PIQVEYRES DE RESTES VENENEVSESi.
CHAPITRE I.
POVBQVOY l’aVTHEVB A ESCHIT DES
VENINS.
Cinq choses m’ont incité de colli¬
ger des anciens ce petit traité des ve¬
nins : dont la première est, à fin
d’instruire le ieune Chirurgien des
* Ce livre des Venins , que l’on pourrait
s’étonner de voir parmi lesOEiivres de Paré,
s’y rattachait cependant dès l’origine par
une connexion bien naturelle. Il avait paru
pour la première fois dans la grande édition
de 1675 sous ce titre :
LIVRE DÉS a'.OUSYRES
des chiens enragez ; ensemble des piquenres
et morsures de certaines besieS venimeuses
trouUees e» ce pays de France.
C’étaitdonc, d’après ce litre, unlivrepu-
rementchinirgical.et comme le complément
de son livre des Plages d’harquebuses (Voyez
tome II, pages 189 et 193). On en jugera
bien mieux encore par la table des 24 cha¬
pitres dont il était alors composé ; j’indique¬
rai en même temps leur correspondance
avec ceux du livre actuel.
Chap. 1. — Des venins en general, La rédac¬
tion en a été complètement changée; il ré-
remedes qu’il doit vser pour promp¬
tement suruenir aux affligés , atten¬
dant le secours du docte Médecin. La
seconde, à fin qu’il puisse auoirvraye
et exacte connoissance de ceux qui
poiirroient estre empoisonnés , pour
fidèlement en faire rapport à iusli-
ce , lors qu’il en sera requis. La troi¬
sième aussi, à fin que ceux qui sont
pond en partie aux chapitres 1, 5 et 11 du
livre actuel.
Chap. II. — Du venin naturel. — Fait aujour¬
d’hui le chap. 12.
ChaP. III. — Des testes venimeuses. — Au¬
jourd’hui ie chap. 13.
Chap. iv. — De la cure vniüerselle des mor¬
sures ou piqueures venimeuses. — Devenu
le chap. 14.
CiiAP. V. — Tm cause pourquoy les chiens de-
uiennentpiusiostenragezque les autres testes.
Chap. vi. — Signes pour cognoistre vn chien
estre enragé,
Chap. vu. — Fes signes pour cognoistre vn
homme auoir esté mordu d’vn chien enragé.
Chap. vai. — Des accidens de la morsure
d’vn chien enragé.
CiiAP. IX. — Pronostic de la morsure d’vn
chien enragé.
Chap. x. — Cure de la morsure d’vu chien en¬
ragé.
Chap. xi. — ■ De la cure de i’hydrophotis. —
Îl84 I-E VINGT-TRO;
residensaiixchampsjcommelesnobles
et peres de familles, ayans mes œu-
ures, puissent secourir leurs panures
suiels, où ils seroient piqués ou ràor-
dus des bestes venimeuses, ou des
chiens enragés, et autres bestes La
quatrième, à fin que chacun se puisse
preseruer d’estre empoisonné , et sur-
uenir aux accidens. La cinquième est
Ces six chapitres en font sept dans cette
édition, placés dans le même ordre, du
chap. 16 au chap. 22 inclusivement.
Ch AP. xn. — Question si on peut manger des
Ôestes qui se nourrissent de bestes venimeu¬
ses , sans aucun danger. — Correspond au
chap. 4.
Chap. xiii. — De la morsure et piqueure
d’aucunes bestes venimeuses, et principale¬
ment de la vipere. — Devenu le chap. 23.
Chap. xiv. — Delà morsure des aspics.
Chap. xv. — Delà morsure des couleuures.
Chap. xvi. — De la morsure du crapaut.
Chap. xvii. — De la piqueure du scorpion.
Chap. xviii. — De la morsure et piqueure des
mouches.
Chap. xix. — De la morsure des chenilles.
Chap. xx. — De la morsure des araignes.
Chap. xxi. — Du venin des mouches canthari¬
des,
Chap, xxii. — Dit venin de la mouche bupreste.
Chap. xxiu. — Du venin de la sangsue. —
Ces dix chapitres se suivent actuellement
dans le même ordre, mais réduits au
nombre de neuf par la réunion de deux
en un, du 30= au 38' chapitre.
Chap. xxiv. — De la piqueure d'vne viue. —
Devenu le 40' chapitre du livre actuel.
En 1579, le livre changea dé titre et de
plan tout à la fois; il comptait 48cl)apitres,
le double de l’édition précédente, et traitait
de tous les poisons , animaux , végétaux et
minéraux. Dés lors il devenait essentielle¬
ment médical, ce qui justifie la place que
nous lui avons donnée.
En 1586, il s’augmenta bien autrement
encore, et alla jusqu’à 65 chapitres en vertu
deradjonctiondesseizechapitresduDiscours
de la licorne. Cet énorme appendice le fai-
Sll^ME LIVRE ,
le désir quei’ay tousiours eu et auray
toute ma vie , de seruir à Dieu et au
public, auec protestation douant
Dieu de ne vouloir enseigner à mal¬
faire, comme aucuns mal-vueillans
me pourroient taxer : ains ie desire-
rois que les inuenteurs des poisons
fussent auortés au ventre de leurs
meres».
sait manquer à son plan et à son titre ; il m’a
paru convenable de m’en tenir à la distri¬
bution de 1579 , et de reproduire à part le
Discours de la licorne, ce qui me permettra
surtout de donner la curieuse préface de ce
Discours, publié, comme il a été dit, en 1682.
Le premier livre devait beaucoup à Gré-
vin, comme Paré en convenait lui-même
(Voyez la note suivante). Le livre nouveau
ne lui doit pas moins; mais de plus Paré a
emprunté un peu partout, et notamment il
a pris un chapitre à Thierry de Héry.
Il convient d’ajouter qu’il avait fait gra¬
ver sur bois, pour l’ornement de ce livre, les
figures du serpent coule-sang , du pourris-
seur, du basilic , de la salamandre , de la tor¬
pille, de la tareronde, du Mure marin, et
enfin de Y aconit. Ces figures , assez médio¬
cres, étaient tout au moins inutiles; je ne
me suis pas fait scrupule de les supprimer.
^ Dans l’édition de 1575, Paré commen¬
çait aussi son premier chapitre en exposant,
comme il le dit en marge, Y intention del’au-
theur-, voici ce passage, qu’il sera curieux de
comparer avec le texte actuel :
« Il m’a semblé estre bon d’escrire som¬
mairement au ieune Chirurgien de la mor¬
sure et piqueure des bestes venimeuses , et
principalement de celles qui sont communes
en ce pais, comme de chiens enragez, vipè¬
res, aspics, couleuures, crapaux, scorpions,
araignes, chenilles, mousches à miel , fres-
lons, guespes et talions, à fin qu’il soit in¬
struit à cognoistre la différence de la mali¬
gnité qui est en leur venin, et par conséquent
il y puisse mieux approprier les remedes
quand il en sera besoin. Lesquels remedes
i’ay recueillis de plusieurs autheurs, et rnes-
mes de laques Greuln , docteur regent en
DES VEiNlNS.
Pour donc entrer en matière , nous j
commencerons par la diuision des j
venins en general , puis nous pour-
suiurons vne chacune espece en par
ticulier. Et dirons premièrement,
que venin ou poison est vne chose ,
laquelle estant entrée ou appliquée au
corps humain , a la vertu de le com¬
battre et vaincre , tout ainsi que le
corps est victorieux de la nourriture
qu’il prend iournellement: qui se fait
par qualités manifestes , ou par pro¬
priétés occultes et sécrétés. Le con¬
ciliateur au liure qu’il a fait des Ve¬
nins^ dit que tout venin pris dedans
le corps , de toutes ses propriétés est
du tout contraire à la viande de la¬
quelle nous sommes nourris. Car
comme la viande se conuertit en
sang, et rend toutes les parties sem¬
blables aux membres , lesquels princi¬
palement elle nourrit , se mettant au
lieu de ce qui continuellement s’es-
coule de nostre corps , se résout et
consomme : aussi le venin tout au
contraire transmue le corps et les
membres qu’il touche en vne nature
particulière et venimeuse. Donc ne
plus ny moins que tous animaux et
tous fruits que la terre produit, se
pouuansconuertiren aliment, si nous
les mangeons , se tournent en nour¬
riture : aussi à l’opposite les choses
venimeuses prises dedans le corps,
rendent tous les membres de nostre
corps venimeux. Car comme tout
agent est plus fort que le patient :
aussi le venin par saplusgrande force
la faculté de medecine , qui en a escrit vn
liure. »
Voyez ce que j’ai dit de Grévin dans mon
Introduction, page cccxxxin.
‘ Le conciliateur, Pierre de Abano, souvent
désigné sous ce nom, et qu’on trouvera plu¬
sieurs fois cité dans le courant de ce livre.
surmonte notre substance , et la con
uertit en sa nature venimeuse : par
mesme raison que le feu par sa tres-
grande chaleur conuertit soudaine¬
ment la paille à soy et la consomme.
Et pource les anciens grands inquisi¬
teurs des choses naturelles ont dit ,
que le venin tue les hommes d’autant
qu’il corrompt la température et
complexion de leurs corps.
Or tous venins et poisons procè¬
dent de l’air corrompu ou des fou¬
dres et tonnerres et leurs esclairs : ou
du naturel des bestes , plantes et mi¬
néraux : ou par artifice et sublima¬
tions des rneschans, traistres, empoi¬
sonneurs et parfumeurs, desquelles
choses se prennent les différences.
Car tous venins ne font pas leurs ef¬
fets d’vne mesme sorte , et ne prece¬
dent lesdits effets d’vne mesme cause :
car aucuns opèrent par l’excès des
qualités élémentaires desquelles ils
sont composés : autres opèrent par
leur propriété spécifique ou secrete :
dont aucuns tuent plustost, les autres
plus tard L Aussi tous venins ne cher-
1 Le premier chapitre de l’édition de 1576
disait déjà quelque chose de semblable j
mais à la suite du passage reproduit dans
la note de la page précédente, on lisait :
« Or toutes les bestes dessus dites sont
plus ou moins veneneuses, selon la quan¬
tité ou qualité de la malignité de leur venin.
Et pourtant il y a différence en la longueur
oubrieuetédu temps, auquel elles font leurs
accidents. Outre plus faut entendre, qu’il y
a diuersité és operations des venins artifi¬
ciels , d’autant que aucuns agissent par vne
qualité manifeste, comme chaleur, froidure,
secheresse et humidité, autres par vne pro¬
priété spécifique, laquelle ne peut estre
cogneue que par seule expérience. »
Immédiatement après, il passait aux si¬
gnes des venins chauds, froids, etc., que
nous retrouverons au chapitre 5.
200 LE VINGT-TROISIEME LIVRE
chent premièrement le cœur pour
luy nuire, mais nuisent à certains
membres ; comme l’on voit les can¬
tharides qui offensent la vessie, la ci¬
guë le cerueau , le liëure marin les
poulinons , la torpille qui engourdit
et stupéfié les mains de ceux qui tou¬
chent seulement les rets où elle est
prise Autres blessent autres parties,
puis après le cœur : comme l’on voit
les médecines qui confortent le cœur,
comme le safran , autres le cerueau ,
comme le stecas , autres l’estomach ,
comme la canelle, autres autres par¬
ties. Il y a aussi des venins qui opè¬
rent par qualités manifestes et par
qualités spécifiques tout ensemble ,
comme l’euphorbe , lequel iaçoit-que
par sa force venimeuse qu’il a de l’ex¬
cès de sa chaleur , il infecte toulesfois
aussi par son autre force , qui procédé
de sa vertu spécifique : ce qui se con-
noist par le theriaque, la propre
vertu duquel est de surmonter toutes
poisons qui opèrent de leur vertu
occulte , lequel est de très-grand effi¬
cace contre l’euphorbe. Que si ledit
euphorbe nuisoil de sa seule excessiue
qualité, tant s’en faut que le théria¬
que qui est de soy fort chaud , luy
fust contraire , que plustost U entre-
tiendroit sa force et nuisance , ce
qu’il ne fait.
Les venins qui opèrent par leur
vertu spécifique, ne le font pas
parce qu’ils sont chauds , froids, secs,
ou d’humidité excessiue : mais c’est
parce qu’ils ont ce naturel particu¬
lier des intluencescelestes, contraires
à la nature humaine. Pource tels ve¬
nins pris en bien petite quantité sont
neantmoins d’vne force si maligne et
tant cruelle , quequelquesfoisen vne
heure ou moins ils tuent.
Les venins ne tuent pas seulement
pris par la bouche, mais aussi appli¬
qués extérieurement. Semblablement
les bestes ne tuent pas seulemenl par
leurs morsures ou piqueures ou cs-
gratigneures : mais aussi par leur
baue , regard , ou par le seul attou¬
chement , ou par leur haleine , ou par
manger et Loire de leur sang , ou par
leur cry et sifflement, ou parleurs
excremens L
CHAPITRE IL
QVESTION.
Comme se peut faire que le poison
baillé en petite quantité, ou la pi-
queure d’vne beste venimeuse , mons¬
tre ses effets en si peu d’heures par
toutes les actions du corps, tant ani¬
males que vitales et naturelles, fait en •
fier tout le corps comme vne beste
que l’on veut escorcher qu’on aura
soufflée? Et comment aussi se peut
faire que la contre -poison puisse
rabbattre vne telle vertu : attendu
qu’il est impossible qu’vne petite por¬
tion de liqueur se transporte à tant de
parties?
Galien dit que la substance du poi¬
son et contre-poison n’est point distri¬
buée par le corps , mais seulement la
qualité d’iceluy .Toutesfois les Philoso¬
phes tiennent que nulle qualité ne peut
estre sans corps. Nous dirons que ces
qualités sont tellement distribuées
par tout le corps , qu’il n’est pas ne¬
cessaire que la petite portion du poi¬
son soit partie en tant et tant de
parts ( car il seroit impossible ) mais
il faut entendre que quant et-quant
1 Cette dernière phrase est textuellement
répétée au chap. 9, sans en être plus vraie
DES VENINS. 287
que ce peu de poison est entré de- Théophraste dit , que neantmoins
dans le corps , le venin gaigne et con- qu’il y a des venins qui tuent plustost,
uertit en sa propre substance ce qui autres plus tard, toutesfois qu’il est
de prime face luy vient au douant, soit impossible de pouuoir donner vn ter-
le sang qui est és veines et arteres, me preflx, comme aucuns pensent,
soit du phlegme dedans l’eslomach , Car ce que les venins tuent ou plus-
et autres humeurs , ou és boyaux, tost ou plus tard , il ne procédé selon
dont puis après s’aide à gaigner le les Médecins de leur propre naturel
reste du corps ; ainsi qu’vn capitaine et force, mais de ce que la nature de
voulant liurer vne ville entre les celuy qui l’aura pris résisté plus ou
mains d’vn ennemi , tasche d’attirer moins ausdits venins , ce que l’expe-
le plus d’hommes qu’il peut pour se rience monstre ; car il est certain
seruir au iüur donné Le poison donc- qu’vn mesme venin d’vn mesme poids
ques par ce moyen que i’ay dit, com- et mesme quantité , baillé à diuerses
mence à s’espandre par les veines, personnes de diuerses natures ,
arteres et nerfs , et ainsi se commu- tuera les vns dedans vne heure,
nique au foye , au cœur et au cerueau,
mesme conuertit en sa nature tout
le reste du corps. Et quant est
de contre poison , pour autant qu’il
est pris en assez grande quantité,
estant entré dedans l’estomach ,
où il s’eschauffe, il esleue des va¬
peurs lesquelles , esparses par tout le
corps, combattent par leurs vertus
la force du venin. C’est pourquoy le
contre-poison pris en trop petite
quantité ne peut vaincre le poison, à
cause que les vapeurs ne sont suffi¬
santes pour estre enuoyées en tant
d’endroits, et partant il faut que le
contre-poison soit plus fort que le
poison , à fin de surmonter et vaincre
le venin du poison.
CHAPITRE III.
AVTRE QVESTION.
A sçauoir,s’il est possible de donner
des poisons qui lacent mourir les
hommes à certain temps prefix ,
comme d’vn mois, plus ou moins?
les autres dedans quatre, autres
dedans vn iour, et à d’aucuns ne
portera grande nuisance. Ce qu’on ex¬
périmente tous les iours aux médeci¬
nes laxatiues : car si diuerses person-
ne&prennent vne mesme medecine de
mesme poids , quantité et qualité , en
aucuns elle monslrera subit son effet,
en aucuns tard : en aucuns fera
bien petite operation, en d’autres tres-
grande , és autres point du tout : en
aucuns purgera sans fascherie ,
en autres auee grand trauail et
douleur : ce qui ne procédé d’autre
cause que de la diuerse et dissembla¬
ble température des malades, laquelle
ne se peut si parfaitement connoislre,
qu'on puisse sçauoir iusques à quand
la chaleur naturelle ait puissance de
résister au venin. Il procédé aussi de
ce qu’aucuns ont les arteres larges ou
fort serrées. Car le venin ayant trouué
les chemins et conduits larges , non
seulement il pénétré legerement,
mais aussi aisément il passe auec
l’air , qui continuellement entre en
nostre corps pour flabeller et refri-
1 gerer le cœur.
288 LÈ VINGT-TROISlPlME LIVRË,
CHAPITRE IV.
A SÇAVOIR SI LES ANIMAVX VIVANS DES
BESTES VENIMEVSES , SONT VENI-
MEVX, ET SI ON EN PEVT MANGER SANS
DANGER*.
Les canars, les cicoignes, les lie¬
rons , les paons , les cocqs d’Inde et
autres poullailles mangent et viuent
de crapaux , viperes, aspics, couleu-
ures, scorpions, araignes , chenilles,
et autres bestes venimeuses. Sçauoir,
si tels animaux ayans mangé telles
bestes , puis mangés des hommes , les
peuusnt infecter et empoisonner?
Mathiole dit, que tous les moder¬
nes qui ontescritdes venins tiennent
asfeurément que tels animaux man¬
gés ne peuuent aucunement nuire :
au contraire nourrissent le corps ne
plus ne moins que les autres qui n’au¬
ront mangé telles viandes venimeu¬
ses, parce que ces animaux conuer-
tissent en leur nature leurs viandes
venimeuses. Laquelle raison et opi¬
nion , encore qu’elle aye grande ap¬
parence, que ce venin se digéré et se
conuertisse en la substance de ces
animaux qui en viuent ordinaire¬
ment : toutesfois ie croy qu’il ne s’en¬
suit pas que la chair faite de tel ali¬
ment venimeux, mangée des hom¬
mes , ne porte quelque nuisance , et
croy que si on en mangeoit souuent ,
elle pourroit causer plusieurs mala¬
dies, et en fin la mort. Fay pour tes-
I Ce chapitre répond essentiellement au
chap. 4 de l’édition de 1575, mais la rédac¬
tion en a été presque entièrement retondue.
Toutefois, comme ces changements ne por¬
tent guère que sur la forme, je noterai seu¬
lement ceux qui affectent davantage le sens
et la doctrine.
moins Dioscoride et Galien , qui us-
seurentlelaict, qui n’est autre chose
que le sang deux fois cuit , tiré des
bestes qui paissent la scamonée , l’el-
lebore ou le lithymal, estre merueil-
leusement laxatif, si on en boit
Pareillement on voit, quand les Mé¬
decins veulent purger vn enfant es¬
tant encore à la mamelle, donnent
des médecines laxatiues aux nourri¬
ces, pour rendre leur laict médica¬
menteux et purgatif. Ce que i’ay veu
de recente mémoire , qu’vne nourrice
malade , les Médecins luy ayans or¬
donné vne medecine laxatiue , et l’en¬
fant l’ayant après telée auoir le cours
de ventre, et estoit-on bien empesché
de l’arrester , et fut-on contraint luy
bailler vne autre nourrice, attendant
le temps que la medecine eust du tout
fait son operation
* Ce paragraphe se présente assez diffé¬
remment dans l’édition de 1575. D’abord
Paré ne citait pas Matthiole; il disait sim¬
plement : aucuns tiennent qu’elles ne peuuent
aucunement nuire ; puis il ne mettait pas en
avant son opinion personnelle , et il se con¬
tentait de dire : Les autres tiennentle con¬
traire. Enfin il ajoutait, pour terminer le
paragraphe :
« ... En quoy on peut cognoistre, que les
plantes laxatiues et venimeuses ne perdent
leur vertu laxatiue, ny leur venin, encore
qu’elles soyent cuites, et bien digérées. Cela
se voit és griues , qui mangent et se repais¬
sent de geneure : leur chair sent vn goust de
geneure, etc. »
Cet exemple, de même que ceux qu’il ci¬
tait à la suite, se retrouvera un peu plus
loin dans le texte actuel.
2 Ce paragraphe est de la rédaction nou¬
velle de 1579. Tout ce que l’ancienne édi¬
tion portait à ce sujet consiste dans le pas¬
sage que voici :
« Plus on voit pareillement, que le iour
qu’vne nourrice aura pris vne medecine
laxatiue, l’enfant tétant son laict subit, le
DÈS VEMNS.
D’auantage on voit les grîues ayans
mangé de la graine de genéure, que
leur chair s’en ressent. Aussi les poul-
lailles ayans mangé de l’aluyne, leur
chair est amere, et s’ils ont mangé
des ails, le sentent semblablement.
Les moruës et autres poissons, ayans
esté prins auec les ails, ils sentent si
fort que plusieurs n’en peuuent man¬
ger : neanlmoins qu’on les salle, fri-
casse, ou qu’on les face boüillir, re¬
tiennent tousiours l’odeur et saueur
des ails. Aussi les connins ayans esté
nourris de pouliot et de genéure, leur
chair s’en ressent, retenant l’odeur et
goust plaisant. Au contraire, s’ils sont
nourris de choux et de sang de bœuf
(comme on fait à Paris), difficilement
on en peut manger, à cause qu’ils re¬
tiennent le goust de choux. le diray
encore d’auantage, que les Médecins
commandent de nourrir les chéures,
vaches et asnesses d’herbes propres,
quand ils veulent faire boire leur laict
aux etiques, ou à d’autres malades * :
ce que Galien» dit, qu’il n’ignore
point que les chairs des animaux
.sont altérées et fumées par la viande
et nourriture qu’ils prennent.
Or pour le dire en un mot , ie suis
d’aduis qu’on ne mange de tels ani¬
maux qui auront deuoré les bestes
venimeuses, si n'estoit long temps
après, et que premièrement le venin
ventre se laschera , voire quelquesfois si
fort, que l’on est contraint changer de
nourrice pour allaicler l’enfant, de peur qu’il
n’eust trop grand flux de ventre , qui luy
pourrait nuire et le faire mourir, iusques
à ce que son laid soit retourné en son na¬
turel. »
» L’édition de 1576 disait ipour bailler aux
phtisiques , ou à autres malades qui en ont be-
soing ; et la citation de Galien n’a été ajou¬
tée qu’en 1579.
* Liu, 2. des simples. — A. P.
IIÎ-
289
n’eust esté labouré et digéré, et trans¬
mué en autre qualité par le bénéfice
de la chaleur naturelle des animaux
qui les auroient mangées * : car on
voit des morts subites aduenir,dont la
cause est inconneuë aux hommes, qui
peut estre pour auoir mangé de telles
bestes, dont l’vnpeut eschapper, et
l'autre mourir. Cela se fait pour la
préparation et disposition des corps
qui reçoiuent et répugnent au venin.
CHAPITRE V.
LES SIGNES DES VENINS EN GENERAL.
Nous dirons les signes des venins
en general , puis nous poursuiurons
vne chacune espece en particulier.
Nous connoissons vn homme estre
‘ Ce paragraphe était fort différent dans
l’édition primitive; on y lisait :
« D’abondant nous auons dit , que les an¬
ciens tiennent comme vne chose résolue,
que les bestes venimeuses, qui mangent les
autres bestes venimeuses, que leurs morsu-
sures ou plqueures sont plus dangereuses,
que de celles qui ne les mangent : aussi que
la chair des bestes qui ont esté tuees par
les bestes venimeuses ou enragees, ou ont
esté frappées de fouldre , est venimeuse :
tout ainsi que nous auons ditcy dessus d’vne
nourrice ayant pris vne medecine laxatiue,
pendant qu’elle opéré, si elle donne à teter
à son enfant , luy causera vn flux de ventre
iusques à le faire mourir. Semblablement le
chapon , le canard, ou autre volaille ayant
mangé vn crapaut, ou vipere, ou autre besle
venimeuse , peuuent donner détriment à
ceux qui en mangeront, si premièrement
n’est bien digeree, alteree, et changée de sa
nature par la chaleur et alteration d’icelle
I volaille : parquoy faut désister d’en manger.
On voit souuent des morts subites aduc-
nir, etc. »
19
le VINGT-TROtSIÉME LIVRE,
Q9O
empoisonné par quelque façon que ce
soit, quand il se plaint d’une grande
pesanteur de tout le corps, qui fait
qu’il se despîaist en soy-mesme :
quand de l’eslotnach il luy monte
quelque goust horrible à la bouche,
tout autre que les viandes communes
ne font , quelques mauuaises qu’elles
soient ; quand la couleur de la face
se change , maintenant liuide, tan-
tost citrine, et de toute autre couleur
estrange et difforme : quand il sent
nausée et volonté de vomir : quand
il a inquiétude de tout le corps , et
qu’il luy semble que tout tourne
sens dessus dessous.
Nous connoissons ledit venin prins
agir de toute sa substance et pro¬
priété occulte , quand sans apparence
de grande et insigne chaleur, ou froi¬
deur, le malade tombe souuent en
défaillance de cœur, auec vne sueur
froide, à raison que tel venin n'a
point pour obiect aucune certaine
partie, contre laquelle de certaine
affection et quasi comme par choix
elle agisse , comme font les cantha¬
rides contre la vessie , et le liéure
marin contre les poulmons. Mais
comme ce venin agit de toute sa sub¬
stance et forme secrete : ainsi à
guerre ouuerte il oppugne la forme
et essence de la vie , qui gist en la fa- j
culté vitale , qui est au cœur,
A présent nous faut déclarer par¬
ticulièrement les signes des venins
qui opèrent par leurs qualités pre¬
mières et manifestes.
Les venins ou poisons qui opèrent
par leurs qualités manifestes, causent
leurs propres accidens , desquels ils
monstrent leurs signes apparens. Car
ceux qui ont vne chaleur exeessiue ,
subit ils enttamment la langue et le
gosier, l’estomach , les intestins , et
généralement toutes les parties inté¬
rieures, auec grande alteration et
inquiétude, et sueur conlimielle. Et
si auec leur chaleur excessiueHls ont
vne force corrosiue et putrefactiue ,
comme l’arsenic, le sublimé, reagal,
verd de gris, l’orpiment, et autres
semblables, ils causent en l’estomach
et ault boyaux des ponctions into¬
lérables et grandes ventosités, les¬
quelles on oit souuent bruire dedans
le ventre , et ont vne soif intolérable.
Après ces accidsCps suruiennent sou¬
uent vomissemens auec sueurs , tan-
tost chaudes tantost froides, et dé¬
faillance de vertus , puis la mort h
1 La séméiotique des veains chauds ,
froids, secs, et humides, avait déjà été don¬
née dans le premier chapitre de J575, et
ceux des venins chauds et froids dans le li¬
vre des Playes d’ harquebuses dç 1545. Ces
descriptions ne sont pas contraires sans
doute, mais elles sont assez différentes pour
demander à être comparées. Nous avons
donné ailleurs le texte de 1645, légèrement
corrigé en 1564 ( voyez tome II , page 193) ;
voici maintenant le texte de 16T5 «
« Signes que le venin est chaud.
« Cela est cogneu par les accidents qu’il
cause , à sçauoir douleur mordante, corro¬
sion, inflammation , fleure, grande altera¬
tion, delire, resolution de la chaleur natu¬
relle, rougeur et tumeur aux yeux, auec
grandes inquiétudes : les patients ne peu-
uent dormir, et sont en perpétuelle sueqr,
qui vient par le combat et irauail de Nature,
et ont le pouls fort frequent.
» Signes que le venin est froid.
» C’est qu’il cause vn sommeil profond ,
de sorte qu’à grande peine on peut reueiller
les paliens : aussi ils ont horreur et tremble¬
ment de tout le corps, et ont l’entendement
troublé, en sorte qu’on diroit qu’ils seroyent
yures et fols : d’auanlage ils ont tout le
corps froid , et Icltent vne sueur froide :
aussi ont la couleur du visage liuide et
plombine : et leurs vomissement et cra-
DES VENINS.
Les venins qui sont d’vne excessiue
froideur causent aux malades vn
sommeil profond , que soutient on ne
les peut resueiller qu’à bien grande
peine : aueunesfois ils eslourdissent
le cerueau , que les malades sont con¬
traints faire plusieurs mouuemens
desordonnés, tant de la bouche que
des yeux, et des bras et iambes,
comme s'ils ftissent yures ouinsensés:
d’abondant 11 leur suruient vue
grande sueur froide , et ont la cou¬
leur du visage liuide et iaunastre,
et fort hideuse à voir : et ont tout le
chats sont fortYÎsqypHî, §(, )eprêAPg se con¬
gelé.
-» ^'ignês te vsnin^
» Les patiens ont vne aridité et seiche-
res^ § la jqngue e| au gpsier, auec vpe
soif intolérable , parceque le venjn se com¬
munique au corps par les veines, arteres, et
nerfs : dont il aduient qu'il desseicbe et
consomme i’humiditô substantifique , qui
fait retirer U euir et toutes les parties ner^
ueuses , ainsi qu’o» voit resserrer yn par.-
cherai» âmmt l§ fep : êp mma .de aw9y il
S’eiîswit ypg çpHsUpajlifln yeBfre? «t
conduits tant 4e l’yrine qqe de lâ sueyr, et
estâns est.Q«pfiz we perfîteHent que l’eau es-
cessiaeweQi bépë soit eoacpee : dont il
s’enspjt yne grande dçuleur par tout le
corpSj et en fin la mort,
dgs vgnm ImmîAm-
«Les malades ont vn continuel et profond
somipei}, et qu^isi est jnjpossible de les gar¬
der de dorjtnir : aussi ijs pnt vn grand flux
de ventre , qqec vn.e lassitude et resolution,
ou relaschement de tous les nerfs, mesme
qqe les yeux sortent quelquesfois hors de la
teste,
« Or voila les signes et indices vniuersels
des venins qui opèrent par qualilez mani¬
festes : lesquels si on volt qu’ils perseuerent
et augmentent , quelque chose qu’on y
puisse faifC; il faut faire présagé de la mort :
aussi au contraire, s’ils ditninuent, c’est si¬
gne de guarison. »
291
corps stupide et endormi , et s’ils ne
sont bien tost secourus, ils meurent.
Lesquels venins sont comme ciguë,
pauot, morelle , iusquiame, mandra¬
gore et autres semblables.
Les venins secs ont presque tous-
iours la chaleur pour compagne,
auec vne certaine humidité : car
neanlmoins que l’on die que le soul-
phre soit chaud et sec , toutesfois il a
vne humidité pour congreger sa
forme , comme toutes autres choses
composées requièrent : mais on donne
aux choses la qualité qui domine en
elles. Les venins secs rendent la
langue aride, et la gorge seiche,
auec vne soif non exlin guible, c’est
à dire , qui ne se peut appaiser. Le
ventre se resserre , et les autres par¬
ties intérieures , ainsi que le parche¬
min fait deuant le feu. A eeste cause
rvrine ne sort qu'à grande difflcullé,
tous les membres deuiennent secs et
retirés, et les malades ne peuuent
dormir : lesquels venins sont comme
litarge , ceruse , piastre, escaille d'ai-
pain , limeure de plomb , antimoine
préparé , et autres semblables.
Les venins humides causent vn
perpétuel sommeil , flux de ventre ,
puec relaschement de tous les nerfs
et loin turcs : tellement que quelques¬
fois les yeux sortent hors de la teste.
Il s’ensuit aussi souuent vne pourri¬
ture des mains , pieds , nez , oreilles,
et vne soif extreme pour la chaleur
/qui prouient de la grande pourriture,
puis la mort s’ensuit. Aucuns tien-
pent qu’il ne se trouue point de poi¬
son humide , parce qu’il est impossi¬
ble de trouuer d’humidités iusques au
quatrième degré. Toutesfois le con¬
traire se vérifié par l’exemple de ce-
fuy qui dormant de nuict fut mordu
d’vu serpent, ainsi que Githertus An-
gUcus recite : et mourant, son valet
LE VINGT-TKOISIÉMK LIVRE
29-2
au malin le tirant par le bras le pen¬
sant resueiller, toute la chair dudit
bras pourrie tomba, les os dcsnués
de chair : ce qui ne peut estre aduenu
que par l’excessiue humidité du venin
qui estoit aux dents et baue du ser¬
pent. Aussi Hippocrates a bien dit^
que la disposition de l’année estant
pluuieuse et humide , suielte au vent
de midy, il est aduenu par ceste hu¬
midité veneneuse et corrompue, qu’en
aucuns la chair des bras et des iam-
bes pourrie tomboit en pièces , et les
os demeuroient nuds et desnués d’i¬
celle ; non seulement à d’aucuns la
chair se trouuoit pourrie , mais aussi
la propre substance des os. D’où on
peut conclure qu’il y a des venins
d’vne humidité si éxcessiue, qu’ils
peuuent faire mourir les personnes
par l’entiere putréfaction des mem¬
bres : ce qu’on voit aduenir à la ve-
rolle, tant grosse que petite, et aux
charbons et anthrax pestiférés.
Et quand tels et pareils signes ap-
paroissent, il sera facile les combat¬
tre par leurs contraires , encore que
l’on ne connoisse le venin particuliè¬
rement.
Il n’y a point de signes certains des
venins qui opèrent par propriété spé¬
cifique ou occulte 2, parce qu’ils ont
ceste nature de l’influence du ciel ,
^Premier lia. des Temperamens. — A. P.
t «En 1552, Paré ne disait que quelques
mots de ces venins ; en 1 575, il avait un para¬
graphe assez différent du texte actuel. On
lisait ce passage après celui de la note de la
page précédente.
€ Signes des venins qui opèrent par propriété
occulte.
» Les signes que le venin opéré par vne
propriété occulte, c’est-à-dire , qualité non
manifeste, mais de toute leur substance, ne
se peuuent bien descrire , pour la diuersité
qui ne s’esmeut iamais à faire sa pro¬
pre action , sans que l’obiect de son
contraire se présente : et partant on
ne les connoist que par expérience ,
sans en pouuoir donner aucune rai¬
son , comme la torpille qui stupéfié le
bras de celuy qui la touche , le liéure
marin qui gaste les poulmons, les
cantharides qui blessent la vessie , la
piqueure de la viue qui cause gan¬
grené et autres accidens. Ce que nous
dirons cy après.
CHAPITRE VI.
l’opinion d’avcvns reprovvée.
Ceux errent grandement , qui di¬
sent que le venin desbestes venimeu¬
ses est froid , parce que ceux qui en
sont| mordus, ou piqués, subit de-
uiennent froids, et que les serpens
( comme craignans le froid quand
l’hyuer s’approche) se cachent és ca-
uernes sous terre, ou sous les pierres,
qui est le naturel dés viperes , où
quelquesfois on les trouue si surprises
de froid , qu’elles demeurent toutes
amorties et immobiles, comme si elles
estoient gelées. Or véritablement la
froideur de ceux qui en sont mordus
des accidens qui aduiennent : car tantost
les malades ont froid, tantost chaud, en
sorte qu’on voit grande diuersité des mou-
vemens de nature : aussi aucuns font mou¬
rir promptement, les autres lentement : qui
se fait pour la diuersité du venin , dequoy
on ne peut bien rendre raison. Les anciens
ont nommé vne vertu occulte , ou cachée ,
celle de laquelle nous ne pouuons rendre
les raisons naturelles , mais sont cogneues
par la seule expérience , laquelle ferme le
pas à toutes les raisons, depuis que légiti¬
mement elle apparoist. *
DES VENINS.
OU piqués, ne procédé pas de la froi¬
deur du venin : mais de ce que la
chaleur naturelle se relire des parties
extérieures aux intérieures, pour se¬
courir le cœur, et aussi qu’elle est
surmontée et esteinle par le venin. Et
ne faut conclure que tous serpens
soient froids, parce qu’on les trouue
en hyuer en leurs trous, tous comme
immobiles , et comme morts : cela ne
procédé sinon que leur chaleur na¬
turelle est retirée en leur ventre,
pour résister à l’air ambiens qui est
froid.
CHAPITRE VIL
POVR SE DONNER GARDE d’eSTRE
EMPOISONNÉ.
La maniéré de se donner garde
d'estre empoisonné est fort difficile :
car les meschans empoisonneurs et
parfumeurs, qui secrètement baillent
les poisons, conduisent leur trahison
et leur meschancetési finement, qu’ils
trompent les gens les plus experts et
de meilleur iugement qu’on sçauroit
trouuer. Car ils ostent l’amertume
des venins, et lesmeslent auec choses
douces : ainsi ils leur font perdre leur
mauuaise odeur par la mixtion des
choses odorantes et parfums. Aussi la
poison donnée auec saulses appétis¬
santes est fort dangereuse , d’autant
qu’elle .est auallée auidement, et
plus difficilement vomie.
Et partant ceux qui craignent d’estre
empoisonnés, comme souuent aduient
aux prélats et beneficiers pour auoir
leur despoüille, se doiuent garder
de toutes viandes appareillées ( par
gens suspects ) auec saulses qui sont
fort douces ou fort salées, ou aigres, et
Q93
généralement toutes celles qui sont
de haut goust. Pareillement estans
bien altérés, ne doiuent boire à
grands traits, ne manger goulûment :
mais bien considérer le goust de ce
qu’ils mangent et boiuenf. D’auan-
tage ils doiuent manger des choses
qui rompent toute la force du venin
deuant toutes viandes, et principale¬
ment vn boüillon gras fait de bon¬
nes viandes. Semblablement doiuent
prendre au matin vn peu de methri-
dat ou theriaque , auec vn peu de
conserue de roses , puis boire vn peu
de bon vin ou maluoisie, ou des fueil-
les derue, auecques vne noix et figues
seiches , qui est vn singulier remede.
Et où quelqu’vn auroit soupçon
d’auoir pris quelque poison par la
bouche , ne faut dormir en tel cas :
car la force du venin est quelquesfois
si grande et si forte ennemie de Na¬
ture , qu’elle execute son pouuoir, que
souuent elle monstre tel effet en nos
corps que fait le feu allumé en la
paille seiche. Car souuent aduient
que ceux qui sont empoisonnés , de¬
uant que pouuoir auoir secours des
Médecins et Chirurgiens, meurent.
Dont subit il se doit faire vomir en pre¬
nant de l'huile et eau chaude : en lieu
de l’huile on fera fondre du beurre,
et le prendre auec eau chaude , ou
décoction de graine de lin , ou fenu-
grec, ou quelque boüillon gras : car
telles choses font ietter le venin hors
par le vomissement : ioint qu’ils las-
chent le ventre , et par telles euacua-
tions le venin est vuidé hors , et son
acrimonie amortie. Ce qu’on voit par
expérience, que lors que nous vou¬
lons appliquer des cautères poten¬
tiels ou vésicatoires , si la partie est
ointe de choses huileuses , tels reme-
des acres ne pourront vlcerer la par¬
tie. D’auantage, le vomissement pro-
LE VmGT-ïftÔISlÉMli LIVRE,
piqiitîiiii'es ôti ësy;rât{gheurcs , pür rè-
fltè, hôfl seillêiïiePtparcé qu’îleüacué
lé venin : mais aussi que sbuüent il
ittanifesté, éu pat- l’oüeür, où par la
couleur, cèqüi aura esté prins: et
ainsi par tel nloyeti on pourra auoir
recéüfs aux remèdes conlrarians ail
veuiti.
Apl'éâ âUoir vomi , Si on à coiiiec-
tiiré quë la poison soit deséénduè aux
boyaux , on pourra Vser de clysteres
acres , pour euacuer ce qui pourvoit
esire demeurë et attaché contre les
intestins, Ët où le malade ne pour-
rolt vomir, il luy faut faire preudre
des purgatîofls propres , qui résistent
aux vetiiris , comme est Ëagaric , Ëa-
loes, iapeiite centaure, larheuharbe,
et autres choses ordonnées par le
docte Médecin. L'on doit tser puis
après de clysteres composés de casse,
de bouillon gras , auec suif de mou¬
ton ou beurre , oU îaict de vache ^ et
mucilages de lin, et psülij, ou de
coings , à itn que ta poison u^adhere
contre les boyaux , comme Ott à àc-
coustume donner aux dysenteries.
Par leur onctuosité et visqüosité,ils
amortissent Ëacrimonie du tenin qui
se peut adhérer contre les boyaux ,
et défendent les parties saines qu’el¬
les ne sentent la force an yenin.
Ils sont bons pareillemeht quand le
venin a vlcerë les parties intérieures.
Pour cêsle cause le laict beu en grande |
quantité , après ie vomissement , et
baillé par clysteres, est vu remede
tres-singuller , parce qu’il rompt la
force du venin , et sonnent le guarit.
îlfaülicÿ noter, qu’on doit toüsiours
commencer a tirer le venin par la
voye oü 11 aura entré. Comme, s’il a
este baillé par odeur, faut faire e§-
leruuer : si par le boire ou manger,
par vomissement : si par le slege, par
clysteres : si par le col de la matrice ,
par syringüer : si par morsures, ou.
medeS qui l’altirénl àu dehors, comme
nous dirons Cÿ après.
CTIAPltRE VIIL
DÈS bivÈRSiONS.
Les diuersions sont bonnes etneces-
Salres , à cause que non seulement
empeschent que le venin n’aille au
cœur, mais au contraire elles l’atti¬
rent du dedans au dehors : et partant
les ligatures fortes , faîtes aux bras ,
cuisses et iambes, sont bonnes. Aussi
les grandes ventbuSêS âiiec grande
flambe, appliquées sur plusieurs par¬
ties du corps. Pareillement le bain
d’eau chaude , auec des herbes con¬
traires aux venins, comme l’aurosne,
te cdlament , rue , bétoine , mou-
laine btanché, màirübiüm, pouliot,
laurier, le scOrdlum , l’âcbè, scâ-
bieuse, mentbé , vàlerlennë, ët autres
semblables. Âüssi les estuüës seiches,
et y faire suer longuement ië màlàdë,
prenant lousiOurs indication de sa
force et vertu.
Or si lé patient èst grand séighèUf ,
en lieu de bains ét estuUês , il sera
mis dedans le véhtre d’vn bœuf où
d’vne vache , ou d’vri cbëual oü mu¬
let , â fin de le faire suer, et attirer
par ce moyen le venin au dehors : ét
quand ils seront refroidis, il sera mis
dedans vn autre, et féra-on lOütés
autres chosés necessaires ét requises
en tel cas, et tout par le cohsëü du
doclë Médecin , s’il se peüt troiiüer.
DES VEwmS.
CHAPITRE IX.
t)ES VENINS EN PARTICVLIER.
Après auoir discouru sommaire^-
ment des choses vniuerselles des ve¬
nins , maintenant il nous faut venir
aux particulières, commeuçaris à l’air,
puis aux morsures et piqueures et
esgratigneures des beStes venimeuses,
puis aux plantes et minéraux.
Les bestes venimeuses sont aspics,
crapaux, viperes, dragons, scorpions,
liéures marins, pastenaques , viues,
torpedes, araignées, cantharides, bu¬
prestes , chenilles de pin, sangsues, et
infinité d’autres. Or lesdites bestes ne
tuent pas seulement par leurs piqueu¬
res et morsures ou esgratigneures,
mais aussi par leur baue , baleine ,
escunie, regard, cry et sifflement,
veuë, et par leurs autres excremens.
Aussi celles qui sont mortes d’elles
mesmes, ou pour peste , ou fouldre ,
ou rage.
11 y a aussi des venins artificiels, et
si cruels, que si onenmetsur vneselle
de cheual, font mourir celuy qui aura
esté quelque temps dessus : et autres,
que si on en frotte les estriers, percent
les bottes de ceux qui ont les pieds
dedans* : desquels Venins les Turcs et
autres Barbares vsent souuent en
leurs fléchés et dards, pour faire mou¬
rir leurs ennemis, et les cerfs et au¬
tres bestes sauuages qui en sont
frappées : qui est vne chose difficile à
Croire , veu que le venin appliqué à
la selle et aux estriers n’a touché à la
chair nue : toutesfois cola se peut
faire ; car pour toucher les rets où
sera prias le poisson nommé Torpede,
* Mathiok. — A. P.
295
les mains demeurent stupides, et fait
mourir l’homme , comme auons dit
cy dessus. Ainsi le basilic par son seul
regard et par son cry fait mourir les
hommes , et tue toutes autres bestes
venimeuses qui sont prés où il fait
sa demeure. le diray d’auantage
que le meilleur vin est poison , parce
qu’il oste le sens et entendement , et
suffoque : et semblablement toutes
autres bonnes viandes, lorsqu’on en
prend en trop grande quantité.
CHAPITRE X.
DE LA CORRVPTION DE l’aIR.
L’air est venimeux et corrompu
par certaines vapeurs meslées auec
luy , comme par vne grande multi¬
tude de corps morts , non assez tost
enseuelis en la terre , comme d’hom¬
mes et chenaux , et autres faisans
vne vapeur putredineuse ; ce qui ad-
uient souuent après vne grande ba¬
taille, ou après vn grand tremblement
de terre : lequel sort dehors, qui auoit
esté retenu par long temps aux en¬
trailles de la terre , et par faute d’a-
uoîr esté esUenté, il a acquis vne
pourriture , laquelle est dispersée en
l’air, et la tirant en nos corps, il
nous empoisonne : comme par vne
seule inspiration d’vn pestiféré , on
prend la peste. Il y a encores d’au¬
tres causes de la corruption de l’air,
que nous dirons cy après au liure de
la pestùt
Il y a pareillement du venin on
l’air, qui accompagne les tonner¬
res, fouldres et esclairs, lequel tue
ceux qui en sont frappes, ou à grand
peine en peuuent ils reschapper, qui
se fait par vne certaine vénénosité
LE VINGT-TROISIÈME LIVRE,
Q96
sulphtirée, ce qu’on connoist aux
corps (pii en sont touchés. Et si les
hestes mangent celles qu’il aura tuées,
elles meurent et enragent. Et quant
au feu du fouldre , il est plus chaud
que nul autre feu, parquoy à hon
droit il est appellé le feu des feux : à
cause qu’il a vne chaleur tres-vehe-
naente et plus subtile que l’air ; ce
qui se voit, qu’il fond le fer d’vne
pique sans brusler le bois, ainsi fond
l’or et l’argent dedans vne bourse
sans l’endommager. Et partant il ne
se faut esmerueiller s’il fracasse, brise
et comminue les os à ceux qu’il
touche. Aussi l’esclair esteint et suf¬
foque la veuë à ceux qui le regardent.
Le tonnerre par son grand bruit et
tintamarre tue les enfans au ventre de
leurs meres. Ce qui se prouue par
Herodian en la vie des Empereurs K
Sur Martia, noble dame Romaine,
Tomba du ciel de la fouldre soudaine :
Sans que son corps fut blessé et attaint,
Son enfant fut dedans son corps estaint.
Pareillement rend les hommes
sourds, et fait plusieurs autres choses
grandes et admirables , qu’il est im¬
possible aux hommes d’en donner rai¬
son : et partant nous pouuons dire,
qu’aux fouldres et tonnerres il y a
quelque diuinité.Ce qui se peut prou-
uer par Dauid, psaume cent quatriè¬
me, qui dit:
Et fouldre et feu fort prompts à ton seruice.
Sont les sergents de ta haulte lustice.
L’air pareillement est enuenimé par
parfums et odeurs,el par l’artifice des
irahistres empoisonneurs et parfu-
1 Cette citation vient du Discours des ve¬
nins, imprimé en 1582 avec celui de la Li¬
corne.
meurs, lequel nous conuient attirer
pour la conseruation de nostre vie :
car sans luy ne pouuons viure. Or
nous l’attirons par l’attraction qui se
fait des poumons et des parties pecto¬
rales dediées à la respiration , et par
le nez és ventricules du cerueau : pa¬
reillement par la transpiration qui se
fait és petits pores ou pertuis insen¬
sibles de tout le corps, et aussi des ar¬
tères espandues au cuir : ce qui se
fait tant pour la génération de l’es¬
prit de vie, que pour refraichir et fer¬
menter nostre chaleur naturelle. A
ceste cause, s’il est enuenimé, il al¬
téré nos esprits, et corrompt aussi les
humeurs, et les conuerlit en sa qua¬
lité venimeuse, et infecte toutes les
parties nobles, et principalement le
cœur : et alors il se fait vn com¬
bat entre le venin et Nature , la¬
quelle, si elle est plus forte, par sa
vertu expulsiue les chasse dehors
par la sternutation et vomissemens,
sueurs et flux de ventre , ou par au¬
tres maniérés, comme par flux de sang
ou par les vrines. Au contraire si le
venin est plus fort. Nature demeure
vaincue, et par conséquent la mort
s’ensuit, auec griefs et diuers acci-
dens, selon la nature et qualité du
venin.
Or le venin prins par l’odeur est
merueilleusement subit, parce qu’il
n’a que faire d’aucun humeur qui luy
serbe de conduite pour entrer en nos¬
tre corps, et agir en iceluy': car la
vapeur estant subtile, est facilement
portée auec l’air que nous attirons et
expirons. Et si quelqu’vn me vouloit
obiecter que par vne torche ou cas-
sole on ne peut empoisonner, attendu
que le feu purifie et consomme le ve¬
nin, si aucun y en auoit : Response,
neantmoins que le feu soit espris en
vne allumette sulphurée, la flamme
Des VETVINS.
est Ires-puante, sentant le soulpbre :
semblablement le feu estant espris au
bois d’aloés ou genéure , ou en autre
bonne senteur, ne laisse à sentir vne
odeur plaisante et bonne.
Or si on veut voir l'experience, ie
mettray sus le bureau le pape Cle-
nsent, oncle de la royne mere du roy,
qui fut empoisonné de la vapeur
d’vne torcbe enuenimée. Matbiole sur
ce propos parlant des venins, dit,
qu’en la place de Senes il y auoit deux
charlatans tberiacleurs : l’vn des
deux auoit empoisonné vn œillet, le¬
quel il bailla à fleurer à son compa¬
gnon, et l’ayant senti, subit tomba
en terre roide mort. D’auantage, vn
quidam de recente mémoire ayant
odoré vne pomme de senteur enueni¬
mée, subit le visage luy enfla, et eut
vne grande vertigine , de façon qu’il
luy sembloit que tout tournast sens-
dessus -dessous, et perdit pour quel¬
que temps la parole et toute counois-
sance : etn’eust esté qu’il fut promp¬
tement secouru par sternutatoires et
autres choses, il fust allé auec le pape
Clément.
Le vray alexitere de ces parfums
enuenimés, c’est de non iamais les
odorer.et fuir tels parfumeurs comme
la peste, et les chasser hors du royau¬
me de France, et les enuoyer auec
les Turcs et infidèles.
CHAPITRE XL
PROGNOSTIC DES VENINS EN GENERAL *.
Il y a plusieurs sortes de venins,
aussi ils ont diuersilés d’accidens ; car
‘ Le premier chapitre de 1575 se termi¬
nait par un paragraphe intitulé : Da pro-
^97
il est impossible que tous accidensqui
suruiennent aux poisons suiuent à
vn certain poison : car autrement
c’eust esté chose superflue aux au-
theurs de traiter chacun poison à
part, et des reraedes particuliers de
chacun. Donc on ne trouuera point
qu’vn seul et mesme venin cause vne
excessiue chaleur d’eslomach, de ven¬
tre, de foye, vessie, reins, qu’il face ve¬
nir le hocquet, qu’il face trembler et
frissonner tout le corps, qu’il oste la
parolle, qu’il face conuulsion : qui
rende le pouls languide, qui empes-
che la respiration , qui rende la per¬
sonne toute endormie et assoupie, qui
cause vertigine ou tournement de
teste, qui esbloüisse la veuë, qui es-
trangle, qui altéré, qui face flux de
sang, qui cause la fléure, qui retienne
l’vrine, qui prouoque continuel vo¬
missement, qui face rougir le malade,
qui le rende liuide, pâlie, insensé, qui
le face ronfler et peter, perdre toute
force, et plusieurs autres accidens
que les venins particulièrement font.
gnostic. Le texte en est presque entièrement
différent du chapitre actuel ; le lecteur sera
à même d’en juger.
« Du prognosiic.
» Les venins chauds tuent plustostque les
froids, pource que la chaleur naturelle les
réduit plus promptement de puissance à
leur effect, qu’elle ne fait les froids : et par¬
tant les accidens sont plus grands ou moin¬
dres, selon la force et vehcmence du venin,
et la nature de la partie : toutesfois le pro¬
pre de tous venins en general est d’assail¬
lir le cœur comme principe de vie. Voila ce
qu’il me semble en somme de l’action des
venins artificiels : maintenant il nous con¬
vient parler du venin naturel des bestes
trouuees en ce pays de France. »
Ici donc finissait le chapitre ; le chapi¬
tre 2 répond comme il a été dit au chapitre
actuel.
LE VINGT-tROiSlÉME LIVRE
298
Et quand ces acoidens sucuiennent
aux empoisonnes, il est difficile de
bien connoistre quel est le vertili
qu’on aura pris. Il est vray qUO les
Venins chauds tuent pliislost que les
froids, parce que la chaleur naturelle
les réduit plus promptement de puis¬
sance à leur effect qu’elle ne fait les
froids K
Galien dit qu’il se peut engendrer
en nos corps vne substance appro¬
chant du venin 2, le dis que tel venin
est bien difficile estre conneu.
CHAPITRE XIL
CROOfiOStlC DV VENIN DES BÈSTES
Cornélius Celsus, et tous les an¬
ciens médecins tiennent que toutes
morsures et esgratigneures, piqueu-
res et baueides animaux, participent
de quelque mauuaise qualité, toutes-
fois les vues plus et les autres moinsw
Les plus sont celles qui sont faites de
bestes venimeuses, comme d’aspics,
viperes, couleuures et autres ser-
pens, basilic, dragon, crapaux, chien
enragé;, scorpion, araignes, mous- ^
ches à miel, guespes, et vne infinité
d’autres. Les moins venimeuses sont
celles qui sont faites d’autres ani¬
maux non venimeux, comme le che¬
nal, le singe, le chat, le chien non en¬
ragé, et plusieurs autres : lesquels,
encores qu’ils ne soyeüt venimeux ,
leurs morsures sont toutesfois plus
douloureuses et difficiles â güarlr que
‘ Le cliapitré iô terminait tel en le
resté a été ajouté en 158S.
‘■i Liure des'Jietix affectés, C. 5."^ — À. P.
« ce eiiapitre est presque littéralement le
même que le chapitre 2 du livre de 15?5,
qui portait pour titre : Du venin naturel.
les playes ordinaires fallos d’autres
causes : ce qui adulent parce qu’ils
ont en leur saliuc ou baue quelque
chose contraire à nosire nature, la¬
quelle induit vne mauuaise qualité
en rvlcero, la rendant plus doulou¬
reuse el rebelle aux remedes ; ce que
non seulement nous apperceuons en
telles morsures, maïs aussi aux esgra¬
tigneures des bestes qui ont des on¬
gles, comme les lions, les chats, et
autres.
Aucuns ne veulent excepter de
ceste condition de morsure celle des
hommes , affermans icelle participer
de quelque vénénosité, et principale¬
ment des rousseaux piquetés de mar¬
ques tannées, noires et autre couleur,
quMls Ont partout leur corps, et en¬
cores plus s’ils sont en colere. Quant
j à ceux qui ne sont de tel tempéra¬
ment, on peut tenir leur morsure
n’estre participante d’aucune vénéno¬
sité â raison de leur saline , laquelle
on voit par expérience estant appli¬
quée és petites vlceres, les guarir.
Parquoy la difficulté qui vient de gua¬
rir la morsure qu’aura fait vn homme
non roux, vient â raison de la meur-
trisseure qui se fait au moyen des
dents, qui sont mouces et non tren-
chantes, lesquelles ne peuuent entrer
dedans la chair sinon eh escachant et
contusant, comme se font les coups
orbes et les playes faites auec des
pierres ou basions, on autres sembla¬
bles, lesquelles on voit eslre plus dif¬
ficiles à guarir que celles qui sont fai¬
tes auec glaiues trenchans. •
Et pour retourner à nostre propos,
nous dirons qu’entre les bestes que
nous auons dit estre les plus venimeu¬
ses, il s’en trouue peu qui soyent de
lardiue operation : mais elles fout
communément mourir soudainement
ceux qui en sont mords ou piqués.
DÈS VËwms.
Sur qtioÿ Faut oBsèrUér qüë les veuins
iettés par les animaux vifs sont plus
forts et vlolehts que de ceux qui sont
morts, d’autant plus qu’ils ont vne
cbaieur naturelle qui leur sert de vé¬
hiculé pour les conduire au corps.
Aussi outre ce, la tenuité de la sub¬
stance fait que le verlîn eii est plus
hastif.
D’âuantage, il y a deS bCstes qui ont
le venin si dangereux, qü*il fait trioU-
rir vne personne en moins d*vhe
heure, comme sont lés aspics, basilic,
et crapaux. Les autres n’ont léUf
venin si furieuX, dônrians indücëS
deux ou trois ioürs, et qüélqüesfois
plus, dèuant que faire rnôürir la per¬
sonne, comme la couleüüre , et au¬
tres. Outre lesquelles il y en a qui
donnent encOreS plus long êSpâce de
vie, comme le scorpion et âraignes.
Bref, il y a certains vebins, lesquels
estans entrés ad corps dé l’bomme,
voire en petitë quantité , y opèrent
d’vné si grande violence et ptottaptl-
tude que fait le feu en là paille sei¬
che, tellement qiie Ton n’y peut re¬
médier par aucune mâhieié, à Cause
que la vertu du venin est plus grande
que le rernede n’ést loft : èt partant
alors il renuérsè, conuertit et trans¬
mue promptement les esprits et hu¬
meurs en son naturel. Car tout ainsi
que les viandes que libüs mangeons
se conüertissent en nostrë nature :
aussi au contraire, tels vehinS ëStatts
dedans nostre corps rendent tous les
membres infectés , non rnoins que
l'air pestilent estant recCu par vUe
seule inspiration d’vn homme pesti¬
féré. l)e Ceste m alignité ad uieU t qu’au- .
cuns ont vne grande inquiétude, et
meurent furieux et enragés : au con¬
traire, on en voit d’autres qui sont
fort assopiset endormis, et deuiennent
enflés comme bydropiques.
299
Outre ces choses faut entendre, que
le lieu et le temps auquel les bestes
venimeuses sont nourries, donnent
plus ou moins de vigueur à leur poi¬
son. Car celles qui sont nourries aux
montagnes et lieux secs, sont plus
dangereuses que celles qui sont nour¬
ries és lieux froids et marescageux.
Aussi toutes morsures de be.stes ve-
neneuses apportent plus de danger en
esté qu’en hyuer.
D’auantage , celles qui sont affa¬
mées, ou ont esté irritées, sont plus
dangereuses que les autres, et leur
venin est plus pernicieux à ieun ,
qu’ après qu’ils ont mangé. Pareille¬
ment les ieunes ^ et qui sont amou¬
reuses , C’est à dire en rut , sont plus
malignes que les vieilles, et que celles
qui ne Sont en rut, Aussi on tient que
le venin des femelles est plus dange¬
reux que celuy des masles. Plus les
piqueurcs et morsures des bestes ve¬
nimeuses qui mangent les autres bes¬
tes veneneuses (comme les couleuures
qui mangent les crapaux , et les vi¬
pères qui mangent les scorpions et
'araignes, et les cantharides et bu¬
prestes) sont beaucoup plus perni¬
cieuses que les autres qui n’en man¬
gent point.
Or l’impression subite , ou la résis¬
tance au venin, aduient le plus sou-
uent selon que le venin est de subtile
ou de grosse substance , ou que la
complexion et température de ceux
qui sont mords ou piqués, estj chaude
ou froide , forte ou debile. Car ceux
qui sont do température chaude, ont
leurs veines et arteres plus grosses et
dilatées, comme nous auons^ dit par
cy deuant, et par conséquent tous les
conduits du corps plus Üouuerts, qui
fait que le venin passeet entre promp¬
tement iusques au coeur : ce qui ne se
fait si subitement à ceux qui sont de
LF. VINGT-TROISIEME LIVRE,
CHAPITRE Xlll.
3oo
température froide , et qui ont les
veines et arteres plus serrées, et par
conséquent le venin ne pénétré si tost,
qui fait qu’ils meurent plus tard ;
non plus ne moins que nous voyons
aduenir souuentesfois par les méde¬
cines laxatiues qu’on donne aux ma¬
lades, que deux dragmes de rheu-
barbe feront plus à vn, que quatre à 1
vn autre, pour la diuersité des com-
plexions de ceux qui la prennent.
D’auantage, les venins ne peuuent
tant nuire à ceux qui ont mangé et
beu qu'à ceux qui sont à ieun, à
cause que par les alimens, les veines
et arteres et les conduits du corps
estans remplis, et les esprits fortifiés,
cela garde que le venin n’agist si fort
et promptement qu’il feroit si le ma¬
lade n’auoit mangé ny beu. Et voila
les raisons pourquoy ceux qui sont
mords ou piqués meurent plus tost
ou plus lard les vns que les autres,
ayans esté empoisonnés de bestes ve¬
nimeuses.
Or si le venin opéré par qualité oc¬
culte, le prognostic et la cure eh sont
fort difficiles : et alors faut auoir re--
cours aux alexiteres , qui ont aussi
vne propriété inconneuë, et principa¬
lement au Iberiaque , pource qu’en
sa composition il y entre des venins
chauds , froids , secs , et humides : et
pourtant il résisté à tous venins , et
principalement aux naturels, comme
des bestes , plantes et minéraux ; et
non aux artificiels, desquels à la
mienne volonté que iamais homme
n’eust mis la main à la plume pour en
escrire,et n’eussent iamais esté in-
uentés, à fin que nous n’eussions à
combattre que les naturels des bes-
les, pource qu'on s’en peut mieux
garder que de ceux qui sont faits par
la malice des traistres mechans bour¬
reaux empoisonneurs et parfumeurs.
eVRE DE LA MORSVRE ET VIQVEVRE
DES RESTES VENIMEVSES '.
Il faut promptement et sans delay
remédier à la morsure et piqueure
desbestes enragées et venimeuses, par
tous moyens qui consument le venin,
à fin qu’il n’entre dedans le corps,
et ne corrompe les parties nobles,
desquelles tout venin de son na¬
turel ne demande que la mort et
destruction. Et si par nonchalance
ou ignorance, les remedes propres
sont délaissés et intermis au commen¬
cement, certainement en vain seront
appliqués en autre temps , principa¬
lement si la matière venimeuse a
desia saisi les parties nobles.
Donc pour cominencer ceste cure,
les anciens nous proposent deux in¬
dications , à sçauoir , vacuation de
l’humeur virulent et venimeux , et
alteration d’iceluy. Or comme ainsi
soit qu’il y ait deux maniérés de va¬
cuation, à sçauoir, par voye vniuer-
selleou intérieure, et par particulière
ou extérieure, nous commencerons à
la particulière, declarans les remedes
topiques propres pour attirer et ab-
i battre le venin, combien que la com¬
mune opinion d’aucuns est qu’il faut
commencer aux choses vniuerselles :
ce qui me semble ne deuoir eslre au¬
cunement obserué és maladies ex¬
ternes, comme playes, fractures, luxa¬
tions, et aux morsures et piqueures
des bestes venimeuses, esquelles la
première chose que l’on doit faire,
1 Ce chapitre est presque entièrement co¬
pié du chapitre 3 de 1675; seulement ce¬
lui-ci avait simplement pour titre : Des
testes venimeuses.
DES VÊNIWS.
est de procéder incontinent aux to¬
piques : puis auoir esgard aux choses
'vniuerselles , comme régime, purga¬
tion, breuuages, saignée, et autres
telles choses , selon qu’il en sera be¬
soin. Parquoy en ceste maladie, la
première chose que l’on fera sera
d’appliquer promptement medica-
mens conuenables sur la morsure ou
piqueure : et sur tout est fort conue-
nable de lauer incontinent la playe
d’vrine ou d’eau salée, ou d’eau de
vie, ou en lieu d’icelles, de bon vin
ou vinaigre, et y dissoudre du thé¬
riaque le plus vieil qu’on pourra Irou-
uer, frottant assez rudement la par¬
tie : et faut que le lauement soit le
plus chaud que le malade pourra en¬
durer: puis le laisser dessus, et à
Tentourdela playe du charpy trempé
en icelle mistion.
Or aucuns tiennent qu’il ne faut
appliquer ledit lheriaque sur la mor¬
sure, pource (disent-ils) qu’il repousse
le venin au dedans : mais (sauf leur
reuerence) leur opinion est renuersée
par authorité , raison , et expérience,
comme ie diray en mon liure de la
Peste. Par authorité : Gallien au liure
des Commodités du thériaque ‘, com¬
mande en donner par dedans et par
dehors, pour les morsures et pi-
queuresvenimeuses, lesquelles (dit-il)
il guarit, si on en vse deuant que le ve¬
nin ail saisi les parties nobles. Par
raison , pource qu’en sa composition
il y entre de la chair de vipere , qui
est vn serpent venimeux , qui par sa
similitude attire le venin, ainsi que le
magnés attire le fer, et l’ambre le
fétu : et l’ayant attiré, les autres me-
dicamens qui entrent en sa composi-
1 La première édition posthume ajoute
 cette indication les mots : ad Pisonem, qui
ne se trouvent point dans les précédente^.
3oi
j tion resoluent et consument sa viru¬
lence et vénénosité : et estant pris
par dedans , il defend le cœur et au¬
tres parties nobles, et fortifie les es¬
prits. Quant à l’experience, ie puis
asseurer auoir pensé plusieurs ayans
esté mords et piqués de bestes veni¬
meuses , qui par le bénéfice du thé¬
riaque ont tous receu guarison,pour-
ueu que (comme i’ay auerti cy
dessus ) on les ait traités auparauant
que le venin eust saisi les parties no¬
bles. Partant on pourra asseurément
vser de theriaque, ou en lieu d’iceluy
on prendra du methridat, lequel a
pareillentent grande vertu pour cest
effect.
D’auantage, pour faire la vacuation
dessusdile , les remedes doiuent estre
de ténue substance, tant ceux qu’on
applique dehors , que , ceux qu’on
prend par dedans , à cause qu’ils pé¬
nétrent le corps promptement, pour
dompter et abbattre la malice du ve¬
nin. Et partant les ails, oignons, por¬
reaux, sont vtiles , pource qu’ils sont
vaporeux , fumeux et de ténue sub¬
stance : pareillement la rue , le scor-
dion, le dictamnus, centaurea minor,
prassium , roquette , laict de figues
non meures, et autres semblables:
aussi la buglosse sauuage entre tou¬
tes les herbes a vertu contre les mor¬
sures de tous serpens , et a esté nom¬
mée Fipene, et ce pour deux raisons :
l’vne pour-ce qu’elle porte la graine
semblable à la teste d’vne vipere : et
l’autre^à cause qu’elle guarit la mor¬
sure d’icelle, pilée et appliquée par
dehors, et par dedans prise auec du
vin ; le serpolet a la mesme vertu. Et
neantmoins que le venin soit chaud,
si est-ce que les remedes susdits sont
conuenables, parce qu’ils resoluent
la substance du venin, et le consu¬
ment et euaporent. Toutesfoia on
3o3 le VINGT'»TRQIS11ÎM]E livre ,
aum esgarij à la qualité d^rbumeur, | viues‘ : lesquelles d’vn discord na-
pour l’alterer s’il est besoin , comme turel rcsislept au venin, par ce que
nous t’auertjrops cy après.
Outre pins rappUealiop de ven¬
touses et cornets, auec grande flambe,
et profondes scarifications, est profi¬
table, si le lieu permet de ce faire,
Aussi est bon de fomenter et lauer
promptement la partie de fort vinai¬
gre, le plus chaud que l’on pourra
endurer ; ou ou prendra de l’eau et
du sel, et de ce on en frottera la playe
assez rudement, ou mesme de rvrine
du patient , comme nous auons dit,
Pareillement la moustarde dela,yée
en vrine ou vinaigre est propre. Ô’a-
uantage sera bon faire fort succer le
lieu par quelque personne de basse
condition, moyennant qu’il ait lané
sa bouebe de vin auquel on aura
dissDult du iberiaque ou melbridat,
et après auec îiuUe commune : aussi
faut prendre garde qu’il n’ait vleere
en la bouebe, de peur que le venin
ne s’y imprime facilement, bes sang¬
sues sont pareillement propres pour
cest effet».
On pourra aussi mettresur la playe
le eut des ponlailles, et entre autres,
des penlies qui ponnent, par ce qu’el¬
les ont le cul plus grand et plus ou -
uert on en lieu d’icelles , prendre
des coqs ou poulies d’Inde, par ce
qu’elles ont plus de vigueur d’attirer
que les communes, et leur faut met¬
tre vn grain de sel dedans le cul, et
leur clorre le bec et l’ouurir par jn-
terualles ; et si elfes meurent , en
remettre d’autres, §i on veut, on
pourra fendre lesdites volailles toutes
1 On retrouve d^à les prineipales Idées de
ce paragraphe , et même avec un peu plus
de développement, dans le livre
d’harquebum d» jMb Copparez tQi»e II ,
page 190.
les ponlailles sont de nature fort
chaude. Qu’il soit vray, elles man¬
gent et digèrent les bestes venimeu¬
ses, comme crapaux, viperes, aspics,
scorpions et autres: et consomment
pareillement les plus seiches graines
qui soient, mesmes de petites pierres
et sablon : parquoy appliquées dessus
ont grand force d’attirer le venin. Ou
en lieu d’icelles, on prendra des petits
chiens ou chatons, lesquels estans
fendus, seront appliqués tous cbauds
sur la playe et sur les scarifications,
les y laissons iusques à ce qu’ils soient
refroidis : puis on eh remettera d’au¬
tres tant qu’il en sera de besoin 2.
Outre toutes ces choses, i’ applica¬
tion des cautères est grandement à
louer pour abbatre et consommer la
malignité du venin : mais en ce cas,
l’actuel est plus excellent que le po¬
tentiel, d’autant que l’action du feu
consomme le venin pluspromptement,
et fait que la playe demeure plus
longuement ouuerte. Mais ils doiuent
estre appliqués deuant que le venin
ait saisi les parties nobles : car autre¬
ment ils ne pourroient en rien pro¬
fiter, ains donneroient fascherie en
vain au panure malade. Et s’il craint
fe feu, on vsera de potentiel *. Et
1 La phrase s’arrêtait là ei) 1675 pQjir ce
qui regardeles volailles, et reprenait immé¬
diatement ; ou en lieu d’icelles on prendra
des petits chiens, etc. Les dix lignes intermé¬
diaires ont été ajoutées en 16T9,
* Les mêmes préceptes avaient déjà été
donnés à peu près dans le livre des mayes
d’harqmbum de J5,5^ et Gompafeg
tonjelf, page ï9?,
3 Comparez ce qu’il avait déjà écrit sur le
cautère dés 1545 (tome II, page 193, à la fin),
et plus tard en 1552 et 1564 ( tome II, page
192). On verra dans cette même page le con-
DES VEJyiîfS.
après l’application d’iceux , faut
promptement faire cheoir l’escarre,
à fin de donner plus subite issue au
venin. Partant l’escarre estant faite,
on fera des scarifications dessus, péné¬
trantes iu sques à la chair viue : puis on
y appliquera des choses onctueuses,
comme beurre et axonge : et dessus
la playe et parties voisines , on vsera
d’emplastres attractiues , faites de
gommes, comme galbanum de téré¬
benthine, poix noire, poix grasse
meslée auec ius de poireaux et
oignons, et autres semblables. Et
lors que l’escarre sera tombée , on
appliquera de l’onguent basUicum ,
auquel on adioustera poudre de mer¬
cure, qui en ce cas a grande efficace,
d’autant qu’elle attire la sanie et vi¬
rulence du profond de la playe, et ne
la permet reclorre : çe qui est bien
necessaire, car on la doit tenir long
temps ouuerle , à fin d’enacuer la
matière venimeuse. Et pour ce faire,
on appliquera de l’esponge , ou raci¬
nes de gentiane, ou d’hermodactes,
ou quelques mediçamens - acres ,
comme egyptiac, ou poudre de mer¬
cure meslée auec alum cuit, ou vu
peu de poudre faite de cautere po¬
tentiel. Et ne faut oublier àmesler
tousiours auec les onguens vn peu de
theriaque ou methridat, ou jus d’hy-
pericon, ou de nepeta, et autres sem¬
blables, qui ont vertu d’attirer et
résoudre le venin, et d’absterger et
nettoyer l’ylcere, Toutesfois si on
voyoit qu’il y eust trop grande cha¬
leur, douleur, et acuité, laquelle con¬
traint l’humidité de faire ébullition,
qui se tourne quelquesfois en viru¬
lence et pourriture , gangrené , et
seil d’appliquer une ligature au-dessus de
la morsure ou piqûre; précepte excellent,
qui ne se retrouve pas dans le livre actuel.
3o3
mortification, alors faut laisser la
propre cure pour suruenir aux acci-
dens. Et voila quant à l’enacuation
particulière qui se doit faire és mor¬
sures et piqueures venimeuses.
CHAPITRE XIV,
DE LA eVRE VNIVERSELLE ‘.
Quant à Eeuacuation vniuerselle, il
faut obseruerque l’on ne face saignée,
et que l’on ne donne medecine laxa -
tiue, ny elystere, ny vomitoire, ny
bains, ou autres sudatoires, qu’il n’y
ait pour le moins trois iours passés
après la morsure faite : aussi que le
patient euite le coït, de peur de faire
commotion et perturbation aux hu¬
meurs et esprits, et que le venin fust
par ces moyens plus promptement
porté au cœur ; mais quand la matière
venimeuse sera esparse, et l’acuité
diminuée , alors telles euacuations
pourront estre faites, et non autre¬
ment. Mais pour tous mediçamens
intérieurs suffira vser de contre-poi¬
sons au commencement, comme de
toutes sortes de theriaque, methri¬
dat , et autres semblables choses ;
lesquelles estans contraires aux ve¬
nins, changent et altèrent tout le
corps. Non pas qu’il faille entendre,
que leur substance pénétré et passe
tout le corps ( car il est impossible
qu’en si peu de temps vne si petite
quantité de matière , qu’on donne
pour contre-poison, puisse passer vne
si grosse masse de nostre corps) mais
elle s’espand, et enuoye ses vertus et
qualités; comme iournellementoous
voyous que quand nous auons pris
‘ C'est le chapitre 4 du livre de 1575.
3o4 LE vingt-troisième LIVRE,
des pilules, neantmoins que leur sub¬
stance ou matière demeure en l’esto-
mach, leur vertu est espandue ius-
ques au cerueau,et partout le corps.
On en peut autant dire d’vn clystere,
qui estant dans les intestins, a puis¬
sance d’attirer les humeurs du cer¬
neau K On voit aussi cest effet és
médecines , qui attirent par leur
vertu iusques au dedans des iointures
et de toutes les parties du corps. Et
pour le dire en vn mot, les contre¬
poisons opèrent en nos corps, pour
combattre le venin, et le chasser, et
vaincre sa virulence, ainsi que le ve¬
nin fait pour exercer sa tyrannie, et
saisir le cœur : toutesfois il faut bien
notter , que la contre-poison doit
estre plus forte que la poison, à fin
qu’elle domine : et partant en faut
vser en plus grande quantité que n’est
le venin, à ce qu’elle soit plus forte à
le vaincre et chasser. Et en faut don¬
ner deux fois le iour, continuant tant
que l’on verra le venin estre amorti ,
et les accidens cessés. Et cecy est non
seulement profitable pour Feuacua-
tion de la poison, mais aussi pour
fortifier les parties nobles.
Or outre les choses susdites, faut
auoir esgard à altérer l’humeur : ce
que nous auons dit estre la seconde
indication qu’on se doit proposer en
la cure présenté. Ce qui se fera en
changeant vne qualité contraire par
vne autre contraire 2. Exemple : si le
patient sent vne vehemente chaleur
au lieu où est la morsure, ou en tout
le corps, alors il faudra appliquer
» Le texte de 1575 ajoutait ici : comme
lesmoigne Galien au Hure des simples medica-
mens ; et de plus on lisait en note : Gai. au
lia. 5. des simples , cha. 19. Tout cela a été
rayé dès 1579.
* On retrouve déjà les bases de ce traite¬
ment en 1564. Voyez tome II, page 193.
remedes refrigerans : au contraire
s’il sent froidure, remedes calefactifs,
et ainsi des autres qualités.
Cecy te suffise pour le regard des
venins et de leur cure en general ; il
en faut traiter maintenant en particu¬
lier. Et premièrement nous commen¬
cerons aux morsures des chiens en¬
ragés.
CHAPITRE XV.
LA CAVSE POVBQVOY LES CHIENS DE¬
VIENNENT PLVSTOST ENRAGÉS QVE LES
AVTRES RESTES*.
Cela adulent parce que de leur na¬
ture ils sont préparés et enclins à
telle disposition : et pource aussi
qu’ils mangent quelquesfois corps
morts charongneux, et autres choses
pourries et pleines de vers, et boi-
uent des eaux de semblable nature :
aussi par vne trop grande melancho-
üe d’auoir perdu leur maistre, dont
courent çà et là pour le trouuer, de-
laissans le manger et boire ; dequoy
s’ensuit ébullition de leur sang, qui
puis après se tourne en melancholie,
et puis en rage. D’auantage pour
deux autres causes contraires : la
première par la trop grande chaleur,
la seconde par l’extreme froidure:
comme l’on voit que le plus souuent
ils enragent és iours caniculaires, et
en hyuer durant les grandes gelées.
Ce qui aduient , parce que les chiens
sont de leur nature froids et secs 2, et
* Reproduction du chap. 5 de 1575.
2 Galien , cha. 20. H. 2. simpl. et cha. 11.
liu. 3, simpl. semble estre d’opinion contraire
touchant le tempérament des chiens , id est , il
dit qu’il est chaud et sec. —A. P. Celte note
est de 1686.
DES VENINS.
par conséquent ils ont beaucoup d’hu¬
meurs melancholiques, lesquels en
telles saisons chaleureuses se tour¬
nent aisément en humeurs atrabilai¬
res par adustion : comme en hyuer
par constipation de cuir et suppres¬
sion d’excremens fuligineux, qui leur
causent vne fiéure continue grande¬
ment ardente, et vne phrenesie et
rage. Le grand froid de l’air aug¬
mente semblablement leur chaleur
du dedans, laquelle estant repoussée,
s’augmente et allume les humeurs
préparés à telle rage et pourriture :
lesquels sont d’autant plus dange¬
reux, que ne pouuans sortir et eua-
cuer par les pores ou pertuis du cuir
(qui pour lors sont du tout fermes)
ils demeurent dedans, et font alors les
mesmes accidens que fait la grande
chaleur de l’esté. Aussi deuiennent
enragés pour vser de viandes trop
chaudes qui leur eschauffent le sang,
et leur causent fiéure, puis la rage :
semblablement aussi pour auoir esté
mords d’autres chiens, ou loups, ou
autres animaux enragés.
CHAPITRE XVI.
SIGNES POVR CONNOISTRE LE CHIEN
ESTRE ENRAGÉ ».
Lors qu’il voit de l’eau , il tremble
et la craint, et a vne horripilation ,
c’est à dire que le poil lui dresse. Il a
les yeux rouges et fort flamboyans ,
et renuersés , auec vu regard vehe-
ment, fixe et horrible, regardant de
trauers. Il porte sa teste fort bas et
I Ce chapilre où Paré trace le tableau le |
plus net et le plus précis des signes de la
rage, est textuellement copié du chap. 6 de \
1575.
3o5
la tourne de costé. Il ouure sa gueule,
et tire la langue qu’on voit liuide et
noire, halette, et iette grande quan¬
tité de baue escumeuse , et plusieurs
autres humidités découlent de sen
nez. Il chemine en crainte , lantost à
dextre, tantost à senestre, comme s’il
estoit yure , et tombe souuent en
terre. Lors qu’il voit quelque forme,
il court à l’encontre pour l’assaillir,
soit qué ce soit vne muraille , ou vn
arbre , ou quelque animal qu’il ren¬
contre. Les autres chiens le fuyent et
le sentent de loing : et s’il s’en troune
quelqu’vn prés de luy ,il le flatte et lu y
obéît , et tasche à se desrober et fuir
de luy , encores qu’il soit plus grand
et plus fort. Il ne boit ny mange : il
est du tout muet , c’est à dire qu’il
n’aboye point ; a les oreilles fort
pendantes, et la queue retirée entre
les cuisses : il regarde de trauers , et
plus tristement que de coustume : il
mord egalement bestes et gens , tant
domestiques et familiers qu’estran-
gers , et ne connoist aucunement son
maistre, ny la maison où il a esté
nourri ; parce que l’humeur melan •
cholique luy trouble tous les sens. Ce
quiaduient pareillement aux hommes
qui sont vexés de telle humeur me-
lancholique : car ils tuent quelques-
fois leurs peres, meres, femmes ou en-
fans, et sounentesfois eux-mesmes.
CHAPITRE XVII.
LES SIGNES POVR CONNOISTRE VN HOMME
AVOIR ESTÉ MORDV D’VN CHIEN EN¬
RAGÉ*.
11 est fort difficile de connoistre du
commencement quand quelqu’vn a
‘ Reproduction littérale du chap. 7 de 1575.
aô
ni.
3o6
LE VINGT-TROISIEME LIVRE
esté mords d’vn cliien enragé ou non :
parce que la playe faite par la mor¬
sure n’afflige au commencement le
malade non plus qu’vne autre playe,
au contraire de celles qui sont faites
par morsures ou piqueures des autres
testes venimeuses : car subitement on
y sent vne extreme douleur, et la
partie s’enflamme et enfle, et süruien^
lient grands et diuers accidens, selon
la diuersité de la malignité du venin,
comme nous dirons cy après. Dont
nous conclurons, que le venin fait
par la rage ne se monstre pas au
commencement, et qu’il n’ait pre¬
mièrement saisi et altéré les parties
nobles.
Parquoy si on doute au commen¬
cement que la morsure ne fust faite
d’vn chien enragé, on la pourra véri¬
tablement connoistre enmoüillantdu
pain au sang ou en la sanie de la
playe , que l’on donnera à vn chien
affamé : et s’il le refuse à manger ,
mesmes qu’il desdaigne le fleurer ,
cela demonstre que la playe est faite
d’vn chien enragé : au contraire s’il
le mange, il n’estoit point enragé.
D’auantage, plusieurs ont escrit
que si on donne le pain ainsi trempé
à vne poulaille , et qu’elle le mange ,
elle mourra dans vn iour ou enui-
ron , si le chien estoit enragé. Mais
pour certain i’ay fait telle expérience,
et sçauois véritablement que le chien
estoit enragé par les signes prédits :
toutesfois les poulailles né mouroient
point après aüoir mangé dudit pain.
Parquoy l’espreuue du pain donné
aux chiens est plus certain , pour-ce
qu’ils ont vn sentiment exquis de
fleurer naturellement, qui fait qu’ils
sentent l’odeur du sang ou sanie de
la playe faite d’vn chien enragé , et
pour-cè aucunement n’y touchent.
CriAPITRE XVIII.
DES ACCIDENS QVI VIENNENT A CEVX
AŸXQVELS LE VENIN DV CHIEN EN¬
RAGÉ EST COMMENCÉ D’eSTRE IMPRIMÉ
AVX PARTIES NOBLES
Au commencement le malade dé¬
nient fort pensif, et murmure entre
ses dents : il respond sans propos , et
deuient cholere, plus que de cous-
tume : il pense voir en dormant vne
infinité de choses fantastiques , et fi¬
nalement tombe en vne maladie
nommée des Grecs hijdrophobia) c’est
à dire crainte d’eau.
Puis après que le venin s’est d’a^
uantage augmenté, et a ja du tout
changé l’economie ou harmonie des
parties nobles , alors la vertu imagi-
natiue , et toute raison et mémoire
et autres sens se perdent : et par con¬
séquent le malade deuient fol et in¬
sensé, et ne connoist aucunement ses
familiers amis et domestiques , et se
deschire et esgratigne , et mord soy-
mesme et les premiers venus qu’il
peut attraper : qui se fait à cause des
vapeurs et fumées melancholiques
qui montent au cerueau , et altèrent
et corrompent le tempérament d4ce-
luy ; parquoy la raison est perdue ,
ensemble tous les autres sens , dont
le pàuure malade est incité à cour¬
roux et à mordre. Semblablement il
a soüuent des mouuemens et tres-
saillemens inuolontaires , et contrac¬
tions de nerfs : qui se fait à cause de
la siccité vehemente , prouenant du
venin chaud et sec, qui blesse le tem¬
pérament des nerfs qui sont dissemi-
* Ce chapitre est presque en entier copié
du chap. 8 de l’édition de 1676.
DES VENINS.
nés és muscles, et aussi qui leur con¬
somme l’bumidité substantiflque.
Pareillement le patient a vne grande
seicberesse en la boücbe, et la langue
aride et seicbe , auec vne soif intolé¬
rable , toulesfois sans appétit de
boire, pourtant que desia son corps a
pris vne affection contraire à ses ac¬
tions naturelles, dont il adulent qu’il
ne désiré les choses qui naturelle¬
ment appaisent la soif. Plus il a la
face et les yeux rouges et grande¬
ment enflambés, et pareillement tout
le corps à Cause de Fextreme cha¬
leur et siccité prouenante du virus
veneneux et malin. Il imagine qu’il
voit et oit des chiens, et veut pareil¬
lement japper et mordre ; qui se fait
parce que le venin du chien enragé
change et altéré toute la température
de l’homme en toute sa complexion
et similitude : en sorte qüe tous ses
sens , pensées , parolles et visions , et
généralement toutes ses actions sont
deprauées par l’humeur melancholi-
qUe et veneneux espandu és ventri¬
cules du cerueau, lequel leur change
l’esprit, tellement que le malade
pense voir et ouïr des chiens , voire
croit luj’^-mesme estre chien , duquel
aus’si il ensuit la voix enrouée, parce
qu’il jappe, aboyé, crie et hurle
comme les chiens , sans honte et res¬
pect de son honneur, au grand es-
pouuentement de ceux qui sont pre-
sens et qui l’oyent. L’enroüeUre vient
par la grande seicberesse, quiades-
seiché la trachée artere et les instru-
mens delavoix.il fuit grandement
la lumière, à cause que l’humeur me-
lancholique , qui est obscur et téné¬
breux, est contraire à icelle : qui fait
que le malade desire les tenebres, qui
luy sont semblables. Il craint aussi à
voir l’eau (encore que ce soit vn ro-
807
mode fort vtile pour rafraichir son
extreme chaleur et siccité) ou quand
il regarde en vn miroir, il luy est
aduis et imagine qu’il voit des chiens,
et que ce souuenir luy fait auoir
ceste crainte. Pour ceste cause il
craint l’eau, et toutes choses transpa¬
rentes et luisantes, ayans quelque re-
uerberation : et quand il les voit , il
crie et tremble , de peur d’estre en-*
cores mords : dont vient qu’il tombe,
et se veautre en terre pour se cuider
couurir d’icelle. Et telle chose se fait
à cause que les vapeurs altérées et
corrompues pénétrent par les yeux ,
et estans paruenues à l’eau ou mi¬
roir, ou autres corps semblables,
par leur reuerberation luy représen¬
tent des choses ».
Or ils disent que celuy qui est
mords d’vn chien enragé , s’imagine
tousiours voir le chien duquel il a
esté mordu, la crainte duquel luy fait
ainsi fuir et craindre l’eau. Autres
disent cela aduenir, à cause que par
la rage le corps tombe en vne ex¬
treme siccité , qui le fait fuir l’hu¬
midité comme son contraire. Rufus
dit que la rage est vne espece de ma¬
ladie melancholique. Or nous sça-*
uons estre chose propre à tous me-
lancholiques , d’auoir quelque chose
particulièrement en crainte, par l’A¬
phorisme vingteinquiéme de la sec¬
tion sixième : mais principalement ils
craignent toutes choses luisantes
comme l’eau , les miroirs , à cause
qu’ils cherchent les tenebres, pour-
* L’édition de 1575 ajoutait ici -. Tout
ainsi qu’on voit que des yeux d’vne jemme
ayant ses fleurs, sortent des vapeurs lesquelles
infectent et gastent le miroir. Cette fable ab¬
surde se trouvait encore répétée en 1579 et
1585; elle n’a disparu que dans la première
édition posthume.
LK VlJNGT-tnOlSlKME LIVHE,
3o8
ce qu’à icelles les inuite leur humeur
noir, obscur et ténébreux K
Il a vne sueur froide , et sort de
l’vlcere vn xirus escumeux, fetide,
virulent et erugineux, c’est à dire de
couleur de roüilleure d’a’rain : qui
aduient par l’extreme chaleur et
acuité de l’acrimonie du virus adhé¬
rant en la partie, laquelle fait ébul¬
lition et pourriture. Aussi on trouue
Tvlcere quelquesfois aride et sec.
L’vrine est le plus souuent claire et
subtile, à cause que les colatoires des
reins sont fort resserrés et estressis ,
pour la chaleur et siccilé du venin :
aussi quelquesfois est fort espaisse et
noire, qui se fait à cause que la vertu
expultiice chasse tant qu’elle peut
par les vrines l’humeur melancholi-
que, qui a esté corrompu par le ve¬
nin. Pareillement elle est aucunesfois
totalement supprimée et retenue, par
la siccilé du virus et des matières
crasses, visqueuses et gluantes , dont
se fait totale obstruction des parties
deüiées à l’vrine. Bref, le panure ma¬
lade est tellement tourmenté par ces
accidens, qu’en la fin vaincu de dou¬
leur et de trauail, à faute de manger
et boire , il meurt furieux et enragé.
Mais lors que du commencement
(et deuanl que le venin ait enti'é au
corps et gaigné les parties nobles ) on
administre les remedes propres,, les
malades ne faillent à guarir , et peu
de personnes sont morts ausquels on
ait diligemment pourueu.
1 Tout ce paragraphe est une addition de
1579.
CHAPITRE XIX.
PROGNOSTIC *.
On ne se peut bien garder de la
morsure des chiens enragés , attendu
qu’ils sont tousiours parmy les hom¬
mes, au moyen de quoy on est en
plus grand danger d’eux que de tou¬
tes autres bestes venimeuses en leurs
morsures. Et d’autant que le chien
est domestique et familier à l’homme
pendant qu’il est sain , d’autant luy
est-il ennemy depuis qu’il est sorti de
sa nature accoustumée , qui se fait
par vne rage.
Or le virus qui est en sa baue est
chaud et sec, malin, veneneux et
contagieux , tellement qu’il commu¬
nique la mesme affection à celuy qu’il
mord ( si on n’y pouruoit de bonne
heure ) soit vn homme , ou vne autre
beste : et son venin est tant subtil ,
que facilement pénétré par les pores
du cuir ; et estant attiré par les artè¬
res , par le continuel mouuement d’i¬
celles , il est conduit au demeurant
du corps. Parquoy on peut conclure
que le venin de sa rage a la vertu
non seulement de faire enrager ceux
qu’il mord , mais aussi ceux ausquels
il aura ietté son escume ou baue con¬
tre leur peau , si elle y fait long se-
iour : mais si elle est essuyée, et le
lieu proprement laué d’eau salée ou
d’ vrine , elle n’y fera aucun mal.
Et faut icy entendre, que toute
morsure de chien enragé ne nuit pas
egalement et ne tue pas en mesme
temps , ainsi qu’auons cy dessus de-
monstré du venin des bestes venimeu-
1 Le chapitre est le même , sauf un para¬
graphe ajouté, que le chap. 9 de 1575.
DES VENINS.
ses. Car selon la disposition de l’air
chaud ou froid, et la vehemence du
venin, et le lieu et profondeur de la
morsure, et la diuersité des forces de
ceux qui sont mordus, et la cacochy¬
mie et mauuaise habitude, c’est à
dire selon que leurs humeurs sont
ja préparés à estre pourris, ou qu’ils
ont leurs conduits estroits ou plus lar¬
ges , de là vient que les accidens ap-
paroissent plustost ou plus tard. Car
aucuns viennent quarante iours après
la morsure , autresfois six mois, voire
vn an , et autres plus tard ou plus¬
tost , comme nous auons dit cy do¬
uant. Plusieurs après auoir esté
mords deuiennent epileptiques , puis
démoniaques et enragés. Ceux qui
sont tombés en hydrophobie , iamais
ne guarissent : toutesfois Auicenne
dit qu’encores y a esperance, pour-
ueu qu’ils se connoissent en vn mi¬
roir : car on voit par cela que le ve¬
nin n’a encores du tout occupé les fa¬
cultés animales ; et ceux-là ont besoin
d’ estre violentement purgés , comme
nous dirons cy après.
Aëce raconte d’vn Philosophe mor¬
du d’vn chien enragé, lequel voulant
d’vn grand courage résister à ce mal
d’hydrophobie, vint au bain , oùl’ap
parence d’vn chien se présentant do¬
uant luy ( car il auoit ceste vision ,
comme les autres frappés de sembla¬
ble maladie) et ayant longuement
pensé en soy-mesme : Qu’y a-il, dit-
il , entre vn chien et vn bain ? Après ces
paroles il entra dedans le bain , et en
beut sans auoir peur, dont il surmonta
le mal et guaritC
Quand le malade se veautre contre
la terre , comme les chiens , c’est si¬
gne de mort prochaine, par-ce que
telle chose demonstre que l’humeur
• Ce paragraphe a élé ajouté en 1579.
3o9
melancholique, virulent et veneneux
est en grande abondance , et est com¬
muniqué par tous les membres. Aussi
quand le patient a la voix enrobée ,
c’est vn tres-mauuais signe , pour-ce
que telle chose demonstre qu’en la
trachée artere il y a quelque aspérité
par siccité du virus venimeux. En
somme, quand les parties nobles sont
saisies du venin , il n’y a plus espe¬
rance de guarison.
Les hommes peuuent estre surpris
de la rage sans estre mords de chiens
enragés : car tout ainsi que les hu¬
meurs se bruslent, causans vn chan¬
cre ou ladrerie , pareillement la rage
peut aduenir , et principalement aux
melancholiques.
D’auantage les morsures des bes-
tes , comme viperes et autres animaux
venimeux, ne causent tels accidens
comme celles des chiens enragés ,
par-ce qu’elles font mourir deuant
que les accidens susdits puissent ve¬
nir : ioint aussi que la qualité d’iceux
venins est diuerse.
Plus, les grandes playes faites par
morsure de chiens enragés ne sont si
dangereuses que les petites , pour-ce
que par vne grande playe sort beau¬
coup de sang et de sanie, qui euacue
le venin.
CHAPITRE XX.
CVRE DE LA MORSVRE d’VN CHIEN
ENRAGÉ 1.
Nous auons dit par cy deuant ,
qu’aux piqueures et morsures des
bestes venimeuses , il falloit vser de
1 Ce chapitre est presque entièrement co¬
pié du chap. 10 de l’édition de 1575.
LE vingt-troisiiJme livre,
3io
prompts et subtils remedes , à fin que
le venin n’entre dedans le corps et no
corrompe les parties nobles. Et s’ils
sont obmis au commencement, en
vain seront appliqués en autre temps.
Ainsi qu’arriua à Baldo , grand luris-
consulte , se ioüant auec vn sien petit
chien qui estoit enragé, duquel estant
tant soit peu mordu en la léure , ne
sçachant qu’il fust enragé . négligea
sa morsure, et quatre mois après
mourut furieux et enragé, et n’y eut
nul remede qui le peust sauuer , pour
ne l’auoir pris d’heure. ^
Donc pour preuoir à tel accident ,
tout ce que nous auons déclaré cy
dessus en la cure generale des bestes
venimeuses, tant pour l’euacuatiou
de l’humeur virulent que pour l’al¬
teration d’iceluy , doit estre pareille¬
ment obserué en la morsure des
chiens enragés. Et partant, si quel-
qu’vn connoist qu’il est mords d’vn
chien enrage, il s’efforcera d’attirer |
le venin par tous moyens, comme
par ventouses , cornets , scarifications,
sangsues, applications de volailles
et autres animaux , et par medica-
mens propres à ce faire , qui présen¬
tement seront declarés-Et si la playe
est grande , il la faut laisser saigner
le plus qu’il sera possible , à fin que le
venin sorte auec le sang. Et là où elle
ne sera assez grande, on y pourra
faire des scarifications ou y appliquer
cautères actuels : et sera tenue ou-
uerte pour le moins iusques à ce que
.quarante iours soient passés.
L’ozeille pilée et appliquée sur la
morsure, et le bouillon d’icelle pris
par la bouche, est de grande vertu.
Ce qu’Aéce nous a laissé par escrit ,
disant auoir conneu vn vieillard chi¬
rurgien, lequel n’vsoit d’autre re¬
mede pour curer telles morsures.
De ma part, ie conseille de prendre
promptement de l’vrine, et en frotter
assez rudement la playe , et y laisser
vn Ijnge trempé dessus. Aussi la
moustardo bien delayée en vrine ou
vinaigre , est propre à cest efi’et. Pa¬
reillement tous remedes acres, poi-
gnans et fort attirans.
Auire. Prenez roquette boullue et
pilée auec beurre et sel, et l’appli¬
quez sur la morsure.
Autre, Prenez farine d’orobe , miel,
sel et vinaigre, et ce soit tout chaud
appliqué dessus,
Âutr^, La fiente de chéure boullue
en fort vinaigre , et appliquée.
4utr0. Prenez soulphre SMbtilement
puluerisé et incorporé auec saliue
d’homme, et l’appliquez dessus.
Autre. Prenez poix noire fondue
auep sel et vn peu d’euphorbe , et
l’appliquez dessus.
Autre. Ee poil du chien enragé ap¬
pliqué dessus la playe tout seul , a
vertu d’attirer le venin par quelque
similitude : ce qu’op a plusieurs fois
expérimenté, ainsi que fait le scor¬
pion estant escaehé et mis sur la pi-
queure d’iceluy. Aucuns autheurs
ont laissé par escrit , que ledit poil de
chien , bruslé et puluerisé , et donné
à boire auec du vin, preserue la ragé C
Autre, Prenez froment masché cru ,
et l’appliquez sur la morsure,
Awire, Prenez des féues, et les met¬
tez vu peu soua les cendres chaudes ,
puis les pelez et fendez , elles appli¬
quez dessus,
Autre remede approuué d’Aëtim.
U faut faire boüUUr du lapaihum
acutum , et de la décoction en laper et
fomenter la piaye , puis y laisser
l’herbe pilée tiessps ; aussi en faut
donner à boire de la décoction an pa-
^ Cette dernière phrase a été ajoutée en
1685.
DES VEBUWS.
tient. Il afferme auoir fait de grandes
cures auec ce seul remede : et dit
que ceste décoction fait beaucoup
pisser, qui est vne chose excellente à
ceste maladie.
Autre. Prenez betoine, fueilles d’or¬
tie et sel commun , broyez-les et ap¬
pliquez dessus.
Autre. Prenez vn oignon commun,
fueilles de rue et sel , broyez les en¬
semble , el appliquez dessus.
Or entre tous les remedes , le ther
riaque est singulier , comme il a esté
dit , le faisant dissoudre en eau de vie
ou vin , et en frottant assez rudement
la playe , tant que elle saigne. Puis y
faut laisser du cbarpy imbu en icelle
mixtion : et par dessus la playe y ap¬
pliquer des ails ou oignons pilés auec
miel commun et terebenthine • et tel
remede est excellent par sus tous
ceux que i’ay yeus par expérience.
Et pour la probation de mon dire ,
i’allegueray icy yne histoire de l’vne
des filles de Madamoiselle de Gron ,
natiué de ceste yille de Paris , laquelle
fut mordue d’vn chien enragé au
milieu de la iambe dextre , où le chien
imprima ses dents bien profondément
en la chair : laquelle fut guarie parle
moyen du theriaqué , sans que iamais
luy suruint aucun msnuais accident :
lequel theriaque ie meslois dans les
medicamens detersifs et autres , iusr-
ques d la fin de sa guarison.
Or de vouloir icy déclarer tous les
autres que i’ay pensé de telles morsu- 1
res, ce seroit vne chose trop prolixe :
et partant ceste histoire suffira pour
le présent, pour instruire chacun à
remedier à tel accident.
Autres ^emedes qu'on peut prendre
par dedans. Il faut promptement man¬
ger vn ail, auec vn peu de pain, puis
boire vn peu de vin : et c’est vn sou-
ueraln remede , à cause que l’pdeur
3ii
et la grande chaleur spiritueiise qui
est aux ails , prohibe que le venin de
la morsure n’offense les parties no¬
bles. Autres commandent de manger
du foye rosti du chien qui a mordu,
ou du foye de bouc : ce que ie n’ay
esprouué.
Autre remede. Prenez vne dragme
de semence d’agnus castus, auec vin
et beurre, et en soit donné à boire.
Autre. Prenez poudre d’escreuisses
bruslées, et la delayez en vin , et en
donnez à boire.
Autre. Prenez racine de gentiane
deux dragmes , escreuisses de riuiere
bruslées au four et puluerisées trois
dragmes, terre sigillée quatre drag¬
mes. La dose sera vne dragme, auec
eau en laquelle on aura fait bouillir
quantité d’escreuisses, et en soit donné
à boire comme dessus.
Aucuns se sont plongés en la mer
après estre mords de chiens enragés,
qui n’ont laissé d’estre surpris de la
rage, ainsi que tesmoigne Ferrand
Pouzet, cardinal, en son liure des Ve¬
nins : partant ne s’y faut fier, mais
plustost aux remedes approuués des
anciens et modernes Médecins et Chi¬
rurgiens. Il est vray que la confidence
que peut auoir lemalade aux remedes
et au Chirurgien, sert beaucoup en
ceste cure : au contraire , l’effroy et
la crainte nuit beaucoup , et accéléré
la rage. Partant il faut tousioîurs bien
asseurer le patient de sa parfaite
guarison.
Or il faut entendre que le venin du
chien enragé , ou la saline d’vne vi^
pere, ou la baue d’vn crapaut, et
d’autres bestes venimeuses, n’enueni-
ment pas en touchant seulement, mais
faut que le venin entre dedans, telle-
I ment que si à l’heure on l’essuye, ne
pourra faire aucun mal.
LE VINGT-TROISIEME LIVRE
3iq
CHAPITRE XXL
DE LA CVRE DE CEVX QVI SONT JA TOM¬
BÉS EN HYDROPHOBIE, ET NEANTMOINS
SE RECONNOISSENT ENCORES EN VN
MIROIR K
Ceux ausquels le venin n’a encores
occupé les facultés animales, il les
conuient grandement purger par mé¬
decines bien fortes. Et en cela il me
semble que l’antimoine seroit profi¬
table, d’autant qu’il prouoque la
sueur, flux de A'entre, et vomisse¬
ment Car ce seroit grande folie
bailler en tels cas medicamens légers,
quand le venin est fort malin, et ja
imprimé aux parties intérieures.
Semblablement les bains leur sont
bons pour leur prouoquer la sueur ;
la saignée ne doit estre faite , de peur
d’attirer le venin du dehors au de¬
dans. Aussi il faut qu’ils vsent sou-
uent de theriaque ou methridat. En
ce temps-là pareillement leur faut
faire boire de l’eau, et la bailler aux
malades dedans quelque vaisseau
couuert, de peur qu’ils ne la voyent,
pour les raisons susdites.
• Ce chapitre est le même que le chap. 2
du livre de 1575.
2 Voici un premier endroit où Paré re¬
commande l’antimoine; mais pour connaî¬
tre toute sa pensée à cet égard , il faut lire
le chapitre complémentaire que j’ai ajouté
au livre de la Peste, d’après un long passage
écrit en 1568 et supprimé en 1579.
CHAPITRE XXII.
DV REGIME DE CEVX QVI ONT ESTÉ EM¬
POISONNÉS ET MORDS DES CHIENS EN¬
RAGÉS, ET DES PIQVEVRES ET MOR-
SVRES DES BESTES VENIMEVSES C
Le malade doit demeurer en lieu
chaud, et en air bien clair, de peur
que le venin ne soit chassé au dedans
par le froid, et aussi à fin que les es¬
prits soient recréés, et esmeus du cen¬
tre à la circonférence par le moyen
de la clarté. Aussi on doit parfumer
la chambre de choses odoriférantes.
Semblablement il doit manger au
commencement viandes acres et sa¬
lées, comme ails, oignons, porreaux,
espiceries, iambon de Mayence, et leurs
semblables, et boire bon vin et sans
eau, à raison que telles choses sont
fort vaporeuses et pleines d’esprits
qui résistent au venin, et ne permet¬
tent que sa vertu soit espandue au
corps et ne se saisisse des parties no¬
bles. Pareillement on doit viser de
viandes crasses et visqueuses, par ce
qu’ils font obstruction, et estoupent
les conduits et parties vuides : aussi
en faut plustot manger plus que trop
peu, à cause que l’inanition accroist
la malignité des humeurs, qui est
chose contraire aux playes venimeu¬
ses : toutesfois il y faut tenir médio¬
crité. Et cinq ou six iours après on
laissera lesdites viandes , et en lieu
d’icelles on vsera de temperées, et
plustost humides que seiches : les-
1 Dans les anciennes éditions, même dans
celiede 1575, ce chapitre était confondu en
quelque sorte avec le précédent, c’est-à-
dire qu’il portait un titre spécial, mais sans
figurer au nombre des chapitres. Il m’a
paru plus logique de l’en séparer tout-à-fait.
DES VENINS.
3i3
quelles seront esleuës selon qu’on les
ordonne aux melancholiques : et met-
tra-on en leurs potages racines ape-
ritiues, lesquelles ont vertu de faire
vriner. On leur tiendra le ventre as¬
sez lasche : et s’il y a repletion de
sang , leur en sera tiré , non au com¬
mencement, mais cinq ou six iours
apres la morsure faite, pour les rai¬
sons qu’auons deuant dites Pour le
boire au repas, on vsera de vin mé¬
diocrement trempé, à sçauoir cinq ou
six iours après la morsure, ou d’oxy-
mel, ou de syrop de acdositate citri,
auec eau boüillie : et entre les repas,
de iulep fait en cesle maniéré.
Prenez demie once de jus de limons, et au¬
tant de citrons.
Vin de grenades aigres , deux onces.
Eau de petite ozeille, et eau rose, de cha¬
cune vne once.
Eau de fontaine boüillie tant qu’il sera
besoin.
Et soit fait julep.
Il faut que le malade euite le
dormir, iusques à ce que la force du
venin soit amortie et consommée :
car par le dormir, le sang et les es¬
prits se retirent au centre du corps,
et par ce moyen le venin est porté
aux parties nobles. Aussi on luy doit
faire vser de choses qui résistent aux
venins, comme limons, oranges , ci¬
trons, racines de gentiane, angéli¬
que, tormentille, pimpernelle, ver-
bene, chardon benist, bourache, bu-
glosse , et autres semblables : et
generalement toutes viandes qui en¬
gendrent bon suc, comme veau, ché-
ureau, mouton, perdrix, poulailles,
et autres semblables.
CHAPITRE XXIII.
DE LA MORSVRE OV PICQVEVRE DE LA
VIPERE , ET DE SES ACCIDENS h
Tous les remedes qui ont esté cy
deuant escrits desmorsures des chiens
enragés, peuuent pareillement aider
à toutes morsures et piqueures des
autres animaux venimeux. Toutesfois
on trouue des particuliers remedes
pour chacune morsure et piqueure.
Ce que dirons le plus succinctement
qu’il sera possible.
Les viperes ont, entre leurs genci-
ues , certaines petites vessies pleines
de venin qui s’imprime incontinent
au lieu où elles font ouuerture. Les
patiens sentent douleur grandement
poignante en la partie, laquelle
promptement- s’enfle bien fort, voire
tout le corps, si on n’y donne subit
remede. Il sort de la playe vne sanie
crasse et sanguinohmte : et autour
d’icelle il se fait des vessies commè
celles des bruslures ; et l’vlcere cor¬
rode et mange la chair. Aussi les ma-
1 Ce chapitre est presque littéralement co¬
pié du chap. 3 de l’édition de 1575 ; cependant
il y a quelques modifications. Le titre d’a¬
bord n’était pas le même; il portait : De ta
monure et piqueure d’aucunes be&ies venimeu¬
ses ; et après le premier paragraphe seule¬
ment venait ce titre secondaire : De la mor¬
sure de vipere ei de ses accidens. L’arrangement
actuel est de 1579.
^ Ceci est le texte corrigé en 1585 ; le livre
de 1575 portait : Les viperes ont en leurs gen-
ciues entre leurs dents certaines petites vessies
pleines de venin, lequel de sa nature est froid,
comme de tousserpens, et s’imprime, etc. L’é¬
dition de 1579 s’était borné à retrancher les
derniers mots : lequel de sa nature est froid
comme de tous serpens.
3l4 LE VINGT-TROISIlîME LIVRÉ
ladcs sentent inflammation au foye,
et aux genciues : et tout le corps de-
uient fort aride et sec, et de couleur
pâlie et blafarde, et ont vne soif in¬
extinguible. Ils sentent par fois gran¬
des tranchées au ventre, et vomissent
plusieurs humeurs cholériques, et
tombent souuent en syncope, et ont
bocquets, comme vneconuulsion d’es*
tomacb, auec vne sueur froide : et la
mort s’ensuit, s’ils ne sont secourus
deuant que le venin ait saisi les par¬
ties nobles.
Matthiole dit auoir veu vn paysan
qui, fauchant vn pré, au oit par for¬
tune coupé vne vipere par le milieu :
et iceluy print le tronçon de la teste,
Teslimant morte. Aduint que la teste ,
se courbant contre la main, le mor¬
dit aspreraeni au doigt : et sucçant la
playe pour cuider attirer le sang (qui
ja auoit esté enuenimé) U mourut sur
le champ.
Or ie veux icy reciter vne autre
histoire, à fin de tousiours instruire
le ieune Chirurgien. Ce roy Charles
estant à Montpellier, ie fus mords
d’vne vipere au bout du doigt index,
entre Tongle et la chair, en la maison
d’vn Apoticaire nommé de Farges ,
lequel dispensoit alors le theriaque,
auquel ie demanday à voiries viperes
qu’il deuoit mettre en la composition.
Il m’en fit monstrer assez bon nom¬
bre qu’il gardoit en vn vaisseau de
verre, où i’en prins vne, et fus mords
d’icelle voulant voir ses dents, qui
sont en la mandibule supérieure de
sa gueule, couuertes d’vne petite
membrane en laquelle elle garde son
venin, lequel s’imprime (comme i’ay
dit) en la partie, incontinent qu’elle y
a fait ouuerture. Et ayant receu ceste
morsure, ie sentis subit vne exlreme
douleur, tant pour la sensibilité de la
partie qu’à cause du venin : alors ie
me serray bien fort le doigt au dessus
de la playe, à fin de faire sortir le
sang et yacuer le venin, et garder
qu’il ne gaignast au dessus Puis de¬
manday du vieil theriaque, lequel
delayay auec eau de vie, en la main
de l’vn des seruiteurs dudit de Far¬
ges, et trempay du cotton en la mis-
ture, et l’appliquay sür la morsure :
et après peu de iours ie fus guary
sans aucun accident, auec ce remede
seul.
En lieu de theriaque, on peut as-
seurémentvser de methridat, On peut
pareillement vser de tous reniedes
poignan» et fort attirons, pour ob-
tondre la malice du venin : comme la
squille cuite sous la cendre, ou des
ails et porreaux pilés, et appliqués
dessus.
Autre. Prenez farine d’orge dé¬
layée auec vinaigre, miel, crottes de
chéure, et appliquez dessus en forme
de cataplasme.
Autre. Tout promptement on doit
lauer et fomenter la playe auec vinai¬
gre et sel, et vn peu de miel
Galien dit au liure de la Theriaque
à Tison, que l’on attire le venin d’vne
morsure de vipere, y appliquant vne
teste de vipere sur la playe : autres
y mettent la vipere entière bien pi¬
lée.
ij’appeller.û l’atlentlon du lecteur sur
celte sage précaution delà ligature, que Paré
a oublié de mentionner dans }es préceptes
généraux du livre actuel , mais qu’il avait
très bien signalée dans le livre des Playes
d’harquebuae'i de 1652 et l^él. Voyez tome II,
page 192.
2 Ici se terminait le chapitre en 1675 j le
reste est de 1679.
DES VEiyiNS,
CHAPITRE XXIV,
DV SERPENT APPELÉ COVLE-SANG.
Le Coule-sang a esté ainsi appellé ,
pour autant que le sang coule par
tous les conduits du corps qui en a
esté mordu. C’est vn petit serpent
comme vpe yipere , ayant les yeux
fort ardans, et sa peau fort luisante.
Auicenne dit qu’il a le dos marqueté
de taches noires et blanches, et le
col fort eslroit, et la queqe fort me¬
nue.
Lesaccidens qui suiuent sa mor¬
sure, c’est que la partie deuient noire,
à cause que la chaleur naturelle est
esleinte par la malice du venin , le¬
quel luy est ennemy mortel, puis vn
mal de l’estomach et du cœur qui
facilement se ressentent du venin, en¬
nemy capital desdites parties, et prin¬
cipalement en maladie veneneuse:
ainsi que nous voyons aduenir en la
peste, laquelle est sninie incontinent
par les vomissemens , qui ne se font
pour autre cause que pour la mau-
uaise disposition quils sentent. Il
s’ensuit aussi grand flux de ventre ,
qui se fait tant à cause de l’estomach
debile, qui ne peut faire son deuoir,
que pour autant que les veines es-
parses par les intestins laissent couler
le sang, lequel meslé par les viandes
non digérées, est cause de ce flux de
ventre, Et d’auantage le sang sort par
le nez , par la bouche, oreilles , siégé,
par la verge, vulue , et par les coins
des yeux , et des gcpcipes , lesquelles
se pourrissent, et les dents tombent.
D’abondant vne difficulté d’yiiner et
respirer, conuulsion vniuerselle,pui8
la mort.
Les remedes sont de scarifler promp-
3i5
tement et brusler la partie, ou du
tout la couper, s’il est possible : puis
vser de remedes attractifs propres aux
venins.
CHAPITRE XXV.
nv SERPENT NOMMÉ POVRRISSEVR.
Le Pourrisseur a esté ainsi nommé,
pour autant que la partie de ceux
qu’il a mordus est subitement pour¬
rie par la malignité de son venin. Il
est semblable au Coule-sang, reste
qu’il esleue sa queue en haut et l’en¬
tortille comme vn pourceau fait la
sienne *.
Pausanias escrit que le Roy d’Arca¬
die fut blessé par vn pourrisseur, et
dit que ce serpent est de couleur cen¬
drée, ayant la teste large, le col es-
troit, le ventre gros, et la queue
courbée , et chemine obliquement en
la maniéré des Cancres, ayant des
taches séparées les vnes des autres ,
riolées piolées, c’est à dire de diuer-
ses couleurs, comme un tapis velu.
bes accidens que cause sa morsure
sont, grande douleur, qui est faite à
cause de son venin bruslant et pour¬
rissant entre tous autres venins, puis
vue cheute vniuerselle du poil. Aëce
adiouste d’auantage encore plusieurs
autres : comme flux de sapg par la
playe, et peu apres vne sanie puante,
et grande enfleure en la partie. Voila
comme par la malignité de ce venin
pourrissant, nopseulement les esprits
sont vaincus, mais aussi tout le corps,
comme si le feu y auoit passé : ainsi
que nous voyons aduenir en temps de
peste, chaud et humide, où il appert
1 JVicandre. — A. P.
LE VINGT-TROISIEME LIVRE
3î6
aposleme pestifere, charbons , el au¬
tres pourritures.
Et quant aux remedes, ils doiuent
estre semblables comme ceux que
nous auons escrit delà vipere.
CHAPITRE XXVI.
DV BASILIC.
Entre tous les serpens , le Basilic
est le plus venimeux , comme estant
mesme le venin des autres.
Nicandre dit que lors qu’il se
traine, tous les autres le fuyent et luy
quittent la place : estant comme ad-
uertis par son sifflet , tant de l’heure
de son arriuée que de son départ.
Galien dit ‘ que le basilic est vn
serpent iaunastre, ayant la teste mu¬
nie de trois petites eminences , ou en-
leueures , marquetée de taches bian-
cheastres, en forme de couronne, et
pour ceste cause il a esté nommé Roy
des Serpens. Par sa morsure , et son
siffler, et toucher, fait mourir tous
autres animaux. D’auantage son ve¬
nin est si cruel , que si on le regarde
trop attentiuement, tue ceux qui le
regardent.
Solin escrit que le corps mort du
basilic a encore de grandes vertus :
pour ce ceux de Pergame l’ont achepté
à grand prix , pour empescher les
araignes de faire leurs toiles dedans
le temple d’ Apollon, et les oiseaux d’y
faire leurs nids , estant pendu audit
temple. Estant mort, nulles bestes
sentant 1 odeur de sa charongne, n’o¬
sent le toucher pour le manger : et
si par fortune ils en mangent, ils
• Galien , Hure de la theriaque à Pison.—
A. P.
meurent subitement, non seulement
pour auoir mangé de son corps, mais
aussi pour auoir mangé des bestes
mortes par sa morsure. Pour ces rai¬
sons Lucain escrit :
Le Basilic tout seul est régnant par le sable ,
où sifflant il se rend à tout autre effroyable :
Plus qu’vn autre venin le sien est dangereux ,
Qui chacun va chassant du regard de ses yeux.
Il fait mourir les herbes et arbris¬
seaux par où il passe, non seulement
par son toucher, mais aussi par son
haleine.
Pline dit ‘ qu’en Egypte y a vne
fontaine nommée Nigris, près de la¬
quelle y a vn animal petit , et mal¬
aisé de ses membres , qui est la mort
du genre humain. Il est de longueur
de douze doigts, et est orné par la
teste, comme vn diatlesme, d’vne ta¬
che blanche ; son corps est iaunastre.
Lors qu’il rempe, il leue la partie de
deuant de son corps, et ta porte
droite, ne s’aidant à cheminer que
de celle de derrière. La région Cyré¬
naïque le produit. Pline dit que la
belette est son ennemie mortelle , et
qu’elle le fait mourir de sa seule ha¬
leine : qui est que la bonne Nature
n’a iamais voulu laisser vne telle
peste , sans vn contraire qui est la
belette, laquelle a autant de force
contre le basilic , que luy mesme a
contre les hommes. Aussi que le lion,
combien qu’il soit hardy et furieux
entre tous les animaux, craint toutes-
fois le coq, qui est vne beste sans
force et résistance à comparaison.
Erasistrate dit que le lieu de la
morsure du basilic tout subit deuient
iaulne comme or, et le corps tout en¬
flé, et que la chair des muscles tombe
par morceaux toute pourrie: et baille
‘ Pline, Hu. 8. chap. 2i. _ a. P.
t)ES VENrJîS.
contre son venin vue dragme decas-
torée à boire auec du vin ou du suc
de pauot.
Aëce dit estre vne chose superflue
que d’escrire aucun remede contre sa
morsure, d’autant que la subite dis¬
solution des esprits estant faite, il
est impossible de donner remede à
temps.
CHAPITRE XXVIL
DE CERTAINS SERPENTS ESTRANGES-
lean Leon Africain escrit en son
liure d’Afrique, qu’à Calicut on
trouue des serpens d’estrange façon,
estans de la hauteur d’vn gros pour¬
ceau, ayans la teste plus grosse et
plus hideuse, et quatre pieds, estans
fort dommageables aux habitans. Il
y en a qui sont si venimeux , que par
leur morsure la personne tombe su¬
bitement morte. Et si quelqu’vn auoit
tué vne de ces bestes , le roy le feroit
mourir comme s’il auoit tué vn hom¬
me. Le roy et les habitans du païs ont
vne folle opinion de ces bestes , esti-
mans qu’ils sont les esprits de Dieu ,
disant que si ainsi n'estoit , ils n’au-
roient la puissance de mettre un
homme à mort par leur simple mor¬
sure : de sorte que ces animaux ont
ce crédit de se pourmener parmy la
ville , connoissant bien ceux qui ne
les craignent pas, ausquels ne font
aucun mal. Combien (dit-il) que de
son temps il soit aduenu, que par vne
nuict l’vn de ces animaux entra de¬
dans vne maison où il mordit neuf
personnes, que l’on trouua au matin
roides mortes, et fort enflées. Et
nonobstant cela , ils ne laissent les
auoir en grande admiration , tellement
3i7
que si en allant en quelque voyage ils
rencontrent vne de ces bestes, ils le
repaient de bon-heur, esperans de
cela que leurs affaires et entreprises
ne peuuent venir qu’à bon port.
Il dit plus, qu’au royaume de Sene-
gua y a des serpens longs de deux
pas et plus , et n’ont ailes ny pieds ;
mais ils sont si gros qu’ils engloutis¬
sent vne chéure entière, sans la des-
membrer : croyez-le si vous voulez
CHAPITRE XX VIH.
DE LA SALAMANDRE.
La Salamandre ne fait seulement
mourir les personnes par le venin de
sa morsure, comme les autres serpens
venimeux ; mais aussi infecte de sa
baue les fruicts et les herbes par où
elle passe, et d’une certaine humeur
espaisse qui lui sort de tout le corps,
comme vne sueur, au grand danger
de ceux qui mangent desdites herbes,
comme on a veu par expérience en
plusieurs qui en sont morts. Par-
quoy ne faut trouuer estrange si
aucuns modernes ont dit, qu’aucu¬
nes maisons estoient entièrement pe¬
rtes pour auoir beu de l’eau despuys,
dedans lesquels vne salamandre es-
toit par fortune tombée sans y pen¬
ser : car si elle grimpe sur vn arbre,
elle infecte tout le fruict,et fait mou¬
rir tous ceux qui en mangent, de la
qualité froide et humide de son ve¬
nin , n’estant en rien differente de
l’aconit.
Aëce dit que ceux qui auront auallé
du venin de la salamandre , il sort
1 Cette singulière façon d’exprimer le
doute ne se lisait pas en 1579 ; elle n’a été
ajoutée ici qu’en 1685,
3i8
LE VINGT-TROISIÈME LIVRE,
do leurs corps taches blanches , puis
noires , lesquelles se pourrissans,font
tomber le poil de tout le corps K
On remedie à leur venin par vo-
misselnens et clysleres, on donnant
aussi du thériaque et melhridat. Aui-
cenne ordonne tnesmes remedesqu’on
donne contre l’opion , parce qu’ils
Sont tous deux de nature froide : et
pour Talexitere propre à tel venin ,
c'est la terebenthine , le storax, la
graine d’ortie, et les fueilles de cyprès.
Dioscoride dit la salamandre est
vne espece de lezart de diuerses cou¬
leurs : et est folie de dire qu’elle ne
se brusle point au feu. Pline dit
qu’elle est si froide, qu’elle esteint
le feu au toucher seulement , comme
la glace ^ : ce qu’elle fait mise sur les
charbons , comme on feroit vne car-
bonnade qu’on y voudroit rostir.
Toutesfois Matthiole dit, qu’estant
ietlée au milieu d’vne grande flamme,
subit est consommée. C’est, dit-il,
grande folie vouloir croire que le feu
ne la peut consommer, et qu’elle en
vit comme le caméléon de l’air.
La salamandre est noire , semée de
grandes taches iaunes, en figure d’es-
tôlles. Elle a vne vertu chaude, corro-
siue, et vlceratiue : on en vse aux me-
dicamens, comme des cantharides , à
faire vessies, pour nettoyer et consom¬
mer les matières coniointes en quel¬
que partie extérieure du corps aux lé¬
preux.
chapitre XXIX.
DE LA TORPILLE.
La torpille est ainsi nommée, à
cause qu’elle rend les membres en-
» y4ëce liu. 13.— A. P.
2 Liure 10. chap, 67. — A. P.
dormis. Elle vit aux rluages fangeux,
de chair des autres poissons , qu’elle
prend par finesse : car estant cachée
dans le limon , elle rend les poissons
qui s’approchent d’elle tellement en¬
dormis, eslourdiset immobiles, qu’elle
les prend , et en ioüil à son plaisir.
Non seulement a ceste vertu contre
les poissons, mais aussi contre les
hommes : car si vn homme luy lou¬
che auec vue verge , elle luy endor¬
mira le bras ; aussi fait-elle aux pes-
cheurs qui font prise en leurs rets.
Ce que tesmoigne Pline liure xxxij.
chap. j Ce qui est confirmé par le docte
seigneur du Bartas au cinquième li¬
ure de la Sepmaine, par ces vers ‘ :
La Torpille, qui seau qu’ëlle porte en son flanc
Vn hyuer insensible , vn pestiféré sang ,
Vn inconnu pauot, vne haleine cruelle,
Qui roidit tous les corps qui s’auoisinent d’elle :
Verse ttaisireusëinent sur les proches poissons
le ne sçay quels venins, ie tie sçay quels glaçons,
Dont l’estrange vertu s’espaudant par les ondes
N’arreste seulement leurs troupes vagabondes,
Ains mesme endort leurs sens : puis se paist de
leurs corps,
Dont les membres gelés sont ét morts , et non
I morts.
CHAPITRE XXX.
DE LA MORSVRE D’ ASPICS'^.
La playe de l’aspic estpetite comme
la piqueure d’vne aiguille, et ue fait
aucune enfleure. Les aCcidens qui
aduiennent après la morsure , sont,
que les malades se sentent tost après
^ Ces citations de Plinè et de Dubarlàs
n’Onlété ajoutées ici qu'eu ISSS.
® Ce chapitre est exactement copié du
chap. 14 de 1676, saufle dernier paragraphe,
qui est d’une date plus récente.
DES VENINS.
la veuë troublée , et plusieurs dou¬
leurs par le corps assez legeres, et
sentent douleurs à l’estomach, et la
peau du front se ride, et le malade cli-
notte tousiours les yeux , comme s’il
auoit vouloir de dormir : et tost
après, et le plus souuent dedans trois
iours , autres en huit heures, meurt
en conüulsionjsi on n’y donne ordre.
' Le masle fait deux piqueures , et la
femelle quatre^ comme font les vh
peres.
Or le venin de l’aspic fait congeler
le sang és veines et arteres : et par^^
tant faut donner, pour contrarier à
iceluy , choses calefactiues et de té¬
nue substance , comme eau de vie en
laquelle on aura dissout theriaque ou
methridat, et autres semblables :
aussi on en appliquera dedans la
playe, et fera l’on eschâuffer le pa¬
tient par bains , frictions et ambula-
tions, et autres semblables. Lors que
la partie morse deuient purpurée,
noire oü Verdoyante, telle chose de-
monstre que la chaleur naturelle est
suffoquée et esteinte par la malignité
du venin t alors la faut amputer s’il
est possible , et que les forces le per-
meltent.
De Vigo en sa Pratique de Chirurgie^
dit aiioir ven à ï'iorence vn charla"
tan Triacleur, lequel pour mieux
vendre son theriaque , se fit mordre
à vn aspic , de laquelle mor.sure il
mourût en quatre heures. Matthiole
semblablement le recite , et dit qu’ils
estoient deux charlatans , dont l’vn
habloit et haranguoit mieux que
l’autre pour mieux faire valoir ses
denrées , lequel conceut vne enuie
mortelle contre son compagnon : par-
qüoy trouua moyen de luy changer
son aspic , qui auoit ja perdu sa viru¬
lence par la longue nourriture, et
l’ayant esté de sacassole, y en mit vn |
3i9
, autre recentement pris et tout affamé.
Dont aduint que ce habladour pen¬
sant que ce fust le sien, se fit mordre
au telin, ainsi qu’il auoit de cous-
tume, etprint après de son theriaque,
lequel ne luy seruoit qu’à donner
couleur pour abusér et tromper le
peuple , qui voyant ceste beste le
mordre sans en ressentir aucune of¬
fense, couroit après luy, estimant
son theriaque souuerain. Mais le
pauure charlatan trompé par son
compagnon , qui luy auoit changé sa
beste priuée et altérée de son venin ,
en moins de quatre heures laissa la
vie : et les accidefis qui luy süruin-
drent , furent qu’il perdit la veuë , et
tons ses autres sens : sa face deuint
liuide, et la langue fort noire: et eut
grand tremblement de tous ses mem¬
bres , atiec sueur froide et défaillance
de coeur, puis la mort, et ce en la pré¬
sence des assistans .- et subit le meur¬
trier gaigna au pied.
Matthiole dit que ces charlatans
triacleurs , pour tromper le peuple à
mieux vendre leur theriaque , pren¬
nent aspics et viperes , long temps
apr^s le printemps , lors qu’ils ont
ietté le plus dangereux de leur venin :
puis les appriuoisênt par viandes non
accoustumées, et leur font changer
en partie la nature venimeuse ; et
après ce, les font mordre dedans de
gros morceaux de chair, à fin de tirer
leur venin enclos en vne petite mem¬
brane qui est entre leurs dents et
genciues : puis ils leur font remordré
sur l’heure quelque composition, qui
leur estouppe les conduits par les¬
quels le venin a de coustume de sor¬
tir : tellement qu’ après qu’elles mor¬
dent , leur morsure n’apporte aucun
danger. Et par ce moyen ces larrons
et pipeurs do charlatans se font ad¬
mirer au simple peuple, auquel ils
LE VIWGT-TROISIÉMÈ LIVRE,
320
vendent leur theriaque falsifié bien et
chèrement *.
Chrislofle l’André , en son liure in¬
titulé Oecoiatrie , dit qu’aux isles
d’Espagne y a grande multitude de
serpens , aspics et autres bestiaux
veneneux , contre la morsure des¬
quels iamais le theriaque ne peut ser-
uir : et par expérience on a trouué ce
remede tres-excellent.
Prenez des feuilles de Tapsus barbatus, ca-
ryophyllata , giroflier rouge, autant d’vn
que d’autre : faites les bouillir en fort
vinaigre et vrine d’homme bien sain, et
en fomentez la partie.
Et si le venin a esté ja long temps
gardé, faut que le malade boiue
quatre doigts de ladite décoction à
ieun, deux heures deuant manger.
Ledit autheur iure Dieu , que tel re¬
mede est bien expérimenté , et qu’il
s’oseroit bien faire mordre au plus
dangereux aspic , sans en receuoir
aucun mal.
CHAPIIRE XXXI.
DE LA MORSVRE DE COVLEVVRE
Quant est de la morsure de la cou-
leuure , ie produiray icy vue histoire.
Le Roy estant à Moulins , M. le
Féure Médecin ordinaire du roy,
M. laques le Roy, chirurgien ordi¬
naire dudit seigneur, et moy , fusmes
appellés pour medicamenter le cuisi-
1 Ici finissait le chapitre en 1575; le reste
est de 1579.
* Ce chapitre est entièrement le même
que le chap. 15 du livre de 1575.
nier de madame de Castelpers, le¬
quel en cueillant on vue baye du
houblon pour faire vne salade, fut
'mords d’vue couleuure sur la main ,
et sueça le sang de la playe, dont tost
après la langue s’enfla si fort qu’il ne
pouuoit qu’à bien grand’peine parler
ny estre entendu. D’auantage tout le
bras iusqu’à l’espaule s’enfla et bour-
souffla grandement, de façon qu’on
eust dit qu’on l’auoit soufflé : et di¬
soit le patient y sentir vne extreme
douleur, et tomba en nos présences
deux fois en défaillance de cœur,
comme estant mort , et auoit la cou¬
leur du visage et de tout le corps
iaunastre et plombine. Nous , voyans
tels accidens , disions la mort estre
prochaine : neantmoins il ne fut laissé
sans secours : qui fut luy lauer la
bouche de theriaque destrempé en
vin blanc , puis luy en fut donné à
boire auec eau de vie. Et sur son bras
boursoufflé, ieluy fis plusieurs scari¬
fications assez profondes , et mesme-
ment sur la morsure , et laissay suf¬
fisamment fluer le sang ( qui n’estoit
qu’vne sérosité) : puis après furent
lauées d’eau de vie en laquelle i’auois
fait dissoudre du theriaque et me-
thridat. Et après le patient fut posé
dedans vn lit bien chaudement , et le
fit -on suer, le gardant de dormir,
de peur que le venin ne se retirast
auec la chaleur naturelle au cœur. Et
véritablement le lendemain tous les
accidens furent cessés, et fut tost
après guari desdiles scarifications,
ïoutesfois l’vlcere de la morsure fut
tenue longuement ouuerte, y appli¬
quant tousiours du theriaque auec les
autres medicamens. Ainsi ledit cuisi¬
nier receut entière et parfaite gua-
rison.
Et te suffise de ceste histoire pour
preuoir àla morsure delà couleuure.
CHAPITRE XXXIL
DE LA MOBSVRE DV CRAPAVT
Encores que les crapaux n’ayent
des dents, neantmoins ne laissent
d’empoisonner la partie qu’ils mor¬
dent de leurs babines et genciues, qui
sont aspres et rudes, faisans passer
leur venin par les conduits de la par¬
tie qu’ils mordent. Aussi iettent leur
venin par leur vrine , baue et vo¬
missement sur les herbes, et princi¬
palement sur les fraises, dont ils sont
fort friants. Et ne se faut esmerueil-
1er si, après auoir pris de tel venin,
les personnes meurent de mort subite.
Dont en cest endroit ne veux laisser
en arriéré vne histoire, que depuis
peu de iours vn homme d’honneur
m’a récité.
Deux marchans estans à vne dis¬
née prés de Toulouse, s’en allèrent au
iardin de leur hoste cueillir des fueil-
les de sauge, lesquelles mirent en
leur vin sans estre lauées : et deuant
qu’ils eussent acheué de disner , per¬
dirent la veuë , ayans premièrement
vne verligine, tellement qu’il leur
sembloit que la maison tournas! sens
dessus dessous ; et tombèrent en
spasme et défaillance de cœur, ayans
les léures et la langue noire, et bal-
butioient, et auoient le regard hi¬
deux et de trauers , ayans vne sueur
froide auec grands vomissemens , et
enflerent bien fort, et peu après mou¬
rurent : dontl’hoste et generalement
tous ceux de la maison furent bien
1 Ce chapitre répond mot pour mot au
chap. 16 de l’édition de 1575, sauf quelques
additions à la fin, qui sont d'une date plus
récente.
fort estonnés. Et lost après on les
saisit et les mit-on en prison, leur
mettant sus auoir empoisonné les
deux marchands. Et les ayant tous
interrogués sur le crime qu’on leur
imposoit de les auoir empoisonnés,
dirent qu’ils auoient mangé et beu
de mesmes viandes , reste qu’ils n’a-
uoient mis de la sauge en leur vin.
Adonc le iuge fit appeler vn Médecin
poursçauoir si on pouuoit empoison¬
ner la sauge : et dit que ouy, el quïl
falloit aller au iardin , pour sçauoir
si on pouuoit apperceuoir quelque
beste venimeuse, qui peust auoir ietté
son venin dessus. Ce que véritable¬
ment on trouua, qui estoit grand
nombre de crapaux gros et petits, les¬
quels estoient logés en vn trou sous
la sauge, assez profondément en terre,
et les fit-on sortir en fouillant et iel-
tant de l’eau chaude autour de leur
demeure. Et là fut conclu que la
sauge estoit empoisonnée , tant par
la baue que de l’ vrine des crapaux ‘,
et l’hoste auec sa famille absoult.
Et partant nous recueillirons par
ceste histoire, qu’on ne doit manger
aucunes herbes , ny des fraises , que
premièrement elles n’ayent esté bien
lauées; et aussi que l’exhalation,
morsure, baue , el vrine des crapaux
sont fort venimeuses. Pareillement il
se faut bien garder de dormir aux
champs , ayans la bouche prés de
quelque trou où les crapaux et au¬
tres bestes venimeuses font leur de¬
meure, de peur d’attirer leur venin
en respirant, qui pourrait estre cause
de la mort du dormant. Aussi faut
1 J’ai adopté en cet endroit le texte uni¬
forme de toutes les éditions faites du vivant
de l’auteur. Il est bon de noter cependant
que la première édition posthume ajoutait :
ei par leur vapeur venimeuse.
LE VINGT-TROISIÈME LIVRE
322
cuUcr de manger des gfenoüilles au
mois de May, à cause que les crapaux
fraient auec elles : ce qu’on voit à
l’œil au mois de May, aux marests et
autres lieux où elles habitent. Il y en
a de petits, quisont quelquesfoisaual-
lés des bœufs et vaches auec les her¬
bes qu’ils paissent , et tost après il
leur suruient vne telle enfleure de
tout le corps, qu’ils en creuent le
plus souuent.
Or ce venin n’est seulement dange¬
reux pris par dedans , mais aussi es¬
tant attaché au cuir par dehors, ainsi
qu’il adulent lors qu’ils iettent leur
venin quand on les tue ou autrement.
Parquoy il faut promptement essuyer
et lauer le lieu d’viine , ou d’eau sa¬
lée, ou autres choses qui ont esté cy
dessus déclarées aux morsures des
chiens enragés.
Les accidensquî aduiennent de leur
venin sont, que le malade deuient
iaune , et tout le corps luy enfle, en
sorte qu’il ne peut auoir son haleine,
et halette comme vn chien qui a gran¬
dement couru : parce que le dia¬
phragme (principal instrument de la
respiration) ne pouuant auoir son
mouuement naturel, redouble incon¬
tinent, et fait haster le cours de
la respiration et expiration. Puis
luy viennent d’abondans vertigines,
spasme, défaillance de cœur, et après
la mort, s’il n’est promptement se¬
couru. Ce qui adulent non à raison
de la qualité de leur venin, lequel est
froid et humide, mais de sa malignité
particulière, laquelle pourrit les hu¬
meurs.
Or d’autant que ce venin est en-
nemy mortel de toute sa substance, il
le faut combattre tant par qualités
manifestes, que par antidotes ou con¬
trepoisons. Qui se fera par vomisse-
mens (principalement si le venin est
donné par boire ou manger) par clys-
teres , et toutes choses chaudes et de
subtiles parties, comme bon vin au¬
quel on aura dissout theriaque ou
methridat , et autres choses qu’auons
par cy deuant déclarées aux morsures
des chiens enragés. Aussi les bains,
estimes, et grand exercice sont à
loüer, à fln de dissoudre , subtilier et
euacuer l’humeur venimeux
Rondelet en VHistoire des Poissons
dit que le crapaut est vestu d’vne
grosse peau dure, et mal-aisée à per¬
cer et rompre, parce qu’il se confie et
enfle, se remplissant d’air , au moyen
de quoy ii résisté aux coups ; peu
souuent mord, mais il iette vne vrine
et haleine venimeuse à ceux qui le
sentent , deraeurans enflés par tout
le corps, et bienlost meurent. Il dit
auoir veu vne femme qui mourut pour
auoir mangé des herbes sur lesquelles
vn crapaut auoit baleiné et ietté son
venin. Les mecbans bourreaux em¬
poisonneurs en font plusieurs venins,
lesquels il faut plu tost taire que
dire.
Iceluy a la vessie fort grande, où
il garde quantité d’vrine, qu’il iette
contre ceux quil’assailleot. Les alexi-
teres et contrepoisons sont , boire du
jus de betoine, de plantain et d’ar¬
moise : pareillement le sang de tor¬
tue, auec farine, et réduit en pilules,
puis destrempé auec du vin.
Pline dit que leur ratte et cœur ré¬
sisté contre leur venin.
L’opinion du vulgaire est fausse,
pensant qu’on trouue dedans leur
teste vne pierre nommée crapaudine^
bonne contre le venin.
1 Là finissait ie chapitre en 1M5 j tout ce
qui suit a été ajouté en 1679.
DES VENINS.
CHAPITRE XXXIIL |
DE LA PIQVEVBE DV SCORPION
terrestre K
Le scofpioti est vne petite beste
ayant le cofps en oualle, et a plu¬
sieurs pieds, et la queue longue, faite
en maniéré de patenostres attachées
bout à bout l’vne contre l’autre, la
derniere plus grosse que les autres et
vu peu plus longue , à l’extremité de
laquelle il y a vn aiguillon, et aucuns
en ont deux, lesquels sont creux, rem¬
plis de venin froid, par lesquels ils iet-
tent leur venin dedans la playe qu’ils
piquent. Il a de chaque coslédnq iam -
bes fourchues en maniéré de tenailles;
les deux de deuant sontbeaucoupplus
grandes que les autres, et faites en
maniéré de celles d’vne escreuisse. Il
est de couleur noirastre , comme de
couleur de suye : il chemine de biais :
il s’attache si fort auec le bec et pieds
contre les personnes, que bien diffi¬
cilement on le peut arracher. Aucuns
ont des ailes semblables à celles des
Sauterelles qui mangent les bleds,
qui ne sont trouués en France : et
iceüX volent de région en autre, ainsi
qu’on Voit des fourmis volans. Ce qui
est vray-semblable , parce que les j
paysans de Castille (ainsi qu’escrit
Matthiolus) en labourant la terre,
trouuent souuent en lieu de fourmi¬
lières, vne bien grande quantité de
scorpions qui s’y retirent Fhyuer.
Pline escrit qu’en Ethiopie , y a vn
grand pays desert pour raison des
1 Ce chapitre répand presque mot pour
mot au chap. 17 du livre primitif, qui por¬
tait seulement pour titre De lapiqueufe du
scorpion.
2 Pline, liu. 8. chap. 29. — A. P.
3a3
scorpions , qui n’y ont laissé ny gens
ny bestes.
Les anciens font plusieurs especes
et différences de scorpions , lesquels
sont distingués selon les diuersités
de couleurs, comme iaunes, roux,
cendrés, verds, blancs, noirs i les vns
ayans des ailes, les autres point- Ils
sont plus ou moins mortels, selon les
régions où ils habitent, comme en la
Toscane et en Scylhie sont fort Veni¬
meux : en autres régions comme en
l’isle de Pharo et à Trente », leur pi-
queure n’est venimeuse , et n’en ad¬
ulent aucun mauuais accident.
Il suruient inflammation en la par¬
tie offensée, auec grande rougeur,
dureté, tumeur et douleur , laquelle
se change, à sçauoir , tantost chaude
‘ et tantost froide : aussi accrôist in-
tempestiuement , et par interualle
cesse , puis tost après accrôist : pa--
reniement le malade a vne sueur et
frissonnement, comme ceux qui ont
la fiéure, et a vne horripilation, c’est
à dire que les cheueux lu y dressent,
Il sent aussi des ponctions parmy le
corps, comme si on le piquoit aueo
aiguilles, et grande quantité de vents
par le siégé : il a volonté de vomir, et
aller à ses affaires, et n’y peut toutes-
fois aller ; et tombe en défaillance de
I cœur, fiéure continue, et deuient en¬
flé ; et si on ne luy donne secours, la
mort s'ensuit.
Antonius Beniuenius au liure
chap. 56, dit auoir eu vn seruiteur ^
lequel futpiqué d’vn scorpion, et tout
subit luy suruint vne sueur froide
comme glace : fut preserué de la
mortenbeuuant du theriaque dissout
en vin
1 Edition de 1575 : et aux régions froides^
comme à Trente.
2 Cette Citation de Benlvenius est une ad¬
dition de 1585.
LE VJ lSGÏ-THOISIÉME LIVRE
O ‘2 4
Dioscoi'ide liui-e 2, chapitre lo dit
que le scorpion terrestre crudescaché
ou broyé, et mis sur la piqueure, ou
l’huile d’iceluy, est son vray alexitere.
On le mange aussi rosti et bruslé
pour ce mesme effect, de quoy l’expe-
rience fait foy.
Autre remede. Prenez laict de figuier,
et instillez en la playe ; tel remede
guai-it promptement.
Autre. Prenez calament broyé, et
appliquez dessus. Aussi la farine
d’orge incorporée en décoction de rue
et appliquée dessus.
Et pour remede excellent, il se faut
ietter dedans vn bain, et se faire tres-
bien suer. Pour seder la douleur
promptement, il faut piler des escar¬
gots auec leur coquille, et les appli¬
quer dessus la piqueure. Aussilesoul-
phre vif puluerisé, et incorporé auec
terebenthine, est souuerain remede.
La rue pilée , et appliquée dessus, est
bonne. Aussi pour vn singulier re¬
mede on y applique l’herbe nommée
Scorpioïdes., dont on a pris le nom.
Autre remede. Racine de couleurée
boulue, et pilée auec vn peu de soul-
phre.
Autre. Les aulx pilés, soulphre et
huile vieille meslés ensemble etappli-
pliqués dessus.
Autre. L’agaric puluerisé ou en dé¬
coction, cure leur piqueure.
Pour les chasser, il faut faire suf-
fumigation de soulphre et galbanum.
L’huile aussi faite d’iceux, appliquée
aux trous où ils habitent, garde qu’ils
n’en peuuent sortir. Autant en fait le
jus de raifort 2. Et pour les garder
qu’ils n’approchent et piquent per-
‘ L’édition de 1575, au lieu de Dioscoride,
citait : Alalheolus, Hure deuxieme.
2 Le livre de 1575 ajoutait : et de laict, et
huille faite d’iceux. Je ne sais ce qu’il enten-
sonne, il se faut frotter de jus de rai¬
fort ou d’aulx : car par ce moyen ia-
mais n’approchent de celuy qui s’en
sera frotté.
Plusieurs autres remedes ont escrit
les anciens, mais ie n’ay pris que ceux
qu’on peut aisément recouurer, et
sont grandement loués par dessus
tous autres.
CHAPITRE XXXIV.
DE LA MORSVRE ET PIQVEVRE DES
MOVSCHES ET CHENILLES*.
Les abeilles ou auettes, les gues-
pes, les freslons, les bourdons, les ta-
hons, après auoir fait ouuerture au
cuir, les vnes par leur morsure, les
autres par leur piqueure, causent vne
grande douleur pour la malignité du
venin qu’elles iettent en la playe, la
quelle toutesfois n’est pas tousiours
mortelle : vray est que se iettans icel¬
les bestes en grand nombre sur vn
homme, elles le peuuent tuer : car on
en a mesme veu mourir lescheuaux.
Ceux qui en sont inopinément of¬
fensés, pour la grande douleur qu’ils
sentent, estiment que ce soit quelque
auire beste venimeuse : et pour ceste
cause il est bon sçauoir les signes et
accidens de leur pointure. C’est qu’ils
dait par le jus de lait, à moins qu’il ne
faille lire : et le laict -, dans tous les cas ceci
a été rayé dès 1579.
‘ Ce chapitre est formé de la réunion de
deux chapitres du livre de 1575 jg jg'
ayant pour litre : De la morsure eide la pii
queure des rnousches; et le 19^ intitulé : De
la morsure des chenilles. 11 n’y a du reste ab¬
solument rien de changé au texte primitif,
SI ce n’est une petite addition qui sera notée
DES VENINS.
325
causent grande douleur, laquelle de¬
meure iusques à ce que leurs dents
ou piquerons soyent ostés : et le lieu
deuient promptement rouge et enflé
à l’entour, et s’y forme vne vessie ,
pour cause de ta virulence qu’elles
ietlent ayans fait ouuerlure du cuir.
Pour la curation, il faut prompte¬
ment sucer le lieu le plus fort que
l’on pourra, pour oster leurs dents ou
aiguillons : et si par ce moyen ne
peuuentestre extraites, faut inciser le
lieu (si la partie le permet) ou pren¬
dre cendres et leuain et huile incor¬
porés ensemble, et l’appliquer dessus.
Autreremede. Il faut mettre la partie
en eau chaude et la bassiner par l’es¬
pace de demie heure ou plus, et après
lauer la playe d’eau sallée.
Autre. Le cresson pilé et appliqué
dessus sede la douleur, et résout l’hu¬
meur contenu en la tumeur. Autant
en fait la fiente de bœuf destrempée
en huile et vinaigre, et appliquée as¬
sez chaude dessus.
Autre. Féues maschées et appli¬
quées dessus, sedent pareillement la
douleur. Aussi fait la berle pilée auec
oxycrat. Aucuns commandent pren¬
dre desdites mouches et les escacher
et en frotter le lieu, et les laisser des¬
sus, ainsi qu’on fait auxpiqueures de
scorpions.
Autre. Faut prendre vinaigre, miel
et sel, et le plus chaud qu’on pourra
en frotter le lieu, et y laisser vn linge
en double dessus.
Autre. Prenez soulphre vif pulue-
risé, et incorporé en saline d’homme,
et appliquez dessus.
Autre. Laict de figues non meures,
incorporé auec du miel, est aussi vn
souuerain remede.
On peut estre asseuré sur tous re-
medes, du theriaque (que Galien ap-
prouue au liure De theriaca ad Piso-
nem) le disant estre le plus salubre
remede dont on puisse vser aux pi-
queures et morsures des bestes veni¬
meuses, comme i’ay dit cy dessus.
Pour garder que lesdites mouches
ne mordent et piquent, il se faut oin¬
dre le corps de jus de maulue incor¬
poré auec huile : et pour les chasser
bientost, il faut faire parfum de soul¬
phre et d’aulx ^
Galien dit que la guespe a ceste
malice, que voyant vne vipere morte,
elle s’en va tremper son aiguillon au
venin d’icelle, et de là fdit-il) les
hommes ont appris à empoisonner les
fléchés.
Les chenilles rousses et velues, ap-
pellées en latin Mullipedes , engen¬
drent grande démangeaison, rougeur
et tumeur au lieu qu’elles mordent,
où seront attachées ou escachées ; et
celles qui seront nourries és pins en-
cores plus. Les oignons pilés auec vi¬
naigre est vn singulier remede pour
appliquer au lieu, et pareillement les
autres remedes qu’auons escrit aux
I morsures et piqueures des mousches.
CHAPITRE XXJiV.
DE LA MORSVRE DES ARAIGNES*.
Les araignes ourdissent leur toile
de diuerse façon, et y font vn petit
trou, dans lequel sont tousiours en
embuscade pour attraper et prendre
les mousches et mouscherons, des¬
quels elles se nourrissent. Il y en a de
1 Ici se terminait le chapitre 18 du livre
de 1575 ; le paragraphe qui suit est de 1579,
et le dernier paragraphe constituait à lui
seul le chap. 19 du livre primitif.
« Ce chapitre est textuellement le même
que te 20' chapitre du livre de 1576o
'JqCî le vingt-troisième livre
plusieurs especes : l’vne est appellée
Rhagion, laquelle est ronde et de cou¬
leur noire, comme vn grain de raisin
dont elle porte le nom : elle a la bou¬
che au milieu du ventre, et les jam¬
bes courtes, et fait mesme douleurque
le scorpion. Il y en a vne autre espece
nommée Loup, pour-ce qu’elle ne
chasse seulement aux mousches com¬
munes, mais aussi aux abeilles et aux
tabons, et generalement à toutes peti-
tesbestioles qu’elle peut attraper en sa
toile. La troisième espece est appellée
Formillon^pource qu’elle ressemble à
vne grande formis, et est noire, et a
le corps marqueté de certaines peti¬
tes estoiles luisantes , et principale¬
ment vers le dos. La quatrième es¬
pece est appellée de Matthiolus Dy«-
deris, et est semblable aux mousches
guespes, reste qu’elle n"a nulles ailes,
et est de couleur aucunement rouge,
laquelle ne vit que d’herbes.
Or les anciens tiennent que leur
morsure est fort venimeuse, et que le
venin est froid , parce que les acci-
dens qui en prouiennent sont grandes
ventosités au ventre et froideur des
extrémités : et au lieu de leur mor ¬
sure le malade sent vne stupeur et
vne grande réfrigération, et a vne
grande horripilation.
Il faut lâuer la playe promptement
de vinaigre le plus chaud qu’on le
pourra endurer. Pareillement faut
piler des aulx et oignons et les appli¬
quer dessus : ou bien de la fiente de
chéure fricassée en vinaigre. Sembla¬
blement est bon qu’on prouoque la
sueur, soit par bains, estuues, ou au¬
trement. Et sur tout le theriaque est
excellent, tant donné par dedans
qu’appliqué par dehors.
CHAPITRE XXXVI.
DES MOVSCHES C.-VXTIURIDES L
Les mousches cantharides sont res¬
plendissantes comme or, et sont fort
belles à voir, à raison de leur couleur
azurée parmy le iaune, toutesfois de
tres-mauuaise odeur. Elles sont chau¬
des et seiches iusques au quatrième
degré, et partant corrosiues, brus-
lantes et venimeuses, non seulement
à cause de leur chaleur et seicheresse
exoessiue, mais aussi à cause d’une
particulière inimitié que Nature leur
a donnée, principalement contre les
parties dediées à l’vrine 2, non seule¬
ment prises par la bouche, mais aussi
appliquées par dehors, quand U est
besoin de vessier ou vlcerer quelque
partie.
Les signes ou accidem d'auoîr pris des
cantharides par dedans.
Le premier est que le malade sent
au goust comme poix noire fondue,
qui procédé des humeurs vaporeuses
bruslées en l’estomach et au foye par
la vehemente chaleur putredineuse
de leur poison® : et tost après qu’elles
sont entrées dans l’estomach, le ron¬
gent et corrodent, et y causent grande
douleur, et excitent vne inflamma¬
tion au foye et aux boyaux, dont il
s’ensuit flux de ventre , par lequel le
malade iette par ses selles des excre-
mens semblables à l’eau dans laquelle
‘ Ce chapitre est presque entièrement co¬
pié du chapitre 21 du livre de 1575,
® La phrase s’arrêtait là en 1575; le reste
est de 1579.
3 Cette phrase explicative : qui procédé des
humeurs vaporeuses, etc., est une addition de
1579.
DES VENINS.
on a laué chair sanglante, ou comme
le flux des dysenteries et caquesan-
gues. Et à cause de l’adustion qu’el ¬
les font aux humeurs, suruient fié -
ure ardente, de façon que les malades
deuicnnent vertigineux et insensés,
ne se pouuans tenir en place , pour
les fumées et exhalaisons venimeuses
qui montent des parties basses au cer-
ueaû, lequel ressentant telle vapeur,
peruertit le iugement et la raison :
tous lesquels signes apparoissans, on
peut iugerla maladie estre incurable.
Et quant aux parties dediées à Fv-
rine, causent inflammation , excoria¬
tion et vlcere , auec vne extreme
douleur, érection de la verge et tu¬
meur aux hommes, et aux femmes de
toutes leurs parties genilales, qui fait
que Fvrine sort en moindre quantité,
et encores le peu qui en sort est san¬
guinolent : voire souuentesfois les pa-
liens pissent le sang tout pur, et
quelquesfois aussi les conduits de l’v-
rine sont du tout estoupés, dont s’en¬
suit gangrené et mortification, et par
conséquent la mort.
La cure du venin des cantharides
prises par dedans ou par dehors , ne
différé que selon plus ou moins. Lors
que quelqu’vn aura pris des cantha¬
rides, faut promptement le faire vo¬
mir, et luy donner du laict de vache
à boire, lequel a vertu d’esteindre
Fardeur de ia poison, et restreindre le
flux de ventre, seder la douleur, parce
qu’il lenit et adoucit la chaleur et
seicheresse. Pour ceste cause, on en
Ysera tant au boire qu’en clysteres et
inieclions : et qui n’aura du laict, on
vsera d’huile d’olîue ou d’amendes
douces, pour adoucir Facrimonie de
leur venin, qui pourrait estre atta¬
ché contre les parois de l’estomach et
intestins. Et leur fera-on autres cho¬
ses qui seront recitées par ceste his¬
827
toire, laquelle il m’a semblé bon de
reciter, non pour enseigner le moyen
d’en vser, mais au contraire à fin de
s’en prescruer, et endoctriner le chi¬
rurgien où telle chose .aduîen droit d’y
remedier L
Vn Abbé de moyen aage , estant en
ceste ville pour solliciter vn procès,
sollicita pareillement vne femme hoh-
nestede sonmeslier, pourdeuiser vne
nuict auec elle, si bien que marché
fait, ilarriuaensa maison. Elle re¬
cueillit monsieur FAbbé amiable -
ment , et le voulant gratifier , luy
donna pour sa collation quelque con¬
fiture en laquelle y entroit des can¬
tharides, pour mieux l’inciter au dé¬
duit venerique. Or quelque temps
après, à sçauoir le lendemain, les ac-
cidens que Fay par cy deuant décla¬
rés aduindrent à monsieur FAbbé, et
encores plus grands, parce qu’il pissoit
et iettoit le sang tout pur par le siégé
et par la verge. Les Médecins estans
appelés, voyans l’Abbé auoir tels ac-
cidens , auec érection de verge ,
conneurent qu’il auoit pris des can¬
tharides. Ils luy ordonnèrent des vo-
mitoires et clysteres , faits d’orge
mondé, de ris, de décoction de maul-
ues, semence de lin, de fenugrec,
d’huile de lis, suif de bouc ou de cerf,
et puis après vn peu de theriaque
mixtionné auec conserue de roses,
pour faire sortir la poison dehors.
Pareillement on luy donna à boire du
laict, et on luy en fit aussi des iniections
en la verge, et aux intestins , auec
autres choses réfrigérantes, glaireu¬
ses et gluantes, pour cuider obtondre
et amortir la virulence et malignité
du venin. Or telles choses à bon droit
1 L’édition de 1675 disait simplement :
et leur fera-on attires choses, qui seront réci¬
tées par ceste histoire.
LE VlNGf-ÏROÎSI^ME LIVRE,
3^8
ont esté ordonnées des anciens Méde¬
cins, parce qu’elles demeurent long¬
temps attachées aux parties intérieu¬
res offensées et vlcerées ; ioint aussi
qu’elles gardent'que le virus n’y peut
pénétrer ; et partant le laict y est fort
bon . Au ssi le beurre frais beu et ietté en
la vessie, et l'huile d’amendes douces
recentemen t tirée : semblablement les
mucilages de psyllium, de maulues ,
de coings : et le syrop de nénuphar,
de pauot, de violes, le jus de laictues,
pourpié, concombres, de courges, et
de melons. Or son boire estoil eau
d’orge et ptisane* -.son manger estoit
poullailies, veau, ebéureau, cochons
gras boulins auec laictues, pourpié,
maulues, violiers de Mars, orge, les¬
quels alimens luy estoient aussi me-
dicamens, tant pour lascher le ventre,
que pour adoucir et seder les dou¬
leurs de l’acrimonie du venin ; et sur
la région des reins, lombes, et sur le
penil,on mit plusieurs choses réfri¬
gérantes et humectantes. D’auantage
il fut baigné, pour cuider donner issue
au venin par les pores du cuir ; mais
pour tous ces remedes faits selon l’art,
monsieur l’Abbé ne délaissa à mourir
auec gangrené de la verge.
Et partant ie conseille à telles da¬
mes ne prendre de telles confitures,
et moins encores en donner à homme
viuant, pour les accidens qui en ad-
niennent.
1 L’édition de 1575 portait : Or son boire
estoit d’orge et ptisane: mais pour tous ces re¬
medes faits selon l’art, monsieur l’^bbé ne dé¬
laissa à mourir le troisième iour auec gan¬
grené de la verge.
Ainsi les autres détails qui suivent sur le
traitement ont été ajoutés en 1579; mais en
revanche celte édition, et par suite toutes
les autres , avaient omis ce point important
pour l’observation, que la mort était arrivée
le troisième iour.
le raconleray encore ceste hîsi-
toire.
Depuis quelques ans en ça, vne da-
moiselle vint à Paris fort couperosée
au visage, y ayant de gros saphirs,
ou boutons, auec grande rougeur,
en sorte que plusieurs qui la voyoient
l’estimoient estre lepreiise , iusques à
luy interdire de non plus entrer en
l’eglise de sa paroisse de peur qu’elle
ne gastast les sains. Icelle appella
auec moy messieurs laques Hollier,
et Robert Greaume , Docteurs Re¬
gens en la faculté de Medecine, auec
Estienne de la Riuiere et Germain
Cheual , Chirurgiens iurés à Paris,
pour donner aide à son mal. Et après
qu’elle nous eut monstré plusieurs
receptes des remedes qu’elle auoit
pris pour cuider estre guarie : après
aussi l’auoir exactement visitée et
examinée, fut conclu et accordé,
qu’ellen’estoit aucunement lepreuse :
parquoy pour guarir sa couperose, on
luy appliqueroit vn vésicatoire fait
de cantharides, sur toute la face, à
fin d’attirer la matière des boulons,
et l’humeur superflu qui estoit pareil-
lemeutimbu en tout son visage.Ce que
ie fis. Et trois ou quatre heures après
que le vésicatoire fut réduit de puis¬
sance en effet, elle eut vne chaleur
merueilleuse à la vessie, et grande
tumeur au col de la matrice, auec
grandes espreintes : et vomissoit, pis-
soit et asselloit incessamment, se iet-
tant çà et là comme si elle eust esté
dans vn feu, et estoit comme toute
insensée, et fébricitante : dont ie fus
alors esmerueillé de telle chose.
Partant ie r’appellay la compagnie,
tant les Médecins que Chirurjgiens.
Et voyant que tels accidens venoient
à raison des cantharides qu’on luy
auoit appliquées pour faire le vésica¬
toire, fut aduisé qu’on luy donneroit
Des venins.
du laid à boire en grande quantité,
aussi qu’on luy en bailleroit en clys-
teres et iniections, tant au col de la
vessie que de la matrice. Semblable¬
ment elle fut baignée en eau modé¬
rément chaude , en laquelle auoit
bouilli semence de lin , racines et
fueilles de raauues et guimauues ,
violiersde Mars, iusquiame, pourpié,
laictues ; et s’y tint assez long temps,
à cause qu’en iceluy perdoit sa dou
leur. Puis estant posée dedans le lict,
et essuyée, on luy appliqua sur la ré¬
gion des lombes et autour des parties
génitales, onguent rosat et popu-
leum, incorporés en oxycrat, à ûn de
réfréner l’intemperalure de ses par¬
ties. Et par ces moyens les autres ac-
cidens furent cessés.
Et quant à son visage, il fut entière¬
ment vessié, et ietta grande quantité
de sanie purulente : et par ce moyen
perdit ceste grande deforraité de la
face qu’elle auoit auparauant. Et
après estre guarie, nous luy donnas-
mes attestation qu’elle n’estoit aucu¬
nement entachée de lepre Et tost
après estant retournée en sa maison,
fut mariée, et a eu depuis de beaux
enfans, et vit encore sans qu’on l’ap-
perçoiue auoir eu la face escorchée.
Ces deux histoires instruiront le
ieune Chirurgien à remedier à ceux
qui auront pris des cantharides, tant
par dedans que par dehors, s’ils sont
appelés pour y preuoii’. Or deuant
que les susdits accidens soyent siirue-
nus et grandement accreus, on fera
au malade boire de l’huile, ou quel¬
que décoction relaxante : pareille¬
ment on en baillera par ciysteres et in-
ieclions,à fin de prouoquer le vomir,
et lascher le ventre : et principale¬
ment pour garder que le venin n’ad-
here contre les parties par où il passe :
comme lors que nous voulons appli¬
329
quer vn cautere potentiel ou vn
vésicatoire sur vue partie, si elle est
huileuse ou engraissée, ils ne pour¬
ront faire leur operation que pre¬
mièrement on n’ait osté l’onctuosité.
Et pour le dire en vn mot, si vn venin
a esté prins par la bouche, et est en¬
core en l’estomach, il faut prouoquer
le vomir: et s’il est ja descendu aux
boyaux gros, il faut donner ciysteres :
et si on a opinion que sa vertu soit
espandue par tout le corps, il faut
donner choses qui ont puissance de
chasser le venin du centre à la circon¬
férence, comme bains, estuues : ou
mettre le malade dedans les corps
des bestes recenlement tuées, comme
bœufs, vaches , mules et mulets, et
faire autres choses qui prouoquent la
sueur, comme auons dit cy deuant.
CHAPITRE XXX\aT.
DE LA MOVSCHE NOMMEE BVPRESTE *.
La Bupreste est vne monsche sem¬
blable à la cantharide, laquelle estant
mangée auec l’herbe parles animaux
paissans, comme bœufs, moutons, et
autres, les fait mourir enflés comme
tabourins. Et pour ceste cause est
appellée dos pasteurs, Enfle-bœuf. Et
si vn homme en mange, il aura sem¬
blables accidens que s’il auoit pris des
cantharides : et le fait pareillement
enfler, ainsi que si le malade estoit
affligé de l’hydropisie nommée Tym-
panités. Cela adulent par les vapeurs,
lesquelles s’esleuent des humeurs li¬
quéfiés et fondus par la vertu de leur
venin.
1 Ce chapilre est le même que le chap. 22
du livre de 1576.
LE VINGT-TROISIEME LIVRE,
33o
Les remedes sont semblables à ceux
des cantharides.
CHAPITRE XXXVIII.
Dlî LA SANGSVE OV SVCE-SA1SG‘.
Les sang-sues sont venimeuses, et
principalement celles qui sont nour¬
ries es eaux bourbeuses ; et celles qui
sont és eaux claires moins. Et pour
ceste cause , lorsqu’on s’en veut ser-
uir, il les faut premièrement faire
desgorger en eau claire, trois ou qua¬
tre iours pour le moins : autrement
elles laissent le plus souuent des vl-
ceres où elles seront attachées, les¬
quelles puis apres seront difficiles ù
curer ; ce qui se fait encore d’auantage
si on les arrache par force , pour-ce |
qu’elles laissent leurs dents en la chair.
Or si quelqu’vn en a avalé vne par
inaduertence , il le faut interroger
pour sçauoir l’endroit où il la sent
tirer. Et si elle demeure au gosier,
ou au milieu d’iceluy, pour la faire
desmordre faut que le malade se gar¬
garise plusieurs fois de vinaigre au¬
quel on aura dissout vn peu de mous-
tarde ; et si elle estoit prés de l’ori¬
fice de l’estomach, il faut qu’il aualle
peu à peu d’huile auec vn peu de vi¬
naigre : et où elle seroit descendue au
fond de l’estomach.le malade la sen¬
tira tirer et succer, et quelquesfois
crachera le sang , et tombera en vne
peur, comme ayant perdu le sens : et
pour la faire détacher, boira bonne
quantité d’eau tiede auec huile. Et
où elle seroit opiniaslre, pour la fane
1 Ce chapitre est textuellement le même
que le chap. 23 du livre de 1575 , à l’excep¬
tion du dernier paragraphe , qui sert seu¬
lement de transition aux chapitres suivants.
encore plus promptement débusquer ,
on y meslera vn peu d’aloés, ou quel¬
que autre chose amere, et par ce
moyen elle sera détachée et vomie ;
ce qui se connoist en celles qui sont
attachées extérieurement , car on les
fait démordre et quitter la place en
mettant telles choses sur leurs testes.
Puis on donnera quelque chose as¬
tringente pour estancher le sang de
la morsure , comme conserue de ro¬
ses, auec vn peu de terre scellée, et bol
armenic, et autres choses plus astrin¬
gentes, s’il en est besoin. Car si elles
s’attachent contre vn gros rameau de
veine ou artere, le sang coulera en
plus grande abondance, et par consé¬
quent sera plus difficile à estre estan-
ché qu’en vn petit rameau ‘.
Les animaux venimeux ne sont
seulement sur terre , et és cauernes
d’icelle : mais aussi ils se trouuent en
la mer des poissons venimeux, comme
la murene, la pastenaque, la viue, la
torpille , le liéure marin , desquels
nous faut à présent parler, commen¬
çant à la murene.
CHAPITRE XXXIX.
DE LA MVRENE.
La murene est vn poisson de mer ,
ressemblant à la lamproye, toutesfois
elle est plus large et a la gueulle plus
grande : elle a les dents fort longues,
aiguës et courbées au dedans. Elle
est de couleur brune , sa peau cou-
uerte de petites taches blanchastres,
le corps long de deux coudées. Les
anciens les prisoient beaucoup en
* Là finissait le chapitre 2.3 du livre de
1575} ce qui suit est de 1579.
DES VENINS.
viandes, tant à raison qu’elles sont de
bon goust, que pour autant qu’on les
peut longuement garder dedans les
viuiers et boutiques pour s’en seruir
en temps ; elles sont faciles à s’appri-
uoiser , tesmoin celle de Crassus , de
laquelle auons parlé cy deuant. Leurs
morsures ameinent semblables acci-
dens que celles des viperes ; et par¬
tant sont guaries par les mesraes re-
medes.
Ælian diti, que la murone se iette
sur terre, et qu’elle va chercher la
vipereiusques dedans sa cauerne pour
frayer auec elle. Ce qui est prouué
par les vers de Nicandre.
Il cûurt de la Murene vn bruit tout asseuré,
C'est qu’vn serpent l’espouse, et qtie de son plein
Elle sort de la mer, puis toute desireuse [gré
Elle va s’accoler à la beste amoureuse
CHAPITRE
DE LA PICQVEVBE d’vNE VIVE.
La ville a eu ce nom à cause de sa
grande viuacité, car estant tirée de
la mer , demeure long temps en vie :
ses aiguillons sont veneneux , princi¬
palement ceux qui sont au bout de
ses ouyes. Pour ceste cause les cuisi¬
niers leur coupent la teste deuant que
les seruir à table. A Rouen les pois¬
sonniers ne les osent vendre, que
premièrement ne leur ayent coupé
la teste.
Ceux qui en sont piqués sentent
1 Premier Hure des animaux. — A. P.
2 Le chapitre ne s’arrêtait point là dans
les anciennes éditions; mais l’auteur y avait
réuni deux paragraphes concernant la vive
et sa piqûre, qu’il in’a paru plus logique
de reporter en tête du chapitre suivant.
33 1
grande douleur à la partie , auec in¬
flammation d’icelle , fléure , défail¬
lance de cœur, gangrené et mortifi¬
cation, et par conséquent la mort, si
promptement on n’y remedie L
Puis n’agueres, la femme de mon¬
sieur Fromaget, greffier aux requestes
du palais , fut piquée d’vne viue au
doigt médius : et peu de temps après
il s’enfla bien fort, auec grande rou¬
geur et peu de douleur. Elle voyant
que la tumeur s’augmentoit iusqu’à
la main , craignoit qu’il ne luy sur-
uint vu tel accident qui de n’agueres
pour vn cas semblable estoit aduenu
à vne sienne voisine, vefue de feu
monsieur Bargelonne, lieulenan t par¬
ticulier au Chastelet de Paris , pour
auoir esté ainsi piquée : dont luy es¬
toit suruenu (pour sa négligence) vne
gangrené et mortification totale du
bras, et en fin mourut misérablement.
Or estant arriué vers madame Fro¬
maget, et ayant entendu la cause de
son mal , promptement ie luy appli-
quay sur le doigt, et semblablement
sur la main , vn cataplasme fait d’vn
gros oignon cuit sous la braise, et du
leuain auec vn peu de theriaque. Et
le lendemain matin ie luy fis tremper
toute sa main en de l’eau assez chau¬
de, à fin d’attirer le venin au dehors :
I Ce sont làles deux paragraphes que l’au¬
teur avait laissés dans le précédent chapitre,
et qui sont de 1579. Ce qui suit, au con¬
traire, est de 1575; c’était le 24« et dernier
chapitre, qui alors débutait de la manière
suivante :
« le ne veux encores laisser à reciter
ceste histoire d’vne piqueiire de viue , qui
est vn poisson qui nous est fort en v.sage :
et de sa piqueure sourdent de pernicieux
accidens , voire la mort , qui n’y donne or¬
dre de bonne heure. »
Après quoi l’auteur passait au récit des
deux histoires suivantes, dont la date peut
être ainsi assez bien assignée.
332 LE VINGT-TROISIEME LIVRE
et après ie luy fis plusieurs scarifica¬
tions superficielles autour du doigt :
puis luy appliqua y dos sangsues sur
lesdites scarifications, lesquelles tirè¬
rent suffisamment de sang : et après
i’appliquay du theriaque dissout en
eau de vie : et le lendemain trouiiay
son doigt et sa main presque toute
desenflte, et sans nulle douleur:
et quelques iours après fut entière¬
ment guarie.
Autant en auois-ie fait n’aguercs
au cuisinier de monsieur de Soussy,
trésorier de TEspargne , lequel se pi¬
qua semblablement d’vne viue, dont
tout le bras estoit enflé et enflammé
iusqu à l’espaule , et en brefs iours
fut pareillement guari.
Ces histoires seruiront aux ieunes
chirurgiens, quand ils se trouueront
ù l’endroit de pareilles piqueuresC
Dioscoride escrit que pour remé¬
dier à la piqueure, faut appliquer la
viue fendue par la moitié , ou de l’a-
luyne, ou de la sauge, ou du soul-
pbre incorporé auec du vinaigre.
CHAPITRE XLT.
eiQVEVRE DE LA TARERONDE OV
PASTENAQVE.
Aëce escrit ^ qu’aprés la playe de
ceux que la lareronde aura piqués ,
s’ensuit vne douleur continuelle, et
vn endormissement de tout le corps,
et aucuns en meurent promptement
auec conuulsion.
Pline dit * qu’il n’y a rien de plus
I Ici finissait le chap. 24 du livre de 1675;
le dernier paragraphe est une addition de
1579.
i TJun .3. — A. P.
s Db. 9, cap. 48.— A. P.
execrable que l’aiguillon enleué sur
la queue de la pastenaque, lequel est
de grandeur de cinq pouces. Il fait
mourir les arbres qui en sont piqués
par la racine. Il dit d’auantage, que
l’aiguillon est bon pour la douleur
des dents, quand l’on en scarifie les
genciues : et réduit en poudre auec
ellebore blanc , les fait tomber sans
douleur. Ce poisson est bon à man¬
ger, horsmis la teste et la queue. Au¬
cuns de ces poissons ont deux aigojl-
lons , autres vn seul , lesquels sont
pointus, garnis de dents des deux cos-
tés, comme dents de scie, se tournant
vers la teste.
Oppian escrit que l’aiguillon est
plus venimeux que les fléchés des
Perses enuenimées , lequel garde
son venin encore que le poisson soit
mort, et n’est, dit-il , seulement ve¬
nimeux aux animaux, mais aussi aux
arbres et plantes. Les dents des ai¬
guillons de ce poisson ont esté ren-
uersées par nature vers la teste, à fin
qu’elles entrent et percent plus aisé¬
ment , et plus mal-aisément sortent ,
pour-ce qu’en les tirant on les tire à
contrepoil. Et s’il en pique quelque
poisson, il le tient enferré comme d’vn
hameçon. Hondelet dit que ses aiguil¬
lons sont au milieu de la queue *.
Il faut qu’il y en ait de plusieurs
sortes : car i’ay vne queue d’vne pas¬
tenaque, longue de cinq pieds et plus,
au commencement de laquelle nais¬
sent et sont attachés deux aiguillons,
qu’vn gentilhomme de Bretagne m’a
donnée , que ie garde en mon cabi¬
net , laquelle est toute semée de pe¬
tites boucles semblables à estoiles ,
fort aiguës.
Les pescheurs subit qu’ils ont pris
ce poisson , ils luy estent les aiguil-
i ‘ Rondelet, an Hure des Poissons. — A. P,
J3ËS VESIliNS.
Ions , de peur qu’il ne les blesse de
son venin ; et lors qu’ils en sont pi¬
qués, iis l’ouurent , et prennent le
foye , et l’appliquent sur la playe :
aussi estant bruslé et mis en cendre,
et posé sur la playe, est la vraye con¬
tre-poison de son venin. Elle vit en
lieu fangeux prés des riuages de la
mer, et vit des poissons qu’elle prend
de son aiguillon. La flgure est comme
vne raye.
CHAPITRE XLTL
DE LA VENENOSITE DV LIEVRE MARIN.
Le liéure marin est appellé de Pline
masse ou piece de chair sans forme ;
Ælien le compare à vn limaçon hors
sa coquille. Il est fort venimeux, par
le tesmoignage de tous les anciens, et
partant il est bon de le connoistre ,
pour se garder d’en vser en viandes,
et aussi le sentir ou le regarder par
trop , et pour en vser contre son ve¬
nin mesme. Il naist en la mer et aux
estangs de la mer, principalement
fangeux. Il est de couleur de poil
d’vn liéure de terre. A la teste il a vn
trou, par lequel il ie! te hors vne chair
mucqueuse, laquelle il relire quand
il veut. Il vit dans l’eau limonneuse,
et d’ordure et vilennie. Paulus Ægi-
neta , Aëce , Pline, Galien , Nicandre,
disent qu’il est si venimeux , que si
vne femme grosse le regarde , elle vo¬
mira , puis auortera. Les hommes qui
ont beu de son poison, comme dit
Dioscoride, ont douleur de ventre;
l’vrine s’arreste : et s’il aduient qu’ils
vrinent, leur vrine sera rouge et san¬
guinolente ; ils ont vne sueur puante,
sentant le poisson ; ils vomissent de
la cholere mesme auec du sang. Aëce
333
dit qu’ils deuiennent iaunes par tout
le corps. La face s’enfle , et les pieds,
et principalement le membre g('nilal,
qui est cause que l’vrine ne peut cou¬
ler. Galien dit que le liéure marin
blesse et vlcere le poulmon ‘.
Sonalexitereet contre-poison est le
lait d’asnesse et du vin cuit, ou de la
décoction de fueilles de maulues. Ce
liéure marin est bon à faire tomber le
poil : la flgure t’est icy représentée ,
prinse au liure des Poissons de Ron¬
delet 2,
CHAPITRE XLIII.
DV VENIN DV CHAT.
Les chats n’infectent seulement par
leur ceruelle , mais aussi par leur poil,
haleine et regard ; car jacoit que tout
poil aualé sans y penser puisse suffo¬
quer la personne, en estoupant les
conduits de la respiration , toutesfois
le poil du chat est dangt reux par sus
tous autres : leur haleine est infecte
d’vne poison tabiflque. Et dit Mat-
thiole auoir conneu aucuns , prenans
plaisir aux chats qu’ils n’eussent ia-
mais dormi sans en auoir quelques-
vns couchés auprès d’eux , de l’halei-
ne desquels longuement altirée auec
l’air, ils deuindrent phthisiques, et
en fin misérablement moururent. Les
chats aussi offensent de leurs regards,
tellement qu’aucuns voyans ou oyans
vn chat, tremblent et ont vne peur
grande, qui se fait par vne antipathie
venant de l'influence du ciel.
Matlhiole escrit qu’estant en Alle¬
magne, soupant en bonne compagnie
1 lAure de la lheriaque à Pison. — A. P.
« J’ai gardé cette phrase parce qu’elle in¬
dique une des sources où l’auteur a puisé.
LE VINGT-TROISIEME LIVRE
334
en vn poille , en temps d’hyucr , l’v n
de la troupe estoit suiet ti cela. I/bos-
tesse connoissant le naturel de l’hom¬
me, enferma vn petit chat (qu’elle
nourrissoil) dedans vn coffre audit
poille , de peur que ce personn âge le
voyant ne se courrouçast : mais en¬
core qu’il ne vist ny ouyst le chat ,
peu de temps après auoir attiré l’air
infect de l’haleine du chat, sa tempe-
rature ennemie des chats irritée, il
commença à suer et pallir, et en
tremblant crier (non sans grande ad¬
miration de tous ) qu’il y auoit vn
chat en quelque coin dudit poille ;
alors on mit le chat hors de la'maison.
Or le chat infecte aussi ceux qui
mangent de sa ceruelle, et sont tour¬
mentés de grandes douleurs de teste,
et quelquesfois en deuiennent insen¬
sés. Pour les guarir , il les faut faire
vomir , et le vray alexitere est le musc
donné à boire demie scrupule auec de
bon vin , et reiterer ce remede tant
qu’on verra estre besoin.
le diray d’auantage , que le chat
est vne beste pernicieuse aux enfans
du berceau , par ce qu’il se couche
sur leurs visages , et les estoufe ; par-
quoy il s’en faut bien donner garde.
CHAPITRE XLIV.
DE LA VÉNÉNOSITÉ DE CERTAINES
PLANTES *.
Après auoir discouru de la vénéno¬
sité des animaux, à présent il nous
1 Ce chapitre se compose d’un assez grand
nombre d’articles divers. Les uns étaient
distingués par une note marginale, les au¬
tres par un titre en italique ; j'ai jugé à pro¬
pos de faire des litres avec les notes margi¬
nales à ceux qui n’en avaient point, et il n’y
a que le Dorycnium pour lequel il m’ait fallu
faire le titre moi-même.
conuient escrlre de celle d’aucunes
plantes , et les accidens qui aduion-
nent à ceux qui en auront pris, et
commencerons à VApiim risus.
Àpiim rims.
VApium riêug , autrement appellé
Sardonla , espece de ranuncidus ,
rend les hommes insensés , induisant
vne conuulsion et distension des nerfs
telle que les léiires se retirent , en
sorte qu’il semble que le malade rie,
dont est venu en prouerbe , Ris Sar-
donien, pour vn ris malheureux et
mortel. Son bezabard ou contre -poi¬
son est le suc de melisse.
lYapellus , est chaud au 4. degré.
Le suc, fruict ou substance de Na-
pellus , tue son homme en vn iour , ou
en trois au plus tard. Mesmes si par
antidotes et contre-poisons exhibés
en temps et lieu on en réchappé , le
malade tombe en fleure hectique , ou
en charlre , ou en mal caduc, comme
dit Auîcenne : c’est de quoy les Bar¬
bares empoisonnent leurs fléchés L
Les accidens qu’il induit sont tels :
incontinent les léures s’enflamment ,
et la langue s’enfle : en sorte qu’elle
ne peut demeurer en la bouche , ains
soft dehors auec grande hideur : les
yeux aussi s’enflamment et sortent
hors la teste : les malades tombent en
vertiginosilés et défaillance de cœur,
ils ne peuuent mouuoir ny bouger
les iambes , tant ont les cuisses foi-
blés et débilitées : d'ailleurs ils ont le
corps enflé et terni , tant est grande
la malignité de ce poison. Son bezahar
est vn pelil animal comme vne sou¬
ris , qui s’engendre prés la racine du-
1 l'els venins sont premièrement descritspag
Malthiûte ) sur le 6. Uu. de Dioscoride. et par
Leuinius au Hure des venins, — k. P.
DES VENINS. 335
dit Napellus, seiché et pris en breu-
iiage du poids de deux drachmes : ou
à faute de ce, ia graine de raue ou de
naueaux mise en breuuage: oignant
le corps d’huile de scorpions.
Matthiole, liure quatrième de Dios-
coride, dit que toute la plante du na¬
pellus est tres'pernicieuse et vene-
neuse ; mais la racine est plus cruelle
que toutes ses autres parties : telle¬
ment que tenue quelque espace de
temps dedans la main, iusques à ce
qu’elle s’y eschauflfe, fait mourir celuy
qui la tient. le sçay, dit-il, des bergers
estre morts pour auoir pris impru¬
demment vne tige de napellus, pour
leur seruir de broche à rostir de pe¬
tits oyseaux.
Dorycnium et solanim manicum.
Le dorycnium et solànum manicum,
ou mortale^ ont accidens assez sem¬
blables. Le dorycnium, baillé en breu¬
uage, donne vn goust comme delaict
à celuy qui en a beu, induit sanglots
continuels, charge la langue d’humi¬
dités, fait ietter le sang par la bouche,
et par embas vne cei-taine matière
baueuse, tout ainsi qu’on voit és dy¬
senteries et caquesangues. Son beza-
har, sont toutes sortes de poissons à
coquilles, soyent cruds ou rostis : les
langoustes aussi et escreuisses de mer
y sont bonnes, et le bouillon où elles
ont cuit.
Quant à la racine de solanum ma¬
nicum', prise en breuuage auec vin
au poids d’vne dragme , cause des
visions assez plaisantes : mais si on re¬
double le poids, ou qu’on en prenne
trois dragmes, elle rend la personne
insensée : et qui en prendroit quatre,
elle la feroit mourir , comme escrit
* Solanum manicum , froid au 4. degré. •—
A. P.
Dioscoride. Le bezahar est semblable
à celuy du dorycnium.
lasquiame, froide au 4. degré.
La iusquiame induit vne alienation
d’esprit telle que si on estoit yure, vn
tournemeut de corps tel que les ma¬
lades se distordent les membres, auec
tremblement. Sur tout ce symptôme
en ce venin est insigne ; c’est que les
malades sortent tellement hors du
sens, que l’imagination en eux trou¬
blée, pensent qu’on les fouette par
tout le corps, begayans de voix, et
bramans comme asnes, puis hennis-
sans ainsi que cheuaux, comme escrit
Auicenne. Son bezahar sont les pista¬
ches mangées en bonne quantité.
Auicenne loué le theriaque et le me-
thridat, et boire du vin pur. Aussi de
l’aluyne, et de la rue, et du laict.
Champignons.
Des champignons, les vns sont ve-
neneux de leur nature, sçauoir ceux
qui rompus changent incontinent de
couleur, et se corrompent subit (à
ceste cause Auicenne disoit que les
champignons pers et verds estoient
venimeux ) : les autres, bien que de
leur nature ne sont tels, si est-ce que
pris en trop grande quantité engen¬
drent en nous accidens mortels, V raye-
ment ie ne puis qu’esmeu de compas¬
sion de la plus part des hommes qui,
poussés d’vne trop grande friandise,
ne se peuuent saouler de ceste se¬
mence mortelle, ie ne puis, dis-ie, que
ie n’enseigne le moyen comment on
pourra manger les champignons sans
en sentir dommage, sçauoir : les fai¬
sant cuire auec poires saunages : au
defaut desquelles on pourra vser de
poires domestiques , pourueu qu’on
prenne de celles qui sont plus aspres,
sans regarder si elles sont fraîches ou
336 LE vingt-troisikMe livre
seichées au soleil ; et non seulement
les poires, mais aussi les fueilles et
escorces du poirier, tant sauuage
que domestique, y sont bonnes *. Car
la vraye contrepoison du champi¬
gnon, c’est le poirier.
Tous les champignons en general
estranglent et estouffent ceux qui en
mangent : mais ceux qui sont véné¬
neux en outre rongent les boyaux,
gouflent et enflent l’eslomach, don¬
nent pointures, sanglots, tremble-
mens, oppression d’arteres, défail¬
lance de cœur, sueurs froides, et
finalement la mort. La raison de tous
ces accidens est que tous champignons
sont naturellement fort froids et hu¬
mides , et mesmes fort visqueux et
gluans : car pour parler à la vérité
de leur essence, ils ne sont autre chose
sinon vne pituite excrementitielle dé
la terre, ou des arbres sur lesquels ils
naissent : de là vient que si on en
prend en quantité , ils surmontent et
suffoquent la chaleur du corps, et
estouffent la personne.
Leur bezahar est l’ail mangé tout
1 Cet endroit du texte offre quelque chose
de singulier dans les éditions ordinaires.
Le texte qui précède indique que l’auteur
parle sérieusement , et une note margi¬
nale, non moins sérieuse, porte; Moyen de
manger en seurelé des champignons. Si on lit le
texte primitif de l’édiiion de ISIO, tel que
je l’ai conservé ici, il n’y a rien que de très
naturel et de très logique. Mais à partir de
1-585, à l’endroit même de cette note, l’au¬
teur avait intercalé cetle décision tran¬
chante : Ainsi accouslrés , les faut ietler aux
priués , et parlant ne feront nul mal. Cela est
de toute évidence, mais alors ce n’était pas
la peine d’annoncer un moyen de les man¬
ger en sûreté. C’est pourquoi j’ai préféré le
texte primitif, sauf à appeler l’attention du
lecteur sur le passage de 1585, qui contredit
aussi absolument la première opinion de
l’auteur.
cru, comme dit le Conciliator de Aba-
no : ou bien aussi le vinaigre, de tant
que par la tenuité de sa substance,
il a vertu d’attenuer et inciser les
humeurs gluans et visqueux qui, en¬
gendrés en nouspar l’vsage des cham¬
pignons, causent suffocation ; comme
dit Galien sur la section 5. des Epidé¬
mies.
Ephemerum.
Ceux qui ont pris de Vephemerum ,
que quelques vus nomment cholehi-
con., ou bulbe sauuage., sentent vne
démangeaison généralement par tout
le corps, tout ainsi que qui se seroit
frotté d’ortie ou de squille : sentent
vn rongement d’intestins, auec gran¬
de pesanteur et ardeur d’estomach :
mais quand le mal s’augmente, on
vuide par le bas des raclures de
boyaux rneslées auec du sang. Le
bezahar est le laict de femme, d’as-
nesse , ou de vache , pris tiede.
Mandragore.
La mandragore, prise en quantité
excessiue, est venimeuse, et de sa ra¬
cine et de son fruict : elle assopit les
sens, elle rend les hommes lasches,
tristes, eteslancés, mornes, et sans au¬
cune force, et fait que les paliens, après
auoir bien prié et s’estre bien tour¬
mentés, s’endorment en toute telle
sorte et habitude de corps que la
force du venin les aura rencontrés et
surpris : de façon que les Médecins
en vsoient anciennement lors qu’on
vouloit brusler ou couper vn mem¬
bre, pour oster le sentiment de dou¬
leur. Quant aux pommes d’icelles, el¬
les peuuent estre mangées estans
meures , et desnuées de leurs pe--
pins de dedans, sans danger; mais
les mangeant verdes, et auec leurs
DES VENms.
grains, elles sont mortelles, et cau¬
sent des accidens mortels. Car en
premier lieu, elles engendrent vn feu
et vne ardeur qui brusle toute la par¬
tie superficielle du corps ; le malade
a la bouche si seiche, qu’il est con¬
traint de demeurer tousiours à gueulle
bée pour attirer l’air froid : et qui n’y
donne prompt remede mourra en
spasme. Son bezahar est manger trois
iours durant du refort auec du pain
et du sel, comme escrit le Conciliator.
Il faut faire esternuer le malade : ce
mal se cure en baillant à boire de la
graine de coriandre , ou de pouliot
auec eau chaude.
Pauol noir.
L’odeur fascheuse du suc de pauot
noir, qu’on appelle opium, fait qu’il
est malaisé à mesler parmy le boire
sans qu’on s’en apperçoiue, tout ainsi
qu’on fait de la mandragore ; entendu
principalement qu’il ne fait mourir la
personne, si l’on n’en prend grande
quantité : mais de tant qu’il y a dan¬
ger pour l’ignorance des Médecins ou
Apoticaires qui en peuuent ordonner
plus qu’il ne faut, l’on le connoistra,
pour ce que par sa frigidité insigne il
induit vn sommeil très-profond, auec
vnpruritet démangeaison et frisson,
si grande, que souuent le malade en
est excité de sOn profond sommeil :
au reste ils tiennent tousiours les yeux
fermés sans se mouuoir. Ce trauail
cause vne sueiÿ- puante qui distille
goûte à goûte : tout leur corps est
pâlie et transi, et ont les léures en¬
flammées, et leur voit-on relascher la
mandibule d’embas ; ils iettent vn
souffle froid et lent, et lors qu’on leur
verra les ongles ternis, le nez tors, et
que les yeux leur enfonceront, c’est
signe qu’ils sont prochains de mort. |
Le bezahar est le castoreum donné j
3^7
à boire en poudre iusques à deux
dragmes auec du vin.
De la Ciguë.
La ciguë, prise en breuuage, cause
vertigines, troublant l’entendement,
tellement qu’on diroit les malades
estre enragés : offusque la veuë, elle
prouoque hocquets, rend les extré¬
mités toutes gelées, cause conuulsion :
la trachée artere serrée et estoupée,
ils meurent comme si on les estran-
gloit. Parquoy il faut faire vomir
promptement le malade, et luy bail¬
ler clysteres. Cela fait, il luy faut faire
boire de bon vin tout pur, ou mal-
uoisie,ouhypocras, à fin d’eschauffer
les parties intérieures, et mesmes trois
ou quatre doigts d’eau de vie.
Matthiole, sur le liure sixième de
Dioscoride, dit auoir conneu lesdits
accidens par expérience à vn vigne¬
ron ; cultiuant ses vignes auec sa
houë, par fortune arracha des raci¬
nes de ciguë, cuidant que ce fussent
racines de pastenades, lesquelles il
fil cuire en sa maison, et les mangea
à souper auec sa femme ; après souper
s’en allèrent coucher. « A la minuit
» estans resueillés couroient çà et là
» par la maison, ne voyans goûte,
» comme fols et enragés, se hurtans
» la teste contre les parois, tellement
» qu’au matin ils estoient tous meur-
» tris, et les paupières des yeux gros-
» ses , monstrans vne hideuse face.
» Les voisins m’appellerent pour les
» guarir : et m’estant enquis des do-
» mestiques de ce qu’ils auoient man-
» gé à leur souper, ie trouue qu’ils
» auoient mangé des racines de ci-
» gué, en lieu de pastenades. Car ie
» me transporte en la vigne, où on me
monstra le lieu d’où le vigneron
auoit tiré lesdites racines : on en
trouua d'autres qui commençoieut
22
111.
LE VlNGT-TROlSnÎME LIVRE ,
338
» à produire des fueilles. Ce qu’ayant
» Cdlisitléiti , i'ô rbuins subit vers
« les malades ailsquels , moyennant
w l’aide de Dieu , le fis retourner en
» peu de temps leur première santé et
« enténdement. »
Pell'dS Àtrohensïs estime fort en ce
Cas Vtt blreUüagé fait de dei^?i drag-
niés de liieHai^üd auec décoction de
diclanie ôu dé racinô de gentiane
adéC du Vîtl èl aliîrmé que c’est le
vray autidôte contre la ciguë.
De V Aconit.
t'ÀCôttit est Vhé herbe qu’aücuns
àbfelléttt IM'paria, parce qu’elle tue
les luü]ps. telle cï-oîst eh ACones, dont
elle h pti^ lé noih, qüi èst vn village
des Périéhdins. Matthiolé dit qu’on
en troune eh abondance aux mon¬
tagnes de lYenle : tes païsans d’a¬
lentour l’appellehl Yulparià , parce
qu’uutrè du’elle lue les loups, elle tue
aussi les regnards : séihblablement
lés ebiehs, chats, et lôüs autres ani¬
maux gUî en mangent : elle tue les rats
et sourisde Sa seule odeù'r. Âuicenne
l’dîi'pellfe Siranffulà'tor leopàrdî, parce
du’elie cstranglé iesléopars. Dieco-
iide dit due les scorpions touebés de
sa eacine demeurent tous estourdis,
et meurent 1 et mésléè parmyla chair
tue lès sangliers , loups et panthères,
èl gen également toutes autres bestes
sàüUàgè's. Lès flechestrempées dedans
son jus, leurs blessüïes sont mortel¬
les.
Lés pfersohnès ddi auront pris de
l’aconit en beuuant 6ü mangeant,
sentent un goût astiingent et aucu¬
nement doux, maïs après cèste as-
pceté et douceur ils sentent une cer¬
taine amertume , ce qu’èscrit AëciUs.
11 cause Yè'riîgine, et perturbation
de Vésprit. Il fait venir les larmes aux 1
yeux : il causé grande pesanteur d’es- [
tomaidi et au ventre s et fait péter
somiont. Il induit tremblement de
tout le corps auec grande enlleure^
comme si on ostoit hydropique. Pline
escril au Un. 27. chap. 2, que son ve¬
nin est vne poison si subite ^ que si
on en touche les parties honteuses
des animaux femelles» il les fait mou¬
rir le mesme iour.
Son principal antidote est de promp¬
tement vomir. Le conciliateur Petrus
de Abano ‘ ordonne de la sarraaue,
ou de l’aristoloche longue. Malthiolc
dit que s’il y a du venin dans le corps,
lise combat contre luy» ayant fait
rencontre de pareil ; et donne seule¬
ment ce combat , quand il troune le
venin dedans lés parties nobles. C’est
miracle que deux venins mortels
estans dedans vn corps , l’vn amm'tit
l’autre, tellement que la personne
demeure saune. Or ceste herbe est
figurée en Matthiole» lequel dit au'oir
ses fueilles semblables au concom¬
bre , et n’en a que quatre pour le
plus, et aucunement velues et héris¬
sées, et pleines d’aiguiilons-, sembla¬
blement les queues. Sa racine est re¬
luisante comme albastre quand elle
est recente,et de grosseur d’vn doigt,
large au commencement » puis peu
à peu finissant en pointe Courbée
noueuse, ressemblant à la queue
d’vn scorpion. Sa tige est longue d’un
empan. Au sommet» a vn heaume
semblable à celuy d’vn homme d’ar¬
mes (pour monstrer qu’il est armé
enuers tous et contre tous animaux)
où est enclose sa semence, conte¬
nant vn cruel venin , mortel et dia-
» Toutes les éditions portent i le Vùnciliix-
lewel Petrus de -C’est sans dotite uné
faute d’impression, carll s’agii ici d’un seul
et unique auteur , déjà cité plusieurs fois
dans ce chapitre.
DES VENINS.
bolique,par vne occulte et indicible
cause.
De Vif.
Il y a semblablement des arbres
venimeux , comme l’if et le noyer.
Les cheuaux, bœufs et vaches qui
mangent des fueilles de l’if, et les
hommes qui dorment dessous, le plus
souuent meurent. Les accidens qu’il
cause sont flux de ventre , vn froid
par tout le corps, et vn esloufiement à
l’endroit de la gorge. Ce qui adufent
non seulementà cause de sa froideur,
mais aussi par vne particulière nature
et malignité cachée en luy ; laquelle
aussi particulièrement pourrit les hu¬
meurs, et esGorche le dedans des
boyaux.
Sa contre-poison est semblable à
celle de la ciguë. Nicandre ordonne
à boire de bon vin pur.
Du Noyer.
Le noyer est semblablement veni¬
meux comme l’if. Ce que Greuin » dit
auoir expérimenté sans y penser. Car
ayant dormi long temps sous vn
noyer en plein esté, il sentit tout le
corps refroidi, auec vn grand mal
de teste, qui luy dura cinq ou six
iours.
On peut user contre son poison de
chose semblable que contre l’if.
CHAPilRE XLV.
DV BEZAHAR.
D’autant qu’en parlant des signes
de chacun venin à part, nous auons
1 En son Hure des venins, — A. P. C’est la
seule fois que l’on retrouve le nom deGrévin
conservé dans ce livre ; ij n’en demeure pas
339
nommé son antidote bezahar, il faut
sçauoirce que veut dire ce mot.
Vrayement venin n’est autre chose
que ce qui destruit la vie : parquoy
les antidotes et contre-poisons ont
esté appellés par les Arabes en
leur langue bezahar., c’est à dire
en leur baragoüin , conseruateur
de vie. De là est venu que tous
antidotes et contre-poisons par ex¬
cellence ont esté appellés bezardica,
d’vn mot emprunté des Arabes : par¬
ce que telle contre poison estant ve¬
nue d’Arabie et de Perse , a esté con-
neuë et célébrée par leurs escrits ,
sans que les Grecs en ayent fait au¬
cune mention. Mais entre tous ceux
de nostre temps , en a fort distincte¬
ment parlé vn médecin du vice-roy
des Indes pour le roy de Portugal ,
nommé Garcia du lardin 1, en l’his¬
toire qu’il a composée des aromates
et simples naissans és Indes.
Au pays de Perse (dit-il) et en quel¬
que région des Indes , se voit vne es¬
pece de bouc appellé en langue per-
siquepo^am (dont la pierre à propre¬
ment parler doit estre appellée pazar,
du mot pazain, qui signifie bouc :
mais nous d’vn mot corrompu l’appel¬
ions bezar) pour la plus part roux en
couleur, de hauteur moyenne, au
ventricule duquel se concrée ceste
pierre appelée bezar, en forme de
presure, tousiours augmentant et
grossissant entour vne paille, en
forme de tuniques d’oignon couchées
l’vne sur l’autre , de sorte que la pre¬
mière lame leuée, celles de dessous
se monstrent tousiours claires et res¬
plendissantes de plus en plus, qui est
vu signe entre autres de bonne et té¬
moins vrai que c’est à lui que Paré a fait le
plBS d’emprunts.
1 Garcia de Uorie. — A. P.
LE VIJNGT-tllOISIÉME LIVRE,
340
gilimo pierre bezahar. Geste pierre
se voit de plusieurs formes et figures,
mais ordinairement elle se rencontre
de ligure de gland, ou de noyau de
datte, de couleur de sang, tantost
de miel, tantost de iaune paille, mais
pour la plupart de verd brun, comme
nous voyons es pommes qu’on ap¬
pelle Mala insana , ou les chats qui
font la ciuette. Geste pierre n’a point
de cœur, ou noyau au milieu , mais
estcaue en iceluy, pleine d’ vue pou¬
dre qui a mesme vertu et substance
que la pierre : au reste elle est lice et
douce, et telle qu’on la peut aisément
rapper comme l’albastre, mesme
qu’elle se fond estant long temps en
l’eau. Du commencement elle estoit
assez commune et de vil prix, par-ce
que les marchands de ce pays de deçà
trafiquans en Perse et és Indes , en
pouuoient recouurer aisément : ^mais
depuis, sa force estant conneuë,elle a
esté plus rare et chere , de tant que
par Edict des Roys du païs , il a esté
défendu de vendre aucun bouc aux
marchands de dehors, que premier
il n’eust esté tué , et sa pierre portée
au roy. L’vn des moyens d’esprouuer
ceste pierre si elle est légitimé ou non
(car on en apporte par deçà plusieurs
adultérées et faulses, qui fait que l’on
n’adiouste foy à la vertu du bezahar
tant singulière) a esté dit cy dessus.
L’autre est qu’on la comprime auec
les doigts, après on la fait bouffer de
vent comme le cuir de bulle : car si
on s’apperçoit que l’air et vent passe
outre , elle est tenue pour faulse et
adultérée. Ils en vsent à notre exem¬
ple, non seulement contre les poisons
et venins, mais aussi contre les mor¬
sures des bestes veneneuses. Les plus
riches du païs se purgent deux fois
l’an , sçauoir en Mars et en Septem¬
bre : cinq iours continus après, ils
prennent pour chaque iour dix grains
de ceste pierre , macérés en eau de
rose : et pour tel remede ils disent la
ieunesse et force des membres leur
estre conseruée. Quelques- vns en
prennent iusques à trente grains, mais
les plus sages n’approuuent point si
grande dose.
Ledit autheur Garcia dit auoir
coustume d’en vser heureusement
aux maladies melancholiques inue-
terées, comme en la galle, lepre, dé¬
mangeaison, impetigine : et par mes¬
me raison pense qu’elle seroit fort
propre contre la fléure quarte, et dit
sçauoir pour vray que la poudre de
ceste pierre , en estant mise sus les
morsures des bestes venimeuses, de-
liure promptement de danger , et
auoir mesme force sur les charbons
de la peste , iceux estans ouuerts ,
sçauoir qu’elle chasse entièrement
le venin pestilent. Et de tant ( dit-il )
qu’és Indes la verolle et rougeolle
et herpes sont fort frequens et tres-
1 dangereux et mortels , nous en don¬
nons fort heureusement par chacun
iour vn ou deux grains dans de l’eau
rose.
Voilà ce que Garcia du lardin es-
crit de la génération et effets de la
pierre Bezahar, non pas pour l’auoir
leu ou ouy dire , mais (comme il as-
seure) pour l’auoir veu et expéri¬
menté. Matthiole chapitre 73 du Gom-
mentaire sur le 5. liure de Dioscoride,
dit auoir souuentesfois esprouué que
ceste pierre est plus exquise contre
tous venins, que tous autres simples
medicamens, voire que letheriaque
mesme, et tous autres contre-poi¬
sons. Abdalanarach en escrit ainsi :
l’ay veu la pierre appellée Bezahar
entre les mains des fds d’Almizama
gardien de la loy de Dieu , pour la¬
quelle U bailla en eschange vne ma-
gnifique maison , et presque vn pa¬
lais qu’il auoit à Cordube.
Toutes lesquelles choses ainsi ex¬
pliquées , il sera aisé au chirurgien
iuger de tel et tel venin , par les si¬
gnes d’vn chacun d’iceux mentionnés,
et en faire rapport en iustice lors qu’il
sera appel lé.
Expérience du Bezahar faite par le comman¬
dement du Roy Charles neufiéme.
Le Roy dernièrement décédé estant
en sa ville de Clermont en Auuergne,
vn seigneur luy apporta d’Espagne
vne pierre de Bezahar , qu’il luy af-
fermoit eslre bonne contre tous ve¬
nins , et l’estimoit grandement. Or
estant alors en la chambre dudit sei¬
gneur Roy , il m’appella , et me de¬
manda s’il se pouuoit trouuer quel¬
que certaine et simple drogue, qui
fust bonne contre toute poison ; où
tout subit luy respons , que non , di¬
sant qu’il y auoit plusieurs sortes et
maniérés de venins, dont les vns pou-
uoient estre prins par dedans, les au¬
tres par dehors. le luy reraonstre que
les venins ne font leurs effets d’Vne
mesme sorte , et ne precedent lesdits
effets d’vne mesme cause : car aucuns
opèrent paf l’excès des qualités élé¬
mentaires, desquelles ils sont com¬
posés : autres opèrent par leur pro¬
pre qualité spécifique , occulte et sé¬
crété , non suiette à aucune raison ;
et selon la diuersité d’iceux falloit
contrarier : comme s’ils estoient
chauds , estoient guaris par remedes
froids, et les froids par remedes
chauds , et ainsi des autres qualités.
Ledit seigneur qui apporta la pierre,
voulut outre mes raisons soustenir
qu’elle estoit propre contre tous ve¬
nins. Adonc ie dis au Roy , qu’on
auoit bien moyen d’en faire certaine
experiencé sur quelque coquin , qui
auroit gaigné le pendre : lors promp¬
tement enuoya quérir monsieur de
la Trousse , preuost de son hostel , et
lui demanda s’il auoit quelqu’vn qui
eust mérité la corde. Il luy dist qu’il
auoit en ses prisons vn cuisinier , le¬
quel auoit desrobé deux plats d’ar¬
gent en la maison de son maistre, où
il estoit domestique, et que le lende¬
main deuoit estre pendu et estranglé.
Le roy luy dist qu’il vouloit faire expé¬
rience d’vne pierre qu’on disoit estre
bonne contre tous venins , et qu’il
sceust dudit cuisinier après sa con¬
damnation, s’il vouloit prendre quel¬
que certaine poison, et qu’à l’instant
on luy bailleroit vne contre-poison ,
et que où il eschapperoit, il s’en iroit
la vie sauue : ce que ledit cuisinier
tres-volontiers accorda, disant qu’il
aimeroit trop mieux encore mouiir
de ladite poison en la prison , que
d’estre estranglé à la veuë du peuple.
Et tost après vn Apoticaire seruant
luy donna certaine poison en potion,
et subit de ladite pierre de Bezahar.
Ayant ces deux bonnes drogues en
l’estomach il se print à vomir, et bien
tost aller à la selle, auecques grandes
e.spreintes , disant qu’il auoit le feu
au corps, demandant de l’eau à boire,
ce que ne luy fut refusé. Vne heure
après, estant aduerti que ledit Cui¬
sinier auoit pris ceste bonne drogue,
priay ledit seigneur de la Trousse me
vouloir permettre l’aller voir, ce
qu’il m’accorda, accompagné de trois
de ses archers ; et trouuay le panure
cuisinier à quatre pieds, cheminant
comme vne beste , la langue hors la
bouche, les yeux et toute la face
flamboyante, désirant tousiours vo¬
mir, auec grandes sueurs froides ; et
iettoit le sang par les oreilles , nez ,
bouche, par le siégé et par la verge.
I le luy lis boire enuiron demy scxlier
LE VINGT-TROISIEME LIVRE
342
d’huile , pensant luy aider et sauuer
la vie ; mais elle ne luy seruit de rien,
par-ce qu’elle fut baillée trop tard :
et mourut misérablement, criant qu’il
luy eust mieux valu estre mort à la
potence h II vescut sept heures ou en-
uiron. Et estant décédé, ie fis ouuer-
ture de son corps en la presence
dudit seigneur de la Trousse et qua¬
tre de ses archers , où ie trouuay le
fonds de son estomach noir, aride et
sec, comme si vn cautere y eust
passé ; qui me donna connaissance
qu’il auoit auallé du sublimé, et par
les accidens qu’il auoit pendant sa
vie.
Et ainsi la pierre d’Espagne, comme
l’experience le monstra, n’eut aucune
ver tu . A ceste cause le Roy commanda
qu’on la iettast au feu : ce qui fut
fait.
CHAPITRE XLVI,
DES METAVX ET MINERAVX VENIMEVX^.
Les métaux et minéraux viennent
de la terre et des fournaises. Aucuns
sontveneneux, comme arsenic, subli¬
mé , piastre, ceruse, litharge, verd de
gris, orpiment, limeure de fer et d’ai¬
rain, aymant,reagal,chaux, et autres.
De l’arsenic sublimé.
Ceux qui ont pris du sublimé, subit
la langue et le gosier leur deuien-
1 Matlhiole narre vne semblable histoire du
Pape Clernent 7. lequel voulut faire espreuue
pour le bien public d’vn antidote, cha. 9. liu. 9.
sur Dioscoride. — A. P.
2 Ce chapitre contenant un grand nombre
d’articles très divers, je les ai séparés en
érigeant en titres spéciaux les notes margi-
naies qui les annonçaient dans les éditions
onclennesi
nent si aspres que s’ils auoient pris
du jus de cormes vertes, laquelle as-
preté ne se peut Oster par nuis
gargarismes lenitifs , sinon qu’auec
grande difticulté et longueur de
temps. Car subit qu’il est descendu
en l’estomach, il s’attache contre;
pour ceste cause ille ronge et vlcere
peu de temps après. 11 cause vne soif
insatiable et des angoisses indicibles.
Il suruient enfleure à la langue, dé¬
faillance de cœur', suppression d’v-
rine, difficulté de respirer, trenchées
au ventre et à l’estomach intoléra¬
bles, auec vne contorsion de membres
si grande , que si on n’y remedie
promptement, les panures empoison¬
nés meurent, les intestins et estomach
rongés et percés, et de couleur noire,
comme si vn fer ardant y eust passé.
Les patiens iettent le sang par les
oreilles, nez, bouche, par la verge et
le siégé : et i’atteste auoir veu au pan¬
ure larron cuisinier, cy dessus men¬
tionné , tous les accidens susdits.
On guarit ceux qui en ont auallé ,
et tous autres venins corrosifs , par
mesmes remedes qui ont esté cy des¬
sus baillés à ceux qui ont pris des
cantharides.
P^erd de gris.
Le verd de gris estoupe si fort les
conduits de la respiration , qu’il es-
touffe ceux qui en auront auallé. On
les guarit comme ceux qui auront
pris de l’arsenic; le bain pareillement
leur est profitable.
La litharge,
La litharge beuë , cause vne pe¬
santeur d’estomach et du ventre,
empesche d’vriner, et rend le corps
enflé et liuide. On y remedie faisant
vomir le malade, puis subit luy don¬
nant de la fiente seiche de pigeon,
OFS VENINS.
délayée en bon vin. Petrus Aponensis
commande boire de i’buile d’amen¬
des douces, et manger des figues
seiche^. Il çst pareillement bon leur
bailler clysteres relasphans et bu-
meclaps , et leur frotter ie ventre de
beurre frais ou bufie de lys,
L’escaiUe d’airain.
L’escaille d’airain estant heuë,
cause fiux de veptre et grand vomis^
sement, qui proui$nt des, pointures et
douleurs de l’estoroaeb. gon contre¬
poison est de faire vomir prompter
ment le malade , puis après le faire
baigner dans vn bain qù l’on aura
mis grande quantité d’escargots ; et
luy frotter le tfiorav et le ventre de
beurre et buile de Iis ^ et luy donner
clysteres relasaus et bmnectans.
L’aimant,
b’aimant rend fols ceu^ qui en ont
pris: son contre-poison est l’or snb;
tilement puluerisé , et la pierre d’e-
meraude beuë aueç bon vin, et clys^
teres de laict et d’bnile d’amendes
douces.
Limeure de plomb ^ et mex^e de. fer.
ba limeure de plomb et merde de
fer font grands tourmens pareiller
ment à ceux qui en auront pris par
dedans, beur pontre-poison est boire
grande quantité de laict , et beurre
fraisfondu. ou huile d'amendes douces
tirée sans feu , et leur donner elyste-
res relaschans et bumectans : et con¬
tinuer ces remedes iusques à ce que
les douleurs et tranchées soient
passées,
J}u Reagal.
Le reagal, pour eslre de nature fort
cltaude et seiche , induit soif et es-
chauffaison et ardeur par tout le
34.3
corps, auec telle eonsommation do
toutes les humidités , qu’cncores que
l’on sauue la vie auv paticns par
prompts et souuerains remedes, si
demeurent-ils toutesfuis. perclus do
leurs membres par vehemente resic-
oation et contraction de toutes les
ioiptures, Son alexitere est l’huile de
pignolat, donnée promptement ins-
ques à demie liure, et puis vomir:
après donner b boire du laict , et en
faire clysteres , et nourrir le malade
de bottillons gras.
Chaux ville et orpigment.
ha cbauv viue et orpigment, que les
Qrecs appellent qrÿe^jçMm, pris en
hreuuage, rongent l’estpmacb et les
intestins auec grandes douleurs : ils
causent vne soif intolérable, auep vne
aspérité de gorge, difficulté de respi¬
rer, suppression d’vrlne et dysenterie.
Il faut remédier auec toutes choses
qui ont vertu d’esteipdre leur acrimo¬
nie , et gui soient relaxans et bumec¬
tans : comme le suc de guimauue,
mauue , violiers de Mars , décoction
de graine de lin , bottillons gras, et
généralement toutes choses cy-dessus
mentionnées aux remedes des cantha¬
rides.
L’eau forte.
Il est fort difficile pouuoir remé¬
dier à l’eau forte , de laquelle les or-
féures séparent l’or de l’argent , par¬
ce que tout subit elle bruslela gorge
et l’estomach. Il y faut remedier
comme à la efiaux et orpigment.
La Ceruze.
ha ceruzp cause hocquets et la
touv» et rend la langue seiche, et
les extrémités du corps froides et stu¬
pides , et leurs yeux clinettent tou-
siours ; et souuont en .plein leur il
LE VINGT-TR01Si:ÉME LIVRE,
344
semble au malade qu’il voit quelque
fantosme : leur vrine est noire, et
souuent sanglante : s’ils ne sont
promptement secourus ils suffoquent
et meurent. Le remede, selon Aëce
et Auicenne, est de leur faire boire de
la scammonée , auec eau miellée , et
CHAPITRE XLVII.
DE LA PROPRIETE DE l’ARGENT-VIF L
L’argent-vif a esté ainsi nommé
par-ce qu’il représente l’argent en
1 Ce chapitre se lisait d’abord , au moins
en partie, dans le livre de la grosse Verolle,
édition de 1575, où il faisait le chapitre 10
(voyez tome II, page 541). Dès 1579, il avait
été transporté ici avec de très grandes aug¬
mentations. Le fond et souvent la forme en
sontempruntésàThierry delléry :Z«meràode
curatoire de la maladie venerienne, 1552, page
101 ; et il est à regretter peut-être que Paré
n’ait pas toujours suivi une aussi compé¬
tente autorité. Je signalerai les passages qui
8C trouvaient déjà dans l’édition de 1575.
couleur, et aussi pour-ce qu’il est
quasi en vn perpétuel mouuernont ,
et semble qu’il soit vif.
Il y a grande contrariété entre les
anciens qui ont escrit du vif-argent.
Les vns tiennent qu'il est chaud,
comme Galien, liure quatrième des
Simples, Ilaliabbas en sa seconde prac-
tique, chapitre cent quarante huit :
Rhases au 3. ad Almensor ■. kv'isioie 4.
ü/efeor., Constantin, Isaac,Platearius,
Nicolas Massa. Or véritablement ils
ont tous raison sur ce qui est dit ,
que l’on prend indication des remedes
qui aident et quinuisentid’auantage
il est d’vne substance si ténue, qu’il
pénétré les corps métalliques fort
durs et les dissout , et fait autres ac¬
tions de chaleur, comme d’attenuer,
inciser, penetrer , subtilier, résoudre,
seicher, prouoquer sueurs , flux de
ventre , vrines , flux de bouche : et
non seulement vacue les humeurs
subtils , mais aussi les gros , cras et
visqueux, ce qu’on voit à l’œil aux
verollés qui en vsent par les frictions
ou par emplastres : lesquelles choses
ne se peuuent faire que par medica-
mens chauds et de subtile substance ,
ce que fait l’argent vif. Autres disent
qu’il est extrêmement froid et hu¬
mide , d’autant qu’il stupéfié et ap-
paise toutes douleurs , estant appli¬
qué aux onguens et emplastres,
réfrénant les ardentes pustules phleg-
moneuseset cholériques : d’auantage,
pour sa grande humidité , il amollit
les tumeurs dures, et dlssoult celles
qui sont faites par concrétion ; ce
qu’on voit auxtophes et nodusdesos :
aussi ceux qui en ont esté IVottés ,
ou pris par parfums, ont leur haleine
puante, qui est vn signe qu’il pourrit
par son excessiue humidité', les hu¬
meurs qu’il trouue en l’ostomach et
parties voisines.
autres choses qui ont vertu de les
faire beaucoup vriner. Il ne faut ou¬
blier à les faire souuent vomir, et leur
donner clysteres humectans et relas-
chans.
Piastre.
Le piastre s’endurcit comme pierre
en l’estomach , et ceux qui en ont
auallé estranglent , par-ce qu’il re¬
serre les conduits de la respiration
On les guarit comme ceux qui ont
mangé des champignons. Auicenne
dit qu’il faut remedier comme à ceux
qui ont pris de la ceruze. Et si le
ventre est constipé, on leur baillera
clysteres composés d’huile et de
gresse de canard , et leur oindre le
ventre d’huile de lys et de beurre.
DKS VENINS.
D’abondant , Auicenne ameine vn
exemple d’vn singe , lequel ayant
beu de l’argent-vif, mourut : et l’ayant
ouuert , on trouua du sang coagulé
autour du cœur. Semblablement
Matthiole sur le Commentaire de
Dioscoride, chapitre vingt-huitième,
dit que le vif-argent fait mourir les
personnes qui en prendroient en trop
grande quantité , par son excessiue
froideur et humidité , par ce , dit-il,
qu’il corgele le sang et les esprits vi¬
taux de toute la substance du cœur.
Ce qui a esté conneu de Petrus
Aponensis , par ceste histoire ; qu’vn
Apolicaire surpris d’une tiéure très-
ardente , tourmenté d’une soif intolé¬
rable, et troublé de son entendement,
allant çà et là, vint en sa boutique
cherchant quelque breuuage pour se
desalterer : par fortune il print la
boette du vif- argent, et en beut en
grande quantité , en lieu d’eau : cela
fait, il s’en retourna coucher, ou peu
d’heures après il mourut. Ses serui-
teurs ayans trouué grande quantité
de vif-argent sorti par le fondement,
appellerent les Médecins pour sça-
uoir la cause de la mort , qu’ils esti-
moient vn grand miracle : lesquels
commandèrent d’apporter la boette
du vif-argent , laquelle estant vuide ,
ils conneurent la cause de la mort
aduenue à l’apoticaire. D’auantage ,
le corps mort et ouuert , Irouuerent
encore dedans l’estomach et intestins,
enuiron vne liure d’argent-vif ,et du
sang congelé autour du cœur ‘.
Qui est cause pour prouuer le vif-
1 Celle histoire est absurde, ou du moins
la conclusion que l’auteur prétend en tirer;
et on a d’autant plus sujet de s’étonner que
Paré l’ail admise, que Thierry de Héry avait
donné des preuves irréfragables de l’inno¬
cuité du mercure pris à l’intérieur. D’ail-
345
argent estre extrêmement froid, pour
raison de ladite coagulation. Autres
le disent froid , pour-ce qu’il est fait
de plomb et autre matière froide ,
qui ne s’ensuit pas : car la chaux viue
est faite de cailloux et pierres froi¬
des, neantmoins est chaude et caus¬
tique.
Paracelse , liure quatrième De la
nature des choses ‘ , dit le vif-argent
estre chaud au dedans, et froid ait de¬
hors : c’est à sçauoir, qu’estant tel
comme il vient de la mine, qu’il est
froid : mais quand il est préparé par
art , que sa frigidité est ostée , et que
sa chaleur qui est au dedans se ma¬
nifeste , en sorte qu’il sert de teinture
à la transmutation des métaux. C’est
vne reigle generale des Alkemistes ,
que tous métaux sont froids en leur
dehors , à cause de la partie aqueuse,
laquelle y prédominé : mais au de¬
dans ils ont vne grande chaleur, la¬
quelle apparoist lors que la froideur
se séparé auec l’humidité, par le
moyen du mesme suiet qu’elles ont,
à sçauoir l’humidité : deuiennent caus¬
tiques par la calcination 2.
Aucuns ont opinion qu’il est vene-
neux, neantmoins l’experience mons¬
tre le contraire : ce que plusieurs
leurs on verra lout-à-l’heure Paré lui-même
apporter des exemples tout-à-fait contra¬
dictoires avec celte conclusion.
1 Nous avons vu déjà Paré citer ailleurs
Paracelse: mais il avait ensuite efl’ucé sa
citation, tandis que celle-ci, donnée en
1579, est restée dans toutes les éditions.
2 Au lieu de celte longue discussion, le
chapitre de 1575 portait seulement :
« Quant aux qualilez du vif argent , plu¬
sieurs en sont en grande controverse ; car
aucuns disent qu’il est froid , les autres
chaud. Or véritablement par ses operations
on peut le dire estre chaud , parcequ’ii at¬
ténué , incise, pénétré, et résout, etc. »
LE VINGT-TROISIEME LIVRE
346
doctes personnages lesnioignent. Ma-
rianus Sanclus Barolitanus , homme
fort expérimenté en la Chirurgie,
traitant De casu et offensione ^ , dit
aiioir veu plusieurs qui en ont auallé
sans aucune incommodité ou lésion.
Et pour confirmation de son dire,
raconte vne histoire d’vne femme , à
laquelle afferme auoir veu prendre
pour quelque intention , à plusieurs
et diuerses fois , vne liure et demie
de vif-argenj , qu’elle reiettoit par le
siégé sans aucun dommage. Mesmes
il dit , qu’en l’Iliaque passion (dite
Miserere mei , maladie mortelle) que
plusieurs estoient eschappés en pre¬
nant trois onces d’argent- vif auec de
l’eau simplement^. Ce qui aduient,
d’autant , dit-il , que par sa pondero-
sité destourne l’intestin, et pousse
la matière fecale endurcie en bas ;
ainsi qu’au ons escrit cy deuant par-
lans de la colique. D’auantage il af¬
ferme autres auoir esté guaris de la
colique, en prenant trois onces de vif-
argent®.
1 Cette citation est empruntée à Thierry
de Héry.
® L'aiuheitr n'appreuue teste quantité d'at'-
gent vif. — A. P.
S Ce paragraphe se trouve déjà presque
textuellement dans le livre de la grosse Ve-
roUe de 1515 j mais auparayant on en lisait
un autre assez cnrieui qui a été retranché
en 1579 :
« Or plusieurs estiment que le vif argent
par les frictions ou emplastres pénétré au
dedans des parties où il est appliqué : ce
qui est faux. Car il n’y a que sa puissance
et faculté qui besongne, sans aucunement y
entrer : ce qui se voit par l’application des
emplastres de de Vigo cum mercurio où ia-
rnais le vif argent ne laisse la masse de
l’emplaslre, neantmoins fait son action:
comme pi ouoquer Ilux de bouche et de ven¬
tre ; et apres son operation estant fondue,
on irouuo lo vif urgent en telle quantité
Antonius Musa dit qu’il a de cous-
tume eu donner à boire aux pelils
enfans eslans demy morts, à l’occa¬
sion dos versC Ce qui est encore
approuué par Auicenne, où il dit,
que plusieurs en boiuent sans en estre
aucunement endommagés AussJ
ledit Auicenne l’ordonne pour la
teigne des petits enfans , et mesme
en ses ongueiis pour la rongne, Sem¬
blablement on voit ordinairement les
bonnes femmes de village en frotter
la teste de leurs petits enfans, estant
mixtionné auec beurre , ou gresse de
porc , pour faire mourir leurs poux,
Matthiole dit , qu’aucuns en donnent
pour le dernier remede aux femmes
quinepeuuent accoucher, le proteste
que i’en ay fait aualler vne liure à
vn petit et ieune chien , l’ayant re-
ietté par le siégé , sans ressentir au^
cun mal®, Toutes lesquelles choses
me font iuger iceluy n’estre venb
meux.
Voila ce que i’ay pu recueillir des
autheurs, tant anciens que modernes,
Et ne nous faut arrester aux dispu¬
tes, mais ùTaction et faculté d’iceluy,
chose plus necessaire que toutes dis¬
putes qu’on en peut faire.
Et quant ù ses actions et facultés ,
comme auparauant qu’elle y fust appliquée :
par quoy ou peut dire que sa substancp
n’entre au dedans , mais sa seule qualité. »
1 Antonius Musa , au traité cies metausç, —
A. P,
2 Auicenne, au chapitre de qrgento viuo. —
A. P.
* Thierry de Héry avait fait et répété cette
expérience avant Paré : ouv. cité, page 102.
Au reste la première et la dernière phrase
de ce paragraphe se lisaient déjà à la lin
du chap. de 1575. On y trouvait aussi, mais
dans une autre place, la citation d’Avicenne
pour la rongne et l’exemple des homes fem^
mes de vitlayei
DES VENINS.
nous le voyons estre le vray alexitere,
et contre-poison de la grosse verolle :
et propre aux vlceres malin gs de
quelque genre qu’ils puissent estre ,
de façon qu’il consomme la virulence
et milignilé qui est en eux, plus que
nuis autres remedes opeçanspar leurs
qualités premières. Spécialement si
on en frotte vne lamine de plomb ,
comme l’enseigne le bon vieillard
Ouidon , et qu’on l’applique sur l’vl-
cere en le bandant proprement , ra¬
mollit les bords desdits vlceres : es¬
tant continuée ameine l’vlcere à
cicatrice , ce que i’ay conneu par di-
uerses fois. Ce qui est aussi confirmé
par Galien, lequel l’appreuue pour les
vlceres malin gs et pour les chancres C
Mesmes nous voyons par expé¬
rience, que le plomb (lequel aucuns di¬
sent veneneux , par-ce que l’argent-
vif est fait deluy) peut demeurer long
temps en nostre corps sans faire au¬
cune corruption : comme l’on peut
connoistre, en ceux qui ont eu des
coups de harquebuses , la balle de¬
meurer aux parties charneuses par
l’espace de trois , quatre , voire dix
ans, et descendre du haut en bas sans
faire aucune putréfaction ou nui¬
sance à nature ; qui demonstre n’a-
uoir nulle vénénosité, mais plustost
quelque chose de familiarité auec
nostre nature. Galien ne dit pas que
1 Ce paragraphe se lisait déjà dans l’édi¬
tion de 1575, où il suivait immédiatement
le texte reproduit à la note de la page précé¬
dente; seulement il y avait une variante
qu’il n’est pas sans intérêt de noter :
« Le bon vieillard Gqidon , parlant de la
nature de telles vlceres , ordonne y appli¬
quer platines de plomb froltees de vif-ar¬
gent, et dit estre en ce remede vne vertu ca¬
chée. le puis aussi attester que i’en ay
souuent vsé pour tel effect, en ayant acquis
honneur et protlct, »
347
le plomb soit veneneux , mais dit que
l’eau contenue long temps és canaux
de plomb , pour le limon qui s’y atta¬
che, cause dysenteries et flux de ven¬
tre ce que feroit bien l’airain ou le
cuyure.
Thierry de Hery recite ceste his¬
toire.
Ces iours passés ie fus enuoyé qué¬
rir pour visiter vn enfant en la mai¬
son d’ vn docteur en medecine, lequel
auoit vne parotide (qui est vne apo-
steme auxenuirons des oreilles) auec
grande tumeur et inflammation, dou¬
leur, pulsation , et tels signes signi¬
fient génération de màtiere. Au
moyen dequoy nous aduisasmes qu’il
seroit bon y appliquer vn médica¬
ment anodyn , ce qui fut fait : et au
premier remuement de l’emplastre se
trouua grande diminution de la tu¬
meur, et de tous les autres accidens,
dont nous fusmes esbahis, par-ce que
nous auions délibéré ce iour, ou le
lendemain, y faire vne ouuerture. A
la seconde fois se trouua sans inflam¬
mation, pulsation, ny douleur, et
apparente diminution de la tumeur,
etsentoit l’enfant la partie quasi estre
toute deschargée. Au troisième ap¬
pareil , i’apperceu dedans le cata¬
plasme du vif-argent : parquoy nous
enquerans d’où pouuoit procéder ce¬
la , trouuasmes qu’vn seruiteur, au¬
quel on auoit commandé faire ce mé¬
dicament (faute de curiosité) l’auoit
meslé avec vn onguent estant au mor¬
tier, auquel y auoit de l’argent-vif.
Toutesfois cest enfant fut guari quatre
ou cinq iours après, sans suppuration
‘ny aucun accident.
Autre histoire dudit de Hery. Quel¬
que temps après, vne damoiseüe fut
affligée d’vne semblable maladie, la-
* Galien, 7< ontaioput. A» P,
LE VlNGT-TROISllÎME LIVRE,
348
quelle non seulement luy comprenoit
le derrière des oreilles, mais aussi
vue partie de la gorge, et quasi toute
la iouë. Nonobstant quelque dili¬
gence , nous ne sceusmes tant faire
que Nature voulust tendre à aucune
euacuation , et auoit vne telle dou¬
leur que iour ny nuit ne pouuoit re- *
poser : quoy voyant ie raconte aux
médecins l’histoire precedente , les¬
quels furent d’aduis qu’on adiouste-
roit du vif-argent aux emplastres, ce
qui fut fait : et la damoiselle sentit
amelioration de sa douleur, et peu de
iours après la tumeur fut entièrement
résolue *.
Voila deux histoires que ie croy
estre vrayes. L’onguent où entre le
vif-argent guarit la rongne, appellée
du vulgaire mal sainct Main {supple
après auoir fait les choses vniuersel-
les, comme purgations , saignées ,
bains) ce que les autres medicamens
ne peuuent faire. le tiens que l’ar-
gent-vif est l’antidote de la verolle
( aussi fait Rondelet) et de ses acci-
dens,et la guarit en quelque sorte
qu’elle soit : par-ce qu’il esmeut les
sueurs, et deseiche la cause de sa
substance : ce que ne font point les
autres medicamens, au moins que
i’aye peu connoistre 2.
Or quelques-vns tiennent qu’il re-
soult et dissipe la vertu des nerfs,
comme Ton voit à quelques-vns qui
ont esté frottés pour la verolle , ont
vn tremblement des membres : il est
1 Voyez ces deux histoires dans Thierry
de Héry , page lOS et suivantes. Il convient
de dire que Paré ne transcrit pas exacte¬
ment le texte. Déjà du reste il avait cité ces
deux histoires en 167S au livre des Tumeurs
en particulier, et avec une rédaction un peu
dillérente. Comparez tome l'f, pagej 380 et
381.
2 Cette dernière phrase est de 1585.
vray, quand l’on en vse indiscrette-
ment et sans raison, qu’il en pourra
estre cause. Autant en aduiendra-il
aux doreurs et fondeurs de plomb ,
et à ceux qui sont aux minières ; car
par l’indeuë et assiduelle réception
des vapeurs, il se fera non seulement
vacuation des humeurs malings et
corrompus, mais aussi resolution et
consomption des esprits et humidités
radicales, lesquelles résolues, spécia¬
lement des parties nerueuses , il s’en¬
suit vn tremblement quelquesfois
perpétuel , non par la malice du vif-
argent , mais par l’indeuë application
et mauuais vsage.
Estant esteint auec axonge de
porc , qu’on en oigne vne lisiere de
drap , puis qu’on l’applique à nud en
ceinture au milieu du corps, il chasse
les poux, puces, punaises et mor¬
pions : et tue les vers contenus au
ventre, et principalement si on en
frotte le creux du nombril. Si on en
frotte le lieu où habitent les punaises
et scorpions, il les fait mourir, et
ernpesche que plus n’y retournent.
Or il y adedeux especesd’argent-vif,
naturelle et artificielle : de la natu¬
relle, il s’en treuue coulant par les
veines et cauités de la terre, comme
on voit en diuers lieux : et aussi il se
treuue entre les métaux, et aux vous-
tes des fodines d’argent. De Tartifi-
cielle, il s’en fait de niinion , aussi de
ralisseures de marbre , comme escrit
Vitruue L II est vray-semblable qu’il
s’en pourroit tirer de tous métaux
par artifice, et principalement du
plomb et du cinabre. Telles especes
et différences se peuuent connoistre
par leur couleur fusque et noirastre,
par leur substance lente et espaisse,
‘ Vilruue, au 7. U. de son architecture, —
A. r.
DÈS VENINS.
qui en coulant laisse vestige cras,
comme excrement de plomb. Le meil¬
leur de tous est celuy qui est pur,
clair, subtil , et blanc. Et pour le pu¬
rifier de son plomb et autres excre-
mens , et le rendre bon et tres-subtil,
c’est le faire boüillir en vinaigre auec
sauge, rosmarin, thym, lauande,
ou le faire aualler à vn chien vne
liure à la fois : puis l’ayant reiettépar
le siégé , le cueillir, et de rechef le
faire vn peu boüillir audit vinaigre.
Cela fait , on peut dire estre vn mais-
tre lehan, qui fait choses grandes et
quasi miraculeuses, pourueu qu’on
le sçache bien manier à luy faire sau¬
ter le baston : car à peine se trouue-il
homme qui se puisse vanter d’enten¬
dre sa nature et vertu en tout et par
tout. Les Alchemistes ont si grande
opinion de ce maistre lehan , que la
349
pluspart d’iceux l’ont couru à force
d’or et d’argent , pour cuider l’arres-
ter, et toutesfois n’en ont encore sceu
venir à bout. Les riches en sont deue-
nus panures , pour l’auoir soufflé: et
les panures , idiots , insensés , et tous
deschirés. Il n’a plus grand ennemy
que le feu , lequel le fait monter en
haut , encore qu’il soit fort pesant, et
aussi luy fait quitter l’or, son plus
grand amy qu’il ait point C
‘ L’édition de 1579 portait à la fin de ce
chapitre : Fin des venins, bien qu’il fût im¬
médiatement suivi du chapitre 47 et der¬
nier (48' par faute d’impression ), intitulé :
Discours de la licorne. Comme ce chapitre
assez long a été refondu dans le grand Dis¬
cours publié en 1582, que l’on trouvera en
entier reproduit après le livre de laPesie,\Q
n’ai pas cru devoir faire un double emploi
[ sans intérêt en le donnant ici.
LE YINGT-OViTRIÉME LIYRE,
TRAITANT
DE LA PESTE*.
CHAPITRE 1.
description dé la peste.
Peste est vne maladie venant de
l’ire de Dieu , furieuse, tempestatiue,
hastiue, monstrueuse, espouuen table,
contagieuse, terrible, appelée de Ga¬
lien beste sauuage, farouche, et fort
cruelle, ennemie mortelle de la vie
des hommes, et de plusieurs bestes,
1 Ce livre de la P este avait paru en 1668
réuni à quelques chapitres sur la petite vé¬
role , la rougeole et la lèpre, sous le titre de
Traicié de la pesie, etc. Il se composait alors
de 50 chapitres, plus le chap. 65 , placé
après l’histoire de la petite vérole et intitulé :
Des incommoditez de la peste, en total 51
chapitres, En 1575, il fut séparé du livre de
la petite vérolle, et réduit à 50 chapi¬
tres , (bien que la table en indique par er¬
reur 51 ) par la suppression du chap. 34 :
Du charbon non pestiféré. En 1579, il regagna
61 chapitres par la division en deux du 50' j
en 1585, il arriva au chiffre de 52 par l’ad¬
jonction du 30% intitulé: Accidens de peste -,
et enfin j’ai cru devoir rétablir le chapitre
supprimé , ce qui donne pour cette édition
73 chapitres.
J’ai ajouté en outre un chapitre complé¬
mentaire tout spécial, pour un article retran¬
ché dès 1579, et qui n’avait pas reparu de¬
puis. Je veux parler du fameux passage sur
l’antimoine, qui appartenait, dans les édi¬
tions de 1568 et 1575, au chap. 27 : Des rne-
dicamens purgatifs.
plantes , et arbres^. Les anciens l’ont
appelée Epidémie, quand la corrup¬
tion venoit de l’air qui promptement
fait mourir plusieurs en vn instant,
et en mesme région *. aussi ont -ils ap¬
pelé Ëndemie vne maladie qui est
propre et familière en certain pays,
comme les escrouëlles en Espagne,
le gouëlron en Sauoye, la lepre en
Guyenne vers Bordeaux, qu’on ap¬
pelle Gabetz, et en la basse Bretagne
2 Cette définition, un peu trop poétique,
est de 1585 , de même que tout le reste de
ce chapitre jusqu’à la phrase finale. Dans les
éditions précédentes, le titre du chapitre
était le même, mais le texte différait com¬
plètement ; c’est pourquoi il est essentiel de
le reproduire :
« Peste est vne maladie furieuse , qui
court generalernent sur tous les hommes, ou
sur autres bestes, contagieuse, cruelle et
pernicieuse, accompagnée de grands acci¬
dens, (qui viennent quant et elle en vn
mesme temps) comme heure continue, bu¬
bons , charbons , pourpre , nausee , vomis¬
sements, et autres. Or elle nuit par sa qua¬
lité veneiieuse, de laquelle la force surpasse
la condition de pourriture et corruption or¬
dinaire , et non pas à cause de quelque qua¬
lité élémentaire, comme par trop excessiue
chaleur, froidure, seicheressc et humidité,
ou de toute sa nature: car si elle estoit telle,
elle tueroit toute personne indifféremment,
combien que ne ie vueille pas nier qu’elle
ne soit plus griefuc en certains corps, temps,
I saisons et pays, comme sont aussi toutes au-
LE VINGT-QVATRIÉME LIVRE j DE LA PESTE.
Cacots, et sont nommçs Ladres blancs :
et ainsi d’autres maladies qui régnent
6s autres prouinces. Or la peste est
souuent accompagnée de tres-eruels
et pernicieux accidens, qui sourdent
iournellcment auec elle : comme fié-
ure, bubons, charbons, pourpre, flux
de ventre, déliré, frenesie, et douleur
mordicatiue d’estomach , palpitation
de cœur, pesanteur et lassitude de
tous les membres , sommeil profond ,
très inatàdieè , ainsi que dit Hippocrates au
troisième liure des Aphorismes ( Aphor. 3).
Or tel venin est du tout contraire , princi¬
palement 4 l’esprit vital , contenu au cœur >
et si l’esprit est plus fort que le venin pes-^
tiferé, il le chasse loing du cœur < au con¬
traire, si le venin est plus fort que les for¬
ces de l’esprit vital et qu'il ne puisse résister
à son énnemÿ, il s’enfuit arriéré deluy, et
demeure vaincu. Et aussi s’il s’eSpànd en la
masse sanguinaire où s'ont contenues les
humeurs, il les infecte par sa qualité vene-
neuse, et engendre fleures pestilentielles
simples, ou compliquées auec bubons et
charbons, et quelquefois aussi plusieurs
éruptions et ébullitions de sang, et taches
noires parmy le corps , lesquelles sont trou-
ùees aucunes fois de dluerses couleurs, quê
1 oh nomme communément le pourpre , et
le tout pronîeht pat la vertu expultrice ir¬
ritée (forte ou 'debilè>, et ausisi s'é font diUer-
scs aUeratioBs selon la diuersité des tempe- |
raments et corruption de l’hameur où telle
vénénosité est fondée, |
« Voila ce qu’il me semble de la descrip¬
tion de ceste peste , etc. 1
Ceci est le texte purdel.5G8; en li)75, après
ées mots : au troisième liure des Aphorismes,
l’auteur a]outàit :
« ... mais de Ceia peut on seulement con¬
clure , que l'effort et furie de la peSte peut
estre augmentée ou hebetee , par le moyen
ou association d’vne des quatre quaiitez : et
non pas que son essence gise et dépende en¬
tièrement de l’vne ou plusieurs d’iceiles. »
Il y a aussi plus bas quelques mots ajou¬
tés, mais qui n’altèrent en rien le sens. L’é¬
dition de lô7‘J avait suivi celle de 1576,
3ôi
et les sens tous hébétés. Aucuns ont
vue chaleur interne bruslante, et
sont froids au dehors, auec inquié¬
tude, difficulté de respirer, vomisse-
mens frequens, flux de ventre, flux
de sang par le nez et par autres par¬
ties du corps, appétit perdu, grande
alteration, la langue seiche , noire et
aride, regard haue et hideux , la face
pâlie et plombine , et quelquesfois
rouge et enflambée, tremblement
vniuersel, crachement de sang, puan^
teui; des excremens , et plusieurs au-^
très, qui se font selon la pourriture
et alteration de l’air pestiféré, et de
I la cacochymie de ceux qui en sont
frappés. Neanlmoins tous ces aceê
dens ne se Irouuent pas tousiours à
vne fois, ny en toutes personnes, mais
en aucunes s’en apperçoiuent plu¬
sieurs, aux autres peu : voire à grand’
peine voit-on deux malades infectés
de ceste peste les auoir semblable.s,
mais diuers les vns des autres, selon
les effects qu’elle produit. Ce qui pro-
uient pour la diuersité du venin , de
la cacochymie et complexion des ma¬
lades , des années et saisons , et des
parties qu’elle aura saisies : aussi
qu’elle n'estpastousioursd’vnemesme
sorte , mais diuerse i’vne de l’autre :
qui a esté cause que l’on lui a donné
diuers noms^ à sçauoir ftéure pesü‘
lente^ caquesangue^ ^aqndmhe^ swette,
trousse - ÿolant , bosse, charbon,
pourpre, et autres, que déduirons
c,y après. Or l essence de ce venin
pestiféré est inconneu et inexplicable,
dont nous pouuons dire la peste estre
vu quatrième genre de maladie. Car
si elle estoit vne intemperature sim¬
ple , elle serait chaude ou froide , ou
humide ou seiche , ou composée d’i¬
celles : et lors auec medicamens cou-
Irarians par leur seule qualité chaude,
I froide, seiche, humide, ou mixtion-
LË VlNGt-QVATRlKME LlVnK,
352
nées ensemble , seroit guarie. Si c’es- j
toit incommoderation , c’est à dire |
mauuaise composition , elle seroit en
indeuë conformation ou figure , ou
en nombre, ou en magnitude, ou en
situation. Si c’estoit aussi solution de
continuité , ce seroit érosion , contu¬
sion, incision, perforation, morsure,
piqueure et ruption, toutes lesquelles
choses seroient guaries par les reme-
desescrits des anciens ; mais elle vient
non seulement d’vne simple corrup¬
tion, mais aussi d’vne contagion d’air
pestiféré indicible et inconneuë, qui
imprime sur vn corps ja préparé le
caractère de son venin. Or me dira
quelqu’vn ; comment sera-il possible
à vn Chirurgien pouuoir guarir ceste
contagion par vraye méthode, at¬
tendu que sa cause ne peut estre con-
neuë? A quoy faut respondre, qu’il
faut suiure le mouuement de N ature :
car ayant en horreur la qualité veni¬
meuse qui premièrement saisit le
cœur, tasche et s’efforce de chasser
et pousser dehors les matières que le
venin a corrompu, lesquelles entre¬
tiennent le mal , et dont s’engendrent
fiéures pestilentielles, carboncles, bu¬
bons, pourpre, et autres aecidens, au
grand soulagement des parties no¬
bles : tellement que si le tout (ou la
plus grande partie) peut estre uinsi
poussée dehors sans rentrer au de¬
dans, le patient peut eschapper du
danger. Parquoy le Médecin et Chi¬
rurgien, qui sont ministres et coad-
iuteurs de Nature, n’ont autre chose
à faire que poursuiure tels mouue-
mens ; comme en prouoquant les
sueurs et vomissemens dés le com¬
mencement , et par choses qui forti¬
fient le cœur , vsant de tous remedes
esprouués contre la putréfaction et
vénénosité. En somme, il faut munir
le cœur par antidotes , et attirer au
dehors la matière ooniointe , et pouf-
uoir aux accidens, diuersiliant les re¬
mèdes selon la nature d’iceux.
Voila ce qu’il me semble de la des¬
cription delà Pesie, laquelle n’est ia-
mais vniuerselle, ny d’vne mesme sor¬
te, comme nous auons dit cy dessus.
CHAPITRE II.
DES CAVSES DIVINES DE LA PESTE.
C’est vne chose résolue entre les
vrais Chrestiens , ausquels l’Eternel a
reuelé les secrets de sa sapience , que
la peste et autres maladies quiaduien-
nent ordinairement aux hommes, pro¬
cèdent de la main de Dieu, ainsi que le
Prophète nous enseigne ; Quelle aduer-
site sera en la cité, que le Seigneur n’aye
faite Ce que nous deuons en tout
temps soigneusement méditer pour
deux raisons : la première est pour
reconnoistre que ce qne nous auons
de vie , santé , mouuement et estre ,
procédé directement delà pure bonté
de Dieu , qui est le Pere des lumières,
à fin que par ce moyen nous luy ren¬
dions grâces de ses bénéfices. L’ autre
est que la connoissance des afflictions
qui nous sont enuoyées de Dieu, nous
achemine à vne droite intelligence
de sa iustice sur nos péchés, à fin
qu’à l’exemple de Dauid 2, nous nous
humilions sous sa main puissante,
pour garder que nostre ame ne peche
par impatience : aussi qu’estans rele-
ués de desespoir, nous inuoquions
sa Maiesté pour nous deliurer de
tous maux par sa miséricorde. Voila
comme nous appirendrons de cher¬
cher et en Dieu et en nous, au ciel et
1 Amos 3. — Acles 17. — A. P.
2 ^ ayez à ce propos le P seau. 39. — A. P.
t)E tA Peste.
en la terre, la droite connoissance
des causes de la peste, de laquelle
nous sommes visités; et comment par
la Philosophie diuine nous sommes
instruits que Dieu est le principe et
cause des causes moyennes , sans la¬
quelle les secondes causes et inferieu¬
res ne peuuent produire aucun effet,
ains sont conduites et addressées par
la volonté secrette et conseil priué
d’iceluy, qui s’en sert comme d’ins-
trumens pour accomplir son œuure
selon son decret et ordonnance im¬
muable.
Pourtant il ne faut attribuer sim¬
plement la cause de la peste aux cau¬
ses prochaines, à l’exemple des Lu-
cianistes. Naturalistes, et autres infl-
deles : mais il nous faut considérer
que tout ainsi que Dieu par sa toute-
puissance a créé toutes choses hautes,
moyennes et basses, aussi que par sa
sagesse il les conserue,, modéré , en¬
cline où bon luy semble, mesmes
souuent change le cours naturel d’i¬
celles, selon son bon plaisir. Voila
pourquoy le Prophète nous exhorte :
N'apprenez point les voyes des Gentils,
et ne craignez point les signes du ciel
comme les Gentils les craignent ‘. Et ne
faut que nul soit si hardy et plein de
rage , de vouloir attacher Dieu , qui
est la souueraine cause de toutes cho¬
ses, aux causes secondes et inferieu¬
res et à ses créatures, ou à la pre¬
mière disposition que luy-mesme a
baillée ; et seroit rauir à Dieu ce titre
de Tout-puissant, et luy oster la li¬
berté de plus rien changer et dispo¬
ser autrement qu’il n’a fait du com¬
mencement , comme si l’ordre qu’il a
establi le tenoit suiet et lié , sans qu’il
peust rien innouer 2. Car quelque or-
1 leremïe 10, — A. P.
2 Celle phrase a été ajoutée en 1579.
353
dre ou disposition que Dieu aye mis
en Nature, en la reuolution des sai¬
sons, au mouuement des astres et
planètes, tant y a qu’il n’est point lié
ny suiet à créature quelconque : ains
besongne et fait ses œuures en toute
liberté, et n’est aucunement suiet de
suyure l’ordre qu’il a establi en na¬
ture ; mais s’il veut punir les hommes
à cause de leurs péchés , à fin de leur
monstrer sa iustice, ou les combler de
biens pour leur faire sentir sa bonté
paternelle, il change sans difficulté
cest ordre quand bon luy semble , et
le fait seruir à sa volonté , selon qu’il
voit estre bon et iuste. Car tout ainsi
qu’au commencement de la création
du monde, par le commandement de
Dieu , la terre produit verdure , ar¬
bres fruitiers , la mer ses poissons , la
lumière aussi esclairoit auant que ces
deux grands luminaires , le soleil et
la lune, fussent créés , pour nous ap¬
prendre que c’est le Tout puissant ,
qui par soy-mesme a fait toutes cho¬
ses ‘ ; aussi depuis que le gouuerne-
ment des créatures a esté assigné au
soleil et aux planètes , desquels la
terre et ce qu’elle contient reçoit ali¬
ment et nourriture, nous sçauons
comme ce grand Dieu a changé le
cours naturel d’iceux pour le bien et
profit de son Eglise. C’est ce que
nous lisons, que le Seigneur alloit de-
uant les Israélites, par iouren colom-
ne de nuée , pour les conduire par la
voye , et de nuit en colonne de feu ,
pour les esclairer 2. En ceste mesme
façon le soleil et la lune furent arres-
tés et changèrent leur cours, à la
priere de losué®. Aussi par la priere
d’Elie, il ne pleut point pendant l’es-
' Genese, 1. — A. P.
2 /i'xotie 13. — a; P.
* Josué. 10. — A, P.
III.
23
354 LE VINGT-QVATRIEME LIVRE,
pace de trois ans et six mois ». Par ces
exemples donc , il appert clairement
que Dieu dispose de ses créatures se¬
lon son bon plaisir, tant pour sa
gloire que pour lé salut de ceux qui
Pinuoquent en esprit et vérité 2.
Or comme le Seigneur se sert de ces
choses inferieures pour estre minis¬
tres de sa volonté, et tesmoignages de
sa grâce à ceux qui le craignent, aussi
elles luy seruent de heraults et exé¬
cuteurs de sa iustice pour punir les
iniquités et offenses des pécheurs et
contempteurs de sa Maiesté. Èt par¬
tant , pour le dire en vn mot , c’est la
main de Dieu qui, par son iuste iuge-
ment, darde du ciel ceste peste et con¬
tagion , pour nous chastier de nos of¬
fenses et iniquités , selon la menace
qui est contenue en l’Ëscriture. Le
Seigneur dit ainsi : leferay venir sur
vous le giaiue exécuteur , pour la ven¬
geance de mon alliance, et quand vous
se'rez rassemblés en vos villes, ie vous
enuoyeray la pestilence au milieu de
vous , et serez liurés en la main de l’en-
nemy Ou’on lise apssi ce qui est es-
crit en Habacuc, chapitre 3. Le Sei¬
gneur des armées dit : Voicy, i’enuoye
sur eux Vespée, la famine et la peste L
Semblablement Dieu commanda à
Moyse ietter en l’air certaine poudre
en la presencè de Pharaon, à fin
qu’en toute la terre d’Egypte les
hommes et autres aninàaux fussent
affligés d’apostemés pestilentiels , vl-
ceres, et plusieurs autres maladies ^
Ce que Dauid a confirmé disant , que
Dieu enuoya en Egypte des mousches
qui deuorerent le pays, et des gre-
noüilles qui les destruisirent, et donna
i 1. Éôls 11 ^ A. jp.
* Epistre sainct laques, ch. 6. — A. P.
3 Leuit. 26. — A. P.
^ leremie 29. — A. P* ^
fi Exode 9. — A. P.
leurs fruits aux chenilles et leur la¬
beur aux sauterelles : et gasta leurs
vignes par gresle , et leurs figuiers
sauuages par la tempeste : et liura
leurs iumens à la gresle et leurs
troupeaux à la foudre. Puis adiouste
qu’il dressa voye à son ire , et n’es-
pargna de les mettre à mort , et liura
leur vie à la peste! Pareillement au
Deuteronome , Moyse menace les
transgresseurs de la loy de Pieu de
plusieurs malédictions, et entre au¬
tres de peste, apostemes,enfleures, et
maladies ardentes 2.
Or le seul exemple de Dauid nous
monstre l’execution de ces menaces
terribles, quand Dieu , pour son pé¬
ché, fit mourir de peste septante
mille hommes , ainsi que l’Escriture
tesmoigne®. Le prophète Gad fut en-
uoyé à Dauid auec commandement
de Dieu : le t’offre trois choses , eslÿ
l’vne dlcèiles, et ie le feray. Lequel
veux-tu , ou que sept ans de famine
viennent sur la terre ; ou que par
l’espace de trois mois tu fuyes do¬
uant tes ennemis , et qu’ils te pour-
suiuent : ou que par trois ioürs la
peste soit sur la terre ? Là dessus Da-
uid prie de cheoir plustost entre les
mains de Dieu qu’entre celles des
hommes : d’autant , dit-il , qu’il est
miséricordieux.
Et quelqu’vn pourra dire que ce
peuple n’auoit pas mérité la mort
1 Pseau. 78. — A. P.
2 Deut. 28. — A. P.
^ Ce paragraphe se terminait là eii 1568;
le reste ne fut ajouté qu’en 1579. U faut dire
en outre que dans l’édition de 1585 et les
sulvantes_on lit : ainsi que l'Escriture lesmoi-
gne au 2. Hure des Mois, ehap. 24. Cette cita¬
tion est fausse, et c’est pourquoi je l’ai re¬
tranchée , d’autant mieux que dès i568 une
note marginale donnait la citation légitime:
2. Samuel , 24.
DE LA. PESTE.
pour l’offense de son roy. On pèut
respôndre qu’il estoit encore plus
raeschant que luy, car il le reserua
pour la gloire de son saint nom *.
Nous lisons pareillement que le
Seigneur punit l’idolâtrie et profana¬
tion de son serüice par le fléau de la
peste. Car voicy comme il parle :
Poiir-ce que tu as violé mon éainct lieu
en tes infametés et abominations , ie le
briserày aussi , et mon œil rie Vespar-
gnera point, et n'en autag point de pitié :
car latroisiémeparliemourradepeste 2.
Concluons donc que la peste et au¬
tres maladies dangereuses ^ sont tés-
moignage de la fureUr diuine sür les
péchés , idolalries et superstitions qui
régnent en la terre, comme mesmes
vn autheur profane est contraint de
confesser qu’il y a quelque chose de
diuin aux maladies 3. Et pour tant ^
lors qu’il plaist au Seigneur des Sei¬
gneurs, et Créateur de toutes choses,
vser de ses iustes iugemens, nulle de
ses créatures ne peut euiter sa fureur
espouuantable : voire mesme ciel et
terre en tremblent, ainsi que Dauid
nous enseigne :
Les deux fondirent en sueur :
La terre trembla de la peur
De ta face terrible.
Que sera-ce donc de nous, pauures
humains, qui nous escoulons comme
la neige? Comment pourrons-nous
subsister deuant le feu de Pire de
Dieu, veu que nous sommes foin et
paille, et que nos iours s’euanoüis-
1 Ce petit paragraphe a été intercalé ici
en 1585. La dernière phrase n'en est pas très
claire, mais le texte est le même dans tou¬
tes les éditions.
2 Ezechiel, 5. — A, P.
i Hippocrates, cAop. 2. du 1. Hure des Pro¬
gnostiques. — A. P.
‘^Pseaume 68. — A. P.
355
sent comme vapeur de fumée? Ap¬
prenons de nous conuertîr de nos
voyesmauuaises à la pureté du ser-
uice de Dieu, et ne suiuons point
l’exemple des fols malades , qui se
plaignent de la chaleur et alteration
de la fiéure, et cependant reiettent la
medecine qui leur est représentée
pour les guarir de la cause de la ma¬
ladie. Sçachons que c’est icy le prin¬
cipal antidote contre la peste, que la
conuersion et amendement de nos
vies. Et tout ainsi que les Apoticaires
font du theriaque de la chair du ser¬
pent, pour guarir dé la morsure veni¬
meuse : aussi de la cause de nos mala¬
dies, c’est à sçauoir de nos péchés,
tirons-en le remede et guarison , en
regardant vers le fils de Dieu lesus
Christ nostre Seigneur, lequel ne gua-
ril pas seulement le corps de ses infir¬
mités et maladies, mais nettoye l’ame
de tout péché et ordure ; et à l’exem¬
ple de Dauid, gémissons et reconnois-
sons nos péchés, prians ce bon Dieu de
cœur et de bouche, comme il s’ensuit i :
Ne vueille pas , 6 Sire ,
Me reprendre en ton ire ,
Moy qui t’ay irrité, etc.
Voila la première et principale con¬
sidération que tous chrestiens doiueht
connoistre, en recherchant les causes
diuines de la peste, et le préparatif
qu’il faut prendre pour la guarison
de telle maladie. Et outre ce,ie con¬
seille au Chirurgien ne vouloir aussi
négliger les remedes approuués par¬
les Médecins anciens et modernes : car
combien que par la volonté de Dieu,
telle maladie soit enuoyée aux hom ¬
mes, si est ce quepar sasaincte volonté
les moyens et secours nous sont don¬
nés pareillement de luy, pour en vser
comme d’instrumens à sa gloire ,
1 Psemme 6. — A. P.
356 LK VIJNGr-QVATRfEME LIVRE,
cherchans remedes en nos maux ,
mesmes en ses créatures, ausquelles
il a donné certaines propriétés et
vertus pour le soulagement des pan¬
ures malades : et veut que nous
vsionsdes causes secondes et naturel¬
les, comme d’instrumens de sa béné¬
diction : autrement nous serions bien
ingrats, et mespriserions sa bene-
ficence. Car il est escrit, que le Sei¬
gneur adonné la science aux hommes
de l’art de Medecine, pour estre glo¬
rifié en ses merueilles K Et partant
ne faut négliger tous autres moyens,
que descrirons cy après.
Il reste maintenant rechercher les
causes et raisons naturelles de ceste
peste.
CHAPITRE in.
DES CAVSES HVMAINES OV NATVRELLES,
ET SEMENCES GENERALES DE LA PESTE,
PRISES DE LA CORRVPTION DE l’aIR.
Les causes generales et naturelles
de la peste sont deux : à sçauoir l’air
infecté et corrompu , et l’alteration
des humeurs viiiés en nostre corps,
et préparés à prendre la peste et air
peslilent. Ce qui est prouué par Ga¬
lien, qui dit, que leshumeurs denostre
corps se peuuent pourrir, et acquérir
vénénosité 2.
Or l’air se corrompt lors qu’il y a
excès és saisons de l’année, lesquelles
ne tiennent leur constitution naturel¬
le, qui se fait parce que presque toute
l’année a esté humide , à cause des
pluyes et grosses nuées. L’hyuer pour
la plus grande partie n’a esté froid ,
ny pareillement le printemps tiede
* Ecdei. 38. — A. P.
* Galien, 6.rfe lacis affeciis. — A. P,
OU temperé, comme il a de coustume ;
aussi qu’en automne on voit en l’air
flambes ardentes, estoilles courantes,
et cometes de diuerses figures, les¬
quelles choses sont produites des ex¬
halations seiches, L’esté est chaud, et
les vents n’ont soufflé sinon du Midy,
et encor iceux ont venté tant douce¬
ment qu’à peine on les a peu sentir :
et quelquesfois aussi on a veu que les
nuées estoient poussées du Midy au
Septentrion. Telles constitutions de
saisons sont escrites par Hippocrates
au liure premier des Epidémies, et au
troisième liure des Aphorismes ‘ : et
véritablement elles rendent l’air du
tout pestiféré : car alors par son in-
lemperature il dispose à pourriture
les humeurs sereux de nostre corps,
et par sa chaleur non naturelle les
brusle et enflamme : toutesfois toutes
constitutions non naturelles n’engen¬
drent pas tousiours la peste , mais
plustost autres maladies epidemiales.
Quelquesfois l’air pestilent , qui est
attiré au corps par vne seule inspira¬
tion d’vn pestiféré, rend tous les
membres infectés *.
D’auantage, l’air se corrompt par
certaines vapeurs meslées auecluy,
comme nous auons dit cy deuant,
comme par grande multitude de corps
morts non assez tost enseuelis en la
terre, comme d’hommes, chenaux, et
autres choses faisans, vne vapeur pu¬
tride et charongneuse qui infecte l’air:
ce qui sonnent aduient après vne ba¬
taille, ou de plusieurs hommes péris
par naufrage, puis iettés par les flots
delà mer au riuage : ou quand la
mer a ietté plusieurs poissons et
> Toutes les éditions du vivant de l’auteur
portent seulement : au liure des Epidémies;
la leçon actuelle est de 1598.
’ Cette phrase a été ajoutée en 1585.
DE LA PESTE.
bestes, lors que lesriuieres font gran¬
des inondations sur la terre, et les
rauissent en la mer, dont ils meurent,
n’estanspas accoustumés de viureen
l’eau salée. Or la mer laisse quelques-
fois grande quantité de poissons à sec,
quand les gouffres ou ouuertures de
la terre faites par le mouuement d'i¬
celle s’emplissent d’eau , ou quand le
flot de la mer laisse les grands pois¬
sons en estant sortis du profond ; ainsi
que de nostre temps vne baleine fut
putréfiée en la coste delà Tuscane, et
amena la peste par tout le pays. Or
les poissons , ( bien que rarement ,
comme dit Aristote au 8. de l’Histoire
des Animaux ‘ ), peuuent estre infec¬
tés par les mauuaises exhalations
esleuées de la terre qui est au des¬
sous de l’eau, etpassans par dedans
icelle ; aussi peuuent sentir la conta¬
gion de l’air ambiens, lors qu’ils se
mettent sur l’eau. Et pour ces deux
causes, il se fait que la peste estant en
quelque pays, les poissons sont trou-
ués morts en grand nombre, princi¬
palement és estangs, lacs, et riuieres
qui sont peu agitées, que l’on appelle
eaux dormantes : ce qui ne se fait en
la mer ; car par son grand mouue¬
ment impétueux, et par sa salsitude,
n’est suiette à pourriture : et partant
les poissons qui sont en icelle ne re-
çoiuent l’infection pestilente, comme
ceux des eaux dormantes.
Outre-plus, l’air est infecté des
meschantes vapeurs de quelques lacs,
estangs bourbeux et marescageux ,
eaux croupies és maisons où il y a des
esgouts et conduits sous la terre, qui
ne s’escoulent point, et se corrompent
en Esté, esleuans certaines vapeurs
par vne excessiue chaleur du soleil.
1 Cette parenthèse est une addition de
35;
Comme l’on trouue par escrit , qu’à
Padouë il y auoit vn puits que l’on
auoit longuement tenu couuert : puis
ayant esté descouuert , qui fut en
Esté, il en sortit vne grande exhala¬
tion putride, tellement que l’air cir-
conuoisin fut du tout corrompu : dont
procéda vne peste merueilleuse, qui
dura fort long temps, dont bien grand
nombre de peuple mourut.
Pareillement l’air extérieur est cor¬
rompu par certaines exhalations ,
fumées et souspirs des vapeurs pour¬
ries et infectées, enfermées és entrail¬
les de la terre, ayant esté long temps
retenues, croupies et estouffées és
lieux tenebreux et profonds d’icelle,
sortans par vn tremblement de terre.
Par tremblement de terre les eaux
sentent le soulphre ou autre matière
métallique, et sont chaudes et trou¬
bles ; cela se fait des exhalations de
la terre par lesecouëment ou esbran-
lement d’icelle. On oit diuerses voix,
comme gemissemens de ceux qui
meurent aux batailles, et aussi di-
uers cris d’animaux. Semblablement
on voit sortir de terre plusieurs ani¬
maux , comme crapaux , couleuures ,
aspics , viperes et autres vermines ».
Et par lesdites exhalations estans sor¬
ties , infectent non seulement les hom¬
mes et autres animaux , mais aussi
les plantes , fruits et grains , et géné¬
ralement toute, leur nourriture * ;
de tant que comme l’eau troublée
et puante ne laisse viure le poisson
qui est dedans , aussi l’air maling et
pestiféré ne laisse viure les hommes ,
mais altéré les esprits et corrompt les
‘ Les trois phrases qui précèdent, et dont
les deux dernières au moins n’ont pas grand
rapport avec le reste du chapitre, ont été
ajoutées là en 1579.
* Fm peste des plantes est appellée sidéra¬
tion. — A. P.
358 LE VINGT-QVA
humeurs, et finalement les fait mou -
rir , et mesmement les bestes et plan¬
tes, comme nous auons dit.
D’auantage on a veu quelques vns
creusans la terre pour faire des puits,
sentir vne vapeur si puante et infecte,
qu’ils mouroient promptement. Et en-
cores n’agueres és faulxbourgs sainct
Honoré de ceste ville de Paris , mou¬
rurent cinq hommes ieunes et forts,
en curant vne fosse où l’esgout du
fiens des pourceaux estoit de long
temps croupi et retenu sans aucune
exhalation : et fut-on contraint em¬
plir de terre ladite fosse, pour l’estou-
per promptement, et obuier à plus
grands accidens.
Semblable chose a esté dés long
temps obseruée par Empedocles phi¬
losophe , lequel voyant qu’il y auoit
vne ouuerture de terre entre les
montagnes , laquelle causait la peste
pour les mauuaises vapeurs qui en
sortoient, la fit boucher, et par
ainsi chassa la peste du pays de Si¬
cile.
On a conneu combien cecy estoit
vray, par la corruption aduenue des
corps morts au chasteau de Pene, sur
la riuiere de Lot : auquel lieu l’an
1562, au mois de septembre, pendant
les troubles premiers aduenus à cause
de la Religion, fut ietté grand nom¬
bre de corps morts dedans vn puits
profond de cent brasses ou enuiron,
duquel deux mois après s’esleua vne
vapeur puante et cadauereuse, qui
s’espandit par tout le pays d’Agenois
et lieux circonuoisins, iusques à dix
lieues à la ronde , dont plusieurs fu¬
rent infectés de la peste. Dequoy ne
se faut esmerueiller, veu mesme que
les vents soufflans poussent les exha¬
lations et fumées pourries d’vn pays
en autre : dont aussi on y voit pro-
uenir la peste, comme auons dit cy
iiiMB livre ,
deuant en la première Apologie ‘.
Or si quclqu’vn vouloit obiecter,
disant que si la putréfaction de l’air
est cause de la peste, il s’ensuiuroit
par nécessité qu’en tous lieux où il y
a charongnes, estangs, marescages,
ou autres lieux putrides, la peste y
seroit tousiours, à cause que l’air re¬
çoit facilement putréfaction : aussi
que toute putréfaction, quand elle
est entrée au corps par inspiration,
engendreroit la peste : laquelle chose
est contre l’experience, comme l’on
voit en ceux qui habitent et fréquen¬
tent és lieux putrides, comme és
poissonneries, escorcheries, cemetie-
res , hospitaux , cloaques , et tanne¬
ries ; aussi és laboureurs qui manient
et meuuent les fiens pourris et cor¬
rompus par putréfaction , et ceux qui
curent les latrines et plusieurs autres
choses semblables. A cela faut respon-
dre , que la putréfaction de la peste
est bien differente de toutes autres
putréfactions , pour ce qu’4 y a vne
malignité cachée et indicible, de la¬
quelle on ne peut donner raison, non
plus que de l’aimant qui tire le fer,
et plusieurs medicamens qui attirent
et purgent certaines humeurs de nos-
tre corps. Pareillement la malignité
occulte qui est en ceste putréfaction
pestiférée, n’est point aux autres
choses corrompues de corruption or¬
dinaire, lesquelles toutesfois en temps
de peste se tournent facilement en
semblable malignité, tellement que
tontes les apostemes, et fléures pu¬
trides, et autres maladies procedan-
i Cette derpière phrase est de 1579; elle
fait allusion il l’Apologie de 1572, qui fait
aujourd’hui le chap. 15 du livre de, 9 Playes
d’Itarquebuses, et où en effet il avait déjà ra¬
conté la tneme histoim. Vqfpz tome ii,
page 173 et suiv.
DE LA PESTE.
tes de putréfaction en temps de peste, i
se tournent facilement en telle cor¬
ruption extraordinaire et du tout es-
trange. Et parlant, en telle constitu¬
tion de temps, il fait bon euiter les
lieux infects et la fréquentation des
pestiférés, de peur que par la vapeur
et exhalation de l’air corrompu nous
ne soyons infectés : combien qu’aussi
il n’est pas necessaire que tous ceux
qui attirent l’air pestiféré prennent la
peste : car on ne la peut prendre
qu’il n'y ait quelque préparation et
disposition : ce que l’experience iour-
naliere démon stre. Aussi Galien le
déclaré au liure des différences des fié-
ures, disant que nulle cause ne peut
produire son effet sans que le corps y
soit apte et préparé, autrement tous
serolent infectés de mesme cause.
Neantmoins par continue fréquenta¬
tion des lieux et personnes enueni-
mées de tel venin , on peut acquérir
vne disposition et préparation à rece-
uoir icelle peste : car combien que le
bois verd ne soit disposé à brusler, si
est ce que pour estre long temps au
feu, il brusle. Partant ie conseille de
se pi'eseruer tousiours, et euiter les
lieux et personnes pestiférées : car le
venin pris par l’odeur des vapeurs
venimeuses , est merueüleusemept
soudain, et n’a affaire d’aucun hu¬
meur qui luy serue de conduite pour
entrer en nostre corps et agir en ice-
luy, comme nous auons dit par cy
douant. Car lesdites vapeurs, estans
subtiles, sont facilement attirées auec
l’air dedans les poulmons, et d’iceux
dedans le cœur ( domicile de la vie ),
puis passent par les arteres, et d’elles
se communiquent par tout le corps,
gastans premièrement les esprits, puis
les humeurs, et en la fin la substance
mesme des parties solides K
‘ Toutes les éditions portent ici simple-
359
Or quand nous parlons de l’air pes-
tilent, nous ne voulons qu’il soit es¬
timé simple et élémentaire ; car estant
simple, iamais n’acquiert de pourri¬
ture, mais par addition et raeslange
des vapeurs pourries esparscs on luy.
Parquoy veu que l’air qui nous en^
uironne et est contigu, est perpétuel¬
lement necessaire à nostre vie, et que
sans luy nous ne pouuons viure , il
faut que , selon la disposition , nostre
corps soit en plusieurs et diuerses
maniérés altéré , à cause que conti¬
nuellement nous l’attirons par l’at¬
traction qui se fait des poulmons és
parties pectorales dediées à la respi"
ration, et pareillement par la trans¬
piration qui se fait par les pores et
petits pertuis insensibles de tout le
corps, et des arteres espandues au
cuir : ce qui se fait tant pour la gé¬
nération de l’esprit de vie, que pour
rafraîchir nostre chaleur naturelle.
A ceste cause, s’il est immodérément
chaud, froid, humide, ou sec, il al¬
téré et change la température du
corps en semblable constitution que
la sienne. Mais entre toutes les con¬
stitutions de l’air, celle qui est chaude
et humide est fort dangereuse , car
telles qualités sont cause de putré¬
faction : ainsi que l’experience nous
fait voir és lieux où le vent marin en
Esté exerce sa tyrannie, esquels vne
viande, tant soit elle fraîche, se cor-
mept ; la substance snême des parties. Mais
cela vient de ce qu’elles ont copié trop fidè¬
lement l’édition primitive de 1568, sans
faire attention à Yerratum unique de cette
édition , ainsi conçue :
« AV l.ECïeVR,
t) Amv lectevr, è la page 10. ligne 0.
apres ce mot, parties, faut adiousterce mot,
solides. S’il se trouue d’autres fautes, elles
sont ou de petite conséquence, ou aisees à
vn chacun de corriger. »
LE VINGT QVATRllÉME LIVRE
36o
rompt et pourrit en moins de demie
heure. Semblablement nous voyons
que l’abondance des pluyes engendre
beaucoup de vapeurs, lesquelles lors
que le soleil ne les peut résoudre et
consumer , altèrent et corrompent
l’air, et le rendent idoine à la peste.
Mais il faut icy noter que la pourri¬
ture qui vient des corps morts des
hommes , est plus pernicieuse aux
hommes que celle des autres ani¬
maux : aussi celle des bœufs aux
bœufs, des cheuaux aux cheuaux,
des pourceaux aux pourceaux , ainsi
des moulons et autres animaux : ce
qui prouient pour la sympathie et
concordance qu’ils ont les vns aux au¬
tres, comme on voit qu’en vne fa¬
mille et personnes qui sont de sem¬
blable tempérament, si l’vn est espris
de peste , elle se communique ordi¬
nairement à tous. Toutesfois on a veu
aussi pour escorcher des bœufs et
autres bestes mortes de peste, l’es-
corcheur mourir subitement, et le
corps d’iceluy deuenir tout enflé.
Le tonnerre et eselairs, par son
grand bruit et tintamarre, esmeut si
vehementement l’air, qu’il fait ren¬
forcer la peste L
Or pour conclure des effets diuers
de l’air, nous dirons que, selon qu’il
est diuers et dissemblable, aussi il
rend dissimilitude d’affections et dif-
ferens effets, mesmes es esprits, les¬
quels il rend gros et hébétés, ou sub¬
tils et aigus : et pour le dire en vn
mot, l’air a empire sur tous les hom¬
mes et autres animaux, plantes, ar¬
bres, et arbrisseaux.
1 Celle courte phrase, qui rompt la liai¬
son des idées, a été intercalée ici en 1685.
CHAPITRE IV.
DE e’aLTERATION DES HVMEVRS , QVI
SE FAIT PRINCIPALEMENT PAR LA M.V-
NIERE DE VIVRE.
Après aiioir suffisamment déclaré
les causes de l’alteration de l’air qui
nous eniiironne, et que nous inspirons
par nécessité , vueillons ou non :
maintenant il nous faut déclarer la
cause de la corruption des humeurs
de nostre corps.
Or nos humeurs se corrompent et
tournent en pourriture par vne trop
grande plénitude ou obstruction,
ou intemperature, ou malignité de
matière, qui se fait principalement
par la mauuaise maniéré de viure :
et de là procèdent les causes princi¬
pales de corruption , par lesquelles
tels corps sont soudainement frappés
de peste : car après auoir beu des
vins poussés et corrompus , et des
eaux mauuaises et putrides, comme
celles qui sont bourbeuses et mares-
cageuses , dans lesquelles se desgor¬
gent les esgouts puantset corrompus,
sans qu’iceux ayent aucun cours ;
esquelles aussi on aura ielté quelque
ordure et laué le linge, et ietté les
excremens des pestiférés, comme est
vn esgout de 1 Hostel-Dieu de Paris :
où après auoir mangé meschantes
viandes, comme grains pourris, her¬
bes, fruits sauuages, et autres ali-
mens altérés et non accouslumés,
comme on fait par vne grande fami¬
ne, et aux villes et places assiégées
(ce que ie sçay pour y auoir esté),
tellement que par nécessité les hom¬
mes sont contraints de manger la
viande des pourceaux, comme on a
veu en l’an 1566, à cause de la cherté,
DE LA. PESTE.
faire du pain d’auoine, féues, pois, de
lentilles, vesse, de glands, racine de
feugere, et dent de chien : aussi man¬
ger troncs de choux, et autres choses
semblables : après, dis-ie, telle ma¬
niéré de viure, suruient ordinaire¬
ment vne peste. Car telle nourriture
engendre obstructions et pourriture
d'humeurs, dont s’ensuiuent galles,
apostemes, vlceres et fleures putri¬
des, qui sont préparatifs à la peste : à
quoy aussi aide grandement la per¬
turbation des esprits et humeurs ,
comme de crainte, frayeur, fascherie,
ou autre cause : car telles choses
changent Tceconomie de toute l’habi¬
tude du corps.
Et comme és iours caniculaires on
voit que, par la grande chaleur et
ébullition, la lie est esleuée en haut
et meslée parmy le vin : ainsi la me-
lancholie et autres humeurs , estans
meslés et pertroublés , infectent le
sang et le disposent à pourriture et
vénénosité, dont la peste est souuent
procréée, et autres pourritures*. Ce
que n’agueres nous a esté manifesté
en plusieurs de ceux qui furent bles¬
sés à la bataille prés Sainct Denys,
leurs playes degeneroient en grandes
pourritures, accompagnées de fléures
putrides et autres grands accidens :
et presque tous mouroient,tant d’vne
part que d’autre, voire encore que
leurs playes fussent petites, et en
lieux du corps non dangereux : et
aussi qu’ils fussent traités de toutes
choses necessaires, tant à leur ma¬
niéré de viure que autres choses.
Dont plusieurs afflrmoient et philo-
sophoient que c’estoit à raison de la
poudre à canon et des boulets em¬
poisonnés :ce qui me semble n’estre
vray, ainsi que i’ay amplement dis-
* Rondelet , en sa pratique. — A. l*.
36i
couru au Traité des playes faites par
harquebuses et autres bastons à feu,
tant par autorité, raison, qu’expe-
rience. D’auantage, les pourritures et
autres accidens ne venoient seule¬
ment aux playes faites par bastons à
feu, mais aussi à celles qui estoient
faites par autres armes, comme d’es-
pées, de piques, de lances, et autres.
Partant il me semble ( sous correc¬
tion) que les accidens ne venoient
par la malignité de la poudre à ca¬
non, et moins des boullets qti’on di¬
soit estre enuenimés : mais plustost à
cause de l’ebullition du sang et des
autres humeurs, se broüillans et mes-
lans ensemble , tant pour l’extreme
cbolere et effroy de l’apprehension
de la mort qu’on voit si proche, et
principalement aussi pour la consti¬
tution et pourriture de l’air. Et qu’il
soit vray, vn iour ou deux qu’on ti-
roit du sang aux malades pour sur •
uenir aux accidens, il se trouuoit de
couleur non rouge, mais du tout
changé de sa nature, à sçauoir blanc
ou verdoyant comme sanie des apos¬
temes, qui deraonstroit estre du tout
corrompu. loint aussi lors qu’on fai-
soit ouuertures de corps morts, on
trouuoit presque à tous des aposte¬
mes aux parties intérieures, comme
au foye et aux poulmons ‘ ; qui se
1 Je ne sache pas qu’on trouve dans aucun
auteur avant Paré la mention de ces abcès
métastatiques , constatés à l’autopsie. J’ai
déjà fait cette remarque pour les abcès du
foie succédant aux plaies de tête ( tome II,
page 32). On trouve aussi la mention d’ab¬
cès internes à la suite des plaies d’arquebu¬
ses dans la première Apologie (tome II,
page 176); mais cette Apologie, datée de
1572, est postérieure de quatre ans au
Traité de la peste, et ne s’exprime pas d’une
manière aussi nette et précise que le chapi¬
tre auquel se rattache cette note.
le vingt-qvatrième livre,
362
faisoit pour la pourriture acquise par
le broüillemenl du sang, et principa¬
lement de l’air ambiens altéré et cor¬
rompu, et non par la poudre à canon
ny les boulets, qu’aucuns tenoient
estre empoisonnés.
Maintenant nous descnrons les si
gnes et présagés de la peste à adue-
air, pris de la corruption de l’air.
CHAPITRE V.
glGTSES OV raESAGES DE EA PESTE A
APYElilE) PRIS PE pA CORBVPTIOIS PE
e’air.
Quand les saisons de l’année ne
gardent leurs qualités et tempéra¬
tures naturelles, et sont fort xmroode.
rées, à sçauoir quand on voit le
temps fort pluuieux et Austral , et
l’esté fort cbaud , et que le vent Aus¬
tral dure long temps sans pluye, et
que l’on voit au ciel cometes et estoil-
les ardentes , qui voltigent et partent
de leurs places, tantqu’iisemblequ el'
les tombent, auec abondance de ton¬
nerres , et autres cboses que nous
auons par cy deuapt dit ! aussi , si ou
voit grande quantité de chenilles , et
autre vermine qui broustent et ron¬
gent les fueilleset gettons des arbres,
et les fruits estre vermineux ‘ , et
les oyseaux laisser leurs nids, voire
leurs œufs et leurs petits, et plusieurs
femmes enceintes auorter (qui se fait
1 L’édition de 1568, suivie par celles de
1575 et 1579, portait seulement : Aussi si on
vqH les fruiçis pleins de vermines, etc. Le
texte ftC'nel e^t donc de l585. 11 convient
d’avertir que l’édition de 1598 et toutes les
autres après elle opt écrit : hs jruicts estre
venimeux-, faute d’iippression qui dénature
le sens.
pour la vapeur venimeuse de Pair
pestilent , lequel estant inspiré par la
mere, estouffe l’enfant par sa mali¬
gnité ennemie de nature ) : si ces
choses , dis ie , sont veuës , on peut
véritablement presagir et dire que
les causes et signes de corruption sont
presens, et qu’ils nous menacent de
la peste.
Toutesfois il faut Icy entendre que
telles choses apparentes en l’air ne
sont point propres causes de la peste,
mais que telles impressions aériennes
sont engendrées des exhalations et
vapeurs de la terre , lesquelles enfin
infectent l’air, dont la peste procédé ;
car l’air se corrompt par les vapeurs
putrides esleuées des entrailles de la
terre, pour les corruptions qui sont
en icelle , comme de corps morts , es-
gouts , eaux croupies , et autres cau¬
ses qu’auons déclarées cy deuant,
lesquelles le soleil par sa vertu attire
en la moyenne région de l’air, en
temps de grandes chaleurs. Et pour
ce il ne se peut faire , qu’à cause de
l’air estant ainsi corrompu , ne s’en-
suiuent diuers effects selon la diuer-
sité de la corruption. Et de là
s’engendrent plusieurs maladies epi-
demiales, c’est à dire, populaires ou
vulgaires, ainsi que l’an 1510. sur-
uint vne maladie par tout le royaume
de France, tant és villes qu'és vil¬
lages , nommée par le commun Co¬
queluche: par-ce que quand aucuns
estoieut espris de ceste maladie, ils
sentoient grande douleur en la teste,
ensemble en l’estomach , és reins, et
ésiambes, et auoient fiéure continue,
auec déliré et frenesie : et lorsqu’on
les purgeoit ou saignoit , on abbre-
geoit leurs iours. Et d’icelle mourut
vn bien grand nombre d’hommes,
tant riclies que panures.
Aussi l’an l»39, suruint vne autre
DE LA PESTE.
^aladie en Angleterre, et aux basses
Alleuiagnes , qui fut nommée du
peuple la Suette , pour-ce que les pa-
liens aûoient vue bien grande sueur
par tout le corps, avec grand frisson,
tremblement, et palpitation de cœur,
accompagnée de fiéure continue : et
mouroient en peu de jours: et ceste
maladie tua aussi vn bien grand
nombre de personnes.
Pareillement l’an 1546. régna en la
ville du Puy en Auuergne, vne autre
maladie nommée du peuple Trousse-
galand , pour-ce que peu de ceux qui
en estoient espris, eschappoient, ains
mouroient en deux ou trois iours, ou
moins, et plustost les robustes que
les débités, et les riches que les pau-
ures. Au commencement les patiens
auoient grande pesanteur de tout le
corps, auec vne extreme douleur de
leste, et fiéure continue, etperdoient
toute connoissance, et faisoient tous
leurs excremens involontairement
sous eux , et auoient grand délire , de
sorte qu'il les falloit lier et attacher.
Que si aucuns eschappoient, leurs
cheueux tomboient : et ladite maladie
estoit fort contagieuse. I^’année sui-
uante vint en ladite ville vne autre
plus grande peste accompagnée de
bubons et charbons, qui fit aussi
mourir grand nombre dp peuple.
Ce que i’ay bien voulu icy annoter,
à fin que le chirurgien prenne garde
à la grande dinersité et malignité de
ceste maladie pestilento pour y oh-
uier, l’aduertissant d’auantage, qu’en
certains temps aduiennont plusieurs
autres maladies populaires , comme
fiéures putrides , flux de ventre,
rheuraes, toux, frénésies, esquinan-
cies , pleurésies , poripneumonies ,
ophthalmies, apoplexies, léthargies,
pourpre, rougeolle, petite verolle,
galles, anthrax ou charbons, et au-
363
très pustules malignes, lesquelles
prennent en mesme temps. Partant
la peste n’est pas tousiours ny en
tout temps d’vne mesme sorte, mais
diuerse l’vne de l’autre : qui a esté
cause qu’on luy a donné diuers noms,
selon les effets et accidens qü’elle
produit : ce qui prouient principale¬
ment pour la diuersité du venin qui.
est en l’air. Car ainsi qu’il est cause
de la vie aux animaux, aussi est-il
cause des maladies et de la mort
d’iceux , pour-ce que sans iceluy l’a-
niman t ne peut estre ne durer, mesmes
vn bien peu de temps , d’autant qu’il
est du tout necessaire qu’il soit attiré
par la resfiiralion des poulmons:
lequel estant pourri et attiré eu la
substance du cœur, abbat toutes les
forces du corps , et fait mourir plu¬
sieurs animaux pourla nécessité qu’ils
ont de respirer. Parquoy lors que
l’air pourri et pestiféré exerce sa
tyrannie , il tue non seulement le
genre humain , mais aussi les bestes
de la terre et les oysegux du ciel.
Et pour le dire en vn mot , te] air
pestilent estsi furieux qu’il renuerse ,
dissipe, altéré, brise et corrompt
rharutonie naturelle et température
de tous animaux , ainsi qu’vu certain
foudre et tonnerre liquéfié et con¬
sume l’argent d’yne bourse sans la
gaster : pareillement fait sortir le vin
des tonneaux, sans qu’on puisse ap-
perpeuoir aucune onuerture , aussi
fond le fer d’vue pique sans toucher
au bois : comminue pt brise les os du
corps sans aucune apparence en la
chair : qui se fait par vue chose indi¬
cible , de laquelle on ne peut donner
raison. Combien qu’Aristote liure 5.
des Met(ores , chap. 1. ayant pour
résolution de ces questions fait diiji-
sion des foudres, en ceux qui sont plus
parlicipans de terrestrilé , et en ceux
364 le VINGT-QVATRIEME LIVRE,
qui retiennent plus de la nature et
substance de la flammé , et qui sont
plus subtils : dit cela aduenir, par-ce
que tels foudres de leur subtilité pé¬
nétrent aisément au trauers des corps
rares et poreux, comme sont les bois,
le cuir, la chair et peau , sans les of¬
fenser : mais qu’au trauers des denses
et solides , ils ne peuuent passer sans
effort et violence, dont vient que
pour la résistance qui leur est faite
au passage , ils les rompent et fra¬
cassent. Ce que mesme après Aristote
a confirmé Pline, liure 2. chap. 51,
et Seneque liure 2. de ses Questions
naturelles^. Ainsi est-il delà peste,
qui deslruit et corrompt toute l’œco-
nomie de nature.
CHAPITRE YI.
SIGNES DE LA PESTE , PEIS DE LA COR-
RVPTION QVI EST EN TERRE.
Les signes de la peste à aduenir,
pris de la corruption de la terre,
sont, que l’on voit sortir d'icelle
abondance de champignons ou poti¬
rons , et le froment produire yuraye ,
et autre chose contre leur nature
Aussi que sur icelle apparaissent
grandes troupes de petits animaux ,
comme araignes , chenilles , papil¬
lons , cigales , hannetons, mousches
et mouscherons, scorpions, escar¬
gots, limaçons, sauterelles, grenoüil-
lettes , vers, et autres semblables,
qui se procréent de pourriture : pa¬
reillement les bestes saunages laissent
leurs cauernes et cachots : aussi en
1 Toute cette longue citation d’Aristote a
été ajoutée ici en 1576.
^ Ces mots ; et le froment produire yuraye,
etc., ont été ajoutés en 1585.
sortent plusieurs autres, comme taul-
pes,crapaux, viperes, couleuures,
lézards, aspics, crocodiles, et autres
de plusieurs et diuerses especes : tou¬
tes lesquelles bestes sortent pour la
fascherie de la vapeur putride et ve-
neneuse’qui est contenue és entrailles
d’icelle, de laquelle mesme la plupart
de telle vermine se fait : ioint aussi
qu’on les trouue quelquesfois mortes
en grand nombre. Ce que ne trouuera
fascheux à croire celuy qui considé¬
rera que Dieu a distribué aux ani¬
maux quelque chose particulière
pour demonstrer et prédire, non seu¬
lement la peste à aduenir , mais aussi
le changement du temps , comme
pluye, vent, gresle, tempeste, le
printemps , l’esté , automne et hyuer,
et autres choses semblables : et ce
tant par gestes, chansons, cris, que
par troupes et arriuées , sorties de la
terre, laissans leurs petits, et fuyans
en autre région , comme nous auons
dit : lesquelles choses viennent de
leurs sens extérieurs, et occulte con-
uenance de leurs corps auec l’air. Et
si quelqu’vn demande autre cause , ie
le renuoysray au grand architecteur,
duquel les thresors de science et sa¬
gesse sont cachés , et nous les mani¬
festera quand bon luy semblera.
Or ces vapeurs pourries, lesquelles
nous auons dit chasser les bestes de
leurs cauernes , s’esleuent en l’air et
causent grosses nuées, et tombent
quelquesfois sur les fruits, et les
corrompent, dont ceux qui en man¬
gent sont espris de la peste. Elles n’in¬
fectent seulement les fruits, mais
aussi font mourir les arbres et les
bestes, comme bœufs, vaches, che¬
naux, pourceaux , moutons , poulail-
les, et autres volatiles , comme nous
auons dit. Sur quoy tu dois obseruer,
que les bestes à quatre pieds sont
DE tA DESTE.
plijstot saisies et frappées de ceste
peste que les hommes, parce qu’elles
paissent les herbes imbues des exha¬
lations putrides de la terre : et partant
on no les doit faire paistre que le so¬
leil n’ait premièrement consommé la
rosée, s’il est possible.
Qu’il soit vray, on a veu vn paysan
de la Beausse auoir esté accusé en
iustice d’estre sorcier, parce que ses
brebis ne mouroient point, et toutes
celles de ses voisins perissoient. Sur
quoy estant interrogué deuant les
juges, il fit response , que iamais il ne
permettoit que son bestail sortis!
hors, que premièrement le soleil
n’eust consommé la rosée, et que plu¬
sieurs petites bestioles qui estoient
sur les herbes ne fussent retirées de¬
dans la terre : et dit, que quelques-
fois il l’auoit déclaré à aucuns de ses
voisins : ce qui fut trouué vray, et
fut absoult pour les raisons susdites.
Or pour ce qu’il est fait icy mention
des bestioles qui nuisent aux trou¬
peaux qui paissent, nous déclarerons
icy en passant, qu’il y a vne petite
bestiole semblable à la cantharide,
trouuée aux herbages, qui enfle si
fort vn bœuf quand il l’a mangée,
qu’il créue ; et pour ceste cause est
nommée de Pline, Bwprestis
CHAPITRE VIL
LA CVRE PKESERVATIVE, ET PREMIERE¬
MENT DE l’air, DV vivre, ET DE LA
MAISON.
Après auoir descrit la peste, et dé¬
claré les causes, signes, et présagés
t Pline , 30. cftap. 4. — A. P. Plus tard
Paré a consacré un chapitre particulier de
365
par lesquels ,on peut coniecturer
qu’elle doitaduenir : maintenant nous
faut dire comment on s’en doit pre-
seruer, d’autant que la prccaution
doit précéder la curation d’icelle.
Or véritablement le plussouuerain
remede que ie puisse enseigner auec
tous les anciens, est s’enfuir tost et
loing du lieu infect, et se retirer en
air sain, et retourner bien lard, si on
le peut faire Et où il ne sera possi¬
ble, faut obseruer deux choses en ge¬
neral : la première est rendre le
corps fort pour résister à l’infection
de l’air : la seconde moyenner que
l’air infect ne soit assez fort pour im¬
primer en nous son venin : qui se fera
en le corrigeant par qualité contraire,
comme s’il est trop chaud, par choses
froides, et ainsi des autres qualités.
Le corps résistera au venin, s’il est
net et fortifié par remedes propres,
comme par bon régime, purgation,
et saignée s’il en est besoin. Aussi faut
euiter la grande variété des viandes,
et celles qui sont fort chaudes et hu¬
mides, et principalement celles qui se
corrompent aisément : et ne faut
manger pâtisseries, ny yurongner,ou
se trop saouler , mais on se leuera de
table auec appétit. Pareillement faut
que les viandes soient de bon suc , et
faciles à digerer : car les bons alimens
pris avec vne médiocrité en temps et
lieu engendrent bonnes humeurs,
qui sont cause de santé, et par con¬
séquent preseruatifs de peste. Aussi
il faut prendre moyen exercice au
matin, et au vespre auant le repas, et
en lieu non suspect d’air pestiféré :
pareillement auoir bon ventre , soit
son livre des Venins à la Bupreste; voyez
ci-devant page 329. Il ne faut pas oublier
que le livre de la Peste est de 1568.
I 1 Citb , longé , tardé. — AP.
366 LE VINGT-QVATRIEME LIVRE ,
par art, ou par nature: aussi faut
fortifier le cœur et autres parties no¬
bles par choses cordiales, comme
epithemes , linimens , emplastres ,
eaux , pilules , poudres , tablettes ,
opiates, parfums, et autres que dirons
cy après,
D’auantage faut eslire vn bon air,
et lolng des lieux fetides : car le bon
air aide beaucoup à la conseruation
de la santé d’vn chacun, et recrée les
esprits et toutes les vertus : au con¬
traire l’air obscur et de mauuaise
odeur nuist merueilleusement, parce
qu’il engendre plusieurs malat^ies,
fait perdre l’appetit, rend le corps
languide et mal coloré, et estoufte le
cœur , et pour le dire en vn mot, il
abbrege la vie. Le vent de Èize, qui
vient du Septentrion, est bon, pource
qu’il est froid et sec : au contraire le
vent austral, qui vient du Midy, est
tres-dangereux, parce (Ju’il est chaud
et humide, qui débilité le corps, et
ouUre les conduits, qui fait qüe le
venin pénétré plus facilement au
cœur. Ét Celui d’Occident est sembla¬
blement insalubre, à cause qu’il tient
beaucoup du méridional. Et pour
ceste cause, on fermera les fenestres
de la maison du costé où ils frappent,
et on ouurira au matin celtes qui
ont esgard vers le Septentrion et
Orient, si d’auenture la peste n’e^toit
de ce costé là : et se faut donner gârde
que nulle mauuaise vapeur n’entre
dedans. Puis après On fera du feu par
toutes les chambres, et on les parfu¬
mera de choses aromatiques , comme
d’encens, myrrhe, benioin, ladaoum,
styrax, roses, fueilles de myrte, la-
uande, rosmarin, sauge, basilic,
sarriette , serpolet , mariolaine , ge-
nest, pommes de pin , petites pièces
de boisdepin, de genéureetsa graine,
doux do girofle , oiselets de Cypre ,
et autres semblables choses odorifé¬
rantes. Et de ceste mesme fumée faut
parfumer les habillemens.
On dit aussi, qu’il est bon en temps
de peste de nourrir vn bouc en la
maison où on habite, et le tient-on
pour vn singulier remede contre la
contagion du mauuais air : pource
que la vapeur du bouc ayant empli
le lieu où il habile, empesche que
l’air pestiféré n’y trouue place : la¬
quelle raison peut aussi seruir au
conseil de parfumer les habits de
bonnes suffumigalions. Et me sem¬
ble (sauf meilleur iugement) qu’elle
peut aussi estre employée à ce qu’on
dit, qu’vn homme à ieun est plus apte
à estre pris de la peste, qu’vn qui
aura mangé, non pas à satiété , mais
médiocrement. Car auec ce que par
le manger Nature fortifiée chasse
plus aisément d’elle le poison et vej
nenosité : aussi du manger et boire
se peuuent porter par toutes les po¬
rosités du corps des vapeurs, qui les
emplissans occuperont les vacuités
que l’air pestilent prendroit. Toutes-
fois quant est du bouc, le vulgaire
dit vne autre raison, c’est qu’vne
mauuaise odeur chasse l’autre.
Ceste raison est semblable à celle
qu’ Alexandre Senedictus recite ‘, à
sçauoir qu’vn Médecin de Scythie fit
cesser la peste , laquelle prouenoit de
l’air , faisant tuer tous les chiens et
chats, qui estans espars par les rues
emplirent l’air de leur vapeur putride :
et par ce moyen promptement la peste
cessa. Pource (dit-il) que telle pourri¬
ture changea la nature de l’air, la¬
quelle auparauant estait pernicieux
aux hommes : qui se fait pour la dis-
1 HiUoir& d'Alexandre Bencdiclus en son
Hure de la Peste, -■ A. P. '
DE LA PESTE.
similitude des choses , et qu’vn venin
chasse l’autre.
On ne doit sortir de la chambre en
temps de peste, que deux heures
après le soleil leué, à fin qu’il ait pu¬
rifié l’air par sa clarté et chaleur,
et principalement quand l’air est
trouble et nébuleux , et en pays de
fondrières, et enuironné de monta¬
gnes. Et faut aussi se garder de gran¬
des assemblées de peuple ‘j et prin¬
cipalement des dances : d’autant que
le corps estant eschauffé et lassé, et
que les conduits sont ouuerts , alors
faut qu’on tire grande quantité d’air
pour la réfrigération du coeur : et
partant s’il est infecté, nous donne la
peste par l’haleine et sueur.
Que si quelqu’vn voyage audit temps
de peste causée du vice de l’air* et
que la saison de l’année soit fort
chaude, il doit plustost cheminer la
nuit que le iour, parce que la peste
assaut et prend plus facilement du¬
rant la chaleur et splendeur du so¬
leil qui subtilie, eschauffe, et raréfié
l’air, et qui outre ouurant le cuir,
rend nostre corps plus accessible à
receuoir l’air pestiféré. Partant la
nuit est plus salubre, à cause que l’air
est plus froid et espais : toutesfoisil se
faut garder de la pleine lune, pour-
ee qu’en ce temps là la nuit est plus
tiede et dangereuse, ainsi que fexpe-
rience le monstre ^ ; considéré mesme
que les bois coupés en icelle sont
plus suiets à pourriture, comme ex¬
périmentent à leur dam ceux qui en
font bastir : la raison est de ce que la
lune , estant humide , remplit ( lors
1 La phrase s’arrêtait là en 16C8 , le reste
est de 1585.
2 Ici se terminait le paragraphe dans l’é¬
dition primitive ; ce qui suit a été ajouté en
1575.
367
principalement qu’elle est pleine) les
corps d’humidité superflue dont sur-
uient pourriture.
Or pour retourner à nostre propos,
le plus seur remede de preseruation,
pour ceux qui ne bougent du lieu
pestilent, est qu’auant que sortir de
la chambre, et après quelques prome¬
nades, ils ne sortent sans auoir des-
ieuné : pour autant que les parties
nobles du corps ( ausquelles le venin
s’attache principalement ) n’estans
encores soustenues par les viandes,
ne peuuent pas se defendre comme si
elles estoient fortifiées : ioint aussi
que les veines et arteres, non encores
remplies de nouueau aliment, atti¬
rent et laissent plus facilement entrer
le venin , lequel , trouuant place
vuide, se r’empare des parties nobles,
et principalement du cœur. Parquoy
ceux qui auront accoustumé de des-
ieuner au matin, mangeront du pain,
et beurre frais salé, et quelque car-
bonnade, et autres bons alimens : et
boiront du meilleur vin qu’il leur
sera possible recouurer. Les rustiques
et gens de trauail pourront manger
quelque gosse d’aulx ou eschalloU
tes, auec du pain et du beurre, et
bon vin, s’ils en peuuent fournir, à
fin de charmer la broüée : puis s’en
iront à leurœuure, en laquelle Dieu
les aura appellés. Les aulx sont souue-
rains aux rustiques et villageois , et à
ceux qui ont accoustumé d’en vser :
aussi à ceux ausquels ils n’engendrent
point de douleur de teste , et ne les
eschauffent par trop, à raison que le
tempérament de ceux-là est plus ro¬
buste , et leur sang moins aisé à s’en¬
flammer : au contraire ils nuisent aux
délicats , comme femmes , enfans , et
cholériques , et à ceux qui viueut en
oisiueté, et qui ont le sang aisé à
s’enflammer ; partant à iceux les aulx
368 le VINGT-QVATRIlhtE LIVRE,
seroient poison, au lieu qu'ils sont
medecine aux rustiques, ausquels
tels remedes ainsi forts sont propres;
et ont esté inuenlés par bonne raison,
pour-ce qu'ils contrarient du tout au
venin, à cause qu’ils sont remplis
d’vne très grande vapeur spirilueuse,
laquelle suffoque, altéré, corrompt,
et chasse le venin hors du corps.
Quant à l’eau , de laquelle on doit
vser en temps pestilent , il faut auoir
esgard si la peste prouiont du vice de
l’air ; car alors ne faut vser d’eau
de pluye, pour-ce que l’air dont elle
prouient est infecté , partant alors
sera meilleur de boire de l’eau des
puits fort profonds : au contraire, si le
vice vient de la terre, on vsera de l’eau
de cisterne et de fontaine : et faut at¬
tendre à en boire iusques à ce que le
soleil l’ait purifiée par ses rayons : et
si on craint qu’elle soit vitiée, on la
corrigera , la faisant vn peu boüillir,
ou la ferrer auec acier, ou or, ou ar¬
gent chaud, ou par mie de pain rostie
ou non rostie. Or à fin que tu la puis¬
ses mieux eslire, tu la pourras esprou-
uer en trois maniérés , à sçauoir, par
la veuë, le goust, et l’odeur : quant
à la veuë, elle se doit monstrer claire
et nette : et à la bouche, de nulle sa-
ueur ny qualité aucune ; aussi ne
doit point auoir d’odeur. Outre plus,
celle qui sera tost eschauffée et tost
refroidie , est plus legere, et par con¬
séquent meilleure : et pour la faire
encore plus excellente , la faut faire
vn peu boüillir : ie dis vn peu , car
Testant trop elle deuient amere et
salée.
CHAPITRE VIII.
DESCRIPTION DEAVX CORDIALES, ELEC-
TVAIRES, OPIATES, PILVLES, ET AV-
TRES REMEDES A PRENDRE PAR LA
BOVCHE, PRESERVATIFS ET CVRATIFS
DE LA PESTE.
Ceux qui n'ont accoustumé et ab¬
horrent à manger au matin , pren¬
dront quelque médicament contra¬
riant au venin : et entre tous l’eau
theriacale est tres-excellente, de la¬
quelle, apres s’eslre habillé, et ayant
rendu ses excremens , et fait quelque
exercice, il en conuient boire un
doigt, la meslant auec bon vin : et
d’icelle aussi on s’en lauera les mains
et la face, et pareillement la bouche
et les oreilles , et on en tirera aussi
vn peu par le nez. Car elle conforte le
cœur, chasse le venin loin d’iceluy, et
n’est seulementvtilepour précaution,
mais aussi est propre pour la cura¬
tion, à prendre promptement qu’on
se sent frappé , par-ce qu’elle prouo-
que grandement la sueur, et partant
chasse le venin des parties internes
aux externes : et la doit-on faire au
mois de luin, attendu que les herbes
en iceluy temps sont en leur grande
vigueur et force. La composition en
est telle 1.
7f. Radi'cum gentianæ, cyperi, tormentillæ,
diclamni , enulæ campana*! ana § , j.
Foliorum tapsi barbali.cardui benedicti,
morsus diaboli, pimpinellæ, scabiosæ,
oxalidis agrestis minoris ana m. C .
Summitatum rutæ p. j.
1 Nous avons déjà vu au chap. 38 du livre
de la grosse V erolle, deux recettes d’eaux
ïàeWacato',’ celle-ci en est tout-à-fait dilîé-
rente. Comparez tome II , page 509.
DÊ LA PESTE.
Ëaccarum myrti S.j.
Rosarum purpurearum, florum buglossî,
borraginis et hypericonis ana § j.
Mundentur omnia, pistentur et macerentur
xxiiij. horarum spatio in vini albi aut
malualici , aquæ rosarum et oxalidis
ana ft. j. deinde reponantur in vase vi-
treo, et addatur theriacæ et mitbridatij
ana§ .fi. fiat distillatioin balneo Mariæ.
Et l’eau estant distillée, on la mettra
en vne phiole de verre, et de rechef
on y adioustera
Croci 5. j.
Terræ sigillatæ,boli armeniæ, santali ci-
trini , rasuræ eboris , limaturæ cornu
cerui iunioris prope caput assumpti
ana § . fi .
Puis on estoupera la phiole , et la
laissera-on fermenter au soleil par
l’espace de huit ou dix iours, et
sera gardée ; et lors qu’on en voudra
vser, on en prendra deux doigts en
vn verre , plus ou moins , selon la
force et vigueur des personnes. On
en peut bailler aux petits enfans qui
encore tettent, et à ceux qui sont ja
sevrés , et aux femmes grosses : et à
fin qu’elle soit plus gracieuse et facile
à boire, on la peut faire passer par
la chausse d’Hippocrates, lors qu’on
la voudra prendre, y adioustant vn
peu de succre et canelle concassée.
Autres prennent au matin par pré¬
caution , de la racine d’enule cam-
pane , ou zedoar, ou angelique, en les
maschant et tenant en la bouche. Les
autres prennent de la racine de gen¬
tiane pilée, le poids d’vn escu , et
trempée la nuit en vin blanc , et en
boiuent deux doigts au matin à ieun :
les autres prennent du vin d’aluyne :
autres vsent de conserue de roses,
de buglosse, de chicorée, violettes de
mars , fenoil doux : autres prennent
de la terre sigillée , ou de la corne de
36^
cerf ra tissée , le poids d’vn escu , de¬
dans vn œuf mollet auec vn peu de
saffran , puis boiuent deux doigts de
vin : aucuns prennent de l’eau de
vie , et y meslent de bon vin blanc ,
du bol d’Armenie, racine de gentiane,
tormentille, dictam, semence de ge-
néure, doux de girofle , macis, ca¬
nelle, saflTran, et autres semblables,
les faisant distiller in balneo Mariæ.
On pourra aussi vser de ceste eau
cordiale, qui a très grande vertu.
Radicis aristolochiæ longæ et rotunda;,
tormentillæ , dictamni ana 3. iij.
Zedoariæ §. ij.
Ligni aloës, santali citrini ana 3. j.
Foliorum scordij, hypericonis, acetosæ,
rutæ, saluiæ,ana §. fi,
Seminis iuniperi, baccarum lauri ana
3. iij.
Seminis citri 3, j.
Caryophyllorum , macis, nucis moscatæ
ana 3. ij.
Mastiches, olibani, boli Armeniæ, terræ
sigillatæ, rasuræ eboris, cornu cerui
ana 3. j.
Cro.ci 9.j.
Conseruæ rosarum, florum buglossi et
nenupharis, theriacæ veteris ana §. j.
Caphuræ 5. fi.
Aquæ vitæ Ib. fi .
Vini albi ft.ij. fi.
Fiat distillatio in balneo Mariæ.
Geste eau sera reseruée en vne
phiole de verre bien bouschée , pour
i en vser au matin, comme de l’eau
cy dessus nommée theriacale, la
quantité de deux doigts en vn verre :
elle est aussi de merueilleux effect.
Pareillement cest electuaire est
profitable pour preseruer.
:!f. Theriacæ optimæ 5 •
Radicis tormentillæ, seminis iuniperi et
cardui benedicti ana 3, j. fi .
Boli Armeniæ præparati § . fi.
111.
LE VINGT-'QVÀTÉItîMÉ LIVRE ,
370
Pulueris elBctuari] dô geftlWis fel dià-
marg. frigidi, rasdra totttü cerüi-, to-
ralH rubri ana 3. j.
Cüm syrüpo d« cortitIbttS et aeêWsnate di-
tri misce-, et fiat elèctu'aïium li^niduid
in forma opiatæ.
ÎDe ceste composition en faut pren- i
dré tous les Àiatins la grosseur d’vne
âüeïàïne , auee vn peu d’eau de roses,
ôü (i’’endiuc , chardon benist , ou sca-
bieuse, ou de cerises , ou autre eau
cordiale : ou en lieu d’icelle vn peu
de bon vin.
Aussi ropiate suiuante est bonne et
excellente , de laquelle on peut faire
des tablettes.
^^.Radicls gentîanaè eia’n'^ïeæ) î'èdèàriæ,
ehulsè cam'patt'àè dna 3. ij-.
Seminis citri et acetosæ ana 3. fe .
Corlicis citri sicci , êindàWonii , Mdca-
rnm lauri et iunipetî-, ’eVoei aiià 9. ]•
Conseruæ rosarum et bugldssi ana 5 . j.
Sacchari nptîmi Auàïitürn sufficît.
rortd’ettt'dt tdbeîlfe tfond'èffi 3'. é . Vet üat
opiata, cum æquis partibus con^em^ bu-
glossi et mellis anthosati ilia omnià ârida
eîrcîpîeïfâo-.
Si vous les laissez en tabieftès, on
en prendra vne au matin, et les petits
enfans et femmes grosses demie : et
conuient deméuf ér deux beüfes après
sans manger ny boire, si on nevouloit
auàller vh peu de vin Inconitinént
après les attoîf prises. Si votis en faites
ôpîâte, la dôSè Sera comme des sui-
üântfeS^
RàdiiArh vhîèïianæ , tOVriieiitillfe , dlc-
tâVaW -, 'fôl'idi:uiù Vu'tæ ana § i ïî» .
Croci, macis, niicis moscatâ! ana 3. fi.
Boli Armenicæ præparati 3. iiij.
Conseruæ rosarum et syrupi de limonib.
ana quantum sufficit.
Fiat opiata satis liquida.
Attiré-,
i^.îàadlcum àristblo'chîæ Vl’riuèq'dè, gëhlia.
tôirdentillæ , dictaWkii ana 5. J. fi .
RnuibëVis 3. îij.
FôliOr. Vüt'æ. ialüilèi hiëttlsè, pOle^l] aOa
â.îj.
ÈâWarüiA làdiri àl i'ùftiilètii sëfti. tllri
iiMà'.iVlj.
, ’fiftëit inoseatîè , 'câVVopftylloruhi,
cinnamomi ana 3. ij.
^ylàiôës, ét sa'fitàW cUrirtt âtià S. j.
liùülris tnasculi , fiiasttëhë's, taSuré èbo-
ris , cornu cerui ana 9 . Ij-.
Croci 3. fi .
Boli Armeniæ, terræ sigiliatfe, Cttralli
rubii, fti’àfgàriTàrüïd etécIârOTnaVia 3. j.
ConSer'ù'æ rôsâfùhi, bO'glo'ssi èt ftym-
plilèæ,tb'èriacîfe'bpttm^èël VetbriS attA § J.
Sacchari albissimi B. j.
Adde sub finem confectionis alkermes
.
fcaphùVéè Ih ÀqùÀ ids^itùïd diSs'olùlîé SJ.
fiat bpîàlà sec'ùhduUi artèW.
Là dosé SétàtlOMiO dragUiOy oü VU
scrüpUlé, oU dîA gŸainSSdon lOSpeV-
soUnès. Et après l’àUôîr pMSè, Oh pOUt
boire vh dOi|l OU dOWk dè bOft Vîh^ OU
4ûélO[Oe oàu cOMfal'è.
Lte ihétiaopè ’èt Uitethridat fidelie-
m’^t coîhpôsès soutlos priurspaux de
tous lèS rèihèdOs', èt lèS plus approu-
UèS‘, On y adioustaut pôUV VhU domiu
oh ce dè fchacUn OU OhUiroU -, vn’e
onué Ot de'mîè 'dO bohhè OôttSeiUe du
rosés, OU do bugtose, ou violo, ut la
pesàUteur de trois èSeuS dO bon bol
armohè préparé: puis le tout bien
battu et incorporé, en faire consorue,
dè iaquelIO Oh vSeta au matin deux
hèurèS deuànt le repas, la grosseur
d’vhè aUèlaîhé, Et faut entèndre que
le bontherîaquo ne doit estre recent
que dè ‘quatre Uns, ne plus vieil que
dé doUzeahs-, èt qu’il laisse sa saueur
longueih'ent en la bouche : estant
rtOUuOau il est propre aux choléri¬
ques et estant vieil il conuient aux
DE LA
vieux, et à ceux qui sont de tempe-
rature froide, comme les pituiteux et
melancholiques ; à cause de la vertu
refrigeratiue de l’opium, qui entrant
en la composition du theriaque, re¬
tient sa pleine force pour quelques
premières années : en fin par la fer¬
mentation estant rabattue , fait que
toute la composition demeure plus
chaude.
La confection d’alkermes est sem¬
blablement bonne, tant pour preser»
uer , que donner à ceux qui sont frap¬
pés du venini Aussi la rheubarbe te¬
nue en la bouche, et maschée au
matin, la grosseur d’vne auelaine,
auec vn clou de girofle, est preserua-
tiue» Pareillement ceste composition
est profitable pour preseruer, quand
on va en vnlieu suspect.
Tf., Corticum citri et mali aurei saccharo
conditorum âna 3. j.
ConserUæ rosàrüm et radicis buglbssl
âna 3. üj.
Setô. cUri 3, îîj. fc .
Sem. ùttisi bt toéiiîcüli ana 3 6 .
Râdibiâ angeltéâS 3 . iUj.
Sâcchârl rosaii quantum sufficit.
Fiât condltum eoôpètium foiili aureis , qun
Vtâtur fei cUGlileai-i, vl dixi , îA ëxittt do-
mus.
ou,
Tf. Granorum pini mundatorura et pUtato-
rum, infiisorum in aqua rosarum et
scabiosæ per sex ho ras ana § . ij.
Amygdalarum excorticatarum in aquis
piSedictis Ib. î5.
Corticum citfi et hlali aürei saccbaro
Conditorum ana 3.j, fi.
Radicis àhgeiicæ 3 . iiij.
Miscc secundum artem ad fotmam pânis
marsicl vci eonfectionis aiterius, et teneat
l'rustuium frequeiiter in ore.
Pareillement en ce cas ces tablettes
sont profitables :
PESTE. 3yi
Of. Radicis dictamni, tormenlillæ, vale-
rianæ, enulæ campanæ, eryngij ana
3. fi,
Ëoli armenîcæ , tertæ slgillatæ ana 3 . j.
CaphUræ , cinnamomi , seminis oxalidis
agrestis, zedoariSé ana 3. j.
Puluerife élcctuarij diamargâtit. trlgidi
Conserüsê rosârum , buglossi , Corticis
citri conditi, mithridatij, thCriacæ ana
3, J.
Sacchari optimi dissolut! in aqua sca-
biosee , et cardui benedicti quantum
sufQcit.
Fiant tabellæ ponderis 3. j. vel 3. fi .
On prendra de ces tablettes tous
les iours à ieun , deux heures deuant
le repas, comme dessus est dit.
Outre plus, les pilules de la compo¬
sition de Rufus sont fort approuuées
des doctes Médecins, pource qu’on les
a trouuées de grand effet : et dit ledit
Rufus, que iamais ne veit personne
en auoir vsé qui n’ait esté preserué
de peste, pourueu que les parties no¬
bles n’eussent esté ja grandement in¬
fectées, La composition desdites pilu¬
les est telle :
Aloës hepaticæ 3. fi.
Aramoniaci electi 3. iij.
Myrrbæ 3. ij. fi.
Mastiches 3, ij.
Crocigr. vij.
Gontundantur omnia, et incorporentur cum
succomali citriniautsyrupo delimonibus,
et fiat massa.
Laquelle on gardera bien enuelop-
pée dedans vu cuir : et loi s qu’on en
voudra vser , on en formera vne
pilule ou deux, qu’on prendra au
matin deux heures ou trois deuant le
repas, ou bien le poids de demy escu
ou d’vn escu, selon la volonté d’vU
chacun. Et apres les auoir prises, on
peut prendre deux doigts de bon vin
LE VINGl'-QVA.
on d’eau d’oseille, laquelle a pareille¬
ment grande vertu contre le venin
pestiféré, à cause qu’elle est de ténue
substance, et garf’e de putréfaction
par son acetosité ; mesmes on a Irou-
ué par expérience,, qu’à celuy qui en
auroit mangé deuant qu’vn scorpion
le morde, il n’adui endroit aucun mal.
Et quant à la faculté des choses qui
entrent en la composition desdites
pilules, l’aloés nettoye et purge, la
myrrhe résisté à pourriture, le mastic
robore et fortifie, et le saffran res-
ioüit les facultés : partant nous con ¬
clurons qu’elles sont de merueilleux
effet, comme la raison et expérience
le demonstre. On les peut donner en
potion, comme le mesme autheur fai-
soit.
Autres pilules pour mesme effect et bien
expérimentées,
Aloës §.j.
Mirrhæ § . G .
Croci oriental is 9 .j.
Agarici trochiscati 3. ij.
Rhabarbari electi puluerisati 3. j.
Cinnamorni electi 3. ij.
Mastiebes 3. j. G.
Setninis citri g . xij.
. Puluerisentur omnia vl decet, et cum sy-
rupo capi.lorum vencris fiat massa.
Laquelle on gardera bien enuelop-
pée dedans du cuir, et en prendras
comme dessus, plus ou moins, selon
qu’il sera necessaire. Et si lesdites pi¬
lules esloient trop dures, on les amol¬
lira auec du syrop de limons, ou autres
semblables à cesteffet. Ces pilules qui
s'ensuiuent sont pareillement de
grande operation.
Aloës lolæ § . ij.
Croci 3. j.
Myrrhaî 5 . G .
Ammo. diss. in vino albo 5 . j.
FRiÉME LIVRE ,
Mell. ros. zedoariæ, santal, rubr. ana5,j.
Boli armen. præp. 3. ij.
Corallirubri § G.
Caphuræ 3. G .
Fiant pilulæ secundumartem.
La dose pour se preseruer est en
prendre tous les malins vne, et si on se
veut purger, on prendra vne dragme
au matin, qui est le temps le plus pro¬
pre à faire les euacualions, à raison
que le sang domine, et est en sa force
et vigueur, aussi que les vertus sont
reparées par le repos de la nuit, et
que la digestion est faite. Ceux qui
ont le flux deshemorrhoïdes excessif
ne doiuent vser d’aucunes pilules où
il entre de l’aloés, de peur d’augmen¬
ter le flux, et le faire trop grand et
impétueux.
D’abondant, les anciens escriuent,
qu’aprés la mort du roy Milhridates,
on trouuapar escritdesa propremain,
en son cabinet, entre ses choses plus
précieuses, que si quelqu’vn prend
deux noix de noyer seiches non moi-
sies, deux figues, vingt fueilles de
rue, et deux ou trois grains de sel
pilés et broyés ensemble, et en mange
la grosseur d’vne auelaine, puis sou¬
dain aualle vn peu de vin, et ce deux
heures auant que prendre le repas,
cestuyiourceluyquien aura pris ne
peut estre en danger de prendre au¬
cun venin. Outre plus, ce remede est
singulier à ceux qui ont esté mords
ou piqués de quelque beste veneneu-
se, à cause de la rue principalement :
toutesfois les femmes grosses n’en
doiuent vser aucunement, de peur de
nuire à leur fruit principalement
pour le respect de la rue, qui estant
chaude et seiche au troisième degré,
1 Ce paragraphe se terminait ici en I5G8 ;
ce qui suit est de 1675.
DE LA. PESTE.
purge violemment Tamarry, et fait
couler les mois promptement : dont
estant snbstraite la nourriture à l’en-
fanl, il est necessaire qu’il meure.
On eslira les remedes cy dessus
mentionnés au goust de chacun, et
les changera-on par fois, de peur que
Nature n’en face habitude , et aussi
pour la diuersité des temperamens :
et si on n’en trouue de l’vn, on pren¬
dra de l’autre.
CHAPITRE IX.
DES KEMEDES PARTICYLIERS, OV CHOSES
QV’ON APPLIQVE PAR LE DEHORS.
Outre les choses cy deuant escrites
à prendre par le dedans, ne faut en¬
cor négliger de tenir en la main quel¬
ques choses aromatiques, astringen¬
tes, et pleines de vapeurs, lesquelles
ayent propriété de chasser cest air
pestiféré, et empescher qu’il ne trou¬
ue place en aucune partie de nostre
corps ; aussi qu’elles ayent vertu de
roborerle cerueauet autres membres
principaux, lesquels estans fortifiés,
confortent pareillement toute l’ha¬
bitude du corps ; comme sont la
. rue, la melisse, rosmarin, scordium,
sauge, absinthe, doux de girofle,
muguette,saflVan , racine d’angelique,
racine de liuesche, qui a pareille vertu
et autres semblables , lesquelles on
fera tremper vnenuiten fort vinaigre
et eau de vie : et en prendra-on de
toutes ensemble la grosseur d’vn œuf,
enueloppée en vn mouschoir, ou en
vne esponge trempée et imbue en la¬
dite eau ; car il n’y a rien qui con¬
tienne plus les vertus et esprits des
373
choses aromatiques et odorantes que
faitl’esponge, et partant on en doit
plustost vser que d’autre matière, soit
pour flairer au nez, ou pour appliquer
sur le cœur, pour faire epithemes et
fomentations.
Or telles choses odori ferantes seron t
diuersifiées selon que l’air sera chaud
ou froid : comme pour exemple , en
esté vous prendrez vne esponge trem¬
pée en vn bon vinaigre rosat et eau
rose autant d’vn que de d’autre, ca-
nelle et doux de girofle concassés, y
adioustant vn peu de saffran : et la
tenez enueloppée en la main dedans
vn mouschoir, et la sentez souuent ;
ou faites ainsi :
Absinlhij m. 6.
Caryophyll. numéro x.
Radicis gentianæ et angelicîe ana 5. ij.
Aceü et aquæ rosarum alla §.ij.
Theriacæ et rnilhridatij ana 3. j.
Le tout soit pilé ensemble, puis en-
ueloppé en vn mouschoir auec vne
petite esponge : laquelle gardera que
la liqueur ne tombe. On peut aussi
enfermer telles choses en des boëttes
de bois odoriférant, comme de ge-
néure, cedre, cyprès, lesquelles seront
troüées en plusieurs endroits, et te¬
nues prés la bouche en les flairant
souuent. Aussi en pareil cas sera bon
de faire des pommes de senteurs ,
comme ceste-cy ;
Santal! citrini, macis, corticum citri, ro-
sarum,foliorum myrli ana 3. ij.
Benioln, ladani, styracisana 3. 6.
Cinnamomi, croci ana 3 . ij.
Caphuræ et ambræ ana 3 . j.
Algaliæ, mosci ana g . üj.
Cum aqua rosarum infusionis tragacanthi
formetur pomum.
LE VINGT-QYATElélVtJS LIVRE
374
Autre.
Of. Rosarum rubrarum , florum nytnpbææ ,
’violarum ana § , J.
Santalorum omnium, coriandri , çortlcis
ci tri ana § . fi .
Caphurœ 3. j.
Puluerisentur omnia j et cum aqua rosarum
et tragacantho fiat pomum.
En hyuer vous pourrez vser d’vue
telle pomme :
2f. Styracis calamitæ , benioin ana 5. j. fi.
Mosci, algaliæ ana 3. j.
Caryophyilorum, lanandulæ, cyperi ana
3.ij.
Radicis ireos Florentine et calaini aroma-
tici ana 3. ij fi . ]
Ambræ griseæ 3. iij.
Gummi tragacanthi dissolut! in aqua
Yitæ et rosarum quantum sufflcit.
Fiat pomum.
On peut pareilleinent porter sur
soy des poudres aromatiques, comme
d’ambre, styrax, iris de Florence,
uoixmuguette,canelle, macis, doux
de girofle, saffran, benioin, musc,
camphre , roses, violettes de Mars,
squinant, mariolaine, et autres sem^
blables, et les sentir au nez. Et de ces
simples on en pourra faire des com¬
posées, comme ceste-cy :
“if. Radicis ireos Florenliæ 3. ij.
Cyperi, calami aromatici, rosarqni ru¬
brarum ana § . fi .
Caryophyilorum 3. fi.
Styracis calamitæ 3. j.
Musci f . viij.
Misce, et fiat puluis in sacculo.
Autre poudre aromatique.
Tf. Radicis ireos Florentiæ S. ij.
Rosarum rubrarum, santali albi, filyracis
calamitæ ana §.j.
Cyperi 3. j.
Calami aromatici f .J.
Maioranæ §, fi,
Caryophyilorum 3. jij,
LauandulæS, fi,
Coriandri 3 ij.
Mosci boni 9 . fi .
Ladani, benioin ana 5. j.
Nucis moscatæ, clnnamomi ana 3. ij.
Fiat puluis subtilis , concludatur sacculo.
P’auantage, on portera sur la ré¬
gion du cœur , santal cilrin , macis ,
doux de girofle, candie, saffran et
theriaque : le tout concassé , incor¬
poré et arrousé de vinaigre bon et
fort et eau rose en esté , en hyuer
de bon vin ou maluoisie. Tous ces
ramedes ainsi forts , et qui ont vne
grande vertu aromatique et vapo¬
reuse, pleine d’esprits subtils, font
au corps de merueUleux effets , forti¬
fient les parties principales , stimu-
lans la vertu expulsiue à chasser le
venin hors et prohiber qu’il n’entre
dedans ; au contraire l’odeur puante
cause vne nausée ou volonté de vo¬
mir et défaillance de cœur. Parquoy
ceux qui conseillent en temps de peste
prendre l’odeur des retraits et autres
lieux infectés, font mal, et contre
l’opinion d’Hippocrates , comme nous
demonstrerons cy après,
Or il ne sufflt pas seulement porter
preseruatifs sur soy : mais on se
pourra lauer tout le corps de vinai¬
gre, auquel on aura fait bouillir
graine de genéure , laurier , racine
de gentiane, souchet, bypericon, et
autres semblables, et y destremper
du theriaque ou methridat. Or le vi¬
naigre est contraire aux venins
tant chauds que froids, et garde de
pourriture, d’autant qu’il est froid
et sec , qui sont deux choses contrai¬
res et répugnantes à la putréfaction ;
ce que l’experience monstre : car en
iceluy on^garde^ corps mortsi, chairs ,
DE LA PESTE.
herbes, fruits et autres choses , sans
qu’elles se pourrissent. Et si quel-
qu’vn veut obiecter que le vinaigre
n’est vtile à se lauer le corps , à cause
qu’il feroit obstruction des pores et
empescheroit la perspiration ( ce qui
est fort conuenable à pourriture), il -
doit aussi considérer qu’on ne le met
seul, et que ses qualités froides et
seiches sont corrigées par les autres
choses meslées auec luy. Et partant
est bon d'en vser , comme nous auons
dit , et qui ne se voudra lauer tout le
corps , pour le moins on se frottera
les aisselles et la région du cœur , les
temples, les aines et parties génita¬
les , parce qu’elles ont vn grand con¬
sentement au cœur et à toutes les
parties nobles : parquOy seront frot¬
tées et lauées de ce lauement, ou d’au¬
tre fait de bonnes senteurs, ou de
cest onguent :
Olei rosati § iiij.
ûlei de spica f . ij.
pulueris cinnamomi, caryopbyllQrura
an» i. i- 6,
PfJorfitæ, f, IJ,
Thprj^c^ 3- fi •
Terebeqthinæ Vepet^ 3. j, fi.
perç qupntutn sufpcit.
f jat Yppgntuip moljc;
Pn peut pareillement mettre és
oreilles vn peu d’huile de inastic, ou
de sauge, ou de doux de girofle, ou
autres semblables, y délayant vn
peu de musc ou de ciüette.
3j5
CHAPITRE X,
d’avcvnes choses qve l’on doit ob¬
server OVTRE LES PRECEDENTES ,
POVR LA PRESERVATION,
En cest endroit ie veux bien en¬
core déclarer aucunes choses, les¬
quelles pourroient nuire à vn cha¬
cun , et le rendre plus idoine à prendre
la peste ; partant aussi est bon pour la
préseruation de les obseruer.
Et sur toutes autres choses faut
euiter la fréquentation des femmes ,
d’autant ;que par icelle les forces et
vertus sont diminuées , et les esprits
se resoluent et affoiblissent , princi¬
palement tost après le repas, pour-ce
qu’on débilité l’estomach, et par ce
moyen se fait crudité , de laquelle
procedp corruption et autres infinis
accidens : parquoy on peut conclure
que dame ¥enus est la vraye peste ,
si on n’en vse auec discrétion. Aussi
se faut garder de viure en oisiueté ,
et!manger et boire auec discrétion : car
telles choses engendrent aussi ob¬
structions et des humeurs vicieux ,
dont ceux qui font tels expés sont plus
suiets à prendre la peste. Si les fem¬
mes sont réglées de leurs fleurs , cela
les preserue beaucoup : aussi si elles
sont retenues , cela leur peut gran¬
dement nuire, parce qu’en temps de
peste elles se corrompent facilement :
parqpoy elles doiuent prendre garde
à les prouoquer , comme nous décla¬
rerons cy après. Pareillement ceux
qui auront vieils vlceres , fistules et
galles, pe les feropt cicatriser en
temps de peste , mais pUistpst en fe¬
ront de nouuelles , à fin que par icel¬
les , comme par vn esgout d® Inpt le
corps, le venin, si aucun [y en au oit
LE VINGT-QVATRIÉME LIVRE
376
en nous, se puisse euacner sans s’y
accroupir aucunement. Aussi ceux
qui ont flux de sang par le nez ou par
hemorrhoïdes, le laisseront fluer, et
nereslancheront s’il n’estoit excessif.
Bref en temps de peste, ne faut rete¬
nir aucun humeur vicieux dedans le
corps , ny pareillement faire trop
grande euacualion.
Outre-plus on se doit garder audit
temps d’acheter choses esquelles l’air
pestiient se peut couuer aisément et
garder, comme en chanure, lin, lits
où auront couché les pesîiferés, four¬
rures , habillemens de draps de laine,
tapisseries, et autres semblables. D’a-
uantage, il ne fauj faire sa demeure
prés les cemetieres ( et principa¬
lement prés de ceux esquels les corps
morts ne sont enterrés profondément,
comme ordinairement on’fait à sainct
Innocent , de façon que quelqxiesfois
les chiens les deterrent et mangent )
ny prés des voiries , escorcheries ,
poissonneries, tanneries, teinturiers,
chandeliers , frippiers , reuendeurs ,
peaussiers , corroyeurs , et tous lieux
où on fond les métaux : ny souffrir
fiensprés sa maison, et principalement ,
celuy des pourceaux , ny cloaques,
eaux croupies et charongneuses, et
semblables choses infectes et puantes.
D’auantage, ne faut aller aucune¬
ment à la selle és retraits où on iette
les excremens des pestiférés. Aussi
faut euiter la fréquentation de ceux
qui hantent les malades de peste ,
comme les Médecins, Chirurgiens,
Apoticaires, Barbiers, Prestres, gar¬
des, seruiteurs et fossoyeurs qui en¬
terrent les corps morts de peste : car
iaçoit qu’vn homme n’ait la peste,
neantmoins venant de l’air pestiféré ,
la peut porter auec soy en ses habil¬
lemens. Ce qui est conneu par ex¬
périence , que si on demeure quelque
temps en la boutique d’ vn parfumeur,
sortant de là on sent le parfum , bon
ou mauuais , à raison que l’exhala¬
tion et vapeur du parfum s’eslend
parmy l’air qui est à l’entour , lequel
entre en nos habillemens , et par ce
moyen baille l’odeur qu’il areceu des
drogues du parfumeur : aussi l’air
pestiféré fait le semblable ; partant
faut euiter telles choses.
Finalement il faut auoir esgard aux
choses appellées non naturelles , des¬
quelles nous en auons ja par-auant
touché aucunes : et adiousterons en¬
core qu’il faut euiter de se courrou¬
cer grandement ; car par la cholere
il se fait grande ebullilion du sang et
des esprits, et dilatation des ouuertu-
res et conduits , et par ce moyen l’air
pestiient en tel cas engendre promp¬
tement la fiéure pestilente , ce qu’on
a veu aduenir souuent. Au contraire,
il se faut tenir ioyeux, en bonne et
petite compagnie, et par fois oüyr
chantres et instrumens de musique ,
et aucunes fois lire ou oüyr lire quel¬
que lecture plaisante , et principale¬
ment de lasaincteEscriture >. D’auan¬
tage, il faut euiter le trop veiller la
nuit , les grands et excessifs mouue-
1 mens, l’ardeur du soleil, la faim
et soif, parce que telles choses es-
chauffent les esprits et causent la fié¬
ure ephemere, de laquelle prouient
souuent la pestilentielle. Que diray-ie
plus? c’est que si quelqu’vn est con¬
traint de faire sa résidence en vne
maison ou chambre d’vn pestiféré , il
la faut auparauant parfumer, et tout
reblanchir auec de la chaux : car le
venin pestiféré et contagieux s’atta¬
che longuement aux parois'^.
1 Celle phrase esl une addition de 1585.
® Ce dernier paragraphe a été également
ajouté en 1585.
I)E LA.
CHAPITRE XL
DE l'office des MAGISTRATS ET OFFI¬
CIERS PVBLICS, QVI ONT LA CHARGE
DE LA POLICE.
Les Magistrats doiuenl faire tenir
les maisons et rues nettes , et n’y souf¬
frir fiens ny autres ordures , et faire
porter les bestes mortes et autres im¬
mondices loing de la ville , et les en¬
terrer profondément : aussi faire te¬
nir les riuieres , puits et fontaines
nettes de toute impurité : pareille¬
ment defendre exprès de ne vendre
bleds corrompus, et chair infecte aux
boucheries, ny poissons altérés et
corrompus. Ils doiuent defendre les
estuues et bains , à raison qu’aprés
qu’on en est sorti, la chair et toute
l’habitude du corps en est ramollie ,
et les pores ouuerts : et parlant la
vapeur pestiférée peut entrer promp¬
tement dedans le corps et faire mourir
subitement : ce qu’on a veu aduenir
plusieurs fois. Ils doiuent chasser et
tuer les chiens et chats , de peur qu’ils
n’apportent la peste des maisons aux
autres, pource qu’ils peuuent manger
le reste des malades pestiférés ou
leurs excremens, et par ce moyen
peuuent prendre la peste et la porter
ailleurs -. toutesfois rarement en sont
malades , pource que leur tempéra¬
ment n’y est pas disposé.
Ils feront visiter les malades par
Médecins et Chirurgiens et Apoti-
caires gens de bien, expérimentés: et
sçauront ceux qui seront pestiférés,
et les feront séquestrer , les enuoyans
aux lieux establis pour les faire trai¬
ter, ou bien lesteront enfermer en
leurs maisons (ce que toutesfois ie
pest:?. 377
n’approuue pas , mais plustost leur
defendre la conuersation des sains )
et les enuoyeront penser et alimenter
à leurs despens , s’ils ont de quoy, et
s’ils sont panures aux despens des
deniers communs de la ville. Aussi ne
doiuent permettre que les citoyens
mettent en vente aucuns meubles de
ceux qui sont morts de peste.
Ils doiuent fermer les portes de
leurs villes non encor entachées du
venin , pour obuier que les voyageurs
venans de quelque lieu infect ne leur
apportent la peste: car ainsi qu’vne
brebis galleuse peut infecter tout vn
troupeau , aussi vn pestiféré peut in¬
fecter toute vne ville.
D’auantage, il doiuent faire pendre
vne nappe ou autre signal, aux fe-
nestres des maisons où aucuns seront
morts de peste. Il faut aussi que les
chirurgiens , et ceux qui conuersent
auec les pestiférés, portent vne verge
blanche en la main , lorsqu'ils iront
par la ville , à fin qu’ils facent retirer
le peuple arriéré d’eux.
Pareillement ils feront enterrer
promptement les corps morts, par-ce
qu’ils se corrompent et pourrissent
plus en vne heure , que ne feront en
trois iours ceux qui ne sont morts de
peste, et d’iceux s’esleuent certaines
vapeurs putrides par exhalation fort
fetide, voire plus sans comparaison
que lors qu’ils viuent, pour l’absence
de la chaleur naturelle , qui tenoit en
bride et temperoit la pourriture : et
de fait , on voit que les corps morts
de peste ne sont mangés d’aucun ani¬
mal : mesme les corbeaux n’y louchent
point, et s’ils en mangeoient, ils
mourroient soudainement. Car com¬
bien que vrayement les esprits des
corps morts ne se communiquent pas
.si aisément comme des viuans, à
LE VINGT-QYATRJIÎME LIVRE ,
378
oftupe de l’expiratian et transpiration
perdue, ai sont’iig plus pcrniciep^-
D’auantage, pour connoistre qu’vp
hoiumo est mort de peste , est que
toute la cliaruore de son' corps pst
fort mollastre, qui est cause de la
putréfaction : car bien que ceste mol¬
lesse fust aussi au malade estant vif ,
toutesfois à cause de la pourriture
augmentée, elle est aussi augmentée,
principalement après que la vie et
çhaleur naturelle est esteinte. Pont
connoissant, tant par les signes des
susdits, que par ceux qui auront pré¬
cédé en la maladie , qu’vu homme
sera mort de peste , on le doit enter¬
rer en vn lieu à ce destiné le plustost
que faire se pourra, comme nous
auons dit.
Or pour ce qu’entre toutes les
choses qui peuuent rectifier l’air, le
feu est le plus requis et singulier, on
imitera en cecy Hippocrates , lequel
( ainsi que les anciens nous ont laissé
par egcrit) fit cesser vne grande et
merueilleuse peste en la ville d’ Athè¬
nes , en faisant faire grands feux la
nuit par les maisons et parniy les
rues de la ville et autour d’icelle , et
ietter sur la braise choses odorifé¬
rantes , comme genépre , et tereben-
thine , genest , et semblables choses
rendons grande fumée aromatique,
et par ce moyen la peste cessa : par-
quoy les citoyens luy firent eriger
vne statue d’or au milieu delà place,
et par eux fut adoré comme vn Dieu
et conserualeur du pays ; ce que ia-
mais n’auoit esté fait à aucun.
Outre plus 7 Peuinps Peuinius au
pure 2. de ocmltis. mturœ miracuHs ,
Chapitre io dit , que la peste estant à
ïournay, les soldats pour y preuoir
' Cette dernière phrase a été ajoutée en
1676.
mettaient do la poudre à canon sans
boulet dedans les pièces d’artillerie,
qu’ils delaschoiout la ntiit , et sur le
point du jour : ainsi par ce son vio¬
lent et odeur fumeuse, la coiilagion
de l’air fut corrigée et chassée, et la
ville deliurée de peste. Partant les
magistrats, pour bien s’acquitter de
leur charge enuers la république,
feront aussi toutes choses necessaires
pour preseruer leur ville.
Que diray-je plus? C’est qu’ils doi-
uept aupjr l’ceil sur certains larrons,
menrtriers et empoisonneurs , plus
qu’inhumaips, qui gresseut et bar¬
bouillent les parois et portes des
bonnes maisons, de la sanie des char¬
bons et bosses, et autres excremens
des pestiférés , à fin de les infecter ,
pour puis après aufiir moyeu d’entrer
dedans , piller et do^robber, voire
estrangler les panures malades eu
leur 14 i ce qui a esté fait à Pyon l’au
1565. Q Piou , que tels galands me¬
ntent grande punition exemplaire !
que ie laisse à la discrétion desdits
magistrats qui opt charge de la po¬
lice.
CHAPITaE ^II.
COMMENT l’on DQIT PROCEOpR A L’e-
LECTION DES MEDECINS, CHIRVRGIENS
ET APOTICAIRES, POVR MEDICAMENTER
LES PESTIFERES.
Quant aux IVIedecips , Chirurgiens
et Apoticaires, lesdits magistrats esli-
ront gens de bien et expérimentés
pour secourir le panure peuple, non
par le spp de trompette , faisans pro¬
clamer (pour auoir bpn marché d’vpe
manuaise marchandise ) que s’il y a
aucuns compagnons barbiers et apo-
DE LA PEgTE.
ticairea qui veulent penser les pesti¬
férés , qu’ils seront pour cela receus
maistres, 0 Dieu ! quels bons mais-
tres ! en lieu de guarir , ils font le
plus songent par leur iraperitie ouurir
le ciel et la terre , parce que iamais
n’aurons veu ni conneu vn seul ma¬
lade de ceste maladie : parquoy ils
seront cent fois plus à craindre que
les brigans et meurtriers guettans par
les bois et cbemins , parce qu’on les
peut euiter et chercher vp autre
chemin : mais le Chirurgien est cher¬
ché du pauure pestiféré, qui tend la-
gorge, espérant aupir secours de
celuy qui luy oste la vie. Que s’ils
prennent quelques Médecins et Chi¬
rurgiens expérimentés , ce sera par
faulses promesses ou par violence ,
menaçant de les chasser à iamais de
leurs villes. le vous laisse à penser,
messieurs, commelespauures malades
peuuent estre bien traités, si ceux
qui sont ordonnés pour les médica¬
menter y sont employés par ceste
force et violence ; puis l’accident
passé , sont cassés de leurs gages ;
et voila les panures Médecins , Chi¬
rurgiens , Apoticaires et Barbiers à
blanc , lesquels ayans ceste marque
d’auoir esté constitués à penser les
pestiférés, tout le monde après les
fuit comme la peste mesme , et ne
sont plus appelés à l’exercice de leur
art : puis leurs compagnons les
voyons après quasi mendier leur vie ,
doutans de tomber puis après en tel de¬
sastre de paqureté , qu’ils craignent
cent mille fois plus que la peste , n’y
veulent aller ; car c’est vnc grande
peste à l’homme, n’auoir point d’ar¬
gent pour secourir sa pauure vie.
Partant ie supplie messieurs les
Magistrats, qu’ils eslisent (comme
i’ay dit) gens bien expérimentés pour
secourir les malades pestiférés, et
379
leur donnent vne pension honneste,
non seulement pendant la nécessité ,
mais toute leur vie. Adonc ne faudra
nulle trompette : mais au contraire se
présenteront au seruice d’eux et de
leurs citoyens.
CHAPITRE XIII.
CE QVE DOIVENT FAIRE CEVX QVI SE¬
RONT ESLEVS A PENSER ET MEDICA¬
MENTER LES PESTIFÉRÉS.
Premièrement il faut qu’ils con¬
sidèrent qu’ils sont appellés de Dieu
en ceste vocation pour exercer ia
Chirurgie : partant y doiqent aller
d’vn franc courage sans aucune
crainte, ayans ferme foy que Dieu
nous coDserue et oste la vie ainsi et
quand il luy plaist : toutesfois (comme
i’ay dit cy deuant) ne faut négliger
et mespriser les remedespreseruatifs,
ou autrement nous serions accusés
d’ingratitude , veu que Dieu nous les
a donnés, ayant tout fait pour le bien
de l’homme.
Doneques les Chirurgiens qdî seront
appellés pour médicamenter les ma¬
lades de peste, se feront purger et
saigner s’ils en ont besoin , à fin de
rendre leurs corps nets , et non dis¬
posés à prendre ce venin : puis après
se feront deux ouuertures (s’ils n’a-
uoient quelque vlcere qui coulast)
auec cautères potentiels : l’vne au
bras droit vn peu au dessous du mus¬
cle Epomis, l’autre trois doigts au
dessous du genotiil senestre partie
externe : car véritablement ou a con¬
neu par expérience , que ceux qui
auoient telles ouuertures n’ont esté
suicts à prendre la peste, et n’ont
recen aucun mal , combien qu’ils fus-
LE VINGT-QVATRIÉME LIVRE,
38o
sent iournellement auecles pestiférés.
Pareillement ils selaueront bien sou¬
vent tout le corps auec ceste eau , la¬
quelle a grande vertu aromatique , et
est fort pleine d’esprits vaporeux et
subtils, et du tout contraire à tel
venin.
E‘)ii preseruatiue.
"if. Aquæ rosarum , aceli rosati aut sambu-
cini, vint albi autmalualici ana tb. vj.
Rad. enulæ campanæ, angeticæ, gen-
lianæ, bistortæ, zedoariæ ana 5.iij.
Baccarum iuniperi etbederæana § ij.
Saluiæ , rorismarini , absinthij , rutæ
ana m. j.
Corticis citri § . fi .
Theriacæ, mithridatii ana § . j. '
Conquassanda conquassentnr , et bulliant
lento igni , et seruentur ad usum.
On se lauera tout le corps de ceste
eau auec vne esponge , la faisant vn
peu tiédir. Et mesme conuient en la-
uer la boucbe et en tirer vn peu par
le nez , aussi en mettre quelque pe¬
tite quantité dedans les oreilles.
Ils doiuent pareillement porter et
poser sur la région du cœur vn sa¬
chet ou epitheme , semblable à ceux
que nous auons descrits cy deuant.
Sur quoy lean Baptiste Theodose, en
la seconde de ses Epistres medecinales,
escrite à Athanase médecin florentin,
dit estre vtile qu’on porte de l’arse¬
nic ou autre poison sur la région du |
cœur, à tin qu’il accoustume le cœur
au venin , et que par ainsi il en soit
moins offensé, d’autant que tous ve¬
nins cherchent le cœur. Toutesfois tu
noieras sur ce propos ce que nous en
auons dit auparauant. Leurs habille-
mens seront de camelot , sarge d’Ar¬
ras, satin, taffetas, ou semblables. Et
s’ils n’ont la puissance, ils auront du
marroquin, ou trilly d’Allemagne, ou
autre belle toile noire ; et non de drap,
ny de frise, ou de fourrure, de peur
que le venin n’y soit reserué, et qu’ils
puissent porter la mort aux sîiins. Ils
changeront souuent d’habits , che¬
mise et de linceux, si leur commodité
le porte, et les parfumeront en fumée
de choses aromatiques ; et lors qu’ils
approcheront des malades, se garde¬
ront de prendre leur haleine et l’o¬
deur de leurs excremens, et pareille¬
ment de se couurir de leurs habille-
mens ou couuerture, ny manger et
boire auecques eux, ou le reste qu’ils
auront touché de la bouche.
Plus, il leur conuient desieuner de
bon malin ; et s’ils abhorrent le man¬
ger, comme font aucuns, en lieu d’a-
limens ils pourront prendre quelques
medicamens preseruatifs , desquels
nous auons cy deuant fait mention :
et lors qu’ils approcheront du ma¬
lade, ils tiendront en leur bouche vn
clou de girofle , ou vn peu de ca-
nelle , ou de racine d’angelique , ou
graine de genéure , ou autres choses
alexiteres, pour occuper et emplir les
spatiosilés vuides: et ainsi la vapeur
pestiférée ne pourra trouuer place
pour s’y loger.
l’allegueray icy, pour exemple du
danger qu’il y a de hanter les infectés,
ce qui m’aduint vne fois allant penser
vn pestiféré, qui auoit vn bubon pes¬
tiféré en l’aine dextre, et deux grands
charbons au ventre : prés duquel es¬
tant arriué , ie leuay de dessus luy le
drap et la couuerture, dont après me
vint saisir vne odeur très felide, pro-
uenant tant de la sueur de son corps,
que de l’exhalation putride du cou-
lement de la boue de son aposleme et
de ses charbons ; et lors ayant esté
englouti de ceste vapeur , ie tombay
promptement à terre comme mort,
ainsi que font ceux qui syncopisent,
c’est à dire à qui le cœur defaut, mais
DR La peste.
38 1
sans aucune douleur , ny mal de
cœur , signe manifeste que la seule
faculté animale esloit offensée: puis
tpst après m’estant releué, il me sem-
bloit que la maison tournast sens des¬
sus dessous , et fus contraint d’em¬
brasser vn des pilliers du lit où estoit
couché le malade, autrement ie fusse
tombé de rechef. Et ayant quelque
peu de temps repris mes esprits, i’es-
ternuay dix ou douze fois, auec vne
telle violence que le sang me soriit
par le nez : qui fut cause, à mon opi¬
nion (sauf meilleur lugement) que la
vapeur pestiférée ne me fit aucune
impression. Or ié laisse au lecteur à
philosopher si la mort ne s’en fust pas
ensuiuie , n’eust esté la force de la
vertu expultrice de mon cerueau ,
veu que tous mes sens, et principale¬
ment la faculté animale, me défailli¬
rent en vn moment, qui sont les ins-
trumens de l’ame.
Pour ces choses, ie conseille tant aux
médecins qu’aux chirurgiens, mesmes
à tous ceux qui fréquentent ceux qui
sont infectés de ceste pernicieuse ma¬
ladie, qu’ils se gardent, tant qu’il leur
sera possible , de receuoir leur ha¬
leine et vapeurs de leurs excremens ,
tant gros que liquides et vaporeux:
aussi qu’ils desieunent les matins ,
ou prennent quelque contre-poison
auparauant que de les aller voir, à
fin de mieux se munir contre le venin
pestiféré. Et pour conclusion, on ob-
seruera toutes choses que l’on con-
noistra estre profitables ou nuisibles
en ceste maladie pestilente, à fin de
les suiure ou euiler selon qu’il en
sera besoin, reconnoissant toutesfois
que la preseruation gist plus en la
prouidence diuine qu’au conseil du
médecin ou chirurgien.
CHAPITRE XIV.
DES SIGNES DE LA PESTE PRESENTE.
Plusieurs désirent sçauoir les signes
de la peste présenté , à fin d’y pour-
uoir de bonne heure, pour-ce qu’ or¬
dinairement on y est deceu : et le
commun peuple ne la connoist iamais
iusques à ce qu’il sente quelque dou¬
leur et apostemes aux emonctoires,
ou quelques taches sur le corps, ou
charbons : qui est trop tard, parce
que plusieurs meurent deuant que
telles choses apparoissent : parquoy
ne faut tousiours attendre tels acci-
dens, mais faut prendre indication
qu’en la peste, le cœur, auquel gist la
vie, est principalement assailli, et en¬
dure plus que tous les autres mem¬
bres : dont les signes pris de luy sont
plus certains que de nulle autre par¬
tie principale.
1. Signe de la peste présente^. Par¬
quoy les malades frappés de peste
ont souuent défaillance de cœur , et
tombent comme esuanoüis.
2. Signé. Le pouls est quelquesfois
remis , et parfois trop frequent , et
principalement la nuit.
3. Signe. Ils sentent des ponctions
et démangeaison par tout le corps, et
principalement aux narines, comme
piqueures d’espingles , qui precedent
de la vapeur maligne, montant des
1 Le texte de tous les signes se suivait sans
interruption, et souvent même sans sépa¬
ration des phrases dans l’édition primitive;
mais l’édition de 1575 et toutes les autres
ensuite ayant accusé chacun de ees signes
par une note marginale, il m’a paru conve¬
nable de faire usage de ces notes pour le
texte.
389 LE vmGT‘QVATRl£ME LIVRE ,
parties inferieures à la superflcie du
corps et à la teste.
4. Signe. Ils ont semblablement la
poitrine chaude et ardente , auec
grande palpitation et battement de
cœur, disans sentir grande douleur
sous le mammelon du tetin senestre ,
auec courte haleine et grande diffi¬
culté de respirer ; et halettent comme
Yn chien qui a grandement couru , à
cause que le diaphragme , principal
instrument de la respiration, ne pou-
uant auoir son mouuement naturel ,
redouble incontinent, et auance le
cours de la respiration et expiration,
5 . Signe. Pareillement ils ont toux et
douleu r d’es tom ach , enfleur e de flancs
ou costés : pour- ce qu’à cause de la
débilité de la chaleur naturelle , se
multiplient beaucoup de ventosités,
qui sont cause de ladite extension :
voire que le ventre en est quelques-
fois si fort enflé , qu’on diroit estre
vne espece d’hydropisie nommée
Tympanites.
6. D’auantage, ils ont nausée,
ou appétit de vomir, c’est A dire que
Testomach leur bondit : qui vient à
raison qu’il a connexion auecques les
parties nobles^ et se ressentent du ve¬
nin mortel de tout le corps : autres
ont grands vomissemens et frequens,
iettans vne cholere iaune, et aucunes-
fois verde ou noire , correspondante
aux selles en variété de matière et
couleur : et à aucuns sort le sang
tout pur en grande abondance ,
non seulement par le vomisse¬
ment, mais aussi quelquesfois par
le nez, par le siégé et pat la verge^ et
âüx femmes par leur matrice : et
Ceux-là ne passent güereS lé troi¬
sième iour, tant est grande Pacrimo-
nie du venin.
7\ Signe. Aucuns ont grande froi¬
dure aux parties extérieures, mais
neântmoins sentent vné exlreme cha¬
leur et ardeur metueilleiise au de¬
dans* Or la cause pour laquelle nous
voyons qu’és fiéures pestllonliellcs le
dedans brtisle, et le dehors est froid,
c’est pour-ce qu’il y a inflammation
ett quelque partie profbnde du corps,
en sorte que toute la chaleur auec le
sang et les esprits est attirée comme
d’vne ventouse ; par les parties Inté¬
rieures enflammées , dont les parties
extérieures apparoissent ft'oidcs et
alors la face se monstre hideuse , et
est veuë de couleur plombée et liuide,
les yeux ardens , estincelans , rouges
et comme pleins de sang , ou d’autre
couleur, et larmoyans.
8. Sipûe. Le tour des paupières est
liuide et hoir, comme si elles àuolent
esté battues et tneurdries , et ont la
face hideuse à voir et tout le corps
iaunasti-e, tellement qu’ils ne res¬
semblent point à eux-mesmes, de fa¬
çon qü’on les deconnolst : et telle
chose signifie la mort proche.
ô. Siÿiiei Aucuns ont la fiéure si
tres-ârdentfe, qu’elle cause vlceres au
profond de la gorge et autres parties
dé la bouche , âuée Vné seicheressé
qui rend la langue aride et seiche, li-
üide et noire, accompagnée d’vne al¬
teration et chaleur si grande, qu’ils
sè disent brusler comme s’ils estoieht
dedans vn feu, auec Vné extremé
douleur de teste , qui le plus souuettt
les fait résuer, de sorte qu’ils ne peu-
uent iamais reposer ny dormir : et
tombent en Vne fureur cruelle, comme
frénétiques, s’enfuyans tous nuds , se
iettans és puits, riuiercs, et par les fe-
nestres se precipitans du haut en bas.
Au contraire, ils sont quelquesfois en
vne si grande résolution de tous les
membres , qu’ils ne so sçauroient
soustenir, et aussi sont au commen¬
cement tant endormis , qu’on ne les
DE L4 PESTE.
peut esueiller , pour-ce que la cha¬
leur de la fleure fait esleuer à la teste
dés vapeurs grosses, crues et froideSi
lesquelles abondent au corps : ce qui
aduient communément lors que la
matière de la bosse ou le charbon se
fait, ou petites tâches et éruptions es-
pàrses au cuir, qui soüuent s’appa-
roissent à leur résueil, âcéompagnées
d’vne sueuP fort puante. Or lesdites
exhalations et fumées acqüierént son¬
nent acnraonie, et sont qùelqiieSfois
si hiordantes qu’elles gardent les ma¬
lades de dormir et leur incitent grànde
douleur de teste , qui les fait tomber
en resuérie , puis frénésie , manie et
ra^e. Parquoy la variété de ces der¬
niers signes et accidens ne procédé
que dé la diuersité du venin peStiferé,
et dés temperâtures des maladés.
Qu’il soit vray , nOus voyons én cer¬
taines saisons ce venin exercer diuer-
sement sa tyrannie ^ voiré en tontes
températures', et extraoVdinairement
et egalement à plusieurs et de toutes
aages et temperamensi, comme nous
auons cy deuant monstré de la suettei,
trousse-galand , coqueluche, et au¬
tres maladies epidemiales.
10. Signe. Quant est de la diueCsilé
des températures, ceux qui sont de
complexion chaude , comme les san¬
guins et cholériques, on voit estre
saunent vexés de fléures ardentes, et
tombent souuent en furie : au con¬
traire, les melancholiques et pitui¬
teux estre tant assoupis et endormis
qu’à peine on les peut resueiller. Les
vrines ne sônt pas tousiours , ny en
tous, trouuées d’vne mesme couleur
et consistende : car quelquesfois elles
sont trouuées semblables à celles des
sains, à sçauoir belles en couleur et
bonnes en leur substance , à raison
que la fiéure fait plus son effort de¬
dans les arleresi, qu’és veines conle-
383
nahtes le sang, duquel procédé rv-‘
riné : veii que le foye le plus souuent
ne souffre si fort en vne fléure pesti-
lente que les autres parties, et sur
toutes le cœur, mesmement quand il
n’y a point de tumeur apparente aux
aines, où cela se fait ; pour-ce que les
humeurs contenus aux vaisseaux,
iaçoit qii’ils soient en chemin , et
comme m fieri > d’estre viciés et enta¬
chés de ce venin, ce neantmoins ne
sont point pourris ne corrompus :
ceste corruption estant vrayement ja
parfaite en la substance des esprits
(supposé que telle peste est de celles
qui ont leur cause et origine de la
malignité de l’air) et d’iceux n’ayant
encores passé et coulé dans les hu¬
meurs car si la pourriture estoit ja
imbue en iceux, ils en donneroient
cèrlain lesmoignage par les vrines,
qui sont certains et propres signes des
affections des humeurs contenus aux
veines. Et parlant ne deuons point
estiméi' que cela aduienne (comme
aucuns ont pensé) à raison que Na¬
ture, comme espouuantée et fuyante
la malignité de ce venin, n’ose assail¬
lir la maladie. Aucuns ont les vrines
fort dissemblables des sains, desquels
nous parlerons cy après.
11. Signe. Pareillement aucuns iet-
tent par le siégé vne matière fort fé¬
tide, liquide, subtile, gluante, et de
diuerses couleurs : ce que déclarerons
aussi.
12. Signe. Il y en a d’autres qui ont
l’appetit deprauè , ou du tout perdu,
tellement qu’on en a veu qui ont de¬
meuré trois ou quatre ioürs sans
manger : ce qui procédé d’Vne dou¬
leur mordante et poignante qui est
1 Ceci est le texte de 15765 TédilioH pri-
rnilive portait: iaçoü qu’ils soyeni vUiea el
enuichei de ce venin.
LË VINGT'QVATËIlîlVIË LIVRE,
enl’estomach, laquelle promeut des |
vapeurs veneneuses enuoyées à ice-
luy. ^ ..
Et pour le dire en vu mot, on voit
en ceste pernicieuse peste vne grande
bande et multitude de plusieurs es¬
peces de symptômes et accidens con¬
fus sourdre iournelleraent , qui se
font selon la pourriture et alteration
de l’air, et la cacochymie et mauuaise
température de ceux qui en sont
frappés. Parquoy faut bien icy noter
que tous ces signes et accidens ne se
trouuent pas loUsiours en vne fois,
ny en toutes personnes, mais à au¬
cuns s’en apperçoiuent plusieurs, à
autres peu, voire à grande peine voit-
on deux hommes , infectés de ceste
contagion, auoir semblables acci¬
dens ; et qui plus est, il y a aucuns à
qui ils apparoissent subit et dés le
commencement, et les autres plus
tard. Et de tous ces signes, il y en a
qui sont totalement mortels, autres
moins mauuais, et d’autres ambigus.
CHAPITRE XV.
DES SIGNES MORTELS DE LA PESTE.
Les signes mortels, et qui demons-
trent le cœur estre saisi, sont fiéures
très ardentes et continues , la langue
aride et seiche, de couleur noire, et
quand les malades ont grande diffi¬
culté d’inspirer, tellement qu’ils ont
plus de peine à attirer l’air qu’à le
rendre : qui se fait pour la vehemente
chaleur qu’ils ont au corps : et ont
vne soif si grande qu’on ne la peut
esteindre.
Autres ont veilles continuelles ,
dont s’ensuit resuerie et alienation
d’esprit, et sonnent meurent comme
furieux et enragés. Aucuns ont vne
contraction ou commision de tous les
membres, défaillances frequentes de
cœur, accompagnées de hocquets, et
tombent souuent en syncope.
Autres ont vne palpitation ou trem¬
blement de cœur, qui est vn mouue-
ment manifeste de la vertu expul-
trice qui s’efforce de repousser le
venin, qui luy est du tout contraire
et mortel. Le pouls pareillement se
meut hasliuement et excessiuement
sans mesure, qui monstre que la fa¬
culté vitale est grandement enflam¬
mée, et alors les malades sont en
grande agitation et inquiétude, c’est
à dire se remuent çà et là, sans qu’ils
se puissent tenir à recoy et en re¬
pos : et ont appétit continuel de vo¬
mir, qui prouient de la vénénosité de
la matière, laquelle se communique
au cœur et à l’orifice de l'estomach :
et le vomissement est puant et de
matière verde, comme jus de por¬
reaux, et quelquesfois de couleur
noire ou rouge : aussi aucunesfois
est de sang tout pur, comme nous
auons dit, et ont sueur froide , la
face liuide, hideuse et noire, et le re¬
gard esgaré. Ils ont semblablement
grand tressaillement, frémissement et
aiguillonnement entre cuir et chair,
baaillement et estendue des mem¬
bres, tournans les yeux en la teste,
et parlent enroüé et bégayent, voire
quelquesfois dés les premiers iours ,
et ne ratiocinent pas, et quand on
parle à eux, ils ne respondent à pro¬
pos. Ils ont la langue fort aride et
seiche, liuide ou noire, qui se fait des
exhalations putrides qui l’eschauffent
et desseichent, leur causant des es-
corcheures en la bouche.
Outre plus, aucuns ont les vrines
liuides ou noires, et troublées, comme
grosse lexiuc, et y voit on des nuées
DË LA PESTR.
liuîdes et de diuerses couleurs, comme |
verdoyante, plombée ou noire, qui *
est vn vray signe mortel. Aussi quand
on voit vn cercle par dessus, comme
graisse, ou toiles d’araignées ietlées les
vnessurles autres.
Si les malades ont charbons, et la
chair d’iceux est noire et seiche ,
comme vne chair bruslée, et les par¬
ties prochaines liuides , les bosses,
charbons et taches retournans au de¬
dans et n’apparoissans plus au de¬
hors : flux de ventre cholérique, qui
ne donne aucun allégement au ma¬
lade , fort fetide , liquide , subtil ,
gluant, et dediuerse couleur, comme
noire, verdoyante, ressemblante à
verd de gris , et de tres-mauuaise
odeur, auec grande quantité de vers,
qui dénoté grande corruption et
pourriture aux humeurs : s’ils ont vn
esbloüissement qui vient par l’imbé¬
cillité et defaut des esprits, et de
toute l’œconomie de Nature qui ja
commence à chancelier : si la chaleur
naturelle, se retirant au dehors,
fuyant ce venin, esmeut vne sueur
fort puante , et les yeux du malade
s’enfoncent pour l’absence de ladite
chaleur, accompagnée du sang et
esprits : si le bout du nez est retors
auec vn ris sardonic, c’est à dire vn
ris forcé, qui se fait pour la retraction
des libres disséminées aux muscles
de la face, desseichés par l’absence
du sang et de l’esprit animal : si aussi
les ongles noircissent, comme appro-
chans d’vne mortifleation : puis sur-
uierinent sanglots et conuulsion vni-
uerselle pour la resolution des nerfs,
si qu’en fin la panure chaleur natu¬
relle demeurant suffoquée et estein-
te, indubitablement la mort s’ensuit,
En tous ces signes ne faut saigner,
mais bailler choses cordiales aux ma¬
lades, et les recommander à Dieu.
385
Neantmoins le prie les Chirurgiens de
non laisser et abandonner les pan¬
ures malades, encores qu’ils eussent
tous ces signes mortels, mais tous-
iours s’efforcer à faire ce que l’art
commande : car Nature fait qnel-
quesfois choses merueilleuses contre
Topinion des Médecins et Chirur¬
giens, ainsi que i’ay demonstré cy
dessus en mon liure des Play es de
harquebuses.
Or pour conclusion, la diuersité de
ces accidens vient pour la diuersité du
venin, et des temperamens, et de l’air
ambiens : et tant plus on trouuera
des signes et accidens susdits, tant
plus les panures pestiférés sont pro¬
ches de la mort : mais si vn ou deux
apparoissent seulement, il n’est pas
necessaire qu’ils meurent :ioint aussi
que plusieurs de ces signes sont com¬
muns à d’autres maladies.
CHAPITRE XVI.
DES SIGNES PAR LESQVELS ON PEVT
CONNOISTRE QVE LE MALADE EST IN¬
FECTÉ DE LA PESTE VENANT DV VICE
DE l’air, et non des HVMEVRS.
Encores que nous ayons amplement
déclaré les signes de la peste pré¬
sente, si est-ce que considerans qu’il y
a deux sortes de peste, pour la diuer¬
sité des causes : l’vne prouenante du
vice de l’air, l’autre de la corruption
des humeurs, nous auons bien voulu
spécifier les signes qui sont propres à
l’vne et à l’autre, commençans par
celle qui vient du vice de l’air.
Donc les signes par lesquels on la
pourra connoistre sont tels , à sça-
uoir, qu’elle est plus maligne et con¬
tagieuse , et les hommes meurent en
20
III.
386
LE VINGT'QVATRIEME LIVRE ,
plus grand nombre et plus subite¬
ment : car plusieurs faisans leurs ac¬
tions accoustumées, se pourmenans
par les temples et rues sans aucune
contagion apparente, meurent en pou
d’heures, voire promptement, sans
sentir auparauant aucune douleur :
par ce que l’air , corrompu par sa vi¬
rulence , gaste promptement les es¬
prits, et suffo jue le cœur d’vn feu ca¬
ché. D’auantage, les malades ne sont
si tourmentés d’inquietude, et ne se
iettent point çà et là, pour ce que la
force naturelle est du tout prosternée
et abbatue : et partant ils ont conti¬
nuelle défaillance de cœur , et à plu¬
sieurs ne suruiennent bubons ou au
trespustules, ny aucun flux de ventre,
à cause que le venin pestiféré abbat
tellement les forces et le cœur, qu’ils
ne peuuent chasser d’eux aucune
chose nuisible, qui est cause de la
mort ainsi subi.e. Leur vrine est sem¬
blable à la naturelle, parce qu’il n’y
a point de vice aux humeurs, d’au¬
tant que les vrines demonstrent cer¬
tainement le vice qui est aux hu¬
meurs, comme il a esté déclaré ey
douant.
CHAPITRE XVII.
SIGNES QVE LE MALADE EST INFECTÉ DE
LA PESTE PROVENANT DE LA COBRYP-
TIQN DES «VMEVBS.
Nous auouspar cy deuant déclaré
les causes de la corruptiou des hu¬
meurs de nostre corps , laquelle se
fait comme d’vne trop grande pléni¬
tude, ou par obstruction des vaisseaux
des viscères ou entrailles, causée par
humeurs espais et visqueux, ou par
intemperature ou malignité de ma¬
tière, toutes lesquelles choses se font
par la mauuaise maniéré de viure ; il
faut maintenant déclarer les signes
par lesquels on peut connoistre vn
chacun humeur dominant estre in¬
fecté et corrompu, à tin de contrarier
à iceluy.
Quand donc on verra la couleur de
tout le corps estre plus iaune que de
coustume , cela demonstre que le
corps abonde en cholere : si elle est
plus liuide et noire, en melancholie : si
elle est plus blanche, en pituite ou
pUlegme : et si elle est plus rouge, et
les veines sont fort enflées, il abonde
en sang : aussi les apostemes et pus¬
tules tiennent semblablement la cou¬
leur de l’humeur qui cause icelles;
pareillement les excreraens, comme
vomissemens, les selles et vrines.
Aussi si le malade est fort assoupi et
endormi, cela demonstre la pituite :
au contraire, s’il a veilles, demonstre
la cholere. Semblablement la nature
de la fiéure demonstre l’humeur qui
abonde : car la tiéure tierce demons¬
tre la cholere , la quarte la melan-
cbolie, la quotidiane la pituite, la
continue le sang. Le temps le demons¬
tre pareillement : car au printemps
le corps accumule plus de sang , en
esté de la cholere; en automne la
melancholie, enhyuerla pituite do¬
mine, Après s’ensuit le pays, lequel
s’il est temperé, le sang abonde : s’il
est chaud et sec, la cholere : s’il est
froid et humide, la piluiie. D’auanta¬
ge, l’aage le demonstre : caries ieunes
abondent plus en sang, et les vieux
en pblegme. Finalement l’art et ma¬
niéré de viure : car ceux qui cuisent
les métaux, et fabriquent ouurages
métalliques, comme mareschaux, ser¬
ruriers, orléures, afflneurs, fondeurs
do lettres, abondent plus en cholere:
lessedüwtaiies, estudians,el pescbeurs,
DE LA PESTE.
en pituite. Voila les obserualions
qu’on doit auoir pour connoistre vn
chacun humeur dominant en noslre
corps, à fin de le purger quand il en
sera besoin. Or pour desboucher les
orifices des vaisseaux, tant du foye,
que de la rate et des reins, les medi-
camens doiuent auoir faculté et puis¬
sance d’inciser, penetrer, atténuer, et
deterger : ce que ie laisse à faire à
messieurs les médecins. Et faut icy
noter , que communément les hu¬
meurs se pourrissent en temps de
peste, dont se font non seulement des
fleures continues, mais aussi des in¬
termittentes, c’est à dire qui laissent
le malade vn iour ou deux , plus ou
moins, sans fleure, puis l’assaillent
de rechef, comme font les fleures
tierces et quartes : ce qui se fait selon
la diuersité de la pourriture de l’hu¬
meur dont elles sont faites, comme
nous auons dit par cy deuant.
Pareillement on les peut connoistre
par les accidens : comme si la peste
est en l’humeur cholérique, elle oecit
la plus grande part des hommes, et
meurent promptement : et ont vomis-
semensassiduels de couleur iaunastre
et flux de ventre, auec extremes dou¬
leurs et dcsîr perpétuel d’aller à la
selle, parce que la cholere pique et
vlcere les boyaux: aussi ont vne inap¬
pétence, et tout ce qu’ils boiuent et
mangent leur semble amer. S’ils ont
quelques éruptions ou tumeurs con¬
tre nature, elles sont trouuées auec
peu d’enfleure, et de couleur citrine.
Quand elle est aux grosses humeurs,
et au sang adusle , elle occit plus
tard , et les malades ont grandes
sueurs, flux de ventre de diuerses
couleurs, et principalement sangui¬
nolentes, et ietlent souuenl le sang
pur : ils ont communément bubons
et charbons , ou éruptions par fout
387
le corps , auec grandes tumeurs en¬
flammées, fléures continues et délires,
et l'haleine puante. Lors qu’elle est
à l’humeur piluiteux, ils ont lassi¬
tudes de tous les membres , et tout le
corps bien fort appesanti, et sont
grandement endormis et assoupis, et
à leur resueil ont un tremblement
vniuersel de tout le corps , qui se fait
pour l’obstruction des conduits clos
aux esprits ; et s’il y a quelques bu¬
bons, charbons ou éruptions, elles
sont laxes et de couleur blanchastre,
et difficiles à suppurer. Et quand
l’humeur melancholique en est vicié,
les malades sont fort attristés, ayans
grande pesanteur et douleur de teste,
et ont le pouls petit et profond , et la
couleur de leur aposteme , voire de
tout le corps , plombée et noire ; car
chacun humeur donne sa couleur au
cuir. Or qui deraonstre encore les
humeurs estre corrompus, c’est que
les vrines des malades sont troublées
et semblables à celles des iumens :
aussi quelquesfois sont veuës noires
auec vn cercle verdoyant, qui signifie
grande pourriture estre aux hu¬
meurs;: car il est impossible que les
humeurs puissent estre corrompus,
que les vrines ne le soient. Aucuns
ont grande soif, les autres nulle,
parce que la pituite putride abonde à
l’orifice de reslomach , etluy change
son tempérament, et le rend languide
auec inappétence. Semblablement au¬
cuns ont fiéure grandement ardente ,
et se disent brusler au dedans : ce
neantmoins les parties extérieures
sont trouuées quelquesfois fort froi¬
des.
Que si la peste prouient du vice
de l’air, et des humeurs compliqués,
comme ils sont le plus souuent, on
ne les peut bien distinguer, et les si¬
gnes sont fort confondus ensemble.
383 LE VINGT-QVATIIIÉME LIVRÉ*
_ - - Quelquesfois aussi les accidens se
relaschent , et semble que le malade
/-TI AT)TT'T)U' YVITT se doiue bien porter, faisant bonne
CHAPITRE XVlll. ^ des da-
DV PROGNOsnc. moiselles de la Royne, nommée la
Mare , le Roy estant au chasteau de
Prognostiquer est prédire les cho- Roussillon : laquelle fut frappée de
ses à aduenir , qui se fait par la con- ceste peste, ayant vn bubon en l’aine,
noissance de la maladie et de ses ac- qui s’en retourna au dedans, et letroi-
cidens , et principalement de la tem- siéme iour disoit ne sentir aucun mal,
perature et dignité de la partie forsqu'vnedifficultéd’vriner (à cause
malade et action d’icelle ; par quoy de l inflammalion qui occupoit les
pour ce faire , sera bien necessaire parties dediées à l’vrine) se pourme-
que le Chirurgien aye connoissance nant par la chambre , auec bonne
de l’anatomie , et aye veu plusieurs ratiocination : toutesfois ce iour mes-
malades : car ainsi, faisant bon pro- me rendit l’esprit à Dieu : qui fut
gnostic , et déduisant bien aux pa- cause de nous faire promptement dé¬
pens et amis du malade les accidens busquer dudit lieu.
Prognostiquer est prédire les cho¬
ses à aduenir , qui se fait par la con¬
noissance de la maladie et de ses ac¬
cidens, et principalement de la tem-
qui peuuent aduenir en la maladie,
acquerra honneur et profit.
Et partant les Médecins et Chirur¬
giens sont le plus souuent deceus en
Toutesfois quant à la peste , nous telle maladie : car aucuns meurent
disons qu’il n’y a point de iugement plus tost, les autres plus tard, selon
certain de la vie , ou de la mort : car
ceste détestable , abominable et trais-
tresse maladie a ses mouuemens par
interualles inégaux et incertains, et
est quelquesfois tant hastiue et fal-
lace, qu’elle tue l’homme sans qu’on
que le venin est violent et fort : et
pour le dire en vn mot , en ceste ma¬
ladie il n’y a point d’heure, de iour,
ny de temps preflx.
Outre-plus, on voit par expérience
que gens de toute nature, sexe, et di-
y puisse prendre garde: ce qui aduient uerses complexions, soient enfans,
à aucuns en dix , quinze , ou vingt adolesceus ou hommes en aage , con-
quatre heures , ou beaucoup moins, sistans , foibles ou robustes , ieunes
Et tel venin est quelquesfois si vio- ou vieux, yurongnes , crapuleux , et
lent, qu’incontinent qu’on reçoit le ceux qui font abstinence en leur viure,
soufflement ou haleine du pestiféré , tant oiseux que ceux qui trauaillent ,
on voit subit s’esleuer pustules et richesoupauures,Roys,Roynes,Prin-
ampoullesau cuir, auec douleur acre,
comme si on estoit mords d’vne
ces. Princesses, Papes et Cardinaux*,
sont tous suiets à estre pris de la
mousche à miel. Et par la violence peste. Neantmoins on voit que les
de ce venin si prompte et subite, ceux ieunes cholériques et sanguins , qui
qui sont frappés sont plustost morts sont de tempérament chaud et humi-
qu ils n ont pensé à mourir; et mesme de, y sont plus suiets que les vieux qui
en beuuant , mangeant et vacquant à sont de température froide et seiche ,
leurs affaires, tombent morts en che- pour ce que leur sang ne s’enflamme
minant par les rues et temples, ce pas si tost : aussi que l’humidité d’i-
qu’auons veu nagueres le Roy estant
Le pape Pelagius mourut de peste. — A. P.
DE L4 EESTE.
ceux , dont s’engendre la corruption,
est exhalée et aucunement consumée.
Mais les huT.neurs des ieunes se cor¬
rompent pour legere occasion, et par
conséquent reçoiuent la vapeur vene-
neuse , laquelle facilement est attirée
et pénétré au centre du corps, qui
est de telle température chaude et
humide , et partant disposée à rece-
uoir inflammation et pourriture : à
cause qu’ils ont les veines et arteres
plus larges , et par conséquent tous
les conduits du corps, dont il aduient
que l’air pestilent trouuant les pores
ouuerts, entre dedans plus facile¬
ment auecques l’air attiré par le con¬
tinuel mouuement des arteres.
D’auantage la peste venant de l’air
prend plustost les ieunes que les
vieux , parce qu’ils ont les pores plus
ouuerts que n’ont les vieux. Pareille¬
ment ceux qui sont hors des maisons
sont alors plustost espris que ceux
qui demeurent dedans. Et quand la
peste vient de la corruption des hu¬
meurs, elle n’est pas tant contagieuse
que celle qui vient du vice de l’air :
mais les pituiteux, melancholiques,
et gens aagés sont en plus grand
danger de mort , lors qu’ils sont frap¬
pés d’iceluy venin venant de cause
corporelle, parce qu’il ne se peut
bien exhaler et sortir hors , à cause
de ta closture ou condensation de
leurs conduits ou pores du cuir. Aussi
ceux qui sont cacochymes et remplis
d’humeurs vicieux sont plus prompts
et disposés à en estre infectés , et en
plus grand danger que ceux qui sont
de bonne température : tout ainsi
qu’vn fagot sec est plustost allumé du
feu et bruslé qu’vn verd, ainsi sont-ils
préparés, de mesme façon que le
soulphre est préparé à prendre le feu.
Et par ainsi on voit communément ,
qu’en temps de peste , nulles ou peu
389
d’autres maladies apparoissent , d’au
tant qu’elles se tournent facilement
en icelle : et lorsqu'elles commencent
à regner, la peste aussi commence à
cesser.
Donc comme vn homme cacochyme
est plus disposé à estre frappé de
peste , aussi au contraire vn homme
bientemperé difficilement en peut es¬
tre frappé. Car combien que le feu
soit violent , neantmoins il demeure
amorti et vaincu quand il ne trouue
contre quoy agir. Semblablement vn
corps bien sain et nettoyé de mau-
uaises humeurs, bien tard et à grande
peine est malade de ceste peste : et
où il en seroit espris, elle ne pourroit
luy faire telle nuisance comme aux
autres qui sont remplis de mauuaises
humeurs : toutesfois on obserue que
ceux qui ont fiéure quarte et chancres
vlcerés, aussi les punais, ladres, ve-
rollés , escroüelleux , teigneux , et
ceux qui ont fistules et vlceres ca¬
rieuses coulantes , ne sont fort su-
iels à prendre la peste : parce qu’ils
ne sont seulement cacochymes, mais
à demy pourris : et leur cacochymie
ne permet souuent la peste entrer en
leur corps, quasi comme si elle leur
estoit vn alexitere contre le venin
pestiféré. Les femmes enceintes sont
fort suiettes à estre prises delà peste,
à cause de la grande abondance d’hu¬
meurs superflus et corruptibles qui
abondent en elles pour le defaut de
leurs purgations, ioint aussi qu’elles
ont tous leurs conduits fort ouuerts :
et quand elles sont frappées de ceste
maladie et font leurs enfans, elles
meurent presque toutes, dequoyl’ex-
perience fait foy. Aussi les filles aus-
quelles le flux menstruel commence
à fluer, sont fort suiettes à prendre
ce venin , comme aussi les petits en-
fans, parce qu’ils sont lanuleux, c’est
3C)0 LE VINGT-QVATRIEME LIVRE ,
à dire mois et tendres et de rare tex¬
ture, loin t qu’ils viuent desreglé-
ment. Le menu peuple souffreteux ,
et qui habitent és maisons ordes , et
qui en tous temps viuent ordement,
et qui ne changent point d habits,
d’autant qu’ils approchent plus prés
de la putréfaction , s’acquierent vne
disposition et conformité grande à la
peste, et partant sont plustost assaillis
que ceux qui viuent au contraire L
Outre-plus , ceux qui en ceste ma¬
ladie ont sommeil profond, meu¬
rent quasi tous, à cause de la crassi-
tude des vapeurs qui montent au cer-
ueau, lesquelles Nature ne peut
vaincre. Aussi ceux qui ont la respi¬
ration fort puante outre leur cous-
tume, meurent tous : pource que la
pourriture est du tout confirmée en
la substance du cœur et aux poul-
mons.
Or plusieurs meurent subitement
de la peste, à cause que le venin sai¬
sit le cœur et inslrumensquiseruènt
à l’inspiralion et expiration, lesquels
estans serrés et comprimés à cause
de l’inflammation qui est aux poul-
mons, au diaphrag:me et aux muscles
du larynx, fait que lepauure malade
est subit estranglé et suffoqué par
faute de respiration.
Aussi si les bosses, charbons, ou
pustules et éruptions, qu’on appelle
pourpre, qui viennent à la superficie
du cuir, sont de couleur noire, ou
verte, ou violette, ou liuide , peu en
reschappent, parce qu’ils demons-
trent mortification de la chaleur na¬
turelle.
Quand le bubon apparoist premier
que la üéure, c’est bon signe : car il
demoustre que le venin est moins fu-
> Cette dernière phrase est une addition
de m&,
rieux, et que Nature a esté malstresse
et qti’elle a eu victoire, l’ayant ietté
et chassé hors : au contraire, s’il ap¬
paroist après là fiéure, cela vient de
l’impétuosité du venin , lequel do¬
mine ; partant est vn signe pernicieux
et le plus souuent mortel , qui de-
monstre Nature eslre gaignée et ab-
batue.
D’abondant, au decours de la lune,
les malades meurent plustost, oU
pour le moins leur mal et accidens
s’augmentent, parce que les vertus
sont plus debiles , iolnt aussi que les
humidités de notre corps abondent
d’auantage ‘. Or que les vertus de
nostre corps soient plus debiles au
decours de la lune, la cause est que
la vigueur des facultés consiste en
chaleur : or est-il qu’au decours de la
lune les corps sont plus froids et hu¬
mides, pour la défectuosité de la lune
qui est la cause pourquoy sur la fl
du mois les femmes ont reglément
leur flux : car lors le sang estant plus
humide, est plus prompt à couler, et
nostre chaleur estant moindre ne
peut retenir vn tel cours, comme elle
souloil estant fortifiée et guidée de la
vertu de la lune, qui a plus de lu¬
mière, et par conséquent de chaleur,
estant pleine, qu’en decours : comme
Ires-bien dit Aristote , liure 7 de His-
toria animalium, chap.2.
Aussi faut noter que si l’air pesti¬
féré est subtil comme bize,ll est plus
dangereux et contagieux, et lue plus-
lost que lors qu’il est gros et nubi-
leux. Qu’il soit vray, lorsque la peste
est en ceste ville de Paris, elle n’est si
dangereuse que lors qu’elle est en
Prouence et en Gascogne ; qui se fait
à cause que l’air de ceste ville est plus
‘ Là s’arrête ce paragraphe dans l’édition
primitive; le reste est de 1575.
DE LA.
gros et nubileux : et est tel , tant à
raison delà silualion, que de la grande
multitude du peuple, et excreraens
des besles, boucheries, cuisines , la¬
trines et autres causes , qui font esle-
uer plusieurs grosses vapeurs , les¬
quelles estant attirées des poulmons,
ne permettent que Tair pestiféré en¬
tre si legerement au profond de nos-
tre corps.
Outre les causes de mort cy dessus
alléguées, nous voyons plusieurs per¬
sonnes mourir par faute d’estre
promptement secourus , parce qu’il
y en a bien peu qui veulent prendre
conseil de bonne heure , et parauant
que le venin ait saisi le cœur, et que
plusieurs accidens ne leur soient desia
suruenus. Or le cœur estant saisi,
alors il y a peu d’esperance de santé,
ce que toutesfois on attend ordinai¬
rement : d’autant qu’il est tres-diffl-
cile de counoistre la peste dés le com¬
mencement, parce que les accidens
ne sont pas touioUrs semblables,
comme nous auons desia dit : parquoy
plusieurs Médecins et Chirurgiens y
sont abusés, tant experts puissent-ils
estre : dont ne se faut esmerueiller si
le prognostic de ceste maladie ne
peut estre certain, Qui plus est, elle
est si détestable et espouuentable
qu’aucuns de la seule appréhension
meurent, parce que la vertu imagi-
naliue ou fantasie a si grande sei¬
gneurie en nous (ainsi que i’ay escrit
en mon liure de l’Anatomie du corps
humain) que le corps naturellement
luy obéît en plusieurs et diuerses sor¬
tes, lors qu’elle est fermement arres-
tée en quelque imagination. Donc
en crainte et peur, beaucotip de sang
se retire au cœur, qui estoulfe et suf¬
foque du tout la chaleur naturelle et
les esprits, la rendant plus foible pour
résister au venin, dont la mort s’en-
PESTE. 3g 1
suit : au contraire , il adulent quel-
quesfois que ceux qui fréquentent or¬
dinairement les pestiférés n’en re-
çoiuent aucun mal, parce qu’ils
n’apprehendent rien.
Pour conclusion , on voit commu¬
nément que tous ceux qui en sont
frappés ne meurent pas, combien
qu’ils n’ayent receu grands secours ,
et ceux qui vsent de bons antidotes,
ou choses contrariantes à tel venin,
ne laissent souuent à estre pris et
mourir. Bref quand on en reschappe,
on peut bien dire que c’est vne chose
plus diuine que humaine, veu qu’on
est souuent incertain de la cause :
partant deuons estimer que telle
chose est faite par la volonté de
Dieu, auquel quand il plaist faire
sonner sa trompette pour nous appel-
1er, on ne la peut aucunement euiter
par artifice humain.
CHAPITRE XIX.
COMMENT SE fait LA FIÈVRE PESTI¬
LENTIELLE.
Deuant que venir à la curation de
ceste maladie pestilentielle, il nous
conuîent premièrement déclarer com¬
ment se fait la fiéure en icelle. C’est
que quand la personne a attiré cest
air pesiilentpar inspiration faite par
le nez et la bouche, au moyen de
l’attraction que font les poulmons et
autres parties xlediées à ce faire, et
aussi vniuersellement par les pores
et petits trous du cuir, et cauités des
arleres et veines qui sont disséminées
par iceluy : lequel air estant attiré et
conduit en toute la masse sanguinaire
et aux humeurs qui sont plus aptes
à receuoir tel venin , les conuertit en
LE VINGf -QVATniiME LIVRE
39-2
sa qualité veneneuse : et comme
si c’estoit chaux viiie sur laquelle
on iettast de l’eau , s’esleue vne
vapeur putride, qui est communi¬
quée aux parties nobles, et princi¬
palement au cœur, sang et esprit,
lequel bouillonne dedans ses ventri¬
cules, dont se fait vne ébullition ap-
pellée fleure, qui est communiquée
par tout le corps par le moyen des
arteres, voire iiisques en la substance
des parties les plus solides, qui sont
les os , les escbauffant si fort comme
s’ils brusloient, faisant diuerses alti-
rations selon la diuerse température
des corps, et nature de l’humeur oû
ladite fléure est fondée : et lors se fait
vn combat entre le venin et Nature,
laquelle si elle est plus forte, par sa
vertu expultrice le chasse loin des
parties nobles , et cause par dehors
sueurs, vomissemens, flux de sang,
apostemes aux emonctoires , char¬
bons, ou autres pustules et éruptions
par tout le corps : aussi flux de ventre,
flux d’vfine, euacuations par insensi¬
ble transpiration , et autres que dé¬
clarerons cy après. Au contraire , si
le venin est plus fort que la vertu
expultrice. Nature demeure vaincue,
et par conséquent la mort s’ensuit.
Or pour connoistre que la fléure
est pestilentielle, c'est que dés le pre¬
mier iour qu’elle commence, les
forces sont prosternées et abbatues
sans aucune cause qui ait précédé
auparauant ‘ : car sans grande eua-
cuation faite , les panures malades
sont tant debiles et affoiblis , qu’on
estimeroit qu’ils auroient esté vexés
de quelque grande maladie : et plu¬
sieurs sentent mordication à l’oriflce
de l’estomach , et grande palpitation
de cœur, et ont sommeil profond , et
1 Rondelet en sa pratique, — A. P.
les sens de l’entendement hébétés*
Ils sentent aussi grande chaleur au
dedans de leurs corps , et les parties
extérieures sont trouuées froides , de
façon que ceux qui ne sont expéri¬
mentés en telle maladie sont facile¬
ment deceus , estimans qu’il n’y ait
nulle fléure , pource que le pouls et
vrines des malades ne sont gueres
changés : et toutesfois ils ont grande
inquiétude et difficulté de respirer, et
ont leurs excremens fort fetides et
autres griefs accidens , et le plus sou¬
vent le troisième iour ont resueries
et grand flux de ventre et vomisse¬
mens, auec vne extreme soif, et
n’ont point d’ appétit. Partant il faut
prendregarde qu’aucuns de ces signes
sont tousiours presens, et les autres
viennent lors qu’il y a quelque partie
offensée ; comme s’il y a difficulté de
respirer , cela demonstre que les
parties pectorales sont offensées , et
quand le déliré vient, cela signifie
qu’il a vice au diaphragme et au
cerueau, qui se fait quand la matière
du charbon se putréfié prés ■ d’icelles
parties, ou en icelles mesmes. Or en
toutes ces choses l’imbécillité des
forces est commune , et les affections
du cœur pareillement , veu que ce
venin pestiféré est contraire à nostre
nature, et qu’il infecte principale¬
ment le cœur, fontaine de vie.
Et combien que ceste fléure sur¬
passe en malignité les autres qui ne
participent point du venin pestiféré, si
est-ce qu’elle est aussi diuerse comme
icelles : car quelquesfois^elle est tierce,
autresfois quarte, autresfois quoti-
diane , selon la diuersité de l’humeur
qui est principalement affecté ; ce
qu’on connoist par les inlerualles ,
c’est-à-dire , l’espace interposé entre
les accès. Pareillement elle est dite
simple , quand la qualité veneneuse
DË LA. PESTE.
consiste seulement en l’esprit vital,
et que les humeurs ne sont encore
corrompus. Elle est dicte composée
ou compliquée, quand ladite qualité
est fourrée és esprits et aux hu¬
meurs, en toute la substance du
corps , auec charbons , bosses et
pourpre *. Aussi il y a d’autres diffé¬
rences et diuersité d’icelles, qui se
connoissent par les vrines, excre-
mens, habitude vniuerselle du corps,
température d’iceluy : aussi par les
accès , la chaleur, le pouls et autres.
Donc selon que la fiéure tiendra la
nature de tierce, quarte, quotidiane,
ou continue, faudra diuersifier les
remedes pour la curation d’icelle : ce
que ie laisse à messieurs les Mé¬
decins.
CHAPITRE XX. '
COMMENT LE MALADE SE DOIT KETIBER
DV LIEV INFECT, SVBIT QV’iL SE SENT
FRAPPÉ DE PESTE.
Ayant amplement descrit la peste ,
et tous ses signes et accidens , et la
maniéré de s’en preseruer, il faut
maintenant traiter de la curation.
En laquelle il faut auoir esgard sur
toutes choses, de prendre inconti¬
nent quelque alexitere pour contra¬
rier au venin : mais pour l’ordre de
démonstration et enseignement, nous
déclarerons premièrement la cure
vniuerselle, commençant par le lieu
auquel celuy qui se sent frappé doit
habiter.
i Cette distinction de la fièvre en simple,
composée ou compliquée, manque dans les
premières éditions; elle a été intercalée ici
en 158Ô.
393
Et partant , il est bon que le ma¬
lade se retiré subit en quelque lieu
prochain , où l’air soit bien sain , et
faut auoir cela en singulière recom¬
mandation: car en cegist vne grande
partie de la cure , parce que l’air est
vne des choses premières et plus ne¬
cessaires pour la conseruation de
nostre vie : veu que vueillons ou non,
et en quelque lieu que ce soit, il nous
conuient l’attirer au dedans du corps,
et le ietter au dehors par le moyen
des poulmons et imperceptibles ou-
uertures des petites arteres qui
sont disséminées en nostre cuir, et
delà se communiquent aux grandes
arteres , lesquelles l’enuoyent au
cœur fontaine de vie : et derechef ice-
luy le distribue par tout le corps,
quasi de mesme façon que ceste por¬
tion d’air qui entre par les narilles,
est promptement espandue par la sub¬
stance du cerueau.Et pour cestecause,
il est tres-necessaire eslire vn bon air
au malade, contrariant à la cause de
la peste , à fin que plustost et plus
seurement il soit garanti.
CHAPITRE XXI.
DE LA SITVATION ET HABITATION DE LA
MAISON DV MALADE DE PESTE , ET
MOYEN d’y rectifier l’aIR.
Quand la peste vient de l’in tempe-
rature de l’air , on ne se doit tenir en
lieu haut esleué, mais en bas lieu, en-
uironné d’air froid, espais etmaresca-
geux, et se tenir caché dans les mai¬
sons : et partant ceux qui sont
prisonniers, et les moines et nonnains
enfermés en leurs cachots et couuens,
sont plus seurement, et hors de la
portée du canon pestiféré, que ceux
3q4 le vingt-qvatrieme livre,
qui habitent en autre lieu. Toutesfois
il ne se faut tenir tant enfermé, qu’on
n’ouure quelquesfois les portes et fe-
nestres au vent contraire à celuy d’où
vient l’air pestilent , à fin que l’air
frais et bon y entre le matin et le soir,
pour purifier la maison des exhala¬
tions et vapeurs qui y sont retenues,
et le corrompent d’auantage s’il n’est
esuenlé et flabellé : et sur le midy
seront closes et fermées. Outre-plus
lors qu’il ne fait vent, comme on voit
aux grandes chaleurs, il faut esmou-
uoir l’air autour du malade auecques
vn esuentoir , ou auec vn grand sac
dé toile dans lequel on porte la fa¬
rine au moulin. Et faut qu’il soit
trempé en eau et vinaigre, et posé sur
vn gros et long baston , puis l’agiter
fort : car par ceste agitation on rend
vne très grande réfrigération par
toute la chambre, ainsi que l’expe-
rience le monstre.
Or si la peste vient du vice des va¬
peurs de la terre, on se logera és
lieux médiocrement hauts et bien
aérés : et pour le dire en vn mot,
on fera toutes choses qui peuuent
contrarier à l’intemperature de l’air
pestilent , de quelque cause que la
peste soit procréée.
Aussi conuient faire changer tous
les iours de chambre et linceux aux
malades , s'ils le peuuent commodé¬
ment faire : principalement quand
ils ont sué, de peur que les ordures
que Nature a iettées ne soient attirées
par les pores et arteres qui sont dis¬
séminées au cuir , qui succent et atti¬
rent l’air indifféremment, soit bon ou
mauuais. Semblablerneul faire du
feu en la chambre, principalement la
nuict, à fin de rendre l’air plus puri¬
fié des vapeurs nocturnes, et de l’ex¬
halation et expiration du malade, et
de ses excreniens. Parquoy il couchera
vne nuict en vne chambre , et l’autre
nuict en vne autre. En quoy on doit
auoir esgard à la disposition du temps :
car aux grandes et estremes chaleurs,
il n’y faut faire grand feu , de peur
d’augmenter la chaleur de l’air, ny
pareillement vser de parfums forts et
odiferans , parce que telles choses
augmentent la fléure et la douleur
de teste, d’autant qu’en tel temps nos-
tre chaleur naturelle est languide, et
les esprits et humeurs boüillent et
bruslent : parquoy il faut plustost
vser de choses qui rafraichissent, que
de celles qui eschauffent. Partant en
esté il faut arrouser la chambre d’eau
froide meslée en vinaigre, et y espan-
dre fueilles de vigne , qui auront
trempé en eau froide , cannes ou ro¬
seaux, aubespine, ioncs, fueilles et
fleurs de nénuphar , peuplier , ra¬
meaux de chesne, et leurs semblables :
lesquels seront renouuellés souuent,
comme aussi l’agitation de l’air auec
le sac cy deuant dite doit estre reiV
terée quand il en sera besoin. Pareil¬
lement on attachera autour du lict
du malade des linceux gros et neufs,
et non fort blancs (pource que la
blancheur dissipe la veuë et augmente
la douleur de leste), lesquels serui-
ront de custodes: et lés faut arrouser
souuentesfois d’eau et de vinaigre,
ou eau rose si le malade est riche.
On pourra tendre en la chambre plu-
sieurs linceux de toile neuue trempés
en oxycrat, qui lui seruiront de ta¬
pisserie. Et faut que le iour il soit en
peu de clarté, et au contraire la nuict
auec grande lumière, pource que par
la grande clarté du iour les esprits
se dissipent et affoiblissent, et par
conséquent tout le corps : et par la
lumière de la nuict ils sont reuoqués
au dehors.
Aussi on fera brusler par fols bois
DE LA. PESTE.
de genest , de genéure , fresne, et ta
marix, mis en petites pièces : escorces
d’orenges, citrons, limons, pelu¬
res de pommes de court -pendu,
doux de girofle, benioin, gomme ara¬
bique, racine d’iris, myrrhe, prenant
de chacun tant qu’on voudra. Et se¬
ront concassés grossement , et mix-
tionnés ensemble, et iettés sur vn
reschaut plein de braize, et ce soit
réitéré tant qu'il sera besoin : mais
entre tous , le bois et graine de gené¬
ure ont grande vertu contre le venin,
ainsi que les anciens ont laissé par
escrit, ce qu’on connoist aussi par
effect : car lors qu’on en brusle , ils
chassent tous serpens veneneux qui
sont autour. Le fresne a semblable¬
ment grande vertu : car nulle beste
veneneuse n’ose approcher seulement
de son ombre, tellemeni qu’vn animal
veneneux se mettra pluslost dedans
le feu, que d’approcher ou passer par
dessus le bois de fresne, comme
monstre Pline , et dit sçauoir par ex¬
périence, liure 16, chap. 13 L
Pareillement le parfum suiuant est
doux et amiable. Il faut faire fort
chauffer des pierres de graiz , et les ]
mettrededans des chauderons, puison
versera dessus du vinaigre auquel on
aura fait bouillir de la rue , sauge,
rosraarin, graine de laurier, genéure,
noix de cyprès et leurs semblables :
ce faisant il s’esleuera vne grosse va¬
peur et fumée, qui rectifiera l’air, et
donnera bonne odeur par toute la
chambre.
On pourra aussi vser d’autres en
autre façon , dont la matière pourra
eslre plus crasse et visqueuse , k lin
qu’en bruslant elle puisse rendre plus
1 La citation de Pline est de 1579j toute¬
fois le texte auquel elle se rapporte existait
déjà en 1668.
ScjS
grande fumée, comme sont ladanum,
myrrhe, mastic, résiné, terebenthlne,
styrax calamite, oliban , benioin , se¬
mences de laurier, genéure, pommes
de pin , doux de girofle : et peut-on
piler auec iceux de la sauge, rosma-
rin , mariolaine et leurs semblables ,
à fin qu’auec les gommes, la fumée et
vapeur dure plus long temps. On
pourra pareillement faire aux riches,
chandelles, torches et flambeaux,
meslant auec la cire des poudres de
senteurs composées des choses dessus
dites. On fera aussi sentir aux mala¬
des choses douces aromatiques , à fin
de corroborer l’esprit animal ; car la
bonne odeur recrée et conforte les
parties nobles ; au contraire la mau-
uaise prouoque le vômir et fait venir
défaillance de cœurL Donc ils pour¬
ront tenir en leurs mains vne esponge
trempée en eau rose , vinaigre rosat ,
doux de girofle , et vn bien peu de
camphre concassé, et l’odorer sou-
uent : ou faut vser de l’eau suiuante ,
laquelle est bien odoriférante et fort
singulière pour tel effet.
Ireos flor. 5 • fi'h
Zedoariæ, spicæ nardi anaS. vj.
Styracis calamilæ, benioin , cinnamomi,
nucis moscatæ, caryophyilorum ana
Theriacæ veteris § . fi .
Ces choses seront grossement pul-
uerisées, et trempées en quatre liures
de bon vin blanc par l’espace de
douze heures, dessus des cendres
chaudes , puis les ferez distiller en
alambic de verre. En ceste eau fau¬
dra tremper souuent vne esponge, la-
1 La-fln de celle phrase, depuis ces mots :
car la' bonne odeur, elc., manque dans les
premières éditions, et n’a élé «joutéc qu’en
1686.
LE VINGT-QVATRI^ME LIVRE
396
quelle sera mise en vn mouchoir , ou
en vne boette, et flairer souuent.
Autre.
Tf. Aquæ rosar. et acetl rosati ana ^ . iiij.
Caph. g.vj.
The. 3. ti.
Faites dissoudre le tout ensemble et
le mettez en vne phiole de verre, et le
faites sentir souuent au malade , ou
vne esponge ou mouchoir imbus en
ceste mixtion. Aussi on pourra à ceste
intention vser de ce noüet , lequel est
de bonne odeur et bien expérimenté:
Of. Rosar. p. ij. ]
Ireos Florentiæ § . fi ,
Calami aromatici, cinnamomi, caryo-
phyll. ana 3. ij.
Styracis calamilæ, benioin ana 3. j. fi.
Cyperi 3. fi.
Redigantur in puluerem crassiorem, et flat
nodulus inter duas syndones.
Ledit noüet doit estredela grosseur
d’vnesteuf, et le faut laisser tousiours
tremper en huit onces de bonne eau
rose, et deux onces de vinaigre rosat ;
et le baillerez souuent à odorer au
malade.
Nous deuons bien obseruer que,
selon la diuersité des temps, il faut
diuersifier les parfums : car en esté
ne faut vser de musc , ciuette , styrax
calamite, benioin, iris, ny pareilles
odeurs fortes, pour les causes que
nous auons dites cy dessus : mais en
hyuer, l'air estant froid et humide,
gros et nébuleux, on en peut vser.
D’auanlage il faut noter que les fem¬
mes sujettes à suffocation de la ma¬
trice, et les febricitans , et ceux qui
ont grande douleur de teste, ne doi-
uent vser de parfums et i)deurs fortes,
mais de doux et bénins , à fin qu’ils
ne leur puissent aucunement nuire :
partant ils pourront vser d’eau rose
et vinaigre, et bien peu de camphre,
et doux de girofle concassés.
CHAPITRE XXII.
DV REGIME ET MANIERE DE VIVRE DV
malade , ET PREMIEREMENT DV MAN¬
GER.
En ceste maladie pestilente la ma¬
niéré de viure doit estre réfrigérante
et desseichante , et ne faut tenir vne
diete fort ténue, mais au contraire
est necessaire que les malades se nour¬
rissent assez copieusement de bons
alimens : ce que plusieurs doctes Mé¬
decins approuuent, et tiennent que la
maniéré de viure ténue est domma¬
geable aux pestiférés , à cause de la
grande resolution d’esprits et débili¬
tation des forces naturelles qui est
faite par icelle maladie, et fait com¬
munément troubler le cerueau , ren¬
dant les malades frénétiques , ioint
aussi qu’ils syncopisent souuent. Pour
à quoy obuier , faut vser de grande
et subite réparation, par alimens de
bonne substance : ce que l’experience
nous a enseigné ; car ceux qui en
ceste maladie ont vsé d’vne maniéré
de viure assez ample , sont plustost
eschappés que les autres , aiisquels
on a fait tenir üiete ténue : et partant
on y prendra garde. D’auantage faut
euiler les viandes douces, humides,
crasses et visqueuses, et celles qui sont
fort ténues : parce que les douces
s’enflamment promptement , les hu¬
mides se pourrissent, les crasses et
visqueuses font obstruction, et pro-
uoquent les humeurs à pourriluie :
celles qui sont de ténue substance
sublilient trop les humeurs , et les es-
chaulfent et enflamment, et font esle-
t)Ê tA t‘ESl‘Ë.
üer vapeurs chaudes et acres aucer-
ueau , dont la fiéure et autres accidens
s’accroissent. Parquoy les viandes sa-
l(ies et cspicées , moustarde, ails , oi¬
gnons et semblables, et généralement
toutes choses qui engendrent mauuais
nourrissement ne sont propres. D’a-
uantage leslegumes seront pareille¬
ment euités, parce qu’ils sont ven¬
teux, et causent obstruction : toutes-
fois leur boüillon n’est à reietter,
parce qu’il est apéritif et diurétique.
On vsera doneques de la maniéré de
viure qui .s’ensuit.
Et premièrement le pain sera bien
leué et bien cuit, et vn peu salé, et de
bon froment, ou de meteil : et qu’il
ne soit trop rassis ne trop tendre,
mais moyen entre deux. On vsera de
chair qui engendre bon aliment et fa¬
cile à digerer, et laisse peu d’excre-
mens : comme sont ieunes moutons,
veaux. chéureaux,lapereaux, poulets,
hetoudeanx , perdreaux, pigeon¬
neaux, griues, aloüettes, cailles, mer¬
les, tourterelles, francolins, phaisans,
et generalement tous oiseaux sauua-
ges qu’on a accoustumé de manger,
excepté ceux qui viuent éseaux : tous
lesquels seront diuersifiés selon le
goust et la puissance de la bourse du
malade. Et faut que le malade mas ■
che fort ses viandes : pource que lors
qu’elles sont bien maschées, elles sont
à demy cuittes et préparées , et par
ainsi les vapeurs montent moins au
cerueau. La saulce d’icelles sera ver¬
jus, vinaigre, jus de limons , orenges,
citrons, grenades aigres, espine-vi-
nette, groseilles rouges et verdes,
jus d’ozeille champestre et domesti¬
que. Or toutes ces choses aceteuses
sont fort louées, parce qu’elles irri¬
tent l’appetit, et résistent à la cha¬
leur et ébullition de la üéurc putride,
et gardent que la viande ne se cor-
397
rompe en l’estomach : aussi contra¬
rient à la putréfaction du venin et
pourriture des humeurs; mais ceux
qui ont mauuais estomacb ou viceaux
poulinons, en vseront moins que les
autres, ou seront corrigées auec suc-
cre et canelle. El quelquesfois aussi
le malade pôurra bien manger quel¬
ques viandes boulines auec bonnes
herbes, comme laictue, pourpié, sca-
riole, bourrache, ozeille , houblon,
buglosse, cresson , pimprenelle, sou¬
cie , cerfueil , tormentille , quinte-
fueille, scabieuse, semences froides,
orge et auoine mondés , et leurs sem¬
blables, auec vn peu desaffran, qui
pareillement en tèlcas est souuerain,
d’autant qu’il corrige le venin.
Les potages ne sont à loüer, si ce
n’est en petite quantité, à cause de
leur grande humidité ( ausquels on
fera cuire racines et semences aperi-
tiues, lesquelles ont vertu de prouo-
quer l’vrine et desopiler) ny pareil¬
lement les choses grasses et oléagi¬
neuses, parce qu’elles s’enflamment
promptement. Les câpres sont bon¬
nes, à cause qu’elles aiguisent l’ap-
petit et desopilent, et doiuent eslre
bien dessalées et mangées, au com¬
mencement du repas, auec vn bien
peu d’huile d’oliue et vinaigre : on en
peut pareillement vser en potages.
Les oliues, prises en petite quantité,
ne sont aussi à reietter. Aux iours
maigres , si le malade est scrupuleux
et friant de poisson ( ce que ie n’ap-
prouue, pour-ce qu’il est facile à se
corrompre et engendrer mauuais suc)
il en pourra vser : mais on luy eslira
les moins nuisibles, comme sont les
saxatiles, c’est à direviuans en eau
claire, où il y a force grauier, pier¬
res et rochers : aussi ceux qui sont
friables, c’est à dire aisés à commi-
nuer et froisser, comme Iruictes, bro-
LE VIWGT-QVATHI^MB LIVRE ,
398
chels, gardons, perches, dars, loches,
escreuisses principalement estouffées
en laict, tortues, et autres sembla¬
bles. Quant aux poissons de mer, il
pourra vser de dorades, rougets,
gournauds, merlus, celerins, sardi¬
nes fraîches et non salées, mulots,
merlans, esperlans, aigrefins, tur¬
bots, et leurs semblables, lesquels se¬
ront cuits en eau et vinaigre, et bonnes
herbes. Aussi les œufs pochés en eau,
mangés auec jus d’ozeille et autres
cy dessus mentionnés leur seront
propres. L’orge mondé auquel on
mettra graine de grenades aigres, est
pareillement fort excellent en tel
cas, pour-ce qu’il est de facile diges¬
tion et de bonne nourriture : aussi
qu’il rafraîchit, humecte, deterge et
lasche vn peu le ventre. On y pourra
adiouster de la graine de pauot et se¬
mences de melons , si la fleure est
grande. Toutesfois aucuns ne le peu-
uent digerer, et leur cause vne nau¬
sée et douleur de teste : et à tels ne
leur en sera baillé aucunement, mais
en lieu d’iceluy on leur donnera pa
nades, ou pain gratté auec bouillon
de chapon , auquel on fera boüillir
lesherbescy dessusmentionnées, auec
des semences froides.
Quant aux fruits, le malade pourra
vser de raisins desseichés et confits
entre deux plats auec eau rose et
succre, pruneaux de Damas aigrets,
figues, cerises aigrettes, pommes de
court -pendu, poires de bon-chres-
tien, et autres tels bons fruits. Et
apres le repas, on luy donnera coings
cuits sur la braize, ou cotignac, ou
conserue de roses, de buglose, vio¬
lettes, bourrache, et leurs sembla¬
bles, ou ceste poudre cordiale :
Coriandri præparall 3. Jj.
Margaritarum electarum, rosarum, ra-
suræ eboris, cornu cerui ana 3. fl.
Carabes a.ij.
Cinnamomi 3.j.
Et ossiï de corde cerui 3 . fl .
Sacchari rosali §. iüj.
Fiat puluis j vtatur post pastum.
Si le malade est fort debile, on luy
donnera delà gelée faite de chapon
e veau, y faisant boüillir eau d’ozeil-
e, de chardon benist, bourrache, et
vn peu de vinaigre rosat, canelle,
succre, et autres choses qu’on verra
estre necessaires. La nuit ne faut es-
tre dégarni de quelques bons pres-
sis et bouillons (y adioustant vn peu
de jus.de citron ou de grenades aigres)
lesquels en ceste maladie sont plus à
louer que les coulis, à cause qu’ils
sont trop espais, font obstruction aux
veines mesaraïques et capillaires du
%e. et causent soif pour la tardi-
ueté de leur distribution, et donnent
peine àTestomacbdeles cuire : lequel
(comme aussi le cœur et autres mem¬
bres nobles) a assez d’autres empes-
chemens à vaincre son ennemy. Il
n’est aussi impertinent tenir et faire
préparer le restaurant qui s’ensuit, à
fin de n’ennuyer le malade 'd’vne
sorte de viandes, mais le recreer au ¬
cunement en diuers vsages d’alimens ;
non que par ce moyen on luy vueille
rechercher et conciler vn appétit,
mais le fortifier, et cependant le con¬
tenter en quelque façon, et luy don¬
ner courage de résister à sa maladie :
partant on pourra vser de cestuy-cy.
Prenez conserue de buglose, bourrache, vio-
leües de Mars, nénuphar et cichorée, do
riiacun deux onces.
Poudre d’electuaire de diamargaritum
froid et diatragacant froid, trochîsques
de camphre, de chacun trois drachmes.
DE LA PESTE.
^99
Semence de citron, chardon benist, et
aceleuse, racine de dictamne, et tor-
menlille, de chacun deux dragmes.
Eau de décoction d’vn ieune chapon,
six liures.
Meslez auec fueilles de iaictue, aceteuse,
pourpié, buglose et bourrache , de cha¬
cun demie poignée.
Le tout soit mis en vn alembic de
verre, auec la chair de deux pou¬
lets et deux perdrix : soit faite dis¬
tillation à petit feu. Puis sera pris
demie liure de la distillation prédite,
auec deux onces de succre blanc et
demi dragme de canelle : ces choses
soient passées par la manche d’hip-
pocras , et que le malade en boiue
quand il aura soif : ou qu’il vse de
cestuy suiuant.
Prenez vn vieil chappon et vn jarret de veau.
Deux perdrix hachées.
Canelle entière, deux drachmes.
Le tout mis en un vaisseau de verre
bien estouppé sans aucune autre li¬
queur, et soient faits bouillir au bain
Marie iusques à ce qu’ils soient par¬
faitement cuits ‘ i ou en un vaisseau
d’estain , qui t’est icy représenté , le¬
quel se clost à vis, de façon que nulle
vapeur ne peut sortir dehors : et est
propre pour faire restaurons, et po¬
tions vulnéraires, et décoction de
gaiac, salseparille , et esquine, et ]
generalement toutes choses qui se
doiuent cuire au bain Marie.
‘ La phrase s’arrêtait là dans les premiè¬
res éditions , o« plutôt elle se continuait di¬
rectement avec la phrase qui suit la figure :
car •par ce moyen la chair se cuit en son pro¬
pre jus, etc. La figure et le texte qui s’y rap¬
porte se trou\ent pour la preniière fois dans
le petit Discours de la peste publié en 1582
4 la suite des Discours de la mamie et de la
licorne, folio 65 ; et ils ont été repris dans la
grande édition de 1685.
en son propre jus , sans que le feu y
porte dommage ; puis le jus soit ex¬
primé dedans des presses propres à
telle chose. Duquel en sera donné
vne once ou plus pour chacune fois ,
auec vn peu d’eaux cordiales, comme
eau de bourrache, de violettes , de
buglose, de scabieuse, de roses, ou
de conserue d’icelles , et du triasan-
tal, diamargarUum frigidum, des¬
quelles on en dissoudra , et en sera
donné souuent au malade, à sçauoir,
de trois heures en trois heures , plus
ou moins , selon que le malade le
pourra digerer, et que la heure et
autres accidens le permettront ; car
selon que la fleure sera grande ou
diminuée, il faudra diuersifier les
alimens , tant en quantité qu’en qua¬
lité. Or ou ordonne les restaurons,
coxilis et pressls , et eau de chair, à
ceux qui ont l’estomach debile, et ne
peuuent cuire les viandes. Outre-plus,
il est bon de manger souuent en pe-
tile quantité confitures aigrettes,
comme prunes,cerises, et autres dont
dous auons fait mention cy dessus.
Et faut du tout euiter les confitures
LÈ VINGt-QVATRlliJIË LIVRE ,
4oo
douces : car (comme nous auons dit
cy dessus) toutes choses douces
promptement s’enflamment en nostre
corps, se tournansen cholere, et sou-
uent engendrent obstruction au foye
et à la râtelle.
Et faut icy noter, qu’il n’y a point de
maladie qui débilité tant Nature que
fait la peste. Parquoy il faut donner
à manger au malade peu et souuent,
selon qu’on verra estre necessaire,
ayant esgard à lacouslume, à l’aage,
au temps, à la région, et sur toutes
choses à la vertu du malade, à fin que
le venin qui a esté chassé et expulsé
aux parties extérieures ne soit de
rechef attiré au dedans par inanition :
considéré aussi que la putréfaction
veneneuse corrompt, altéré et dissipe
les esprits vitaux et naturels, lesquels
doiuent estre souuent restaurés par
manger et boire, comme nous t’auons
desia aduerti cy deuant. Toutesfois
il faut prendre garde par trop man¬
ger on ne charge le malade de matière
superflue : partant en ce on tiendra
médiocrité. Et quand l’appetit sera
venu , il ne faut différer de donner à
manger et boire, tant pour les causes
susdites, que aussi de peur que l’esto-
mach ne se rem plisse d’humeurs acres,
bilieuses et ameres, dont s’ensuiuent
plusieurs extorsions et mordications
en iceluy, inquiétude et priuation de
sommeil , rétention des excremens ,
lesquels aussi sont faits plus acres et
mordicans. D’auantage, faut auoir
esgard de donner en hyuer plus à
manger qu’en esté, à cause que la cha¬
leur naturelle est plus grande. Plus,
ceux qui sont de complexion froide ,
et qui ont débilité d’estomach , vse-
ront moins de choses refrigerentes ,
ou seront corrigées auecqiies autres
choses chaudes, comme canelle,
doux de girofle, muguette, macis,
et autres.
Outre-plus, ceux qui ont grand flux
de ventre doiuent vser de jus de
grenades, tant au .manger qu’au
boire. Et l’ordre de prendre les vian¬
des , c’est que les liquides et de facile
digestion seront prises deuant les
solides et plus difficiles à digerer.
Et ce te suffise du manger du ma¬
lade : à présent il nous faut traiter
du boire.
CHAPITRE XXllI.
DV BOIRE DT PESTIFERE MALADE.
Si le malade a grande fîéure et ar¬
dente, il ne boira aucunement de vin,
s’il ne luy suruient défaillance de
cœur : mais en lieu d’iceluyil pourra
boire de l’oxymelfait comme s’ensuit.
Vous prendrez la quantité que
voudrez de la meilleure eau que
pourrez recouurer, et pour six liures
d’eau y mettrez quatre onces de miel,
et le ferez boüillir en l’escumant
iusques à la consomption de la troi¬
sième partie : puis sera coulé , et mis
en quelque vaisseau de verre : puis
on adioustera trois ou quatre onces
de vinaigre : et sera aromatisé de ca¬
nelle fine.
Pareillement pourra vser de l’hip-
pocras d’eau fait en ceste sorte.
Prenez vne quarte d’eau de fontaine, six
onces de succre, deux dragmes de ca¬
nelle, et le tout ensemble coulerez par
vne manche d’hippocras, sans aucune¬
ment le faire boüillir.
Et s’il n’ost assez doux au goustdu
malade, vous y pourrez adiouster
d’auantage de succre, ensemble , un
peu de jus de citron, et lors mesme-
ment qu’il demande à boire.
DE LA
Le syrop de acetosilate citri emporte
le prix entre tous les autres contre la
peste.
Il pourra vser du iulep qui s’ensuit
entre les repas auec eau boüillie, ou
eau d’ozeille, de laictues, scabieuse
et büglose, de chacune égalé portion,
comme ;
Prenez j us d’ozeille bien purifié, demie liure.
Jus de laictues aussi bien purifié, qua¬
tre onces.
Succre fin, vne liure.
Clarifiez le tout ensemble, et le faites boüil-
lir à perfection et le coulez , y adioustant
sur la fin vn peu de vinaigre : et en vsera
comme dessus est dit.
Et s’il n’est aggreable au malade
en ceste sorte, vous le pourrez faire
en la maniéré suiuante.
Prenez quatre onces dudit iulep
clariflé et coulé, et le meslez auec
vne liure desdites eaux cordiales , et
les ferez bouillir ensemble trois ou
quatre bouillons, et estant hors du
feu y ietterez vne dragme de santal
citrin, et demie dragme de canelle
concassée ; ce fait, le coulerez par vne
manche d’hippocras, et estant froid,
en baillerez à boire au malade auec
jus de citron, comme dessus.
Ceux qui ont accoustümé de boire
du peré, ou du pommé, ou de la
ceruoise ou biere , le pourront faire ,
pourueu que la biere soit bonne,
claire et deliée , et le peré et pommé
faits de pommes et poires aigres, qui
soient bien purifiées ; car s’ils estoient
gros et troubles, non seulement en-
gendreroient mauuaises humeurs ,
mais aussi grandes crudités ei inflam¬
mations à l’eslomach, et ijîusieurs
obstructions, dont la üéure se pour-
roit augmenter, et par conséquent
faire mauuais accidens : parquoy ie
conseille n’en vser aucunement, si le
PESTÉ. 40l
malade ne le desîroit, et fust accous-
tumé à boire de tels breuuages.
Pour estancher la grande soif, et
contrarier à la matière putride et ve-
neneuse, on donnera à boire au ma¬
lade de l’eau et vinaigre faits comme
s’ensuit.
Oxycrat composé.
Prenez deux liures d’eau de fontaine , trois
onces de vinaigre blanc ou rouge, qua¬
tre onces de succre fin, deux onces de
syrop de roses : le tout soit fait boüillir
vn petit bottillon, et en soit donné à
"boire au malade.
Ce iulep suiuant est pareillement
propre pour donner à ceux qui sont
fort febricitans, lequel a vertu de ra¬
fraîchir le cœur, et retient en bride
la fureur du venin , et garde les hu¬
meurs de pourriture.
Prenez demie once de jus de limons , et au¬
tant de citrons.
Vin de grenades aigres , deux onces.
Eau de petite ozeille et eau rose , de cha¬
cune vne once.
Eau de fontaine boüillie tant qu’il sera
besoin.
Et soit fait iulep , duquel en sera vsé entre
le repas.
Autre.
Prenez syrop de citrons et de grozeilles rou¬
ges appellées ribes, de chacun vne once.
Eau de nénuphar, quatre onces.
Eau de fontaine, huit onces.
Et de ce soit fait iulep à boire comme des¬
sus.
Autre.
Prenez syrop de nénuphar, et syrop aceteux
simple, de chacun demie once.
Soient dissoults en cinq onces d’eau de pe¬
tite ozeille , et vne liure d’eau de fon¬
taine , et de ce soit fait iulep.
El si ie malade estoit ieune , et de
température chaude, et restomach
bon, il pourra boire de bonne eau
26
lit.
^02 LE VINGT-QVA.TRIEME LIVRE ,
froide venant d’vne claire et viue
fontaine à grands traits, à fm d’es-
leindreson extreme soif, et la velie-
tnen te fureur et ardeur de la fiéiire.
le dis à grands traits, pource que s’il
beuuoit peu et souuent, iamaissa soif
nepourroil Cslfe eslanchée ni la cha¬
leur diminuée, mais plustost se-
roient augmentées. Geque nous con-
noissons par l’exemple du mareschab
qui voulant eschauffer le fer arrouse
son feu auec vne escouuette , et par
ce la vertu du feu en est rendue plus
chaude et ardente : et lors qu’il le
veut esteindre , il iette bonne quan¬
tité d’eau dessus, qui fait que le feu
en est suffoqué et du tout esteint :
aussi le pauure fébricitant altéré
d’vne extreme soif , lors qu’on luy
donne vn grand trait d’eau fraîche,
par ce moyen on lui suffoque sa ve-
hemente chaleur et désir de boire.
Et en telle extreme soif ne faut tenir
mesure du boire : et où le malade vo¬
mira après, il n’y aura pas grand
danger ; et cecy est mesme approuué
de Ceise ‘, qui dit, qu’aprés que l’eau
froide aura relriget'é les parties inté¬
rieures , il la conuient vomir ; ce que
toutesfois aucuns ne font pas , mais
en vsent comme de médicament.
D’auantage, le malade tiendra en sa
bouche ces trochisques 2 :
7f. Seminis psyllij 3. ij.
Seminis cilhoniorum 3. j, fi.
Sacchari candi in aqua rosar. dissol. § .j.
Misce : fiant trochisci lupinis similes : tencat
semper in ore.
Ces trochisques humectent gran¬
dement la bouche du malade. Aussi
pour appaiser la soif, on pourra faire
tenir en la bouche vn morceau de
1 Celsc, liur. 3. chap, 1. — A. P.
® Cette formule a été ajoutée eu 1586.
melon, ou concombre-, ou courge,
ou quelques fueilles de laictues, oU
d’ozeille, ou pourpié trempé en eau
froide, et le renouueller souuent. Il
pourra pareillement y tenir des les-
ches de citron vn peu succrées et as¬
pergées d’eau rose : semblablement
aussi des grains de grenades aigres.
Outre-plus, le vinaigre mixtionné
auec eau, ainsi qu’on le préparé de¬
dans les galeres pour boire, refroidit
et garde de pourriture, fait passer et
descendre l’eau par les parties, dissipe
les obstructions, et estanche mer-
ueilleusement la soif, par la vertu de
sâ froideur et acidité : aussi il résisté
et amortit beaucoup l’ebullilion des
humeurs qui causent la fleure pu¬
tride. Pareillement les syrops sui-
uans sont propres, comme aceteux,
de nénuphar, violât, de papauere,
de limons, citrons, de ribes, berberis
et grenades, L’vn d’iceux sera battu
et mixtionné auec eau bouillie , et en
sera donné' à boire aux malades,
comme i’ay cy dessus dit , moyennant
qu’ils n’ayent toux , ny crachats de
sang, ou le sanglot, ou l’estomach
débité ; car alors on doit du tout fuir
telles choses aceteusesi
Or encor que i’aye cy deuant dé¬
fendu le vin , i’entendois que le ma¬
lade fust ieune et robuste, et eust
fiéure ardente : mais s’il esloit vieil
et débité , et de température pitui¬
teuse, et eust accoustumé de boire
tousiours vin , aussi qn’il eust passé
l’estât de sa maladie, et n’eust tiéure
trop grande ne ardente , il peut boire
à ses repas vin blanc ou clairet fort
trempé, selon la force du vin , et la
diuersité des chaleurs du temps. Et
ce n’est à reietter ; car il n’y a rien
qui conforte plustost les vertus, et
qui augmente et reuiuifie les esprits
que fait le bon vin, et partant en tel
DE LA. PESTE.
cas en faudra donner ; et à la fin delà
table on luy donnera quelque petit
vin vermeil , verdelet et astringent,
à fin qu’il ferme et serre l’orifice de
restomach, et repousse les viandes
au profond, aussi qu'il abbate les fu¬
mées qui montent à la teste. Et pour
ce fait on donnera pareillement un
peu de colignac, conserue de roses,
ou quelque poudre cordiale.
Et noteras que le malade ne doit
endurer la soif, et partant gargari¬
sera souuent sa bouche d’eau et vi¬
naigre, ou vin et eau , et en lauera
pareillement la face et ses mains : car
telle lotion resioüit et fortifie les ver¬
tus
Si le malade a flux de ventre , il
boira de Feau ferrée , auec quelques
syrops astringens : aussi le laict boüü-
li, auquel on aura esteint des cailloux
par plusieurs fois, luy sera fort vtile.
Quant à ceux qui ont la langue sei¬
che et raboteuse, et toutes les parties
de la bouche desseicbées, pour la
leur rafraîchir et adoucir, on leur
fera lauer souuent la bouche d’eau
mucilagineuse faite de semences de
coings et de psyllium, auec eau de
plantin et de roses, et un peu de
camphre : puis après Fauoir lauéeet
humectée, il la faut nettoyer auec
vne ratissoire, puis Foindred’vn peu
d’huile d’amendes douces tirée sans
feu , meslée auec du syrop violât. Et
s’il suruenoil quelques vlceres en la
bouche , on les touchera d’eau de su¬
blimé , ou eau forte qui aura serui
aux orféures : aussi ou fera des gar¬
garismes, et autres choses neces¬
saires.
Election de la bonne eau^.
Il y a plusieurs malades, et aussi
des sains , qui iamais pour leur breu-
I Cet article a été ajouté en 1579; bien
4o3
uage ne veulent et ne peuuent boire
autre breuuage que la seule eau. A
cesle cause , vouloir m’a pris en cest
endroit monstrer par escrit la bonne
eau remarquée par les anciens : et
est bien necessaire la connoistre, veu
que noslre vie consiste la plus grand
part en l’vsage d’icelle : car c’est le
principal breuuage, ioint que le pain
que nous mangeons en est pestri, et
la plus part des viandes appreslées
et cuittes.
Or la meilleure est celle de pluye
qui tombe en Esté , et gardée en vne
bonne cisterne. Après est celle des
fontaines , qui descend des monta¬
gnes, et découlé par dedans les pier¬
res et rochers. Puis l’eau des puits,
ou celle qui sourd au bas d’ vne mon¬
tagne. Celle delà riuiere estpareille-
mtTit bonne, prise au fil courant d’i¬
celle , entre deux eaux. Celle des
estangs ou marais est mauuaise,et
principalement celle qui ne court
point est tres-pernicieuse et pesti-
lente, à cause qu’en icelle naissent
plusieurs animaux venimeux, comme
couleuures, crapaux, vers, et autres.
Celle de neige et de glace est aussi
mal saine , à cause de sa grande froi¬
deur et terrestrité. Et quant à Feau
des puits et des fontaines, laquelle
est tousiours ouïe plus souuent trou-
uce bonne , sa bonté sera conneuë ,
si elle n’a aucune saueur, odeur,
ny couleur , neantmoins bien claire
comme l’air serain. Elle doit estre
tiede en Hyuer, et froide en Esté , fa-
cile-à eschauffer, et subite à refroidir :
en laquelle les pois et les fénes et na-
uets , et autres semblables choses se
qu’il ait un titre spécial, il tient de trop
près à la matière traitée dans le précédent
chapitre pour qu’il eût été utile de l’en sé¬
parer.
4o4 le VING'L-QVATIUEMë LIVJIE,
cuisent facilement. Et ceux qui en
vsent ont la voix claire et la poi¬
trine saine , et le teint du visage beau
et clair : et la plus legere Irouuée au
poids est la meilleure.
CHAPITRE XXIV.
DES MEDICAMENS ALEXSTERES, C’EST A
DIRE CONTREPOISONS, QVI ONT VERTV
DE CHASSER LE VENIN PESTIFERE.
Maintenant il est temps que nous
traitions de la propre curation de
ceste maladie pestilente , laquelle est
fort difficile, à cause de la diuersitéet
fallace de plusieurs accidens qui la
suiuent: tellement que le Médecin et
Chirurgien à grande difficulté peu-
uent-ils iuger et connoistre si le ma¬
lade est frappé de peste, veu mesnie-
ment que quelquesfois il n’aura
qu’vne petite fiéure, à raison que ce
venin ne sera imprimé en Imaieur
chaud , et partant il ne se disperse et
ne se fait apparoistre certainement,
doht aduienl que le pestiféré meurt
promptement , sans aucune cause
manifesie ou signe quelconque. Par-
quoy, en temps de peste , il ne faut
prolonger le temps en cherchant les
vrais signes de ceste maladie : car bien
souuent on seroit deceu, et le venin
tuera bien tost le malade, si on ne se
haste de iuy donner promptement
son alexitei'C ou contrepoison. A ceste
cause, lors qu’on verra la fiéure à
quelqu’vn en temps de peste, il faut
présupposer qu’elle estpestiientielle,
attendu mesmement que tant que
l’inlluence venimeuse de l’air durera,
tout l’humeur superllu est facilement
enuenimé.
Or pour commencer la curation,
aucuns sont d’aduis de faire la sai¬
gnée, les autres de donner purgation,
et les autres de donner incontinent
quelque contrepoison : mais consi¬
dérant la vehemence de ceste mala¬
die, et la diuersité et fallace des acci¬
dens qui la suiuent, ausquels faut
subuenir, en contemplant la princi¬
pale partie, qui est la matière vene-
neuse et du tout ennemie du cœur,
nous sommes d’aduis, que le plus ex¬
pédient est de donner premièrement
subitement au malade quelque médi¬
cament alexitere et cardiaque, pour
contrarier et résister au venin , non
en tant qu’il soit chaud ou froid, sec
ou humide , mais comme ayant
vne propriété occulte. Car si c’estoit
vne intemperature seule ou compli¬
quée, elle pourroit eslre curée auec
medicainens contrarians par vne
seule qualité, ou mistionnés suiuant
les remedes escrits et appi ouués des
anciens et modernes *. mais nous
voyons que par tels remedes com¬
muns et méthodiques, tel venin ne
peut estre vaincu : parquoy nous
sommes contraints pour la curation
venir aux medicamens qui opèrent
par vne propriété occulte , qui ne
peuuent estre expliqués par raison,
mais conneus par seule expérience,
comme sont les alexiteres ou antido¬
tes, c’est à dire, remedes dédiés con¬
tre les venins.
Or il y en a deux sortes : l’vne qui
arreste et rompt la vertu du venin
par sa propriété cachée ou particu¬
lière, de laquelle on ne peut donner
raison : l’autre le iette hors du corps,
àsçauoir par vomissement, tlux de
ventre, sueur, et autres vacualions
que dirons cy après : lesquels estans
contraires aux venins, changent et
altèrent tout le corps, non pas (comme
dit laques Greuin en son liure desVe-
DE LA PESTE.
nins) qu’il faille entendre que leur
substance pénétré et passe tout le
corps : car il est impossibbî qu’en si
peu de temps et si peu de matière
qu’on donne pour contrepoison ,
puisse passer vne si grosse masse de
nostre corps. Mais estant en l’esto-
mack, là il s’eschauffe : puis s’esle-
uent certaines vapeurs lesquelles se
communiquent par tout le corps, de
telle sorte que, soustenu d’icelles, il
combat par sa vertu la force du ve¬
nin en quelque part qu'il le rencon¬
tre, lemaistrisantetlc chassant hors,
non seulement par sa substance,
mais par renuoy de ses vertus et qua¬
lités : comme iournellement nous
voyons que quand nous auons pris
des pilules, ou quelque medecine la-
xatiue, neantmoins que leur sub¬
stance ou matière demeure en l’esto-
mach, leur vertu est espandue en
toutes les parties du corps. On en
peut autant dired’vnclystere, qui es¬
tant dedans les intestins, a puissance
de faire reuulsion des humeurs du
cerneau Autre exemple ; comme
nous voyons de l’emplastre de Vigo
cum mercurio, qui liquéfié et chasse
le virus verollique tant par sueurs,
flux de ventre, que flux de bouche,
sans que la substance du mercure en¬
tre aucunement dedans les parties in¬
térieures du corps : pareillement les
alexiteres opèrent en nos corps en
combattant et chassant la virulence
du venin. Mais ainsi que par la mor¬
sure d’vne vipere, ou piqueure d’vn
scorpion, ou d’autre beste veneneuse,
1 Galien , lib. 2. de comp. med. sectmdum
locos. — A. P. Cette note se lit pour la pre¬
mière fois dans l’édition de 1598; celles de
1579 et 1585 n’offrent rien de semblable,-
mais dans celles de 1568 et 1575 on lisait
dans le texte : comme lesmoigne Galien au
lib, 5. des Simple/l, chap. 19.
4o5
vne bien petite quantité de leur venin
fait en peu de temps grande mutation
au corps , à cause que leur qualité
s’espand par toutes les parties, et les
altéré et conuertit en sa nature ,
dont la mort s’ensuit si on n’y met
remede : et pareillement vne petite
quantité de contrepoison donné en
temps et heure, abat la malice du
venin, soit appliqué par dehors, ou
donné par dedans. Toutesfois il faut
icy noter, que l’alexitere doit estre
plus fort que le venin, à fin qu’il do¬
mine et le chasse hors : et en sera
donné deux fois le iour, et partant il
en faudra vser en plus grande quan¬
tité que n’est présupposé estre le ve¬
nin, à fin qu’il le domine. Aussi n’est-
il pas bon en vser en trop grande
quantité, de peur qu’il ne blesse la
nature du corps, encores qu’il fust
maistre du venin ; partant on y tien¬
dra médiocrité, et en sera continué
iusqu’à ce qu’on verra les accidens
diminués ou du tout cessés.
Or les alexiteres ou contrepoisons,
sont souuentesfois faites d’vne partie
de venins meslés auec autres sim¬
ples en quantité bien accommodée
(comme on voit en la composition du
theriaque, qu’il y entre de la chair
de vipere), à fin qu’ils seruentde vé¬
hiculé ou conduite pour les mener là
par où est le venin dans le corps,
pource qu’vn venin cherche son sem¬
blable, comme aussi font toutes cho¬
ses naturelles. D’auantage il se trouue
des venins qui sont contrepoisons les
vns des autres, voire vn venin contre
son semblable, comme on voit le
scorpion propre contre sa piqueure.
Mais entre tous les alexiteres du ve¬
nin pestiféré, sont principalement le
theriaque et methridat , lesquels on
a conneu résister à la malice du venin
enforlifiant le cœur, et generalemeiit
LE vingt-qvatriiSme livre
4o6
lous les esprits, non seulement pris
par dedans, mais aussi appliqués par
dehors , comme sur la région du
cœur, et surles bubons et charbons,
et vniuersellement par tout le corps :
parc,c qu’ils attirent le venin vers eux
par vne propriété occulte ( ainsi que
le Magnés atiire le fer, et l’Ambre le
festu, et les arbres et herbes tirent de
la terre ce qui leur est familier), et
l’ayant attiré l’alterent, corrompent
et mortifient sa virulence et vénéno¬
sité : ce qui est bien prouué par Ga¬
lien au liure des Commodités du Thé¬
riaque : ioint que fous les anciens ont
tenu pour résolu, qu’en la composi¬
tion d’iceux y a vne chose merueil-
leuse et conuenable à la forme de
l’esprit vital. Dequoy nous a fait foy
le Roy Mithridates , inuenteur du
methridat, lequel en ayant pris par
long vsage , ne se peusl faire mourir
qu’auec peine extreme par poison,
pour ne tomber entre les mains des
Romains ses ennemis mortels K Et
quant au thériaque , Galien afferme
qu’il peut guarir de la morsure d’vn
chien enragé, estant pris auparauant
que le venin ait saisi les parties no¬
bles.
Et si quelques-vns me vouloient |
mettre en auant que le theriaque et
methridat, et plusieurs autres medi-'
camens alexiteres de la peste, sont
chauds, et qu’elle commence le plus
souuent par fiéure ardente et conti¬
nue, et que partant tels remedes la
pourroient augmenter , et qu’estant
augmentée , nuiroient plustost aux
malades, qu ils ne leur proüleroient :
A cela ie respons et confesse qu’ils
sont chauds ; mais d’autant qu’ils
résistent au venin eslans baillés et
1 Val. Max. U. 9. chap, 2. — A. P. Note de
1698.
admis par proportion conuenable,
peuuent plus aider que nuire à la
fiéure, à laquelle no faut auoir tant
d’esgard qu’à sa couse. Vray est que
quand la fiéure est fort grande, il les
faut mesler auec choses réfrigérantes,
comme Irochisques de camphre ( le¬
quel mesme preserue le corps de
pourriture, et pource est commodé¬
ment meslé és antidotes contre la
peste ) syrop de limons, citrons , né¬
nuphar, eau d’ozeille, et autres sem¬
blables, et au reste ne choisir vn
methridat ou theriaque trop vieils ,
ains du moyen aage, comme de qua¬
tre ans , ou recent, comme de deu.x :
car ainsi elle n eschauffepas tant.
Or la quantité dudit theriaque et
methridat se doit diuersifier selon les
personnes : car les forts et robustes en
pourront prendre la quantité d’vne
dragme ou plus : les moyens, demie ;
et quant aux enfans qui tettent en-
cores, nous en parlerons cy après.
Quand le malade aura pris ledit the¬
riaque ou autre alexdere, faut qu'il
se pourmene quelque espacede temps,
non pas toulesfois comme aucuns
font , lesquels incontinent qu’ils se
sentent frappés de peste, ne cessent
de cheminer tant qu’ils ne se peuuent
soustenir : ce que ie n’approuue, veu
qu’iis débilitent par trop Nature, la¬
quelle estant ainsi débilitée, ne peut
vaincre son ennemy pestiféré : par¬
tant on ne doit point faire ainsi, mais
y procéder par médiocrité. Et après
que le malade se sera pourmené, il
le faut mettre dedans vn lit chaude¬
ment, et le faire bien cüuurir, él luy
appliquer des pierres chaudes aux
pieds, ou bouteilles remplies d’eau
Chaude , ou des vessies, et le faire
Ires-bien suer ; car la sueur en tel
cas est vne des vrayes purgations des
humeurs qui causent la peste et les
DE EA PESTE.
fléures putrides, soient chaudes ou
froides.
Toutesfois toute sueur n’est pas
profitable, comme il appert par ce
que George A gricola , excellent Mé¬
decin au pays d’Allemagne, a escrlt
en son Hure de la Peste, où il assenre
auüir veu vue femme de Misne, ayant
la peste, suer le sang par la teste et
la poitrine l’espace de trois ipurs, et
ce nonobstant elle décéda. Aussi An-
thonius Beniuenius, Médecin floren¬
tin, au Hure 1. chap. 4. dit auoir con-
neu vu homme assez robuste , aagé
de trente six ans, lequel tous les mois
suoit le sang par les pores du cuir,
lequel fut guari par section de
veine
Or pour retourner à nostre pro- '
pos, ce qui s’ensuit , estant pris inté¬
rieurement, sera bon pour prouoquer
la sueur.
üf. Rad. chlnæ in talleolas ilissectæ § . j. fi .
Gaiaci § . ij.
Goflicis ïamarisci 5 . j.
Rad. aflgelicæ 5, ij.
Rasursp corpu cprui 5 j.
Paccamm iunipen 3. iij,
Le tout soit mis daP6 vne phiole de
yerre, tenant de cinq à six pintes, et
soient mises dans iaditc phiole quatre
pintes d’eau de ripiere , ou d’vne
claire fontaine: et soit estoupée, et
laissé en infusion tonte la nuit sur les
cendres cbandes, et le lendemain soit
bouilli in bçiineo Mww ; et au cul
du çhauderon sera mis du foin ou
feutre, de peur que ladite boùtéille
ne touche au fonds, et que par ce
moyen elle ne se rompe. L’ebyllition
se léra iusqu’à la consomplion de la
moitié , qui se pourra faire en six
1 Celte histoire de Benivenius est une ad¬
dition de 1585.
/|07
heures : puis soit passé par dedans la
chausse d’hippocras, et après repassé
auec six onces de succre rosat , et vn
peu de theriaque : et d’icelle eau es¬
tant vn peu chaude, en sera donné
plein vn verre, ou moins, à boire au
malade pour le faire suer, ü’auan-
tage, on pourra asseurémept prendre
de la poudre suiuante, laquelle est
fort singulière.
'2f. Fpliorum dictamni , rutse , radicis tor-
mentillæ, betonicæ ana §. fi.
Boli armeniæ præparati § . 3.
Terræ sigillatæ 3. iij.
Aloës , myrrhæ ana 5 . fi .
Croci orientalis 3. j.
Mastiches 3.ij.
Le tout soit puluerisé selon l’art,
et soit faite poudre , de laquelle on
baillera au malade vne dragme dis¬
soute en eau rose, ou de vinette sau-
uage : et après auoir pris ladite pou¬
dre, il se pourmenera , puis s’en ira
coucher, et se fera suer, ainsi qu’a-
uons dit. Pareillement peste eau est
tres-excellente.
If. Radicum gentianæ et cyperi ana 3. iij.
Cardui benedicti, pimpinellæanani.j. fi .
Oxalidis agrestis et morsus diaboli ana
P-'j-
Baccarum hederje et iuniperiana
Florum boglossi , violarum, et rosarum
rnbrarum ana p. ij.
Le tout soit mis en poudre grossement,
puis le ferez tremper en vin blanc et eau
rose par l’espace d’vne nuit seulement,
et après on y adioustera :
Boli Armeniae S.j,
Theriacæ §. fi.
Cela fait, on distillera le tout au
bain marie , et on le gardera en vne
phiole de verre bien bouchée : et
lors qu’on en voudra prendre , on y
j mettra vn bien peu de canelle et saf*
4o8 LE VINGT-QVATRIIîME LIVRE,
fran ; et si le malade est délicat, com¬
me sont les femmes et en fan s, on y
mettra du succre, La dose sera six
onces aux robustes , aux moyens
trois, et aux délicats deux, plus ou
moins, selon qu’on verra estre ne¬
cessaire. Et après l’auoir prise, on se
pourmenera et suera comme dessus.
Les eaux theriacale et cordiale , cy
dessus mentionnées, sont aussi de
merueilleux effet pour ceste inten¬
tion, et en faut prendre quatre, cinq,
ou six doigts en vn verre. Sembla¬
blement celle qui s’ensuit est bien ap-
prouuée.
Of. Oxalidis agrestis minoris m. vj.
Rutæp.j.
Plstentur et macerentur in aceto xxiiij.
horarum spatio, addendo theriaeæ §.
iiij.
Fiat distillatio in baîneo Mariæ.
Et incontinent que le malade se
sentira frappé, il en boira quatre on¬
ces,- plus ou moins, selon sa vertu,
puis se pourmenera et suera, comme
il a esté dit cy dessus. Le temps de
faire cesser la sueur est, ou qu’elle se
refroidisse, ou qu’on ne la peut plus
endurer par foiblesse ou autrement :
alors faut essuyer le malade auec
linges vn peu chauds. Et note qu'il ne
le faut iamais prouoquer à la sueur,
l’estomach estant plein ‘ ; car par
ainsi la chaleur est dissipée , ou pour
le moins reuoquée du ventricule en
l’habitude du corps , dont s’ensuit
crudité.
D’auantage, faut garder le ma¬
lade de dormir pendant qu’il suera, et
principalement au commencement
qu’il se sent frappé et atteint de ce
mal : parce que nostre chaleur na-
1 La phrase finissait ici en l56Sj le reste
est de 1575.
turelle et esprits en ce faisant se reti¬
rent au profond du corps, et partant
le venin que Nature tasche à chasser
hors, est porté au cœur et autres
parties nobles auec iceux ; et pour
ceste cause faut que le malade fuye
grandement le dormir : ce qui se fera
en l’entretenant de parolles ioyeuses,
luy faisant des contes pour le faire
rire, s'il peut ; et pour ce faire, luy
dire et asseurer que son mal n’est
rien, et qu’il sera bien tost guari :
pareillement on fera bruit en la
chambre, ouurant les portes et fe-
nestres. Et si pour tout cela il vouloit
dormir, on luy fera des frictions as-
pres, et luy liera les bras et iambes
assez estroitement ; aussi on luy ti¬
rera les cheueux par derrière le col,
et le nez , et les oreilles. D’auantage
on dissoudra du castoreum en fort
vinaigre et eau de vie , et on luy en
appliquera dedans le nez et les oreil¬
les Ainsi on procédera par toutes
maniérés selon la grandeur du mal et
qualité des personnes, à fin que le
malade ne dorme, et principalement
le premier iour, iusques à ce que Na¬
ture, aidée par les remedes, ait ietté
le venin du dedans au dehors par
sueur, vomissement, ou autrement.
Donc ne sufQt defendre seulement le
premier iour, mais aussi iusques à ce
qu’ils ayent passé le quatrième, pen¬
dant lesquels ne leur sera permis de
dormir que deux ou trois heures par
iour, plus ou moins , selon la vertu :
car en ce faut tenir médiocrité (comme
on doit faire en toutes chbses) et con¬
sidérer que par trop veiller les es¬
prits se dissipent, dont sonnent s’en¬
suit grande débilitation; et Nature,
estant prosternée et abbatue, ne peut
vaincre son aduersaire. Partant le
Chirurgien y aura esgard : car si lès
sains sont atténués et affoiblis par
DF, LA PESTE.
veilles, combien pins se trouueront
mal ceux qui sont malades , leurs
Ibrces estant ja abbatues et dimi¬
nuées.
Or pour conclure nostre propos,
apres que le malade aura bien sué,
il le faut essuyer et changer de draps,
et ne mangera de deux ou trois heu¬
res après : mais pour conforter les
vertus, on luy pourra donner vn
morceau d’escorce de citron confît ,
ou de la conserue de roses, ou vne
petite rostie trempée en bon vin , ou
vn mirabolan confit , si le malade
est riche.
CHAPITRE XXV.
DES EPITHEMES OV FOMENTATIONS, POVE
COHROBORER LES PARTIES NOBLES.
Entre les alexiteres peuuent cslre
référés aucuns remedes locaux , c’est
à dire qu’on applique par dehors,
comme epilhemes cordiaux et hépa¬
tiques, desquels faut vser dés le com¬
mencement ( toutesfois après aiioir
fait quelques euacuations vniuer-
selles) s’il est besoin, pour munir les
parties nobles- en roborant leurs
vertus, à fin qu’ils repoussent les va¬
peurs malignes et veneneuses loing
d’icelles.
Les epilhemes doiuent auoir double
faculté, à sçauoir d’eschauffer et re¬
froidir. Leur froidure sert pour réfri¬
gérer la grande chaleur estrange, et
leur chaleur est cordiale, parce que
les medicamens cordiaux plus com¬
munément sont chauds : et partant
ils seront changés et diuersifiés selon
l’ardeur de la fleure, et doiuent estre
appliqués liedes auec vne piece d’es-
carlate, ou vn drapeau en plusieurs
409
doubles, bien délié, ou vne esponge:
desquels seront faites fomentations,
et laissés moüillés sur la région du
cœur et du foye , pourueu que le
charbon ne fusl en ces lieux là :
pour-ce qu’il ne faut appliquer .sur
iceux aucuns medicamens reperens-
sifs. Tu pourras faire Josdils epilhe¬
mes selon les formulaires qui s’en-
suiuent.
Tf. Aquarum rosarum, planlaginis et solani
ana 0 •iüj-
Aquæ acetosæ, vini graiiatormn et aceti
ana § . iij.
Santali rubri et coralli rubri puluerisali
ana 3. iij.
Theriacæ veteris § . fi .
Capburæ 3 . ij.
Croci 9. j.
Caryophyllorum 3. fi.
Misce , et fiat epithema.
Autre Epiiheme fort aisé à faire.
"if . Aquarum rosarum et plantaginis ana § .x.
Aceti rosati § . iüj.
Caryophyllorum , santali rubri et coralli
rubri puluerisati, etpulueris diamarga-
riti frigicli ana 3. j. fi .
Caphoræ et mosebi ana 9 . j.
Fiat epithema.
Autre Epiiheme.
'if. Aquarum rosarum et melissæ ana § .iüj.
Aceti rosati g . iij.
Santali rubri j.
Caryophyllorum 3. fi.
Croci 9 . ij.
Capburæ 9.j.
Boll Armeniæ , terræ sigillatæ, zedoariæ
ana 3. j.
Fiat epithema.
Autre.
if. Aceti rosati et aquæ rosarum ana H», fi
Caphuræ 3. fi.
Theriacæ et mitbridatij ana 3. j.
Fiat epithema.
10 Lî: vingt-qvatrieme livre,
AlUre,
if. Aquîirtim rosarum, iienupliaris, bu-
glossi, acetosæ , Aceli rosati ana. Ib fî.
vSantali rubri, rosarurn rubrarum ana
3.iij.
Florum nenupharis, violariæ, caphuræ
ana3. ft.
Milhridalij ei thcriacæ ana 3. ij.
Toutes ces choses seront pilées et
incorporées ensemble ; puis quanti il
faudra en vser, on en mettra dans
quelque vaisseau pour estre vn peu
eschauffé, et on en fomentera le cœur
et le foye, comme dessus.
CHAPITRE XXYI.
A SÇAVOIR SI LA SAIGNÉE ET PVRGA-
TION SONT NECESSAIRES AV COMMEN¬
CEMENT DE LA MALADIE PESTILENTE.
Ayant muni le cœur de medica-
mens alexiteres, on procédera à la
saignée et purgation, s’il en est be¬
soin ; en quoy il y a grand different
entre les Médecins, desquels aucuns
commandent la saignée , les autres la
défendent.
Ceux qui la commandent, disent
que la fiéure pestilente est communé¬
ment engendrée au sang pour là ma-
lignilé du venin ; lequel sang ainsi
altéré et corrompu pourrit les autres
humeurs , et partant concluent qu’il
conuient saigner. Ceux qui la défen¬
dent, disent que le plus souuent le
sang n’est point corrompu , mais que
ce sont les autres humeurs , et par¬
tant concluent qu’il les conuient seu¬
lement purger. Quant à moy , consi¬
dérant les différences de peste que
i’ay déclarées par cy deuant, à^sça-
uoir que l’ype prouiept du yieej de
ï’àir, etT’àuIrTdela coiTuption
humeurs, et que le venin pestiféré
s’espand dedans les conduits du corps,
et de là auK parties principales ,
comme on voit par les apost 'mes qui
apparoissent tantost derrière les oreil¬
les, tantost aux aisselles, ou aux ai¬
nes, selon que le cerueau , le cœur et
le foye sont infectés : duquel venin
procèdent aussi les charbons et érup¬
tions aux autres parties du corps, qui
se font à cause que Nature se des¬
charge et iette hors ledit venin aux
emonctüire^ consütués pour receuoir
les excremens des membres piinci-
paux : en tel cas il me semble qu’il
faut que le Chirurgien aide Nature à
faire sa descharge où elle prétend ,
suiuantla doctrine d’Hippocrates ‘,et
qu’il suiue le mouuement d’icelle,
qui se fait des parties intérieures aux
extérieures. Parquoy ne faut en telle
chose purger ny saigner , s’il- n’y a
grande plénitude, de peur d’inter¬
rompre le mouuement de Nature , et
de retirer la matière veneneuse au
dedans : ce qui est ordinairement
conneu en ceux qui ont commence¬
ment de bubons vénériens : car lors
qu’on les purge ou saigne, on est
souuentesfois cause qu’ils ne viennent
à suppuration, et que la matière vi¬
rulente se relire au dedans , dont la
verole s’ensuit.
Parquoy au commencement des
bubons, charbons, et éruptions pesti¬
férées , causées seulement du vice de
l’air , ne faut purger ny saigner, mais
sufüra de munir le cœur et toutes les
parties nobles de médecines alexile-
res , qui ont vertu et propriété occulte
d’abattre la malignité du venin tant
par dedans que par dehors , par où
elle prétend faire sa descharge. Et
note ce que i’ay dit du vice de l’air ,
» Hippocrates, Apb, 21. liu, 1. — A. P.
de ea peste.
parce que l’on voit ordinairement
que ceux que Ton saigne et purge en
tel cas, sont en grand péril de leurs
personnes : pour-ce qu’ayant vacué
le sang et les esprits contenus auec
luy , la contagion prouenante de l’air
pestiféré est plus promptement portée
aux poulmons el,au cœur, et est ren¬
due plus forte, et partant elle exerce
plustost sa tyrannie, Semblablement
le corps estant esmeu par grandes
purgations, il se fait promptement re¬
solution des esprits, à cause que la
chair de toute l’habitude du corps se |
liqueOe et consume par vne grande
vacualion.
Sur quoy ie te veux bien aduertir
de ce que i’ay obserué au voyage de
Bayonne, que i’ay fait auec mon Roy
en l’an t565. C’est que ie me suis
enquis des Médecins, Chirurgiens et
Barbiers de toutes les villes où nous
auons passé, esquelles la peste auoit
esté, comme il leur estoit aduenu
d’auoir saigné les pestiférés : lesquels
m’ont attesté que presque tous ceux
qu’on aupit saignés et grandement
purgés, estoieut morts, et ceux qui
n’auoient esté saignés ny purgés , es-
chappoient presque tous : qui fait es-
tre vray-semblable quela peste venoit
du vice de l’air, et non de la corrup¬
tion des humeurs.
Semblable chose auoit desia esté j
au parauant obseruée en la maladie
nommée Coqueluche^ comme i’ay es? '
crit cy deuant ; car alors qu’on pur-
geoit et saignoit ceux qui en estoient
espris, tant s’en faut qu’on les fisl
escbapper , que mesuie on leur ab-
bregeoit leur vie, et en mouroient
plustost.
Or telle chose a esté conneuë par
expérience , à sçauoir après la mort
de plusieurs : toulesfois il y a quelque
raison , en ce qu’aucuns ont obserué ,
4il
lors que la peste venoit du vice de
l’air , les bubons et charbons le plus
sonnent apparoistre auparauant la
tiéure. Donc veu que l’experience est
iointe auec la raison, il ne faut indif¬
féremment, comme l’on fait commu¬
nément, aussi' tost qu’on voit le ma¬
lade frappé de peste, luy ordonner
la saignée, ou quelque grande pur¬
gation : ce qui a esté par cy deuant
bien souuent cause de la mort d’vne
infinité de personnes. Toutesfois s’il y
auoit grande repletion ou corruption
d’humeurs, au commencement de la
douleur et tumeur du bubon et char¬
bon pestiféré , supposé aussi qu’il n’y
eust que bien peu de matière conioin-
te , Nature estant encor en rut, c’est
à dire en son mouuement d’expeller
ce qui la moleste , alors on doit don¬
ner médicament grandement pur¬
geant , pour ietter hors l’abondance
et plénitude de la matière veneneuse
contenue aux humeurs et en toute
rhabilude du corps : et ce suiuant
l’Aphorisme d’Hippocrates qui dit ,
que toutes maladies qui sont faites de
plénitude, sont curées par euacua-
tion >. Plus en vn autre lieu nous en¬
seigne qu’il faut donner medecine aux
maladies violentes et tres-aiguës, voire
le mesme iour , si la matière est tur-
gente^ ; car en telle chose il est dan¬
gereux de retarder.
Or si la matière est turgente en
quantité, qualité et mouuement,
faut tirer vne resolution , qu’en
la peste causée du vjee de l’air, auec
plénitude de sang et d’humeurs, la
saignée et purgation y sont neces¬
saires. Parqiioy les medicamens hy-
percathartiques, c’est à dire, qui font
operation effreuée par propriété oc-
1 Hippocrates , Àph. 22. Uu. 2. A. P.
^Ayh. 10. liv.. 4. — A, P*
tÆ VINGT-QVATBIÉME livre
4i2
culte , comme alexiteres resistans au
venin , sont propres pour estre bail¬
lés au commencement de ce mal ,
pour^icu que Nature soit assez forte:
car à ceux qui sont constitués an lia-
zard de leur vie, et au danger de
mourir, vaut mieux tenter de donner
vn fort romede que de la sser le ma¬
lade despourueu de tout aide, estant
à la miséricorde de l’ennemy, qui
est riiumeur pestilent : ce qui est
aussi approuué de Celse, qui dit que
d’autant que la peste est vue maladie
hasliue et tempeslatiue, faut promp-
tementvser de remedes, mesmes auec
témérité».
Parquoy faut considérer si le ma¬
lade pestiféré a vue fiéure ardente et
grande repletion aux conduits, et que
la vertu soit forte : qui se peut con-
noistre , lors que les veines sont fort
pleines et estendues , les yeux et la
face grandement enflammés : aussi
que quelquesfois a crachement de
sang , auec grande pulsation des ar¬
tères des temples , douleur au gosier,
difficulté de respirer, espoinçonne-
ment par tout le corps, auec tres-
grande pesanteur et lassitude , les
vrines estansrougeastres , troubles et
espaisses. En tel cas, faut saigner
promptement pour aider Nature à se
descharger , de peur qu'il ne se face
suffocation de la chaleur naturelle ,
pour la trop grande abondance de
sang, comme la mesche s’esleint en
vne lampe lors qu’il y a trop d’huile :
adonc tu ouuriras plustost la \eine
basilique du costé senestre que du
dextre, à cause que le cœur et la râ¬
telle en ceste maladie sont fort affec¬
tés : attireras du sang en abondance,
selon que verras estre necessaire ,
prenant indication sur toutes choses
1 Celse, liu. 3. chap. 7. — A. P,
de la force et vertu du malade. Et
garderas que tu ue faces la saignée
pendant qu’il y aura frisson de fiéure,
parce que la chaleur naturelle et les
e.sprits sont retirés au dedans, et alors
les parties externes sont vuides de
sang , et si on en tiroit lors , on debi-
literoit grandement les vertus. Aussi
pendant que lu saigneras le malade ,
tu luy fei'as tenir vn grain de sel en
sa bouche , ou de l’eau froide , et luy
feras sentir du vinaigre, duquel aussi
luy en frotteras le nez , la bouche et
les temples , de peur qu’il ne tombe
en syncope. D’auantage, il ne doit
dormir tost après la saignée : car par
le dormir , le venin et chaleur na¬
turelle se retirent au centre du corps
et augmentent la chaleur estrange ,
dont la fiéure et autres accideus ac¬
croissent.
Or il faut icy noter qu’en telle re¬
pletion la saignée se doit faire autre¬
ment en fiéurepestilente simple, qu’en
celle qui est accompagnée d’vn bubon
ou charbon : car s’il y auoit l’vn ou
tous les deux conioinls auec la fiéure
grande et furieuse, alors il faudroit
ouurir la veine plus proche de l’apos-
teme ou charbon , et selon la rectitu¬
de des fibres, à fin que par icelle le
sang soit tiré et euacué plus directe¬
ment : pour autant que toute rétrac¬
tion et reuulsion de sang infect vers
les parties nobles est defendue de
tous bons autheurs, Médecins et Chi¬
rurgiens. Posons donc pour exemple
que le malade ait vne grande reple-
tion, laquelle surpasse la capacité
des veines et les forces naturelles, ce
que les Médecins nomment ad vam,
et ad vires, et qu’il ait vn aposteme
pestiféré ou vn charbon és parties de
la teste et du col , il faut que la sai¬
gnée soit faite de la veine céphalique
ou médiane , ou de l’vn des rameaux
lîE LA. l*ESÎJi:.
d’îcelle, au bras qui est du costé ma¬
lade. Et où telles veines ne pourront
apparoistre pour eslre ouuertes, à
cause de la grande quantité dégraissé
ou autrement , il faut ouurir celle qui
est entre le pouce et le second doigt ,
ou vne autre prochaine et plus appa¬
rente , mettant la main du malade en
eau chaude : car la chaleur de l’eau
fait enfler la veine, et attire le sang
du profond aux parties extérieures
du corps. Et si l’apostemeest sous les
aisselles ou aux enuirons, faut aussi
tirer du sang de la veine basilique ou
médiane au dessus de la main. Et si
la tumeur s’apparoist aux aines , on
ouurira la veine poplitique , qui est
au milieu du jarret , ou la veine sa- 1
phene, qui est au-dessus de la che-
uille du pied de dedans, ou vn autre
rameau le plus apparent qui soit sur
le pied , et tousiours du costé mesme
de l’aposteme , mettant au.ssi le pied
en eau chaude pour la cause dessus¬
dite.
Et sera tiré du sang selon que le
malade sera ieune et robuste , ayant
les veines fort enflées, et autres signes
cy dessus mentionnés , lesquels s’ils
apparoissent tous, ou la plupart d’i-
ceux, ne faut craindre d’ouurir la
veine ; ce qui se doit faire deuant le
troisième iour, à cause que ceste ma¬
ladie pestilente vient promptement
en son estât , voire quelquesfois en
vingtqualre heures. Et en tirant le
sang , tu considéreras les forces du
malade , luy touchant le pouls , si le
Médecin n’est présent : car Galien dit
que le pouls monstre infailliblement
la vertu et force du malade. Donc il
le faut toucher, et auoir esgard à sa
mutation et inégalité : et s’il est trouué
lent et petit , alors on doit soudaine-
mont cesser et cloi re la veine , ou
faire la saignée à deux ou trois fois ,
4i3
si la force manque. Il faut bien icy
obseiuer, qu’aucuns par vne timi¬
dité tombent en syncope deuant qu’on
leur ait tiré vne palette de sang ;
parquoy il faut connoistre les signes
de syncope : qui se fera par vne pe¬
tite sueur qui commence à venir au
front, et mal de cœur, comme volonté
de vomir, et bien soutient d’aller A la
selle, baaillement et changement de
couleur, les léures estans pâlies ; et
le signe infaillible ( comme i’ay dit )
est le pouls qui sera trouué lent et
petit. Et lorsque tels signes apparois-
tront ,faut mettre le doigt sur le per-
tuis de la veine , tant que le malade
soit plus asseuré, et luy donner vne
rostie de pain trempée en vin, ou
quelque chose de semblable.
Et après la saignée ainsi faite , on
ne laissera de donner promptement
à boire au malade quelque alexi-
tere ayant vertu et puissance de vain -
cre la malignité du venin et le chas -
ser hors, comme pour exemple, du
theriaque ou methridat dissout auec
eau d’ozeille sauuage , ou de l’eau
theriacale , ou autres semblables que
nous auons cy deuant descrits. Or
c’est assez parié de la saignée, venons
maintenant à la purgation.
CHAPITRE XXVII
DES MEDICAMENS PVRGATIFS.
Si on voit que la purgation soit ne¬
cessaire par les intentions susdites, on
y procédera comme la chose le re¬
quiert, c’est à sçauoir, en considé ¬
rant que c’est icy vne maladie vio¬
lente, laquelle a besoin de remedes
prompts pour combattre et vacuer la
pourrituredcshumeurs horsdu corps.
4l4 LE VINGT-QVATRIEME LIVRE
Et les fautdiuersifier selon qu’on con-
noîslra riiumenr péchant : aussi en
prenant indication du tempérament
du malade, de l’aage, conslume, pays,
saison de l’année, sexe , air ambiens,
el plusieurs autres cimses semblables,
qu’on verra estre necessaires, et prin¬
cipalement de la vertu. Partant si on
voit qu’il soit necessaire que le ma¬
lade soit purgé, et qu’il soit fort ro¬
buste , on luy donnera vne dragme
detheriaque, auec six grains , voire
dix grains de scammonée en poudre.
On peut semblablement bailler des
pilules faites ainsi.
:yiThenacÈe et mitliridatij ana 3. j.
SulphurlsviüisubtililerpuluerisatiS. fi .
Diagredij g . iiij.
Fiant pilulæ.
Autres pilules.
Jf. Aloës 3. iij.
Myrrhæ croci ana 3, j,
Hellebori albi, azari ana 9 . iiij.
Cum theriaca veteri fiat massa , capiat 9 .
iiij. pro dosi, tribus horis ante pastum.
Les pilules de Eufus, dont nous
aübhs parlé cy deuant, sont propres
pour donner aux moins forts el ro¬
bustes pour vn remede gracieux, des¬
quelles faut prendre vne dragme en
pilules ou potion.
Lés anciens ont foi t loué l’agaric ,
par-ce qu’il attire les humeurs de
tous les membres , et a vertu appro¬
chante du theriaque, par-ce qu’il
renforce le cœur, et le purge de tout
venin : on en peut donner deux drag-
mes aux robustes, vne aux médiocres,
et demie aux délicats, lît par ainsi
selon la force du malade, en sera
donné en trochisques et bien préparé.
Et vaut mieux qu’il soit baillé en dé¬
coction qu’en substance, par- ce que
qüelquésfois il n’est pas bien esleu et
préparé : qué s’il est bien ésleu et pré¬
paré, on le peut dire estre vne méde¬
cine diuiue contre la pesie causée par
le vice des humeurs , de laquelle plu¬
sieurs expériences ont esté faites.
Quelques vns approuuentel recom¬
mandent fort l’aulimoine, alleguans
plusieurs expériences qu’ils ont veu.
Toutesfois, par ce que l’vsage d’ieelujr
est reprouüé par messieurs de la fa¬
culté de Medecine , ie me deporteray
d’en rien escrire en ce lieu h
Maintenant venons aux autres re-
medes, desquels on vse principale¬
ment lors que le vice gisl en l’intem-
peralure de l’air et non des humeurs :
lesquels ont la vertu d’esmouuoir les
sueurs , lequel remede en tel cas est
1 C’est ici ie fameux endroit où Paré, dans
les premières éditions , s’étendait avec tant
de complaisance sur l’usage et les vertus de
l’antimoine. A ce propos, il Importe que je
revienne sur une assertion émise dans mon
Introduction, page cclxxiii, où il est dit que
ce morceau fut supprimé dans la première
édition des OEuvres complètes. C’est une er¬
reur; on le lit en 1575 tout-à-fait semblable
au texte de 15fJ8. Ce ne fut donc qu’en 1579
que Paré consentit à le supprimer, sans
doute par la même raison qui lui avait fait
supprimer le livre des Fiénres, et pour se
remettre en paix avec la Faculté. L’auteur
avait laissé cependant en d’autres endroits
de ses OEuvres percer l’opinion qu’il avait
de ce remède: ainsi au chap. 48 du livre de
la Génération , ainsi encore au chap. 21 du
livre des Venins (voyez tome 11, page 745,
el tome Ht, page 312) ; et ces courtes phra¬
ses avaient échappé à la censure de la Fa¬
culté. Mais on ignorait que Paré eût eu
l’occasion de se prononcer sur une question
de pratique qui agita et div sa les médecins
pendant près de deux siècles, et on me saura
gré d avoir reproduit ce long passage dans
cet'e nouvelle édition ; on le trouvera sous
le titre de Chapitre complementaire à la fin
du livre de la Peste.
le premier et plus excellent entre
tous autres : entre lesquels celuy qui
s’ensuit, est de merueilleuse vertu ,
et ray entendu de rnessire Matthias
Rodler, chancelier de monseigneur le
duc Georges , comte Palatin, homme
de bien et d’honneur, demourant à
Schimeren. Lequel m’a depuis n’a-
gueres escrit qu’on a esté fort vexé de
peste en Allemagne, et le plus grand
et singulier remede qu’ils ayent peu
trouuer (par le moyen d’vn docte
Médecin) estoit prendre vne brassée
de l’herbe nommée Armoise, et de la
cendre d’icelle on faisoit de la lexiue
auec vne quarte d'eau pure , puis on
la faisoit bouillir et consumer sur le
feu dedans vn vaisseau de terre
plombé , iusqu’à ce qu’elle délaissas!
Yne matière espaisse comme sel, et de
ce on faisoit trochisques, chacun de
la pesanteur d’vn florin d’or. Et lors
qu’on se sentoit frappé de peste , ou
faisoit dissoudre l’vn desdils trochis-
qües, ou deux , plus pu'raoins , selon
la force et aage des malades , auec
quatre ou cinq doigts de bon vin ou
maluoisie : puis se pourmenoieut
après l’espace de demie heure , et se
mettoient dans le lit , et suoient deux
ou trois heures, plus ou moins , selon
que la force et vertu des malades
estoit grande, aussi vomissoienl et
alloient à la selle, comme s’ils eus¬
sent pris de l’antimoine : et par ce
remede, ceux qui en ont vséaupara-
uant que le venin eust saisi le cœur ,
sont presque tous eschappés : ce que
i’ay expérimenté depuis en ceste ville
de Paris , auec bonne issue. Les an¬
ciens ont fort loué l’Armoise prise
par dedans et dehors, contre la mor¬
sure des serpens : et partant est à
louer donnée à la peste.
Aussi ilrn’aestéasseuré parmaistre
Gilbert Eroüard , docteur en Méde¬
cine â Montpellier, que luy estant en
Sicile, médecin du Vice-roy d’icelle
prouince, entra en familiarilé et ami¬
tié auec vn Nauai rois , qui auoil
serui auec grande reputaüon la reli¬
gion de Malte l’espace de quarante
ans : lequel estant à Rhodes, en l’hos¬
pital de ladite religion , pour penser
les pestiférés , à la grande instance et
priere d’vn patron de nauire Ragu-
seis, malade de peste, auroit esté
contraint luy permettre de boire vn
grand plein verre de saumure d’an¬
chois, pour ce que ledit malade disoit
cela estre vn singulier remede contre
la peste : duquel breuuage , en moins
de vingt quatre heures après l’aUoir
pris, luy ayant succédé vne grande
sueur, se trouua sans fléure, et en¬
tièrement guar: : et asseuroit ledit
Nauarrois auoir donné depuis ce fe-
mede à plusieurs qui ont esté guaris.
ü’auantage , ledit Eroüard m’a af¬
firmé, qu’ayant oüy ce récit , il en a
fait l’experienceà plusieurs, et mesme
en a donné â deux enfans de monsieur
de la Terrasse, maistre des reques-*
les du roy, qui estoient malades de
pesté, et ont esté guaris. De l’elTet du¬
quel remede luy ay a nt demandé quelle
raison il en pourroit donnée , il m*al-
legua que la peste n’est autre chose
qu’vne espece de putCefaction et col’-
ruption insigne, à laquelle les medi-
camens grandement desseiebans sont
propres et vtiles : et partant le sel
( comme estant fort excellent à gar¬
der toutes choses suietles à corrup¬
tion) a force et vigueur de consumer
l’indicible putréfaction où le venin
pestilentiel est attaché. Or il faut icy
au ieune Chirurgien noter, qu’il ne
faut attribuer ce remede aux anchois,
mais du tout à lasalsitude.
Aucuns prennent le poids d’vne
dragme de semence d’hiebles mises
le VfNGT-OVATRJÉMK LIVllE
en infusion en vin blanc , qui fait
presque semblable effet que l’anti¬
moine ; ce que ie sçay par experieiice.
Autres prennent vne dragme de se¬
mence de rue pilée, y meslans le gros
d’vne féue de tberiaque, et donnent
cela à boire au malade auec quatre
doigts de maluoisie. 11 y en a aussi au¬
cuns qui prennent vne poignée de
fueilles et sommités de genest, elles
i)ilent auec demy-seplier de vin blanc,
et le donnent à boire : et tost après
les malades vomissent, assellent et
suent : ce que i’approuue, d’autant
qu’on voit par expérience , que ceux
qui sont mords de bestes veneneuses ,
lians du genest dessus la morsure,
ont gardé que le venin ne passe plus
auant. Pareillement on en donne à
boire , pour garder que le venin ne
saisisse le cœur. Autres vsent de raci¬
nes de enula campana , gentiane ,
tormentille, graine d’escarlate et de
genéure , limure d’iuoirc et de corne
de cerf, prenans de chacun d’iceux
à la volonté, à sçauoir demie dragme
pour l’ordinaire , et le tout concassé
et mis en infusion en vin blanc et eau
de vie par Tespace de vingtquatre
heures sur les cendres chaudes , cou¬
lent le tout , et d’icelle colature en
donnent trois ou quatre doigts, plus
ou moins , au malade de peste , selon
qu’il est besoin : puis on le met dedans
le lit, et on le couure bien. Icelle
meslange prouoque beaucoup la
sueur, et chasse le venin , d’autant
qu’elle est cordiale, et a vne grande
euaporation spiritueuse, ioint qu’elle
est alexitere, comme ou peut voire
par ses ingrediens.
Aussi la potion suiuante a esté
expérimentée auec heureux succès, et
est principalement propre pour les
rustiques.
Prenez raoustardc a re (et non faicte do
moust), demi once; deslaycz-la en vin
blanc et vn peu d’eau de vie, et y mes-
lez le gros d’vne feue de Iheiiaque ou
rnelhridat.
Puis l’ayant beuë, se faut pourme-
ner et suer, comme dessus est dit.
Pareillement le remede suiuant leur
sera conuenable. 11 faut prendre vn
gros oignon et le creuser, et y mettre
du theriaque ou rnelhridat, demie
dragme auec vinaigre , et faire cuire
le tout ensemble, puis l’exprimer : et
de ce on en baillera à boire au ma¬
lade auec eau d’ozeille ou de char¬
don benist, ou autre eau cordiale, ou
de bon vin : puis on le fera pourme-
ner tant et si peu qu’il sera besoin,
et après on le mettra dans vn lit
pour suer, comme dessus : ou on fera
comme s’ensuit.
Prenez teste d’ail la quantité d’vne
noix assez grosse, vingt fueilles de
rue et autant d’esclaire, qu’on ap¬
pelle en latin Chelidonium mains :
pilez tout auec vin blanc, et vn peu
d’eau de vie , puis exprimez : et en
beuuez cinq ou six doigts. Aucuns
prennent du jus d’esclaire et de mau-
ues, tiré auec quatre doigts de vi¬
naigre, qu’ils boiuent auec deux
doigts d’huile de noix : puis se pour-
menent assez longuement , et tost
après vomissent, et leur ventre s’ou-
ure, et vont à la selle; et par ce
moyen sont guarantis. Autres vsent
de fueilles delaureole desseichées, le
poids d’vu escu, plus ou moins, selon
la vertu du malade, lesquelles ils
trempent deux iours dedans du vi¬
naigre et en donnent à boire : cela
les fait suer, vomir et asseller, et par
ce moyen chasse le venin : qui est vn
remede plus commode lors que le vice
13E I,A t>ESTË.
est aux humeurs , comme aussi sont
les suiuans
Matlhiole, au liure de la Verole, dit
que la poudre de mercure donnée
auec vn peu de suc de chardon benist,
ou elecUiaire de gemmis^ chasse la
peste deuant qu’elle soit conflrmée,
en faisant vomir, suer, et asseller.
Outre- plus ledit Matthiole conseille
de donner de la coupperose dissoute
en eau rose, le poids d’vn escu, aux I
pestiférés, parce qu’elle fait vomir et
suer et asseller: et par ce moyen
chasse le venin.
Autres donnent de l’huile de scor-
pions en petite quantité auec vin
blanc , laquelle prouoque grande¬
ment le vomir, et peut attirer et va-
cuer auec soy le venin pestiféré : et
mesmement en frottent la région du
cœur , et les arteres des temples et
1 II y a encore eu ici un retranchement ,
opéré cette fois dès 1675 sur le texte primi¬
tif; en effet, après ce paragraphe, on lisait :
« Aucuns ne craignent à prendre la pe¬
santeur d’vn escu de poudre de mercure
bien calcinée , et la mistionnent auec con-
serue de roses ou colignac la quantité d’vne
drachme , et la donnent à avaler comme
autres pilules : puis font pourmener le ma¬
lade , et le gardent de dormir : et certaine¬
ment la dicte poudre fait grande euacualion
tant par haut que par bas, et fait ietter di-
uerses couleurs d’humeurs par les selles, ce
que i’ay expérimenté : aussi Maihiolele con¬
firme au livre de la Ferole, disant qu’icelle
poudre de mercure, donnée auec vn peu de
suc de chardon beneit, etc. »
Je ne saurais comprendre pourquoi Paré
a supprimé celte mention d’un remède qu’il
dit avoir lui-même experimenié ; mais . quoi
qu’il en soit , on est frappé de voir avec
quelle hardiesse il essayait les médicaments
les plus nouveaux et les plus héroïques; et
l’on comprend qu’il n’avait pu voir employer
autour de lui l’antimoine sans chercher à
en apprécier directement la valeur.
III.
417
du poignet. Et d’autant que ce venin
peslilent est ennemy mortel de Na¬
ture , partant il faut le combattre,
tant par qualités manifestes, que par
antidotes.
Or telles grandes euacuations ne
sont louées pour cure reguliere, mais
irreguliere, et ne sont aussi à reiet-
ter, pour ce qu’ils diuertissent et va-
cuent l’humeur veneneux , tant par
le ventre, vomissement, que par
sueurs. Et ne faut vser de médecines
trop debiles en maladie si cruelle et
forte , pource qu’elles ne font gueres
d’action , ains seulement esmeuuent
les humeurs sans les euacuer, dont
souuent la fléure s’augmente. Et par¬
tant si on connoist que tels remedes
purgatifs n’ayent fait suffisamment
leur deuoir, tu les dois reïterer et
augmenter ; car (comme nous auons
dit) aux fortes maladies il faut vser
de forts et soudains remedes Tou-
tesfois se faut donner garde que la
médecin e ne soit trop forte, parce
qu’elle prosterneroit et abbattroit les
vertus, lesquelles ne pourroient ba¬
tailler en vn mesme temps contre
deux, à sçauoir , contre la medecine
et le venin : et par ainsi on pourroit
empescher le mouuement de Nature
à ietter le venin hors : partant sur
toutes choses la vertu et force du
malade doit estre recommandée. Et
I pour ceste cause , ie conseille que les
remedes ainsi forts et violens ne soient
donnés qu’aux forts et robustes,
comme laboureurs, mariniers, cro-
cheteurs, chasseurs, elautres de forte
complexion, si ce n’est en petite quan¬
tité. Et après auoir vsé de medica-
mens laxatifs, il faut donner des
choses qui roborent l’estomach , et
repoussent le venin du cœur , et ap-
I 1 Hippocrates , Aph. 6. liu, 1 . — A. F.
27
LE VINGT-QVATRIÉME LIVRE,
4i8
paisent l’agitation des humeurs ,
comme la composition d’alkermes, ou
autres choses cy dessus mentionnées
au chapitre des Alexiteres.
CHAPITRE XXVIII.
DES ACCIDENS ET COMPLICATIONS DES
MALADIES QVI ADVIENNENT AVX PES¬
TIFERES : ET PREMIEREMENT DE LA
DOVLEVR DE TESTE.
Il nous conuient à présent traiter
des accidens qui le plus soutient
aduiennent en ceste détestable ma¬
ladie , et de la correction d’iceux :
comme sont douleur de teste et de
reins, éruptions et pustules faites au
cuir, apostemes , charbons , flux de
ventre, et vne infinité d’autres: et
commencerons par la douleur de
leste, laquelle est fort commune en
ceste maladie. Car si le venin est raui
au cerueau, et que Nature ne l’ait
peu expeller,- adonc adui« nt en iceluy
et en ses membranes inflammation ,
laquelle venant principalement à
saisir et occuper la partie anterieure,
le sens commun et imagination se
troublent : si c’est au milieu, il ne ra¬
tiocine point : et si c’est en la partie
postérieure, il perd sa mémoire : dont
le plus souuent , par faute d’y remé¬
dier , le malade tombe en déliré ,
frenesie, manie et rage : laquelle ne
vient seulement à cause de la qualité
chaude, mais par vne particulière
malignité du venin.
Or ceste douleur si grande et ex¬
trême prouienl d’vne trop grande et
abondante quantité de sang, et de
certaines vapeurs putrides qui mon¬
tent des punies inferieures à la teste.
Qu’il soit vray, on leur voit la face et
jes yeux fort enflammés, rouges et
larmoyans, auec grande pesanteur et
chaleur de toute la teste : partant il
faut soigneusement subueiiirà tel ac¬
cident.
Donc pour la curation, il faut pre¬
mièrement ouurir le ventre parclys-
teres, et après saigner la veine cé¬
phalique du costé auquel sera la
plus grande douleur. El si pour cela
la douleur ne cesse pas, alors on in¬
cisera les arteres des temples , et on
tirera du sang selon la vehemence
du mal et la vertu du malade. Et
ne faut différer à ouurir telles arteres
des temples, et tirer du sang, pour
crainte qu’aprés on ne peust estan-
cher le sang à cause de leur mouue-
ment (qui est syslolé et diastole, c’est
à dire contraction et dilatation) : car
véritablement ie l’ay fait plusieurs
fois, et n’ay trouué non plus de dif¬
ficulté à l’estancher que des veines ,
ioint aussi qu’au lendemain on trou-
uoit l’ouuerture aussi tost consolidée
qu’és veines. Parquoy ne faut crain¬
dre à inciser lesdites arteres : et vous
puis asseurer qu’on voit grand effet
du sang qui est vacué par icelles,
voire cent fois plus que des veines ;
qui demonstrebien que la matière pu¬
tride et vaporeuse est plus contenue
en icelles qu’és veines ‘.
On pourra semblablement prouo-
quer la saignée par le nez , si on voit
que Nature y tende : car elle profile
grandement aux obstructions et in¬
flammations du cerueau et de ses
membranes, et peut par icelles estre
vacué beaucoup de sang pourri et
corrompu : car par telle vacuation, on
voit délires et fiéures ardentes allégées
et du toulguaries: ce qui est aussi
1 Compartiz ce passage surl’arlériotomie à
ce qu’il en a dit au chapitre de la Migraine,
tome II, page 412.
DK LA PESTE.
419
proimé par Hippocrates », disant (ju’à bouche eau froide, et dedans le nez
celuy qui a grande douleur de teste, du cotlon , dn saulx, ou quelque res¬
la boue, eau, ou sangdecoulantparla trainctiffalt de poil d’entre les cuis-
boucheelparlenez,ôupaflesoreilles, ses ou la gorge du liéure, bol ar¬
guai it la maladie. Par quoy faut que mene, terre sigillée incorporée auec
le chirurgien aide Nature à ietter hors jusdeplantin etcentinode, ou autre
ce qui luy nuit : à quoy elle par- semblable: et le situer en lieu frais,
uh ndra, en faisant que le malade et qu’il puisse attirer l’air à son aise,
s’etforce à moucher, et gratter auec Et pour retourner à nostre propos,
l’ongle le dedans son nez , ou qu’il se après la saignée, si la douleur perse-
pique auec soye de porc, et qu'il ueroit,etqu’on veist les veilles estre
tienne sa teste en bas , à fin d’ouurir grandes, de façon que le pauure ma-
quelque veine de laquelle la matière lade ne peust dormir ny nuit ne iour,
coniointe se peut euacuer. à cause des vapeurs putrides qui ont
Quelquesfois à aucuns le sang s’es- eschaufifé et desseiché le cerueau,
coule de soy-mesme , par ce qu’il est alors it faut vser de remedes qui pro¬
chaud subtil et bilieux, aussi que uoquent le dormir, et ayent la fa-
Nature veut faire sa crise; ce que i’ay cullé de refroidir et humecter, les-
veu aduenir à monsieur de Fontaine, quels seront administrés tant par de-
cheuaiier de l’ordre du Roy (sa Ma- dans que par dehors. El pour exem-
jesté estant à Bayonne), lequel auoit pie, on pourra donner à manger au
vne fiéure continue et pestiiente , ac- malade orge mondé , fait auec eau de
compagnée de plusieurs charbons en nénuphar et d’ozeille , de chacun
diuerses parties du corps, et fut deux deux onces, opium six ou huit grains,
iours sans cesser de saigner par le des quatre semences froides et du
nez : et par iceluy flux sa fiéure cessa pauot blanc, de chacun demie once,
auec vne Ires-grande sueur ; ettosl En ses potages on mettra laictues,
après ses charbons suppurèrent, et pourpié, semence de pauot, et des
fut par moy pensé , et par la grâce semences froides concassées. On luy
de Dieu guari. En tel cas faut laisser pourra aussi donner vne pilule de
couler ledit flux : mais si on voyoit cynoglossa, dans laquelle y entre
que Nature fnst desreiglée et iettast de l’opium. Semblablement oh luy
trop de sang, par la vuidange duquel pourra faire prendre vn p6ü de dia¬
les forces s’affoiblissejnt trop, adonc codion siûe speciebus. Et pour son
il doit estre arreslé, tant par ligatures boire , eaux de laictues et de nenu-
fortes faites, aux bras et iambes , ap- phar, ausquels On aura fait boüillir
plication de ventouses sous lesmam- semences de pauot , à sçauoir demie
molles et sur les parties honteuses, once d’icéiuy auec trois onces des-
ou sous les aisselles , estouppes ou dites eaux, ou vne once et demie de
esponges imbues en oxycral ou quel- syrop de nénuphar, ou de pauot, auec
que autre liqueur froide, et appli- trois onces de la décoction de laictues,
quees froides et reïterées souuent. ou la potion suiuante ».
Pareillement on luy fera tenir en sa
» Cette formule manque dans les éditions
i- Hippocrates , Aph. 10. h«. 6. - ■ A. P. de 15G8 et de 1575.
LE VlNG'î'QVÂTlllERlE LlVBË
420
‘2f. Lactncarum reccntium m.j.
Florurn nénuphar, et viol, ana p. ij.
Caput vnurn papauer. albi contusum
cum seminib. pondéré 3. ij.
Liquiritiæ, passul. ana 3. j. û.
Fia Idecoctio: in colatura dissolue :
Diacodij sine specieb. § . j.
Fiat polio larga danda hora somni.
Outre-plus , on doit vser de clyste-
res dormitifs pour refroidir la vehe-
raente chaleur qui est au centre du
corps , faits en la maniéré qui s’en¬
suit.
"if. Decoctionis hordei mundali quartaria iij.
Olei violati et nenupharis ana § . ij.
Aquæ plantaginls et portulacæ vel suc-
corum 5-i'j-
Caphuræ g . vij.
Album, ouor. iij.
Fiat clysler.
Et quant aux choses qu’il conuient
faire par dehors, il faut raser le poil,
et appliquer sur toute la teste de
l’oxyrhodinum , qui est huile et vi¬
naigre mislionnés ensemble , et luy
laisser dessus vn linge en double
trempé, lequel sera rénouuellé et
remouillé sourient. Pareillement on
appliquera poulmons de veau ou de
mou Ion recenteroent tirés de la beste,
ou vn coq vif fendu en deux , et le
renouuellera-on ainsi qu’on verra
estre besoin. Semblablement on ap¬
pliquera des ventouses derrière le
col et sur les espaules, sans scarifica¬
tion , et auec scarification. Aussi on
fera des frictions et ligatures aux
bras et aux iambes , à fin de diuertir
et euacuer vne partie de la matière.
Outre-plus, luy sera fait vn frontal
en ceste maniéré.
"if.. Olei rosati et nenupharis ana 5 • ij-
Olei papaueris § . fi .
Opij 3.j.
Aceti rosati § . j.
Caphuræ 3. fi.
Ces choses soient incorporées en¬
semble , et soit fait vn frontal , lequel
doit estre réitéré par fois : et seront
continuées ces choses seulement ius-
qu’à ce que la vehemente inflamma¬
tion soit passée , de peur de trop ré¬
frigérer le cerueau.
Aussi on luy fera sentir au nez
fleurs de pauot, iusquiame, nénuphar,
mandragore, broyées auec vinaigre et
eau rose, et vn peu de camphre,
enueloppées ensemble en vn mou¬
choir : et soient tenues assez longue¬
ment contre le nez , à fin que l’odeur
se puisse communiquer au cerueau ,
et par ce moyen soit prouoqué le
dormir. On luy peut pareillement ap¬
pliquer cataplasmes sur le front à ces
mesnies fins, comme peut estre le
suiuant.
Mucilaginîs seminis psyllij et cydonio-
rum in aqua rosarum extractæ §. iij.
Farinæ hordei g.iiij.
Pulueris rosarum rubrarum , florurn ne-
nupbaris, violarum ana 5. G.
Serninis papaueris et portulacæ ana 3 , ij.
Aquæ rosarum. et aceti rosati ana iij.
Fiat cataplasma.
Et l’appliquez tiede sur le front et
mesme sur toute la teste.
Autre.
Succorum lactùcæ, nenupharis, hyos-
cyami, portulacæ ana Ib. ft.
Rosarum rubrarum puluerisalarurn , se¬
minis papaueris ana 5 . n,.
Olei rosati § . üj.
Aceti 3 . ij.
Farinæ hord. quantum sufficit.
Fiat cataplasma ad formam pullis salis li-
quidæ.
DE LA PESTE. 4^1
CHAPITRE XXIX.
DE LA CHALEVn DES REINS.
Pareillement pour d’auantage di¬
minuer la chaleur des reins , on ap¬
pliquera dessus de l’onguent réfrigé¬
rant de Galien recentement fait, y
adioustant blancs d’œufs tres-bien
battus, à fin que son humidité soit
Après l’inflammation appaisée, on
fera des fomentations resolutiues, à
fin de résoudre quelque humeur con¬
tenu au cerueau et en ses membra¬
nes. Et en cest endroit noteras, que
plusieurs sont deceus aux grandes
douleurs de teste causées par inflam¬
mation , qui commandent de serrer
et lier très-fort la teste pour appaiser
la douleur : car tant s’en faut que
cela y profite , qu’au contraire l’aug¬
mente , parce qu’au moyen de ceste
astriction le mouuement des arteres
estempesché ; desquelles rvsage,qui
est d’euentiller et rafraîchir le corps,
tant par attraction de l’air qui nous
auoisine que par expression d’excre-
mens chauds et fuligineux, est de
beaucoup empesché et aboli ; outre¬
plus serrent èt compriment les sutu¬
res ou iointures des os du crâne , et
en ce faisant, gardent que les vapeurs
et fumées ne se peuuent euaporer. Et
partant sont cause d’accroistre vne
extreme douleur et chaleur, fiéure,
resuerie, et autres grands accidens,
voire quelquesfois iusqu’à faire sortir
et creuer les yeux hors de la teste , et
estre cause de la mort des pauures
malades : ce que i’atteste auoir veu ,
ainsi que i’ay escriten mon liure des
Planes de la teste humaine G .
D’auantage , aucuns sont si endor¬
mis et assommés , qu’ils ne se peu¬
uent aider : partant il leur faut met¬
tre dedans le nez choses odorantes ,
et qui ont vertu de les faire esternuer,
à tin que la faculté animale soit ai¬
guillonnée et excitée à se defendre :
et s’ils ne se peuuent aider, il leur
faut ouurir la bouche par force, pour
leur faire aualler quelque aliment ou
médicament.
1 Yoyez tome II, pages 47 et 79.
plus longuement gardée : et faut re-
nouueller à chaque quart d’heure,
et l’essuyer quand on en mettra d’au¬
tre : ce que l’on fera iusqu’à quatre
fois : car autrement estant eschauffé
en la partie , il ne refrigereroit pas ,
mais plustost augmenteroit la cha¬
leur. Aussi on pourra vser du remede
suiuant.
7C. Aquarum rosarum H>. C>.
Succi plantaginis §. iiij.
Albumina ouorum iiij.
Olei rosacei et nenupharis ana § . ij
Aceti rosati § . iij.
Misce ad vsum.
Les reins estans frottés del’vn des¬
dits onguens , on appliquera dessus
fueilles de nénuphar recentes, ou
autres semblables herbes réfrigéran¬
tes , puis après vne seruiette trempée
en oxycrat , et espreinte et renouuel-
lée souuent.
Aussi le malade ne couchera sur
lits de plume ; ains luy sera mis par
dessus vn matteias, ou vne paillasse
d’auoine, ou vn gros linceul de toile
neufue ployé en plusieurs doubles,
ou du camelot , de peur que la plume
n’augmente d’auanlage la chaleur
des reins , et vniuersellement de tout
le corps. On pourra aussi appliquer
sur la région du cœur vn médicament
le VINGT-QVATmÉME LIVRE
réfrigérant et contrariant au venin ,
comme cestuy suiuant.
Vnguenti rosati § . ilj.
Olci nenupharis § . ij.
Accii rosaü et aquæ rosa ana § , j.
Theriacæ3.j,
Croci 3. fi .
I.esdiles choses soient incorporées
et fondues ensemble, et suit fait on¬
guent mol , lequel sera estendu sur
vne piece d’escarlate.ou sur du cuir,
et appliqué sur la région du cœur.
Autre.
Theriacæ optirnæ 3. j.
Succi acidi citri et limonis ana 5 . fi .
Corail» rubri, seinin. rosar.rub.ana3. fi .
Caphuræ , croc» ana g • ü'j-
Incorporentiir omnia simul : fiat yngijen-
tum yel linimentum.
D’abondant on fera pleuuoir par
artifice, en faisant découler de l’eau
de quelque haut lieu dans vn bassin,
et qu’elle face tel bruit qu’elle puisse
estre entendue du malade. Et aussi
luy faudra frotter doucement les
mains et pieds, euitant tout bruit en
la chambre, de laquelle on tiendra
les portes et fenestres closes , à fin
qu’elle soit nmdue plus obscure :
aussi sera rafraichie auec les choses
prédites , euitant lousiours les odeurs
chaudes, pour-ce qu’elles nuisent
beaucoup à la douleur de teste , cau¬
sée de matière chaude.
CHAPITRE XXX.
ACCIDENS DE PESTE
Il y a vn accident de peste, appellé
Caque-sangue, qui est vn flux de ypn-
1 Ce chapitre vient de la petite édition du
Discours de la Peste de 1682 , et a été trans¬
porté ici en 1586.
tre qui vlcere et corrode les intestins,
tellement que par les selles on voit
sortir comme vne raclure de boyaux,
et du sang tout pur, autresfois du pus
ou boue, ou autres matières puru¬
lentes, auec vne extreme douleur,
qui irrite le malade d’aller souuènt à
la selle : et n’y peut rien faire, ou
bien peu , encore est-ce auec de bien
grandes espreintes : et ce qu’il iette
est fort puant , et de diuerse couleur,
comme rousse, iaunastre, verte,
cendrée, noire, vpire Je sang tout
pur.
Ce que i’ay yeu plusieurs fois adue-
nir, mesme au camp d’Amiens, où
plusieurs moururent de tel flux , le^
quel estoit fort contagieux, et prin¬
cipalement à ceux qui alloiept aux
priués après eux, et pour y auoir
ictté tels excremens. Si que voulant
sçauoir le lieu d’ou ceste grande quan¬
tité de sang pouuoit sortir, ie fis ou-
Uerture de quelques yns après leur
mort, et trouuay les bouches des yei-
nes et arleres niezaraïques ouuerles
et tuméfiées là par où elles aboutis¬
sent dedans les iritestins, en forme de
petits cotylédons de grosseur d’vn
petit pois, desquels lors que ie les
pressois, le sang sortpit à veué d’œil:
et par là ie conneus les yoyes par
lesquelles le sang estoit ietté par les
selles. Monsieur Le Grand, médecin
ordinaire du Kpy, qui estoit auec
moy au camp par le commandement
du rpy defunct Renry , en sauua plu¬
sieurs : et entre autres reinedes leur
laisuit boire du lait de yaclielerré,
et aussi en faisoit spuuent ietler par
le siégé, pour corriger et adoucir
l’acriinunie de l’humeur.
De la Coqueluche.
Il y a yn accident de peste appellé
Coqueluche, ainsi dit, parce que ceux
DK L4
qui en estoîent esprins sentoient vue
exlrome douleur de leste , et à l’eslo-
wach, aux reins et aux iambes, auec
fléure continue, et souuent attec de-
lire et frenesie : et lors qu’on lespur-
geoit QU saignoit , on a conneu leur
auoir abbregé leurs iours.
La Suelle.
Il y a vn autre accident, appellé la
Suette, qui a esté en Angleterre et
aux basses Alleniagnes, ainsi nommée
parce que les patiensauoient vne bien
grande sueur vniuerselle, auec grand
frisson , tremblement et palpitation
de cœur, accompagnée de üéure con¬
tinue , et mourolent en peu de iours:
et tua vn bien grand nombre de peu¬
ple.
Tronsse-gcflandj
Il y a vn autre accident , appellé
trousse-galand , qui a esté au Puy en
Auuergne , ainsi nommé parce que
ceux qui en estoient esprins, mou-
roient en deux ou trois iours, et plus-
tost les robustes que les foibles et de-
biles , et les riches que les panures :
auec fléure continue, déliré et frene¬
sie, et mouroient comme enragés, en
sorte qu’il les falloit lier et attacher.
Si quelqu’vn reschappoit, tout le poil
luy tomboit : et ceste maladie estoit
fort contagieuse.
CHAPITRE XXXI.
DES EBVPTIONS ET PVSTVEES APPELLÉES
POVBPRE.
A aucuns aduiennent éruptions au
cuir, semblables à morsures de puces
ou de punaises : aussi sont quelques-
foisesleuées, comine petits grains de
mil , ou de petite verolle qu’on voit i
PESTK. 4^3
aux enfans.Et lors qu’elles sont trou-
uées en grande quantité, c’est bon si¬
gne : au contraire non. Aussi selon
la vehemence du venin et la matière
dont elles sont procréées, sont veuës
de diuerses couleurs , à sçauoir rou¬
ges, citrines, tannées, violettes, azu¬
rées, liuides ou noires. Les vulgaires
les appellent /e Tac, les autres le Pour¬
pre, pour-ce qu’elles sont souuentes-
fois trouuées à la similitude de graine
de pourpre : autres les appellent len¬
ticules, parce qu’elles sont veuës quel-
quesfois comme petites lentilles : aussi
aucuns les nomment papillots, à cause
qu’elles se manifestent tantost au vi¬
sage, lantost aux bras et iambes, vol-
ligeans de place en place comme pe¬
tits papillots volans. Et quelquesfois
occupent tout le corps, non seule¬
ment la superficie du cuir, mais pé¬
nétrent plus profondément dedans la
chair, principalement lors qu’elles
sont faites de grosse matière aduste.
Aucunes sont trouuées grandes et
larges, occupant presque tout vn
bras, ou vne iambe, ou la face, comme
vn erysipele , et parlant diuersifient
selon que l’humeur peche en quantité
ou en qualité. El si elles sont de cou¬
leur purpurée , noire , ou violette ,
auec défaillance de cœur, et s’en re¬
tournent sans cause manifeste, c’est
vn signe infaillible de mort.
La cause desdites éruptions est la
fureur de l’ebullition du sang , faite
par l’humeur malin et veneneux.
Elles viennent communément auec
la fléure pestilentielle, et quelques¬
fois deuant que la bosse ou charbon
soient apparus, quelquesfois aussi
après : qui alors demonstrent vne
I grande corruption d’humeurs au
1 corps : car outre l’expulsion de la
matière de la bosse ou du charbon ,
ladite corruption est si abondante,
LÊ ViNGT-QVATRiiMK LIVRE,
4^4
qii’ello se demotistre aux autres lieux
du corps, dont le plus souuent le pau-
lire pestiféré meurt. Quelquesfois
aussi sont trouuées seules, à sçauoir
sans bosse ny charbons , et alors
qu’elles sont rouges, sans estre ac¬
compagnées d’autres mauuais acci-
dens, ne sont mortelles, Elles appa-
roissent communément au troisième
ou au quatrième iour, et quelquesfois
plus tard : aussi souuentesfois ne sont
apperceuës qu’aprés la mort du ma¬
lade, à cause que l’ebullition des hu¬
meurs faite par la pourriture n’est du
tout esteinte : et partant la chaleur
qui reste, excitée de pourriture, iette
des excremens au Cuir, qui fait sortir
les éruptions ^ Ou plustost parce que
Nature sur le dernier combat, ayant
monstré quelque effort plus grand
(comme est la coustume de toutes
choses qui tirent à leur fin) que d’or
dinaire , s’est despestrée sur l'instant
de la mort de quelque portion de l’hu¬
meur pestilent vers le cuir : telle¬
ment toutesfois qu’affoiblie de tel ef¬
fort, a succombé sous le faix et mali¬
gnité du reste de la matière.
CHAPITRE XXXII.
DE LA CVEE DES ERVPTIONS.
Pour la curation des éruptions, il
faut se garder sur tout de repousser
l’humeur au dedans ; et partant faut
euiter le froid , pareillement les mé¬
decines laxatiues, la saignée, et le
dormir profond, parce que telles
choses retirent les humeurs au de¬
dans, et partant pourroient interrom-
î Le chapitre se terminait ici en 1568 et
1675 ; le reste est de (679.
pre le mouuement de Nature, laquelle
s’efforce de ietter hors ce malin hu¬
meur : mais au contraire faut suiure
Nature là par où elle tend*, c’est à
dire , donner issue aux humeurs où
elle veut faire sa descharge, par re-
medes qui attirent le venin au de¬
hors, et principalement par sueurs '^.
Et pour encore aider Nature à pous¬
ser le pourpre hors, faudra donner
au malade vne once de syrop de li¬
mons, ou de grenades, auec deux on¬
ces d’eau cordiale, comme de melisse
ou scàbieuse, y adioustant vne demie
dragme de theriaque ou de methri-
dat. Aussi pour attirer le venin au
dehors , on mettra autour du col ,
sous les aisselles et aux aines, espôn-
ges trempées et exprimées en vne dé¬
coction d’herbes resolutiues, comme
lauande, laurier, sauge, rosmarin ,
et semblables. Car si les éruptions ne
sortent, il y a danger que le venin ne
suffoque le cœur, ou qu’il ne face vn
flux de ventre mortel.
Et pour obuier à tels accidens , ie
mettray icy sur le bureau vn remede
singulier, que i’ay trouué de grand et
excellent effet (principalement quand
la vertu expullrice est foible et le
cuir trop dur et reserré, de sorte que
le pourpre ne peut estre ietté dehors,
mais demeure sous te cuir, y faisant
petites tubérosités) qui est vn on¬
guent duquel i’ay guari (par la grâce
de Dieu) plusieurs verollés. Et con-
noissant qu’en la verolle y auoit vn
certain venin , qui ne se peut dire ny
escrire, non plus que celuy qui cause
la peste (non que je vueille dire
’ Hippocrates, ^ph. n.Uu. 1. — A. P.
* Jusqu’ici le chapitre conserve le texte de
1568; mais les deux phrases qui suivent,
jusqu aux mots : car si les éruptions ne sor-
leni, ont été ajoutées en (686.
OE LA PESTE.
qu’elle soit maladie epidemiale , dé¬
pendante des astres, ny de l’inspira¬
tion de l’air, mais de Dieu, qui par ce
moyen punit les offenses des hommes
et femmes, et par especial du péché
de luxure), ce qu’on voit en ce qu’elle
prend le plus sonnent son commen¬
cement par contagion des parties gé¬
nitales, principalement pour habiter
auec hommes ou femmes inhîcls ou
souillés de venin verollique, lequel
traîne auec soy vu bien grand nom¬
bre d’accidens, ainsi que fait celuy de
la peste , comme sont pustules ma¬
lignes et corrosiues, qui commencent
aux parties honteuses, puis tost après
se manifestent .'i la teste et au front,
et par toutes les parties du corps;
puis vlceres eh la bouche et aux par¬
ties honteuses et autres, qui les man¬
gent et rongent insques aux os : en
après leur suruiennent aposlemes
dures aux os, appellées nodus, ou
goûtes noüèes, auec extremes dou¬
leurs , et principalement la nuit , qui
passionnent et font quasi desesperer
les panures verollès : et quelque temps
après leur adulent pourriture aux os,
et le plus sonnent sans enfleure ou
tumeur extérieure apparente , dont
les vns perdent les yeux , autres le
nez, les autres le palais, qui est cause
qu’ils parlent regnaud : à aucuns la
bouche deuient torse, comme à vn
renieur de Dieu, et bien souuent de-
uiennent ladres , et ont autres infinis
accidens : et pour le dire en vn mot ,
ce virus venerien rend le plus sou¬
uent le panure verollè impotent de
tous ses membres, et finalement pro¬
duit vne fièure hectique, qui après
l’auoir rendu tout sec , n’ayant plus
sur le corps que la peau , le confine
misérablement à la mort. Tous les¬
quels accidens ne peuucnt estre ap-
paisès ny curés par aucun remede,
4^5
fors que par les onctions et emplas-
tres vif-argentèes, ou parfums cinna-
barisès , qui sont les vrais alexiteres
de ceste détestable verolle, ainsi que
le theriaque et methridat sont du
tout contraires au venin pestiféré.
Parquoycornoissantqueparle moyen
du vif-argent ceste verolle se curoit,
ie voulus semblablement expérimen¬
ter la friction vniuerselle, pour attirer
le venin desdites éruptions au dehors
par sueurs , auec l’onguent propre à
curer la verolle ; considérant que le
vif-argent est la vraye contre-poison
à la verolle , et qu’il est de tres-sub-
tile substance : aussi qu’il liquéfié les
humeurs gros et visqueux, et les rend
mobiles, auec le theriaque et les au¬
tres medicamens qui entrent en la
composition de cest onguent , et sti¬
mule la vertu expulsiue à ietter hors
du corps et abbatre par sa faculté
occulte le venin pestiféré, comme il
fait au virus verollique , à sçauoir
tant par sueurs , que par insensible
transpiration , vomissemens , flux de
ventre , flux d’vrine , et par pustules
euoquées au cuir par flux de bouche
(spécialement à ceux qui sont dis¬
posés à cracher) et autres euacua-
tions : parquoy voyant que Nature
tendoit à se descharger du venin par
lesdites éruptions et pustules pur-
purées, i’en ay fait frotter quelques-
vns, comme s’ils eussent eu la verolle ;
loutesfois auparauantleur faisais don¬
ner vn clystere , puis l’ayant rendu ,
leur donnois à boire quatre doigts
d’eau theriacale, l’estomach estant
vuide, à fin de prouoquer la sueur,
pour faire mieux sortir les humeurs,
et ce pendant corroborer le cœur. Et
au lieu de l’eau theriacale, on pourra
vserde la décoction de gaiac, d’autant
qu’il eschauffeet seiche, prouoque la
sueur, et résisté à la pourriture. Et
A^G LE VINGT QVATRl^ME LIVRE,
pour le faire plus vigoureux, on met¬
tra eu ladite décoction vu peu de vin ai¬
gre, à fin de le rendre de plus subtile
substance ; ce faisant résistera d’a-
uantage à la putréfaction , et mes-
mement si te corps est pituiteux. Or
quant à l’onguent il se fera ainsi K
"if. Axungiæ suillæ ft». j.
Coqualur aliquantulum cum foliorum sal-
uiæ, tliymi, rorismarini ana m. fi.
postea coletur, et in ea extingualur ar-
genti viui , quod prius in aceto ebullie-
rit cum prædictis herbis g . v.
Salis nitri 3. iij.
Theriacæ et mithridatij ana g . îb.
Terebenthinæ Venetæ , olei de scorpio-
nibns et laurini ana g . iij.
Vitellos Quorum ad duritiem coctos nu¬
méro vj.
Aquæ vitæ 3. iij.
Le tout soit incorporé en vn mor¬
tier, et soit fait onguent : duquel on
frottera le corps du malade, et prin¬
cipalement les aisselles et les aines,
euitant la teste, les parties pectorales,
et l’espine du dos : puis soit enue-
loppé en vn drap chaud, et nais de-
danslelitetcouuert, et qu’il sue deux
heures ou plus : et doit-on mettre
autour de son lit des draps rouges,
et qu’il les regarde assiduellementet
attentiuement : car par ce regard la
maüere veneneuse est attirée du de-
1 Bien que ce chapitre ait été écrit fort
long-temps avant le livre de la grosse Ve-
roUe, il est remarquable que Paré n’en ait
rien emprunté, et , par exemple, que celte
formule d’un onguent dont il se loue si fort
ait été omise dans ce livre spécial. Du reste,
on voit que l'idée de reeourir aux frictions
mercurielles dans les grandes épidémies
n’est rien moins que nouvelle, et ceux qui
l’ont mise à exécution à l’époque du choléra
ne se doutaient guère probablement qu’ils
avaient été précédés par A. Paré.
dans au dehors. Puis il sera essuyé
legerement, à fin que le médicament
produise d’auantage sou effet, et sera
misen vn autre lit, s’il y acommo-
dilé : puis on luy donnera quelque
bouillon de chappon , ou des œufs
mollets, ou autres bons alimens : et
faut de rechef réitérer la friction ius-
ques à ce qu’on voye que lesdiles
éruptions soient sorties et esteintes,
qui se fait en deux ou trois iours. Que
s’il aduient flux de bouche, ne le fau¬
dra empescher.
Et quand on voit que le pourpre
est du tout sorti , et les sueurs pas¬
sées, encore est-il bon de donner cho¬
ses diurétiques, c’est à dire, prouoca-
tiues d’vrine, parce que souuent on
voit lesdiles éruptions estre curées
par telle déchargé.
Outre-plus seroit bon pour les ri¬
ches, en lieu de cest onguent, fendre
le ventre d’vn cheual ou mulet , et
osier les entrailles, et y mettre le
malade nud ayant la teste dehors, et
qu’il y demeure iusques à ce qu’il
commence à se refroidir ; puis qu’il se
remette subit dans vn autre, et réi¬
téré tant de fois qu’on verra estre
necessaire. Et telle chose est fort
loüée des anciens, à cause que la cha¬
leur naturelle de ces besles attire
merueilleusement le venin, tant par
sueur que par insensible transpi. a-
tion : ce qu’on a conneu par expé¬
rience , comme dit Malthiolus au
proéme sur le sixième liure de Diosco-
ride, où il déclaré que le seigneur
Valentin , fils du Pape Alexandre
sixième, eschappa par ce moyen de la
mort, encor qu’il fust empoisonné :
car voulant empoisonner certains
Cardinaux en vn festin, il s’empoi¬
sonna soy-mesme, et pareillement
monsieur son pere le Pape sans y
' penser.
DE LA. PESTE,
CHAPITRE XXXIIl.
DE l’apOSTEME PESTIFEIIÈE, APPELLÉE
BVnON OV BOSSE.
Or posons le cas que Nature ne
s’est peu descharger par aucuns
moyens et remedes susdits, mais plus-
tosl par aposteme faite aux emonc-
toires, laquelle d’aucuns est appellée
bubon pestiféré, d’autres la feosse, d’au¬
tres la peste ou fusée, et de Galien
beste saunage et farouche*, et aux
autres parties du corps , charbon ,
anthrax et carboncle. Donc nous di¬
rons que la bosse est vne tumeur qui
est en son commencement de forme
longuette et mobile , et en son estât
ronde ou pointue, et immobile, fixe
et attachée fort profondément aux
emonctoires, comme du cerueau à la
gorge, du cœur aux aisselles, du foye
aux aines : et est faite de matière plus
crasse et visqueuse que le charbon,
lequel est fait d’vne matière plus
acre, bouillante et furieuse, faisant |
escarre où ii s’arreste.
Au commencement que la fluxion
de la bosse se fait, les malades disent
sentir à l’emonctoire comme vne
corde tendue, ou vn nerf dur, auec
douleur poignante ; puis la matière
s’assemble comme vne glande, et peu
à peu et en brief temps s’engrossit
et s’enflamme, et est accompagnée
d’autres accidens dessus mentionnés.
Si la tumeur est rouge et se grossit
peu à peu, c’est bon signe. Celle qui
estliuide et noire, et tardiue à venir,
est dangereuse. Aussi il y en a qui vien¬
nent promptement et d’vne grande
1 Galien, au liu. de Theriaca ad Pisonem.
— A. P.
407
furie , et ne tiennent la forme com¬
mune , c’est à dire que subitement
deuiennent enflammées, auec grande
tumeur et douleur intolérable , et
telles sont communément mortelles.
On en a veu aussi qui tenoient de la
couleur du cuir naturel, et sembloient
estre vne tumeur œdémateuse, qui
toutesfois faisoient mourir le malade
aussi tost que celles qui estoient de
couleur noire ou plombpe : parquoy
il ne s’y faut fier.
CHAPITRE XXXIV.
DE LA CVRE DE l’ APOSTEME PESTIFEREE.
On appliquera dessus prompte¬
ment vne ventouse auec grande flam¬
me , si elle n’estoit telle comme celle
qu’auons dit cy dessus, à sçauoir,
auec.grande inflammatiqn et douleur
intolérable, et auec grande tumeur.
Aussi on doit premièrement oindre le
cuir d'hoile de lis, à l’endroit où on
appliquera ladite ventouse , à fin de
le rendre plus laxe , et que par ce
moyen elle face plus grande attrac-
tion : et sera reïterée de trois en trois
heures, et y demeurera à chacune fois
vn quart d’heure, plus ou moins , se¬
lon la vertu du malade et la vehe-
mence de la matière, à fin d’attirer le
venin des parties nobles au dehors, et
aussi aider Nature à faire suppuration
plus subile, ou resolution : qui se fera
en appliquant dessus vn tel Uniment.
’Vnguenli diallheœ 1^*
Olei (le scorpionibus §. &•
MUhridafij dissoluticui» aquavitæ- 9. h
Ce Uniment a vertu de relaxer le
cuir, et ouurir les pores, et faire exha-
4^8 LK VtNGT-QVATRl^ME LIVRE
lations de quelque portion de la ma¬
tière pestiférée, et qui a esté attirée
par la ventouse.
On peut aussi en lieu d’iceluy faire
des fomentations remolliliues, dis-
culicnteset resolutiues, et autres re-
medes attractifs et suppuratifs, que
descrironscy après.
l)’auantage,on doit faire vn vésica¬
toire au dessous de la bosse, et non
au dessus : ce que i’ay fait plusieurs
fois auec heureuse issue. Comme pour
exemple , si l’aposteme estoil à la
gorge, sera appliqué sur l’espauleet
du costé mesme : et si elle est sous
l’aisselle, au milieu du bras partie in¬
terne ; et si elle est aux aines, au
milieu du plat de la cuisse, à fin de
donner prampte issue à vne partie du
venin, et le départir en deux : dont
par ce moyen la partie où première¬
ment .s’assembloit le venin en l’apos-
teme, sera plus deschargée. Or pour
faire ampoulles ou vessies, les choses
suiuantes sont propres, A sçauoir ,
lithymal , balrachium nommé ranun-
culus, ou apium risus : aussi le ranun-
culus bulbosus, persicaria , pes leonis^
autrement nommé pommelée, vîtis
alba vel bryonia, et principalement
par dessus tous la moyenne escorce
de viburnum appellé viorne, aussi l’es-
corce de tapsus barbatus ou flambe
(laquelle est ainsi nommée des an¬
ciens, parce qu’elle est caustique, et
fait vessies, et enflamme la partie) et
autres semblables simples. Et où ne
pourras Irouuer desdils remedes,
comme on fait difflcilement en hy-
uer, tu vseras de cesloy composé, le¬
quel on peut faire en tous temps.
Médicament propre pour exciter des vessies
et ampoules.
■2f. Canlharidum put. piperis, enpliorbij,
pyrethriana3.fi.
Ferrnenti acris 3. ij.
Sinapi 3. j.
Aceli parum.
Fy adiouste peu de vinaigre, d’au¬
tant qu’il abbat la vertu des cantha¬
rides.
Et en vne extrémité, qu’on nepeust
reconurer tels remedes, faut prendre
huile feruenle, ou eau boüillante, ou
vne chandelle flambante , voire vn
charbon ardent, qui fera vne vésica¬
tion telle qu’on désirera. Et après que
les vessies ou ampoulles seront faites,
il les faut subit couper, et laisser les
vlceres long temps ouuertes, en met¬
tant dessus fueilles de choux rouges,
bette, ou poirée, ou de lierre, amor¬
ties en eau chaude, et les oindre auec
huile et beurre frais.
Aucuns appliquent des cautères
pour faire lesdites ouuertures ; mais
les vessiessonl beaucoupplusàlouer,
parce que parauantque lesescharres
fussent cheutes, le malade pourroit
mourir. Et faut entendre que les ou¬
uertures faites par les vésicatoires
seruent beaucoup pour euacuer
promptement le venin ( ce qui a esté
expérimenté par plusieurs fois) parce
que le venin pestiféré peche plus en
qualité qu’en quantité. ,
Et sur l’aposteme seront appliquées
des fomentations, comme nous auons
dit cy dessus : puis on vsera de ce
remede, qui a vertu d’attirer la ma¬
tière au dehors.
"if.. Cæpam magnam excaua, et impie the-
riaca cum foliis rutæ : deinde coque sub
cineribuscalidis, postea contiiode cum
pauco fermento et axungia suilla ad
quantilatem suflicienlem.
Et ce .soit appliqué chaud sur la
hosse , elle faudra renouuoler de .six
en six heures.
DÈ LA î*lîStÈ.
Autre attractif.
“if. Radicum bismaluæ et lilioriim ana ïb . c, .
Seminis lini , fœnugræci et sinapi ana
§■ Ib.
Theriacæ 3. j.
Ficus pingues numéro x.
Axungiæsuillæ quantum sutticit.
Fiat calaplasma secundum artem.
Autre remede plus attractif.
"if.. Cæparum et alliorum sub cinei ibus coc-
toruni ana § . iij. '
Contundecum fermenti acris§ ,addendo:
Vnguenti basiliconis §.j.
Theriacæ 3. j.
Mithridatij § . fi.
Axungiæ suillæ veteris § . j .
Cantharidum puluerisatarum 9. j.
Slercoris columbini 3. ij.
Le tout soit pislé etmesléensemble,
et soit fait cataplasme.
Autre.
La vieille presure est fort acre
et chaude , et par conséquent at-
tractiue , meslée auec vieil leuain, et
vn peu de basilicum*.
On en peut faire d’aulres sembla¬
bles, desquels on vsera iusqu’à ce
qu’il y aura suffisante attraction , et
que la bosse soit fort esleuée en tu¬
meur ; mais si on voit que dés le
commencement il y eust tres-grande
inflammation et douleur extreme,
comme il se fait bien souuent, et prin¬
cipalement aux charbons, en tel cas
se faut garder d’vser de tels remedes
ainsi chauds et attractifs , et de ceux
aussi qui sont fort emplastiques et
visqueux, lesquels condensent et opi-
lent les pores du cuir , ou resoluent,
1 Celte dernière formule a été ajoutée en
1579.
consument et seichent l’humeur sub¬
til qui pourroit estre cause d’aider à
la suppuration ; pareillement aug¬
mentent la douleur et la fleure , et at¬
tirent trop grande quantité d’hu¬
meurs chaudes , dont le venin s’en
lait plus grand et dangereux, rendant
la matière plus rebelle , la tournant
plustost à corruption qu’à maturation :
parquoy souuent s’ensuit douleur
extreme causant spasme, gangrené,
et par conséquent la mort subite.
Donc en tel cas tu euiteras tels reme¬
des, et appliqueras de froids et tem¬
pérés , à fin de diminuer la grande
ferueur et ébullition de sang : ce fai¬
sant N ature sera aidée, don t la suppu¬
ration se fera mieux. Et de telle sorte
sont les cataplasmes faits de fueilles
de iusquiame etozeille cuittes sous la
braize , aussi la pulte de Galien, et au¬
tres que déclarerons cy après.
On a veu des malades de peste, les¬
quels ont eu si grande appréhension
de la mort , que d’vn grand courage
et constance eux mesmes se sont tirés
la bosse auec tenailles de mareschal.
Autres l’ont coupée en plusieurs en¬
droits, la cernans tout autour : les
autres ont esté si asseurés, qu’eux
mesmes se son; appliquésfers ardens,
et se sont bruslés pour donner issue à
l’humeur pestiféré : ce que ie n’ap-
prouue. Car la malignité pestilente
n’est pas comme la morsure et pi-
queure des bestes veneneuses , parce
que le venin vient du dedans , et non
du dehors , comme en la morsure et
piqueure des bestes veneneuses. Et
telles cruautés si violentes accrois¬
sent plustost la douleur et chaleur de
la fleure, empirent et augmentent la
veneno.silé : et pour ceste cause ab-
bregent leur vie. Parquoy tu te con¬
tenteras en tel cas de remedes re-
laxans et ouurans les pores du cuir, et
43o LE VINGT-QVATRIEME livre
euacuans par resolution et insensible
transpiration vne portion du venin.
Et de tels t’en donneray plusieurs
bien approuuds et promptement pa-
rables, comme sont ceux qui s’en-
suiuent.
'if. Radicum bism.iluæctliliorum ana§ . vj.
Florurn camomillae et melil. ana m. fi.
Seminis lini § . fi.
Follorum rulæ m. fi .
Le tout soit bouilli , puis coulé , et
en ceste décoction soit trempé vn
feutre, ou vne esponge, et soit faite
fomentation assez longuement.
Autre remede.
If. Micam panis calidi, et asperge aqua the-
riacæ vel aqua vitæ cura tacte vaccino,
vel caprillo, et tribus vilellis ouorum.
Le tout soit incorporé et appliqué
dessus chaudement auec des es-
touppes.
Autre.
"if. Fermenti acris ex secali § . iiij.
Basiliconis § . ij.
Vitellos ouorum numéro iij.
Theriacæ 3. j.
Olei liliorum § . ij.
Le tout soit meslé et appliqué
comme dessus.
Autre.
•2f. Diachylonis comraunis et basiliconis ana
§. ij.
Olei liliorum 5. j. tîi.
Soient liquéfiés et fondus en¬
semble, et en soit appliqué comme
dessus.
Et lors que l’on verra que la bosse
sera suppurée (ce qui se peut connois-
tre à la veuë et au tact, d’autant que
la tumeur est esleuée aucunement en
pointe ou pyramide, et le cuirblanch*
et délié, et au sentiment du toucher
on trouue l’enfleure obéissante aux
doigts auec vne inondation mollette,
et la boue va de lieu en autre . pareil¬
lement les accidens sont grandement
diminués , comme douleur pulsatile ,
et les elancemens, et inflammation )
alors qu'on voit telles choses, il faut
faire ouuerture par lancette , ou par
cautères potentiels ou actuels ; mais
les potentiels sont plus à louer en tel
cas , s’il n'y auoit grande inflamma¬
tion , parce qu ils attirent le venin du
profond à la superficie , et donnent
plus ample issue à la matière. Et ne
faut attendre que Nature face ouuer¬
ture d’elle mesme , de peur que la
boue estant faite, ne s’esleue quelque
vapeur veneneuse , qui se comrauni-
queroit par les arteres, veines et
nerfs au cœur et autres parties no¬
bles. Parquoy l’ouuerture se doit
faire par la main du Chirurgien , et
non par Nature.
Aucuns commandent faire l’ouuer-
ture deuant que la suppuration soit
faite et apparente, disans qu’il la
faut ouurir entre le verd et le sec.
Toutesfois ie vous puis asseurer, que
si l’aposleme n’est assez maturée , on
est cause d’induire grande douleur et
inflammation , et accroissement de
fiéure : qui est souuent cause d’vue
gangrené, ou de rendre l’vlcere ma-
ling , ce que i’ay veu aduenir sou-
uentesfois.
La suppuration se fait volontiers
en dix ou douze iours, plus ou moins,
selon qu’elle sera traitée, et l’hu¬
meur maling : aussi selon la partie
affectée.
Or après l’ouuerture faite , on doit
encore vser de medicamens suppura¬
tifs et remollitifs tant qu’il sera be¬
soin, pour tousiours aider nature à
suppurer et amollir , monditlant
UE Lk
neantmoins l’vlcere et cauité d’iceluy
par on{Tiions dotersirs, que déclare¬
rons cy après traitans des charbons.
Mais si on voyoil que la bosse ou tu¬
meur relournast au dedans * alors on
doit appliquer ventouses auec scari¬
fications, et autresremedesplus forts
et attractifs bien acres, voire iusques
aux cautères actuels ou potentiels.
D’auantage, comme i’ay dit, en tel
cas il est besoin de faire ouuerture
sous la bosse auec vésicatoires, à fin
d’euacuer quelque partie du venin
pendant que l’escharre faite par les
cautères tombera. Pareillement au
tour des bosses et charbons on fera
des scarifications, et y sera appliqué
plusieurs sangsues, et réitérées par
plusieurs fois, à fin d’attirer et va-
cuer l’humeur conioint à la partie.
Or que telles ouuertures seruent ,
mesmes soient necessaires à deschar¬
ger la partie du venin qui la moleste,
et par conséquent tout le corps, on le
voit iournellement par expérience en
ceux qui ont la verolle : car ce pen¬
dant qu’ils ont quelques vlceres ou-
uertes , et qu’elles fluent , les pan¬
ures verollés n’ont point de douleur ,
ou en ont bien peu : et subit qu’elles
sont closes, leur douleur vient et
s’augmente, à cause que le virus ve
nerien n’a plus d’issue.
Si on voyoit que la peste ou le
charbon fussent malins et enflam¬
més, et de couleur verdoyante ou
noire (comme l’on voit principale¬
ment en ceux qui sont faits d’humeur
melancholique bruslé , qui est le pire
humeur de tous, parce qu’il est froid
et sec, et par adustion est fait gros et
rebelle aux remedes , et partant est
difficilement vaincu par Nature) et
qu’aussi on vist qu’il y eust grand
danger de gangrené et mortification
en la partie , alors il faudroit vser de
PESTE. ^3 J
[ medicamens repercussifs autour, et
' non dessus , à fin de prohiber que la
fluxion ne s’auginenlast par trop, et
que la partie ne receust tant d’hu¬
meurs que la chaleur naturelle fust
suffoquée et esteinte , et que la ma¬
tière veneneuse ne remoritast au
cœur : alors on appliquera autour me¬
dicamens repercussifs, lesquels seront
rehouueliés souuent : et en ce faisant
on laisse la propre cure poursuruenir
aux accidens.
Exemple de repercussifs.
"if. Pomum granatum acidum : coque in
aceto : postea contunde cum vnguento
rosato vel populeone recenter facto.
Et ce soit appliqué autour du char¬
bon ou bosse , et renouuellé souuent.
Autre.
%. Succi semperuiui, portulâcæ acetosæ, so-
laniana g. ij.
Aceti §.j.
Albumina ouorurn numéro iij.
Olei ros. etnenuph. ana §. »j-
Ces choses soient agitées et appli¬
quées comme dessus.
Et si on voit que la bosse ou charbon
fussent fort veneneux et de niau-
[ uaise couleur, auec trop grande mul¬
titude de matière, et qu’il y eust dan¬
ger de gangrené et mortification , il
faut faire dessus et aux enuirons plu¬
sieurs et profondes scarifications ( si
la partie le permet ), à fin d’attirer, et
la descharger, et euacuer le venin et
la ti op grande multitude des humeurs
qui suffoquent et esteindent la cha¬
leur naturelle de la partie, à fin
que plus facilement puisse auoir air,
j euilant tousiours les grands vais-
I seaux, comme nerfs, veines etarteres,
1 de peur de spasme et flux de sang, le-
432 LÈ VINGT-QVATËllîIVIE LIVRÉ,
quel en tel cas est difficile à estan i
cher, à cause que le lieu est grande¬
ment enflammé , et que les parties
voisines sont tant eschauffées de la
malice de l’humeur, et aussi pour le '
désir que Nature.auec sa vertu expul-
trice a de soy descharger : ce qui fait
que souuenlesfois on ne peut estan-
cher le sang, dont le malade meurt
entre les mains du Chirurgien. Ce que
i’alleste auoir veu aduenir plusieurs
fois : parquoy tu y prendras garde.
Or tu dois sçauoir que telle eua-
cualion faite du lieu affecté profite à
merueilies; car par ce moyen Nature
se descharge par le mesme lieu où
elle a fait amas du venin pour estre
euacué ; partant tu laisseras couler
la quantité du sang que tu connois-
tras estre besoin , prenant tousiours
indication de la vertu du malade, qui
pourra principalement estre conneuë
par la force du pouls , et autres indi¬
ces, qu’auons par cy deuant escrits.
Aussi on fera des fomentations re¬
laxantes, remollitiues et resolutiues ,
pour tousiours euaporer et donner is¬
sue au venin.
Exemple a’vne fomenlalion remolliüue el
reaoluliue.
‘if. Radicis allheæ, lilioruin etenulæ cam-
panæ a tt>. j,
Seminis Uni et fœnugr. ana g . j.
Semiiiis fœniciili, anisi ana g . G.
Folioruni ruta, saluiæ, rorism. an. m. j.
Flor. cainom. meliloti ana in. iij.
Bulliant omnia simul : fiat decoclio pro fotu
secundum arlem.
De ceste décoction on en fomentera
la partie assez longuement auec feu¬
tres , ou esponges , ou linges en de¬
faut d’esponges.
On pourra aussi prendre vne pou-
laille, et principalement vne poulie
commune qui ponde , à fin qu’elle ai
le cul plus ouuert, ou vne grosse
poulie d’Inde : et leur faudra plumer
le cul, etmettrededansdeuxou trois
grains do sel profondément , à fin
que l’acrimonie du sel irritant le
boyau culier, le leur tienne tous-
iours ouuert: el leur tenir le cul des¬
sus la bosse ou charbon ( après auoir
fait premièrement des scarifications
superficielles) iusques h ce qu’elles
meurent : puis estans mortes , on y
en remettra d’autres au nombre de
cinq ou six ou d’auantage, par l’es¬
pace de demie heure , si le malade le
peut souffrir, leur serrant par fois le
bec à fin qu’elles attirent plus viue-
ment le venin. Ceste attraction faite
par le cul des poulailles attire plus
ledit venin que ne fait la ventouse :
parce qu’on tient qu’elles ont vne
contrariété naturelle contre le venin,
comme il se peut prouuer par ce
qu’elles mangent et digèrent les bes-
tes veneneuses, comme crapaux, vi¬
pères, couleuures, aspics et autres
serpens, sans qu’elles en reçoiuent
aucun mal. On peut pareillement
prendre lesdites volailles ou pigeons,
ou petits chiens et chats nouuelle-
ment nés , fendus tout*vifs , et les y
appliquer tous chauds, el lors qu’on
connoistra qu’ils se refroidiront , ou
y en remettra d'autres : semblable¬
ment poulmons de mouton ou de
veau appliqués tout subit estant ti¬
rés de la beste: car par ceste chaleur
modérée et naturelle de ces bestes,se
fait attraction familière du venin, et
la partie malade est par ce moyen
deschargée et fortifiée. Et faut met¬
tre subit ces besles mortes profondo-
ment en terre, ou les brusler,de peur
que les chiens el chats ne les mangent,
et apportent le venin aux maisons.
Et si on voyoit que la bosse ou
DE LA
charbon tendissent à vne gangrené,
qui est préparation de mortification ,
alors on doit faire plusieurs scarifica¬
tions profondes , toutesfois euitantles
grands vaisseaux (comme i’ay dit)
laissant fluer du sang ainsi que ver¬
ras estre necessaire , à fin d’alleger la
partie : et après feras ablution d’eau
sallée, vinaigre et eau de vie, auec
lesquels dissoudras egyptiac , methri-
dat ou theriaque : car telle ablution
a tres-grande vertu de corriger la
pourriture gangreneuse , et garder
que le sang ne se coagule , et deter-
ger la virulence de l’humeur imbu au
lieu infect tendant à pourriture. Et
où on connoistra que la gangrené ne
voulust obeïr à tels remedes, alors
faut venir aux plus forts , qui sont les
cautères actuels ou potentiels, parce
qu’aux fortes maladies il faut vser de
grands et forts remedes. Et en tel cas
les cautères actuels sont plus excel¬
lons que les potentiels, à raison que
leur action est plus subite et plus
contraire au venin , et laissent meil¬
leure disposition à la partie. Après la
cautérisation , promptement on sca¬
rifiera l’eschare iusques à la chair
viue, à fin de faire exhaler quelque
vapeur, et donner issueà quelque hu¬
meur contenu en la partie. Et ne faut
attendre que l’eschare tombe de soy-
mesme , mais on appliquera remedes
pour la faire tost tomber, comme
cesluy :
Of. Mucilaginisaltheæ, seminisliniana. § ij.
Biityri recentis vel axungiæ porci § . j.
Vitellos Quorum numéro iij.
Incorporentur simul , et fiat linimentum-
Aussi on peut vser de beurre frais ,
ou sein de porc , huile rosat , auec
moyeux d’œufs : puis après la cheute
de l’eschare , lu vseras de mondifica-
tifs, comme :
111.
peste,. 433
"if. Succi plantaginis , clymenl et apij ana
§ . üj.
Mellis rosati § . iiij.
Terebenlhinæ Venetæ § . v.
Far. hord. 3 iij.
Pulueris aloës 3. ij.
Olei rosati § . iiij.
Theriacæ 3. fi,
Fiat mundificatiuum secundum artem.
Autre.
"if. Vnguenti Ægyptiaci et basiliconis § . ij.
Puluerismercurij3.fi.
Incorporentur simul : fiat vnguentum.
Autre.
if. Terebenthinæ Venetæ § iiij.
Syrupi de rosis siccis et de absinthio ana
ana g. j.
Pulueris aloës, mastiches, myrrhæ, far.
hord. ana 3. j.
Mithridatij 3. fi
Incorporentur simul : fiat medicamentum.
Ou on vsera d’vn tel , qui est ap¬
proprié aux -vlceres depascentes, pu¬
trides , virulentes et gangreneuses.
"if.. Auripigmenti rubri g . j.
Calcis viuæ, aluminis vsti, corticum gra-
natorum ana 3. vj.
Thuris, gallarum ana 3. iij.
Ceræ et olei quantum sufficit.
Fiat vnguentum.
Cestuy onguent est fort detersif, et
consomme la chair pourrie , et des¬
seiche l’humidité virulente , qui est
mere nourrice de pourriture gangre¬
neuse. Pareillement en lieu de cestuy
on vsera de l’egyptiac fortifié , lequel
aussi corrige la chair pourrie , et con¬
somme celle qui croist par trop: d’a-
uantage obtond et esleint l’humeur
virulent qui est en la partie, qui
cause souuentesfois tres-grande dou¬
leur, et est excellent pardessus tous
28
LE VINGT-QVATRIÉME LIVRE
434
autres remedes pour tel effet : d’au- j
tant qu’en sa composition n’entrent
huile ny cire , lesquelles choses rom¬
pent la force et acrimonie des medi-
camens acres, qui sdttt ptopres û tels
vlceres. Ces medlcahi'cMS detefsifs se¬
ront diminués ou augmentés de leur
force, selon qu’on verra l’vlcere estre
sofdidé ét putride, ét selon lâ nàtüre
du tempérament de tout le corps et
de la partie.
Ët faut tenir l’vlcere ouuert le plus
longuement qu’oü pourfâ i fcat on a
veu aucfuns desquels la bosse et les
charbons, ayans ietté beaucoup dé
matière, serabloient estre du tout
guéris, et bien tost après ils mou-
roient: et partant on tiendra l’Vlcere
long temps ouuert, et contbrtera
èontinuéllemeut le ctieur ; aüssi on
donnera au malade pat- fois quelque
petite medecine, â fin dë purger et
l^eetiflef lés humeurs ffl aUuaises, pour¬
ries et veneneuses.
CHAPITRE XXXV.
fiV CHARBON NON PESTIFÉRÉE
Après auoir suffisamment traité de
l’aposteme pestiférée, il nous con-
uient escrire des charbons, d’autant
que la cure d’iceux est presque sem¬
blable. Et faut SçauOir qü’il y en a de
1 Cè chapitre manque dans toutes les
grandes éditions ; il â été retranché dès 1575,,
et on ne le trouve que dans l’édition pri¬
mitive de 156s. Je l’ài reproduit en cet en¬
droit, en ayant pas trouvé de plus conve¬
nable ; et oh le lira peut-être avec d’autant
plus d’intérêt, que nulle autre part dans ses
GEuvres volumineuses A. Paré n’a parlé du
charbon bénin.
deux sortes et différences, à sçauoir
de pestiférés et non pestiférés , et par¬
tant nous les’ distinguerons : mais
nous traiterons premièrement de ceux
qui neparticipent du venin pestilent ,
parce qu’ils sontsouuentesfoisauant-
coureurs des autres.
Donc iceux viennent le plus sou-
uent de plénitude de sang non du
tout altéré et corrompu, et. fort di-
uers de celuy que font les apostemes
phlegmoneuses : pareillement les ac-
oidens sont moins grands et dange¬
reux, leur eschare n’est trouuée
noire , mais blanche , appelée des chi¬
rurgiens vulgaires le limaçon des
charbons blancs : et est quelquesfois
trouuée de grosseur de demy œuf,
plus ou moins , selon la partie où il
est : comme s’il est au muscle fessier,
ou au milieu du bras et de la cuisse,
et qu’il ait quantité de matière, sera
trouué plus gros qu’en autre partie
nerueuse. D’auantage l’eschare se
séparé plus tost ou plus tard selon les
parties ; exemple, si c’est au genoüil
ou au coude , ou en autre partie ner¬
ueuse, sera plus tardiue et beaucoup
plus douloureuse que lors qu’elle est
en partie charneuse.
La cure sera diuersifiée de celuy
qui est pestiféré , et principalement
en la saignée : car à celuy là , la sai¬
gnée eslprofitablefaite.au commen¬
cement, parce que ( comme i’ay dit)
il vient le plus souuent de plénitude,
et le sang n’est du tout corrompu. Et
pour ceste cause , on ouurira la veine
du costé opposé, de peur de faire
trop grande attraction à la partie
charbonnière , et y causer vne gan¬
grené : au contraire à celuy qui est
pestiféré, iamais ne faut tirer du
sang de la partie contraire , de peur
de retirer le venin vers le cœur.
DE LA PESTE.
CHAPITRE XXXVI.
DESCRIPTION DV CHARBON PÉSTIPERÈ ,
ÈT DÉ SES CAVSÈS, SIGNÉS ÈT MAR-
QVÉS.
Charbon pestiféré est vne petite
tumeur ou pustule maligne , feruente
et furieuse , faite cl’vn sang gros et
noir, corrompu en sa substance , par
transmutation de sang louable, de
façon que le plus souuent ne peut
estre régi ne gouuerné par jfature,
parce qu’il peche en vne qualité ma¬
ligne qui lui est inuincible. Il est de
figure ronde et aiguë , et en son com¬
mencement . n'est point plus gros
qu’vn petit grain de mil , ou vn pois ,
adhérant fort contre la partie immo¬
bile , tellement que le cuir de, dessus
ne se peut enleuer de la chair de des¬
sous : et croist promptement ainsi
que fait la bosse, et quelquésfois
plustost, aucunesfois plus tard,, selop
que la matière est plus ou moins fu¬
rieuse , auecques grande chaleur, ar¬
deur, et douleur lancinante et poi¬
gnante ^ comme pointes d’aiguilles,
laquelle est très- cuisante et intoléra¬
ble , principalement vers le soir, et la
nuit plus que le iour , et plus lors que
la concoction se fait en l’estomach
que quand elle est faite : et au milieu
apparoist vne -petite vessie, en la¬
quelle semble estre contenue quelque
sanie : et si on l’ouure, et qu’on des-
couure le cuir , on trouue au dessous
la chair bruslée et noire , comme si
vn ëharbon ardent y auoit esté appli¬
qué , et pour cestB cause les anciens
l’ont appelé Charbon. Et là chaii'
d’entour est trouuée de diuerSé cou¬
leur, comme on voit en l’arc du ciel,
à sçauoir, rouge, brune, perse, vio-
435
lette, plombée et noirastre, auec
splendeur ou lueur estincellante,
comme poix noire embrasée et en¬
flammée , ayant pareillement simili¬
tude à vne pierre nommée Escarbou-
cle , dont aussi aucuns lui ont attri¬
bué ce nom. Les vulgaires les appel¬
lent Clouds^ parce que la matière
d’iceux cause douleur semblable
comme si vn cloud estoit fiché à la
partie.
Il y a aucuns charbons qui pren¬
nent leur commencement d'vn vlcere
crousteux, sans pustule, comme si
I on y auoit appliqué vn cautere po¬
tentiel ou vn fer ardent , de couleur
noire , qui croist aussi subitement, et
quelqUesfois plus tard , selon que la
matière est plus ou moins maligne ,
; comme nous auons dit. Tous lesquels
; charbons pestiférés sont tousiours
accompagnés de fiéure continue, et
autres accidens fort cruels : eî semble
au malade qu’il a vne grande chargé
de plomb sur la partie charbonnière,
et qu’elle soit estroittement liée (et
véritablement ie le sçay pour l’auoir
senti en mon corps) qui se fait à
cause de la corruption et suffocation
des esprits , et de la chaleur naturelle
de la partie en laquelle est le char¬
bon, dont souuentesfois s’ensuit dé¬
faillance de cœur, inquiétude, alie¬
nation d’esprits et furie, gangrené
et mortification, et par conséquent la
mort, non seulement de la partie,
mais aussi de tout le corps, ainsi qu’on
voit aussi souuent aduenir à l’apos-
teme pestiféré. Et à la vérité on peut
dire que le charbon et la bosse sont
comme cousins germains, lesquels ne
vont gueres Tvn sans l’autre : et la
maüere d’iceux ne différé seulement,
sinon que celle de la bosse est plus
crasse et visqueuse, et celle du char¬
bon plus acre, boüillante, furieuse
436 LE vingt-qvatriéme livré,
et subtile , faisant eschare au lieu où
il se sied , ainsi qu’auons déclaré cy
dessus.
CHAPITRE XXXVII.
PROGNOSTIC DES APOSTEMES ET CHAR¬
BONS PESTIFERES.
Aucuns n’ont qu’vn charbon, les
autres plusieurs : et se iettent par
toutes les parties du corps.
Il aduient à aucuns qu’ils auront
le charbon et la bosse deuant la fié-
ure, et n’ont autres tnauiiais accidens,
qui est vn bon signe : car cela de-
monstre que Nature a esté forte
(comme nous auons dit cy dessus) et
qu’elle a ietté le venin au dehors de¬
uant que le cœur en fust saisi ; mais
quand ils apparoissent après la flé-
ure, c’est mauuais signe : car cela si¬
gnifie que les humeurs sont altérés et
corrompus * , et que le cœur mesme
en est saisi , de tant que la fiéure
ayant son propre siégé au cœur, se
respand d’iceluy, comme d’vn centre,
en toute la circonférence du corps,
Si le malade n’est point troublé
d’entendement du commencement
iusques au septième iour, c’est bon
signe.
Lors que la bosse et le charbon
s’en retournent, c’est vne chose le
plus souuent mortelle, spécialement
quand mauuais accidens suruiennent
après. Pareillement quand ils sont
suppurés, et se desseichent sans cause
raisonnable, c’est signe de mort.
Les charbons qui sont faits de
sang, font plus grande eschare que
1 La phrase s’arrêtait là en 1568 ; le reste
est de 1575.
ceux qui sont faits d’humeur cholé¬
rique, d’autant que le sang est de
plus grosse substance : partant occu¬
pent et prennent plus grande quan¬
tité de chair que ne fait l’humeur
cholérique, qui est plus superficiel,
ainsi que voyons aux erysipeles.
l’ay veu des charbons qui de leur
leschare occupoient presque la moi¬
tié du dos , les autres les deux claui-
•cules tirant vers la gorge, et auoient
ifongé si fort les parties subiacentes,
que l’on pouuoit voir la trachée ar¬
tère descouuerte : autres occupoient
la moitié des muscles de l’epigastre,
et l’eschare cheute on voyoit à l’œil
le péritoine descouuert : ce qui est
aduenu à moymesme d’vn charbon
que i’ay eu au ventre, duquel la ci¬
catrice m’est demeurée de la gran¬
deur de la palme de la main L Et
lors qu’ils sont ainsi grands et énor¬
mes, le plus souuent sont mortels.
Il y a des charbons et bosses qui
commencent sous le menton , puis la
tumeur s’augmente peu à peu ius¬
ques aux clauicules, et estranglent le
malade. Semblablement il y en a aux
aines, qui occupent grande partie des
muscles du ventre ^ : mais la plus dan¬
gereuse aposteme est celle qui se fait
sous les aisselles , d’autant qu’elle est
plus proche du cœur.
Il y en a aussi qui sont énormes,
grands et hideux à regarder, et de
tels le plus souueni lé malade meurt,
ou la partie demeure meheignée, y
restant après la consolidation vne tu-
1 Paré ajoutait ici en note marginale :
L Malheur a eu le charbon et la peste. — Voyez
à ce sujet mon Introduction, page cclxxii
et cccxvi.
® La phrase finissait là dans les premières
éditions; ce qui regarde le charbon des ais¬
selles est une addition de 1585.
DE LA.
mcur elephantique, et qiielquesfois
son action est du tout perdue : ce que
i’ay veu plusieurs fois. D’auantage
aucunesfois pour la grande pourri
ture de la matière, la chair laisse les
os desnucs: et les iointures et liga-
mens se trouuent tous résolus , tant
est la pourriture chaude et humide.
Les charbons iettent vne sanie vi¬
rulente, très puante, d’estrange na¬
ture, qui fait l’vlcere corrosif et am-
bulatif, pourri et corrompu, et le
plus souuent se procréent plusieurs
vessies aux parties voisines, lesquel¬
les après s’assemblent toutes en vne,
et iettent sanie en petite quantité,
principalement ceux qui sont faits de
cholere, à cause de la siccité de la
matière bru siée qui fait eschare: et
tard se conuertissent en bonne bouë
ou sanie loüable, parceque la matière
est bruslée et non pourrie, par l’acti-
uité excessiue de l’inflammation et
corrosion. Outre-plus, la tumeur de
la bosse et du charbon est quasi tous-
iours rebelle , et tres-difficile à estre
résolue ou suppurée, pour la mali¬
gnité de leur nature. Et quand ils ne
suppurent par aucuns medicamens, et
la tumeur demeure de couleur noire,
et si on veut attenter à les ouurir, il
n’en sort qu’vne sérosité noirastre, et
le plus souuent nulle humidité ; de
mille malades ainsi aflèctés, à peine
en reschappe ‘vn seul. Ce que i’ay
plusieurs fois remarqué, pensant les
pestiférés à l’Hostel-Dieu de Paris *.
Il y a des charbons ausquels, quand
ils sont ouuerts, on trouue vne chair
molle et spongieuse qui ne se peut
corriger : car quand on en consume
quelque portion, il en renient d’a¬
uantage : et tels sont mortels, parce
1 Cette dernière phrase est aussi une'ad-
dition de 1585.
PESTE. 43^
qu'ils ne cedent aux remedes, ce que
i’ay veu souuentesfois à mon grand
regret.
D’auantage, aucuns sont fails
d’vne si grande corruption d’hu¬
meurs, et si malings,que les membres
tombent en mortification, tellement
qu’on voit le pied se séparer de la
iambe, et le bras de l’espaule.
Aussi autour d’aucuns charbons
et bosses , se font petites vessies ,
comme s’ils auoient esté piqués d’or¬
ties, ou comme celles qu’on voit aux
herpès miliaires, lesquelles sont pro¬
créées de vapeurs exhalantes des ma¬
tières coniointes et arrestées en la
partie, que Nature iette hors. Telles
vessies ne présagent pas nécessaire¬
ment la mort : mais si la partie char¬
bonnière deuient boursouflée , et de
couleur purpurée ou verdoyante ,
plombine et noire, et autour on treuue
les ampoulles semblables à celles des
brusleures, et que le malade dit n'y
sentir plus de douleur , soit que Ton
le pique, coupe , ou brusle , c’est si¬
gne non seulement de gangrené,
mais de mortification totale, et' que la
chaleur naturelle est suffoquée et es-
teinte par la malignité du venin.
Outre-plus, i’ay esté curieux, estant
à l’Hostel-Dieu de Paris, et ayant veu
des malades de peste ausquels s’es-
toient apparues quelques tumeurs
aux emonctoires, lesquelles le len¬
demain n’apparoissoient aucune¬
ment, dont les malades mouroient,
de chercher à la partie la cause de la
mort : et véritablement, i'ay trouué
à aucuns , ayant fait incision assez
profonde , la chair y estre bruslée
comme si vn cautere actuel y auoit
passé.
Les bosses et charbons ne sont ia-
mais gueres sans fiéure, laquelle est
plus grande lors qu’ils se font au)^
438 LE VINGT-QVATRIEME LIVRE,
emonctoires et aux parties nerueu-
ses , qu’aux charneuses : toutesfois
ceux qui sont de bonne température,
ayans les vertus et facultés fortes ,
ont la fleure moindre, et pareillement
tous les autres acçidens.
Les cbarbops n’oçcupent pas seule¬
ment les parties externes, mais aussi
quelquesfois les internes, et quel-
quesfqis les deux ensemble. Si ipte-
rieurement le cœur en est saisi sans
aucune apparence extérieure, la yip
est dpplorée pt briefue,etles mqlades
meprent souvient en mangeant, beu-
uant, et en cheminant. Si Ip poulnion
pu le diaphragme, et autres parties
dedi^es à l’inspiraflon et expiration,
en sont pceppées, le malade meurt
en vingt-quafre heures, ou pioins,
parce qu’tl est suffoqué par faqfe ^e
respiration. Si le cerueau en pst as¬
saini , s’ensuit frenesie et rage, puis
la piprt. Si le venin se iette spr les
parties ^ediées à i’yrine, le malade
nieurt par faute li’vriner. Çe qpi ad-
pint, au chasteau de Roussillon, à vne
dampiseile dp ^ Royne, de laqpplle
puons parlé, cy 4’^ssi si fp
charbon se fette en l’estomaçb , pela
est mortel : ce qui spruinf pu gop-
perueur des Datnos de l’Hosfel-Rieu
de Paris, lors qpe i’eslois audit lieu
pensant les roatad^s-
Pr icelpy estoit vn moine ieppe ,
Rapt, droit , fprt et puissant, de i’or-
dre de saipct Victpr, auquel suruint
yne Répre cpntipue, et appil la lan¬
gue aride , seiche , et raRofepse , de
couleur noire, à capse de l’extreme
chaleur de la fiéure, et de la vapeur
putride qui mpnloit des parpes inté¬
rieures à la bouche (car selon le dire
vulgaire, quand vn four est biep
chaud, la gueule s’en ressent) et ti-
roit la langue Rorsla bouche, comme
yn cRien qui a longuement copru , pt
aupit vne extreme altération, dési¬
rant perpétuellement boire, auec
grande défaillance de cœur, et appé¬
tit continuel de vomir : et mourut au
troisiépie iour en conuulsion vniuer-
selle do tous ses niembres Les Da¬
mes, vpyans le panure mpyne des-
pesché eu si Rrief temps, et çonside-
rans les açpidens qui furent si cruels,
afflrmoiept qu’il aupjt esté emppi-
Spnné : dt^nf messieurs les (^ppper-
peurs dddH Ilpstel-Dieu , en ayans
esté advjertis, cornpianderent que fe
corps du moyne fpst puuerf, pour ep
sçapoir la Yefité. Et pour ce faire fu¬
rent appellés vn lifedeçin et yp Chi¬
rurgien apec moy, pt rayaps ppuert,
nops tfoupasnies au fpnd de son es-
tpmach vn vesfige seinbiable à. çeluy
qpe laisse vu caulere potentiel, apeip
yne esçliare ou propste de largeur
4’ vpe ongle, éf le reste Re l’eslomaçh
fort retiré et bien dur. Alors tous
d’vn consentement , promptement
cpn’clpsmes qu’il aubit' esté empoi¬
sonné de spblinié ou arsepic, Veu
l’eschare laquelle penetroit bien fort
prpfpndemènt. Et ainsi que le recou-
sois le çpfps d’iceipy, i’apperceus plu¬
sieurs petites taches noires, semées
sur son corps : et Iprs ie r’appellay la
copipagnie ppur contempler iesdites
taches,’ ïépr disant et affirniant qpp
c’estoif dp pourpré : mais le Médecin
et Chirurgieq pie dirent que c’es-
tpient morsures de puces ou de pp-
naisé^: çe que’pe youius apcpuepièut
accorder, parce qu’il y en auoït eu
grqndé quantité. Et pour vérifier
mon dire, iè prins vive' espingle, la
poussant assez profondément dans le
dd pînsieurs'endrpils, et le le-
uay eii haut, puis lécoupay iaiüec ci¬
seaux, et fiit trdtiuée la t'hair’ dé des¬
sous bien fort noire. Pareillement
nous considerasmes la couleur liuide
DE LA
du nez, des oreilles, et des pngles,
mesmes de tout le corps, plus noire
qu’elle n’a çoustume d’eslre aux
morts d’autres maladies, et principa¬
lement le visage changé, tellenmpl
qu’il estpit quasi impossible de le
pouupir recpnnpistre. Adonc cban-
gerept d’oplniop. et fismes rapport
que le mpyne estoit mort d’vu char¬
bon pestiféré , et non d’autre poison.
CHAPITRE XXX vm.
DE LA CVRE DV CHARBON PESTIFERE.
Nous auons dit par cy deuant qu’au
charbon y quoit grande inflammat|pn
et extreme douleur , qui entretient et
augmente la fiéure, et autres griefs
accidens , lesquels affoiblissent et ab-
batent les vertus, ce que soupentes-
fois est cause de la naort des pauurps
malades : pt cela prpuient de la pu¬
tréfaction et corruption qui se fait dp
la substance du sang çprropipu et de
la vénénosité d’icelpy. Parquoy il
faut que le Chirurgien ait esgard à
contrarier à la cause d’icelle douleur,
et n’applique dessus le charbon reme-
dès fort cbapds et attractifs, ny fort
emplasiiques et visqueux , comme
nous auons dit du bubon , pa.rce qu’Us
empesçhent quelque exhalation du
venin » eschauffent et opilent trop ,
dont les tupieprs sont rendues plus
rebelles à spppuration. Et partant il
vserq de relaxalifs , qui ouurent les
pores, et contrarient à la vehemente
chaleur du venin , et suppurent C Ce
qui se fait rarement , à cause que la
partie charbonnière estant rpsiie de
1 U gn de cette phrase pianqpe dans tes
premières édiUons, et a été ajoutée en 1685.
PES^E. 439
chaleur estrange , iefte vn niQïceau
de chair nommé eschare : et apres es-
tre cheute, demeure vn vlcere caue,
sordide, et de difficile epration.
Donc pour le commencement , on
fomentera le lieu d’eau chaude et
d’huile , en laquelle on mettra vnpeu
detheriaque, y laissant dessus estou-
pes, ou laine grasse, ou du cotton : ou
en lieu de telles choses, on vsera
d’vne decoption faite de guimauues,
oignons de lys , semence de lin , figues
grasses , huUe d’hypericon , à fin de
raréfier le cuir et attirer la matière
au dehors : puis le lendemain on y
appliquera ce cataplasme.
Tf. Foliorum acetosçe et hyo^cyaroi anam* U-
Coquanlur mh cineribus calidis, postea pis-
tentur cum :
Vitellis ouorum numéro iiij.
Theriacæ 3. ij.
Olei lUiorum 5 • hj-
F afin® hordei quantum sufficit.
Fiat cataplasma ad forrnam pultis satis ti
quidæ.
Tel cataplasme sede la douleur, re¬
prime l’inflammation , et suppure , et
ce faisant fortifie les forces du ma¬
lade.
Autre.
Tf. Radicum altheæ et liliorum ana § . iiij.
Seminis fini § . C .
Co^uanlur complété, et coleptur per seta-
ceum , addendo :
Butyris recentt f .p fi.
Mithridalij 3. j,
Farinæ hordei quantum sufficit.
Fiat çataplasma vt decet.
Les cataplasmes suiuans sont pro¬
pres pour attirer la matière vene-
neuse, et aider Nature à faire suppu¬
ration , lors que la fluxion n’est
grande,
440 LE VINGT-QVATRi:iéME LIVRE,
'■if. Rndicis liliorum alborum , cæparum ,
forrticnti ana § . C .
Scminis sinapi , fimi columbini, saponis
mollis ana 3.j.
Limaces vj. cuni testis.
Sacchari oplimi , theriacæ et mithrida-
tij ana 3. û .
Pistentur omnia, et incorporentur simul
cum vitellis ouorum , et fiat cataplasma.
Lequel sera appliqué vu peu chaud
sur le charbon. Et le puis asseurer
que d'icelui verras vn effet merueil-
leux, pour suppurer et attirer la ma¬
tière virulente du dedans au dehors.
Autre.
"if. Vitellos ouorum numéro vj.
Salis communis puluerisati §.j.
Olei liliorum et theriacæ ana 3. C.
Farinæ hordei quantum sulficit.
Fiat cataplasma.
Et en lieu d’iceux , on vsera du mé¬
dicament suiuaut :
Diachylonis paru! § iiij.
Vnguenti basiliconis § . ij.
Olei violarum § . fi.
Fiat medicamentum.
Plusieurs auteurs ont loüé à grand’-
merueille la scabieuse broyée entre
deux pierres, et mixtionnée auecques
vieil oing, iaunes d’œuf et vn peu de
sel , pour faire suppurer le charbon.
Aussi l’œuf entier meslé auecques
huile violât et farine de froment , ap-
paise la douleur et suppure. D’auan-
tage , la racine de raifort coupée en
petites pièces, et appliquée sur les
charbons et apostemes pestiférées, et
renouuellée souuent , attire grande¬
ment le venin.
Et pour esleindre la grande inflam¬
mation , on pourra pareillement ap¬
pliquer sur les bosses et charbons ca¬
taplasmes faits d’escargots ou lima¬
çons aucc leur coquille sublilement
pilés et broyés , y adioustant du thé¬
riaque ou methridat , et renouuellés
souuent.
Autre. Prenez vers de terre tant
qu’il sera besoin , comme vne bonne
poignée , et les y appliquez dessus, es¬
tant mis dedans vn, petit linge bien
délié , fait en maniéré de sachet.
Autre. Prenez grenoüilles hachées
et pilées , et les appliquez dessus.
Autre. Prenez escreuisses broyées
et pilées subtilement auec leur co¬
quille.
Autre. Prenez buislres auec leur
coquille et leur eau, et les pilez et ap¬
pliquez dessus.
Tels animaux ainsi appliqués se-
dent la douleur et esteignent la gran¬
de ferueur et inflammation , et atti¬
rent à merueille le venin pestiféré. Si
on abhorre cesdifs animaux , en lieu
d’iceux on vsera sur toute la partie
charbonnière enflammée et embrasée
de remedes froids et humides , comme
fueilles d’ozeille , iusquiame , man¬
dragore, ciguë, morelle, plantain ,
et autres semblables , de chacun vne
poignée : et seront appliqués auec
leur jus, et renouuellés souuent, et
continués seulement tant que la
grande douleur, ferueur et ébulli¬
tion de l’inflammation sera esteinte.
Que si quelqu’vn dit que tels remedes
extrêmement froids pourroient re¬
percuter le venin du dehors au de¬
dans , et suffoquer la chaleur natu¬
relle de la partie par leur extreme
froideur : à cela il est aisé de respon-
dre, que l’intention pourquoy on les
applique est pour seder la douleur, et
esteindre l’impétuosité et ferueur de
la grande inflammation qui fait
augmentation de la fiénre , aussi pour
euiter la gangrené et mortification
DE LA PESTE.
de la partie , comme nous auons dit
Aussi le jus de l’herbe nommée
Tussilago, ou pas d’asne , esteint pa¬
reillement l’inflammation des char¬
bons : comme aussi fait l’herbe nom¬
mée Morsus dialoli , pistée et appli¬
quée dessus.
l’ay souuent vsé du remede sui-
uant,pour reboucher et abbaltre la
grande ferueur et douleur, et aider
Nature à faire suppuration.
Prenez quatre onces de suye qui est adhé¬
rante contre les parois de la cheminée:
deux onces de gros sel : et les pul-
uerisez subtilement, y adioustant des
moyeux d’oeufs, tant que le tout soit en
forme de bouillie : et ce soit appliqué
vn peu tiede sur le charbon.
D’auantage ne faut omettre , à
l’augmentation du charbon , de cauté¬
riser la pointe , si elle apparoist noire,
auec huile feruente ou eau forte ; car
par ladite cautérisation on abbat et
foudroyé le venin, et appaise-on la
grande douleur et autres accidens :
et te puis asseurer que ie l’ay fait
plusieurs fois auec bonne et heureuse
issue ; et puis bien asseurer qu’elle ne
fait grande douleur , à cause qu’on ne
touche que la pointe du charbon, qui
est le commencement d’eschare quasi
insensible. Et après l’auoir cautéri¬
sée, on continuera les remedes sus¬
dits iusques à ce que l’on verra que
l’eschare se séparé d’autour comme
vn cercle , qui est lors vn bon présa¬
gé , signifiant que Nature est forte ,
et qu’elle domine sur le venin. Et
après que l’eschare sera du tout
1 Tout ce long passage, qui commence à
la page précédente à ces mots : ei pour esiein-,
dre la grande inllarnmalion, etc.,’ a été inter¬
calé ici seulement en 1586; mais il avait déjà
parudanslepetitDwcoiirirfe/ai-’estede 1582.
44 1
hors , on vsera de remedes detersifs ,
doux et henings, comme ceux qu’a-
uons descrits cy dessus au chapitre de
l’aposteme pestiterée, les diuersifiant
selon la nature de l’vlcere et de la
partie, et température des malades :
car aux délicats , comme femmes, en-
fans, et ceux qui ont le cuir mollet et
fort rare , faut vser de remedes plus
doux et moins forts qu’à ceux qui
sont robustes, lesquels ont la chair
et le cuir plus dur et les pores plus
serrés. Aussi ce pendant qu’il y aura
dureté et tumeur en la partie char¬
bonnière , on doit tousiours continuer
les medicamens suppuratifs , remolli-
tifs et detersifs , à fin de tousiours ai¬
der Nature à ietter l’humeur .superflu
entièrement dehors , à cause qu’il y a
double indication, c’est à sçauoir, d’a¬
mollir et suppurer l’humeur superflu
qui est autour de la partie , et finale¬
ment mondifier et tarir celuy de l’vl-
cere.
CHAPITRE XXXIX,
DV PRVRIT ET DEMANGEAISON QVI VIENT
AVTOVR DE L’VLCERE, ET DE LA MA¬
NIERE DE PRODVIRE LA CICATRICE.
Les parties d’autour de l’vlcere
le plus souuent s’escorchent super¬
ficiellement , par le moyen de petites
pustules vlcereuses situées sans ordre,
auec ponction , ardeur, et prurit aigu
et poignant. Or la cause peut venir
du dedans , et aussi du dehors : du
dedans , par vne sanie aiguë et mor-
dicante resudante de l’vlcere, qui ar-
rouso les parties voisines, prouenant
du virus veneneux qui est commu¬
nément en l’humeur cholérique , ou
phlegnie salé : de la cause extérieure,
I.E VINGT-QVATRI^ME LIVRE
44<i
par ppUation dps rpnicdes desquels on
a lopgnpment ys0, qui fcrnient et
bouchent Ips ppres, et csciiauffent la
partie.
Et pour la cure d’içeluy , on doit
fomepter la partie de choses discu-
tientes et retnolliliues, et par ablu¬
tion d’eau bleue ( qui est eau forte es-
teinte et ayant ja serui aux orféures)
ou alumineuse , pu eau de chaux , ou
saumui P , et semblables chpsps.
Or véritablement les v|ceres faits
par les charbons spnt fort difficiles à
es^re consolidés , parce que la sanie
es1( aiguë et corrosiue, tantost crpsse,
lantQSt subtile, ioint que la figurp dp
ryipere est quasi tousiours ronde. La
cause d’iceUe spnie est le sang aliéné
et changé du tout de sa nature, par
i’excessiue chaleur et corruption : et
apssi à cause gue la partie a receu
ypp biep grande intpmperature par
lé yipe de l’burqeur. Quant à ce que
la figuré ronde de l’vlcere est difficile
à consolider , cela se fait à cause que
la sanie ne se peut bien euacuer , la¬
quelle par sa trop longue demeure
acquiert vne çhalpur et nitrosité ou
acrimonie, qui par l’attouchement
des parois de Vvtcere augmente la
cauilé, à cause qu’elle rpnge la chair
d’autour : et puis l’entpur se bordé et
deuient calleux et dur, dont après ne
peut estre consolidée que premiere-
meni on ne l’ait osté : car les pprp-
sités de la chair ainsi calleuse et dure,
sont serrées et eslreintes , et ne per¬
mutent qup le sang puisse penetrpr
pour faire génération de chair. Sein-
blablement'les bords esleués par ex¬
croissance de, chair repügnent à la
consolidation , comme estans chose
superflue : parquoy les faut couper et
consumer , soit par fer , ou par medi-
çamens. Et après auorr rendu l’ vl-
çere ppplani et sans tumeur, et rem¬
pli de chair, on vsera de mpdicamens
cicàtrlsalifs , lesquels ont puissance
de condenser et endurcir la çhajr, et
produire peau semblable au cuir.
Desquels en y a de deux manières :
l’vne de ceux qui n’pnt aucune éro¬
sion, mais ont grande verlu astrin¬
gente et desiccatiue , comme sont es-
corpes de grenades, escorce de chesne,
tuthie, liüiarge, os bruslés, squamrne
d’airain , noix de galle, noix de cyprès,
minium , pompholyx lauée, antimoi¬
ne, bole armene, coquilles d'huistres
bruslées et lauées, et la chaux lauée
par neuf fois, et plusieurs métaux:
les autres sont presque semblables
à ceux qui rongent et consument la
chair : mais il faut qu’ils soient ap¬
pliqués en bien petite quantité ,
comme sont vitriol laué , alum epit ,
et autres semblables. Or l’alum cuit
sur tous les cicatrisalifs est singulier
pour sa yeitu desiccatiue et astrin¬
gente, rendant la chair ferme et dure,
laquelle est molle et spongieuse, et
arrousée d’humidité superflue : et
partant il aide à faire le cuir solide
ét dur. Toutesfois les renaedes seront
diuersibés selon les temperamens ;
car aux enfaps et femmes , et géné¬
ralement à ceux qui ont la cham
mplle et delicaté , on ep vsera de
moins forts qu’aux températures ro¬
bustes et seiches , de peur qu’au lieu
dé faire le cuir, on ne corfodast la
chair.
Et après auoir fait la cicatrice,
pour-ce qu’elle demeure en telle ma¬
ladie touiours laide et hideuse h voir,
à cause de la grande adusUon qui a
biuslé la partie, comme si le feu d’vn
charbon ardent y auoit passé, ie ne
puis encore passer que ie ne descriue
quelque moyen pour l’embellir : car
le plus souuent elle demeure rouge,
liuide ou noire, esleuée et rabptéuse s
443
DE EA PESTE.
ce qu’on fera principalement en la '
partie où le malade desire ladite ci¬
catrice estre moins apparente.
Exemple pour vnir le cuir qui demeure
inégal.
Prenez vne lame de plomb frottée de vif-ar¬
gent, et ia liçz dessps la partie estroit-
tement.
Et pour rendre le cuir blanc, il faut
prendre de la chau:^ vipe lauée par
neuf fois, ù fin qn’elle pit perfiù sou
açritnpnie: puis sera ipcorppfde ^neç
finiie posai , soit faii ongnept.
Àutrç. Prenez deux iipres de tavr
tare, c’est W*
adhéré contre tes tonnean?ç , ef soit
bruslée et mise eii poudrp : puis on
ta mettra dans yn cpnure-çhef de
toile médiocrement déliée, taquetle
sera pendue ep vne cape fiomidd-»
nn mettra yn vaisseau desspus ponr
recenoir ta liqueur laquelte distil¬
lera gnute-ù-goute ;et d’ipelte ta cica¬
trice en soit frottée assez long tPiPP^-
Semblablement la suenr
appliquée souuent dessus la cicatrice,
oste grandement ta rougeur qui de¬
meure en icelle. L’onguent citrin re-
centement fait h P^r^ttle yo*'tu ,
comme aussi remplastre dp ceruse ,
lequel sera pareillement fait de nou-
ueau. Outre-plus , Ips trois composi¬
tions suiuantes sont bien apprpuuées.
Axungiæ suillæ nouies lotæ in acelo acer-
rimo § . üij.
Cinàbrij , succi citrij , et aluminis vsti
ana § . fi .
Saiphnris viai igpçm pon çxperd 3- U-
Caphuræ 3. ij.;
Puluerisentur, deinde incorporenturomnia
simul , et fiat vngucntum.
Il subtilie le cuir et efface grande¬
ment les taches.
Autre.
Of. Ole! hyoscyaml et olei seminis cucurbitæ
ana §. j.
Olei tartari %. Ç>.
Cçræ albæ 3. iij.
Liquéfiant isla sin^ul lento igné, deinde
adde spermatis ceti 3. vjj. remopeantur
priedicta ah igup? danec Infrigidentuc,
poçtea addes ;
Trpcbheprum alfiorum Rhasis puluerisa-
torum 3. ifi.
Çaphuræ 5,j.
Tandem cuni rnali citrU 5ViÇÇ9 ompia dlfi-
genler misce : et fiat liîiimentum.
Autre.
■if;. Radiçis serpentariie 1 • L.
Bulliat in aquæ copunanis B>. i- ad dipii-
dias , deinde addç aplphuris y.\ai ignani
non expert!, et aluminis cçadi puluerisati
ana 3. j. fi : po^^a Phientur prædicla , et
addatur :
Caphuyae 3. j.
Succi hypsçyamr 5. L
■ On gardera cela en yn vaisseau, de
plornb pu de verÇO • pî 9,P
voudra vser, faut tremper des pièces
4e lihépr aPPfittPhhl* P^**'
tie. Qn peqt vser dés^its medicamens
pour ostpr la rougeur , et principale¬
ment du visage, les appliquant des¬
sus au soir , et lés j laissant toute la
nuit : puis au matin op se laueracfeau
de son vu peu tiede.
CHAPITÏIE XU
DE PLVSIEVRS EVjVCVATIONS çyi Sp FONT
qVTBE LES PBECEDENrES, ET PBEMIE-
RECENT DE LA SVEyp.
Ayant parlé des euaçuations qui se
font par l’aposteme pestiféré , par les
444 VINGT-QVATRIÉME LIVRE,
charbons et autres éruptions du cuir,
il nous reste de présent à parler de
celles qui se font par sueur , vomis-
semens , flux de sang par le nez, ou
hemorrhoïdes, et par les mois aux
femmes, aussi par le flux de ventre,
et autres, à fin que par telles eua-
cuations on aide encores Nature à
expeller le venin du dedans au de¬
hors , et principalement que celuy
qui n’est encores paruenu iusques au
coeur n’y puisse aller aucunement.
Et en telles euacuations le chirurgien
aura esgard où Nature est coustu-
raiere à faire sa descharge , et aussi
où elle tend à faire sa crise ; toutes-
fois icelles euacuations ne sont pas
tousiours critiques, mais symptoma¬
tiques ou accidentaires , comme Na¬
ture n’ayant tousiours puissance de
faire bonne concoction comme elle
dcsireroit , à cause de la malignité de
la matière, qui est altérée et corrom¬
pue, et du tout contraire aux princi¬
pes dont nous sommes composés.
Et pour commencer à la sueur , si
Nature tend à se descharger par icelle,
elle sera prouoquée en faisant cou¬
cher le malade en vn lit bien chaud
et bien couuert , et luy mettant cail¬
loux chauds, bouteilles ou vessies de
porc ou de bœuf 'remplies d’eau
chaude, ou esponges trempées en
quelque décoction chaude et puis es-
preintes , et faisans ce qu’auons dit
cy deuant pour prouoquer la sueur.
Les anciens nous ont laissé par escrit,
que toutes sueurs sont bonnes aux
maladies aiguës, pourueu qu’elles
soient faites aux iours critiques, et
soient vniuerselles et chaudes, et par-
auant signifiées en iour démonstra¬
tif ; mais en telle maladie de peste, ne
faut attendre la crise, comme nous
auons dit, mais aider Nature à chas¬
ser subitement le venin hors par tous
moyens où on verra que Nature s’en-
clinera le plus. Le malade donc suera
vne heure ou deux , plus ou moins ,
selon qu’on verra estre necessaire.
CHAPITRE XLT.
DV VOMISSEMENT.
Aussi le vomissement purge tes hu¬
meurs que les médecines fortes ne
peuuent bien faire , et par le moyen
d’iceluy l’humeur veneneux est ietté
le plus souuent hors. Parquoy si Na¬
ture tend à se descharger par iceluy,
on luy aidera en donnant à boire au
malade demie liure d’eau tiede, qua¬
tre onces d’huile d’oliue, vne once de
vinaigre, et vn peu de jus de raifort :
puis tost après liiy faisant mettre en
la gorge vne plume d’oye imbue
en huile, ou vne petite branche de
rosmarin : ou mettra les doigts au
profond de la gorge , pour se prouo¬
quer à vomir.
Autre vomiloire.
Prenez eau de semence de lin, laquelle soit
mucilagineuse, et en faut boire vn
verre d’icelle estant vn peu tiede.
Autre.
Prenez de la décoction de raifort ou de sa
semence, et semence d’arroche, de
chacun trois dragmes.
Demie once d’oxymel, et autant de sy-
ropaceteux.
Et faut en donner à boire au ma¬
lade en bonne quantité vn peu tiede.
Autre.
Prenez six onces d’oxymel de Galien, et
deux onces d’huile commune, et soit
donné tiede.
OÈ LA PÈSTE.
44^
Or si Nature n'est facile à se des-
charger par le vomissement, ne la
faut contraindre : car estant fait par
vehcmence , il cause distension aux
fibres nerueuses de restomach, et
abbat les vertus , et quelquesfois
rompt quelque vaisseau aux poul-
mons , dont s’ensuit flux de sang qui
abbrege la vie du malade. Parquoy
en tel cas ae faut prouoquer le vo¬
mir : mais plustost l’estomach sera
corroboré par dehors de sachets faits
de roses , absinthe , santaulx ( ce que
descrirons plus amplement cy après)
et par dedans de jus de coings ou
berberis, et bons boüülons, et autres
choses qui corroborent l’estomach.
CHAPITRE XLTI.
DE CKACHER ET BAVER.
Par cracher et bauer se fait aussi
grande euacuatipn : ce qu’on voit par
expérience à plusieurs qui ont eu
aposteme aux costes, nommée pleu¬
résie, alors que la suppuration est
faite, la sanie est iettée par la sub¬
stance rare et spongieuse des poul¬
inons, et de là conduite par la trachée
artere en la bouche. Et quant au
bauer, il est bien manifeste que les
pauures verollés se purgent par ice-
luy, comme aussi par le cracher.
Or on pourra prouoquer le cracher
et bauer auec masticatoires faits de
racine d’iris, et depyrethre, mastic,
et autres semblables : aussi en tenant
dedans la bouche et gargarisant ,
mucilage de semence de lin.
CHAPITRE XLllI.
DE l’eSTERNVER ET MOVCHER.
Aussi par esternuer et moucher,
Nature euacue souuent ce qui luy est
superflu ou nuisible, quand le cer¬
neau de son propre naturel ou par
artifice se descharge par le nez, ce
qu’on voit manifestement en ceux
qui ont le cerueau fort humide ,
comme petits enfans et vieilles gens,
lesquels se purgent fort par cest en¬
droit. La cause d’iceux est intérieure
ou extérieure ; intérieure , comme
vne matière pituiteuse ou vaporeuse
qui moleste le cerueau, plustost tou-
tesfois à l’esternuer qu’au moucher :
extérieure, comme lors que le soleil
donne droit dedans le nez, ou alors
qu’on y met vne plume ou autre
chose semblable, ou quelque poudre
mordicaliue, comme hellebore, eu¬
phorbe , poiure , moustarde , ou
autre semblable sternutatoire : car
alors, par le bénéfice de la faculté
naturelle expultrice, le cerueau s’as¬
treint et serre pour ietter ce qui luy
nuit ; et cela procédé principalement
de la partie anterieure d’iceluy. Or
ladite sternutation se fait auec son et
bruit, à raison que les matières pas¬
sent par lieux augustes et estroits,
qui senties colatoires, ou les os cri-
bleux qui sont au nez. Et ne se doit
procurer en grande repletion , si les
choses vniuerselles n’ont précédé, de
peur de faire trop grande attraction
au cerueau, qui pourroit causer apo¬
plexie, verligine, et autres mauuais
accidens.
446 LE VINGT-QVATRIÉME LIVRE
CHAPITRE XLIV.
DE l’ervctation ov rovctement ,
EX DV SANGLOT.
D’auantage il se l'ait quelque va-
cualioil par l’eructRlidn, ou roucte-
ment , tit par le sahglot. Qüant à
reruclatibn, elle prouient des verilo-
siléscoutehues en rusiomàch, iëHéfes
par la faculté expültribfed iceluy, les¬
quelles sont procrfeées pdr indiges¬
tion, c’est à diré faute de concocliou,
comme pour aüOir pris trop de Vian¬
des ou breuuageS, pour auo'ir VSé de
choses vaporeuses, comme pois, fé-
uesj Chastaignes, nauets, r'aues, pas-
tenad s, carottes, vin HoiiueaUj et
leurs semblables : Ou par faute de
dormir, et genetaiètrient pâr toufës
choses qui corrompent oh empeschéttt
la vertu concoctrice : Selon la diüer-
sité desquelles l’odeur de refuctaiion
sera diüerSe, à SçauOir douce Oü fé¬
tide, ahaëté, acide^j poigfiahtéj Ou
d’autre qualité:
Si le roucteirieîlt est doux, et se fait
seulement deux ou trois fois, cela est
bon : au contraire S’il est puant et
rëïteré pàC plusieurs fois^ cela est
mauuais ; car c’est signé que la vertu
digesliue est corrompue. Et pour y
subuenir , s’il vient en trop grande
abondance , il faut faire vomir le
malade ; que si c’est par intempe-
rature de l’estomach, il sera corrigé
par le conseil d’un docte Médecin.
Quant au sanglotoü hocquet, e’est
vne contractiou et extension des
fibres neruèuses de l’estomach, qui
se fait pour expeller et ietter hors
certaines vapeurs qui luy nuisent. Les
causes d’iceluy sont inanition ou re-
pletion, ou certaines vapeurs proue-
nantes de quelque putréfaction qui
est en la capacité de l’estomach, ou
comme le plus sonnent attachée obsti¬
nément aux tuniques, ou portée en
iceluy de quelques bosses, charbons,
ou autres apostemes et vlceres putri¬
des qui sont és autres parties, ou
pour auoir mangé choses fort aigres
et aiguës, comme vinaigre, fortes es-
piceries, et autres semblables, qui
mordent et piquent l’estomach.
Si le sanglot vient après vne grande
vacuation, soit naturelle ou artifi ¬
cielle, ou suruient en playe, spéciale¬
ment si elle est en la teste, dont la
sanie tombant en l’estomach procrée
ledit sanglot, et qu’il continue, c’est
chose périlleuse. Aussi s’il vient après
le vomir, c’est mauuais signe ; que si
après iceluy le spasme suruient, cela
est mortel.
Or pour y rerâedier, il faut consi¬
dérer la cause : car S’il vient par re-
pletion, on y remédiera par euacua-
übh : âü contraire Si pâr vacuation
Ou inahitioh, oti y pVbcëdèra par re-
pletioh ; S’il prduîeiit par vapëdrs
ësleuéëS de pütrëfàction, il faut don-
rlër du theriaquë’, et autrës choses
aiëxitëres qui COntràrîent à la pour¬
riture, tjü’abons deblarèëscy deuânt :
ët sic’ést dé choses aigres et aiguës,
il faudra vser dë réihëdes qui contra-
Viént â icfelles ; et ainsi des autres.
CHAPH’RE XLV.
DE L’VRiiiJE.
Autre euacüation sefaitpar l’vrine,
et grandes maladies se terminent par
icelle, comme nous voyons quelques-
fois aduenir aux verollés, ausqiiels
l’onction vif-argehtèe n’ayant peu
DE LA PESTE.
procurer aucun flux débouché, sur-
uienl flux d’vrine , et guérissent :
comme aussi souuent aduient à au¬
cunes fleures, et plusieurs autres ma¬
ladies. Or l’vrine sera prouoquée par
les remcdes diurétiques escrits en
mon liure des Pierres ‘ toutesfois il
se faut bien donner garde d’en vser
de trop forts, s’il y auoit inflamma¬
tion à la vessie, à cause que l’on feroit
Huer d’auantage les humeurs : chose
qui la pourroit gangrener, et accélé¬
rer la mort du panure malade. l)onc
en ce cas il sera plus expédient de di-
uertir par sueur, ou autre maniéré.
CHAPITRE XLVI.
DV FLVX MENSTPVEL.
Pareillement si on voit aux femmes
que Nature se vueille descharger par
le flux menstruel, on leur aidera par
remedes qui le provoquent, tant pris
par dedans qu’appliqués par dehors.
Ceux que l’on doit prendre par la
bouche sont , escorce de canne de
casse ratissée, escorce de racine de
meurier, saffran, agaric, noix mu-
guette, sauinier, racine de bouillon
blanc, pastel, diagrede, et plusieurs
autres. Et s’il est question d’vser de;
plus forts, on prendra racines de ti-i
thymal , antimoine , et cantharides
(toutesfois en petite quantité) lesquels
prouoquent grandement tel flux 2.
Aussi on fera frictions et ligatures
aux cuisses et aux iambes, applica--
‘ Ce renvoi date de 1568 , et concerne en
conséquence le livre des Pierres de 1564,
qui aujourd’hui fait partie du livre des Ope¬
rations.
^Remedes pris d’Hippocrates, De nat.
mulierum. De Dioscoride liu. 3. Malth. Syl-
uius, liure des Mois. — A. P.
447
tion de ventouses sur le plat des cuis¬
ses, apertion de la veine saphene,
sangsues appliquées à l’ofiflcedu col
dé la matrice, pessairés, noUëts, clys-
teres, bains, fdrrientatioris faites de
choses odoriférantes, qui eschauffent,
sübtilient et incisent là grosseur dès
humeurs, etouurent lés briflcés des
veines qui sont estoupées par obstruc¬
tion, comme sont racines de bouil¬
lon blanc, guimauue, iris, persil, fé-
noil, bruscus, fuëilles et fleiirs de
millepertuis, asperges, roquette, ba¬
silic , melisse , cerfueil , armoise ,
menthe, pouliot, sarriette, rosmafih,
rue , thym , hyssope, sauge, bayes de
laurier et de genéure, gingembre ,
doux de girofle, poiure, muguette,
et autres semblables, qu’on fera
bouillir, et en receuoir la vapeur au
col de la matrice par vn entonnoir
dedans vne chaire percée : ou en fau¬
dra faire bains vhiuersels. Aussi on
en pourra faire des particuliers, au s-
quels la femme se mettra seulement
les iambes iusques au dessus du ge-
noüil, et s’y tiendra le plus longije-
ment qu’il luy sera possible. Ou bien
vsera de pessaires, comme ceux qui
s’ensuiuent.
Theriacæ et milhridalij ana 3. fi .
Caslorei et gummi ammoniaci ana 3. j.
Misce cum bornbace in succo mercurialis
lincta, et fiat pessarium.
Autre.
jf. Radices petroselini et fœniculisub cine-
ribus coctas , deinde contusas cum put.
stapbys. pyrethri, croco et olèo liliorum.
Et de ce soit fait vn pessaire en
forme de suppositoires ou nouéls, qui
seront enueloppés en linge lissu, en
maniéré d’vn sac de longueur de
quatre ou cinq doigts où plus.
448
LE vingt-qva.tri:^Me livre,
Autre.
Tf. Pul. myrrhæ etaloës ana 3. j.
Fol. sabinæ, nlgellæ, artemis. ana 3. ij.
Rad. helleb. nigri 3. j.
Croci 3 .
Cum succo mercur. et melle comm. fiat pes-
sariutn cum bombace.
Autre plus fort.
Of. Succi rutæet absinth. ana 3. ij.
Myrrhæ , euphorb. castorei, sabinæ, dia-
gredij, terebenth. galbani, theria. ana
3.J.
Fiat pessarium secundum artem.
Ces pessaires seront liés et attachés
auec du ül, lequel pendra assez long,
à fin de le retirer du col de la matrice
quand on voudra.
Aussi !e Chirurgien doit considérer
que si le flux est par trop excessif, le
faut estancher, qui se fera en plu¬
sieurs maniérés : premièrement par
alimens qui espaississent le sang :
aussi par la saignée faite au bras ,
par application de ventouses sous
les mammelles, par frictions et
ligatures faites au bras , apposition
de pessaires, emplastres , et autres
medicamens froids et astringens
posés sur la région des lombes. Et
faut que la femme soit située en
lieu propre, non couchée sur la
plume , de peur que par icelle le sang
ne fust eschauffé d'auantage. Et sera
bon aussi vser de ceste inieclion pour
arrester tel flux.
"îf. Aquæ plantag. et fabr. ana lî>. j.
Nue. cup. gallar. non matur. ana 3. ij.
Berb. sumach, balaust. vitrioli Rom.
alumin. rochæ ana 5. ij.
Bul. omnia siinul , et fiat decoctio.
De laquelle en sera fait inieclion
en la matrice.
Et faut que le Chiruj-gîen se gou-
uerne sagement, tant à la prouoca-
lion que restriction , de peur qu'il n’y
commette erreur : parquoy en ce cas
doit prendre le conseil d’vn docte
Médecin, s’il luy est possible : ie dis
s’illuy est possible, par ce qu’il s’en
trouue peu qui vueillent visiter les
panures pestiférés : chose qui m’a in¬
cité d’amplifier ce«t escrit , pour in¬
struire les ieunes Chirurgiens à mieux
penser ceux qui seront malades de
peste.
CHAPITRE XLVII.
BES HEMORRHOÏDES.
Si on connoist que la nature se
voulust descharger par les hemor-
rhoïdes , elles pourront estre prouo-
quées par frictions et ligatures assez
fortes faites aux cuisses et aux iam-
bes , application de grandes ventou¬
ses auec grandes flambes sur le plat
du dedans des cuisses : aussi on met¬
tra des choses chaudes et attractiues
sur le siégé, comme fomentations, et
oignons cuits sous les cendres , pilés
auec vn peu de theriaque. D’auan-
tage , on frottera les veines hemor-
rhoïdales de linges rudes, ou auec
fueilles de figuier, ou oignon crud ,
ou fiel de bœuf incorporé auec vn
peu de poudre de colocynthe ; pa¬
reillement y seront appliquées sang¬
sues préparées et bien choisies , et
pour le dernier la lancette , si les vei¬
nes sont assez sorties hors du siégé ,
et enflées et pleines de sang. Toutes-
foissi le flux n’est reiglé , mais exces¬
sif, il sera eslanché par les remedes
qu’auons déclarés pour arrester le
flux menstruel.
; DE LA PESTE.
■■■■" - ■ . . - ■ - -= quelques vns iettent vne maliere li¬
quide, subtile, glutineuse et escu-
CHAPITRE XEVIIL tueuse, ressemblant quelquesfois à
graisse fondue, à cause de la chaleur
POVR PROVOQVER LE FLVX DV VENTRE, putride qui HqueOe et corrompt les
excremens et empesche la concoc-
II se fait semblablement vacüation tion , dont les selles sont quelquesfois
de l’humeur peslilent par le flux de veuës de diuerses couleurs, comme
ventre, àsçauoir quand Nature de son rousses , violettes, iaunastres, vertes,
propre mouuemeut , ou par l’aide de noires, cendrées , ou d’autre couleur,
medicamens laxatifs , purge et iette dont sort vne feteur intolérable,
tous les excremens et humeurs conte- comme aussi de leur sueur et haleine,
nus au ventre, à sçauoir par flux diar- qui prouient d’vne chaleur putredi-
rheïque, lienterique et dysentérique, neuse engendrée d’humeur ténues,
Et pour bien discerner vn flux d’a- cholériques, et acres par pourriture,
ucc l’autre , il faut voir les selles du Jiont est grandement irritée la vertu
malade: et s’il iette humeurs liquides expulsiue à excrétion. Et quelques-
sinceres , c’est-à-dire, d’vne sorte ou fois aussi s’y trouue quantité de vers,
d’espece, comme de pituite seule, qui dernonstrent pareillement grande
cholere ou melancbolie , et en grande pourriture des humeurs. Et quand
quantité , sans vlceration aucune des l’humeur est ardent et bruslant, il ir-
intestins, et douleur grande : tel flux rite Nature à ietter non seulement les
est appelle diarrhéique , c’cst-à dire , excremens et humeurs, mais aussi
humoral. le sang tout pur, dont la morts’ensuit.
Flux lienterique est, lors que les Ce que i’ay veu aduenir au camp
intestins ne retiennent point deuë- d’Amiens à plusieurs soldats forts et
ment les viandes; mais deuant qu’elles puissans. Et veritablcmentieflsdis-
soient bien cuites en l’estomach, elles section de quelques-vns après leur
découlent crues et telles qu’elles ont mort , pour connoistre d’où ceste
esté mangées. Tel flux vient de la de- quantité de sang ainsi pur pouuoit
bilité de la vertu retentiue de l’esto- sortir : et troiuiay la bouche des vei-
mach , pour vne trop grande abon- nés et artères mesaraïques ouuertes
dance d’humeurs, ou de la débilité de etesleuées, ou tumeflées là par où
la concoctrice d’iceluy, pour vne trop elles aboutissent dans les intestins en
grande frigidité. forme de petits cotylédons , desquels
Flux dysentérique est , lors qu’il y lors que les comprimois, le sang en
a vlceration aux intestins, auec gran- sortoit tout pur.
des douleurs et tranchées , qui se fait Or quelquesfois ce vice n’est qu’aux
d’vne corruption d’humeurs, princi- gros intestins, quelquesfois seule-
palement d’vne cholere bruslée , la- ment aux grcsles, et aucunes fois aux
quelle corrode la tunique des intes- gros et aux grcsles : partant le Chi-
tins , dont s’ensuit que le sang sort rurgicn prendra indication du lieu où
tout pur par le siégé. le malade d t sentir contorsions et
Or en ceste abominable maladie douleurs. Car si ce n'est qu’és gresles
peslilente,suruient à aucuns grand et ou menus, la douleur sera vers l’es-
cxcessif flux de ventre, par lequel tomach : au contraire, si c’est au
29
lit.
^50 LE VINGT-QVATRIEME LIVRE,
gros , la douleur sera vers le petit
ventre au dessous du nombril.
Donc si le mal est aux intestins
gresles, on baillera remedes par la
bouche : au contraire si c’est aux gros,
faut procéder par clysteres ; et si l’af¬
fection est en tous , faut y remedier
par haut et par bas. Et pour ces cau¬
ses, le Chirurgien rationel prendra
indication de la diuersité du flux de
ventre, et des accidens qui se pi’esen-
teront : comme si on voit que le ma¬
lade ait tenesme et grandes esprein-
les(qui est vn signe que Nature se
veut descharger par le ventre) on
luy aidera par medicamens pris par^
la bouche , comme demie once de
hiere simple auec deux onces d’eau
d'absinthe, en y adiqustant vne
dragme de diaphœnicum , ou autres
semblables: aussi à ceste intention les
clysteres apportent grand profit, pour
ce qu’ils purgent les superfluités des
intestins , dissipent les ventosités , ap-
paisent les douleurs : et en tirant les
ordures contenues aux boyaux , par
conséquent ils attirent aussi par suc¬
cession des parties supérieures, et
mesmement des veines, et diuertissent
des parties nobles.
Exemple d'vn Clyslere , pour irriter la vertu
expultrice à ietier dehors les superfluités.
Of. Foliorura maluæ , violariæ , mcrcurialis
ana m. j.
Seminis lini § . fi.
Fiat decoctio ad tl>. j. in qua dissolue :
Gonfectionis baoicch, diapruiiis solutiui
ana §. fi.
Theriacæ 5. iij.
Olei violali et liliorum ana § . j. fi.
Mellis violali § . ij.
Fiat clyster.
Lequel sera réitéré , s’il est besoin.
Toutesfois s’il y a vlcere aux boyaux,
ou veines ouuertes , ou lienterie , ou
diarrhée, ce clyslere serait mau-
tiais , comme aussi les suppositoires
aigus.
Autre.
"if. Decoctionis communis clysteris Ib . j .
In colatura dissolue :
Calholici et cassiæ ana 5. fi .
Mellis anthosati 5 ■ J>
Sacchari rubri §.J. fi.
Olei violarum o-üj-
Fiat clyster.
Autre plus fort.
if. Decoctionis clysteris communis Ib . j .
In colatura dissolue :
Hieræ g . fi .
Catbolici et diaphœnici ana 3. ij.
Mellis anthosati § • 1-
Oleianethiniet chamæraelini ana g . j. fi .
Fiat clyster.
Si le Chirurgien esloit en quelque
lieu où il ne peust trouuer vn Apoli-
caire , ny syringue , ny chausse à
clyslere , ou que le malade ne peust
ou ne voulus! prendre clyslere (com¬
me aucuns font), alors il pourra faire
suppositoires ou nouëts , forts ou de-
biles, selon qu'il verra eslre besoin
pour accomplir son intention.
Exemple d’vn Suppositoire , pour irriter la
vertu expulsiue des boyaux.
if. Mellis cocti § . j.
Hieræ picræ et salis communis ana 3. fi .
Et de ce soit fait vn suppositoire.
On en peut aussi faire de sauon, de
longueur d’vn doigt, et de grosseur
moyenne : et au-parauant qu’on les
applique, on les doit huiler ou en¬
graisser, à fin qu’ils entrent au siégé
plus aisément et à moindre douleur.
Exemple d’vn plus fort suppositoire.
Mellis § . iij,
Fellisbubull §.J.
Scanimonij , puluerisali euphorbij , co-
locyntidis ana 3. fi.
Et de ce soient faits suppositoires.
Les nouëls ont mesme vsage que les
suppositoires , et seront pareillement
faits forts ou debiles, selon qu’il en
sera besoin.
Exemple.
"if. yitellos ouorum nümero iij.
Fellis bubuli etmellis ana § . fi.
Salis communis 3. fi .
Le tout soit battu et incorporé en¬
semble , et (le ce soient faits nouëts,
mettant des choses prédites dedans vn
linge : en quantité d’vne grosse ave-
laine , et le faut lier et mettre dans le
fondement. Si on veut qu’ils soient
plus forts , on y adiouslera vn peu de
poudre d’euphorbe ou colocynthe.
CHAPITRE XLIX.
POVR ARRESTER LE FLVX OE VENTRE.
Si on connoist le flux de ventre es-
tre trop grand, et la vertu afifoiblie,
et que tel mal vint de raffection de
tous les intestins, alors le faut arres-
ter : à quoy on procédera par re-
medes baillés tant par la bouche
que par clysteres, de peur que la vie
du malade ne sorte par le siégé. Par-
quoy on donnera à manger aux ma¬
lades de la boüillie faite de farine de
fourment , auec vue décoction d'eau
en laquelle on aura fait boüillii' vne
grenîfde aigre, berberis, bol d’Arme-
nie , terre scellée, et semence de pa-
uot, de chacun vne dragme.
Aiilre bouillie.
Prenez amandes douces cuittes en eau d’orge,
en laquelle on aura fait esteindre des
carreaux d’acier ou de fer ardens, puis
pilez-les en vn mortier de marbre . et
les faites en forme de laict d’amandes,
et y adioustez une dragme de poudre
de diarrhodon abbatis, à fin que l’acri¬
monie de l’humeur cholérique soit a-
doucie, et l’eslomach corroboré.
Autre remede de merueilleux effect , lequel ie
tiens de feu monsieur Chapelain , premier
Médecin du Roy , qui l'aûoit comme grand
secret de dejunct son pere , et proteste luy en
auoir veu ordonner auec vn ires-bon succès.
Of. Boli armen. terræ sigil. lapis hæmat. ana
3.j.
Picis naualis 3 j. fi.
Coralli rub, mar. electar. cornu cerui
vsti et loti in aqua plantag, ana S . j.
Sacchari rosat. § • U-
Fiat puluis.
De laquelle le malade en prendra
plein vne cuillier detiant le repas, ou
bien auec le iaune d’vn œuf. On
vsera de ce remede en prenant plus
ou moins, selon que le flux sera grand
ou petit L
1 II m’a fallu ici rectifier le texte, qui va¬
rie suivant les éditions. En 1663, au lieu de
la formule de Chapelain, on trouvait celle-ci :
« Autre remede de merueilleux effect.
« Jf. Picis naualis § . j.
Boli armen. etlapidis haîmat. ana 3. ij.
Sacchari § . i.
«Et de ce le malade en prendra plein vne
cuillier deuant le repas. On vsera de ce
remede en prenant plus ou moins selon
que le flux sera grand ou petit »
En 1675, ce remède fut remplacé par ce¬
lui de Chapelain, avec les mêmes préceptes
pour son administration. Mais en 1679 l’au¬
teur ajouta la citation qui suit de Chris¬
tophe Landré, et l’intercalation fut faite si
négligemment , que cette phrase : on vsera
de ce remede, etc., suivait la citation , et se
rapportait conséquemment àlay?e)Ue de chien,
et non plus au remede de Chapelain, comme
en 1576. Yoilà ce que j’ai dû rectifier,
45‘i Llî VlNGr-QViV.TniKMi; LlVr.K ,
Christofle l'André en son Oecoia- faire mourir, et ieüer hors du ven-
trie loué grandement la liente de Ire. Aussi on pourra vser de clysteres
chien qui ait rongé par trois iours anodin.s, abslersifs, consolidatifs, res-
des os. trictifs et nutritifs, selon qu’on verra
Pareillement on peut faire manger estre besoin. Et premièrement , lors
douant le repas de la chair de coings, que le malade sent grande douleur
ou mesmes des coings cuits sous la de tranchées et contorsions au ven-
cendre, ou en composte; ou conserue tre, à fin de rafraichir l’acrimonie
du fruit de cornalier , et berberis des humeurs , on pourra donner vn
confit, et quelquesfois aussi vn mi- tel clystere.
rabolan, ou vne noix muguelte rostie
pour corroborer l’estomach. Il faut l^act. hyos. foliorum acelosæ, portulacæ
semblablement que le malade mange 3-
de bonnes viandes et de facile diges- J"'®’'""' «enuph. ana p. J.
lion, et plustost roslies que bouillies. Fiatdccoct. ad tb.j. in colalura dissolue;
D'auantage, il conuient concasser Casslæ fisiulæ 5 . vj.
vne grenade aigre auec son escorce, Oleirosaiielnenupharisanaj.j. fi.
et la faire cuire en eau ferrée, et d’i- Fiat clysier.
celle en bailler à boire : ou de l’eau
en laquelle on aura fait bouillir vne propre pour vne douleur aiguë
pomme de coings, neffles, cormes, ou poignante és intestins.
meures de ronces, et autres sembla • Rosarum rubrarum, hordei mundaii et
blés : car telles choses astreignent et seminis plantaginisana p. j.
consomment beaucoup d’humidités Fiat decoclio : in colatura adde :
superflues du corps. On peut pareil- Oici ro«ati § ij.
lement vser des syrops cy dessus es- vitellos ouorum numéro ij.
crits, comme de citrons , ribes, iulep clysier
rosat, et autres donnés auec eau fer-
-Attire Clystere réfrigérant.
L’estomach sera pareillementfrolté
extérieurement d’huile de mastic, de caponis, cruris vituli et ca-
• 1 , P'us Ycruecis vna cum nelle ftii
noix muguelte, de coings, de myrrhe, ptae idij,
et autres semblables. Aussi on peut " foliorum violarum, ma-
inetlre sur iceluy la crousle d’vn oæ, mercuna.is elplantag. ana m. j.
gros pain tiré vn peu auparauant du Hordei mundati g . j.
four, trempée en vinaigre et eau Quatuor seminurn frigidorum maiorum
.1 r. 1 1 ana 3. fi .
rose, ou vn cataplasme fait de décoc¬
tion d’eau ferrée, roses rouges, su- ” colatura Ib. fi. dissolue :
macu, berberis, myrtilles, chair de recenter extraclæ 5. j.
coings, mastic, farine de féues, et miel
l'Osat. n’a jamaisélécorrigé, et qui était Juste alors.
Or si on voit que le malade iette le chapitre des Vers venait après
des vers, on y procédera ainsi qu’il . Pc®fc- Aujourd’hui il faudrait
sera déclaré cy après à fin de les en effet , le chapitre des
Vers a été reporté par Paré lui-même au li-
1 Cy apres; c’est le texte de 1568 , qui n’a Peste. ^ f^oiolle, avant le livre de la
»E LA.
Ôlei violati O • iiij-
Vitell. ouorum ij.
Sacchari rubri § . j.
Fiat clyster.
Autre Clyslereanodyn.
Of.. Florumcamom.meliloUetanethianap.j.
Radicis bismaluæ 5 . j.
Fiat decoctio in lacté, et in colatura adde :
Mucilaginis seminis Uni et fcenugræci
eitractæ inaqua maluæ § . iJ.
Sacchari rubri §. j.
Olei camæmeli et anethi ana §. j. ft.
Vi telles ouorum ij.
Fiat clyster.
Il faut garder long temps tels clys-
teres, à fin qu’ils puissent mieux ap-
paiser la douleur.
Lors qu’on verra aux excremens
comme raclures de boyaux ( qui est
vn signe infaillible qu’il y a des vl-
ceres és intestins) alors il faut bailler
des clysteres detersifs et consolida-
tifs, comme ceux-cy.
Exemple d’vn Clystere delersif,
“if. Hordei integri p. ij.
Rosaruin rubrarum et florum camo-
millæ, plantaginis , apij ana p. j.
Fiat decoctio : in colatura dissolue :
Mellis rosati et syrupi de absyntbio ana
5.j. fi.
Vitellos ouorum numéro ij.
Fiat clyster.
Exemple d’vn Clystere pour consolider les
vlceres aux intestins,
■if. Succi plantaginis, cenlinodiæ et portu-
lacæ ana § . ij.
Boli Armenicæ, sanguinis draconis,
amili ana 3. j.
Seul hirciui dissoluti 3. üj.
Fiatclysler.
Pareillement le lait de vache vn
peu bouilli auec plantain et syrop
peste. 453
rosat, est souuerain remede aux vl¬
ceres des intestins. Et si on voit
(comme i’ay dit) que le flux fust trop
impétueux, et que le malade fust de-
bile, alors on luy donnera clysteres
aslringens.
Exemple d’vn Clystere astringent.
7f. Caudæ equinæ, plantaginis, polygoni
ana m. j.
Fiat decoctio in lacté vstulato, ad quartaria
iij ; et in colatura adde :
Boli Armenicæ , terræ slglllatæ , 'sangui¬
nis draconis an 5. ij.
Albumina duorum ouorum.
Fiat clyster.
Autre.
■if Succorum plantaginis , arnoglossl , centi-
nodiæ, portulacæ depuratorum residentia
facta quantum sulBcit pro clystere, ad-
dendo :
Pulueris boli Armenicæ , terræ sigillatæ ,
sanguinis draconis ana 3. j.
Olei myrthini et rosati ana g . ij.
Si le sang sort tout pur par les in¬
testins, il faut vser de plus forts as-
tringens : et pour-ce ie loue beau¬
coup les décoctions faites d’escorce
de grenade, noix de cyprès , roses
rouges, sumach, et quelque portion
d’alum et de couperose boüillies en
eau de mareschal, et de ce soient
faits clysteres sans huile , ou autres
semblables *.
On doit aussi fomenter le siégé
d’vne décoction astringente. Mais il
faut noter que tels remodes fort as-
tringens ne doiuent estre baillés,
que premièrement on n’ait purgé le
malade, parce qu’ils anesteroiont les
humeurs corrompus qui sont la
principale cause de cestc maladie, et
les empescheroient d’estre vacués, et
‘ I/édition de 1668 ajoutait : comme cestuy
LE VINGT-QVATRIÉME LIVRE,
45/4
seroiton cause de la mort du ma¬
lade ; mais seront baillés après qu’il
aura esté suffisamment purgé, aussi
qu’on connoistra les forces affoiblies
et abbatues, et le ventre fort lu¬
brique.
Si le malade est fort debile, et ne
peut prendre alimens par la bouche,
on luy pourra bailler clysteres nu¬
tritifs, comme ‘ :
suiuant, et donnait ces deux formules de
clystères, qui ont été retranchées dès 1576.
« "if. Succorum rnespilorum, sorborum, cor-
norum , frucluum aut foliorum quar-
tarium j.
Tanni yel corticis quercini § . i.
Seminis anethi, sumach, berberis hypo-
cystidls, gallarum ana § . i.
Seminis plantaginis § . fi .
Fiat decoctio : in quâ dissolue :
Vitellos duorum ouorum induratorum in ]
aceto.
Adipis renum capræ § . i.
Fiatclyster. ad quantitatem Ib. fi vel quar-
tariorum trium.
« Autres
» DeCOctionis hordei integri perfectè
cocti a>. j.fi.
In quà adde foliorum plantaginis , centino-
diæ , et foliorum granatorum ana m. j ,
Rosarum rubrarum m. ij.
Fiat iterum decoctio, et in colaturâ dissolue
saccharum rubrum, vitellos duorum ouo¬
rum, pulueris foliorum granatorum quan¬
tum volueris : fiat clyster. »
1 Cette formule se lisait bien dans l’édi-
Uon primitive de 1568 , mais non pas
immédiatement après la phrase qui précède ;
et de même aussi la formule ne terminait
point le chapitre. Il y avait donc avant et
après une assez longue discussion sur les
clystères nutritifs, de la page 214 à la page
271 , et le chapitre se terminait par cette
transition :
{ « le laisseray pour le présent telles trop
Decoctionis caponis pitiguis et cruris vl-
tuli coclorum cum acctosa, buglosso ,
borragine, pimpinella, et lactuca § . x.
velxij.
In qua dissolue vitellos ouorum numéro iij.
Saccbari rosati et aquæ vite ana § . j.
Butyri rccentis non saliti § . ij.
Fiat clyster.
CHAPITRE L.
DE L’eVACVATION FAITE PAR INSEN¬
SIBLE TRANSPIRATION.
Le venin pestiféré se peut quel-
quesfois exhaler et euacuer par in¬
sensible transpiration ; qui se fait par
le moyen de la chaleur naturelle, la¬
quelle agit perpétuellement en nostre
corps, soit en dormant ou en veillant,
et fait insensiblement exhaler les ex-
cremens du corps auec les esprits,
par les porosités du cuir : ce qui se
peut bien connoistre aux tumeurs et
apostemes contre Nature, mesmes y
ayant ja de la bouë faite , lesquelles
bien souuent nous voyons se résoudre
par le seul bénéfice de Nature , sans
aide d’aucuns medicainens. Parquoy
lors que Nature est forte, elle peut
aussi ietter quelquesfois le venin pes¬
tiféré au dehors par insensible trans¬
piration, voire encores qu’il y eust ja
quelque tumeur , et humeur amassé
et cueilli en quelque partie de nostre
curieuses disputes, pour parler d’vne autre
euacüation, qui se fait par insensible trans¬
piration. »
Tout cela disparut en 1575, mais cependant
ne fut pas perdu, et Paré ne lit que trans¬
porter sa discussion, notablement amplifiée,
au chapitre 22 du livre des Medicarnens ,
qui traite des Clijsten's en général et en par¬
ticulier.
DE L\ PESTE.
corps ; car rien n’est impossible à Na¬
ture forte aidée de la liberté des
conduits de tout le corps.
CHAPITRE LT.
DE LA CVRATION DES ENFANS ESPRIS
DE LA PESTE.
Pource que les petits enfans mala¬
des demandent diuerse et autre cu¬
ration que celle des grands, nous
auons reserué d’en traiter à part,
tant de ceux qui tettent, que de ceux
qui sont sevrés.
Partant pour commencer au ré¬
gime de l’enfant qui tette , il faut que
sa nourrice l’obserue pour luy, tout
ainsi que si elle-mesme auoit la peste.
Et le régime consiste és six choses
non naturelles, c’est à dire qui sont
hors de nature et essence de la per¬
sonne, comme sont l’air, le mouue-
mént et repos, dormir et veiller, man¬
ger et boire, repletion et vacuation
de la superfluité des excremens , et
les mouuemens et accidens de l’ame.
De toutes lesquelles choses, quand
on en vse auec modération , c’est à
dire, en qualité et quantité, et selon
que la maladie de l’enfant le requiert,
elles rendent le laict de la nourrice
profitable à la santé de l’enfant : car
comme l’enfant ne prend que du laict,
aussi quand il sera rectifié et modéré
selon que la maladie le requiert, non
seulement il nourrit l’enfant, mais
aussi il combat contre la maladie ,
comme ayant en soy deux qualités ,
vne qui nourrit, et l’autre raedica-
« Là finissent la phrase et le chapllre dans
les éditions de 1608 et 1675; le reste est de
1679.
455
menteuse : parquoy le laict succé par
l’enfant supplée le lieu de son régime.
Pareillement on fera que l’enfant ob-
seruera le régime en ce qu’il pourra ,
comme de ne trop dormir ou veiller,
et de la vuidange des excremens, et
des choses qu’on verra estre besoin
d’appliquer par dehors , comme lini-
mens, emplastres, fomentations et
autres. ■ ^ ’
Or que le laict de la nourrice soit
médicamenteux , on le voit ordinaire¬
ment en ce, que le iour qu’elle aura
pris quelque medecine laxaliue, le
ventre de l’enfant se lasche subite¬
ment , voire quelquesfois si fort
qu’on est contraint changer de nour¬
rice pour allaicter l’enfant (de peur
qu’il n’eust trop grand flux de ventre,
qui luy pourroit nuire et le faire
mourir) iusqu’à ce que son laict soit
retourné à son naturel. Mais si l’en¬
fant est opiniastre et ne veut prendre
vne autre nourrice , alors il faut sup¬
porter quelque chose de l’alteration
du laict , plustost qu’il mourust de
despit et de faim, par faute de tet-
ter.
Et pour retourner à nostre propos,
il faut que la nourrice vse de reme-
des propres contre la fiéure , comme
potages et viandes qui refrenent la
chaleur et fureur de l’humeur fer-
uent, à fin que son sang, qui est
matière de son laict, soit rendu médi¬
camenteux. Et pour ceste cause , elle
ne boira aucunement de vin pour
quelque temps : et doit lauer souuent
le bout de sa rnommelle d’eau d’o-
zeille , ou de suc d’icelle délayé auec
succre rosat, et vscra des remedes
qui seront déclarés cy après.
Outre-plus, l’enfant prendra vn
scrupule de thériaque délayé au
laict de sa nourrice, ou en boiiillon
d’vn poulet, ou quelque eau cor-
456
LE VINGT^QYAïfUÉME LlvnF. , ’
tlialc ; aussi on Iny eu frottera par
deliors la région du cœur, et les
emonctoires et les poignets : pareil¬
lement on luy en fera sentir au nez
et à la bouche , les délayant en vi¬
naigre rosat et eau rose, et vn peu
d’eau de vie , à fin de tousiours aider
Nature à chasser et abbattrela ma¬
lice du venin.
Les enfans sevrés et ja grandelets
peuuent prendre niedicamens par la
bouche : car comme ainsi soit que
leur estomach digéré bien plus gros¬
ses viandes que le laict, et que le foye
en fait du sang , ils pourront pareil¬
lement réduire vne petite medecine
de puissance en son elfet. Parquoy on
leur baillera à aualler du theriaque
la quantité de douze grains délayés
en quelque eau cordiale, auec vn peu
de syrop de chicorée , ou mixtionnés
en conseriie de roses, ou en quelque
bouillon de chapon , ou en autre ma¬
niéré qu'ils pourront prendre. Et faut
bien auoir esgard en quelle quantité !
on donnera ledit theriaque : car s'il
ifest donné en petite quantité aux
enfans , il leur excite la fiéure , et es-
teinl leur chaleur naturelle. On leur
pourra semblablement donner vn
bouillon de chapon, auec lequel on
aura fait cuire petite ozeille, iaiclue,
pourpié, semences froides, auec vne
once de bol arniene et autant de terre
sigillée enueloppée dedans vn linge:
puis les espreindre, et leur en donner
sonnent auec vne cuillier. Sur ce il
faut noter, que le bol d’Annenie et la
terre sigillée ont grande vertu de
conforter le cœur, et empescher que
le venin ne l’infecte : et ce par vne
propriété occulte que l’on a conneuë
par seule expérience. Aussi Galien af-
tirme , que le bol d’Acmenie a ceste
propriété contre la peste, qu’en vn ins¬
tant ceux qui en vseut sont preser-
iiés et guéris, pourueu que les parties
nobles ne soient ja grandement in¬
fectées.
D’auanlage, il sera bon de leur
prouoquer la sueur : car par icelle la
matière putride est sonnent euacuée,
ioint qu’il y a en eux grande abon¬
dance de fumées et vapeurs. Partant
on la prouoquera en leur donnant à
boire vne décoction de semences de
persil , raisins de Damas , figues , ra¬
cine d’ozeille, auec vn bien peu de
saffran, et corne de cerf ou d’yuoire
rappé.
A ces mesmes fins aucuns baillent
de la licorne, mais on ne sçait encore
que c’est : ioint que la corne de cerf
et l’y noire peuuent faire plus grand
effet *.
Pareillement pour prouoquer la
sueur, on pourra vser d’esponges
trempées en décoction de .'auge,
rosmarin, lauande, laurier, camo
mille, melilot et mamies: puis les
espreindre et les mettre aux coslés,
aux aines et sous les aisselles chaude¬
ment : ou en lieu d’icelles on prendra
vessies de porc à demy pleines de la¬
dite décoction, lesquelles faut chan¬
ger incontinent qu’elles ne seront
assez chaudes , et les continuer ius-
ques à ce que la sueur sorte en abon¬
dance. Et se faut bien garder de faire
trop suer les enfans, parce qu’ils sont
de facile résolution, et se desseichent
en peu de temps, et tombent promp¬
tement en défaillance de la vertu, à
laquelle il faut tousiours auoir fϟ.
Et pendant qu’ils suent, il leur con-
uienlesucntiler la face auec vn es-
uenloir, à fin qu’ils puissent aspirer
l’air Iroid, doux et suaue, pour for-
‘ Voilà le premier indice, en 15G8, de la
guerre que plus tard Paré devait faire à la
Licorne. Voyezle Discouys à la fin de cq livre.
DK LA
lifier la veilu, laquelle estant forti¬
fiée, pourra inieiix icller la sueur
liors. Aussi leur faut faire sentir vi¬
naigre mislionné auec eau rose , en
laquelle on aura dissout vn peu de
lheriaque. Et après qu’ils auront suf¬
fisamment sué , ils seront essuyés, et
après on leur donnera à manger vn
peu de conserue de roses , auec pou¬
dre de corne de cerf et yuoire , et boi¬
ront de l’eau de buglose auec vn peu
d’ozeille, tant pour rafraischir que
pour tousiours preseruer le cœur. Et
où l’enfant après auoir pris lesalexi-
teres ne sueroit, ne faut pourtant
auoir desespoir de la cure , parce que
Nature ne laisse à faire son profit des
antidotes et contre poisons qu’on luy
aura donnés.
Et s’il leur suruenoit quelque tu¬
meur aux emonctoires, ou charbons
en quelque partie, on leur y fera
promptement vne fomentation de
choses qui amollissent et relaschent
le cuir, et qui attirent modérément :
puis on vsera de suppuratifs propres,
comme limaces pistées subtilement
auec leurs coquilles, moyeux d’œufs,
auec vn peu de theriaque : ou bien on
leur fera vne pulte de farine, d’huile,
d’eau, et iaunes d’œufs, et autres
choses propres : et on conduira le
reste de la cure le plus doucement
qu’il sera possible, ayant esgard à
leur ieunesse et délicatesse. Et s’il
est besoin de les purger, on leur
pourra donner vne dragme de rheu-
barbe en infusion , ou trois dragraes
de casse, ou vne once de sirop rosat
laxatif, ou demie once de sirop de
chicorée composé auec rheubarbe ,
ou cesle medecine qui s’ensuit :
Of. Rhab. electi pul. 5. j.
Infundc in aquà cardui benedicti ciim
cinnainomi 3. j. in. coJatura dissolue;
l'KSTK. '4.5'7
Catholici 5. ij.
Syrupi rosali laxatlui 5 iij.
Fiat parua polio.
Or toutes ces choses se doiuent
faire par le conseil d’vn docte méde¬
cin, s’il est possible de le recouurer. Et
quant à la reste de la cure, elle se
parfera ainsi qu’auons déclaré par cy
deuant , ayant esgard à leur nature
tendre et délicate.
CHAPITRE LU.
DISCOVRS DES INCOMMODITÉS QVE LA
PESTE APPORTE ENTRE LES HOMMES,
ET DV SOVVERAIN REMEDE*.
l’ay cy dessus remonstré, sur les
causes de la peste , qu’estant vn des
fléaux de l’ire de Dieu , nous ne poll¬
uons sinon tomber en toute extré¬
mité de maux, quand l’enormité de
nos péchés a prouoqué sa bonté à
retirer sa main fauorable de nous,
et nous enuoyer vne telle playe : il
me suffira donc pour la fin , de re¬
mémorer quelques incommodités, ou
plustost à vray dire , horribles cala¬
mités qui aduiennent en la société hu¬
maine par ceste dangereuse maladie,
à fin que selon les moyens humains
que Dieu a ordonnés pour y pour-
ueoir, nous soyons par la grandeur
du mal plus enclins à chercher et à
vser de remedes qui nous en peuuent
preseruer. Considérons donc, qvi’aussi
lost que la peste est en quelque pro-
uince, tout commerce de marchan-
1 Ce chapitre ne suivait pas immédiate¬
ment le précédent dans l’édition de lôCS;
mais , comme il a été dit, il en était séparé
parles quatre chapitres consacrés a la petite
vérole et aux vers. II a repris la place qu’il
occupe actuellement dès 1575.
458 LE vmGT-QVATKIEME LIVRE ,
dise, dont les hommes ont besoin de
s’entretenir par aide réciproque des
vns et des autres, vient à estre in¬
terrompu et délaissé : car nul ne se
veut bazarder de venir rien apporter
au lieu où est la peste , de peur de
perdre sa vie. De là s’ensuit que les
viures viennent bien tost en grande
cherté, et en fin à défaillir du tout,
mesmement aux villes fameuses où
il y a grand peuple qui a accoustumé
de viure au iour la iournée, sans
faire prouision : car les marchands
allans çà et là pour en apporter , ne
peuuent non seulement entrer aux
villes ny villages , mais souvient en
sont dechassés par armes et à coups
debarquebuses, arbalestes, et pierres,
pour ne les laisser approcher, tant
que quelquesfois ils sont tués ou
massacrés inhumainement, au lieu
du secours qu’on leur deuroit donner
en leurs nécessités. De là vient que
les autres n’y veulent aller, et eux
quisouloient subuenir à ce que leur
ville ne tombast en defaut de viures
et autres choses, sont contraints
d’endurer la famine auec leurs con¬
citoyens. Souuent les enfans sont
contraints d’enterrer leurs peres et
meres , les peres et meres leurs en-
fans, les maris leurs femmes, et les
femmes leurs maris (qui leur est un
grand creue-cœur) pour ne trouuer
personne qui les vueille enterrer.
Souuent aussi on laisse les corps sans
les enterrer, desquels s’esleuent va¬
peurs pulredineuses qui renforcent
la peste ‘. Outre-plus , les plus opu¬
lents, mesmes les magistrats, et au¬
tres qui ont quelque autorité au gou-
uernement de la chose publique,
s’absentent ordinairement des pre-
* Les deux phrases qui précèdent sont de
1585.
miers, et se retirent ailleurs, desorte
que la iustice n’est plus administrée ,
n’y estant personne à qui on la puisse
requérir ; et lors tout s’en va à con¬
fusion, qui est vn mal des plus grands
qui sçauroient aduenir à vno répu¬
blique, quand la iustice defaut : et
adonc les meschans ameinent bien
vne autre peste ; car ils entrent és
maisons, et y pillent et desrobent à
leur aise impunément , et coupent le
plus souuent la gorge aux malades,
voire aux sains mesmes, à fin de
n’estre conneus et accusés après.
Qui en voudra des exemples bien
recentes , il en pourra sçauoir des ha-
bitans de Lyon, au voyage que le
Roy y a fait K Aussi en ceste ville de
Paris se sont trouués des gens , qui
auec l’aide de tels maistres, ayansfait
entendre à vn quidam leur ennemy
qu’il auoit la peste, sans auoir mal
quelconque, et le iour qu’il deuoit
parler de son procès, ou faire quelque
acte où sa presence estoit requise,
l’ont fait rauir et emporter à l’Hostel-
Dieu, par la force de ces galands,
quelque resistence qu’il peusl faire ,
estans plusieurs contre vn : et si de
fortune il imploroit l’aide et miséri¬
corde du peuple qui le voyoit, les
larrons et meurtriers l’empeschoient
et crioient encores plus fort que luy,
à fin qu’il ne fust entendu : ou bien
ils donnoient à entendre que le mal
l’auoit rendu furieux et démoniaque,
pour faire fuir chacun d’auprès, et ce
pendant auoir moyen de le pousser
audit Hostel-Dieu , et le faire lier et
coucher auec les pestiférés. Et quel¬
ques iours après mourut, tant dedes-
plaisir que de l’air infecté , ayant esté
sa mort auparauant vendue et achep-
tée à beaux deniers contans.
‘ 1666. — A. P.
le n’ay que faire de déduire icy au
long ce que l’on ne sçait que Irop :
c’est à sçauoir que les villes délais¬
sées deuiennent champeslres, iusques
à voir l’herbe croistre parles rues;
les laboureurs delaissans leurs mai¬
sons et les fruits sur la terre, laquelle
demeure en friche ; les troupeaux sont
esgarés et esperdus parles champs :
les hommes s’entre-rencontrans s’en-
fuyent arriéré les vns des autres , si¬
gne de grande punition de Dieu. le
me conlenteray d’adiouster icy que
ceste maladie rend par tout l’homme
si misérable, que si tost qu’il est
soupçonné, sa maison ( qui luy estoit
lieu le plus seur et le plus libre) luy
sert d’vne cruelle prison : car on
l’enferme dedans sans qu’il puisse
sortir , ny que personne y soit admise
pour le secourir. Si ce pendant quel-
qu’vn de ceux qui sont ainsi reserrés
et enfermés se meurt, il faut que les
autres qui sont là dedans voyent
quelquesfois durant long temps cest
horrible spectacle du corps rempli de
vermine et pourriture , auec vne
grande puanteur charongneuse , qui
fait renforcer l’infection et vénénosité
de l’air , qui puis après fait redoubler
la peste, et est souuent cause delà
mort de tous ceux qui sont en la
maison. Et si on se retire aux champs,
la mesme crainte et horreur y est , et
se trouue en tout chacun qui les voit,
et plus encores , d’autant qu’on a
moins d’amitié ou connoissance. Tout
est clos et fermé aux villes , villages
et bourgades, voire les maisons pro¬
pres sont closes à leus maistres . tel¬
lement que souuent on est contraint
de faire quelque logette aux champs,
arriéré de toute conuersation et con¬
noissance : comme on fuisoit à Lyon
sur le llosne, là où les malades s’es-
tans retirés, le chaud du iour les es-
touffoit , et le froid de la nuit les
morfondoit et leur amenoit d’autres
mortelles maladies. Et qui plus est,
n’a on pas veu esdites loges , que le
pere et la mere estans griefuement
malades , et ne pouuans aider à
leur enfant, l’ont veu suffoquer et
manger aux mouches guespes, et la
mere cuidant le secourir, se leuer ,
puis tomber morte entre l’enfant et
le mary ? Plus , on n’est reconneu
des vassaux , suiets , ou seruiteurs
qu’on ait : chacun tourne le dos , et
personne n’y oseroit aller : mesmes
le pere abandonne l’enfant , et l’en¬
fant le pere : le mary la femme , et la
femme le mary : le frere la sœur , et
la sœur le frere ; voire ceux que vous
pensez les plus intimes et feables
amis, en ce temps vous abandonnent
pour l’horreur et danger de ceste ma¬
ladie. Et s’il y a quelqu’vn qui , meu
de pitié et charité chrestienne, ou pour
la consanguinité, vueilie s’auancer
pour secourir et visiter vu malade, il
n’aura après parent ny amy qui le
vueilie fréquenter ny approcher.
Qu’ainsi soit , on a veu à Lyon , lors
qu’on apperceuoit seulement és rues
les Médecins , Chirurgiens et Barbiers
esleus pour panser les malades, cha¬
cun couroit après eux à coups de pier¬
res pour les tuer comme chiens enra¬
gés , disans qu’il falloit qu’ils n’allas¬
sent que de nuit , de peur d’infecter
les sains.
Combien de panures femmes gros¬
ses, sans estre aucunement malades
de peste (pour- ce qu’en tel temps
toutes autres maladies sont suspec¬
tes) ont esté pour le seul souspçon
délaissées et abandonnées à leur en¬
fantement , dont est prouenue la mort
des meres et des en fans? le puis véri¬
tablement dire auoir trouué aux
mammelles d’vne femme morte de
4()0 r,K VINGT-QVA'
pesle, son enfant Icltant encores le
venin mortel , qui le deuoit tncr bien
tost après.
Si la nourrice d’vn enfant vient à
deceder , cncores que ce ne fust de la
peste , il ne s’en trouuera point d’au¬
tre, pour le souspçon qu’on a que
elle soit morte de peste : tant est
ceste maladie effroyable et espou-
uentable , que si tost que quelqu’vn
en est surpris, il ne trouue secours
de personne, ains attend seulement la
mort misérable. Qu’il soit ainsi, entre
vne infinité d’autres exemples que
l’on en voit ordinairement, nous li-
' sons* qu’vne ieune femme, son mary
estant mort et deux de ses enfans , se
voyant frappée , commença a s’ense-
uelir elle-mesme, et fut trouuée à
demy enseuelie , ayant encore le fil et
l’aiguille entre ses mains. Outre-plus,
vn homme fort et robuste ayant la
peste , est allé au cimetiere , et en sa
presence a fait faire sa fosse, et
auant qu’elle fust paracheuée , il
mourut sur le bord.
Au contraire il y en a (fiii ont eu
telle appréhension de la mort , estans
frappés de ceste maladie pestilente,
que pour se secourir eux-mesmes , se
sont appliqués des fers ardens sur la
bosse, sebruslans tous vifs; autres
auec tenailles l’ont arrachée, se pen¬
sons garantir. Aussi aucuns par la
ferueur et rage de ceste maladie se
sont iettés dedans le feu , autres dans
les puits, aucuns és riuieres ; autres se
sont précipités par les fenestres, au¬
tres se sont heurtés la teste contre la
muraille iusqu’à en faire sortir la cer-
uelle , ce que i’ay veu : autres aussi
se sont tués eux-mesmes à coups de
dague ou de cousteau.
Lucrèce , poète Latin , a remarqué
RIlÎMIi IJVRK ,
la peste auoir esté autresfois si fu¬
rieuse au pays d’Athenes, que plu¬
sieurs surmontes de la vohemcnce de
la maladie se precipitoient dedans
l’eau. On raconte que la peste , il y a
enuiron quatre vingts ans , auoit de
telle rage couru par la Gaule Lyon-
noise, que les femmes principale¬
ment, sans apparence d’aucun mal en
leur corps, se ieltoient dedans leurs
puits, surmontées de la fureur de
telle maladie L
Et à ce propos m’a esté asseuré que
depuis n’agueres, vnPrestre de la pa¬
roisse sainct Eustache en ceste ville
de Paris , estant malade de la peste
en l’Hostel Dieu , de furie se leua du
lict , et prit vne dague , de laquelle il
frappa plusieurs despauures malades
couchés dedans leur lict , et en tua
trois : etn’eust esté qu’il fut apperceu
et empoignédu Chirurgien dudit hos-
tel (qui receut de luy vn coup de da¬
gue dedans le ventre , le voulant sai¬
sir, dont il cuida mourir) il en eust
occis autant qu’il en eust trouué :
mais si tost qu’il fut retenu , et que
ceste furie diminua, il rendit l’esprit.
Vn autre cas non moins horrible
est aduenu à Lyon, rue Merciere, où
la femme d’vn Chirurgien nommé
Amy Baston (quiestoit mort de peste)
six iours après estant esprise- de la
mesme contagion, tomba en resuerie,
puis en frenesie, et se mist à la fenes-
trede sa chambre, tenant et tourmen¬
tant son petit enfant entre ses bras :
ce que voyans, ses voisins l’admones-
toient de ne luy faire mal : mais au
lieu d’ auoir esgard à leur aduer tisse -
ment, le ielta incontinent en terre,
puis tost apres elle s’y précipita : ainsi
la mere et l’enfant moururent.
Il y a vne infinité d’autres senibla-
Auliure des Histoires prodigieuses. — A. P.
‘ Ce paragraphe a été intercalé ici en 157».
DK I-A PhSTK.
blés exemples , lesquels si ie voulois
raconter, iamais la matière me me
defaudroit : mais tant y a, que le tout
adulent le plus souvient aux malades
par faute qu’on n’ose conuerser, ny
estre alentour d’eux pour les secou¬
rir : ce qui ne se fait aux autres ma¬
ladies , mesmes en lepre , car en icelle
les malades sont secourus ; mais en
ceste-cy on est dechassé de ses parens
et amis , voire de sa propre maison ,
comme nous auons dit : dequoy se
faut d’autant moins esmerueiller ,
veu que la charité des hommes est
auiourd’hui tellement refroidie , que
ceux mesmes qui ont toute liberté,
encore qu’ils ayent or et argent pour
satisfaire , ne peuuent en temps de
peste auoir secours d’aulruy *.
Icy ne veux encore passer que ne
recite ce que le bon yieillard Guidon
a • escrit , qu’en l’an rail trois cens
quarante et h'uit, vint vne mortalité,
dont ceux qui estoient espris de pcsle
mouroient en trois iours ou en cinq
au plus: et estoit si contagieuse , que
non seulement en conuersant en¬
semble , mais aussi en regardant l’vn
l’autre se prenoit : et les personnes
mouroient sans seruiteurs , et es¬
toient enterrés sans preslres, et mou-
roit de iour en iour en vn si grand
nombre de pestiférés, que nepouuant
suffire à les enterrer, on estoit con¬
traint faire de grandes fosses aux cime¬
tières et lesietter dedans à monceaux,
les vns morts , les autres estons en¬
core en agonie. Le perene visitoit l’en¬
fant, ny l’enfant le pero, ny la femme
le mary, ny le mary la femme, comme
auons dit cy dessus : toute charité
1 Le texte correspondant au chapitre ac¬
tuel , dans l’édition de 15G8, n’allait pas
plus loin, et le long extrait de Guy de Ghau-
liac ([ii’on va lire a été ajouté on 1675.
/|()t
estoit morte, et espérance abbatue.
Geste maudite pestilence fut quasi
par tout le monde , et n’en laissa
presque la quarte partie. Elle fut fort
honteuse et non profitable aux Mé¬
decins et Chirurgiens , lesquels n’o-
soient visiter les malades, de peur
d’estre infectés : ioint aussi que tous
leurs remedes ne protîtoient en rien :
car tous ceux qui estoient frappés de
ceste peste mouroient. En aucunes
contrées de pays, on estimoit que les
luifs eussent enuenimé le monde , et
à ceste cause on leur couroit sus et
les assomraoit. Les autres cuidoient
que ce fussent les pauures manchets,
pour laquelle occasion estoient chas¬
sés. Les autres en soupçonrioient les
Nobles, et pource n’osoienl aller par
le monde. Et finablement les portes
des villes furent gardées, et ne lais-
soient nul entrer dedans s’ils n’es-
toient bien conneus. Et si quelques-
vns auoient poudre ou onguens, pen-
soient que ce fussent poisons, qui es¬
toit cause de leur faire aualler. La¬
dite peste dura sept mois sans cesser.
Voila ce que le bonhomme de Guidon
en escrit, chose à la vérité de grande
remarque, touchant l’ire de Dieu.
CHA.P1TRE LUI.
EPILOGVE OV CONCLVSION DE CE DIS-
COVRS DE LA PESTE L
Or ic m’asseure que le Lecteur qui
aura appris en ce petit traité le moyen
de s’en preseruer , et mesme san.s
danger visiter et secourir son pro-
t Ce chapitre était confondu avec le pré¬
cédent en 1568 et 1575 ; il n’en a été séparé
qu’en 1579.
402 LE VINGT-QVATRIÉME LIVRE ,
Chain, ne mespriseia point mon la¬
beur, combien que (si faire se pou-
uoit) i’aimerois beaucoup mieux qu’il
ne fust besoin à personne s’en aider,
et que ta sérénité de l’air par la bonté
de nostre Dieu fust tousiours telle,
que la peste perdist son nom et ses
effets. Mais puis que cela prouient
par l’iniquité des hommes, laquelle
se perpetue auec eux tout le cours
de leur vie, en receuant patiemment
ce qu’il plaist à Dieu nous enuoyer,
nous suiuons aussi sa volonté, quand
nous apprenons et vsons des reme-
des selon qu’en toutes choses il en a
mis la propriété et vertu, pour seruir
à l’vsage de l’homme, tant à la nour¬
riture du corps qu’à la conseruation
et recouurement de la santé d’iceluy.
Et de tant plus que ce mal est grand,
d’autant faut il recourir prompte¬
ment au remede qui est seul et ge¬
neral : c’est que grands et petits, de
bonne heure implorions la miséri¬
corde de Dieu par confession et des¬
plaisance de nos forfaits, auec cer¬
taine deliberation et propos de nous
amender et donner gloire au nom
de Dieu , cherchans en tout et par
tout de luy obeïr et complaire sui-
uant sa sainte parole, sans estriuer à
'l’encontre de luy par nos desordon¬
nées passions , comme nous auons
fait et faisons iournellement. Et s’il
luy plaist encor es après cela nous
battre de ces verges là, ou de quel¬
ques autres selon son conseil eternel,
faut l’endurer patiemment, sçachant
que c’est tout pour nostre profit et
amendement : et ce pendant s’entre-
aider des remedes qu’on pourra irou-
uer , sans abandonner ainsi les vns
les autres, par vnc extreme barbarie
et inhumanité.
Croyons que le mal seroit beau¬
coup moindre, ayans aide et consola¬
tion les vns des autres. Le Turc le
fait, et nous, Chrestiens de nom, n’en
tenons compte : comme si nous pen¬
sions en ceste sorte eschapper des
mains de Dieu. Helas, où nous pour¬
rons-nous cacher que ne soyons trou-
ués? Reconnoissons plustost auec le
Psalmiste: 5( ieprens les ailes de l'aube
du iour, et que i’habile aux dernières
parties de la mer, là aussi ta main me
conduira, et ta dextre m’empoignera^.
Croyons que quand nous pourrions
euiter la mort de ce costé là ( ce qui
ne peut estre) il a cent mille morts
plus honteuses et misérables pour
nous attrapper, et confondre le corps
et l’ame pour estre tourmentés à tout
iamais. Parquoy ayans nos cœurs
remplis de charité, il nous faut re¬
tourner à luy, d’autant qu’il est plein
de clemence et bénignité, prest à
nous soulager en nos tribulations, et
est tout bon, et nous aime comme ses
enfans : et quand il luy plaira, il re¬
tournera toutes nos afflictions en
nostre salut , voire mieux que nous
ne sçaurions souhaiter ou imaginer.
De là prenons ceste resolution ferme,
de nous assuiettir et ranger paisible ¬
ment à sa bonté et saincte volonté,
qui est la reigle de toute sagesse , à
laquelle nous deuons conformer tou¬
tes nos cogitations et actions. Voila
vn tres-bon onguent alexitere pour
adoucir nostre peste , et vn remede
salutaire pour appaiser nos mur-
mures et nous imposer silence, et vn
arrest certain pour faire cesser le
procès que nous intentons couslu-
mierement contre Dieu, quand il
nous chastie plus rudement qu’il ne
nous semble bon et profitable (au iu-
gement de la chair et non de l’esprit.)
Parquoy apprenons à nous capti-
^ Pseaume 130, — A. P.
DE LA PESTE.
uer, et brider nostre appétit, esti-
mans que Dieu fait toutes choses en
poids et mesure : et quoy qu’il nous
enuoye peste, famine, ou guerre, et
autres infinies calamités, il ne fait
rien qui ne soit bon et droit. Et quand
il luy plaira nous retirer de ce monde,
de là naistra nostre bonheur et féli¬
cité, veü que ceste vie traine auec soy
vne infinité de trauaux et miseres,
où nous sommes presque abysmés de
choses caduques et transitoires E Et
par ceste mort sommes appelles à la
pleine fruition du royaume celeste,
comme par vn herault et embassade
enuoyé du Ciel. Si vn roy par vn mes¬
sager appelloit vn panure et misé¬
rable à soy pour le faire participant
de son royaume, quel plaisir et sou-
las receuroit-il? A plus forte raison
deuons nous estre ioyeux, quand
Dieu par la mort nous enuoye ce
messager qui nous guide à luy, pour
heriter son royaume eternel et bien¬
heureux. Veu donc que l’eschange
est tel, nous auons matière de conso¬
lation, la mort nous estant cest heu¬
reux messager, lequel nous fait pas¬
ser de ce monde au ciel, de ceste vie
misérable à la vie eternelle, de mal¬
heur en félicité, d’ennuy en liesse, de
misere en prospérité, qui nous doit
grandement consoler, et tollir toute
occasion de lamenter. Et par tel ar¬
gument de resioüyssance , quand il
plaist à Dieu nous appeller et enuoyer
la mort, laquelle il a soutfert pour
nostre rédemption, Ezechias desire la
mort, non qu’il fust despilé contre
Dieu : mais estant ennuyé des fas-
cheries et tourmens du monde, il de-
siroit d’en sortir, pourueu toutesfois
1 Ici finissait ce paragraphe dans les deux
premières éditions de ce livrej tout ce qui
«uit est de lô79.
463
que Dieu s’y accordast. Car nostre
vie est comme vne garnison en la¬
quelle Dieu nous a mis, nous enioi-
gnant y demeurer iusques à ce qu’il
nous appelle, et nous licence pour en
sortir auec foy, et qu'il n’est pas
venu en çe monde souffrir et estre
mis en croix que pour la rédemption
des pécheurs, et non des iustes,
comme il a dit (d’autant qu’vn homme
sain n'a que faire de Médecin). Donc
il se faut humilier, et auoir ferme
fiance qu’il nous pardonnera toutes
nos fautes, pourueu que nous luy ad-
dressions nos prières du profond de
nostre cœur, et de droite et ardente
affection, croyans que luy mesme a
dit qu’il ne vouloit la mort du pé¬
cheur, mais sa rédemption. Esaïe dit
qu’il mettra nos péchés derrière le
dos, voire au profond de la mer, et
n’en aura iamais de record ation. Ces
choses considérées, nous ne deuons
craindre la mort , n’estans en ce
monde que comme en maison em¬
pruntée, de laquelle il nous faut des¬
loger quand il plaira au Seigneur, à
laquelle elle appartient. Que si le
parlement de ce monde est vne en¬
trée à vie, qu’est-ce de ce monde si¬
non vn sepulchre ou tombeau? Et
comme les mariniers désirent vn bon
port, aussi deuons nous desirer de
sortir de ceste grande mer de misere
et calamité , pour aller au port de
salut où tout mal cessera, et n’y aura
orage ne tourmente, mais toute ioye
et repos. lob dit que l’homme nay de
femme est de peu de iours et rempli
de miseres, qui sort hors comme la
fleur, et est coupé, et s’enfuit comme
l’ombre, et n’arreste point Autres
comparent ceste vie à vne fumée , ou
vapeur d’ vne bouteille d’eau, qui s’es-
IC — A. r.
/|G4 LK vi.ngt-qva:
leiie en temps de pliiye ; autres à vue
nacelle estant au milieu de la mer,
agitée çà et là des vants ei des ondes,
heurtant contre les rochers, qui sou¬
tient se perd aux gouffres et ahysraes
profondes. Et par ainsi il faut mettre
en la prolcction de Dieu la garde de
nostre ame, qu’il nous a donnée pour
estre reunie en ce corps : lequel sera
gloritiéen la résurrection vniuerselle
des morts.
Et pour conclusion, si nous r’ap-
portons le tout au conseil de Dieu,
nous aurons dequoy nous consoler
au milieu des plus grandes angoisses
et destresses qui nous pourroient
aduenir : lequel nous prions de bon
cœur, et de ferme et viue foy, qu’il
nous pardonne nos péchés, lesquels
sont cause de ceste maladie pestiférée
et autres, croyant que c’est le vray
an'idote contre la peste. Car-Iesus-
Christ, voulant guarir le Paralyti¬
que, luy dit ; Tes péchés te sont, par-
donnéé : monstranl et déclarant par
cela, que la cause et racine de sa ma¬
ladie procedoit de son péché, et que
pour en auoir la fin, il falloit que l’ire
de Dieu fust appaisée, et qu’il luy
fust propice et fauorable par la ré¬
mission de ses péchés. Ainsi donc
nous implorerons sa grâce d’vn cœur
ardent, ayant fiance qu’il nous gar¬
dera et défendra , nous donnant ce
qui nous est necessaire tant au corps
qu’à l’ame. Que s’il luy plaist nous
appeller, il sera nostre rédempteur,
et nous ayant retiré de ce labyrinthe
et gouffre de tous maux et miseres, il
nous introduira en l’heritage de sa
gloire, pour l’amour de son cher fils
nostre sauueur lesus-Christ, auquel
soit gloire eternelle. Ainsi soit il K
1 C’est ainsi que se terminait le livre de
IRUiMIi Livni-,
ADVe'bTISSKMENT de L’AVTHEVn.
L’autheur a fait cesle petite admo¬
nition pour le ieune Chirurgien, se
trouuant quelqiiesfois aux lieux où
il n’y a preslres , ny autres gens d’E-
glise à la mort des panures pestiférés.
Comme i’ay veu, le roy Charles es¬
tant à I.yon, pendant la gfande mor¬
talité, où l’on enfermoit aux bonnes
maisons vn Chirurgien pour medica-
menler ceux qui esloient pestiférés,
sans pouuoir estre secourus d’aucu¬
nes personnes pour les consoler à
l’extremilé de la mort : et ledit Chi¬
rurgien, ayant esté instruit d,e ceste
petite admonition , pourra seruir à la
nécessité d’vn plus grand clerc que
luy. Et ne veux icy passer les bornes
de ma vocation : mais seulement ai¬
der aux panures pestiférés en leur
extrémité de la mort.
La mort est la peur des riches ,
Le désir des panures ,
Tm ioye des sages ,
La crainte des meschans ,
Fin de toutes miseres ,
Et commencement de la vie eternelle ,
Bien-heureuse aux esleus ,
El mal-heureuse aux reprouués' ,
la Peste en 156S et 1575 ; l’avertissement
qu’on va lire a été ajouté en 1579.
1 L’édition de 1579 portait : Eièommence-
menl de la vie eternelle à ceux qui eroyenl en
Dieu et ont esperance en sa miséricorde infinie.
Du reste, ces sentences accompagnaient
une ligure de squelette debout, le bras droit
appuyé sur une bêche, et destinée sans
doute à frapper les yeux en même temps que
le texte frappait l’esprit. Je n’ai vu aucune
raison pour la conserver.
CHAPITRE COMPLEMENTAIRE.
DE l’vSAGE de l’antimoine
Quelques vns semblablement don¬
nent aux robustes quatre ou cinq
grains d’antimoine, préparé auec vn
œuf, ou auec conserue de roses ou
succre rosat, et aux foibles deux ou
trois grains.
Vn Chirurgien , homme de bien ,
demeurant à Bordeaux, nommé mais-
trelean de Sainctlean, m’a affirmé
en auoir baillé trois grains à sa fille,
aagée de dix-sept ans, laquelle auoit
eu apparence de tumeur pestiférée en
l’aine, qui depuis s’en estoit retournée
au dedans : et voyant les accidens
continuer, et l’antimoine n’ auoir rien
fait, luy en bailla iusques à cinq
grains, dont s’ensuiuit grand vomis¬
sement, flux âe ventre, et sueur ; et
par ces vacuations, elle fut (dit-il)
preseruée.
Par ainsi nous voyons qu’il n’y a
point de réglé certaine à la dose des
medicamens purgatifs ; partant il les
faut augmenter selon la nature du
malade, facile ou difficile à esmou-
uoir.
Toutesfois qui ne voudra vser d’an¬
timoine préparé, ne laissera d’en vser
sans estre préparé, en prenant trois
onces d’iceluy bien esleu, à sçauoir
fort pondereux et lucide, et qui facile¬
ment se eomminue ; lequel sera sub-
1 Ceci est le fameux article sur l’antimoine
extrait du chap. 27 des éditions de 16G8 et
1575, et retranché en 1579 en même temps
que le livre des Fiéures. Voyez ci-devant la
note de la page 414. Dans l’édition de I5G8,
il occupe six pages pleines, de la 129' à la
135'.
tilementpul uerisé, et mis en vne phiole
de verre auec vn posson de bon vin
blanc ou maluoisie : puis assez lon¬
guement agité et battu en ladite
phiole : et après le faut laisser trem¬
per ou infuser, et rasseoir six ou sept
heures, et passer le vin sans aucune
portion du corps dudit antimoine : et
soit donné à boire au malade, et ver¬
rez que ledit vin anlirnonien fera tel
effet que la poudre de celuy qui est
calciné et préparé : ce que ie sçay par
expérience.
Ledit antimoine est fort loüé en
ceste peste, parce qu’en peu de temps,
voire en demie heure, qu’il est entré
au corps, il prouoque le vomissement,
sueur et flux de ventre, ce qui se fait
par sa force et vehemence : laquelieir-
rite la vertu expultrice à chasser la ma¬
tière veneneuse hors, et quant etquant
l’humeur vicieux qui y est attaché,
chasse hors principalement les matiè¬
res acqueuses ; toutesfois alors que
Nature se sent chargée d’autre hu¬
meur, il l’euacue aussi, voire en tous
temperamens et à toutes heures,
neantmoinsque l’humeur soit cuit ou
crud : et fait ce par vne propriété oc¬
culte, laquelle (comme aussi à cha¬
cune chose naturelle) luy a esté don¬
née dés le iour qu’il a esté créé au
monde, outre l’action des quatre qua¬
lités premières et leurs dépendances.
Qu’il soit vray, soit qu’on le calcine,
ou brusle, ou donne crud en infusion,
il purge tousiours les aquosités : et
encore que l’on baille l’inlusion du
calciné, il ne laissera pas de faire les
III.
466 CIIA.PIT11E COMPLEMENTAIRE ,
mesmes actions qu’il fesoit estant
baillé en corps, voite én aussi petite
quantité. 11 n’a aucune saucur ny
odeur, et donne peu de tranchées au
ventre : partant quelques-vns en
donnent aux enfans ja grandelets en
petite quantité.
Or si quelques-vns me touloîent
obiecter, que plusieurs ont pris dudit
antimoine qui n’ont esté guéris : lë
leur responds pareillement , qüé totis
ceux ausquels on a administré toüs
les autres remedes n’ont laissé à mou¬
rir ; parquoy il ne faut imputer la
faute audit antimoine, mais au venin
pestiféré , qui a esté plus grand et
plus fort que la vertu du médicament :
ou qu’on ne l’a pas donné opportuné¬
ment au paradant que le Venin eust
saisi le cœur, ou pour là diuersité
des temperamens : car quelquesfois
ce qui profite à l’vn nuit à l’aUtre.
Or dés le premier ioür, ou du se¬
cond, on doit prendre ledit antimoine,
et diuersifier la dose, plus ou moins,
selon la force des malades : i’entens
ceux qui ont mestier d’estré pur¬
gés, ausquels i’aymerois trop mieux
(si faire lefalloit) bailler de l’infusion
du crud que de celuy qui est calciné,
comme estant moins vedeneux. Les
robustes le prendront auec bon thé¬
riaque, et les délicats auec vn iaune
d’œuf, ou succre rosât, ou conserue
de roses : et au parauant que le pren¬
dre, on doit bailler vn clystere ou
suppositoire : puis deux heures après
l’auoir pris , faut donner au malade
vn boüillon fait de chapon et vn iar-
ret de veau, auecques vue poignée
d’orge mondé, à fin de lenir l’esto-
mach et les intestins.
Aucuns mesprisent l’antimoine es •
tant donné par dedans, pour purger
les pestiférés, quoy qu’il soit calciné
ou crud, affermans qu’il est poison,
d’autant que par sa calcination il est
rendu plus sefc et plus dur, et acquiert
vne nature de feu : aussi estànt crud
et non calciné, disent qu’il ne con-
uient à noSlfe nature, laquelle con¬
siste en chaleur et humidité, d’autant
qu’il est froid et sec au tiers degré
(toutrisfois il the semble qü’estant
crtld, il luÿ derfieute vne natül e siil-
phucée quipeutcorriger sa froideur) :
plus adiouStent qu’il ne se peut dé¬
layer en l’estomach, ce que les bons
medicamens purgeans font, pour en-
uoyeV leurs vapeurs par dedans les
Veines : et finalement adioUstent que
tous tnedicamens qui purgent en
mesme temps par haut et par bas,
sont violens et malings de toute leur
substance.
Of laissans telles questions, nous
dirons seulement que, outre les qua¬
lités qu’a l’antimoine crUd ou calciné,
il lUy demeure tousiours VUe vertu
proiU'é, particulière et specifiquOi qui
ést admirable et diuine, comme nous
auons démonstré : en ce qu’il fait sor¬
tir grande quantité d’excrertienS, tant
par vomissement, flux de ventre, que
paf la Süeuf , purgeant principale¬
ment les humidités sereuSes : toutes-
fûîs il fait Vacuation des autres hu-
meuts par le bénéfice de Nature, la¬
quelle estant agitée comme de furie
du venin pestiféré, et aidée on aiguil¬
lonnée par la vertu de rantimoine,
ou semblables medicamens acres, ne
iette seulement les aquosités ou séro¬
sités, mais aussi les autres humeurs
qui la molestent, les deschargeant
par les voyes prédites. Et ce faisant ,
ne le pouuons dire incommode pour
donner aux pestiférés, ny estre poi¬
son, s il n’estoit donné en trop grande
quanlilé, parce qu’il n’agit point par
sa seule qualité : ioint aussi qu’on le
baille en petite quantité, comme trois,
DE l’vSAGE de
quatre, cinq ou six grains, et qu’on le
mistionne auec certains correctifs,
comme moyeux d’œufs, vin, décoction
de chapon, ou autres choéeà éefnbla-
bles qu’on connoist estre necessaires ;
et ainsi on n’en voit point aduenir
d’inconüenient.
Au surplus, ie confesse bienquelors
qu’il est calciné ou brusié, qu’aucuns
appellent préparé , il est rendu plus
sec et plus dur, et acquiert vne na¬
ture de feu : lesquelles choses luy es-
tans acquises par la calcination , il
est rendu plus chaud, et par conse'
quent plus acre , à cause que toutes
choses calcinées perdent leur humi¬
dité et sont rendues plus seiches , et
celles qui ne sont point acres et poi¬
gnantes acquièrent beaucoup de cha¬
leur par la calcination : dont nous
pouuons conclure que celuy qui est
crud est moins mauuais que le cal¬
ciné , veu qu’il ne laisse à faire son
operation sans le calciner , et n’est si
acre ne poignant ; partant on en doit
plustost vser. Ce que l’on fera auec
vin en la maniéré que nous auons
descrite : car par ce moyen on attire
son essence et vertu par l’esprit du
vin : et fait semblable vacuation que
celuy qui est calciné, toutesfois ie se¬
mis bien d’aduis que l’on n’vsast de
ce remede si ce n’est en vne grande
nécessité, et que premièrement on ne
fust bien résolu que la peste ne pro-
cedast du vice de l’air, ains seulement
de celuy des humeurs.
Or outre les vertus que l’antimoine
crud a de purger par dedans, aussi il
a faculté de refroidir et desseicher
auec vne astriction : et partant on en
met és collyres dès yeux : il atreste le
l’antimoine. 467
sang qui flue des membranes du cer¬
neau. Il est bon aussi pour les playes
rccentes, et contre les vieilles vlceres,
et principalement celles qui sont faites
par morsure de chien. Pareillement
on en fait vn onguent pour les brus-
lures auec gresse, litharge, ceruse et
cire. Et lorsqu’il est appliqué du com¬
mencement sur icelles, il empesche
qu’il n’y vienne aucune ampoule. On
en fait des parfums pour arrester le
flux menstruel, lors qu’il est excessif :
et cicatrise les vlceres. Il purifie tous
métaux : partant les fondeurs de clo¬
ches en mettent dans leur métal , à
fin que les cloches sonnent mieux :
aussi ceux qui font des miroirs en
vsent pour les rendre plus resplen¬
dissons. Voila ce que i’ay trouué de
la loüange dudit antimoine, tant en
Dioscoride que plusieurs autres bons
autheurs.
Et à fin qu’on puisse mieux con-
noislre sa nature et le recouurer
quand il en sera besoin, il faut enten¬
dre que c’est vne pierre métallique,
plombeuse et sulphurée* Qu’il soit
vray, lors qu’on le calcine, vne par¬
tie se conuertit en plomb , et rend
vne odeur puante sentant bien fort
le soulphre. Il y en a de deux especes,
à sçauoir masle et femelle. Le masle
n’est si bon que la femelle ; et se con¬
noist parce qu’il est moins luisant et
pesant : au contraire , la femelle est
plus pondereuse et luisante , et plus
friable , ioint qu’elle se fond plus ai¬
sément : parquoy ceux qui en vou¬
dront vser la prendront plustost que
le masle.
Et ce suffise de l’antimoine.
DISCOVRS
DE LA MAMIE ET DE LA LICORNE
A TRES-HAVT ET PAISSANT SEIGNEAR, MESSIRE CHRISTOPHLE DES ARSAINS ,
Cheualier des ordres du Roy, Conseiller en son Conseil priué , et d’Estat,
Capitaine de cent hommes d’armes des ordonnances de sa Maiesté : Seigneur de
la Chappelle, Baron de Treiguel, Boue, et Armenonuille, etc.
Monseigneur, vous auez souue-
nance que Fan mil cinq cens octante ,
le dernier iour d’aoust , entre Fab-
baye de Chally et Armenonuilie, Fvn
de vos grands chenaux se cabra et
renuersa sur vous, et tombastessur :
vn gros et aigu caillou à l’endroit des
reins. Le chenal estant bon et géné¬
reux, serait en deuoirpour se releuer:
mais ne se retenant qu’à demy tomba
de rechef , et vous donna vn second
heurt, et n’eusl esté le prompt et
fidelle secours d’vn de vos gentils¬
hommes nommé de Selles , qui
promptement descendit de chenal et
1 Ces discours onl été publiés à part en
1582 (voir dans mon Introduction la Biblio¬
graphie) •, mais dès 1685 ils avaient été refon¬
dus dans les OEuvres complètes , savoir, le
Discours de la Mumie au livre des Contu¬
sions et gangrenés, et le Discours de la Li^
corne au livre des F'enim. Gomme tous
deux formaient des digressions trop éten¬
dues dans les lieux où l’auteur les avait en-
vous retira à bien grand’peine de des¬
sous , vous estiez en extreme danger
de vostre personne ; de fait que à l’ins¬
tant tombastes en syncope, et dé¬
faillance de cœur et de parolle, et
fustes porté en vostre maison , où es¬
tant couché au lit les mesmes accidens
ret ourn erent et perseuer erent F espace
de quatre heures , durant lesquelles
par la diligence de madame vostre .
compagne ( Dame certes de grandes
vertus), ne fut rien oublié de tout ce
que l’on peut imaginer pour vous se¬
courir. Et pour ce faire furent appel-
lés Médecins et Chirurgiens des lieux
cadrés, il m’a paru plus convenable de les
reproduire à part, d’autant plus que cela
me permettait de donner l’épîire dédica-
toire qui les précède dans l’édition originale,
et qui, bien que plusieurs passages en soient
copiés des Discours mêmes, n’en est pas
moins une pièce très intéressante, qu’on re¬
grettait de ne pas trouver dans les grandes
éditions de Paré.
DISCOVRS DE LA MVMIE ET DE LA LlCOnNK.
46g
proches, comme Senlis, Dampmar-
lin , et mesmement madame la Con-
iiestable vous envoya monsieur le
Féure, médecin ordinaire du roy qui
lors estoit à Genlilli, qui vous fit sai¬
gner et adapter tous autres remedes
propres à telles blessures: et ne fut
rien oublié pour seder les douleurs ,
et résoudre le sang meurtri qui estoit
espandu aux lombes , et pareillement
iusques au petit ventre et aux cuisses :
et voyant que vous ne sentiez tel et
si prompt allégement que eussiez
désiré , m’enuoyastes quérir à Paris.
Ayant receu vos lettres, pour le ser-
uice que ie vous dois, ensemble à toute
vostre maison , ie montay prompte¬
ment à cheual. Arriué i’apperceu vne
bien grande tumeur et enlleure mol¬
lasse , vn peu au dessus de l’os sa¬
crum : fus d’auis de faire ouuerture ,
pour donner issue à beaucoup de
sang caillebotté, et aux sérosités, qui
arrestées sous le cuir pouuoient causer
pourriture , gangrené, et autres plu¬
sieurs accidcns mortels , qui en telles
et si grandes contusions ont de cous-
tume suruenir. L’ouuerture faite , ne
sortoit par l’espace de dix ou douze
iours moins de choppine desdites sé¬
rosités et sang caillé, à chaque fois
qu’on vous habilloit ‘ , de sorte que
les seruiettes et couurecbefs qu’on
vous mettoit sur vostre playe, ployées
en quatre ou cinq doubles, estans tor¬
ses distilloient comme qui les eust ti¬
rées d’vn plein seau d’eau. Ce que con¬
sidérant, ie commençay à craind re que
par là il ne se flst vne colliqualion de
tout votre corps , et par conséquent
finissiez vos iours tabide, attendu
mesmesqu’à raison de plusieurs gran¬
des cauités d’où sortoient les matières
mentionnées , il conuenoit faire en-
' Habiller^ synonyme de panser.
core quelques autres incisions. De
quoy ie voulus bien aduertir madite
dame,etmonsieur de Paleseau vostre
gendre, et madame vostre tille, qui
fort curieux estoient de vostre santé :
les suppliant au reste que, tant pour
le regard du danger apparent , que
vostre respect qui estes vn des plus
signalés de la France, que nous eus¬
sions d’auantage de conseil. A quoy
madite dame ne voulant rien espar-
gner , flt soudain escrire au Roy qu’il
plust à sa Maiesté luy enuoyer mon¬
sieur Pigray , homme bien entendu
en la chirurgie : ce que le Roy fit vo¬
lontiers. Aussi on envoya quérir mon¬
sieur de Mouron , homme estimé
entre les hommes doctes et bien en¬
tendu en la medecine et chirurgie, et
pareillement à Paris quérir monsieur
Hautin , Docteur regent en la Faculté
de Medecine, messieurs Cointeret et
le Fort, Chirurgiens, qui arriués, après
auoir veu , sondé et considéré vostre
playe , conclurent auec nous vna-
nimement qu’il estoit plus que neces¬
saire faire nouuelles ouuertures, à fin
d’auoir plus de commodité et liberté
pour mondifier les cauités qui es¬
toient sous le cuir tout moulu et
contus. Dieu benist notre labeur , et
en auez esté bien guari, grâces à
Dieu.
Lorsque commençastes à vous bien
porter, et vos douleurs à s’appaiser,
vous me fistes cest honneur de dis¬
courir de plusieurs belles choses,
entre les autres comme on ne vous
auoit point donné à boire de Mumie
au commencement de vostre cheutte :
lors ie vous fis re.sponse que i’en es-
tois ioyeux , parce qu’elle pouuoit
beaucoup plus nuire que aider, à
cause que c’est de la chair des corps
morts puants et cadauereux , et que
iamais n’auois veu que ceux ausquels
DISCOVRS
47q
on en auoit donné à boire ou à man¬
ger, qu’ils ne vomissent tost après en
auoir pris , auec grande douleur d’es-
tomacb. Et tant s’en faut qu’elle
puisse arrester le sang qui descoule
des vaisseaux d’vne contusion , que
plustost par l’agitation que fait ceste
bonne drogue au corps , il en flueroit
encore d’auantage. Aussi que les an¬
ciens luife, Arabes, Cbaldées, Ægyp-
tiens, n’ont iamais pensé faire em¬
baumer leurs corps pour estre man¬
gés des ebresUens : mais auoient en
si grand honneur, repereuce et re¬
commandation les corps des Irespas-
sés , pour l’esperance de la résurrec¬
tion , qu’ils ont recherché de les em¬
baumer pour les conseruer et garder
à iamais, s’ils eussent peu faire, en
plusieurs et diuerses sortes , comme
on verra par ce discours. D’auantagé
seruoient iceux corps ainsi embaumés
desouuerains gages et asseurance de
leur foy ; si bien que s’il estoit adue-
nu que aucuns eussent affaire de
quelque grosse somme d’argent , Us
ne failloient point delà trouuer à em¬
prunter sur gage de l’vn de leurs
parens , se tenans tout asseurés les
créditeurs que moyennant tel gage,
le debiteur manqueroit plustost de vie
que de foy, tant ils auoient à cœur
de retirer tel gage. Et si la fortune
faisoit , et le malheur fust si grand
que aucun s’oubliast de tant ep ses
nécessités que de ne vouloir ou sça-
uoir trouuer moyen de retirer son
gage, illomlioit en tel deshonneur et
infamie, qu’il n’eust pas esté bon à
donner à manger aux chiens, et ne
se fust aussi osé monstrer en public :
car on luy faisoit la huée comme l’on
fait à vn loup ou vu chien enragé,
et de liberté tomboit ep vue ignomi¬
nieuse soruitude, comme ayant desa-
uoüé sa race et son origine, Par ces
choses , l’on voit comme les anciens
luifs n'ont fait embaumer leurs corps
pour les faire manger aux chrestiens.
D'auantage, Hippocrates et Galien
n’en parlèrent ny ordonnèrent iamais
pour quelque cause que ce fust. Et si
elle eust esté propre aux contusions
ou autres maladies, il est certain
qu’ils ne l’eussent oublié à descrire.
De la corne de Licorne.
Monseigneur, après vous auoir dis¬
couru de la Mumie , voulustes aussi
sçauoir ce qu’il me sembloit de la
corne de Licorne, et si i’auois conneu
par quelque expérience qu’elle eust
puissance contre les venins. Lors ie
vous fis response , qu’on ne sçait à la
vérité quelle est ceste beste , mesme
que aucuns doutent que ce ne soit
vne chose controuuée. Car. les vns
disent que c’est vne beste inconneuë,
et qu’elle naist aux Indes : les autres
en Æthiopie ; d’autres és terres neuf-
ues, et les autres és deserts inaccessi¬
bles : et n’en parlent tous que par
oüy dire, Et comme ils sont differens
de la description des lieux où naist
ladite Licorne , ils sont pareillement
discord ans de la forme et figure et
couleur et de sa corne , et des pieds ,
et des mœurs s car les vns disent
qu’elle est la plus furieuse et cruelle
de toutes les bestes , et qu’elle hurle
fort hideusement, et que iamais on
ne la prend viue : autres au contraire
la disent fort douce et benigne, et
s’amouracher des filles, prenant plai¬
sir à les contempler , et qu’elle est
sonnent prise par ce moyen. Plusieurs
tiennent que si l’on fait tremper de
la corne de Licorne en de l’eau , et
que de ceste eau on face vn cercle
sur vne table , puis qu’on mette de¬
dans ledit cercle vn scorpion ou arai-
j gnée, ouvncrapaut, que ces bestes
DE LA MVMIE ET DE LA LICORNE.
meurent , et qu’elles ne passent au
cunement pardessus le cercle. le l’ay
voulu expérimenter, et ay Irouuécela
estre faux et mensonger.
Autres disent que si on faisqit au al¬
ler à vu poulet ou pigeon qui eust
pris arsenic, ou sublimé, ou quelque
autre venin , il n’en sentiroit aucun
mal ; cela est pareillement faux ,
comme l’experience en fera foy.
Autres tiennent pour chose véri¬
table que la vraye Licorne estant
mise en l’eau, se prepd à bouillonner,
fesant esleuer petites bubes d’eau»
comme perles. le dis que cela se fait
aussi bien aux cornes de bœuf et dp
mouton , et d’autres animaux , voire
és tez de pots, tuijles et bricques : ce
que vous vistes par expérience , lors
que ie mis en vn verre d’eau des psde
mouton et des te? de pots : et yous en
dis la raison, dont fustps fort coqlent
Autres disent auoir grande vertu
eoptre la peste ef autres venins : et
proy pareillement estre chose fabu¬
leuse. Quelqu’vn me dira que possi¬
ble les cornes dont i’ay fait mes es-
preuues n’estoiept vrayes cornes de
Licorne, quoy je rpsponds, que celle
de Sainct Denis en France, et celle du
Roy que l’pn tient PU grande estime,
et celles des marchands de Paris que
l’on vend à grand prix ne sont donc-
quüs vrayes cornes de Licorne : car
ç’a esté sur pelles là que i’ay fait es-
preuue : et si on ne me veut croire ,
qu’on vienne à rpsprpuue comnae
moy : et on ponnuistra la vérité con¬
tre le mensonge.
Or, Monseigneur, ces contrariétés
d’opinions, et les espreuues qu’on en
fait, font iuger que tout ce que l’on
dit des Licornes est chose controuuée
» Jiubfis , pour bulles ; Ijjs Esp<»6ee's appçl-
lalent les pustules do la véiplo, la^ bubas^
471
à plaisir par les'fpeintres et histo¬
riographes. Et ne suis seul de ceste
opinion : car il y a plusieurs doctes
Médecins gens de bieq , craignans
Dieu , qui sont de mon auis, comme
ip monstreray cy après en ce dis-
conrs : et principalement feu mon¬
sieur Chappelain , Conseiller et pre¬
mier Médecin du Roy Charles ,neu-
fléme, lequel en son viuant estoit
grandement estimé entre les gens
doctes. Vn iour, luy parlant du grand
abus qui se commettoit en l’vsage de
corne de Licorne, le priay, veu l’an-
thprité qu’il auoit à l’endroit dp la
personne du Roy nostre maistre, d’en
vouloir oster l’vsage et abus : et prin¬
cipalement d’abolir ceste coustume
qu’pn auoit de laisser tremper vn
morceau de Licorne dqps la coupe où
le Roy beuuoit, craignant la poison :
et qu’elle est beaucoup plus chere
que l’or, comme J’on peqt voip par la
supputation : car à vendre ie grain
d’or fin onze deniers pite, la liure ne
vaut que sept yingts huit escus sol ;
et le grain de Licorne vallaqt dix gols,
la dragme à raison de soixante grains
vaut trente liures, et l’once à raison de
huit dragmes vaut deux cens quarante
liures, et consequemment la Dure à
raison de seize onces vaut trois mil
cens quarante Hures, lesquels réduits
en escus vallent douze cens quatre
vingts escus : à ceste cause il feroit
beaucoup d’oster ceste superstition
et larcin qu’on fait au peuple.
Il me fit response, qu’il voyoit l’o¬
pinion qu’on auoit de la Licorne tant
inueterée et enracinée au cerueau des
princes et du peuple , que ores qu’il
l’eust volontiers ostée, il erpyoit bien
que par raison n’en pourroit estre
maistre : cl que les Médecins ayans
vne bonne ame, encores qu’ils sa¬
chent qu’elle ne vaut rien, n’ayant
DlSCaVRS
472
aucunes vertus qu’on luy attribue ,
sont souuent contraints de permettre
aux malades d’en vser , parce qu’ils
la désirent et en veulent : et que s’il
aduenoit qu’ils mourussent sans en
auoir pris, les parens donneroient
tous la chasse ausdits médecins, et les
descriroient comme la faulse mon-
noye. D’auantage disoit que tout
homme qui entreprend à descrire de
choses d’importance , et notamment
de réfuter quelque opinion receuë de
long temps, il ressemble au hibou ou
chat huant , lequel se monstrant en
quelque lieu eminent, se met en butte
à tous les autres oiseaux, qui le vien¬
nent becqueter et courir sus à toute
reste
Aussi ie vous discourus pareille¬
ment que la licorne n’a nulle vertu
contre les venins , comme le monde
luy attribue, parce que tous venins
ne font pas leurs effets d’vne mesme
taçon. Car il y en a de chauds , de
froids, de secs, d’humides : autres
qui opèrent par qualité occulte et se-
crette, et que chacun a son propre
accident lequel doit estre guari par
son contraire. Partant la licorne ne
peut résister à tous venins , comme il
sera demonsfré cy après.
le vous fis pareillement vn pe¬
tit discours de la Peste, où i’ay
monstré que la licorne n’a nulle force
et vertu pour contrarier au venin
pestiféré : où ie me suis efforcé tant
qu’il m’a esté possible d’enseigner les
ieunes Chirurgiens qui sont appelés à
penser les pestiférés : où ie suis bien
asseuré qu’il y en a qui ne virent ia-
mais aposteme , ny charbon , ny pour¬
pre pestiféré, à qui ce petit traité
* A louie resie ; Je ne sais ce que veut dire
celte expression , à moins qu’il ne faille lire :
« toute hasle.
pourra grandement seruir : aussi que
les pauures malades touchés de ceste
contagion * délaissés de tout secours ,
se pourront eux mesmes aider à leur
guarison , à raison que i’ay escrit en
langage vulgaire et fort familier , et
les remedes aisés à connoislre, et la
maniéré de les préparer , et comme il
faut lesdiuersifier , si bien que toutes
personnes s’en pourront aider. Ori’en
ay escrit , ce me semble , le plus prés
approchant de la vérité , parce que
i’ay esté louché de ce mal , et souffert
l’aposteme sous l’aisselle , et le char¬
bon au ventre. Et s’il est bien séant à
vn vieil Capitaine de parler de la
guerre , et au Marinier de discourir
de la nauigation , aussi ne me sera-il
pas mal séant , après auoir longue¬
ment exercé la Chirurgie , spéciale¬
ment à l’endroit des pestiférés, de
mettre de rechef en lumière ce petit
extrait du vingt-cinquième liure ‘
de mes œuures , pour enseigner les
ieunes Chirurgiens, et les pauures
malades délaissés de tout le monde
pour se secourir eux mesmes.
Ayant entendu ces discours, me
priasles (ce queie receus pour com¬
mandement ) les mettre par escrit , à
fin d’enuoyer ces abus à vau l’eau, et
que le monde n’en fust plus trompé ;
lors ie vous dis que i’en auois aucu¬
nement escrit en mes œuures : vous
me repliquastes que plusieurs ne
pourroienl auoir toutes mes œuures,
et qu’ils auroient tous ces discours
plus facilement et à meilleur prix ; ce
que volontiers vous accorday. Tou-
tesfois ie croy que ce ne sera sans
1 Je respecte ici le texte, mais il y a er¬
reur de la part de Paré; le livre de la Peste
était le 21' des éditions de 1676 et 1679, et il
est devenu le 22' en 1686. 11 forme le 24» do
l’édition actuelle.
Dfi L/V MVMIE ET DE LA LICORNE.
contredit : mais i’espere qu’en serez |
le protecteur et défenseur, veu la
grande authorité et crédit qu’auez en |
toute la France ; car lors que ce petit
liure sera en lumière, ie ressemble-
ray au Hibou, et croy qu’il y aura
quelque Gay ou meschant Corbeau ,
ennemy de la vérité et de la Républi¬
que, qui me caiolleront et becquette¬
ront. Mais ie leur tendray volontiers
mes espaules pour me battre fort
(toutesfois sans me faire aucun mal) :
et s’ils me peuueut assaillir de quel
que bon trait de raison ou d’expe-
rience, tant s’en faut que ie m’en
trouue offensé qu’au contraire ieleur
en sçauray fort bon gré, de m’auoir
monstré ce qu’oncques ie n’ay peu
apprendre des plus doctes et signalés
473
personnages qui furent et sont encore
en estime pour leur doctrine singu¬
lière 1.
Voila, Monseigneur, ce qu’il me
semble de la Mumie , de la corne de
Licorne, et de la Peste. Priant Dieu,
Monseigneur, vous donner et à Ma¬
dame vostre compagne, ensemble à
tous ceux de vostre maison , prospérité
en ce monde , et félicité perpétuelle.
Votre tres-humble et tres-affec-
tionné seruiteur à iamais.
A. Paré.
t Modemie de l'autheur. — Cette note mar¬
ginale est de Paré lui-même.
DISCOYRS
DE LA MVMIE
CHAPITRE V.
La Mumie a pris son nom et origine
des anciens luifs , Arabes , et Chal-
1 Ce mot de mumie pst celui qu’on trouve
dans les éditions de 1575 et 1582, et par suite
dans toutes les éditions postérieures. Mais il
faut noter qu’en i579 Paré avait écrit Mom-
mye et même Mommie , ce qui se rapproche
beaucoup de l’orthographe moderne: tou¬
tefois j’ai dû accepter celle qu’il avait défi¬
nitivement adoptée.
Au reste , on aurait tort de regarder ce
livre comme hors de propos dans les OEu-
vres de Paré; c’est le monument d’une véri¬
table réforme dans une question de chirur¬
gie qui n’était pas sans importance. On peut
voir dans mon Introduction, page clxxxviii,
la source et la puissance de ce préjugé de la
Mumie, contre lequel Paré le premier osa
s’élever. Nous avons vu au livre des Contu¬
sions, chap. 6, la première attaque qu’il
dirigea contre en 1575; en 1579, nous avons
dit qu’il avait ajouté un long article dont on
retrouvera les morceaux épars aux chapitres
1 , 8 et 12 du présent Discours; et enfin le
Discours parut en i582, comme il a été dit.
2 Ce premier chapitre formait, dans l’édi¬
tion de 1585 et les suivantes , le chap. 7 du
livre des Contusions; vojez tome II, page
202. Il débutait alors par cette phrase :
« Il ne se faut donner merueille , si en ce
traité des Contusions ie n’ay fait aucune
mention de la Mumie, pour- en donner à
boire et à manger, comme font la pluspart
dées, pt principaleineDt des Egyp¬
tiens, mespies long tepips anparauûPt
Moyse, et depuis euç les Grecs et
Latins : tous lesquels ont eu en si
grand honneur, reuerence, et re-
des Médecins et Chirqrgiens : parceqp’eHe
ne vaut rien, ce que ie prouueray par ce dis¬
cours. »
Ensuite venait le texte actuel, qui est
presque absolument le même pour tout ce
discours que celui de l’édition de 1582.
L’article spécial de 1 579 commençait aussi
par la phrase qu’on vient de lire ; mais après
ces mots : la pluspart des Médecins et Chi¬
rurgiens , il continuait ainsi :
« Car si en toute prescription et ordon¬
nance des remedes contre les maladies , il
faut prendre indication du contraire ,
comme i’ay apris de mes maistres , qui est-
ce qui , suyuant la réglé des indications ,
pourra sçauoir si la mommye est contraire
aux accidens qu’amene la cheute et contu¬
sion, s’il ne sçayt que c’est que mommie.
Or le cas est tel, que ny les Médecins et Chi¬
rurgiens qui ordonnent la mommie, ny ceux
qui en ont escrit, ny les Apoticaires qui la
vendent, ne sont point asseurés de l’essence
d’icelle : Lisez les anciens, Serapion et Aui-
cenne : Lisez les modernes , Belon , Ma-
theolle et 'rheuet , vous les trouuerez tous
d’opinions en ce cas dissemblables: interro¬
gez les Apoticaires, interrogez les mar-
chans qui la leur aportent , l’vn vous dira
Id’vn , l’autre d’vn autre , de sorte qu’il sem¬
ble impossible en telle et si grande variété
d’opinions, de rien sçauoir au vruy de la
DISCOVRS PE
commandation les corps des trespas-
sés, pour l’esperance de la resui’rec-
lion , qu’ils ont fort recherché les
moyens, non seulement de les ense-
uelir, mais aussi de les conseruer à
iamais, s’ils l’eussent peu faire, par
certaines drogues precieqses et cho¬
ses odoriférantes Hesquels corps ainsi
embaumés se gardaient longuement
entiers sans se pourrir. Et par lesdits
Arabes ont esté appelés Mumie , qui
vaut autant ^ dire, qu’yn corps mort
accQustré de choses odoriférantes et
ponseruatricesde pourriture- Qr pour
le premier, Hérodote très ancien his¬
torien grec, et après luy Diodore Si¬
cilien, parlans de la sépulture et con¬
duite des corps des trespassés, et des
pleurs et gemissemensquise faisoient
sur iceux par les anciens Elgyptieps,
racontent que lors qu’il decedoit
quelqu’vn des domestiques d’vne mai¬
son qui estoit de respect et appa¬
rence , comme vn grand Seigneur ou
Dame, alors se transportoient tout
d’vu posté tontes les femmes de la fa¬
mille et parentage au lieu pu le de-
funct estoit deeedé, habillées toutes
de deuil , pieurautes et ïamentantes.
Puis ayans laissé le corps mprt en spn
lieu, s’en alloient par la ville comme
vagabondes , courant çà et là , estant
ceintes et troussées par le milieu du
corps , déplorantes leurs vies et mise-
res , auec leurs mammplles et parties
plus proches Iputes poes et descou
uerles, De l’autre posté alloient les
hommes, ayans pareillement la poi¬
trine toute descpuuerte , et se tiap-
poient et battoient en détestation du
anoiumio. Car qaapt à f?erapion ef Avi¬
cenne, ils n’ppt cogaeu aiUre rnnimaie, etc, »
I4 suite de ce texte se retronvera an 8=
chapitre du Discours actael, à l’ayant-dcr-
iiier paragraphe,
LA MVMIE.
defunct. Cela estant fait, ils se Irans-
portoient par deuers ceux qui estoient
députés pour embaumer les corps
morts, qu’on appelloit Sallmrs ou Fm-
baumeurs^ lesquels leur monstroient
trois figures de corps morts embau¬
més, peintes en vn beau linceul, de
diuerse valeur et estimation : l’vne
comme la plus riche, exquise et ela-
bourée, vallant vn talent : l’autre vn
demy, et la tierce de vil prix et à
bon marché , qui estoit pour le com¬
mun populaire, qui leur donnoit
selon leur puissance. Ayans mar¬
chandé l’vne des trois effigies 011 figu¬
res pour les embaumer ou enseuelir,
ils laissoient le corps mort entre leurs
mains. Et lors les embaumeurs t|-
roient tout aussi tost, auec vn fer
courbé, par les narines, toute la sub¬
stance du cerneau: puis incisoieqt
auep vne pierre aiguë et bien tran¬
chante le ventre, et en ostoient les
entrailles: et puis lauoient tout le
corps de vin auquel auoienl boüilli
plusieurs choses aromatiques. Cela
fait, remplissoient le corps de myrrhe,
d’aloës, de cinamome, saffran^et au¬
tres choses odoriférantes et précieu¬
ses : puis après le salloient et met-
toiept en vn saloir par l’espace de
70 iours, Lequel temps expiré, le
reliroient pour faire seicher, et après
l’enueloppoient en vn beau drap
précieux , ët derechef l’oignoient de
certaines gommes assez communes.
Après toutes ces choses, luy faisoient
faire vne effigie sur sa tombe et se-
pulchre, où ils vouloient qu’il fust
posé pour la mémoire eternelle : et le
laissoient là pour dormir et reposer,
iusques (disoienl-ils) au grand iour de
la résurrection. Les deux autres fa¬
çons d’embaumer se faisoient d’autres
drogues non si précieuses ny si chè¬
res, et selon l’argent on estoit serui.
476
D’SCOVRS
CHAPITRE IL
Slrabo dit que les luifs , pour la
confiliirc de leurs corps, souloienl
\ser de bitiune, qui est vue poix li¬
quide qui se prend en la mer llouge,
prés Sodome.
Or bien à peine s’est-il trouué na¬
tion, tant barbare fust elle, qu’ils
n’ayent embaumé les corps morts,
non pas mesme les Scythes, qui sem¬
blent en barbarie auoir surpassé le
reste des hommes. Car iceux, comme
dit Hérodote , Mure quatrième de son
Histoire, n’enterrent point le corps
de leur Roy, que premièrement ils ne
rayent mis en cire, après auoir curé
le ventre et nettoyé , puis rempli de
cypre concassé, d’encens, de graine
de persil et d’anis , et en après re¬
cousu.
Deceste mesme chose les Ethiopiens
se sont monstrés curieux , faisans
leurs sépultures de verre, en ceste
sorte : c’est qu’aprés qu’ils auoient
vuidé et descharné iusques aux os ,
comme vne anatomie seiche , le corps
de leurs amis défunts, ils les accous
troient et lissoient de piastre, sur
lequel ils iettoient après vne peintu¬
re qui approchoit du vif autant qu’il
leur estoit possible : et ce fait , ils l’en-
fermoient dans vne colomne de verre
creux. Le corps ainsi enchâssé appa-
roissoit au trauers le verre , sans ren¬
dre mauuaise odeur, et sans desagreer
aucunement. Les plus proches parons
le gardoientchez eux l’espace d’vn an,
en luy faisans offrandes et sacrifices,
et au bout de l’an le transportoient
hors la ville au lieu desliné , ainsi que
nous faisons aux cimetières , comme
escrit le mesme Hérodote.
CHAPri'RE IIl.
Mais le soin g et curiosité est encore
entré plus auant dedans le cœur des
Egyptiens que de nulle autre nation,
dont ils ont mérité grande loüange ,
s’estans monstrés tant affectionnés à
la mémoire de leurs parens , que pour
la conseruation d’icelle ils estoient
coustumiers d’embaumer les corps
tous entiers d’i 'eux en vaisseaux de
verre diaphanes et lransparens,et les
mettoient en lieu le plus honorable
de leurs maisons, pour en auoir tous-
iours la mémoire deuant les yeux , et
leur seruir d’aiguillon pour les sti¬
muler de les ensuiure et imiter leurs
vertus, à fin de ne degenerer et for-
ligner de leur naturel et inclination.
Et d’axianlage seruoient iceux corps
ainsi embaumés, de souuerains gages
et asseurance de leur foy ; si bien que
s’il estoit aduenu qu’aucun desdits
Egyptiens eust affaire de quelque
grosse somme d’argent, il ne failloit
point delà trouuer à emprunter chez
ses voisins sur le gage d’vn corps de
ses parens , se tenans tous asseurés
les créditeurs, que moyennant tel
gage le débiteur manqueroit plustost
de vie que de foy , tant ils auoient à
cœur de retirer tel gage. Et si la for¬
tune faisoit, et le malheur fust si
grand , qu’aucun s’oubliast de tant en
ses nécessités, que de ne vouloir ou
sçauoir trouuer moyen de retirer son
gage , il tomboit en tel deshonneur et
infamie, qu’il n’eust pas esté bon à
donner à manger aux chiens, et ne
se fust osé monstrer en public : car
on luy faisoit la huée comme l’on fait
à vn loup ou vn chien enragé, et de
liberté tomboit en vne ignominieuse
SVll LA MVMIE.
seruilude, comme ayant desauoüé et
renoncé sa race et origine. Ce qui est
tesmoigné par Claude Paradin , en la
Préfacé du liure qu’il a fait des Al¬
liances et Généalogies des Roys et Prin¬
ces de la Gaule.
Pierre Messie en ses diuerses Le¬
çons, chap. 8. escrit, que les anciens
Romains auoient vne coustunie de
brusler les corps morts , et que le pre¬
mier des Sénateurs qui fust bruslé
après sa mort , fut Sylla , et après luy
plusieurs autres hommes notables et
illustres ; les cendres desquels on gar-
doit dedans des vrnes ou vaisseaux de
terre , puis on les posoit dedans les
sepulcbres ou tombeaux sous terre ,
faits en voulte.
Les Grecs auoient aussi ceste ma¬
niéré de brusler les corps morts.
Stobée escrit que les Colches n’en-
terroient point leurs morts , mais les
pendoient aux arbres.
Les Scythes d’Asie se seruoient
pour boire de l’os du crâne de leurs
parens et amis, enchâssés en or, pour
en auoir tousiours mémoire : et entre
tous leurs thresors et choses precieu
ses estimoient lesdites tasses.
CHAPITRE IV.
D’auantage les Egyptiens, recon-
noissans ceste vie estre de peu de du¬
rée au regard de celle que nous auons
à viure après la séparation du corps
d’auec l’ame , estoient fort negligens
à bastir maisons pour eux loger, mais
au reste si magnifiques à édifier Pyra¬
mides , desquelles ils se vouloient
seruir pour leurs sepulcbres, que
pour le bastiment d’vne qui fut entre¬
prise par Cheopes, l’vn de leurs Rois,
477
cent mille hommesy furentemployés,
chacun trois mois, par l’espace de
vingt ans : laquelle estant de forme
quarrée, auoit de profondeur cinq
stades, et en chacun front huit cens
pieds de large, et autant de haut, cha¬
que pierre ayant le plus ordinaire¬
ment trente pieds, fort bien ouurée,
comme raconte Hérodote Or dé¬
viant qu’enfermer les corps dedans
ces superbes sepulcbres , ils les por-
toient auec pompes magnifiques
vers les Salleurs ou Embaumeurs (of¬
fice bien salarié du peuple) qui les
embaumoient de choses aromatiques
et exquises , selon la volonté et puis¬
sance des parens et amis, comme
nous auons dit cy dessus : lesquels re-
souls ils retournoient prendre, et es-
tansbienlaués et nettoyés, leslioient
de bandes faites d’vn drap de soye
collé auec certaines gommes. Et lors
les parens et amis reprenoient le
corps , et luy faisoient faire vn estuy
de bois moulé et effigié d’homme ,
dedans lequel ils le posoient. Voila
comme les Egyptiens enterroient leurs
Roys et Princes.
Autres raettoient dedans les corps
ainsi préparés vne idole faite de cui-
ure ou marbre , et quelquesfois d’or
et d’argent, qu’ils adoroient : et
auoient ceste opinion , que le corps
estoit gardé et conserué de putréfac¬
tion , ayans leurs Dieux reposans
auec leurs corps dedans leurs monu-
mens, et que telle superstition don-
noit soulagement à l’ame. Tay veu au
cabinet de Theuet vne petite idole de
marbre, blanche, marqueltée d’vn
certain vert, qu’il affirme auoir appor¬
tée de ce pays là, et qu’elle auoit esté
trouuée en vn corps mumié. Ainsi
voit-on comme les Egyptiens estoient
‘ Hérodote, liure 2. — A. P.
DISCOVRS
4?^
fort ceretnôtiicux, et giatids idolâtres.
Loüis de POtadis , Chirtlrgien , na¬
tif de Vitry en PartoiS, m’a dit qu’es¬
tant au grand Caire, il vit dix-huit ou
vingt pyramides faites de bricquos.
Entre autres il en vit vne de mertieil-
ledse grandeur, de figuré quarrée,
ayant eh chaque faCé trois cëhs pas.
Celledà estoit la plus grande , appel¬
le ià Pyramide de Pharâon , où sont
plusieurs Corps mumies. Eti outre ,
qu’il entra dedans vne desdiles Pyra¬
mides, où il vit plus de deul cens
corps encore tous entiers, qui auoient
les ongles rougës : parce que c’estoit
la coutume de ce pays là , que pour
aiioir de belles mains , il falloit auoir
les ongles rouges. Les gens du paysne
veulent souffrir qu’on transporte au¬
cun désdits corps , disans que les
Chrestîens sont indignes de maUger
leurs corps morts. Que si on les tire
hors du pays , c’est par le moÿen de
quelques luifs , qui les desrobent et
emballent aucc leur marchandise , à
fin qu’on ne les puisse connoistre.
Le Seigneur de la Popeliniere, en
son troisième liure Des trois mondes,
dit , que quand les Indiens de Cana-
rie meurent, c’est pitié des hurle-
mens et plaintes que font les femmes,
lesquelles racontent leurs louanges
d’àuoir bien tué et mangé des hommes
estaiïs leurs ennemis : et qu’aprés leur
auoir lié les bras et pieds , elles les
enueloppent de leur lit de cotton , et
les enterrent en vne fosse ronde et
profonde , et presque tout debout ,
àuec quelques colliers et plumasseiie
qu’ils auront plus aimé : comme les In¬
diens du Pérou font de leurs Rois et
Caciques , auec quantité d’or et pier¬
res précieuses : et les Celtes ancienne¬
ment , qui estoient enterrés auec le
plus beau de leurs meubles, et la
femme qu’ils auoient la plus aimée.
CriAPITilE V.
De ceste mesme curiosité nos Fran¬
çois esmeus et incités, font la plus
grand’ part embaumer les corps des
Rois et grands Seigneurs , et dressent
des figures enleuées en bosses ou en
plates peintures, approchans de la
grandeur et figure au plus prés qu’ils
peuuent du trespassé. On en trouuO
tesmoignage en l’Eglise de S. Denys en
France, et en beaucoup d’autres
lieux , là où i’on voit plusieurs effi¬
gies des Rois et Roynes, et autres
grands Seigneurs ; ce que chreslien-
nemenl ils ont euidemment tiré tant
du nouueau Testament que du vieil ,
et façon de faire ancienne des luifs.
Cari! est dilau nouuéau Testaments
que loseph acheta vn linceul , et que
Nicodeme apporta vne mixtion de
myrrhe et d’aloës , iusques au poids
d’enuiron cent liures , de laquelle
auec autres odeurs aromatiques ils
embaumèrent et enseuelirent le corps
de lesus Christ, comme la coustume
des luifs estoit d’enseuelir leurs corps
embaumés , en signe de ceste incor¬
ruption qu’ils esperoient en la ré¬
surrection des morts (comme nous
auons dit. ) Ce que mesmes depuis
eux voulurent faire les Maries ; ce
qu’ils auoient appris de leurs peres
anciens. Car loseph au vieil Testa¬
ment commanda à ses Médecins d’em¬
baumer son pere 2.
Or qui est cause qu’à présent nos
Rois , Princes, et grands . Seigneurs,
encores qu’ils soient vuidés et laués
d’eau de vie et de vinaigre, et saul-
‘ s. lean , 20.39. A. P.
* Génese,b, 2. --.A. P.
DE LA. MVMIE.
poudrt's de choses grandement aro¬
matiques, n’y espargnans aucunes
choses pour les embaumer , néant-
moins auec tout cela , en cinq ou six
iours, ou moins, sentent si mal, qu’on
ne peut endurer estre aux lieux où
ils sont, et est-on contraint les enfer¬
mer en leur cercueil de plomb? Car
nonobstant tel appareil, parce qu’ils
ne sont plonges en saumeures auec
lesdites choses aromatiques, comme
anciennement on faisoit, et aussi pour
la grande multitude de gens qui y
entrent pour les voir, et le grand
nombre de torches et lumières y es-
tans iour et nuit , l’air s’eschauffe si
fort que, le corps n’ayant esté imbu
assez longtemps de choses qui gar
dent la pourriture, il adulent qu’en
peu de iours s’esleue vne vapeur
puante et cadauereuse, qui offense
grandement ceux qui la sentent. Icy
donc ie veux aduertir le Lecteur, sur
ce qu’on m’a voulu donner quelques-
fois blasme de n’auoir sceu bien em¬
baumer les Rois, attendu la pourri¬
ture qui tost après s’esleuoit de leurs
corps : car ma response estoit facile
à faire L C’est qu’ils n’auoient esté
trempés et sallés soixante et dix iours,
comme les anciens faisoienl , dedans
le vinaigre et choses aromatiques, et
que la faute ne procedoit que de là :
comme il se peut prouuer que le vi¬
naigre garde de pourriture , d’autant
qu’il est froid et sec : qui sont deux
choses répugnantes à putréfaction,
ce que l’experience monstre : attendu
qu'en iceluy on garde les herbes,
fleurs, fruits, voire fort humides,
comme concombre, pourpié, et autres
choses, sans qu’elles se pourrissent.
le puis dire auoir vn corps en ma
maison, lequel me fut donné par le
i Docte response de VAuthenr, — A. P.
479
Lieutenant criminel nommé Seguier^
seigneur de la Verriere, après auoir
esté exécuté par iustice, il y a vingt-
sept ans passés V, que i’anatomisay : et
leuay presque tous les muscles du
corps de la partie dextre ( à fin que
lots que ie veux faire Quelques inci¬
sions à quelque maladCj voyant les
parties de recenle mémoire , ie sois
plus asseuré en mes œuures) la partie
senestre laissée en son entier : pour
lequel mieux conseruer, ie le piquay
d’vn poinçon en plusieurs endroits,
à fin que la liqueur pénétras! au pro¬
fond des muscles et autres parties : et
voit -on encore à présent les poul-
mons entiers , cœur , diaphragme ,
mediaslin, estomach, râtelle, reins,
semblablement le poil de la barbe, et
d’autres parties, voire les ongles, les¬
quels i’ay apperceu euidemment re-
croistre, après les auoir par diuérses
fois coupés.
CHAPITRE 11.
Par ce recueil on peut voir que les
anciens estoieht fort cürieùx d’em¬
baumer leurs corps, mais non pas à
l’intention qu’ils seruissent à manger
et à boire aux viuans , comme on les
a fait seruir iusques à présent : car
iamais ne pensèrent à telle vanité et
abomination , mais bien , ou pour
l’opinion qu’ils auoient de la résurrec¬
tion vniuerselle, ou pour vne mé¬
moire de leurs parens et amis décé¬
dés. Cela est confirmé par André
ïheuel en sa Cosmographie, où il dit
auoir esté en Egypte en des cauernes
1 11 faut se rappeler que ceci a été écrit
cii 1582.
DrSCOVBS
48o
longues d’vn Irait d’arc, et de largeur
assez grande, dans lesquelles il y a
des tombeaux où anciennement es-
loient posés les corps morts embau¬
més, où il faut porter du feu à raison
de l’obscurité, et des bestes vene-
neuses qui y habitent. Il y a (dit-il)
des corps passé deux mil ans enclos
en des tombeaux de pierre, fermés et
cimentés. le laisse à penser quelle
bonne viande on feroit d’en boire ou
manger à présent
On dit que la Mumie dont on a vsé
iusques auiourd huy , est venue de
là ; à raison d’vn mastin Médecin
luif qui, par vne brutalité; auoit es-
' Ce paragraphe se lisait d^jà au chap. 6
du livre des Contusions de l’édition de 1679,
mais avec un peu plus de développement.
Ainsi, au lieu des deux dernières phrases,
on y lisait :
«La vraye mommie, dit-il, se tire des
tombeaux bien fermez et cimentez de toutes
parts, et tellement embaumez, que le mesme
linge qu’on leur donna lorsqu’ils furent en¬
terrez, se trouue encore tout entier, et les
corps pareillement, tellement qu’on diroit
qu’il n’y a pas quatre iours qu’on les a mis
dedans. Toutefois ii y a tel corps qui y est
passé de deux mil ans : les corps ou parties
d’iceux sont apportez à Venise, deSirie et
Egypte, et de Venise espandus dans toute
la Chrestienté.
« Or sont ces corps embaumez de diuerses
drogues, selon la diuersité de leur estât et
condition. Ceux des nobles sont embaumez
de myrrhe , d’aloës et safran , et autres dro¬
gues aromatiques et de grand prix. Ceux des
pauures sont farcis simplement d’asphalte,
ou pisalphalte, à raison que leur pauureté
ne peut porter la despence des choses aro¬
matiques plus précieuses. De ceste derniere
espece, dict Matheolle, est toute la mommye
qui nous est aportee par deçà. Considérant
que les nobles, riches, et anciennes mai¬
sons , etc. »
On retrouvera ta suite de ce raisonnement
dans le paragraphe suivant du texte actuel.
crit que ceste chair, ainsi confite et
embaumée, seruoit grandement à la
curation de plusieurs maladies, et
principalement aux cheutes et coups
orbes et meurtrisseures, pour garder
que le sang ne caillebottast et conge-
last dedans le corps : qui a esté cause
que l’on les tiroit furtiuement, ou par
argent, hors des tombeaux. Ce qui
semble chose fabuleuse , parce que
les nobles, riches , et anciennes mai¬
sons n’eussent iamais enduré, pour
rien du monde, que les sepulchres de
leurs parens et amis, desquels ils es-
toient tant curieux, fussent ouuerls,
et les corps emportés hors de leurs
pays, pour estre mangés des Chres-
tiens : et disent qu’ils ne sont dignes
de manger de leurs corps. Et s’il est
aduenu que l’on en ait transporté,
c’a esté de la populace, qui ont esté
embaumés de la seule poix asphalte,
ou pisasphalte, dequoy on poisse les
nauires.
Autres disent que Mumie n’est autre
chose qu’vne simple chair humaine,
prise des corps morts trouués dans
les sables et arenes qui sont és deserts
d'Arabie, où l’on dit que lesdites
arenes s’esleuent si haut par la vio¬
lence des vents, que souuent elles
couurent et estonffent les passans ;
<l’où vient que les corps morts re-
seichés tant par la chaleur et aridité
des arenes, que par le soufflement
des vents, se donnent et seruent en
vsage medecinale pour Mumie. Mat-
theole, suiuant la plus commune
opinion, dit que Mumie n'est autre
chose qu’vne liqueur reseichée, sor¬
tant des corps humains aromatisés et
embaumés *.
‘ Ce panigraphe se lisail au chap. 0 de l’é¬
dition de (679 ; mais aiors il venait après le
suivant.
DF, LA MVMIE.
Serapion et Atiicenne n’ont conneu
autre Mumie que pisasphalte, qui est
vne sorte d’escume qui prouieiit de
la mer. Ladite escume , pendant
qu’elle nage et flotte sur l’eau , est
molle et comme liquide : mais peu
après estant portée par l’impétuosité
des vagues aux riuages , et arrestée
entre les rochers et cailloux , se de-
seiche et aCfermit plus dure que la
poix reseichée, comme il est discouru
par Dioscoride liure 1, chap. 84 L
Autres tiennent que la Mumie se
fait et façonne en nostre France : et
que l’on desrobe de nuict les corps
aux gibets, puis on les cure ostant le
cerueau et les entrailles, et les fait-on
seicher au four, puis on les trempe
en poix noire ; après on les vend
pour vraye et bonne Mumie, et dit-
on les auoir achetés des marchands
Portugais, et auoir esté apportés d’E¬
gypte Mais qui voudra rechercher,
‘Ce paragraphe venait avant le précédent
dans .l’édition de 1579; mais entre les deux
on lisait celte phrase, qui manque dans le
texte actuel :
« Belon dict telle mumie estre seule¬
ment cogneue et en vsage en Egypte et en
Grece. »
* L’édition de 1579 allait plus loin; après
avoir signalé les difficultés d’avoir des mo¬
mies embaumées de substances précieuses,
elle ajoutait:
« Cequia esmeu quelquesfois quelques vns
de nos Xpoticaires, plus hardis et plus auides
de gain, à prendre denuyl des corps au gibet:
les sallcnt et aromatisent de bonnes drogues,
et apres les sécher au four ainsi farcis poul¬
ies vendre bien chèrement, pour vraye et
bonne mommie : voila comme on nous faict
aualer indiscrelernent et brulallemcnt la
charogne puante et infecte des pendus, et
de la plus vile canaille de la populace d’E¬
gypte. Comme s’il n’y auoit moyen de sauner
vn homme tombé de hault et contus, etc. »
Voyez la suite de^ce texte au chapitre 8.
lit.
48i
comme i’ay fait, chez les Apoticaires,
on trouuera des membres et portions
de corps morts, voire de tous entiers,
estre embaumés de poix noire, les¬
quels sentent vne odeur cadauereuse.
Neantmoins ie croy qu’ils sont aussi
bons que ceux qu’on apporte d’E-
gypte : parce que tout n’en vaut
rien K
CHAPITRE VU..
Depuis n’agueres deuisant auec Gui
de la Fontaine, Médecin célébré du
Roy de Nauarre, sçaehant qu’il auoit
voyagé en Egypte et en la Barbarie , ie
ie priay me faire participant de ce
qu’il auoit appris de la Licorne et de
la Mumie. Il me dist que c’estoient
toutes bayes ce qu’on bruyoit par
deçà de la Licorne, et que iamais n’en
auoit rien sceu descouurir. Et quant
à la Mumie, qu’estant l’an mil cinq
cens soixante quatre en la ville d’A¬
lexandrie d’Egypte, il ouyt dire qu’il
y auoit vn luif qui en faisoit grand
trafic : en la maison duquel allant ,
le supplia de luy vouloir monstrer les
corps mumiés. Ce qu’il fit volon¬
tiers, et luy ouurit vn raagazin où il
y auoit plusieurs corps entassés les
vns sur les autres. Iceluy priant de
rechef le luif de luy vouloir dire où
il auoit recouuré ces corps, et s’ils se
tiouuoient, comme en auoient es-
crit les anciens, és sepulchres du
1 Les éditions de 1582 et 1585 portent plus
simplement : te croy qu'ils sont aussi bons les
vns que les autres. Mais la phrase actuelle se
lisait alors môme dans une note. marginale,
et elle a été transportée dans le texte dés la
première édition posthume.
DISCOVES
482
pays : ledit luif, en se mocquant de
ceste imposture, se print à rire, l’as-
seurant et affermant qu’il n’y auoit
point quatre ans que tous lesdits
corps qu’il voyoit là ( en nombre de
trente ou quarante) il les preparoit'
luy-mesme , et que c’est oient corps
d’esclaues , ou autres personnes. Le¬
dit de la Fontaine luy demandant en¬
core, de quelle nation, et s’ils n’es- 1
toient point morts de mauuaise ma¬
ladie, comme de lepre, verolle , ou ,
peste : il luy respondit qu’il ne se ;
soucioit point d’où üs fussent, ny de \
quelle mort ils estoient morts , ou i
s’ils estoient vieils ou ieunes , masles i
ou femelles , pourueu qu’il en eust,
et qu’on ne les pouuoit connoistre
quand ils estoient embaumés. Encore
luy dist qu’il s’esmerueilloit grande¬
ment comme les Chrestiens estoient
tant Mans de manger les corps des
morts ‘. Ledit de la Fontaine l’impor¬
tunant de luy déclarer la façon qu’il
tenoit à les embaumer, dist qu’il vui- ,
doit le cerueau et les entrailles, et j
faisait de grandes incisions au pro- i
fond des muscles, et après les rem-
plissoit de poix ludée, appellée as- i
phaltile, et prenait des vieux linges
trempés en ladite liqueur, et les po¬
sait dans lesdites incisions, après ban-
doit chacune partie séparément : et
estans ainsi bandés, enueloppoit tout
le corps d’vn drap trempé sembla¬
blement en ladite liqueur : lesquels
ainsi accoustrés , les mettoit en cer¬
tains lieux, où il les laissait pour
confire deux ou trois mois. Finale¬
ment ledit de la Fontaine disant que
les Chrestiens estoient doncques bien
trompés de croire que les corps mu-
1 Le luif ae mocque des Chrestiens , qui
font si friam de manger de la chair des eorps
morts, — A. P.
miés fussent tirés des sepulchres an¬
ciens des luifs : le luif lui fit res-
ponse L qu’il estoit impossible que
l’Egypte eust peu fournir de tant de
milliers de corps qui ont esté enle-
ués, depuis que ceste ceremonie a
esté. Car de dire auiourd’huy qu’elle
s’obserue, cela est faux : d’au tant
que ceste région est seulement ha¬
bitée des Turcs, des ïuifs et des Chres¬
tiens, qui ne sont couslumiers d’vser
de telle ceremonie d’embaumement,
comme du temps que les Roys d’E-
gypte y commandoient.
CHAPITRE VIII.
Or par ce discours du luif, on voit
comme on nous fait aualler indiscrè¬
tement et brutalement la charogne
puante et infecte des pendus, ou de
la plus vile canaille de la populace
d’Egypte, ou de verolés, ou pesti¬
férés , ou ladres ; comme s’il n’y
auoit moyen de sauner vn homme
tombé de haut, contus et meurtri,
sinon en luy insérant et comme en¬
tant vn autre homme dedans le co^rps :
et s’il n’y auoit autre moyen de re-
couurer santé, sinon que par vne
plus que brutale inhumanité. Et si
en ce remede y auoit quelque effica¬
ce, véritablement il y auroit quelque
pretexte d’excuse. Mais le fait est tel
de ceste meschante drogue, que non
seulement elle ne profile de rien aux
malades, comme i’ay plusieurs fois
veu par expérience à ceux ausquels on
en auoit fait prendre, ains leur cause
‘ Response du Juif digne d’estrç bien notée.
— A. P.
DE 14 ;jiyMiE. 483
grande doulet^F à l’estQpiiach , aueç
puanteur de bouche, grand voipisse-
ment, qui est plustost cause d’esmou-
uoir le sapg, et le faire fl’au^pt^^ge
sortir hors de ses yaisseauje , q]ue de
l’arrester. Les pescheurs vsent d’ap-
pasts puants pour allicher les pois¬
sons ; à ceste caifse iis ysent de Mu-
mie, parce qu’elle est fort puaqte.
ïheuei dit l’auoir expérimenté en soy-
mesme, en ayant quelquesfois pris en
Egypte, à la suscitation d’vn nommé
Idere luif. A ceste cause ie proteste
de iamais n’en ordonner , ny permet¬
tre à aucun en prendre, s’il m’est
possible L
Quoy, dira quelqu’vn, quefera-on
donc pour garder que le sang ne se
coagule dedans le corps de ceux qui
seront tombés i^aut ep bps , ou
auront rec.eu cqups orbes, comme de
pierrie ou de bpston , ou de qqelquç
autpe chose lourde et pesante : ou se
seront vi^Qlentement heurtés contre
q^qelque cho^e dh^e, ou par yne
grande exteusiejji , comme peux les¬
quels op tire sur la gehenne , o.u
pour extrêmement crier, dont quel¬
que yaisseau du poulmon ^e peut
rotnpre, ou pour , vu coup de barque-
buse,, ou d’espée, ou ^utre instrurneut
1 Oq retrouve une partie du texte de ce
paragraphe daps l’édition de 1579. Vpyez
ci-iievant la note 2 de la page 481 ; mais à
partir de ces mots : cotjame i’ay Tylytsieufs fois
veu par expérience, Paré ajoutait ;
« Et comme Theuet se dict auoir expéri¬
menté en soy mesme , en ayant quelquefois
pris en Egypte, d’où elle vient, à la susci¬
tation d’vn médecin luif, mais d’auantage
luy causa plusieurs fois fâcheries et acci¬
dents, comme douleur et deuoyement d’es-
tomach, vomissement et puanteur de bou¬
che : ponr CCS raisons non seulement ie n’en
ay voulu ordouper, mais ainsi ie conseille
bien de n’en prendre aucunement. »
semblable : et pour le dire en vn niot,
toutes choses qui peuuent inciser,
contondre et meurtrir, casser, esca-
cher et rompre , non seulement les
parties mohés , mais aussi les ps, et
faire sortir le sang hors des veines et
arteres, (|[ui^ cause de ce sont pressées,
exprimées , rompues et dilacerées ,
dont le sang tombe dedans ies parties
intérieures du corps , et spuuent est
ietté non seulement par les playes ,
mais par la verge , siégé , et par la
bouche? Ce que i’ay veu plusieurs
fois : mesmes les parties extérieures
en sont pareillement contusées et
blessées auec playes, et souuent sans
playe , de sorte que le cuir demeure
tout entier, mais le sang est respandu
par la chair des muscles , et entre
cuir et chair seulement : dont la par¬
tie est rendue liuide et noire, laquelle
disposition est nommée des anciens
Grecs Ecchymosîs. En quoy l’on ob-
serue entre autres choses, que si
queîqu’vn est 'tombé de haut, ou
frappé de coup orbe , et qu’il saigne
par le nez , bouche et oreilles , cela
véritablement demonstre qu’il y a
quelque veine pu prlere rompue et
puuerte dedans la teste, et souuent
adulent que le malade meurt. Les si¬
gnes de mort sont vomissemens , dé¬
faillance de cœur , perdition de pa¬
role, déliré ou resuerie, sueur froide,
vrine retenue, et les élections sortent
hors, ou sont retenues inuolontai-
rement.
En tout cecy faut suiure la doc-
tri|ne des anciens.cpmm.e Hippocrates
en la seconde section Ms Fractures,
qui dit, qu’pn toutes grandes contu¬
sions il faut saigner ou purger , ou
faire les deux ensemble , à lin de re¬
tirer le sang qu’il ne flue aux parties
intérieures , et pour l’euacuer quand
il y a plénitude. Pareillenaent Galien
DlSCOVllS
/|B'i
sur la sentence 62. de la troisième
section du liure des Articles , que si
quelqu’vn est tombé de haut , en¬
core qu’il n’eust assez de sang, si est-
ce qu’il luy en faut tirer. Parquoy le
chirurgien ne faudra à tirer du sang,
selon la grandeur du mal , et pléni¬
tude et force du malade.
Ce que ayant fait , on luy donnera
à boire de l’oxycrat , par le comman¬
dement du mesme Galien liure 5. de
la Méthode, chap. 5, qui a faculté de
refrigerer et restraindre et inciser les
trombus et caillots de sang, et garde
qu’il ne se coagule dedans les parties
tant intérieures qu'exterieures. Tou-
tesfoisil ne faut donner à boire à ceux
qui ont vlceres aux poulmons et qui
ont l’estomach plein de viandes K Au
lieu de l'oxycrat, on fera prendre au
malade de la rheubarbe, qui est ainsi
iCe paragraphe se retrouvait aussi, mais
avec quelques modifications, dans l’édition
de 1679; ainsi à la suite du texte rapporté
dans la note précédente , on lisait :
« Mais au lieu d’icelle , faut vser des cho¬
ses susdites (susdites au livre des conmions),
et donner à boire de l’oxycrat, qui a faculté
de refrigerer , restreindre et inciser. La ré¬
frigération despend de l’eau , et pour ceste
cause. Gai. au liu. 5. de la rneih. chap. 6,
l’ordonne à boire et à appliquer par dehors.
L’astriction et incision procédé du vinaigre,
lequel mesme sert de véhiculé à l’eau,
pour la faire penetrer, et par sa tenuité et
faculté incisiue, discute et dissipe les trom¬
bus de sang, et garde qu’il ne se coagule de¬
dans les parties intérieures et extérieures du
corps. Toutesfois il faut noter qu’il ne faut
donner à boire ledit oxycrat à ceux qui ont
vlcere aux poulmons, et à ceux qui ont l’es-
tomach remply de viandes (ce que i’ay fait
plusieurs fois auec vne bonne et heureuse
issue). »
Cette dernière parenthèse n’est pas bien
logiquement placée; mais tel est le texte.
Du reste, là finit le chapitre de 1579.
ordonnée par Rhasis et Mesué, comme
s’ensuit :
7f. Rheubarbari elccti puluerisati 3. j.
Aquæ rubiæ maioris et plantaginis ana
S- j-
Theriacæ 3. G .
Syrupi de rosis siccis § . G .
Fiat potus.
Lequel sera donné tout aussi tost
que le malade sera tombé , et sera
réitéré par trois malins, s’il est neces¬
saire. Autres l’ordonnent en ceste fa-
çon :
Of. Radicum gentianæ § • i'j*
Rulliant in oxycrato, in quo dissolutio rheu¬
barbari electi 3. j. Fiat potio.
D’auantage l’eau de noix vertes ti¬
rée par l’alambic est aussi fort loüée,
donnée à boire la quantité d’vne ou
deux onces, qui a grandissime vertu
de dissoudre le sang caillé tombé
dedans le corps, ce que i’ay dit cy
dessus. Qu’à la mienne volonté, les
Apoticaires fussent autant curieux
d’en estre fournis, comme ils ont esté
et sont encore d’auoir de la Mumie ,
et qu’ils la vendissent au quadruple ,
ce seroit le mieux pour les malades.
Et i’espere qu’aprés auoir entendu
par cest escrit la bonne drogue que
c’est que la Mumie, ils n’en vou-
droient tenir à leurs boutiques , ny
la plus vendre qu’aux pescheurspour
prendre les poissons.
Mais pour retourner à nostre pro¬
pos, après auoir baillé au malade les
potions susdites, il le faut enuelopper
dedans la peau d’vn mouton ou d’vn
veau fraîchement escorché , sur la-
queile sera aspergé et espandu de la
poudre de myrthe : puis le poser de¬
dans vn Jit chaudement, où il sera
bien couuert , et suera tout à son
DE LA MVMIE.
aise, sans toutesfois dormir de quatre
ou de cinq heures , à fin que le sang
ne se retire au dedans du corps : et
le lendemain on luy ostera la peau ,
et sera oint de ce Uniment, lequel a
puissance de seder la douleur et ré¬
soudre le sang meurtri.
Vnguenti de alth. § . vj.
Olei lumbricorum, camomillæ et ane-
thi ana § . ij.
Terebenthinæ Venetæ § . iij.
Farinæ fœnugræci, et rosarum rubrarum,
myrtillorum puluerisatorumana § . j.
Fiat linimentum.
Et si c’est quelque homme qui ne
puisse auoir telles commodités , il le
faut mettre dedans du fien ; mais
premièrement dessus vn peu de foin,
ou paille blanche , puis l’enuelopper
en vn drap , et le couurir dudit fien
iusques à la gorge, et l’y faire tenir
tant qu’il ait bien sué.
D’auantage faut que les malades
tiennent bon régime de viure, et ne
boire vin de sept iours , ains seule¬
ment de l’hydromel, ou oxymel, ou
hypocras d’eau. Et si le mal est
grand de sorte que le malade fust
tant meurtri qu’il ne peust remuer
les membres, on luy donnera vne
potion sudorifique , et le baignera-on
en eau où on aura fait boiiillir her¬
bes neruales, et principalement lés
semences tque l’on trouue sous le
foin , qui ont grande vertu de dissou¬
dre le sang meurtri, tant des parties
intérieures qu’exterieures. Toutes¬
fois s’il y auoit fiéure, ne le faudroit
mettre au bain, et serois d’aduis
qu’on appcllast vn docte médecin.
Or après auoir discouru sommaire¬
ment des romedes pour garder que
le sang ne se congele, caillebotte et
pourrisse dedans les parties inte-
485
rieures du corps , nous traiterons à
présent des contusions et meurtris-
seures qui se font aux parties exté¬
rieures, quelquesfois auec playe, au-
Iresfois sans playe , en sorte que le
cuir demeure tout entier, mais le
sang est respandu par les muscles et
entre cuir et chair seulement : la¬
quelle indisposition a esté nommée
des anciens Ecchymose.
CHAPITRE IX.
Il faut diuersifler les remedes se¬
lon les parties blessées. Au commen¬
cement on doit vser de remedes
froids et astringens, à fin que le sang
ne tombe sur les parties offensées, et
resserrer les veines et arteres pour em-
pescher la fluxion, comme cestuy-cy.
Prenez onguent de bolo: blanc d’œuf, huile
rosat et de myrthe, poudre de mastic,
alun cuit.
Autre que i’ay en vsage ordinairement.
“if. Albumina ouor. numéro tria.
Olei myrtill. et rosarum ana § . j.
Nucum cupressi , et gallarum puluerisa-
tarum, aluminis vsti ana §. ij.
Incorporentur simul , addendo aceti parum.
Fiat vnguentum.
Après auoir vsé suffisamment de
repercussifs , on vsera de fomenta¬
tions, emplastres et cataplasmes ré¬
solutifs.
Exempte.
Prenez de la bouë de vache, lie de vin , son
de froment, térébenthine commune,
beurre frais : et soit fait cataplasme , y
adioustant de l’eau de vie et vu peu
de vinaigre.
DlàcdVRS
486
Cè câtaplasme ëàt propre à i'esoù-
drë quelque grande meürtrisseul’e
sur lès bras et iambes des panures
gens.
Aux riches on vsera dé ces einplâs-
tres, qui oüt esté dè long temps Or¬
données pour lès Roys^ Princes, et
grands Seigneurs aillans à la châsse,
tors qii’iià iombbiehi dè cheüàl, Ou
se heurtoient , les chirürgièns âppli-
quoient cest emplastre au commen¬
cement
Boli armeni, terræ sigillatæ ana f . j. fi .
Rosarum tubrarum, myrtill. ana 3. vj.
Nucis cupressi 3. ij.
Omnium sandalorum ana 3. J.
Nucis moscatæ3, i?,
Idàstichis, styracis calaihitæ ânaij. iS.
Cerafc nbüæ § . ij.
hicis nauàliS § . jj,
Terebehthinæ Verietæ, qüàhtiiiri süfflcit.
tiat ebiplastrürh.
Et quand il estoit besoin de résou¬
dre d’auantage, on vsbit de ces-
tuy-cy.
‘iç.. Styracis calamitæ, labdani, benjoin,
ana 3, iij.
MasticKis, irëos Plbrentiæ, bâccarüm
lauri, cibatnomi, câriopbylli; csllami
drbtfaàlici àfaa 3. j.
Ligni aloës, floruth bànibmiilæ; làuan-
dulæ, nucis moscatæ, ana 3. fi.
Moschi 3. j.
Ceræ nouæ § . vj.
Resinæ § . ij .
Terebenrhinæ teiietæ g.iij.
blei rosarum qüantilm süllîcit.
fiat emplastriihi.
1 La première édition avertit en marge
que ces formules se retrouvent auparavant
au chap. 4 du livre des contusions. La re¬
marque est juste; mais toutes les éditions
ayant conservé ce double emploi, jen’al pas
cru devoir en rien retrancher.
^’il aduièht qti’bn soit bleSsë au vi-
k^è , et que l’on tiit lès yèüi (èomme
l’on dit) ^bchés àü bèurrè nbit’, faut
.kihlt fit’eridl’è vri mouchbîi' tl empé èn
eaü fèoide èt vitibigte , et en bassiner
Ih partie. Ce pendant oti aUrd blahcs
d’œufs battus en éaü rose, pour les
appliquer dedans et autour des yeux,
et parties prbthès. Et subit què tèl
reinèdè sèra sèc, bb ÿ en fehiettra
d’autre : et après , du sahg de pigeon
ou d’autre volaille, qui oiit l’acuité
de sedèr la doüleür, et résoudre le
sang meurtri des yeux.
Aussi on fera vne Ibinentation de
sauge, thim, rosmarin, inarjolaine,
boüiilies eh éaii èt vin. Ü’àüahtage
bh peut prendre de l’aldynè hâcbëe,
et posée sür vne pèllè èhaüde, èt
rappliquer desstis eiitre deux linges.
La farine dè feues ciiitte en oxyinel
y est aussi bien ptopre. Quant aux
eihpiastres de diachyloh ireàtum , de
meliloto oocycroceiirtï , elles sont pa¬
reillement resolutlüès : itials siir tous
autres remèdes (pbhrüeu qüll n’y
ait hy doüleiir hÿ chaleur) la racliie
de sï'glïluik beat'è Marié appliquée
par rouelles, dù ratissée, discute et
resoült lè sang hièurtH , cbihme chose
miraèiileüsè.
Què si l’dri s’é^oil heurté des
doigts cbiilrè qùeliiüe bhose dübe, bu
refceÜ quelque cbtip, bd pressé, ou
escaché lè^ ongles, qui sbiit ëti dâh-
ger de tbthbër, ou màrhüés dè bbir-
cèur à raisdh du sang (Jüi est fliié
dessous : bêla addeiiàtit, toüt subit
bii pi-enüra tu linge trèrnpéënvi-
ndlgie froid, et e^tbaindba le doigt
blessé de l’aiui-è main, le plUâ l'dil
que l’on le pdülra eildurer, à llli de
bèpHmer là llüxlèli : bt pour Sedbb la
douleur, ori hiettia dessus vu baià-
plasnie fàil de fdèilies d’bieiilè cüit-
tes soüs les cehdl-es chaudes, puis
DE LA MVMIE.
pilées àuec onguent tosat ou beurré
frais. Et pour résoudre le sang ja de-
flué, on y appliquera cataplasmes
fails de ctottes de chéures, incorporé
auec poudre de soulphre, et vn peu
d’eau de vie. La cure sera parache-
uée Selon que l’on vefra eslre de be¬
soin. D’auantage si par vne grande
contusion et meürtrisseure suruient
quelquesfois gangrené et mortifica¬
tion , qui se connoist quand la partie
deuient fortliuideet noire, iusques
à sembler que sa chaleur est presque
suffoquée et estainte pour la grande
concrétion du sang deflué en la partie,
qui empesche que les esprits he peu-
uent paruenir pour l’entretenir en
sonestre: alors il faut vser de scari¬
fications superficielles ou profondes,
et appliquer des ventouses, pouf
faire attraction et vacüation du sang
espandu hors des veines : et s’il n’y
auoit totale mortification, conuien-
droit faire amputation de ce qui se-
roit mort.
Si quelqu’vn a sauté et tombé sur
le talon de haut, à plomb sur quelque
chose dure , et par la contusion le
sang sort hors de ses veines, dont il
suruint grande douleur, puis tu¬
meur, et après il se noircist, et se
fige, puis se pourrit. La douleur vient
pour la contusion qui s’est faite à l’a-
poneurose du gros tendon composé
des trois„ muscles du pommeau de la
iambe, qui s’implante Sous le taloh,
et sus toute la solle du pied , et des
nerfe qui sont en ces parties là : à
quelques-vns leur suruient fiéure,
spasme et autres cruels accidens :
ce que le certifie auoir veu aduenir.
Partant il y faut obuier tant que
possible sera, en faisant la saignée
au bras du costé malade : puis faire
vacüation du sang meurtri, à sça-
uoir eu coupant la peau de degsousle
487
talon pour luy donner transpiration,
de pëur qu’il ne se pourrisse, et qu’il
ne face aposteme et gangrené. Et si
la peau estolt dure , comme elle est
ordinairement, il est besoin, aupara-
uant que la couper , faire des fomen¬
tations d’eau chaude et huile assez
longuement : puis y appliquer dessus
du cerat et autres remedes : la mus-
cosité des limaçons, auec poudre d’en¬
cens, aloës et myrrhe, seichent à mer-
ueille le sang meurtri : faisant le
bandage comme Ton a accoüstumé
aux fractures, commençant sur le ta¬
lon , à fin de chasser le sang loing
delà contusion, et situant le pied
plus haut que le reste du corps : et
les guarissent en soixante iours , s’ils
se tiennent en repos sans nullement
marcher. Hippocrates dit que si l’os
du talon vient carieux, la maladie
dure vn siecle, c’est à dire de la
vie de l’homme ; et que le ma¬
lade ne doit boire vin , ains en lieu
d’iceluy , de l’hydromel , et non oxÿ-
mel : car lors que les nerfs sont offen¬
sés , le vinaigre leur ést du tout con¬
traire L Pareillement pour quelque
coup orbe , ou s’entorser pour quel*
que mesmarcheure ou entorsure, que
les oS peuuent sortir de leurs plabes ,
et se rompre , fendre et esclatter , et
enfoncent quelquesfois iusques à la
moëlle : et selon les différences faut
diuersifier la cUre. Et sommairement
pour ce faire, faut tenir, poüsser, es-
leuer, situer , bander et lier la par¬
tie, et la tenir en repos : toutes les¬
quelles choses trouuei’as amplement
esctites en l’onziéme , quatorzième
et quinziéme liures de mes OEuures
1 Hippocrates, auliure des Anieles. — A.P.
2 Ce sont les livres àes Coniusiotu'des Ban¬
dages, et des Ftactûres , les 10% 12* et 13° de
l’édition actuelle.
DISCOVRS
488
Le douzième iour de mars 1582 , vn
Gentilhomme de la suitte de Mon¬
sieur le Mareschal de Biron , nommé
Bernault de l’Estelle , seigneur dudit
lieu , ioüant à l’escrime au logis dudit
Mareschal, eut vne pjaye contuse
dans l’œil senestre , trauersant de
l’autre part prés la quatrième verte ■
bre du col , icelle faite d’vne espée
rahbatue , au bout de laquelle y auoit
vn bouton rond et plat de grosseur
d’vn bon pouce , qui fut donné par vn
Gentilhomme du pays de Quercy ,
nommé le Baron du Bouluet. Toutes-
fois ledit coup n’auoit passé tout ou¬
tre de l’autre part, ne rompu entiè¬
rement le cuir , maisy estoit demeuré
vne petite tumeur liuide et noire, de
la grosseur d’vne auelaine : d’abon¬
dant toute la teste et le col luy enflè¬
rent , ne la pouuant tourner , pour le
sang qui estoit respandu entre les
muscles du col : aussi ledit Seigneur
ietta le sang par le nez et par la bou¬
che, et fut fort estonné dudit coup.
Et ne veux oublier que ledit Seigneur
Baron, homme fort et puissant, ayant
blessé ledit Bernault , aussi tost qu’il
eut donné le coup, voulant retirer
l’espée , ne le peut qu’à grande diffi¬
culté, et s’efforça par deux diuer
ses fois auparauant que de la r’auoir,
à cause que les os de l’orbite de l’œil'
auoient esté rompus et enfoncés au
dedans par la grande violence du
coup. Mondit Seigneur le Mareschal
m’enuoya prier d’aller en sa maison
pour penser ledit blessé : où estant
arriué, le me recommanda d’autant
bonne affection que si c’eust esté vn
de ses propres enfans. Adonc ie luy fis
promesse queie le solliciterois comme
sic’estoit sa personne. L’ayant veu,
ie fus d’auis auec Paradis, Chirurgien
de mondit seigneur le Mareschal , et
Solin Crinel , chirurgien des bandes
Françoises (hommes bien entendus
en la Chirurgie , pour leurs grandes
et longues expériences, qui le sollici¬
tèrent auec moy iusques à ce qu’il
fut du tout guari ) qu’il fust saigné de
la veine céphalique, du costé de la
blesseure ; et en l’œil fut appliqué du
sang de pigeon ( qui est vn vray bau¬
me des yeux) et aux parties voisines
blancs d’œufs battus en eau rose et
plantain , et sur toute la teste luy fut
faite vne embrocation d’oxyrrhodi-
num : puisluyfut appliqué vn emplas-
trediachalciteos (après luy auoir osté
le poil) dissout en huile rosat et vinai¬
gre, pour euiter l’inflammation des
parties intérieures du cerueau. Il luy
fut semblablement fait ouuerture à
l’endroit où le bout de l’espée n’auoit
passé outre, de laquelle en sortit
bonne quantité de sang noir et cail-
lebotté, et fut tenue ouuerte tant que
nous vismes la teste et le col tout
desenflés : et les accidens passés, nous
luy flsmes plusieurs autres choses
que ie laisse à cause de briefueté. •
le ne veux passer sous silence que
messieurs Pigray , Cointeret , Le Fort,
Dioniau, Viard, et Nicolas Marc, et
plusieurs autres , tant Médecins que
Chirurgiens, vindrent voir penser
ceste blesseure, sans perdre la veuë ,
qui est véritablement chose admira¬
ble. Il fut guari, grâces à Dieu, en
vingt-quatreiours , et ce sans que nul¬
le portion d’os en fust sortie , qui est
encor plus esmerueillable. Que si
quelqu’vn demande comment cela
s’est peu faire ; ie luy respondray ,
que peut estre les os de l’orbite qui
auoient esté poussés au dedans , peu-
rent aussi estre réduits en leur lieu ,
retirant l’espée au dehors.
DR LA. MVMIE.
CHAPITRE X.
Le septième ioxir de luin mil cinq
cens quatre vingts et deux, le fils de
Mathurin le Beau, marchant bonne¬
tier , demeurant rue S. Denys , à l’en¬
seigne de la Couronne d’argent, aagé
de vingt-six mois , estant au milieu
de la rue, vne coche chargée de
cinq Gentils-hommes, la roue de do¬
uant passa au trauers du corps dudit
enfant. Le peuple criant au cocher
qu’il arrestast ses cheuaux , les fit
reculer en arriéré, et la roue repassa
encore vne fois par dessus le corps
de l’enfant. Il fut porté en la maison
de son pere , et pensoit-on qu’il fust
mort , et tout euentré. Subit ie fus
enuoyé quérir pour penser ledit en¬
fant ; lequel ie reuisitay bien exacte¬
ment, et ne trouuay aucune fracture
ny luxation en aucun endroit de son
corps. Tout à l’heure i’enuoye quérir
à la porte de Paris vn mouton que ie
fis escorcher : et après auoir frotté
le corps dudit enfant d’huile rosat
et de myrtille , ie l’enueloppay nud
en la peau dudit mouton tout chau¬
dement : puis luy fis boire de l’oxy-
crat en lieu de Mu mie , pour garder
que le sang ne se caillebottast et fi-
geast dedans le corps. D’abondant
ie dis à la mere , qu’elle le gardast
de dormir le plus qu’elle pourroil ,
pour le moins quatre ou cinq heures
à fin que le sang ne couru.stpas tant
aux parties intérieures du corps (ce
qu’elle fit). En outre ie luy appliquay
des fomentations d’herbes resoiuti-
ues,et emplastres propres aux contu-
X Bon adaerthnement. — A. P.
489
sions, pour résoudre le sang meurtri.
Trois ou quatre iours après, apper-
ceuant que ledit enfant ne sepouuoit
tenir debout , et moins cheminer , ie
fis appeler monsieur Pietre, Docteur
Regent en la Faculté de medecine,
homme d’excellent .sçauoir, qui luy
ordonna quelque petite medecine,
parce qu’il auoit le ventre fort con¬
stipé : et craignant que la rétention
des excremens ne procedast pour la
lésion de l’espine et les nerfs qui las-
chent et estraignent les excremens :
comme ainsi soit que les malades qui
ont fracture ou luxation aux vertè¬
bres , souuent laissent aller leurs ex¬
cremens inuolontairement,autresfois
sont retenus sans les pouuoir ietter
dehors, ce que i’ay veu plusieurs
fois ; ioint aussi que par vne grande
contusion les costes se peuuent sépa¬
rer des vertebres, où elles sont iointes ;
pareillement le defaut de se souste-
nir et marcher me faisant craindre
que ie n’eusse trouué le vice par la
veuë et au toucher , sçachant que
deux yeux voyent plus qu’vn , ie fis
semblablement appeller lean Coin-
teret, et lacques Guillemeau, Chirur¬
giens du Roy, autant bien entendus
en la chirurgie qu’il y en ait à Paris :
où estans arriués visitèrent ledit en¬
fant, sur lequel ne trouuerent au¬
cune fracture ne luxation. Ainsi
poursuiuant la cure iusquesà la fin ,
est du tout guari , grâces à Dieu , et
chemine comme il faisoit auparauant
qu’il fust blessé.
Et si l’on demande comment la
roué de la coche chargée de cinq
liomrnes puisse auoir passé au trauers
du corps de l’enfant, sans auoir
rompu les costes et vertebres : ie res-
pondray que les costes, et princi¬
palement les fausses, sont cartila¬
gineuses et mollasses, nommément
DiscovÉS lîî: il Mvmie.
490
aux ieüneà ehfans, et partant se peii-
uent grandement ployer SarivS estré
rompues. Geste présente histoire pour¬
ra encore seruir au ieune Chirur¬
gien , pour faire le semblable, ou
mieux s’il peut , à l’endroit de telles
blessures.
Voila comme les anciens Médecins
commandent de traiter ceux qui sont
tombés de haut , ou ont esté frappés,
contus et meurtris, pour obuier quë
le sang ne se coagule, ou caillebotte,
ou se pourrisse, tant aux parties
intérieures qu’exterieüres : lesquels
n’ont iamais parlé, ny ordonné à man¬
ger ny à boire de la Mumie ^ et chair
des corps morts. Partant nous la ren-
uoyerons en Egypte , comme nous
ferons de la Licorne aux deserts inac¬
cessibles.
BISCOVRS
DE LA LICORNE
CHÀPITRË î.
INTRODVCTION DE l’aVTHEŸR t DESfcÉiPÎ
TION DE LÀ LICORNE.
Pàrcè que plusieurs s’estiment bien
asseurés et munis contre la peste, et
toutes sortes de poisons et venins ,
‘J’ai déjà dit plus haut (voyez pages 284 et
349) que l’édiiioh de 1579 contenait à lafindu
livre des Venins un chapitre isolé intitulé :
bishoirs àé la ticoi-ne, ^ui était Coihilie la
préiiliëte ébâÜchë de fcélüi-ci. Ort en re¬
trouvé en èffét le texte ëparjjillé daiis di¬
vers chapitres, où j’aurai soin de le signa¬
ler dans mes notes. Quant au texte actuel ,
il est presque absolument resté dans les
grandes éditions tel qu’il avait paru dans
l’édition particulière de 1582; seulement il
convient de dire que quelques chapitres ont
été empruntés au livre de* Monstres de; 1579,
comme je le noterai en temps et lieu. Voyez
d’ailleurs l’appendice des Monstres marins,
terrestres et volatiles , à la fin de ce volume.
11 reste à ajouter un mot touchant les fi¬
gures que j’ai supprimées. Elles étaient au
nombre de dix , savoir : le Camphur, Y Elé¬
phant , le Uhinoceros) combat du Rhinocé¬
ros contre l’ Eléphant, le Taureau de la Flo¬
ride, le Pirassoipi, Y Eléphant de mer, le
poisson Caspilly , \e poisson Vletif, \e poisson
ayant la leste d’vn porc sanglier; dont sept
avaient été empruntées au livre des Mons¬
tres de 1572 et 1579. J’ai essayé du moins de
garder les titres que Paré donnait à ces
par le moyeti de la cOrbë de Licorne
ou Mohocerôs, prise èn poudre ou en
infurion : f ày ^lensé faire chose ag-
greable et profitable au public, si
par ce discours i’ëxamihë ceste Opi¬
nion tant iniietérëe*, ël iotiiesfois
fort incertaine.
Premièrement on entend par ce
figures , en les érigeant en titres de chapi¬
tres, et pour d’autres chapitres je me suis
sèrvi dans le mèrtié but de certaines dotés
ifiâi'ginàtës. tl faut donc Savoir que dans
iCs anbiehnes éditions Ü h’y âvait pas dé ti¬
tres de chapitres, mais que ceux qu’ort trou¬
vera dans celie-ci sont bien du texte de Pa¬
ré; à ce point que quand les notes margi¬
nales m’ont manqué, je n’ai pas voulu y
suppléer.
2 Ce premier paragraphe est copié jus¬
qu’ici textueilement du chapitre de 1579;
mais celui-ci ajoutait ce qui suit, qui s’é¬
carte assez de la rédaction actuelie.
« Quoy faisant nous nous proposerons trois
principaux poincts, auecques (il faut sans
doute suppléer lesquels) nous rapporterons
toutes noz recerches. Le premier sera de la
signification du mot de Licorne, (il faut en¬
core ici suppiéer le second , ) sçauoir si c’est
chose qui soit vrayement en nature, ou seu¬
lement ymaginee : c’est-à-dire s’il y a quel¬
que beste du nom de Licorne. La troisiesme
si ia corne d’icelle peut auoir quelque vertu
et propriété contre les venins.
» Or quant au premier, le mot de Licorne
ne signifie autre chose que beste à vne
DISCOVRS
49*2
mot de Licorne, vne boste naissante
en fort lointain pays, ayant vne seule
corne au front, qui est prise comme
chose miraculeuse contre tous ve¬
nins, et fort estimée des Rois, Princes,
et grands Seigneurs, et mesme du
vulgaire. Les Grecs l’appellent Mono-
cei ox, et les Latins Vnicornis. Et de
pouuoir dire et asseurer à la vérité
quelle est ceste beste, il est fort diffi¬
cile, mesme que aucuns doutent que
ce ne soit vne chose fausse, et con-
Irouuée par le vulgaire, laquelle
auec le temps soit venue en opinion:
et que quelqu’vn en peut auoir es-
crit, soit par simplicité ou délecta¬
tion , voulant emplir ses liures de
choses merueilleuses et extrauagan-
tes, se souciant bien peu si elles es-
toient vrayes ou fausses. De fait , la
description de ladite Licorne porte
auec soy vne doute manifeste, veu
que les vns disent que c’est vne beste
inconneuë et estrange, et qu’elle naist
aux Indes , les autres en Æthiopie ,
d’autres és terres Neufues, les autres
és deserts : dont on peut coniecturer
corne, comme si on vouloit dire vnicorne :
car mesmes les Latins ont appellé ceste sorte
de beste vnicornis , et les Grecs Monoceros,
conformant au mot latin et françois.
>> Et quant au second , il me semble , sauf
meilleur iugement, que la Licorne est plus-
tost chose imaginée , que vraye et natu¬
relle : mes raisons sont qu’il ne se trouue
auiourd’huy homme qui ayant voyagé et
recerché curieusement tout le monde, se
vante en auoir veu. Mesmes les Romains
apres auoir subiugué toutes les naiions , cu¬
rieux des choses rares, s’ils eussent ouy par¬
ler de ceste beste, ils en eussent bien rccou-
uert et mis en leurs monnoye et médaillés ,
comme ils ont fait des Crocodiles, Elephans,
aigles, Panthères, lions, tigres, et autres
estranges animaux. »
On retrouvera ce dernier argument re¬
produit et amplifié au chap. 3.
(comme dit André Marin , Médecin
Ires-docle de Venise, au liure qu’il a
fait de la fausse opinion de la Licorne *)
que ce peu de connoissance qne l’on
en a eu iusques à présent en nostre
Europe, comme d’vne chose estrange,
a esté donnée par gens Barbares, les¬
quels, comme il appert, nont peu
dire autre chose sinon qu’elle naist
és deserts , et qu’elle est solitaire , et
hante les lieux inaccessibles, et par¬
tant que c’est vne chose qui se voit
fort rarement. Qui demonstre assez
que ces gens là n’en sçauent rien au
vray , et qu’ils n’en parlent que par
opinion et par oüyr dire.
CHAPITRE 11.
VARIÉTÉS d’opinions TOVCHANT LA DES¬
CRIPTION DE LA LICORNE.
D’auantage les autheurs qui en
ont escrit du commencement estoient
fort peu renommés, et n’en faisoit-on
‘ L’édition de 1582 portait: {comme dit
^ndré Baccy , Médecin 1res docte , en son li¬
ure De la nature delà Licorne). Au chap. 14,
Paré dit qu’ André Baccy était de Florence;
puis , dans sa Répliqué ( voyez à la fin de ce
Discours), il dit également que Marin était
de Florence, en sorte qu’il semble les pren¬
dre l’un pour l’autre et en parler confusé¬
ment. 11 est essentiel de rétablir les faits.
André Baccy, qui n’était point de Florence,
mais de Milan , avait publié à Rome, vers
15fi0 ( la date est incertaine), un ouvrage in¬
titulé ; Discorso dell’alicorno , délia natura
dell’ alicorno , eldelle sue eccellentissirne viriù.
Ce livre lut traduit en latin, disent les bi¬
bliographes, par André Marin, ou Marini,
et la traduction publiée à Venise en I6GC.
Je n’ai point vu cette traduction; mais,
d’après le texte de Paré, il faut bien croire
que Marin ne s’était point contenté de tra-
DE LA. LICORNE.
pas grand cas. Car le premier qui en
a escrit (comme on peut voir en Pline
au liure 8. cha 21.) fut Ctesias, du¬
quel Aristote, en son liure 8. de son
histoire des Animaux, chapitre 28.,
parle comme d’vn autheur peu
croyable. Or touchant Ælian, il sem¬
ble qu’il en doit auoir parlé à la vé¬
rité, comme ne faisant profession que
de parler des animaux : et toutesfois
l’on voit qu’il est en doute, en parlant
tousiours en ces termes : on dit, ils
disent , on entend. Et ce parce que
tous les autheurs qui en ont escrit
iusques à présent, en ont tous parlé
diuersement. De fait, que comme ils
sont différons en la description des
lieux où naist ladite Licorne , ainsi
sont ils de la forme d’icelle. Les vns
disent qu’elle ressemble à vn cheual,
les autres à vn asne, les autres à vn
cerf, les autres à vn éléphant, autres
à vn rhinocéros , autres à vn leurier
d’attache. Bref, chacun en dit ce qu’il
en a ouy dire, ou ce qu’il luy plaist
de controuuer. Les vns en font deux
especes, d’autres trois. Il y en a qui
disent qu’elle a la corne du pied en¬
tière comme celle d’vn cheual, autres
fendue comme celle d’vne chéure ,
autres comme d’vn éléphant, comme
Pline et Ælian. Or lesdits autheurs
ne discordent pas seulement pour le
regard des lieux de la naissance, ny
de la forme de ladite Licorne , mais
aussi en la description de la corne
d’icelle. Car les vns la figurent noire,
les autres de bay obscur, et qu’elle
est blanche en bas et noire en haut.
Vn autre dit que vers le haut elle tire
(luire le Discours de Baccy, et qu’il avait
pris à tûclie de le réfuter. Quoi qu’il en soit,
c’est sans doute pour avoir pris d'abord le
réfutateur pour l’auteur que Paré a été ainsi
obligé de changer un nom pour l’autre.
493
sur le pourpre , vn autre qu’elle est
polie, et d’autres que depuis le haut
iusques en bas elle est rayée tout à
l’entour, comme vne coquille de lima -
çon, par vn artifice tres-beau. Plus,
les vns la descriuent moins large, les
autres plus longue. Conclusion , tous
different, tant les anciens que les
modernes : mesmes ils se sont trou-
ués confus en l’experience de plu¬
sieurs cornes prétendues de Licornes,
qui se trouuent és thresors des Roys
et Princes Chrestiens, en ce que les-
dites cornes ne se sont trouuées tou
tes propres à vn mesme vsage : mais
en certaines choses ils ont trouué
vray ce qu’en ont dit les anciens, et
en beaucoup d’autres, non L
Et ce qui en fait douter d’auantage,
ce sont les promesses excessiues et
effroyables que quelques-vns met¬
tent en auantde ceste corne contrôla
peste, le spasme, mal caduc, lafiéure
quarte , la morsure des chiens enra¬
gés, vipères, et piqueures de scor¬
pions , et contre tous venins. Et pour
le faire croire aux Princes , iis disent
1 Cette argumentation était déjà traitée en
1579 de la manière suivante :
« Quand à ceux qui ont escrit de la Li¬
corne , ou par ouïr dire, ou par fantaisie, à
peine s’en trouuera-il deux qui s’accor¬
dent ensemble , soit en la description du
corps, soit en la description des meurs et
conditions de la beste. Pline dict les Licor¬
nes auoir entièrement le corps comme vn
cheual : ( c’est-à-dire , comme Cardan , de
grandeur d’vn cheual), la teste et les piedz
d’Elephant, la queue de Sanglier, et vne
corne au milieu du front, qui est de deux
couldees de long. Munster, qui comme dict
Matheole, n’a iamais veu Licornes qu’en
painture, etc. >»
Cette citation de Munster, suivie d’une
autre de Cardan et d’une troisième d’André
Theuet, se retrouvera presque textuellement
au chap. 4.
DISCOVRS
494
qu’il n’est besoin en prendre par la
boiiclje, comme l’on fait delà thé¬
riaque et autres alexiteres preserua-
tifs, mais qu’il suffit que ceste corne
soit tenue seulement à l’opposite du
lieu où sera le venin , et que subit le
veniri se decouure. Et pour faire
croire ces miracles , ils se veulent
preualoir de quelques tesmoignages 1
des anciens % que les Rois d’Indie
faisoient faire des tasses de cer¬
taines cçrnes, où personne qu’eux
ne b.euuoit , et que par ce moyep ils
s’asseuroient d’esti e exempts de tou¬
tes maladies incurables : et que le
iour qu’ils auoient beu dans ces tas¬
ses , ils ne deuoient craiqdre aucun
venin, ny autres aduersités. Bref,
vne infinité d’autres promesses im¬
possibles, lesquelles d’autant qu’elles
excédent toute creance humaine ,
d’autant donnent -elles occasion à
ceux qui ont quel<jue peu d’esprit de
tenir pour faux tout le reste qui en a
esté dit et escrit.
CHAPITRE IIL
Quelques-uns pourroient penser ,
veu la conformité de ces deux noms,
Rhinocéros et Monoceros , c’est à dire
Licorne , que ce fust tout vn. Mais si
cela estoit vray , il n’y auroit desia
plus de doute qu’il ne fust des licor¬
nes : d’autant qu’if est tout certain
que le Rhinp.ceros aesté veu plusieurs
fois aux spéqtacles publiques des Ro¬
mains. Que si c’est yn autre animal
different , comme il est à présuppo¬
ser, il sourd vne autre difficulté plus
grande. Car parmy tant d’animaux
‘ Philostrate, chap. 1. liu, 3. — A. P.
que l’on menoit dp toutes les parties
du monde és merucilleux spectacles
de Rome , il ne se trouuo point que
l’on ait iamais veu vne seqle licorne.
Et quand rjjmphilheatre de Diocle-
tian fut dédié, l’on y mena pareille¬
ment de toijs cpstés yn bjien grand
nombre d'animaux fort pstranges, ef
ne Ht on point qu’il se soit fait iamais
vne plus grande recherche qu’au
temps de Gordian. Car voplanttriom-
pher des Perses, et pelehrer la feste
seculiere pour ceste année glorieuse,
qui estoit mil ans après j’edificalion
de Rome, que Philippe premier, Enot-
pereur chrestien s,pn successeur, a de¬
puis encore cefebré , il y fit conduire
desOurs, des Ljions, des grands . Cerfs,
des Rhinocéros, Taureaux sauuages.
Sangliers , Chameaux , Efephans, Ti¬
gres, Ellens, Porcs-espics, Ciuettes,
Crocodiles, Cheuaux sauupges e,t ma¬
rins, appellés Hippopotames, et au¬
tres innumerables api maux cruels e,t
farouches, dont la plus part se troupe
és deserts de l’Egypte, et ésisles loin¬
taines : entre lesquels fut grand mer-
ueille que la Licorne ne fut point
amenée auec les a^utres animaux.
Quand Gordian voulut triompher des
Perses, la Licorne n’y estoit, et ne
precedoit tous les autres animaux à
cause de sa rareté, si elle se trouue,
comme l’on dit , en ces costés là : qui
me fait croire que la licorne se trouue
bien rarement. Et semble, à voir ceste
variété d’opinion entre les autheurs
qui en ont escrit, attendu aussi les
promesses excessiues et incroyables
(compie ^ esté dit) de Ælian et autres,
que ce soit vne chose fabuleuse.
Cest argument aussi pris des triom¬
phes des Empereurs, seroitpar moy
mal conduit, et ne concluroit pas, s’il
n’ estoit prouué, comme ie fais après
au 7. chap. de ce traité, par l’aulho-
DE LA LICORNE.
rité de Pausanias, que Monoceros et
llhinoperos sout diuers animaux. Par-
quoy pe seroit alléguer faux contre
moy, qu’il y ,eust des licornes eu ces
triomphes, pourpe qu’ou y \'it des
rhifloperos, qui sout autres animaux
que lalicopue : yeu que leyhiupceros
,a deux cornes, ryueau uez et l’autre
sur le dos, au dire de Pausanias : et la
licorne n’en a. qu’vue, comme monstre
le nom Monoceros.
CHAPITRE IV.
Aucuns sont d’opinion que la
corne que l’on monstre pour corne |
de licorne, est vne dent de Rohart, i
qui est vu poisson de mer. Autres di- ‘
sent que l’on ne peut iamais prendre ^
yiue la licorne : d’autres dient en
auoir veu vne troupe , comme l’on
voit icy les moutons Partant ces cho¬
ses considérées, le lecteur en croira
,ce qu’il voudra. Et quant à moy, ie
croy que la Licorne n’a epcores esté
descouuerte, ou pour le moins .bien
rarement, et que ce n’est qu’vue im¬
posture de vendre tant de .cornes de
Licorne que l’on fait accroire, comme
l’on en peut tirer de grandes coniec-
tures de ce que ie dii’ay cy après.
jEneas Siluius Picolomini, qui a esté
depuis Pape Pie second, en son liure
de l’Ane cbap. 10. escrit de l’authorité
d’vn Nicolas Venetien, que vers la fin
d’Asie, en vne prouince nommée Mar-
cino, entre les montagnes de l’Indie
et de Cathay, il se trouue vn animal
qui a la teste comme vn porc, la queue
comme vn bœuf, de couleur et gran¬
deur d'vn éléphant, auec lequel il a
YneperpelueUe inimiUti, portant vne
490
seule corne au front d’vne coudée
de long, laquelle est fort prisée en ces
régions là, pour estre (comme ils di¬
sent) bonne centre tous venins.
Marc Paul Venetien en tesmoigne
de mesme, lequel a demeuré long
temps au seruicedu grand Cham de
Tartarie, où il a fait plusieurs voya¬
ges lointains en Indie : et eptre les
autres choses dignes de mémoire , il
escrit qu’au royaume de Basine, où
les gens sont du tout barbares et
brutaux, la licorne se trouue, qui est
vue beste sans proportion peu moin¬
dre qu’vn éléphant, ayant la teste
semblable à vn pourceau, et si pe¬
sante, que tousioùrs la tient basse ef
courbée. Elle aime à dLeiùeurer à la
fange, ayant vne seule cp.rne au mi¬
lieu du front, de couleur noire , et
longue de deux coudées.
Aloysius Cadamustus, en sa Naui-
gation , chap. 5, dit qu’en vpe cer¬
taine région des terres neuues l’on
trouue des licornes, que l’on prend
yiues.
/ Louys de Berlhame, Espagnol, en
son voyage d’Æthiopieet mer bouge,
descrit auoir veu en ,1a Mecque, cité
principale de rArabie, dedans le sé¬
rail d,u Roy , deux licornes , l’vne
semblable à vp cheual de trente mois,
et l’autre à vn po.ulain d’vn au, ayant
chacune vne corne au front, l’vne de
trois brassées de long, et l’autre de
deux, ayant la couleur d’vn chenal
bay, la leste de cerf, le col court, peu
de crins , les iambes menues, l’ongle
fendu comme vne chéure.
Pline dit que la corne de licorne
est noire, solide, et non creuse par le
dedans. Solinus et certains autres au-
theurs la descriuent de couleur de
pourpre, et non noire.
Or pour le désir que i’ay touiours
eu de sgauoir la vérité touchant ce
DISCOVUS
que Fou pourroil souhaiter de la
Licorne, sçachant que Louis Paradis ,
Chirurgien natif de Vitry en Partois ,
à présent demeurant en ceste ville de
Paris, auoit long temps voyagé, ie le
priay me dire s'il n’auoit point veu
de licornes. Il me dit qu'il en auoit
veu vne en Alexandrie d’Ægypte , et
vn éléphant au logis du gouuerneur
de la ville, que le Prestre-Iean en-
uoyoit au Grand-soigneur, de gran¬
deur d’vn grandleurier d’attache, non
si gresle par le corps. Son poil estoit
de couleur de Castor, fort lissé, le
col gresle, petites oreilles, vne corne
entre les deux oreilles fort lissée , de
couleur obscure, bazanée, de lon¬
gueur d’vn pied de Roy seulement,
la teste courte et seiclie, le rauffle
rond, quasi semblable à celuy d’vn
veau, les yeux assez grands, ayant
vn regard fort farouche , les iambes
seiches, les pieds fendus comme vne
biche , la queue ronde et courte
comme celle d”vn cerf. Elle estoit
toute d’vne mesme couleur, fors vn
pied de deuant, qui estoit de couleur
iaune. Son manger estoit de lentilles,
pois,féues, mais principalement des
cannes de succre. Ce fut au mois d’A-
uril mil cinq cens soixante et treize.
Il s’enquist par vn truchement de
ceux qui auoient amené ladite licorne,
s’il y auoit beaucoup de pareils ani¬
maux en ceste prouince. On lui fit
response qu’ouy, et que c’estoit vn
animal fort furieux et très- difficile à
prendre, principalement lors qu’il est
en rut, et que les habitans du pays le
craignent plus que nul autre animal
feroce. Ledit Paradis affirme, qu’ils
luy montreront vn fragment de corne
de licorne , qui estoit comme de cou¬
leur du dedans d’vne piece de rheu-
barbe fraichement rompue.
Albert escril auoir veu vne corne
de licorne, et mesme manb'c de S'^
main propre, large en sa base d’vne
palme et demie, et en diamètre large
de dix pieds, sans aucune raye, et au
demeurant semblable à vne corne de
cerf. Et par la proportion de ceste
longueur et grosseur, si nous consi¬
dérons la grandeur de la teste qui
doit produire et soustenir vne si des¬
mesurée corne , et venans par là à
coniecturer quel doit estre tout le
corps , nous serons contraints de con¬
fesser que cest animal doit estre aussi
grand qu’vn grand naulre, et non
comme vn éléphant. Quant à moy, ie
croy que ceste corne doit estre quel¬
que corne, os, ou areste de quel¬
que monstre marin merueilleusement
grand.
Munster , lequel ( comme dit Mat-
thiole) n’a iamais veu de licornes
qu’en peinture, dit icelles estre sem¬
blables non à vn chenal , mais à un
poulain de trois mois , ayans les pieds
non semblables à ceux d’vn éléphant,
mais fendus comme ceux d vne ché-
ure : au reste , portant vne corne es-
leuée au front, noire, et longue de
deux ou trois coudées. Quant à la
beste , elle est de couleur d’vne be¬
lette, ayant la teste comme vn cerf,
le col non pas fort long, et garni de
peu de crins, pendans seulement d’vn
costé : les iambes greslcs et minces ,
les cuisses heronnieres , fort couuer-
tes de poil. Toutesfois Cardan , con¬
tredisant à tous deux , dit ceste beste
porter au milieu du front vne corne
longue non de deux ou trois coudées,
mais de deux ou trois doigts seule¬
ment.
André Theuet en sa Cosmographie ,
de l’authqrilé et récit d’vn Sangiac ,
Seigneur Turc, fait mention d’vne li¬
corne veuë par ledit Seigneur , grande
comme vn taureau de cinq ou six
UE LA LICÔKIVE.
mois , portant vne seule corne droit
au sommet de la teste, et non au
front, ainsi que l’on dit des autres,
ayant les pieds et iambes peu diffe¬
rentes des asnes de nostre Europe ,
mais le poil long , et les oreilles sem¬
blables à celles d’vn rangifere L
Gardas ab Horto , Médecin fort cé¬
lébré du Viceroy d’Indie, dit qu’au
promontoire du cap de Bonne-Espe-
rance , l'on a veu vn animal terrestre,
lequel aussi se plaisoit d’estre dedans
la mer , ayant la leste et la perruque
d’vn cheual , et vne corne longue de
deux palmes , qui est mobile , laquelle
il tourne à son plaisir , tantost àdex-
tre , tantost à seneslre , en haut et en
bas. Cest animal, dit- il , combat con¬
tre les elephanstres-cruellement. La
corne d’iceluy est fort recommandée
contre les venins.
Du Camphur , animal amphibie.
André Theuet, en sa Cosmographie ,
dit qu’il s’entrouuevnaulreenÆlbio-
pie presque semblable , nommé Cam¬
phur , en l’isle de Moluque , qui est
amphibie, c’estàdire viuant en l’eau
et en la terre , comme le crocodile.
Geste beste est de grandeur d’vne bi¬
che , ayant vne corne au front , mo¬
bile, de longueur de trois pieds et
demy , de grosseur comme les bras
d’vn homme , plein de poil autour du
col , tirant à la couleur grisastre.
Elle a deux pattes comme celles d’vne
oye , qui luy seruent à nager , et les
autres deux pieds de deuant comme
ceux d’vn cerf ou biche : et vit de
poisson. 11 y en a quelques-vnsquise
sont persuadés que c’estoil vne espece
de Licorne, et que sa corne est fort
> Les deux paragi'aphes qui précèdent se
lisaient déjà dans le chapitre de Voir
la note de ia page 191.
Jll.
497
riche et excellente contre les ve¬
nins ».
Or il y a plusieurs autres animaux
marins qui n’ont qu’vne seule corne ,
et beaucoup d’autres animaux terres¬
tres : car on a veu des cheuaux, ché-
ures, et daims, pareillement des tau¬
reaux, vaches, et asnes, auoir vne
seule corne. Parquoy Monoceros ou
Vnicorne est vn nom qui conuient à
tout animal qui n’a qu’vne seule
corne. Or considérant la variété des
escriuains , et des cornes qui sont tou¬
tes differentes les vnes des autres ,
l’on peut croire véritablement qu’el¬
les sont dediuerses bestes engendrées
en la mer et en diuerses contrées de
la terre. Et pour la renommée des
vertus qu’on attribue à la Licorne,
chacune nation se plaist à luy donner
le nom de Licorne 2,
CHAPITRE V.
IdatzAga, orateur de Soliman, at¬
teste auoir veu en l’Arabie deserte
des Licornes courantes çà et là à
1 Ce paragraphe a été emprunté au livre
des Monstres de 1579, ainsi qu’une méchante
figure que j’ai supprimée. Voyez l’Appen¬
dice, à la ün du volume. L’animal était
alors appelé Camphurch-, et après sa des¬
cription, Paré ajoutait :
« Le roy de l’isle porte volontiers le nom
de ceste beste, comme les autres seigneurs
des plus grands apres le Roy prennent le
nom de quelque autre beste : les vns des
poissons, les autres des fruicts, comme nous
a laissé peint et descrit André Theuet en sa
Cosmographie. »
Et en marge : Lia. 12. chapitre 5. tome 1.
2 Ce paragraphe manque dans l’édition
de 1582, et date de 1585.
02
^q8 discovrs
grands troupeaux. Quant à moy , ie
croy que c’estoient plustostdes daims
ou chéures de ce pays-là , et non des
licornes.
Philostrate en la vie d’Apollonius
Tyaneus, chapitre 1. liure 3. dit ,
qu’aux marests voisins du fleuue
Phasis se trouuent des asnes sauna¬
ges, portans vne corne au front, auec
laquelle ils eombattent furieusement
comme taureaux ; de laquelle corne
les Indiens font des tasses qui garan¬
tissent l’homme de toute sorte de ma¬
ladie le iour qu’il y a beu , et s’il est
blessé ce iour là, il ne sent aucune
douleur. D’auantage il peut passer
par ie trauers d’vn feu sans se brusler
nullement *. Mesme il n’y a venin ny
poison beu , ou autrement pris , qui
lu y puisse nuire : et que pour ceste
cause il n’y a que les llois quiboiuent
dans lesdiles tasses : de fait que la
chasse desdits asnes n’est permise
qu’aux Rois du pays : et dont on dit
qu’ Apollonius , philosophe graue , re¬
garda curieusement ceste beste sau¬
nage , et auec grande admiration con¬
sidéra sa nature. Quoy voyant Damis,
luy demanda s’il croyoit ce qu'on di¬
soit de la vertu desdites tasses : le le
croiray , dit-il , quand i’eutendray que
le Roy de ce pays sera immortel. Res-
ponse que ie délibéré d’oresnauant
faire à tous ceux qui me demande¬
ront si ie croy ce que l’on dit des ver¬
tus de la corne de Licorne.
1 Cxoyçz ce porteur. — A. P. — Cette note
ne se lit que dans l’édition de 1582.
CHAPITRE VI.
Discosn DES AVTHEVRS TOVCHANT LE
NATVREL DE LA LICORNE.
Moindre n’est la contrariété des
autheurs touchant le naturel de la¬
dite licorne. Car Pline , au lieu cy
dessus allégué, la dit estre la plus fu¬
rieuse de toutes les bestes ; mesmes
qu’elle hurle fort hideusement, et
que iamais on ne la prend viue. Car¬
dan la dit pareillement estre fort
cruelle, comme naissant és lieux dé¬
serts d’Æthiopie, en terre orde, et
entre les crapaux et bestes venimeu¬
ses C
Gesnerus dit que le Roy d’Æthiopie,
en l’Epistre Hébraïque qu’il a escrite
au Pontife de Rome , dit que le Lion
craint infiniment la Licorne, et que
quand il la voit, il se retire vers
quelque gros arbre, et se cache der¬
rière ledit arbre. Lors la Licorne , le
voulant frapper, fiche sa corne bien
auant dans l’arbre., et demeure là
prise, et lors le Lion la tue^: toutes-
foisil adulent aucunesfois autrement.
Autres au contraire la disent fort
douce , benigne , et d’vne mignotise
la plus grande du monde, pouruen
que l’on ne Toffense point. Louys de
Barlhame, en ses Nauigations cy des¬
sus alléguées, est de ceste opinion,
niant les Licornes estre cruelles ,
comme en ayant veu deux enuoyées
d’Æthiopie au Soudan , qui les faisoit
nourrir en la Mecque, ville de l’A¬
rabie heureuse (où est le sepulchro
de Mahomet ) enfermées en certains
treillis , qui n’estoient nullement fa-
‘ Ce paragraphe se lisait déjà textuelle¬
ment dans le chapitre de 1679.
DE LA LICORNE.
rouches. Theuet dit auoir voyagé en
ces régions là , et s'estre enquis dili¬
gemment des habitans : n’auoir tou-
tesfois iamais scen rencontrer homme
qui en eust veu, ou qui eust peu rap¬
porter quelque certitude de la figure
et nature de ceste beste ».
Othodit auoir veu et manié à Rome,
au magasin du thresor des Papes,
vne corne de licorne qui estoit lui¬
sante et polie comme yuoire , et qu’il
fust fort esmerueillé de la voir si pe¬
tite, se prenant à rire, veu qu’elle
h’auoit à grand’peine que deux pal¬
mes de longueur : on luy dist que par
i Tout ce paragraphe est copié du chapi¬
tre de 15Î9, où il suivait iihmédiatetnent ce¬
lui auquel se rapporte la note précédente;
mais il était d’abord un peu plus étendu.
Ainsi la première phrase était ainsi conçue :
« Autres au contraire la disent estre fort
douce etbenigne, et d’vue mignotise la plus
grande du monde, pourueu que malicieuse¬
ment on ne l’ofTenee : car ils disent comme
ainsi soit qu’elle ne pastui é en terre , estant
la longueur de la corne qu’elle a au front,
force est qu’elle pasture és arbres fruitiers ,
cl és râteliers, ou en main mangeant toutes
sortes de fruicts qu’on lui offre, Comme
herbes, gerbes, pommes, poires, oranges,
llrouzelle, et toutes sortes de legumaige,
iusques là qu’ils feignent icelle s’amoura¬
cher des filles, prenant tel plaisir à les con¬
templer, qu’elle est souuent prise par ce
moyen. »
El à la fin du paragraphe, l’auteur ajou¬
tait:
« Or ces contrarîelez d’opinions me font
iüger, que tout ce qu’on dict des Licornes
est chose controuuee à plaisir par les pein¬
tres et historietrs : car comme le chemin qui
va droit en quelque lieu est vn, et les des-
t )urs au contraire sont plusieurs : ainsi la
sentence de vérité est tousiours vne et sem¬
blable à soy, et celle de mensonge est tous¬
iours diuerso et bigarrée do contrariété et
répugnance. »
499
le trop grand et frequent vsage de
l’anoir maniée, elle estoit deiieniie
ainsi petite.
Il y en a aussi qui est gardée par
grande singularité dans le chœur du
grand temple de Strasbourg, laquelle
est de longueur de sept pieds et de-
my, encore l’on a coupé fuiTiuement
le bout de la pointe , laquelle sans
cela seroit encore plus longue. Elle
est par le bas de la grosseur d’vu
bras, et va en tortillant comme vn
cierge qui est tors, et s’estend vers la
pointe en forme de pyramide, estant
de couleur noirastre par dehors,
comme vn blanc salli pour auoir esté
manié : et par dedans elle est blanche
comme yuoire, ayant vn trou au mi¬
lieu comme pour mettre le petit
doigt, qui va tout au long.
Les cornes qui se monstrent aux
festes solennelles publiquement à Ve¬
nise, au temple de sainct Marc, dif¬
ferent de ceste-là en grandeur, cou¬
leur, et figure , tellement qu’il n’y a
nulle conformité entre elles.
Pareillement en l’eglise de sainct
Denys en France , il y a, à ce qu’on
dit, vne corne de licorne qui en gros¬
seur, longueur, et'figure, se rapporte
aucunement à celle de Strasbourg.
Or si lesdites cornes ne sont de
vrayes Licornes, de quelles bestes
sont elles? dira quelqu’vn. Theuet a
opinion que telles cornes ne sont que
dents d’elepbans , ainsi cernelées et
mises en œuure : Car ainsi, dit-il, les
desniaiseurs qui se trouuent en Lo¬
uant, vendent les rouelles des dents
de Robart pour cornes de licornes ,
les creusent et allongent à leur aise.
Et à la vérité ceslo corne de licorne ,
estant brusléc, rend et respire sem¬
blable odeur que fyuoire. Et à fin
que cesle façon de conlrefaire ne
semble impossible, Cardan dit que les
5uü
DISCOVRS
dents des elephans se peuuent amol¬
lir et eslendre comme les cornes de
bœuf‘.
Loiiys de Paradis, Chirurgien natif
de Vitry en Partois, duquel i’ay fait
mention cy douant , dit auoir veu en
Alexandrie d’Egypte deux aiguilles,
appellées les aiguilles de César, hau¬
tes et grandes à merueilles, néant-
moins chacune toute d’vne piece : et
tient-on pour vray qu’elles sont de
pierres fondues. Hors ladite ville en -
uiron huit cens pas, il y a vne colom-
ne, qui s’appelle la colomne de Pom¬
pée, de merueilleuse grosseur et
hauteur, tellement que c’est tout ce
que peut faire le plus fort homme de
ielter vne pierre sur le sommet d’i¬
celle. La grosseur est telle que cinq
hommes, ayans les hras estendus , ne
la pourroient enlourer : neantmoins
on dit qu’elle est toute d’vne piece ,
et de diuerses couleurs de pierres,
comme noire, grise, Manche, incar¬
nate, et dit-on qu’elle est aussi de
pierres fondues. Que si ainsi est que
de telle matière on ail peu construire
lesdites aiguilles et colomne, qui em-
peschera que l’on ne puisse contre¬
faire les cornes de licornes?
* Ce paragraphe est extrait presque tex¬
tuellement du chapitre de 1579, et il finis¬
sait alors par cette réflexion : mais qui a-U
sous le ciel , que l’auare curiosité des hommes
du temps présent ne contreface? —■ D’un autre
côté il convient de noter qu’il y avait ici
une figure d’éléphant empruntée au livre
des Monstres de 1579, sans le texte qui l’ac¬
compagnait, lequel s’était trouvé dès lors
supprimé. J’ai reproduit ce texte dans l’ap¬
pendice des Monstres, à la fin de ce volume.
CHAPITRE VH.
DESCRIPTION DV RHINOCEROS.
Pausanias escrit que le Rhinocéros
a deux cornes , et non vne seule :
l’vne sur le nez, assez grande, de cou¬
leur noire, et de grosseur et de lon¬
gueur de celle d’vn huffle, non tou-
tesfois creuse dedans, ny tortue, mais
toute solide, et fort pesante : l’autre
luy sort en haut de l’espaule, assez
petite, mais fort aiguë. Par cela appa-
roist que ce ne peut estre la Licorne,
laquelle n’en doit auoir qu’vne,
comme testifie son nom Monoceros.
On dit qu’il ressemble à l’elephant,
et quasi de la mesme stature, sinon
qu’il a les iambes plus courtes, et les
ongles des pieds fendus, la teste
comme un pourceau, le corps armé
d’vn cuir escaillé et tres-dur, comme
celuy du crocodile , ressemblant aux
bardes d’vn cheval guerrier.
Festus dit que quelques-vns pen¬
sent que ce soit vn bœuf sauuage
d’Egypte ‘.
CHAPITRE Vin.
André Baccy dit qu’il y a des Méde¬
cins portugais, qui ont demeuré long
temps és terres neufues pour recher¬
cher les choses rares et précieuses,
lesquels afferment qu’ils n’ont ia-
mais peu descouurir de la Licorne,
sinon que les gens du pays disent
’ Ici était une figure de rhinocéro.s em¬
pruntée au livre des Monstres de 1 579. Quant
au texte qui accompagnait alors cette li¬
gure, il a été reporté au chapitre suivant.
DE ÏA LICOnNIÎ.
5o
que c’est seulement vne corne de
rhinocéros, et qu’elle est tenue au lieu
de licorne, et comme preseruatif con¬
tre tous venins.
ïoutesfois Pline escrit particulière¬
ment en son liure 8, chapitre 20, que
le rhinocéros est vne espece d’animal
cruel, different de la licorne, et dit
que du temps de Pompée le grand il
fut veu vn rhinocéros qui auoit vne
corne sur le nez. Or le rhinocéros es¬
tant merueilleusemcnt ennemy de
l’elephant, il aiguise sa corne contre
vn rocher, et se met en bataille contre
luy valeureusement, comme vn tau¬
reau, et demeure vainqueur, et tue
l’elephant ‘ ; duquel combat Salluste
du Bartas en son 6. liure de la Sep-
maine , fait mention par ces vers :
Mais cest esprit subtil, ny cest enorine corps
Ne te peut guarantir des cauteleux efforts
Du fin Rhinocéros, qui n’entre onc en bataille
Conduit d'aueugle rage : ainsplustost qu’il assaille
L’aduersaire Eléphant, affile contre vn roc
De son armé museau le dangereux estoc :
Puis venant au combat, ne tire à l’auenture
l,a roideur de ses coups sur sa cuirasse dure :
Ains choisit, prouident, sous le ventre vne peau,
Qui seule craint le fil de l’aiguisé Cousteau.
' Ceci paraît emprunté au livre des Mons¬
tres «le 1579, à l’article du Rhinocéros. Mais 1
le texte primitif était plus étendu ; le voici :
« Il y a vne chose digne d’estre notée en
ceste beste dicte Rhinocéros, c’est qu’il a
vne perpétuelle inimitié contre l’Elephant,
et lorsqu’il veut se préparer au combat, il
esguise sa «tome contre vn roc , et tasche
tousiours de prendre l’Elephant par le ven¬
tre, lequel il a beaucoup plus tendre que le
dos : il est aussi long que l’Elephant, mais
toutesfois il est plus bas de Ïambes , et a son
pelage de couleur de boüys, piccoté en plu¬
sieurs endroits. Pornpce, comme escrit
Pline, chap. 20. liu. 8., en tist venir le pre¬
mier à Rome. »
CHAPITRE IX.
DV TAVREAV DE LA FLORIDE.
Il se trouiie és Indes plusieurs sor¬
tes d’animaux ayans vne seule corne,
comme vaches et taureaux, cheuaux,
asnes, chéures, daims, monoceros :
autres ayans deux cornes, et plus. Et
pour la renommée des vertus que
l’on attribue à la licorne , il est vray-
semblable que chacune nation se
plaist à luy donner le nom de Licorne,
comme auons dit cy dessus.
ïheuet tome 2, liure 23, chapitre 2,
dit qu’en la Floride se trouuent de
grands taureaux, que les saunages
appellent Bulrol , qui ont les cornes
longues seulement d’vn pied, ayans
sur le dos vne tumeur ou bosse
comme d’vn chameau, le poil long
par dessus le dos, de couleur faune,
la queue comme celle d’vn Lion. Cest
animal est des plus farouches qu’on
sçache trouuer , à cause dequoy ia-
maisne se laisse appriuoiser, s’il n’est
desrobé et raui petit à sa mere. Les
saunages se seruent de leur peau
contre le froid : et sont ses cornes fort
estimées, pour la propriété qu’elles
ont contre le venin ; et partant les
Barbares en gardent , à fin d’obuier
aux poisons et vermines qu’ils ren¬
contrent allans par pays ‘.
CHAPITRE X.
DESCRIPTION DV PIRASSOIPI , ESPECE
DE LICORNE d’aRABIE.
En l’Arabie prés la mer Rouge, il
se trouue vne autre beste que les
1 A ce paragraphe était jointe la figure du
009. DISCOVRS
sauuages appellent Pirassoipi, grande
comme vn mulet, et sa teste quasi
semblable, tout son corps velu en
forme d’vn ours, vn peu plus coloré,
tirant sur le fauueau, ayant les pieds
fendus comme vn cerf. Cest animal a
deux cornes à la teste fort longues ,
sans rameures, haut esleuées, qui ap¬
prochent des licornes : desquelles se
seruent les sauuages lorsqu’ils sont
blessés ou mords des bestes portans
venin , les mettans dedans l’eau par
l’espace de six ou sept heures , puis
après font boire ladite eau au patient.
Etvoicy le portrait, tiré du cinquième
liure de laCosmographie d’André The-
uet h
Les sauuages l’assomment quand
ils la peuuent attrapper, puis l’escor-
ehent, et la mangent.
CHAPITRE XI.
ELEPHANT DE MER.
Hector Boetius , au liure qu’il a es-
crit de la description d’Escosse, dit,
que l’animal duquel cy après suit
l’efflgie , se nomme Eléphant de mer,
Taureau de la Floride-, le tout, texte et
planche, emprunté au livre des Monstres de
1579.
1 J’ai gardé cette phrase bien que suppri¬
mant la figure, parce qu’elle indique la
source où Paré l’avait puisée. Tout ce para¬
graphe, avec une figure qui suivait, était
extrait du livre des Monstres de 1679 ; il dé¬
butait alors d’une autre manière :
« Allans le long de la çoste d’Arabie sur
la mer rouge , se descouure l’isle nommee
des Argbes Cademothe, en laquelle vers le
quartier qui est le long de la riuiere de
Plate , se trouue vne beste que les sauuages
appellent Pyrassoupl, etc. »
et plus gros qii’vn clephant : lequel
habite en l’eau et en la terre, ayant
deux dents semblables à celles d’vn
éléphant, par lesquelles lors qu’il
veut prendre son sommeil , il s’atta¬
che et pend aux rochers, et dort si
profondément, que les mariniers l’ap-
perceuâns ont le loisir de prendre
terre, et le lier aueo de grosses cordes
en plusieurs endroits, Puis meinent
vn grand bruit , et luy iettent des
pierres pour le resueilîer : et lors
tasche à se. ietter comnie de coustume
auec grande impétuosité en la mer.
Mais se voyant pris, se rend tellement
paisible que l’on en peut facilement
ioüyr: l’assomment, et en tirent la
graisse, puis l’escorchent pour en
faire des courroyes , lesquelles parce
qu’elles sont fortes et ne pourrissent,
sont fort estimées ‘ ; et encores plus
ses dents, que par artifice ils dressent
et creusent, et les vendent pour corne
de Licorne, comme on fait celles du
Rohart et de l’Elephant.
CHAPITRE XII.
DV POISSON NOMMÉ CASPILLY,
Il se voit au goulfe d’Arahie vn
poisson nommé Caspillyi, armé d’ai¬
guillons , dont il en a vn au milieu
du front comme vne corne , long de
quatre pieds, fort aigu. leeluy voyant
venir la Baleine , se cache sous les
ondes, et choisit Pendroit plus aisé à
blesser, qui est te nombril .• et la frap¬
pant , il la met en telle nécessité que
le plus souuent elle meurt de telle
1 Tout ce paragraphe, Ju$qu’cn cet en¬
droit, est extrait, avec une méchante figure
qui suivait, du livre des Monstres de J 579.
DE LA. Licorne.
blessure ; et se sentant touchée au
vif, commence à faire un grand bruit,
se tourmentant et battant les ondes,
escumant comme vn verrat, et Va
d’vne si tres-grande fureur et roideur
se sentant prés des abbOys de la mort,
qu’elle culbute et renuerse les iiaui-
res qu’elle rencontre, et fait tel
naufrage qu’elle les enseuelit au
profond de la mer. Ledit poisson est
merueilleusement grand et fort, et
lors que les Arabes le veulent pren¬
dre, ils font comme au crocodile,
sçauoir est auec vne longue èt
forte corde, au bout de laquelle ils
attachent vne piece de chair de cha¬
meau , GU autre beste : et lorsque ce
poisson apperçoit la proye, il ne faut
à se ietter dessus et l’engloutir. Et es¬
tant l’hameçon auallé, et se sentant
piqué , il y a plaisir à lui voir thîre
des saults en l’air, et dedans l’eau :
puis estant las, les Arabes le tirent à
coups de fléchés, et luy donnent tant
de coups de leuier qu’ils l’assomment :
puis le mangent, et gardent sa plus
grande co'rne pour en vsér contre les
venins , ainsi que les autres font des
cornes de Licornes,
CHAPITRE XIII.
»V rOlSSON NOMMÉ VLEÎIF , ESPECE
DE LICORNE DE MER.
André Theuol en sa Cosmographie ,
dit que courant fortune en l’Ocean
és costes d’Afrique , visitant la Gui¬
née et l’Anopie , U a veu le poisson cy
api’éa représenté, ayant vne corne
sur le front en maniéré d’vne soie ,
longue de trois pieds et demy, et large
de quatre doigts , ayant ses pointes
des deux costés fort aiguës. Il secom-
5ô3
bat furieusement de ceste CornC;
Ceux de la Guinée l’appellent en leur
iargon Vletif.
Défunt monsieur le Coq, Auditeur
en la Chambre des Comptes à Paris ,
me donna vne corne dudit poisson
qu’il gardoîl en son cabinet bien chè¬
rement ; lequel sçachant que i’estois
curieux de rechercher les choses ra¬
res et monstrueuses, desira qu’elle
fust mise en mon cabinet , auec mes
autres rarités. Ladite corne est lon¬
gue de trois pieds et demy , pesant
cinq liures ou enuiron, ayant cin¬
quante et vne dents aiguës et Iren*.
chantes, longues du trauers d’vn
pouce et demy ; estans icelles dents
vingt-cinq d’vn costé , et vingt-six de
l’autre. Ceste corne en son commen¬
cement est large d’vn demy pied ou
enuiron, allant tousiours en dimi¬
nuant iusqu’à son extrémité , Où elle
est obtuse ou mousseuse, estant
platle , et non ronde comme les au¬
tres cornes. Le dessus est de cou¬
leur comme d’vne sole, et le dessous
I aucunement blanc, et fort poreux.
; Il s’en trouue d’autres moindres, et
plus petites , selon l’aage du poisson.
Plusieurs estiment ledit animal estre
vne licorne marine , et s’en seruent
contre les morsures et piqueures de
bestes venimeuses , comme l’on fait
de la "corne de licorne. Le populaire
l’estime estre vne langue de serpent ,
qui est chose faulse.
CHAPITRE XIV.
POISSON RESSEMBLANT PAR LA TESTE
AV PORC SANGLIER.
Gesnerus dit qu’en la mer Oceane
naist vnj poisson ayant la teste d’vn
DISCOVRS
5d4
porc sanglier, lequel est de nierueil-
leuse grandeur, estant couuert d’es-
cailles mises par grand ordre de Na¬
ture, ayant les dents canines fort
longues , trenchantes et aiguës, sem¬
blables à celles d’vn grand porc san¬
glier ^ lesquelles on estime estre bon¬
nes contre les venins , comme la li¬
corne.
Ainsi voit-on comme chacune na¬
tion pense auoir la Licorne, luy don¬
nant plusieurs vertus et propriétés
rares et excellentes : mais ie croy
qu’il y a plus de mensonge que de
vérité.
Or qui a esté cause de la réputa¬
tion de la Licorne, c’a esté ceste pro¬
priété occulte que l’on luy a attribué
de preseruer de peste et de toutes
sortes de venins. Dont quelques- vns
voyans que l’on en faisoit si grand
cas, poussés d’auarice, ont mis en
auant certains fragmens de quelques
cornes, disans et asseurans que c’es-
toit de la vraye licorne : et toutesfois
le plus souuent ce n’est autre chose
que quelques pièces d’yuoire, ou de
quelque beste marine, ou pierre fon¬
due. Parlez aujourd’hui à tous les
Apoticaires de la France, il n’y a
celuy qui ne vous die et asseure auoir
de la licorne, et de la vraye, et quel-
quesfois en assez bonne quantité. Or
comment se pourroit faire, veu que
la plus part des escriuains disent que
le naturel de la licorne est de demeu¬
rer aux deserls et és lieux inaccessi¬
bles , et s’esloigner si fort des lieux
1 Ce paragraphe, jusqu’à l’endroit de la
note, est extrait du livre des Monstres
1579, avec une méchante figure qui le sui-
\ait et que j’ai relranchée.— L’animal était
alors dénommé Sanglier Marin.
fréquentés, que c’est quasi vne chose
miraculeuse d’en trouuer quelques-
fois vne corne , qui peut auoir esté
apportée par les inondations des
eaux iusqu’aux riuages de la mer, et
ce quand l’animal est mort? Qui est
toutesfois vne chose encore dou¬
teuse : car la pesanteur de ta corne
la feroit plustost aller au fond. Mais
c’est tout vn , posons qu’il s’en
trouue quelquesfois vne : comment
seroit-il possible que ces trompeurs
en fussent tous si bien fournis? A
cela connoist-on qu’il y a bien de
l'imposture.
Et certes n’estoit l’authorité de
l’Escriture saincte, à laquelle nous
sommes tenus d’adiouster foy , ie ne
croirois pas qu’il fust des licornes.
Mais quand i’oy Dauid au Psalme 22,
verset 22 , qui dit : Deliure moy. Sei¬
gneur , de la gueule du Lion , et deliure
mon humilité des cornes des Licornes :
lors ie suis contraint de le croire. Pa¬
reillement Esaïe chap. 34. parlant de
l’ire de Dieu contre ses ennemis : et
persécuteurs de son peuple, dit : Et
les Licornes descendront auec eux, et les
Taureaux auec les puissans. l'allegue-
rois à ce propos vne infinité de passa¬
ges de l’Escriture saincte, comme le
chapitre vingt-huitième du Deutero-
nome , le trente-neulïéme chapitre
vers. 12 et 13 de lob , les Psalmes de
Dauid, 28. 77. 80. et plusieurs autres,
si ie necraignois d’attedier le lecteur.
Il faut donc croire qu’il est des licor¬
nes, mais elles ne ont les vertus qu’on
leur attribue >.
* Ces derniers mois; mais elles ne ont les
vertus qu’on leur attribue , ont été ajoutés en
1585.
DE LA. LICORNE.
CHAPITRE XV.
QVESTION TOVCHANT LES VERTVS PRE-
TENDVES DE LA LICORNE. RESPONSE.
Cela supposé , et qu’il se Irouue
quantité de cornes de licoroes, et que
chacunen ait,àsçauoir si elles ont tel¬
les vertus et efficaces contre les ve¬
nins et poisons qu'on leur attribue ?
le dis que non. Ce que ie prouuerây
par expérience, authorité, et raison
Et pour commencer à l’experience,
ie puis asseurer , après l’auoir es-
prouué plusieurs fois, n’auoir iamais
conueu aucun effet en la corne pré¬
tendue de licorne. Plusieurs tiennent
que si l’on la fait tremper en l’eau, et
que de ceste eau on face vn cercle sur
vne table, puis que l’on mette dedans
ledit cercle vn scorpion ou araignée,
ou vn crapaut, que ces bestes meu¬
rent, et que elles ne passent aucune¬
ment par dessus le cercle, voire que
le crapaut se créue. le l’ay expéri¬
menté, et trouuay cela estre faux
et mensonger: car lesdils animaux
passoient et repassaient hors du cir¬
cuit du cercle, et ne mouroient point.
Mesmenient, ne me contentant pas
d’auoir mis vn crapaut dedans le cir-
1 Ce premier paragraphe se retrouve à
très peu prés dans le chapitre de 1579. Mais
pour tout le reste du chapitre, il n’y existe
qu’en germe; alors Paré se bornait à cette
phrase :
« S’il est question de rexperience,ie puis
asseurer, apres l’auoir esproiiué plusieurs
fois, n’auoir iamais trouuénl cogneu aucun
elTect en la corne de Licorne. »
On peut remarquer du reste que Paré a
beaucoup emprunté à ce chapitre pour com¬
poser son EpUrc dédicatoirc.
5o5
cuit de l’eau où la licorne auoit
trempé, par dessus lequel il passoit
et repassoit ; ie le mis tremper en vn
vaisseau plein d’eau, où la corne de
licorne auoit trempé, et le laissay en
ladite eau par l’espace de trois iours,
au bout desquels le crapaut esloit
aussi gaillard que lors que ie l’y mis.
Qnelqu’vn me dira, que possible la
corne n’estoit de vraye licorne. A.
quoy ie responds, que celle de sainct
Denys en France, celle du Roy, que
l’on tient en grande estime, et celles
des marchans de Paris, qu’ils vendent
à grand prix, ne sont donc pas vrayes
cornes de licornes : car c’a esté de
celles-là quei’ay fait espreuue. Et si
on ne me veut croire, que l’on vienne
à l’essay comme moy, et ou connois-
tra la vérité contre le mensonge.
Autres tiennent que la vraye licorne
estant mise en l’eau, se prend à bouil¬
lonner, faisant esleuer petites bulles
d’eau comme perles. le dis que cela
se fait aussibien auec cornes de bœuf,
de chéures, de mouton, ou autres
animaux : auec dents d’elephant, tests
de pots, tuilles, bois , bol armene, et
terre sigillée : et pour le dire en vn
mot, auec tous autres corps poreux.
Car l’air qui est enclos en iceux sort
par les porosités, pour donner place à
l’eau, qui cause le boüillonnement et
les petites bubes qu’on voit esleuer
en l’eau.
Autres disent, que si on en faisoit
aualler à vn pigeon ou poulet qui
eusl pris de l’arsenic sublimé ou au¬
tre venin, qu’il n’en sentiroit aucun
mal. Cela est pareillement faux,
comme l’experience en fera foy.
Autres disent, que l’eau en laquelle
aura trempé ladite corne, esteint le
feu volage, appellé lierpes miliarü.
le dis que ce n’est pas la vertu de la
corne, mais la seule vertu de l’eau,
5o6 DlSCOVBS
qui est froide et hittnide, contraire au
mal qui est chaud et sec. Ce qui se
trouuera par effet, en y appliquant
de la seule eau froide, sans autre
chose.
Et pour prouuer mon dire, Ü y a
vue honneste dame marchande de
cornes de licornes en ceste ville, de¬
meurant sur lepont au Change, qui en
a bonne quantité de grosses et de me¬
nues, de ieunes et de vieilles. Elle en
tient tousiours vn assez gros morceau
attaché à vne chaîne d’argent, qui
trempe ordinairement en vneaiguiere
pleine d’eau, de laquelle elle donne
assez volontiers à tous ceux qui luy
en demandent. Or n’agueres vne pan¬
ure femme luy demanda de son eau
de Licorne : aduint qu’elle l’auoit
toute distribuée, et ne voulant ren-
uoyer ceste panure femme, laquelle
à iointes mains la prioit de luy en
donner pour esteindre le feu volage
qu’auoit vn sien petit enfant, qui oc-
eupoit tout son visage .• en lieu de
Peau de licorne, elle luy donna de
l’eau de riuiere en laquelle nullement
n’auoittrempé la corne de licorne. Et
neantmoins, ladite eau de riuiere ne
laissa pas de guarirlemal de l’enfant.
Quoy voyant ceste pauure femme, dix
ou douze iours après, vînt remercier
madame la marchande de son eau
de licorne, luy disant que son enfant
estoit du tout guari ».
Ainsi voila comme l’eau de riuiere
fut aussi bonne que l’eau de sa licorne :
neantmoins que elle vend ladite corne
prétendue de licorne beaucoup plus
ehere que l’or, comme on peut voir
par la supputation. Car à vehdre le
» Histoire gentille et bien à propos. — X. P.
grain d’or fin onze deniers pite, la li-
ure ne vaut que sept vingts huit es-
cus sol : et laliure de corne de licorne
contenant seize onces , contient neuf
miî deux cents seize grains : et la li-
ure à dix sols le grain, la somme se
monte à quatre vingt douze mil cent
soixante sols, qui sont quatre mil six
cens huit linres, et en escus, mil cinq
cens trente six escus sol. Et mesemble
qu’à ce prix la bonne femme ne vend
pas moins sa licorne, que Ost vn cer¬
tain marchand Tudesque, lequel en
vendit vne piece au Pape Iules troi¬
sième, douze mil escus, commerecite
André Baccy, Médecin de Florence,
en son liuredelaNaturedela licorne.
Mais laissans ces bons marchands,
reuenons à l’experience.
On dit d’auantage que la corne de
Licorne sue en presence du venin.
Mais il est impossible, parce que c’est
vn effet procédant de la vertu expul-
trice. Or ladite corne est priuée de
telle vertu : et si on l’a veu suer, cela
a esté par accident , veu que toutes
choses polies, comme le verre, les mi¬
roirs , le marbre , pour quelque peu
d’humidité qu’ils recoiuent, mesmes
de Pair excessiuement froid et humide,
ou chaud et humide, apparoissent
suer : mais ce n’est vraye sueur, car
la sueur est vn effet d’vne chose vi-
uante. Or la corne de Licorne n’est
point vne chose viuante : mais pour
estre polie et fraîche , elle reçoit vn
ternissement de l’air froid et humide,
qui la fait suer.
Autres disent que la mettant prés
le feu, elle rend vne odeur de musc :
aussi que l’eau où elle aura trempé
deuiendra laicteuse et blanchastre.
Telles choses ne se voyent point»
comme l’experience le roouslre.
DE LA LICORNE.
CHAPITRE XVI.
FREWE FAITE PAR AVTHORITÉ,
Quant à l’authorité, il se Irouuera
la plus part des doctes, gens de bien,
et expérimentés Médecins, qui asseu-
reront ceste corne n’auoir aucune
des vertus qu’on luy attribue
S’il faut commencer aux anciens, il
est certain qu’Hippocrates, ny Galien,
qui toutesfois se sont semis de la
corne de cerf et de riuoire, n’ont ia-
mais parlé de ceste corne de licorne '^:
ny mesme Aristote, lequel toutesfois
au cbap. 2. du liu. 3. des Parties des
animaux, parlant de ceux qui n’ont
qu’vne corne, fait mention de l’asne
Indien, et d’vn autre nommé Oryx,
sans faire aucune mention de la li¬
corne : combien qu’il parle en ce lieu
des choses de moindre conséquence.
Or s’il faut**Yenir aux modernes,
Christofle l’André , Docteur en Méde¬
cine, en son opuscule de l’Oecoiatrie,
escrit ce qui s’ensuit. « Aucuns Méde¬
cins font vn grand cas de la corne
d’vne beste nommée Monoceros , que
nous appelions vulgairement la Li¬
corne, et disent qu’elle guarantit
de venin, tant prise par dedans,
qu’appliquée par dehors. Ils l’or¬
donnent contre le poison , contre la
peste, voire desia creée au corps de
l’homme, et pour le dire en vn mot,
1 Ce premier paragraphe existait déjà
dans le chapitre de 1579; mais, immédiate¬
ment après , l’auteur eu appelait à l’auto¬
rité de Rondelet, que l’on trouvera alléguée
plus bas.
* Cette citation d’IUppocrate et de Ga¬
lien se trouve déjà dans le chapitre de 1579,
mais un peu plu» loin que le paragraphe
précédent.
607
ils en font vn alexitere contre tous
venins. Toutesfois estant curieux de si
grandes propriétés qu’ils attribuent
à ladite corne, ie l’ay bien voulu ex¬
périmenter en plus de dix, au temps
de pestilence : mais ie n’en trouuay
aucun effet louable, et me reposerois
aussi tost sur la corne de cerf ou de
chéure, que sur celle de la Licorne.
Car elles ont vue vertu d’absterger
et mondifier : partant elles sont bon¬
nes à reserrer genciues flestries et
molles. D’auantage, lesdites cornes
estans bruslées et données en breu
uage, apportent merueilleux confort
à ceux qui sont tourmentés de flux
dysentériques, Les anciens ont laissé
par escrit, que la corne de cerf rédi¬
gée en cendre est vne plus que credi -
ble medecine à ceux qui crachent le
sang, et à ceux qui ont coliques, ilia¬
ques passions, nommées miserere met;
et comme chose de grande vertu, la
meslant aux collyres , pour faire sei-
cher les larmes des yeux. «Voila ce
que ledit l’André a escrit delà corne
de licorne.
Rondelet dit , que toutes cornes en
general n’ont ny saueur, ny odeur,
si on ne les brusle : parquoy ne peu-
uent auoir aucune efficace en mede¬
cine , si ce n’est pour desseicher. Et
ne suis point ignorant, dit-il, que
ceux qui tiennent telles cornes pour
leur profit , ne donnent à entendre
au peuple qu’icelles ont grandes et
inestimables vertus , par antipathie ,
de chasser les serpens et les vers,
et de résister aux venins. Mais ie
eroy , dit-il , touchant cela , que la
corne de licorne n’a point plus grande
efficace , ny force plus asseurée , que
la corne de cerf, ou que iiuolre :
qui est cause que fort volontiers, en
mesmes maladies , i’ordonne la dent
d’clephant aux pauures, et aux ri-
DfSCOVBS
5o8
ches celle de licorne , parce qu’ils la
désirent, s’en proposons heureux
succès Voila l’aduis de Rondelet . le¬
quel indifféremment en pratiquant
pour raesmes effets, en lieu de la li
corne ordonnoit non seulement la
corne de cerf ou dent d’elephant, mais
aussi d’autres os
le me suis enquis de monsieur Du-
ret, pour la grande asseu rance que
i’auois de son haut et tant célébré
sçauoir, quelle opinion il auoit de la
corne de licorne : il me respondit ,
qu’il ne pensoit icelle auoir aucune
vertu contre les venins , ce qu’il me
confirma par bonne, ample et val-
lable raison ; et mesme me dit qu’il
ne doutoit de le publier en son audi¬
toire , qui est vn theatre d’vne infi¬
nité de gens doctes , qui s’y assem¬
blent ordinairement pour l’oüyr^.
le veux bien encore aduertir le lec¬
teur, quelle opinion auoit de ceste
corne de licorne feu Monsieur Chap-
pelain, premier Médecin du Roy Char¬
les IX, lequel en son viuant estoit
grandement estimé entre les gens
‘ Tout ce paragraphe est repris du chapi¬
tre de 1679, et, au lieu de ces mots qui le
terminent : mais aussi d’auires os, on y lisait:
mais aussi les os des chenaux et des chiens, et
des mirabolans.
2 On lisait également ce paragraphe dans
l’édition de 1679, mais un peu plus étendu.
Ainsi, au texte actuel, l’auteur ajoutait,
parlant toujours de Duret :
«...Que si quelquefois il ordonnoit de
ceste corne, que ce n’estoit seulement que
pour les débilitations de cueur qui aduien-
nent, à raison d’vne grande quantité de se-
rositez et eaux qui nagent en l’orifice de
l’estomach, qui affadissent les personnes,
et les rendent toutes decoiitenancees, dé
tant que telle racleure de corne meslee'aux
autres de pareille faculté, a vertu pour sa
terrestrité, de deseicher et tarir lesdictes
humiditez. »
doctes. Vn lotir liiy parlant du grand
abus qui se commettoit en vsant de
la corne de Licorne, le priay (veu
l’authorité qu’il auoit à l’endroit de
la personne du Roy nostre inaistre ,
pour son grand sçauoir et expei ience)
d’en vouloir ester l’vsage, et princi¬
palement d’abolir ceste coustume
qu’on auoit de laisser tremper vn
morceau de licorne dedans la coupe
où le Roy beuuoit, craignant la poi¬
son L II me fit response, que quant à
luy, véritablement il ne connoissoit
aucune vertu en la corne de licorne:
mais qu’il voyoit l’opinion qu’on
auoit d’icelle estre tant inueterée et
enracinée au cerueau des princes et
du peuple, qu’ores qu’il l’eust volon¬
tiers ostée, il croyoit bien que par
raison n’en pourroit estre maistre.
loint , disoit-il , que si cesie supersti¬
tion ne profite , pour le moins elle ne
nuit point, sinon à la bourse de ceux
qui l’acheptent beaucoup plus qu'au
poids de l’or , comme a esté monstré
cy deuant. Lors ie luy repliquay, que
pour le moins il en voulust doncques
escrire, à fin d’effacer la faulse opi¬
nion de la vertu que l’on croyoit es¬
tre en icelle. A quoy il respondit,
que tout homme qui entreprend d’es-
crire de chose d’importance , et no¬
tamment de réfuter quelque opinion
receuë de long temps , ressemble au
Hibou, ou Chahuant, lequel se moms-
trant en quelque lieu eminent, se
met en butte à tous les autres oi¬
seaux qui le viennent becqueter, et
luy courent sus à toute reste : mais
quand ledit hibou est mort , ils no
ne s’en soucient aucunement 2. Ainsi
* Coustumierement on laissait tremper vn mor¬
ceau de Licorne dans la Coupe du lloy.—h. . P.
d’vn homme bien aduisé. Iklle
similitude. — A. P.
DE Lk
rapportant ceste similitude à luy , il
me dit , que de son vivant il ne se
metlroit iamais en butte pour se
faire becqueter des enuieux et medi-
sans , qui entretenoient le monde en
opinions si faulses et mensongères :
mais il esperoit qu’aprés sa mort on
trouueroit ce qu’il en auroit laissé
par escrit
Considérant donc ceste response
qu’il me fit lors, ioint aussi qu’on n’a
rien apperceu de ses escrits depuis sa
mort, qui fut il y a enuiron onze ans
ou plus, ie m’expose maintenant à la
butte qu’il refusa pour lors. Que s’il
y a quelqu’vn qui puisse m’assaillir
de quelque bon trait de raison ou
d’experience , tant s’en faut que ie
m’en tienne offensé , qu’au contraire
ie luy en sçauray fort bon gré, de
m’auoir moustréce qu’oncques ie n’ay
peu apprendre des plus doctes et si¬
gnalés personnages qui furent , et
sont encore ep estime pour leur doc-
1 Cette histoire de Chapelain était déjà
mentionnée en 1679, mais avec une rédac¬
tion toute différente. La voici :
« Parquoy feu monsieur Chapelain disoit,
que fort volontairement il eust osté ceste
couslume de laisser tremper vn morceau de
Licorne dedans la coupe où le Roy beuuoit ,
n’eust esté qu’il cognoissoit ceste opinion
estre si inueteree et enracinée au cerueau
des hommes, qu’il craignoit bien que par
raison ne pourroit estre le maistre : loinct,
disoit-il, que si ceste superstition ne profite,
que pour le moins aussi elle ne nuisoit
point, sinon à la bourcede ceux qui l’achè¬
tent au poix de l’or : ou bien aussi par acci¬
dent, de tant que les grands seigneurs (il
faut sans doute lire ici un mot passé, con-
fians) en la vertu alexitaire de ceste Licorne,
ne tiennent conte de s’asseurer et preseruer
par autre moyen raisonnable contre les ve¬
nins et empoisonneurs. »
Je ne vois pas pourquoi cette dernière
réllexion si juste a été retranchée en 1682.
LICORNE. ÔOQ
trine singulière, ny mesme d’aucun
effet de nostre licorne.
Vous me direz ; puis que les Méde¬
cins sçauent bien, et publient eux-
mesmes, que ce n’est qu’vn abus de
ceste poudre de licorne , pourquoy
en ordonnent-üs? C’est que le monde
veut estre trompé, et sont contraints
lesdil s Médecins bien soutient d’en or¬
donner, ou pour mieux dire, permet¬
tre aux paliens d’en vser, parce qu’ils
en veulent. Que s’il aduenoit que les
paliens qui en demandent , mourus¬
sent sans en auoir pris, les parens
donneroienl tous la chasse ausdits
Médecins, et les descrieroient comme
vieille monnoye.
CHAPITRE XVII.
PKEVVE FAITE PAR RAISON.
Venons maintenant à la raison. Tout
ce qui résisté aux venins est cardia¬
que et propre à corroborer le cœur.
Rien n’est propre à corroborer le
cœur, sinon le bon air et le bon
sang : pour autant que ces deux
choses seulement sont familières au
cœur, comme estant l'officine du sang
artériel et des esprits vitaux. Or est-
il que la corne de Licorne n’a aucun
air en soy, ny aucune odeur, ou bien
peu, estant toute terrestre et toute
seiche. D’auantage elle ne peut estre
tournée en sang, parce qu’elle n’a ny
chair , ny suc en soy : qui est cause
qu’elle n’est chyliflée, ny pai consé¬
quent sanguifiée '.
Il s’ensuit doneques qu’elle n’a
aucune vertu pour fortifier et défen¬
dre le cœur contre les venins,
* Tout ce paragraphe est extra. t presque
textuellement duchapitre de 1579.
DISCOVRS
ôio
Voire-mals, dira qnelqu’vn, en tant
d’opiates, electuaires et epithemes
que Ton fait pour le cœur, qu’y a-il
de tel , qui contienne en soy vn bon
air?
Si a ; sçauoir est, les conserues de
bourache, buglosse, violiers de Mars,
de roses , de fleurs de rosmarin , la
confection d’alkermes , le mithridat ,
le theriaque, l’ambre, le musc, la ci-
uelte, le safran, le camphre et sem¬
blables , lesquels mesme l’on délayé
en bon vin et fort vinaigre , en eau
de vie, pour appliquer sur lecœur, ou
pour donner en breuuage. Toutes les¬
quelles choses sont en soy, et rendent
de soy vne odeur, c’est à dire,vn air ou
exhalation fort souëfue , benigne et
familière à la nature et substance du
cœur , en tant qu’elles peuuent en¬
gendrer, multiplier, esclaircir et sub-
tilierles esprits vitaux, par similitude
de leur substance aërée, spirituelle et
odorante.
Ouy, mais au bol d’ Arménie, en la I
terre sigillée , en la corne de cerf, en
la raclure d’yuoire et de corail, n’y a-
il rien de spiritueux et aëré?
Non certes. Pourquoy donc sont-
ils mis entre les remedes cardiaques?
Pour ce que de leur faculté et vertu
astringente fondée en la terrestrité
de leur substance, ils ferment les
conduits des veines et arteres, par
lesquelles le venin et air pestilent
pourroit estre porté au cœur. Car
ainsi sont-ils ordonnés profitablement
aux flux de sang et vuidanges immo¬
dérées. Ils sont donc appellés cardia¬
ques, non pas que de soy et par soy
ils fortiQent la substance du cœur
par aucune familiarité ou similitude,
mais par accident , parce qu’ils bou¬
chent le passage à l’ennemy, l’arres-
tant en chemin , à ce qu’il ne se iette
dedans la citadeUe de la vie.
CHAPITRE XVIII.
DES PERLES ET PIERRES PRECIEVSES, SVI-
VANT l’OPUNION DE lOVBERT.
Quant aux perles et autres pierres
précieuses , le suis de l’aduis de mon*-
sieur loubert , Médecin ordinaire du
Boy, lequel au chap. 18. d’vn traité
qu’il a escrit de la Peste^ dit ainsi :
le ne sçay que ie doy dire touchant
lés pierres précieuses , que la plus
grand’part des hommes estiment tant,
veu que cela semble superstitieux et
mensonger d’asseurer qu’il y a vne
vertu incroyable et secrette en elles,
soit que on les porte entières sur soy,
ou que l’on vse de la poudre d’icelles.
Or icy ne veux-ie encore oublier à
mettre en mesme rang l’or potable ,
et les cbaisnes d’or et doubles ducats
qu’aucuns ordonnent mettre aux res-
taurans pour les pauures malades;
attendu qu’il y a aussi peu d’asseu-
rance qu’en la licorne, voire moins.
Car ce qui n’est point nourri , ne
peut bailler nourriture à autruy. Or
il est ainsi que l’or n’est point nourri.
Parquoy il semble que ce soit vne pi-
perie de luy attribuer la vertu nu-
tritiue, soit qu’il soit réduit en forme
potable, qu’ils appellent, ou qu’il soit
bouilli auec des restaurans C
Or on me dira qu’aprés auoir fait
boüillir des escus ou autres pièces
d’or aux restaurans, ils ne seront de
mesme poids qu’ils estoient aupara-
Uant : ie le confesse, mais ce ne sera
que l’or soit en rien diminué par l’e-
bullition; ainsque l’excrement qu’au¬
ront accueilli les pièces d’or , pour
auoir esté long temps maniées ou por-
i Le chapitre se terminait là en 1682 ; le
reste est de 1685.
DE LA. LICORNE.
téesdu peuple, voire des verollés,la- |
dres , et vieilles har an gérés, pourra
estre demeuré dans les restaurans.
D’abondant il y a encore vne grande
piperie que les bons maistres quin-
tessenlieux font pour faire leur or
potable, qu’ils disent mettre aux res¬
taurans : c’est que d’vne Chaisne de
trois ou quatre cens escus passée par
l’eau forte, en desroberont quinze ou
vingt escus, qui fera diminution d’au¬
tant de poids, et font accroire aux
niais que ledit or est diminué par
l’ebullition. Qui pourra se garder de
ces bailleurs de baliuernes, affron¬
teurs et larrons, ce sera bien fait.
CHAPITRE XIX.
DV PIED D’HELLEl\D‘.
Cecymefaitsouuenirdu pied d’Hel-
lend, duquel plusieurs font si grand
cas , spécialement luy attribuans la
vertu de guarir de l’epilepsie. Et m’es-
tonne d’où ils prennent ceste asseu-
rance, veu que tous ceux qui en ont
escrit,ne font que dire, on dit, on dit ;
ie tn’en rapporte à Gesnerus, et à
Apollonius Menabenus. Et quand ce
ne seroit que la misere de l’animal,
qui tombe si souucnt en epilepsie
(dont les Allemans l’appellent Hel-
lend, qui signifie misere ) et néant-
moins ne s’en peut guarantir, encore
qu’il aittousioursson ongle quant-et-
quantsoy ; il me semble que cela est
suffisant pourreuoquer en doute les
vertus qu’on luy attribue.
’V^oilacequ’ilme semble de la corne
de licorne : et si quelqu’vn en peut
‘Il s’agit Ici du pied d’élan, qu’on devi¬
nerait diflicilement sous la bizarre ortho¬
graphe de notre auteur.
6ii
descouurir d’auantage, ie luy prie en
faire part au public, et prendre mon
escriten bonne intention
‘ Cette conclusion se lit déjà textuelle¬
ment dans le chapitre de J 579 j mais aupa- '
rayant Paré l’appuyait ainsi :
« Et quiconques auec moy s’arrestera à
ces expériences et auctoritez : quiconques
examinera diligemment ces raisons, il con¬
damnera comme moy la corne de Licorne,
et la superstition des raarchans qui vendent
si cher la corne de Licorne, et la superstition
des cérémonieux Médecins qui l’ordonnent,
et ta folle opinion du peuple qui la requiert
et desire, d’autant qu’en telle drogue il n’y
a non plus de vertu qu’en l’yuoire ou autres
semblables denrees. Voyla ce qu’il me sem¬
ble de la corne de Licorne. »
Cela était d’une rare énergie, et chacun
y avait son compte, mais surtout les méde¬
cins; ce fut sans doute à cause de la Faculté
que ce passage fut supprimé dans toutes les
éditions suivantes.
Mais en 1582, le Discours de la Licorne ne
se terminait pas ainsi, et, après l’histoire
du pied d’Uellend, l’auteur ajoutait :
« Mais pour ne nous esloigner de nostre
propos, retournons à la Licorne. »
Alors commençait une série de neuf cha¬
pitres, du 20' au 28®, sous ce titre général :
Des Venins. Le chapitre 20 débutait de
cette façon :
« Or posons le cas que la corne de Licorne
résisté à quelque espece de venin , ce que ie
croy piteusement {sic) : pour le moins me
confessera-on qu’elle ne peut résister à tou¬
tes les sortes. Car elle feroit son operation
par ses qualitez manifestes, ou par ses pro-
prietez occultes. Si par ses qualitez manifes¬
tes, et si elles sont chaudes , elles seruiront
contre le venin froid seulement, et non con¬
tre le chaud, et ainsi des autres qualitez ;
et si elle operoit par vne vertu spécifique, ce
seroit par occulte conuenance qu’elle auroit
auec vne sorte de venin, laquelle toutes-
fois elle n’auroit pas auec l’autre. Or il en
est de plusieurs et diuerses sortes , etc. »
Après quoi l’auteur exposait brièvement les
ÛISCOVRS
5iû
variétés des venins , leurs signes , les règles
générales du traitement, etc., le plus sou¬
vent en analysant les premiers chapitres de
son livre des Fenins , rarement en y ajou¬
tant de nouvelle rédaction. Cependant, au
chap. 26 , il y a un passage qui manque en
1679, et que nous avons retrouvé dans le
texte du livre des V enius de 1585 ( voyez ci-
devant page 296) ; mais, surtoutau chap. 24,
fol. 40 , verso , se lit un passage qui n’a re¬
paru nulle autre part, et qui est fort intéres¬
sant à reproduire. Il s’agit de la corruption
des humeurs du corps par mauvais régime ,
et là c’est le chap. 4 du livre de la Peste qui
fournit tes premières phrases. Mais , après
l’énumération des rneschantes viandes que la
famine force à manger, comme dans les
villes assiégées , comme grains pourris , her¬
bes, fruits sauuages, pain d’auoine, de poix,
de febues , de fougere , d’ardoise, de gland,
de chiendent, troncs de choux, etc. (et cela
est bien plus complet que dans le texte du
chapitre cité du livre de la Peste), l’au¬
teur continue:
» Tels aliments engendrent pourriture
et vénénosité en nos humeurs, qui cau¬
sent la peste et autres rnauuaises mala¬
dies en nos ci rps : comme vn chancre qui
ronge et corrode la chair et les os. De faict
que nous voyons souuent que par la ma¬
lice des humeurs venimeux les parties se
mortifient et pourrissent: ce qui est prouué
par Hippocrates , section 3. liu. 3. des Epi-
demies, où il dit auoir veu des charbons en
temps de peste si estranges et hideux avoir,
que c’estoit chose admirable. Car il s’y fai¬
sait des inflammations douloureuses , gan¬
grenés , et mortifications , et vlceres , qui
rougeoient toute ta chair , les nerfs et les os :
tellement qu’ils tomboient toutes en pièces
pourries. Aux vns toute la teste se peloit, et
le menton , de sorte que l’on voyoit les os
tous desnuez et descouuerts. Aux autres les
pieds et les bras tomboient ( le semblable ie
proteste auoir veu aduenir à l’Hostel-Dieu
de Paris , et ailleurs), et eeux qui reschap-
poicnt desiroient estre morts, pour la grande
deformité et impuissance qui leur restaient
en leurs membres.
» Ainsi de reconte mémoire on a veu ad-
uenir à monsieur IJoucquet, Chanoine de
Nostre Dame de Paris, le soir faisant bonnè
chere , ne sentant aucune douleur , on luy
trouua vn pied le lendemain tout mortifié,
sans aucun sentiment, de couleur plombine
et noirastre , froid comme la glace , où ne
fut en la puissance tant des Médecins que
des Chirurgiens y pouuoir donner ordre,
restais d’auis qu’on luy coupast le pied , et
d’autres auec moy • mais ledict Boucquet
nous dist qu’il voûtait mourir doulcement :
toutesfois au contraire ce fut fort douloureu¬
sement. Parceque la gangrené chemina jus-
ques à la cuisse, les vapeurs de laquelle le
feirent mourir en peu de iours.
» On pourroit icy amener plusieurs his¬
toires semblables qui sont aduenues pour la
vénénosité des humeurs : mais il suffira
pour le présent de celle-cy. »
Le lecteur trouvera au chapitre 37 de la
Peste quelques détails sur les vastes char¬
bons qui rougeoient ainsi toute la chair;
mais ni la citation d’Hippocrate ni l’his¬
toire de Boucquet n’ont été reproduites
nulle part, probablement parce qu’elles se
rattachent à la peste, et que Paré ne se sou¬
vint pas d’aller les chercher dans un chapi¬
tre du Discours des venins. Cette histoire de
Boucquet est intéressante sous un triple
point de vue : 1° comme exemple d’une gan¬
grène sénile : 2“ à raison du conseil de cou¬
per le pied, qu’on ne lit nulle autre part
dans les OEuvres de Paré; 3" enfin parce
que le mal ayant gagné la cuisse. Paré sem¬
ble le regarder comme sans remede. Voyez
la préface de ce troisième volume.
Après le Discours de la Licorne et des F e-
nins, suivait enfin \t Brief Discours de la
Peste , auquel demonsirerons que la Licorne
n’a nul effeci. Il se liait aux discours précé¬
dents par la phrase suivante :
« Maintenant il nous fault traicter som¬
mairement du venin pestiféré, à cause que
plusieurs tiennent la Licorne pour le plus
excellent alexitaire, ou contre-poison, pour la
précaution et curation d’icelle : et commen¬
cerons par vue description allégorique. »
Et en efl’ct il procédait immédiatement à
celte dcsciiption allégorique, qui, un peu
modifiée et augmentée, a remplacé en 1585
la description plus simple de 1568. Lu pre-
DE LA Licorne.
miere phrase en est plus remarquable ici
que partout ailieurs.
« Peste est vne maladie venant de l’ire de
Dieu, furieuse, tempestatiue , hastiue,
monstrueuse, espouuantabie, et effroyable ,
conlagieuse, terrible, farouche, traistiesse,
fallacieuse, etc.»
On pourrait croire qu’ii ne s’est arrêté que
faute d’épithètes.
Ce discours se composait de 24 chapitres ,
dont la plupart ne présentent qu’une courte
analyse du livre de la Peste. Mais quelques
uns sont entièrement nouveaux, comme le
6' et le 7% dont Paré a fait depuis le 30' de
son livre; une partie du chap. 22, intitulé :
De l'espece de Charbon dicl panaris, et cure
d’iceluy. Cette histoire du panaris était em¬
pruntée au livre des Tumeurs en particulier,
où on la trouve dans les grandes éditions.
Enfin il y avaitplusieurs additions de détail
qui ont été reprises pour la plupart dans l’é¬
dition de 1585, et qui ont été notées en leur
lieu , pages 399, 422 et 441. Il y en a d’au¬
tres de moindre importance, et tellement
perdues dans le texte, que l’auteur même
n’a pas su les y retrouver pour son édition
de 1585; ainsi, au chapitre 18 (ci-devant
page 388), il dit simplement en note : l.e
pape Pelagius mourut de peste; et, au chap. 2
de son Discours, il disait dans le texte
même : Pelagius et Calixtus , papes , en mou¬
rurent ; et il citait en même temps David et
Ezechias. Au chap. 14, intitulé : Des rerne-
des propres pour combattre et purger le venin
pestiféré, et répondant conséquemment au
chap. 24 du livre , il est assez remarqua¬
ble qu’il donne un précepte absolument
contraire à celui qu’il avait posé en 1579,
et que par mégarde sans doute il conserva
encore en 1585. Ainsi on lit dans le Livre :
Aucuns sont d’uduis... donner purgation;
mais... nous sommes d'aduis que le plus expé¬
dient est de donner premièrement et subitement
au malade quelque ulexitere, etc. Voici main*
tenant le texte du Discours ;
«Hippocrates, Aphor. 10. liu. 4., dit
qu’aux maladies fort aiguës , si la matière
est en mouuement furieux , fault purger du
mesme jour : car de prolonger en tel cas est
mauuais et dangereux. Parquoy quand le
lit.
5t3
venin pestiféré n’est encore arresté en vne
partie par vne bosse ou charbon, il vague et
erre de lieu à autre, et se meut furieusement
(comme la beste sauuage qui est en ruth et
en amour) auec douleur, qui ne donne au¬
cun repos au pauure malade, à cause de la
grande malignité veneneuse et furieuse qui
ne cherche que à accabler le cœur et autres
parties nobles. Parquoy sans faire aucun
delay, il le conuient vuider et euacuer,
pourueu que la bosse ou charbon n’appa-
rolssent desia: d’aultantqu’alors ilfauldroit
s’en abstenir, parce qu'on interromproit le
mouuement de Nature, et l’empescheroit
de ietter le venin hors. Or ledit venin sera
vacué par vomissemens, flux de ventre,-
sueurs, et autres vacuatioiis que descrirons
Icy, les plus signalées que i’ay cognu par
expérience. Entre lesquels pardessus tout
sont le Theiiaque et Methridat, etc. »
Ici on retombe dans le texte du chap. 24 du
livre de la Peste, mais pour quelques ligne
seulement ; et voici la nouvelle pratique :
« Dont subit que le patient se sentira
frappé, prendra dudit Theriaque ou Milhri-
dat.. La quantité se doibt diuersifier selon
les personnes. Car les forts et robustes en
pourront prendre vne dragme et plus, auec
six grains de scamonee en pouldre ; les
moyens, demie, auec trois grains de ladicte
scamonee: et les enfans encore moins, et
, sans scamonee, dissoult en eau de chardon
benist, ou buglosse, ou de l’ozeille. Apres
l’auoir pris , se faut proumener et se mettre
au lict chaudement, etc. »
Cette nouvelle pratique ne venait pas
d’une nouvelle expérience; Paré cite en
marge comme autorité iVïco/c Nancel en son
Traicié de la peste, dont le nom reviendra
encore à la lin de ce discours. C’est sans
doute à cette source qu’il avait pris le re¬
mède suivant, omis dans le livre de 1585.
« Electuaire de l’œuf, duquel vsoit l’empereur
Maximilien , bien estimé des gens doctes.
» Prenez vn œuf frais, et faictes sur les
deux bouts vn petit trou : puis on soufflera
par vn des bouts pour faire sortir tout le
blanc et le iaulne : Iceluy vuidé, le fault
remplir de safran Oriental subtilement pul-
33
DISCOVRS DE LA. LICORNE.
5l4
uerisé : Et apres estoupper les trous d’vne
autre coquille d’œuf, auec mastic fort mas-
ché, et le seicher près le feu, tant que la
couuerture tienne fort. Cela faict,le fault
mettre cuire soubs les cendres chaudes, et
l’y laisser tant qu’il vienne de couleur vio¬
lette, et qu’il se puisse pulueriser auec la co¬
quille. Puis pezer la dicte pouldre, et pren¬
dre autant de semence de rue puluerisee, et
du Dictamnus albus, racine de Tormentille, I
de chacun demy-once, puluerisez bien sub¬
tilement , graine de Moustarde deux drag-
mes, aussi puluerisee, et le tout incorporé.
A quoy on adioustera autant de bon Thé¬
riaque, lequel sera derechef incorporé en
vn mortier de marbre, par l’espace d’vne
heure. Icelle mixture sera gardee en vn
vaisseau de verre bien bouché.
» Or durera ceste composition trente ans :
Et d’autant qu’elle sera plus vieille, d’autant
sera-elle meilleure.
» Elle preserue de la peste , en prenant
tous les matins à îeun la grosseur d’vn poix :
et la tenant longuement en la bouche , à fin
que la vapeur et vertu soit communiquée
au cerueau. Si l’an se sent frappé de peste,
U ea fault prendre, la grosseur d’vne febue ,
et la dealayer auec eau d’Endiue ou Ace-
leuse , et vn peu d’eau de vie. Puis se pro¬
mener, si l’on pcult : et apres se poser dedans
le Het, elcouurir tres-bien, et mettre vue
grosse bouteille remplie d’eau bouillante, à
ses, pieds , et suer par l’espace de deux heu-
tes, plus ou moins, selon la vertu du ma¬
lade : et apres se faire bien essuyer. Notez |
que pendant que l’on suera on se doit gar¬
der de dormir. Apres la sueur, sera baillé
quelque bon bouillon , auquel il y aura vn
peu de ius de citron, et du safran. »
d’ai conservé cette recette à cause de son
titre et de sa eomposilion étrange ; elle est
suivie d’autres dont j’ai retrouvé la plupart
éparpillées en divers chapitres du livre de la
Peste, et la patience m’a manqué pour faire
la même recherehe à l’égard du reste.
Au chap. 23, correspondant au chap. 38
du livre et portant le même titre, j’ai re¬
marqué un passage plus intéressant touchant
la cautérisation des charbons ; on pourra le
comparer avec le texte primitif, cl-dessus»
page 441.
« Sur tout le ieune Chirurgien doit bien
aduiser, que si la pointe du charbon appa-
roist noire , il la fault cautériser auec huile
feruente, ou eau forte, ou cautere actuel :
car par ce moyen, on luy faict perdre vne
grande partie de sa malignité , à cause que
l’on donne issue au venin, et s’appaise la
douleur, et te puis asseurer l’auoir faict
auec heureux succez. Or on ne les doibt cau¬
tériser, s’ils ne sont noirs, parceque ceste
noirceur est la gangrenee, et partant moins
douloureuse. Dauantage il se fault garder de
cautériser ceux qui sont rouges, doulou¬
reux, ou enflammez, de peur de causer vne
extreme douleur, et accroissement de fiéure,
et estre cause de la mort du panure malade.
Dieu sçait combien ces ieunes Barbiers es-
leus à penser les pestiferez en ont fait mou¬
rir par ce moyen.
» Apres la cautérisation , on fera des sca¬
rifications dessus, iusques à ce que le sang
en sorte. Puis on y appliquera le cul d’vne
poule commune qui ponne , à fin qu’elle ait
le cul plus ouuert; ou vne grosse poule
d’Inde , etc, »
Je laisse cette histoire du, cul des poules ,
trop longuement exposée au chap. 34 du Li¬
vre actuel (page 432). Après cela jene trouve
plus rien de nouveau , à l’exception de l’es¬
pèce d’épilogue qui lerrainele Discours.
« Fin du brief Discours de la Peste, extraict
du vingt vniesme tîure de mesOEuures. Que
si aucun desire en auoir plus ample instruc¬
tion et intelligence , qu’il lise ledit vingt
vniesme liure, là où sont déduites au long
plusieurs autres dispositions etaccidens qui
la suyuent. Finalement, qu’il voye vn traicté
que nagueres a faict monsieur Maistre Nicole
de Nancel , Médecin demeurant à Tours, le¬
quel en a autant bien escrit que nul autheur
que i’aye oncques cognu, et d’vn langage
facile à entendre, selon la doctrine des An¬
ciens : par où l’on peult iuger (si le ne me
trompe) qu’il a rnis la main souucutefois
aux armes, pour combattre et vaincre ceste
maladie, et les accideus qui la suyueat. »
REPLIQVE
D’AMBROISE PARÉ, PREMIER CHIRVRGIEN DV ROY,
A LA RÉSPONSB FAITE CONTEE SON
DISCOVRS DE LA LICORNE
l’auois souhaitté , discourant de la
Licorne, que s’il y auoit quelqu’vn
qui en eust autre opinion que moy ,
il luy pleust mettre ses raisons en
auant : pensant que par le débat des
raisons contraires , comme par le
heurt de deux pierres, les viues estin-
eelles de la yerité viendroient à pa-
roiglre '-*, qui pourroient exciter vne
lumière si gfrande de tout ce fait en
nos esprits , qu’on n’auroit plus oc¬
casion d’en douter. Ce mien souhait
m’est en partie aduenu. Car il sfest
trouué quelqi/vn qui , controllant
mes escrits , m’a voulu desdire en ce
point : duquel toutesfois les raisons ne
me semblent si fortes, que pour cela
ie doiue quitter mon party pour pren¬
dre le sien , ainsi que i’espere mons-
trer, répliquant sur vne chacune d’i¬
celles ; laissant à part ses animosités,
lesquelles i’estime luy estre eschap-
1 Cette réplique a paru isolément en 1592,
comme je l’ai dit dans mon Introduction à
l’article Hibliographie ; il n’y a pas été changé
lin mot depuis. On ne sait pas le nom de
l’adversaire à qui Paré répondait. Voyez à
cet égard mon Introduclion, page cclxxxix.
* Belle comparaison, — ■ A. P.
pées, plus pour zele qu’il porte à la vé¬
rité , que pour opinion qu’il puisse
auoir de moy autre que d’homme de
bien , et studieux du profit public.
Sa première raison est, qu’il faut
bien que la licorne aye de grandes ver¬
tus , veu que tous les sages demeurent
entr’euæ d'accord des admirables pro¬
priétés d'icelle. Et que parlant il faut
acquiescer à leur authorité : attendu
qu'il vaut mieuxfyillir auec les sages ,
que bien opiner contre leur opinion.
I le nie la première partie de ceste
raison, attendu que commei’ay mons¬
tre en mon precedent discours , mes¬
sieurs Rondelet, Chappelain , et le
docte Duret, ne font pas plus grand
cas de la corne de Licorne, que d’au¬
tre corne quelconque : et toutesfois
ces trois là sont sages et clairs-voyans
en Medecine. Quant à la seconde par¬
tie, ie dis tout au contraire, quei’ai-
merois mieux faire bien tout seul, que
de faillir non seulement auec les sa¬
ges, mais mesme auec tout le reste
du monde. Car l’excellence de la vé¬
rité est si grande , qu’elle surpasse
toute la sapience humaine, qui bien
souuent n’est armée que de brauade,
n’est enflée que de vent , n’est parée
niiPLIQl K POUR LE DKSCOVRS
que d’apparence et vanité: parquoy
la seule vérité doit estre cherchée ,
suiuie et cherie.
La seconde raison est , que le long
temps qu’il y a que la Licorne est en
vsage , monstre lien icelle estre bonne.
le répliqué que le long temps n’est
pas suffisant pour prouuer la corne
de Licorne auoîr les vertus qu’on luy
attribue. Car telle vogue n’est fondée
qu’en opinion, et la vérité (comme il
dit lui-mesme) dépend de la chose ,
et non des opinions. Parquoy rien ne
sert de m’ alléguer les Papes , Empe¬
reurs , Roys et Potentats , qui ont mis
la corne de Licorne en leurs Ihresors :
car ils ne sont d’eux -mesmes iüges
competans de la propriété des choses
naturelles : et ceux par les yeux des¬
quels ils ont veu, ont esté ou louches
ou conniuens, de leur auoir monstré
ou laissé voir le noir pour le blanc.
Parquoy à bon droit André Marin ,
Médecin excellent de Florence , au
Discours qu’il a fait de la faulse opi¬
nion de la Licorne, s’esmerueille com¬
ment iusques icy il ne s’est trouué en¬
core Médecin ou autre , tant amateur
de son Prince, qui l’ait retiré de ceste
erreur, la bannissant de ses cabinets
comme vn abus et tromperie mani¬
feste : concluant que si précieux ioyau
n’estoit propre qu’aux basteleurs et
imposteurs , et mal-seant aux Méde¬
cins, qui ont des remedes plus asseu-
rés et approuués pour combattre les
maladies malignes , veneneuses , et
pestilentes.
Quant à ce qu’il dit , qu’il y a des
Licornes, et que la saincte Escriture le
tesmoigne: le responds que quiconque
pense alléguer celacontre moy, mons¬
tre qu’il a grande enuie de quereller.
Car qui est-ce qui croit cela mieux
que moy? Qui est-ce qui le monstre
mieux ? l’en cite cinq passages de la
saincte .Escriture dans mon Discours
de la Licorne. le croy donc qu’il y
a tousiourseu, et qu’il y a encore des
Licornes, non seulement en la terre ,
mais aussi en la mer : mais que leurs
cornes ayent les vertus qu’on leur
attribue contre les venins et pestilen¬
ces , c’est le point que i’attendois :
lequel toutesfois n’a esté louché que
par vne simple assertion, sans aucune
démonstration , raison , ou authorité
ancienne. Car de dire qu’elle profite
contre la peste, pour ce qu’elle re¬
froidit, cela est fuir et quitter le com¬
bat de la propriété occulte, de laquelle
toutesfois est nostre principale ques¬
tion. Or quand ainsi seroit qu’elle
agiroit par qualité manifeste, ilia
faudroit ordonner en quantité raison¬
nable, et principalement à la vehe
mence de l’ardeur furieuse et pesti¬
lence , c’est à dire par onces ou
quarterons. Car trois ou quatre grains
qu’on ordonne communément , n’ont
plus de vertu (ce que dit monsieur
Duret, de bonne grâce parlant de la Li¬
corne) que qui ielteroit quatre grains
de mil dans la gueule d’vn asne bien
affamé >. C’est pourquoy ie voudrois
bien empescher les Apoticaires de la
vendre si cher, à fin que les Médecins
eussent commodité de l’ordonner en
plus grande dose, et que les malades
eussent moyen de la porter auec plus
de profit en leur corps , et moins de
dommage de leur bourse. Cela n’est-
ce me rompre l’esprit de ce que ie n’ay
que faire , comme l’on me reproche ?
Car Dieu a recommandé à vn chacun
le salut et profil de son prochain : et
certes les Apoticaires mesmes , i’en-
tens les plus anciens et expérimentés,
interrogés par moy, m’ont confessé
auoir honte de la vendre si chere ,
‘ Bonne comparaison. — A. F.
DE LA LICORNE.
veu qu'ils n’ont iamais apperceu plus
grand effet en elle qu’és autres cor¬
nes communesdesvulgairesanimaux:
toutesfois qu’ils sont contraints de la
vendre ainsi chere, parce qu’ils l’a¬
chètent chèrement. Or rachelent-ils
chèrement , à raison du bruit qu’on
luy a donné à tort et sans cause.
Venons maintenant aux raisons par
lesquelles il pense destruire ma prin¬
cipale démonstration , laquelle par
moquerie il appelle mon Achilles.
Mon Achilles donc estoit tel ;
Rien n est hon à corroborer le cœur^
sinon le bon air et le bon sang: la corne
de Licorne n'a air ni odeur en soy, es¬
tant toute terrestre et toute seiche. D’a-
uantage elle ne peut estre tournée en
sang, d'autant quelle n’a en soy ni chair
ni suc. Pourquoy elle n’a verlu à cor¬
roborer le cœur.
La première proposition , dit-il , est
fausse et ridicule : sa raison est, Car
tels remedes alterati fs fortifient le cœur
par qualité manifeste et élémentaire, ou
occulte et formelle , et toutesfois n’ont
ny bon air, ny habilité à estre tournés
en sang.
le répliqué et dis au contraire , pre¬
nant le mesme exemple qu’il a pris ,
pour le battre de ses armes mesmes ,
que la faculté des herbes et simples
qui entrent és apozemes , n’est point
communiquée à l’eau , par laquelle est
faite la décoction , sinon par distrac¬
tion du suc, ou humeur et vapeur des¬
dits simples : autrement s’il n’y auoit
que la qualité muée qui se communi-
quast à l’eau sans substance, c’est-
à dire, sans humeur ou vapeur, com¬
ment connoistrions-nous la décoction
de pourpié à sa noirceur, la décoction
de psyllium à sa viscosité, la décoction
de cichorée à sa saueur et amertume,
l’infusion de rhubarbe à son odeur?
La saueur y est, et s’y remarque mani
517
festement : l’odeur donc aussi y est.
Car tout ce qui a saueur et odeur , la
saueury est,le suc donc ou humeur y
est, l’odeur y est, la vapeur donc y est.
Car qu’est-ce autre chose odeur ,
qu’vne vapeur, ou plustost fumée ?
Quant au corail , corne de cerf, et
semblables, ie confesse qu’ils n’ont
non plus d’air et de suc que la
corne de Licorne, mais aussi ie ne les
tiens pas pour vrais cardiaques : de
tant qu’ils ne fortifient point le cœur
en combattant contre les venins, ains
seulement, ou en resserrant les con¬
duits qui vont au cœur, par leur vertu
astringente ou en beuuant et taris¬
sant la sérosité veneneuse,qui affadit
le cœur et l’estomach, par leur seiche
terrestrité, faisant l’vn et l’autre, non
par simple infusion en quelque eau ,
mais par assumption de leur propre
corps en poudre.
Mais c’est assez répliqué sur la ré¬
futation prétendue de la première
proposition de mon Achilles : venons
à la seconde. le disois que la corne de
Licorne n’a air ni odeur en soy. Cela,
dit-il, est contraire aux principes de
Physique. Car chaque corps élémen¬
taire est mixte , c’est à dire , meslé des
quatre elemens : parquoij à la corne il
y a de l’air.
Pour répliqué ie dis, que les choses
en Medecine ne se mesurent et consi¬
dèrent que par les sens et effects.
Bien donc que par discours de raison
nous comprenions que le poyure, gin¬
gembre , et graine de paradis sont
composés des quatre elemens (c’est à
dire) de chaud, froid, sec, et humide :
toutesfois les Médecins n’y reconnois-
sent que du chaud et du sec , pource
qu’ils ne font en nous principalement
que les effects de chaleur et de sei-
cheresse : ainsi nous nions la corne
do ^Licorne estre aérée, parce qu elle
5l8 REPLIQUE POUR LE DISCOVRS
ne produit les effects des corps aërés,
c’est à dire de vapeur, fumée, et
odeur. Quiconque trouuera de l'air
en la corne de Licorne, il tirera de
l’huile d’vn mur. Ces deux points de
mon Achilles vuidés, le reste des rai¬
sons contraires n’est pas difficile à
réfuter. Car pour prouuer que la
corne de Licorne se peut tourner en
san^,il allégué, que les chiens viuent
d‘osK le dis au contraire, que les
chiens ne viuent pas d’os , mais bien
de la moelle ou substance médulleuse
qui est cachée dedans les cauités in¬
signes ou porosités de l’os. Or aux
cornes de Licornes, que nous voyons
rapper tous les iours, y a-il rien de
moelleux? Non plus, et encore
moins qu’en la pierre ponce.
N’est pas aussi plus pertinent ce
qu’il adiouste : Que comme les chiens
viuent d’os, aussi les austruchesde fer^.
L’on sçait auiourd’huy assez par expé¬
rience et inspection iournaliere , que
ceste opinion de la vieille histoire na¬
turelle est chose fabuleuse. Car bien
que l’austruchedeuore le fer, si ne le
digere-elle pas : le lendemain, on le
trouuera parmy ses excremens tel
qu’elle l’a pris. le puis dire en vérité
auoir donné des clefs et clous de fer
à des austruches à aualler, que le
lendemain on les trouuoit auec leurs
excremens , sans estre en rien dimi¬
nués. Pour voir donc tousiours les pe¬
tits enfans aualler les noyaux de ce¬
rises et pépins de raisin, dirons-nous
qu’ils les digèrent et s’en nourrissent ?
Il dit que le Roy a refusé cent mil
escus de la corne de licorne qui est à
sainct Denys. Il est bien possible que
pour sa grandeur et magnificence il
en ait autant refusé : mais si croy-ie
‘ Cesle comparaison est bien foible. — A. P.
2 Autre comparaison moins vallable, — A. P.
que si le Roy l’auoit en telle estime,
qu’elle seroit mise en plus seure garde
que d’vn simple clerc , qui la fait
voirindifferemment à vn chacun pour
vn grand blanc. Que si elle auoit telle
vertu qu’on luy attribue , elle ne fust
pas entière , et croy qu’elle eust esté
limée et rappée , pour suruenir à la
nécessité des maladies de tant de Roys
qui ont tenu le sceptre de France.
Ces raisons ont induit André Marin,
au lieu sus allégué, à penser que telle
corne ne fust pas naturelle , ains ar¬
tificielle, fabriquée par la main de
quelque ingénieux maistre, qui par
certaine mixtion l'a contre-faite au¬
près du naturel. Ce qui est prouué
par Dioscoride, liure 4, chapitre 71,
fueiliet 52, qui dit que faisant cuire
la racine de Mandragore auec yuoire
l’espace de six heures, elle le mollifle
tellement qu’on en peut aisément
faire ce qu’on voudra. Pareillement
Cardan dit, que les dents des elephans
se peuuent amollir et estendre comme
les cornes de bœuf; et de telles pipe-
ries se trouuent à Metz et à Stras¬
bourg , et en plusieurs autres lieux.
Parquoy ie trouue bon ce que dit
l’aduersaire , que les Médecins de-
uroient admonester le Magistrat de l’a¬
bus qui seroit en la Licorne, et non pas
moy. l’eusse désiré qu’ils m’eussent
deliuré de ceste peine, et m’esmer-
ueille comment ils ont tant attendu,
le sçay toutesfois que monsieur Cap-
pel. Docteur Regenl en la faculté de
Medecine, tres-sçauant, et homme de
bien, auoit ja commencé en faire vn
discours, pour oster l’abus qui y es-
toit : mais voyant le mitmja imprimé,
il désista le sien, l’ay aussi entendu
souuent que monsieur l’Aftllé , Doc¬
teur en medecine (assez conneu pour
sa vertu et doctrine), autresfois auoit
maintenu en pleines escholes, que la
DE IA LICORNE.
Licorne n’auoit rien des propriétés
cachées qu’on luy attribue, seulement
qu’elle auoit vertu de desseicher au
premier degré, comme toute autre es¬
pece de corne. Plusieurs autres Méde¬
cins, voire la plus-part d’entr’eux, ont
mesme opinion, et ce que i’en sçay,
ie ne l’ay appris que d’eux principa¬
lement, et premièrement du docte
Duret.
Parquoy ceste mienne opinion , ac¬
cordante auec celle de tant de gens
de bien et de sçauoir, ne doit estre
tenue pour monstrueuse, puisqu’elle
n’est ny nouuelle, ny extraordinaire,
ny erronée : ny pour cela ne dois
point estre réputé et peint comme
monstre, ainsique gabbe l’aduersaire,
voulant tirer en risée la description
des Monstres que i’ay insérés en mes
OEuures. Monsieur Rondelet, premier
Médecin de nostre temps, n’a-il pas
fait por traire plusieurs Monstres? et
toutesfois personne n’a dit qu’il l’eust
fait pour amuser les petits enfans,
mais bien pour représenter à l’œil ce
que l’on ne pourroit si bien escrire
et comprendre sans le portrait. Ges-
nesrus et Delon ont fait le semblable,
et toutesfois personne ne leur a mis
cela à blasme. le croy que l’aduersaire
n’a pas voulu seulement taxer les fi¬
gures des Monstres, mais aussi toutes
les autres qui sont en mes Œuures,
en nombre de plus de trois cens
soixante et quiilze , pour lesquelles
efligier et tailler en planches, i'ay
desboursé libéralement du mien plus
de mille escus, et pense que ceux qui
s’en mocquent ne voudroient auoir
soulagé le public d’vn seul escu de
leur bourse. Comment que ce soit,
ces figures -là sont telles qu’elles
profitent beaucoup à plusieurs Chi¬
rurgiens , pour le maniement et
vsage de plusieurs instrumens ne-
519
cessâmes à la guarîson des maladies.
Qui me fait croire que telle moque¬
rie est partie de mesme animosité
que celle qui est à la fin du liure de
l’aduersaire , par laquelle il dit que
ie me suis fait traduire le liure fait
par lordanus de Peste l’appelle Dieu
à tesmoin si iamais i’y pensay, et ne
I’ay veu en latin ny en françois. Et
quand ie l’aurois fait, ie n’eusse oublié
à le nommer honorablement, comme
i’ay fait tous les autheurs desquels
i’ay peu apprendre à tirer quelque
profit, ainsi que i’ay desmontré eui-
demment par la table que i’ay dressée
de leurs noms au commencement de
mes œuures.
Voila ce que i’ay voulu répliquer
sur les raisons contraires. Ce que ie
prie mon aduersaire prendre en bonne
part, et estimer que ce que i’en fais
est plus pour maintenir la vérité que
pour le desdire. Car ie pense que de
sa part, ce qu’il en a fait n’a esté que
pour m’instruire et le public : et de
ma part ie m'en repute tres-heureux
d’apprendre de tout le monde, et de
vieillir tousiours en apprenant. Seu¬
lement ie le prie, s’il a enuie d’oppo¬
ser quelques contredits à ma répliqué,
qu’il quitte les animosités , et qu’il
traite plus doucement le bon vieillard,
il est bien séant aux ieunes gens ,
pour faire preuuede leur esprit, élo¬
quence et doctrine , de discourir des
points problématiques librement : et
aux gens de mon aage, de s’arrester
tellement à la vérité que l’on ne s’en
départe aucunement , pourueu :que
l’vn et l’autre se face sans pique,
riotte, blasme, et offense de son pro¬
chain.
1 J’ai dit dans mon Introduction que le
livre de Jordauus n’avait paru qu’après ce¬
lui de Paré.
LE YINGT-CINQA^IÉME LIVRE,
TRAITAWT
DE LA FACVLTÉ ET VERTV DES MEDICAMENS SIMPLES,
ENSEMBLE DE LA COMPOSITION ET VSAGE DTCEVX L
PREFACE.
Entre les causes que nous appelions
salubres, et autres remedes concer-
nans tant la santé de l’homme que la
guarison des maladies , les medica-
mens ont le premier lieu : lesquels,
comme dit Salomon , Dieu a produit
de la terre , et l’homme sage ne les
mesprisera K Car certainement il n’y '
a rien qui appaise et oste si tost, et
quasi comme auec miracles , grandes
maladies, que les medicamens. Pour-
autant disoit Herophilus qu’iceux,
deuëment appliqués , estoient les
mains des Dieux, comme auons dit
‘ J’ai peu de choses à dire de ce livre. Il
avait paru pour la première fois, en 1575,
en 46 chapitres ; il fut enrichi d’un chapitre
et de nombreuses additions et modifications
de détail en 1579, et à peine si Paré y re¬
toucha depuis. Il est probable qu’il l’avait
écrit à l’imitation de la Matière médicale de
Houllier, que Tagault avait jointe comme
complément à son Traité de chirurgie. Houl-
liery est en effet cité plusieurs fois ; mais Je
n’ai pas eu le courage de confronter les deux
livres assez exactement pour vérifier cette
conjecture. Cependant il y a quelques clia-
pitres dignes encore d’être consultés.
« Ecckÿia. 35. — A. P.
cy douant. Aussi les Médecins pre¬
miers ont esté réputés et tenus comme
diuins , à raison de la connoissance
des vertus et facultés des remedes et
medicamens ; laquelle en la Medecine
est inestimable et plus que neces¬
saire, tant en la précaution des ma¬
ladies qu’à la curation d’icelles ; et,
j comme dit Galien , il faut sçauoir les
[ facultés des medicamens, auant qu’en¬
treprendre la curation des maladies.
CHAPITRE I.
QVE c’est QVE MEDICAMENT, ET LA DIF¬
FERENCE ENTRE MEDICAMENT ET ALI¬
MENT.
Médicament est la chose qui peut
altérer Nature en vne qualité ou plu¬
sieurs, et n’est point conuertie en sa
substance ; au contraire d’aliment,
lequel n’altere point ou peu Nature,
et se conuertit en la substance de
nostre corps. Toutesfois médicament
et aliment sont pris et vsurpés par
comparaison du corps qui est médi¬
camenté ou alimenté , en sorte qu’vn
médicament peut estre aliment à vn.
DFS WEDICAMENS,
et médicament à l’autre ; comme par
exemple l’ellebore est aliment à la
caille , et médicament aux hommes :
aussi la ciguë est aliment à l'estour-
neau, et poison à l’oye : pareillement
l’herbe appellée fende, est aliment à
l’asne , et est venin à toutes autres
bestes cheualines. Et ne se faut es-
babir si ces choses sont alimens à tel¬
les bestes : car il faut estimer qu’elles
sont conuenables à leur nature. Ce
qui peut aussi aduenir aux hommes
par accoustumance et long vsage,
desquels est faite naturelle habitude.
Et de cecy les h stoires anciennes
en font foy, esquelles nous lisons
qu’aucuns ont esté nourris de ve¬
nins*, comme la fille qui futeuuoyée
à Alexandre-le-Grand, laquelle auoit
esté nourrie de napel et autres ve¬
nins, et par longue pratique en auoit
fait nature et habitude, de sorte que
son haleine estoit poison mortelle
aux hommes. Parquoy ne se faut
donner merueille si les medicamens
sont aucunesfois conucrtis en ali¬
mens ; ce qu’on voit aussi iournelle-
ment aux poulailles et porcs, lesquels
mangent serpens, crapaux, et autres
choses venimeuses sans dommage :
mesmes que la cicoigne et plusieurs
autres animaux s’en nourrissent, et
leurs petits.
CHAPITRE IL
DIVISION DES MEDICAMENS SELON LEVR
MATIERE ET SVBSTANCE.
Aux entrailles et veines de la terre,
et és abysmes des eaux , est cachée
1 L’édition de 1575 portait ici : comme est
escrii des psylles dedans Pline, lia. 7, de
l’Histoire naturelle , et Crinitus , en son pre-
et enseuelie la superbeté des riches¬
ses de ce monde, comme or, argent,
et autres minéraux , ensemble plu¬
sieurs pierres précieuses accompa¬
gnées de (liuerses propriétés singu¬
lières. Aussi la superficie de la terre
est reuestue d’vne infinité d’arbres,
herbes , et arbrisseaux , où il y a vne
considération infinie à contempler
leur grand nombre et variété en
leurs racines, fueilles , fleurs , fruits ,
gommes, odeurs, saueurs, et couleurs,
diuersité de leurs grandes vertus
qu’elles ont ; pareillement est produit
sur icelle innumerables animaux ,
diflerens la pluspart entre-eux. A
quoy la bonté de ce grand Architecte
se manifeste iufiniement de les auoir
donnés à l’homme, tant pour son con¬
tentement et plaisir, quepourle nour¬
rir et medicamenter. Et par ainsi à
bon droit les anciens ont dit tous les
medicamens estre pris des bestes, des
plantes , de la terre , de l’eau , et de
l’air.
Des bestes, totales et entières, par¬
ties et excremens d’icelles. Des bestes
totales : car aucunesfois on vse d’vn
regnard , d’vn petit chien , hérisson ,
grenoüille, limaçon, vers de terre,
cancre, et autres sortes de bestes. Des
parties des bestes que l’on prend,
comme foye de loup , foye de bouc ,
poulmon de regnard, l’os du cœur de
cerf, l’os coronal de l’homme, graisse,
sang, chair, moelle, testicules de cas¬
tor, dont se fait le castoreum , et au¬
tres parties. Des excremens d’icelles,
ou estans comme excremens, cornes,
ongles, poil, plumes, cuir, fiel, vrine,
fiente, saliue, miel, œufs, cire, laict,
laine, sueur, et autres semblables:
rnier Hure d’flonneste discipline , et pareille¬
ment de la ftlle qui [ut cnnoyee à yllexandre-
le-Grund, etc. Le texte actuel date de 1579.
LE VIINGT-CIJVQVI^ME LIVRE,
522
SOUS lequel geure aussi sont contenus
spécialement les excrcmens de cer¬
tains animaux, comme les perles, le
musc, la ciuette, l’oesypus, et l’am¬
bre, sperma ceti, et autres.
Des plantes, soient arbres, arbris¬
seaux, ou herbes entières, ou parties
d’icelles. Entières, comme souuent
l’on vse de cichorée , guimauues ,
maulues, plantain, et autres. Des
parties des plantes, comme racine,
moelle, bois, escorce. iettons, eau le,
fueilles fleurs, semence, fruit, suc,
ou jus, larme, gomme, mouce.
De la terre, lesquels sont ou sortes
et especes de terre , ou pierres , ou
métaux. Les sortes et especes de terre,
hblus armmus, terra sigillata, cimo-
lia , creta , argi la , etc. Les pierres
sont, pumex , pyrites, ou marchasita
auri^ argent), œris, etc, marmor,
magnes, gypsum^ calx viua, lapis spe-
cularis, etc. Les métaux et matières
métalliques, sont or, argent, estain,
plomb, airain , cuiure, fer, acier, an-
iimonium , cerussa , sulphur , cinna-
brium, lilhargyros auri , argenti , tu-
ihia vulgaris, pompholix vera^ œrugo^
alumen, vitreolum vtrunque, salis gé¬
néra, arsenicum vtrunque, etc.
De l’eau douce sont pris medica-
mens, comme de l’eau de pluye, fon¬
taine , fleuue , auec tout ce qui naist
en icelle, comme lenticula aquatica,
acorus vulgaris, nymphœa , sisym-
brium. De l’eau salée sont pris le sel ,
Valcyonium , omnia coralla, omnes
testœ piscium, vt ossa sepiœ, spongiœ.
De l’eau meslée de douce et salée sont
pris l’herbe androsaces qui , entachée
et enracinée sur quelque pierre ou
test et coquille de poisson , flotte sur
l’eau douce és lieux où elle se mesle
auec la salée, comme és emboucheu-
res du Nil, és estangs de Frontignan
et cap de Sele. De telle espece d’eau
aussi est pris VasphalUm, comme il se
voit és estangs de la mer Morte en
ludée, et en ceste fontaine de Lan¬
guedoc à Beau-regard , que les habi-
tans du lien nomment en leur vul¬
gaire, Fons de la Pege.
De l’air sont pris la manne, laquelle
pour ce respect est appellée par Ga¬
lien , miel aerien , et toute autre es¬
pece de rosée, qui peut estre en vsage
médicinal tant pour le respect des
vertus qu’ebe reçoit du soleil, duquel
elle est attirée, et de l’air, que des
herbes et plantes sur lesquelles elle
tombe et s’assied.
CHAPITRE III.
DIVISION DES MEDfCAMENS SIMPLES
SELON LEVES QVALITÉS ET EFFETS.
Tous cesdits medicamens simples
ont vne ou plusieurs des quatre fa¬
cultés , lesquelles nous déduirons à
présent ‘.
* L’édilion de 1575 contenait ici un assez
long passage supprimé en 1579 :
« Tous cesdits medicamens simples ont
quatre facultez qui peuuent operer et mons-
trer quelque elTect au corps humain bien
temperé. Car s’il y a intemperature au corps,
l’effect et le iugement d’iceluy seront nuis :
comme aux febricitans , à cause de leur in¬
temperature chaude et seiche , le iugement
du gousl est depraué : ainsi est-il aux yuron-
gnes à cause de l’humide intemperature. Ét
non seulement te iugement du goustse perd
par intemperature, mais aussi les sens de la
veuë, oüye, odorat ou flair , et du tact ou
touchement : comme appert en ceux quipis-
sansaubain sentent leur viine froide, iaçoit
qu’elle soit chaude, à cause de la plus grande
chaleur du bain, qui a dauantage eschaulïé
le corps. Les quatre facultez d’iceux sont,
première , seconde , troisième, quatrième.»
DES MEDICAMENS.
Première faculté.
La première faculté, qui est com¬
mune à toutes les autres, et quasi fon¬
dement, prouenant immédiatement
des quatre premières qualités desele-
mens, qui sont chaleur, froideur.
humidité , siccité , est ou simple , ou
composée , selon ce qu’vne ou deux
de ces quatre premières qualités ex¬
cédent et surpassent les autres en la
température du médicament: comme
tu peux voir par ceste table.
Composée de deux qualités
iointes, comme
D’eschauffer,
Refroidir,
Humecter,
Seicher.
Eschauffer seicher ,
Eschauffer humecter,
Refroidir seicher ,
Refroidir humecter.
y Sublilie,
) Raréfié ,
j Digéré,
f Su[)pure ,
yOuure les conduits.
I Desseiche ,
Enflamme,
Brusie, ,
Fait mordicatlon , '
dont s’ensuit:
/ Réfrigéra ,
I Condense ,
(Fait obstruction.
f Attraction ,
i Rubrification ,
( Consomption ,
I Eschare ,
l Mortification.
) ( Congele ,
/Immodérée et ex- Umpefle,
i trame (Mortifie.
/ Immodérée et ex-f Fait obstruction ,
( eassiuq I Flatuosité , principalement si l’humidité est flatueuse.
Fait constriction ,
Contraction ,
Fissures et furfurallons.
52 '| LK VINGT-CINQVl^MK LIVRE,
Les effets d’icelles qualités , comme
Galien escrit au 5. des Simples , sont
distingués et mis par ordre certain ,
que nous appelions degrés , à fin de
les appliquer aux maladies en certaine
mesure et proportion, comme Galien
dit au premier des alimens; car à ma¬
ladie chaude au second degré con-
uiennent remedes froids en pareil de¬
gré Et pourtant, tous medicamens
simples sont.
Chauds
Froids
Humides
Secs
commencement
milieu
à la fin
[ premier
' second
i troisième
\ quatrième
degrés.
La Chaleur \ ^premier
Froideur ( . ) second
Humidité 1 ““ j troisième
Siccité / (quatrième
i obscure et insensible ,
manifeste et apparente,
vehemente ,
tres-immoderée et excessiue.
Comme pour exemple de chaleur
distinguée par lesdits degrés : l’eau
tiede est temperée : celle qui est vn
petit peu plus chaude, est au premier
degré : si elle a desia chaleur appa¬
rente , au second ; si elle a chaleur
vehemente , au troisième degré : si
elle brusle , elle est chaude au qua¬
trième degré Ainsi peut-on entendre
de froideur, humidité, et siccité. Donc
nous déduirons les medicamens sim¬
ples selon leur degré de chaleur, froi¬
deur. humidité et siccité.
Medicamens simples chauds, au degré el ordre
Premier.
Absinthium r,
Allhœa ,
Amygdala dulcia ,
Bêla,
Brassica ,
Chamœmelum,
Ladanum,
Semen Uni ,
Saccharum ,
Eruum siue orobus,
Finurti nouum ; car le vieil, selon qu’il est de
plus ou moins d’années, est chaud au 3.
ou 3. degré.
1 Immédiatement après Absinihium , l'é¬
dition de lâ76 ajoutait : Aloe,
Second.
Ammoniacum,
Apium,
Ariemisia ,
Chamcepitys,
Crocus,
Fœnum grœcum.
Ficus ,
Mastiche ,
Marrubium ,
Mel,
Melissa
Dracunculus.
Myrrha ,
Nux moscala.
Pix arida , comme aussi Pix liquida, qui a
semblables facultés, sinon que ceste là est
plus propre pour les corps et parties plus
robustes : ceste-cy pour les délicates.
S cilla ,
Sal,
Saluia ,
Thus,
Anethum ,
SurcocoUa.
Troisième.
Abrotonum, prœsertim vsium,
Agnus,
Anisum,
Asarurn,
‘ L’édilion de 157{> portait après Melissa,
Dracunculus,
JDËS MEDtCAMEBfS.
Arisiolochia ,
Cfiamœdris,
Calaminlha,
Cinnamomum ,
J fis,
1 uni pénis ,
Hyssopus,
Origanum,
Sagapenurn,
Jiuta hortensis,
Opopanax,
Galbanum ,
Bnjonia ,
Amtni i.
Quatrième.
Alliiim,
Cepa *,
Euphorbium ,
Nasiurtion,
Pyrelhrum ,
Sinapi ,
Tithymali ,
Chelidonium minus,
Anacardi ,
Muta syluestris i comme toutes plantes sau¬
nages que Nature produit d’elle-mesme
surpassent en vigueur de mesmes qualités
et facultés, celles qui en mesme espece
viennent par art et main d’homme.
Medicamens simples froids, au degré et ordre
Premier.
Atriplex ,
Cotonea ,
Hordeurn ,
Maluai,
Pyra,
Pruna ,
Posa ,
Viola.
1 Ce troisième degré est celui qui a subi
le plus de retranchements en 1579; car, aux
espèces citées, l’édition de 1575 ajoutait:
Amomurn , Piper ,A'abina, Laurus, Chelido¬
nium maius.
* Apres Cepa, on lisait en 1575 : Costus.
»A ce mot succédaient en 1575 ces deux
autres : Milium, Myrtus.
520
Second.
Acacia ,
Cucurbita,
Cucumis ,
Mala granataacida ; car les grenades qu’on
appelle douces ou vineuses, sont tempé¬
rées : comme celles qu’on appelle Dulco-
acida, quasi comme meslées de doux et
acide, qu’on appelle aigre-doux, sont
froides au premier degré.
Plantago,
Polygonon ,
Sumach ,
Solanum hortense ; car celuy qu’on appelle
Somniferum i, pour ce qu’il rend les hom¬
mes insensés, stupides et endormis, est
presque aussi froid que te Papauer , de
sorte qu’on ne le peut prendre dans le
corps sans dommage, ains seulement doit
estre appliqué par dehors.
Troisième.
Hyoscyamus ,
Semperuiuiim ,
Mandragora ,
Solanum mortiferum*.
Quatrième.
Cicuta ,
Opium ,
Le pauot de quelque espece que ce soit:
excepté celuy qu’on appelle corniculatum 3.
Medicamens simples humides, au degré et ordre
Premier.
Buglossum ,
Viola,
Malua ,
Rapurn,
' Edition de 1575 : car celuy qu’on appelle
Maniacum. J’ajouterai que cette liste était
alors aussi accrue des noms : Galla, Plan¬
tago , Polygonon , tous effacés dès 1579.
» Jusqu’en 1585, ce troisième degré com¬
portait les quatre espèces suivantes : Hyos¬
cyamus, Portulaca, Semperuiuum, Mandra¬
gora.
3 L’édition de 1575 portait seulement t
Papauer rheas.
5a6
LE VIKGT-CINQVIÉME LIVRE ,
Second.
Ammoniacum ,
Lactuca ,
Cucurbita ,
Cucumis ,
Melones ,
Porüilaca
Medicamens simples secs, au degré et ordre \
Premier.
Brassica,
Thus ,
Chamœmelum ,
Sareocolla ,
Crocus,
Faba,
Fœnum grcecitm ,
Hordeum.
fécond.
Artemisia,
Balauslia,
Orobus,
Lens ,
Met,
Masliche ,
S al ,
Aneihum ,
Myrrha ,
Pix qrida ,
Plantago,
JYuX mosekat'a^.
Troisième.
Abrotonum vslum ,
Absinthium ,
Aceiitm ,
Aloes ,
Cuminum ,
Galla ,
Clielidonium maius,
1 En 1675, le premier degré de ces médi¬
caments avait une cinquième espèce, le
Saiyrium ; et le deuxieme degré contenait
aussi de plus qu’aujourd’hui : Pruna damas-
cena, Puae maiurœ.
2 Cette liste du second degré avait trois
noms de plus en 1575 : Galbunum, Opopa-
nax, Sagapenum.
Cliamœpiiys ,
Myrius ,
MarrubUm ,
Milium ,
Origanum ,
Bryonia,
Sanguis draconis ,
Sabina.
Quatrième.
Piper t.
Allium.
Naslurtium ,
Sinapi ,
Euphorbium.
Ces qualités susdites monstrent les
effets et operations tant ja dites , que
plusieurs autres (lesquelles ie délaissé
à la Physiologie) par soy-mesme et
de leur propre nature , laquelle ils re¬
tiennent tousiours en leur vray efifect :
toutesfois elles ont autres operations
qui ne sont pas de leur nature , ains
sont faites par aceident : par ainsi
nous les appelions accidentales. Ce
qui sera manifeste par les exemples
suiuans.
La chaleur externe rafraîchit les
parties intérieures par accident, pour-
ce qu’icelle ouure les pores , en sorte
qu’en suant , la chaleur issante auec
Thumeur délaissé , destitue et réfri¬
géré les parties internes ; et à cause
de ce la concoction est plus imbecille,
et l’appetit moindre. Icelle mesme
humecte par accident, en fondant et
liquéfiant ce qui auoil esté congelé et
arresté par le froid : car ainsi ou dit
que Venus humecte 2.
Le froid semhlablement , non de sa
propre nature , mais accidentale , es-
chauffe ; ce qu’on voit en hyuer par
1 Le poivre, piper, était rangé dans le
troisième degré en 1575.
2 Édition de 1576 : Ainsi dit llip. que Ve¬
nus eschauffe et humecte.
le froid extérieur, qui clost les pores,
et empesche l’expiration et issue de
la chaleur naturelle , laquelle rete¬
nue et repoussée au dedans, fait
bonne concoction ; qui est cause que
l’appetit est plus grand en hyuer
qu’en eslé. Semblablement ceux qui
manient la neige sentent puis après
vne chaleur tres-grande, pour la
mesme raison. Iceluy froid aussi sei¬
che par accident, en repoussant la
matière humide tombant en vne par¬
tie. 11 desseiche aussi par trop grande
congélation et compression de la ma¬
tière humide , ainsi que nous voyons
tous les iours S que par l’indeuë ap¬
plication de remedes repercussifs en
matière pituiteuse, crasse et vis¬
queuse, on endurcit l’humeur, et fait-
on vn scirrhe.
Siccité et humidité, à cause que
sont qualités plus passiues qu’acti-
ues , n’ont pas leurs operations si ma¬
nifestes et apparentes que le chaud et
froid, ainssont comme materielles au
regard d’icelles.
CPÎAPITRE IV.
Amollir ,
Laxer.
Condenser,
Repousser,
Fermer ,
Incraiser,
Exaspérer,
Emboucher et faire em-
plastique.
De Siccité t Endurcit,
i Tendre.
Ainsi nous appelions médicament
attractifs qui a vertu d’attirer : au
contraire repercussif, qui peut re¬
pousser. Aussi rarefactif, qui ouure
les pores : et au contraire condensa-
tif, qui les ferme. Pareillement âeter-
peant , ce qui est visqueux : et emplas-
tiqm, faisant plus solide ce qui est
trop fluxite. Et consequemment les
autres remollilifs-, laxatifs ^ tensifs ,
attenuanSs et autres, desquels parle¬
rons plus amplement cy après, en les
déclarant particulièrement auec au¬
cuns de la troisième faculté, de la¬
quelle faut dire à présent.
DES MEDICAMENS.
D’humidité
De Froideur
DE LA SECONDE PACVLTÉ DES
MEDICAMENS.
La seconde faculté des medicamen s
est celle qui ensuit les effets des qua¬
lités premières : et est
Rarefler,
AUirer ,
Ouurir ,
Atténuer ,
Adoucir ou polir,
Delet’ger.
t Edit, do 1&75 ! Ainsi que nous demonslre
Galian , qui dit, etc.
CHAPITRE V.
DE LA TROISIEME FACVLTÉ DES
MEDICAMENS.
La troisième faculté est pour la plus
part produite des effets des qualilés
premières et secondes ; aucunesfois
par complication de deux , aucunes¬
fois d’vne seule : souuentesfois aussi
elle no suit ny la première ny la se¬
conde faculté, mais elle a vne pro¬
priété et qualité indicible,, conneuë
par seule expérience, j
LE VlNGT-ClNQVlEME LIVRE
528
Les effets et operations dMcelle fa¬
culté sont, incarner, glutiner , cica¬
triser, seder douleurs, mouuoir et
prouoquer ou arrester vrines , laict ,
semence , menstrues , sueurs , vomis-
semens, et autres semblables opera¬
tions.
Par complication de deux facultés
prouiennent, incarner, par siccité et
delersion : agglutiner, cicatriser,
par siccité et astriction : prouoquer
sueurs, vrines, menstrues , semen¬
ce , le laict , par chaleur et tenuité.
Faut entendre au contraire , pour
icelles arrester.
D’vne seule qualité de la première
faculté prouient , seder douleur (que
l’on dit proprement , et selon la pre¬
mière espece dés anodyns : non de la
seconde , qui est par euacuation delà
matière dolorifique : ny de la troisiè¬
me, qui est par stupéfaction du senti¬
ment) sçauoir par chaleur immode- |
rée. Prouoquer le sommeil, par froi¬
deur simple ou froideur humide.
Prouoquer vomissement ne tient le
rang des effets dessusdits , ains est à
raison d’vne propriété occulte , la¬
quelle a esté mise et infuse de nature
à l’agaric , et autres raedicamens qui
peuuent inciter à vomir ; et pour ce
faire sont nés , comme tous les autres
medicamens purgatifs, desquels di¬
rons promptement en la quatrième
faculté.
CHAPITRE VI.
DE LA gVATlUÉME FACVCTli: DES
MEDICAMENS.
La quatrième faculté différé des
precedentes , à cause qu’elle ne dé¬
pend d’icelles , ny n’a aucune qualité
manifeste ny élémentaire pour faire
son action : mais par vne propriété
et vertu occulte, monstre son effet en
vne partie plusqu’en l’autre, ou purge
vn humeur plustost que l’antre : ce
qui se connoist seulement par expé¬
rience, comme ja est dit du médica¬
ment vomitif. Et pourtant les medica¬
mens de ceste quatrième faculté ont
les noms des parties que plus elles
aident entre les autres.
Céphaliques ou capitales, c'est à dire,
delà leste : tels sont betoine, mario-
laine, sauge, stœchas, rosmarin.
Pulmoniques , pour le regard des
poulmons : comme reglisse, amandes
douces, iris, tragacanth, enula cam-
pana, et autres.
Cordiaux, pour le cœur , comme
cinnaraome, escorce de citron , saffran ,
buglosse, corail , iuoire et autres.
Stomachiques , qui ont esgard au
ventricule etestomach, sont poyure,
gingembre, noix muscade, menthe,
anis, mastic et autres.
Hépatiques, qui aident lefoye.sont
absinthe, eupatoire ou agrimoine,
spica nardi, cichorium, santal, etc.
Spléniques, qui fout leur operation
à là ratte, sont thymus, flos genistai,
ceterach,epiihyn.us, cortex iamarisci,
cortex radicum capparis.
Ceux qui ont esgard aux reins, ou
les nephritiques, sont rad ces apij, as-
paragi^ fœniculi, brusci : semina qua¬
tuor frigida maiora : terebenlhina ,
planlago, saxifraga, etc.
Arthritiques,, quiregardent les ioin-
tures, sont ceux-cy , chamœpitys, herba
paralysie , enula campana, calamen-
thum, hermodactyli, etc.
Entre ceux-cy peuuent eslre ra-
comptés les medicamens purgatifs,
qui ne purgent pas les humeurs de
nostre corps par leur chaleur , froi¬
deur, siccité ou humidité : mais de
DES MEDICAMEKS.
tout leur tempérament , forme et
vertu spéciale ou occulte ‘ , iaçoit qu’ils
ayent este mis auec ceux de la troi¬
sième faculté : car ils besognent au
corps humain par propriété spécifique,
et soutient plus en vne partie qu’en
l’autre : comme pour exemple, l’aga¬
ric tire plus le phlegme des iointures
de la leste que des autres. La
rheubarbe est plus propre à purger
le foye et reins qu’autres parties.
Les hermodaltes tirent principa¬
lement des iointures : et ainsi des au¬
tres. La contemplation entière des
purgatifs îe délaissé à ceux qui du
tout s’exercent en icelle, pour tant
qu’elle n’appartient tant à la Chirur¬
gie.
Or des medicamens susdits aucuns
ont vne faculté simple, autres en ont
plusieurs, autres en ont deux contrai¬
res, comme sensiblement nous con-
noissons par les saueurs contraires
qui en goustant se manifestent: ainsi
qu’appert en la rheubarbe, laquelle
en la superficie se monstre amere et
chaude, et puis monstre à la fin vne
astriction de sa substance terrestre et
crasse. Et pour raison que par les
saueurs, les facultés et effets des me¬
dicamens sont certainement conneus,
estans simples et attiédis appliqués
sur la langue, à fin que le sens du
goust(iuge desdites saueurs) en puisse
iuger, nous dirons à présent des sa¬
ueurs.
* Cette phrase incidente : qui ne purgent
pas, etc. , a été ajoutée ici en 1586.
529
CPIAPITRE VJI.
DES SAVEVRS.
Saueur, selon Aristote et Théo¬
phraste, ainsi que Galien le recite au
premier liure des Simples, est vne
concoction d’humidité en siccilé, faite
par le bénéfice de chaleur, laquelle
est conneuë estant appliquée sur la
langue bien disposée, par le moyen
du nerf de ladite langue, et d’vné sa-
liue médiocre.
Les différences des saueurs sont
neuf.
Trois chaudes, qui sont acre, amere
et salée.
Trois froides, sçauoir 'est, [acide,
acerbe, austere.
Trois temperées, qui sont douce,
oleeuse, insipide ou fade.
Toutes lesquelles prouiennent de
concoction : laquelle est plus grande
aux saueurs que nous appelions chau¬
des : plus petite en celles que nous
disons froides : médiocre és tempe¬
rées. Parquoy Nature tient fort sou-
uent et plus communément tel ordre
en la concoction des saueurs , que
premièrement se monstre et appa-
roistla saueur acerbe, la chose estant
encores du tout crue : puis auec quel¬
que concoction est faite l’austere :
après ènsuiuant l’acide ‘ : puis l’acide
par concoction plus grande est faite
1 Le commencement de cette phrase était
fort différent en 1575 ; on lisait :
« Parquoy Nature tient tel ordre on la
concoction des saueurs. L’insipide est la pre¬
mière, à cause qu’elle n’a receu aucune
impression de chaleur : puis auec quelque
concoction est faite l’austere : apres l’acerbe
ensuyuant l’acide : puis l’acide par concoc¬
tion plus grande , etc. »
lll.
53o LE VINGT-CINQVIÉME LIVRE ,
douce OU oleeuse, laquelle auec cha¬
leur augmentée est tournée en salée,
et de salée faite amere : insques à
tant que par vne chaleur excessiue et
trop grande, finalement est faite l’a¬
cre, quittent entièrement la nature
du feu : à ceste cause c’est la fin des
saueurs, et mise au dernier degré de
concoction. De chacune saueur dirons
particulièrement , commençant aux
froides.
Saueurs froides,
L'acerhe est froide et terrestre,
moins aqueuse que l’acide , de crasse
substance. Elle refraischit , espaissit ,
condense, astreint, repousse, princi¬
palement en la superficie. Elle se con-
noist és escorces de grenade, noix de
galle, tan , et noix de cyprès.
L’acide est aqueuse, froide, subtile,
sans chaleur naturelle. Elle incise,
atténué , mord, purge , deliure ob¬
structions ; et se manifeste en toute
espece d’ozeille , vinaigre , cerises ,
espine-vinette , et autres.
L’auslere est prochaine quant au
tempérament et effets à l’acerbe : car
l’acerbe consiste en vne substance
terrestre et froide. Icelle receuant
mutation et auancement, est aug¬
mentée ou de la seule chaleur, ou de
chaleur et humidité , et icelle ou aé¬
rée, ou aquée : ou de la seule humi¬
dité. Si les fruits acerbes, qui tels sont
deuant leur maturité , sont augmen¬
tés de la seule chaleur, ils passent en
saueur douce, comme les chastai-
gnes. S’ils sont augmentés de la seule
humidité, et icelle crasse , d’acerbe
ils passent en la saueur austere : car
ces deux saueurs acerbe et austere
sont en pareil degré de frigidité ; seu¬
lement l’acerbe est plus terrestre,
l’austere est plus humide. Que si la
fiigklité est persistante, les fruits sont
augmentés en humidité, et icelle aé¬
rée et ténue , ils passeront en saueur
acide. Que] si ensemble ils sont aug¬
mentés de chaleur et humidité aquée,
ilspasseronten saueur douce ; ou bien
saueur] oleeuse, si auec la chaleur
l’humidité qui suruient est aérée. De-
quoy il a esté bon donner aduertisse-
ment , à fin d’entendre par quels
moyens les corps sauoureux , d’acer¬
bes qu’ils sont au commencement,
deuiennent enfin doux par les moyens
d’austérité , acidité et saueur oleeuse,
selon qu’ils sont augmentés de cha¬
leur et humidité simple ou compli¬
quée ; dont il est aisé à entendre que
la saueur austere desseiche moins
que l’acerbe, au reste restreint et
reserre , agglutine , refraichit. Elle
se monstre és cornoilles, neffles,
pommes , poires de bois , et autres
fruits cruds, et non encore meurs L
Saueurs temperées.
L’insipide ou fade , improprement
appellée saueur, est froide et aqueuse.
Elle espaissit, coagule, fait contrac¬
tion des pores et des orifices des vei¬
nes , restreint , esteint la chaleur, et
souuent rend le membre stupide. L’on
la connoist en vne chose qui n’a au¬
cune saueur notable qui se puisse
discerner, comme l’eau simple.
L’oleeuse chaude, humide aéreuse.
Elle humecte, lasche, emollit, lu¬
brifie : comme huile, beurre , axonge,
moëlle, et autres semblables.
La douce chaude, aéreuse , et tem¬
pérée. Elle laue, polit, cuit, digéré,
1 Édition :de 1575 ‘.Elle se monstre és
fleurs de grenades sauuages , dites balaustes,
escorces de grenades, noix de galles, alum ,
coquilles de glands et autres. La phrase
actuelle était alors attribuée à la saveur
acerbe.
DES MEDICA.MENS.
suppure , laxe, appaise les douleurs :
comme sucre, miel, manne, aman¬
des douces, laie t, et les autres.
Saueurs chaudes.
La salée chaude, astringente, moins
terrestre que l’amere , fait contrac¬
tion des porosités, restreint, preserue
les corps de putréfaction , desseiche
sans apparence de grande chaleur, di¬
géré , deterge, serre. Toutes especes
de sel , salpestre , sal-nitre , sel am¬
moniac *, sal gemme , sel commun ,
eau salée , et semblables qui retien¬
nent la saueur salée.
L’amere chaude, terrestre et des-
seichante 2, purge, deterge la sanie
des vlceres et les humeurs superflus
du corps, ouure les porosités et orifi¬
ces des veines , subtilie , incise les
grosses humeurs, prouoque mens¬
trues et hemorrhoïdes. Elle se mons¬
tre en aloé, fiel, absinthe, suye,
gentiane , centaure petit , fumeterre,
et autres semblables.
L’acre chaude et subtile, de nature
du feu , eschauffe , attire , seiche, de¬
terge, incise, atténué, digéré, purge,
prouoque les vrines et menstrues ,
sueurs : consume, liquéfié, fait ves-
cies et eschares , cautérisé et brusle.
Aulx, oignons, squilles, porreaux ,
poyure, moustarde,pyrethre, et sem¬
blables , représentent la saueur acre.
' Outre le iugement des saueurs , l’on
peut aussi connoistre les medicamens
par les autres sens naturels exté¬
rieurs , comme par l’attouchement, la
Veuë , Touye, et le flair : par lesquels
quelquesfois nous iugeons de leur
bonté ou malice en l’election , sou-
uenlesfois aussi de leurs qualités ac-
1 L’édition de 1576 ajoutait ici : sel alcaly.
* Édition de i575 : L’amere chaude et ter--
resifc , astringente.
53 1
tiues, combien que le iugement en
soit beaucoup incertain.
L’attouchement iuge des choses ru¬
des , ou polies et douces à la main :
dures ou molles , tendres et gluantes :
lubriques et glissantes, ou arides et
seiches : chaudes ou froides,’ humides
ou seiches , pesantes ou legeres.
La veuë iuge des couleurs par vne
splendeur estant és corps , pour la¬
quelle distinguer les yeux sont ordon¬
nés : de là nous estimons vn bon séné
qui tire sur le noir verdoyant, et
n’estimons le blapchastre. Toutes-
fois quant aux qualités premières des
medicamens , le iugement pris de la
couleur est fort fallacieux : car tous
medicamens blancs comme neige , ne
sont froids : ains aucuns chauds,
comme la chaux ; les autres froids.
Aussi medicamens rouges sont en
partie chauds , comme chalcanthum
calciné : autres froids, comme roses
rouges. Parquoy d’icelle nous ne fe¬
rons grand compte pour le iugement
des medicamens.
Le flair discerne l’odeur bon du
mauuais , et les qualités chaudes qui
se treuuent és euaporations des me¬
dicamens qui ont odeur : car en tant
qu’ils ont odeur, ils sont chauds, veu
que tout odeur est chaud.
L’oüye iuge des sons , moyennant
l’air extérieur. Icelle pour l’election
du médicament discerne les choses
pleines des vuides, comme les basions '
de casse, noix d’Inde, pierres d’ai¬
gles, et les autres.
Nous auons iusques à présent dé¬
claré en general les facultés des medi¬
camens, première, seconde, troisième,
quatrième , et la connoissance et iu¬
gement d’icelles : à prescrit faut dé¬
duire en particulier aucunes facultés
et vertus de la seconde et troisième
faculté , à raison que pour le respect
532 le VINGÏ-ClNQVIEiME LIVUE,
de telles facultés les medicamens ,
\iennent et sont en vsage iournalier
et ordinaire entre les Chirurgiens : j
commençant aux medicamens reper-
cussifs, ayant toutesfois, première¬
ment , et en brief , touché la façon de
les préparer.
Encore ne veux oublier à descrire
les choses odoriférantes que les Chi¬
rurgiens vsent en la composition des
medicamens , auparauant que parler
de la façon de les préparer : c’est à
sçauoir, musc, ambre gris , ciuette ,
lîgnxmaloës, assa odorata, galanga,
spica nardi , macis , styrax calamite ,
clou de girofle, muguette, souchet,
iris de Florence , camphre , fleurs de
lauande , de rosmarin, de camomille,
de melilot , thym , fleurs d’oranges ,
marjolaine, menthe, hyssope, et plu¬
sieurs autres C
1 Ce paragraphe ne date que de 1585.
Quant à la table qui suit , et qui constilue
Ile chapitre 8, elle a été ajoutée en 1579 ; tou¬
tefois il est bon de noter que ce chapitre 8 a
été omis dans la table des chapitres jusque
dans les dernières éditions.
CHAPITRE Vin.
DE LA FAÇON DE PnEPAnEn Lf.S MEDICAMENS.
Qui est les réduire en
poudre, en frappant 1^®'’’
oubroyant.cequel’on
fait dans vn mortier
auec pilons , qui sont
. oude Marbre,
[ Qui est séparer ce qui \ , ( me raison à cribler qu'à
1 est net et délié d’auec piler, et pource les clioses
J _ _ (Parchemin. J «iMoa
I ce qui est sale et gros-
' sier, ce que se fait auec
t cribles de
iILà chose que l'on pile, —
La force et maniéré qu'on
doit piler, — Leltemps et
espace, — La situation ,
— Ce qu'on y adiouste ,
— La consistence en la¬
quelle on doit laisser la
chose pilée.
f Ayant esgard qu'il y a mes-
•11 4.1 me raison’ à cribler qu'à
Parchemin, J . ygulent estre pilées
Soye de cheual , 1 ^ demandent estre
Taffetas et linge. ( pagg^gs aussi par vn crible
\ délié , et au contraire.
/ Qui n'est autre chose sinon des- / Seul •
J mesler et ramollir vn medica- 1
j ment qui estoit de consistence | auec
l dure et solide, ce qui se fait ou v liqueur
Surquoy on
peut compren- 1
dre la forme |
'^Foi
fQul n'est autre chose que consommer ^ Au soleil,
l'humidité, laquelle est nuisible, (
dommageable et superflue , ce qui se l
fait , ou y au feu ,
SQui est tremper les/ La liqueur, / Laict,
medicamens après! car autres \ vinaigre
qu'ils sont grossement 1 se infusent \ Huile,
pilés , considérant ) en ( Eau
(Vne heure ,
deux heures
N'est autre chose
que consommer'
l'humidité qui esti
en iceux, ce qui se j
fait ou
les /La liqueur, / Laict, \ Sur l'infusion on
•ésl car autres \ vinaigre j peut adiouster
ntl se infusent \ Huile, i la nutrition qui
) en (Eau f est augmenta-
\ /Vne heure, ) tion du medica
I . ) deux heures , l ment, l'abreu-
I iour, plus \uant petit à petit
‘ \ ou moins. ] en le remuant.
/ Les mettre plus facilement
I en poudre estant trop gluan-
Auec I tes ou humides,
mixtion, J . «« 1 Les rendre plus subtiles.
S 011 < ■Acquêt® quelque qualité
/ J ignée , diminuer leur force,
sans j laquelle estant acre s'adou-
mixtion, j j cit, comme escrit[Gal. li. 4.
' ' 1 des A’inip. cha, 9.
' Les déguiser en autre couleur.
espece de res.
1 purgation l
I et nettoie-!
t1 Augmenter leurs facultés qui
sont faibles, cuisant auec eux
ceux qui ont plus de faculté
et vertu,
Amoindrir leurs facultés,
Oster vne mauuaise qualité.
Faire que de plusieurs simples
cuits ensemble de diuerses
facultés, se produise vne
certaine vertu.
Donner telle consistence que
desirons garder, et les con-
seruer longuement.
. / Et pour les bien lauer , les\
ffiorroa faut mettre en poudre très- |
J**"'";) trer,et la changer tant de I
ment (lui J ■ ®eicncs,\ du médicament en 1
SC faitnour'\ / Lesquelles faut fondre , pins \odeur.
ostèr nnel i l tes ietcr en vn vaisseau plein /
que ?m- 7 / Beaines, \ d'eau, et les remuer: puis les (
mondiceés mol- Gomme J laisser reposcrius.pi'àceçiuel
choses ou Vies, 'i AxongiA tout le gras vienne au des- 1
' ' ( Huiles. I sus: et le réitérer iusques à ISaucur.
' f ce que l'eau ne retienne au- 1
534
LE VINGT-CINQVIÉME LIVRE
Poma mandragoræ , solanum , hyoscyamus
et succus papaueris.
CHAPITRE IX.
DES MEDICAMENS EEPERCVSSIFS OV
EEPOVSSANS.
Medîcamens repercussifs ou re-
poussans sont froids, et de grosses
parties. Sous ce nom de repercussifs,
nous entendons aussi les astringents
et roboratifs, pource qu’ils semblent
repousser, empeschant la fluxion des
humeurs tombans et coulans en quel¬
que partie. Or tels sont-ils ou de soy,
et de leur propre nature, ou par ac¬
cident , et sans qualités et effets pro¬
pres.
De ceux qui sont repercussifs de
leur propre nature , les vns sont
aqueux et humides sans aucune as-
triction, pourtant sont debiles : les
autres terrestres et astringens : des¬
quels les vns sont chauds , les autres
froids, qui sont forts, et proprement
appellés repercussifs : et d’iceux les
vns simples, les autres composés.
Medicamens repercussifs de leur
propre nature aqueux et humides,
repoussans seulement d’vne qualité
froide, sont :
Lacluca , portulaca, sonchus lenticula pa-
lustris, vmbilicus veneris, cucumis, me-
lones, cucurbita, semperuiuum vtrunque ;
aqua Communis.
On peut aussi adiouster à ceux cy,
1 L’édition de 1576 ajoutait: cichorium,
polygonum , trifolium , auricula mûris : puis
un peu plus loin : oxalis , albumen oui , et
enfin au lieu de agua communis, elle portait;
rosas et aquœ ex his dislillalœ. Tout cela avait
été effacé dès 1579, et Vaqua communis ne fut
ajoutée que dans laj première édition pos¬
thume de 1598.
Lesquels refrigerent grandement ,
et pourtant les faut bster auant que
les parties où ils ont esté appliqués
deuiennent liuides.
Les terrestres astringens froids,
proprement appellés repellens ou re¬
percussifs, sont :
Plantes.
Plantago, folia vitiura, capita rosarum,
quercus , cupressus , rubuS , oxyacantha ,
thus, caudaequina.
Fruits.
Fructus sorborum , cornorum, mespilorum,
cydoniorum , myrtillorurrt nuces cu-
pressi , nuces aliæ virides , gallæ , glan¬
des, sumach, omnes fructus immaturi.
Jus.
Omphaclum, acetum, vinum austerum,
succus granatorum acidorum, acacia,
succus berberis , succus cydoniorum , hy-
pocistis.
Escorces et fleurs.
Malicorium , cortex quercus , citrinl , ba-
laustia.
Farines.
Farina bordel , fabarum , panicl , aucnæ ,
milij , orobi , admlxta succis ad modum
puitis.
Métaux.
Bolus armenus , sanguis draconls], cerusa ,
lithargyros, terra slgillata , cimolia ,
creta, argilla, magnes, plumbum , co-
ralla, marcasitæ omnes, antimonlum,
spodium , pompholyx vera , omnis tcrrse
species :
‘ L’édition de 1575 ajoutait ici : spinorum.
DES MEDICAMENS.
635
Et autres tels medicamens repercus-
sifs simples.
Les composés sont :
Huiles.
Oleum rosaceum , omphacinum , myrtillo-
rura, papauerls, cydoniorum, nenupharis.
Onguens.
Ynguentum rosatum, album Rhasls, ca-
phuratum, emplastrum diachalciteos dis-
solutum in aceto et oleo rosato , desicca-
tiuum rubrum , populeum.
Emplastres.
Emplastrum nigrum siue triapharmacum
descriptione Galeni , emplastrum contra
rupturam , de cerusa , pro matrice.
Tous ces medicamens repercussifs
froids ont plus grande efficace, quand
ils ont quelque tenuité de substance
adiointe, soit par leur nature, soit
par mixtion : comme pour exemple ,
souuent on adiouste aux autres re¬
percussifs de crasse substance, vinai¬
gre, camphre, et autres de parties
subtiles, à fin de mieux penetrer et
seruir comme de chariot à porter la
substance terrestre et astringente ius-
ques au dedans.
Les repercussifs terrestres astrin-
gens chauds sont :
Herbes.
Absinthium , centauvium , gentiana , eu-
palorium , sabina , coriandrum , men-
Iha , lauri folia.
Con forions et aromatiques.
Graine de paradis i, cardamornum, cala-
mus aromaticus, aloës, spica, crocus, nux
moscata , cinnamomum , succinum , etc.
1 La graine de paradis n’a été ajoutée là
que dans l’édition posthume de lti98.
Métaux,
Sal, alumen , vitreolum , sulphur, etc.
Huiles.
Oleum absinthij, mastichinum, nardinum,
costinum , cerotum stomachicum Galenf,
sanlalinum, emplastrum diachalciteos.
Repercussifs par accident sont , li- -
gatures, compresses, astelles , cautè¬
res , saignéés , ventouses , frictions
doloreuses és parties opposites : et
autres semblables remedes que pro¬
prement on appelle reuulsifs.
L’vsage des repercussifs est pour
repousser l’humeur coulant d’vne
partie à l’autre , et appaiser l’intem-
perature chaude : car souuent par le
flux des humeurs est engendré dou¬
leur, fiéure, aposteme, vlcere malin,
gangrené, mortification, et autres ae-
cidens.
Tels medicamens repercussifs faut
premièrement appliquer à la maladie,
considérant la température et com-
plexion du corps, et nature de la par¬
tie affectée. Car toutes parties ne
peuuent pas soustenir et endurer
mesmes repercussifs, comme ner-
ueuses, spermatiques, et autres telles
parties froides. loint qu’à d’aucu¬
nes en tout, il ne faut vser des re¬
percussifs : comme aux emonctoires
du foye , du cœur, et du cerueau : à
fin de ne renuoyer la fluxion en vne
partie principale et première. Aussi
1 tous corps ne peuuent pas endurer
mesmes repellens : car femmes , en-
fans , chastrés , et au très telles gens
délicats, ou aagés, ne souffriront me¬
dicamens si fort froids, que feront les
corps robustes, chauds et forts. Des
maladies aussi aucunes demandent
repercussifs, autres non. Car caco¬
chymie et plénitude ne requièrent
tels medicamens, que l’euacuation
536 VINGT' CIN(
vniuerselle n’ayo précédé. Pareille¬
ment matière veneneuse, crasse, acre
et en multitude, ne demande reper-
cussifs , comme bien le déclaré mon¬
sieur maistre lacques Hollier, Docteur
en Medecine , en son liure de la ma¬
tière de Chirurgie : ny pareillement
la matière qui est accompagnée de
grande et intolérable douleur : non
plus que celle qui flue par vne excré¬
tion critique : car en tels cas, au con¬
traire, il faut vser de medicamens
attractifs et parégoriques.
Or les maladies qui demandent re-
percussifs, quelquesfoissont grandes:
parquoy en icelles ne ferez rien de
petits remedes , comme de laictue en
grande inflammation : autres sont
petites ou médiocres , donc ne faut
vser de forts repercussifs ; car s’ils
sont trop forts, le cuir est reserré,
l’humeur congele , la fluxion et in¬
flammation accroist, de sorte que bien
souuent la matière s’endurcit en
scirrbe, comme nous dirons cy après
selon Galien.
CHAPITRE X.
DES MEDICAMENS ATTRACTIFS.
Médicament attractif ou attirant,
contraire au repoussant ou reper-
cussif, que les Grecs appellent helcti-
que, est de chaude et ténue substance ;
par laquelle il attire au dehors et à
la circonférence ce qui est au dedans
du corps bien profond et auant : et
ce, ou par vne qualité manifeste , ou
par vn don et propriété de nature, ou
d’vne qualité accidentale et acrimo
nie. Medicamens attractifs de leur
propre nature et qualité manifeste
sont simples ou composés.
VIÉME LIVRE,
Les simples sont :
Racines,
Bryonva, allium, cepa, porrum, aristolo-
chia, hermodactyli , cyclamen, lilium,
sigillum beatæ Mariæ, arum, asarum,
asphodelus , gentiana , pyrelhrum.
Herbes.
Ruta, sabina , calamenthum, omiies tithy>
malorum species, viscum, abrotonum,
anagallis , vtrica , ranunculus , strulhio ,
et autres telles plantes acres.
Gommes.
Ammoniacum, bdellium, galbanum, opo-
panax, sagapenum, euphorbium, asphal-
tum , etc.
Métaux.
Calx viua , cinis è fæce vini vel acetî , sul-
pbur, sa! ammoniacum, et omnes salis
species , auripigmentum.
Huiles et graisses.
Oleum vêtus et multorum an'norum , adeps
leonis, vrsi, canis, anseris , viperæ , ra-
narum‘ : axungia porci vetustate acris,
aut atlritu rolarum.
Les composés sont :
Huiles.
Oleum de spica, philosopborum , de tere-
benthina, de croco, de scorpionlbus, ru-
taceum, vulpinum, laurinum, anethl-
nüm, de vilriolo.
Onguens,
Vnguentum Agrippæ, aragon seu'auxiliare,
marliatum, cnulatum, tberiaca, mithrl*
datium.
‘ J’ai rétabli ici d’après toutes les éditions
du vivant de l’autour ce mot, ranarum , qui
manque dans toutes les éditions posthumes.
DES MEDICAMEKS.
Emplaslres,
Emplaslrutn de mcliloto, diachylon ma¬
gnum clparuum, oxycroceum, diuinum.
Ceux qui attirent d’vn don de na¬
ture et familiarité de substance, sont ;
Magnes, argentum viuum, pæonia, suc-
cinum, omnia alexipharmaca, c’est-à-dire
qui répugnent aune venins ; et theriaca
médicamenta , c'est-à-dire qui contrarient
aux morsures des lestes ; et omnia pur-
gantia médicamenta.
Ceux qui attirent par qualité acci-
dentale, attirent ou par putréfaction,
ou autrement.
Par putréfaction attirent :
Stercus columbinum , caprinum, vaccinum,
humanum, et omnes aliæ stercorum spe-
cies, fermentum, caseus vêtus, etc.
Ceux qui attirent par autres qua¬
lités, sont :
Cucurbitulæ, sanguisugæ, syringa, frictio
asperior et durior, suctus , dolor, vincula
astrictoria, cauleria.
Ces medicamens attractifs ne doi-
uent ny brusler, ny résoudre. Les
trop acres faut attremper d’huile ro-
sat , ou par medicamens doux. Les
debiles faut renforcer d’huile laurin ,
chaux-viue, et autres plus forts.
Cesdits attractifs seruent à tirer le
venin à la peau ; ou s’il y a quelque
chose pestiférée et vitieuse au milieu
du corps, ils la tirent ailleurs. Ils ai¬
dent à maturer les abscés critiques.
Ils rendent la vie aux parties tabides
et emaciées, et reschauffent celles
qui sont trop réfrigérées. Ilsespuisent
la sanie vitieuse des maunais vlceres,
et playes des nerfs. Ils esleuent et ti¬
rent dehors les esquilles d’os, doux,
espines , sagettes. Ils euacuent les
537
restes des phlegmons endurcis. Ils
suruiennent aux morsures, tant des
bestes que des hommes.
CHAPITRE XI.
DES MEDICAMENS EESOLVTIFS.
Médicament résolutif est celuy qui,
par sa chaleur et tenuité de sub¬
stance, ouure les pores, atténué, dis¬
sipe, et fait euaporer et exhaler par
insensible transpiration 1er humeurs
et autres matières inutiles et super¬
flues és parties où elles sont arrestées.
D’iceluy y a deux especes : car l’vn
est rarefactif, l’autre résolutif, que
les Grecs appellent diaphoretique.
Le rarefactif par chaleur médiocre,
peu de siccité et subtile substance,
ouure et amollit la peau, et donne
sortie à ce qui estoit retenu : pourtant
peut estre dit anodyn , car il excede
bien peu le temperé. Le diaphoreti¬
que , par chaleur plus grande que le
rarefactif , dissipe insensiblement ce
qui est arresté et impacte en vne
partie : et aucunesfois a plus grande
chaleur que l’attractif, selon les corps
où il doit estre appliqué : car aucu¬
nesfois l’attractif, appliqué à vn corps
dur, pourra estre résolutif, où s’il
estoit appliqué à vn autre, il altire-
roit du dedans au dehors. Les rare-
factifs que nous pouuons appeller
résolutifs , debiles , sont simples ou
composés.
Les simples sont :
Merles.
Bismalua cum toto, parietarla, adianlhum,
mercurialis, ebulus, valeriana, rosmari-
nu8, «aluia, tbymus.
538
LE VINGT-CINQVIEME LIVRE,
Fleurs.
Camomilla , meUlotum , anethum.
Semences et farines d’icelles.
Farina hordei , tritici , seminis Uni , fœnu-
græci, nigellæ, furfur.
Graisses.
Adeps gallinæ, anseris, anatis, cuniculi,
vitulinus.
Métaux.
Metallica fere omnia, nisi acria sint.
Les composés sont :
Huiles,
Oleum camomillæ , anethinum , liliorum ,
catcllorum, lumbricorum, Keiri, de vi-
lellis ouorum, tritici, amygdalarutndul-
cium,
Onguens et emplaslres.
Vnguentum de althæa , cmplastrum diachy-
lum , ireatum.
Les diaphoretiques ou digestifs ,
semblablement sont simples ou com¬
posés.
Les simples sont :
Racines.
Aristolochia, enula campana, iris, cepa,
scilla, sigillum Salomonis, sigillum beatæ
Mariæ, bryonia , panis porcinus, dracun-
culus , acorus , asphodelus.
Herbes.
Origanum, mentha, pulegium, sabina,
serpyllum, calamenthum , hyssopus, vr-
tica , artemisia , lauendula , chamæpy lis <.
Semences.
Anisum, fœniculum, cuminum, piper, nux
> L’édition de 1575 ajoutait à cette liste:
brassica , effacé dès 1579.
moschata, coriandrum, baccæ laurl et lu-
niperi.
Farines.
Farina fabarum , lupinorum , orobl , railij ,
frumenti , furfur, mica panis.
lus.
Acetum tepidum , oxycratum , vinum vêtus,
aromaticum , mel , aqua vitæ , muria.
Graisses.
Adeps tauri, equi, leonis, canis, hirci,
butyrum , et alij adipes.
Moelles.
Medulla cerui, cruris bouis , arielis, etc.
Gommes.
Ammoniacum, galbanum, opopanax, sa-
gapenum, myrrha, bdellium, thus, te-
rebenthiiia , pix nigra , ladanum, styrax,
calamité , benioinum , etc.
Fientes.
Stercus caprinum, columbinum, caninum,
bubulum, et aliæ stercorum species.
Les résolutifs composés sont :
Huiles,
Oleum amygdalarum amararum , iuniperi-
num, laurinum, de scorpionibus, irinum,
costinum, nardinum, de terebenthina ,
de croco, cannabinum, raphaninuin, è
cucumere agresti , vulpinum , ruticeum ,
philosophorum, dclateribus, de euphor-
bio , de tartaro , de petroleo , de Rcrua
siue racininum*.
Onguens.
Vnguentum Agrippæ, martialum , aragon,
enulatum.
‘ L’édition de 1575 ajoutait ici : oxymel
simplex.
DES MEDICAMENS.
Emplastres,
Emplastrum deVi go sine additione et cum ad-
ditione, oxycroceum, diachalciteos, disso-
iutum In oleo digerente ad formam cerati.
Les rarefactifs conuiennent à l’ac¬
croissement et vigueur d’vue tumeur
superficielle , en lieu mol , et matière
cliaude et humide ; aussi en vne ma^
tiere venteuse.
Les diaphoretiques doiueut estre
appliqués à l’accroissement des tu¬
meurs, en y adioustant quelque as¬
tringent, de peur que par trop digé¬
rer ils n’attirent et augmentent la
fluxion. A la déclination desdites tu¬
meurs , les faut appliquer sans mix¬
tion aucune en vn corps qui a la peau
dure, et quand l’humeur est froid et
crasse, caché au profond du corps,
où à peine lès medicamens peuuent
imprimer leurs vertus et effets. Tou-
tesfois il faut auoir esgard aux par¬
ties où l’on applique résolutifs. Car
au foye, à la ratte, ventricule , et au¬
tres telles parties, ne faut appliquer
résolutifs et relaxatifs, sans y adious-
ter quelque astringent, comme choses
aromatiques : en partie stupide et
peu sensible, faut mettre diapho¬
retiques plus forts : és autres plus
sensibles , comme à l’œil et parties
nerueuses , plus doux. Aussi en ma¬
tière froide et crasse, faut vser pre¬
mièrement de remedes incisifs, at-
tenuans, après des emolliens , pour
petit à petit venir aux diaphoreli-
ques : car autrement le plus subtil se
resoudroit, et ce qui est cras et espais
s’endurciroit. D’auantage, quand la
partie est tellement oppressée de flu¬
xion qu’il y a danger de gangrené et
mortification , il faut délaisser les ré¬
solutifs, et venir à scarification :
comme doctement l’escrit monsieur
maistre lacques Hollier, Docteur en
639
Medecine , en son liure de la matière
de Chirurgie^ lequel il nous a laissé
au grand auancement et illustration
dudit art.
CHAPITRE XII.
DÈS SVPPVRATIFS.
Médicament suppuratif est celuy
qui par sa consistence emplastique
fermant les pores, etempeschant la
transpiration, augmente la chaleur
naturelle en substance ou quantité, et
non en qualité : en raison de quoy
ladite chaleur fortifiée conuertit et
transmue le sang, et autres matières
superflues , en boue et sanie. Il est de
nature chaude et humide , semblable
et proportionnée à la température et
chaleur naturelle de la partie où il
est appliqué : de consistence emplas¬
tique, à fin de retenir la chaleur na¬
turelle , de peur qu’elle ne s’exhale
ou dissipe. Et par ceste consistence
emplastique, il est different des medi-
cameiis emolliens où malactiques ,
desquels cy après nous parlerons : car
s’ils estoient emplastiques , ils pour-
roient suppurer. Or il y a deux sortes
de suppuratifs : les vns sont suppura¬
tifs de leur propre nature, les autres
par accident. Ceux qui suppurent de
leur propre nature , sont simples ou
composés.
Les simples sont :
Racines.
Radix iniorum , allium , cepa , bismalua ,
buglossum, maluæ oranes.
Herbes.
Blsmaluœ, maluæ folia et semlna. branca
vrsina.seneclo.violœ.buglossum, pa-
rietaria , crocus, caules.
LE VINGT-CfNQVIÉME LIVRE
Ô40
Fruits.
Ficus et passulæ mundalæ , carumque de-
coctum.
Farines,
farina tritici, farina volatilis, farina hor-
dei excorlicati, lolij, seminis Uni et
fœtiugræci.
Gommes,
Galbanum, ammoniacum , styrax pînguis,
ladanum, viscum aucupatorium , IhuSi
pix , cera , résina , colla.
Graisses,
Adeps suillus , vitulinus , raccinus , capri-
nus , butyrum , \itellus oui , œsypus hu-
niida.
Fientes,
Stercus suillum , columbinum , caprinum ,
pueri.
Les composés sont :
Huiles,
Oleum liliorum, lumbricorum, de croco, etc.
Onguens.
Vnguentum basllicon.
Emplastres.
Emplastrum diachylon commune, magnum,
et de raucilaginibus.
Les suppuratifs par accident, sont
tous ceux qui ont vne consistenceem-
plastique , comme bien souuent l’on
voit que les medicamens repercus-
sifs, à raison de leur substance crasse,
suppurent : tel est vnguentum de bolo,
nutritum , et autres. Aussi ceux, qui
par leur réfrigération ferment les po¬
res , comme l’ozeille , laquelle estant
appliquée est fort suppuratiue : car
retenant la chaleur naturelle au de¬
dans , et aidant icelle à inciser les
humeurs , fait promptement suppura¬
tion. Bref tous medicamens chauds
ayans quelque humidité, s’ils sont
meslés auec des emplastiques , ils
suppurent : moyennant qu’ils ne
soient trop résolutifs etdetersifs.
Nous vsons des suppuratifs aux
grands phlegmons , lesquels n’auons
peu empescher par repercussifs ny
résoudre , aussi aux grandes contu¬
sions et playes contuses.
CHAPITRE XIH.
DES MEDICAMENS EMOLUEN.S OV
REMOLUTIFS.
Médicament remollitif, est celuy
qui par sa chaleur plus grande que
celle des suppuratifs, au reste sans
aucune humidité ou siccité manifeste
et apparente , amollit les corps en¬
durcis. Parquoy différé du suppura
tif : par ce que le suppuratif peut es-
tre chaud du premier au second
degré , ou plus, selon la température
du corps où il est appliqué , agissant
plus par abondance de chaleur mo¬
dérée que par qualité et acrimonie
d’icelle. L’emollient au contraire es¬
tant plus robuste en chaleur, agit
plus par qualité d’icelle ; temperé au
reste en humidité et siccité , iaçoit
que nous auons aucuns remollitifs
chauds au premier degré , et secs au
second et troisième.
Les medicamens emolliens sont
simples ou composés, debiies ou forts.
Les debiies sont :
Racines.
Radix liliorum alborum , cucumcris agres-
tis, althœa.
Herbes , semences et fruits.
Folia maluæ, bisrnaluœ , liliorum, anelhi
summilates , viola, branca vrsiiia , semen
DES MEDICAMENTS.
maluæ , bismaluæ , Uni , fœnugræci , ca-
ricæ pingues , passulæ mundalæ.
Parties des lestes,
Pedum , capitum, intestinorum veruecino-
rum decoclum.
Graisses des lestes , oiseaux et poissons.
Adeps ex iunloribus et caslratis, domesticis
fœminis animalibus. Adeps suillus, vitu-
linus, hœdinus, caprinus, bubulus , vul-
pinus, gallinaceiis, anseriiius, analinus,
olorinus, efficaces.
Ex anguillis etpiscibus fluuiatilibus, débités.
Ad omnia mediocris bumanus, butyrum,
lana succida, cera pinguis, vilellus oui.
Moelles.
Medulla ex ossibus, ceruina, ouilla, caprina.
Les composés sônt :
Oleum simplex in quo coctæ fuerint herbæ
emollientes , liliorum , chamæmelinum ,
amygdalarum dulcium.
Les forts emolliens :
Acetum, adeps taurinus, vrsinus, ceruinus,,
leonlnus, pardalinus, apii, equi seuum L
Résinés et gommes,
Pinea , picea , abiellna , terebinthina.
Ammoniacum , bdellium , styrax , galba-
num, ladanum, propolis, opopanax,
vnguentum de althæa.
Ernplastres.
Eraplastrum dlachylon commune et ma- |
gnum , do mucilaginibus , ceroneum ,
oxycroceum , lohannis de Vlgo.
Nous vsons des medicamens remol-
litifs aux tumeurs scirrheuses , qui se
font souuent és fins des muscles, quel-
quesfois au milieu des muscles , sou-
uentesfois es glandes , és yisceres , és
< L’édition de 1575 ajoutait à celte énu¬
mération gruisi ce mot a été rayé eh 1579.
541
léiires ou bords des vlceres, d’vne
matière crasse , froide et visqueuse :
comme sont la pituite et le suc me-
lancholique. Mais les tumeurs faites
de cest humeur sont tousiours clian-
ses , et pour ceste cause sont ren¬
dues plus malignes par l’vsage des
emolliens : au contraire , celles qui
sont faites de pituite demandent seu¬
lement emolliens. Toulesfois en l’v-
sage desdits emolliens , faut auoir
esgard à trois choses : la première est,
qu’il faut connoistre combien le vice
est grand , à fin d’appliquer remede
suffisant : secondement , faut distin¬
guer les natures des parties : tierce-
ment, faut colliger artificieusement
comme il faudra amollir : s’il faudra
point adiouster quelque médicament
qui deterge et incise auec les emol¬
liens : car aucuns scirrhes sont incu¬
rables, comme celuy qui n’a point de
sentiment, et qui a causé desia déper¬
dition de poil en la partie où il est.
Il faut icy noter, que si la partie
est grandement intemperée d’intem-
perature froide , et que la chaleur
naturelle fust languide, qui feroit
qu’elle ne pourroit réduire les reme-
des de puissance en effet : pour aug¬
menter icelle chaleur, on posera prés
vne estuue de fer, en laquelle sera
mis vn carreau de fer ardent , puis
sera close ; et par ce moyen la cha¬
leur sera gardée longuement L
A. Monstre le corps de l’esluue.
B. Le carreau de fer.
C. Le couuercle.
»Ce dernier paragraphe, avec la figure
qui le suit, est une addition de 1579 : mais
déjà la planche existait dans les Dix Hures
de Chirurgie de 1564 , fol. 229, verso ; et c’est
là que j’ai trouvé l’orthographe esiiiiie , tan¬
dis que toutes les grandes éditions portent
en cet endroit estuffe.
542
LE VINGT-CINQVIEME LIVRE,
CHAPITRE XIV.
DES DETEHSIFS OV MONDIFICATIFS.
Médicament detersif^ ou mondifi-
catif, est celuy qui, par vne tenuité de
substance accompagnée de siccité,
nettoye et purge vn vlcere de deux
sortes d’excremens : desquels l’vn est
gros et espais , appellé Sordes , vul¬
gairement dit boue , qui est tiré du
profond des vlceres au dehors parles
qualités dudit mondificatif : l’autre
est subtil et aqueux , appellé des Grecs
Ichor , lequel est desseiché par la sic-
cité du mondificatif. Et pourtant dit
Hippocrates que tout vlcere doit estre
mondifié 2.
Des medicamens mondificatifs , les
vus sont simples , les autres compo¬
sés ; les vns forts, les autres débités.
Les simples sont ou amers , ou doux,
ou acides.
i L’édition de 1575 disait: Médicament pur¬
gatif, detersif, etc.
* Au lîure des vlceres. — A. P.
Ceux qui ont saueur amere sont :
Racines.
Gentiana, aristolochia, iris, enula campana,
scilla, serpentaria.
Herbes.
Centauriura minus, absinthium, marru-
bium, perforata, abrotonum, apium ,
chelidonium, ruta, hyssopus, scabiosa,
artemisia , eupatorium, aloës.
Semences.
Fumns terræ , hedera terrcstris, et iixiuium
factum ex cineribus horum, lupini , oro¬
bus , amygdala amara , faba.
Gommes.
Terebinthina, myrrha, masliche, sagape-
num, gaibanum, ammoniacum.
Excremens des testes.
Felia animalium, stercus caprinum, vrina
bene coda.
Métaux.
Squamma- ærfs, æs vstum, ærugo, scoria
æris, antimonium, calx, chalcitis, misy,
sory, alumen.
Les doux sont :
Viola , rosa , melilotum , ficus pingues, dac-
tyli , vuæ passæ , liquiritia , aqua hordei,
aqua mulsa , vinum dulce , mel, saccha-
rum , sérum iactis, manna , thus , etc.
Les acides sont :
Omnes acetosæ species, capreoli \itium,
acetum , et cætera acida.
Les composés sont :
Syrupus de absinthio , de fiimaria , de mar-
rubio, de eupatorio, artemisia, acetosus,
iixiuium.
Oleum de vitellis ouorum, oleum tcrebin-
thinœ , oleum do tartaro.
Vnguentum mundificatiuum deapio, apo-
stolprum, puluis mwcurialis, etc.
DES MEDICAMENS.
Nous vsons des medicamens mon-
dicatifs, pour en purgeant les vlceres
caues, donner moyen à nature d’en¬
gendrer chair , et les remplir : mais
en l’vsage d’iceux , faut auoir pre¬
mièrement esgard à tout le corps, car
il est sain , ou pléthorique , ou caco¬
chyme : secondement, de la partie,
laquelleesthumideou seiche, plus ou
moins, selon sa température et son
lieu de sentiment aigu ou hébété :
d’auantage aucunesfois elle reçoit
quelque vice estrange, comme cal-
lus , fluxion chaude , douleur , quel¬
que mauuais suc ou pourriture , ou
quelque autre mauuaise qualité. Fi-
nablement faut considérer si Fvlcere
est recent et puisn’agueres fait, ou in-
ueteré et vieil. Car selon la diuersité
de telles considérations , faut diuer-
sifier les remedes, tant en qualité
qu’en quantité augmentée ou dimi¬
nuée : car le doux et médiocre est
quelquesfois changé en acre et plus
desseichant. Aussi à vn vlcere trop
sec et douloureux , conuiennent me-
dicamecs liquides : àvn trop humide ,
faut appliquer poudresetmedicamens
de consistence seiche : et faut ainsi
changer les remedes debiles ou forts,
secs ou humides, durs ou mois , se¬
lon la disposition des vlceres.
CHAPITRE XV.
DES MEDICAMENS SABCOTIQVES.
Médicament sarcotique, c’est à dire
regeneratif de chair , est celuy qui par
vne siccité aide Nature à r’engendrer
chair en vlcere caue , ja bien net et
mondifié , ce qui est fait d’vn sang
médiocre en quantité, et non péchant
en qualité : car pour parler propre¬
543
ment et à la vérité, nous n’auons
point de medicamens qui puissent
proprement estre appellés sarcoti-
ques : mais ceux qu’on nomme de ce
nom sont sarcotiques par accident ,
à cause que sans érosion desseichent
et mondiflent les excremens qui em-
peschent l’œuure de nature. Car du
nourrissement propre pour la géné¬
ration de la chair, prouiennent deux
excremens : l’vn est subtil, appellédes
Grecs JcAor, et des LatinsÀames : l’au¬
tre est gros et espais, appellé des Grecs
Rypos , et des Latins Sordes. Or du
premier , la playe est rendue humi¬
de : et de l’autre qui est gros et es¬
pais, sordide. Parquoy toute playe
qui requiert quelque repletion, desire
médicament ayant double qualité ou
vertu : car d’autant que la playe est
humide , demande desiccation : et
d’autant qu’elle est sordide, demande
abstersion. Aussi d’autant que la playe
est plus profonde, desire lesdits me-
camens de substance plus liquide , à
fin que lesdits medicamens touchent
au fond de la playe.
Et seront diuersifiés selon la tem¬
pérature de la partie : car si la partie
est humide, ils seront moins desicca-
tifs : au contraire si elle est seiche ,
ils seront plus desiccalifs. D’auantage
ils seront diuersifiés selon la diuersité
des complications et dispositions des
maladies qui accompagneront la
playe. Et pourtant Nature en la ré¬
génération de chair, est comme seule
ouuriere et cause efficiente : le sang
dont la chair est faite, est la cause
materielle : le médicament tient lieu
de cause adiuuante et coëfficiente :
car le médicament par vne detersion
et desiccation médiocre , sans chaleur
grande, en estant tous empesche-
mens à Nature, préparé la matière
pour estre promptement tournée en
5M le VJNGT-CINQVIEME LIVIIE ,
sang. Tel médicament, comme dit
Galien au 5. des Simples, doit estre
sec au premier degré seulement, à fin
qu’il ne consomme le sang et nourri¬
ture de la partie vlcerée : ce qu'il
faut entendre en vn corps mol et
temperé. Car si l’vlcere estoit trop
humide, ouïe corps trop dur, il ne
faut pas seulement vn médicament
sec au premier degré, mais iusques
au second et troisième. Parquoy tels
medicamens fort desiccatifs sont pre¬
mièrement appelles mondificatifs, se¬
condement sarcotiques.
Médicament sarcotique est simple
ou composé : bening et doux , ou fort
et acre.
Les simples sont :
Aristolochia vtraqne, iris, acorus , dracun-
culus, asarum , symphytum maius, omnia
symphyti généra, betonica, sanicula,
millefolium , lingua canis, verbena, sca-
biosa, pimpinclla , hypericum, scordium,
plantago , rubia maior et minor, et eorum
succi.
Gummi et coriices.
Terebinthina Iota et non iota, résina pini,
gummi Arabicum, sarcocolla, mastichc,
colophonla, manna thuris, aloës, cortex
eiusdem , olibanum , myrrha , etc.
Mel , vinum , sanguis draconis.
Melallica.
Lithargyros auri, spodlum, pompholyx, tu-
thla , plumbum vstum lotum , scoria
ferri, etc.
Les composés sont :
Olea seu baîsama.
Oleum hypericonis, oleum ouorum , masti-
chinum , et cætera olea quæ balsami no-
mine appellantur.
F'ngiioila, Emplaslra,
Vnguentum aureum, emplastrum de bclo-
nica , vulgô de ianua , emplastrum gratia
dei, emplastrum nigruin.
Nous vsons des sarcotiques quand
l’vlcere est ja mondifié, et sans dou¬
leur aucune, sans fluxion, sans phleg¬
mon, sans callosité et intempérie. En
l’vsage desquels faut considérer la
température du corps et de la partie
affectée : car quelquesfois vne partie
non trop seiche de sa nature, de¬
mande médicament plus dessekhant
et fort sarcotique , qu’vue autre plus
seiche , à raison de quelque accident :
comme pour exemple, le balanus
veut estre plus desseiché que le pré¬
puce , iaçoit qu’il soit de température
moins seiche : à raison qu’il est la
voye de l’vrine. Ainsi faut connoistrc
la nature des parties, et conuoistre
quand le médicament est trop ou
moins sarcotique. Car le moins et
trop sarcotique laissent l’vlcere sor¬
dide, l’vn à cause qu’il desseiche peu,
l’autre à cause de l’acrimonie qui irrite
fluxion : ce qu’il faut diligemment en¬
tendre , à fin d’approprier le médica¬
ment tel qu’il conuient au corps et à
la partie.
CHAPITRE XVI.
DES MEDICAMENS EPVLOTIQVES OV
CICATRISATIFS.
Médicament epulotique ou cicatri-
satif, c’est à dire qui engendre cuir,
est celuy qui par sa siccité et astric-
tion , sans mordication aucune , des¬
seiche , astreint, et condense la chair
en substance calleuse, approchant à
la nature du cuir : et nous appelions
cela cicatrice. Neantmoins cicatriser
vn vlcere est ouurage propre de Na¬
ture , comme engendrer chair. Par¬
quoy vn médicament est appellé epu-
lolique , à cause qu’il aide Nature à
UES MEDICAMENS.
545
produire une peau semblable au cuir,
en consommant les humidités , con¬
densant et espaississant la chair. Et
pour ceste raison il doit estre plus de-
siccatif que sarcotique.
D’iceluy on fait trois especes. La
première est du vray epulotique,
quand il desseiche et astreint. La se¬
conde du médicament acre et mor¬
dant , lequel pour consumer et osier
la chair superflue est appellé Epulo¬
tique: lequel appliqué en petite quan¬
tité, fait cicatrice, principalement
aux corps durs. La troisième est du
médicament qui desseiche sans as-
triction. Desquelles trois especes la
matière s’ensuit.
Racines.
Aristolochia longa et rotunda, gentiana, j
iris, centaurium maius, pentaphyllon,
symphytum maius, chamædris, betônica,
cauda equina, eupatorium, verbenaca,
plantaginis et symphyti folia.
Fleurs et fruits,
Gallæ , myrti baccæ, glandes et earura cali¬
ces , balaustia , cupressi nuces.
Escorces,
Malicorium, cortex quercus, cortex tamari-
cis , cortex ligni aloës , acacia , colopho-
nia, sarcocolla, sanguisdraconis, ladanum.
Métaux.
Lilhargyros auri et argent! , cerusa , plum-
bum YStum , alumen vstum , tuthia ,
squama æris et terri , et eorum scoria ,
ærugo, flos æris, æs vstum et lotum, vi-
treolum vstum et lotum, sulphur viuum,
chrysocolla , coralla, bolus armenus, terra
sigillata , cineres ostreorum *, silicis , ossa
Ysta et siccata, caries lignorum.
» L’édition de 1575 ajoutait : cinem bue-
9inarum,
Onguents.
Vnguentum diapompbolygos , vnguentura
album Rbasis , desiccatiuum rubrum.
Emplastres.
Emplastrum de cerusa , de betônica , dia-
chalciteos, emplastrum nigrum.
Nous vsons'des epulotiques quand
l’vlcere est presque plein , et quasi
égal à la peau. Mais en l’vsage d’i-
ceux faut auoir esgard au corps mol
ou dur. Car les medicamens qui sont
catheretiques aux corps délicats et
mollets, aux durs sont cicatrisatifs
Faut aussi se donner garde que le
corps ne soit pléthorique , ou caco¬
chyme : car cela retarde la cicatrice
D’auantage, faut aduiser que l’vlcere
prest à cicatriser ne soit entretenu ,
ou du vice de quelque partie, comme
du foye , de la ratte , des poulmons ,
ou autres : ou d’vne varice : car tel
vlcere ne se pourra cicatriser , si les
causes qui empeschent la cicatrice
ne sont premièrement ostées. Fina-
blement les bords calleux en vn vl¬
cere retardent la cicatrice , s’ils ne
se sont amollis ou coupés. Ces em-
peschemens faut ester auant qu’en¬
treprendre faire cicatrice , et accom¬
moder médicament desiccatif tel , qu’il
ne face cicatrice caue , car il excede-
roit la mesure ; ni trop haute , car il
seroit trop peu desseichant, ains éga¬
lé : parquoy sera bien proportionné
tant au corps qu’à la partie.
CHAPITRE XVII.
DES MEDICAMENS AGGLVTINATIF3.
Médicament colletique, c’est à dire
agglutinatif , tient le moyeu en-
35
lit.
oAÔ LE vingt-cinqviéme livre ,
tre les sarcotiques et cicatrisatifs ;
car il est moins desiccatif que cicatri-
satif , et desseiche plus que le sarcoti-
que , à sçauoir iusques au 2. degré.
Icely par sa siccité et astriction sans
aucune detersion , ioint et assemble
les parties distantes et séparées , et
aide en ce Nature ; laquelle (comme
auons dit) est première et quasi seule
opératrice , tant à régénérer chair et
cuir, comme à glutiner.
Les medicamens agglutinatifs , tant
foibles que forts, sont tels par soy et
de leur propre nature , ou par acci-
dent.
Les agglutinatifs de leur propre na¬
ture sont :
Herbes, Escorces.
rlantaginis species, consolida vtraque, bu-
gla, millefolium, verbena, pimpinella,
pilosella , cauda equina , semperuiuum ,
telephium seu faba inuersa, sanicula,
atractylis , folia quercus et dracunculi ,
salix : ebulus , sambucus , pentaphyllon ,
cortex pini , cortex vlmi , cortex palmæ ,
cortex quercus.
Jus,
Aqua \itis, aqua è folliculis virai, succus
calarainthæ , vinum austerum.
Gommes et métaux.
Terebinthina , myrrha, sanguis draconis,
bolus arraenus , terra sigillata , orania de-
nique quæ sapore sunt acerbo.
Il y a d’autres glutinatifs ayans
lieu de medicamens , qui empeschent
fluxion et astreignent la partie ,
comme suture, ou coustures seiches,
ligatures, repos de la partie, com¬
presses, et autres agglutinatifs par
accident.
Nous vsons des glutinatifs és playes
recentemerit faites et sanglantes , et
pour ceste cause les Grecs les ont
appellés Enaimes. Or non seulement
les agglutinatifs sont appliqués és
playes nouuelles , mais aussi és vlce-
res malings et vieils , és fistules et si¬
nuosités : à raison qu’ils empeschent
la fluxion qui se pourroit faire és
bords et léures de l’vlcere. En l’vsage
d’iceux faut considérer si la peau est
entière, ou non. Car les playes sont
de difficile curation , qui ont souffert
perdition de la peau : au contraire
celles qui ont la peau entière reçoi-
uent facile guarison. Pareillement ne
faut omettre en l’vsage particulier
desdits glutinatifs, les considérations
du sexe, du corps mol ou dur, de
l’vlcere vieil ou nouueau , grand ou
petit ; car selon icelles faut distinguer
et approprier les remedes.
CHAPITRE XVIII.
DES MEDICAMENS CAVSTIQVES ET
CORROSIFS.
Médicament pyro tique, c’est à dire,
caustique et corrosif, est celuy qui
par sa substance acre, mordante et
terrestre, vient à corroder superfi¬
ciellement , ou fondre , liquéfier et
pourrir profondément , ou brusler et
manger la peau et chair, et pénétrer
au dedans des corps durs et calleux.
Et pourtant on fait trois différences de
pyrotiques. Les vns sont appelés Ca-
theretîques, c’est à dire , corrosifs, à
cause qu’ils mangent et corrodent la
chair surcroissante superficiellement
en vn vlcere , ou autre eminence du
cuir, qui sont les foibles et debiles py¬
rotiques. Les autres sont Septiques ,
c’est à dire putrefactifs , autrement
aussi dits vesicatifs, qui pourrissent la
chair au dedans, etesleuent locuk
DES MIDICAMENS.
en \essie : lesquels sont plus forts
que les premiers. Les tiers sont Escha-
rotiques , c’est à dire , faisans crouste
et eschare par leur qualité ardente ,
ignée et terrestre : nous les nommons
ruptoires ou cautères potentiels , qui
sont les tres-forls. Toutes lesquelles
différences ne sont que du plus ou
moins en chaleur. Car bien souuent
il adulent que Tvn fait l’operation de
l’autre : aucunesfois à raison de la
complexion de la partie , quelques-
fois pour la quantité et longue de¬
meure du temps.
Les catheretiques ou corrosifs sont :
Spongia vsta , alumen vstum et non vstum,
Titreolum vstum , calx mediocriter Iota ,
ærugo , chalcanthum , squama æris ,
oleum de vitreolo, trochisci andronis, pha-
sionis, asphodelorum , vnguentum ægyp-
tiacum, vnguentum apostolorum, puluis
mercurij , arsenîcum sublimatum , etc.
Les septiques ou vesicalifs sont :
Radix scillæ , bryoniæ , sigilli beatæ Mariæ ,
bulbosa radix ranunculi , panis porcini ,
apium risus ‘ , lac tithymallorum , lac fiel ,
euphorbium, anacardus, sinapi, can¬
tharides , arsenicum sublimatum ;
Lesquels corrompent la tempéra¬
ture de la partie, et y attirent humi¬
dités estranges.
Les escharotiques ou caustiques
sont :
Calx viua, fæx vini cremata, et præcipuè
aceti , ignis , ad quem referuntur omnia
cauteria aelualia dicta et potentialia, des¬
quels parlerons cy apres.
Nous vsons des medicamens corro¬
sifs és corps délicats, et maladies qui
ne sont trop rebelles. Et pourtant
* L’édition do 1575 ajoutait ici : ■patia leo-
547
d’autant qu’ils sont moins acres et
mordans, d’autant sont-ils de plus
grande operation, à cause qu’ils cau¬
sent moindre douleur.
Des putrefactifs et escharotiques
nous vsons és corps plus durs, et
maladies plus grandes : comme és
vlceres calleux, fistuleux, putrilagi-
neux, humides, et difficiles à guarir.
Mais des escharotiques particulière¬
ment és chancres , charbons , hé¬
morrhagies, et à plusieurs autres ma¬
ladies. Toutesfois en Tvsage d’iceux
faut tenir bon régime et maniéré de
viure , auec abstinence de viii , et
auoir grande prudence à les appli¬
quer : pour raison des grands symp¬
tômes et accidens qui s’en ensuiuent,
comme extremes douleurs, syncopes,
défaillance de cœur, fléure, inflam¬
mations excessiues, gangrené, morti¬
fication, et souuent la mort.
Il y a grandes commodités du cau¬
tère, tant actuel que potentiel : comme
de corroborer la partie, la desseicher,
corriger son inlemperature, obton-
dre et hebeter la vénénosité et cor¬
ruption : et autres plusieurs vtilités,
lesquelles sont descrites par Aui-
cenne.
CHAPITRE XIX.
DES MEDICAMENS ANODYNS.
Auant que parler des medicamens
anodyns, faut premièrement déclarer
la nature de douleur, à fin de mieux
déduire les anodyns.
Douleur doneques est vn sentiment
triste et fascheux, fait ou par vne al¬
teration subite, ou par solution de
continuité : dont s’ensuit que trois
548 LE vmGT-CINQVllîMK LlVilE,
choses sont requises pour faire dou¬
leur. La première est les causes effi-
cientes : qui sont deux, alteration
subite, et solution de continuité. Se¬
condement que la partie où ces cau¬
ses s’attachent, soit sensible. Tierce-
ment, qu’il se face appréhension de
ladite alteration, ou solution de con¬
tinuité : autrement si l’on n’apperçoit
point les causes de douleur, nonob¬
stant la sensibilité de la partie, dou¬
leur ne sera point. A ceste cause dit
Hippocrates dmbus doloribus eun-
dem locum sîmul occupantibus, maior
minorem obscurat, à raison de l’ap-
prehension destournée du tout vers
la plus grande douleur. L’alteration
subite est faite de chaleur, froidure,
siccité et humidité. De chaud et froid
est faite douleur tres-forte : de siccité,
médiocre : d’humidité, presque nulle
ou assoupie : car l’humidité ne fait
point tant douleur de sa qualité, que
de son abondance. La solution de
continuité est faite tant de ses qualités
coniointes auec matière, que des
causes externes, comme contusion,
incision, et les autres. Douleur donc-
ques est symptôme très grand du sens
de l’attouchement, qui accompagne
presque toutes maladies, et bien sou-
uentnous contraint laisser la propre
cure d’icelles pour estre première¬
ment appaisé et allégé : ce que nous
faisons tant en estant et adoucissant
ces causes efficientes, que hébétant
la sensibilité de la partie.
Qu’il soit vray, si les medicamens
peuuent obuier aux causes de dou¬
leur , ou stupéfier le sentiment du
tact, ils seront appelés anodyns, des¬
quels nous faisons trois différences.
Les vns sont curatifs des maladies,
anodyns generalement dits. Les au-
‘Liu. 2. Jph. — A_".P
très, propres anodyns. Les tiers sont
stupefactifs ou narcotiques.
Les premiers sont, tous medica¬
mens contrarions aux causes des
maladies, et ostans toute alteration :
comme en intempérie chaude, l’huile
rosat , oxycrat , et autres semblables
sont anodyns, et ostent la cause de
douleur : en intempérie froide, huile
laurin, huile nardin, huile de casto-
reum : en seiche inlemperature, mix¬
tion d’eau et d’huile, baing d’eau
douce. Brief, tous medicamens qui
curent les maladies, sont anodyns,
pris largement : aussi tous medica¬
mens purgatifs, phlébotomie, scarifi¬
cations, cautères actuels et potentiels,
ventouses, clysteres, et autres, quand
en estant la multitude et abondance
des matières, allègent et anéantissent
la douleur.
Les propres anodyns sont de deux
sortes : les vns sont tempérés, n’ex-
cedans en aucune qualité : les autres
sont chauds et humides au premier
degré, approchans fort des tempérés.
Les tempérés sont ceux qui n’ayans
aucune qualité excessiue, gardent la
chaleur naturelle en son entier, sans
la diminuer ny augmenter, appai-
sent douleurs, et conuiennent à tou¬
tes intemperatures. D’iceux on en
trouue bien petit nombre, comme des
alimens tempérés. Entre iceux on
prend huile simple, huile d’amandes
douces , moyeux d’œufs, et les sem¬
blables.
Les seconds anodyns propres,
chauds et humides au premier degré,
corroborent la chaleur naturelle, à
fin qu’elle puisse mieux abbattre la
cause de douleur : raréfient , eua-
cuent,extenuent, digèrent, tant hu¬
meurs espais et visqueux que les
ventosités vaporeuses et froides qui
«’ont issue ny sortie, comme ;
DES MEDICAMENS.
FUurs.
Flores chamæmeli , melllotl , anethl , crocus.
Huiles,
Oleum chamæmelinum , anethinum , oleum
Uni , oleum ex sem. althæœ, oleum lum-
bricorum , oleum ouorum , ex tritico.
Graisses.
Butyrum , lana succida , suillus adeps, vitu-
linus, gallinaceus, anserinus, humanus,
ex anguilla, cuniculo , et alüs : lac mulie-
bre et vaccinum.
Mucilages et décoctions-
Mucilago seminislini, fœnugræci. althææ ,
maluæ, aut earum decoctio. Item decoctio
liliorum, violariæ, capitis , peüum et in-
testinorum arietis , et hœdi„
Les stupefactifs ou narcotiques,
improprement dits anodyns , sont
froids iusques au quatrième; degré :
par leur froidure extreme empeschent
que l’esprit animal ne peut venir ius¬
ques à la partie: partant estent le
sentiment d’icelle , et par conséquent
l’apprehension qui se pourroit faire :
finalement viennent à endormir et
stupéfier la partie où ils sont appli¬
qués. Et sont comme :
Hyoscyamus , clcuta , solanum furiosum ,
mandragora papauer, opium, philonium •
et les semblables.
Ligatures extremes et compressions
ostent aussi le sentiment d’ vne partie,
comme quand il faut amputer vn
membre : parquoy elles seront mises
au nombre des anodyns impropres.
L’vsage des premiers anodyns est
manifeste en la curation de chacune
maladie par son contraire. Nous
vsons des seconds en toute douleur
qui se peut ranger, à fin d’euiter flu¬
xion, inflammation, fiéures, et autres
549
accidens. Mais où la douleur est ex¬
treme et trop vehemente, qui ne veut
obeïr aux vrays anodyns, il faut ve¬
nir aux narcotiques, puis qu’il n’y a
autre remede : non pas seulement
après auoir vsé des anodyns, mais
aussi du commencement des douleurs
trop grandes, quand le mal ne per¬
met vser des anodyns. Toutesfois il
ne faut appliquer narcotiques sans y
mesler du saffran, ou myrrhe, ou
castoreum, autrement il seroit dange¬
reux : comme aussi la continuelle
application d’iceux est périlleuse et
dommageable. Car par icelle la par¬
tie deuient liuide, pour l’extinction
de la chaleur naturelle : et consé¬
quemment se tourne en mortification
ou esthiomene. Or aux douleurs ex¬
tremes des grandes inflammations, et
phlegmons, et gangrenés, ne faut
vser ny des vrais anodyns, ny des
stupefactifs , car ils ne pourront ap-
paiser telle douleur : mais des pre¬
miers , à sçauoir , de phlébotomie ,
purgation, et scarification de la partie
dolente, et que dolor sit medicina do-
loris: commenous auonsditau traité
De gangrené et mortification.
D’abondant nous auons quelques
medicamens purgatifs estans appli¬
qués par dehors, comme ceux que
Ætius, Teirab. 1. serm. 3. chap. 35,
nous a laissé par escrit, comme tu
verras par ces exemples.
Epühemata purgantia.
Pulpæ colocynth. seminis erucæ, rutæ
syluestris, elaterij , grani cnidij , lati-
ridum expurgatarum , galbani, nitri
rubri, ceræ, singul. §. iiij.
Opopanacis 3. ij.
Terebenlhinæ 3. vj.
Terenda terlto , et taurino telle paulatim ir-
rigato, donec aptè Imbibanlur. Deinde
circa vmbilicum apponito vsque ad pu-
LE VINGT-CINQVI^ME LIVRE
56o
bem , et ventrem inferius ducet : si verô
fundo stomachi applicabis, vomitum ex-
citabit,
Æiud.
Of. Elaterij 3. iij.
Colocynthidis, scammoniæ , squammæ
æris, radicis agrestis cucumeris, lathy-
ridum ana 3 j.
Aut pro lathyride tithymali succum terito
et cribralo, et cum oleo plurimum salis
habente , subigito : magnam deinde pi-
lam è lana confeclam , hoc medicamento
illitam, cuicumque parti volueris appli¬
cabis , vmbilico (inquam) aut lumbis.
ComposUîo olei et vnguenti purgantis.
Fellis taurini g.j.
Grani cnidij viridis f . üij. ]
Succi lupinorum viridium f . ij.
Euphor. § . j.
Pulpæ colocynt. tantundem.
Vulpini adipis recen. § . ij.
Adipis viperæ S j. fi.
Stercoris mûris § . üij.
Succi pæoniæ, castor, singul. 3 üij.
Oleiligustrini §. vj.
Olei antiqui § . j.
Fiat vnguentum vel oleum.
Purgat absque molestia, et præter cæteras
Ytilitates eliam mentis delirio confert :
mensura vero quæ ad vsum assumitur,
maxima est, cochlearia duo : nam quibus-
dam et vnum sufflcit. Illinitur vmbilicus,
et integra purgatio subsequitur : quæ si
plus æquo exuberauerit, spongia vino te-
pido imbuta et expressa ventrem fouebis,
et confestim sislelur.
Hypoglottides, c’est à dire, sublin¬
guales, que l’on tient en la bouche,
comme feuilles de vinette, rouelles
de citron trempées en eau rose etsuc-
cre, grenade ou orenge , berberis
confit, ou autres semblables qui ont
puissance de rafraischir et humecter
la langue et toute la bouche ‘.
CHAPITRE XX.
DE LA COMPOSITION DES MEDICAMENS,
ET DE LEVE VSAGE.
lusques icy auons déclaré , tant en
general qu’en particulier, les facultés
et effets desmedicamens simples , les¬
quels il faut connoistre auant qu’en¬
treprendre les composer. Qu’il soit
vray, vn architecte et édificateur doit
premier connoistre les matières qui
luy sont necessaires à maisonner et
dresser son ouurage. Ainsi vn Chi¬
rurgien voulant composer vn médi¬
cament à sa nécessité, doit entendre
quec’est que composition, et la na¬
ture des simples qui entrent en sa
composition. Laquelle auons voulu
déclarer auant que donner la maniéré
de composer lesdits medicamens.
Composition doncques est mixtion
des medicamens diuers en effets et
vertus, faite par le Médecin C A eeste
cause, lesmedicamens ayans plusieurs
substances , comme la rheubarbe ,
ainsi que nous auons dit , et l’aloë, la
rose et l’absinthe, sont dits simples,
au regard des coniposés artificielle¬
ment : iaçoit qu’ils soient bien com¬
posés par l’ouuragode Nature Ainsi
plusieurs compositions sont appelées
simples, comme oxymel simplex, oxy-
sacchanm simplex^ et autres, pour la
comparaison des plus composés.
Nous vsons desmedicamens compo¬
sés, pour cause que les simples n’ont
tousiours contrariété suffisante en
pareil degré aux maladies, et qu’il
chose pour le sens grammatical , est une addi¬
tion de 1585.
‘ Galien, au 2. Des simples, — A. P,
* Galien, au 4. De garder sa santé. — A. P.
Cette phrase, où il manque quelque
DES MEDICAMENS.
55l
faut augmenter ou diminuer la force
de l’vn ou l’autre. D’auantage pour la
complication des maladies et des in¬
dications, sommes contraints mesler
medicamens simples : car la nature
du corps ou de la partie souuent de¬
mandent autres medicamens que les
maladies. Qu’il soit vray, pour les in¬
dications contraires nous donnons
medicamens composés, qui seruentà
tous les deux, en augmentant celuy
qui est de plus grande importance, et
diminuant l’autre Quartement, la
composition des medicamens a esté
inuentée, à fin de changer leur cou¬
leur, saueur, et odeur.
Les autres vsages et causes de la
composition des medicamens simples,
ont esté bien doctement escrites par
monsieur maistre lacques Syluius, en
sa Méthode de composer les medica¬
mens , auec l’election d’iceux : à ceste
cause le pourras voir.
Des medicamens composés.
Des medicamens simples cy dessus
escrits, les anciens ont fait diuerses
compositions et remedes topiques et
particuliers, communs tant au Mé¬
decin qu’au Chirurgien, desquels
nous faut parler. Telles compositions
sont :
Clysleres,
Suppositoire^
Noüels,
Pessaires,
Huiles,
Linimens,
Onguents,
Emplastres,
Ceroüennes,
Fuites,
Cataplasmes,
Fomentations,
‘ Mesué, en ses Canons. — A. P.
Embrocations,
Epithemes,
V esicatoires.
Cautères ou ruptoirest
Collyres,
Errhines,
Sternutatoires,
Masticatoires,
Gargarismes,
Dentifrices,
Sachets,
Suffumigations et parfums.
Insessions et bains.
La maniéré de les escrire et ordon¬
ner, ie declareray particulièrement
et le plus briefuement que faire se
pourra, commençant aux plus sim¬
ples, vniuersels et plus necessaires,
après que i’auray déduit les valeurs,
figures et portraits des mesures et
poids, desquels nous vsons communé¬
ment à dispenser et proportionneras
medicamens les vns auec les autres.
CHAPITRE XXL
DES POIDS ET MESVBES, ET DE LEVES
FIGVRES,
Tout poids dépend d’vn commence¬
ment, et quasi element : car tout ainsi
que les corps ont leur commencement
des quatre corps simples , que nous
appelions Elemens, esquels se peu
uent résoudre , ainsi tous poids sont
composés d’vn grain , qui est comme
element des autres poids , auquel ils
sont terminés.
Ledit grain doit estre entendu
d’orge, non trop sec, ny humide et
chancy, ains bien nourri et médio¬
crement gros.
De tels dix grains est fait vn obole,
I ou demy scrupule ;
552
LE VINGT-CINQVIEME LIVRE ,
De deux oboles ou vingt grains, i
vil scrupule :
Puis de trois scrupules, ou soixante
grains , est composée la drachme :
De huit drachmes l’once : tant que
de douze onces nous faisons la liure
médicinale, qui est presque le plus
haut poids duquel nous vsons com¬
munément ; et se peut résoudre en
drachmes, scrupules, oboles, et fina-
blement en grains , outre lesquels
n’est possible descendre plus bas.
Pour escrire ces poids, nous vsons
de certaines lettres ef figures qui s’en-
suiuent.
La liure est signifiée par. . . ft.
L’once par ceste figure. ... §.
Comme le drachme en telle. 3*
Aussi le scrupule ainsi. ... 3.
L’obole est escritpar sespre-
mieres lettres . obol.
Le grain semblablement par g
Le manipule par . m .
Le pugile par . p.
Le nombre par . n.
La moitié de chacun desdits poids
est figurée par fi . mise après lesdits
poids, comme demie liure ft. c,. de¬
mie once O . fi., et ainsi des autres.
Telles sont les figures des poids et
mesures : mais en dispensant medica-
mens , nous vsons aucunesfois d’vn
poids, et de l’autre non : parquoy
faut entendre que les herbes vertes et
seiches sont dispensées par m. ou p.
les seiches que l’on veut pulueriser
par §.— fi. — oup.
Les racines par 5 • “ 3. — p. -
par— ib. —5. —5,-9.— obol.— g.
desquels poids tous medicamens bien
dispensés des anciens sont seulement
escrits.
Ces choses entendues, faut descrîre
les maniérés de dispenser et ordon¬
ner medicamens composés : et pour
ce faire commencerons aux clysteres,
comme les plus communs et plus ne¬
cessaires.
Les escorces
Les semences
Les fruits
. Les fleurs
Les legumes
3-
§. -5.
n.— p. — 5.— 3.—
p.— m.— §.— 5.
p. — g . 5.
Tous autres medicamens, tant secs
que liquides, sont dispensés et escrits
CHAPITRE XXII.
DES CLYSTERES.
Clystere, c’est à dire, ablution ou
lauement, est vne iniection appro¬
priée au siège et aux intestins en pre¬
mière intention ; car autrement sont
aussi faits et donnés des clysteres,
tant pour le ventricule, ratte, reins,
vessie, amarry, mesentere, et autres
parties voisines, que mesme pour la
teste, de laquelle souuent par clystere
acre est faite reuulsion de la matière
en bas, comme il se pratique iournel-
lement, et non sans heureux succès,
en l’apoplexie : de sorte qu’il n’y a
aucune partie qui ne ressente quel¬
que profit du clystere, mais les vnes
plus, les autres moins.
Il a plusieurs especes ou diffé¬
rences ; car ou il est remollitif, ou
purgatif, ou anodyn, ou astringent,
ou detersif, ou sarcotique, ou epuloti-
que,ou nutritif. Toutes lesquelles dif¬
férences sont composées et faites des
parties des plantes , des parties des
bestes, ou des medicamens composés,
tantsolutifs qu’autres, selon les inten¬
tions du composant.
Les parties des plantes sont raci¬
nes, semences, fueilles, fleurs, fruits,
germes, jus, mucilages.
DES MEDICA.MENS.
553
Les parties des bestes sont, iaunes
et aubins d’œufs , miel, poulet , cha¬
pon, vieil coq venéet préparé, la teste
et pieds de mouton, laict clair, tripes,
suif de bouc, axonge : toutes lesquel¬
les parties, tant des bestes que des
plantes, on fait cuire et boüillir, et en
la décoction l’on mesle et destrempe
les medicaraens laxatifs et autres ,
tant simplesque composés. Quelques-
fois sans mixtion de medicamens
composés sont faits clysteres , seule¬
ment d’huile, comme d’huile de noix
pour la colique : de laict clair, de dé¬
coction de pieds, teste et tripes de
mouton , potage de pois ciches ,
d’orge.
La quantité du clystere est aucunes-
fois grande, autresfois plus petite, se¬
lon les températures et complexions,
et selon les intentions. Aucuns peu -
uent endurer grande quantité , les
autres moindre ; aux enfans, debiles,
femmes grosses, conuient moindre
quantité. Aussi où le ventre est fort
serré et dur, en vne colique , dysen¬
terie , lienterie , et autres affections
du ventre inferieur, faut que la quan¬
tité du clystere soit plus petite. Au
contraire, où l’on veut seulement es-
mouuoir le ventre, faut plus grande
quantité : toutesfois la quantité de la
décoction communément est d’vne
liure et demie , d’vne liure , ou tout
au moins de trois quarterons : mais
le plus souuentnous laissons la quan¬
tité au iugement de l’Apoticaire, di¬
sant seulement quant, sufficit.
Il faut que le clystere soit tiede,
plus ou moins, selon que les patiens
le peuuent endurer, de peur que s’il
estoit froid, il n’offençast les intestins
et autres parties voisines , qui sont
nerueuses et froides de leur naturel :
et d’auantage faut en faire l’iniection
peu à peu et doucement, de peur que
poussé d’impétuosité et tout à coup,
il ne chasse les flatuosités (qui ordi¬
nairement sont contenues en la capa¬
cité des intestins) en haut, et par ce
moyen n’excite des tranchées intolé¬
rables. Pour donner le tout à enten¬
dre , faut à présent venir à descrire
les exemples de chacune différence
des clysteres.
Clystere remolliiif.
“îf, Maluæ, violarum, bismaluæ, brancæ vr-
sinæ ana m. j.
Radicis althææ et liliorum alborum ana
§.]'•
Passularum et ficuum pinguium ana
§. c.
Fiat decoctio ad j. in qua dissolue:
Cassiæ, butyri recentis ana § . j.
Olei violati §. üj.
Fiat clyster.
Les clysteres laxatifs sont faits de
quatre sortes de medicamens, de la
décoction de medicamens laxatifs,
huiles et miel , ou autre qui ait vertu
d’irriter. La décoction est quelques-
fois propre à tirer les humeurs que
l’on veut purger : comme pour tirer
les humeurs froids et visqueux , elle
se fera ainsi :
Clystere pour l'humeur visqueux.
Saluiæ, origani, abrotoni, camomillæ et
meliloti ana m. fi .
Seminum anisi, fœniculi, cumini ana 5.
iij.
Seminis cartbami 3. ij.
Fiat decoctio, in qua dissolue;
Diaphœnici et bieræ simplicis ana § . fi .
Oleianethietchamæm. ana fi*
Mellis anlhosati et sacchari rubri ana
S-j.
Fiat clyster.
554
LE vingt-cinqvii5me livre,
Autre *.
Of. Vini albi gener. H), j.
Bul. ad consumpt. medieta. in qua diss.
sacchar. rubri § . ij. iterum parum ad-
dendo vitell. ouor. nura. ij .
Et fiat clyster.
Pour purger et tirer l’humeur cho¬
lérique et bilieux, il sera fait en ceste
maniéré :
Clystere pour l’humeur bilieux.
Of. Quatuor remollientium , parietariæ, ci-
chorij, endiuiæ ana m. fi .
Seminum quat. frigidorum maiorum
ana 5. iij.
Hordei integrip. j.
Fiat decoctio, in colatura dissolue :
Cassiæ § . j.
Olei violati et mellis rosati ana S . ij.
Fiat clyster.
Pour tirer et purger l’humeur me-
lancholique, l’on fera tel clystere :
Clystere pour l’humeur melancholique.
Of. Fumiterræ, cenlaurlj minoris, raercuria-
lis anam. j.
Polypodij quercini, folliculorum senæ
ana 5. iij.
Seminis agni casli, tbymi, epitbymi
ana 3. ij.
Fiat decoctio, in qua dissolue :
Confectionis hamech § • •
Cassiæ recens extractæ 5. iij.
Olei violati etliliorum ana § . fi.
Saccbari rubri et mellis violati ana 5 •
Salis communisS. j.
Tels clysteres ne seruent seulement
à euacuer les humeurs susdits , mais
aussi souuent contrarient aux intem-
1 Cette formule manque dans toutes les
éditions du vivant de l’auteur, et se lit pour
la première fois dans l’édition posthume de
1598.
peratures : comme le premier et der¬
nier altèrent les intempéries froides :
le second ennuient aux intempera-
tures chaudes.
Les medicamens laxatifs qui sont
mis aux clysteres sont doux, ou forts.
Les forts, comme confectio hamech, 6e*
nedicta, diaprunis solutiuum, diaphœ-
nicum, sontmeslés à part soy iusques
à 5. vj. ou § . j. tout au plus, selon la
nature du patient facile ou difficile à
esmouuoir. Les debiles et bénins,
comme catholicon , cassia , hiera sim¬
plex, de 3. vj. iusques à § j. fi., § ij.
au plus, selon les indications. Et tels
medicamens l’on dissout le plus sou¬
uent en décoction commune de clys¬
teres, qui est faite de quelques remol-
litifs auec fleurs de camomille et
semence d’anis.
Le clystere anodyn est fait sans me¬
dicamens laxatifs des medicamens
anodyns, descriten ceste maniéré.
Clystere anodyn.
7f. Florum charaæmeli, meliloti, anethi ana
p.j.
Radicis bismaluæ §.j.
Fiat decoct. in lacté, colaturæ adde :
Mucilaginis seminis fini et fœnugræci
extractæ in aqua maluæ § . ij.
Saccbari albi § . j.
Olei camomillæ et anethi ana § . j.
Vitellos duos ouorum.
Fiat clyster.
Tels clysteres faut garder long
temps, à fin qu’ils puissent mieux ap-
paiser les douleurs.
Vn clystere astringent est fait de
choses astringentes , en la façon qui
s’ensuit.
Astringent,
"îf. Gaudæ equinœ, plantaginis, polygonl
ana m. j.
Fiat decoctio in lacté vstulato ad quart, iij.
colaturæ adde ;
DES MEDICAMENS.
Boli armeni et sangui. draconis ana 5. ij.
Olei rosati § . üj .
Albumina duorum ouorum.
Fiat clyster.
De tel clystere nous Ysons en vne
dysenterie , après que les grosses ma¬
tières sont euacuées et nettoyées , ou
en flux excessif des hemorrhoïdes.
Les clysteres sarcoliques, epulo-
tiques , detersifs , sont faits de medi-
camens descrits en leurs propres
chapitres, pour seruir aux vlceres
des gros intestins.
Les clysteres nutritifs sont faits de
la décoction de poulets, chapons,
vieils coqs cuits iusqu’à pourriture et
forte expression d’iceux , moelle, ge¬
lée , et autre telle \iande bien plus
cuitte que si on la vouloit prendre
par la bouche , à raison que les in¬
testins ont la vertu coctrice plus foi-
ble que le ventricule.
On fait quelquesfois lesdits clyste¬
res de vin et décoction d’orge, quand
il n’y a point de fiéure ny douleur de
teste : souuentesfois de laict et de
iaunes d’œufs ; on y adiouste petite
quantité de sucre blanc, de peur
qu’il n’irrite les intestins à excrétion
par la vertu detersiue qui luy est na¬
turelle : ou rosat ( car tel est aucune¬
ment astringent) comme appert par
les exemples.
Decoctionis capi perfectæ ïb. j. C»
Sacchari albi vnc. fi .
Misce, iniiciatur cum sjringa.
Decocti pulli et gelatlnæ ana Ib. fi.
Vini optimi 5 • ü'L
Iniiciatur.
Of. Decocti hordei mundati et in creraorem
redacti ïb. fi.
Lactis boni B. j.
Vitellis ouorum duos.
Fiat clyster.
555
Nous vsons de tels clysteres pour
nourrir enfans et gens debiles, comme
en vn grand deuoyement d’estomach,
quand il ne retient la viande qu’il
prend. Toutesfois en l’vsage de tels
clysteres faut auoir esgard à trois
choses ‘ : la première est qu’il faut
auant que prendre tels clysteres , as-
seller le patient , soit par art auec vn
suppositoire ou clystere , soit du pro¬
pre mouuement de nature , de peur
que tels clysteres nourrissans estans
meslés auec les excremens, ne soient
gastés et corrompus : la seconde est
qu’il soit donné en grande quantité ,
à fin qu’il soit porté par tous les in¬
testins : la troisième est , s’il est pos¬
sible, qu’on dorme après tels clysteres,
tant à fin que le malade face mieux
son profit et concoction de tels clyste¬
res, qu’aussi qu’il les retienne mieux :
de tant que le dormir arreste toutes
les euacuations. Pour laquelle mesme
raison les Médecins défendent de mes-
1er en tels clysteres, sel, miel, ou
huile, par-ce que les deux premiers
en detergeant irritent l’excretrice : et
la derniere en lubrifiant
Aucuns veulent affermer que nul
clystere peut estre nutritif, à raison
que ce qui doit nourrir doit auoir
receu trois coctions : dont la pre¬
mière est au ventricule , la seconde
au foye, la tierce en chacune partie
de nostre corps. Mais telle opinion
peut estre reprouuée tant par ra.ison
1 Ces règles pour l’administration des la¬
vements nutritifs ont été empruntées pres¬
que textuellement au chapitre 48 du livre
De la Peslelài 1568 (aujourd’hui ch. 49);
voyez ci-dessus la note de la page 454.
2 Le texte du livre De la Peste disait seu¬
lement de cette dernière raison : La troi-
siestne, que le malade retienne son clystere k
plus longtemps qu’il luy sera possible.
LE VINGT-CINQVIÉME LIVRE,
556
que par expérience. Par raison, puis
que les parties de nostre corps ont vu
sentiment naturel de la chose qui
defaut, et que la nutrition est reple-
tion de ce qui a esté inany et vacué,
telles parties estans débilitées par
trop grande inanition faite és mala¬
dies, attirent premièrement tout ce
qui est conuenable à leur nature : ou
au defaut de tel aliment le premier
qui s’offrira. Or clysteres nutritifs ne
sont faits que d’alimens doux , amia¬
bles, et familiers à Nature, grande¬
ment ja préparés à concoction ‘ : et
pourtant telles choses estans és in¬
testins , seront attirées des veines et
arteres mesaraïques (qui ont quelque
faculté de sanguifler, ainsi que dit
Galien au liure De vsu partium ) : des
veines mesaraïques sont distribuées à
la veine porte et au foye : et du foye
à toutes les parties du corps, lesquel¬
les aux grandes maladies, quand le
patient ne peut prendre aliment par
la bouché, demandent à estre rem¬
plies de ce qui leur est plus propre. !
Par expérience aussi, nous voyons
que gens malades , estans long temps
sans manger, par l’vsage de tels clys¬
teres nutritifs ont esté aucunement
soulagés et sustentés : à raison que
les parties affamées attirent prompte¬
ment ce qui leur est familier, le suc-
çant des veines, lesquelles, estans
vuidées, attirent du foye et des veines
mesaraïques *.
Qu’est-il besoin d’exemples plus
‘ Le chapitre précité du livre de la Peste
ajoutait ici :
« .... Comme tu pourras voir parcestmj sui-
uant que nous te baillons pour exemple ; »
Et donnait ici la formule qui a été conser¬
vée au chapitre 49 du livre actuel de la Peste ;
voyez ci-dessus, page 454.
2 Ici le chapitre cité du livre de la Peste
claires, veu qu’aucuns ( comme on a
veu) ont reietté les clysteres par la
bouche, voire les suppositoires? Ce
qui monstre bien que l’attraction
n’est pas seulement faite des veines
mesaraïques, mais aussi du ventri¬
cule, et des autres parties C
Telles trop curieuses disputes ie
laisseray à présent , pour déclarer le
temps de prendre clysteres, et l’v-
sage.
L’on a coustume de prendre clys¬
teres à toutes heures deuant et après
disner, moyennant que soit loin du
repasi, de peur que ne soit faite at¬
traction par le clystere de la viande
estant encores à cuire en l’estomach.
Parquoy on les 'peut prendre à six,
sept , huit , neuf heures du matin
auant disner, ou quatre, cinq, six
apres.
L’vsagedes clysteres est assez mani¬
feste par la connoissance de la ma¬
tière qui entre en iceux : ioint que
tous ont vn commun vsage , qui est
d’aider l’expulsion des superfluités
contenues és intestins , et successiue-
ajoutait le paragraphe suivant, qui a été ef¬
facé depuis :
« Or que quelque substance se puisse atti¬
rer des intestins pour aiimenter nostre corps,
on le peut encor prouuer par les verollez qui
ont nodositez aux os : car leur faisant faire
la diette tenue, lesdictes nodositez se resol-
uent, consument et degastent du tout par
le moyen de la chaleur naturelle, qui attire
et opéré incessamment, non seulement aux
aliments, mais aussi aux humeurs et excre-
ments qui ia auoyent esté iettez par Nature
comme chose à elle nuisible et superflue,
ainsi que l’on voit aussi en ce qu’vn homme
ayant extreme faim et soif mangera du pain
à demy pourry, et boira de l’eaüe trouble et
de mauuaisgoust. »
‘ Là se termine l’emprunt fait au livre de
la Peste de 1568.
DES MSD1C<\-MENS.
557
ment des autres parties. D’auantage uoir plus à l’aise, estant couché sur
quand l’aage ou la vertu du malade le coslé droit. Car par telle situation
(comme aduient aux enfans , et gens le clystere receu pénétrant iusques
debiles et malades) n’est suffisante à au haut des intestins, quasi comme
porter medecine , lors sommes con- d’vn rauage , laue plus facilement
trainls d’vser de clysteres, à cause tout le ventre : où au contraire le
qu’il ne débilitent point tant les for- patient estant situé sur le coslé gau-
ces que les médecines. Pour ceste che, il aduient que le clystere est
cause, aucuns ont couslume depren- contraint de demeurer au rectum ou
dre clysteres de deux iours l’vn , en- au colon : pour-ce qu’iceux par telle
cores qu’ils soient sains, quand assiette sont pressés de la masse et pe-
Nature est paresseuse à ietter les ex- sauteur des autresinteslins supérieurs,
cremens. A gens malades ils sont Après qu’il a receu , il doit demeurer
ordonnés plus souuent , pour tous- quelque temps sur son dos , puis se
iours tenir lasche le ventre. tourner de costé et d’autre , ou sur la
L’vsage desdits clysteres a esté in- douleur, s’il luy est possible C
uenté des cicoignes , lesquelles de Or il se trouue certaines femmes
leur propre mouuemeut naturel iet- qui pour nulles choses ne voudroient
tentde l’eau delà mer (qui pour sa prendre vn clystere de la main d’vn
salsitude a vertu d’irriter et euacuer ) homme, pour vne vergongne et
en leur siégé pour s’asseller, ainsi que honte qu’elles ont de se monstrer : à
recite Galien en son Introductoire de ceste cause i’ay fait portraire cest
Medecine. instrument , duquel elles se pourront
La maniéré de prendre clystere est aider à receuoir vn clystere , le met-
telle, lorsque'le patient lereçoit , qu’il tant par deuant (ayant vn peu les fes-
ait la bouche ouuerte, à cause que ses leuées) la cannule dans le siégé
tous les muscles qui aident à l’expul- marquée B. puis versera la liqueur
sion sont laschés, qu’il n’ait rien qui dedans la boële marquée A. Le cou-
lui comprime le ventre , et qu’il soit uercle marqué D.
situé en figure courbe pour le rece- *
Figure d’vn instrument propre pour se donner sou-meme vn clystere 2.
‘ Ici finissait le chapitre en 1576; ce qui .[ 2 j’ai dit dans mon Introduction,!), xcit,
suit est de 15T9. (luand et par qui avait été inventée ia se-
LE VINGT-CINQVIEME LIVRE ,
558
Aulfe syringue pour bailler clyslere aux
hommes.
Q
CHAPITRE XXIII.
DES SVPPOSITOIRES, NOVETS , ET
PESSAIBES.
Suppositoire est vue maniéré de
tente (ayant le temps passé eu figure
rlngue ordinaire ; A. Paré est le premier qui
ait parlé de cette seringue perfectionnée et
propre pour se donner soy-mesme vn clyslere.
Mais il ne semble pas donner l’instrument
comme de lui, et nous ignorons à qui est
due cette modiflcation,
11 est à remarquer que dans ce chapitre
il ne parle que des seringues; toutefois, les
chausses à clyslere étaient encore en usage
de son temps, et se trouvent mentionnées au
chapitre 48 du livre de la Peste. Voyez ci-
dessus, page 4û0.
de gland , dont encore pour le iour-
d’huy elle retient le nom de glans ‘ )
qui se met au siégé , à fin d’irriter le
muscle sphincter à l’expulsion des ex-
cremens contenus és intestins. Ceux
que l’on fait de présent n’ont figure
de gland , mais plustost de pessaire :
car on les fait ronds et longs, en
forme de chandelle de cire, d’où
vient que le vulgaire de Languedoc
les appelle candelettes.
Ils sont doux, ou médiocres, ou forts.
Les doux et médiocres sont faits des
poudres laxatiues, comme de biere ,
sel , et miel. Les forts sont composés
des poudres de scammonée, euphorbe,
colocynthe, et semblables, auec miel,
ou ius d’herbes acres, ou fiel de bes-
tes. Quelquesfois ils sont faits de seul
sauon, souuent aussi des troncs de
porée,oude sa racine, aucunesfois
d’vn lardon.
Pour composer vn suppositoire,
faut mettre pour vne once de miel ,
vne dragme de sel , ou de poudre
irritante et laschante, comme il est fa¬
cile à connoistre par les exemples.
Suppositoire médiocre.
“if. Mellis cocti §. j.
Hieræ picræ et salis communis ana 3. 6 .
Fiat suppositorium longum quat. digitor.
"if. Mellis cocti j.
Pulueris colocynthidos 9.6,
Salis gemmæ 9.j.
Fiat suppositorium.
Nous vsons des suppositoires ,
quand le patient pour son imbécillité
ne peut pas endurer clysteres , com¬
me és fiéures ardentes , ou quand les
malades ne veulent prendre clys-
tere , aussi quand on ne rend point
le clystere qu’on a pris ; finablement
* L’édition de 1575 disait : de balams.
DES MEDICAMENS.
es affections froides de la teste , qui
endorment les malades , nous vsons
communément de suppositoires forts
et aigus , à fin d’exciter la vertu ex-
pultrice du muscle sphincter, estant
assoupie par telles maladies : ou bien
quand la maladie de son naturel est
telle , qu’elle est euidemment offen¬
sée par l’vsage des clysteres ; comme
en l’enterocele, en laquelle si le boyau
est rempli du clystere , il presse d’a-
uantage le péritoine , et de sa granité
tombe plus aisément par la partie re¬
laxée ou deschirée dans le scrotum.
Les nouëts , que l’on appelle en
latin NoduU , ont mesme vsage que
les suppositoires , et souuentesfois
sont pris pour suppléer le defaut ,
tant des suppositoires que des clyste¬
res , quand on est en lieu où l’on n’en
peut pas fournir. Et pourtant les
nouëts sont faits des medicamens que
l’on peut partout facilement trouuer :
sçauoir est , de iaunes d’œufs mes-
lés auec du sel et du beurre, aucunes-
fois fiel et miel , et le tout lié en vn
linge médiocrement délié à la gros¬
seur d’vne auelaine, laissant du fil de
quelque longueur au bout , à fin que
quand on les mettra dans le siégé ,
qu’ils se puissent retirer quand on
voudra. Vous le pouuez ordonner en
ceste maniéré.
Vitellum vnius oui.
Cui adde salis modicum , fellis veruecis et
mellis ana § . ft .
Butyri § . iij.
Misce, fiant noduli filo appensi.
Les temps propres à prendre tant
suppositoires que nouëts, est le malin
auant disner comme des clysteres,
car à telles heures N ature a coustume
de reietter les excremens. Si on est
contraint d’en vser après disner , que
509
ce soit pour le moins quatre heures
apres le repas.
Pessaire est plus gros que supposi¬
toire , et est approprié à la matrice :
lequel est fait de cotton ou soye, ou
linge et laine pignée, en laquelle on
a mis quelque médicament pour met¬
tre au col de la matrice : lequel est
fait ou pour vlceres du col de la
matrice, ou pour prouoquer ou ar-
rester les menstrues, ou pour la suf¬
focation de la matrice, et purger les
excremens dficelle. Parquoy ils sont
faits de gommes, jus, semences , her¬
bes, racines, appropriées aux inten¬
tions que nous voulons, et incorpo¬
rées en consistence emplastique et so¬
lide , pour les mettre en figure d’vn
doigt dedans la matrice : mais on a
coustume de les lier au bout, comme
appert par les exemples.
Pessaire prouoquant les mois.
"if. Myrrhæ, aloës ana 3. j.
Sabinæ , serninis nigellæ, artemisiæ ana
3. y.
Radicis ellebori nigri 3. j.
Croci 3.j.
Cura succo raercurialis et nielle fiat pessa-
rium filo alligatura coxæ.
Pessaire pour arrester les mois.
Tf, Mastiches, thuris ana §. iij.
Alurainis, rosar. rubr. nue. cupressi ana
S-ij.
Ladani, hypocistidos , sumach, rayrtill.
ana 3. iij.
Fiat pessariura cura succo arnoglossæ, et co-
tone.
A l’exemple de ceux-cy on pourra
faire d’autres pessaires pour amollir,
astreindre, mondifier, incarner, cica¬
triser les vlceres du col de la matrice :
lesquels faut prendre au soir quand
Lli VINGT-CIPTQVIÉME LIVRE ,
56o
on se couche, et les faut garder six
ou sept heures.
Or les pessaires se font , non seule¬
ment des poudres de medicamens
receuës et abreuuées de quelque suc,
comme portent les exemples cy-des-
sus mentionnées, mais aussi de sim¬
ples poudres receuës en vn sachet de
linge rare délié et farci, d’vn peu de
cotton pour le faire enfler et bouffer
en iuste grosseur. De telle forme de
pessaire nous pourrons commodé¬
ment vser contre la cheute et préci¬
pice de l’amarry L’exemple proposé
par monsieur Rondelet en son liure
Medicamens internes, est tel.
■if.. Benioini, styrac, garyoph. ana 3, j.
Galliæ moscatæ 5. £> .
Moschi g . Yj .
Fiatpuluis exceptus bombace, imponaturin
vlerum.
CHAPITRE XXIV.
DES HVILES.
Huile proprement dite, est celle qui
est tirée des oliues meures, ou non
meures : mais abusiuement elle est
prise pour toute liqueur fluxile, onc¬
tueuse, et aërée , de laquelle on fait
trois especes.
La première est des huiles faites
par expression, tant des fruits que de
semences broyées et cassées, àfln d’en
1 Paré décrit ici les pessaires tels que les
comprenaient les anciens ; il faut recourir
à son livre de la Génération pour lui voir
donner aux pessaires la solidité et la forme
exigées parla moderne signification du mot.
Voyez tome II, page 741 et suiv., la longue
note où j’ai tracé l’histoire des pessaires au
XVI' siècle.
faire sortir par expression ce qui est
oléagineux. Aucunesfois sans feu ;
comme huiles d’amandes tant douces
qu’ameres : huile de noix tant petites
que grandes ; huile de kerua, ou
palma christi : lesquelles aussi se peu-
uent tirer auec feu. Aucunesfois seu¬
lement auec feu : comme huile de lin,
de laurier , de nauette, de channeuy,
et autres telles semences. La maniéré
de les faire tu trouueras au troisième
de Mesué, où il parle des huiles.
La seconde espece est des huiles
composées de medicamens simples
auec l’huile, à fin d’imprimer etlaisser
en l’huile la v’ertu des medicamens :
et se fait eu trois maniérés. La pre¬
mière est par décoction des racines ,
fueilles et sommités, fleurs, fruits,
semences, gommes, bestes entières
cuittes auec du vin, ou eau, ou jus,
en huile commun , omphacin, ou au -
très , selon nos intentions , iusques à
la consomption dudit vin et eau ; ce
qui se connoistra, si vne goutte de
telle huile ieltée dans le feu ne cré¬
pité point et ne pétillé auec bruit.
Or telle consomption se fait, à celle
fin que l’huile se puisse mieux et plus
long temps garder sans crainte de
corruption, de laquelle semble bailler
occasion l’estrange matière d’eau ou
de vin meslée auec icelle. Quelques-
fois on fait tremper et macerer les
fruits, semences, et autres in grediens,
par quelque espace de temps auant
que les faire cuire. Et la coction se
doit faire en double vaisseau, à fin
qu’elles ne retiennent vne qualité du
feu, que nous appelions Empyremne.
Ainsi sont faites oleum costinum, ru-
taceum^ de croco, cydoniorum, myrtil-
lorum, mastichinum, de euphorbio,
vulpînum , de scorpionibus, et autres
telles huiles cuittes auec le feu. La
seconde maniéré se fait par macéra-
DES MEDICAMEKS.
tion ; quand on met tremper par quel¬
que espace de temps les medicamens
simples en huile : quelquesfois sur les
cendres chaudes : quelquefois en
fiente de chenal ou au soleil, à fin que
par ceste chaleur modérée l’huile
puisse retenir la vertu des medica¬
mens macérés. La troisième maniéré
est faite par insolation, quand en Esté
l’on laisse au soleil fleurs des herbes
mises tremper en huile, à fin que la
dite huile estant eschauffée de la cha¬
leur amiable du soleil, puisse prendre
les facultés et effets desdites fleurs ;
et de ce nombre sont, huile de roses,
de camomille , d’aneth , de lis, de
nymphæa, de violes, et autres, les¬
quelles pourras voir en Mesué, à fin
d’apprendre leur composition et
vertu comme des autres cy-dessus.
La troisième espece appartient aux
alchymistes, laquelle est faite par re¬
solution en diuerses maniérés , et a
vertus et effets merueilleux : quand
par chaleur, soit du soleil, soit du
feu, soit de putréfaction, vne liqueur
huileuse est tirée. Or l’extraction de
ladite liqueur est faite en deux ma¬
niérés, l’vne per ascensum, l’autre per
descensum, ainsi qu’ils appellent.
Per ascensum sont faites huiles auec
alembic et receptoire, eschauffés ou
en cendres, ou arene, ou limature de
fer, à fin de faire monter en haut la
vapeur et exhalation des medicamens
contenus au dedans, laquelle par ré¬
frigération du sommet de la chapelle
et alembic descend au réceptoire, et
telle liqueur est la partie la plus té¬
nue et subtile qui soit esdits médica¬
ments : ce qu’ils appellent resolution
en ses elemens, et extraction de l’hu¬
midité substantifique de la matière.
Ainsi est fait oleum phüosophorum,
qui est descrit au troisième liure de
l’Antidotaire de Mesué : aussi oleum
lU.
56 1
sulphuris, qui est de tres-grande effi¬
cace et vertu, et presque toutes les
nobles et bonnes compositions qui
vulgairement ont le nom de bauihe.
Aucunesfois est faite telle sublima¬
tion à la vapeur de l’eau, qu’ils ap¬
pellent balneum Mariæ.
Per descensum sont faites huiles,
quand la liqueur ne monte en la cha¬
pelle , ains descend en vne cornue en •
la maniéré que s’ensuit. Il faut em¬
plir vn vaisseau de terre bien plombé,
qui ait le col estroit, de taillures me¬
nues du bois , ou autre médicament
gras duquel nous voulons auoir
huile, et les bien disposer audit vais¬
seau par ordre : puis appliquer au
col d’iceluy vne lamine de fer ayant
plusieurs trous et pertuis, et la luter
au col tant dudit vaisseau que d’vn
autre vaisseau de verre , qui doit
receuoir ladite huile, lequel faut met¬
tre en terre puis faut eschauffer l’es¬
pace de deux heures ou plus le vais¬
seau dessus, contenant les medica¬
mens que l’on veut distiller , et par
ainsi distillera huile dedans le vais¬
seau enterré : telle distillation, comme
auons dit, est faite per descensum,
c’est-à-dire par descente contraire à
la precedente. Plus ample.doctrine de
telles sortes de distiller tu trouueras
en Philippe Vlstade, en son liure Du
Ciel desPhilosophes, etau premier liure
de la matière de Chirurgie, chapitre
des Resoluens ; aussi Mesué la descrit,
parlant de l’huile de genéure. Ainsi se
peut tirer l’huile du bois de genéure,
de gaiac, de fresne, du bois de ros-
marin, et plusieurs autres de vertus
et effets merueilleux en la curation
des maladies. Semblablementest tirée
par resolution, huile d’œufs, de fro¬
ment, et de moustarde: toutesfois
elles se peuuent tirer par expression,
comme la première espece.
36
562 l'E VINGT-CmQVlEME LIVRE,
Il y a vne autre façon d’extraire
telles huiles per descensum^ quand on
met le vaisseau contenant medica-
mens decliue et panché en lieu frais,
comme en la caue : ainsi est tirée
huile de myrrhe, huile de tartre, et
de vitriol. Or faut noter qu’en l’ex¬
traction de la quinte-essence des ve-
getables, c’est à dire qui ont faculté
de croistre ou diminuer, comme sont
les herbes , l’humidité substantiflque
est tirée la première : mais des miné¬
raux est tirée la derniere, laquelle
est pure et nette , semblable à huile.
Il y a d’autre substance excremen-
teuse qui se tire , mais elle n’a tels
effets que la substantiflque, laquelle
surpasse toutes autres facultés des
medicamens, bien souuent outre
toute opinion commune.
Nous vsons des huiles, à fln que la
vertu pénétré au profond, ou à fln que
l’huile puisse adoucir la substance
des choses que l’on mesle auec ladite
huile. Toutesfois faut entendre , que
quand on fait huiles froides compo¬
sées auec huile commune, il faut
prendre de l’huile omphacin, c’est-à
dire tirée d’oliues vertes et non meu¬
res, comme l’huile rosat. Aussi quand
on veut faire huiles chaudes, comme
huile des philosophes, ou lemdicta,
il faut prendre de l’huile douce et
bien meure , ou vieille , ou d’infusion
de rosmarin et semblables.
CHAPITRE XXV.
DES UNIMENS.
Liniment est composition externe ,
moyenne entre huile et onguent :
ayant plus de consistence que l’huile,
pour ce qu’eu sa composition, outre
l’huile , il reçoit beurre, axonge , et
choses semblables : lesquelles estans
réfrigérées , acquièrent et retiennent
quelque consistence, qui est cause
que pour eschauffer , meurir, et ap-
paiser douleur, le liniment est plus
propre que les huiles seules , pource
qu’il s’attache mieux et a plus de
prise sur la partie , et ne s’es-
coule si aisément , et moins que l’on¬
guent ; lequel est ainsi appellé , à
cause qu’il lenit et adoucit les par¬
ties rudes et exaspérées , et appaise
les douleurs.
Les especes des linimens sont pri¬
ses de leurs effets : car aucuns sont
refrigerans , autres eschauffans , au¬
cuns humectans , quelques-vns ma-
turatifs, et ainsi des autres, selon
les indications des maladies.
La matière et ingrediens des lini-
menssont huile, axonge, suif, beurre :
ou ce qui a consistence d’huile,
comme styrax liquide, terebenthine,
mucilage de fœnugrec et guimauue ,
moelle , laine succide , et autres.
Quelquesfois on y adiouste quelque
poudre de racines, semences, fleurs ,
escorces , minéraux et autres , mais
en petite quantité, à fln que le lini¬
ment retienne tousiours sa consis¬
tence liquide ; aussi on y mesle bien
peu de cire, pour lier vn petit et rete¬
nir les huiles ou axonges. On en peut
faire des autres medicamens tant sim¬
ples que composés , déclarés cy do¬
uant , selon l’exigence et nécessité ,
et complication des maladies. Les
exemples donneront tout à con-
noistre.
Liniment eschauffani, atténuant et digérant,
Olei amygdalanim amararum, liliorum
ana 5.].
Axungiæ anatis et gallinæana 3. fi.
Rutyri sine sale s.j.
DES MEDICAMENS. 503
Mucilaginis seminis althææ, et fænugræci,
extractæ in aqua hyssopi ana § . fi .
Addendo pulueris croci et ireosana9. j,
fiat linimentum.
Humectant et remollitif.
Olei amygdalarum dulcium f . ij.
Axungiæ humanæ § • fi .
Mucilaginis seminis maluae extractæ in
aqua parietariæ § . fi .
Fiat linimentum addito croco.
Ainsi pourras faire autres linimens
à cest exemple, plus ou moins forts
ou debiles , des remedes ja descrits.
Les linimens se peuuent appliquer
à toutes les parties du corps, tant
pour eschauffer, refrigerer, humec¬
ter et desseicher, que pour digerer ,
maturer, emollir, appaiser douleurs,
à cause qu’ils adhèrent d’auantage ,
et ne coulent pas si tost que les hui¬
les. Toutesfois en la composition des
linimens, faut considérer la partie où
l’on les veut appliquer ; car si la par¬
tie a quelque conduit , méat ou si¬
nuosité, comme l’oreille, il faut que
le Uniment soit plus liquide et ait plus
grande quantité d’huile. S’il faut
qu’il adhéré sur la partie où il est ap¬
pliqué, faut y mettre plus dégraissés
ou axonges, et autres choses qui ont
consistence. Aucuns veulent mettre
différence entre les linimens et on-
guens , à cause qu’aux linimens ne
faut mettre cire comme aux onguens :
lesquels certainement s’abusent : car
il y a des onguens où il n'y entre
point de cire, comme entre les autres
l’Egyptiac , non plus que tous ceux
qui sont préparés pour les gangrenés
et vlceres putrides, pource qu’à telles
maladies, toutes choses grasses ,
comme huile, graisse, résiné, cire
sont fort contraires : en lieu desquel¬
les entre en l’Egyptiac le miel et
verd de gris , tant pour donner con¬
sistence à l’onguent que pour le ren¬
dre detersif.
CHAPITRE XXVI.
DES ONGVENS.
Les onguens ont plus de consis¬
tence et sont plus fermes que les lini¬
mens , et de plus grands effets : ainsi
nommés à cause que les parties où
l’on les applique sont ointes et en¬
graissées.
Les différences d’iceux sont prises
en partie de leurs effets, à cause qu’ils
eschauffent, refrigerent, desseichent,
humectent , mondiflent , confortent
les parties , consument la chair, fai¬
sans cicatrices , et autres choses sem¬
blables : en partie de leurs couleurs ,
et des noms des inuenteurs , comme
album Rhasis, dessiccatiuum rubrum :
en partie aussi du nombre des sim¬
ples desquels ils sont faits , comme
vnguentwn tetrapharmacum , que
communément on nomme basilicon^
et tripharmacum , que l’on dit nutri-
tum : et de plusieurs autres tels acci-
dens sont faites les différences des¬
dits onguens, comme le plus souuent
ils retiennent le nom du principal
simple qui entre en la composition
d’iceux : ainsi nous disons vnguentum
de lithargyro , de minio , diapompho-
lîgos , et les autres semblables.
Ils sont faits d’herbes , racines , se¬
mences , fruits, des parties des bestes,
des métalliques, et quelques corps
terrestres. Les jus et autres humidités,
sont consumées en cuisant , comme
aux huiles : les herbes et parties d’i¬
celles sont puluerisées, si elles sont
seiches , tout ainsi que les metalli-
LE VJNGT-CINQVIÉME LIVUE,
564
ques et corps terrestres ; si elles sont
vertes , elles sont cuittes, exprimées,
et puis leur jus consommé en décoc¬
tion. Les gommes et résinés aucunes-
fois sont puluerisécs, aulresfois sont
dissoutes et fondues , ou par feu , ou
par quelque liqueur conuenable. La
cire se fond auec l’huile sur le feu.
Or pour composer onguens , on a
accoustumé garder telle proportion ,
que pour vue once de poudre , on y
mette deux onces de cire , et huit on¬
ces d’huile : toutesfois puisque la cire
n’est mise aux onguens que pour leur
donner consistence, il vaut mieux
laisser la quantité de cire au iuge-
ment de celuy qui les fait : ioint qu’il
faut aussi moins y adiouster de cire en
Esté qu'en Hyuer : à cause que la
chaleur de l’Esté desseichant d’auan-
tage la composition totale de l’on¬
guent, luy donne plus de consistence.
Telle est la reigle des communs pra¬
ticiens pour ordonner onguens , la¬
quelle entendras mieux par exemple.
Onguent repercussif et anestant flux de sang.
Hf. Olei rosacei § . iiij.
Pilorum leporis, boli armeni, terræ sigil-
latæ anaS.j.
Balausliorum et gallarum ana 3. û .
Tritis quæ terenda, et simul mixtis, addita
cera quod sufBcit, fiat vnguentum. 1
Ainsi promptement à ta nécessité
pourras composer onguens à cest
exemple : mais souuent on en fait
d’autre façon. Car il y a trois maniè¬
res de composer onguens : la pre¬
mière est celle qui est faite sans feu ,
en pistant seulement au mortier :
ainsi est fait vnguentum nutritum :
la seconde, quand auec feu nous fon¬
dons en l’huile la cire , ou autre telle
graisse : puis quand tout est fondu ,
nous meslons les poudres en mesme
proportion que celle cy dessus ; en
ceste façon l’on compose vnguentum
aureum, hasüicon, diapompholygos,
desiccatiuum rubrum, et enulaium. La
troisième maniéré est de pister axon-
ges auec les herhes , puis les cuire en¬
semble et les couler, car la colature
est onguent. Et pour facile intelli¬
gence , ie le donneray la description
des susdits onguens, et la maniéré
de les faire.
f^nguenlum nutritum.
"if. Litbargyri auri triti et loti ft . C .
Olei rosati ft, j.
Aceti rosati § . iiij.
Et fiat Yngaentum.
Vous prendrez premièrement votre
litharge, et la mettrez en vn mortier,
y adioustant vn peu d’huile à fin
qu’elle s’espaississe, la remuant auec
vn pilon ; puis adiousterez autant de
vinaigre, en remuant iusques à ce
qu’ils se soient incorporés ensemble :
et continuerez àietter tantost vn peu
de vostre huile , puis du vinaigre ,
iusques à ce que l’onguent soit rendu
en bonne forme et consistence. Et si
tu veux faire de cest onguent Yem-
plastrum nigrum, tu feras consom¬
mer petit à petit tout ton vinaigre ,
et lors l’emplastre viendra noire et
luisante.
F'nguentum aureum.
Tf,. Ceræ citrinæ g . vj.
Olei boni Ib. ij.
Tereb. §.ij.
Resinæ, colophoniæ ana g. J. Ù.
Olibani, mastiches ana f ’.j.
Groci 3. j.
Fiat vnguentum.
En premier, ferez fondre vostre cire
auec vne grande portion de l’huile,
DES MEDICAMENS.
566
puis vous adiousterez la résiné et co-
lophone rompue par petits morceaux ;
et estans fondues , esterez le tout du
feu , et adiousterez vostre tereben-
thine : cela estant à demy refroidi ,
mettrez l’oliban et mastic puluerisés ,
et sur la fin le saffran dissout ou des¬
trempé auec le reste de vostre huile.
Le tetrapharmacum est ainsi ap-
pellé, par-ce qu’il est composé de
quatre simples , sçauoir : cire, résiné,
poix et suif de taureau , egalement
meslés et fondus.
Fhguentum tetmphamacum.
Resinæ, picis nigræ, ceræ ana o•^< û •
Olei veteris oliuarum matur. ft. j. C.
aut tt. j. si durius id esse vis.
Fiat vnguentum.
Faites fondre auec l’huile la cire
coupée par petits morceaux, puis
adiousterez la résiné et poix : et le tout
estant fondu aurez vostre onguent.
Aucuns l’appellent basilicum.
p^nguenlum diapompholygos.
Of, Oiei rosati § . ix.
Ceræalbæ §. iij.
Succi solani hortensis f . iiij.
Cerussæ lotæ § .j.
Pompholygos, plumbivsti et loti, olibani
puri ana § . û .
Fiat vnguentum.
En l’huile sera fondue la cire à petit
feu, puis estant ostée du feu, adiouste¬
rez vos susditsingrediens, et lesbroye-
rez long temps en vn mortier de mar-
bre, versantpetit à petit du suc : et ce
qui ne sera incorporé , vous le sépa¬
rerez.
f^nguentum desiccatimm rubrum.
•2f. Lapidis calaminaris, terræ sigillatæ ana
5-ij-
Lithargyri aurl, cerussæ ana 5 . j. fi .
CamphOræ 5. fi .
Ceræ §. ij. fi.
Olei rosati et violarum ana 5 . üj.
Fiat vnguentum.
Vous ferez fondre la cire auec
l’huile , et estans refroidis vous mes-
lerez vos poudres , remuant auec vne
spatule de bois, adioustant sur la fin
le camphre dissout auec vn peu
d’huile rosat , ou eau de roses.
f^nguenlum enulatum,
Of. Radicis enulæ campanæ coctæ cum
aceto, et pistatæ vt decet ib . fi .
Axung. porci, olei commuais ana
j. fi.
Argenti viui extincti, et terebenthin©
lotæ ana §.j.
Salis communis puluerisati 3. ij.
Incorporentur vt decet.
Vous prendrez vos racines cuites,
et passées par l’estamine, lesquelles
ferez cuire auec vostre axonge à petit
feu, en remuant tousiours, puis sou¬
dain ietterez vostre sel, et l’huile, et
cire, le tout meslés ensemble : cela
fait, sera ostée du feu la composition :
à laquelle estant froide, adiousterez
le vif argent esteint auec vn peu d’a-
xonge et terebenthine.
Vnguentum album Rhasis,
2£. Olei rosati § . ix.
Cerussæ albæ § . üj.
Ceræalbæ g.ij.
Confiée sic.
La ceruse sera bien puluerisée, sus
laquelle ietterez l’huile et la cire que
vous meslerez ensemble chaudement,
puis longuement battrez le tout en¬
semble, iusques à ce que la meslange
vous en semble bien parfaite.
566
LE VINGT-ClNQVIlfME LIVRE
f^nguenlum de althcea.
Of. Radicis allhææ J.
Seminis lini, fœnugræciana ît. 6.
Scillæ
Olei comraunis ïb. ij.
Cerælfe. fi.
Terebenthinæ, galb. gummi hederæ ana
Colophoniæ et res. ana § . üj.
Lesracinesetles morceauxde scille,
et les semences de lin, seront mises
en infusion chacun à part , en cinq
liures d’eau l’espace de trois iours,
puis on les fera boüillir iusques à la
consomption chacun de trois onces :
cela fait, on en tirera les mucilages,
que l’on fera cuire auec l’huile, ad-
ioustant la cire taillée en petits mor¬
ceaux : puis l’ostant du feu mettrez le
galbanura dissout en vinaigre meslé
auec la terebenthine , ensemble la
gomme de lierre , colophone et ré¬
siné, réduits en poudre : ou bien fe¬
rez fondre vostre colophone et résiné
auec la cire et l’huile, qui seroit
mieux.
Vnguentum populeonis.
:2f. OcvA. populiarb. a.j. fi.
Folio, papauer. nig. mandrag. folior.
rubiæ. hyoscya. vermic. lactucæ, sem-
peruiui, folior. violar. cymbalaris folior.
nominati cortali nascentis in fig. et mû¬
ris ana B . û.
Cordus et Fernelius, itemqueNico-
laus dozent les simples iusques à trois
onces chacun;
Adipis suilli recentis expertis salis ïb. ij.
Vini boni tt>. j.
Fiat vnguentum.
Les fueilles de violes et œillets de
peuple seront pistés en vn mortier de
marbre auec les axonges, puis seront
mis en vn pot , et laissés l’espace de
deux ou trois mois, attendant que les
autres herbes soient en leur vigueur :
lesquelles estans cueillies, seront ha¬
chées et pistées comme les susdites,
puis meslées ensemble, et sera le tout
mis en vn lieu tiede l’espace de huit
iours, adioustant vne liure de vinai¬
gre fort : cela fait, on fera le tout
cuire iusques à la consomption do
l’humidité, qui seconnoistra lors que
l’on en iettera vnpeu dessus le feu, et
s’il fait bruit, c’est signe qu’il y a en¬
core quelque humidité ; laquelle es¬
tant consommée, ledit onguent sera
passé par vn gros linge, en exprimant
bien fort le marc des susdites herbes.
Vnguentum apostolorum.
Of. Terebenthinæ, ceræ albæ, resinæ ana 5.
xiiij.
Opopanacis et floris æris (seu viridis
æris : car flos æris ne se prend pas icy
proprement pour ces petits grains, qui
comme scintilles saillent de l’airain, lors
que les mareschaux l’abreuuent d’eau pour
le rafraîchir ; mais il se prend pour le
verd de gris, qui est fort propre contre les
vlceres malins contre lesquels tout cest
onguent est préparé) ana 3. ij.
Ammoniaci 3. xiiij.
Aristolochiæ longæ, thuris mascut ana
3.vj.
Myrrhæet galbani ana 3. üj.
Bdellij 3. j. ' g
Lithargyri dracta. ix.
Olei ft. ij.
Fiat vnguentum.
La litharge doit estre nourrie auec
§ . ij. d’huile, l’espace de cinq heures,
en après cuitte à petit feu iusques en
forme de miel, en remuant à fin qu’elle
ne se brusle, à laquelle estant hors du
feu, adiousterez la cire fondue auec
le reste de l’huile, ensemble la résiné :
puis le tout estant refroidi, mettrez
DES TMEDICAMENS.
les gommes dissoutes en vinaigre, et
cuites incorporées auec la tereben-
thine, ou bien les adiousterez en pou¬
dre : cela fait, les poudres d’aristolo¬
che, myrrhe et encens seront incor¬
porées : et par ainsi aurez vostre on¬
guent, y adioustant sus la fin floris
œris bien subtilement puluerisé.
Encore que par cy deuant la des¬
cription de l’Egyptiac soit mise , ie n’ay
voulu faillir le mettre en ce lieu.
'if. Floris ærls, aluminis rochæ, mellis cora-
munis ana B . üj.
Aceti acerrimi f . v.
Salis communis g . j.
VitrioU Romani § . fi.
Sublimati pulueris.3. ij.
Bulliant omnia simul , et fiat vnguentum
Yt artis est.
l’ay adiousté le sublimé pour luy j
donner plus de force, lequel tu pour¬
ras diminuer ou oster si bon te
semble.
p^nguentum Comiiissœ.
if. Corticum medianorum castanearum,cor-
ticum medianorum arborisglandium, et
glandium, myrtillorum, caudæ equinæ,
corticum fabarum, acinorum vuarum,
sorborum siccorum immaturorum, mes-
pillorum immaturorum , radicura che-
Udoniæ.foliorum prunorum.syluestrium
ana § . j. fi •
Aquæ plantaginis &. YÜj.
Ceræ nouæ § . vüj. fi.
Olei myrtillorum Ib, ij. fi.
En après te faut espandre dru et
menu la poudre des choses qui s’en-
suiuent.
if. Pulueris corticis mediani castanearum,
corlicis mediani glandium, corticum
medianorum arboris glandium, id est
quercus, gallarum ana § . j.
Glncris ossium cruris bouis, myrtillo-
567
rum, acinorum vuarum, sorborum sic¬
corum ana § . fi .
Trochiscorum de carabe B . IJ.
Fiat vnguentüm.
Premièrement vous ferez vne dé¬
coction en l’eau de plantain , des
simples concassés qui s’ensuiuent,
comme cortex medianus arboris quer-
cini, acini vuarum, radix chelidoniœ^
mespilla, sorba, cauda equina, semen
myrtillorum , pruni syluestris folia ,
cortices fabarum , cortices mediani
glandium , castanearum cortices , et
gaïlœ : lesquels simples estans bien
cuits , seront laissés en infusion
l’espace de deux heures , et ladite
décoction sera passée et séparée en
neuf portions, et auec vne des susdites
portions la cire estant fondue auec
l’huile de myrtils , sera lauée , en
continuant telle ablution sept fois :
cela fait , et l’ayant bien esgouttée ,
de sorte qu’il ne reste aucune goutte
de la décoction, auec la cire et l’huile
la ferez fondre , adioustant les pou¬
dres qui s’ensuiuent, comme ossium
cruris bouis, corticum mediurum ar^
boris quercini, et mediorum corticum
glandium, corticum mediorum casta¬
nearum, gallarum, sorborum., mtspil-
lorum, seminum myrtillorum, acino¬
rum vuarum, et sus la fin trochiscos
de carabe : et par ainsi aurez vostre
onguent fait selon l’art.
Vuguentum pro stomacho.
if. Olei absinthij, mastichis, de spica et ro-
sati ana § . fi .
Pul. absinthij, rosar. maioranæ, men-
thæ ana 3. j.
Garyophyllorum, cinnamomi, mastichis,
galangæanaS.j.
Puluerisentur puluerisanda, et cum sufli-
cienti quantitate ceræ fiat vnguentum
molle, de quo vnguatur stomachus ca-
lidè per boram ante pastum, conti-
nuando.
668 LE VIJSGT-CINQVIIÎME LIVRE
Nous vsons des onguens à fln qu’ils
demeurent et s’arrestent en la super¬
ficie, sans couler, et aussi à fin qu’ils
ne pénétrent trop au dedans : pour
ceste raison ils sont moyens entre les
linimens et emplastres : et bien sou-
uentnous prenons onguens pour lini¬
mens, vsans indifféremment de l’vn
et de l’autre
Vnguent de hednis escril par Galien, propre
aux morsures des testes enragées , et à tou¬
tes morsures, soit d’hommes ou autres ani¬
maux ; aussi aux ragadies du fondement ;
on en fait pareillement des pessaires remol-
lilifs
"îf. Ceræ albæ tt . ij.
Cerussæ, lithargyri aurai ana a. j.
Myrrhæ et medullæ cerui ana S . ij.
Thur. § . j.
Olei a. fi.
La maniéré de le faire est telle : il
faut cuire la litharge auec l’huile
iusques à bonne consistence, cela fait
il faut ietter la cire et ceruse , et les
mouuoir ; et lors qu’ils seront vnis,
et n’adhereront point aux doigts, os-
tez les du feu, et y mettez la moelle :
puis quand il seront refroidis, on y
adioustera la myrrhe et le thus sub¬
tilement puluerisés : et sera gardé tel
onguent pour en vser aux dispositions
susdites.
Autre médicament de Galien propre aux mor¬
sures des chiens enragés, et aux piqueures
des nerfs et tendons ; il prohibe que telles
plages ne se peuuent glutiner ny cicatriser.
Il se fait ainsi ^ :
Prenez vne liure de poix grasse, trois onces
< Ici s’arrêtait le chapitre en 1575 j le reste
est de 1579.
1. delà Composition des medicamens
en general, — A. P.
i Liu. 3. de la Composition des medicamens
en general. — A._P.
d’opopanax, cuits en fort vinaigre, huile
de lis, axonge de porc fort vieille : et
soit fait onguent.
Il dit que l’huile de moustarde est
si acre, que la mettant sur les playes
recentement fermées, qu’elle a vertu
les faire ouurir : et partant elle est
bonne ausdites playes faites des bestes
estranges, et aux ponctions des nerfs
et tendons.
CHAPITRE XXVII.
DES CERO VENUES ET EMPLASTRES.
Les ceroüennes et emplastres ont
si grande affinité en leur composition,
que souuentesfois on escrit l’vn pour
l’autre, tout ainsi que les linimens et
onguens , lesquels on confond quel-
quesfois l’vn auec l’autre : à ceste
cause nous distinguerons bien peu les
ceroüennes des emplastres, car la
différence est bien petite.
Ceroüenne est une composition plus
dure et solide que les onguens , et
plus molle que les emplastres, la¬
quelle a son nom de la cire qu’elle y
reçoit pour donner consistence et
arrester l’huile. Les différences sont
prises aucunesfois des parties où elles
sont appliquées , comme ceratum sto-
macMcum : autresfois de leurs effets ,
comme ceratum refrigerans Galeni:
souuentesfois des simples desquels
ils sont composés , comme ceratum
santalinum , et ainsi des autres.
La propre matière des ceroüennes
est la cire neufue , et les huiles ac¬
commodées aux parties et maladies ;
de sorte que linimens et onguens ne
different aucunement desceroüennes,
s’ils reçoiuent de la cire en leur com-
DES MEDICAMENS.
position î comme mguentum rosa-
ceum , s’il reçoit de la cire , sera ap-
pellé ceroüenne, non onguent. Les
ceroüennes qui sont composés de ré¬
sinés , gommes, et métaux , sont plus-
tost appellés emplastres que ceroüen¬
nes , comme le ceroüenne pour la
hergne, communément appelé Em-
plastrum contra mptMram.D’auantage
souuentesfois s’il y a douleur ou in¬
flammation en vne partie , nous fai¬
sons ceroüennes des emplastres liqué¬
fiés enhuile, de peur que la substance
trop solide , dure et pesante de l’em-
plastre ne blesse la partie dolente
par sa granité, et n’augmente l’in¬
flammation , empeschant la perspira¬
tion d’icelle par sa solidité. Et pour-
tantdelaissantlamaniere de composer
lesdits ceroüennes, dirons des emplas¬
tres.
Emplastre est vne composition faite
de toute sorte de medicamens, princi¬
palement gras et secs, assemblés et
amassés en vn corps espais et vis¬
queux , dur et solide , adhérant aux
doigts. Les différences des emplastres
sont autant manifestes que celles des
onguens. Qu’il soit vray, elles sont
prises bien souuent d’vn principal
médicament qui entre en la composi¬
tion , comme diachylon , de meliloto ,
de baccis lauri , diachalciteos siue pal-
meum , de betonica siue de ianua, Au-
cunesfois de leurs effets, comme iiui-
num , gratia dei , apostolicon , contra
rupturam. Quelquefois aussi de la
couleur, comme emplastrum nigrum ,
griseum, et autres telles différences ,
lesquelles connoistras à leur nom
commun et vulgaire.
La matière des emplastres est prise
des parties des plantes , des métalli¬
ques et corps terrestres principale¬
ment , et des parties des bestes : des¬
quels les vus laissent seulement leurs
569
vertus , comme le vin , vinaigre, eau,
et tous jus liquides des herbes : les au¬
tres seruent principalement pour don¬
ner consistence ferme aux emplastres,
comme la litharge (laquelle selon Ga¬
lien est la principale matière à faire
emplastres ‘ ) la cire , l’huile et les
résinés. Les autres sont mis aux em¬
plastres, non seulement pour seruir
de matière , mais aussi pour donner
leurs vertus et effets, comme les gom¬
mes , quelques métalliques , parties
des bestes, et résinés, comme la tere-
benthine pour digerer, mondifier et
desseicher.
Or des emplastres aucuns sont faits
sans coction , les autres auec coction.
Ceux qui sont faits sans feu, inconti¬
nent sontdesseichés, etne sont aucune¬
ment visqueux. Ils sont faits defarine et
poudre meslées et incorporées auec
jus, ou autre chose humide. Tels em¬
plastres doiuent plustost estre appelés
onguens durs ou cataplasmes, qu’ em¬
plastres. Qu’ainsi soit, par décoction
sont faits les vrais emplastres, laquelle
est aux vnsplus longue, aux autres
plusbriefue, selon quelesingrediens
la peuuent endurer de leur nature et
substance : parquoy il est fort vtile
connoistre ceux qui portent grande
décoction ou petite.
Donc la méthode et moyen de bien
faire les emplastres , c’est que les ra¬
cines , bois , fueilles , tiges , fleurs ,
semences seiches et puluerisées , sont
mises presque toutes les dernieres ,
lors que l’eraplastre est quasi cuit, ou
qu’il est ja hors du feu, ou autrement
leur vertu s’euaporeroit. Toutesfois
si quelques vues de ces choses en¬
trent en la composition lors qu’elles
sont fraisches et encore verdes,ouil
1 Aux Hures de la Composition des medi-
camem en particulier. — A. P.
LE VINGT-CINQVllÉME LIVRE
570
les faudra faire cuire en quelque
liqueur , puis les passer et mesler
auecques le reste , ou bien si elles ont
du suc , on le tire après les auoir pi¬
lées : et se sert-on de ce suc pour
cuire les autres choses , et les fait-on
du tout consommer, n’y laissant rien
que sa vertu et faculté , comme l’on
peut voir en l’emplastre de ianua ou
betonica , et gratia dei : ce qu’on
obserue aussi és mucilages : vray est
qu'à cause de leur viscosité , ils ne se
consomment pas tant que les sucs.
Quant au miel et huile, il en demeure
encore beaucoup , encore que l’em-
plastre soit parfait. Et quant aux sucs
solides et endurcis , comme l’aloés ,
l’hypocistis, l’acacia, et autres sem¬
blables, si quelqu’vn entre en la com¬
position de l’emplastre , et s’il est
encores recent et frais , il le faudra
seulement dissoudre et destremper en
quelque liqueur propre en nostre
intention , lequel neantmoins il fau¬
dra faire consommer à force de cuire,
auant que le mesler en la composi¬
tion ; ou bien faire cuire toute la comr
position iusques à la consomption
de l’humidité des sucs.
Les gommes , comme galhanum ,
opopanax , sagapenum , ammonia-
cum, et autres, se doiuent dissoudre
en vin , vinaigre , eau de vie , ou au¬
tre liqueur : puis doiuent estre cou¬
lées et cuites iusques à la consomp¬
tion desdites liqueurs et consistence
emplastique, et seront mises aux em-
plastres ja du tout cuittes. Et est à
noter , que pour bien auoir la quan¬
tité et poids des gommes , il les faut
premièrement dissoudre et couler, et
les faire cuire, à cause des petits es-
clats de bois et autres ordures qui s’y
trouuent le plus souuent. D’auantage,
le Chirurgien doit auoir esgard en
quelle liqueur il les fait dissoudre :
car le vinaigre fait de bon vin fort et
puissant, est de trop plus grande ver¬
tu pour subtilier et penetrer, que
celuy qui est fait de petit vin , brusc ,
rude, etaspre.
Les autres gommes qui sont plus
seiches sont mises en poudre, et
meslées à la fin des emplastres : les
métalliques, comme œs vstum, chalci-
tis, magnes^ holus armenus, sulphur,
mri pigmentum^ et les autres qui se
peuuent pulueriser, doiuent estre mis
à la fin, si d’auenture on ne veut ob-
tondre et refrener leur trop grande
force par longue décoction. Ainsi est
fait des résinés, de la poix, de latere-
benthine , laquelle doit estre mise
après la cire , sans sentir aucune coc-
tion, ou bien petite ; les graisses sont
meslées sur le feu. La litharge auec
l’huile doit estre cuitte à consistence,
si l’on veut que l’emplastre desseiche
sans mordication. La cerusse pourra
bien endurer tant longue decotion ,
mais elle ne rendra l’emplastre blanc:
tout ne plus ne moins que la litharge
d’argent ne donne tant belle couleur
aux emplastres que la litharge d’or.
Finablement tel ordre garderas en la
décoction des emplastres. La litharge
sera cuitte à consistence, les jus ou
mucilages ja consumés : puis on y
adioustera les graisses , en après les
résinés seiches , les gommes, la cire ,
la terebenthine, et à la fin les pou¬
dres.
La parfaite coction des emplastres
est conneuë par la consistance crasse,
dure, glutineuse et adhérante. Ce qui
est euident, quand en prenant quel¬
que portion de l’emplastre , icelle
refroidie , soit par l’air ou eau froide,
ou marbre , elle ne vient à adhérer
aux doigts : d’auantage, quand tout
est bien meslé, et la paste et l’emplas-
1 tre est bonne et bien amassée, difficile
DES MEDICAMENS.
à rompre et mettre en morceaux, i
La quantité des medicamens que l’on j
veut mesler pour faire emplastre ne se
peut descrire, ains est estimée par vne
coniecture artificieuse , ayant esgard
aux medicamens qui donnent consis-
tence et glutinosité : puis à la coction
parfaite on connoist si l’ emplastre est
trop mol ou trop dur. La cire n’entre
point aux emplastres esquels il y a du
ladanum , car il sert de cire. D’auan-
tage , si la composition d’vn emplas¬
tre reçoit quelques medicamens em-
plastiques, la cire sera diminuée : au
contraire , si les autres sont tous li¬
quides , l’on augmentera la cire en
telle quantité qu’elle puisse donner
consistence emplastique. Le temps
aussi et l’air varient la quantité de la
cire , et pourtant sera bon laisser la
quantité de la cire au iugement de l’o -
perateur , escriuant seulement , cerœ
qmntum sufficit. Des onguens on
peut faire emplastres, eny adioustant
ou cire ou résinés seiches , ou autre
chose dure et solide. Aucuns veulent
que pour vne poignée des medicamens
grossement puluerisés, on y mette
vne once ou once et demie d’huile ,
ou autre liqueur : mais de cecy ne
s’en peut donner precepte certain,
ains tout gist en l’examen et considé¬
ration des emplastres ja composés des
anciens , esquels se faut diligemment
exercer, pour bien entendre la ma¬
niéré d’ordonner emplastres. A ceste
raison nous descrirons les plus com¬
muns.
Emplast, de Vigo cura Mercuno.
Olei chamæmeli, anethi, de spica, lilio-
rum ana 5. ij.
Olel de croco § . j.
Pinguedinis porcinæ ïb.J.
Pinguedinis vitulinæ C.
Euphorbij J5. v.
571
Thuris 3, X.
Olei laurini g. j. fi.
Ranas viuentes n. vj.
Pinguedinis viperæ 3. ij fi.
Lumbricorum lotorum in vino § . üj. li .
Succi ebuli, enulæ ana § . ij.
Schœnanti , stœcados , matricariæ ana
m, ij.
Vini odoriferi îb. ij.
Lithargyrl auri tt. j.
Terébenlbinæ claræ § . ij.
Styracis liquidæ fi.
Argenti viui extincti.
Fiat emplastrum.
Pour chacune liure d’ingrediens ,
on y met iiij. § . de vif-argent, et sou-
uent l’on le multiplie , pour estre la¬
dite emplastre de plus grand effet.
Les vers doiuent estre laués auec eau
de fontaine, puis auec vn peu de vin,
à fin de leur ester toute la terre qu’ils
pourroient auoir : estant ainsi laués ,
on les fera tremper au vin qui entre
en ceste composition , et les grenoüil-
les toutes viues seront adioustées , et
le tout boüilli ensemble iusques à
la consomption de la tierce partie :
puis sera mise l’herbe appelée matri-
caria incisée, aussi leschœnanthecon-
lus, et le stœchas, et de rechef on fera
cuire le tout iusqües à la consomption
d’vne liure. Telle décoction sera cuitte
à perfection, et qu’elle soit claire : puis
sera laissée refroidir , puis coulée et
gardée, attendant que la litharge aye
esté nourrie l’espace de xij. heures
auec huile de camomille, aneth.delis,
de saffran , ensemble les axonges de
porc , de veau, et de vipere ( en lieu
de l’axonge de vipere , on prendra de
l’axonge humaine), laquelle litharge
ayant esté nourrie , sera cuitte bien
lentement : [puis esterez le tout du
feu, et adiousterez vn quarteron de la
susdite décoction : en après sera mise
sus le feu , à fin que l’humidité en soit
OIÜ LE VINGT-CINQVI^ME LIVRE,
eonsommée , et continuerez iusques
à ce qu’ayez mis toute la décoction :
et notez qu’vne partie de l’huile d’as¬
pic sera gardée pour mettre à la fin
de ladite décoction , à fln que l’em-
plastre aye meilleure odeur. Cela
fait , lors adiousterez succos ehuli et
enulœ campanœ , faisant le tout cuire
iusques à leur consomption : puis
l’ayant osté hors du feu adiousterez
le thus , euphorhium , et de la cire
blanche tant qu’il en sera besoin ,
puis mettrez l’argent \if esteint auec
la terebenthine , et huile d’amandes
ameres , et le styrax , l’huile laurin et
de spica , en remuant tout iusques à
ce qu’il soit froid : puis en ferez mag-
daleons. Le vif-argent sera incorporé,
esteint , comme dit est , auec l’em-
plastre, sur le marbre auec les mains.
Annotation au ieune chirurgien,
que tous les onguens ausquels entre
du vif-argent, on le doit esteindre
auec vn peu d’axonge ou huile vis¬
queuse, comme de lin ou tereben¬
thine , puis après l’incorporer auec le
médicament , estant presque du tout
refroidi : autrement il s’euaporeroiten
fumée, ou se reüniroit en corps
comme deuant qu’il fust esteint ; la¬
quelle chose est bien à noter princi¬
palement, comme à l’emplastre de
de Vigo et autres *.
Ceratum cesypi ex Philagrio.
"if-. Croci 3. ij. fi .
Bdellij, masti. ammoniaci, aloes, styrac.
liquidæ ana § . fi .
Ceræ albæ Ib. fi.
Terebent. 3.vj.
Medullæ cruris vaccæ, adipis anseris ana
§.j.
OEsypi, vel axung. gall. si desit § . ix.
Olei nard, quantum salis ad magdaleones
formandos.
Expressionis scillæ 5 • •
Olibani g. fi.
Sepi vitulini §. j.
Vœsipus, sepum, adeps et medulla
auec la cire , seront fondus ensemble :
et estant le tout refroidi , adioustere*
l’ammoniac dissout en vne demie
once d’vne décoction faite de fœnu-
grec et de camomille , et en vne once
et demie de suc de scille, faisant con¬
sommer l’humidité : puis mettrez, ;le
styrax et terebenthine , et remuant
tousiours , lors adiousterez le bdel-
lium , origan , mastic , aloé, mis en
poudre : le tout estant bien incorporé
auec huile de nardinum, en formerez
magdaleons.
Emplastrum de gralia dei.
Of. Tereben. a. fi.
Resinæ ft. j.
Ceræ albæ §. iiij.
Mast. f .j.
Fol. verb. bet. pimpin.ana m. j.
Les herbes verdes, et principale¬
ment leurs sommités , seront hachées
et broyées en vn mortier de marbre ,
puis seront cuittes en bon vin rouge
et odoriférant , iusques à la consomp¬
tion de la tierce partie , et en la cola-
ture adiousterez votre cire taillée en
petits morceaux pour la faire fondre :
et l’humidité consommée , mettrez la
résiné, et le tout estant réfrigéré,
adiousterez le mastic bien puluerisé,
le malaxant entre vos mains pour le
mieux incorporer.
Emplasi. de ianm, seu de betonica.
%. Succi béton, plantag. apij ana Ib. j.
Ceræ, picis, resinæ, terebenth.ana ib. fi
Fiat emplast.
‘ Cette annotation a été ajoutée en 1578.
Les sucs seront mis auec la cire
DES MEDICAMENS.
pour la liquéfier et fondre , lesquels
seront consommés iusques à la con¬
somption de trois parties, puis adious-
terez la résiné , poix, lesquels estans
fondus seront passés tous chauds,
adioustant puis après la terebenthine,
après en seront faits magdaleons.
Emplaslr. oxycroceum.
Croci, picis communis {ouplustosi naua-
lis, laquelle à la vérité semble plus propre
en ce cas, de tant que tel onguent est pré¬
paré pour amollir, discuter et euoquer la
douleur des iointures ) coloph. ceræ ana
Terebenth. galb. amraon. thuris, rayr-
rhæ, mastic, ana 3. v. fi .
‘ Vous ferez lentement fondre la cire,
adioustant la poix et colophane,
puis mettrez vos gommes dissoutes
comme il appartient , et meslées auec
la terebenthine : et le tout estant osté
du feu , mettrez le thus et la myrrhe
l’vn après l’autre , et sus la fin le saf-
fran bien puluerisé : puis en formerez
magdaleons auec huile de vers.
Emplastrum de cerussa.
"if. Olei communis ib. ij.
Cerussæ subliiiss. îb.j.
Si tu veux faire ton emplastre plus
blanche , ne faut mettre que § . ix.
d’huile. Vous ferez cuire votre em¬
plastre petit à petit , mettant tout en¬
semble , en remuant iusques à ce qu’il j
aye consistence d’emplastre.
Emplastrum triapharmacum ou nigrum.
If, Litharg. triti, aceti fortissimi ana a. fi .
Olei antiqui ib. j.
Fiat emplastrum.
Lalitharge sera nourrie auec l’huile
l’espace de ix. heures, la faisant cuire
à petit feu, iusques à ce qu’il soit.es'
573
pais, puis adiousterez vostre vinaigre
petit à petit , vous donnant de garde
qu’il ne se brusle , et ferez tout boüil-
lir iusques à la consomption d’iceluy
vinaigre. Icelle emplastre est dite
triapharmacum, à raison qu’elle est
composée de trois simples.
Emplastrum palmeum siue diachalciteos.
Olei veteris ib. iij.
Axungiæ veteris sine sale ïb. ij.
Lithargyri triti Ib.iij.
Vitrioli f . iiij.
L’huile et la litharge seront mises
ensemble, à fin de la nourrir, l’espace
de xij\ heures, puis sera cuitte ayant
quelque consistence , adioustant l’a-
xonge ; et faut tousiours remuer auec
vue spatule de palme , ou en lieu d’i¬
celle auec vne racine de canne ou
baston de saulx ; et estant cuitte à
perfection , et ostée du feu , adiouste¬
rez votre vitriol bien puluerisé.
Emplastrum contra rupturam.
Of. Picis naualis, aloës ana § . üj.
Lithargyri, ceræ, colophoniæ, galbani,
ammoniaci ana § . ij.
Visci quercini § . vj.
Gypsi vsti, vtriusque aristolochiæ ana
f . iiij.
Myrrhæ, thuris ana § . vj.
Terebenthinæ § . ij. ■
Pulueris vermium terrestrium, gallarum
vtriusque consolidæ, boli armeniæ ana
B .iiij.
Sanguinis humani 1b. j.
Fiat emplastrum.
Lequel si vous voulez faire de bonne
consistence , adiousterez olei myrtil-
lorum, vel mastiches ib. fi., sinon que
tel après sa composition sera d’vne
mauuaise paste. Le moyen de bien
faire cest emplastre est tel.
I Prenez vne peau entière d’vn be-
LE VINGT-CINQVIlîME LIVRE
674
lier, laquelle couperez en petits mor¬
ceaux , et sera cuitte en cent liures
d’eau et vinaigre , iusques à ce qu’elle
soit rendue comme vne colle ou ge¬
lée : en laquelle dissouldrez vîscus
quercinum, adioustant la cire, taillée
en petites pièces , ensemble la poix
rompue en petits morceaux : et si
voulez adiouster de l’huile, le fe¬
rez : puis adiousterez le galbanum ,
ammoniac dissout en vinaigre , puis
meslés auecques la terebenthine : en
après seront incorporés la litharge ,
gypsum, le bol, l’aristoloche et la
consoulde , les vers et le sang , et sus
la fin la myrrhe, le thus, colophone,
et l’aloés , sans faire aucune interposi¬
tion de remuer : puis à fin que le tout
soit mieux incorporé, on battra long
temps l’emplastre en vn mortier, auec
vn pilon chaud.
Emplast. de mucaginibus,
Mucag. seminis Uni radicum althææ, fœ-
nugræci et mediani corticis vlmi ana
O • iiij.
Olei liliacei , camoraelini , anethini ana
S-i- fi.
Ammoniaci, opopanacis, sagapeni ana
fi.
Croci 5. ij.
Cerænouæ ïb. j. §. vüj.
Terebenthinæ § . ij.
Fiat emplastrum.
Fernel ne dose la cire que iusques à
XX. drachmes , voulant au reste la
dose des autres ingrediens estre sem¬
blable à celle qui est icy ordonnée.
Les mucilages et la cire coupée en
petits morceaux, seront mises auec
les huiles , et seront consommées en
remuant auec vne spatule de bois :
puis seront adioustées les gommes
dissoutes et meslées auec la tere¬
benthine, puis après mettrez le saflran
bien puluerisé.
Emplast. de minio.
"if. Olei rosati , myrt. vnguenti popul. ana
g.üij.
Pingued. gall. 5 . iJ.
Sepi castrati, sepi vaccini ana § . vj.
Pingued. porcinæ § . x.
Cerussæ ^ . iiij.
Minij. g.iij.
Terebent. 5 . iiij.
Ceræ quant, salis si opus fuevit.
Fiat emplastrum vel ceratum molle.
La litharge, ceruse, et minium
chacun à part, seront réduits en
poudre sur le marbre, les arrousant
d’vn peu d’eau rose , à fin que le plus
subtil ne s’euapore : puis seront in¬
corporés auec l’huile rosat , myrtil ,
les mettant sus le petit feu , iusques à
ce qu’ils ayent acquis la consistence
de miel.Cela fait, adiousterez les axon-
ges, et la ferez cuire iusques à ce
qu’elle deuienne noire : lors subit
mettrez le sepum castratum et vac-
cinum., lesquels estans fondus, este¬
rez le tout du feu , adioustant Vvn-
guentum populeonis, et s’il y a besoin
de cire en adiousterez , puis formerez
vos magdaleons.
Diachylon magnum.
Lithargyri puri et puluerisati § . xij. \
Olei irini, aneth. chamæmelini ana § .
vüj,
Mucilaginis seminis lini, fœnugræci et
radicis althææ , et ficuum pinguium et
vuarum passarum, succi ireos etscillæ,
œsypi, ichthyocollæ ana 3. xij fi.
Terebenlh. §. üj.
Resinæ pini, ceræflauæ ana § , ij.
Fiat emplastrum.
^ La litharge doit estre nourrie auec
Ihuile auant que la mettre sur le
feu, puis estre cuitte à petit feu , ius¬
ques à ce qu’elle deuienne espaisse :
après faut mettre petit à petit les mu-
DES MEDICAMENS.
cilages iiisques à la consomption :
après les jus de scille et iris soyent
meslés auec ledit emplastre , aussi le
mucilage de iclithyocolla : et iceux
estans consumés, faut faire fondre
la cire et la résiné , et hors le feu soit
mise la terebenthine et œsypus.
L’vsage des emplastres est à fin
que plus de temps ils puissent demeu¬
rer sur les parties où ils sont appliqués,
et que leur vertu ne puisse si tost ex¬
haler, ioint aussi que l’on les peut
garder long temps.
CHAPITRE XXVIII.
DES CATAPLASMES ET PVLTES.
Les cataplasmes ont grande simili¬
tude auec les emplastres dits impro¬
prement, à cause qu’ils peuuentestre
estendus sur linges ou estoupes , et
adhérer aux parties comme emplas¬
tres : ils sont faits de racines, fueilles,
fruits, fleurs, semences des herbes,
jus d’icelles, huiles, axonges, moel¬
les, farines, résinés : desquels les vns
sont cuits , les autres cruds. Ceux qui
sont cuits , sont faits desdites herbes
cuittes à pourriture, puis passées par
vn sasset , en y adioustant de l’huile
ou axonge. Les cruds sont faits des
herbes pilées, ou jus d’icelles, meslées
auec huile , farine , et autre poudre
accommodée ou à la maladie ou à la
partie , selon l’intention du composi¬
teur. La quantité des medicamensin-
grediens n’est point déterminée , ains
est laissée au iugeraent et estimation
des simples que l’on veut mesler en
vue consistence molle et espaisse, la¬
quelle doit estre visqueuse , si nous
voulons maturer , et au contraire, si
nous voulons digerer. La chose sera
575
manifeste des exemples lesquels nous
mettrons, après auoir descrit leur
vsage.
Nous vsons des cataplasmes en la
curation des maladies pour appaiser
douleur, cuire et digerer tumeurs
contre nature, résoudre ventosités.
Ils doiuent estre chauds modérément,
et de parties subtiles , à fin que mé¬
diocrement ils attirent. L’vsage d’i-
ceux est suspect et dangereux où le
corps n’est pas purgé , à cause qu’ils
attirent à la partie ja affectée : aussi
ne faut vser d’iceux quand la ma¬
tière que l’on veut digerer est grosse
et terrestre , car ils résoudroient le
subtil, et laisseroient le gros ‘ : sinon
en cas quelesdits cataplasmes fussent
meslés de choses non seulement dis-
cutientes , mais aussi resoluentes.
Exemple à’vn cataplasme anodyn,
Medullæ panis ft. fi.
Decoquatur in lacté pingui, cui adde ;
Olei camomillæ § . fi .
Axungiæ gallinæ §.j.
Fiat cataplasma.
Exemple d’vn maturatif.
Of. Radicis althææ § . üj.
Foliorum maluæ, senecionis ana m. j.
Seminis Uni, fœnugræci ana 3. ij.
Ficus pingues numéro vj.
Decoquantur in aqua, et per setaceura trans-
mittantur, addendo :
Olei liliorum 5 • î*
Farinæ hordei 5 • Ü*
Axungiæ porcinæ §. j. fi.
Fiat cataplasma.
Ætre exemple à’vn résolutif.
Farinæ fabarum et orobi ana § • fi-
1 Ici finissait ce paragraphe en 1 675; le
reste est de 1579.
LE VIJVGÏ-CINQVIÉME LIVRE»
676
Pulueris camomillæ et meliloti ana S. lij.
OleL irini et amygdalarum araararutn
ana §.j.
Succi rutæ § . fi.
Fiat cataplasma.
Les pultes ne different des cata¬
plasmes , sinon à raison qu’elles sont
faites des farines cuittes en huile et
eau , ou miel , ou beurre , ou axonge.
L’on fait pultes, pour la maturation
des tumeurs contre nature , de farine
d'orge, ou de froment, et de laict
ferré , principalement aux affections
des parties internes : ou pour dessei-
cher et astreindre , et lors sont faites
de farine de ris , ou de lentilles , ou
d’orobus, auec vinaigre : ou pour
mondifier , et en tel cas sont faites de
miel , farines de îéues , de lupins- : en
y adioustant de l’huile vieille , ou au¬
tre huile chaude, les ferez resoluti-
ues. D’auantage l’on fait pultes pour
appaiser douleur, et lors sont faites
de laict. Les exemples feront le tout
manifeste.
Exemple d’vne puhe maturatiue.
Farinæ tritici § , ij.
Micæ panis purissimi 5 • üj.
Decoquantur in lacté, et fiat pulticula.
P^ne mondifieaiiue et resoluenle est faite ainsi ‘ :
lÿ. Farinæ hordei et fabarum ana 0 . ij.
Farinæ orobi §. iij.
Decoquantur in hydromelite, addendo:
Mellis quart, j.
Olei amygd. amararura § . ij.
Fiat pulticula.
Nous vsons des pultes au commen¬
cement des maladies, aux douleurs
« Je reproduis cette courte phrase d’après
l’édition de 1575; elle avait été effacée, sans
doute par erreur, dès 1679.
et maturations des tumeurs contre
nature estans tant és parties internes
qu’externes. Quelquesfois nous vsons
d’icelles pour tuer et occire les vers :
et telles sont faites de farine de lu¬
pins cuilte en vinaigre et en fiel de
bœuf, et décoction d’absinthe, et gé¬
néralement toutes choses ameres.
CHAPITRE XXIX.
DES FOMENTATIONS.
Fomentation est vne euaporation
ou estuuement , faite principalement
pour amollir, relaxer et appaiser
douleur, des medicamens relaxans ,
emolliens et anodyns , à fin que par
sa chaleur elle puisse incontinent es-
chauffer, digerer et maturer. Icelle
est seiche ou humide. La seiche ne
différé point des sachets, desquels
nous dirons cy-aprés : partant icy
nous n’en dirons rien , mais seulement
traiterons de l’humide , laquelle est
faite de mesme matière que l’embro¬
cation , sçauoir est , d’herbes , raci¬
nes, semences, fleurs emollientes,
relaxantes et digerentes, cuittes en
eau et vin : et différé seulement de
ladite enjbrocation , quant à la ma¬
niéré d’appliquer. Lis racines de gui-
mauues , mauues , de lis. Les semen¬
ces de mauues, guimauues, persil,
ache , de lin , fœnugrec. Les fleurs de
camomille et melilot, figues. Lesquel¬
les choses sont mises en telle quantité
qu’il conuient , et sont cuittes en eau,
vin ou lexiue, en plus grande quantité
ou moyenne , selon que la partie et
maladie le requiert : aucunesfois ius-
ques à la consomption de la moitié,
quelquesfois iusques à la troisième
partie, ce que connoistras par les
exemples.
DES MEDICAMEKS.
Fomentation emolliente et resoluente.
7f. Radicis bismaluæ et liliorum ana § . ij'
Sem. lini.fœnugr. cumini ana 3, iij.
rior. camom. meliloli et anethi ana p. j
Summitatum origani m. fi.
Decoquant. in æquis partibusaquæ et vini,
aut ij. partibus aquæ et vna vini, aut
in lixiuio cineris sarmentorum, ad ter-
tiæ partis consumptionem, et fiat fotus.
A ceste exemple pourras escrire
autres fomentations à autre vsage ,
selon ta nécessité.
Or nous vsons des fomentations
auant qu’vser des cataplasmes ou on-
guens , à fin d’ouurir les pores , re¬
laxer les parties, et subtilier l’humeur,
de sorte que la voye soit préparée
aux autres remedes. Elles sont faites
en toutes parties du corps : mais ne
faut vser d’icelles sinon après la pur¬
gation du corps, de peur qu’elles n’at¬
tirent d’auantage d’humeur et sang
à soy, qu’elles ne puissent digerer.
L’application et maniéré d’vser des¬
dites fomentations est telle. Aucunes-
fois l’on trempe vne esponge femelle
{ car telle est plus lice et douce pour
son égalité que l’esponge masle ) en
ladite décoction chaude , ou feultres ,
ou linge , puis est espreinte et appli¬
quée iusques à ce qu’elle est refroi¬
die , et de rechef est trempée , et sou-
uentesfois appliquée. Aucunesfois
l’on emplit à demy de la fomen¬
tation chaude vne vessie (laquelle
principalement est appliquée aux cos-
tés ) ou vne bouteille , à fin que la
chaleur soit gardée plus longuement
en la partie : auec telle caution tou-
tesfois , que telle bouteille , soit d’ai¬
rain ou de terre, soit enueloppée de
quelque chose molle et douce, comme
laine surge ‘ cardée , ou autre sem-
1 Laine surge } le latin traduit : lana succida.
nu
577
blablo matière, de sorte que ledit
vaisseau , ny de sa grauilé, ny de son
aspérité n’offense la partie dolente ,
comme admoneste Hippocrates au 2.
De diœta in acutis.
CHAPITRE XXX.
DES EMBROCATIONS.
Embrocation' selon les Grecs, ou
irrigation selon les Latins , est vn ar-
rousement, quand d’en haut à la si¬
militude de la pluye l’on laisse dis¬
tiller quelque décoction sur quelque
partie, principalement aux affections
de la teste , enuiron la suture coro-
nale , tant pource que par les ouuer-
lures manifestes de telle suture , la
vertu du médicament est portée plus
aisément au dedans , qu’ aussi pource
I que le crâne enuiron ce quartier est
plus mince qu’en aucun autre en¬
droit.
La décoction conuenable à faire
embrocation , est faite de racines ,
fueilles , fleurs , semences , fruits , et
autres semblables medicamens choisis
selon nos intentions, lesquels sont
cuits en îiure et demie , ou en deux
liures d’eau et de vin, iusques à la
consomption de la moitié ou de la
tierce partie. Aucunesfois on fait em¬
brocations de lexiues et saulmures
desseichantes, pour les maladies froi¬
des du cerueau : souuentesfois aussi
elles sont faites d’huile seule , ou de
vinaigre auec huile , si c’est pour la
teste : vn exemple seul suffira pour
t’en donner la connoissance.
Embrocation repercussiue.
"if. Foliorum plantaginis et solani ana m. j.
Sctninum portulacæ et cucurbitæ ana 3. ij ,
37
le vmGT-CINQVlÉME LIVRE
578
Myrtlllorum 3. j.
Florum nymphææ et rosarum ana p. fi .
Fiat decoctio ad îb. j. ex qua irrigetur
pars inflammata.
Pour repercuter aussi pourra estre
faite embrocation d’huile rosat auec
vinaigre.
Nous vsonsdes embrocations , à fin
que la partie la plus subtile puisse
penetrer auec l’air qui est attiré par
les arteres ‘ : au moyen de quoy la par¬
tie est euentilée et aucunement ra-
fraicbie , qui est cause que telles em¬
brocations ont plus de lieu aux mala¬
dies froides que chaudes. La maniéré
d'en vser est quand, ou par la crainte
de flux de sang, ou pour vn os rompu
nous ne voulons de faire la ligature,
ains espreignons de haut vn linge ou
du cotton trempé en décoction ou
huile conuenable à nostre propos ,
sur la ligature : car le coup est rompu
par les bandes. Aucunesfois nous im¬
bibons le linge ou cotton , et en tou¬
chant la partie nous faisons embro¬
cation. Toutesfois pour en parler à la
vérité, telle chose mérité plustost le
nom de fomentation humide que
d’embrocation, comme l’etymologie
du mot grec le monstre euidemment.
CHAPITRE XXXI.
DES EPITHEMES.
Epitheme est vne composition ap¬
propriée seulement aux parties no¬
bles des deux ventres inferieurs, sem¬
blable à fomentation, et peu diffe¬
rente d’embrocation. Les praticiens
Va^^ellent Humectation oulrrigation,
laquelle est faite des eaux , ou jus et
1 Galien aum Hures des Simples. — A. P.
poudres appropriées au loye , au
cœur et au thorax, ausquelles on
adiouste du vin plus ou moins , selon
que l’affection froide ou chaude le
requiert. Car lors qu’il faut eschauf-
fer , on adiouste d’auantage de vin ,
comme en la syncope prouenante de
quelque grumeau de sang, de cor¬
ruption de sperme , de venin froid pris
par la bouche ( le contraire se doit
pratiquer és fiéures ) aucunesfois de
la maluoisie, aucunesfois du vinai¬
gre. Les herbes et autres medicamens
simples, conuenables aux parties in¬
ternes, ont esté descrits au chapitre
de la quatrième faculté des medica¬
mens : on vse toutesfois le plus sou-
uent des poudres d’electuaires compo¬
sés , comme à'electuarium triasantali
pour le foye, diamargariti pour le
cœur.
En la composition des epühemes ,
les . praticiens vsent de telle propor¬
tion : pour vne liure de jus et eaux ,
ils mettent vne once ou vne once et
demie des poudres, y adioustant
quelquesfois du vinaigre iusques à
demie once , et de la maluoisie ou vin
iusques à vne once : ce que connois-
tras par vn exemple suiuant.
Epiiheme pour le cœur.
Of. Aquæ rosarum, buglossæ et borraginis
ana g.ilj.
Succi scabiosæ § . ij.
Pulueris electuarij , diamargariti frigid.
3. ij.
Corticis citri slcci 3. j.
Coralli, rasuræ eboris ana 5. fi .
Seminis citri et card. benedicti ana 5.
ij. fi.
Croci et moschi ana g . v.
IAddendo vini albi § . j. fiat epitherna pro
corde.
Nous vsons d’iceux, tant poui’ le
DES MEDICIMENS.
foye que pour le cœur, et tout le tho¬
rax, es fiéures hectiques, ardentes;
esquelles fiéures hectiques et ardentes
plus opportunément sont apposés les
epithemes sur le thorax et région des
poulmons , que sur le cœur : car les
poulmons ainsi réfrigérés, eschauf-
fent moins Tair attiré : et faut que
tels epithemes soyent composés de
choses humides et froides, pour par
icelles contemperer l’ardeur de la
fiéure (qui desseiche par trop le corps)
à fin de refrigerer, ou eschauffer, ou
conforter lesdites parties. Aucunes-
fois nous en vsons pour garder et
preseruer le cœur des exhalations
veneneuses , esleuées de quelque par¬
tie , comme gangrenés , sphaceles , et
mortifications.
La maniéré d’appliquer tels epithe¬
mes , est de tremper et moüiller sou-
uent linge délié , ou cotton , ou san¬
tal , principalement quand c’est pour
le cœur, et l’epithemer assez chaud ,
et en estuuer les parties. Tels remedes,
comme tous les autres topiques, ne
sont appliqués sinon après les choses
"vniuerselles faites.
CHAPITRE XXXIL
BES KVPTOIRES OV CAVTERES
POÏENTIELS.
Ruptoire est un cautere potentiel,
lequel par sa vertu caustique brusle
et fait eschare. On les applique pour
faire ouuerture à quelque partie,
comme pour faire vacuation , deriua-
tion , reuulsion , et attraction des hu¬
meurs. D’auantage seruent aux pi-
queures et morsures des bestes veni¬
meuses, et aux apostemesveneriques,
et bubons, et charbons pestilentiels ,
^79-
s’il n’y a grande inflammation , parce
que l’ouuerture faite par iceux est
beaucoup à loüer (ainsi que i’ay es-
crit au traité de la Peste), d’autant
qu’ils obtondent et attirent le venin
du profond à la superficie , et donnent
ample issue à la matière coniointe :
semblablement sont fort propres aux
apostemes pituiteuses et phlegmati-
ques , pource que par leur chaleur ils
aident à cuire l’humeur froid et crud,
malaisé à suppurer, et aux autres
apostemes où il y a crainte de flux
de sang : à couper les veines vari¬
queuses , et pareillement à consom¬
mer chairs superflues et pourries
trouuées dedans les loupes , et faire
cheoir les bords calleux des vlceres ,
et autres choses qui seroient longues
à reciter.
Or les matières desdits cautères,
sont calx viua cendre de chesne , de
grauelée, tithymal, pommelée, de
figuier, de tronc de choux , de féues,
de serment de vigne , et autres sem¬
blables : pareillement des sels, comme
ammoniac, alkali, axungia vitri ni-
gra^, sal nitrum^ vitriol romain, et
autres semblables. Et de toutes ces
choses on fait vn sel qui sera fort cor¬
rosif , selon la quantité et qualité des
choses dont ils seront composés , le¬
quel par sa chaleur est caustique,
faisant eschare et crouste comme vn
fer ou charbon ardent , et partant fait
ouuerture en consommant et érodant
le cuir et la chair où on les applique.
Exemple de faire cautères potentiels.
Prenez chaux viue trois liures, la-
1 Ces mots calx viua n’ont été ajoutés que
dans la première édition posthume.
2 Encore un mot ajouté dans la première
édition posthume; auparavant on Usait
seulement, axungia vitri.
58o I-E VINGT-CINQVIEME LIVRE ,
quelle sera esteinte en vn seau de
lexiuc de Barbier : et après que ladite
lexiue sera rassise, on la coulera , et
dedans icelle on mettra sein de verre,
et cendre de grauelée, de chacun
deux liures , sel nitre et sel ammo¬
niac , de chacun quatre onces : les-
dites choses se doiuent pulueriser
grossement , puis il les faut faire vn
peu bouillir, et les laisser infuser par
l’espace d’vn iour et vne nuit, en
les remuant par plusieurs fois : puis
faut passer lesdites choses par dedans
vne grosse toile en double ^ à fin que
nulle chose terrestre y soit adioustée :
et estant ce capitel clair, comme pure
eau, sera posé en vn vaisseau de
cuiure , comme vn bassin à Barbier :
puis on le fera boüillir promptement
et auec grande flamme en le remuant
tousiours, pour garder que le sel
n’adhere contre le bassin. Et lors
que ledit capitel sera consommé à
moitié , il y faut ietter du vitriol en
poudre deux onces ( à fin que les es¬
chares tombent plustost) et laisser le
bassin sur le feu iusques à ce que toute
l’humidité soit presque consommée :
alors faut tailler la terrestrilé ou
sel qui se fait du capitel , et en former
les cautères gros et petits, longs,
ronds , quarrés , et de telle figure que
voudras , auec quelque instrument de
fer chaud et non froid , comme d’vne
spatule ou autre semblable, et les
faut tousiours tenir sur le feu , ius¬
ques à ce que l’humidité soit con¬
sommée : puis mettras lesdits trochis-
ques ou cautères dedans vne phiole
de verre , et sera bien estoupée , en
sorte que nul air n’y puisse entrer :
puis en vseras à ta commodité.
» Edition de 1575 ; Par dedans vn charrier
double, ou autre toile.
Autres cautères
Prenez vn fagot de troncs de feues
auec les cosses et deux fagots de
troncs de choux, quatre iauelles de
serment de v igné, et en faites cendres,
lesquelles mettrez en vn seau d’eau
de riuiere, et laisserez infuser par
l’espace d’vn iour et vnenuict,les
remuant souuent : puis après adious-
terez bonne chaux viue deux liures ,
sein de verre demie liure , cendre de
grauelée deux liures, sel nilre quatre
onces : le tout sera mis en poudre , et
les laisserez encore infuser deux ou
trois iours, en les remuant par plu¬
sieurs fois : puis on passera le capitel
par vne toile en double, ou en vne
chausse d’hippocras, tant que le capitel
soit fort clair, et le ferez consommer
sur le feu, comme il a esté dit : et sur
la fin que verrez l’humidité presque
consommée, vous adiousterez deux
ou trois onces de vitriol, et les tien¬
drez tousiours sur le feu , iusques à ce
que peu d’humidité apparoisse : puis
formerez tels cautères de telle gros¬
seur et figure que voudrez , comme
il a esté dit cy dessus. Et noterez de
rechef qu’en les cuisant, vous empes-
cherez auec vne spatule que le capi¬
tel n’adhere contre le bassin , et le
garderez comme a esté dit.
Autre,
Prenez de la cendre de vieil bois
1 L’édition de 1575 donnait ici la formule
suivante, effacée dès 1579.
«■“if. Calcisviuæ Ib.iüj.
Cinerem sannentorum, truncorum faba-
rum et clauelatorum ana Ib. ij.
Infunde omnia simiil in licinio barbitonso-
ris, etfiatcapit. ad vsum. »
* Ceci est le texte de la première édition
poslhumc; les premières éditions portent ;
Prenez vn fagot de paille, ou tronc de febues.
DES MEDICÀMENS. 58
de chesne noüeux en bonne quantité,
non pourri , et en faites lexiue , la¬
quelle ferez de rechef repasser par
autres cendres dudit bois , à fin de
rendre ladite lexiue plus forte, et
fera-on cela par trois ou quatre fois :
puis en icelle on fera esteindre chaux
viue, et de ces deux choses sera fait
capitel , duquel on fera bons cautè¬
res : car ceste cendre est chaude au
quatrième degré : et pareillement les
pierres dont on fait la chaux par leur
cuisson sont ignifiées et chaudes aussi
au quatrième degré. le diray plus ,
que i’ay fait des cautères de la seule
cendre de bois de chesne , voire qui
operoient promptement et vigoureu¬
sement*.
Autre.
Prenez vn demy boisseau de cendres
communes , et les calcinez toutes sei¬
ches iusques à ce qu’elles deuiennent
blanches, et de ce en soit fait capitel
pour cautères, lesquels trouuerez
estre bons 2. Et pour sçauoir si le capi¬
tel ou lexiue est assez forte, faut qu’vn
œuf nage dessus.
* Avant cette formule, l'édition de 1575
Cn offrait encore une autre, qui a été aussi
effacée en 1579 comme l’une des précé¬
dentes.
^ Autre cautere pour faire promptement.
» Prenez demie-once de sauon noir, can¬
tharides subtilement puluerisees vn scru¬
pule, ius de pommelee vne drachme, chaux
viue en poudre, tant qu’il en faut pour
faire vne paste, de laquelle vseras pour cau¬
tere : icelle ayant esté gardee quelques
iours pert sa vertu caustique , si ce n’est
qu’elle fust appliquée sur la chair où le cuir
seroit escorché. »
* Cette formule a été ajoutée seulement
en 1585. En conséquence la remarque qui
suit s’appliquait à la formule précédente
dans les éditions de 1575 et 1579.
Autre.
Prenez des cendres faites de troncs
de féuesiij. liures, chaux viue, cen¬
dre grauelée, cendres de bois de
chesne fort cuittes ana îh. ij. Puis les-
dites choses seront mises en vn seau
de lexiue faite de cendres de chesne,
et les remuer fort : puis les laisser
infuser l’espace de deux iours. Après
on les fera passer par quelque vais¬
seau propre, lequel sera percé au
fond en plusieurs endroits , y ayant
mis quelque bouchon de paille : à fin
que le capitel puisse mieux passer et
se rendre plus clair. Et faut le repas¬
ser par trois ou quatre fois , à fin qu’il
prenne la qualité des ingrediens : et
faut de nécessité qu’il soit bien clair,
et qu’il n’y reste aucune terrestrité.
Après le faut mettre en vn bassin de
cuiure, et le faire tant boüillir sur le
feu qu’il demeure espais : et subit qu’il
commencera à s’espaissir, faut aug¬
menter le feu sous ledit bassin ; et la
matière estant assez congelée, on
formera les cautères comme l’on vou¬
dra : puis seront gardés comme des¬
sus , pour en vser à la nécessité *.
Cautères de velours.
Ces iours passés ^ie me suis trouué
auec vn philosophe, grand extracteur
de quinte-essence, oùnous tombasmes
en propos sur Jes cautères potentiels :
1 La première édition ajoutait ici : lesquels
par dessus tous autres i’ay trouvé meilleurs.
Cette phrase a dû être retranchée en 1579, à
raison de l’addition du long article qui va
suivre, et dans lequel Paré décrivait un
nouveau cautère bien supérieur aux précé¬
dents.
2 Ces iours passés ; je répète que tout ce
long article a été publié pour la première
fois en 1 579.
le VmGT-CTNQVIlÉME LIVRE,
mon sçauoir, à qiioy le Iny respons
58a
lequel me dit en sçauoir des plus rx-
cellens que iamais furent, et que
leur operation se faisoit en peu de
temps sans douleur, ou bien peu,
aussi que leurs eschares estoient mol¬
lasses el humides , et qu’il ne falloit
pour les faire tomber y faire aucunes
scarifications. Alors ie le priay bien
aflectueusement ‘ m’en vouloir don¬
ner la description , à quoy il me res-
pond qu’il ne le pouuoit faire , parce
que c’estoit Tvn de ses plus grands
secrets, mais qu’il m’en donneroit
quand i’en aurois affaire : subit le prie |
m’en donner vn, ce qu’il fit, le¬
quel tost après i’appliquay sur le bras
d’vn de mes seruiteurs pour en faire |
preuue. le proteste à Dieu qu’il n’y
fut qu’enuiron demie heure qu’il ne
fist vn vlcere à y mettre le doigt et
profond iusqu’à l’os , et n'estoit ledit
cautere que de la grosseur d’vn pois ,
lequel laissa son eschare molle et hu¬
mide , comme ledit extracteur m’a-
uoit dit. Quand ie conneu par expé¬
rience tel effet , subit m’en retourne
trouuer le maistre quintessencieux ,
et le priay dé rechef, quoy qu’il m’en
coustast, m’en donner la description
desdits cautères , et ensemble la ma¬
niéré de les faire ; dequoy il me refusa
tout à plat, et de tant que ie me mon-
trois affectionné à auoir son secret, de
tant plus il faisoit le renchéri : en fin ie
luy dis que ie luy donnerois du ve¬
lours pour faire vne paire de chaus¬
ses. Quoy ouy, il accorda ma priere ,
à la charge que iamais ne le dirois à
personne , et aussi que ne l’escrirois
en monliure, me reprochant que i’es-
tois trop liberal de communiquer
‘ Les éditions de 1579 et 1685 disent sim¬
plement : Alors ie le,priay. Ces mots : bien
affectueusement, se lisent pour la première
fois dans l’édition posthume de 1598.
que si nos deuanciers eussent fait cela,
nous sçaurions peu de choses. Ces
propos finis, ie luy fis bailler le ve¬
lours , et me donna la description et
la maniéré de faire ses cautères, à la
charge que ie ne le dirois à personne,
ny pareillement l’escrirois : ce que ie
luy promis de parolle , et non de vo¬
lonté, parce que tel secret ne doit
estre enseueli en la terre , pour l’ex¬
cellence desdits cautères : qui est
qu’ils opèrent sans douleur, pourueu
que la partie sur laquelle on les veut
appliquer soit exempte d’inflamma¬
tion et douleur, et laissent leur es¬
chare assez molle et humide, princi¬
palement appliqués aux corps mol¬
lasses , comme femmes et enfans , ce
qu’aucuns des autres ne font , au
moins que i’ay peu encore descoüurir.
Et n’a esté faute de diligence, m’en-
questant soigneusement de tous les
chirurgiens de ceste ville, lesquels se
vantent chacun pour soy auoir la
pierre philosophale des cautères,
mais pas vn d’eux ne m’a voulu tant
fauoriser que de me départir ceste
pierre philosophique, disant que leurs
peres et frereslaleur auoient laissée,
comme vn héritage paternel : ioint
aussi que si ie sçauois ce grand secret,
ie ne faudrois de le descrire en mon
liure , et partant seroient frustrés de
leurs chers et bienaimés cautères :
mais ie sçay que ie leur feray laisser
prise, et qu’ils viendront à mespriser
leur grand secret , lors qu’ils auront
conneu par expérience l’excellence
de ceux du philosophe *.
Or il nous faut à présent descrire
* Cette histoire est une des plus curieuses
et des plus importantes h la fols, pour faire
voir jusqii’où Paré portait l’amour de la
I science, c’est-à-dire au-delà môme des bor-
DES MEDICAMENS.
les ingrediens, et la maniéré die for¬
mer lesdits cautères, à fin que tous
les Chirurgiens , non seulement de
Paris, mais de toute l’Europe , puis¬
sent secourir les malades qui en au¬
ront besoin. A iceux ie donneray le
nom de Cautères de velours, à raison
qu'ils ne font douleur, principalement
quand ils seront appliqués sur les
parties exemptes d’inflammation et
douleur , comme i’ay dit, et aussi que
ie les ay recouuerts par du velours.
Prenez cendre de gosseaux de fé-
ues , en lieu desquels l’on prendra
les troncs , cendre de bois de chesne
bien cuitte , de chacun trois liures ,
eau de riuiere six quartes vne liure
de cendre grauelée, quatre onces d’a¬
lun de glace en poudre, que l’on met¬
tra en vn chaudron, puis l’on remuera
le tout ensemble : cela fait, on y
mettra vne pierre de chaux viue , de
la pesanteur de quatre liures, et y
estant esteinte, faut de rechef broüil*
1er et mesler tout par plusieurs fois ,
et laisser lesdites choses par l’espace
de deux iours,en les remuant -soù-
uent , à fin de faire le capitel ( ou
lexiue) plus forte. Cela fait , ferez le
tout vn peu bouillir , à fin que par
l’ebullition la qualité ignée demeure
au capitel ? ; puis coulerez le tout aci
nés d’une probité stricte et d’une stricte hu¬
manité ; en même temps elle ne laisse pas
de jeter du jour sur l’esprit de la chirurgie
parisienne de ce temps,
1 L’édition de 1579 dit : Eau de riuiere vn
seau, que l’on mettra en vn chaudron, etc. Il
s’ensuit que la formule n’était point alors
telle qu’on la Ut aujourd’hui; le texte ac¬
tuel est de 1685. D’où est venu ce change¬
ment? Paré à-t-il rectifié la première for¬
mule de lui-même ou d’après de nouveaux
renseignements? c’est ce qu’il est impossi¬
ble de déterminer.
1 Ici encore le texte a varié suivant les
683
trauers d’vne grosse nappe ou cha-
rier, et ceste colature la faut ietter
sur lesdites cendres deux ou trois fois,
à fin que ledit capitel en prenne la
vertu ignée : puis on le fera boüillir
dedans vn bassin de Barbier, ou en
vn vaisseau de terre plombé, à grand
feu fait de charbon , iusques à ce que
le tout soit réduit en matière ter¬
restre , ou sel.
Or voicy le secret et moyen de bien
faire tous cautères potentiels : c’est
qu’il ne faut tenir ledit sel tant sur le
feu,_que son humidité soit du tout
tarie , de peur de consommer du tout
l’humidité : partant on l’ostera de
dessus le feu ayant encore quelque
certaine humidité : puis seront formés
cautères, gros , petits , ronds, longs,
selon la volonté de celuy qui les for¬
mera, puis subit après seront mis en
vne ou plusieurs fioles de verre ren¬
forcé , bien bouchées et estoupées, de
peur que l’air ne les réduise en eau ;
et seront lesdits cautères gardés en
lieu chaud et sec , et non humide, de
peur qu’ils ne se fondent et réduisent
en eau , pour en vser quand il sera
besoin.
Et si quelqu’vn me vouloit obiecter
n’aiioir tenu promesse audit extrac¬
teur , que ne le dirois à personne , ny
que les escrirois ; ie luy respous que
puis qu’il me les auoit vendus, qu’ils
estoient miens : et partant ie pense
ne luy auoir fait tort ; au contraire
luy et moy auons fait chose qui ser-
uira au public*.
éditions. En l579 on lisait seulement : Cela
fait, coulerez le tout, etc. ; en 1585 : Cela fait,
ferez le tout boüillir, puis coulerez le tout; en¬
fin le texte actuel est de la première édition
posthume.
1 Ce dernier paragraphe date seulement
de 1585, Il paraît que dans l’intervalle on
û84 LE VmGT-CINQVIlÎME LIVRE,
Za maniéré de faire la poudre de mercure, et
eau forte.
Icy i’ay bien voulu descrire la ma¬
niéré de faire la poudre de mercure ,
qui pour son excellence a esté d’au¬
cuns nommée poudre Angélique, la¬
quelle fais en ceste maniéré.
"Sf. Auripig. citrini, flor. æris ana § . ij.
Salis nitri ft. j. fi.
Alum. rochæ lï. 5j.
Vitriol, romani ib. iij.
Ces choses soient pilées et bien
puluerisées, et après mises en vne
retorte de verre ou terre , y adious-
tant vn récipient de verre fort grand
et bien luté : puis la retorte soit mise
sus le fourneau, en faisant petit feu
au commencement, et soit le tout
distillé en fortifiant le feu petit àpetit,
tant que le récipient deuienne vn peu
rouge , et que le tout soit distillé. Et
de ceste distillation en est faite l’eau
forte.
Of. Argent! viui Ib. fi.
Aquæ fortis îb. j.
Ponantur omnia in phiala, et fiat puluis, vt
sequitur.
Vous prendrez vn pot de terre assez
grand, dans lequel mettrez vostre
matelas ou fiole , où seront contenus
vostre argent-vif et eau forte, et
entre l’espace de la fiole et le pot ,
faut mettre des cendres, tellement
que vostre fiole soit tout enseuelie
dedans, excepté le col : puis tout au¬
tour et contre le pot seront mis cen¬
dre et charbons ardens , et par ainsi
avait fait quelque reproche de ce genre à
Paré, et qu’il sentit le besoin de se justifier.
Je doute toutefois que sa défense satisfasse
même ses plus grands admirateurs.
ferez boüillir et euaporer vostre eau
forte , sans craindre que la fiole se
rompe ; et l’eau estant toute euaporée,
ce que connoistrez qu’il ne sortira
plus de fumée, vous laisserez tout re¬
froidir : puis tirerez vostre fiole des
cendres , au fond de laquelle trouue-
rez vostre mercure calciné de cou¬
leur de vermillon , lequel sera séparé
de toute autre superfluité blanche,
iaune ou noire : car la blancheur qui
se concrée en haut est le sublimé, le¬
quel demeurant auec la poudre , la
rendroit douloureuse. Iceluy estant
séparé , le pulueriseras ; puis le met¬
tras en vn vaisseau d’airain sur les
charbons ardens , le remuant auec
vne spatule l’espace d’vne heure ou
deux : car par ce moyen il perd vne
partie de son acrimonie oumordacité,
qui fait qu’il n’est si douloureux en
son operation.
CHAPITRE XXXIII.
DES VESICATOIRES.
Vésicatoire , ou Rubri fiant selon
les Latins, selon les Grecs Phenignie ,
est vn onguent , ou cataplasme , ou
emplastre , fait de medicamens acres,
qui a faculté d’attirer humeurs du
profond au dehors, et exulcerer la
peau , et faire vessies , dont il retient
le nom. La matière a esté ja descrile
au chapitre des caustiques : laquelle
est prise des medicamens septiques ,
comme moustarde, anacarde, can¬
tharides, euphorbe, racines de scille,
bryonia, et les autres, lesquelles on
incorpore auec miel, ou terebenthine,
ou leuain , ou quelques gommes et
résinés, pour en faire onguent, cata¬
plasme ou emplastre, Parquoy la
DES MEDICAMENS.
composition des vésicatoires n’est dif¬
ferente de celle des onguens durs ou
mois : à ceste cause vn exemple suf¬
fira,
Cantharidum, euphorbij, sinapi ana
3. fi.
Mellis anacardini 3.j.
Modico aceti et fermente q. satis sit, exci-
piantur, et fiat vesicatorium.
Quelques anciens choisissent plus-
tosl l’eau simple que le vinaigre, pour
receuoir et incorporer tel médica¬
ment : soy disans auoir trouué par
expérience que la vertu de la mous-
tarde s’abastardit par lemeslange du
vinaigre, ce que mesme nous est au-
Ihorisé par Galien et Oribasius,
Nous vsons de ces remeiles és af¬
fections longues , quand les autres
remedes n’ont profité assez , et prin¬
cipalement és douleurs de teste , hé¬
micranies , epilepsies, à la sciatique,
aux gouttes , aussi aux morsures et
pointures des bestes veneneuses , et
charbons pestiférés , et plusieurs au¬
tres maladies longues et rebelles à
autres remedes : on en vse aussi pour
restituer la vie et vigueur à la partie
ja presque morte, par reuocation de
chaleur et esprits vitaux à icelle ; pour
lequel effet faut que tels vésicatoires
soient vn peu plus doux , de sorte
qu’ils ne bruslent sinon en cas qu’ils
ne demeurassent trop long temps sur
la partie.
Le moyen d’vser des vésicatoires
est , que deuant que de les appli¬
quer sur la partie, on y face friction
1 Ce texte a été un peu tourmenté dans
les diverses éditions du vivant de i’auteur.
Ainsi, en 1575 on lisait: Icelle (la partie)
soit foüetlee, fustigée, et comme venee de mains
ou petits ais. En 1579 tout cela fut effacé, et
l’auteur mit en place : On y fasse exercice.
Enfin, le texte actuel est de 1585.
585
à fin que les pores d’icelle estans ou-
uerts , la vertu du médicament péné¬
tré plus aisément, et la chaleur lan¬
guide et comme assoupie en icelle
soit ragaillardie et esueillée.
CHAPITRE XXXIV.
DES COLLYRES.
Collyre est vn médicament appro¬
prié aux yeux, fait de medicamens
bien subtilement puluerisés, que les
Arabes disent comme Alcohol. Au-
cunesfois collyre est dit impropre¬
ment , pour quelque médicament li¬
quide composé de poudres , et quel¬
ques liqueurs, qui s’appliquent à au¬
tres parties.
Les collyres sont faits de trois sor¬
tes : les vns sont humides , propre¬
ment appelés Collyres : les autres sont
secs, lesquels on confond auec les
trochisques : les autres ont espaisseur
et consistence de miel ou Uniment,
partant de ceux-là nous ne traiterons
que l’vsage. Les liquides seruent
principalement pour les coins des
yeux, sçauoir est , le grand et le petit
canthus. Ceux qui sont comme on¬
guens, seruent àla prunelle des yeux.
Ceux qui sont secs sont mis en pou¬
dre pour les souffler dedans : quel¬
quefois sont meslés auec des liqueurs
ou jus pour en faire collyre humide.
Les trois sortes de collyres ont di-
uers vsages, et sont appliqués sur di-
uerses parties, selon la diuersité de
l’intention du Chirurgien : car les li¬
quides rafraichissent mieux estans
appliqués aux angles des yeux ; mais
ceux qui ont plus ferme consistence
demeurent plus long temps sur la par¬
tie, et par conséquent font mieux
leur operation.
586
Les collyres humides sont faits de |
jus , mucilages des herbes , liqueurs , 1
fleurs, semences, métalliques, parties 1
des bestes, comme fiel, et autres tels
medicamens repercussifs, résolutifs,
detersifs , anodyns, ou autres, selon
que les affections et maladies des
yeux le requièrent. Aucunesfois sont
faits des liqueurs seules , comme de
jus et eaux distillées. Souuentesfois
l’onmesle medicamens mis en pou¬
dre subtile, ou autre collyre sec , qui
n’est autre chose que trochisque,
auec jus ou eau distillée, ou aubins
d’œufs. Les poudres sont meslées
comme à deux drachmes ou plus,
les eaux iusques à quatre ou cinq
onces ou plus, mais pour les yeux
cela suffit. Pour les autres parties,
comme pour faire iniection à la verge,
l’on fait collyres en plus grande quan¬
tité, comme iusques à vneliure.
Les collyres arides et secs sont faits
des poudres bien subtilement pulue-
risées et incorporées auec quelque
jus, dont ne semblent estre differens
des trochisques. Qu’il soit vray, le
collyre blanc de ïlhasis est appellé
auiourd’huy trochisque , et est gardé
auec les trochisques. Or les poudres
corrosiues ne sont appliquées en
forme de collyre , ains en forme de
Uniment , et sont meslées auec grais¬
ses ou huiles : les exemples feront le
tout manifeste. '
Collyre repercussif,
Of.. Aquæ plantaginis et rosarum ana § , ij.
Albumen vnius oui bene agitatum.
Misce, Fiat collyrium.
Collyre anodijn.
If, Aquæ rosarum et 'violarum ana § . iij.
Trochiscorum alborum Rhasis cum opio
3.ij.
Fiat collyrium.
Autre.
Decoctionis fœnugræci § . ifij.
Mucilaginis seminls Uni § . ij.
Sacchari candi 3.j.
Croci 3 •
Fiat collyrium.
Collyre sec delersif.
"if. Thuris, myrrhæ ana 9 . ij.
Tuthiæ præparatæ et antimonij loti ana
3.ij.
I Cum succo chelidoniæ , fiat collyrium sic-
candum in vmbra.
Collyre qui est en forme de Uniment
Hf. Fellisperdicis aut leporis 3. 1^.
Succi fœniculi 3. j.
Sacchari candi 3. ij.
Syrupo rosato excipiantur, et fiat collyrium,
Nous vsons des collyres aux ylceres,
playes, fistules, suffusions, inflam¬
mations, et autres maladies des yeux.
Les collyres liquides pénétrent plus-
tost que les autres ; partant sont fort
necessaires à repercuter et appaiser
douleur. Les autres sont arreslés plus
long temps aux yeux: et par ainsi
opèrent d’auantage,
CHAPITRE XXXV.
DES ERRHINES ET STERNVTATPIRES,
Errhines sont medicamens appro¬
priés au nez, à fin d’expurger le cer-
‘ Je copie ce titre, comme plusieurs au¬
tres des précédents chapitres, dans l’édition
de 1575 ; déjà, dès la suivante, ils avaient
Iété reportés en marge pour la plupart, et
dans ce changement plusieurs étaient restés
oubliés.
LE VmGT-CINQVl^ME LIVRE ,
Tf.
DES MEDICAMENS.
687
ueau, et tirer les excremens d’iceluy
par le nez, ou pour nettoyer et deter-
ger ceux qui ja sont adlierens et atta¬
chés au nez , comme il aduient aux
polypes, ozenes, et autres vlceres d’i¬
celuy. Ces errhines sont ou liquides,
ou secs, ou de consistence emplasti-
que.
Les liquides, que les Latins nom¬
ment Caputpurgia , sont faits aucu-
nesfois des jus des herbes, comme des
jus de porée, choux,mariolajne, ana-
gallis, hyssope , melisse, ou des eaux
d’icelles , meslées ou cuittes auec du
Tin, ou quelque syrop , comme oxy-
mel scilliticum , syrupus de hyssopo,
syrupus rosaius, ou mel anthosatum.
Souuentesfois sont faits des poudres
de poyure, pyrethre, marrubium,
ïiigella romana, castoreum, myrrhe,
ellebore blanc, euphorbe, cyclamen,
et autres poudres meslées en petite
quantité , comme à yne drachme ou
Yne drachme et fdemie, selon la vio¬
lence du médicament , auec les jus
susdits dépurés, ou les eaux distillées
des mesmes herbes. Le tout te sera
manifeste par deux exemples sui-
uantes.
op. Suçci betæ, maioranæ et brassieæ ana
S-j- .
Depurentur et modicè bulliant cum vini
albi § . jj.
Oxymelitls scillitici § . fi .
Fiat errhinuip-
Quelquesfois quand il est question
de faire plus forte attraction du cer-
ueau, l’on peut adiouler ou faire dis¬
soudre en la décoction de l’errhinum
quelque médicament purgatif, comme
l’agaric, le diaphœnicum, séné, car-
tami, et autres semblables, dont est
venue la distinction des errhines en
ceux qui tirent la pituite, bile, et me-
lancholie, selon que le médicament
dissout en iceux a vertu d’attirer vn
humeur, ou autre. Exemple proposé
par monsieur Rondelet, est tel.
Radicum pyrethri, irid. ana § . j.
Puleg. calam. orig. ana ni. j.
Agari. trochis. 3. îij.
Florum anthos et stœcbados ana p. j.
Fiatdecoctio in Bi.j. colat. dissol. mellis
anthos. et scill. ana ^ . iij.
Fiat caputpurg.
Toutesfois le cas escheant qu’il faille
que les purgatifs entrent en la com¬
position de l’errhine. Usera meilleur
d’vser d’iceux simples, comme d’a¬
garic, turbith, colocynthe, et sem¬
blables, que de composés, comme
diaphœnicum et semblables : car
ceux cy rendent la décoction plus es-
paisse, et par conséquent mal-habile
à passer par les conduits et os spon¬
gieux qui mènent au cerueau, faisant
en outre obstruction au nez , et em-
peschant la liberté de la respiration.
JE^empied’vn enhimfait auecpcrndm,
Succi betæ |,j.
Aquæ saluiæ et betonicæ ana p,ij. fi.
Pulueris castorei 9 . fi .
Piperis et pyrethri ana 0 , j,
Fiat caputpurgiura.
Les errhines secs , que les Latins
appellent Sternutatoria, à cause qu’ils
prouoquent l’esternuement, sont faits
des poudres seulement bien pulueri-
sées, Les poudres sont semblables
aux precedentes, ou autres aromati¬
ques, lesquelles sont faites et meslées
en petite quantité, laquelle commu¬
nément ne monte point à plus dû
deux drachmes.
688
LE VINGT- CINQVI^ME LIVRE
Exemple.
"if. Maioranæ, nigellæ, garyophyllorum, zin-
ziberis ana 3 . J.
Acori, pyrethri et panis porcini ana
3. 6.
Euphorbij 3.j.
Terantur diligenter, et in nares mittantur
aut insulïlenter.
Les errhines ayans consistence em-
plastique , que les Latins appellent
Nasalia, sont faits des poudres sus¬
dites, ou gommes , malaxées auec
quelqu’vn des jus des herbes cy des¬
sus déclarées, incorporées auec tere-
benthine et cire, à fin qu’ils ay ent con- 1
sistence dure et qu’on en puisse faire
masse, de laquelle on fait errhines en
figure de pyramide, selon les cauités
internes du nez.
Exemple.
:2f. Maioranæ, saluiæ, nigellæ ana 3. ij.
Piperis albi, garyophyllorum, galangæ
ana 3.j.
Pyrethri, euphorhij ana 3 . j. £>.
Panis porcini, ellebori albi ana 3 . j.
Terantur, et in puluerem redigantur, dein
cum terebenthina et cera, et quantum
satis sit, incorporentur, fiantque nasa¬
lia pyramidis figura.
Nous vsons des errhines aux lon¬
gues maladies du cerueau, comme en
epilepsie , aueuglement des yeux ,
apoplexie , léthargie , conuulsion , et
odorat perdu ; mais faut que les pur¬
gations vniuerselles ayent précédé
auparauant, de peur que par l’ester-
nuement, et semblable esmotion du
cerueau pour deietter ce qui luy
nuit , il ne se face attraction plus
grande d’humeurs d’vn corps impur
et cacochyme vers iceluy.
Les liquides doiuent estre attirés
par le nez, ou coulés dedans le nez
iusques à demie once. Et lors faut
que le patient tienne de l’eau en sa
bouche, à fin qu’en attirant l’errhine,
il ne puisse repasser portion dudit
errhine en la bouche , et de là aux
poulmons. Les secs doiuent estre
soufflés dedans les naseaux auec vn
tuyau de plume, ou autre chose. Les
emplastiques sont mis dedans les na¬
seaux estans liés d’vn fil , à fin qu’ils
se puissent retirer quand on voudra.
Le teftips propre pour vser d’errhi-
nes en general est le matin, le patient
estant à ieun. Après l’vsage d’iceux,
si l’on sent quelque démangeaison et
mordication au nez, il faudra ietter
ou attirer en iceluy laict de femme,
ou huile violât.
L’vsage des errhines attractifs est
nuisible à ceux qui sont suiets à mal
des yeux, et qui ont vlceres aux na¬
seaux, comme il aduient souuent en
la grosse verolle , auquel cas il sera
plus expédient d’vser de gargarismes
qui facent diuersion des yeux.
CHAPITRE XXXVI.
DES APOPHLEGMATISMES , OV
MASTICATOIRES.
Apophlegmatismes selon les Grecs,
ou masticatoires selon les Latins, sont
medicamens lesquels, estant tournés
dedans la bouche et maschés quelque
espace de temps, tirent par le palais
les excremens pituiteux, ou autres
humeurs nuisans au cerueau.
Iceux sont faits en quatre ma¬
niérés. La première est, quand on in¬
corpore les medicamens propres à
mascher auec miel ou cire , et en
fait-on trochisques ou pillules , les¬
quelles on donne à mascher. La se-
DES MEDICAMENS.
conde est, quand on couure et lie les
medicamens en vn petit sachet de
sandal ou autre linge deslié, pour les
mascher. La troisième maniéré est,
quand on tient la décoction de medi¬
camens acres long temps en la bou¬
che. Aucunesfois l’on ne mesle point
les masticatoires, ains prend -on vn
simple médicament acre et faisant
cracher , à la grosseur d’vne petite
noix, pour le mascher et tourner par
la bouche, comme mastic, pyrethre.
La matière des masticatoires est
prise des medicamens acres , comme
de poyure, moustarde, hyssope, gin¬
gembre, pyrethre , et autres medica¬
mens ayans acrimonie : entre lesquels
il faut choisir ceux principalement
qui n’auront aucune saueur ny goust
malplaisant , à fin que plus longue¬
ment et sans dédain ils puissent estre
tenus en la bouche. Toutesfois on en
fait des medicamens acerbes, comme
de fruit de berberis, raisins, noyaux
de prunes ou cerises : lesquels estans
tournés quelque temps en la bouche
et comme maschés, ne tirent gueres
moindre quantité de pituite que les
medicamens acres : ce qui semble ad-
uenir plustost à raison du mouue-
ment et agitation qui est faite en la
bouche, que d’vne qualité manifeste.
La quantité desdits medicamens est
communément d’vne demie once ,
iusques à vne once, ou vne once et
demie. Ce que connoislras par les
exemples suiuantes.
Pyrethri , staphisagriæ ana 3. j. fi.
Mastiches §. fi.
Puluerisentur et inuoluantur sacculo pro
maslicatoriü.
Autre.
If. Zinziberis , siiiapi ana t. j.
Euphoibij 3. ij.
Piperis 3. fi .
Ô89
Excipiantur melle, et fiant pastilIi,pro mas-
ticatorio.
Autre,
Hyssopi, tbymi, origani, saluiæ ana
p.j.
Decoqnantur in aqua pro collutione oris.
Autre.
"îf. Zinziberis, garyophyliorum ana 3. j.
Pyrethri, piperis ana 3. fi.
Staphisagriæ 3. ij.
Mastiches 3. fi .
Excipiantur, fiant pastilli pro maslicatorio.
Nous vsons des masticatoires és
maladies vieilles du cerueau, obfus-
cation de la veuë , surdités , pustules
qui sont à la teste et à la face : au¬
cunesfois aussi pour deriuer les ex-
cremens qui coulent par le nez, prin¬
cipalement quand il y a quelque
vlcere en iceluy ; comme au contraire
ils sont fort nuisibles à ceux qui ont
vlceres en la bouche ou au gosier , et
à ceux qui ont les poulmons suiets à
vlceres , inflammations , et fluxions.
Car en tel cas les errhines sont plus
vtiles, pour deriuer la matière par le
nez : d’autant que combien que l’hu¬
meur pituiteux , attiré du cerueau
par la force du masticatoire, soit
purgé et mis hors en crachant, tou¬
tesfois on trace et apprend-on vn
chemin à l’humeur, lequel aisément
il ne peut délaisser ny oublier par
après : de sorte que mesme en dor¬
mant, suiuant son cours ordinaire, il
vient à tomber et fluer sur telles par¬
ties , ou naturellement , ou par acci¬
dent imbecilles.
Le temps commode pour en vser
est le matin, quand le corps est purgé
des autres excremens.
Après auoir vsé des masticatoires,
faut laucr sa bouche d’eau tiede, ou
LE VINGT-CINQVIIÉME LIVRE
590
de ptisane, ou quelque autre liqueur,
à fin d’oster la mauuaise saueur qui
peut estre de reste du masticatoire.
. ■
CHAPITRE XXXVII.
DES GARGARISMES.
Gargarisme est vne liqueur appro¬
priée au lauement de la bouche et de
toutes les parties d’icelle , tant pour
empescher fluxion et inflammation,
que pour curer vlceres de la bouche
et appaiser douleurs.
Les gargarismes sont composés en
deux maniérés. La première est ,
quand on fait cuire racines, fueilles,
fleurs , fruits , et semences seruans à
nostre intention. La décoction est
faite en eau seule, ou eau et vin
blanc , ou en gros vin rouge et stip-
tique , ou en ptisane , ou laict clair ,
ou décoction d’orge, ou décoction
pectorale : le tout selon la diuersité
de nostre intention, qui est ou de re¬
pousser, rafraischir, et empescher
l’inflammation, comme en mal de
dents qui se fait : ou de digerer,
comme en mal de dents qui est ja
fait ; ou de mondifier, comme en vl¬
ceres de bouche : ou de seicher et as¬
treindre, comme quand il est question
de fermer iceux vlceres ja parauant
mondifiés. L’autre maniéré de com¬
poser gargarismes est sans décoction,
quand nous faisons gargarismes, ou
auec les eaux distillées seulement,
ou meslées auec syrops , ou auec
mucilage, ou auec du laict de vache,
ou laict clair de chéure, bien passé
et coulé. Aucunesfois on mesle, tant
auec la décoction que les eaux et
mucilages, miel rosat, oxymel simple,
dianucum , diamoron , hiera picra , 1
oxysacchara, syfop de roses seiches, I
syrop aceteux, et autres syrops selon
nos intentions susdites : alum, ba-
laustes, myrrhe, thus, gingembre,
poyure, canelle, roses seiches, et au¬
tres ; iusques là mesme , que quel-
quesfois en la décoction des garga¬
rismes, nous y faisons entrer medi-
camens propres à attirer les humeurs
du cerueau , comme le pyrethre , le
carthame, la racine de turbith, et au¬
tres , propres à tirer la pituite ,
moyennant qu’ils n’ayent aucune
I amertume en soy : qui est cause que
ny l’agaric, ny la colocynthe , n’ont
lieu en ceste composition.
Là quantité de la totale liqueur
d’vn gargarisme doit estre comme de
demie liure iusques à vne liure : on
y met des syrops, ou autre telle com¬
position , iusques à deux onces. Les
poudres sont mises en bien petite
quantité , comme iusques à trois
drachmes : d’alum on y met iusques à
six drachmes : les mucilages faits de
deux drachmes des semences mucila-
gineuses. Les exemples feront le tout
assez clair et facile.
Gargarisme astringent et repercussif.
:2f. Plantaginis , polygoni , oxalidis ana m. j.
Rosarum rubrarum p. fi.
Hordei p. j.
Fiat decoctio ad g . vîij. in qua dissolue :
Syrupi myrtillorum 3. vj.
Dianucum f . fi.
Fiat gargarisma.
Gargarisme anodyn.
Chamæmeli, melilotl , anethi ana p. j.
Rosarum rubrarum p. fi .
Passularum mundatarurn et ûcuum ana
paria iij.
Decoquantur in æquls partibus vini albi
et aquæ ad § . vj. addendo mucilaginis
seminis Uni et fœnugræci ana § . ij.
Fiat gargarisma.
DES MEDICAMEWS.
Gargarisme mondificatif,
"îf. Aquæ plantaginis , aquæ ligustri et ab-
sinthij ana § . ij.
Mellis rosati colati 3. vj.
Syrupi rosarum siccarum et de absinthio
ana 3. vj. I
Fiat gargarlsma.
Nous vsons des gargarismes au ma¬
tin et à ieun, après les purgations
vniuerselles, tant pour deterger, re¬
froidir, repercuter, attirer, que pour
appaiser douleurs, et autres inten¬
tions. Aucunesfois l’on les prend tous
froids, principalement quand il se fait
quelque distillation d’humeur acre
et subtil : autresfois on les fait tiédir,
selon les indications que nous auons
tant des maladies que du temps.
CHAPITRE XXXVIII.
DES DENTIFRICES.
Dentifrices sont medicamens com¬
posés, seruans aux dents, dont ils re¬
tiennent le nom, pour les nettoyer et
blanchir : ils sont faits en plusieurs
maniérés. Les vns sont secs, les au¬
tres humides. Quant aux secs, les vns
sont en façon d’opiate , les autres en
poudres seiches grossement pulueri-
sées. Les humides sont faits par dis¬
tillation.
La matière des deux premiers est
faite des medicamens detergeans et
desseichans , comme coralla , cornu
cerui, os sepiœ, alumen^ crystallus,pu-
mex , sol nitrum, myrrha, thus, ba-
laustia, glandes, omnes testœpiscium ;
lesquels aucunesfois on brusle , et
après sont mis eu poudre, souuentes-
fois sont puluerisés sans vstion
(comme l’oa sepiœ, pour-ce qu’estant
591
bruslé il exhale vne odeur fetide et
mal-plaisante j en y adioustant quel¬
ques medicamens aromatiques pour
donner odeur aux autres , comme
cinnarnomum, doux de girofle, noix
muscade , et autres semblables , l’on
fait dentifrices secs. Si telles poudres
sont incorporées ou auec quelque sy-
rop, ou oxymel scilliticum , ou quel¬
que mucilage de gomme arabique et
de tragacantha, l’on fera opiates ser-
uanles à dentifrices, lesquelles aucu¬
nesfois sont figurées en pyramides
longues d’vn doigt, rondes ou quar-
rées, pointues au bout, et seiches
pour seruir de dentifrices. Aussi sou-
uentesfois l’on fait cuire racines
emollientes auec du sel, ou de l’a-
lum, et après seicher au four pour
dentifrices. Les humides sont faits
des herbes desseichantes mises en
alembic pour distiller, auec aucuns
des medicamens secs et astringens cy
dessus descrits. Les exemples donne¬
ront à connoistre la quantité des
medicamens seruans à dentifrices.
Poudre pour blanchir les dents»
Lapidis spongiæ, pumicis, et cornu cerui
vsli ana 5. ij.
Coralli rubri et crystalli ana 3. j.
Aluminis et salis vsti ana 3, j. 6 .
Cinnainomi et caryophyllorum , rosa¬
rum rubrarum pulueratarum ana 3 . ij.
Fiat puluis pro dentifricio.
Autre.
2f. Ossis sepiæ 3. fi.
Mastic, coralli rubri vsti ana 3. ij.
Cornu cerui vsti 3. j. fi .
Aluminis , carbonis rorismarini ana 5. j.
Cinnamomi 3. ij.
Fiat puluis.
Autre.
y. Ossis sepiœ, aluminis et salis vsli ana 3, j.
LE vmGT-ClNQVIÉME LIVRE,
Ü92
Crystalli , glandium , tnyrrhæ, thuris ana
9 ij.
Corlicis granatorum , macis, cinnamomi
ana 9.j.
Fiatpuluis.qui excipiaturmucilagine gummi
tragacanlhæ, et formentur pyramides
longæ siccandæ pro dentifricio.
Autre.
Of. Radicis maluæ iunioris et Wsmaluæ ana
§. ij-
Coquantur in aqua salsa aut aluminosa ,
deinde siccentur in furno pro dentifricio.
Dentifrice humide bien expérimenté.
"if. Salis S . vj.
Aluminis §. iij.
Thuris, mastichis, sanguinis draconis
ana §. fi.
Aquæ rosarum 3. xj.
Distillentur in alembico vilreo pro denti¬
fricio.
Les dentifrices seruent à polir les
dents, mondifier, nettoyer, et confer-
mer. Aucunesfois on en vse aux réfri¬
gérations et douleurs d’icelles , son-
uentesfois aussi és vices de la bouche
et genciues corrodées. Le temps de
les appliquer est le matin , ou deuant
et après le repas.
Les anciens sans artifice faisoient
des dentifrices de bois de lentisque
pour affermir les dents tremblantes :
ce qui se pratique encores journelle¬
ment en Languedoc , où tel bois est
frequent , et dont on en apporte en
Cour pour les Seigneurs : à mesme
effet pourroit seruir la myrrhe, ettout
autrebois astringent. Nostre vulgaire
se sert à ceste intention de caules de
fenoil , et sans raison , veu qu’en
telle plante n’y a aucune astriction :
parquoy ne peut estre choisie , sinon
pour l’odeur agréable qui est en elle,
et pour bien simplement se curer les
dents.
CHAPITRE XXXIX.
DES SACHETS.
Sachet est vne composition de me-
dicamens secs etpuluerisés mis en vn
petit sac , dont il retient le nom : et
semble telle composition estre seule¬
ment vne fomentation aride et seiche,
comme auons dit au chapitre des Fo¬
mentations.
Les différences des sachets ne sont
prises que des parties ausquelles ils
sont appliqués. Ceux qui s’appliquent
à la teste doiuent estre faits en maniéré
de bonnet ou coiffe. Les sachets pour
l’estomach doiuent auoir la figure
d’vne cornemuse. Pour la ralte ils
sont faits en forme de langue de
bœuf : et ainsi sont appropriés au
foie, au cœur, à la poitiine, selon la
figure des parties.
La matière des sachets le plus sou-
uent est prise des semences entières
fricassées en vne paesle, ou mises en
poudre : quelquesfois on y adiouste
racines , fleurs , fruits , escorces, pou¬
dres cordiales , et autres medicamens
secs, et qui se peuuent mettre en pou¬
dre , conuenables aux affections des
parties où nous les voulons appliquer.
La quantité des poudres n’est pas li¬
mitée , ny certaine en tous sachets :
quelquesfois elle est plus grande ,
quelquesfois plus petite, selon les
parties esquellesnous voulons mettre
sachets. Icelle doit estre obseruée aux
autheurs qui ont ordonné sachets :
esquels ie la trouue de trois onces
iusques à six onces et demie. Aucu¬
nesfois l’on ordonne herbes seiches et
fleurs par manipules ou pugilles : et
lù gist la considération de la bonne et
deuë quantité des poudres, Le reste
DES MEDICAMENS.
ie délaissé à plus curieuse inquisition :
venons aux exemples.
Sachet pour conforter l’estomach.
%. Rosarum rubrarum p. j.
Mastichis û.
Coralli rubri 3. iij.
Seminis anisi et fœniculi ana 3. ij.
Nucis moscatæ 3 j.
Summitatum absiiithij et mentbæ ana
m. j.
Tritis omnibus , fiat sacculus interbastatus
pro ventriculo.
Sachet ês affections froides du cerueau.
2f,. Purfuris macri p. j.
Milij §.j.
Salis 3. ij.
Rosarum rubrarum, florum rorismarini,
stœchados , caryophyllorum ana 3. ij.
Foliorum betonicæ et saluiæ ana m. ft.
Tritis omnibus fiat cucuphaintersuta et ca-
lefacta fumo thuris et sandaracæ exusto-
rum , capiti apponatur.
Sachet pour Le cœur.
Florum borraginis, buglossæ et violarum
ana p. ij.
Corticiscitri sicci, macis, ligni aloës, ra-
suræ eboris ana 3. j.
Ossis de corde cerui, croci ana 9 . ij.
Foliorum melissæ m. fi.
Pulueris diambræ 3. fi» .
Contritis omnibus fiat sacculus è serico pro
corde, irrorandus aqua scabiosæ. •
Nous vsons des sachets à conforter
tant les parties nobles , le cerueau, le
cœur, et le foye , que le ventricule, la
ratte , la poitrine, et partie du ven¬
tre inferieur. Souuentesfois aussi nous
en vsons pour discuter et dissiper les
ventosités, comme les coliques et
pleurésies qu’on appelle baslardes ,
à flatu. Iceux faut coudre en presses
IM.
593
interbastaloires ‘ : les poudres estant
espanchées sur du coton , à fin qu’el¬
les ne panchent plus en vn endroit
qu'à l’autre. Aucunesfois nous arro¬
sons lesdits sachets de vin, ou des
eaux distillées : autresfois non de la
substance, mais de la simple vapeur
de vin , ou eau distillée et versée sur
vne paesle de fer, toute rouge de feu ;
autresfois nous les eschauffons avec
parfums, ou les fricassons en paesle.
Les sachets du cœur doiuent estre
faits de soye cramoisie ou sandal ,
pour-ce (disent-ils) que telles ma¬
tières sont teintes en escarlate , de
laquelle la graine nommée alker-
mes resiouït le cœur : les autres de
linge bien délié : aucunesfois l’on les
j fait de taffetas comme les bonnets.
CHAPITRE XL.
DES SVFFVMIGATIONS ET FARFVMS.
Parfum est vne euaporation de me-
dicamens humides , visqueux aucune¬
ment, et gras. Il y a deux maniérés de
parfums et suffumigations , les vns
sont secs , les autres humides ; les
sec§ sont faits en deux sortes : les vns
sont faits en trochisques, les autres en
pilules. La matière d’iceux doit estre
grasse et visqueuse , à fin qu’en brus-
lant elle puisse rendre fumée, comme
ladanum , myrrha , masliche , piœ ,
cera, résina , terebenthinuy caslorcum,
stijrax, thus , olibanum, et les autres
gommes , lesquelles on peut mesler
avec poudres conuenables à nos in¬
tentions : car elles seruent de ma¬
tière à incorporer lesdites poudres en
trochisques ou pilules. Aucuns vsent
* Interbastaloires, J’ignore ce que -veut
dire ce mot; le latin l’a passé sous silence.
38
LE VINGT-CIWQVIEME LIVRE ,
594
seulement des poudres sans y adious-
ter autre matière grasse : mais le
parfum d’icelles n’est tant long ny de
tel effet que quand elles sont meslées
auec gommes, par le moyen desquel¬
les, outre cela, lesingrediens sont bien
mieux incorporés l’vn auec l’autre.
Les poudres peuuent estre mises és
parfums d’vne demie once, iusques à
vne once et demie , auec suffisante
quantité des gommes , laquelle aucu-
nesfois est de deux onces, plus ou
moins: toutesfoisla quantitédu toutes!
délaissée au iugement du composant.
Parfum desseichant et confortant le cerveau.
Of, Sandaraeæ , mastiches et rosarum ana
34 •
Benioini, galangæ ana 3. iij.
Terebenlhina excipiantur, et fiant trochisci,
quibus incensis suffumigentur tegumenta
capitis.
Autre pour les duresses des nerfs.
“if.. Marcassitæ §.ij.
Bdellij, myrrhæ, styracis ana § . J. 15.
Ceræ flauæ et terebenthinæ quantum sa¬
lis sit.
Fiant formulæ pio sufTumigio.
Autre pour les restes de la verole.
:if. Cinnabaris 5. ij.
Styracis et benioini ana § . j.
Cum terebenthina fiant trochisci pro suffu-
migio per embotum.
Nous vsons des parfums aux gran¬
des obstructions du cerueau, vlceres
des poulmons, à la toux ja vieille, en
astbma, douleurs de costés, aux af¬
fections de la matrice, et autres affec¬
tions des parties du corps. On par¬
fume aucunesfois tout le corps, pour
la curation de la verole, et esmouuoir
sueurs: aucunesfois vne partie seule
qui a quelque relique de ladite verole,
et tels parfums sont faits de cinnabre,
qui a grande quantité d’argent vif.
La maniéré de parfumer est que la
fumée soit receuë de l’emboucheure
large d’vn entonnoir, qu’ils appellent
Embotum, et expire seulement par le
petit souspirail, à fin que la fumée ne
soit dissipée , et soit seulement assise
sur la partie affectée que l’on veut
parfumer. Ainsi faut faire à la ma«
trice , et aux oreilles. Aux parfums
tant du cerueau que du thorax, faut
ouurir la bouche, et prendrela fumée
tant auec la bouche que par le nez:
et outre faire tenir au dessus de la
teste vn grand voile en forme de
paesle, à fin que la fumée plus ra--
massée en soy face d’auantage d’im¬
pression et d’operation.
Les humides sont faits aucunesfois
de décoctions d’herbes, souuentesfois
d’vn seul médicament simple que l’on
fait boüillir auec huiles ardentes, ou
quelques marcassites aussi ardentes,
lesquelles on fait esteindre en vi¬
naigre , vin , eau de vie , et autre
telle liqueur, à fin que soit leuée va¬
peur et fumée humide. Nous vsons
de tels parfums aux affections scir-
rheuses, quand nous voulons astrein¬
dre , penetrer , inciser , desseicher, et
résoudre. La maniéré de l’ordonner
est telle.
Laterem vnum satls crassum aut mar-
cassitam ponderis ïb. j.
Incandescat super carbones ignilos .delnde
eitinguatur in acelo acerrimo, effun-
dendo intérim paucam aquam vitas, fiat
suffumigatio pro parle laborante.
Les parfums faits de décoction
d’herbes et autres medicamens sont
peu differens des fomentations hu¬
mides : car, quant à la composition,
DES MEDiCAMENS.
n’y a aucune différence : maisTappli-
cationdes fomentations humides n’est
telle quedessuffumigations. Parquoy
me contenteray de bailler seulement
vu exemple d’vue suffumigation hu¬
mide;
Suffumigalion pour Voreille.
’if.. Absinthij.saluiæ, rutæ, origani anap.J.
Radicis bryonæ etasari ana § . fi.
Seminis sinapi et cumini ana 3. ij.
Decoquantur in duabus partibus aquæ, et
vna vinialbi, pro suffumigio auris cum I
emboto.
Il y a de telles suffumigations hu-
tnides vniuerselles et pour tout le
corps, que nous appelions estimes
seiches, desquelles nous parlerons cy
après.
CHAPITRE XLI.
BES IISSESSIONS OV DEMYS BAINGS.
Insession, ou semicupium, n’est au¬
tre chose qu’vn demy baing des par¬
ties du ventre inferieur, ainsi appellé
à cause qu’il faut que le patient soit
assis sur la décoction des herbes.
Insession est peu differente de fomen¬
tation humide, car elle est faite de
mesme matière, sçauoir de la décoc¬
tion d’herbes , racines , semences ,
fruits : mais la quantité de la décoc¬
tion est plus grande és insessions
qu’aux fomentations : toutesfois nous
ne descrirons icelle quantité , ains la
laisserons au iugement de l’opera¬
teur, disant seulement pro semicM/u'o
ou pro insessu : neantmoins il y faut
mettre grande quantité d’herbes et
racines que l’on veut cuire , comme
iusques à 0. ou 7. manipules. Vne
exemple seule te monstrera le tout.
695
Insession pour vne affection de reins.
Tf, Maluæetbismaluæcumtotoanam.j. fi.
Betonicæ, saxifragtæ, parietariæ, ana
m. j.
Seminum melonis, milij solis, alkekengi,
ana 3. iij.
Cicerum rubKorum p. ij.
Radicis apij , graminis , fœniculi , eryn-
gij ana §. j.
Decoquantur in suiBcienti quantitate aquæ
pro insessu.
Nous vsons des insessions és affec¬
tions des reins, de la vessie et de son
I col, de la matrice et de son col, du
siégé et ventre inferieur, quand le
patient pour son imbécillité ne peut
endurer le baing, qui luy pourroit
faire trop grande resolution d’esprits.
La maniéré d’en vser est telle. Faut
remplir des sachets de la résidence de
la décoction , et faire asseoir le pa¬
tient sur lesdits sachets : mais faut
ce temps pendant couurir la teste,
de peur qu’elle ne soit remplie de fu¬
mées et vapeurs. Aucunesfois l’on
fait asseoir le patient en la décoction
iusqu’ au nombril, que nous appelions
Semicupium, ou demy baing, à raison
que toutes les parties basses sont bai¬
gnées et estimées.
Reste maintenant escrire des baings
tant naturels qu’artificiels, à fin que
l’vsage et artifice d’iceuxsoit entendu
comme des autres cy dessus.
CHAPITRE XLTI.
DES BAINGS.
Les baings ne sont autre chose que
fomentations vniuerselles de tout le
corps, seruans tant à garder la santé
d’iceluy (comme Galien monstre au
LE VINGT-CJNQVllîME LIVRE,
696
]iure 2, de Sanitate htmcîa)'(ixi’ü cu-
raüon de la plus part des maladies :
remedes fort communs et familiers
aux Médecins anciens, tant Grecs que
Latins, sur tous les autres remedes
topiques et externes : car outre leur
vsage et profit (qui est d’euacuer les
excremens, et autres humeurs pour¬
ris acrestésàla peau,d’appaiser dou¬
leurs, lassitudes, et corriger toutes
intemperatures du corps) en la cura¬
tion des fleures et en la plus part
des autres maladies sont le dernier
refuge, de grande aide et effets mer-
ueilleux. Outre ce ils sont délecta¬
bles aux hommes : parquoy d’iceux
la connoissance est fort vtile et ne¬
cessaire.
L’on fait deux différences des
baings : les vns sont naturels, les au¬
tres artificiels. Les naturels sont ceux
qui de leur propre nature sortent tels
sans aide ou artifice externe, et ont
quelque qualité médicamenteuse. Car
l’eau qui de son naturel doit estre
sans qualité apparente », si d’aduen-
ture elle passe par les minières des
corps métalliques, ou prés d’icelles,
promptement elle reçoit impression
des qualités et effets desdits métalli¬
ques. A ceste cause toute telle eau,
ainsi que Galien dit au premier liure
de Sanitate tuendd , a vne vertu com¬
mune qui est de desseicher : mais
particulièrement l’ vne eschauffe gran¬
dement et desseiche , l’autre dessei¬
che, astreint et réfrigéré. Lesdites
eaux sont chaudes, tiedes ou bouil¬
lantes, selon qu’elle passent prés ou
loin des matières alluméessous terre,
desquelles retiennent et empruntent
la vertu, à cause qu’elles passent par
les minières pleines de feu, et faisans
leurs cours par icelles, acquièrent
1 Galien, au liu. des Alimens.’^ A. P,
chaleur actuelle, sans autre artifice:
laquelle chose est de grande admira¬
tion, d’où se concret telle chaleur
sous la terre, où manifeste feu n’ap-
paroist : aussi qui l’allume, qui l’en¬
tretient et nourrit par si long temps
sans s’esleindre. Aucuns philosophes
voulans donner raison naturelle, di
sent que le feu s’allume sous terre par
les rayons du soleil ; les autres disent
que c’est par la pénétration des fou¬
dres ; autres que c’est par l’air ve-
hementement esmeu, comme dehors
du caillou est tiré le feu par attrition.
Mais outre ces raisons humaines, la
cause principale doit estre referée à
la grande prouidence du grand Ar-
chitecteur facteur de toutes choses,
qui a voulu manifester sa puissance,
voire iusques aux entrailles de la
terre. laçoit qu’aucuns veulent que
telles eaux soient eschauffées par le
moyen du soulphre , qui entre les
corps métalliques retient plus la na¬
ture du feu, comme aussi on luy at¬
tribue la cause du feu perpétuel qui
dés tout temps sort de la montagne
de Sicile nommée Ætna, ainsi qu’a-
uons parlé cy deuanf, et selon que
descriuent les poètes et historiens : à
ceste cause les eaux son ans ainsi
chaudes retiennent principalement la
vertu du soulphre. Les autres repré¬
sentent la qualité de l’alum ou du
sel nitre,ou de bitumen, ou chalcan-
thum. Et telles eaux tant chaudes
quefroides sont conneuëspar saueur,
odeur, couleur, et le limon qui ad¬
héré aux canaux aussi par séparation
artificielle des parties terrestres des¬
dites eaux d’auec les subtiles : comme
en faisant boülllir l’eau dudit baing,
comme si tu voulois faire cautères,
laquelle estant consommée tu con-
noistraspar lesdites parties terrestres
qui demeureront, la nature du baing.
DES MEDICAMENS.
Comme s’ilest sulphuré, lesdites par¬
ties terrestres sentiront le soulphre :
s’il est alumineux, auront le goust
d’alum , et ainsi consequemment des
autres. D’auantage par les effets et
aides qu’elles donnent aux maladies,
lesquelles déclarerons particulière¬
ment, commençans aux sulphurées.
Les eaux sulphurées eschauffent
grandement, desseichent, resoluent,
ouurent, attirent du dedans au de¬
hors : elles nettoyent la peau de gal¬
les, gratelles, et dartres : sont profi¬
tables au prurit, aux vlceres, de-
fluxions des articles, et gouttes : elles
remédient au mal de la colique, de la
ratte endurcie : inutiles au reste pour
boire, à cause de leur mauuaise
odeur et saueur, et nuisantes au
foye.
Les alumineuses, quant à leur sa¬
ueur, ont vne grande stipticité et
astriction , partant desseichent gran¬
dement. Leur chaleur n’est tant ma¬
nifeste : toutesfois quand on en boit,
elles laschent fort le ventre ; ce qui
semble aduenir à raison d’vne nilro-
sité et chaleur. Elles detergent et re¬
priment les fluxions^ et les menstrues
superflues des femmes : conuiennent
aux douleurs des dents , aux vlceres
corrosifs, et apostemes cachées et la¬
tentes, tant des genciues que d’autre
partie de la bouche.
Lessaiées et nitreuses sont mani¬
festes de leur saueur : elles eschauf¬
fent , desseichent , astreignent , de¬
tergent, resoluent, extenuent , résis¬
tent à la putréfaction, estent les
ecchymoses : elles profitent aux gra-
telles vlcereuses , et vlceres malings,
et toutes tumeurs laxes : telle est
l'eau de la mer.
Les bitumineuses eschauffent conti¬
nuellement, resoluent, et par longue
espace de temps emolliasent les nerfs :
^97
elles sont toutesfois diuerses et varia¬
bles, selon les especes et diuersités de
bitumen qui impriment leurs qua¬
lités esdites eaux.
Les eaux qui retiennent la qualité
de l’airain ou cuyure, eschauffent,
desseichent, detergent, resoluent,
incisent et astreignent : elles aident
grandement contre les vlceres corro¬
sifs , fistules, duresses des paupières,
des yeux , et corrodent les carnosités
tant du nez que du siège.
Les ferrées refrigerent, desseichent,
et grandement astreignent : à ceste
cause sont profitables aux apostemes,
duretés et tumeurs de la ratte, débilité
d’estomach, ventricule, flux de mens¬
trues , intempéries chaudes du foye
et des reins : telles sont aucunes de
Luques en Italie.
Lès plombées refrigerent, dessei¬
chent , et retiennent toutes les au-
très qualités du plomb. Telles sont
celles qui passent par les canaux du
plomb.
Ainsi faut iuger des eaux gypseu-
ses , ou ayans la nature de la craye ,
lesquelles ont les mesmes effets que
les corps par où elles passent.
Les susdites eaux chaudes aident
grandement contre les maladies froi¬
des et humides , paralysie , spasmes ,
rigueurs des nerfs, tremblement, pal¬
pitations , gouttes froides , inflations
des membres, hydropisies, iaunisse
procédant d’humeur visqueux , dou¬
leurs de costés, coliques, douleurs ne-
phritiques , à la stérilité des femmes ,
à la suppression des mois d’icelles, à
la suffocation de la matrice , aux las¬
situdes spontanées , aux defedations
du cuir, dartres, morphées, galles,
gratelles, à la lepre , et autres mala¬
dies prouenantes d’obstruction faite
d’humeur visqueux et froid , à. raison
qu’elles prouoquent sueurs ; mais
5q8 I-E vingt-ci NQVl EM E LIVRE ,
icelifts faut euitcr és natures choléri¬
ques, et és inlemperatures chaudes
du foye : car elles pourroient causer
cachexie et hydropisie , par la mau-
uaise complexion acquise au foye
pour l’vsage desdites eaux.
Les froides sont fort conuenables
aux in températures chaudes, tant de
tout le corps que des parties d’iceluy :
et sont plustost prises au dedans ,
qu’appliquées au dehors. Elles con¬
fortent grandement et roborent les
parties internes relaxées : comme la
vertu retentrice du ventricule, des in¬
testins, des reins, de la vessie, et des
autres parties du ventre inferieur. Et
pourtant elles corrigent lesexcessiues
chaleurs du foye , le remettans à sa
naturelle température , et grandement
le corroborent : elles arrestent flux
de ventre, dysenteries, flux de mens¬
trues , flux d’vrine , gonorrhées ,
sueurs immodérées, flux de sang, et
guarissent beaucoup d’autres mala¬
dies causées par imbécillité des par¬
ties dudit ventre inferieur. Entre les¬
quels ceux du Liege, et de Spa, et de
Plombiere, pris par dehors et par de¬
dans , ont mesme effet, faisans d’vne
mesme main plusieurs offices sans
rien gaster : veu que ces eaux sont
tellement potables, que ceux du pays
en vsent ordinairement en leurs
potages et breuuages sans mal en
receuoir ».
On fait des baings artificiels à l’imi¬
tation des naturels, pour suppléer le
defaut d’iceux , en y mettant poudre
des dessusdits minéraux, comme soul-
phre , alum , sel nitre , bitumen. Au-
cunesfois on fait chauffer fer, cuyure,
or, argent, iusques à rougeur, et les
fait-on esteindre plusieurs fois en eau
1 Cette dernière phrase est une addition
de 1679.
commune ou do pluye, pour en don¬
ner à boire aux patients. Et telles
eaux retiennent souuent la vertu
du métal qui a esté esteint en icelles,
comme l’on volt par les effets , tant
és dysenteries qu’és autres excrétions
immodérées des humeurs bons et su¬
perflus au corps humain, quand elles
débilitent nature.
Outre ceux- cy, il y a d’autres sortes
de baings artificiels , desquels lesvns
sont faits d’eau simple seulement
sans autre mixtion ; les autres sont
faits auec décoction de quelques me-
dicamens.
Les baings d’eau simple doiuent
estre tiedes et médiocrement chauds,
Car l’eau estant ainsi tiede , humecte,
relasche , amollit les parties solides
trop seiches, dures et tendues, ouure
les pores par vne chaleur accidentale,
digéré, attire et resoult les excremens
tant fuligineux qu’autres, acres et
mordans , arrestés entre cuir et
chair ‘ : aussi est fort commode aux
combustions imprimées sur le corps
et visage par insolations, c’est à dire,
trop grandes ardeurs du Soleil, et
aux lassitudes , ausquelles les parties
similaires sont desseichées 2. D’auan-
tage soit que nous soyons eschauffés,
ou réfrigérés, ou desseichés, ou
qu’ayons nausée , ou quelque autre
intempérie, et que le corps demande
quelque euacuation , nous trouuons
manifestement grand secours aux
baings d’eau tiede, et peuuent seruir
de frictions ou d’exercice. Car ils ap¬
portent au corps médiocrité du tem¬
pérament ; ils augmentent la chaleur
et la vertu , et auec sueurs viennent
à discuter ventosités. Partant sont
conuenables aux fiéures hectiques, et
‘ Galien, au Hu. 3. de Sanit. tuend.—/i..Ÿ,
* Gallan, au llu. 10 delà Meih. A. P.
DES MEDICAMËNS.
à la déclination de toutes les autres
fiéures : ioint qu’outre les commodi-
dités susdites ils prouoquent le repos
et dormir, ainsique dit Galien*. Mais
pour autant que l’eau seule ne peut
longuement adhérer au corps , on y
mesle de l’huile d’oliue pour la faire
demeurer plus longuement : et iceux
baings sont grandement loüés pour
ceux qui sont de température chaude
et seiche : aussi sont proffitables aux
inflammations des poulmons, et aux
pleuretiques, parce-ce qu’ils appai-
sent la douleur, et aident à suppu¬
rer les crachats, pou rueu qu’ils soient
faits après les choses vniuerselles :
pource que s’ils estoient pris auant la
purgation et saignée, ils seraient fort
dangereux, à raison qu’ils pour¬
raient causer fluxion sur les parties
affligées. Le baing, dit Galien, est ad¬
ministré sans danger aux maladies,
quand la matière est cuitte et digé¬
rée : ils sont vtiles aux fiéures arden¬
tes causées de cholere, par-ce qu’ils
refrigerent et humectent , et aussi
qu'ils euacuent portion de la cholere.
Pour tels effets sont choisies les eaux
de pluye : puis celles de riuiere non
limonneuse, en après celles de bonnes
fontaines : le dernier rang tiennent
les eaux de paluds et estangs : car il
faut que l'eau pour le baing, que
nous appelions aqua dulcis , soit lege-
re, et de substance ténue et subtile.
Les baings d’eau trop chaude ou
froide n’ont pas tel vsage , mais plus-
tost apportent vne incommodité : car
ils serrent et ferment les pores du
corps , et par conséquent retiennent
les excremenset autres humeurs à la
peau.
Les autres baings artificiels sont
’ Galien, liu 2. de la Comp, des medic,
parliculiers. — A. P.
^99
faits de mesme matière que les fomen¬
tations humides ; parquoy aucuns
d’iceux sont relaxatifs : les autres sé¬
datifs des douleurs : les autres mondi-
ficatifs et detersifs : les autres prouo¬
quent ou arrestent les menstrues des
femmes , et ainsi des autres.
Les relaxatifs sont faits de la décoc¬
tion et permixtion des medicamens
remollitifs et résolutifs descrits par cy
deuant,misen grande quantité. On y
adiouste aucunesfois du vin, quel-
quesfois de l’huile, quelquesfois du
beurre frais, du laict : et d’iceux nous
vsons aux suppressions d’vrine, et
douleurs nephritiques, et contractions
de nerfs, et habitudes des corps hec¬
tiques. Car par medicamens relas-
chans, l’aridité du cuir est corrigée :
et par les humectans , qui peuuent
penetrer et enuoyer leur humidité
grasse et aérée, iusques au dedans du
corps ja raréfié et ouuert par la tié¬
deur du baing , afrousée et nourrie ,
comme'd’vn gras et fertile limon.
Les anodyns, qui allègent ou dimi¬
nuent douleur, sont faits des medica¬
mens anodyns et tempérés , ausquels
on adiouste quelquesfois des medica¬
mens relaxans, autresfois des forts
résolutifs , et les fait-on cuire en eau
et vin, principalement és douleurs de
coliques prouenans de pituite vitrée ,
ou des ventosités grosses encloses au
ventre. Nous vsonsde telsbaings pour
les douleurs du ventre inferieur, des
reins , de la matrice , et de l’intesti-
num colon. Toutesfois ne faut que le
malade sue en iceux, mais seulement
qu’il y nage quelque espace de temps,
iusques à ce qu’il sente sa douleur al¬
légée, de peur de prosterner d’auan-
tage la vertu affoiblie par douleur.
Les detersifs sont faits des medica¬
mens mondificatifs et desseichans.
, Quelquesfois nous vsons des remol-
600 LIÎ VINGT-rrNQVIEME LIVRE ,
litifs meslés aiiec légers detersifs, où
il y a quelque dureté à la peau , ou
que les croustes et escailles de la
galle et' autre vice du cuir sont dures
excessiuement, pour venir par après
aux forts detersifs et desiccatifs. ils
sont fort requis és affect'ons du cuir,
galles, gratelles, prurit , morphées,
et autres telles defedalions du cuir :
après lesquels , pour troisième baing,
faut faire décoction de choses dessei-
chantes et astringentes legerement,
pour corroborer la peau et habitude
du corps , à ce qu’elle ne soit désor¬
mais si prompte et ouuerte à rece-
uoir nouuelles fluxions , et que le mal
ne retourne comme parauant.
On fait aucunesfois d’autres baings
composés et meslès ensemble des des¬
susdits, selon les indications compli¬
quées. Les baings appropriés aux fem¬
mes sont faits des medicamens
appropriés à la matrice , selon les in¬
tentions, comme deprouoquer ou ar-
rester lés mois d’icelles. Vne seule des¬
cription d’vn seruira pour toute
description de baing.
Baing relaxant et anodyn.
'2f. Rad. lilior. albor.’etbismaluæ ana îb. ij.
Maluæ, parietariæ, viol, ana m. vj.
Semin. Uni, fœnugr. et bismal. analb. j.
Flor. chamæm., melil. et anethi ana p.vj.
Fiat decocUo insufficienti aquæquantitate,
cui permisceto :
Oleililiorum etlini, ana Ib. ij.
Vini albi Ib. vj.
Fiat balneum , in quo diutius patet æger.
Les baings tant naturels qu’artifi¬
ciels , sont remedes fort loüables et
sains, s’ils sont pris en temps deu, et
quantité et qualité conuenables ,
comme tous autres remedes : mais
s’ils ne gardent telles reigles , ils nui¬
sent grandement : car ils exciteut
horreurs , frissons et douleurs , den¬
sité de la peau , débilitent les facultés
de nostre corps, et apportent plu¬
sieurs autres dommages *. Parquoy
faut auoir esgard aux considérations
cyaprésescrites. Premièrement auant
qu’entrer au baing , faut qu’il n’y ait
aucune partie principale debile^. Car
telles parties debiles attirent et reçoi-
uent promptement les humeurs fon¬
dus et liquéfiés par le baing, veu que
lesvoyes sontouuertes. Secondement,
faut qu’il n’y ait abondance et multi¬
tude d’humeurs cruds aux premières
veines ; car tels humeurs par le
baing seroient dispersés par tout le
corps. Parquoy il est fort bon que les
purgations vniuerselles , et vacua-
t’ons desdits humeurs . precedent
auant qu’entrer au baing. Et non seu¬
lement telles purgations vniuerselles
sont necessaires auant le baing, mais
aussi les excrétions , tant de l'vrine
que d’autres excremens. Après telles
purgations, tant .vniuerselles que par¬
ticulières , faut que la vertu et force
du patient soit suffisante , tant pour
entrer et demeurer au baing, que
pour se tenir sans manger et à ieun,
Tiercement , faut que tel baing soit
administré sans frisson, à cause qu’il
pourrait causer vne fiéure.
Le temps commode pour se mettre
au baing est après le soleil leué , à
ieun , ou six ou sept heures après le
repas, si d’aduenfure on veut vser
deux fois le iour des baings. Car si la
viande estoit encore aux premières
veines, ou au ventricule, elle seroit
attirée auant sa parfaite coction , à
raison de la chaleur du baing qui
eschaufferoit toutes les parties du
^ Galien , au liu. iOde la Meth, — Galien,
au liu. 3. de Caus. puis, — A. P.
«Galien, U. de la Meth. -- A.V.
Ï)KS MKDICAMENS,
corps, dont elles seroient pins promp¬
tes à attirer l’aliment encore crnd
Ancnns eslisent la partie de l’année
commode pour lesdils baings , le Prin¬
temps et ün de l’Eslé : autres vn iour
beau et clair, ny froid, ny venteux,
ny plunieux. Ainsi la disposition et
vertu du corps et les temps considé¬
rés, faut entrer bien chaudement au
baing, dans lequel ne faut boire ny
manger pour les causes ja dites : si
d’auenture,pour le regard des forces,
l’on ne prend vn peu de pain , ou
quelques raisins, ou quelque orange,
ou grenade pour la soif.
Le temps d’y demeurer ne se peut
dire ny escrire. Aucuns toutesfois
veulent qu’il soit d’vne demie heure
iusques à vne heure : mais ne se faut
fier à cela, ains auoir esgard ù la
vertu. Car il ne faut que le patient
demeure au baing iusques à l’extreme
débilité et foiblesse : à raison qu’és
baings est faite grande résolution des
esprits et de l’humeur substanliflque.
Au sortir du baing faut estre dili¬
gemment couuert, et se mettre au
lict pour y suer, et euacuer par sueurs
quelques excremens attirés à la peau
par la chaleur du baing. Après la
sueur diligemment nettoyée, faut
faire ou frictions legeres , ou déam¬
bulations : puis se nourrir de viandes
de bon suc, de facile digestion et dis¬
tribution : car la vertu concoctrice
du ventricule a esté affoibiie par le
baing. La quantité desdites viandes
sera modérée , quand elle ne fera pe¬
santeur à l’estomach. Finablemenl,
après les baings faut euiter la compa¬
gnie des femmes : car le coït , outre
rirnbecillité acquise du baing, il ab-
bat grandement les forces et venus,
tant de tout le corps que principale¬
ment des parties nerueuses.
Ceux qui se baignent pour Uuresso,
6oi
ou retrecissement des nerfs , ou pour
appaiser les douleurs d’iceux,doiuent
frotter et entourer les parties malades
de la fange du baing : car par ce
moyen la vertu du baing est conser-
uée plus longuement en la partie : et
reçoit-on plus grand profit en se frot¬
tant et endui ant la partie d’icelle
fange, que si on vsoit du seul baing L
Ces reigles icy diligemment obser-
uées et gardées, l’vsage des baings
est d’vn effect diuin et merueilleux,
comme il a esté prédit : et non seule¬
ment telles reigles sont à garder en
vsant des baings, mais aussi en pre¬
nant des estuues, desquelles nous
parlerons, pour ratflnitéetvsage com¬
mun qu’elles ont auec les baings ;
ioiut aussi que les anciens vsoient
des estuues seiches et baings l’vn
après l’autre , et le tout auoit le nom
de baing , comme il est facile à con-
noistre par les liures de la Méthode
de Galien.
CHAPITRE XLIII.
DES ESTVVES.
Les estuues sont seiches , ou humi¬
des. Les seiches sont faites auec vne
euaporation d’air chaud et sec , qui
en eschauffant tout le corps ouure les
pores d'iceluy, et esmeut sueurs. On
peut exciter et faire telle euaporation
d’air chaud et sec en plusieurs manié¬
rés : communément et publiquement
est faite, tant en ceste ville, qu’en
autre lieu où sont estuues publiques,
auec vn fourneau vousté sous lequel
on fait grand feu, à fin que ledit
fourneau estant eschaiiffé, puisse
faire telle euaporation. Toutesfois
chacun en peut faire particuliere-
‘ Ce paraifraphe a (5lé ajouté en 1W9.
Celle figure manque dans l’édition de
DES MEDICAMENS.
Si l’on n’a tels tuyaux, on peut
faire telles estuues humides, ainsi
qu’il s’ensuit. Faut faire cuire les her¬
bes en vn chauderon , puis les met¬
tras aux pieds du patient en la cuue,
estant bien couuerte par dessus : et
pour exciter vapeur humide, faut
mettre pierres de grais ardentes dans
le chauderon : car elle boüillira en la
décoction, et excitera grandes vapeurs
humides qui esmouueront sueurs.
CHAPITRE XLIV.
DES FARDS POVR DECORER ET EMBELLIR
LA FACE DES FEMMES.
A telles femmes qui se fardent pour
leur plaisir et delices , ie ne leur vou¬
drais donner aucun aide : mais bien
à celles qui sont honnestes , fuyans
les marques de vieillesse et de turpi¬
tude , desirans euiter l’indignation de
leurs maris : et à icelles ces moyens
qui s’ensuiuent s’adressent, pour pal¬
lier leurs rides et couleur mauuaise.
Or la couleur du visage demonstre
la bonne température ou mauuaise ,
et la domination des humeurs : car
chacun humeur donne sa teinture au
cuir, et principalement à celuy de la
face. Car si la cholere domine, la
couleur sera iaunastre et citrine ‘ : si
le phlegme, blafarde : si la melancho-
lie , plombine ou liuide ; et si le sang,
la rencontre déjà dans les Dix Hures de chi¬
rurgie de 16G4 avec cette note ;
Cuue à double fons, entre lesquels vne va¬
peur conduiite par tuyau de fer blanc qui sort
d'vne martniUe , de certaine décoction pour
prouoquer le suer, que nous appelions Estuues
seiches,
1 Hippocrates , au commencement du Hure
des Humeurs, —• A. ?,
6o3
la couleur sera vermeille. Il y a au¬
tres choses qui donnent la couleur au
cuir, et luy changent sa couleur na¬
turelle : telles sont les choses exté¬
rieures, comme le soleil, le froid ,
luxure , tristesse , peur , veilles , ieus-
nes , douleur, longues maladies , l’v-
sage des mauuaises viandes et breu-
uages, comme vinaigre et mauuaises
eaux : au contraire , les bonnes vian¬
des et le bon vin aident à faire bonne
couleur, à raison qu’elles engendrent
bon suc.
Si telles turpitudesprouenoienl par
les humeurs pechans en quantité et
qualité , faut purger et saigner. Et si
tel vice prenoit sa source de quelque
in température des parties principales,
il faudroit premièrement icelle robo-
rer ; ce qui se fera par l’aduis du
docte Médecin. Maintenant nous vien¬
drons aux remedes particuliers , qui
ont faculté de pallier les rides et
blanchir le cuir.
Premièrement on lauera la face en
eau distillée des fleurs de lis, ou de fé-
ues , ou nénuphar, ou laict de vache
pareillement distillé, ou bien auec
eau d’orge ou d’amidon , de ris , dé¬
layés en eau tiede : et la face en es¬
tant lauée sera desseichée, puis ointe
des onguens que dirons cy après : car
tels lauemens detergent et préparent
la face à receuoir Faction d’iceux on¬
guens , comme fait la lexiue alumi¬
neuse au poil , lors que l’on le veut
noircir. Après auoir detergé et pré¬
paré la face , on vsera des remedes
qui s’ensuiuent , lesquels ont faculté
d’embellir, de teindre le cuir, et effa¬
cer les rides , comme :
7f. Gumini tragaganthæ conquass. 3. ij.
Distemp. in vase vitreo cumft.ij. aquæ
communU.
6o4 VmGT-CrPTQVIKME LIVRE ,
Icelle gomme se fondra , et l’eau
demeurera blanche.
Autre.
"if. Lithargyri auri 5 . ij.
Ceriissæ et salis communls ana 5 . ft .
Aceti , aquæ piantagiti. ana 5 • Ü-
Caphuræ 5. 6 ,
Faut faire tremper la litharge et ce-
ruse en vinaigre l’espace de trois ou
quatre heures à part, et le sel et
camphre en l’eau que prendrez , puis
les faut distiller le tout à part par le
filtre : et après estre distillés , à me¬
sure que vous en vserez , les mesler.
£au de laid de vache,
Lact. vaccin. tt> ij.
Aurant. et limon, ana n. iiij.
Sacchar. albiss. et alum. roch. ana g j.
Distillentur omnia simul.
L’on mettra les citrons et oranges
par petites pièces, puis seront infusées
dedans le laict , et adioustant vostre
sucre et alum , et le tout sera distillé
in lalneo Maria. Geste eau est excel¬
lente pour tenir le teint net et frais ,
et embellir la face : lors qu’on se cou¬
che, on mettra linges qui en seront
imbus, sur la face.
Autre eau fort excellente pour rendre le teint
clair et beau
Faites distiller limaçons de vignes,
et jus de limons , fleurs de bouillon
blanc , de chacun quantité égalé ,
puis y soit adiousté autant d’eau con-
tenuededanslesboursettes de l’orme,
et en soit vsé comme auons dit.
i Cette formule est une addition de 1579,
Autre eau.
If. Micæ panis alb. tb. iiij.
Flor. fab. rosar. alb. florum nenuph. li-
lior. et ireos ana Ib. ij.
Lact. vacc. îb. vj.
Oua n. viij.
Aceti opt. Ib. j.
Distillentur omnia simili in alembico vitreo,
et üat aqua.
D’icelle on se peut lauer les mains
et la face.
Autre, en forme de Uniment,
Tf. Olei de tartar. g . iij.
Mucag. semin. psyllij. g. j.
Cerussæ in oieo rosar. dissol. g . j, fi.
Roracis, salis gemmæ ana 5. j.
Fiat linimentum.
Toile cirée pour contregarder le teint i.
Geste toile cirée est fort propre pour
porter la nuit sur le visage , en mode
de masque.
Prenez cire blanche grenée quatre
onces , graisse de chéureau fondue ,
suif de bouc , et terebenthine de Ve¬
nise vne once , nature de Balaine
deux onces , camphre vne drachme :
faites foudre le tout ensemble , et y
tremper la toile : laquelle lisserez par
après , et la garderez soigneusement
pour faire masques.
Pour rendre le cuir de la face tendu et délié,
et pour le blanchir.
If. Caponern vnum , et caséum ex lacté ca-
prino recenter confectum.
Limon, n. iiij. oua n. vj.
Cerussæ lolæ in aqua rosar. g . Ij.
Borac. g . j.fi
Camphor. 3. ij.
Aquæ florum fabarum Ib. iiij.
Fiat omnium infusio perviginti quatuor ho>
ras , poslea distillentur in alembico vitreo.
‘ Celte formule ne date que de 1M6.
Î)ES MEDICAMENS.
Autre.
De la moelle d’os de mouton se
fait vn fard fort excellent , lequel
adoucit la face et la rend fort claire.
La façon de l’extraire est de pren¬
dre les os qui auront esté séparés de
leur chair par ébullition : puis iceux
concassés, les faire longuement cuire
dans de l’eau : lesquels estans bien
bouillis , sera le tout tiré du feu et re¬
froidi, et au dessus de la décoction
amasserez la graisse qui nage, et d’i¬
celle vous en frotterez le visage au
soir, et le lendemain le lauerez de la
susdite eau.
Autre 1.
Prenez cire blanche deux onces ,
huile d’amandes douces quatre onces,
graisse recente des reins de chéiireau
deux onces : poudre de ceruse de Ve¬
nise lauée en eau rose , ou blanc d’a¬
midon , autant qu’il en faut pour les
incorporer en maniéré d'onguent, du¬
quel oignez la face au soir : et le len¬
demain la lauerez auec eau coulée
de son de froment , puis l’essuyerez
d’vn linge blanc et délié.
Autre.
Prenez l’eau qui se trouue és foli-
cules d’orme : meslée auec laict d’as-
nesse , ou toute seule , est singulière
pour tenir la face polie et luisante ,
et faut s’en lauer au soir, et puis se
lauer d’eau claire.
.Autre.
If.. Salis cerussæ 3. ij ,
Vnguent. citrini vel spermat. celi. § . J.
Malaxentur simul , et liât linimcniurn ,
addendo olci Quorum 3. ij.
‘ Cette formule et la suivante n’ont été
intercalées ici qu’en 1586.
6o5
La maniéré de faire le sel de ceru.se,
c’est qu’il faut prendre de la ceruse
bien puluerisée, et la mettre auec
vinaigre distillé ( tellement que pour
liure y soit mis quatre liures de vi¬
naigre) laissant le tout infuser l’es¬
pace de quatre ou cinq iours : puis
sera distillé par filtre, laquelle distil¬
lation sera mise sus le feu, envn
vaisseau de terre plombé , et tarie
iusques à ce qu’elle se rende en sel,
comme quand l’on fait les cautères.
Autre L
Prenez fiente de petits lézards , os
de seche , tartare de vin blanc , ra¬
clure de corne de cerf , farine de ris>
ana : faites-en poudre, faites la trem¬
per en eau faite et distillée d’amandes
douces, de limaces des vignes et de
fleurs de nénuphar. Ce fait , adioustez
le poids d’autant de miel blanc , et de
rechef incorporez le tout en vn mor¬
tier de marbre, et gardez ceste mix¬
tion en vn vaisseau de verre ou d’ar¬
gent , et vous en frottez le soir le
visage , et verrez chose merueilleuse
pour les rougeurs du visage. Nota ,
qu’il faut laisser vn linge trempé en
ladite eau sur le visage , y ayant mis
l’onguent.
Autre excellent.
'if. Sublimati 5. j.
Argenli viui extincti in saliua 3. ij.
Margaritarum non perforât. 3. j.
Caphuræ 3. j. fi,
Incorporentur simul in morlario marmoreo
cum pislillo ligneo, per 1res horas du-
canlur et fricentur, reducanturque in le-
nuissimum puluerem : deinde hic puluis
ablualur aquamyrtiet desiccelur, serue-
turque ad vsum.
Addc foliorum auri etargenti , numéro x.
1 Cette formule est de l’édition de 1578,
6o6 LE VINGT-CIWQVJEMK LIVRE,
Quand tu voudras vser de ceste
poudre , mets dans ta main tant soit
peu d’buile de lentisque ou d’a¬
mandes douces , auquel dissous aussi
bien peu de la poudre susdite , et in¬
corpore ces deux ensemble, de la¬
quelle faut s’en oindre le visage lors
que l’on se va coucher : mais premiè¬
rement se faut lauer la face des eaux
susdites , aussi pareillement le lende¬
main au malin.
Après auoir descrit la maniéré de
nettoyer et estendre le cuir, aussi pa¬
reillement de le blanchir, reste à luy
bailler la couleur rouge et vermeille
au milieu des iouës et des léures : car
le blanc et le rouge estans ainsi mes-
lés ensemble , font la couleur viue et
naturelle : et pour ce faire on dissou¬
dera rasure de bresil et orcanete en
eau alumineuse , de laquelle on se
frottera la pommette des iouës et
des léures , la laissant seicher; ou
bien on vsera du rouge d’Espagne ,
ou l’on se frottera, lesdites parties de
peau de mouton teinte en rouge. Pa¬
reillement la friction faite auec la
main rougit , à cause qu’elle y attire
le sang et esprit L
Autre,
Prenez eau alumineuse, en laquelle
aurez fait tremper plusieurs fois vne
piecede torne-sel rouge, et en frottez
les iouës et les léures, voire tout le vi¬
sage, s’il es toit blaffard, ou trop blanc.
Autre.
Prenez vne once d’alum de roche ,
faites-le boüillir en vne liure d'eau
claire , et quand il sera fondu , tirez
le vaisseau d’auprès le feu , et le laissez
refroidir : iettez vne once de vermil-
‘ Le chapitre s’arrêtait là en 1575 et 1579;
U>ut le reste a été ajouté eu 1585.
Ion subtilement puluerisé sur le mar¬
bre, faites-lc boüillir iusques à la
consomption de la moitié , coulez-la
et la gardez en vne fiole de verre , et
en frottez les iouës et les léures.
Autre en onguent.
Prenez vne pinte d’eau de vie bien
rectifiée, vne once de bresil, dix clous
de girofle , autant de grains de para¬
dis , cinq grains de cucube : pulueri-
sez tout cela , et les faites infuser en
l’eau de vie, sur les cendres chaudes,
en vn vaisseau bien couuert de peur
que l’eau ne s’exhale , et en frottez
le visage et les léures.
Pour blanchir le visage trop coloré et rouge.
Prenez jus de limon, blancs d’œufs,
de chacun égalé partie , vn peu de
soulphre vif puluerisé, battez-les as¬
sez longuement ensemble, puis les
mettez dedans vne cassole sur le feu,
les remuant auec vn baston de bois ,
iusques à ce qu’ils acquierentvnecon-
sistence de beurre: puis ostez-les hors
de dessus le feu, et gardez ceste mes-
lange pour vous en frotter le visage
au soir , après l'auoir laué de son, ou
de mie de pain blanc.
CHAPHRE XLV.
DE LA GOVTTE ROSE.
Maintenant nous parlerons d’vne
rougeur estrange qui se fait au nez
et aux iouës , et quelquesfois par tout
le visage, auec tumeur, et quelques¬
fois sans tumeur, aucunesfois auec
pustules et croustes : qui se fait pour
certaines humeurs salées et adustes.
La goutte rose est plus grande en
hyuer qu’en esté, parce que le froid
DES MEDICAMENS.
clost les pores , et partant la matière
ne se peut euacuer , mais est tenue
sous le cuir , qui fait qu’elle acquiert
vne acrimonie et mordacité, faisant
esleuer des boutons et croustes , ren¬
dant la couleur du visage plombine.
Geste maladie est difficile, et souuent
impossible à curer.
Pour la cure generale , il faut que
le malade euite le vin , s’il n’est bien
trempé , et generalement toutes cho¬
ses qui eschauffent le sang et qui sont
vaporeuses, aussi toute chaleur et
froideur excessiue : pareillement que
le malade aye le ventre lasche, soit
par art , ou par nature. Il sera saigné
de la veine basilique , puis de celle
du front , et de celle du nez : et se¬
ront semblablement appliquées sang¬
sues en plusieurs lieux de la face,
aussi ventouses auec scarification sus
les espaules.
Si le mal est inueteré , on commen¬
cera la cure par choses emollientes ,
puis on vsera des onguens qui s’en-
suiuent , lesquels seront changés à la
discrétion du Médecin présent, les
diuersifiant selon que le mal sera pe¬
tit ou grand.
Exemple,
Succi citri § . iij.
Cerussæ quantum suflicit ad inspissan-
dum prædictum succum.
Argenti viui § . ô. extincli cum axung.
porci, et cum 3. fi. sulphur. viui.
Incorporentur simul , et fiat vnguentum *.
Ame,
7f, Boracis 3, ij.
Far. cicer. et fab. ana 3, j. fi.
Camph. 3. j.
Et cum mcllc et succo cepæ fiant trochiscl.
‘ Bon el expérimenté. — A. P.— Cette note
date seulement de 1679.
607
Quand on en voudra vser, seront
destrempés en eau rose ou de plan¬
tain , et en sera appliqué dessus le
lieu auec linge délié , et laissés des¬
sus la nuit , les renouuellant souuent.
Autre.
Of. Vng.citrini , recent, dispens. § . ij.
Sulph. viui § . fi.
Et cum modico olei semin. cucur. et suc. li¬
mon. fiat vng. quo illinatur faciès hora
somni.
Le lendemain sera lauée la face auec
eau rose, blanchie auec du son.
Autre.
Faut faire boüillir du vinaigre bien
fort auec du son et eau rose , et en
sera appliqué comme dessus : ledit
vinaigre esteint fort la rougeur.
Autre.
"if. Cerussæ et litharg. auri, sulph. viui pul î
ueris. ana § . fi.
Ponantur in phiala cum aceto et aqua
rosarum.
D’icelle composition en faut appli¬
quer auec linges , et les y laisser toute
la nuit : puis seront ostés , et sera
lauée la face auec eau de son. D’ice-
luy remede on vsera l’espace d’vn
mois', plus ou moins.
Autre *.
"if. Sang. taur. îb. j.
Butyri recent. a. fi.
Fiat distill. vtatur.
Faut noter que ladite eau est trou¬
ble et puante au commencement :
mais quelques iours après deuient
claire et perd sa puanteur.
* Cette formule et la suivante sont de 1679.
()0 8 LE VINGT-CllVQVIEMB LIVRE,
Autre.
Faites boüillir du son en vinai¬
gre et eau de nénuphar , et dissou¬
drez du soulphre et vn peu de cam¬
phre, et de ce en tremperez linges
qui seront mis sus le visage au soir.
Pour desseicher les pustules ou saphirs.
"if. Âlb. Quorum num. ij.
Aquæ rosar. §.j. &.
Succi plantaginis et lapathi acuti ana
§. ù.
Sublimât. 9 . j.
Incorpor. in mort, marmoreo.
Pour les lentilles *.
Touchez les lieux auec eau forte.
Autre.
Faites tremper vn ou plusieurs
œufs en fort vinaigre iusques à ce
qu’ils soient mois, incorporez auec
semence puluerisée en forme d’on¬
guent, et en frottez les lentilles, tant
que la peau s’esleue.
Autre.
Axungiæ porci decies in aceto lotæ
3-iiij.
Argenti viui g . j.
Alum. sulphur. viui ana 3 j.
Pistentur omnia diu in mortario plurabeo ,
et fiat vnguentum.
L'argent-vif ne se doit mettre qu’à
la Gn.
Autre,
Radie, lapathi acuti et asphod.ana § . ij,
* Les deux remèdes qui suivent pour les
lentilles ne datent que de 1685 ; il en résulte
que les formules qui viennent après étaient
données dans l’origine contre les pustules ou
saphirs.
Coquant. in aceto scillltico, postea pistentur
et passentur, addendo :
Auripigmenti 3. ij.
Sulphur, viui 3. i,
Incorporentur, et flat vnguentum.
Duquel en sera mis sur les pustules
pour les desseicher.
Autre,
"if. Rad. lilior. sub. cinerib. coct § , iij.
Pislis et passatis adde butyri recent, et
axung. porci lotæ in aceto ana § j.
Sulphur. viui 3. iij.
Camph. 9. ij.
Succi limon, quant. suCf.
Malax. simul, et fiat vnguentum.
Autre,
"if. Lact. vîrg. îb. fi.
Alum. §. fi,
Sulphur. viui § . j.
Suce, limon. 3, vj.
Sal. comm. 5 • ^ *
Distillentur omnia in alemb. vitreo.
Et d’icelle eau on vsera comme
dessus.
Autre.
y, Succi lapat. acuti, plantag. etasphodelo.
an5. j. G.
Olei vitelli. ouor, §.j.
Tereb. Venetæ g . fi .
Succi limonum 3. iij.
Aluminis combusti 5 j.
Argent, viui extincti g . j.
Olei liliorum g. fi.
Pistentur omnia in mortario plumbeo, ad¬
dendo sub finem argentum viuum ne
mortario adhœret.
Autre >.
Prenez eau de nénuphar, de plan-
^ Les trois ou quatre formules qui suivent,
jusqu 4 celle qui est prescrite pour oster les
saphirs du visage, sont de 1586.
DES MEDICAMENS.
lain, de n(iorelle,de chacune deux
onces , vinaigre fort vne once et de¬
mie : esteignez dedans cinq ou six
coquilles d’œufs toutes rouges ve-
nans du feu , et les y laissez tremper
et ramollir, comme à se rédiger en
poudre , puis coulez le tout , et ver¬
sez dedans vne bouteille de verre, en
laquelle tremperez un petit nouët
plein d’vne drachme et demie de
soulphre vif subtilement puluerisé.
Autre.
Prenez soulphre vne once, ce-
ruse lauée deux drachmes , os de sé¬
ché, camphre, de chacun vne drach¬
me , jus de limons de chacun demie
liure , jus d’oignons deux onces : tri¬
turez subtilement, et incorporez auec
les jus: oignez-enla face au soir allant
au lit , et au matin lauez-la auec dé¬
coction de son.
Et au cas que les pustules ou bou¬
tons ne voulussent ceder aux reme-
des,il faut appliquer des vésicatoires
non faits de cantharides , à fin d’atti¬
rer du profond le sangadusteetbruslé
qui cause lesdites pustules.
Autre bien approuiié.
"îf. Sulphuris viui ignis expert. § . ij. 3. j.
Zinziberis optimi §.j.
Piperis nigri 3. ij.
Fiat puluis subtilissimus , et, incorporelur
cum § . iiij. pommaci optimi.
Faut oindre la partie rouge et bou¬
tons , le soir , et lendemain matin la-
uer ledit onguent auec de l’eau qui
aura esté tiedie dans la bouche.
Pour ester les saphirs du visage «.
Prenez suc d’oignon , pilé auec sel,
1 Les quatre formules qui suivent ont été
ajoutées en 1679.
lit.
609
ou autrement pilé auec moyeux
d’œufs.
Pour amortir les dartres.
Fueilles d’ellebore pilées auec vin ai¬
gre, ou laict de figuier tout seul , ou
laict de tithymal , ou moustarde dis¬
soute auec vinaigre fort, auec vn
peu de soulphre.
Autre.
Prenez couperose , soulphre et
alum, de chacun vne drachme, et
les faites tremper en fort vinaigre:
puis soyent passées par vn linge , et
en soit appliqué dessus.
Autre.
Prenez vn œuf, et le faites trem¬
per en fort vinaigre , auec cou¬
perose et soulphre mis en poudre ,
puis passez, et en vsez comme dessus.
Si les herpès ou dartres sont au vi¬
sage, l’eau de sublimé est excellente,
aussi l’alum incorporé auec blanc
d'œuf, et vn peu de jus de citron :
aussi fait l’aloés destrempé auec oxy-
mel scillitic 1.
Or il faut icy noter , qu’à cause que
les susdits remedes sont aucunement
corrosifs, rendons le cuir aspre et
scabre, pour l’adoucir et polir on
vsera de ce liniment.
Jf. Terebenthinæ Venetæ , tam diu lotæ vt
acrimoniam nullam habeat , butyrl sa¬
lis expert, ana § . j. G.
Olei vitell. ouor. § . j.
\xung. porci inaquarosar. lot. §. fi.
Ceræ parum.
Vt inde liât linirncntum ad v.sum.
On peut aussi vser des autres reme-
1 Celle phrase est uac addition de 1585.
39
LE VINGT-CINQVIEME LIVRE ,
des cy dessus mentionnés, qui ont
pareille vertu
Pour affermir les, dents, et les tenir nettes et
blanches, que nos dames de la Cour usent.
Prenez eau commune et eau rose ,
de chacune quatre onces, deux drach¬
mes d’alum de roche cuit et subtile¬
ment puluerisé, canelle entière demie
drachme : mettez l’alum et la poudre
dedans vne fiole de verre auec les
eaux , puis exposez la phiole sur les
cendres chaudes, faites le boüillir ius-
ques à la consomption de la tierce
partie des eaux ; estant refroidie,
frqtlez-en vos dents au matin auec
vn linge net.
Pour affermir les dents qui lochent et branlent.
Faut vser de toutes choses qui as¬
treignent , soit en gargarisme ou
opiate. La décoction de berberis , su-
mach, balaustes, alura, vin de grena¬
des, meslé auec eau rose et verjus ,
est singulier remede pour reserrer, et
affermir les genciues.
CHAPITRE XLVI.
LA MANIERE DE FAIRE NOIRCIR LE POIL.
Il faut premièrement lauer la teste
ou la barbe de lexiue, en laquelle on
mettra vn peu d’alum de roche , à
cause qu’icelle lexiue préparé le poil
à mieux receuoir la teinture , consu¬
mant la graisse qui peut estre aux
Cheueux ou barbe 2. Les remedes par-
’ Ici se terminait le chapitre dans les deux
premières éditions; le reste a été ajouté
en 1685.
* Ces derniers mots, consumant la grais¬
se , etc,, ont été ajoutés en 157'J.
ticuliers pour noircir le poil doiuent
estre aromatiques et céphaliques, et
vn peu stiptiques , à fin que par leur
arpmaticité ils corroborent la vertu
animale, et que par leur stipticité ils
aslreignent ; aussi doiuent estre de
spbtile substance pour penetrer ius-
ques à la racine du poil.
II faut prendre vne pierre de chaux-
viue poisant vne liure et demie, et la
mettre ftedaps vue terrine , auec as¬
sez grande quantité d’eau : et quand
ladite chaux sera desteinte, il la faut
remuer auec vn basson, et passer la¬
dite chaux et eau par vn sasset de¬
dans vn autre vaisseau. Et quand la
chaux sera rassise, il faut iettej: toute
l’eau , et y en remettre de fraisclie
autant et plus qu’à la desteipdre , et
la remuer comme à la première fois :
et faut laisser seicher ladite çhaüx ,
tant qu’on la puisse mettre en pou¬
dre : et prendre de ladite chaux cinq
quarterons, et la mettre en poudre,
et demie liure de litharge subtilement
puluerisée ; et le tout passer ensem¬
ble par vn sasset. Pour en faire paste
assez liquide , faut prendre vne poi¬
gnée de sauge fraiche, la concasser
et mettre dedans vn pot de terre auec
vne pinte d’eau, et la faire consumer
iusques à la tierce partie , et passer
par vn linge : et de ladite décoction
ferez yostre paste , de laquelle vous
frotterez le lieu que voudrez noircir,
et lairrez ladite paste l’espace de
quatre ou cinq heures : après lauerez
le lieu auec de l’eau tiede en laquellp
on aura mis du son L
Autre,
‘2f. Sulphur. \itrioli, gallav. calpis viuæ,
lith. ana 5. ij.
‘ Tout cc paragraphe manque dans les
premières éditions , et date seulement de
1686.
DES MEDICAMENS.
6l
Scoriæ ferri 5. 6 .
Puluerisentur omnia subtil, et cum aqua
commun! incorporentur, vt indc fiat
massa.
De laquelle on frottera les cheueux
s’en allant coucher , puis on mettra
vne compresse dessus àuec vne coeffe,
et le matin seront desueloppés de la¬
dite paste.
Autre.
2f. Calcis lotæ § .j.
Litharg. vtriusque § . fi .
Et cum decpcto gallarum, cqrt. nucum, fiat
massa, addendo olei chamom. 3. ij.
Autre.
Of. Litharg. aur. 2. ij.
Ciner. claueljat. §.j. fi.
Cale, viuæ §. j.
Dissol. omnia cum vrina liominis donec ac-
quirat consistentiam vnguenli , de quo
vngantur capilli.
Autre.
Of. Calci? lotae § • i|'i-
Litharg. vtriusque ana § . ij.
Cupi decocto saluiæ et cortic. granat. fiat
pasta ad formam puUissatisliqu|dæ.
De laquelle on se frottera les che¬
ueux ou barbe s’en allant coucher ,
et le lendemain se lauera de vin et
eaq.
Da chaux se doit lauer en ceste
sqrte : Vous prendrez vne liure de
chaux , que vous ietterez en cinq ou
six pintes d’eau commune, laquelle y
demeurera l’espace de vingt-quatre
heures, puis esterez vostre eau par in¬
clination , en adioustant d’autre eau ;
et pour la troisième fois en lieu d’eau
commune, mettrez de la décoction de
sauge et galles, qui y demeurera
l’espace de vingt-quatre heures, puis
sera ostée par inclination : et par
ainsi aurez vostre chaux lauée.
Il faut noter qu’il faut première¬
ment lauer les cheueux et barbe auec
lessiue, à fin que le médicament
puisse mieux operer , et n’estre em-
pesché par la graisse qui poiirroit es-
tre aux cheueux ou barbe
Autre remede singulier
Le jus de l’escorce de noix verte ,
comme l’on peut connoistre par les
mains de ceux qui cernent lés noix
nouuellès , qui en sont noircies per-
tinacitement. Ce qui aduient d’vne
astriction coniointe , auec vne te¬
nuité de substance , laquelle fait que
son astriction descend au profond,
et se diffuse de toutes parts : et j’qs-
triction empesche que sa teinture ne
se puisse effacer qu’à grande peipe
auec drogues , tant soient-elles abs-
tergentes.
Autre maniéré de noircir le poil par eaux s.
2f. Argenti finissimi 3. ij. ,
Reducatur in tenuissimas laminas , ponatur
in fiolâ vitreâ vnà cum 3. ij. aquæ separa-
tionis auri et argenti, aquæ rosarum 3. vj .
1 J’ai| rétabli ce court et essentiel para¬
graphe d’après l’édition de 1676; il avait été
retranché de toutes les autres , sans doute
par erreur, et dans les remaniemens du
texte que nous allons avoir à signaler.
2 Cette formule et la suivante datent seu¬
lement de 1686.
3 Je rétablis ici dans le texte cette formule
qui se lit dans toutes les éditions faites du
temps de l’auteur, et qui , retranchée je ne
sais pour quelle cause dans la première édi¬
tion posthume , l’a été par suite dani toutes
les autres.
LE VINGT-C!]\QVIEME LIVRE,
La manière de faire ladite eau est
telle : c’est que l’on mettra la susdite
bouteille ou matelas auec l’eau forte
et l’argent sus les charbons , à fin
qu’il se fonde auec icelle ; puis le
matelas estant refroidi vn peu , en¬
semble ce qui sera dedans, on ad-
ioustera l’eau rose. Or il faut noter,
si l’on veut que ladite eau noircisse
d’auantage , on y mettra aussi plus
d’argent : et si l’on veut qu’elle ne
noircisse tant, on y mettra moins
d’argent.
Le moyen d’en vser est , qu’il faut
tremper vn pigne dedans, et se pigner
d’iceluy.
Autre de memeilleux effet.
Prenez de la cbaux-viue, la laissez
esteindre toute seule en lieu humide,
et d’icelle en prendrez trois onces :
plomb bruslé sans estre laué, mis en
poudre, deux onces, litharge d’or
puluerisée quatre onces : le tout sera
mis dedans vn mortier de plomb , et
auec eau sera fait comme vne pulte :
et de ce en feras frotter les cheueux,
puis mettre vn bonnet ou coeffe qui
sera laissé la nuit, et au matin se faut
frotter la teste auec linges chauds, et
ceste matière tombera toute en pou¬
dre.
Autre.
. Plumbi vsti § . ij.
Gall. non perfor. cortic. nue. ana § . iij.
Terræ sigUl. ferretæ Hispan. ana §. ij.
Vitr. rom. g . vj.
Sal. gem. g . j. G.
Caryoph. nue. mose. ana § . j.
Sal. amm. aloësana 3. fi.
fiat puluis sublilis.
Lesdites poudres seront trempées
par trois iours naturels dans de bon
vinaigre : après il faut le tout distiller
par l’alembic , et de l’eau en vser
comme il appartient.
Pour faire les cheueux blonds.
7f. Flor. genist. stœcad. et cardamo ana
3. j.
Lupin, eonquass.rasuræ buxi. eort. citri,
radie, gentian. et berber. ana g j. fi.
Cum aqua nitri , fiat Icnta decoctio.
De laquelle on lauera ses cheueux
par plusieurs iours.
CHAPITRE XLVII.
PSILOTHRA, OV DEPILATOIRES POVR
FAIRE CHEOIR LE POIL.
"if. Recip. eale. viuæ §. iij.
Auripig. §. j.
La chaux sera esleinte en eau com¬
mune, puis on adioustera l’orpiment
en poudre , auec quelque chose odo¬
riférante.
La maniéré d’en vser est , que l’on
ne le doit tenir sus la partie sinon
que l’espace de bien peu de temps ,
autrement il brusleroit; et aussi do¬
uant que l’appliquer , faut fomenter
la partie d’eau chaude, et faut que le¬
dit dépilatoire soit appliqué chaude¬
ment, et espais comme boüillie. On
connoistra l’effet en frottant la partie
legerement auec eau chaude , et le
poil tombera : et s’il auoit cscorché
la partie, on vsera de l’onguent rosat,
ou autre semblable.
Autre,
’if.. Cale, viuæ, auripigm. citr. ana § . j.
Arnyli , spumæ argent, ana g . fi .
Xerantur et incorporenlur cmn aqua com-
muni , et bulliant simul.
DES MEDICAMENS. 6l3
Or le signe de parfaite cuisson est ,
que l’on mette vne plume d’oye , et
elle sera subit desplumée.
Autre.
Prenez chaux-viue et orpiment au¬
tant d’vn que d’autre : soit le tout
puluerisé et mis en vn noüet, lequel
sera trempé en eau , et d’iceluy on
frottera la partie, puis passant le
doigt par dessus, le poil tombera.
Autre maniéré *.
Prenez vne liure de chaux-viue , et
demie liure d’orpin iaune ; mettez le
tout en poudre subtilement, et quand
vous en voudrez vser, en prendrez
telle quantité que voudrez : et auec
de l’eau en ferez paste mollasse , la¬
quelle mettrez sur la partie que vou¬
drez depiler. Et pour sçauoir quand
l’action dudit dépilatoire sera faite ,
vous lauerez la partie auec vn peu
d’eau tiede , et verrez que le poil
tombera.
le ne puis encore passer que ne
descriue certaines eaux pour lauer les
mains et visage , voire tout le corps ,
1 Cette autre maniéré est une addition
de l&8â.
et pour faire sentir bon les linges et
autres choses.
Eau de lauande.
"if. Flor. lauand. îb. iiij.
Aquæ ros. et vini albi ana ïb, ij.
Aquævitæ f. iiij
Misceantur omnia simul , et fiat distillalio
in balneo Mariæ.
On la peut faire sans distiller, met¬
tant infuser des fleurs de la lauande
en vne fiole de verre au soleil auec
eau pure , ou au baing Marie , en y
adioustant vn peu d’huile d’aspic, ou
vn peu de musc.
Eau de doux de girofle.
Tf. Caryopb. 5 . ij.
Aquærosarum îb. ij.
Macerentur spatio xxiiij. hor. et distill. Iq
balneo Mariæ.
Eau de senteurs.
Of. Menth. maior. hyssopi , saluiæ , rorism.
lauand. ana m. ij.
Rad. ireos § . ij.
Caryopb. cinn. nue. mosc. ana § • C-
Limo. num. iiij.
i^Iacerentiir omnia in aqua rosar. xxiiij. hor.
omnia distillenlur iii balneo Mariæ, ad-
• dendo mosci 9 . J.
LE VINGT-SIXIEME LIVRE,
TRAITANT
DES DISTILLATIONS
CHAPITRE I.
qve c’est qve^distillatîon , ET com¬
bien DE SORTES OV MANIERES IL Y
A de] distiller.
Or maintenant il nous reste encore
sommairement traiter des medica-
mens pyrotiques et chimiques , c’est-
à-dire extraits par distillation de
quinte-essence, en laquelle il y a vne
vertu singulière et quasi diuine des
choses qui sont distillées : qui a tel¬
lement raui les esprits des hommes, !
que bien peu de choses se trouuent
ayans quelques effets et singularités
I Ce livre est une sorte de complément
du précédent, ainsi que l’auteur le fait en-»
tendre dès la première phrase; c’est en
quelque sorte la matière médicale moderne
faisant suite à la matière médicale des an¬
ciens. Il a été publié dans la première édi¬
tion des OEuvres complètes , en 1675, et à
peine y a-t-il été fait plus tard quelques
changements. Quant à la source d’où Paré
l’a tiré , elle me paraît assez bien indiquée
par une phrase qui se lisait en 1575 , et qui
a été retranchée dans toutes les autres édi¬
tions; je l’ai reproduite dans la note sui¬
vante. Du reste, le sujet tout spécial de ce
livre me dispensait d’y joindre des notes
historiques ou critiques; je me suis con¬
tenté de signaler avec soin les variantes. 11
en soy, que l’on ne soubmette à la
distillation 2.
Distiller, c’est vn art et moyen par
lequel la liqueur ou humidiié d’au¬
cunes choses, par la vertu et force du
feu, ou de chaleur semblable (comine
les matières lereqüierent) est extraite
et tirée , estant premièrement subii-
liée en vapeur, puis reserrée et és-
paissie par froideur. Aucuns appellent
cest art sublimer, qui ne signifie aiitrè
chose que séparer le pur dé l’impur,
les parties plus subtiles et déliées d’a-
uec lès plus corpulentes, espaisses, et
excrementeuses : mesmement faire
que les matières desquelles la sub-
y avait un certain nombre de -figures Repré¬
sentant des appareils à distillation; comme
Paré n’avait fait sans doute que les copier
sur d’autres, il m’a paru inutile de les con¬
server.
* L’édition de 1575 ajoutait ici :
«Ce qui a esté amplement descrit par
monsieur Liébault , Docteur regent en la
Faculté de medecine à faris, personnage
doué d’vn singulier esprit, auquel sommes
grandement attenus , tant pour la version
du second tome d’Euuonyme traittant de
telle matière, que pour sa Maison rustique,
qu’il a ces derniers iours mise en lumière ,
au grand profit et vtilité du public. »
Cette phrase a été effacée dès 1579. La tra¬
duction citée de Liébault avait paru on 1 573.
DES DISTILLATIONS.
stance est grossière soient rendues
plus pures, nettes et sincères : ou
bien que les parties terrestres assez
mal vhies et cohiointes, ou autrement
par trop confuses, et espandues par
toutë la substance de leur corps ,
soient resserrées , mieux vnies et
amassées ensemble, de façon que, sé¬
parées par chaleur, chacune demeure
à part au fond de l’alembic et vais¬
seau. Ou bien distillation est vne ex¬
traction oü effusion d’humeur , de-
coulante goutte à goutte par alembic,
ou autre ' iël vaisseau : laquelle ,
moyennant quelque coction qui se
fait par la vertu dé chaleur, séparé
plusieurs substances les vues d’auec
les autres, et réduit quelqùés vnes
d’icelles séparées et esleuées en vne
certaine forme et vertu, qui par après
sert et profite beaucoup à plusieurs
affections et maladies.
Aucunes matières demandent cha¬
leur de feu clair, autres de charbon ,
ou du soleil , ou des cendres , ou arè¬
nes , ou limeures de fer puluerisces :
les autres veulent chaleur de fiens de
cheüal , ou d’eau bouillante , ou la
vapeur d’icelle seulement.
On remarque quatre degrés de cha¬
leur au feu duquel on distille, dont
le premier est tiede , comme vne eau
à demie chaude, ou la vapeur d’vne
eau bouillante : le second est vn peu
plus chaud, toutesfois on y peut souf¬
frir la main saUs offense, comme est
la chaleur de la cendre : le tiers est
encore plus chaud , tellement qu’il
peut offenser griefuement si on y
tient la main longuement, comme
est la chaleur des arenes ; le quart est
si véhément que l’on n’y peut endu¬
rer la main sans brusler, comme est
la chaleur d’oscaille ou lirnaiure de
fer. Le premier degré est conueiiable
pour distiller le.S matières subtiles et
6i5
humides, comme les fleurs. Le second
pour les subtiles et seiches, ainsi que
les choses odorantes et aromatiques,
comme canelle, gingembre, doux de
girofles. Le tiers pour distiller lés
matières de substance espaisse et plei¬
nes de suc, comme sont plusieurs ra¬
cines et gommes. Le quart pour la
distillation des métaux et minéraux ,
comme l’alum, le vitriol, l’ambre, le
gagatés, et semblables.
Pareillement on peut distiller sans
chaleur, comme nous voyons és cho¬
ses qui sont distillées en forme de co-
latures, à sçauoir quand la plus pure
partie est extraite et séparée de la
partie plus limonneuse et terrestre,
comme l’on fait du laict virginal, et
autres choses qui se font parle moyen
du feutre ou chausse d’hippocras,
ou piece de drap en forme de lan¬
guette, ou de sablon, ou de vaisseaux
faits de bois de lierre. Quelquesfoi^
aussi on distille des matières par froi¬
deur et humidité, ainsi que se fait
l’huile de tartre et myrrhe, vitriol,
lors qu’elles sont mises en lieu froid
et humide sur le marbre.
CHAPITRE IL
DE LA MATIEUE ET EORME DES
FOVBNEAVX.
Les matières et formes des four¬
neaux sont diuerses : car les vns son!
faits de briques et de terfe grasse
autres de terre grasse seule : les
meilleurs sont faits de terre grasse
auec ciment et blanc d’œuf, et bourre ;
toutesfois si tu veux soudainement
distiller, tu en peux faire vn de bri¬
ques mises les vnes sus les autres,
propietnent acéommodées.
6l6 LIÎ VINGT-SIX
La meillcuro et plus commode
forme des fourneaux entre tous est
celle qui est ronde par tout, à raison
que le feu, porté en haut, va par tout
en plus égalé mesure ; ce qu’il ne
feroit pas s’il estoit d’autre figure,
comme quarré ou triangulaire, à
cause que la séparation des angles
disioindroit la force du feu se sépa¬
rant çà et là. Ils seront de telle gran¬
deur qui sera requise selon le vais¬
seau qu’on y voudra apposer, et
seront espais plus ou moins que tu
aduiseras estre necessaire. Tels four¬
neaux doiuent auoir deux fonds, l’vn
en bas pour receuoir les cendres du
charbon ou d’autres telles matières
de feu : l’autre plus haut qui tienne
les charbons allumés, et fait en façon
de gril , ou bien séparé par plusieurs
petits trous, à fin que les cendres s’es-
coulent au fond d’embas plus facile¬
ment, et qu’elles ne suffoquent le feu
qui eschauffe l’alembic. Autres, trois
fonds, comme au four de reuerbera-
tion , sçauoir l’vn pour receuoir la
cendre, l’autre pour mettre le char¬
bon, le tiers pour mettre la matière
à calciner ou à distiller, lequel doit
estre couuert d’vne couuerture à
demy ronde, pour reuerberer la cha¬
leur ou la flamme sus la matière à
calciner ou à distiller, selon que la
matière le requiert ‘ . Le fond d’em¬
bas peut auoir vue ou plusieurs
gueulles, à fin d’oster les cendres qui
y seront tombées ; et quant à celuy
d’en haut, il en doit auoir vne seule ,
de grandeur médiocre, pour mettre le
charbon ou bois dedans, et en haut
deux ou trois petits trous , pour don¬
ner air et euenter le feu , lors que tu
voudras l’augmenter : l’vne et l’autre
1 Cette dernière phrase, rclativeaux four¬
neaux à trois fonds , aètè ajoutée en 1679.
ÉMK LIVUE ,
gueulle seront garnies do leur bou¬
chon ou porte.
Or en defaut de fourneau ou de
matière pour ce faire, tu peux ac¬
commoder ton vaisseau , ou bien ton
chaudron ou jatte , sus vn trepié ,
comme il le sera monstré cy après en
la distillation du baing Marie.
CHAPITRE III.
DES VAISSEAVX POVR DISTILLER.
Les vaisseaux propres aux distilla¬
tions sont fails de diuerse matière et
forme : car les vns sont de plomb ,
d’estain, d’airain, de terre plombée
et non plombée, de grais , lesquels
sont fort bons, de verre , d’or, d’ar¬
gent.
Quant aux vaisseaux de plomb , ils
sont du tout à reprouuer, principale¬
ment si les liqueurs tirées par iceux
se doiuent prendre par la bouche , à
cause de la salsitude qui est de nature
de plomb , et autres maléfiques qua¬
lités du plomb : considéré mesme-
ment que Galien condamne et re-
prouue l’eau conduite par canaux de
plomb, pour-ce qu’elle esmeut flux de
ventre , à cause de sa nature qui est
de substance de mercure. D’auanlage,
nous voyons ordinairement eaux dis¬
tillées par le plomb estre le plus sou-
uent auec acre et vehemente vapeur,
qui se fait à raison qu’iceluy sel est
dissout de la voûte de l’alembic . le¬
quel gaste les eaux, les rendant blan¬
ches et espaisses comme laict. Et
quant à ceux d’airain et cuiure , ils
rendent les eaux airugineuses, et en¬
core plus nuisantes que ceux de
plomb. Ceux d’or et d’argent sont
moins nuisans, ains en appareil sont-
DES DISTILLATIONS.
ils plus difficiles, à cause du coust qui
en oste le goust.
Parquoy faut mettre diligence que
les vaisseaux distillatoires soient ou
de terre plombée, ou de verre, ou de
grais, nommée terre de Beauuais,
plustost que de plomb ou d’aucun
métal : toutesfois ceux de verre sont
les meilleurs, en second lieu ceux de
terre plombée ou vitrée, ou de grais :
après, ceux d’estain : et ceux de verre
ne doiuent estre de fugere.
Quant à la forme et figure des vais¬
seaux , ils sont de plusieurs façons :
les vns sont de figure ronde et oblon-
gue, les autres tortus, autres d’autre
figure, comme ils te sont présentés
au liure des Alcbymistes : du nombre
infiny desquels ie t’en donneray le
portrait des plus necessaires , et de-
clareray leur vsage en leu r propre lieu.
CHAPITRE IV.
QVELLES CHOSES DOIVENT ESTRE CON¬
SIDEREES ÉS DISTILLATIONS.
Après auoir monstré que c’est que
distillation, faut connoistre quelles
choses sont requises en icelle.
Donc il faut premièrement choisir
vn lieu conuenable pour mettre le
fourneau, à fin qu’il ne face tort à la
maison , ny 'aussi, que rien ne puisse
tomber sus les vaisseaux. Lors qu’on
distillera quelque matière qui soit de
qualité maligne et veneneuse, du¬
rant la distillation on ne doit appro¬
cher que le moins qu’on pourra. Si
on fait distillation en vaisseaux de
verre , il les faut clioisir bien cuits ,
sans bulles, non fissurés, égaux de
toutes parts. Le feu ne doit estre vio¬
lent du commencement, tant pour la
617
sauuegarde des vaisseaux qui se
pourroient casser, receuans la cha¬
leur trop subite, tant aussi que les
matières reçoiuent la chaleur tout
doucement. Ne faut mettre dans le
vaisseau trop grande quantité de ma¬
tière, autrement pourroit regorger
et sortir hors. Les matières chaudes ,
pour estre de plus grande efficace,
requièrent bien d’estre distillées par
deux ou trois fois , en les reiettant
sus autre matière , ou bien les recti¬
fier à part, comme sont gommes, cire,
axonges, huiles d’os, d’ambres, iamme
et jayet, et à chacune distillation faut
diminuer la chaleur d’vn demy de¬
gré, et ainsi consequemment, attendu
qu’il n’est requis si grande chaleur,
par ce que la matière, estant subti-
liée de plus en plus par chacune dis¬
tillation, ne mérité si grande chaleur
à la fin qu’au commencement, qu’elle
est plus grosse et plus espaisse. Mais
quant aux choses aromatiques ,
comme girofle, canelle, et sembla¬
bles, et aussi ce qui est extrait de la
sauge, rosmarin, thym et semblables,
ne se doiuent rectifier, par-ce qu’elles
sortent toutes pures L
En toutes distillations faut diligem¬
ment séparer et mettre à part le
phlegme , c’est-à-dire l’humeur plus
aqueux, et pour ce faire faut aduiser
soigneusement à la matière que l’on
distille : car au commencement le
phlegme sort du vinaigre quand on
le distille, et au contraire en l’eau de
vie le phlegme sort le dernier, en¬
core qu’elle soit distillée plusieurs
fois. Si on veut que les eauxayent
l’odeur ou saueur, ou autre qualité
de quelque chose, comme de canelle,
de camphre , de musc, ou autres tel-
* Celte dernière phrase : mais quant aux
choses aromatiques, estime addition de 1579.
6l8 LE VlNCT-SlklEME LIVRE,
les matières odorantes , sera bon de
mettre la matière odorante, comme
musc, cànelle, ou semblable, dedans
et auec la substance que vous vou¬
drez distiller i, à fin que par ces ma¬
tières l’eau distillante en retienne
l’odeur, ou autre qualité.
Les liqueurs distillées au feu de
cendre ou au sable acquièrent ordi¬
nairement quelque empyreume, et
pour-ce est très - expédient de les
mettre au soleil , la fiole bien bou¬
chée, et par fois l’ouurir, à fin de faire
exhaler telle odeur, et consommer le
phlegme , si peu qu’il en seroit resté.
Or combien qü’en toute distillation
plusieurs choses soient requises et
necessaires, toutesfois faut auoir es-
gard principalement à ces deux cy ,
lesquelles se proposent tous bons ou-
uriers et artistes en cest art. L’vne
est la matière qu’on veut traiter et
mettre en œuure, à sçauoir quelle
elle est , à quoy de son naturel elle
est propre pour endurer ou agir :
l’autre , que l’on choisisse les four¬
neaux et vaisseaux conuenables, tant
en leur matière que figure. Et si
l’ouurier veut considérer ces deux
points, il ne faut douter que son œu¬
ure ne soit bien conduite : car tous
corps ne sont faits et formés de toute
sorte de matière, ny les artisans peu-
uent indifféremment faire d’vn seul
bois tout ouurage. Ainsi en cest art
lors qu’on veut extraire huile ou eau
de quelque matière , faut sçauoir si
elle est telle qu’on en puisse esperer
huile ou autre chose semblable : puis
1 Le texte de cette phrase était fort dif¬
férent en 1575 ; on lisait : «.Serabon d’en frot¬
ter le chapiteau auec ces matières, ou enfermer
quelques vues d'icelles dans vn petit noüet de
toille,et les mettre à l’ extrémité du chapiteau,
afin que par ces matières, etc. » La rédaction
actuelle date de 1579.
choisir et chercher les instnimens
pour l’œuure que l’on dçsîrc. Car si
l’on distille quelque matière qui soit
destituée de la liqueur ou humeur
que nous cherchons, que sera -ce
autre chose sinon que vouloir extraire
de l’huile d’vn mur? Attendu que
tous corps sont mixtionnés des quatre
elemèhs, et qu’entre iceux les vns
participent plus de l’air, les autres
plus de l’eau, autres plus du feu, au¬
tres plus de la terre. Ce considéré
sera facile, moyennant la force du
feu, extraire l’eau des matières plus
aqueuses, comme l’huile de celles
qui sont plus aérées et ignées.
D’abondant est à considérer, que
queiquesfois l’eau vient la première :
puis l’huile en donnant feu plus aspre,
comme de toutes les herbes froides ,
bois et racines : et des chaudes, l’huile
vient la première auec l’eau.
CHAPITRE V.
EN QVELS VAlSSEAVX FAVT DISTILLER
LES EAVX.
Pour distiller toutes sbrtes d’eaux ,
deux vaisseaux sont principalement
necessaires, qu’on nomme en vn mot,
alemUc : l’vn d’iceux est appelé pro¬
prement cucurbite, ou vaisseau conte¬
nant : l’autre est dit chapiteauon chape,
auquel sont amassées les vapeurs
conuerties en eau , pour-ce qu’il re¬
présente quelque certaine forme et
figure de chef ou de testé , au regard
du dessous qui est plus grand, large
et long. En ce vaisseau il y a vn ca¬
nal en forme de bec d’oiseau, par le¬
quel l’eau distille goutte à goutte en
vue fiole, ou autre vaisseau <.
‘ Ici se trouvait la figute d’un ibUrheaü
DES DlStlLtATiONS. 61 Q
Or à fin que ton alerabic ne vacille
de costé et d’autre , et qu’il ne nage
estant à demy vuide : pareillement
aussi craignant qu’il ne se rompe es¬
tant immédiatement contre la cuue,
ie t’àj bien voulu bailler vfie maniéré
fort commode pour y obuier
, Pareillement tu peux distiller par
la vapeur de l’eau , ce que tu lieras
commodément par tel fourneau et
de baîng Marie, auec les tdembics et recipiens.
On peut s’en faire une idée d’après ia ru¬
brique suivante, que j’ai vouiu conserver
au moins en note :
«A Monstre la cUue de cüiure, laqueliè
est pleine d’eau.
B Le couuercle de ladite cuue percée en
deux endroits pour passer le vaisseau.
G Le canal de cuiure attaché à la cuue ,
auquel est contenu le feu pour es-
ciiauffer l’eàu.
t) L’aiembic adec sdh chapiteau.
È Le récipient dans lequel distille l’eau. »
iiette première figuré était suiviè d’unë
autre avec ce titre ; Autre màniere de baing
Marie, lequel ü’est si portatif. C’est un vais¬
seau contenant l’eàu, surmonté de trois
alembics; le feu est placé au-dessous, tan¬
dis que dans le précédent le feu était porté
dans la cuve même , dans ie canal de cuiure
indiqué.
1 Celte maniéré fort commode, illustrée par
deux figures, consistait en ceci ; l’alembic
était placé sur une platine de plomb circu¬
laire, de la circonférence de laquelle par¬
taient quatre cordelettes qui allaient em¬
brasser le col de l’alembic pour le tenir fixe
et droit sur la platine. Voici d’ailleurs les
rubriques jointes aux figures :
«A Monstre le vaisseau oualembic de verre.
B La platine de plomb , sus laquelle est
posé le vaisseau ou alembic.
C Les cordelettes qui tiennent le vaisseau
à la platine.
D L’anneau auquel sont attachées les cor¬
delettes. »
vaisseaux qui te sont îcÿ liresentés
Quant à la vertu des eaux distil¬
lées, il est tout certain que celles qui
sont extraites in balneo Mariœ, c’est à
dire en double vaisseau de verre eh
eau bouillante, ou sur la vapeur d’i¬
celle, sont sans comparaison meilleu¬
res et plus excellentes ; d’aptant qu’el¬
les retiennent exactement , non seu¬
lement l’odëur, mais aussi la saueur
et couleur lucide , acidité , aspérité ,
austérité , douceur , amertume , et
autres qualités de leurs plantes, sans
sentir tant soit peu la fumée. Cé qui
se fait, par-ce que le baing d’eau
bouillante par son humidité retient ,
garde et conserue les parties plus
subtiles des plantes : par ce moyen
empèschant qu’elles ne sé fesoluent
‘ Ici venait là figure d’un : Fourneau bvéc
son vaisseaupour distiller à la vapeür d’e Vts'du.
On eu aura une idée par la rubrique stii-
vante ;
« A Monstre le chapiteau ou chàpé dé ton
alembic.
B Monstre rdlembic situé dans vn vais¬
seau de cuiure à ce propre et ac¬
commodé.
CG Monstre le vaisseau de cuiure trotté et
percé en plusieurs endroit , à fin de
receuoir la fumée et vapeur de l’eau :
îceluy vaisseau contiendra l’alem¬
bic, ièquel estant posé sera énui-
ronné de scieure d’aiS , à fin qu’il
rèçoiue mieux la vapeür : pdretlle-
ment y sera mis de ladite scieUte
de bols au fond , de crainte que l’a¬
lembic ne rompe , estant immédia¬
tement contre le vaisseau de cuiure.
D Monstre le vaisseau d’airain contenant
l’eau, posé dans le fourneau.
E Le fourneau auquel estposé le vaisseau.
F Monstre vn entonnoir , lequel sert à
remettre l’eaü , selon qu’elle s’esi
exhalée en vapeur.
G Le récipient. »
6ao LE viNGT-sn
et exhalent, comme il se fait de celles
qui sont distillées par le feu violent
de bois , de charbon : lesquelles re¬
présentent tousiours au gouster quel¬
que nitrosité et acrimonie de saueur,
de fumée , et vne empyreume ou
ignité d’adustion. Et semblablement
acquièrent vne mauuaise qualité des
vaisseaux où elles sont distillées , et
principalement de plomb, qui souuent
porte dommage aux parties pectora¬
les, comme à l’estomach , au foye, et
autres parties intérieures. Qu’il soit
vray , on peut facilement connoistre
qu’elles ne sont de tel effet et ne re¬
tiennent leurs qualités, comme celles
qui sont distillées aubaing Marie. Car
celles qui sont distillées des plantes
acres, poignantes et ameres, ne se
ressentent de l’amertume et acrimo¬
nie de leurs plantes, mais plustost
d’vne douceur aucunement fade : ce
qu’on connoist aperlement en l’eau
d’aluine distillée en vaisseau de
plomb , qui est douce, et non amere
comme sa plante. Dont pour le dire
en vn mot , les herbes distillées au
baing Marie sont de plus grande
vertu , et plus gracieuses au gouster,
et plus plaisantes à odorer et à voir,
que celles qui sont distillées par alem-
bics de plomb, d’estain, ou de cuiure,
d’airain, de terre, par-ce que du vais¬
seau de verre ne peuuent acquérir
nulle mauuaise qualité.
Les eaux sont distillées non seule¬
ment d’vne seule plante , mais aussi
de plusieurs meslées ensemble : et
telles eaux sont appelées eaux com¬
posées, à raison de la mixtion de plu¬
sieurs plantes et matières. Et de ces
eaux les vues sont alimenteuses , les
autres purgatiues, les autres odorifé¬
rantes, les autres seruent aux fards
et orneraens du corps , lesquelles se¬
ront cy après déclarées.
LIVRE,
CHAPITRE VI.
COMME IL FAVT PREPARER LES MATIERES
DEVANT QV’EN DISTILLER LES EAVX.
Il faut que les matières qu’on veut
distiller soient préparées auant que
les mettre aux alembics : et telle pré¬
paration n’est autre chose que les in¬
ciser , piler et macerer , c’est-à-dire
tremper en quelque liqueur, pour
rendre les matières plus promptes et
faciles d’estre distillées, et aussi pour
en tirer plus de suc , et pour garder
leur odeur et vertu. Vray est que
ceste préparation n’est necessaire à
toutes matières : car aucunes n’ont
besoin d’estre infuses et trempées,
mais au contraire desseichées auant
que d’estre distillées, comme la sauge,
thym, rosmarin, et semblables, à rai¬
son de leur trop grande humidité : les
autres se contentent d’estre arrou-
sées de quelque liqueur.
Or en ceste préparation faut obser-
uer deux choses, à sçauoir, le temps
de l’infusion , et la liqueur dans la¬
quelle les matières sont infusées. Le
temps de l’infusion doit estre mesuré
selon la diuersité des matières , car
celles qui sont dures et solides , ou
seiches , ou entières : méritent plus
longue infusion que les tendres ou
recentes, ou pilées-, dont aduient que
les racines et les semences demandent
plus long temps d’infusion , les fleurs
et fuoilles moindre , et aussi consé¬
quemment de telles autres matières.
Les liqueurs ausquelles se fait l’infu¬
sion doiuent respondre à la qualité
des malicres qu’on veut distiller ,
comme les matières chaudes doiuent
estre infusées en liqueurs chaudes, et
les froides en liqueurs froides. Pa-
DES DISTlLLATfONS.
rcillcmcnt les matières qui ont peu
de suc, comme la sauge, betoine, ab¬
sinthe , et autres semblables , ou qui
sont fort odorantes, comme toutes
sortes d’espiceries, toutes sortesd’her-
bes, ou escorce de bois odorant,
comme la canelle , veulent estre in¬
fusées en vin , à fin d’en extraire leur
suc, et garder aux odorantes leur
odeur, qui se peut facilement eua-
porcr par l’action du feu, à raison de
leur substance ténue. Et lorsque l’on
veut que quelque eau retienne mieux
la vertu de la matière dont elle est
distillée, on la doit infuser et distiller
en son suc , ou en autre qui ait pa¬
reille vertu.
CHAPITRE VIL
LA MANIERE DE DISTILLER LES EAVX.
Auant que donner le moyen de dis¬
tiller les eaux, il m’a semblé bon d’es-
crire combien il y a de sortes d’eaux,
et de leurs diuerses vertus. Donc les
vnes sont médicamenteuses , comme
l’eau rose , de plantain , d’ozeille ,
sauge, et autres : les autres sont ali-
menteuses, comme les reslaurans :
les autres sont médicamenteuses et
alinienteuses , comme les restaurons
alimenteux , ausquels on met des
choses médicamenteuses. Autres sont
purgatiues, comme l’eau ou liqueur
derheubarbe, si elle estoit recente ou
verte. Autres sont faites pour embel¬
lir la face et mains. Autres sont odo-
rifiques, comme celles qui sont tirées
des aromates, pour lauer les mains et
tout le corps.
Eau de rose.
iller vne bonne eau de
62 1
rose , il faut faire infuser ou tremper
les roses en eau de rose distillée , ou
bien en suc tiré d’icelles , et ce par
l’espace de deux ou trois iours , ton
vaisseau estant bien bouché et lu-
té : puis les mettre en ton alembic
de verre couuert de son chapiteau
bien lu té et accommodé de son réci¬
pient , et le mettre au vaisseau de
baing Marie, comme ie t'aydescrit
cy de.ssus.
Eau alimenteuse ou restauraiiue.
Les eaux alimenteuses et restaura-
tiues ne sont autres choses que res-
taurans , desquels ie t’ay bien voulu
donner le vray moyen de les dis¬
tiller.
Prenez chair de veau, mouton, ché-
ureau, chapon, poullets, poulies gras*
ses, perdris, phaisans, en telle quan¬
tité qu’il te semblera bon, hachées bien
menu : et pour diminuer la chaleur
qu’ils acquièrent, on mettra vne poi¬
gnée d’orge mondé , vne poignée de
roses rouges seiches ou recentes , qui
premièrement auront trempé en jus
de grenades , citrons , et eau rose , et
quelque peu de canelle. Si l’on veut
faire le restaurant médicamenteux ,
ou y adiouslera choses contrariantes
à la maladie, comme poudres cor¬
diales, sçauoir electuaire diamargari-
lum frigidum.^ de gemmis, aromaticmn
rosatum^ conserue de buglosse, bour¬
rache , racines, herbes , semences , et
autres semblables. Et si c’estoit pour
bailler à yn pestiféré, on y adioustera
du theriaque ou methridat, et autres
alexiteres.
Il faut disposer les choses par petits
lits ( dit ordinairement stratum super
stratum ) en l’alembic de verre , et le
faire distiller au baing Marie, ou sur
cendres ou arenes chaudes: réitérant
622
LE VINGT-SIXIlÎME LIVRE,
l’eau plusieurs fois dessus , et le lais¬
sant infuser
On peut faire d’autres restaurons
plus subitement, et à moins de frais
ny tant de peine. Il faut bien battre
les chairs, puis les hacher à petits
morceaux, et les faut enfiler de fil
double ou fisselle , et qu’ils tiennent
l’vn à l’autre : après on les mettra
dedans une grosse bouteille de verre,
et que le fil sorte hors ; laquelle sera
bien estoupée par dessus auec linges,
coton , fil , trempés en lut fait de
blanc d’œuf et farine. L’on mettra
ceste bouteille en vn chaudron plein
d’eau iusques au col , et qu’elle ne
touche le fond du chaudron , et ainsi
qu’elle soit bien appuyée de toute
part , à fin qu’elle ne vacille , comme
tu as veu par cy deuant : laquelle
estant bien accommodée, on fera
boüillir à petit feu par l’espace de
quatre heures, plus ou moins, ius¬
ques à tant que la plus grande partie
de la chair soit conuertie en suc ou
1 J’ai encore retranché en cet endroit le
Portrait de baing Marie, lequel peut sentir à
distiller par cendres; et, comme pour les
figures précédentes, je me borne à en re¬
produire la rubrique.
« A Demonstre le fourneau de terre, auquel
t’est monstré la gueule pour tirer les
cendres.
B Monstre vn autre fourneau posé dans
ledjt fourneau , lequel est fait de cui-
ure, et passe tout au trauers de la
cuue faite de cuiure, pour eschauffer
l’eau ou cendre contenue dedans.
G La cuue où est contenue l’eau, cendres
ou sable. ’
D Les alembics disposés dans ladite eau,
sable, ou cendre, auec le bec de leur
récipient. »
jus : les quatre heures passées, on es¬
tera le chaudron du feu sans oster la
bouteille de dedans : car si vous res¬
tiez promptement , elle se pourroit
rompre , à raison qu’elle seroit enui-
ronnée (estant chaude) de l’air froid:
estant refroidie on l’ostera du feu, et
sera destouppée : puis tirerez les fils
auec las chairs , de façon que le
suc demeurera seul. Coulez ceste li¬
queur en chausse d’hippocras, et l’aro¬
matisez auec sucre et cannelle, y ad-
ioustant vn peu de jus de citron , ou
verjus, ou vn peu de vinaigre , selon
le goust du malade : l’on peut selon
ceste forme faire restaurons tels qu’on
voudra , plus ou moins chers et déli¬
cats , alimenteux et médicamenteux.
Eau purgatiue.
On peut tirer la vertu des médica¬
ments purgatifs , turbith , agaric ,
rheubarbe et autres, comme l’on tire
l’essence et esprit de la sauge, rosma-
rin , thym , anis , fenoil , girofle , ca-
nelle , muscade , et autres , mais par
vne façon toute autre que les eaux
ny huiles : parce qu’elles sont de na¬
ture subtile et aérée, montant quand
on les distille : mais la vertu purga¬
tiue au contraire , parce qu’elle est
coniointe inséparablement auec sa
propre substance, ne monte point,
mais demeure au fond, comme sera
monstré cy après.
Eaux pour embellir la face.
Quant aux eaux pour embellir la
face, et autres qui sqnt odorifiques ,
nous en auons traité cy deuant : les¬
quelles seront distillées in balmo Ma-
nœ, à sçauoir ainsi que l’eau de roses.
DES DISTILLATIONS.
CHAPITRE VITI.
DE LA. MANIERE DE DISTILLER l’EAV DE
VIE , APPELÉE l’AME ÔV l’eSPRIT DE
VIN.
Prenez de bon vin blanc ou clairet,
fort vineux , pu de leur lie , et non de
vin aigri , ny esuenté , ou irifect , la
guanlité selon la grandeur du vais¬
seau auquel tu veux faire ta distil- j
lation ; emply-le iusques à la tierce
partie, puisle faut couurir de sa chape
à long bec , et ainsi fais le distiller au
baing Marie : si tu veux auoir l’eau
de vie excellente, la faut rectifier
deux ou trois fois , voire iusques à
sept. Et faut obseruer que pour ^
première distillation sera assez de tirer
la quatrième partie, à sçauoir, de
douze pintes trois ou quatre : pour
la seconde, la moitié, qui seroit deux
pintes : pour la tierce , autre moitié ,
qui sera vne pinte , et plus : tellement
que plus de fois sera distillée j^moins
en y aura , et aussi mieux vaudra. le
serois d’aduis que la preniiere distil¬
lation fust au feu de cendres , et les
autres au baing Marie.
Or les moyens par lesquels on con-
noist l’eau de vie estre assez distillée,
sont , qu’estant posée en vne cuillier
et allumée, elle se consomme du tout,
ne laissant aucune marque d’humi¬
dité au fond de la cuillier : aussi si on
trempe vu linge en ladite eau, estant
allumé brusle sans offenser le drap-
peau : pareillement si vne goutte
d’huile est iettée en ladite eau , elle
va au fond : comme si quelque peu
d’icelle est espandue sur la main , se
consomme et pénétré bien tost. Les
vertus de l’eau de vie sont infinies :
elle aide aux epilepsies , apoplexies ,
623
et generalement à toutes maladies
froides : elle sede la dpuleur des
dents , elle est vtile aux ppnctiops ,
és playes des nerfs , aux défaillances
de cœur et syncopes, aux gangrenés
et ppurritures , mixtionnée auec aifr
très medicamens , à fin (le les faire
penetrer au profond des parties.
Entre la distillation du vin et vi¬
naigre , il y a différence , parce que le
vin est de substance vaporeuse et
aérée , et la meilleure vertu qui est
en iceluy gist en la première distil¬
lation, p’est-à-dire , à l’eau qui est
distillée la première , qui est la vertu
aérée et ignée : tellement que ce qui
reste et demeupe au vaisseau est frpid
et sec, de nature de vinaigre. Au
contraire l’eau première du yinaigrp
est ipsipide , et n’est que phlegme,
comme auops dit , parce qu’en la cor¬
ruption et alteration du vin se fait
séparation de la vertu aérée et ignée
en s’aigrissant, et n’y demeure que
le phlegme qui fait la corruption t}u
vinaigre, lequel prédominant est con¬
traint de sortir le premier. Parquoy,
pour auoir bon vinaigre par distilla¬
tion, après l’auoir mis en pareille
quantité qu’auans dit du vin pour
faire l’eau de vie , dedans l’alembic ,
faut laisser distiller le phlegme ou
l’aquosité , et le mettre à part : puis
quand on sentira au gouster que l’a-
cetosité ou esprit viendra , le feu sera
coiitinuéiusques à cequ’il s’espaississe
en forme de miel , et lors cesserez ,
autrement aurez par l’adustion vne
grande puanteur.
Or les vaisseaux pour distiller tqnt
l’eau de vie que le vinaigre sont diuers,
à sçauoir, ralembic,ou retorte, posée
dans les cendres ou arenes. On les
peut pareillement distiller dedans vn
chaudron , ou pot de cuiure d’airain,
fait en forme de marmite appellé ves-
LE VINGT-SIXIÈME LIVUE,
624
gie vulgairement, coiuiert d’vn cou-
uercle, duquel sortvn canal droit,
courbé en angle droit , qui passe de¬
dans vn muy plein d’eau Iraische ,
lequel te sera portrait lorsqu’on don¬
nera la maniéré de distiller l’huile
des végétaux , c’est à dire , des herbes
et plantes.
CHAPITRE IX.
LA MANIERE DE RECTIFIER LES EAVX
DISTILLÉES.
Pour rectifier les eaux qui ont esté
distillées au baing Marie , il les con-
uient mettre au soleil en vu vaisseau
de verre bien bouché et à demy
plein, mettant le vaisseau iusques à
la tierce partie dans le sable , à fin
qu’estant eschauffé par le soleil, le
phlegme soit consommé : et le laisser
l’espace de douze ou quinze iours ,
plus ou moins.
Il y a vne autre maniéré plus com¬
mode , c’est de rechef lés distiller au
baing Marie à petit feu : ou bien ,
pour mieux faire, les mettre en vne
retorte ou cornue auec son récipient,
assise sur des boulles de cristal , et
mettre le tout au soleil : ou bien l’as¬
seoir en defaut de crystal, sus vn
mortier de fer, ou boulles de fer *.
• Ici venaient deux nouvelles figures, la
première représentant une Cornue auec le
récipient assise sus des boulles de crystal,
pour distiller au Soleil; et la seconde une
Autre cornue auec le récipient assise en
vn mortier de marbre ou de fer , pour pa¬
reillement distiller au Soleil. Ces deux ti¬
tres suffisent pour donner une idée des fi¬
gures; je noterai seulement qu’elles se
voyaient déjà dans le magasin d’instru-
mens des Dix Hures de chirurgie de 15G4.
CHAPITRE X.
LA MANIERE DE DISTILLER PAR FILTRE.
Il faut auoir trois iattes ou bassins,
ou autres vaisseaux faits de telle ma¬
tière qu’il sera requis, selon la li¬
queur que vous voudrez distiller.
Iceux seront tellement situés que l’ vn
soit plus haut que les deux autres :
et le second que le dernier. Le plus
haut contiendra le jus qu’on voudra
distiller, et le bas ou dernier receura
la distillation. Et dedans les deux
premiers vaisseaux trempera vne ou
plusieurs pièces de drap , ou de feu¬
tre , assez longue , qui sera large par
vnbout et pointue de l’autre : le costé
large trempera dans le jus ou li¬
queur, et le pointu pendra dehors,
par lequel la liqueur plus subtile
montera, et distillera goutte à goutte
au vaisseau d’embas, en sorte que le
plus limonneux et impur demeurera
au premier et second vaisseau. Si
l’on veut plusieurs fois et en mesme
temps distiller vne mesme liqueur,
l’on pourra disposer plusieurs vais¬
seaux en forme d’escallier ou d’es-
chelette : et en chacun de ceux qui
seront les plus hauts, mettre la piece
de feutre de la façon qu’auons dit ,
en sorte que le dernier vaisseau soit
celuy qui reseruera toutes les distil¬
lations. En lieu de lisiere de drap, on
peut vser de cotton ou de laine filée ,
dix ou douze filets ensemble liés par
vn bout, lequel trempera dans le pre¬
mier vaisseau
‘ Ici venait le Portrait des vaisseaux
pour distiller par filtre; le texte est assez
clair peur qu’il ne soit pas besoin d’autre
explication.
DES DISTILLA.T10WS.
Au lieu de cesle distillation , les
Apoticaires vsent de manche de drap
faite en pointe, qu’on appelle chausse
d’hippocras. Or telle distillation n’a
esté excogitée sinon que pour puri¬
fier, depurer, et clarifier toutes eaux
et jus, et autres compositions qui sont
en eau : comme pour exemple te don-
neray ceste cy qui est dite vulgaire¬
ment laict virginal, lequel se purifie
en ceste sorte par le filtre.
Laid virginal.
Prenez litharge d’or bien pulueri-
sée onces iij., faites les infuser en vj.
onces de bon vinaigre par l’espace
de trois heures , dans vn vaisseau à
part : et dedans vn autre vaisseau
mettez aussi infuser sel commun en
eau de plantain , morelle , eau rose ,
ou commune , faites distiller par feu¬
tre chacun à part : et après qu’ils se¬
ront distillés, meslez-les ensemble, et
alors aurez le laict virginal, blanc
comme laict, qui est propre pour la
goutte rose, comme ay descrit en mon
Àntidotaire *.
CHAPITRE XL
LA MANIERE DE DISTILLER LES HVILES,
ET PAR COMBIEN DE MANIERES ELLES
SONT EXTRAITES.
Il y a trois maniérés d’extraire les
huiles. La première est par expres¬
sion , comme est celle qu’on tire des
oliues, noix, semences , fruits, et au-,
très : ou bien par ébullition, conquas-
sant la matière , et la faisant boüillir
en eau , et au dessus viendra huile
* 11 appelle ainsi son livre de la Composi^^
lion desmedicamens.
626
qui nage, comme de la graine de su*
reau , hieble , baie de laurier, et au¬
tres. La seconde est par infusion ,
comme celle qu’on fait auec huiles,
mettant dedans tremper quelques
parties des plantes ou des animaux.
La troisième est par distillation ,
comme celle qu’on fait par force de
feu, soit en montant, ou descendant,
ou par rencontre.
La première maniéré est conneuë
d’vn chacun, et se fait ainsi : comme
pour extraire l’huile d’amendes , les
faut piler sans peler, et les réduire en
pains qui seront enueloppés en vn
sac fait de poil de chenal, ou toile
neufue premièrement trempée en eau
ou vin blanc, puis on les met en la
presse : et par tel moyen on en extrait
l’huile. Ce qu’on peut pareillement
faire de pignolas , noisettes , de noix
d’Inde, muscade , de noyaux de pes-
che , et pareillement de semences de
courges, de concombres, pistache, et
généralement de toutes autres se¬
mences huileuses.
L’huile de laurin se fait des fruits
de laurier meurs et recentement
cueillis , lesquels on pile en vn mor¬
tier, et les fait-on boüillir en eau in
duplici vase : puis on les presse en
vne presse, comme les amendes, ou
bien on les tire par ébullition, comme
auons dit.
L’huiled’œuf sefait de iaunes d’œufs
qu’on a fait durcir à force de boüillir,
au nombre que tu voudras : après es-
tre bien durs, on les émincé entre les
mains dedans vne paesle, et les fait-on
fricasser à feu médiocre, les re¬
muant tousiours auec vne cuillier
iusques à ce qu’ils deuiennent roux
ou tanés, et qu’on en voye sortir
l’huile : puis subit les faut mettre en
vn sac de toile ou estamine fait de
poil de cheual,et les presser à la
4o
III.
LE VINGT-SIXIÈME LIVRE ,
626
presse comme on fait l’huile d’a¬
mendes.
Celles qui se font par infusion se
pratiquent en telle sorie. Vous pren¬
drez de bonne huile, en laquelle vous
mettrez tremper ou infuser vos her¬
bes et plantes , ou bien quelques ani¬
maux ou parties d’iceux , et ce par
l’espace de quelque temps ; lesquels
après auoir laissé leur vertu et faculté
pour y estre trempés longuement,
on les fait bouillir, puis on les coule
et presse , et si dans l’huile demeure
quelque humeur , on la fait consom¬
mer, la faisant boüillir. Aucuns ad-
ioustent des gommes en cesdites hui¬
les, lorsqu’on les veut composer;
desquelles encore qu’en nostre Anli-
dotaire en ait esté escrit, toutesfois
ie donneray la copie de ceste cy.
Huile d'Hypericon.
Prenez fleurs d'hypericon îb fi , les¬
quelles mettrez en vne bouteille auec
fleurs de centaure q. s. , gomme elem-
ni 5 . ij, huile commune deux liures :
mettez tout en la bouteille au soleil
le long de Testé , lors que le soleil est
en sa plus grande force. Si voulez
adiouster vn peu d’eau de vie, elle
seroit singulière, dans laquelle pour¬
rez dissoudre du benioin.
L’huile de mastic est faite de douze
onces d’huile rosat , mastic trois on¬
ces, bon vin huit onces , puis on fait
cuire le tout ensemble iusques à ce
que le vin soit consommé : en après
on passe Thuile, et est reseruée en vn
vaisseau.
CHAPITRE XII.
' LA MANIKRE DE TIRER LES HVILES DES
VEGETAVX PAR DISTILLATION.
Pre.sque toutes les herbes qui por¬
tent leurs fleurs et semence en mou-
chet, ont leurs semences composées
de substance chaude , subtile, aérée ,
et partant il faut qu’ils tiennent quel¬
que chose de la substance oléagineuse
ou huileuse : car presque ^loute huile
est composée de mesmes parties. Or
d’autant que Thuile qui se trouue és
simples est de deux sortes , ainsi se¬
ront-elles tirées par deux maniérés :
car Tvneest grosse, terrestre, vis¬
queuse , et entièrement meslée auec
le corps duquel on la veut tirer,
comme celles desquelles auons parlé
cy dessus , qui sont tirées par expres¬
sion , estans iointes inséparablement
auec leur substance , ne pouuans
monter pour’leur consistance grosse
et visqueuse. Il y a vne autre sorte
d’huile qui est de nature subtile et
aérée , laquelle on peut aisément sé¬
parer du corps auecques lequel 'elle
est iointe, parce qu’elle monte facile-
menlpar distillation , et n’est mal¬
aisée à séparer d’auec le corps qui la
contient : et de telle nature sont, tou¬
tes les huiles 'des aromates ou sen¬
teurs, comme Thuile de genéure ,
anis, fenoil, doux de girofle, mus¬
cade, candie, et leurs semblables:
aussi des espiceries , comme poyure ,
gingembre et autres , desquelles vou-
lonsjdonner le moyen de les extraire.
Il faut pih ret concasser seulement
la matière , ti' la mettre infuserj en
eau commune , et pour jvno liure de
matière dix d’eau , dans vn vaisseau
de cuiure ayant vne chappe auec son
DES DISTILLATIONS.
refrigerion pleine d’eau froide , la¬
quelle chappe sera estamée ou argen¬
tée par dedans : et iceluy vaisseau
sera posé sus vn fourneau ayant du
feu dessous , sans sable ny cendres :
et quand l’eau qui est au refrigerion
sera chaude, il faudra la changer et y
en remettre de la froide, à fin de con¬
geler les esprits et empescher qu’ils
ne s’euaporent: et au bout du nez de
l’alembic tu apposeras vn récipient à
long col , comme materas . et feras
feu iusques à ce qu’il boüille , en le
continuant
Tu peux aussi distiller en autre ma¬
niéré , à sçauoir, ta matière préparée
et infusée comme dessus , et mise
dans vn vaisseau de cuiure, ayant vn
alembic au dessus , au bec duquel
alembic sera accommodé vn tuyau
d’estain ou de fer blanc bien luté ,
auecques le lut de sapience : lequel
tuyau passera au trauers d’vn muy
d’eau froide , à fin qu’en distillant la
liqueur qui sortira auecques l’huile
se refroidisse : au bout duquel sera
mis vn récipient , puis allumerez des¬
sous vn petit feu au commencement,
et l’augmentant iusques à ce qu’il
boüille, comme dit est, et se faut don¬
ner garde de faire trop grand feu, crai¬
gnant que la matière ne regorge :
lors verrez auecques l’eau distiller
au commencement vostre huile , car
elle vient la première, et non sus la
fin : et lors ne distillant plus , cesse-
‘ Cette première manière de distillera été
ajoutée ici en 1579, Dans la première édition,
l’auteur voulait que la matière fût mise à in¬
fuser dans vn alembic de verre l’espace de vingt
quatre heures, estant couuert de son chapiteau
bien luté ; estant infusee, l’ alembic sera posé au
feu de cendre ou de sable, comme axions dit cy
dessus ! au bec duquel alembic sera accommodé
vntuyau de cuiure, etc. On retrouvera la suite
de ce texte dam le paragraphe suivant.
627
rez de faire du feu, et connoistrez ai¬
sément qu’il ne distille plus d’huile ,
tant par la veuë que par le gousl de
la senteur de ce que faites distiller :
après séparerez vostre huile qui sera
auecques l’eau distillée le plus subti¬
lement qu’il sera possible , comme
auecques vn destier dont les femmes
cousent , attaché à vn petit baston.
Et faut icy noter qu’il y a des huiles
qui nagent dessus l’eau , les autres
vont au fond : comme l’huile d’anis
nage dessus l’eau : mais l’huile de
canelle, macis, et girofles va au
fond , ainsi que l’experience monstre.
D’auantage l’eau d’anis et de canelle
qui est distillée auecques l’huile est
blanchastre, de laquelle blancheur
quelque peu se conuertit auecques
le temps en huile. Les eaux doiuent
estre séparées , car elles sont plus ex¬
cellentes que celles qui sont distillées
in balneo Mariœ , comme auons dit
cy dessus, et principalement celles
qui viennent au commencement auec¬
ques l’huile
Il faut icy noter que les huiles ont
vne mesme vertu que les simples
desquels on les tire , voire beaucoup
plus grande. Car toute la vertu qui
estoit en vne liure, est enclose en quel¬
que peu de drachmes : comme pour
exemple, la vertu qui estoit en vne li¬
ure de doux de girofle , est contenue
en deux onces pour le plus : de canel¬
le , à vne drachme et demie ou deux.
Or à fin d’en tirer en plus grande
quantité et à moins de frais , et sans
crainte de rompre les vaisseaux de
i On lit en marge de cet endroit, dans la
première édition posthume : Videtur contra-
rium , fol. 368. Ce renvoi répond dans l’édi¬
tion actuelle à la page 619, où Paré consacre
en effet un long article à démontrer la supé¬
riorité des eaux distillées au bain marie.
LE VINGT-SIXIIÎME LlVllE ,
628
Terre , ie serois d’aduis d’vser de ce-
luy de cuiure, sans crainte que l’huile
acquière quelque mauuaise qualité
du vaisseau : ce qui ne se fait, à raison
que l’eau qui vient auec l’huile em-
pesche la mauuaise qualité qui pour-
roit estre au vaisseau ; ioint aussi
qu’il doit estre bien estamé ou ar¬
genté : duquel ie t’ay voulu bailler le
portrait auec son fourneau
Or d’autant que nous auons parlé
de la canelle, poiure , et autres , et à
raison qu’en nostre France n’auons
tels arbres, il m’a semblé bon t’en
donner le portrait de ces deux, en¬
semble la description prise de ïheuet
en sa Cosmographie, lequel comme
l’ayan t veu nous l’a fait représenter 2.
* La figure ainsi indiquée avait pour li¬
tre : Fourneau auec son vaisseau, par lequel
se lirenl toutes essences verjelales, comme sauge,
rosmarin , thym , lauande, semences d’anis ,
fenoil, doux de girofles, muscade, canelle,
poiure, gingembre et autres: semblablement
Veau de vie et le vinaigre distillé. En lieu
d’iceluy vaisseau tu peux vser de celuy qui a
son réfrigérant au-dessus. » Je l’ai retranchée
comme les autres; en voici toutefois la ru¬
brique.
« AMonstrelevaisseauappelé ordinairement
vessie, fait de cuiure estamé par de¬
dans.
B Le chapiteau.
C Le tonneau plein d’eau froide pour re¬
froidir l’eau et l’huile qui coulent par
vn tuyau qui passe au Irauers.
D Le tuyau fait de cuiure ou fer blanc pas¬
sant au trauers du inuy.
E La vessie estant posée et assise sus son four¬
neau, immédiatement contre le feu. »
s Ce paragraphe, et tout ce qui suit jus¬
qu’à la fin du chapitre, sont des additions de
1579. J’en reproduis fidèlement le texte;
mais je n’ai pas hésité à retrancher deux fi¬
gures représentant, l’une V arbre qui porte le
poiure,] et l’autre l’arbre qui produit lu canelle,
De l'arbre qui porte le poivre.
Le poiure croist en Indie , en des
petits arbres qui iettent de petites
grappes qui portent des grains comme
de lierre, ou petits raisins noirs quand
ils sont bien meurs. Les fueilles sont
semblables au citronnier , quelque
peu aiguës et poignantes. Les Indiens
sont fort curieux à recueillir ceste
graine , lors qu’elle est venue en sa
maturité , et en remplissent de bien
fort grands magazins. Il y a telle an¬
née qu’il aborde, en l’isle de la petite
lane, plus de deux cens vaisseaux
pour se charger de poiure et d’au¬
tres espiceries. On en vse aux anti¬
dotes et contre-poisons. Il prouoque
l’vrine, digéré, attire, resoult, donne
secours aux morsures de serpens. Il
est bon pour Festomach refroidi,
donné tant par dedans qu’appliqué
par dehors , et aide à faire la diges¬
tion, et donne appétit mis en saulces.
Il le faut choisir qui soit noir, pesant,
et non flestri.
L’arbre qui porte le poiure blanc ,
et celuy qui porte le noir, sont si peu
diflferens que ceux du pays ne les peu-
uent remarquer, sinon que lors qu’ils
portent leurs fruits : comme l’on voit
des vignes blanches et noires *.
De l’arbre qui produit la canelle.
L’arbre qui porte la canelle croist
aux montagnes des Indes, et est
presque ^mblable à nostre laurier.
en reportant toutefois dans le texte les litres
de ces figures.
^ 1 Le vigneron connoist bien le sep l'vn d’auec
l’autre sans raisins, si ie ne me trompe. Cette
réflexion se lit en marge de la première édi¬
tion posthume, en sorte qu’on peut encore
présumer qu’elle est de Paré; elle manque
toutefois dans les éditions précédentes.
DES DISTILLATIONS.
le Roy en fait couper par certains
mois de l’année certains iettons et
scions , et en fait leuer l’escorce, qui
est ce que nous appelions canelle, la¬
quelle est vendue à sa taxe aux estran-
gers, n'estant permis à autre faire
couper ce bois L
Galien dit la canelle estre de sub¬
tiles parties, chaude au tiers degré,
ayant quelque legere astriction, au
moyen dequoy elle incise et dissout
les superfluités du corps , et fortifie
les membres'^. Elle est fort propre à
esmouuoir les mois aux femmes, ar-
restés par trop grande abondance
et espaisseur d’excremens, de sorte
qu’ils ne s’euacuent suffisamment.
Elle sert à faire bonne bouche, et aro-
matizer les médecines, et faire hippo-
cras, et donner goust aux saulces.
On fait de la canelle vne eau ex¬
cellente. laquelle est souueraine con¬
tre toutes les maladies froides, dé¬
faillance de cœur , preseruant de la
peste, et contrariant aux venins 3. Sa
prescription est telle. Prenez vne liure
de la meilleure canelle que la pour¬
rez choisir, et l’ayant vn peu concas¬
sée, la ietterez dans vn vaisseau de
verre auec quatre liures de bonne
eau rose et demie liure de bon vin
blanc ; le tout ferez infuser par l’es¬
pace de vingt quatre heures , le mou-
uant souuent : puis mettrez à distiller
au baing Marie, selon l’art, les vais¬
seaux et recipiens bien lutés ensem¬
ble, à fin que l’esprit ne respire.
1 Theuet, en sa Cosmographie. — A. P.
2 Galien , liure 7. des Simples. — A. P.
» Matth. , sur le liure de Dioscoride. — A. P.
629
CHAPITRE XIII.
AVTRE MANIERE POVR TIRER l’eSSENCE
ET ESPRIT DE TOVS AROMATES, TANT
HERBES, FLEVRS, SEMENCES ET FRVITS :
AVSSI DE LA RHEVBARBE , AGARIC ,
TVKBITH, HERMODACTE, ET AVTBES
PVRGATIFS.
L’essence et esprit de tels simples
sont extraits en ceste sorte ;
Prenez sauge, rheubarbe, canelle,
ou autre matière, et la hachez menu,
ou bien la concassez : cela fait, seront
mis en vn matelas ou bouteille de
verre ayant le col bien haut, et ver¬
sez dessus eau de vie ou esprit de vin
rectifié, en telle quantité qu’il couure
la matière mise au vaisseau , de la
hauteur d’vn doigt ou deux : puis es-
toupez le vaisseau diligemment, qu’il
ne puisse auoir aucun air, et le laissez
huit iours tremper tout seul au baing
Marie bien lent : lors vostre eau de
vie attire à soy l’esprit qui est im¬
planté à la matière , dont vous faites
extraction , et le transforme en soy :
ce que connoistrez quand elle sera
bien colorée, ayant tiré la teinture de
la matière trempée. Ces huit iours
expirés, versez vostre esprit de vin
en vn autre vaisseau, auquel y aura
autre matière ainsi préparée, à fin
qu’il en tire pareillement la qualité ;
et reiterez cecy par trois ou quatre
fois , iusques à ce que vostre eau de
vie aye parfaitement pris la couleur
et teinture de vostre ingrédient.
Or si le simple duquel voulez ex¬
traire l’essence estoit de grand prix ,
comme bois d’aloés ou rheubarbe , il
ne se faudroit contenter de verser
vne fois de l’eau de vie sus iceluy ,
mais deux ou trois fois , iusques à. ce
63o LE vmGT-SIXIEMB LIVRE ,
que l’essence fust du tout tirée : ce
que connoistrez , lors que la matière
sera du tout insipide de son goust :
cela fait tant qu’il sera besoin , met¬
trez toutes les eaux dans vn alembic
couuert de son chapiteau , bien lu té,
mis et posé au baing Marie , à fin de
faire euaporer Yostre eau de vie qui
doit estre soigneusement gardée pour
vne autre fois , et au fond demeurera
vostre esprit ou essence. Laquelle si
voulez auoir en consistence de miel ,
la mettrez en vn vaisseau de terre
plombée sus les cendres chaudes, fai¬
sant euaporer le plus subtil , ou bien
dans l’alembic : et par tel moyen au¬
rez à la parfln vne substance ou es¬
sence très excellente et precieuse de
la chose extraite , et en assez bonne
quantité, auec laquelle mesme en
petite quantité ferez plus grande
operation qu’auec vn grand morceau
de racine ou herbe : comme auec vn
scrupule de l’essence de rheubarbe ,
agaric, turbith, ferez plus d’opera¬
tion qu’auec deux ou trois drachmes.
CHAPITRE XIV.
lA MANIERE DE TIRER L’hVILE DES GOM¬
MES, LARMES, OV LIQVEVRS ESPAIS-
SES, ET RESINES, ET MESME DE CER¬
TAINS ROIS.
Toutes les huiles des gommes et
bois oléagineux, ensemble l’huile des
métaux , sont tirées par vn vaisseau
appellé retorte, et cornemuse des Fran •
çois , à la semblance duquel instru¬
ment est faite la retorte. Quant à la
matière dont il doit estre fait, il est
meilleur de verre, de pierre, puis de
terre plombée et vernissée : quant à
la grandeur, il doit estre selon la ma¬
tière et quantité d’huile qu’il te sem¬
blera bon extraire ; toutesfois nous
le prenons ordinairement de telle
grandeur que sa capacité intérieure
puisse tenir douze liures d’eau , ayant
aussi vn col de pied et demy, ou d’vn
pied pour le moins. Le vaisseau rece-
uant le plus souuent est vne fiole de
verre, ou bien vne autre retorte,
dans laquelle soit accommodé et in¬
séré le col de la retorte. Icelle doit
estre posée en vne iatte ou terrine
pleine de cendre ou sable , laquelle
doit estre mise et accommodée sus le
fourneau
Entre les gommes, les vues sont liqui¬
des , les autres solides , et d’icelles au¬
cunes plus solides que les autres :
les solides donnent plus de peine à
distiller que les liquides, à raison
qu’elles ne se liquéfient si tost et n'o-
beïssent pareillement au feu, etpour-
ce souuentesfois se bruslent deuant
que se dissoudre ; et pour-ce aucuns
adioustent pour liure de gomme so¬
lide deux ou trois onces d’huile de
terebenthine , de la plus claire et li¬
quide , à raison qu’elle est tres-pure
et nette. Quant aux liquides, elles
sont fascheuses aussi à distiller, à
raison que souuent elles s’enflent de
telle façon qu’elles regorgent dans le
receuant , telles qu’on les a mises à la
retorte, principalement si du com¬
mencement on y donne feu grand et
violent ; et pour obuier à tel incon-
uenient , aucuns adioustent en la re-
lorte du sable.
Ruile de résiné et terebenthine.
Prenez terebenthine deux ou trois
1 L’auteur ajoutait : comme tu peux voir
par ce portrait. Le texte est assez clair ici
pour se passer de la figure, qui d’ailleurs
ne méritait pas mieux d’être conservée que
les précédente».
DES DISTILLATIONS.
liâtes , laquelle mettrez en vostre re-
torte de verre assez grande, telle¬
ment que les trois parties soient vui-
des, y adioustant pour liure de te-
rebenthine trois ou quatre onces de
sable : cela fait , vous poserez voslre
retorte dans vne iatle ou terrine
pleine de cendres sassées et bien ac¬
commodées sus vostre fourneau , au
col de laquelle adiousterez vn rece-
uant bien luté, puis ferez feu au
commencement bien leger : car ces
liqueurs eschauffées facilement s’es-
leuent et enflent; puis augmenterez
vostre feu petit à petit , donnant garde
que la matière ne bouille trop à coup.
Au commencement distillera vne eau
claire aceteuse, à laquelle ordinaire¬
ment se concret vne hypostase , puis
sortira vne huile fort claire appro¬
chant d’iceluy phlegme, et lors aug¬
menterez vn peu vostre feu, à fin
de faire monter la troisième liqueur
qui est vne huile de couleur d’or
claire et subtile : et de rechef donne¬
rez feu de cbasse auec feu de flambe ,
pour tirer vne huile rouge et ver¬
meille de couleur de ruby, assez es-
paisse , et par ce moyen tirerez de la
terebenlhine ces quatre liqueurs :,„j
vous pourrez changer à chaque fois
vn récipient, mais il est plus expé¬
dient les laisser ensemble , à fin de les
distiller vne autre fois. D’vne liure de
terebenthino , sera tousiours tiré dix
ou douze onces d’huile : elle est sin¬
gulière pour la paralysie, conuulsion,
picqueure de nerfs, et pour les playes
des parties nerueuses.
Pour extraire l’huile de Cire.
Prenez vne liure de cire , laquelle
ferez fondre , et la verserez en vostre
retorte de verre accommodée au feu
d» sablon ou de condre, comme
63 1
auons dit cy dessus de la térében¬
thine , et d’icelle sera fait distillation,
augmentant le feu petit à petit. Il ne
sort ordinairement qu’vne seule huile
et vn peu de phlegme , toulesfois vne
partie d’icelle se congele comme
beurre, et pour-ce de rechef doit es-
tre distillée et rectifiée. D’vne liure
de cire se peut tirer six ou huit onces
d’huile, laquelle est recommandée
sur toutes autres choses pour les con¬
tusions et douleurs froides.
CHAPITRE XV.
LA MANIERE DE TIRER L’HVILE DB»
GOMMES PLVS SOLIDES, COMME MYR¬
RHE , MASTIC ET AVTRES.
Aucuns tirent ces huiles par le feu
de cendre ou de sable , comme auons
dit des precedentes, y adioustant
pour liure de gomme deux ou trois
onces d’huile de terebenthine et deux
d’eau de vie, et laissent macerer et
tremper l’espace de huit ou dix iours
au baing Marie, ou bien au ventre
de cheual , c’est-à-dire au fumier,
l’espace d’vii mois , puis le distillent
en la retorte.
Or le vray moyen de faire l’huile
de myrrhe est telle :
Prenez myrrhe puluerisée, laquelle
ferez distiller par les œufs , les faisant
durcir, et au lieu de iaune les rem¬
plir do myrrhe, lesquels seront mis
sur vne claye à esgoutter, en vne
caue froide et humide, et au dessous
on mettra vn plat ou bassin de terre
vernissée ; la myrrhe se dissoudra en
eau huileuse, laquelle sera après
mise en vu matelas de verre , auec
autant d’eau de vie bien rectifiée au
fumier, l’espace de deux ou tiois
632 LE VINGT-SIXIEME LIVRE
mois, le matelas estant bien bouché,
cela fait, sera tirée dudit fumier et
versée par inclination en vn alembic,
car au fond dudit matelas demeurera
vn marc assez espais : puis l’alembic
sera mis au baing Marie, pour faire
euaporer Teau de vie et le phlegme :
et au fond demeurera ton huile belle
et claire, laquelle tu pourras colorer
d’vn peu d’orcanete. Et si tu luy veux
donner quelque odeur, tu y adious-
teras vne goutte ou deux d’huile de
sauge, canelle ou girofle, selon ta
discrétion.
Description d’vn baume descrit par f-^esal en
sa Chirurgie.
12f. Tcrebint. opt. Ib. J,
Olei laur. § . üij.
Galb. O • hj-
Gummielem. fi.
Thuris, myrrhæ, gummi hederæ, cen-
taureæ maior. ligni aloës ana f . iij.
Galang. caryoph. consol. maior. cinam.
nucis mosc. zedoariæ, zinzib. dictamiii
alb.ana §• j.
Olei verm. terrest. § . ij.
Aquæ vitæ îb, vj.
La maniéré de faire le baume est
telle. Tous les ingrediens seront con¬
cassés et hachés pour les infuser en
l’eau de vie l’espace de trois iours, puis
on en fera distillation en la retorte ,
comme des susdites huiles de tereben-
tliine et cire , dont en sera tiré trois
liqueurs : la première sera aqueuse
et claire : la seconde de couleur d’or
tres-subtile :et la tierce représentant
la couleur de ruby , qui est le vray
baume. La première liqueur est sin¬
gulière contre l’imbécillité de l’esto-
mach prouenant de matière froide, à
raison qu’elle consomme et incise les
phlegmes , et dissipe les ventosités : la
seconde est souueraine pour aggluti¬
ner les playes recentes , et piqueures
des nerfs, contre la paralysie : la troi¬
sième surpasse ks deux autres pour
suruenir à telles infirmités.
Autre de Fallope.
Of. Tereb. claræ Ib. ij
Olei de semine Uni Ib. ].
Rcsinæ pini § vj.
Thuris, myrrhæ, aloës, mast. sarcoc,
ana 5 . il].
Macis, ligni aloës ana § . ij.
Croci û.
Mettez tout en vne retorte de verre
sus les cendres , et le faites distiller :
au commencement sortira une eau
claire , puis vne huile rougeastre :
icelle est souueraine pour les playes.
le te veux aduertir que par tel
moyen tu peux distiller toutes axon-
ges et graisses, et toutes parties d’ani¬
maux, ensemble tous bois , escorces ,
semences , pourueu qu’elles soient
auparauant bien macérées , desquel¬
les toutesfois on tirera d’eau en plus
grande quantité que d’huile : tu peux
pareillement extraire l’huile de ga-
gatésL
De l’arbre qui porte l’Encens.
Ayant ce portrait de l’encens, de
Theuel , comme il le descrit en sa
Cosmographie, ien’ay voulu faillir à
le représenter, et d’en escrire en bref
ce qu’il en dit comme l’ayant veu.
L’encens, dit-il, est vn arbre qui
croist en Arabie, qui ressemble aux
pins, iettant vne liqueur qui s’en-
^ 1 Le chapitre se terminait ici en 1575^
L arlicle qui suit sur Y encens, et qui ne se
rapporte nullement au titre du chapitre, a
été ajouté en 1579; j’ai supprimé sans scru¬
pule la méchante figure de V Arbre qui porte
fencm, en conservant toutefois ce titre pour
séparer ce qui va suivre du reste du chapitre.
DES DISTILLATIONS.
633
durcit puis après, et se forme en pe- i mis en poudre, pour estreencores cal-
lits grains de couleur blanch astre et
transparens , gras au dedans , s’allu-
mans quand on les iette au feu. On le
sophistique auec résiné de pin , qui
est cause que nous ne l’auons tel
qu’il le descrit , ce qu’on peut con-
noistre : car la résiné ny autre gomme
ne s’allaume au feu, ny ne sent si bon
comme fait l’encens. Les Arabes inci¬
sent ces arbres , pour en mieux faire
distiller la liqueur , dont ils en font
grand proffit.
11 remplit les vlceres profonds , ag¬
glutine les playes profondes , et pour
ce est mis aux baumes comme princi¬
pal ingrédient : appliqué seul en pou¬
dre , arreste le sang qui flue des
playes. Matthiole dit qu’il est singu¬
lier meslé auec cimolée et huile ro-
sat, aux inflammations des mam-
melles des femmes nouuellement ac¬
couchées.
CHAPITRE XVI.
DE LA MANIERE DE FAIRE l’HVILE
DE VITRIOL.
Prenez vitriol dix liures, et les met¬
tez bien puluerisées en vn pot de
terre , lequel sera enuironné de char¬
bons ardens , à fin de le faire calci¬
ner, ce que connoistrez lors qu’il de-
uiendra rouge ; lequel pot estant de¬
meuré cinq ou six heures, et refroidi,
sera cassé, et ledit vitriol de rechef
ciné vne fois : et ce reïterereziusques
à ce qu’il soit bien calciné : ce que
connoistrez lors qu’il sera parfaite¬
ment rouge. Cela fait, sera subtile¬
ment puluerisé, puis mis en la retorte
de terre, comme celle en laquelle on
tire l’eau forte, adioustant pour liure
du vitriol calciné , vn quarteron de
ciment de tuille : en après vostre re-
torte , accommodée de son récipient ,
sera mise au fourneau de reuerbera-
tion , faisant tousiours feu de flambe, et
ce par l’espace de deux fois vingt qua¬
tre heures , plus ou moins, selon que
vostre distillation durera ; laquelle
connoistrez estre parfaite, lors que
vostre récipient viendra clair, n’estant
plus rempli d’esprits ; car tant que la
distillation durera , il sera tousiours
plein comme de fumée blanche *.
Or ie te veux aduertirde deux cho¬
ses touchant ton récipient, c’est en
premier lieu qu’il doit estre fort grand,
à fin qu’il ne se rompe , à raison de
l’abondance des esprits qui souuen-
tesfois y affluent : en second lieu , il
sera accommodé dans vne cuue pleine
d’eau froide pour le tenir fraische-
ment, à fin qu’il ne soit pas trop
eschauffé , qui seroit cause de le
rompre.
Ladite huile est d’admirable opera¬
tion, plus grande que l’eau forte.
1 Ici venait enlin la dernière figure du li¬
vre , représentant le Fourneau {de reuerbe-
raiion], accommodé de sa retorle et récipient.
On en a une suffisante idée par le texte.
REGISTRE
DE TOVTES SORTES DE MEDICÀMENS ET ÏNSTRVMENS
SERVANS A LA GVARISON DES MALADIES «.
II reste encores à déclarer la source
de tous medicamens dont vsent les
Médecins et Chirurgiens pour curer
et pallier toutes maladies qui aduien-
nent aux hommes , desquels aussi
quelquefois se seruent pour alimens
médicamenteux. Les medicamens,
tânt ceux de ceste garenne que tous
autres, sont pris desbestes, des plan¬
tes, et des minéraux.
Des lestes on vse :
Des cornes,
Ongles,
Poil,
Plume,
Coquilles,
Teste,
Escailles,
Sueur,
Cuir,
Graisse,
Chair,
> Ce qui suit n’appartient pas au livre des
Distillations-, et de fait dans aucune édition
il n’en est fait mention à la table des chapi¬
tres de ce livre. C’est en quelque sorte un
résumé fort concis, d’abord du livre des
Medicamens, puis de celui des Distillations ,
et enfin des livres de chirurgie ; ou plutôt
c’est une énumération rapide de toute la
matière médicale et chirurgicale. Je l’ai
laissée à la place que l’auteur lui avait don¬
née.
Sang,
Entrailles,
Vrine,
Fiente,
Membrane de gezier,
Expiration ,
Soye,
Toile,
Larmes,
Saline,
Miel,
Cire,
OEufs,
Laict,
Beurre,
Fromage,
Moëlle,
Os,
Extrémités,
Cœur,
Foye,
Poulmon,
Cerueau,
Matrice,
Arriere-faix,
Testicules,
Verge,
Vessie,
Sperme,
Cul,
Queue,
Odeurs , tant fetides qu’odorife-
rantes , et mesmes de leur venin.
Aussi quelquesfois on vse de la to¬
talité d’icelles, comme :
IVEGISTRU DES
Renardeaux entiers,
Petits chiens,
Hérissons,
Grenouilles,
Vers de terre,
Cancres,
Escreuisses,
Scorpions,
Sangsues, et autres.
Les 'plantes sont arlres.arlrisseaux, et
herbes, dont on prend :
Les racines.
Mousse,
Escorces,
Bois,
Moelles,
lettons.
Boutons,
Tiges,
Fueilles,
Fleurs,
Calices,
Cheueleures,
Espis,
Semences,
Farines,
Suc, O
Larmes,
Huiles,
Gommes,
Résinés,
Pourriture,
Marc,
Manne tombant du Ciel sur les
plantes, etc.
On vse aussi parfois de la totalité
des plantes, comme des
Mauues,
Oignons,
Bulbes, et autres.
Les minéraux sont pris, ou de l’eau ,
ou de la terre : et s’ils sont de terre,
ou ils seront especes de terre , ou
pierre, ou métaux.
MEDICA.MEîrS. 635
Les especes de terres sont comme :
Bol armene.
Terre sigillée,
Cimolée,
Craye,
Ocre,
Cailloux,
ludaïcus,
Lyncis,
Pumeœ,
Antalis,
Hœmatites,
Dentalis,
Amiantus,
Galactites,
Lapis spongiccy
Adamas,
Sapphîrus,
Chrysolitus^
Topasius,
Magnes,
Gypsum,
Pyrites,
Calx,
Albastre,
Marbre,
Cristal , et plusieurs autres gem¬
mes, c’est-à-dire pierres précieuses.
Les moyens minéraux sont :
Marchasites,
Antimoine,
Estain de glace,
Tuthie,
Arsenic,
Auripigment,
Azur,
Realgal,
Soulphre,
Argent-vif,
Cbalcanthum,
Chalcitis,
Psory,
Misy,
Atramentum nigrum.
636
REGISTRE
Colcotar,
Âlumen scissile,
Alumen rotundum,
Alumen liquidum,
A lumen plumosum,
lameni,
Borax,
Bitumen,
Naphtha,
Cinnabaris,
Litharge d’or,
Lilharge d’argent,
Chrysocolla,
Sandaracha , et autres.
Item les especes de sel^ tant naturelles
qu’artificielles, comme :
Sel nitre,
Sel commun,
Sel alkali,
Sel ammoniacum,
Sel d’vrine,
Sel de tartre, et generalement tous
sels qu'on fait de toutes plantes.
Les métaux sont :
Or,
Argent,
Cuiure,
Acier,
Fer,
Plomb,
Estain,
Airain,
Leton,
Et autres choses qui en prouien-
nent, comme leur escaille, roüilleure
et autres.
De l’eau on vse semblablement
De fontaines,
Estangs,
Riuieres,
De la mer,
Du ciel,
Et de leurs fanges et boues ;
Et d’icelles sont pris les coraux
blancs et rouges, perles, et vne infinité
d’autres choses que Nature, cham¬
brière du grand Architecte, a produi¬
tes pour la curation des maladies :
en telle sorte, que quelque part qu’on
sçache ietter l’œil sur la terre , ou
aux entrailles d’icelle , on trouuera
grande abondance et multitude de
remedes.
De tous lesquels simples le choix et
élection (comme aussi de plusieurs
autres choses) se prend ou de la sub¬
stance, ou de la quantité, ou delà
qualité, ou de l’action, ou du lieu, ou
du temps, ou de l’odeur, ou de la
saueur, ou de la situation, ou de la
forme ou figure, ou du poids. Toutes
ces choses sont amplement déclarées
par le menu au liure de la Pharma¬
copée de lacques Syluius : desquels
on fait plusieurs compositions ,
Collyres,
Caput-purges,
Lohoc,
Dentifrices,
Apophlegmatismes,
Gargarismes,
Pilules,
Bolus,
Potus,
Apozemes,
luleps,
Syrops,
Poudres,
Tablettes,
Opiates,
Conserues,
Condits,
Confections.
Medicamens alimenteux^ comme:
Restaurans,
Coulis,
Pressis,
DES MEDICAMENS.
Gelée,
Orge-monde,
Panade,
Amandé,
Blanc-manger,
Massepains,
Ptisane,
Potus diuinus,
Hipp ocras,
Vin,
Peré,
Pommé,
Cormé,
Biere,
Ceruoise,
Vinaigre,
Verjus,
Huile,
Eau ferrée,
Eau panée,
Eau sucrée,
Hippocras d’eau , et autres ma¬
niérés de breuuage.
Item des Eleclmires ,
Penides,
Vomitoires,
Sternutatoires,
Sudatoires,
Clysteres,
Pessaires,
Suppositoires,
Parfums,
Trocliisques,
Frontaux,
Coëffos,
Escussons,
Baings,
Demis baings.
Mucilages,
Oxymel,
Oxycrat,
Oxyrrhodinuin,
Hydrelæum.
Hydromel.
Pareillement :
Emplastres,
637
Onguens,
Linimens,
Cerats,
Laict virginal,
Fards,
Epithemes,
Fomentations,
Pica lions,
Dépilatoires,
Vésicatoires,
Cautères potentiels.
Infusions,
Repercussifs,
Résolutifs,
Attractifs,
Suppuratifs,
Remollilifs,
Mondificalifs,
Incarnatifs,
Cicatrisatifs,
Digestifs,
Pulrefactifs,
Corrosifs,
Agglutinatifs,
Carminatifs,
Anodyns,
Sacs pour agiter l’air.
Fontaines artificielles.
JEaux et huiles distillées, et d’autres choses
tirées par quinte-essence , en plusieurs et di-
uerses façons.
A sçauoir, les eaux et huiles quinte-
essentielles des herbes chaudes, sei¬
ches, et aromatiques, se tirent par
alembic de cuiure, lequel a vn refri-
geratoire au-dessus, en adioustant
dix fois autant d’eau comme poisent
les herbes, et faut qu’elles soient
seiches pour estre meilleures.
Les fleurs se tirent au Soleil en vn
vaisseau de rencontre, en baing Ma¬
rie, ou par fumier, ou par le marc
des raisins estans hors du pressoir.
Tous sels après leur calcination et
> dissolution , se doiuent distiller par
638 REGISTRE
filtre deux ou trois fois pour les mieux
purifier, et les rendre aptes à faire
huiles.
Les autres distillations aux caues
et lieux froids et humides, sur le mar¬
bre, ou dans vne chausse d’hippocras,
comme se fait l’huile de tartre, et de
tous autres sels , et de tous fiels , et
autres choses semblables, ou qui sont
de nature d’alum.
Les os des animaux se doiuent dis¬
tiller par descensoire ou par ren¬
contre.
Tous bois, racines, escorces, coquil¬
les de mer, ou graines , comme de
froment, de genest, poix, féues et au¬
tres qui ne se peuuent tirer par ex¬
pression, se distillent par descensoire,
ou par rencontre, au four de reuer-
beration.
Les minéraux estant calcinés et
réduits en nature de sel , se doiuent
dissoudre et distiller par filtre : puis
euaporer iusques à ce qu’ils soient
secs et resouts en vinaigre distillé,
puis de rechef euaporés et seichés :
lesquels après facilement se distil¬
lent en la caue sur le marbre , ou
en la chausse d’hippocras, ou en
vne cornue de verre posée sur vn
fourneau auquel y aura du sable, fai¬
sant feu par dessous, augmentant peu
à peu, iusques à ce que l’humidité
aqueuse soit consumée ; puis faut
changer de récipient, et le luter à la
cornue, faisant feu par dessus et par
dessous, et par ainsi sortira l’huile,
laquelle sera fort rouge. Ainsi se dis-
1 Cette phrase a été ajoutée en 1685.
tillent tous métaux moyens, miné¬
raux, atramens, alums et sels.
Les remedes faits des minéraux
sont de plus grande force et efficace
que ceux des végétaux et animaux L
Les gommes et axonges, et genera-
lementtoutes résinés, se distillent par
cornue ou alembic de verre , auec
leurs recipiens posés sur vn fourneau,
auquel y ait vne terrine auec cendres
chautfées , augmentant le feu peu à
peu, selon l’exigence des matières.
Les vaisseaux seruans aux distillations
sont :
Alembic,
Refrigeratoires,
Sublimatoires,
Reuerberatoires,
Descensoires,
Calcinatoires,
Pellicans,
Gemini ou circulatoires,
Fours secrets des Philosophes,
OEufs des Philosophes,
Cornue,
Cuenne,
Recipiens,
Aludel,
Materas*,
Vaisseau de rencontre.
Terrines à filtrer,
Marbres pour distiller en lieu hu¬
mide,
Fourneaux auecques creusets ,
pour faire réduction des métaux cal¬
cinés.
1 On a vu précédemment que Paré écrit
indifféremment materas ou matelas.
DES INSTRVMEîfS.
63 g
IL RESTE ENCORE A DECLARER
LA DIVERSITÉ DES INSTRVMENS DOxNT NOVS AVONS FAIT CY-DES-
SVS MENTIONiPOVR LAGVARISON DES MALADIES, DESQVELS LES
NOMS S’ENSVIVENT : ’
Bec de corbin,
Bec de grue ,
Bec de cygne,
Bec de perroquet,
Pied de griffon,
Tire-balle,
Tire-fons,
Spéculum oris,
Spéculum nasi,
Spéculum matricis,
Foceolles,
Canons,
Doubles canons pour donner clys-
teres auec chausses et seringues,
Eleuatoires,
Dilatatoires,
Lenticulaires,
Tenailles incisiues,
Tenailles non incisiues,
Aiguilles à selon et autres , tant
droites que courbées.
Tentes cannulées,
Tentes non cannulées,
Crochets,
Araignes,
Poucier,
Vretere,
Receptoire de Evrine,
Burins,
Pincettes,
Maillets de plomb.
Ciseaux de plusieurs sortes,
Rugines,
Scies,
Trépanés perforaliues.
Trépanés exfolialiuesj et autres,
Rasoirs,
Lancettes,
Bistories,
Flammettes,
Cautères actuels de plusieurs et
diuerses façons et figures,
Yeux,
Langues,
Bras,
lambes^artificielles,
Brayers,
Espaulettes,
Descbaussoirs,
Poussoirs,
Dauiers,
Policans à tirer et rompre les
dents,
Entonnoirs,
Biberons à tirer le laict des mam-
melles,
Algaries,
Sondes droites et courbées, closes
et ouuertes.
Conducteurs,
Curettes,
Canettes,
Tenons,
Pitons,
Forets,
Ventouses,
Cornets,
Compas,
Espatules droites et renuersées,
Cuues,
^Cuuettes,
hegistre des instrvmens.
64o
Cuueaux,
Chaires à demis baings aueclout
leur équipage,
Marmites,
Trépieds,
Tuyaux,
Ligatures,
Bandes,
Bandelettes,
Bandeaux,
Bourlets,
Coussins,
Coussinets,
Charpy,
Estoupes,
Cotton,
Compresses,
Astelles,
Qu esses.
Torches ou Tenons,
Archets,
Maniuelle,
Mouffle,
Tables,
Chenilles,
Traiteaux,
Courge,
Piliers, et généralement tous au¬
tres engins et machines qui seruent
aux fractures et luxations des os,
nommés des anciens glossocomes.
Plusieurs portraits, tant de l’a¬
natomie que des choses monstrueu¬
ses.
Or pour conclusion, nousdeuons
bien auec grande admiration louër
et remercier ce grand Architecte et
facteur de toutes choses , de nous
auoir descouuert vne si grande mul¬
titude de remedes et moyens, qui
seruent à la curation et palliation des
maladies ausquelles rhpmme est su-
iet.
APHORISMES D’HIPPOCRATES
APPARTENANS A LA GHIRVRGIE*.
«J
LE TEMPS DTIIPPOCRATES DEVANT GALIEN.
Hippocrates nasquit en la cité de Cos, quatre cens cinquante cinq ans auant
l’incarnation de lesus Christ, et fut Gis d’Heraclide, et de Praxitée sa femme,
venant du costé paternel de la race d’Æsculape, et du costé maternel de celle
d’Hercule.
Galien nasquit en Asie, en la ville de Pergame, cent quarante ans après
l’aduenement de lesus-Christ, et fut fils de Nicon, geometre et architecte.
Geste lettre fut escrite par Artaxerxes, roy des Persans, à Hystanes , gou-
uerneur d’Hellespont, pour luy commander de prier Hippocrates de venir en
sa cour, pour secourir ceux de Perse qui estoient affligés de peste.
Artax&txe$^ grand roy des roys, à Hystanes, gouuerneur d'Hellespont, =
On m’a rapporté qu’Hippocrates , Médecin natif de la cité de Cos , issu de
la race d’Æsculape, fait la medecine fort heureusement, et auec grand
honneur. Donne luy donc tant d’or qu’il voudra, et tout ce dont il aura
besoin, et nous l’enuoye : l’asseurant que ie le feray égal aux plus grands de
Perse. Et s’il y a encor quelque autre braue homme en l’Europe, rens-le amy
de la maison royale, n’espargnant pour ce faire or ny argent. Car ce n’est
pas chose facile de trouuer gens de bon Conseil. Aye soin de ta santé.
LETTRES d’HYSTANES, GOVVERNEVR d’hELLESPONT, A HIPPOCRATES, MEDECIN.
Hystanes, gouuerneur d’Hellespont, à Hippocrates, issu d’Æsculape, Salut Aq
Le grand roy Artaxerxes a affaire de toi, et m’a escrit et conimandéi
comme à son gouuerneur par deçà, de te donner or et argent tant que tu en
auras besoin, et pour te faire court , tout ce que lu voudras, et qu’on t’en-
uoye de brief par deueis luy, t’asseurant qu’il te mettra au rang des plus
grands de tous les Persans. Parquoy vien moy trouuer incontinent. Aye
soin de ta sauté.
1 J’ai placé ici ce litre, qu’on retrouvera
un peu plus bas, afin de séparer nettement
ce qu’on va lire des articles qui précèdent.
Les Aphorismes d’Hippocrates faisaient déjà
partie de l’édition de 1575 j mais c’est en
1579 que Paré y a joint, sans titre et sans
avertissement, les données historiques qu’on
va lire et qui leur servent comme depréface.
APHORISMES
64î»
RESPONSE D’HIPPOCRATES AVDIT HYSTANES.
Hippocrates, Médecin, àHystanes, gouuerneur d’Hùlleipont, Mtt ic/pe.
Pour respondre à tes lettres, que tu dis estre de la part du Roy, rescry
luy, et le plus tost que faire se pourra, que i’ay des viures, des vestemens et
des maisons à suffisance, et de tout ce qui êst lieCesSaîfe à la Vie. D’auantage
qu’il ne m’est pas licite d’vser des richesses des Persans , ny de secourir et
deliurer de maladies les Barbares , qui sont ennemis des Grecs. Aye soin de
ta santé.
VERS MIS SOVS LA FIGVRE DE CE GRAND HIPPOCRATES*.
Tel fut d’Hippocrates le port et le visage :
t»e quel sçauoir il fut , de quelle nation,
Comme il se comporta en sa profession ,
Les Hures qu’il a faits en donnent tesmoiguagé.
Ce fa’est rien que de voir d’Hîppôcrates l’image,
11 faut voir ses escrîts, les lire et contempleï-.
Conférer auec ceux qui en peuuent parle ri,
A fin de les entendre, et les mettre en vsage.
Galien , au premier commentaire du liure d’Hippocrates De l’officinc du
Mededn, dit, que ledit Hippocrates a escrit aucunes fois si obscurément, que
pour l’interpreter il requeroit plustost vne deuination qu’vne science.
VERS MIS SOVS LÉ PORTRAIT DE GALIEN^.
Ce grand Hippocrates doit son nom el sa gloire
A Claude Galien, icy représenté :
Car sans luy ses escrits, pour leur obscurité,
Demeuroient inconneus, et n’en fusl plus mémoire.
Celse escrit que la medecine est art conieclural , et la raison de la coniec-
ture est telle, que quand elle aura souuent respondu , quelquesfois nous
abuse pour la diuersité des corps. Cecy est confirmé par Galien, liu. 3. De la
Méthode, chap. troisième 3.
Galien au premier commentaire
* Ce titre n’est pas de Paré ; je l’ai mis là
pour tenir lieu de la figure de ce grand üip-
f ocrâtes , que Paré avait représenté portant
un scalpel sur une tête de bélier. La figure
et les vers sont de 1579.
'■» Ce titre a été fnis également à la place
d'un portrait de Galien donné par Paré en
1579. Au reste , le portrait et les vers , ainsi
du liu. d’Hippocrates De l’officine du
que le paragraphe qui précède et qui était
placé en note marginale , ne venaient dans
les anciennes éditions qu’à la fin des Apho¬
rismes. J’ai jugé plus convenable dé les réu¬
nir aux notes historiques qui précédent, et
atrxquel es ils se rallient hatureilement.
® Ce paragraphe el eelüi qui suit ont ütife
date différente des précédents , et n’onl été
d’hippocrates. 6^3
JUededn^ dit qu’auparaiiant qu’il, eust escrit, il y en avoit qui auoient escrit
plus de trois cens ans deuant luy, en partie en parchemin , et en partie en
escorce de tillet *.
APHORISMES D’HIPPOCRATES
APPARTENANS A LA CHIRVRGIE.
Aphorisme est vn mot, qui autant signifie
Que decret ou extrait, ou sentence choisie 2.
Ceux qui ont dans le corps de la bouë croupie ,
Ou entre cuir et chair quelque abondance d’eau *
S’ils sont cautérisés, ou taillés au Cousteau ,
Et deschargés à coup, ils en perdent la vie.
31. 6.
Ceux qui ont mal aux yeux treuuent allégement
Par boire du vin pur, par baing ou par saignée ,
Par fomentation deuëment ordonnée.
Ou après auoir beu quelque médicament.
38. 6.
Il est beaucoup meilleur de ne mettre la main
A ces chancres cachés , qu’vsér de Chirurgie.
Car ceux qui sont pensés , en meurent tout soudain :
Ceux qui ne le sont point, sont plus long temps en vie.
ajoutés qu’en 1585. Ils avaient été placés à
la fin des Canons et Reigles chirurgiques de
l’auteur-, il m’a semblé plus méthodique de
les Joindre en un faisceau commun avec
ceux qui précèdent, sauf à avertir le lecteur
de la liberté que j’ai prise.
1 II y a ici une amphibologie dans le texte
qu’il convient d’expliquer. Galien n’a pas
dit que des auteurs eussent écrit trois cents
ans avant Hippocrate, comme on pourrait
l’éntendre , mais qu’il existait de son temps,
à lui Galien, des manuscrits d’Hippocrate
ayant trois cents ans de date , conservés no¬
tamment à Pergame.
* Cette espèce d’épigraphe est de 1579 j le
reste est de 1575.
644
APIIOIUSMI'S
55. f).
La goutte qui les pieds engourdit et estonne,
Se meut le plus souuent au Printemps et Automne.
29. 6.
lamais la goutte es pieds les chastrés ne moleste,
Ni faute de cheueux au douant de la teste.
49. 6.
De la goutte des pieds le feu qui brusle et ard,
Dedans quarante iours s’esteint pour le plus tard.
C’est signe de grand mal si en vne blesseure
Qui est grande et maligne, on ne voit point d’enfleure.
67. 5.
La tumeur qui est molle est fort bonne et loüable :
Mais celle qui est dure est mauuaise et damnable.
25. 6.
Quand l’Erysipelas rentre dedans le corps ,
Tout va mal : et tout bien, quand il ressort dehors.
19. 7.
Quand PErysipelas vient autour de l’os nu,
Et descouuert de chair, pour suspect est tenu.
20. 7.
A PErysipelas s'il suruient pourriture.
Ou suppuration, c’est vn mauuais augure.
21. 6.
Si à gens furieux des varices suruiennent ,
Ou flux de sang par bas , à raison ils reuiennent.
21. 7.
Si à l’vlcere aduient flux de sang copieux ,
Pour la force du poulx cela est dangereux.
26. 2.
Il vaut mieux que la fiéure après le spasme aduienne
Que le spasme à Paccés de la fiéure suruienne.
4. 6.
Les vlceres polis autour de la bordure,
Sont à cicatriser de mauuaise nature.
645
d’hippocra.tbs.
18. 6.
Quand le foye est nauré, le cœur ou la vessie ,
L’entre-deux trauersant, l’estomach, le cerueau,
Voire tant seulement quelque menu boyau,
Si le coup est profond, c’est pour perdre la vie.
Aux vlceres qui ont vn an ou d’auantage,
L’os nécessairement se pourrit et dechet :
La cicatrice aussi qui par dessus se fait
Se creuse, comme l’os, par faute de remplace.
2. 7.
Si l’os estant gasté, la chair qui le voisine
Prend la couleur de plomb , c'est vn tres-mauuais signe.
14. 7.
L’homme en teste frappé, qui du mal qui le point
Est estourdi ou resue , il est en mauuais point.
24. 7.
Quand le test iusqu’au vuide est coupé viuement,
Le nauré deuient fol et hors d’entendement.
47. 2.
Quand l’abcés se meurit , la fléure et la douleur
Aduiennent bien plustost , que quand il est ja meur.
18. 5.
Le froid est ennemy des nerfs, des dents, des os,
De la moelle passant par l’espine du dos ,
Ainsi que du cerueau : mais le chaud , au contraire ,
Pour sa tiede douceur, leur est fort salutaire.
46. 2.
Si, en vn mesme temps, deux douleurs viennent poindre
En diuers lieux, la grand fait oublier la moindre.
77. 7.
Quand la chair iusqu’à l’os est gastée et pourrie.
Incontinent après l’os corrompu s’esclie
50. 6. CiOac.
L’vlcere estant plombé et sec . ou palle-vort.
Est vn signe de mort bien clair et descouuert.
• S’esclie; c’est le mot de toutes les éditions du vivant de l’auteur;
les posthumes ont mis s'escrie.
646
aphorismes d’hippôcrates.
19. 6.
Quand vn os est coupé, la iouë, vn cartilage,
Le prepuce ou vn nerf, plus ne croist d’auantago,
En sorte que ce soit : ni ce qui est desioint
Comme il estoit deuant ne se reünit point.
24. 6. Aph. et 51. 3. Coac.
Si vn menu boyau est coupé bien auant,
Il ne reprend iamais comme il estoit deuant.
50. 7. Aph.
Ceux à qui le cerueau se gaste, en trois iours meurent :
Mais s’ils passent trois iours, sains et sauues demeurent.
Autrement.
Quand la conuulsion vient de blesseure et playe.
C’est de la mort venant l’anant-coureuse vraye.
20. 5.
Le froid mord en pinçant les places vicereuses,
Et garde de purer les playes douloureuses :
Il endurcit la peau, il fait des tensions
De nerfs, roidissemens et des conuulsions,
Meurtrisseures, frissons, et des rigueurs fléureuses.
50, 6, Coaç,
Si en la temple on fait d’vn muscle section,
A‘la part opposée adulent conuulsion.
44. 7,
Ceux ausquels on inpige en la poitrine creuse ,
Ou brusle vne aposteme , et la boue qui sort
Est blanche , ils sonl sauués : mais si elle est saigneuse,
Limoneuse et puante, ils sont frappés à mort *.
Gai. comment, sur FAphoris. 29. Uu. 2. des AphoriS.
Pour vn mal déploré sois tousiours de serment
De n’ordonner ny faire aucun médicament,
Celse,chap. 10. liu. 2.
Jl vaut mieux essayer vn remede incertain,
Que ne vouloir prester au patient la main.
1 Ici se terminait la série des Aphorismes
empruntés à Hippocrates dans i’édition de
1575; en 1579, Ambroise Paré ajouta les deux
aphorismes suivants, plus le portrait de Ga¬
lien dont il a été parlé dans la note 2 de la
page 642.
CANONS ET REIGLES
CHIRVRGIQYES DE L’ÂYTEYRE
t
Ce n’est autre chose Çratiqtia
Sinon l’effet de Tbeorictup,
2.
La parole ne guarit point ,
Mais le remede mis à point*
3.
Vn remede expérimenté
Vaut mieux qu’vn nouueau inuenté.
4.
La playe ouurant vn grand vaisseau ,
Le nauré conduit au tombeau.
5.
Où il y a contusion ,
Procure suppuration.
6.
Selon qu’on voit la maladie,
Il faut que l’on y remedip.
7.
S’il tombe quelque os du palais ,
Danger y a d’estre punais.
Le flux de sang vient par chaleur,
Et est repoussé par froideur.
9.
La piqueure des nerfs desire
Subtil médicament qui tire.
« Ces canons sopt de 1575 : mats il y a eu I l’édition suivante qui seront notées avec
quelques modifications et additions dans | soin.
648
CANONS ET nElGLKS
10.
Au mal de pied , ou iambe , ou cuisse
Le lit est salubre et propice.
11.
Toutes médecines mordantes
Aux vlceres ne sont nuisantes *.
12.
Pour bien luxations curer,
Tenir faut, pousser, et tirer.
13.
La gangrené qui estja grande,
Rien que le Cousteau ne demande.
Le monstre est vne créature
Contre les reigles de Nature.
La playe en la poitrine faicte,
De sanie est pleine et infecte.
16.
De toute beste venimeuse
La piqueure est fort dangereuse.
17.
Quand Auster vente, la partie
Qui est naurée, est tost pourrie.
18.
.1
.) ioa‘I
Le nauré doit faire abstinence ,
S'il veut auoir prompte allegence.
19.
Raison n’a que voir ny chercher
Là où l’on peut du doigt toucher 2.
20.
Le mal ne peust estre curé,
Si le corps n’est bien temperé.
21.
L’vlcere rond ne reçoit cure,
Sïl ne prend vne autre figure.
1 Ceci est le texte de 1 679 ; l’édition de 1 575
offraitiin toutautresens;onlisaitalors :
Aux vlceres sont fort nuisantes.
* J» rétablis ce canon d’après l’édition d«
1575. C’était une protestation bien hardie
pour l’époque contre l’abus du raisonne¬
ment; et il semble que Paré n’osa ta main¬
tenir, car il la retrancha dès 1679.
CHIRVRGIQVES.
649
22.
En l’vlcere Erysipelas,
On doit estre purgé par bas
23.
Pleurer aux enfans est propice ,
Car cela leur sert d’exercice.
24.
A chacun nuit la desplaisance ,
Fors qu’à ceux qui ont grasse pance.
25.
Oysiueté met en langueur
Nostre naturelle chaleur.
26.
Science sans expérience
N’apporte pas grande asseurance.
27.
I^’vlcere qui est cacoëthe ,
Vn fort médicament souhaite.
28.
L’ouurier qui veut braue paroistre ,
Il doit bien son suiet connoistre.
29.
L’office du bon médecin ,
Est de guarir la maladie :
Que s’il ne vient à ceste fin ,
Au moins faut'il qu’il la pallie.
30.
Cil qui est expérimenté
Besongne bien plus à seurté ,
Que celuy qui a grand science ,
Et n’a aucune expérience
31.
Celuy qui pour auoir, et non pas pour sçauoir
Se fait Chirurgien, manquera de pouuoir.
32.
Celuy qui braue veut faire la Chirurgie,
Il faut qu’il soit habile, accord, industrieux,
Et non pas seulement qu’aux Mures il se fie ,
Soient françois ou latins, ou grecs, ou hebrieux.
1 Variante de 1575 !
Veut eslre purgé par le bas.
> Encore un canon supprimé en 1579, et
que je rétablis d’après l’édition de 1575. J a-
Jüuterai que dans cette première édition la
série des Canons s’arrêtait là, et que tous
ceux qui suivent ont été ajoutés en 1579,
66o
CANONS ET REIGLES CHIRVRGIQVES.
33.
Celuy qui a bien leu , et pour cela pense estre
Braue Chirurgien, sans auoir assisté
Aux operations, et lecture du maistre ,
Se trompe tout contant, et n’est qu’vn effronté,
34.
Le baing résout, incise et retranche rhinncuCt
Puis après doucement prouoque la sueur.
35.
La froide maladie ^ aux vieils est fort rebelle ,
Aux ieunes elle n’est si longue ny cruelle.
36.
Ceux qui sont par labeur bien souuenl agités,
Sont exempts de plusieurs sortes d’infirmités.
37.
L’homme humide est nourri de bien peu d’alimens ,
Neantmoins plus qu'vn autre il vuide d’exçremeps.
38.
Il faut tousiours donner au malade esperance,
Encore que de mort y ait grande apparence,
39.
Quoy que la maladie aye pris vn long trait,
Du malade ne sois eslongné ny distrait.
40.
Changer de Médecins et de Chirurgiens ,
Souuent n’apporte rien que peine aux patiens.
41.
La chaude maladie est beaucoup plus mortelle
Que la froide , à raison du feu qui est en elle.
42.
On estime la boue és viceres loüable
Qui blanchit, et qui est vnie et bien égalé®.
‘Ceci est le texte corrigé en 1585. On
lisait en 1579 :
La maladie froide aux vieils est fort rebelle.
* Texte de 1585. L'édition de 1579 portait :
On estime és viceres Içtkouê estre lomble.
* Ici s’arrêtait ré4ition 4e i&ia, J’al déjà
dit qu’en 1585 Pevé avait ajQnlô à la suite
de ces Canons deux paragraphes en prose
qui ont été reportés plus haut. Voyez la
note 3 de la page 642.
LE VINGT-SEPTIÈME LIVRE,
TRAITANT DES
RAPPORTS, ET DV MOYEN D’EMBAVMER
LES CORPS MORTS..
Il reste à présent instruire le ieune
Chirurgien à bien faire rapport en
lustice , lors qu’il y sera appellé, soit
pour la mort des blessés , ou impo¬
tence , ou deprauation de l’action de
quelque partie. En ce il doit estre
caut, c’est-à dire, ingénieux à faire
son prognostic , à cause que l’euene-
ment des maladies est le plus souuent
difficile , ainsi que nous a laissé par
escrit Hippocrates au commencement
de ses Aphorismes , à raison princi-
1 Ce livre est encore une des créations de
Paré, et c’est le premier traité spécial que
Je connaisse consacré à la médecine légale.
Il parut pour la première fois dans la grande
édition de 1676; et alors il contenait un fort
long article sur les poisons, que l’auteur re¬
porta plus tard dans son livre des Kenins,
en supprimant cependant tout-à-fait deux
histoires fort intéressantes. En 1679, le livre,
ainsi dépouillé, reçut en d’autres endroits
de notables additions; et enfin l'édition de
1686, suivie par toutes les éditions posthu¬
mes , retrancha quelque chose du texte de
1679, et le compléta par de nouveaux arti¬
cles. On voit par cet exposé que nous aurons
à rencontrer des variantes assez importan¬
tes; j’aurai grand soin de les signaler. J’a-
Jouteral ici qu’avant 1685 le livre n’était
point divisé en chapitres; alors seulement.
paiement fie l’incertitufie fin sniet
sur lequel l’art fie Chirurgie est em¬
ployé. Mesme le premier et principal
point est, qu’il ait vne bonne ame*
ayant la crainte fie Dieu fieuant ses
yeux, ne rapportant les playes gran¬
des petites , ny les petites grandes ,
par faueur ou autrement : parce que
les lurisconsultes iugent selon qu’on
leur rapporte.
Les anciens nous ont laissé par es-*
crit, que les playes estoieut dites
pour établir sans doute plus de resseroblanet^
entre cette partie de son oeuvre et toutes les
autres, Paré le divisa en deux chapitres
sans titres, et, il faut bien le dire, sans
beaucoup de rapport avec les matières trai¬
tées dans l’un et dans l’autre. C’est ainsi que
la deuxième partie du livre, consacrée à
l’embaumement , faisait suite au deuxième
chapitre, lequel séparait sans raison ni uti¬
lité les Rapports de la première partie. J’ai
donc retranché cette division inutile et peu
rationnelle; et, en revanche, J’ai rétabli
dans le texte plusieurs titres des premières
éditions , qui dans les suivantes avaient été
rejetés parmi les notes marginales.
* Edition de 1586 : uinsi que nous a luissi
Hippocrates daris su protestation ; et le reste
de la phrase est également de 1579.
653 LE VINGT-SEPTIEME LIVRE,
grandes en trois maniérés. La pre¬
mière pour la grandeur de la diuision,
comme vu coup de coutelas , ou au¬
tre instrument, qui aura coupé la
moitié d’vn bras ou vne iambe : ou
quelque coup d’espée, et d’autres
semblables armes , donné au trauers
du corps. La seconde, pour la princi¬
pauté de la partie qui doit estre esti¬
mée pour l’action ; comme vne petite
playe faite d’vn poinçon , ou autre ins¬
trument qui sera pointu et délié, pé¬
nétrant en la substance de quelque
partie noble , comme cerueau , cœur,
foye, ou autre partie qui leur face ser-
uice necessaire , comme l’œsophague,
poulmon, et vessie , etc. La troisième
pour la mauuaise morigeration et
cacochymie de tout le corps , ou
imbécillité d’iceluy ; comme si la playe
est faite à vne vieille personne , où
les forces et vertus sont grandement
diminuées. Pareillement le Chirur¬
gien se gardera d’ estre trompé et de-
ceu par la sonde en cherchant, ne
trouuant la profondeur de la playe :
à cause qu’il n’aura situé le blessé en
mesme situation qu’il estoit quand il
fut blessé : ou que le coup sera entré
de ligne droite, et qu’il sera retourné
à dextre ou à senestre , ou de haut en
bas , ou de bas en haut : de façon que
le chirurgien estimera la playe petite,
et fera rapport que la playe bien tost
se pourra guarir , neantmoins le
blessé mourra en briefs iours. A ceste
cause il ne doit asseoir son iugement
aux premiers iours , mais doit atten¬
dre que le neufiéme soit passé , qui
est vn terme où le plus sonnent les
accidens se monstrent plus grands ou
plus petits , selon la nature des corps
et des parties blessées, et de l’air am-
biens extrêmement froid ou chaud ,
ou ayant acquis vénénosité.
En general , les signes par lesquels
on peut aisément iuger des maladies,
si elles sont grandes ou petites, brief-
ues ou longues, mortelles ou iegeres,
sont quatre : car ils sont pris et tirés
ou de l’essence et nature de la mala¬
die , ou des causes d’icelle , ou de ses
effets , ou de la similitude , propor¬
tion , et comparaison d’icelles mala¬
dies au temps qui court.
Exemple des signes tirés de l’es¬
sence de la maladie. Si l’on propose
vne playe recente , qui n’ait autre es¬
sence et mal que de simple solution
de continuité en vn muscle , incon¬
tinent prononcerons icelle estre sans
danger et de peu de durée. Mais si la
solution de continuité a complication
d’vlcere , comme si elle est sanieuse ,
et de plus de trois iours , nous pro¬
noncerons icelle estre de difficile et
plus longue curation.
Exemple des signes tirés des causes
de la maladie : comme si la playe a
esté faite en la teste d’vn instrument
aigu, pointu , et pesant, sçauoir d’vn
maillet ; si le coup est venu de haut ,
de grande force, et de droit fil , nous
prononcerons la playe estre dange¬
reuse, voire mortelle, si les autres
signes y consentent.
Exemple des effets : comme si le
patient est tombé et terrassé du coup,
s’il a eu vomissement de cholere , es-
bloüissemeut aux yeux , flux de sang
par le nez et les oreilles , alienation
d’esprit et de mémoire, auec stupidité
de tous sentimens, nous prononce¬
rons iceluy estre en danger euident
de sa vie.
Exemple de la similitude , propor¬
tion, et comparaison delà maladie au
temps qui court : Comme au temps
delà bataille saint Denys, et siégé de
Roüen , pour l’indisposilion et mali¬
gnité de l’air, ou pour la cacochymie
des corps et perturbation des hu-
DES RAPPORTS.
meurs , presque toutes les playes es- 1
toient mortelles : et principalement i
celles qui estoient faites d’harquebu-
se. Parquoy nous pouuions lors (eu
esgard au temps qui couroil) pronon¬
cer tel homme blessé estre en péril
de mort. Ainsi voyons nous en cer¬
taines années les rougeolles et ve-
rolles des petits enfans estre pesti-
lentes et mortelles, et coniointes auec
vomissemens ou dysenteries furieu¬
ses : parquoy en tel cas nous pourrons
iuger, et de l’euenement de la mala¬
die, et du moyen de Feuenement.
Or les signes des parties vulnerées
sont ceux qui s’ensuiuent.
Les signes que le cerueau est offensé et le crâne
fracturé sont plusieurs.
Si le malade tombe du coup en
terre , s’il demeure quelque temps
sans parler , oüyr , ne voir , ayant
perdu connoissance et raison : s’il a
rendu ses excremens inuolontaire-
ment, s’il luy semble que tout tourne
s’en dessus dessous , s’il a ietté sang
par le nez , bouche , et oreilles, s’il a
vomi de la cholere : ce sont signes qui
nous donnent à entendre par raison
que le crâne est rompu. Mais par les
sens iceluy mesme se connoist estre
rompu, quand en pressant des doigts
dessus, on sent au tact l’os estre es-
leué ou enfoncé contre le naturel.
Pareillement se connoist au sens de
la veuë , lors qu’il est dénué , et qu’on
frappe dessus auecques vne sonde de
fer , et qu’il sonne cassé , comme si
l’on frappoil sur vn pot de terre fellé
et rompu ; voila les signes qui de-
monstrent le cerueau estre offensé ,
et le crâne fracturé.
On peutprognostiquer et rapporter
la mort du blessé, lors qu’il a du tout
perdu sa raison et mémoire , ou s’il
deuient du tout muet, ayant les yeux
653
tenebreux, et se veut ietter hors du
lit, ne se pouuant au reste nullement
mouuoir : ayant la fiéure continue,
la langue noire et seiche, et les léures
de la playe arides, ne iettans aucune
chose , ou bien peu : et mesme si elle
est de couleur blaffarde, comme d’ vne
chair salée : ou qu’il ail apoplexie ,
frenesie, spasme, paralysie, rete¬
nant son vrine et autres excremens ,
ou les laisse couler inuolontairement.
Si tels signes apparoissent , fais ton
rapport que bien tost le malade
mourra.
Les signes que la trachée arlere et l’œsophage
sont coupés.
Cela se connoist au sens delà veuë :
aussi le blessé perd la parole , et ne
peut plus boire ny manger, parce que
chacune partie coupée se retire ,
l’vne en haut , l’autre en bas , et tost
après la mort s’ensuit.
Les signes que la playe pénétré dans le thorax.
C’est que par la playe on voit sor¬
tir de Fair , auecques vn sifflement ,
et le malade peine à respirer, princi¬
palement quand il y a quantité de
sang tombé sur le diaphragme , le¬
quel il iette par la bouche en cra¬
chant; la fiéure suruient, et puanteur
d’haleine , à cause que le sang se
pourrit et conuertit en vne sanie
fetide : et le malade ne peut demeu¬
rer couché que sur le dos , et a sou-
uent volonté de vomir. Et s’il res-
chappe , le plus souuent sa playe
dégénéré en fistule , et meurt tabide
et sec.
Les signes du poulmon vulneré.
C’est qu’il sort par la playe vn sang
spumeux, auec toux et grande dilfi-
LE VIINGT-SEPTIÉME LIVRE,
664
culté de respirer, et douleur aux
costés.
Les signes que le cœur est blessé.
C’est qu’il sort par la playe grande
quantité de sang, auec vn tremble¬
ment vniuersel de tout le corps , le
poux languide et fort petit, la couleur
pâlie, sueur froide, auecques syn¬
cope , et les extrémités fort froides :
et tost la mort s’ensuit.
Lés signes dû diaphragme.
C’est que le malade sent vne grande
pesanteur au lieu vulneré, et a per¬
turbation de raison , et vne tres-
grande difficulté d’halener, toux, et
douleurs aiguës, et les flancs se retirent
contre-mont : si tels signes apparois-
sent , fay rapport de mort hardiment.
Les signes que la veine caue et grande arlere
sont Vulnerêes.
C’est que le malade meurt promp¬
tement, à cause de la subite et
grande vacualion qui se fait du sang
et esprits qui remplissent le ventre
inferieur ou thorax , faisant cesser
l’action des poumons et du cœur.
Les sighes que la tnoëlle de l’espine du dos est
blessée.
C’est que le malade subit tombe en
paralysie ou conuulsion, et le senti¬
ment et mouuement des parties infe¬
rieures se perd, et les excremens,
comme la matière fecale et vrine,
sont iellés inüoloniairement, ou du
tout retenus.
Les signes que le foye est vulneré.
_^C’est qu’il sort grande quantité de
8àng“|^r“'la j^aye , éVlir bl^é sent
vne douleur poignante qui s’estend
iusques à la cartilage sculiforme: et
le sang découlant dedans le ventre
souuent se pourrit , et cause de per¬
nicieux accidens , et le plus souuent
la mort.
Les signes que l’estomach est vulneré.
C’est que le manger et boire sortent
par la playe, et vomit souuent pure
cholere et sang : il suruient sueurs et
refroidissement des extrémités , et lâ
mort tost après aduient.
Les signes que la râtelle est vulnerée.
C’est qu’il sort parla playe vn gros
sang noir , et le malade est grande¬
ment altéré , et a douleur au costé
senestre: et si le sang découlé dedans
le ventre, souuent se pourrit, dont
plusieurs accidens sourdent, et sou¬
uent la mort les saisit.
Les signes que les intestins sont vulnerés.
C’est que le malade sent vne grande
contorsion et douleur au ventre , et
la matière fecale sort par la playe
souuent , et grande quantité des
boyaux sort par icelle hors le ventre.
Les signes que les rongnons sont vulnerés.
C’est que le malade a difficulté d’v-
riner, et iette du sang auec l’vrine,
et a douleur aux aines, verge, et
testicules.
Les signes que la vessie est vulnerée et les
pores Vreteres.
C’est que le malade sent douleur
aux flancs, et les parties du penil
sont tendues, et s’il iette l’vrine san¬
glante , et quelquesfois mesme par la
playo.
DES «APPORTS. , 655
Lti signes que la femme a son amarry vulneré.
C’est que le sahg sort par ses parties
honteuses , et a presque semblables
accidens que ceux qui ont la vessie
Vulnerêè.
Les signes que les nerfs sont piqués ou à demy
coupés.
C’est que le malade sent vne dou¬
leur vehemente au lieu blessé, et
aussi que promptement luy suruient
inflammation, fluxion, spasme, fié-
ure, aposteme, et conuulsion *, et
quelqtiesfois aussi gangrené et mor^
tiflcation de la partie : dont suruient
la mort, si le malade n’est bien et
promptement secouru, comme i’ay
escrit cy deuant parlant des playes
des nerfs.
Après auoir baillé les signes pour
cofinoistre les parties de nostre corps
Vulnerées, à fin d’en faire rapport en
iustice , pour plus grande et facile
intelligence m’a semblé bon te don¬
ner le formulaire de ces quatre rap¬
ports : dont le premier sera de rap¬
porter de nécessité <ie la mort du
blessé : le second sera douteux de la
mort ou de la vie : le troisième du
mehain, c’est-à-dire de l’impotence
d’vne partie blessée ; le quart, de
plusieurs parties blessées ensemble.
Selon lesquels formulaires tu en
pourras faire d’autres, ainsi que con-
noislras par les signes cy dessus es-
crils , telles ou telles parties du corps
estre vulnerées.
* J’ai rétabli dans cétte ènufnêration le
ftiDt Spasme i omis dans tOüteS les éditions
posthumes. Il faut avertir aussi qu’après lé
mot conuulsion , l’édition de 1575 ajoutait :
qu’on appelle non proportionnée à la maliere.
Ce membre de phrase a été eû'acé dès 1579.
Exemple d’vn rapport de nécessité concluant à
la mort.
l’ay A. P. ce iourd’huy par l’ordon¬
nance de messeigneurs de la Cour
de Parlement, me suis transporté en
la maison de tel, rue sainct Germain,
à l’enseigne de S.— Lequel i’ay trouué
gisant au lit, ayant vne playe à la
teste , partie senestre , située sur l’os
temporal, auec fracture et embar-
reure , dont aucunes parties dudit os,
les deux membranes estans rompues,
sont enfoncées en la substance du
cerueau. Au moyen dequoy ledit tel
a perdu toute connoissancede raison,
auecques vne conuulsion, le poulx
fort petit, et sueur froide ; au reste ,
tant degousté qu’il ne boit ny mange.
A cause dequoy certifie que bien tost
mourra : tesmoing mon seing manuel
cy mis le , etc.
Exemple d’vn rapport douteux de la mort.
l’ay tel, etc., par le commande¬
ment de monsieur le Lieutenant Cri¬
minel , suis allé en la maison de N.,
lequel i’ay veu gisant au lit , ayant
trouué sur son corps vne playe faite
d’vn instrument trenchant , située au
milieu de la cuisse dextre , de gran¬
deur de trois doigts ou enuiron , pé¬
nétrante tout outre, auecques inci¬
sion de veines et arteres : à raison
dequoy est suruenu vn bien grand
flux de sang, qui luy a prosterné et
abbalu les forces. Au moyen dequoy
tombe souuent en défaillance de
coeur, et toute la cuisse est grande¬
ment tuméfiée et liuide , dont plu¬
sieurs pernicieux accidens s’en poür-
roient ensuiure : parquoy ie dy que
ledit tel est en grand danger de mort.
Et tout ce cerlifie estre vray, tesmoing
mon seing manuel cy mis le , etc.
056 LB YlNGT-SEPTIllME LlVIlE
Exemple d’un rapport de mehain ou impoience.
l’ay tel, etc., par le commande¬
ment de monsieur le Procureur du
Roy, me suis transporté en la maison
de monsieur, etc., ruesainct Pierre
aux Bœufs , pour visiter vn tel, etc.,
sur lequel i’ay trouué vne playe à la
iointure du jarret dextre, de grandeur
de quatre doigts ou enuiron , auec-
ques incision des cordes ou tendons
qui plient la iambe, ensemble inci¬
sion de veines, arteres, et nerfs. Au
moyen dequoy est ledit tel en danger
de mort, pour les accidens qui en
telles playes viennent le plus sou-
uent, comme extreme douleur, fié-
ure, inflammation, aposteme, con- j
uulsion, gângrene, et autres. Parquoy
a ledit tel besoin tenir bon régime ,
et estre bien et deuëment pensé et
médicamenté : et où il escbappera
de la mort , à. iamais demeurera im¬
potent de la partie. Et tout ce certi¬
fie estre vray, tesmoing mon seing
manuel cy mis le iour, etc., mil, etc.
Exemple d’vn rapport d’vn homme blessé deplu-
sieurs coups, et en diuerses parties du corps.
Nous soubssignés Chirurgiens, ce
iourd’huy vingt et vniéme , etc., par
le commandement de Messeigneurs
de la Cour de Parlement , sommes
allés au logis de tel , rue S. Denis , à
l’enseigne desaincte Catherine, pour
visiter vn nommé, etc., gentilhomme
des ordonnances du Roy, sur lequel
auons trouué cinq playes. La pre¬
mière, située à la teste , au milieu de
l’os coronal, de grandeur de trois
doigts ou enuiron, pénétrante ius-
qiies à la seconde table, dont luy
auons tiré trois esquilles dudit os.
Item , vne autre playe au trauers de
la iouë, partie dextre, comprenant
depuis l’oreille iusques au milieu du
nez ; à cause de ce a esté necessaire
luy faire quatre points d’aiguille.
Item, vne autre playe au milieu
du ventre, de grandeur de deux
doigts ou enuiron, pénétrant en la
capacité d’iceluy : sortant par ladite
playe vne partie de l’omentum , de
grosseur de demy esleuf, qu’auons
trouuée liuide , et du tout destituée
de chaleur naturelle : parquoy a esté
besoin lier et couper ce qui estoit
sorti dehors. Item , vne autre playe
située sur le métacarpe de la main se-
nestre , de grandeur de quatre doigts
ou enuiron, auecques incision de
veines , arteres , nerfs , et tendons , et
portion des os. Au moyen dequoy, le¬
dit tel demeurera après la guarison
mehaigné de la main , et a besoin te¬
nir bon régime , garder la chambre ,
et estre bien et deuëment pensé et
médicamenté : et disons qu’il n’est
hors du danger de la mort. Et tout
ce certifions estre vray, tesmoings nos
seings manuels cy mis le iour, etc.
Autre rapport d’vn corps mort, fait en la pré¬
sence de messieurs le Lieutenant Criminel
et Procureur du Roy au Chaslelet de Paris
et du Commissaire Bazin *.
Rapporté par nous soubssignés,
que ce iourd’huy en la presence de
messieurs le Lieutenant Criminel et
Procureur du Roy au Chastelet de
Paris, nous auons veu et visité le
corps mort de noble homme, etc.,
sur lequel auons trouué vne playe
faite d’estoc prés la mammelle senes-
tre, longue et large de deux doigts
ou enuiron, trauersant le corps de
part en part, passant tout au trauers
* La date de ce rapport indique sullisatn-
ment qu’ii n’a pu être publié pour la pre-
niiére fois que dunv l’édition de 1585.
des rapports.
du cœur. Plus vne autre grande
playe faite d’estoc sur la iointure de
l’espaule du bras senestre, longue de
quatre doigts ou enuiron, large de
trois, profonde iusques à ladite ioin¬
ture, auec incision des nerfs et liga-
mens, veines et arteres dudit lieu.
Plus vne autre grande playe faite
aussi d’estoc sous l’aisselle senestre,
longue et large de quatre doigts ou
enuiron, profonde iusques au dedans
et creux de ladite aisselle, auec inci¬
sion des veines, arteres et nerfs. Plus
deux autres plaies faites aussi d’es¬
toc, situées en la poitrine, vn peu
plus bas qu’en la mammelle senes-
tre, longues et larges d’vn pouce ou
enuiron , et profondes iusques en la
capacité du thorax. Plus vne autre
grande playe faite d’estoc, située prés
la mammelle dextre, longue et large
de quatre à cinq doigts, profonde
seulement iusques aux costes. Plus '
vne autre petite playe prés ladite
mammelle dextre, pénétrant aussi
sur les costes.’ Plus vne autre playe
faite de taille sur le coude dextre ,
grande de trois doigts ou enuiron, et
large de deux , profonde iusques aux
nerfs et ligamens de la iointure dudit
coude. Plus vne autre playe faite pa¬
reillement d’estoc au flanc dextre,
longue et large d’vn pouce ou enui¬
ron, et peu profonde. Plus vne autre
playe faite aussi d’estoc à la main
dextre, au doigt nommé Médius, auec
incision totale de l’os de sa première
iointure, pénétrant le métacarpe.
Pour raison de toutes lesquelles
playes, certifions mort subite luy es-
tre aduenue.
Fait sous nos seings manuels le di¬
manche 7. aoust mil cinq cens quatre
vingts trois.
Ambroise Paré , lehan Cointeret, et
lehan Charbonnel.
667
Rapport d’vn coup orbe qui aura rompu et en¬
foncé les veriebres de l’espine , ou fait playe
en la moelle de l’espine ' .
La moelle de l’espine du dos estant
comme vn ruisseau coulant du cer-
ueau , est faite pour la distribution
des nerfs qui deuoient donner senti¬
ment et mouuemcnt à toutes les
parties situées au dessous de la teste :
et alors que ladite moelle 'est bles¬
sée , suruiennent plusieurs et perni¬
cieux .accidens, et selon iceux le
Chirurgien fera son rapport. A sça-
uoir, si les bras et mains du malade
sont stupides, paralytiques, sans les
pouuoir remuer, et aussi qu’en les
piquant ou serrant le malade ne sent
rien , c’est signe que les nerfs qui sor¬
tent de la 5. 6. 7. vertebres du col
sont offensés. Semblablement quand
tels accidens se trouuent aux cuisses,
iambes, et aux pieds, auec refroidisse¬
ment, et que le malade laisse sortir
ses excremens inudlontairement, sans
les sentir, ou qu’ils soient retenus du
tout : cela monstre que les nerfs qui
sortent des vertebres des tombes et
os sacrum sont offensés, et que tous
ces accidens prouiennent à cause que
la faculté animale ne peut reluire par
les nerfs , dont s’ensuit résolution , et
par conséquent difficulté de sentir et
mouuoir aux parties où ils sont dis¬
tribués : qui fait que les muscles de la
vessie et siégé ne font plus leur action
naturelle , qui est d’ouurir et fermer.
Et si tels signes apparoissent , fais ton
rapport que bien tost le malade
mourra , et principalement s’il a dif¬
ficulté de respirer
* C’est ici que l’édition de 1585 plaçait son
chap. 2, sans aucun titre, et le titre actuel
relégué en marge.
* Hippocrates , 2. pro. — A. P.
4a
111.
gr>8 LE VINGT-SKPTIÉMK MVi;r: ,
Rapport d'vne femme grosse ayant esté blessée femme enceinte, et (fu’elie en f\norte,
au ventre'. si l’on'ant est j.a formé, qvi’it en perde la
vie : mais s’il n’est encore formé, qn’il
Fay tel , par le commandement de condamné à amende pecnniaire.
monsieur le grand Preuost del’Hostel,
me suis transporté en la rue Saint Exemple de rapport d’vnenfanleslantestouffé' .
Honoré, en la maison de monsieur M.,
où i’aytrouuévne demoiselle nommée II y a grande apparence que le pe^
Marguerite , gisante au lit , ayant vne tit enfant mort aura esté eslouffé par
grande fléure , conuulsion , et flux de sa nourri{;e, qui se sera endormie sur
sang par sa nature: à raison d’vne luy en l’allaiclant, ou aulrement par
playe qu’elle a receuë au ventre in- malice , si ledit enfant se portoit bien,
ferieur, située trois doigts au dessous et ne se plaignoit de rien au prece-
du nombril, partie dextre , laquelle dent ; s’il a la bouche et nez pleins
pénétré en la capacité d iceluy, ayant d’escume : s’il a le reste de la face
blessé et percé sa matrice, au moyen non pâlie et blaffarde , mais violette
de quoy est accouchée deuant son et comme de couleur de pourpre : si
terme preflx d’vn enfant masle, mort, ouuert, est trouué auoir les poul-
bien formé de tous ses membres, le- mons pleins comme d’air escumeux.
quel enfant a aussi reçu le coup à la
teste, pénétrant iusques à la propre Exemple d’vn rapport d’vn corps mort par
substance du cerueau. Et pour ce la- tonnerre et fouidre.
dite damoiselle en bref mourra , ce
que tout certifie estre vray, tesmoing . escheoir qu’on soit en doute
mon seing manuel cy mis ce, ete. ^ trouué mort par la cam¬
pagne, ou seul en vne maison, est
Fay bien voulu mettre ce rapport, mort de foudre, ou autrement. Par-
à fin d’instruire le ieune Chirurgien quoy estant appellé par lustice pour
à faire rapport à messieux's de la lus en faire rapport, concluras par ces
tice en tel cas, si l’enfant est formé de signes qu?il est mort de foudre. C’est
tous ses membres ou non, à fin qu’ils que tout corps frappé et mort de fou-
donnent tel iugement qu’ils verront dre sent vne odeur fascheuse et sul-
estre necessaire : pource que la pu- phurée , qui fait que les oiseaux et
nition doit estre plus grande ayant chiens n’en osent approcher, encore
fait auorter vne femme l’enfant es- moins gouster : la partie frappée de
tant bien formé, à raison que l’ame y foudre souuent demeure entière sans
est infüse, que s’il n’estoit encore ac- apparence de playe, et neantmoins
compli de tous ses membres : car lors les os se trouuent comminués et bri-
Fame n’est encore entrée au corps, sés au dedans : que s’il adulent qu’il
Ce que i’ay monstré cy deuant , par- ait playe apparente , subit qu’on la
lant de l’Ame, dé l’opinion de Moyse touchera, on la sentira sans compa¬
ct de S. Augustin 2, disant que si raison plus froide que le reste du
quelqu’vn frappe ou pousse vne corps, comme dit Pline pource que
subit la substance spirilueuse tou-
CG® rapport , avec les réflexions qui s’y
rapportent, a été ajouté en 1579. 1 cct article a été ajouté en 1679. ,
* Exode 22. — ■ S. Augustin 80. — A. P. * Liu. 2. ehap. 24* — ■ A, P. ■ '
DES RAPPORTS.
chée est dissipée par le vent très sub¬
til et violent que la foudre chasse et
pousse tousiours deuant soy : aussi
la foudre laisse tousiours certaine
marque de brusleure, pource que
nulle foudre est sans feu, soit en
bruslant ou en noircissant. Or comme
ainsi soit que tous animaux frappés
de foudre tombent de l’autre costé,
le seul homme ne meurt point du
coup, s’il ne tombe sur la partie frap¬
pée de foudre, ou s’il n’est tourné par
force du costé dont la foudre vient,
l/homme qui en veillant est happé
de foudre demeure les yeux fermés :
au contraire ils luy demeurent ou-
uerts s’il est foudroyé en dormant,
comme dit Pline i.
Philippes de Comines a laissé par
escrit que les corps frappés de fou¬
dre ne sont point suiets à corruption
comme les autres : et que partant les
anciens n’auoient de couslume les
brusler ny enterrer. Car ainsi que le
sel garde de corruption les corps qui
sont salés, ainsi le soulphre que la
foudre charge et porte quant et soy,
entretient long temps les corps en
leur estre, sans pourriture , pour la
chaleur ignée et seicheresse toute
contraire à la pourriture.
Pmr faire rapport infaillible qu’vu corps soit
mort de peste *.
C’est qu’on trouue vne grande mol¬
lesse en tout le corps, à cause d’vne
putréfaction indicible, laquelle du¬
rant la vie rendoit le corps fort las-
che et mollasse , et après la mort
elle s’augmente encore d’auantage
comme estant venue à sa perfection.
Aussi tels corps se rendent pourris
et puants subitement. D’auantage, à
1 Plin. au lieu mesme. — A. P.
* Article ojoulé en 1686.
669
plusieurs après la mort apparoissent
bubons, charbons et pourpre qui es-
toient cachés dedans le corps : à rai¬
son que la chaleur putredineuse, qui
s’engendre par la pourriture, pousse
et iette hors de la peau les excremens
desquels sont faits les bubons, char¬
bons et pourpres. Plus , on voit la.
couleur du nez, des oreilles et des
ongles plus noire, et mesmeraent
tout le corps, qu’elle n’a accoustumé
d’estre aux morts d’autres maladies.
Semblablement le visage est fort hi¬
deux à regarder, et à bien grande
peine le peut' On reconnoistre : et
qu’en peu de temps le corps se cor¬
rompt et pourrit , accompagné d’vne
puanteur cadauereuse, et principale¬
ment en temps chaud. Si telles cho¬
ses semonstrënt, fais ton rapport que
le malade est mort de peste.
^utre rapport d'vn corps trouué mort et blessé,
ou noyé, ou pendu après sa mort^.
Semblablement le Chirurgien peut
estre appellé pour faire rapport d’vn
corps mort , ayant des playes péné¬
trantes dans le corpj, et autres non,
pour sçauoir s’il les a receuës estant
vif ou après la mort. Donc si les
playes luy ont esté faites pendant
qu’il viuoit , elles seront trouuées
rouges et sanguinolentes, et les lé-
ures d’icelles tuméfiées et plombines.
Au contraire, si ou les luy a données
après la mort , elles ne seront rouges
sanglantes, ny tuméfiées, ny liuides :
parce que le corps estant mort. Na¬
ture cesse toutes ses œuures, et n’en-
uoye plus de sang ny esprits aux lieux
vulnerés. Et partant le Chirurgien
fera son rapport que les playes au¬
ront esté données pendant la vie ou
1 Nous retombons dans le texte de 1676;
mais ce titre n’a été ajouté qu’en 1679.
LE VlNGT-SiiPTlÉME LIVRÉ ,
660
apres la mort , selon les signes qu’il
trouuera.
Pareillement si le Chirurgien est
appelé pour faire rapport d’vn corps
mort trouué pendu, sçauoir s’il a esté
pendu vif ou mort. S’il a esté pendu '
vif, le vestige du cordeau à la circon¬
férence du col sera trouué rouge,
liuide et noirastre, et le cuir d’autour
amoncellé, replié et ridé, pour la
compression qu’aura faite la corde :
et queiquesfois le chef de la trachée
artere rompu et lacéré, et la seconde
vertebre du col hors de sa place.
Semblablement les bras et iambes
seront trouuées liuides, et toute la
face , à raison que tous les esprits
tout à coup ont esté suffoqués : aussi
pareillement il sera trouué de la baue
en la bouche, et de la morue yssanl du
nez, là enuoyée tant par l’expression
du poulmon eschauffé et suffoqué,
que par la commotion conuulsiue
du cerueau, de mesme qu’en l’epi-
lepsie. Au contraire, si le personnage
a esté pendu estant mort, on ne trou¬
uera les choses telles : car le vestige
du cordeau ne sera rouge ny liuide,
mais de couleur des autres parties
du corps, à cause qu’ après la mort ,
la chaleur ny esprits ne sang ne cou¬
rent plus aux parties blessées. Pa¬
reillement la teste et le thorax sont
trouués pleins de sang L
D’auantage, si le Chirurgien est
appelé pour faire rapport d’vn corps
mort tiré hors de l’eau, pour sçauoir
s’il a esté noyé vif ou ielté en l’eau
mort. Les signes qu’il aura esté ietté
vif, sont qu’on trouuera l’estomach
et le ventre remplis d’eau , et sort du
nez quelque excrement morueux , et
‘ Ces derniers mots : pareillement, etc., qui
se rapportent manifestement au cas de pen¬
daison durant la vie, ont été ajoutésen 1585.
par la bouche escumeux et baueux ,
et le plus souuent saignera du nez.
D’abondant il aura l’extremité des
doigts et le front escorchés , à raison
qu'en mourant il gratte le sable au
fond de l’eau , pensant prendre
quelque chose pour se sauuer, et
qu’il meurt comme en furie et rage.
Au contraire s’il a esté ietté en l’eau
mort, il n’aura aucune tumeur en
l’estomach , ny au ventre, parce que
tous les conduits sont affaissés et es-
toupés, et qu’il n’inspire plus, et
aussi n’aura morue au nez , ny baue
en la bouche , ny vestige aux doigts
ny au front ». Parquoy, selon ces si¬
gnes, le Chirurgien pourra faire rap¬
port fideleraenl des corps morts trou¬
ués en l’eau, s’ils ont esté iettés morts
ou viuans. Et quant aux corps morts
qui s’esleuent sur l’eau , c’est adonc
qu’ils sont ja cadauereux et remplis
d’air, qui les fait esleuer sur l’eau
comme vne vessie remplie de vent.
Or quant à faire rapport si vne per¬
sonne est morte de venin ou non, on
le pourra faire par les signes cy des¬
sus escrits au liure des Venins'K
1 Ces mots : ny au front, ont été ajoutés en
1579.
* Il y avait ici dans l’édition de 1675 un
fort long article retranché dès 1579, et com¬
mençant par cette phrase, qui en indique
très bien t’objet :
« Or quant à faire rapport si vne personne
est morte de venin ou non, il est fort difficile à
cognoistre, si ce n’est par coniectures qu’on
prendra parce petit discours. »
Nous ailons analyser rapidement ce petit
Z)iscoi(}-5, indiquant seulement les endroits
du livre actuel des V enins où le texte en a
été reporté ; mais nous rencontrerons chemin
faisant des passages supprimés d’une haute
importance , et que nous reproduirons avec
le pius grand soin.
L’auteur commençait donc par exposer
son but en témoignant son horreur pour les
DES RAPPORTS.
Exemple de rapport de ceux qui auront esté en
danger d'estre estouffés par la vapeur et fu¬
mée du feu de charbon.
Le 10 de mars 1575 , ie fus appellé
auec monsieur Greaulme, Docteur
înuenteurs de poison et de la diabolique pou¬
dre à canon; sauf cette assimilation de la
poudre aux poisons, on retrouvera les prin¬
cipaux traits de ce paragraphe au chapi¬
tre !''• du livre actuel des Fenins.
Puis il indiquait les signes généraux des
poisons : Wous cognoissons en général vn
homme auoir esté empoisonné, etc.; c’est pres¬
que absolument te premier paragraphe du
chap. 5 du livre actuel , terminé par ces
mots : la racine est au cueur.
« Quant aux signes de venin de chaude,
froide, seiche, et humide qualité, i’en ay iraiclé
suffisamment par cy-deuant , ^ ajoutait -il,
etil renvoyait en marge au Hure des Fenins,
Après quoi venant aux poisons en particu¬
lier, il traitait successivement de Y^pium
risus, du Napellus , du Solarium manicitm ,
de Y Aconit , de la lusquiame , des Champi¬
gnons , de Y Ephernerum , de la Mandragore
et du Pauot noir. Tout cela a été reproduit
en 1679 au chap. 44 du livre des Fenins ,
avec des additions trop peu importantes
pour que nous nous attachions à les préci¬
ser. Seulement on voit qu’en 1676 Paré
avait passé sous- silence la c?Êfî(ë, l’I/' et le
noyer; il avait été aussi fort bref sur l’aco¬
nit. En revanche , il avait un article sur la
Salemandre, qui manque dans toutes les au¬
tres éditions ; le voici :
« Salemandre.
« Ceux qui ont pris de la salemandre
tombent en vne grande inflammation de la
langue , et deuiennent brets ou begues : ils
sentent tout le corps amorti, et tombent en
vn frisson et tremblement, en vne resolu¬
tion et paralysie de tout le corps ; sur la
plus part des parties de leur corps aduien-
nent des taches blanches, qui deuiennent
rouges et puis noires: lesquelles en fin tom¬
bant en pourriture, font tomber le poil de
tout le corps , mesme si le poison demeure
66 1
Regent en la faculté de Medecine, en
la maison de monsieur du Hamel,
Adiiocat en la Cour de Parlement à
Paris, vour visiter et faire rapport de
deux siens seruiteurs , l’vn Clerc, et
l’autre palefrenier, lesquels on esti-
gueres dans le corps, ils tombent en pièces.
Le bezahar sont les œufs de la tortue tant
marine que terrestre : aussi le ius de gre¬
nouilles dans lequel on aura cuict la racine
d’eryngium. »
. Entre l’histoire de la mandragore et du
pauot noir, il avait placé l’histoire de l’or-
pin; et bien qu’il y soit revenu au chap. 46
du livre actuel des Fenins, le texte est as¬
sez différent pour mériter d’être reproduit.
« Orpin,
« L’orpin, ou orpiment, que les Grecs ap¬
pellent Arsenicum, la sandaracha, causent
non seulement de grandes passions et éro¬
sions en l’estomach et boyaux , mais aussi
engendrent vne alteration insatiable, vne
aspreté grande à la gorge et en la bouche
auec vne toux , difficulté et puanteur d’ha¬
leine , conioincte à vne dysenterie et sup¬
pression d’vrine. Vrayement l’arsenic a vne
vertu si corrosiue que mesme appliqué par
dehors , il ronge la racine des cheueux et
les fait tomber , comme escrit Dioscoride.
Son bezahar est la pouldre du crystal mine¬
rai , bien puluerisee , prenant vne drachme
de ceste poudre auec l’huile d’amandes dou¬
ces , comme escrit le Conciliator. »
Après le pauot noir, vient l’histoire du
lieagal , ou Misalgar, à très peu près telle
qu’on la lit encore aujourd’hui au chap. 46.
Puis immédiatement un long article consa¬
cré au bezahar, et dont le commencement,
jusques et y compris l’histoire du cuisinier
empoisonné, a été reproduit presque tex¬
tuellement dans le chap, 46 du livre actuel ;
il faut en excepter toutefois un passage du
paragraphe qui précède cette hisloite, où,
à la place de la citation de Mathiole et
d’Ahdanalarach, l’auteur disait seulement;
« Car quant à ce qu'en escrit Mathiole sur
le cinquiesme de Dioscoride , est pour la plu^
662 LE VINGT-SEPTIEME LIVRE
moit estre morts : parce que outre ce
qu’il n’y auoit aucune apparence de
poulx en eux , ils auoieut vne froi¬
deur vniuerselle de tout le corps»
sans parler, et sans mouuoir aucune¬
ment : ayans au reste la face teipte
part fabuleux et sans ordre, expérience, et dis-
tincle cognoissance. »
Mais après cette histoire du cuisinier,
l’édition de 1575 en contenait deux autres,
retranchées depuis, et dont la première
surtout a un intérêt capital pour l’histoire
d’A. Paré. On ne savait pas qu’à tous ses
périls, ses souffrances, après avoir été
mordu d’une vipère , attaqué de la peste , il
avait encore réuni cette terrible et doulou¬
reuse épreuve de passer par le poison. Et
d’un autre côté, un mot de cette histoire
ignorée semble trancher d’une manière déci¬
sive la question de savoir si, du moins à une
époque de sa vie. Paré avait été huguenot.
Voici le texte fidèle des deux histoires :
« Apres la prise de Rouen me trouuay à
disner en quelque compaignie , où en auoit
quelques vns qui me hayoyent à mort pour
la Religion : on me présenta des choux où
il y auoit du sublimé ou arsenic : de la pre¬
mière bouchee n’en apperceu rien : la se¬
conde, ie senti vne grande chaleur et cui-
seur, et grande astriction en la bouche, et
principalement au gosier, et saueur puante
de la bonne drogue ; et l’ayant apperçeuë,
subit ie pris vn verre d’eau et de vin , et
lauay ma bouche , aussi en auallay bonne
quantité, et promptement allay chez le pro¬
che apoticaire : subit que fus parti, le plat
aux choux fut ietté en terre. Là donc chez
ledit Apoticaire ie vomi, et tost apres beu
enuiron vn posson d’huile, et la garday
quelque temps en monestomach, puis de¬
rechef la vomi : ladicte huile empescha que
^e sublimé n’adherast aux parois de l’esto-
mach : cela faict, ie mangeay et beu assez
bonne quantité de laict de vache , auquel
auois mis du beurre et le iaune de deux
œufs : et voila comme ie me garanti de la
main de l’empoisonneur : et depuis ne voulu
manger des choux, ny autre viande en la-
dicle compagnie.
« Monsieur de Castellan , Médecin ordi¬
naire du Roy, et maistre lean d’Amboise,
Chirurgien ordinaire du Roy, et moy, fus-
mes enuoyez pour ouurir le corps d’vn cer¬
tain personnage qu’on doubloit auoir esté
empoisonné, à cause qu’aiiparauant souper
faisoit bonne chere , ne se ressentant d’au¬
cune douleur. Et tost apres souper disoit
sentir vne grande douleur en l’estomach,
criant qu’il estouffoit, et tout le corps de-
uint iaune et enflé , ne pouuant auoir son
haleine , et haletoit comme vn chien qui a
grandement couru : parcequele diaphragme
(principal instrument de la respiration) ne
pouuant auoir son mouuement naturel , re¬
double incontinent, et fait haster le cours
de la respiration et expiration : puis luy
suruint vertigine, spasme, et défaillance de
cœur, et parconsequent la mort. Or vérita¬
blement le matin on nous présenta le corps
mort, lequel estoit tout enflé , ainsi qu’vn
mouton qu’on a soufflé pour l’escorcher.
Ledict d’Amboise fist la première incision,
et me retiray en arriéré, sçaehant qu’il en
sortiroit vne exhalation puante et cadaue-
reuse, ce qui se feit, dont tous les assistans
à peine la pouuoyent endurer : les intestins,
et generalement toutes les parties intérieu¬
res estoyent fort enflees et remplies d’air :
et ainsi trouuasrnes grande quantité de sang
espandu entre les entrailles, et en la capa¬
cité du thorax, et fut conclu que ledict per¬
sonnage pouuoit auoir esté empoisonné du
poison crapaudin.
» Les remedes contre telle poison ont esté
déclarés cy-deuant, au liure des piqueures et
morsures de lestes veneneuses. »
Il s’agit là du venin du crapaud, et je ne
sais pourquoi Paré n’a pas fait usage de cette
histoire dans ses éditions nouvelles, au lieu
de celle qu’on Ut au chap. 32 du livre des
V enins et qu’il rapporte sur un ouï-dire.
Enfin, après ces deux histoires, nous ren¬
controns un long passage sur les venins bail¬
lez par odeurs et parfums, et qui a été trans¬
porté tout entier à la fin du chap. il du
livre des Fenins actuel. Il n’y a eu d’ajoulé
en 1579 que l’histoire des deux Thériacleurs ,
d’après Mathiolo, et le vœu de Paré que les
DKS RAPPORTS.
de couleur plombine, de fait que lors
que ie les pinçois ou tirpis le poil
rudement, ils n’en sentoient rieni
tellement que tous les assistans les
estimoient estre morts. Mais la dis¬
pute estoit sur la façon de mort ; car
ledit du Hamel disoit iceux auoir esté
estoulfés : autres pensoient qu’ils se
fussent meurdris l’vn l’autre, autres
philosophoient iceux auoir esté sur-
prins d’apoplexie. le deraànday s’ils
auoient point fait du feu de charbon,
à quoy vn chacun me respondant
n’en sçauoir rien , ledit du Hamel
preste l’oreille à ce propos , et s’a-
uança luy mesme de chercher en leur
estude (qui estoit fort petite et bien
close) où il trouua sous la table vne I
grande terrine où il y auoit encore j
quantité de charbon, non du tout
bruslé. Quoy veu , fut de tous conclu
et arreslé que la cause de tel désastre
ne prouenoit d’ailleurs que de la
fumée maligne du charbon ardent,
qui les auoit ainsi assopis etestoutfés.
Parquoy leur ayant posé la main sur
la région du cœur , et tant par la
chaleur qui y resloit encore assez
manifeste que par le petit battement
qui s’y apperceuoit, ayant conneu
iceux estre encore en vie, fut aduisé
de les secourir promptement. Pour à
quoy paruenir, on leur fit par artifice
ouurir la bouche ( qu’ils tenoient fort
close, et les dents serrées) en la¬
quelle, tant avec vue cuiller qu’a-
uec vne syringue, on ietta de l’eau
de vie rectifiée en laquelle on auoit
fait dissoudre de la hiere et théria¬
que , pour la leur faire aualler : lors
iis commencèrent à se mouuoir, et
ietter certains excremens pituiteux
parfumeurs empoisonneurs fussent chassés
hofsdu lioij iuriie de France, et envojés auec
Ict Turcs cl infidèles.
66:î
et visqueux , tant par la bouche que
par le nez ; puis commencèrent à ral-
lér, comme l’on oit choux boüillans
dans vn pot. Adonc on leur fit aual-
1er des medicamens vomitoires, et
bonne quantité d’oxymel, leur bat¬
tant de la main et genoüil assez ru¬
dement sur le dos, vers la derniere
vertebre d’iceluy et première des
lombes, auquel lieu respond l’Orifice
du ventricule se retournant en la
partie postérieure : à fin que tant par
la vertu de ces vomitoires, que par
la cojiuulsion de l’estomac, ils fussent
contraints à rendre gorge : ce qui
aduint, et ietlerent du phlegme vis¬
queux, de couleur iaune , auec sang
spumeux. Pareillement leur fut ietté
auec vn tuyau de plume d’oye de¬
dans le nez, de la poudre d’euphorbe,
à fin de stimuler la vertu expulsiue
du cerueau à se descharger , et par
ce moyen tost après esternuerent ,
et ietterent grande quantité de morue
par le nez : à quoy ils furent encore
d’auantage esmeusparde l’huile de
menthe, tirée par quinte-essence, leur
en estant frotté le palais , voire ius-
qu’à la gorge et gosier , d’vne plume
de laquelle l’empan auoit esté graissé
de quelques gouttes de ladite huile.
Au reste leur fut pourueu par fric¬
tions faites aux bras , cuisses et iam-
bes, et le long de l’espine du dos :
aussi par clysteres acres et forts , par
le moyen desquels se deschargea leur
ventre copieusement : et lors com¬
mencèrent à parler et reuenir à soy,
et à boire, et manger , et retourner à
leur naturel peu à peu : en l’execu¬
tion de toutes lesquelles choses fus-
mesmerueilleusemcnt bien aidés par
lacqucs Giiillemeau , Chirurgien iuré
à Paris*, et maislrc lean de Saint
l * Lo nom de Guillerneau n’a été ajouté Ici
LE VINGT-SEPTIÈME LIVRE
664
Germain, maistro Apolicairc à Paris,
homme de bien et secoiirable des
malades. Sur l’aprés-disnée furent
appelés Monsieur Thibault, et Mon¬
sieur Hautin, Docteurs llegens en la
faculté de Medecine (hommes doctes,
tant en la Medecine qu’en la Chirur¬
gie) pour consulter auec nous de ce
qui restoit’ à faire : lesquels ayans
de point en point approuué tout ce
que nous auions fait , furent d’aduis
auec nous de leur pouruoir quant au
reste , par cardiaques restauratifs et
confortatifs d’esprits , pour suruenir
aux parties tant vitales qu’animales
manifestement offensées.
Le reste de la consultation fut con¬
sommé sur la recherche de la cause
d’vn tel effect : car que les hommes
puissent estouffer de la fumée de
charbon allumé , ce n’est chose fort
uouuelle , alleguans auoir leu dans
Fulgose, liure 9. chap. 12, Volaterran
liure 23, dans Egnatius, que louian
Empereur se hastant pour aller à
Rome, en temps d’hyuer , se sentant
las et trauaillé du chemin , s’arresta
pour loger en vne petite bourgade,
nommée Dadastanes , qui est entre
Galatie et Bithynie,où il coucha en
vne chambre nouuellement bastie et
enduite de chaux, où l’on auoit fait
brusler force charbon pour seicher
ladite chambre : fut sur la minuict
estouffé de la vapeur dudit charbon ,
le huitième mois de son Empire ,
qui estoit le trentième de son aage,
et le vingtième iour d’Aoust.
Mais icy ne nous faut tant soucier
de la preuue des anciens, attendu
que de recente mémoire, en la maison
de lean de Begine, maistre Orféure à
Paris, demeurant sous la tournée du
qu’en 1579 , bien que l’histoire ait paru en
1575.
pont au Change, moururent trois de
ses seruiteurs, pour auoir fait du feu
de charbon en vne petite chambre
où il n’y auoit point de cheminée ; et
qui en voudroit faire recherche , on
trouueroit grand nombre de telles
histoires.
Quant aux causes, celles cy furent
mises en auant. Aucuns estimèrent
tel accident se faire seulement parla
vapeur du charbon allumé , laquelle
enclose en vn lieu non ventilé, donne
à celuy qui la reçoit tels ou presque
semblables accidens comme fait la
vapeur du vin nouueau, sçauoir dou¬
leur de teste et vertiginosilés. Car ces
deux vapeurs ont puissance de bien
tost remplir l’origine des nerfs , et
faire grandes conuulsions , parce
qu’elles sont chaudes et de substance
espaisse. Et partant Hippocrates, par¬
lant des accidensquiprouiennent de la
vapeur de vin, a hardiment prononcé
ces mots : Siebrius quispiain derepentc
obmutnerit, conuulsus moritur, nisi
febre corripiatur, aut nisi vocem recu-
peret tune cum crapulœ soluuntur^.
Si quelqu’vu ayant fort beu , iusques
à s'estre enyuré, perd la parole à
coup et soudainement ; si la fiéure
ne luy suruient, ou s’il ne recouure
la parole à l’heure qu'il peut et doit
auoir cuué, dormi, et digéré son vin,
il meurt par commision 2. Autant
en peut on dire de la vapeur du
charbon occupant le cerneau de ces
deux malades, lesquels soudainement
faits muets , immobiles et insensibles
comme yurongnes , fussent morts , si
par remedes chauds mis en syringues
par la bouche et le nez , on n’eust
atténué l’espalsseur do la vapeur, et
‘ Aphor, 5. — A. P.
* Cette traduction de l’aphorisme a été
ajoutée en 1579.
DES RAPPORTS.
665
excité la faculté expultrice pour iet-
ter hors ce qui luy nuisoit. Et com¬
bien qu’il semble de prime face , que
par l’inspiration de la vapeur mali¬
gne le poulmon soit blessé plus que
toutes autres parties , toutes fois que
le plus grand mal qui en aduient aux
poulmons en ce cas cy venoit prin¬
cipalement pour la connexion et mu¬
tuelle amitié et accord qu’il a auec le
cerueau, lequel estoit grandement
offensé : car ces deux malades tout
subit furent faits muets, priués de
sens et de mouuement, chose qui ad¬
uient au malade quand la première
origine des nerfs est occupée de quel¬
que matière estrange que ce soit, et
non pas quand les poulmons sont of¬
fensés. Et tout ainsi que les apoplec¬
tiques ne meurent sinon que par
faute de respirer , combien que le
poulmon en soy ne soit offensé : ainsi
de ceste maladie ces deux malades
fussent morts faute de respirer, non
pour vice du poulmon , mais pour le
cerueau et nerfs blessés, qui donnent
à tout le corps mouuement et senti¬
ment, et principalement aux inslru-
mens de la respiration.
Lesautresestimoientquetellechose
pouuoit aduenir , non du vice du cer¬
ueau, mais par defaut de l’esprit vital,
lequel n’estant plus porté du cœur au
cerueau, à cause des conduits du
poulmon bouchés, ne pouuoit plus
fournir de matière à l’esprit animal.
Parquoy,disoienl-iIs, ces ieunes hom¬
mes mouroient suffoqués par faute
de respiration , sans laquelle la vie
est nulle : car outre ce , qu’en tel cas
le cœur ne se pouuoit descharger des
excremens fuligineux, le poulmon
restant bouché de ceste crasse et
espaisse fumée de charbon , l’inspira¬
tion ne sefaisüit bonnement , de tant
qu’elle se fait d’air ambiens, qui pour
faire ce qui est requis, sçauoir est,
temperer l’ardeur du cœur, doit auoir
quatre conditions : la première , qu’il
soit attiré en competente quantité ,
la seconde , qu’il soit frais de qualité,
la tierce , qu’il soit de consistence té¬
nue et subtile , la quarte, qu’il soit de
substance douce et benigne.Or toutes
ces quatreconditionsdefailloient pour
lors à l’air qui estoit attiré par ces
deux ieunes hommes : car première¬
ment il n’estoit en quantité compe¬
tente, de tant qu’en ceste petite
estude , si peu qu’il y en auoit, estoit
deuoré par le feudecharbon allumé,
comme celtiy d’vne ventouse par la
chandelle flamboyante : secondement,
il n’ostoit frais de sa qualité, ains
eschauffé et comme ignifié par l’ar¬
deur du feu allumé ; tiercement , il
n’estoit de consistence ténue, ains
crasse et espaisse, espaissi par le mes-
langeetpermixtion des vapeurs gros¬
sières du charbon : car telle est la
nature de l’air et de tous autres corps
ténus de leur nature, d’estre aisément
altérés , et receuoir promptement la
forme de tous corps qui les abordent :
quartement, il n'estoit de substance
douce et benigne, ains maligne, à
cause que le charbon est fait de bois
allumé en vne fosse en terre, et
estouffé , estant esteint en sa fumée
mesme, comme entendent ceux qui
ont hanté les charbonnières.
Or toulesfois , pour conclure quel¬
que chose sus ces opinions qui sem¬
blent aucunement differentes, tous
deux auoient raisons perlinenles de
se maintenir en leur aduis. Car pour
le moins il est tout euident que les
conduits qui sont communs des par¬
ties pectorales au cerueau , esloient
bouchés de la crassitie et espaisseur
de telle vapeur charbonnière, dont
aduenoit que les vnes et les autres
LR VINGT-SEPTIEME LIVRE ,
666
parties estoient mal affectées : comme
ainsi soit que telles parties , ni autres
quelconques de nostre corps, ne
puissent demeurer en leur intégrité
sans l’aide de l’autre , pour la grande
colligance et intelligence qu’a tout le
corps en soy et en ses parties. Parquoy
les arteres carotides et ventricules du
cerueau , et bronchies du poulmon
estans ainsi estoupées, et l’entrée au
cerneau estoit deniée à l’esprit vital ,
et l’issue à l’esprit animal , dont s’en-
suiuit le defaut de toutes les facultés
necessaires à la vie.
Rapport des filles, si elles sont vierges ou non i.
Or quant à faire rapport si vne fille
est pucelle ou non, cela est fort diffi-
‘ Cet article est une addition de 1579.
Laurent Joubert a agité fort longuement
cette question dans son traité des Erreurs
populaires, publié à Bordeaux en 1570, liv. V,
chap. 4, s’il y a certaine cognoissance du pu-
cellage d'vne fille , et il conclut par la néga¬
tive comme Paré. Je renverrai à l’ouvrage
même ceux qui voudront suivre cette dis¬
cussion; mais il ne sera pas sans intérêt,
puisqu’il s’agit ici de Rapports, de repro¬
duire trois rapports sur ce sujet qu’il nous
a conservés. Le premier est fait par des ma¬
trones béarnaises.
Nous louanne del Mon, et louanneVerguire,
et Beatrix Laurade, de la parroquie d’Espoire
en Bearn, matrones et tneyroulieres , inlerro-
gades et esprouuades. Certifican à tous et à
toutes que appartiendro , que par ordonnance
de iusiice , et commandement du haut Magis¬
trat, monsieur loti iiige del dit loc d’ Espéré, que
lou quinziéme iour del mes de May , l’an mil
cinq cens quarante cinq, nous matrones susdit-
tes , aiten trouuade, vhitade et reguardade Ma¬
riette de Garigues, de l’aage de quinze ans ou
enuiron, sus asso, que ladite Mariette disie ,
que ero forsade, desflorade, et deptiiselade.
De là ou nous meyroitlieres siidittes, aiien tout
visitât et regardai, dam très candelous alucats,
toucat dab las mas, et espiat dablous oueils, et
elle : loulosfois les matrones tiennent
pour chose asseurée qu’elles le peu-
uent connoistre, parce qu’elles disent
trouuervne ruption d’vne taye, qui
se rompt au premier combat veneri-
que. Mais i’ay icy deuant monstré au
liure de la Generalion ^ chap. 50. que
de vingt mille femmes on ne trouue
ceste taye. Partant nos matrones ne
doiuent estre creuës pour leur impé¬
ritie : la preuue gist en l’experience,
et à la grandeur ou angustie du col
de la matrice : mais elles y peuuent
estre bien deceuës et trompées. Car
selon la grandeu r du corps et de l’aage
de la fille, Pouuerture sera plus
grande ou plus petite ; parce que vne
grande fille doit auoir son ouuerture
plus grande qu’vne petite. Car toutes
arreuirai dab loits digts. Et auen trouuat, que
non eron pas. Ion 1 broquadés podads , ny lou
2 haillon delougat ,ny la Z barbole abaissade ,
ny 4 l’entrepé ridât, ny lou 5 rejjironvbert,ny lou
6 gingibert ftndut,ny lou 7 pepillon recoquillat,
ny la 8 dame dau miech rélirade, ny lotis très
9 desuiadés , ny lou 1 0 vilipendis pelai , ny lou
1 1 guilleuard alargat, nylail barreuidau des-
uiade, ny foz 13 bertrand rornput, ny lou 14
bipendix aucunement escorgeat. Lou lou nous
matrones et rneyroulieres sudittes ainsi disen
per nostre rapport, etiugement adrect.
« Voila, dit Joubert , quatorze notes qui
signifient le pucellage, selon les Bearnoises.
Voyons maintenant la déposition des Pari¬
siennes, qui font leur rapport d’vne qui es¬
toit defloree. »
Nous Marion Teste, lane de Meaux , îane
de la Giiigans, et Magdaleine de la Lippue,
matrones itirees de la ville de Paris , certifions
à tous qu’il appartiendra , que le quatorzième
iour de Juin , mil cinq cens trente deux, pur
l’ordonnance de monsieur le Preuost de Paris,
ou son lieutenant en ladite ville, nous sommes
transportées en la rue de Rrepaut , ou pend
pour enseigne la jmniouflle , ou nous ations veue
et visitée Ueuriette Peliciere,ieune fille, aagee
de quinze ans , ou enuiron, sur la plainte par
DES HAPPORTS.
les parties de nostre corps se doiuent 1
rapporter les vnes aux autres : vue
aagéedequinze ansl’aura plus grande
que celle de douze.
loubert escrit qu’à la ville de Lec-
toure en Gascongne, vne fille enfanta
à neuf ans, et est encore viuante,
nommée lanne du Perie , qui fut ma¬
riée à Videau Beche , en son viuant
Receueur des amendes pour le Roy
deNauarre audit lieu : qui est argu¬
ment qu’aucunes filles sont plus aptes
à auoir la compagnie de Thomme à
neuf ans qu’autres à quinze, à raison
qu’elles ont leur ouuerture plus am¬
ple. Aussi celle quiaura mis quelques-
fois son doigt bien profondément au
col de sa matrice pour quelque pru- ]
rit qu’elle y auroit , ou y auroit mis
elle faite à iustice contre Simon le Bragard,
duquel elle a dit auoir esté forcée et defloree,
El le tout veu et visité au doigt et à l’oeil, nous
trouuons qu’elle a les 1 barres froissées, le 2
haleron demis, la ^ dame du milieu retirée, le
4 ponnantdebiffé, lesà toutons deuoyez, 6 l'en-
chenart retourné, la 7 babolle abbatue, 8 Ven-
trepent riddé, 9 V arriéré fosse ouverte, le 10
guilboquel fendu, le 11 lippon recoquillé, le 12
barbidaut tout escarché, et tout le 13 lipandis
pelé, le guilleuard eslargi, les 15 balunaus
pendans. Et le tout veu et visité fueillet par
fueillet, avons trouvé qu’il y auoii trace de vit.
Et ainsi nous dûtes matrones certifions estre
vray , à vous monsieur le Preuosl, au serment
qu’auons à ladite ville.
« En voila quinze de bon conte, poursuit
Joubert, qui respondeiit assez bien aux qua¬
torze signes des Bearnoises , sauf le dernier
Balunaus, qui n’a son respondant que ie
sçache. » Et enfin il ajoute la déposition des
matrones de Carcassonne i
Nous autras Guillaumine et lano iuradas
de la ville basse de Carcassonne, pressas d’of-
flciper monsieur l’official del dit Carcassonne,
per visitar Margarite d’ Astorguin, .si elle ero
defloradq et desuerginado , disen et attesten à
tonj aquels qt ^quelles que aquestqs leitlras
667
quelque pessaire ou nodulus, à cause
de la rétention de ses mois ou autre
disposition , et que par ce moyen son
ouuerture lui fust trouuéeplus granr
de , seroit-elle pour cela moins pu-
celle? nenny : parce qu’il n’y aura
différence entre y auoir mis vn pes¬
saire , ou le doigt , ou autre chose de
la grosseur de la verge virile , qui
puisse remarquer ces différences :
parquoy il me semble qu’on ne peut
à la vérité iuger du pucelage (Pvne
fille.
D’auantage les matrones ny Chi¬
rurgiens ne peuuent iuger vne fille
n’ estre pucelle , à laquelle on trou-
uera auoir du laict aux mammelles ;
Car Hippocrates dit qu’vue femelle
sans estre grosse, ou auoir enfanté,
veyran et legiran , que lou iour de huey , nous
lien transportadas en la maison de ladite
d’ Astorguin, et Pauen tromado calcado sur
vn lieck, et apres auer fach alluear très can-
delas de cero , l’auen regardado en lous yols„
palpado et toeado en lous digts. Auen trouât
que l’os Bertrand és rompulel fendut,la donna
del miech es reuirado , lous très pets deuiadés,
lou quinqueral tout esquinsat ,• lous întrans et
pindourlets tous escoussendus , lous bons dal,s
constats pla maserats , lous pels de dessus tous
recoquillats. Per so disen, que ladite Margua-
rite, per y auer estalpassat lou bout del mescle,
es ben deflorade et desuerginade. A tal disen
et attesten.
On voit combien le langage vulgaire était
riche à cette époque, et je doute que la lan¬
gue française de nos jours pût traduire exac¬
tement ces Rapports sans recourir aux ter¬
mes scientifiques. Mais je l’avoue , malgré
le secours de Joubert, malgré les glossaires
de Rabelais et autres, je n’ai pas même pu
comprendre en son entier le rapport fran¬
çais. J’ai donné ici ces trois pièces comme
specimen de la médecine légale de l’époque,
et pour qu’on puisse mieux juger le point de
départ où Paré la trouva.
068 LE VINGT-SEPTIEME LIVRE,
peut auoir du laict , si sa purgation 1
naturelle est empeschée ‘.Sur le com¬
mentaire de cest Aphorisme , Galien
dit, pource que les glandules des
mammelles estans exangues, conuer-
tissent le sang menstruel qui y re¬
gorge en humeur semblable à elles
en couleur, par leur verlulacliflante.
Semblablement Aristotedit^ quel’on
voit à quelques hommes du laict aux
mammelles, qu’on peut succer et es-
pandre.
Cardan dit auoir veu à Venise ^ vn
nommé Anthoine Busse , aagé de
trente ans , lequel auoit du laict en
ses mammelles assez suffisamment
pour nourrir vn enfant , et ne couloit
pas seulement, mais le faisoit rayer ,
ainsi que fait vne nourrice de ses
mammelles. Ces choses considérées ,
il me semble qu’on ne peut véritable¬
ment iuger du pucelage d'vne fille :
partant les Magistrats y doiuent bien
aduiser , et plus encore les Médecins
et Chirurgiens à ce députés : dont s’il
y a faute , le tout en est plus sur eux
qui en ont mal rapporté, qu’aux luges
qui en donnent sentence.
Rapport de l’impuissance , tant de l’homme que
de la femme
Souuent il se fait des procès pour
‘ ^ph. 39., lia. 6. — A. P.
2 Lia. i , histoire des' Animaux, chap. 20.
— A. P.
3 Lia. 12, de Subtilitate. — A. P.
4 Cet article se lit pour la première fois
dans l’édition posthume de 1598 ; il y a ce¬
pendant quelque probabilité qu’il avait été
écrit bien auparavant. J’ai noté à la fin du
chap. 45 du livre de la génération , tome II ,
page 739, qu’en 1579 Paré avait annoncé à
la table un chapitre sur ce sujet qu’on ne
trouve pas dans le texte. Il me paraît assez
vraisemblable qu’il s’agissait de l’article ac¬
tuel , que Paré n’osa publier de son vivant ,
peut-être de peur d’indisposer les magistrats.
séparer les mariages , parce que la
femme tient que son mary est impuis¬
sant, ne faisant pas la bcspngne de
la maison : l’homme dit qu’il ne tient
à luy , et que sa femme n’est pas as¬
sez percée , en sorte qu’il ne peut en¬
trer au cabinet priué , et partant le
defaut ne procédé pas de son impuis¬
sance.
Là dessus les luges ordonnent vi¬
sitation estre faite tant de l’vne que
de l’autre des parties, par Médecins ,
Chirurgiens, Matrones, Prestres de
rOffîcialité. Après auoir veu et dili¬
gemment visité leurs parties dediées
à génération , et si on leur trouue dé¬
fectuosité en leurs dimensions ; à sça-
uoir, en largeur, longueur, gros¬
seur , profondité et situation : et si on
trouue lesdites parties en leur inté¬
grité , le rapport en sera fait à’ mes¬
sieurs de la lustice, lesquels pour
estre mieux asseurés , ordonnent de
rechef que lesdits mariés coucheront
ensemble en la presence desdits Mé¬
decins et autres cy dessus nommés,
pour sçauoir s’ils pourront accomplir
le ieu de Venus.
Or il me semble que telle espreuue
n’est bien asseurée , et que ledit ieu
ne se peut pas accomplir en la pre¬
sence de tant de gens que l’on craint,
et auec vne femme que l’on n’aime
point. Joint que telle action ne dé¬
pend ny denostre esprit, ny de nostre
corps, ny de volonté; de sorte que
les parties destinées à telle action
n’obeissent à nostre volonté comme
les autres membres. Car quelque as-
seurance que tout homme se puisse
promettre, si confessera-il qu’il n’est
en sa puissance de se faire paroistre
capable du mariage enlapre.sence de
tant de compagnie , et , comme i’ay
dit, auec vne femme que l’on n’aime
point, pour le different qu’ils ont en-
DES RAPPORTS.
semble : veu pareillement que telles
actions requièrent d’elles mesmcsvne
asseurance et vn secret , et vne ami¬
tié entre l’homme et la femme. Par-
quoy cela dépend de la conscience de
la femme plustost que de la proba¬
tion du congrès, pour les raisons allé¬
guées*
Exemple d’vn rapport d’vn lepreux confirmé i.
Nous Chirurgiens iurés à Paris, par
l’ordonnance de Monsieur le Procu¬
reur du Iloy de Chastelet , donnée le
■vingt huitième iour d’Aoustmil cinq
^cens quatre vingts et trois , par la¬
quelle auons esté nommés pour faire
rapport, sçauoir si G. P. est lepreux :
partant l’avons examiné comme s’en¬
suit. Premièrement auons trouué la
couleur de son visage couperosée,
blaffarde et liuide , et pleine de sa¬
phirs : aussi auons tiré et arraché de
ses cheueux , et du poil de sa barbe
et sourcils , et auons veu qu’à la ra¬
cine du poil estoit attachée quelque I
petite portion de chair. Es sourcils et
derrière les oreilles auons trouué des
petites tubercules glanduleuses : le
front ridé, son regard fixe et immo¬
bile, ses yeux rouges, estincelans, les
nai’ines larges par dehors et estroit-
tes par dedans , quasi bouchées auec
petites vlceres crousteuses; la langue
enflée et noire, et au dessus et au
dessous auons trouué petits grains,
comme on voit aux pourceaux la-
1 Ce rapport et celui qui vient ensuite
sont des additions de 1585.
669
dres : les genciues corrodées, et les
dents descharnées, et son haleine fort
puante, ayant la voix enroüée, par¬
lant du nez. Aussi l’auons veu nud ,
et auons trouué tout son cuir crespy
et inégal, comme celui d’vne oye
maigre plumée , et en certains lieux
plusieurs dartres. D’auantage nous
l’auons piqué assez profondément
d’vne aiguille au tendon du talon ,
sans l’auoir à peine senti. Par ces si¬
gnes tant vniuoques qu’equiuoques,
disons que ledit G. P, est ladre con¬
firmé. Parquoy sera bon qu’il soit
séparé de la compagnie des sains,
d’autant que ce mal est contagieux.
Le tout certifions estre vray, tes-
moings nos seings manuels cy mis le
sixième May mil cinq cens quatre
vingts et trois.
Autre rapport d’vn souspçonné lepreux.
Nous sous-signés Chirurgiens iurés
à Paris, par le commandement de nos
seigneurs de la Cour de Parlement,
certifions auoir veu et visilé diligem¬
ment, par toutes les parties du corps
maistre lacques, etc., pour faire rap¬
port sur la disposition et santé de son
corps ; sçauoir principalement s’il y a
en luy aucun souspçon, signe tant
vniuoque que equiuoque, de la mala¬
die appellée vulgairement ladrerie :
lequel auons trouué en couleur de
tout le corps, grosseur, charactere,
et actions, pur et net de ladite mala¬
die. Fait sous nos seings, le vingt qua¬
trième Aoust mil cinq cens octante
trois.
DE LA FAÇO^ D’EMBAVMER LES CORPS MORTS.
ray bien voulu adiouster à cest
OEuure ce petit enseignement d’em¬
baumer les corps morts , pour le ieune
Chirurgien , à fln qu’il fust accompli
de tout ce qui est à faire enuiron le
corps humain, tant vif que morte
Car bien à peine s’est-il trouué nation,
tant barbare fust elle , qui n’ait eu
soin «d’embaumer les corps, non pas
mesme les Scythes, qui semblent en
barbarie auoir surpassé le reste des
hommes. Car iceux, comme raconte
Hérodote liure quatrième de son His¬
toire, n’enterrent point le corps de
leur Roy , que premièrement ils ne
rayent mis en cire , après auoir curé
le ventre et nettoyé , puis rempli de
cyprès concassé, d’encens, de graine
de persil, et d’anis, et en après re¬
cousu. De ceste mesme chose les
Ethiopiens se sont monstrés curieux,
faisans leurs sépultures de verre en
ceste sorte : après qu’ils auoient
H^idé et descharnè les corps de leurs
amis defuncls , ils les accouslroient
et liçoient de piastre , sur lequel ils
■iettoient après vne peinture qui ap-
prôchoit le vif tant qu’il leur esloit
^possible. Et ce fait , ils enfermoient
Ife corps ainsi peint et plastré dans
vne colonne de verre creux : le corps
1 Tout ce qu’on va lire jusqu’au paragra¬
phe, O)' pour embaumer, etc., a été depuis
répété à satiété par Paré dans son Discours
de la Mumie et dans la Préface de ce Dis¬
cours, voyez ci-devant pag. 470 et 47G;inais
du moins en retrouvons-nous ici la première
origine en i575.
ainsi enchâssé paroissoit au traders le
verre, sans rendre mauuaise odeur, et
sans desagrecr aucunement , encores
qu’on n’y conneust qu’vne peinture
morte. Les plus proches parens le
gardoient chez eux l’espace d’vn an,
en luy faisant offrandes et sacrifices,
et au bout de l’an le transportoient
et alloient planter ès enuirons de la
ville , comme escrit Hérodote liure
troisième.
Mais ce soin et curiosité est entré
plus auant dans le cœur des Egyp¬
tiens, que d’aucune autre nation L
Dont ils ont mérité grande loüange,
s’estant montrés tant affectionnés à là
mémoire de leurs peres, que pour
la conseruation d’icelle ils estoient
coustumiers d’embaumer les corps
entiers d’iceux en vaisseaux de verre,
diaphanes et transparahs, et les met¬
tre en lieu le plushonnorableet emi-
nent de leurs maisons, pour en auoir
la mémoire tousiours représentée dé¬
liant les yeux, et leurseruir d’aiguil¬
lon et Stimule domestique, pour en-
suiure et imiter les bonnes parties et
vertus d’iceux, à fin de ne degenerer
et focligner de leur naturel et bonne
inclination. Et d’auantage seruoient
iceux corps ainsi embaumés de sou-
uerains gages et asseurance de leur
foy ; si bien que s’il estoit aduenu
qu’aucun Egyptien eust affaire de
quelque grosse somme d’argent, il ne
failloit point de la trouuer à emprun-
‘ Tout le reste de ce paragraphe a été
ajouté en 1579.
DE LA FAÇON D EMBAVMEll LES CORPS MOUTS. Gyi
ter vers ses voisins , sur le gage d’vn
corps del’vn de ses ayeulx : se tenans
tous asseurés les créditeurs , que
moyennant tel gage le debiteur man-
queroit plustost de vie que de foy ,
tant ils auoient à cœur de retirer tel
gage. Et si la fortune faisoit, et le
malheur fust si grand, qu’aucun s’ou-^
bliast de tant en ses nécessités que de
ne vouloir ou sçauoir trouuer moyen
de retirer son gage , il tomboit en tel
deshonneur et infamie , qu’il n’eust
pas esté bon à manger aux chiens, et
ne se fust osé monstrer en public : car
on luy faisoit la huée , comme l’on
fa t à vn loup ou chien enragé , et de
liberté tomboit en ignominieuse ser ■
uitude, comme ayant desauoüé et
renoncé sa race et origine. Ce qui est
tesmoigné par Claude Paradin , en la
Préfacé du liure qu’il a fait des Al¬
liances généalogiques des Roys et Prin¬
ces de Gaule.
D’auantage comme escril Hérodote,
iceux Egyptiens reconnoissans cesle
vie estre de peu de durée, au regard
de celle que nous auons à viure après
la séparation du corps d’auec l’ame,
estoient fort negligebs à bastir mai¬
sons pour eux loger, mais au reste si
magnifiques à édifier Pyramides, des¬
quelles ils se voulaient seruir pour
leurs sépultures , que pour le basli-
ment d’Vno qui fut entreprise par
Cheopésl’vn de leurs Roys, trauail-
loiént cent mille hommes l’espace de
chacun trois mois par le temps de
vingt ans : laquelle auoit de profon¬
deur cinq stades , et estant de forme
qüarrée, auoit en chacun front huit
cens pieds de large, et autant de haut, •
estant chacune pierre le plus ordinai¬
rement de trente pieds, fort bien ou-
urée , comme raconte Hérodote li¬
ure 2. Or deuantqu’enfermerles corps
dans ces tant superbes sepulchres, ils
lesportoient auec pompe magnifique
vers les salleurs et embaumeurs , qui
estoient offices bien salariés du peu¬
ple. Ils rembaumoient de drogues
aromatiques, puis ils cousoient les
incisions et refermoient le tout ; cela
fait , ils salloient tres-bien le corps ,
et couuroient le salloir iusques à
soixante et dix iours : lesquels reuo-
luSi ils retournoient prendre le corps,
lequel laué et nettoyé , le lioient de
bandes faites d’vn drap de soye,
collées auec certaine gomme ; alors
les parens reprenoient le corps , et
luy faisoient faire vn estuy de bois
moullé en effigie d’homme, dans
lequel ils l’estuyoient ; et voila com¬
ment ils embaumoient les riches. De
ceste mesme curiosité nos François es-
meus et incités, font pour la plus part
embaumer les corps des Roys et
grands Seigneurs ; Ce que chrestien-
nemeut, comme toute autre chose, ils
ont euidemment tiré tant du nou-
ueau que du vieil Testament , et fa¬
çon ancienne de faire des luifs : car
il est dit au nouueau Testament ‘ ,
quelosepb acheta vn linceul, et que
Nicodeme apporta vne mixtion de
myrrhe et d’aloés, iusqU’au poids en-
uiron de cent liures, de laquelle auec
autres odeurs aromatiques ils em¬
baumèrent et enseuelirent le corps
de Iesvs Christ (comme la coustume
des luifs estoil d’enseuelir leurs morts
embaumés , qui estoit signe de ceste
incorruption qu’ils esperoient en la
résurrection des Morts) ce que mesme
depuis eux voulurent faire les Maries.
Ce qu’ils auoient appris de leurs peres
anciens : car loseph au vieilTestament
commanda à ses Médecins d’embau¬
mer son porc
i S. lean , 20. 39. — A. P.
* Genes. 50. 2. -- A. P.
LE VINGT-SEPTIEME LIVRE ,
Or pour bien embaumer vn corps ,
premièrement il faut vuider tous b s
entrailles et viscères : reseruant le
cœur parliculierement , à lin de 1 em¬
baumer et mettre à part , ainsi qu il
sera aduisé par les amis du defunct
il faudra pareillement vuider le cer¬
neau , après auoir coupé le crâne ,
ainsi qu’on fait és dissections et ana¬
tomies. Ce fait, il faut faire des inci¬
sions profondes et longues és bras , !
dos, fesses, cuisses, iambes, et princi¬
palement à l’endroit des grandes vei¬
nes et arteres, à fin d’en faire sortir le
sang qui se corromproit , et pareille¬
ment aussi d’y plonger des'poudres ;
cela fait, il faut exactement lauer tout
le corps auec vne esponge imbue d’eau
de vie et fort vinaigre, dans lequel
auront boüilli absinthe, aloé, pom¬
mes de coloquintes, et sel commun et
alum : en après faudra remplir lesdites
incisions et toutes les ouuertures, et
les trois ventres, des choses qui s’en-
suiuent, assez grossement puluerisées.
Tf,, Put. rosat. camomil. melil. balsanii ,
menthæ, anelh. saiuiæ, lauand. roris.
raaior. thymi, absinlh. cyperi, calam.
aromat. gent. ireos Flor. assæ odoratæ ,
caryophyl. nue. mosc. cinamo. storac.
calam. benioin, myrrhæ, aloës, sandal.
omnium. -
En après les incisions seront cou¬
sues : puis faut oindre tout le corps
de terebenthine liquéfiée auec huile
de camomille et de rose, y adioustant,
si bon semble, huiles aromatiques,
tirées par quinte-essence : puis au
reste sera en tout saupoudré auec
portion des poudres dessus dites ; en
fin sera enueloppé d’vn linceul, et
après de toile cirée, et pour fin de
tout l’appareil , sera mis en un cer¬
cueil de plomb bien ioint et soudé,
rempli de bonnes herbes aromatiques
seiches. Et si le Chirurgien estoit en
quelque lieu où il ne peust recouurir
les susdites poudres, comme en quel¬
que place assiégée , il se contentera
des suiuantes.
:if. Calcis ext. ciner. communis aul querc.
Au reste, le corps estant en tout et
par tout laué de vinaigre, ou de lexiue
en lieu de vinaigre, telles choses cpn-
serueront le corps vne bonne espace
de temps , pourueu que ne soit en
temps de grande chaleur , et qu’il ne
soit situé en lieu chaud et humide : ce
quei’ay fait quelquesfois.
Qui est cause qu’à présent les Roys,
Princes, et grands Seigneurs n’estans
bien embaumés, etvuidés, etlaues
d’eau de vie et de vinaigre , et sau¬
poudrés de choses grandement aro¬
matiques , neantmoins tout cela , en
cinq ou six iours, plus ou moins, sen¬
tent si mal qu’orî ne peut endurer
estre au lieu où ils sont, et est-on con¬
traint les enfermer en plomb. Cela
adulent par ce qu’ils ne sont longue¬
ment gardés en saumure auec les¬
dites choses aromatiques, comme an¬
ciennement on faisoit, et aussi par la
grande multitude de gens qui entrent
pour les voir, et le grand nombre de
torches et luminaires estans iour et
nuit : cela eschauffe si fort l’air , que
le corps n’ayant esté imbu de choses
qui gardent la pourriture , cela fait
qu’en peu de iours se corrompent et
pourrissent, et de leur pourriture s’es-
leue vne vapeur puante et cadaue-
reuse , qui offense grandement ceux
qui la sentent *.
Parquoy ma façon de bien et deuë-
ment embaumer et garder les corps
‘ Ce paragraphe a été ajouté en 1579 ; en
1575 le suivant commençait tout simple¬
ment : Or ma façon, etc.
DE LA. FAÇON D EMBAYMER LES «CORPS MORTS. G73
morts fort long-temps, c’est qu’aprés
les auoir vnidés comme dessus, il l 's
conuient poser en vn vaisseau de bois
bien ioint, rempli de fort vinaigre au
quel on aura fait boüillir sel et herbes
aromatiqueset ameres, commealuine,
rue , aloës , coloquinte : puis adious-
ter eau de vie deux ou trois quartes ,
et laisser tremper les corps en ceste
misture l’espace de vingt iours : après
les faut mettre debout , et les laisser
en lieu sec et non humide. Le vinaigre
garde de pourriture, d’autant qu’il
est froid et sec , qui sont deux choses
répugnantes à putréfaction : ce que
l’experience monstre. Car en iceluy
on garde les herbes , fleurs , fruits, et
autres choses sans qu’elles se pour¬
rissent. le proteste auoir vn corps ,
lequel me fut donné par le Lieute¬
nant Criminel , après auoir esté exé¬
cuté , il y a 25. ans et plus que i’a-
natomisay , et leuay presque tous les
muscles du corps de la partie dextre
( à fin que lors queie veux faire quel¬
que incision , voyant les parties de
recente mémoire, que ie sois plus as-
seuré en mes œuures ) la partie se-
nestre laissée en son entier : toutes-
fois à fin de le mieux conseruer, ie le
piquay d’vn poinçon en plusieurs en¬
droits, à fin que la liqueur penetrast
au profond des muscles et autres
parties : et voit- on encore entiers les
poumons , cœur, diaphragme , esto-
1 Celle histoire a été également rapportée au
livre de la Mumle; et comme je n’en sa¬
vais pas la première origine , j’avais pré¬
sumé que celte préparation avait dû être
faite vers 1557. Comme le texte auquel celte
note se rapporte a paru en 1575, c’est donc
avant 1550 que Paré avait préparé son ca¬
davre , et probablement à l’époque où il dis¬
séquait avec Thierry de Héry pour les le¬
çons de la Faculté de médecine.
mach , râtelle , reins , el semblable¬
ment le poil de la barbe , de la leste,
et d’autres parties , voire les ongles ,
lesquels i’ay apperceus euidemraent
croistre , après les auoir par diuerses
fois rongnés C
Par ces miracles en la nature ( tels
osé-ie les appeler, puis que les corps
priués de leur ame et substance , qui
est le sang , poussent encor leurs ex-
cremens, à sçauoir le poil et les on¬
gles ) ayant fini mon œuure , i’ay eu
aussi esgard à l’ordre tenu en la
poursuite d’iceluy. Car ayant déclaré
ce qui estoit necessaire pour la con-
seruation de ce corps estant en vie,
et pour le remettre en vigueur , y
ayant quelque alteration : c’estoit
bien raison aussi que la fin de ce Dis¬
cours fust du corps mort , et des
moyens de le conseruer en son en¬
tier sans pourriture , et sans y em¬
ployer des frais si exorbitans que
faisoienl iadisles Roys (par trop scru¬
puleux) d’Egypte, qui employ oient
toutes les drogues aromatiques que
l’Orient produit , pour embaumer
leurs corps : et dressoient des basti-
* L’édition de 1575 ajoutait ici : «Za fi¬
gure duquel l’est encore ceste fois representee
tant du deuant que du derrière. L’explication
des lettres ont esté déclarées cy deuant en l’A¬
natomie. » On voyait en effet à la suite une
figure intitulée : Figure d’vn corps analomisé
el embaumé il y a vingt-cinq ans et plus, sans
sentir aucune feleur.
C’était un sujet debout , couvert de la
peau du côté gauche, les muscles disséqués
du côté droit, et du reste la même figure
qu’il avait employée dans son anatomie pour
la démonstration des muscles; ce qui fait
douter que vraiment ce fût là le dessin de
son cadavre. Au reste , cette figure fut effa¬
cée en 1579, et le livre complété par le long
article que j’ai reproduit.
MI.
43
LK VlüfGT-BBPTIlSMfi LIVHIÎ
mens admirables pour leur seruir de
sépulture
Ayant doncconduit mon œuiire ius-
qu’à la fin et période , et en iceluy
(par la grâce de Dieu) tout ce que
i’ay pu ramasser, tant des anciens qui
ont sceu vrayement la chirurgie, que
des médecins, hommes expérimentés,
et de ce que moy-mesme en ay pra¬
tiqué : ie prieray tout lecteur bening,
candide et de bon naturel, de s'arres-
ter plus à ma bonne intention que
aux fautes qu’il pourroit trouuer en
mon liure. Car estant homme, comme
ie suis, il est aussi impossible que ie
ne sois suiet à faillir, n’y ayant rien
de parfait parmy l’imperfection des
choses de ceste masse terrestre. Et ie
proteste que ie n’ay rien fait, ny pour
desplaire, ny pour paroistre plus ha-
i Là se termine le livre dans l’édition de
ISSSetdans toutes celles qui ont suivi depuis.
Mais en 1579, Paré complétait son œuvre
par une sorte d’épilogue , où il se montrait
tout entier, modeste, mais confiant en sa
force, amoureux de la gloire, non seulement
pour lui-même , mais pour son pays ; animé
surtout du désir d’être utile, et rendant à
Dieu un pieux hommage des talents qu’il en
avait reçus. La traduction latine faite sur
cette édition de 1579 n’avait gardé de ce
morceau que les lignes suivantes, où l’on ne
reconnaît pas même la pensée de Paré.
Atque imrnensi hujtis nosin laboris hœc
melajiœc pet- Dei graliarn sit requies,cui soli
oplirno tnaxirno, immorlali, et mitisibili honor
et gloria in scecula sœculomrn. Amen.
Pourquoi cet épilogue fut-il retranché
en 1585? Probablement parce que la Collec¬
tion ne finissait plus en cet endroit , se
trouvant alongée et complétée par la grande
Apologie. Mais comme le vrai Canon scienti¬
fique de notre auteur se termine avec le livre
des Rapports , je n’ai pas voulu dérober au
texte un des morceaux les plus remarqua¬
bles de pensée et de style qui soient sortis
de la f)lume d’A. Paré.
bile que les autres : seulement à fin
que la connoissauce des choses que
Dieu m’a donnée ne demouiast en-
seuelie, et que ce thresor peust profi¬
ter et h ceux qui ores viuent et à ia
postérité ; croyant que si i’eusse teu et
supprimé cecy, mon nom eust plus
mérité de blasme que de los ‘ , puis¬
que rousse enuié le salut à nos ne-
ueux , et dénié aux suruiuans ce de
quoy l’cxperience m’a fait largesse.
D’autant que nous ne sommes nés
pour nous seuls , ains pour profiter
aux autres , et que la raison veut
qu’on connoisse à l’auenir que nous
auons esté quelqucsfois, en laissant à
la postérité vne viue mémoire de nos-
t re estre et de nbstre diligence. Au sur¬
plus, si i’ay fait quelque faute , ou dit
des choses mal séantes ou desplaisan¬
tes ( comme il est impossible de com¬
plaire à chacun ; on me fera vn singu¬
lier bien, plaisir et faueurde marquer
le lieu de ma faute, et m’en informer
chrestiennement,et sans vser d’inuec-
tiues et parolles médisantes , et m’ai¬
der des raisons qui seront à leur cen¬
sure ; d’autant que tout vieil que ie
suis , encor veux-ie imiter Socrate et
les autres anciens philosophes , et ap¬
prendre l’amour, quoique i’aye (com¬
me l’on dit) vn pied dedans la fosse. Et
ie proteste à foy d’homme de bien de
leur en sçauoir bon gré , leur en ren¬
dre grâces , et de corriger ma faute ,
si auec raison ils me monstrent que
ie ne la puisse defendre , sans que ie
m’opiuiastre ni aheurte en mes seuls
aduis , ou que ie sois vn présomp¬
tueux louangeur de ce que i’entens
ou de ce que ie sçay faire. A tant ie
mettray fin , suppliant Dieu qu’il
luy plaise adoucir le cœur de ceux
qui me portent haine , et les réduire
* Qm de los, qu« de louange.
t)Ë LA fAÇOS ü’ëMBAVMER LES* CORK MORTS- 676
à faire comme moy , et à publier ce
qu’ils sçauent à la gloire de sa diuine
Maiesté, et profit des FrânÇois et hoiï-
neur de la ‘France : laquelle sera de
tant plus illustrée parmy les nations
eslranges qu’il y aura de sçauans es-
criuains nés , nourris , et instruits en
icelle , et que les eslrangers auront
de moyen de puiser le sçauoir et F ex¬
périence és escoles et Vniuersités de
ce royaume. Prie aussi ceste diuine
bonté qu’il luy plaise dresser nos ac¬
tions selon sa sainte volonté , et me
faire la grâce qu’elle ait mon seruice
pour agréable.
APOLOGIE, ET TRAITÉ
CONTENANT
LES VOYAGES FAITS EN DIVERS LIEVX
PAR AMBROISE PARÉ , DE LAVAL ,
CONSEILLER ET PREMIER CHIRVRGIEN DV ROY.
Véritablement ie n’ensse mis la
main à la plume pour escrire de telle
maniéré , n’eust esté que quelqu’vn
m’a taxé et iniurié impudemment, et
mesprisé par haine et affection parti¬
culière plus que de bon zele qu’il
deuoit auoir au public , de ma ma¬
niéré de lier les veines et arteres , es-
criuant ce qui s’ensuit :
* Voici, comme il a été dit dans mon In¬
troduction , le dernier opuscule publié par
Paré de son vivant. Il parut dans la qua¬
trième édition des œuvres complètes, en 1 685;
et la daie de quelques observations qu’on
trouvera rapportées plus bas (pages C81 et
suiv. ) fait voir qu’il n’a pu être écrit avant
l’année 1584. Le livre de Gourmelen, auquel
Paré répond , avait paru en 1580 sous ce ti¬
tre , qui en explique assez l’esprit ; Stephani
Goiirmeleni Ctiriosoliiœ ParUiensis medici
Chimrgicœ artis , ex Hippocraüs et aliorum
velerum Medicorum decreiis, ad rationis nor-
mam redaclœ Libri III. C’était l’adoralion
des doctrines hippocratiques et galéniques
poussée jusqu’à l’absurde; c’était le mauvais
côté de l’école représentée parParé.et l’écueil
où elle devait périr. Aussi Paré , qui, comme
Malè igîtur et nîmîum arroganter,
inconsultus et temerarius quidam , va-
sorum ^tionem post emortui memiri
resectionem, à veteribus omnibus pluri-
müm commendatam , et semper proba-
tam, (lamnare ausus est : nouum quem-
dam deligandi vasa modum , contra
veteres omnes medicos sine ratione, sine
experientia et iudicio , docere cupiens,
tous les hommes vraiment éminents , tout
en résumant en lui l’esprit philosophique de
son époque, le sentait trop étroit pour son
génie, et pressentait l’époque à venir, Paré
se roiditcontre cette servilité aveugle ; après
avoir vengé sa propre doctrine, il attaque cer¬
taines des doctrines anciennes reproduites
par son adversaire ; il critique, il condamne
ces puissantes autorités, Paul d’Egine, Celse,
et jusqu’à Hippocrate même; il donne enfin
aux chirurgiens du xvi' siècle l’exemple
d’une critique aussi large et aussi hardie que
l’époque pouvait peut-être la comporter. J’ai
dit dans mon Introduction que sans doute
Paré avait eu communication de la traduc¬
tion de Courtin. Il paraît d’après une indi¬
cation de Du Verdier, rapportée par Haller,
que cette traduction avait paru la môme
APOLOGIE ET VOYAGES.
nec anîmaduertit maiora multô peri-
cula ex ipsa noua vasorum deligatione
( quam acu partem sanam profundè
tranafigendo administrari mit ) im~
minere , quam ex ipsa vstione : Nam si
acu neruosam aliquam partem, vel ner-
uum ipsum pupugerit , dum ita nouo et
inusitato modo venam absurde conatur
constringere , noua inflammatio neces-
sario consequetur, à qua conuulsio, et
à conuulsione cita mors. Quorum symp-
tomatum metuGalenus non ante trans-
uersa ruinera suere audebat{quod tamen
minus erat periculosum) quàmmuscu-
lorum àTTovtvot^atiç denudasset.Adde quod
forcipes , quibus post sectionem iterum
carnem dilacerat , cùm rétracta versus
originem vasa se passe. extrahere som¬
mât , non minorem afferunt dolorem ,
quàm ignita ferramenta admota. Quod
si quis nouum hune laniatum exper-
tus incolumis euaserit., is Deo optimo
maiimo, cuius beneficentia, crudelitate
ista et cartnficina liberatus est , maxi¬
mas gratia^ et habere , et semper agere
debet K
Qui est à dire :
« Mal doneques et trop arrogam-
ment, indiscretteoient , et temerai-
année que l’ouvrage même , c’est-à-dire en
1 580 ; et on verra que Paré la cite lui-même,
à la page 686, sous le litre que Courtin lui
avait donnée, le Guide des Chirurgiens.
Du reste , cette Apologie comprend deux
parties bien distinctes, la polémique et les
voyages. Paré n’ayant pu en revoir une
seconde édition , nous y trouverons peu de
variantes ; par la nature même du sujet, cef
opuscule se refusait à des annotations bien
nombreuses; et la plupart des notes qui s’y
rattachent appartiennent à Paré lui-même.
‘ Ce texte est copié de l’ouvrage de Gour-
melen , page 124 et suivantes. J’ai seule¬
ment rétabli deux ou trois mots omis sans
doute par oubli , car ils n’ajoutent ni ne re¬
tranchent rien au sens.
677
rement, vn certain personnage a
voulu condamner et blasmer la brus-
lure des vaisseaux après l’amputa¬
tion d’vn membre corrompu et pour¬
ri , fort loüée et recommandée des
anciens , et tousiours approuuée :
nous voulant et désirant monstrer et
enseigner sans raison, sans iugement
et expérience, vne nouuelle maniéré
de lier les vaisseaux , contre l’opinion
de tous les anciens Médecins : ne s’es¬
tant pas donné de garde ny aduisé ,
qu’il suruient beaucoup plus grands
périls et accidens de ceste nouuelle
façon de lier les vaisseaux ( laquelle il
veut estre faite d’ vne aiguille perçant
profondément la partie saine ) que de
la bruslure et vstion desdits vais¬
seaux. Car si par l’aiguille on pique
quelque partie nerueuse, voire mesme
le nerf , quand il veut par ce moyen
nouueau et inusité , lourdement con¬
traindre la veine en la liant , néces¬
sairement il s’ensuiura vne nouuelle
inflammation , de l’inflammation la
conuulsion, de la conuulsion la mort ;
pour crainte desquels accidens, Ga¬
lien n’a iamais osé coudre les playes
transuersales ( ce que toutesfois estoit
moins dangereux) deuant que des-
couurir les aponeuroses des muscles,
loint que les pincettes auec lesquelles,
après la section, de rechef il deschire
la chair, pendant qu’il pense pouuoir
tirer dehors les vaisseaux qui se sont
retirés vers leur origine, n’apportent
moins de douleur que les fers ardens.
Et si quelqu’vn ayant expérimenté
ceste façon nouuelle de cruauté , en a
esté guari, celuy-là doit rendre grâces
à Dieu à tout iamais, par la bonté du¬
quel il est reschappé de telle cruauté,
sentant plus son bourreau que Chirur¬
gien méthodique C »
Cette traduction n’est pas de Courtin,
APOLOGIE
678
O quels beaux mots ! pour vu
homme ancien qui se dit sage , et
Docteur. Il ne se souuient pas que sa
barbe blanche l’admoneste de ne dire
aucune chose indigne de son aage, et
qu’il doit despouiller et chasser hors
de soy toute enuie et rancune conceuë
contre son voisin.
Or maintenant ie luy veux prouuer
par authorité , raison et expérience ,
que lesdites veines et arteres se doi-
uent lier.
lequel a rendu moins fidèlement Je texte ,
en atténuant quelque peu la grossièreté des
expressions de Gourmelen. Mais il est vrai¬
ment remarquable que ni Gourmelen ni
Courtin n’aient connu au juste la véritable
méthode de Paré, et que celui-ci n’ait pas
relevé dans son adversaire ce défaut de con¬
science et de bonne foi. On peut voir en effet
aux chapitres 22 à 24 du livre des Contusions
(t. Il, p. 224 et suiv.), que l’aiguille n’était
entre les mains de Paré qu’une ressource
extrême, et même qu’il ne l’employait
pas comme l’indiquent les deux docteurs
régents de la Faculté. Mais les chirurgiens de
Paris même , qui auraient dû me prester la
main , dit le bon Paré , qui auraient dû em¬
brasser avec ardeur cette magnifique décou¬
verte , les chirurgiens la laissèrent perdre et
mettre en oubli ; et voici ce que ces vaillants
opérateurs lui avaient substitué , sans atten¬
dre pour ainsi dire que leur maître à tous
eût fermé les yeux.
Dans une annotation qui suit l’article de
Gourmelen , Courtin écrit :
? ... La question est plus grande de la fa¬
çon d’arrester le sang à l’amputation des
membres. L’autheur en veut à Maistre Am¬
broise Paré, qui a esté inuenteur de la liaison
des vaisseaux faicte par vn fil double , et
tors, tiré d’vne aiguille qu’on met et fiche
au-dessous du vaisseau , et va d’outre en ou¬
tre , ou d’vn costé à l’autre , à fin que le fil
se puisse lier des deu^ costex. On met entre
le fil et la peau vn peu de linge , mais la dif¬
ficulté est que l’aiguille peut rencontrer
quelque nerf, lequel piqué fera les accidens
rapportez par l’Autheur : à quoy on peut
AUTHORITÉS.
Quant aux authorit6s,ie viendray à
celle de ce grand personnage Hippo¬
crates, lequel veut et commande gua-
rir les fistules du siégé par ligature ,
tant pour absumer la callosité , que
pour euiler l’hemorrhagie ‘.
Galien en sa Méthode^, parlant du
flux de sang fait par cause externe ,
duquel voicy les paroles ; c’est (dit-il)
le plus seur de lier la racine du vais¬
seau, laquelle i’entens estre celle qui
est plus prés ou du foye , ou du
cœur.
Auicenne comm ande de lier la veine
et l’artere, après l’auoir descouuerte
vers son origine *.
Guy de Cauliac parlant de la playe
des veines et arteres, enioint au Chi¬
rurgien de faire la ligature du vais¬
seau
Monsieur Hollier parlant du flux de
sang, commande expressément de lier
les vaisseaux 5.’
respondre que les nerfs sont à demy relirez,
et glissent fort aisément sous la pointe de
l’aiguille , bref on n'en a point veu arriuer
d’ accidens, depuis que ceste practique est
en vsage. Il est vray que maintenant on a
trouué vn autre expédient , de ielter de la
poudre de bol armene dessus les vaisseanx
et toute la chair de la partie couppee, puis
auec plumaceaux, estouppes, couuertes en-
cores d’astringens, auec le repos, et le ré¬
gime, on garantit le malade de perte de sang
et de l’application rigoureuse de fer chaud,
ou de la piqueufe dangereuse des nerfs. »
'Voyezle Guide des Chirurgiens, édition de
1619, p. 162.
1 Au liu. des Fistules du siégé. >t-* A, P,
* Au chap. Z. liu. 5. — A. P.
^ Liu. 4. fueil. 4. tract. 2. chap. 17.— A. P.
4 Traité 3. doct. 1. chap. 3. — A. P.
« Au liu. 3. chap. 6. de sa Matière de Chi¬
rurgie. — A. P.
ET VOYAGES.
Calmethée au chap. den Playes des
veines et artères, traite \n tres-seur
moyen d’arrester le flux de sang par
ligature du vaisseau K
Celse, duquel ledit Médecin a la plus
grand’iifpart rapsodié son Uure, re¬
commande expressément de lier les
vaisseaux au flux de sang suruenant
aux playes, comme remede tres-facile
et plusseur*.
Vesalius en sa Chirurgie , veut que
l’on lie les vaisseaux au flux de
sang
lean de Vigo traitant de l’hemor-
rhagie aux playes recentes, com¬
mande de lier la veine et l’artere \
Tagaut traitant les moyens d’ar¬
rester vn flux de sang, commande de
pinser la veine ou l’artere auec vn
bec de Corbin ou de Perroquet, puis
la lier auec vn fil assez fort
Pierre de Argilata de Boulogne,
discourant du flux de sang et de la
maniéré de l’arrester, donne vn qua¬
trième moyen expressément, qui se
fait par ligature du vaisseau
loannes Andréas à Cruce Vénitien,
fait mention d’vne méthode d’arrester
le flux de sang par ligature du vais¬
seau
D’Alechamp commande de lier les
veines et arteres *.
Or voila,mon petit bon homme, des
authorités qui vous commandent lier
les vaisseaux. Quant aux raisons , je
les veux débattre.
L’hemorrhagie n’est pas tant à
1 Uu. des Playes, chap, 12. — A. P.
* chap. 26. du liu. — A. P.
* chap, 4. du 3. Hu. — A. P.
< .i4u liu. i . iraicl. 1 . chap, 2. — A. P.
5 Au chap. 12. du 2. liu. — A. P.
s Au traiié 4. chap. 11. liu. 1. — A. P.
f Au liv. 1. seci. 1. chap. 16. p. 5. — A. P.
» Sur le 88. chap, du liu, de Pqul. —, A. P.
®79
craindre (dites vous *) à la section de
l’epiploon, à celle des varices, et in¬
cision des arteres temporales, qu’a-
prés l’amputation d’vn membre. Or
vous mesmes commandez, qu'en cou¬
pant les varices, l’on arreste le flux de
sang par ligature du vaisseau. Le
mesme vous commandez , parlant de
la suture auec l’amputation et section
de la coëffe altérée de Pair ambient:
voicy vos paroles 2 : Après cela, il faut
aduiser à la coëffe, car s’il y en a quelr
que partie gastée , pourrie, corrom¬
pue, ternie et noirastre ‘.premièrement
l’ayant liée, de peur du flux de sang ,
et le reste. Vous ne dites pas après
Vauoir cautérisée: mais à dire vray,
vous auiez les yeux fermés et tous
les sens hébétés, lors que vous auez
voulu mesdire d’vne si seure mé¬
thode , et que ce n’est que par ire et
mauuaise volonté : car il n'y a rien
qui aye plus de puissance de chasser
la raison de son siégé , que la cholere
et l’ire : ioint que, comme l’on vient à
brusler la partie amputée, le plussou-
uent quand l’eschare vient à cheoir,
il suruient vn nouueau flux de sang,
comme i’ay apperceu plusieurs fois,
n’ayant encore esté inspiré de Dieu
d’vn si seur moyen, lorsque i’vsois du
feu. Que si vous n’auez trouué ou en¬
tendu ceste méthode aux liu res des
anciens, vous ne la deuez ainsi fouler
aux pieds, et parler sinistrement d’vn
qui toute sa vie a préféré le profit du
public au sien particulier. N’est-il
pas plus que raisonnable de se fonder
au dire d’Hippocrates , de l’authorité
duquel vous vous seruez * , qui est
1 Au liu. 2. chap. de l’yJngeologie, fueil.
176. — A. P.
2 Ad liu- t , cliap. de la Suture. — A. P.
s Au chap. de la Breuslpure, liu. 2. fueil.
266. — A. P.
APOLOGIE
680
telle : que ce que le médicament ne
guarit point , le fer le fait, et ce que le
fer n’amende point , le feu l extermine.
C’est vne chose qui ne sent point son
Chrestien, de brusler tout du premier
coup sans s’arrester aux plus doux
remedes , comme vous mesmes escri-
uez 1, parlant des conditions requises
au Chirurgien pour bien guarir, le¬
quel passage vous empruntez d’ail¬
leurs 2 : car ce qui se peut faire dou¬
cement sans feu , est bien plus re¬
commandable qu’autrement. N’est-ce
pas vne chose que toute l’Eschole
tient comme vn axiome, qu’il faut
tousiours commencer aux plus aisés
remedes? et s’ils ne sont suffisans, l’on
viendra aux extremes , suiuant la
doctrine d’Hippocrates. Galien recom¬
mande tant, au lieu preallegué ^ , de
traiter les malades tost , seurement,
et auec le moins de douleur que faire
se pourra.
VENONS MAINTENANT A LA RAISON.
Or est-il qu’on ne sçauroit appliquer
les fers ardens qu’auec vne extreme
et vehemente douleur, en vne partie
sensible, exempte de gangrené, qui
seroit cause d’vneconuulsion, fiéure,
voire souuent la mort. Et d’auantage
seroient apres les pauures patiens
long temps sans estre guaris, à raison
que par l’action du feu il se fait es¬
chare qui se fait delà chair suiette,
laquelle estant tombée, il faut que
Nature régénéré vne autre chair nou-
uelle au lieu de celle qui aura esté
bruslée , ioiut que l’os demeure nud
et descouuert, et par ce moyen y reste
le plus souuent vn vlcere incurable.
‘ Au liu. l.fueil. 5.
s Galien, au liu. 4. de la Melhode et au liu.
de Hippocrates, Aph. 6. liu. 1 .—A. P.
3 Au liu. de Ane panw, — A. P.
Encoie y a-il vn autre accident :
c’est que souuent l’eschare tombée ,
la chair n’estant bien regenerée , le
sang en sort autant ouplusiiu’aupa'
rauant : et quand on les aura liés , la
ligature ne tombera que première¬
ment la chair no les aye recouuerts.
Ce qui est prouué par Galien disant
que les medicamens escharotiques
qui engendrent croustes, toutesfoiset
quantes qu’ils tombent , délaissent la
partie plus nue que sa naturelle ha¬
bitude ne requiert. Caria génération
de crouste prouient des parties su-
iettes, et qui sont situées à l’entour,
demy bruslées , par jnaniere de dire.
Parquoy d’autant que la partie est
bruslée, d’autant perd-elle sa chaleur
naturelle.
Or, dites vous, quand il est necessaire
d’vser de medicamens escharotiques,
ou de ferremens ardens , c'est quand le
flux de sang est concité par érosion , ou
quelque gangrené ou putréfaction. Or
est-il ainsi qu’aux playes recentes il
n’y a nulle gangrené ni putréfaction :
Ergo, les cautères n’y doiuent estre
appliqués. Et lors que les anciens
ont commandé de mettre les fers ar¬
dens en la bouche des vaisseaux , ce
n’a seulement esté pour arrester le
sang, mais principalement pour cor¬
riger la malignité ou pourriture gan¬
greneuse qui pourroit gaster les par¬
ties voisines. Et faut icy noter que si
i’eusse conneu tels accidens venir,
qu’auez déclaré en vostre liure, pour
tirer et lier les vaisseaux , iamais ie
n’eusse esté trompé deux fois , et
n’eusse voulu laisser à la postérité
par mes escrits telle maniéré d’arres-
ter le flux de sang : mais ie l’ay escrit
après l’auoir veu faire, et fait plu¬
sieurs fois auec heureux succès. Voila
1 Au 6. de la Melhode. ■— A. P.
ET VOYAGES.
C8l
ce qui peut aduenir de vostre conseil
inconsidéré, et sans examiner et s’ar-
resler sur la facilité de lier lesdits
vaisseaux. Car voicy vostre but et
proposition : Lier les vaisseaux après
l’amputation est vn remede nouueau ,
dites vous , donc il nen faut vser:
c’est mal argumenté pour vn Doc¬
teur.
Quant à ce qu’il faut ( dites vous)
vser du feu après les amputations des
membres, pour consommer et tarir la
putréfaction qui est commune aux gan¬
grenés et mortifications : cela à la vé¬
rité n’a point de lieu, d’autant que la
pratique est d’amputer tousiours la
partie au dessus de ce qui est mortifié
et corrompu , comme escrit et com¬
mande Celse 1, de faire l’amputation
sur ce qui est sain , plustost que de
laisser quelque chose du corrompu,
le vous demanderois fort volontiers ,
si lors qu’vne veine est coupée à Ira-
uers, et qu’elle s’est retirée fort auant
vers son principe, vous ne feriez point
de conscience de brusler iusques à
ce qu’eussiez trouué l’orifice de la
veine ou artere , et s’il n’est pas plus
facile auec vn seul bec de Corbin de
pincer et tirer le vaisseau et le lier?
En quoy vous monstrez apertement
vostre ignorance 2 , et qu’auez vostre
ame saisie d’vne grande animosité et
cholere. Nous voyons pratiquer tous
les iours,auec heureux succès, ladite
ligature du vaisseau après l’amputa¬
tion d’vne partie : ce que ie veux
maintenant vérifier par expériences
et histoires de ceux à qui ladite li¬
gature a esté faite , et personnes vi-
uantes.
1 Au liu. 5. chap. 26. ei au liu. 7. chap 33.
— A. P.
* Au chap, de la Coupeure , liu, 2, — A. P.
EXPERIENCE.
Histoire notable, — Operation faite par
Charbonnel,
Le seizième iour de luin mil cinq
cens quatre vingts et deux, en la
presence de maistre lean Liehauld,
Docteur en la faculté de Medecine
de Paris, Claude Viard, Chirurgien
iiiré , maistre Malhurin Huron , Chi¬
rurgien de monsieur de Souuray, et
moy, lean Charbonnel , maistre Bar¬
bier Chirurgien à Paris, bien en¬
tendu à la théorique et pratique de
Chirurgie , a fort dextrement amputé
la iamb^isenestre à vne femme, tra-
uaillée il y auoit plus de trois ans
d’vne extreme douleur, à cause d’vne
grande carie qui estoit aux os astra-
gal, cyboïde, grand et petit focile ,
et par toutes les parties nerueuses,
d’où elle senloit des douleurs intolé¬
rables iour et nuit. Elle s’appelle
Marie d’Hostel, aagée de vingthuit
ans ou enuiron, femme de Pierre
Herué, Escuyer de cuisine de ma¬
dame la Duchesse d’Vzés , demeurant
rue des Verbois, par delà sainct Mar¬
tin des champs, à l’enseigne du chef
sainct lean ; à laquelle leditCharbon-
nel coupa ladite ïambe à quatre
grands doigts au dessous du genoüil :
et après qu’il eust incisé la chair et
scié l’os , il pinça auec le bec de cor-
bia la veine, puis l’artere, puis les
lia : dont ie proteste à Dieu ( comme
la compagnie qui y estoit le pourra
tesmoigner ) qu’en toute l’operation
qui fut soudainement faite , il n’y eut
pas vne pallette de sang perdue ; et
commanday audit Charbonnel d’en
laisser couler d’auantage, suiuant
le precepte d’Hippocrates, qu’il est
bon en toute playe et vlcere, mesme
inueterée, de laisser fluer le sang» :
» En la sent, 7. du liu, des Elceres, — .V. P,
682 APor-OGiit
par ce moyen la partie est moins su¬
jette à inflammation. Ledit Charhon-
nel continua de la traiter et médica¬
menter, laquelle a esté guarie en
deux mois , sans que iamais il soit
suruenu aucune hémorrhagie ou flux
de sang, ny autre mauuais accident :
et vous est allée voir en vostre logis,
estant toute guarie.
Autre histoire, — Operation faite par F'iard.
Autre histoire de recente mémoire,
d’vn chantre de Nostre Dame, nommé
monsieur Poulain , qui se rompit les
deux os delaiambe, qui estoient bri¬
sés en plusieurs esclats, de façon
qu’il n’y auoit nulle esperance de le
guarir. Pour obuier à la gangrené et
mortification , et par conséquent à la
mort , monsieur Helin , Docteur Re-
gent en la faculté de Medecine,
homme d’honneur et de bon sçauoir,
Claude Viard et Simon Pietre, Chi¬
rurgiens iurés àDaris, hommes bien
exercés en Chirurgie, et Balthasar
de Lestre et Leonard de Leschenal ,
maistres Barbiers Chirurgiens, aussi
bien expérimentés és operations de
Chirurgie, fusmes tous d’auis, pour
obuier aux accidens prédits, luy faire
entière amputation de la iambe, vn
peu au dessus des os rompus et es-
clattés , et des nerfs , veines , et artè¬
res dilacerées. L’operation fut dextre-
ment faite par ledit Viard , et le sang
estanché par la ligature des vaisseaux,
en la presence dudit Helin, et de
monsieur Tonsard , grand vicaire de
Nostre Dame : et fut continuellement
pensé par ledit Leschenal , et ie l’al-
lois voir par fois. Il fut heureusement
guari sans l’application des fers ar-
dens, et chemine gaillard sur vne
iambe de bois.
Autre histoire.
L’an mil cinq cens quatre vingts et
trois, le dixiéme iour de Décembre,
Toussaint Po.sson , natif de Roinuille ,
à présent demeurant à Beauuoisprés
Dourdan , auoit la iambe toute vlce-
rée et tous les os carieux et pourris ,
me pria que pour l’honneur de Dieu
ie luy eusse à couper la iambe, pour
la grande douleur qu’il ne pouuoit
plus tolerer. Après estre préparé , luy
fis couper la iambe à quatre doigts
prés la rotule du genoüil , par Daniel
Poullet , l’vn de mes seruiteurs , pour
l’apprendre et enhardir à faire telle
œuure,làoù il lia bien dextrement
les vaisseaux pour estancher le sang,
sans application de fers ardens , en la
presence de lacques Guillemeau, Chi¬
rurgien ordinaire du Roy, et lean
Charbonnel , maistre Barbier Chi¬
rurgien à Paris. Et pendant la cure,
a esté veu et visité par messieurs Laf-
filé et Courlin , Docteurs regens en
la faculté de Medecine à Paris. La¬
dite operation fut faite en la maison
de lean Gohel hostelier, demeurant
à l’enseigne du Chenal blanc en
Gréue.
le ne A'^eux oublier icy à dire que
madame la Princesse de Montpensier,
sçaehant qu’il estoit panure, et qu’il
estoit entre mes mains, luy donna de
l’argent pour payer sa chambre et
sa nourriture. Il a esté bien guari,
Dieu mercy, et s’en est retourné en
sa maison auec vne iambe de bois.
Autre histoire. ■^Gangrené suruenue de cause
antécédente,
Vne gangrené suruint à la moitié
de la iambe , à vn nommé Nicolas
Mesnager, aagé de soixante et seize
ans, demeurant rue sainct Honoré, à
l’enseigne de la Hotte, laquelle luy
ET VOYAGES.
suruint de cause interne, et fut-on
contraint de luy amputer la iambe,
pour luy sauuer la vie. Et fut am¬
putée par Antoine Renaud, mais-
tre Barbier Chirurgien à Paris, le
seizième iour de décembre mil cinq
cens quatre vingts et trois , en la pré¬
sence de messieurs le Fort et la Noué,
Chirurgiens iurés à Paris. Et le sang
fut estanché par la ligature des vais¬
seaux , et est à présent guari , et se
porte bien , cheminant auec vne
iambe de bois.
Autre histoire. — Operation faite par
Giiillemeau. \
Vn passeur d’eau, au port de Nesle,
demeurant prés monsieur du Mas ,
contrerolleur des Postes, nommé
lean Boussereau , à qui vne harque-
buse se creua en la main, qui luy
brisa entièrement les os, et dilacera
toutes les autres parties, en sorte
qu’il fust besoin et necessaire luy
faire amputation de la main deux
doigts au dessus du carpe C Ce qui fut
fait par lacques Guillemeau , à pré¬
sent Chirurgien ordinaire du Roy,
qui demeuroit pour lors auec moy.
L’operation fut pareillement faite
dextrement , et le sang estanché par
la ligature des vaisseaux, sans les
fers ardens. Il est encore à présent
viuant.
Autre histoire. — Operation faite par
l’Autheur.
Vn marchand grossier, demeurant
rue sainctDenys,à l’enseigne du gros
Tournois, nommé le luge, lequel
tomba sur la teste , où il sp fit vne
playe prés le muscle temporal , où il
eust vne artere ouuerte , de laquelle
1 L’édition de t585 dit seulement : luy
Jaire amputation du bras.
683
sortoit le sang fort impétueusement ,
de façon que les remedes communs
pour l’estancher n’y sçeurent seruir :
i’y fus appellé, où ie trouuay mes¬
sieurs Rasse , Cointeret , Viard , Chi¬
rurgiens iurés à Paris, pour cstan-
cher le sang ; où promptement ie pris
vne aiguille enfilée, et luy liay l’ar-
tere , et depuis ne saigna , et fut tost
guari. Tesmoin en sera monsieur Rous¬
selet, n’agueres Doyen de vostre fa¬
culté , qui le traitoit auec nous.
, Autre histoire.
Vn sergent du Chastelet, demeu¬
rant prés sainct André des Arts , qui
eut vn coup d’espée à la gorge au
pré aux Clercs, qui coupoit tout en
trauers la veine iugulaire externe ,
subit qu’il fut blessé, posa son mou¬
choir sur la playe , et me vint trouuer
en ma maison ; et lors qu’il osta son
mouchoir, le sang iaillissoit d’vne
grande impétuosité. Suhit liay la
veine vers sa racine : par ce moyen
fust estanché, et guarist grâces à
Dieu. Et si on eust suiui vostre ma¬
niéré d’estancher le sang par les
cautères , ie laisse à penser s’il fust
guari ; ie crois qu’il fust mort entre
les mains de l’operateur.
Si ie voulois reciter tous ceux aus-
quelson a lié les vaisseaux pour arres-
ter le sang , lesquels ont esté guaris ,
ie n’aurois de long temps fait : et me
semble que voila assez d’histoires al¬
léguées, pour vous faire croire que l’on
estanche seurement le sang des veines
et arteres, sans appliquer les cautères
actuels.
Du Bartas.
Celuy là qui combat contre V expérience ,
JS’ est digne du discours d’vne haute science.
Or, mon petit maistre, quant à ce
que me reprochez que ie n’ay pas
APOLOGIE
684
escrit en mes OEuures toutes les ope- |
rations de Chirurgie que les anciens
escriuent, i’en serois bien marry ;
car si ie l’auois fait, à bon droit me
pourriez appeller carnifeæ. le les ay
laissées, pource qu’elles sont trop
cruelles, et ay voulu ensuiuir les
modernes , qui ont modéré telle
cruauté : ce que toutesfois auez suiui
pas à pas , comme il appert par les
operations cy escrites, extraites de
vostre Liure , qu’auez retirées çà et
là de certains autheurs anciens, tel¬
les qui s’ensuiuent : et lesquelles
vous n’auez iamais pratiqué ny veu.
Première operalion.
Aux inueterées fluxions des yeux
et aux migraines, Paul Æginele
comme aussi Albucasis^, commandent
de faire l’arteriotomie , duquel Ægi-
nete voicy les paroles : Il faut mar¬
quer les arteres qui sont derrière les
oreilles : puis les couper, en trenchant
iusques à Vos , et faire vne grande inci¬
sion de deux doigts. Ce que veut aussi
Aëce 3 , que l’incision soit faite en
trauers , coupant ou incisant la lon¬
gueur de deux grands doigts, ius-
ques à ce que l’on aye trouué l’arterc,
comme vous commandez faire en
vostre Liure Mais moy, me tenant
auec Galien s, qui commande de pen¬
ser les malades tost, seurement, et
auec moins de douleur que faire se
pourra , renseigne au ieune Chirur¬
gien le moyen de remedier à tels
maux, en ouurant les arteres der¬
rière les oreilles et celle des temples,
1 Lia, 6. chnp. iel 5. — A. P.
î au. 2. ch. 4. — A. P,
® £iu. 3. chap. 9. seci, 7. — A. P.
< chap. de l’ tiypospaiisme,’jliu. 2.— A.P,
5 Liu, 14. chap. dernier de la Melhode. —
A. P.
auec vne seule incision comme à vne
saignée ‘ : et non à faire vne grande
incision, et tailler de la besongne
pour vn long temps.
Seconde operation.
Aux fluxions qui de long temps se
font sur les yeux, Paul Æginete'-^et
Albucasis ® commandent de faire vne
incision qu’ils appellent Periscgthis-
mos., ou Angiologie des Grecs : et
voicy les paroles de Paul. En ceste
operation premièrement on rase la
teste: puis se donnant garde de toucher
aux muscles temporaux , on fait vm
incision transuerse, commençant à la
temple senestre, et finissant à la dextre.
Ce que vous auez mis en vostre Li¬
ure mot pour mot sans en rien des-
guiser, qui monstre apertement que
vous estes vn vray plagiaire : comme
l’on pourra voir au chapitre que
vous appeliez Taille couronnée., qui
se fait en demy rond au dessous de
la suture coronale d’vne temple à
l’autre, iusques à l’os. Or ie n’en¬
seigne pas vn tel genre de remede si
cruel ; ains instruis l’operateur par
raison, authorité, el prennes nota¬
bles, du seur moyen de remedier à
telles affections , sans bourreler ainsi
les hommes
Troisième.
En la curation de l’empyeme, Paul
Æginete®, Albucasis'^, et Celsus®,
1 .Au chap. 4. du 15. liu. de mes Oeuures.
— A. P.— Voyez tome II, page 412,
2 au. G. ch. 7. — A. P.
’ Liu. 2. ch.Ù. — K. P.
^ .Au liu. 2. ch. du Periscylhisrne. — A. P.
* .Audi. 25. du 8. liu. de mes ÜEuures. —
A. P. — Voyez tome II , page 7G el sulv.
® Ua, G. ch, 44. — A. P.
[ ’’ Liu.2.ch.Z.~ A.V.
l “/viH.S.c/j. 22. — A.P.
ET VOYAGES.
685
commandent d’appliquer les vns
treize, les autres quinze cautères,
pour donner issue au pus contenu
dans le thorax, comme ledit Celsus,
lieu preallegué, l’ordonne pour les
asthmatiques : qui est vne chose
(sauf l’honneur d’eux) hors de toute
raison, que puisque le but du Chirur¬
gien est de donner issue à la bouë il-
lec contenue, il n’est question d’autre
chose que de faire ouuerture pour
euacuer la matière en la partie plus
decliue C l’ay monstre seurement au
ieune Chirurgien le moyen de ce
faire , sans tourmenter les patiens
pour néant 2,
Quatrième. |
Aux maminelles trop grosses, Paul
Æginete ^ et Albucrasis ^ comman¬
dent de faire vne incision en croix,
ester toute la graisse, puis ioindre la
playe par suture : somme, c’est escor-
cher vn homme tout en vie : ce que
ie n’ay iamais pratiqué, ny conseillé
défaire au ieune Chirurgien.
Cinquième.
Albucrasis ^ et Paul Æginete ® veu¬
lent cautériser le foye et la ratte
auec fers ardens : ce que les moder¬
nes n’ont iamais pratiqué , comme
aussi la raison y répugné aperte-
ment.
» Guy.de Chauliac, Traict. 2. doct. 1. ch.
1. — A. P.
> Liu.G.ch.iQ. — k. P.— Y. t. p.391.
8 Liu. 6. ch. 46. — A. P.
4 Ch. 47. «U. 2. — A. P.
5 Au liu. 1. ch. 29. et 30, et aussi au liu. 2.
c/i, 32. — A. P.
Liu. G. ch. 47 ei48. — A.P.
Sixième.
En la paracentèse qui se fait eiJ la
troisième espece d'bydropisie appel-
lée Ascités.) Celius Aurelianus ‘ com¬
mande faire plusieurs ouuertures au
ventre. Albucrasis 2 applique neuf
cautères actuels, à sçauoir quatre à
l’entour du nombril, vn sur l’esto-
mach, vn sur la ratte, vn sur le foye,
deux derrière le dos, prés les vertè¬
bres, l’vn d’iceux prés la poitrine, le
dernier prés l’estomach. Aëce ^ est
aussi en mesme volonté d’ouurir le
ventre auec plusieurs cautères, Paul
Æginete^ commande d’appliquer cinq
cautères actuels pour faire ladite
paracentèse. Mais abhorrant vne telle
maniéré de brusler, de laquelle vous
parlez fort par tout vostre troisième
liure, ie monstre vne autre maniéré
de pratiquer, laquelle se fait en fai ¬
sant vne simple ouuerture audit
ventre, comme l’on pourra voir à mes
OEuures^, auec heureux succès.
le ne monstre point en mes OEu-
ures la maniéré de brusler aux ieu-
nes hommes, que les anciens ont ap-
pellé infibulare ; car cela ne se pra¬
tique point, combien que Celse l’es-
criue
Septième.
A la sciatique prouenant de cause
interne, en tant que les muscosités
desplacent l’os de léur lieu ; Paul ^
commande de brusler sur ledit arti¬
cle iusques à l’os ; Dioscoride » com-
1 Au liu. 5. ch. 1. de Diulurnis morbis. —
A. P.
2 Liu. i . ch. 33. — A. P.
8 Liu. 3. secl. 2. ch. 89. — A. P.
i/iiu.G. di.50. — A.P.
5 Au ch. 12. liu. 6.- A. P. -T. I , p. 399,
6 Au ch. 25. liu. 7, — A. P.
t Liu. G. ch. 76. — A. P.
8 Liu. Z. ch. 72. — A. P.
apologie
6B6
mande le mesme. Ce que ie ne trouue
expédient, prenant indication des
parties suiettes ; car là où l’on veut
brusler, c’est à l’endroit des quatre
muscles gemeaux, au dessous des¬
quels passe le gros nerf descendant
de l’os sacrum, lequel estant bruslé,
ie vous laisse à penser ce qui en ad-
uiendroit, comme remarque Galien S
expressément parlant de l’ vstion qu’il
faut faire en l’humerus.
Huitième.
En la luxation des vertebres faite
en dehors, Hippocrates 2 commande
que l’on attache droit l’homme sur
vne eschelle, les bras et iambes liés
et garrotés : puis après auoir monté
l’escheile au haut d’vne tour ou d’vn
faiste de la maison, auec vn gros ca¬
ble en vne poulie, qu’on laisse tom¬
ber à plomb sur le paué dur et ferme
le patient : ce qu’Hippocrates dit
qu’on faisoit de son temps. Or ie ne
monstre pas vne telle maniéré de
donner l’estrapade aux hommes : mais
ie monstre au Chirurgien en mes
Œuures®, la maniéré de les réduire
seurement et sans grande douleur.
D’auantageieseroismarrydesuiure
le dire dudit Hippocrates, au 3. liure
De morhis, lequel commande qu'à la
maladie diteFohiuhts, faut faire en¬
fler le. ventre auec vn soufflet , met¬
tant le canon dans l’intestin droit,
puis y souffler iusques à ce que le
ventre soit bien tendu , par après
bailler vn clystere emollient, et es-
toupper le cul d’vne esponge. Telle
pratique ne se fait point auiourd’huy ,
1 Sut' lu sent. 49. de lu 1. secl. du liure des
Articles. — A. P.
2 Sent. 22 et 23 de la 3. sect. du tiu. des
Articles. — A. P
3 Ch. IG du 15. /«.— A. P.— T. II, p. 363.
partant ne vous esmerueillez si ie
n’en ay voulu parler.
Et ne vous estant pas contenté
de rapsodier les operations des au-
theurs susdits, en auez aussi pris plu¬
sieurs en mes OEuures, comme cha¬
cun peut connoistre : qui monstre
aperlement qu’il n’y a rien de vostre
inuention en vostre Guide des Chirur¬
giens.
le laisse à part vne autre infinité
d’operations inutiles que vous cottez
dans vostre liure, sans sçauoir quel¬
les bestes sont, pour ne les auoir ia-
mais veu pratiquer : mais pour-ce
que vous auez trouué cela escrit és
liures dés anciens, vous les auez mis
en vostre liure.
D’auantage vous dites que me
monstrerez ma leçon aux operations
de Chirurgie. Il me semble que ne
sçaurîez : par ce que ne l’ay pas ap¬
prise seulement en mon estude, et
d’auoir ouy par plusieurs et diuerses
années les leçons des Docteurs en
medecine : mais comme i’ay escrit cy
deuant en l’epistre au Lecteur, i’ay
fait résidence en l’Hostel Dieu de Pa¬
ris par l’espace de trois ans, où i’ay
eu le moyen de voir et apprendre
beaucoup d’œuures de Chirurgie sur
vne infinité de malades , ensemble
l’anatomie sur vne grande quantité
de corps morts, ainsi que souuent i’en
ay faitpreuue tres-suffisante publi¬
quement aux Escholes de medecine
de Paris. Mon bonheur m’a fait voir
encore plus outre. Car estant appellé
au seruice des Rois de France (qua-
ti e desquels-i’ay serui) me suis trou¬
ué en compagnie, aux batailles, es¬
carmouches, assauts et sieges des
villes et forteresses, comme aussi i’ay
esté enclos és villes auec les assiégés,
ayant charge de traiter les blessés.
D’auantage, i’ay demeuré longues
ET VOYAGES.
années en ceste grande et fameuse
ville de Paris, où grâces à Dieu i’ay
tousiours vescu en tres-bonne répu¬
tation entre tous, et n'ay tenu le der¬
nier rang entre ceux de mon estât,
veu qu’il ne s’est trouué cure tant
grande et difficile fust-elle, que ma
main et mon conseil n’ayent esté re¬
quis, ainsi que ie fais voir par ce mien
œuure. Or oserez-vous (ces choses
entendues) dire que m’apprendrez à
execuler les ceuures de Chirurgie,
attendu que n’auez iamais parti de
vostre estude?
Les operations d’icelle sont quatre
en general (comme bien auons dé¬
claré cy deuant) ou vous n’en faites
que trois, à sçauoir, ioindre le sépa¬
ré, séparer le continu, et ester le su¬
perflu : et la quatrième que ie fais, au¬
tant necessaire que d’industrieuse in-
uenlion, est d’adiouster ce qui defaut,
comme i’ay monstré cy dessus.
Aussi vous voulez que le Chirur¬
gien ne fasse que les trois operations
susdites, sans s’entremettre d’ordon¬
ner vu simple cataplasme, disant que
c’est ce qui vous est venu à vostre
part de la Medecine ; et que les an
ciens ( au discours qu’auez fait
au Lecteur) ont diuisé la suitte du
Médecin en trois bandes, à sçauoir,
Viuandiers , Apoticaires, et Chirur¬
giens. Mais ie vous demanderois vo¬
lontiers qui est celuy qui en a fait le
partage : et où aucun en seroit fait,
qui sont ceux qui se sont contentés
de leur part, sans quelque entreprise
sur l’autre? Car Hippocrates, Galien,
Ætius, Auicenne, bref tous les Méde¬
cins, tant grecs, latins, qu’arabes,
n’ont iamais traité de l’vn qu’ils
n’ayent traité de l’autre , pour la
grande afflnité et liaison qu’il y a en¬
tre les deux : et seroit bien difficile en
faire autrement. Or quand vous vou¬
687
lez mettre si bas la Chirurgie, vous
contredites à vous mesmes. Car en
l’epistre liminaire que vous auez dé¬
diée ù defunct monsieur de Martigues,
vous dites que la Chirurgie est la plus
noble partie de la Medecine, tant à
raison de son origine , antiquité, né¬
cessité, que certitude en ses actions ;
car elle opéré luce aperta, comme es-
crit doctement Celse au commence¬
ment du 7. liure. Partant il est à
croire que n’auez iamais sorti de
vostre estude que pour enseigner la
théorique (si l’auez peu faire).
Les operations de chirurgie s’ ap¬
prennent à l’œil et au toucher.
le diray que vous ressemblez à vn
ieune garçon bas Breton, bien fessu
et materiel < , qui demanda congé à
son pere de venir à Paris pour pren¬
dre France. Estant arriué, l’Orga¬
niste de nostre Dame le trouua à la
porte du Palais, qui le print pour
souffler aux orgues, où il fut trois
ans. Il veit qu’il parloit aucunement
françois, il s’en retourne vers son
pere, et luy dit qu’il parloit bonne
France, et d’auantage qu’il sçauoit
bien iouër des orgues. Le pere le ré¬
cent, bien ioyeux dequoy il estoit en
si peu de temps si sçauant : il s’en
alla vers l’Organiste de leur grande
Eglise, et le pria de permettre à son
fiis de ioüer des orgues , à fin de sça¬
uoir si son fils estoit bon maistre,
ainsi qu’il disoit : ce que le maistre
Organiste accorda volontiers. Estant
entré aux orgues, il se iette de plein
saut aux soufflets ; le maistre Orga¬
niste luy dit qu’il ioüast, et que luy
soufîfleroit. Alors ce bon Organiste
luy dit qu’il ne sçauoit autre chose
que souffler.
le croy aussi , mon petit maistre,
* Bcllti similitude, — A. P.
APOLOGIE
688
que ne sçauez autre chose que ca¬
queter en vne chaire ; mais moy ie
iouëray sur le clauier, et feray re¬
sonner les orgues, c’est à dire que ie
feray les operations de Chirurgie, -ce
que ne sauriez nullement faire, pour
n’auoir bougé de vostre eslude, et
des escholes, comme i’ay dit : et aussi
comme cy deuant i’ay escrit en l’epis-
tre au Lecteur, que le laboureur a
beau parler des saisons , discourir de
la façon de cultiuer la terre, déduire
quelles semences sont propres à cha¬
cun terroir ; car tout cela n’est rien
s’il ne met la main aux outils, et
n’accouple ses bœufs, et ne les lie à
la charrue. Aussi ce n’est pas grande
chose si ne sçauez la pratique : car
vn homme feroit bien la Chirurgie,
encore qu’il n’eust point de langue ,
comme bien a noté Cornélius Celsus
au lin. 1. quand il dit, Morbos non
eloquentia, st d remedijs curari: quæ
si quis elinguis , vsu discretus bene
norit, hune aliquanto maiorem medi-
cum futurum, quàm si sine vsu lin-
guam suarn excoluent. C’est à dire ,
Cornélius Celsus dit, les maladies
eslre guariesnon par éloquence, mais
par les remedes bien et deuëment
appliqués : lesquels si quelqu’vn sage
et discret, n’ayant point mesme de
langue, connoisse bien par bon vsa-
ge , celuy-là à l’aduenir sera plus
grand Médecin , que si sans vsage il
ornoit bien sa langue. Ce que vous
mesmes confessez en vostre dit liure
par vn quatrain qui est tel ‘ :
Ce n’eslpas tout en Chirurgie
De iargonner ; mais le plus beau
Dsl que les bandes on manie ,
Le feu , les las , et le ciseau,
^ J’ai déjà dit et répété que Paré faisait
erreur en attribuant ce quatrain français à
Gourmelen. Dans l’édition de Courlin déjà
Aristote, liure premier de la Méta¬
physique, chapitre premier, dit l’ex-
perience estre presque semblable à la
science, et par icelle l’art et la science
auoir esté inuentées. Et de fait nous
voyons ceux qui sont expérimentés
paruenir plus tost à ce qu’ils préten¬
dent , que ceux qui onl la raison sans
l’experience , à cause qu’icelle expé¬
rience est vne comioissance des choses
singulières et particulières, et la scien¬
ce au contraire vneconnoissance des
choses vniuerselles. Or ce qui est par¬
ticulier est plus sanable que ce qui
est vniuersel. Partant ceux qui ont
l’experience, sont plus sages et plus
estimés que ceux qui en ont defaut :
d’autant qu’ils sçauent ce qu’ils font.
Dauantage ie dis que :
Science sans expérience ,
jy’ apporte pas grande asseurance '.
Alciat, Docteur Milanois, se glori-
flant vn iour que sa gloire estoit plus
grande et illustre que celles des
Conseillers, Presidens,et Maistres des
requestes, parce qu’il disoit les faire,
et que c’estoit de luy qu’ils venoient
tels : luy fut respondu par vn Con¬
seiller, qu’il ressembloit à la queu ,
qui rendoit le Cousteau aiguisé et
prest à couper, elle ne le pouuant
faire : et luy allégua les vers d’Ho¬
race, que
... Fungebatur vice colis, acutum
Reddere quæ ferrum valet, exors ipsa secandi.
Or voila, mon petit maislre, ma
response à vos calomnies : et vous
citée , on lit ce quatrain au verso du titre,
avec CCS irois mots, qui ne laissent aucun
doute : Quatrain du 'l'ranslaleur .
‘ C’est un des canons de Paré que l’on a
lu plus haut , page C49.
LT VO VICES.
prie, si auez Famé bonne, de vou¬
loir ( pour le public) reuoir et cor¬
riger vostre liure le pluslost que
pourrez , pour ne tenir les icunes
Chirurgiens en cest erreur par la
lecture d’iceluy , où vous les ensei¬
gnez, d’vser de fers ardens après
l’amputation des membres pour es-
tancher le sang , attendu qu’il y a vn
autre moyen non si cruel , et plus
seur et aisé : ioint que si aujourd’buy,
après vn assaut de ville où plusieurs
soldats ont eu bras et iambes rom¬
pues, et emportées de coups d’artil¬
leries , ou de coutelas , ou d’autres
machines, pour estancher le sang
vous falloit vser de fers ardens , il
faudroit pour ce faire vne forge et
beaucoup de charbon pour les chauf¬
fer : et aussi que les soldats vous au-
roient en telle horreur pour ceste
cruauté, qu’ils vous assommeroienl
comme vn veau , ainsi que jadis fut
l’vn des premiers Chirurgiens de
Rome. Ce qu’on trouuera escrit cy
dessus au chap. 2. de l’Introduction
de Chirurgie. Or, de peur que les
sectateurs de vos escrits ne tom¬
bent en tel inconuenient , ie leur prie
suiure la méthode cy dessus dite,
laquelle ay monstrée estre vraye et
certaine, et approuuée par autho-
rité , raison , et expérience.
LE VOVAGE DE THVRIN ». ~ 1536.
D’aùantage ie veux icy monstrer
aux lecteurs les lieux et places où
1 c’est ici le lieu de rappeler une note que
Paré avait placée à la suite de VErraUi de la
quatrième édition , et qui a été oubliée dans
toutes les autres :
* Touchanties V oyagcs, le Lecteur ne s'ar-
III.
689.
i’ay peu apprendre la Chirurgie, pour
tousiours mieux instruire le ieune
cbiiurgien.
Et premièrement, en l’an mil cinq
cens trente six, le grand Roy François
enuoya vne grande armée à Thurin,
pour reprendre les villes et chasteaux
qu’auoit pris le marquis du Guast,
lieutenant general de l’Empereur :
où monsieur le Çonnestable, lors
grand Maistre, estoit lieutenant gene¬
ral de l’armée, et monsieur de Monte-
jan Colonnel general des gens de
pied , duquel lors i’estois Chirurgien.
’Fne grande partie de l’armée arriuée
au pas de Suze , trouuasmes les en¬
nemis qui tenaient le passage, et
auoient fait certains forts et tran¬
chées , de façon que pour les faire
débusquer et quitter la place, il con-
uint combattre , où il y eut plusieurs
tués et blessés, tant d’vne part que
d’autre : mais les ennemis furent con¬
traints de se retirer et gaigner le
chasteau , qui fut pris en partie par le
capitaine Le Rat, qui grimpa auec
plusieurs soldats de sa compagnie sur
vne petite montagnetle, là où ils ti-
roient à plomb sur les ennemis : il
receut vn coup d’harquebuse à la
cheuille du pied dextre, où tout subit
tomba en terre , et alors dit : A ceste
heure Le Hat est pris. le le pensay, et
Dieu le guarist C
Nous entrasmes à foulle en la ville,
et passions par sus les morts , et quel¬
ques vus ne l’estans encore, les oyons
crier sous les pieds de nos chenaux,
qui me faisoient grande compassion
restera à l* ordre des années ^ lequel n’y a esté
gardé, toutes fois les Histoires et Discours n’en
sont de rien changés ny corrompus. »
1 Voilà le premier exempie de la fameuse
phrase dont on a fait à juste titre si grand
honneur à la modestie de Paré.
44
APOLOGIK
690
eii mon cœur. Et véritablement ie me
repenti d’estre parti de Paris, pour
voir si piteux spectacle.
Estant en la ville , i’entray en vne
establepour cuider loger mon chenal
et celuy de mon homme, là où ie
trouuay quatre soldats morts, et trois
qui estoient appuyés contre la mu¬
raille, leur lace entièrement défi¬
gurée, et ne voyoient, n’oyoient, ny ne
parloient, et leurs habillémens flam-
boyoient encore delà poudre à canon
quilesauoitbruslés. Les regardanlen
pitié, il suruint vn vieil soldat qui me
demanda s'il y auoit moyen de les
pouuoir guarir : ie dis que non : subit
il s’approcha d’eux et leur coupa la
gorge doucement et sans cholere.
Voyant ceste grande cruauté, ie luy
dis qu’il estoit vn mauua'is homme. Il
me fit response , qu’il prioit Dieu ,
que lors qu’il seroit accouslré de telle
façon, qu’il se trouuast quelqu’vn qui
lui en fit autant, à fin de ne languir
ipiserablement.
Et pour reuenir sur nos brisées, les
ennemis furent sommés de se rendre,
ce qu’ils firent , et sortirent seule¬
ment la vie sauue, le baston blanc au
poing : dont la plus grande partie
s’en alla gaigner le chasteau de Vil-
lane, où il y auoit euuiron deux cens
Espagnols. Monsieur le Connestable
ne le voulut laisser en arriéré , à fin
de rendre le chemin libre. Ce chas¬
teau est assis sur vne petite monta¬
gne , qui donnoit grande asseurance
à ceux de dedans qù on ne pourroil
asseoir l’artillerie pour les battre : et
furent sommés de se rendre, ou qu’on
les metlroit en pièces : Ce qu’ils refu¬
sèrent tout à plat, faisans response
qu’ils estoient autant bons et tideles
seruiteurs de l’Empereur, que pou-
uoitestre monsieur le Connestable du
lloy son maistre *. Leur response en¬
tendue. on fit de nuit monter doux
gros canons à force de bras, aucc
cordages, par les Suisses et Lansque¬
nets : où le malheur voulut qu’estans
les deux panons assis, vn canonnier
mist par inaduertance le feu dedans
vn sac plein de poudre à canon ,
dont il fut bruslé, ensemble dix ou
douze soldats, et en outre la flamme
de la poudre fut cause de descouurir
l’arlillerie, qui fit que toute la nuit
ceux du chasteau tirèrent plusieurs
coups d’harquebuses à l’endroit où
ilsauoient peu descouurir les deux
canons, dont tueront et blessèrent
quelque nombre de nos gens. Le len¬
demain de grand matin on fit bat¬
terie, qui en peu d'heure fit breche.
Estant faite, demandèrent à parle¬
menter, mais ce fut trop tard : car
cependant nos gens de pied François,
les voyans estonnés. montèrent à la
breche et les mirent tous en pièces,
excepté vne fort belle, ieune et gail¬
larde 1 iémontoise, qu’vn grand Sei¬
gneur voulut auoir pour luy tenir
compagnie de nuit, de peur du loup-
garou. Le Capitaine etEnseigne furent
pris en vie, mais bien tost après pen¬
dus et estranglés sur les créneaux de
la porte de la ville , à fin de donner
exemple et crainte aux soldats Impé¬
riaux den’estre si temeraireset si fols,
vouloir tenir telles places contre vne
si grande armée 2.
Or tous les susdits soldats du chas
teau , voy ans venir nos gens d’ vne tres-
grande furie , firent tout deuoir de
se défendre , tuerent et blessèrent vn
grand nombre de nos soldats à coups
de piques , de harquebuses et de
‘ Brune responise de soldais. — A. P.
* Punition exemplaire, — A. P.
ET VOYAGES.
pierres, où les Chirurgiens eurent
beaucoup de besogne taillée. Or i’es-
tois en ce temps-Ià bien doux de sel,
ie n’auois encores veu traiter les
playes faites par harquebuses, pour le
premier appareil. Il est vray que i’a-
UQis Ipu en lean deVigo, liure premier
des Playes en chapitre hui¬
tième , que les playes faites par bas-
tons à feu parlicipenl de vénénosité ,
à cause de la poudre et pour leur
curation commande les cautériser
auec huile de Sambuc toute bouil¬
lante, en laquelle soit meslé vn peu
de theriaque : et pour ne faillir, para-
Uiant qu’vser de ladite huile, sçaehant
que telle chose pourroit apporter au
malade extreme douleur, ie voulus
sçauoir premièrement que d’en ap¬
pliquer, comme les autres Chirur¬
giens faisoient pour le premier appa¬
reil, qui estpit d’appliquer ladite huile
la plus bouillante qu’il leur estoil
possible dedans les playes , auec tentes
et sétons : dont ie pris la hardiesse de
faire comme eux >. En fin mon huile
me manqua, et fus conti'aint d’ap¬
pliquer en son lieu vn digestif
fait de iaune d’eeuf, huile rosat et
terebenthine. La nuit ie ne peus bien
dormir à mon aise, craignant par
faute d’auoir cautérisé, de trouuer les
blessés où i’auois failli à mettre de
iafiite huile morts empoisonnés , qui
me fit leuer de grand matin pour
les visiter, où outre mon esperance
trouuay ceux ausquels i’auois nûs le
médicament digestif, sentir peu de
douleur, et leurs playes sans inflam¬
mation ny tumeur, ayans assez bien
reposé la nuit : les autres où l’on
auoit appliqué ladite huile bouillante,
les trouuay febricitans , auec grande
douleur et tumeur aux enuirons de
‘ JExferience rend l'hamme hardy,~î^, f.
691
leprs playes. Adonc ie me deliberay
de ne iamais plus brusler ainsi cruel¬
lement les paunres blessés des har-
quebusades.
Estant à Thurin , trouuay vn Chi¬
rurgien qui auoit le bruit par dessus
tous de bien traiter les plaies faites
par harquebuses, en la grâce duquel
trouuay façon de m’insinuer pour
auoir la recepte qu’il appelloit son
haume, dont il traitoit les plaies
d’harquebuses : et me fit faire la
cour deux ans auant que pouuoir ti¬
rer sa recepte. En fin auec dons et
presens me la donna, qui estoit faire
boüillir dans de l’huile de lys des pe¬
tits chiens nouuellement nés, et des
vers de terre préparés auec de la té¬
rébenthine de Venise. Alors ie fus
bien ioyeux , et mon cœur assouui
d’auoir entendu son réméré , qui se
rapportoit au mien que i’auois trouué
par cas fortuit.
Voila comme i’ appris à traiter les
playes faites par harquebuses , non
par les liures.
Mondit seigneur le Mareschal de
Montejan demeura Lieutenant gene¬
ral pour le Roy en Piémont, ayant
dix ou douze mille hommes en gar¬
nison par les villes et chasteaux, les¬
quels se battoient souuent à coups
d’espée, et d’autres bastons, et mesme
à coups de harquebuses; et s’il y auoit
quatre blessés i’en auois tousiours les
trois, et s’il estoit question de couper
vn bras ou vne iambe, ou trépaner,
ou réduire vne fracture ou disloca¬
tion, i’en venois bien à bout. Mondit
seigneur le Mareschal m’enuoyoit
tantost d’vn costé, tantost de l’autre,
pour penser les soldats signalés qui
s’estoient battus tant aux autres vil¬
les qu’à Thurin, de sorte que i’eslois
tousiours par les champs d’vn costé
et d’autre. Monsieur le Mareschal
APüLOGlIÎ
69'i
enuoya quérir à Milan vn Médecin
qui n’auoit pas moins de repulation
que defunct monsieur le Grand pour
bien faire la medecine. pour le traiter
d’vn flux liepatiquc, dont à la fin en
mourut. Ce Médecin fut quelque
temps à Thurin pour le traiter, et
estoit souuent appelle pour visiter les
blessés, où tousiours m’y trouuoit : et
consullois auec luy et quelques au¬
tres Chirurgiens, et lors qu’auions
résolu de faire quelque œuure sé¬
rieuse de la Chirurgie, c’estoit Am¬
broise Paré qui y meltoit la main, là
où ie le faisois promptement et dex-
tremenl, et d’vne grande asseurance ;
dont ledit Médecin m’admiroit d’es-
tre si adextre aux operations de chi¬
rurgie , veu le bas aage que i’auois.
Vn iour deuisant auec mondit sei¬
gneur le Mareschal , luy dit ‘ :
Signor, tu liai vn(Mrurgico giouane
di anni, ma egli è vecchio di sapere é
ûi esperienlia : Guardalo iene, perche
egli ti fara seruicio et honore.
C’est à dire, ïu as vn ieune Chirur¬
gien d’aage, mais il est vieil de sça-
uoir et expérience ; gardes le bien,
car il te fera seruice et honneur. Mais
le bon homme ne sçauoit pas que
i’auois demeuré trois ans à l’hostel
Dieu de Paris , pour y traiter les ma¬
lades.
En fin monsieur le Mareschal mou¬
rut de son flux hépatique. Estant
mort, le Roy enuoya monsieur le
Mareschal d’Annebaut pour estre en
sa place, lequel me fit cest honneur
de me faire prier de demeurer aue ;
luy, et qu’il me traiteroit autant
bien ou mieux que monsieur le Ma¬
reschal de MonUÿan Ce que ie ne
voulois point, pour le regret que i’a-
‘ Témoignage de la dexlenté de l'Aulheur.
— A. P.
uois d’auoir perdu mon maistre, qui
m’aimoit intimement, et moy luy pa¬
reillement*. Ainsi m’en reuinsà Paris.
VOYAGE DE MAROLLE ET DE BASSE-
BRETAGNE. — 1513.
le m’en allay au camp de Marolle
auec defunct monsieur de Rohan, où
i’estois Chirurgien de sa compagnie,
là où le Roy François estoit en per¬
sonne. Il fut aduerti par monsieur
d’Estampes, Gouuerneur de Breta¬
gne, comme les Anglois auoientfait
voile pour descendre en la basse
Bretagne : et le prioit de vouloir en-
uoyerpour secours messieurs de Ro¬
han et de Laual, attendu lïue c’es-
toient les Seigneurs du pays et que
par leurfaueur ceux du payspour-
roient repousser l’ennemy, et garder
qu’il ne prinst terre. Ayant receu cest
aduertissement, depescha lesdits Sei¬
gneurs pour aller en diligence au se¬
cours de leur pairie, et leur fut
donné à chacun autant de pouuoir
comme au Gouuerneur , de façon
qu’ils estoient tous trois Lieutenans
du Roy. Ils prindrent volontiers ceste
charge, et partirent promptement
en poste, et me menèrent auec eux
iusques à Landreneau, là où nous
troüuasmes tout le momie en armes,
le toesein sonnant de toutes parts,
voire à cinq ou six lieues autour des
haures, à sçauoir, Brest, Couquet,
Crozon, le Fou, IJ. ulac, Laudanec,
chacun bien munis ü’arlillcrie,comm-..
canons, doubles canons, bastardes,
mousquets, passe-volants, pièces de
campagne, couleurines, serpentines,
* Ces derniers mots, ei moy luypareUlemçnl,
sont de la premÜTe Odilion posthume.
ET VOYAGES.
basilicques, sacres, faulcons, faulcon-
neaux, flustes, orgues, harqiiebuses
à croc : somme que toutes les adue-
nues esloient bien munies de toutes
sortes et façons d’artilleries, et plu¬
sieurs soldats, tant Bretons que Fran
cois, pour î,. deff'tise <iue les Anglois
ne feissent leur descente, ainsi qu’ils
auoient délibéré au partir d’Angle¬
terre. L’armée de l’ennemy vint ius-
ques à la portée du canon, et lors
qu’on les apercent voulans aborder
en terre, on les salua a coups de ca¬
non , et descouurirent nos gens de
guerre, ensemble nostre arlilierie.
Ils voltigèrent sur la mer, où i’estois
bien ioyeux de voir leurs vaisseaux
faisans voile, qui esloient en bon
nombre et bon ordre, et sembîoit es-
tre vne forest marcher sur la mer. le
vis aussi vne chose dont ie fus bien
esmerueillé, qui estoit que les balles
de bien grosses pièces faisoient de
grands bonds et troltoient sur l’eau
comme elles font sur la terre. Or,
pour le faire court, nos Anglois ne
nous firent point de mal, et s’en re¬
tournèrent en Angleterre sains et
entiers : et nous laissans en paix,
nous demeurasmes en ce pays là en
garnison, iusques à ce que nous fus-
mes bien asseiirés que leur armée
estoit rompue.
Ce pendant nos gendarmes s’exer-
çoient souuent à courir la bague, au-
tresfois combattoient à l’espée d’ar¬
mes, en sorte qu’il y en auoit tous-
iours quelqu’vn qui auoit quelque
chinfreneau, et tousiours auois quel¬
que chose à m’exercer. Monsieur
d’Eslampes, pour donner passe temps
et plaisir à mesdils Seigneurs de Ro¬
han et do Laual, et autres gentils¬
hommes, faisoit venir aux festes
grande quantité de filles villageoises
pour chanter des chansons en bas
693
Breton, où leur harmonie estoit de
coaxer comme grenouilles, lorsqu’el¬
les sont en amour. D’auantageleur
faisoit dancer le triori de Bretagne,
et n’estoit sans bien remuer les pieds
et fesses. Il les faisoit moult bon ouyr
et voir. Autresfois faisoit venir les
luitieurs des villes et villages, où il y
auoit prix : le ieu n’estoit point
acheué qu’il n’y eust quelqu’vn qui
eust vn bras ou iambe rompue, ou
l’espaule ou hanche demise.
Il y eust vn petit bas Breton bien
quadraturé , fessu et materiel , qui
tint long temps le beiian, et par son
astuce et force en ietta cinq ou six
par terre. Il suruint vn grand Datiuo,
magister d’eschole, qu’on disoit estre
l’vn des meilleurs luitteurs de toute
la Bretagne : il entre en lice, ayant
osté sa longue iaquette, en chausse
et en pourpoint, et estant prés le pe¬
tit homme, il sembîoit que s’il eust
esté attaché à sa ceinture il n’eust pas
laissé de courir. Toutesfois quand ils
se prindrent collet à collet, ils furent
long temps sans rien faire, et pensoit-
on qu’ils demeureroient esgaux en
force et astuce : mais le petit fessu se
ietta en sursaut et d’amblée sous ce
grand Datiuo, et le chargea sur son
espaule, et le ietta en terre sur les
reins tout estendu comme vne gre¬
nouille : et alors tout le monde com¬
mença à bien rire de la force et as¬
tuce du petit fessu. Ce grand Datiuo eut
grand despitd’auoirestéainsiietté par
terre par vn si petit hommet ; il se re-
leua tout en cholere, et voulut auoir '
sa reuanche. Ils se prindrent de rechef
colleta collet, et furent encore vn
bien long temps à leurs prises, ne se
pouuans mettre par terre : en fin ce
grand homme se laissa tomber sur le
petit, et en tombant mit son coude
au creux de l’estomach, et luy creua
APOLOGIE
69/4
le cœur, et le tua tout mort. Et sça-
cUant luy auoir donné le coup de la
mort, reprint sa longue iaqucUe, et
s’en alla la queue entre les Ïambes,
et s’eclipsa.Voyant que le cœur ne
reuenoil point au petit homme, pour
vin et vinaigre ny autre chose qu’on
luy presentast , ie m’approchay de
luy, tastay le poux qui ne battoit
nullement, alors dis qu’il esloit mort.
À donc les Bretons qui assistoient à
la luitte, dirent tout haut en leur ba-
ragouyn, Andraze meuraquet eues rac
m Uoa so abeudeux henelep e barz dn
gouvethon enel wu hoo, engoustun: c est
à dire, cela n’est pas du ieu. Et quel-
qu’vn dit que ce grand Daliuo estoit
coustumier de ce faire , et qu’il n’y
auoit qu’vn an qu’il auoit fait le
semblable à vne luitte. le voulus
faire ouuerture du corps mort, pour
sçauoir qui auoit esté Cause dé Ceste
mon si subite : ie trouuay beaucoup
de sang espandü au thorax et au ven¬
tre inferieur, et m’efforçaÿ de COn-
noistre quelque ouUCrture du lieu
d’où pouuoit estre sorti telle quan¬
tité de sang, ce que ie ne sceu, pour
quelque diligence que i’éusse sceu
faire L Or ie crois que c’estoit per Dia-
pedesin ou Anastomosin, C’est à dire
par l’ouuerture des bouches des vais¬
seaux, ou par leurs porosités. Le
pauure petit luitteur fut enterré.
le pris congé de messieurs de Ro¬
han , de Laual , et d’Estampes. Mon¬
sieur de Rohan me fit présent de
cinquante doubles ducats et d’vne
’ hacqueuée , et monsieur de Laual
d’vn courtaut pour mon homme , et
monsieur d’Estampes d’vn diamant
de valleur de trente escus : et ie
m’en reuins en ma maison à Paris.
‘ l’eusse bien voulu, mon péiil inaistre , vous
voir pour sçauoir trouuer fàtiuerture. — • A. P.
VOYAGE DE PAIIPIGINAN. — 1545.
Quelque temps après monsieur de
Rohan me mena en poste auec luy
au camp de Parpignan. Estant là, les
ennemis firent vne sortie, et vln-
drent encloüer trois pièces de nostre
artillerie , là où ils furent repoussés
iusques prés la porte de la ville : ce
qui ne fut sans qu’il y eust beaucoup
de tués et de blessés, entre les autres
monsieur de Brissac(qui lors estoit
I grand maistre de l’artillerie) d’vn
coup d’harquebuse à l’espaule. S’en
retournant à sa tente , tous les bles¬
sés le suiuirent , esperans estre pen¬
sés des Chirurgiens qui le deuoient
penser. Estant arriué à sa tente et
posé sur son lit , la balle fut cherchée
par trois ou quatre Chirurgiens les
plus experts de l’armée , lesquels ne
la peurent trouuer, et disoient estre
entrée dedans le corps. En fin il
m’appella pour sçauoir si ie pourrois
estre plus habile qu’eux, pource qu’il
m’auoit conneu en Piémont. Inconti¬
nent ie le fis leuer de dessus son lit ,
et luy dis qu’il se meist en mesme
situation qu’il estoit lors qu’il fut
blessé ‘ : ce qu’il fit, et print vn ia-
uelot entre ses mains, tout ainsi
qu’alors il auoit vne pique pour com¬
battre. le posay la main autour de
sa playe, et trouuay la balle en la
chair, faisant vne petite tumeur sous
l’omoplate : l’ayant trouuée , ie leur
monstray l’endroit où elle estoit, et
fut tirée par M. Nicole Lauernault,
Chirurgien de monsieur le Dauphin ,
qui estoit Lieutenant du Roy en ceste
armée : toutesfois l’honneur m’en
demeura de l’auoir trouuée.
' Aàdr'esse de VÀuàeur.-~k. P.
ET VOYAGES.
le vis vne cKose de grande re¬
marque : c’est qu’vn soldat donna en
ma presence va coup de lialebarde
sur Ha teste d’vn de ses compagnons, |
pénétrant iusques à la cauilé du ven¬
tricule senestre du cerueau, sans
qu’il toinbast en terre. Cesluy qu’il
frappa disoit qu’il auoit entendu l’a-
uoir pippé aux dez, et auoit tiré de
luy vne grande somme d’argent, et
estoitcoustumier depipper. On m’ap-
pella pour le penser : ce que le fis,
comme par acquit , sçachant que bien
tost il deuoit mourir. L’ayant pensé ,
il s’en retourna tout seul en sa loge,
où il y auoit pour le moins deux cens
pas de distance : ie dis à vn de ses com¬
pagnons qu’il enuoyast quérir vn
prestre, pour disposer des affaires de
son ame : il luy en bailla vn qui l’ac¬
compagna iusques au dernier sous-
pir. Le lendemain le malade m’en-
uoya quérir par sa gouge habillée en
garçon, pour le penser : ce que ie ne
voulu , craignant qu’il ne mourust
entre mes mains. Et pour m’en des¬
faire , ie luy dis qu’il ne falîoit leuer
son appareil que le troisième iour,
d’autant qu’il mourroit, sans plus
y toucher. Le troisième i()ur.< il me
vint trouuer tout chancelant, en ma
tente , accompagné de sa garse , et
me pria affectueusement de le pen¬
ser : et me monstra vne bourse où il
y pouuoit auoir cent ou six vingts
pièces d’or, et qu’il me contenteroil à
ma volonté. Non encore pour tout
cela ie differois leuer son appareil,
craignant qu’il ne mourust sur
l’heure. Certains gentilshommes me
prièrent de l’aller penser , ce que ie
fis à leur requesle: mais en le pen¬
sant mourut entre mes mains en con-
uulsion. Or ce prestre l’accompagna
iusques à la mort , qui se saisit de la
bour.se, de peur qu’vn aulre ne la
69Ô
print, disant qu’il en diroit des mes¬
ses pour sa pauure ame. D’auantage
il s’empara de ses hardes et de tout
ie reste.
l’ay recité ceste histoire comme
chose monstrueuse, que le soldat,
ayant receu ce grand cotip , ne tomba
en terre , et ratiocina iusques à la
mort.
Tost après le camp fut rompu poiir
plusieurs causes : l’vne que nous fus-
mes aduertis qu’il estoit entré quatre
compagnies d’Espagnols dans Par-
pignaii : l’autre , que la peste corn
mençoit fort à nostre camp : et nous
fut dit par gens du pays qu’en bref il
se feroit vn grand desbordement de
la mer, qui nous pourroit tous noyer :
et le présagé qu’ils en auoient estoit
vn bien grand vent marin qui s’esleua,
de sorte qu’il ne demeura vne seule
tente qu’elle ne fust rompue et ren^
uersée par teri'e , quelque diligence
et force qu’on y peust mettre : et lés
cuisines estans toutes descou uertes ,
le vent esleuoit les poussières et sa¬
bles qui saloient et saupoudraient
nos viandes, de façon qu’on n’en
pouuoit manger, et nous les fallait
faire cuire en pots et autres vaisseaux
couuerts. Or nous ne decampasmes
point de si bonne heure, qu’il n’y
eusi beaucoup de charrettes et char-
tiers, mulets et muletiers, submer¬
gés en la mer, auec grande perle de
bagage.
Le camp rompu , ie m’en reuins à
Paris.
VOYAGE DE GANDRIÎSY. — 15 i4.
Le lloy François leua vne graede
armée pour ennictuailler Latidrc.sy,
APOLOGIE
G96
De Taulre costë , l’Empereur n’auoit
pas moins de gens, voire beaucoup
plus : à sçauoir, dix huit mille Alle-
mans, dix mille Espagnols, six mille
Walons, dix mille Anglois, et de
treize à quatorze mille cheuaux. le
vis les deux armées proches les vnes
des autres, à la portée du canon , et
pensoit on qu’ils ne se partiroient
iamais sans donner bataille. 11 y eut
quelques fols gentils-hommes qui se
voulurent approcher au camp de
l’ennemy ; il leur fut tiré des coups
de passe-volans, aucuns demeureront
sur la place, autres eurent les bras
et iambes emportés. Le Roy ayant
fait ce qu’il desiroit , qui estoit auoir
renuictuailléLandresy,se retira auec
son armée à Guise , qui fut le lende¬
main de la Toussaints , mil cinq cens
quarante quatre: et de là ie m’en re-
uins à Paris*.
VOYAGE DE BOVLOGNE. — 1545.
Peu de temps après nous allasmes
à Boulogne, où les Anglois , voyans-
nostre armée, quittèrent les forts
qu'ils auoient, à sçauoir: Moulam-
bert, le petit Paradis, Monplaisir, le
fort de Chaslillon, le Portet, le fort
Dai delot. Vn iour, allant par le camp
pour penser mes blessés, les ennemis
qui cstoicnt en la Tour d’ordre tirè¬
rent vne piece d’artillerie , pensans
tuer deux hommes d’armes qui es-
toient arrestés pour deuiser ensem¬
ble. Aduint que la balle passa fort
prés de l’vn d’iceux , qui le renuersa
‘ Dans l'édition de 1585 ce Votjage de
Lanilresij venait après le Voyage de Bou¬
logne; mais sans le moindre changement
dans la rédaction.
par terre, et pensoit-on que ladite
balle luy eust touché : ce qu’elle ne
fit nullement, mais seulement le
vent de ladite balle au milieu de sa
tassette , qui fit telle force, que
toute la partie extérieure de la cuisse
deuintliuide et noire, et ne sepou-
uoit soustenir qu’à bien grand peine,
le le pensay, et luy fis plusieurs sca¬
rifications pour euacuer le sang
meurtri qu’auoit fait le vent de la¬
dite balle : et des bonds qu’elle fit
sur terre , tua quatre soldats demeu-
rans tous morts en la place.
le n’estois pas loin de ce coup , de
façon que i’en sentis aucunement l’air
agité, sans me faire aucun mal que
d’vne peur qui me fit baisser la
teste assez bas, mais la balle estoit ja
bien loin. Les soldats se moquèrent
de moy d’auoir peur d’vne balle qui
estoit ja passée. Mon petit maistre , ie
croy que si eussiez esté là , que ie
n’eusse eu la peur tout seul , et qu’en
eussiez eu vostre part.
Que diray plus? Monseigneur le
Duc de Guise, François de Lorraine,
fut blessé deuant Boulogne d’vn coup
de lance qui au dessus de l’œil dextre,
déclinant vers le nez, entra et passa
outre de l’autre part, entre la nuque
et l’oreille , d’vne si grande violence
que le fer de la lance, auec portion
du bois, fut rompue et demeura de¬
dans: en sorte qu'il ne peust eslre tiré
hors qu'à grand’force, mesme auec
des tenailles de mareschal. Nonob¬
stant toutesfois ceste grande violen¬
ce, qui ne fut sans fracture d’os,
nerfs, veines, et arteres, et autres
parties rompues et brisées, raondit
seigneur, par la grâce de Dieu , fut
guari. Ledit seigneur alloit tousiours
guerroyer à face descouuerte ; voila
pourquoy la lance passa outre do
l’autre part.
ET VOYAGES.
VOYAGE d’ALLEMAGNE. — 1552.
Te m’en allay au voyage d’Allema¬
gne, l’an 1552 , aucc monsieur de
Rohan , Capitaine de cinquante hom¬
mes d’armes, où i’estois Chirurgien
de sa compagnie, ce que i’ay dit cy
dessus. En ce voyage monsieur le
Connestable estoit General de l’ar¬
mée : monsieur de Chastillon , depuis
Admirai , estoit chef et Colonel de
l’infanterie, ayant quatre regimens
de Lansquenets sous la conduite des
Capitaines de Recrod et Ringraue ,
ayans chacun deux regimens : cha¬
que régiment estoit de dix enseignes,
et- chacune enseigne de cinq cens
hommes. Et outre ceux cy estoit le
Capitaine Charte! , lequel conduisoit
les trouppes que les Princes Protes-
tans auoient enuoyées au Roy. Ceste
infanterie estoit fort belle , accompa¬
gnée de quinze cens hommes d’armes,
auec la suitte chacun de deux Ar¬
chers, qui pouuoient faire quatre
mil cinq cens chenaux ; et outre deux
mille chenaux légers, et autant de
harquebusiers à chenal , desquels
estoit General monsieur d’Aumalle,
sans le grand nombre de noblesse qui
y estoit venue pour son plaisir. D’a¬
bondant le Roy esioit accompagné de
deux cens gentils-hommes de sa mai¬
son , ausquels commandoit le sieur de
Boisy, et l’autre le sieur de Canappe,
et pareillement de plusieurs Princes.
A sa suite y auoit encore pour luy
seruir d’escorte les gardes Françaises,
et Escossoises, et Suisses, mon tans à
six cens hommes de pied ; et les com¬
pagnies de monsieur le Dauphin ,
messieurs de Guise, d’Aumalle et du
Mareschal S. André, qui montoient
697
à quatre cens lances , qui estoit vne
chose mer ucilleuse de voir vne si belle
compagnie : et en cest équipage le
Roy entra dans Thoul et Mets. '
le ne veux laisser à dire qu’il fut
ordonné que les compagnies de mes¬
sieurs de Rohan , du Comte de San-
cerre, de larnac (qui estaient chacune
de cinquante hommes d'armes) che¬
mineraient sur les ailes du camp : et
Dieu sçait comme nous auions disette
de viures, et proteste à Dieu que par
trois diuerses fois ie cuiday mourir de
faim : et n’ estoit faute d’argent , car
i’en auois assez, et ne pouuions auoir
viures que par force , à raison que les
paysans les reliroient dedans les
villes et chasteaux. Vn des seruiteurs
du Capitaine enseigne de la compa¬
gnie de monsieur de Rohan , alla
auec d’autres pour cuider entrer en
vne Eglise où les paysans s’estoient
retirés, pensant trouuer des viures
par amour ou par force : mais entre
les autres cestuy là fut bien battu,
et s’en reuint auec sept coups d’espée
à la teste ; le moindre penetroit la
seconde table du crâne : et en auoit
quatre autres sur les bras, et vn sur
l’espaule droite, qui coupoit plus de
la moitié de l’omoplate ou paleron.
Il fut rapporté au logis de son mais-
tre , lequel le voyant ainsi nauré , et
qu’aussi deuoit-on partir le lende¬
main dés la pointe du iour, et n’es¬
timant pas qu’il deust iamais guarir ,
fit cauer vne fosse, et le vouloit
faire ietter dedans, disant qu’aussi
bien les paysans le massacreroient
et tueroient. Meu de pitié *, ieluy dis
qu’il pourroit encore guarir s’il estoit
I bien pensé : plusieurs gentils-hom¬
mes de la compagnie le prièrent de
le faire mener auec le bagage , puis
I Chnriif de l’/tiilhonr. — A. P.
APOLOGIE
G98
quei’auoisceste volonté de le penser :
ce qu’il accorda, et après que ie l’eus
habillé, fut mis en vne charrette, sur
vn lict bien couuert et bien accom¬
modé, qu’vn chenal Irainoit. le luy
fis office de Médecin , d’Apoticaire,
de Chirurgien, et de cuisinier : ie le
pensay iusques à la fin de la Cure , et
Dieuleguarist : dont tous ceux de ces
trois compagnies admiroient ceste
cure. Les hommes d’armes de la com¬
pagnie de monsieur de Rohan, la pre¬
mière monstre qui se fit, me don¬
nèrent chacun vu escu, et les archers
demy escu.
VOYAGE DE DANVII.UE8S — 1552.
Au retour du camp d’Allemagne,
le Roy Henry assiégea Danuilliers, et
ceux du dedans ne se vouioient ren¬
dre. Ils furent bien battus ; ta poudre
nous manqua, cependant tiroient
tousioUrs sur nos gens. Il y eut vn
coup de couleurine qui passa au tra-
uers de la tente de monsieur de Ro¬
han , qui donna contre la iarnbe d’vn
gentilhomme qui estoit à sa suilte,
qu’il me fallut paracheuer de couper,
qui fut sans appliquer les fers ardens.
Le Roy manda quérir de la poudre
à Sedan ; estant arriuée, on com¬
mença la batterie plus grande qu’au-
parauant, de façon qu’on fit breche.
Messieurs de Guise et le Coniiestable
estans à la chambre du Roy , luy di¬
rent et conclurent que le lendemain
il falloit donner l’assaut , et estoient
asseurés qu’on entreroit dedans : et
falloit tenir cela secret , de peur que
l’énnemy n’en fust aduerti : et pro¬
mirent chacun de n’en parler à per¬
sonne. Or il y auoit vn valet de
chambre du Roy , qui s’estaut couché
sous son lict de camp pour dormir,
entendit qu’on auoit résolu donner le
lendemain l’assaut. Subit le rcuela à
vn certain Capitaine, et luy dist que
pour certain le lendemain on donne¬
rait l’assaut, et l’auoit entendu du
Roy , et pria ledit Capitaine de n’en
parler à personne: ce qu’il promit,
mais sa promesse ne tint pas , et de ce
pas s’en alla le déclarer à vn Capi¬
taine, et du Capitaine à vn Capitaine,
et des Capitaines à qtielques-vns de
leurs soldats , disans tousiours : n’en
dites mot. Cela fut si bien celé, que
le lendemain du grand malin , on
voyoit la plus grand’part des soldats
auec leurs roiulaches et leurs chaus¬
ses coupées au genoüil , pour mieux
monter à la breche. Le Roy fut ad-
uerli de ce bruit qui couroit parmy
cecamp qu’on deaoil donner l’ assaut :
dont il fut fort esmerueillé. attendu
qu’ils n’estoient que trois en cest ad-
uis, qui auoient p omis i’vn à l’autre
n’en parler à pei sonne. Le Roy en-
uoya quérir monsieur de Guise, pour
sçauoir s’il n’auoit point parlé de cest
assaut ; il luy iura et affirma qu’il ne
l’auoit déclaré à personne Autant en
dist monsieur le Connestable , lequel
dist au Roy qu’il falloit expressément
sçauoir qui auoit déclaré ce conseil
secret , attendu qu’ils n’estoient que
trois. Inquisition fut faite de Capi¬
taine en Capilaine, enfin on Irouua
la vérité : car i’vn disoit, c’a esté vn
tel qui me l’a dit ; vn autre autant,
tant que l’on vint au premier qui dé¬
clara l’auoir appris du valet de cham¬
bre du Roy, nommé Guyard, natif
de Rlüis, fils d’vn Rarbier du defunct
Roy François. Le Roy l’enuoya qué¬
rir, en sa tente , en la présence de
monsieur de Guise et de monsieur le
Conneslable, pour entendre de luy
ET VOYAGES.
d’où il tenolt et qui luy aüoit dit
qu’on deuoit donner cest assaut. Le
Hoy luy dist que s’il ne disoit la vérité,
qu’il le feroit pendre. Alors il déclara
qu’il s’estoit mis sous son lict pensant
dormir : l’ayant entendu , l’auoit dit
à vn Capitaine qui estoit de ses amis,
à fin qu’il se préparas! auec ses sol¬
dats d’aller des premiers à l’assaut.
Alors le Roy conneut la vérité, et
lüy dist que iamais ne s’en seruiroit ,
et qu’il auoit mérité le pendre, et que
iamais plus il ne se trouuastà la c )ur.
Mon valet de chambre s’en alla
auec ce bonnet de nuict , et coUchoit
auec vn chirurgien ordinaire du Roy,
nommé maistre Louys de la coste
sainct André : la nuict se donna six
coups de Cousteau, et se coupa la
gorge , sans que ledit Chirurgien
s’en apperceust iusques au matin,
qu’il trouua son lict tout ensanglanté,
et le corps mort auprès de luy. Dont
il fut fort esmerueillé de voir ce spec¬
tacle à son resueil , et eut peur qu’on
eust dit qu’il fust cause de ce meur¬
tre. Mais subit fut deschargé, con-
noissant la cause, qui fut par vn
desespoir d’auoir perdu la bonne ami¬
tié que luy portoit le Roy. Ledit
Guyard fut enterré.
Et ceux de Danuilliers, lorsqu’ils
virent la breche raisonnable pour
entrer dedans , et les soldats préparés
à l’assaut, se rendirent à la discrétion
du Roy. Les chefs furent prisonniers,
et les soldats renuoyés sans armes.
Le camp rompu, ie m’en retournay
à Paris, auec mon gentilhomme au-
qüel auois coupé la iambe : ie le pen-
say, et Dieu le guarist. le ie renuoyay
en sa maison, gaillard, auec vne
iambe de bois : et se conteutoit, disant
1 Que c'est de reiieler les secrets desPrinces.
— A. P.
^99
qu’il en estoit quitte à bon marché, de
n’auoir esté misérablement briislé
pour luy estancher le sang, comme
escriuez en voslreliure, mon petit
maistre.
VOYAGE DE CIIASTEAV LE COMTE. —
1552.
Quelque temps après, le Roy Henry
fit leuer vne armée de trente mille
hommes , pour aller faire degast à
l'ehtour de Hedin.Le Roy de Nauarre,
qu’on appelloit polir lors monsieur de
Vendosme , estoit chef de l’armée , et
Lieutenant du Roy. Estant à S. Denys
en France , attendant que les com¬
pagnies passaient, m’enuoya quérir à
Paris pour aller parler à luy. Estant
là , me pria ( sa priere m’estoit cOih-
mandement) de le vouloir suiure à
ce voyage ; et voulant faire mes ex¬
cuses, disant que ma femme estoit au
lit malade , me fit response qu’il
y auoit des Médecins à Paris pour la
traiter, et qu’il laissait bien la sienne,
qui estoit d’aussi bonne maison que
la mienne, me promettant qu’il me
traiteroit bien ; et des lors (it com¬
mandement que fusse couché en son
estât. Voyant ceste grande affection
qu’il aüoit de me mener auec luy, ie
ne l’osay refuser.
le l’allay trouuer au Chasteau le
Comte , trois ou quatre lieues prés de
Hedin , là où il y auoit des Impériaux
soldats en garnison auec nombre de
paysans d’alentour. Il les fit sommer
de leur rendre : ils firent response
qu’il ne les aurait iamais que par piè¬
ces , et qu’ils fissent du pis qu’ils
pourroient, et eux feroient du mieux
à se défendre. Ils se fiaient en leurs
APOLOGIE
700
fossés qui estoient pleins d’eau ; et
en deux heures , auec grand nombre
de fascines et certains tonneaux , on
fit chemin pour passer les gens de
pied, quand il faudroit aller à l’as¬
saut: et furent battus de cinq canons,
et fit on breche aucunement suffi¬
sante pour y entrer : où ceux de de¬
dans receurent l’assaut bien viue-
ment,et ne fut sans tuer et blesser
grand nombre de nos gens de coups
d’harquebuses, de piques, et de pier¬
res. En fin quand ils se virenl fort és,
ils mirent le feu en leurs poudres et
munitions, qui fut cause de bru.sler
beaucoup de nos gens, et d’entr’eux
semblablement , et furent presque
tous mis au fil de l’espée. Toutesfois
quelques - vns de nos soldats en
auoient pris vingt ou trente , espe-
rans en auoir rançon. Cela fut sceu ,
et arresté par le conseil qu’il seroit
crié à son de trompe parmy le camp,
que tous soldats qui auoient des Es¬
pagnols prisonniers eussent à les
tuer , sur peine d’estre pendus et es-
tranglés. Ce qui fui fait de sang-
froid.
Delà nous nous en allasmes brus-
1er plusieurs villages, dont les granges
estoient toutes pleines de grain , à
mon très- grand regret. Nous nous en
allasmes iusques à Tournaban , où il
y auoit vne bien grosse tour, où les
ennemis se retiroient , mais il n’y fut
trouué personne : tout fut pillé, et
fit-on sauter la tour par vne mine ,
auec la poudre à canon , qui la ren-
uersa s'en-dessus-dessous. Après cela,
le camp se rompit, et m’en retournay
à Paris.
le ne veux encore oublier à escriro,
que le lendemain que Chasteau le
Comte fut pris , monsieur de Ven-
dosme enuoya vn gentil-homme si¬
gnalé deuers le Roy, pour luy faire
rapport de tout ce qui esloil passé: et
entre autres propos disl au Roy, que
i’auois grandement fait mon deuoir à
penser les blessés , et que ie luy auois
monstré dixbuit balles que i’auois
tirées des corps des blessés : et qu'il y
en auoit encore bien d’auantage que
ien’auois pas pu trouucr ni l rer, et
luy dist plus de bi(Mi de uioy, qu'il
n’y en auoil la moitié. Alors le Roy
dist qu’il vouloit que ie fusse à son
seruice, et commanda à monsieur du
Goguier , son premier Médecin, qu’il
eust à m’es, rire qu'il me relenoit à
son seruice pour l’vn de ses Chirur¬
giens ordinaires , et que ie l’allasse
trouueràReims dedans dix ou douze
iours. Ce que ie fis : là où il me fit
cest honneur de me commander que
i’eusse à demeurer auprès de luy, et
qu’il me feroil du bien. Alors ie le
remerciay bien humblement de l’hon¬
neur qu’il luy plaisoit me taire de
m’appeler à son seruice.
VOYAGE DE METS. -- 1552.
L’Empereur ayant assiégé Mets
auec plus de six vingts mille hommes,
et au plus fort de l’hyuer, comme
chacun sçait de recente mémoire : et
y auoit en la ville de cinq à six mille
hommes, et entre autres sept Princes ,
à sçauoir monsieur le duc de Guise ,
Lieutenant du Roy, messieurs d’An-
guien, deCondé, de Monlpensier, de
la Roche-sur-Yon, monsieur de Ne¬
mours, et plusieurs autres gentils¬
hommes , auec vn nombre de vieux
Capitaines et gens de guerre : les¬
quels faisoienl souuent des saillies sur
les ennemis (comme nous dirons cy
après) où n’estoit sans qu’il on de-
ET VOYAGES.
meurast beaucoup tant d’vne part
que d’autre. Nos gens blessés mou-
roient quasi tous , et pensoit-on que
les drogues dont ils estoient pensés
fussent empoisonnées. Qui fut cause
que monsieur de Guise, et messieurs
les Princes, firent tant qu’ils deman¬
dèrent au Roy que s’il estoit possible,
on m’enuoyast vers eux auecdes dro¬
gues, et qu’ils croyoienl que les leurs
fussent empoisonnées , veu que de
leurs blessés peu reschappoient. le
croy qu’il n’y auoit aucune poison :
mais les grands coups de coutelas, et
d’harquebuses , et l’extreme froid ,
en estoient cause. Le Roy fit escrire
à monsieur le Mareschal de sainct
André, qui estoit son Lieutenant à
Verdun , qu’il trouuast moyen de me
faire entrer à Mets, par quelque façon
que ce fust. Le seigneur Mareschal de
sainct André, et monsieur le Mares¬
chal de Vieille-Ville, gaignerent vn
Capitaine Italien, lequel leur promit
m’y faire enirer , ce qu’il fit: et pour
ce , eut quinze cens escus. Le Roy
ayant entendu la promesse qu’auoit
fait le Capitaine Italien , m’ennoya
quérir, et me commanda de prendre
de son Apothicaire nommé Daigne ,
tant et tehes drogues que ie verrois
esire necessaires pour les blessés as¬
siégés; ce que ie üs, tant qu'vn che-
ual de pos.e en pouuoit porter. Le
Roy me donna charge de parler à
moii.'>i<'u/(ie Guise, et aux l^iinces et
Capilaineï, qui estcient à ;VIets,
Estant arriué à Verdun, quelques
iours après monsieur le Mareschal de
sainct André me fit hailler des che¬
naux pour moy et pour mon homme,
et pour le Capitaine Italien , lequel
parlait fort bon Alleman, Espagnol,
et Walon , auec sa langue mater¬
nelle. Lors qu’estions à huit ou dix
lieuë» prés de Mets , n’allions que de
701
nuit : ou estant prés du camp ie vis
à plus d’vne lieuë et demie des feux
allumés autour de la ville , ressem¬
blant quasi que toute la terre ardoit,
et m’estoit aduis que nous ne pour¬
rions iamais passer au trauers de ces
feux sans estre descouuerts , et par
conséquent estre pendus et estranglés,
ou mis en pièces , ou payer grosse
rançon. Pour vray dire , i’eusse bien
et volontiers voulu estre encore à
Paris, pour le danger eminent que ie
preuoyois. Dieu conduit si bien nostre
affaire, que nous entrasmes en la ville
à minuit , auec vn certain signal que
le Capitaine auoit auec vn autre Ca¬
pitaine de la compagnie de monsieur
de Guise : lequel seigneur i’allay
trouuer en son lict, qui me receut de
bonne grâce, estant bien ioyeux de
ma venue. le luy fls ma légation de
tout ce que le Roy m’auoil commandé
luy dire. le luy dis que i auois vne
petite lettre à luy bailler, et que le
lendemain ie ne ferois faute la luy
donner. Cela fait , commanda qu’on
me donnas! logis , et que ie fusse bien
traité , et me dist que ie ne faillisse
le lendemain me trouuer sur la brè¬
che , où ie trouuerois tous les Princes
et Seigneurs et plusieurs Capitaines :
ce que ie fls : et me receurent auec
vne grande ioye, me faisans cest
honneur de m'embrasser, et me dire
qu ' i estois le bien venu; adioustans
qu i.s u’auoient plus de peur de mou¬
rir s’il aduenoit qu’ils fussent blessés.
Monsieur le prince^de la Roche-
sur-Yon fut le premier qui me festoya,
et s’enquist de moy ce qu’on disoit à la
Cour de la ville de Mets. le luy dis
tout ce queie voulus. Puis subit me
pria d’aller voir l’vn de ses gentils¬
hommes , nommé monsieur de Ma-
gnane, à présent Cheualier de l’or¬
dre du Roy et Lieutenant des gardes
APULOtilE
702
de sa Majesté, lequel eut la iambe
rompue d’vu esclal de canon. le le
trouuay au lit, sa iambe ployée et
courbée, sans aucun appareil dessus :
parce qu’vn gentil-homme luy pro-
mettoit guarison , en ayant son
nom et sa ceinture , auec certaines
paroles : et le pauure genlil-bomme
pleuroit et crioit de douleur qu’il
sentoit,ne dormant ne iour ne nuit, il
y auoit quatre iours. Alors ie me moc-
quay fort de ceste imposture et faulse
promesse : promptement ie racous-
tray et habillay si dexlrement sa
iambe, qu’il fut sans douleur el dor¬
mit toute la nuit :et depuis fut, grâces
à Dieu, guari, et est encore à présent
viuant, fraisant seruice au Roy. Ledit
seigneur de la Roche-sur-Yon m’en-
uoya vn tonneau de vin, plus gros
qu’vne pipe d’Anjou, en mon logis, et
me fit dire que lors qu’il seroitbeu,
il en enuoyeroit d’autre. C’estoit à
qui me Iraiteroit, me faisans tous
bonne chere.
Cela fait, monsieur de Guise me
bailla vne liste de certains Capitaines
et Seigneurs, et me commanda de
leur dire ce que le Roy m’auoit donné
en charge : ce que ie fis : qui estoit
faire ses recommandations, et vn re¬
merciement du deuoir qu’ils auoient
fait, et faisoient à la garde de sa ville
de Mets, et qu’il le reconnoistroit. le
fus plus de huit iours pour acquitter
ma charge, parce qu’ils estoient
plusieurs. Pi’eraierement à tous les
Princes et autres, comme le Duc Ho¬
race, le Comte de Martigues, et son
frere monsieur deBaugé, les sei¬
gneurs deMontmorency,et d’AnpilIe,
à présent Mareschal de France, mon¬
sieur de la Chapelle aux Vrsins, Bon-
niuet, Carouge auiourd’huy gouuer
nour deRouen,le vidasmede Char¬
tres, le comte de Lude, rnonsieur de
Biron, à présent mareschal de France,
monsieur de Randan, la Roche-fou-
caut, Bordaille , d’Estrés le ieune,
monsieur de sainct lehan en Dauphiné,
et plusieurs autres qui seraient trop
longs à reciter ; et mesmes i» plu-
siqurs Capitaines qui auoient tous
bien fait leur deuoir, à la defense de
leurs vies et de la ville. le demanday
puis après à monsieur de Guise, qu’il
luy plaisait que ie feisse des drogues
quci’auois apportées :il me dist que
ie les départisse aux Chirurgiens et
Apolicaircs, et piincipalement aux
paumes soldats blessés, qui estoient
en grand nombre à l’hostel Dieu : ce
que ie fis ; et puis asseurer que ne
pouuois assez tant faire que d’aller
voir les blessés, qni m’enuoyoient
quérir pour les visiter et penser.
Tous les seigneurs assiégés me priè¬
rent de solliciter bien soigneusement
sur tous les autres, monsieur de
Pienne, qui auoit esté blessé sur la
breche, d’vn esclat de pierre d’vn
coup de canon , à la temple , auec
fracture et enfonceure de l’os. On
me dist que subit auoir receu le coup,
tomba en terre comme mort, et ietta
le sang par la bouche , par le nez et
par les oreilles, auec grands vomis-
semens, et fut quatorze iours sans
pouuoir parler, ny ratiociner : aussi
luy suruindrent des tressaillemens
approchans de spasme , et eut tout le
visage enOé et fort liuide. Il fut tré¬
pané à costé du muscle temporal, sur
l’os coronal. le le pensay auec autres
Chirurgiens, et Dieu le guarist ; et
auiourd’huy est encore viuant. Dieu
merci.
L’Empereur faisoit faire la batterie
de quarante doubles canons, où la
poudre n’estoit espargnée iour ny
nuit. Subit que monsieur de Guise vit
l'aitillefie assise et braquée pour faire
ET VOYAGES.
breche , fit abbattre les maisons
les plus proches pour remparer, "et
les pouUres et soliues f estoient ar-
rengéesbout à bout, et entre deux
des fascines, de la terre, des licts et
balles de laine : puis on remetloit
encore par dessus autres poultres et
soliues , comme dessus. Or beaucoup
de bois des maisons des faulx bourgs
qui auoient esté mises par terre (de
peur que l'ennemy ne s’y logeast au
couuert, et qu’ils ne s’aidassent du
bois), seruit bien à remparer la bre¬
che. Tout le monde estoit empeschéà
porter la terre pour la remparer iour
et nuict. Messieurs les Princes, Sei¬
gneurs, et Capitaines, Lieutenans,
Enseignes, porloient tous la hotte,
pour donner exemple aux soldats et
citoyens à faire le semblable ; *ce qu’ils
faisoient, voire iusques aux dames et
damoiselles, et ceux qui n’auoient
des hottes s’aidoient de chauderons,
panniers, sacs, linceuls, et tout ce
qu’ils pouuoient pour porter la terre :
en sorte que l’ennemy n’auoît point
si tost abbatu la muraille, qu’il ne
trouuast derrière vn rempart plus
fort. La muraille estant tombée , nos
soldats crioient à ceux de.dehors. Au
regnard , au rcgnard , au, regnard: et
se disoient mille iniures les vns aux
autres. Monsieur de Guise fit defense
sous peine de la vie, que nul n’eust à
parler à ceux de dehors, de peur qu’il
n’y eust quelque traistre qui leur
donnast aduertisseinent de ce qu’on
Çïisoit dedans la ville. La defense
faite, attachèrent des chats viuans au
bout de leurs piques, et les meltoient
sur la muraille, et crioient auec les
chats, Miuut ,miaut , miaut. ’V^eritable-
ment les Impériaux auoient grand
despit d’auoir esté si long temps à
faire breche auec grande despense,
qq| estoit large de quatre vingls pas,
703
pour entrer cinquante hommes de
front, où trouuerentvn rempart plus
fort que la muraille. Ils se iettoient
sur'les pauures , chats, et les^tiroient
à coups de hârquebuses comme l’on
fait au papegault.
Nos gens faisoienfsouuentMes sor¬
ties, par le commandement de'mon-
sieur de )|Guise. Vn )iour deuant il y
au oit presse à se faire enroller [de
ceux’fqui deuoienCsortir, et principa¬
lement la ieune noblesse , menés par
Capitaines expérimentés, de maniéré
que c’estoit leur faire jvne grande
faneur de permettre de sortir et cou¬
rir sus l’ennemy : et sortoient tou-
iours en nombre de cent ou de six
vingts[bien armés , auec rondaches,
coutelas, hârquebuses et pistoles,
piques, pertuisanes, et halebardes:
lesquels) alloient [iusques aux | tran¬
chées les l'esueiller en sursaut. Là où
l’alarme se donnoit en tout leur camp,
et leurs tabourins sonnoient plan ,
plan, ta, ti. ta. ta, ta, ti, ta,tQu,touf,
touf. Pareillement [leurs trompettes
et clairons ronflaient et sonnoient
boutte selle , boutte selle , boutte selle ,
monte à chei-ol, monte a chepal, monte
à cheual , boutte selle, monte è^caual, à
caUaL Et tous leurs soldats crioient
à l'arme, à l’arme, à l’arme, aux
armes, aux armes, aux arme ,àV arme,
aux armes, à l’aime,^aux armes, à
l’arme, comme l’on fait la huée après
les loups , et tous diuers langages ,
selon les nations : et les voyoil-on
sortir de leurs tentes et petites loges,
drus comme fourmillons lors qu’on
descouure leurs fou r minières , pour
secourir leurs compagnons qu’on de-
gosilloit comme moulons. La caual-
Icrie pareillement venait de toutes
parts au grand gnilop., patati,putata,
patali , patata, fa, ta, ta, patata, pata,
ta, et leur lardoit bien qu’ils ne fussent
APOLOGlJi
7ü4
à la meslée où les coups se depar-
toient, pour en donner et en receuoir.
Et quand les nostres se voyoient
forcés, reuenoient en la ville tous-
iours en combattant, et ceux qui cou-
roient après estoient repoussés à
coups d’artillerie, qu’on auoit chargée
de cailloux et gros carreaux de fer
de figure quarrée et triangle. Et nos
soldats qui estoient sur ladite murail¬
le , faisoienl vne escopeterie et pleu-
uoir leurs balles sur eux dru comme
gresle, pour les renuoyer coucher,
où plusieurs demeuroient en la place
du combat : et nos gens aussi ne s’en
reuenoient tous leur peau entière, et
en demeuroient tousiours quelques-
vns pour la disme , lesquels estoient
ioyeux de mourir au lict d’honneur.
Et là où il y auoit vn cheual blessé,
il estoit escorché et mangé par les sol¬
dats : c’estoit en lieu de bœuf et de
lard. Et pour penser nos blessés, c’ es¬
toit à moy à courir. Quelques iours
après on faisoit autres sorties, qui
faschoient fort les ennemis . pource
qu’on les laissoit peu dormir à seu-
reté.
Monsieur de Guise fit vn strata¬
gème ou ruse de guerre : c’est qu’il
enuoya vn paysan, qui n’estoit pas
trop habile homme, auec deux paires
de lettres vers le Roy, auquel il
donna dix escus , et promesse que le
Roy luy en donneroit cent , pourueu
qu’il luy baillast ses lettres En l’vne
il luy mandoitquel’ennemy ne faisoit
nul semblant de se retirer, et à toutes
forces faisoit vne grande breche :
qu’il esperoit la bien garder, iusques
à y employer sa vie et celle de tous
ceux qui estoient dedans : et que si
l’ennemy eust aussi bien assise son
artillerie en vn certain lieu qu’il
nommoit, à grande difficulté l’cust
on peu garder qu’il n’eust entré de¬
dans, attendu que c’estoît le lieu le
plus foible de toute la ville : mais
bien tost il esperoit de le bien rem-
parer, en sorte qu’on n’y pourroit
entrer. L’vne de ces lettres luy fut
cousue en la doublure de son pour¬
point , et luy fut dit qu’il se donnas!
bien garde de le dire à personne : et
luy en fut donné vne autre, là où
mondit seigneur de Guise mandoit au
Roy, que luy et tous ses assiégés es-
peroient de bien garder la ville, et
autre chose que ie laisse icy à dire. Il
fit sortir ce paysan la nuit , où il fut
pris par vn corps de garde , et mené
au duc d’Albe, pour prendre langue
de ce qu’on faisoit en la ville : et luy
fut demandé s’il auoit des lettres : dist
que ouy, et leur en bailla vne : et
l’ayant veuë, luy fut demandé par
serment s’il n’en auoit point d’autre ,
dist que non : lors fut fouillé, et luy
fut ti ouuée celle qu’il auoit cousue à
son pourpoint, et le panure messager
fut pendu et estranglé.
Lesdites lettres furent communi¬
quées à l’empereur, lequel fil [appel-
1er son conseil, là où il fut résolu ,
puisque on n’auoit peu rien faire à la
première breche , que promptement
l’artillerie seroit menée à l’endroit
qu’on eslimoit le plus foible : là où ils
firent grands efforts à refaire vne
autre breche , et sapperenl et minè¬
rent la muraille, et taschoient à sur¬
prendre la tour d’Enfer, neantmoins
n’oserent venir à l’assaut. Le duc
d’Albe remonslra à l’Empereur, que
tous les iours les soldats mouroient ,
voire au nombre de plus de deux
cens, et qu’il y auoit aussi peu d’es-
perance d’entrer en la ville , veu le
temps, et le grand nombre de gens
de guerre qui y estoient L’Empereur
demanda quelles gens c’estoient qui
se mouroient, et si c’estoient gentils-
ET voyages.
;o5
hotnmeselhommes de remarque: Iiiy i
fut fait responsc que c’estoient tous !
pauures soldats. Alors dist qu’il n’y
aiioit point de danger qu’ils mourus¬
sent , les comparant aux chenilles,
sauterelles et hannetons qui mangent
les bourgeons et autres biens de la
terre, et que s’ils estoient gens de
bien, ils ne seroient en son camp
pour six liures par mois, et partant
qu’il n’y auoit nul danger qu’ils
mourussent. D’auantage , disoit qu’il
ne partiroit iamais de deuant la ville
qu’il ne la prist, par force ou par
famine, quand il deuroit perdre toute
son armée : à causedu grand nombre
de Princes qui y estoient enfermés,
auec la plus grande part de la no¬
blesse de France, desquels il esperoit
qu’ils payeroient au quadruple sa
despense, et iroit encore vne fois à
Paris pour visiter les Parisiens, et se
faire Roy de tout le royaume de
France.
Monsieur de Guise auec les Princes,
Capitaines et soldats, et généralement
tous les citoyens de la ville, ayans en¬
tendu l’intention de l’Empereur qui
estoit de nous tous exterminer : alors
il ne fut permis aux soldats et ci¬
toyens, et mesme aux Princes et Sei¬
gneurs, de manger marée fraiche ny
venaison : pareillement aucunes per¬
drix, becaces, alloüettes, francolins,
pluuiers et autres gibiers, de peur
qu’ils eussent acquis quelque air pes-
tilent, qui nous eust peu donner vne
contagion : mais auroient à se con¬
tenter de l’amonilion, à sçauoir du
biscuit, bœufs, vaches salées, lards,
ceruelas, iambons de Maïence : sem¬
blablement poissons, comme molues,
merlus, saulmons, alouses, tonnine,
balaine, anchois, sardines, harencs :
aussi poix , feues , ris , ails , oignons ,
pruneaux, fromages, beurre, huile
111.
et sel : poyure, gingembre, mani-
guet, et autres espicerios pour mettre
en nos paticeries : principalement des
chenaux, qui sans cela auroient vn
tres-mauuaisgoust. Plusieurs citoyens
ayans des iardins en la ville, y auoient
enterré grosses raues, nauets, carot¬
tes et porreaux, qu’ils gardoient bien
et chèrement , pour l’extreme neces ■
sité de la faim. Or toutes ces muni¬
tions estoient distribuées par poids ,
mesure etiustice, selon la qualité des
personnes, parce que nous ne sça-
uions pas combien de temps le siégé
dureroit. Car ayant entendu de la
bouche de l’Empereur qu’il ne parti¬
roit iamais de deuant Mets qu’il ne
l’eust prise par force ou par famine :
alors les viures furent retranchés, en
sorte que ce qu’on distribuoit à trois
soldats estoit baillé pour quatre : et
defense à eux de vendre le reste qui
pouuoit demeurer de leur repas, mais
permis le donner à leurs goujats.
Et se leuoient tousiours de table
auec appétit, de peur qu’ils fussent
suiets à prendre medecine. Et au-
parauant nous rendre à la mercy des
ennemis, auions délibéré de manger
plustost les asnes, mulets et cheuaux,
chiens , chats et rats , voire nos bot¬
tes et collets, et autres cuirs qu’on
eust peu amollir et fricasser. Généra¬
lement tous les assiégés delibererent
de valeureusement se defendreauec
toutes machines de guerre : à sçauoir,
de braquer et charger l’arlillerie (à la
pantiere de la breche) de boulets,
cailloux, clous de charrette, car¬
reaux, et chaisnes de fer : aussi toutes
especes et différences d’artifices de
feu, comme boettes, bariquades,
grenades, pots, lances, torches et
fusées , cercles entourés de chausses-
Irappes , fagots bruslans : d’abon¬
dant eau bouillante et plomb fondu,
45
apologie
706
et poudre de chaux viiie, pour leur
creuer les yeux. Aussi eust-on percé
les maisons de coslé et d’autre pour
y loger des harquebusiers , pour les
battre en liane et les haster d’aller,
ou les faire du tout demeurer. Pareil-
lemen t on eust donné commission aux
femmes de depauer les rues , et leur
ietter par les feneslres des miches de
sainct Eslienne , busches, tables, tré¬
teaux , bancs et escabelles , qui leur
eussent effondré la ceruelle. D’auan-
tageil y auoit vn peu plusauantvn
gros corps de garde remparé de char¬
rettes et palissades, tonnes et ton¬
neaux, et bariquades remplis de terre
pour seruir de gabions , entrelardés
de fauconneaux et faucons, pièces de
campagne, harquebuses à croq, et
harquebuses et pistoles, et artifices 1
de feu , qui leur eussent rompu iam- '
bes et cuisses, de façon qu’ils eussent
esté battus en teste, en flanc et en
queue ; et où ils eussent forcé ce
corps de garde , il y en eust eu d’au¬
tres aux carrois des rues , de cent pas
en cent pas , qui eussent esté autant
mauuais garçons ou plus que les pre¬
miers : et n’eusl esté sans faire beau¬
coup de femmes vefues et orfelins.
Et si la fortune eust tant voulu contre
nous , qu’ils eussent fendu et rompu
nos corps de gardes , il y eust eu en¬
core sept gros hocs et bastillons or¬
donnés en quarréet en triangle, pour
combattre tous ensemble, accompa¬
gnés chacun d’vn Prince , pour leur
donner hardiesse de mieux combat¬
tre et mourir tous ensemble, iusques
au dernier souspir de leur ame. D’a-
uantage, ilsestoienl tous résolus que
chacun porteroit leurs thresors, ba¬
gues et loyaux, et leurs meubles les
meilleurset plusricheset plus beaux,
pour les brusier en la grande place
et les mettre eu cendres , de peur que
les ennemis ne s’en preualussent et
en fissent trophée. Pareillement il y
auoit gens qui eussent eu charge de
mettre le feu et brusier toutes les
munitions, ensemble d’effondrer aux
canes tous les vaisseaux à vin : au¬
tres de mettre le feu en chacune
maison, pour brusier nos ennemis et
nous ensemble. Les citoyens l’anoicnt
ainsi tous accordé , plustost que de
voir le Cousteau sanglant sur leur
gorge et leurs femmes et filles violées
et prendre à force, par les Espagnols
cruels et inhumains.
Or nous auions certains prisonniers
que monsieur de Guise renuoya sur
leur foy , ausquels taciturnement on
auoit voulu qu’ils conceussent nostre
derniere volonté et desespoir, lesquels
estant arriués en leur camp, ne diffé¬
rèrent de la publier : qui fut cause de
refrener la grande impétuosité et vo¬
lonté des soldats, de non plus vouloir
entrer dans la ville pour nous couper
la gorge, et s’enrichir de nostre pil¬
lage. L’Empereur ayant entendu ceste
deliberation de ce grand guerrier
monsieur de Guise , mit de l’eau en
son vin, et réfréna sa grande cholere,
disant qu’il ne pourroit entrer en la
ville sans faire vne bien grande bou¬
cherie et carnage, et espandre beau¬
coup de sang, tant des defendansque
des assaillans , et fussent tous morts
ensemble , et à la fin il n’eust sceu
auoir autre chose que des cendres : et
qu’ après on eust peu dire que c'eust
esté vne pareille destruction que celle
de la villede lerusalem, faite jadis par
Titus et Vespasian. L’Empereur donc
ayant entendu nostre derniere reso¬
lution , et voyant le peu qu’il auoit
auancé par sa batterie, sappes et mi¬
nes, et la grand’ peste qui estoit en
tout son camp, cl f indisposition du
temps , et la nécessité do viures et
ET VOYAGKS.
(l’argent, et que ses soldats se des-
bandoient et par grandes troupes
s’en alloient ; conclud en fln se reti¬
rer, accompagné de la cauallerie de
son auant-garde, auec la plus grande
part de son artillerie et delà bataille.
Le Marquis de Brandebourg fut le
dernier qui deslogca , soustenu de
quelques bandes d’Espagnols, de Boë-
miens, et ses compagnies d’Allemans,
et y demeura après vne iournée et
demie, au grand regret de monsieur
de Guise , lequel fit sortir de la ville
quatre pièces d’artillerie qu’il fit tirer
sur luy à tort et à Irauers, pour le
haster d’aller : ce qu’il fit bien tost ,
auec toutes scs troupes. Estant à vn
quart de lieuë de Mets, fut espris d’vne
frayeur, craignant que nostre caual¬
lerie ne luy donnas! sur la queuë : qui
fut cau.se qu’il fit mettre le feu en ses
poudres de munition , et laisser quel¬
ques pièces d’artillerie, et beaucoup
de bagage qu’il ne sceut faire mener,
pource que l’auant-garde et la ba¬
taille et les gros canons auoienf
rompu et effondré les chemins. Nostre
gendarmerie youloit à toutes forces
sortir de la ville pour luy aller donner
en queuë ; mais monsieur de Guise ne
le voulut iaraais permettre , ains au
contraire leur dist qu’on leur deuoit
plustost applanir les chemins, et leur
faire des ponts d’or et d’argent pour
les laisser aller, ressemblant au bon
pasteur et berger, qui ne veut perdre
vne seule de ses ouailles.
Voila comme nos chers et bien ai¬
més Impériaux s’en allèrent de de-
uant Mets, qui fut le lendemain de
Noël , au grand contentement des as¬
siégés, et louange des Princes, Sei¬
gneurs, Capitaines, et soldats, qui
auoient enduré les trauaux do ce
siégé l’espace de deux mois. Toulesfois
ne s’en allerentpas tous, il s’en fallut
707
plus (le vingt mille, qui estoumt morts
tant par l’arlillerie et coups de main,
(lue de la peste, du froid, et delà faim
(et de despit et grand rage qu’ils ne
pouuoient entrer en la ville pour
nous couper la gorge, et en auoir le
pillage) et aussi moururent grand
nombre de leurs cheuaux, desquels
en auoient mangé la plus grand
part, en lieu de bœuf et de lard. On
alla où ils auoient campé, où l’on
trouua plusieurs corps morts non
encore enterrés , et la terre toute la¬
bourée, comme l’on voit le cime¬
tière sainct Innocent durant quelque
grande mortalité. En leurs tentes,
pauillons et loges, y auoient laissé
pareillement plusieursmalades. Aussi
boulets , armes , charrettes , chariots
et autres bagages , auec vn grand
nombre de pains de munition, gastés
et pourris par les neiges et pluyes :
encore les soldais n’en auoient pas
que par mesure et compas. Et sem¬
blablement laissèrent grande proui-
sion de bois, du reste des maisons
qu’ils auoient démolies et abbattues,
des villages à deux et à trois licuës
d’alentour : pareillement plusieurs
autres maisons de plaisance , appar-
tenans aux citoyens, accompagnées
de iardins et beaux vergers , remplis
de diuers arbres fruitiers ; aussi sans
cela ils fussent tous transis et morls
du froid, et eussent esté contrainls
de leuer plustost le siégé. Mondit
seigneur de Guise fit enterrer les
morts , et traiter leurs malades. Pa¬
reillement les ennemis laissèrent en
l’Abbaye de S. Arnoul beaucoup de
leurs soldais blessés, qu’ils n’eurent
moyen de faire emmener. Mondit
seigtjeur de Guise leur enuoya à tous
viures à suffisance, et me commanda
et aux autres Chirurgiens de les aller
penser et medicamenter : ce que nous
Al’OLOGlE
708
faisions de bonne volonté ; et croy
qu'ils n’eussent fait le semblable
enuers les noslres, parce que l’Espa¬
gnol est tres-cruel , perfide et inhu¬
main , et partant ennerny de toutes
nations’: ce qui se prenne par Lopcz
Espagnol et Kenzo Milanois, et au¬
tres qui ont escrit l’histoire de l’Ame'
rique et Inde Occidentale , ont esté
contraints confesser que la cruauté,
auarice, blasphémés et meschanceté
des Espagnols , ont du tout aliéné les
panures Indiens de la religion que
lesdits Espagnols disoient tenir ; et
tous escriuent qu’ils valent moins
que les Indiens Idolâtres, par le cruel
traitement fait ausdits Indiens.
Et quelques iours après, enuoya vne
trompette à Thionuille versles enne¬
mis , qu’ils eussent à renuoyer quérir
leurs blessés en bonne seureté : ce
qu’ils firent auec charrettes et cha¬
riots, mais non à suffisance. Monsieur
de Guise leur fit bailler charrettes et
chartiers, pour les aider à conduire
audit Thionuille. Nosdits chartiers
estans de retour, nous rapportèrent
que les chemins estoient tous paués
de corps morts , et n’en ramenèrent
iamais la moitié, car ils mouraient
en leurs charrettes : et les Espagnols
les voyans estre aux traits de la
mort, auparauant qu'ils eussent ietté
le dernier souspir , les iettoient hors
leurs charrettes, et les enseuelis-
soient en la boue et fange , disans
qu’ils n’auoient nulle commission de
remmener les morts. D’abondant nos¬
dits chartiers disoient auoir trouué
par les chemins beaucoup de char¬
rettes embourbées, chargées de ba-
gages, qu’ils n’osoient renuoyer qué¬
rir , craignans que ceux de Mets ne
leur courussent sus.
le veux encore retourner à la cause
de leur mortalité, qui estoit princi¬
palement de la faim, peste, et du
froid : car la neige estoit sur la terre
plus de hauteur de deux pieds , et es¬
toient logés en des cauernes sous
terre , couuertcs d’vn peu de chaume
seulement. Neantmoins que chacun
soldat auoit son lit de camp et vne
couuerture toute semée d’estoiles
luisantes et brillantes, plus claires
que fin or ; et tous les iours auoient
draps blancs , et logés à l’enseigne de
la Lune, et faisoient bonne chere
quand ils auoient deqiioy : etpayoient
si bien leur hoste dés le soir, que le
matin s’en alloient quilles, secouant
les oreilles. Et ne leur falloit nul
peigne pour deslacher leduuet et la
plume de contre leurs barbes et che-
ueux : et trouuoienl tousiours nappe
blanche, perdans de bons repas prr
faute de viandes. Aussi la plusgrande
part n’auoit bottes , ny bottines, pan¬
toufles, chaus.ses, ny souliers : etiplu-
sieurs aimoient mieux n’en auoir
point que d’en auoir, pource qu’ils
estoient tousiours en la fange iusques
à my-iambes : et à cause qu’ils al¬
loient nuds pieds , nous les appellions
les Apostres de l’Empereur.
Après que le camp fut entièrement
rompu , ie distribuay mes malades
entre les mains des Chirurgiens de la
ville, pour lesparacheuer de penser :
puis ie pris congé de monsieur de
Guise, et m’en reuins deuers le Roy,
qui me receut auec bon visage, le¬
quel me demanda comme i’auois peu
entrer en sa ville de Mets. le luy ra-
contay entièrement tout ce que i’a¬
uois fait. Il me fit donner deux cens
escus, et cent que i’auois eu au par¬
tir : et me dist qu’il ne me laisscroit
iamais pauuro. Alors ie le remorciay
tres-humblcment du bien et de l’hon¬
neur qu’il luy plaisoit me faire.
KT VOYAGF!-’,
VOYAGE DE IIEDIN. ~ 1553.
L’Empereur Charles fit assiéger
la ville de Tlieroüonne, où monsieur le
Duc de Sauoye esloit general de
toute l’armée. Elle fut prise d’assaut,
où il y eut de uos gens grand nombre
de tués et de prisonniers.
Le Roy, voulant preuoir que l’en-
nemy ne vint aussi assiéger la ville
et chasteau de Hedin, enuoya mes¬
sieurs le Duc de Boüillon , le Duc
Horace, le Marquis de Villars, et vn
nombre de Capitaines, et enuiron dix-
huit cens soldats: et pendant le siégé
de Theroüenne , lesdits seigneurs ti¬
rent fortifier ledit chasteau de Hedin,
de façon qu’il sembloit eslre impre¬
nable. Le Roy m’enuoya vers lesdits
seigneurs pour les secourir de mon
art, si d’aduenlure ils en auoieut af¬
faire.
Or tost après la prise de ïheroüen-
ne , nous fusmes assiégés de l’armée.
Il y auoit vue viue et claire fontaine
à la portée de nostre canon , où il y
auoit enuiron quatre vingts ou cent
goujats et putains de nos ennemis,
qui estoient autour de cesfe fontaine
pour puiser de l’eau, l’estois sur vn
rampart regardant asseoir le camp :
et voyant ceste multitude de fai¬
néants autour de ladite fontaine, ie
priay monsieur du Pont, commissaire
del’arlillerie,de faire tirer vn coup de
canon à ceste canaille : il m’en lit
grand refus, meremonstrant que tou¬
te ceste maniéré de gens ne vaudroit
point la poudre qu’on y despendroit.
De rechef le priay de braquer le ca¬
non, luy disant que plus de morts
moins d’ennemis, ce qu’il lit par ma
priere : et de ce coup en furent tués
quinze ou seize, et beaucoup de
7^9
blessés. Nos soldats firent saillies sur
les ennemis , où il en fut beaucoup de
tués et blessés de coups d’harque-
buses et de main, tant d’vne part que
d’autre : et nos soldats faisoient sou-
uent des saillies sur les ennemis, au-
parauant que leurs tranchées fussent
faites, là où i’eus beaucoup de be-
songne taillée : de façon que n’auois
repos ny iour, ny nuit, à penser les
blessés.
Et diray cecy en passant, que nous
en auions mis beaucoup en vue
grosse tour, couchés sur vn peu de
paille ; et leurs oreillers estoient do
pierres , leurs couuertures estoient
manteaux, à ceux qui en auoient.
Lors que la batterie se faisait , autant
de coups que leurs canons liroient ,
les malades disoient sentir douleur
en leurs playes, comme si on leur
eust donné des coups de baston : l’vn
crioit la teste, l’autre le bras, et
ainsi des autres parties : et à plusieurs
leurs playes resaignoient, voire en
plus grande abondance qu'à l’heure
qu’ils furent blessés, et lors c’estoit à
moy à courir pour les estancher. Mon
petit maistre , si vous eussiez esté là ,
vous eussiez esté bien empesché auec
vos fers ardens. Il vous eust fallu
beaucoup de charbon pour les rou¬
gir, et croy qu’on vous eust assommé
comme vn veau pour ceste cruauté.
Or par ceste tempeste diabolique de
l’echo de ceste machine canonique,
et grande et vehemente agitation de
la collision de l’air, retentissant aux
playes de ces blessés , plu.sieurs mou-
roient : et d’autres parce qu’ils ne
pouuoient reposer, à cause des cla¬
meurs et cris qu’ils faisoient iour et
nuit , et aussi faute de bons alimens ,
et autres traitemens necessaires aux
blessés. Or mon petit maistre, si vous
eussiez esté là , vous eussiez bien peu
APOLOGIK
710
leur dotiner de là gàlée, restaurans ,
coulis, pressiS, patiadé, orge-tnon-
dés, amandes, blanc-manger, pru¬
neaux, raisins de damas , et autres
viandes propres aux malades : vostre
ordonnance eust esté seulement ac¬
complie en papier, mais à Teffet ils
n’eussent sceii autre chose auoir quë
de la chair de vieilles vaches em-‘
preintes, qui furent prises autour de
Hedin pour nostre munition , salées
et demy cuites : en sorte que qui la
vouloit manger, il la falloit tirer à
force de dents, comme font les oi¬
seaux de proye leur viande.
le ne veux laisser leurs linges dont
ils estoient pensés , qui estoient seu¬
lement reloués tous les iours et sei-
chés au feu , partant endurcis comme
parchemin. le laisse à penser comme
leurs playes se deuoient bien porter.
Il y auoit quatre grosses putains de'
haute graisse , à qui fut donnée la
charge de blanchir le linge , qui s’en
acquittoient à coups de baston ; et
aussi qu’elles n’auoient l’eau à com¬
mandement, ny moins le sauon. Voila
comme les panures malades mou-
roient, par faute d’alimens et autres
choses necessaires.
Vn iour nos ennemis feignirent de
nous donner vn assaut general, pour
attirer nos soldats sur la breche , â
lin de reconnoistre nostre contenan¬
ce : tout le monde y courut ; nous
auions fait grande prouision d’arlifl-
ces de feu pour defendre la brechfe.
Vn prestre de monsieur le Duc de
Boüillon print vne grenade , pensant
la ietter sur les ennemis , et y mit le
feu plustost qu’il ne deuoit : elle se
creuaj, et le feu se mit en nos arliti-
ces qui estoient en vne maison prés
la breche, qui nous fut vn merueil-
leux desastre, pource qu’il brusla
pauures soldats : mes-
mes se print en la maison, et eussions
esté tous bruslés , n’eust esté le se¬
cours qu’on lit pour l’esteindre. Il
n’y auoit qu’vn seul puits là où il y
eust de l’eau en nostre chasteau , qui
fut presque du tout tari, et en lieu
d’eau on prit de la biere pour l’es-
teindre. Puis après eusmes grande
disette d’eau : et pour boire le reste
qui demeura , il la nous falloit passer
au trauers des seruiettes. Or l’en-
nemy, voyant ceste foudre et tem-
peste de ces artiflces qui ietterent
vne merueilleuse flambe et tinta¬
marre , eslimoient que nous eussions
mis le feu exprès pouf la defense de
nostre breche, pour les brusler, et-
que nous en auions bien d’autres.
Cela leur fit prendre autre opinion
de nous auoir par autre voye que par
assaut : ils firent des mines , et sap-
perent la plus grande partie de nos
murailles : tellement que cela estoit
pour renuerser entièrement nostre
chasteau s’en-dessus-dessous : et lors
que les sappes furent acheuées de
faire , et que leur artillerie tiroit ,
tout nostre chasteau branloit sous
nous , comme vn tremblement de
terre, qui nous estonna fort. D’a-
uantage, ils auoient braqué cinq
pièces d’artillerie qu’ils auoient as¬
sises sur vne petite colline pour nous
donner à dos , lors que fussions allés
pour la defense de la breche.
Le Duc Horace eut vn coup de ca¬
non à vne espaule, qui luy emporta
le bras d’vn costé et le corps de l’au¬
tre, sans que iamais sceust dire vne
seule parole. Geste mort là nous fut
vn grand désastre, pour le rang qu’il
lenoit en ceste place. Semblablement
monsieur de Mariigues eut vn coup
de boulet qui luy perça les poulmons :
ie le pensay, comme le diray cy
après. Alors nous demandasmes à
ET VOYAGES.
parlementer, et fut enuoyé vne trom¬
pette vers le Prince de Piémont ,
pour sçauoir quelle composition il
luy plaisoit nous faire. Sa response
fut que tous les Chefs , comme Gen¬
tilshommes, Capitaines, Lieutenans,
Enseignes, seroient pris à rançon , et
les soldats sortifoient sans armes : et
que s’ils refusoient ce beau et hon-
neste party^ le lendemain nous dé¬
nions estre asseurés qu’on nous au-
roit par assaut ou autrement. Le
conseil fut tenu , où ie fus appellé ,
pour sçauoir si ie voulois signer,
comme plusieurs Capitaines, Gentils¬
hommes , et autres , que la place fust
rendue, le fis response qu’elle n’estoit
pas tenable , et que ie le signerois
de mon propre sang, pour le peu
d’esperance que i’auois que l’on ne
peust résister aux forces des enne¬
mis, et aussi pour le grand désir que
i’auois d’estre hors de cest enfer et
grand tourment : car ie ne dormois
ne nuict ne iour, pour la grande
quantité des blessés, qui pouuoient
estre en nombre de deux cens. Les
morts rendoient vne grande putré¬
faction, estans entassés les vns sur
les autres comme fagots, n’estans
point couuerls de terre , à cause que
n’en auions pas. Et si i’entrois en vn
logis, il y auoit des soldats qui m’at-
tendoient à la porte lors que i’en sor-
tirois, pour en penser d’autres ; c’es-
toit à qui m’auroit, et me portoient
comme vn corps sainct , ne touchant
du pied en terre, malgré les vns des
autres, et ne pouuois satisfaire à ce
grand nombre de blessés : ioint que
ie n’auois ce qui m’estoit necessaire
pour les medicamenter. Car il ne
suffit au Chirurgien faire son deuoir
enuers les malades, mais il faut que
le malade face le sien , et les assis-
tans» et les choses extérieures, lesmoin
711
Hippocrates ^ Aphorisme premier.
Or ayant entendu la résolution de
la reddition de nostre place, ie con-
neu que nostre affaire n’alloit pas
bien : et de peur d’estre conneu, ie
donnay vn saye de velours, vn pour¬
point de satin, vn manteau d’vn fin
drap, paré de velours, à vn soldat qui
me donna vn meschant pourpoint
tout deschiré et deschiqueté d'vsure,
et vn collet de cuir bien examiné , et
vn meschant chappeau , et vn petit
manteau : ie barboüillay le collet de
ma chemise auec de l’eau où i’auois
destrempé vn peu de suye. Pareille¬
ment i’vsay mes chausses auec vne
pierre à l’endroit des genoüils et au-
dessus des talions, comme si elles
eussent longtemps esté portées : i’en
fis autant à mes souliers , de façon
qu’on m’eust plustost prins pour vn
ramonneur de cheminée que pour vn
Chirurgien de Roy. le m’en allay en
cest equippage vers monsieur de
Martigues ; où ie le priay qu’il fist en
sorte que ie demeurasse auprès de
luy pour le penser, ce qu’il m’ac¬
corda bien volontairement : et auoit
aussi grande enuie que ie demeu¬
rasse auprès de luy que moy-mesme.
Tost après les Commissaires qui
auoient charge d’eslire les prison¬
niers, entrèrent dedans le Chasteau,
le dix-septiéme iour de luillet mil
cinq cens cinquante trois : où ils fi
rent prendre Messieurs le duc de
Boüillon, le Marquis de Villars, de
Iloye, le Baron de Culan, monsieur
du Pont, Commissaire de l’artillerie:
et de Martigues, et moy auec luy
(par la piiero qu’il leur en fit) et
tous les Gentils-hommes qu’ils peu-
rcnt reconnoistre pouuoir payer quel¬
que rançon , et la plus grand’part
des soldais et chefs des compagnies,
ayans des prisonniers tant et tels
apologie
712
qu’ils voulurent. Après, les soldats
Espagnols entreront par la broche
sans aucune résistance : les nostres
estimoient qu’ils tiendroient leurfoy
et composition qu’ils auroient la vie
sauue ; ils entreront dedans d’vne
grande furie pour tout tuer, piller et
saccager ; ils en retindrent quelques
vns, esperans en auoir rançon, leur
lièrent les coüillons auec leurs cor¬
des d’harquebuses , qui esloient iet-
tées par dessus vne pique que deux
tenoient sur leurs espaules, puis ti-
roient ladite corde par vne grande
violence et dérision , comme s’ils eus¬
sent voulu faire sonner vne cloche,
leur disans qu’il falloit qu’ils se meis-
sent à rançon , et dire de quelles
maisons ils esloient : et s’ils voyoient
n’en auoir aucun profit, les faisoient
mourir cruellement entre leurs mains :
ou tost après leurs parties génitales
tomboient en gangrené et en totale
mortiflcation. Et les tuerent tous à
coups de dagues, et leur coupoient
la gorge. Voila leur grande cruauté
et perfidie : qui s’y fle qui voudra.
Or pour retourner à mon propos,
estant mené du chasteau en la ville
auec monsieur de Martigues, il y eut
xn gentilhomme de monsieur de Sa-
noye qui me demanda si la playe de
monsieur de Martigues se pourroit
guarir ; ie luy dis que non, et qu’elle
estoit incurable. Promptement s’en
alla le dire à monseigneur le duc de
Sauoye. Or ie pensois bien qu’il en-
uoyeroit des Médecins et Chirurgiens
pour visiter et penser monsieur de
Martigues : cependant ie fis vn diS'
cours en mon ame, si ie deuois faire
le niais, et ne me donner à connois-
tre estre Chirurgien, de peur qu’ils ne
me retinssent pour penser leurs bles¬
sés, et qu’en fin ie fusse conneu estre
Chirurgien du Roy, et qu’ils ne me
fissent payer vne grosse rançon. D’au,
tre costé, ie craignois que si ie ne me
montrois estre Chirurgien et auoir
bien pensé le seigneur de Martigues,
qu’ils ne me coupassent la gorge : su¬
bit ie prins resolution de leur faire
paroistre qu’il ne mourroit pas par
defaut d’auoir esté bien pensé et se¬
couru.
ïost après voicy arriuer plusieurs
Gentilshommes, accompagnés d’vn
Médecin et vn Chirurgien de l’Empe¬
reur, et ceux dudit seigneur de Sa¬
uoye, auec six autres Chirurgiens
suiuans l’armée, pour voir la blessure
dudit seigneur de Martigues, et sça-
uoir de moy comme ie l’auois pensé
et médicamenté. Le Médecin de l’Em¬
pereur me dit que i’eusse à déclarer
l’essence de la playe, et comme ie
l’auois traitée. Or toute l’assistance
auoit l’oreille fort attentiiie,à sçauoir
si la playe estoit mortelle ou non.
le commence à leur discourir, que
monsieur de Martigues regardant par
dessus la muraille, pour reconnoistre
ceux qui la sappoient, receut vn coup
d’harquebuse au Irauers du corps ,
où tout subit ie fus appellé pour le
penser : ie vis qu’il iettoit le sang
par la bouche et par ses playes.
D’auantage, il auoit vne grande dif¬
ficulté de respirer et expirer ; et
iettoit le vent par lesdites playes,
auec vn sifflement, en sorte qu’il eust
peu es teindre vne chandelle : et di¬
soit auoir vne tres-grande douleur
poignante h l’entrée de la balle,
l’estime et croy que ce pouuoient
estre quelques esquilles , qui pi-
quoient les poulmons lors qu’ils fai¬
soient leur systolé et diastolé. le luy
mis le doigt dedans, où ie trouuay
que l’entrée de la balle auoit rompu
la quatrième coste en son milieu, et
des esquilles que ladite balle auoit'
ET VOYAGES.
7.3
poussées au dedans : et la sortie auoil
semblablement rompu la cinquième
coste,auec des esquilles qui auoient
esté chassées du dedans au dehors,
l’en liray quelques vnes, et non tou¬
tes, à cause qu’elles estoient trop
profondes et adhérantes. le mis à
chacune playe vne tente ayant la
teste assez grosse, attachée par vn
filet, de peur que par l’inspiration ne
fussent attirées en la capacité du
thorax : ce qu’on a conneu par ex¬
périence, au détriment des paumes
blessés : car estans tombées dedans,
on ne les peut retirer, qui est cause
qu’elles engendrent vne pourriture,
comme chose estrange à nature. Les-
dites tentes furent ointes d’vn médi¬
cament fait de iaune d’œuf et tere-
benlhine de Venise, auec vn peu
d’huile rosat. Mon intention d’y met¬
tre lesdites tentes estoit pour arres-
ter le sang , et pour garder que l’air
extérieur n’entrast dans la poitrine,
qui eust peu refroidir les poulmons,
et par conséquent le cœur : lesdites
lentes y estoient mises aussi à fin de
donner issue au sang respandu de¬
dans le thorax. le mis sur les playes
vne grande emplastre de diachalci-
leos.en laquelle i’auois fait fondre de
l’huile rosat et vinaigre , à fin d’eni-
ler l’inflammation : puis après ie mis
de grandes compresses trempées de¬
dans de l'oxycrat, et le banday, non
pas fort, à fin qu’il respiras! à son
aise. Cela fait, ie luy tiray cinq pal-
lettes de sang de la veine basilique du
bras droit, à fin de faire reuulsion du
sang qui decouloit de ses playes dans
le thorax , ayant premièrement prins
indication des parties blessées, et prin¬
cipalement des vertus, considérant sa
ieunesseetson tempérament sanguin,
ïüst après alla à ses affaires, et par
ses vriiuis et selles ielta grande quan¬
tité de sang, Et quant à la douleur
qu’il disoit sentir à l’entrée de la balle,
comme s’il eust esté piqué d’vn poin¬
çon : cela se faisoit à cause que les
poulmons, par leurs mouuemens,
battoient contre les esquilles de la
coste rompue. Or les poulmons sont
couuerts d’vne tunique venant de la
membrane pleuretique, estant issue
des nerfs de la sixième coniugaison
du cerueau , qui estoit cause de la
douleur qu’il sentoit.
Pareillement auoit vne grande
difficulté de respirer et expirer, qui
prouenoit du sang espandu en la ca¬
pacité du thorax et sur le diaphragme,
principalinstrumentdela respiration:
et de la dilacération des muscles qui
sont entre chacune coste, qui aident
aussi à faire la respiration et expira¬
tion : et pareillement à cause que les
poulmons estoient vulnerés, et rom¬
pus et dilacerés par la balle, qui a
fait qu’il a tousiours craché vn sang
noir et pourri en toussant.
- Lafiéure le print tost après qu’il
fut blessé, auec défaillance de cœur.
Ladite fiéure me sembloit prouenir
des vapeurs putredineuses esleuées
du sang qui est hors de ses vais¬
seaux, qui a découlé et découlera en¬
core. La playe du poulmon est ag-
grandie et aggrandira, parce qu’il
est en perpétuel mouuement , soit en
donnant ou en veillant, et se dilate
et comprime pour attirer l’air au
cœur et ietter les vapeurs fuligineu¬
ses dehors. Par la chaleur estrange
est faite inflammation : puis la vertu
expulsiue s’efforçant à ietter par la
toux ce qui luy nuit. Car le poumon
ne se peut purger qu’en toussant , et
en toussant la playe se dilate tous¬
iours et aggrandit d’auantage ; dont
le sang en sort en plus grande abon¬
dance, lequel sang est attiré du cœur
ÀrOLOGiR
714
par la veine àrterieuse, pour leur
donner nourriture, et du coeur de la
veille eaUe. Son mdnger cstoit de
l’orge Inondé, des pruneaux auec du
succre , autresfois de la pannade :
son boire esloit de la ptisane. Il ne se
peut tenir coüché que sur le dos ; qui
demonstre auoir grande quantité de
sang espandu en la capacité du tho¬
rax : et s’espanchant au long de l’es-
pine, ne cottiprinie tant les poumons
comme il se fait, estant coüché sur
les costes , ou àssis.
Quediray-ie plus? c'est que mon-
dit seigneUr dé Martigues, depuis
qu'il fut blessé, iamais n’a sceu re¬
poser Vne seule heure , et a tousiours
ielté ses selles et vrittés sanguinolen¬
tes. Ces choses considérées, Mes^
sieurs, on ne peut faire autre pro-
gnoslic, sillon qu’il mourra en briefs
iDurS,qui est auec mon grand regret,
Ayant àcheué mon discours , ie le
penSay comme i’auois accoustuiilé.
Ayant descouUert ses playes, les Mé¬
decins et Chirurgiens, et autres as-
sistans presens, conneurent ia vé¬
rité de ce que ie leur auois dit. Lesdits
Médecins ayans touché le pouls , et
conneü ses forces quasi prosternées et
abbaltues, conclurent auec moy qu’en
peu de jours il tnourroit. Et de Ce pas
s’en allèrent tous vers mondit sei¬
gneur de Sauoye , ou ils dirent que
ledit seigneur de Martigues mourroit
en brief temps. Il leur fit response ,
que possible s’il eust esté bien pensé,
il en eust peu reschapper. Alors tous
d’vne voix dirent, qu’il auolt esté
tres-bien pensé et sollicité de tout ce
qu il appartenoit, pour la guarison
de ses playes, et ne pouuoit estre
mieux : et qu’il estoit impossible de
le pouuoir guarir, et que sa playe
estoit mortelle de nécessité. Alors
monseigneur de Sauoye tnonslra
estre fort desplaisant , et pleura, et
leur demanda de rechef si pour cer¬
tain ils le tenoient tous pour déploré.
Ils respoiidirent que ouy.
Là se présenta vn imposteur Espa¬
gnol , qui promit sur sa vie qu’il le
guariroit , et s’il failloit à le guarir ,
qu’on ie meist en cent pièces : mais
qu’il ne vouloit auoir nuis Médecins,
ny Chirurgiens, ni Apothicaires auec
luy ; et sur l’heure ledit seigneur de
Sauoye dit aux Médecins et Chirur¬
giens qu’ils n'allassent aucunement
voir ledit seigneur de Martigues.
Aussi m’enuoya vn gentilhomme me
defendre, sur peine de la vie, de ne
toucher aucunement à monsieur de
Martigues : ce que ie lui promis faire :
dequoy ie fus fort ioyeux, voyant
qu’il ne mourroit pas entre mes
mains : et commanda à cest impos¬
teur de penser ledit seigneur de Mar¬
tigues , et qu’il n’y auroit autres Mé¬
decins ny Chirurgiens que luy. Il
arriua bien tost après vers ledit sei¬
gneur de Martigues, qui luy dist :
Semr Cauallero , el senor Duque de
Saboya me ha mandado que viniesse à
curar vostra herida, yo’os iuro à Bios,
que antes de’ ocho dias yo’os haga subir
à cauallo con lalansa, enpuno con’tal
que no ayo que yo qu’os toque Comereis
y bebereis todas comidas que fueren
de vostro gusto, y yo hare la dicta pro
V. m. y desto’ os de vêts aseguirar sobre
demi : yo he sanado munchos que tenian
mayorvs heridas que la vostra. C’est à
dire : Seigneur Cheualier , Monsei¬
gneur le Duc de Sauoye m’a com¬
mandé de te venir penser de ta bles-
seure. le te iure Dieu , que deuant
huitioursie te feray monter à che-
ual , la lance au poing , pourueu qu’il
n’y ait que moy qui te louche. Tu
mangeras el boiras toutes viandes qui
seront à ton goust: ie feray dielte
ET VOYAGES.
pour loy, et de ce, lu te dois asseurer
sur ma promesse. l’enayguari plu¬
sieurs , qui auoient de plus grandes
playes que la tienne.
Et les seigneurs luy respondirent :
Dieu vons en donne la grâce.
Il demanda vne chemise dudit sei¬
gneur de Martigues, et la mit en
petits lambeaux, qu’il posa en croix ,
marmotantet barbotant certaines pa¬
roles sur les playes : et l’ayant ha¬
billé, luy permit manger et boire tout
ce qu’il voudroit , luy disant qu’il fe-
roit diette pour luy : ce qu’il faisoit ,
ne mangeant que six pruneaux et
six morceaux de pain pour repas, ne
beuuantque de la biere. Neantmoins
deux iours après ledit seigneur de
Martigues mourut : et mon Espagnol
le voyant en agonie s’éclipsa, et gai-
gna le haut sans dire à Dieu à per¬
sonne : et croy que s’il eust esté at-
trappé, il eust esté pendu et estranglé,
pour la fausse promesse qu’il au oit
faite à monseigneur le Duc de Sauoye
et à plusieurs autres Géntils-hommes.
Il mourut sur les dix heures du
mâtin : et sur l’apres - disnée ledit
seigneur de Sauoye renuoya des Me^
decins et Chirurgiens , et son Apothi¬
caire , auec quantité de drogues pour
l’embaumer, ils vindrent accompa¬
gnés de plusieurs Gentils-hommes et
Capitaines de l’armée.
Le Chirurgien de l’Empereur s’ap¬
procha de moy, ét me pria bien affec¬
tueusement d’en faire l’ouuerture :
ce que ie refusay, luy remonstrant
que ie ne meritois pas de porter son
estuy après luy : il me pria de rechef
que ie le fuisse pour l’amour de luy,
et qu'il l’auroit fort aggreable. le
voulusencore d’auantage m’excuser,
que puis qu’il n’aüoit ceste volonté
de l’embaumer, qu’il donnast ceste
charge à vn autre Chirurgien de la
7IÔ
compagnie. Il ihé fit encore responsé
qu’il vouloit que ce fust moy, et où ie
ne le voudrois faire , que ie m’ett
pourrais bien repentir. Connoissant
ceste sienne affection , de crainte qu’il
ne me fist quelque desplaisir, ie prins
le rasoir , et le presentay à tous en
particulier , leur remonstrant que ie
n’estois bien stilé à faire telle ope¬
ration : ce qu’ils refusèrent tous.
Le corps posé sur vne table, vérita¬
blement ie me proposay de leur mdhs-
trer que i’estois anatomiste, leur dé¬
clarant beaucoup de choses , qui se-
roient icy trop longues à reciter; le
commençay à dire à toute la compa¬
gnie, que i’auois tenu pour asseuré
que la balle auoit rompu deux costes
et auoit passé au trauers des poul-
mons , et qu’on trouueroit la playé
fort aggrandie , parce qu’ils sont en
perpétuel mouuement , soit en dor¬
mant ou en veillant, et, par ce mou¬
uement , la playe se dilaceré d’auan-
tage ; aussi qu’il y auoit grandé
quantité de sang respandu en la poi¬
trine et sur le diaphragme : et des
esquilles des costes fracturées , que
rentrée de la balle auoit poussées
dedans , et la sortie les auoit poussées
en dehors. Or véritablement tout ce
que ie leur auois dit fut trouué en
ce corps mort,
L’vn des Médecins me demanda pat-
où pouuoit passer le sang , pour estrè
iettépar les vrines, estant cohtenu au
thorax. le luy fis respofise qu’il auoit
vn conduit manifeste : c’est que la
veine Azygosj ayant nourri toutes les
costes, son reste descend sous le dia¬
phragme, et dti costé gaüchë se fcon-
ioint auec la veine emulgente , qui
est la voÿe pat- laquelle la «laiiere
dé la pleurésie, et la boüë des éhipÿe-
mes, se vuideht manifestement par
les vrines et par le siégé : comme on
apologik
me dist que i’estois vu fol, et que s’il
716
voit pareillement le laict pur des ma¬
melles des femmes nouuelleraent ac¬
couchées , descendre par les veines
raammillaires , et esire vacué embas
par le col de la malrice , sans se mes-
1er auec le sang ‘ ; et telle chose se
fait (comme par vn miracle de Na-
ture)par sa vertu expulsiueetseques-
irice. Ce qui se voit par expérience
de deux vaisseaux de verre , appelés
Monte-vins.quel’vn soit rempli d’eau
et l’autre de vin clairet , et soient po- |
sés l’vn sur l’autre , à sçauoir celuy
qui sera rempli d’eau , sur l’autre
rempli de vin : on voit à l’œil le vin
monter au haut du vaisseau au tra-
uers de l’eau , et l’eau descendre au
trauers du vin , et aller au fond du
vaisseau, sans meslange des deux. Et
si telle chose se fait ainsi extérieu¬
rement et apertement, au sens de
nostre veuë, par choses inanimées, il
faut croire en nostre entendement
que Nature peut faire passer la
bouë et le sang ayant esté hors de
ses vaisseaux , par les veines , voire
au trauers des os , sans qu’ils soient
meslés auec le bon sang 2.
Noslre discours fini , i’embaume le
corps , et fut posé en vn cercueil.
Après cela, le Chirurgien de l’Empe¬
reur me lira à part, et me dist que si ie
voulois demeurer auec luy, qu’il me
traiteroit bien , et qu’il m’habilleroit
tout à neuf : aussi qu’il me fer oit aller
à cheual. le le remerciay bien fort de
Thonneur qu’il me faisoit , et que ie
n’auois aucune enuie de faire seruice
aux estrangers de ma patrie» : alors il
* Galion , de Decretis, et Hippocrates, de
Lacis affeclis. — A. P.
Cette comparaison était familière à Paré;
nous l'avons vue employée à diverses re¬
prises: t. I, p. 55; t. II, p. 501, etc.
* liratte response, — A. P.
cslolt prisonnier comme moy, qu’il
seruiroit vn diable pourestre mis en
liberté. En fin ie luy dis tout à plat
que ie ne voulois point demeurer
auec luy.
Le Médecin de l’Empereur s’en re¬
tourna vers ledit seigneur de Sauoye,
où il déclara la cause de la mort du¬
dit seigneur de Martigues, et luy dist
qu’il estoit impossible à tous les hom¬
mes qui sont au monde de l’auoir peu
guarir : et luy confirma encore que
i’auois fait tout ce qu’il estoit neces¬
saire de faire, et le pria me retirer à
son seruice , et luy dist plus de bien
de moy qu’il y en auoit.
Ayant esté persuadé me prendre ù
son seruice , il donna la charge à l’vn
de ses maistres d’hoslels , nommé
monsieur du Bouchet , me dire que
si ie voulois demeurer à son seruice ,
qu’il me traiteroit bien : ie luy fis res¬
ponse que ie le remerciois bien hum¬
blement , et que i’auois délibéré de
ne demeurer auec nul estranger,
Ce.ste mienne response entendue par
le Duc de Sauoye , se colera aucune¬
ment , et dist qu’il me falloit enuoyer
aux galeres.
Monsieur de Vaudeuille , Gouuer-
neur de Graueline,el Colonel de dix-
sept enseignes de gens de pied, le pria
de me donner à luy , pour le penser
d’vne vieille vlcere qu’il auoit à vne
iambe,il y auoit six ou sept ans. Mon¬
sieur de Sauoye lui dist, pour ce
que ie vallois , qu’il estoit content : et
que si ie luymetlois le feu ù la iambe,
que ce seroit bien fait. Il luy respondit
que s’il en apperceuoit quelque chose,
qu’il me feroit couper la gorge.
Bien lost après , ledit seigneur de
Vaudeuille m’enuoya quérir par qua-
1 lie hallebardiers Allenuins de sa
ET VOYAGES.
garde, lesquels m’estonnercnt bien
fort , ne sçachanl où ils me inenoient :
iis ne parloient non plus François
que moy Alleman. Estant arriué à
son logis, il me dit que i’estois le bien
venu , et que i’estois à luy : et que si
tost queie Faurois guari d’vn vlcere
qu’il auoit à la iambe , qu’il me don-
neroit mon congé sans prendre au¬
cune rançon de moy. le luy dis que
ie n’auois nul moyen de payer au¬
cune rançon.
Lors il fit appeler son Médecin et
Chirurgien ordinaire, pour memons-
trer sa iambe vlcerée. L’ayant veué
et considérée, nous retirasmes à part
en vne chambre, où ie commençay à
leur dire, que ladite vlcere estoit an¬
nuelle, n’estant simple, mais compli¬
quée, à sçavoir de figure ronde et
obstracqueuse , ayant les bords durs
et calleux , caue et sordide, accom¬
pagnée d’vne grosse veine variqueu¬
se, qui perpétuellement l’abreuuoit :
d’abondant, vne grosse tumeur et
intemperature phlegmoneuse et dou¬
loureuse en toute la iambe, en vn
corps de température fort colérique ,
comme le poil de sa barbe et son !
visage le demonstroient. La méthode
de la giiarir (si guarir se pouuoit) est
qu’il fallait commencer aux choses
vniuerselles, àsçauoiràla purgation,
et à la saignée, et à sa maniéré de
viure : qu’il n’vsast nullement de vin,
ny de viandes sallées et de haut
goust , et generalement de celles qui
eschauffent le sang. Après, qu’il fal-
loit commencer la cure en faisant
plusieurs scarifications autour de
ladite vlcere : et couper totalement
les bords calleux, et donner vne
figure longue ou triangle. Car la
ronde ne se peut que difficilement
guarir, comme les anciens ont laissé
par escrit, ce qu’on voit par expe-
7'7
rience. Cela fait, il fallait mondlfierla
sordicie et chair pourrie de l’vlcere,
qui se ferait auec l’onguent egyptiac,
et par dessus vne compresse trempée
en jus de plantin et de morelle et
oxycrat : et lalloit bander sa iambe ,
commençant au pied et finissant au
genoüil, et n’oublier à mettre vne
petite compresse sur la veine vari¬
queuse, à fin qu’il ne fluast rien de
superflu à ladite vlcere. D’auantage ,
qu’il se tint à repos sur le lict, ce qui
est commandé par Hippocrates, qui
dit que ceux qui ont mal aux iambes
ne se doiuent tenir debout ny assis,
mais couchés. Et après ces choses
faites, et l’vlcerebien mt ndifié, on iuy
appliquerait dessus vne lamine de
plomb, frottée et blanchie de vif-ar¬
gent. Voila les moyens par lesquels
ledit seigneur de Vaudeuille pourra
guarir de son vlcere.
Tout cela trouuerent-ils bon. Lors
le Médecin me laissa auec le Chirur¬
gien , et s’en alla vers le seigneur de
Vaudeuille, luy dire qu’il s’asseurast
que ie le pourrois guarir, et luy dist
tout ce que i’auois délibéré de faire
pour la guarison de son vlcere , dont
il fut fort ioyeux. Il me fit appeler,
et me demanda si i’auois opinion de
la cui’e de son vlcere : ie luy dis que
ouy, pourueu qu’il fust obéissant à
faire ce qu’il falloit ; il me fit pro¬
messe qu’il feroit entièrement ce que
ie voudrois luy faire et ordonner, et
que si tost que son vlcere seroit guari,
qu’il me donneroit liberté de m’en
retourner, sans payer aucune ran¬
çon. Alors ie le suppliay venir à vne
meilleure composition auec moi , luy
remonstrant que le temps me seroit
trop long, pour eslre en liberté, ius-
quesà ce qu’il fust entièrement guari,
et que dedans quinze iours i’esperois
faire que son vlcere seroit diminuée
Al'OLOGlIÎ
de plus de luoilié , el seroit sans dou¬
leur : et ce qui resteroit, son Chirur¬
gien et Médecin paracheueroient de le
guarir. U s’y accorda : et dés lors ie
pris vn peu de papier pour prendre la
grandeur de son vlcere, que ie lu y
baillay , et en retins autant par deuers ]
moi. le luy priay qu’il me tint pro¬
messe lors qu’il connoistroit besogne
faite. Il me iura foyde gentilrhomme,
qu’il le feroit : adonc ie me deliberay
de le bien penser, selon la méthode
de Galien, qui fut qu’aprés auoir
esté les choses estranges de l’ vlcere,
et qu’il ne resteroit que repletion de
chair, ie ne le pensois plus qu’ vne fois
le iour : et trouuoit cela bien estrange,
et pareillement son Médecin, qui
estoit bien doux de sel, lequel me
vouloit persuader auec le malade, de
le penser deux ou trois fois le iour.
le luy priay qu’il me laissas! faire, et
ce que i’en faisois n’estoit pour
allonger la cure , au contraire de
l’abreger, pour le désir que i’auois
d’estre en liberté : et qu’il regardas!
en Galien , au 4. liure De la composi¬
tion des medicamens selon les genres,
qui dit , que si vn médicament ne
seiourne long temps sur la partie, il
ne profite si bien comme lors qu’il y
est laissé long temps : chose qu’au¬
cuns médecins ont ignoré, et ont
pensé qu’il est mieux de remuer les
emplastres souuent : et ceste mau-
uaise coustume est tant inueterée et
enracinée, que les malades mesme
accusent souuent les Chirurgiens de
négligence, qu’ils ne changent plus
souuent les emplastres : mais ils sont
deceus. Car comme auez entendu et
leu en plusieurs lieux de mes œuures,
les qualités de tous corps quis’entre-
touchent , agissent l’vne contre l’au¬
tre : et tous deux palissent quelque
chose, fust l’vne d’icelle beaucoup
plus forte que l’autre ; au moyen de-
quoy lesdites qualités s’vnissent et
familiarisent auec le temps, combien
qu’elles soyent de beaucoup diffe¬
rentes : de maniéré que la qualité du
médicament s’vnit , et quelquesfois
deuient semblable à celle du corps ,
qui est chose fort vtile. Parquoy
doit-on beaucoup louer celny qui
premier a inuenté de n’vser si sou¬
uent de nouuelles emplastres , d’au¬
tant qu’on a conneu par expérience
ceste inuention estre bonne. D’auan-
tage, dit qu’on fait encore grande
faute d'habiller souuent les vlcercs,
les es.suyant bien fort : car on oste
non seulement l’excrement inutile,
qui est la boue ou sanie des vlceres,
mais aussi la matière dont est faite la
chair. Parquoy pour les raisons sus¬
dites, il n’est besoin de si souuent
penser les vlceres.
Ledit seigneur de Vaudeuille vou¬
lut entendre si ce que i’alleguois
de Galien estoit vray, et commanda
audit Médecin d’y regarder, et qu’il
le vouloit sçauoir : il se fit apporter
le liure sur la table , où mon dire fut
trouué véritable, où lors ledit Méde¬
cin fut trouué honteux , et moy bien
ioyeux. Alors ledit seigneur de Vau¬
deuille ne desira plus d’estre pensé
qu’vne fois le iour : de façon que
dedans les quinze iours son vlcere
estoit presque tout cicatrisé. La com¬
position entre nous faite, ie commen-
çay à me resioüir. Il me faisoit man¬
ger et boire à sa table , lors qu’il n’y
auoit point de plus de gens de bien que
luy et moy.
Il me fit donner vne grande es-
charpe rouge, qu’il me commanda do
porter. le puis dire que i’en estois
autant ioyeux , comme vn chien à
qui on baille vn tribal, de peur qu’il
n’aille aux vignes manger les raisins.
ET VOYAGES.
Le Médecin et Chirurgien me me-
noient parmy le camp pour visiter
leurs blessés , où ie prenois garde que
faisoient nos ennemis ; ie recpnneu
qu ilsn’auoient plus de grosses pièces
de batterie, mais seulement vingt-
cinq ou trente de campagne.
Monsieur de Vaudeuille tenoit mon¬
sieur de Bauge prisonnier, frere de
monsieur de Martigues qui mourut à
Hedin. Ledit seigneur de Baugéestoit
prisonnier au chasteau de la Motte au
Bois, appartenant à l’Empereur, le¬
quel auoit esté pris à TCberoüenne par
deux soldats espagnols. Ledit sei¬
gneur de V aud euille l’ ay an t enuisagé,
concluoitdeuoir estre quelque gentil¬
homme de bonne maison : le fit des¬
chausser, et voyant ses chausses et
pieds nets, avec la petite chaussette
bien blanche et deliée , telle chose le
confirma d’auantage estre homme à
payer quelque bonne rançon. Il de¬
manda ausdits soldats, que s’ils vou-
lolent trente escus de leur prisonnier,
qu’il les bailleroit présentement : ce
qu’ils accordèrent volontiers, par-ce
qu’ils n’auoient pas moyen de le gar¬
der, et moins de le nourrir , ioint
qu’ils ne sçauoient sa valeur : par¬
tant liurerent leur prisonnier entre
les mains dudit sieur de Vaudeuille ,
lequel subit par quatre soldats de sa
garde l’enuoya audit chasteau de la
Motte au Bois, -auec autres prison¬
niers gentils-hommes des nostres. Le
soigneur de Baugé ne se vouloit des-
couurir qu’il estoit, et endura beau¬
coup, estant au pain et à l’eau, et
couchoit sur vn peu de paille. Ledit
seigneur de Vaudeuille, après la prise
de Hedin , enuoya vers ledit seigneur
de Baugé, et autres prisonniers,
comme la place de Hedin auoit esté
pi'ise , et la liste do ceux qui auoient
esté tués, et entre les autres monsieur
de Martigues : et lors que ledit sei¬
gneur de Baugé entendit sonner à ses
oreilles que son frere monsieur de
Martigues estoit mort , commença à
s’escrier, pleurer et lamenter. Ses
gardes luy demandoient pourquoy il
faisojt tant de si piteuses lamenta¬
tions : il leur déclara quec’estoit pour
l’amour de monsieur de Martigues
son frere! Ayant entendu cela, le ca¬
pitaine du chasteau despescha soudain
vn homme pour annoncer à mon¬
sieur de Vaudeuille qu’il auoit vn
bon prisonnier : lequel ayant receu
ceste bonne nouuelle, s’en resioüit
grandement, et le lendemain m’eu-
uoya auec quatre soldats et son Mé¬
decin au chasteau de la Motte au
Bois, pour sçauoir si son prisonnier
luy vouloit donner quinze mil escus
de rançon, le renuoyeroit libre en sa
maison, et que pour le présent il ne
demandoit qu’vne response de deux
rnarchans d’Anuers qu’il nommeroit.
Ledit de Vaudeuille me persuada que
ie fisse accorder cela à son prisonnier :
voila pourqüoy il m’enuoya au chas¬
teau de la Motte au Bois. H com¬
manda au capitaine du chasteau de
le bien traiter et mettre en vne cham¬
bre tapissée : aussi qu’on renforçast
sa garde, et dés lors on luy fit bonne
chei’e , à ses despens.
La response dudit seigneur de
Baugé fut, que de se mettre à rançon
il ne pouuoit , et que cela dependoit
de monsieur d’Estampes son oncle ,
et de mademoiselle de Bressure sa
tante, et qu’il n’ auoit nu] moyen de
payer (elle rançon, le retournayavec
mes gardes vers ledit seigneur deVau-
deuille, et luy fis la response de sondit
prisonnier : lequel me dit, que possi¬
ble ne sortiroit il à si bon marché. Ce
qui fut vray, car il lut descouuert :
dont subit la Boyne de Hongrie çt
APOLOGIE
720
monsieur le duc de Sauoye niande
rent audit seigneur de Vaudeuiüe
que ce morceau estoit un peu trop
gros pour luy, et qu’il eust à leur
enuoyer (ce qu’il fit), et qu’il auoit
assez d’autres prisonniers sans ces-
tuy-là. Il fut mis à rançon à quarante
mil escus, sans les autres despens.
M’en retournant vers le sieur de
V audeuille, ie passay par sainct Orner ,
là où ie vis leurs grosses pièces de
batterie, dont la plus part estoient
esuenlées et rompues. le repassay pa- |
reillement par Theroiienne, où ie ne
vis plus pierre sur pierre, fors vn ves¬
tige de la grande Eglise ; car l’empe¬
reur fit faire commandement aux
villageois, à cinq ou six lieues d’alen¬
tour, qu’ils eussent à vuider et trans¬
porter les pierres : en sorte qu’à pré¬
sent on y charie dedans la ville. Aussi
fait on à Hedin, sans nulle apparence
de cliasteau et forteresse. Voila le
malheur qu’apportent les guerres.
Et pour retourner à mon propos,
tost api’és mondit seigneur de Vau-
deuille so porta bien de son vlcere, et
estoit presque guari ; qui fut cause
qu’il me donna congé , et me fit con¬
duire auec passeport , par vne trom¬
pette, iusques à Abbeuille : là où ie
pris la poste, et m’en allay trouuer le
roy Henry mon maistre à Aufimon ,
qui me receut auec vne aliegresse, et
de bonne grâce.
Il enuoya quérir messieurs de
Guise, et Connestable, et d’Estrés,
pour entendre de moy ce qui s’estoit
passé à nostre prise de Hedin : et leur
en fis fidele rapport, et leur asseuray
auoir veu les grosses pièces de batte¬
rie qu’ils auoient menées à sainct
Orner: dont le I\oy lut ioyeux, parce
qu’il craignoit que l’ennemy ne vint
plus auant en France. Il me Ht don¬
ner deux cens escus pour me retirer
en ma maison : et moy fort ioyeux
d’estre en liberté, et hors de ce grand
tourment et bruit de tonnerre de la
diabolique artillerie, etloingdes sol¬
dats blasphémateurs et renieurs de
Dieu.
le ne veux icy laisser à dire, qu’a •
prés la prise de Hedin, le roy fut ad-
uerti que n’auois esté tué , et que
i’estois prisonnier. H fit escrire par
monsieur du Goguier son premier
Médecin à ma femme, que i’estois
viuant, et qu’elle ne se donnasl peine,
et qu’il payeroit ma rançon.
BATAILLE DE SAINCT-QVENTIN. — 1557.
Après la bataille de sainct Quenlin ,
le Roy m’enuoya à la Fere en Tarle-
nois vers monsieur le Mareschal de
Bourdilion , pour me faire donner
passeport au Duc de Sauoye, pour
aller penser monsieur le Connestable
qui auoit esté grandement blessé d’vn
coup de pistolle au- dos, dontilcuida
mourir : et estoit demeuré prisonnier
entre les mains des ennemis. Mais ia-
mais le Duc de Sauoye ne voulut con¬
sentir que i’allasse vers ledit seigneur
le Connestable, disant qu’il ne de-
meureroit sans Chirurgien : et qu’il
se douloit bien que" ie n’y fusse allé
seulement pour le penser , mais plus-
tost pour bailler quelque aduertisse-
ment audit seigneur le Connestable,
et qu’il sçauoit que ie sçauois bien
faire autre chose que la Chirurgie, et
qu’il me connoissoit pour auoir esté
son prisonnier à Hedin. Monsieur le
Mareschal de Bourdilion aduerlit le
Roy du refus qu’auoit fait le Duc de
Sauoye. 11 escrit audit seigneur do
Bourdilion , que si Madame la Con-
F.T VOYAGES.
nestJible cnuoyoit quelqu’vn de sa
maison qui fust habile homme, que ie
luy baillasse vue lettre, et que ver¬
balement i’eusse aussi à luy dire de
bouche ce que le Roy et monsieur le
Cardinal de Lorraine m’auoient
donné charge. Deux iours après, il
arriua vn valet de chambre dudit
sieur le Connestable, qui luy portoit
des chemises et autres linges, auquel
mondit seigneur le Mareschal fil
donner passeport pour aller vers le¬
dit seigneur Connestable.' le fus fort
ioyeux, et luy baillay ma lettre, et
luy fis sa leçon de ce que deuoit faire
son maistre estant prisonnier.
le pensois, estant deschargé de ma
légation, m’en retourner vers le Roy.
Mais ledit seigneur deRourdillon me
pria de demeurer à la Fere auec luy,
pour penser vn bien grand nombre
de blessés qui sy estoient retirés
après la bataille, et qu’il rescriroit au
Roy la cause de ma demeure : ce que
ie lis. Les playes des blessés estoient
grandement puantes, et pleines de
vers , auec gangrené et pourriture :
où il me fallut ioüer des couteaux
pour amputer ce qui estoit gasté, et
ne fut sans couper bras et iambes, et
aussi en trépaner plusieurs. Or on ne
Irouuoit point nuis medicamens à la
Fere, parce que les Chirurgiens de
noslre camp auoient tout emporté,
le dcscouuris que le chariot de l’artil¬
lerie estoit demeuré à la Fere, et n’y
auoit-on encore louché. le dis audit
seigneurie Mareschal , qu’il me feist
deliurer vne partie des drogues qui
estoient dedans: ce qu’il fit, et m’en
fut donnée la moitié seulement pour
vne fois, et cinq ou six iours après il
me fallut prendre toute la reste, en
core n’y en auoit-il pas à moitié pour
penser le grand nombre des blessés.
Et pour corriger et arrester la pour-
111.
û i
riture, et tuer les vers qui estoient
en leurs playes, ie les lauois d’Egyp-
tiac dissout en vin et eau de vie, et
leur faisois tout ce que ie pouuois :
neantmoins toutes mes diligences, il
en mourut beaucoup.
Il se trouua à la Fere des gentils¬
hommes qui auoient charge de trouuer
le corps mort de monsieur de Bois-
Dauphin l’aisné, qui auoit esté tué
en la bataille : ils me prièrent les
vouloir accompagner au camp pour
le choisir, s’il estoit possible, entre les
morts : ce qui estoit impossible le
pouuoir reconnoistre , attendu que
les corps estoient tous effondrés par
pourriture, et deuisagés. Nous veis-
mes plus de demie lieuë autour de
nous , la terre toute couuerte de
corps morts : et n’y demeurasmes
gueres, pour la grande puanteur ca-
dauereuse qui s’esleuoit des corps,
tant des hommes que des chenaux :
et croy que nous fusmes cause de
faire esleuer de ces corps vne si
grande quantité de grosses mousches,
qui s’estoient procréées de l’humidité
des corps morts et de la chaleur du
Soleil, ayans le cul verd et bleu,
qu’estans en l’air faisoient ombre au
Soleil. On les oyoit bourdonner à
grand merueille, et croy que là où
ils s’assirent, c’ estoit pour rendre l’air
pestilent, et y causer la peste.
Mon petit Maistre , ie voudrois
qu’eussiez esté là comme moy, pour
discerner des odeurs, et pour aussi
en faire rapport à ceux qui n’y ont
esté.
Il m’ennuyoit beaucoup là. lepriay
mon.sieur le Mareschal de me donner
congé de m’en aller, et auois peur de
demeurer malade, pour le trop grand
trauail de puanteur des blessés, qui
mouroient quasi tous, quelque dili¬
gence qti’on y peust faire. 11 lit venir
APOLüGIK
'j'2'2
(les Cliirurgions pour paracheucr à
Irailer les blessés, et m’eu allay auec
sa b(june grâce. Il escriuit vue lettre
au Roy, de la diligence que i’auois
l’aile enuei s les panures blessés. Puis
ic m’en reuinsà Paris, où ie Irouuay
eacore beaucoup de genlils-bommes
qui auoient esté blessés , qui s’y es-
toient retirés après la bataille.
VOYAGE DV camp d’amIENS. — 1558.
Le roym’enuoya à Dourlan, et me
flt conduire par le capitaine Gouast,
auec cinquante hommes-d’ armes, de
peur que ie nefussepris des ennemis :
et voyant que par chemin estions
tousiours en alarmes, ie fis descendre
mon homme, et fis qu’il estoit mais-
tre. Car ie montay sur son chenal qui
portoit ma malle, et alloit bien du
pied s’il eust fallu gaigner le haut, et
pris son manteau et chapeau, et luy
baillay ma monture, qui estoit vne
belle et petite haquenée. Mon homme
estant dessus, on l’eust pris pour son
maistre, et moy pour son valet. Ceux
de Dourlan nous voyansdeloin,pen-
soient que fussions ennemis, et nous
tirèrent des coups de canon. Le capi¬
taine Gouast, mon conducteur, leur
fit signe auec son chapeau que n’es¬
tions ennemis : en fin cessèrent de
tirer, et enlrasmes à Dourlan auec
vne grande ioye.
Ceux de Dourlan auoient fait vne
sortie sur l’ennemy, cinq ou six iours
auparauant ; lesquels tuerent et bles¬
sèrent plusieurs de nos Capitaines et
bons soldats, et entre les autres le
Capitaine sainct Aubin , vaillant
comme l’espée , que monsieur de
Guise aiinoit fort , et pour lequel
principalement le Uoy m’enuoyoit là.
Lequel estant en accès de liéure
quarte, voulut sortir pour comman¬
der à la plus grande partie de sa
compagnie : vn espagnol voyant qu’il
commandoit, apperceut estre vn Ca¬
pitaine, et luy tira vn coup d’harque-
buse tout au trauers du col. Mon
capitaine sainct Aubin pensoit de ce
coup estre mort, et delà peur, ie pro¬
teste à Dieu qn’il perdit sa liéure
quarte, et en fut du tout deliuré. le
le pensay auec Anthoine Portail, Chi¬
rurgien ordinaire du Itoy, et plusieurs
autres soldats : les vns mou r oient,
les autres reschappoient, quittes pour
vn bras ou vne iambe, ou perte d’vn
œil, et ceux-là disoit-on estre quittes
à bon marché : eschappe qui peut.
Lors que les ennemis eurent rompu
leur camp, ie m’en retournay à
Paris.
Icy ie me tais de mon petit Maistre,
qui estoit plus aise en sa maison que
moy à la guerre.
VOYAGE DV HAVRE DE GRACE.— 1563.
Encores ie ne veux laisser à parler
du camp du Haure de Grâce. Lors
qu’on faisoit les approches pour as¬
seoir l’artillerie, les Anglois qui es-
toient dedans tuerent quelques vns
de nos soldats, et plusieurs pionniers
qui gabionnoient : lesquels lors qu’on
voyoit estre tant blessés qu’il n'y
auoit nulle esperance de guarison ,
leurs compagnons les despoüilloient ,
et les inettoient encores viuans de¬
dans les gabions, (jui leur seruoient
d’autant de remplage. Les Anglois
voyans qu’ils ne pourroient soustenir
vu assaut, par-ce (lu’ils esloient fort
ET VOYAGES.
attainis de maladies, et principale¬
ment de la peste, ils se rendirent ba¬
gues sauues. Le Uoy leur fit bailler
des vaisseaux pour s’en retourner en
Angleterre , bien ioyeux d’estre hors
de CO lieu infecté de poste. Il en mou¬
rut la plus grande part: et portèrent la
peste en Angleterre , qui depuis n’en
ont esté exempts. Le capitaine Sarla-
bous, maistre de Camp, y fut laissé
en garnison , auec six enseignes de
gens de pied, lesquels n’auoient nulle
peur de la peste : et furent bien ioyeux
d’y entrer, esperans y faire bonne
chere.
Mon petit Maistre , si vous y eussiez
esté , vous eussiez fait comme eux.
VOYAGE DE ROYEN. — 1562.
Or quant à la prise de Rouen , ils
firent mourir beaucoup des nostres
deuant l’assaut , et à l’assaut ; le len¬
demain mesme qu’entrasmes en la
ville , i’en trepanay huit ou neuf qui
auoient esté blessés à la broche , de
coups de pierre. Il y auoit vn air si
malin , qui estoit cause que plusieurs
mouroient , voire de bien petites blés-
seures, de façon qu’aucuns estimoient
qu’ils auoient empoisonné leurs bal¬
les. Ceux du dedans disoient le sem¬
blable de nous : car encore qu’ils fus¬
sent bien traités de leurs nécessités
dedans la ville , ils ne laissoient point
à mourir comme ceux du dehors.
Le Roy de Nauarre fut blessé quel¬
ques iours deuan t l’assaut d’ vn coup de
boulet à l’espaule. le le visilay, et ai-
day à le pen.ser auec vn sien Chirur¬
gien nommé maistre Gilbert , vn des
premiers de Montpellier, et autres.
On ne peust Irouuer la balle: ie la
79.3
chercbay bien exactement , i’apper-
cou par coniecture qu’elle estoit en¬
trée par la teste de l’os du haut du
bras , et qu’elle auoit coulé en la ca-
uité dudit os , qui faisoit qu’on ne la
pouuoit pas trouuer. La plus grand’
part la disoient estre entrée , et per¬
due dedans le corps. Monsieur le
Prince de la Roche-sur-Yon , qui ai-
moit intimement le Roy de Nauarre ,
me tira à part , et s’enquist si le coup
estoit mortel : ie luy dis que ouy ,
par-ce que toutes les playes faites
aux grandes iointures , et principale¬
ment des playes contuses, estoient
mortelles , selon tous les auteurs qui
en ont éscrit. Il s’enquist des autres
ce qu’il leur en sembloit, et principa¬
lement audit Gilbert : qui luy dist
auoir grande esperance que le Roy
son maistre guariroit, et fut ledit
Prince bien ioyeux. Quatre iours
après , le Roy et la Royne mere , et
monsieur le Cardinal de Rourbon son
frere, et monsieur le Prince de la Ro¬
che-sur-Yon , et monsieur de Guise ,
et autres grands personnages , après
que nous eusmes pensé le Roy de
Nauarre, voulurent faire faire vne
consultation en leurs présences , où
il y auoit plusieurs Médecins et Chi¬
rurgiens. Chacun en dit ce qu’il luy
en sembloit , et n’y eut pas vn d’i-
ceux qui n’eussent bonne esperance
(disoient-ils) que le Roy guariroit :
et moy persistois tousiours au con¬
traire. Monseigneur le Prince de la
Roche-sur-Yon , qui m’aimoit, me re¬
tira à part , et me dist que i’estois seul
contre l’opinion de tous les autres, et
me prioit de n’estre opiniastre contre
tant de gens de bien. le luy respons ,
que lors que ie connoislrois bons
signes de guarison, iechangeroismon
aduis. Plusieurs consultations furent
faites , où iamais ne changeay de pu-
rôle, et prognostic (el que îe Taucis
fait au proinier appareil, et disois toiis-
ioursquele bras tomberoit en gangre¬
né : ce qu’il fit, quelque grande dili¬
gence qu’on y peust mettre : et rendit
l’esprit à Dieu le 18. ionrde sa bles¬
sure.
Monsieur le Prince de la lloche-sur-
Yon, ayant entendu la mort dudit
Roy, enuoya vers moy son Chirur¬
gien et Médecin nommé le Féure, à
présent Médecin ordinaire du Roy et
de la Royne mere , me dire qu’il vou-
loit auoir la balle , et qu’on la cher-
cbast à quelque endroit que ce fust.
Alors ie fus ioyeux , et leur dis que
i’estois bien asseuré la trouuer bien
tost : ce que ie fis en leurs présences,
et de plusieurs gentils-hommes : elle
estoittout au beau milieu de la cauité
de l’os du haut du bras. Mondit sei¬
gneur Prince l’ayant, la monstra au
Roy et à la Royne, qui tous dirent
que mon prognostic estoit Irouué vé¬
ritable. Le corps fut mis reposer au
chasteau Gaillard : etie m’en retour-
nay à Paris , où ie trouuay plusieurs
malades qui auoient esté blessés à la
breche de Roüen, et principalement
des Italiens, lesquels me desiroient
fort pour les penser : ce que ie fis vo¬
lontiers. Il y en eu t. plusieurs qui gua-
rirent, les autres moururent.
le croy, mon petit Maistre , que
fustes appellé pour en penser quel-
ques-vns, pour le grand nombre qu’il
y auoit.
VOYAGE DE LA BATAILLE DE DREVX.
— 1562.
Le lendemain après la bataille don
née à Dreux», le Roy me commanda
d’aller penser mon, sieur le Comte
d’Eu, qui auoit esté blessé d’vn coup
de pistole à la cuisse dextre, prés la
iointure de la hanche, qui auoit fra¬
cassé et brisé l’os femoris en plusieurs
esclats , dont plusieurs accidcns luy
suruindrent, puis la mort; qui fut à
mon très-grand regret. Le lendemain
que ie fus arriué, ie voulus aller au
camp où s’estoit donné la bataille,
pour voir les corps morts. le vis à
vne grande lieue d’alentour la terre
toute couuerte : on auoit en estime
de vingt cinq mille hommes ou plus :
tout cela fut depesché en moins de
deux heures.
le voudrois, mon petit Maistre, pour
l’amour que ie vous porte , qu’y eus¬
siez esté pour en raconter à vos es-
choliers et à vos enfans,
Or cependant que ie fus à Dreux ,
ie visitay et pensay grand nombre
de gentils-hommes, et panures sol¬
dats, et entre les autres beaucoup
de Capitaines suisses. l’en pensois
quatorze estans en vne seule cham¬
bre , tous blessés de coups de pis
tôles et d’autres instrumens à feu
diaboliques, et n’en mourut pas vn
des quatorze. Monsieur le Comte d’Eu
estant mort , ie ne fis grand seiour à
Dreux. Il vint des Chirurgiens de Pa¬
ris, qui faisoienl bien leur deuoir vers
les blessés , comme Pigray, Cointerct,
Hubert , et autres : et ie m’en relour-
nayàParis, où ie retrouuay beau¬
coup de gentils hommes blessés qui
s’y estoient retirés après ladite ba¬
taille, pour estre pensés de leurs
blessures , où ne fus sans en voir
plusieurs.
La bataille fut donnée le 19 décembre.
KT VOYaOKS.
VOYACIÎ DIÎ I,A IIAÏAILI.R DE MONT-
CONTOVK. — 1509.
Pondont la balaille de Monlcon-
tour, le Roy Charles estait au Plessis
lez loors , où il entendit l’auoir gai-
gnée. Il se retira grand nombre de
gentils-hommes et soldats en la ville
et faiixboiirgs de ïonis, blessés, pour
se faire penser et medicamenter : où
le Roy et la Royne mere me comman¬
dèrent en foire mon deuoir, auec les
autres Chirurgiens qui lors cstoient
en quartier, comme Pigray, du Bois,
Portail, et vn nommé Siret, Chirur¬
gien de Tours , homme bien entendu
en la Chirurgie, estant alors Chirur¬
gien de Monseigneur frere du Roy :
et pour la multitude des naurés, n’es¬
tions gueres à repos, ny les Médecins
pareillement.
Monsieur te Comte de Mansfeld,
gouuerneur de la duché de Luxem¬
bourg, Cheualier de l’ordre du Roy
d’Espagne, fut grandement blessé à
la bataille, axi bras senestre, d’vn
coup de pistolle qui luy rompit
grande partie du coude , et s’estoit re¬
tiré à Bourgueil , prés Tours. Estant
là,enuoya vn gentilhomme vers le
Roy, le supplier bien affectueusement
luy vouloir enuoyer vn de ses Chirur¬
giens pour le secourir de sa blessure.
Le conseil fut tenu quel Chirurgien
.seroit qu’on y enuoyeroit. Mon.sieurle
Mareschal de Montmorency dist au
Roy et ù la Royne , qu’il seroit bon de
luy enuoyer son premier Chirurgien ,
et leurremonstra que ledit .seigneur
de Mansfeld auoit esté vue grande
partie cause du’gain de la bataille. Le
Roy dist tout à plat, qu’il ne vouloit
que i’y allasse , et vouloit que ie de¬
meurasse prés de luy. Adoncla Royne
mere luy dist que ie ne ferois qu’aller
et venir, et falloit auoir esgard que
c’estoit vn seigneur eslranger, qui es-
toit venu de la part du Roy d’Espa¬
gne pour son secours. Alors il me per¬
mit y aller, pourueu que ie reuin.sse
bien tost. Adonc il m’enuoya quérir,
et pareillement la Royne mere , et
me commandèrent d’aller trouuer
ledit seigneur Comte de Mansfeld ,
la part où il seroit, pour luy seruir
en tout ce que ie pourrois faire pour
la guarison de sa bles.sure. le l’allay
trouuer, accompagné d’vne lettre de
leurs Maiestés. L’ayant veuë , il me
receut de bonne volonté , et desiors
donna congé à trois ou quatre Chirur¬
giens qui le pensoient: qui fut à mon
très-grand regret, par ce que sa bles¬
sure me sembloit estre incurable.
Or audit Bourgueil s’estoient re¬
tirés plusieurs gentils-hommes ay ans
esté blessés à ladite bataille, sçaehans
que Monsieur de Guise y estoit, qui
auoit esté aussi fort blessé d’vn coup
de pistolet au trauers d’vne iambe ,
et estans bien asseurés qu’il auroit de
bons Chirurgiens pour le penser, et
aussi qu’il est débonnaire et fort libe¬
ral, qu’il les assisteroit d’vne grande
partie de leurs nécessités. Ce que vé¬
ritablement foisoit volontiers , tant
de leur manger et boire , que autres
nécessités : et de ma part , de mon
art estaient soulagés et aidés ; les vns
mouroient, autres guarissoient, selon
leurs blessures Le comte Ringraue
mourut, qui auoit vn coup à l’es-
paule semblable à celuy qu’eut le
Roy de Nauarre deuant Roüen. Mon¬
sieur de Bassompierre , colonel de
douze cens chenaux , fut semblable¬
ment blessé de pareil coup et en¬
droit que celuy de monsieur le
comte de Mansfeld , que ie pensay,
et Dieu le guarist. Dieu benist si bien
APOLOGir:
mon œuiire , que dans trois sepmai-
nes ie les ramenay à Paris, où fallut
faire encore (juelques incisions au
bras dudit comte de Mansfeld , pour
extraire les os qui esloient grande¬
ment fracassés, rompus, et carieux,
Ilguarist par la grâce de Dieu, et me
lit vn honnesle présent , de sorte
que ieme contentay bien fort de luy,
et 1-uy de moy, comme il m’a fait pa-
roislre depuis. Il escriuit vue lettre à
monsieur le duc d’Ascot , comme il
esloit guari de sa blessure , et aussi
monsieur de Bassompïerre de la
sienne , et plusieurs autres que i’a-
uois pensés après la bataille de Mont-
contour, qui luy conseilloit do sup¬
plier le Roy de France me permettre
d’aller xoir monsieur le Marquis
d’Auret son frere : ce qu’il fit.
VOYAGE DE FLANDRES.
Monsieur le duc d’Ascot ne fit
faute d’enuoyer vn gentilhomme
vers le Roy, accompagné d’vne lettre,
pour le supplier humblement luy
faire tant de bien et d’honneur, que
de permettre et commander à son
premier Chirurgien venir voir mon¬
sieur le marquis d’Auret son frere ,
qui auoit receu vn coup d’harquebuse
prés le genoüil, auec fracture d’os ,
il y auoit eiiuiron sept mois, et que
les Médecins et Chirurgiens do par
delà esloient bien empeschés à sa
guarison. Le Roy m’enuoya quérir,
et me commanda d’aller voir ledit
seigneur d’Auret, et le secourir en
tout ce que ie pourrois pour la gua¬
rison de sa blessure. le luy dis que
i’employerois tout le peu de sçauoir
qu’il auoit pieu à Dieu me donner.
le m’en allay , conduit par deux
gentilshommes, au chastcau d’Aurel,
qui est à vne lieuë et demie de Mens
en Hainaut , où esloit ledit mar¬
quis. Subit estant arriué , ie le vi-
sitay, et luy dis que le Roy m’a-
uoit commandé de le venir voir, et
penser de sa blessure. Il me dist qu’il
esloit bien ioyeux de ma venue , et
estoit grandement tenu au Roy, luy
ayant fait tant d’honneur de m’auoir
enuoyé vers luy. le le trouuay auec
vne grosse fiéure, les yeux fort en¬
foncés , auec vn visage moribonde et
iaunastre , la langue seiche et aride,
et tout le corps fort émacié et mai¬
gre , la parole basse comme d’vn
homme fort prés de la mort ; puis
trouuay sa cuisse fort enflée, apos-
tumée et vlcerée , ieltant vne sanie
verdoyante et fort fetide. le le son-
day auec vne sonde d’argent. Par
icelle trouuay vne cauilé prés l’aine,
finissant au milieu de la cuisse , et
d’autres autour du genoüil sanieuses
et cuniculeuses : aussi certaines es¬
quilles d’os, les vnes séparées, lès au¬
tres non. La iambe esloit fort tumé¬
fiée, et imbue d’vn humeur pituiteux,
froid et humide et flatulent(de sorte
que la chaleur naturelle estoit en
chemin d’estre suffoquée et csleinle)
et courbée et retirée vers les fesses ;
le croupion vlceré de la grandeur de
la palme de la main : et disoit y sentir
vne exlreme cuiseur et douleur , et
semblablement aux reins; de façon
qu’il ne pouuoit aucunement reposer
iour ny nuit , et n’ auoit nul appétit do
manger , mais de boire assez. Il me
fut dit, que souuent tnmboit en dé¬
faillance de cœur , et quelquesfois
comme en epilepsie : et auoit souuent
volonté de vomir, auec vu tremble¬
ment tel qu’il ne pouuoit porter ses
mains à sa bouche. Voyant et consi-
KT VOYAGES.
(lerant tous ces grantls accidens , et
les vertus grandement abballues, vé¬
ritablement i’eus vu très-grand regret
d’estre allé vers luy, par ce qu’il me
sembloil auoir peu d’apparence qu’il
peust reschapper de la mort. Toutes-
fois pour luy donner courage et
bonne esperance , ie luy dis que bien-
tost ie le meltrois debout, par la
grâce de Dieu , et l’aide de ses Méde¬
cins et Chirurgiens. L’ayant veu,ie
m’en allay promener en vn iardin , là
où ie priay Dieu qu’il me fit ceste
grâce, qu’il guarist : et qu’il benist
nos mains et les medicamens, à com-
ballre tant de maladies compliquées,
le discourus en mon esprit les moyens
qu’il me falloit tenir pour ce faire.
On m’appela pour disner : i’entray à
la cuisine , là où ie vis tirer d’vne
grande marmite demy mouton , vn
quartier de veau , trois grosses pièces
de bœuf, et deux volailles, et vn
bien gros lopin de lard , auec force
bonnes herbes : alors ie dis en moy-
mesrne, que ce boüillon de marmite
estoit succulent, et de bonne nourri¬
ture.
Après le disner , tous les Médecins
et Chirurgiens assemblés, nous en-
trasmes en conférence, en la pré¬
sence de monsieur le duc d’Ascot , et
quelques gentilR-hommes quU’accom-
pagnoient. le commençay à dire aux
Chirurgiens , que ie rn’esmerueillois
grandement comme ils n’auolent fait
des ouuerlures à la cuisse de mon¬
sieur le Marquis , qui estoit toute
apostumée , et quo la boué qui en
sortoit estoit grandement fetide et
puante, qui demonslroit y estre de
long temps croupie , et que i’auois
trouué auec la sonde carie d’os, et
des esquilles qui estoient ja séparées.
Ils me firent response que iamais
ne l’auoil voulu consentir, et mesme
7-37
qu’il y auoit prés de deux mois qu’on
n auoit peu gaigner à mettre des draps
blancs en sou lit , et n’osoit-ou qu’à
peine toucher à la couuerture,tantil
sentoit de douleurs. Lorsie disque
pour le guarir , il falloit toucher
autre chose que la couuerluredu lie*.
Chacun dist ce qu’il luy scmbloit de la
maladie dudit seigneur, et pour con¬
clusion, le tenoienl tous déploré. le
leur dis qu’il y auoit encore quelque
esperance, pour sa ieunesse , et que
Dieu et Nature font quelquesfois des
choses qui semblent aux Médecins et
Chirurgiens estre impossibles.
Ma consultation fut, que la causé de
tous ses accidens estoient venus par
le coup de boulet donné prés la ioin-
ture du genoüil, qui auoit rompu les
ligamens , tendons , et aponeuroses
des muscles, qui lient ladite ioinlure^
ensemble l’os feuioris : aussi nerfs ,
veines, et artères, dont s’en estoit
ensuiui douleur, inflammation, apos-
leme, et vlcere : et qu’il falloit com¬
mencer la cure à la maladie qui estoit
cause de tous les susdits accidens
qu’il auoit , à sçauoir , faire des oU-
uerturespour donner issue à la sanie
retenue entre les spaciosités des mus¬
cles, et en leur substance (sembla¬
blement aux os) laquelle causoit vue
grande corruption en toute la cuisse,
dont les vapeurs en estoient esleuées
et portées au cœur , qui causoient
syncope et la fiéure , et de la fléure vn
feu vniuersel en tout le corps , et par
conséquent depraualion de l’œcono-
mie. Pareillement lesdiles vapeurs es-
loient communiquées au cerueau ,
qui causoient l’epilepsie et tremble¬
ment , et à l’eslomach nausée , et
l’engardoit faire ses fonctions , qui
sont principalement de digerer et
cuire les viandes j et les conuertir ch
chyle I lesquelle» si elles ne sont biett
AT'OI.OGIIÎ
7^8
cuUles , il s’engendre des crudités et
obstructions qui font que les parties
ne sont nourries , et par conséquent
le corps desseiche et maigrit : et
pour-ce aussi qu'il ne faisoit nul exer¬
cice. Et quant à Tœdcme de sa iambe,
celaestoitprouenu à cause du defaut
de l’aliment , et de la chaleur natu¬
relle arrestée en toute la cuisse, et
aussi faute qu’elle ne se pouuoit mou-
uoir ; car toute partie qui n’a son
niouuement , demeure languide et
atrophiée : par-ce que la chaleur et
esprit n’y sont point enuoyés ny atti¬
rés, dont ensuit morlificalion : et que
pour refociller et engraisser le corps,
il falloit faire des frictions vniuersel-
les auec des linges chauds, en haut,
en bas, à dexlre, à senestre, et en
rond , à fin d’atlirer le sang et esprits
du dedans au dehors , et résoudre
quelques vapeurs fuligineuses déte¬
nues entre cuir et chair : partant les
parties seront puis après nourries et
refaites ( comme i’ay dit cy-deuant au ]
liure 9. traitant dei playes d’har-
qutbuses). Et les falloit laisser lors
qu’on verroit au cuir chaleur et rou¬
geur, de peur de résoudre ce qu’on
auroit attiré , et par conséquent le
rendre encore plus maigre. OrTvlcere
qu’il a sur le croupion, est venue pour
auoir esté trop long temps couché
dessus , sans se remuer : qui a esté
cause que les esprits n’ont peu re¬
luire. A ceste cause s’est faite in¬
flammation , de l’inflammation apos-
teme, puis vlcere, voire auec déper¬
dition de substance de la chair
sujette, auec vne tres-grande dou¬
leur, à cau.se des nerfs qui se dissémi¬
nent en ceste partie. Il faut pareille¬
ment faire tant qu’on le mette en vn
autre lict bien mol, et luy bailler che-
mi.se et draps blancs : autrement tou-
tps les choses qu’on luy pourroit faire
no luy seruiroient de rien , à cause
que ces excremens et vapeurs de la
sanie retenue do .si long temps
en son lict , sont attirées par le sys-
tolé et diastolé des artères qui sont
disséminées par le cuir, et font que
les e.sprits s’altèrent , et acquièrent
vne mauuaise diathese ou qualité
et corruption : ce qui se voit de
quelqu’vn qui couchera en vn lit là
où vn verollé aura couché et sué , le¬
quel prendra la verolle par les va¬
peurs putrides qui seront imbues et
demeurées aux draps et couucrtures.
Or quant à ce qu’il ne peut nulle¬
ment dormir, et est quasi en atrophie,
c’est à raison qu’il mange peu , et ne
fait nul* exercice, et qu’il est vexé
de grandes douleurs ; car il n’y a rien
qui abbatte et prosterne plus les ver¬
tus que la douleur. La cause qu’il a
la langue aride et seiche, cela vient
par la vehemence de la chaleur de la
fiéure, par les vapeurs qui montent
de tout le corps à la bouche : car ,
comme on dit en commun prouerbe ,
quand on chauffe bien vn four, la
gueulle s’en ressent. Ayant discouru
des causes et accidens, ie dis qu’il
falloit les guarir par leurs contraires :
et premièrement appaiser les dou¬
leurs , faisant des ouuertures à la
cuisse pour euacuerla boue retenue,
ne l’euacuant tout à coup, de peur
que par la grande euacuation subite
se fist vne resolution d’esprits, qui
pourroit grandement débiliter le
patient et abréger ses iours. Seconde¬
ment , auoir esgard à la grande tu¬
meur et froideur de la iambe , crai¬
gnant qu’elle ne tombast en gan¬
grené , et qu’il luy falloit appliquer
vne chaleur actuelle , parce que la
potentielle ne pourroit réduire l’in-
ternperie depolentia ad aclum. A ceste
cause , qu’il falloit y appliquer au-
T.T VOYAGF.S,
tour (les briques chaudes, sur les¬
quelles ou ietteroit vue decoclion
faite d’herbes neruales cuiltes en vin
et vinaigre, puis enueloppées en quel¬
que seruiettei et aux pieds vne bou¬
teille de terre remplie de ladite de¬
coclion, bouchée et emudoppée en
quelques linges. Aussi luyfalloit faire
des fomentations sur la cuisse et
toute la iambe, d’vne décoction
faite de sauge, rosmarin , thym , la-
uande, fleurs de camomille et meli-
lol , roses rouges cuiltes en vin blanc,
et lexiue faite de chesne , et vn peu
de vinaigre, et demie poignée de sel.
Geste decoclion a vertu de sublilier,
atténuer, inciser, résoudre, tarir et
seicher l’humeur gros et visqueux.
Lesdites fomentations se feront lon¬
guement, à fin que la résolution soit
plus grande : car estant ainsi faite
longuement, on résout plus qu’on |
n’attire, à cause qu’on liquéfié l’hu¬
meur contenu en la partie, on raréfié
le cuir, et la chair des muscles. Tier-
cemenl, qu’il falloit appliqué' sur
l’vlcere du croupion vne grande em-
plastre, faite de l’onguent desiccalif
rouge et l'onguent Comilissœ, par¬
ties égalés, incorporé(;s ensemble, à
fin de luy appaiser sa douleur et des-
seicher fvlcere : aussi luy faire vn
bourrelet de duuet qui portast le
croupion en l’air , sans estre appuyé
dessus. Quartenuml, pour rafraischir
la chaleur des reins, on luy applique-
roit dessus de l’onguent réfrigérant
de Galien, recentement fait, et par
dessus des fueilles de nénuphar ré¬
centes : puis vne seruietle trempe^e en
oxycrat, espreinte et renouuellée
sonnent. El pour la corroboration du
c(eur, on appliquera (hîssus vn médi¬
cament réfrigérant , fait d’huile de
nénuphar et l’ongmmt rosat et vn
peu de sallVan , dis.souls en vinaigre
7^0
rosat et lheriaque , estendus sur vne
piece d’esrailalle. Pour la syncope
qui procedoit de la débilitation des
forces naturelles, faisant aussi trou¬
bler le cerueau , falloit vser de bons
alimens succulens, comme œufs mol¬
lets , raisins de damas confits en vin
et succre, aussi panade faite de bouil¬
lon de la grande marmite (de la¬
quelle i’ay parlé cy deuanl) auec
blancs de chappon , ailes de perdrix
hachées bien menu, et autres vian¬
des roslies , faciles à digerer, comme
veau , chéureau, pigeonneaux, per¬
dreaux^ griues, et autres sembla¬
bles. La saulse sera orenge , verjus
d’ozeille, grenades aigres : il en
pourra pareillement manger deboüil-
lis auec bonnes herbes, comme ozeil-
le, laictuë, pourpié, cichorée, bu-
glose, soucy, et autres semblables.
La nuit , il pourra vser d’orge-mon-
dé, auec jus d'ozeille et nénuphar,
de chacun deux onces, auec quatre
ou cinq grains d’opium, et des quatre
semences froides conquassées, de
chacun demie once, qui est vn re-
mede alimenteux et médicamenteux,
qui le prouoquera à dormir. Son pain
sera de metail, et ne sera trop rassis
ny tendre. Et pour sa grande douleur
de l(^ste, il faudra couper ses che-
ueux , et la frotter d’oxyrrhodinum
vn peu liede, et y laisser vn linge
double trempé dedans. On luy fera
pareillement vn frontail d’huile ro¬
sat et nénuphar et de pauot , et vn
peu d’opium et vinaigre rosat , auec
vn peu de camphre, et renouuellé
■ par fois. D’auantage, on luy fera
sentir au nez fleurs de iusquiarne et
nénuphar, broyées auec vinaigre et
eau rose, auec vn peu de camphre ,
enueloppés ensemble en vn mouchoir,
lequel sera tenu longuement contre
le niîz, à lin que l’odeur se puisse
APOf.OGtE
7.30
communiquer au cerueau : et seront
ces choses continuées seulement ius-
ques à ce que la grande inflammation
et douleur soient passées , de ])ei]r de
réfrigérer par trop le ceruesiu. D’a¬
bondant on fera pleiiuoir par arti¬
fice, en faisant découler de l’eau de
quelque lieu haut dans vn chaude-
ron, et qu’elle face tel bruit que le
malade le puisse entendre : par ces
moyens iuy sera prouoqué le dormir.
Et quant à la retraction de sa iambe,
il y a esperance la redresser, lors
qu’on aura fait vacuation du pus et
autres humeurs contenus à la cuisse,
qui , par leur extension ( faite par re-
pletion) ont attiré ladite iambe : la¬
quelle se pourra redresser, en liiy
frottant premièrement toute la ioin-
ture du genoüil auec vnguenlum de
althea, et huile de lys, et vn peu
d’eau de vie, et par dessus de la laine
noire auec son suc : pareillement en
mettant sous le iarret vn oreiller de
plume, ployé en double, et peu à
peu on luy fera estendre la iambe.
Lequel mien discours fut bien ap-
prouué des Médecins et Chirurgiens.
La consultation acheuce, nous en
allasmes vers le malade , où ie luy
fis trois ouuerlures à sa cuisse , des¬
quelles sortit vne bien grande quan¬
tité de bouë et sanie, et dés l’heure
ie luy tiray quelque petite esquille
d’os: et ne voulus laisser sortir trop
grande abondance de ladite sanie, de
peur de trop débiliter ses forces.
Deux ou trois heures après , ie luy
fis faire vn lict prés le sien , où il
auoit de beaux draps blancs : puis vn
homme fort le posa dedans: et fut
ioyeux d’auoir esté tiré hors de son
lict sale et puant. Tost après demanda
à dormir, ce qu’il fit prés de quatre
heures : où tout le monde de la mai¬
son se commença à resioüir, et prin¬
cipalement mon.siour le Duc d’Àscot
son frere.
Les iours suiuans , ie luy faisais
des iniections au profond et canités
des vlceres, faites d'Egyptiac dissout
tantost en eau de vie, et autresfois
en vin. l’appliquois pour mondifier
et seicher les chairs spongieuses et
mollasses, des compresses nu fond
des sinuosités, et tentes de plomb
cannulées , à fin do tousiours donner
issue à la sanie: et par dessus vne.
grande emplastre de diachalcitheos
dissout en vin. Pareillement ie le
bandois si dextrement qu’il n’auoit
nulle douleur : laquelle sedée, la
fleure commença fort à se diminuer.
Alors ie luy fis boire du vin trempé
médiocrement d’eau, sçaehant qu’il
l'estaure et viuifie les vertus. Et tou¬
tes les choses que nous arrestasmes
en la consultation furent accomplies
selon le temps et ordre : et ses dou¬
leurs et la fiéure cessées , commença
tousiours à se mieux porter. 11 donna
congé à deux de ses Chirurgiens et à
vn de ses Médecins, de façon que
n’estions plus que trois auec luy.
Or i’y demeuray enuiron deux
mois, et ne fut sans voir plusieurs
malades, tant riches que panures,
qui venoient à moy de trois ou quatre
lieues à l’entour. Il faisoit bailler à
manger et à boire aux nécessiteux :
tous lesquels me recommandoit, et
qu’en faueur de luy ie les secourusse,
le proteste que ie n’en refusay vn
seul, et leur faisois à tous ce qu’il
m’esloit possible, dont il estoit ioyeux.
-Lors que ie vis qu'il commençoit à
se bien porter , ie luy dis qu’il falloit
auoir des violes et violons, et quelque
larceur pour le resioüir ; ce qu’il
fit. En vn mois nous iismes en sorte,
qu’il se pouuoit tenir en vne chaire ,
et se faisoit porter et promener en
ET VOYAGES.
son iardin , et à la porte de son chas-
Icau , pour voir passer le monde. Les
villageois de deux et trois licuës d’au¬
tour, sçachans qu’on le pouuoit voir,
venoient aux festes chanter et danser,
masles et femelles, pesle-mesle à ti-
relerigot , en resioüissance de sa
bonne conualcsccnce , estons tous
ioyeux de le voir, et n’estoit sans bien
rire et bien boire. Il leur faisoit tou-
siours donner vne barrique de biere ,
et beuuoient tous à tirelerigot à sa
santé. Et les citoyens de Monts en
Hainault.et autres gentils hommes
ses voisins, le venoient voir par vne
admiration, comme vn homme sor¬
tant du tombeau : et dés lors qu’il se
porta bien , ne fut sans compagnie :
et comme l’vn sortoit , l’autre y en¬
troit pour le visiter : sa table estoit
tousiours bien couuerte. Il estoit
grandement aimé de la noblesse et
du commun peuple, tant pour sa li¬
béralité , que de sa beauté et honnes-
telé , ayant le regard doux et la pa¬
role gracieuse, en sorte que ceux
qui l’auoient enuisagé estaient con¬
traints de l’aimer.
Les principaux de la ville de Monts
vindrent vn samedy, pour le supplier
qu’il permist que i’allasse à Monts,
où ils auoient bonne volonté de me
festoyer et me faire bonne chere pour
l’amour de luy. Il leur dist qu’il me
prieroit d’y aller , ce qu’il fit : mais
ie luy fis response, qu’à moy n’ap-
partenoit me faire tant d’honneur,
ioint aussi qu’ils ne me sçauroient
donner meilleures viandes que les
siennes. Et d(î rechef me pria bien
atléctueusement d’y aller, et que ie
fisse cela pour l’ amour de luy : ce
que luy accorday. Le lendemain , ils
me vindrent quérir auec deux cha¬
riots : et estans arriués à Monts, trou-
uasmeg le disner prest, et des princi¬
7-31
paux de la ville auec leurs femmes ,
qui m’attendoient auec bonne deuo-
tion. Nous nous mismes à table, et
me mirent au haut bout, et beuuoient
tous à moy et à la san é de monsieur
le Marquis d’Auret, disant qu’il estoit
bien-heureux , et eux pareillement,
de m’auoir recouuert pour le mettre
sus : et conneus en ceste compagnie
qu’il estoit grandement honoré et
aimé. Après le disner, me ramenèrent
au chasteau d’Aurel, où monsieur le
Marquis m’y altendoit en grande de-
notion, pour luy raconter ce que
nous auions fait en noslre banquet :
où ie luy dis que toute la compagnie
auoit beu plusieurs fois à sa santé.
En six sepmaines il commença à se
soustenir vn peu sur des potences ,
et à se bien fort engraisser, et pren¬
dre vne viue et naturelle couleur.
Vouloirluy print d’aller à Beaumont,
qui est la demeure de monsieur le
Duc d’Ascot, et se fit porter en vne
chaire à bras par huit hommes de re¬
lais. Et les paysans des villages par
où nous passions , sçaehans que c'es-
toit monsieur le Marquis, se battoient
à qui le porteroit, et nous conlrai-
gnoient de boire ; mais ce n’estoit
que de la biere , et croy que s’ils
eussent eu du vin, voire de l’hippo-
cras, ifs nous en eussent donné de
bonne volonté. Et esloient tous fort
ioyeux de voir ledit Marquis , et
priaient tous Dieu pour luy.
Estant arriué à Beaumont, tout le
peuple venait au deuant de nous luy
faire la reuerence, et prioient Dieu
qu’il le benist et le tinst en bonne
santé. Nous entrasrnes au Chasteau ,
où il y auoit plus de cinquante Gen-
lils-homraes que monsieur le Duc
d’Ascot auoit mandés pour venir faire
bonne chere auec inonsieurson irere:
et fut trois iours entiers sa maison
Ai’oroGin
73!2
ouuerte, Après disiier les Gentils¬
hommes conroient la bague , se
battoientà l’espée d’armes , et se res-
ioüissoient grandement de voir mon¬
sieur d’Auret : parce qu’ils auoient
entendu que iamais ne pnurroit par¬
tir du lict, et guarir de sa blessure.
Feslois à table tousiours au haut
bout, là où tout le monde beuuoit ca¬
mus à luy et à moy, pensans m’eny-
urer , ce qu’ils ne sceurent : car ie ne
beuuois que comme i’auois accous-
tumé.
Quelques iours après nous en re-
tournasmes, et pris congé de madame
la Duchesse d’Ascot, laquelle tira
vn diamant de son doigt , qu’elle me
donna en reconnoissance d’au oir bien
pensé son frere : et estoit le diamant
de la valleur de plus de cinquante
escus. Monsieur d’Auret se portoit
tousiours de mieux en mieux , et che-
minoit tout seul autour de son iardin
sur des potences. le luy demanday
congé par diuerses fois , pour m’en
reuenir à Paris, luy remonslrant que
ce qui restoit à faire à sa blessure ,
sonMedecinetCbirurgien le feroient.
Et pour commencer tousiours à m’es-
loigner de luy , ie luy priay qu’il me
permist d’aller voir la ville d’Anuers :
ce quil m’accorda bien volontiers, et
commanda à son Maistre-d’Hostel
m’y conduire, accompagné de deux
pages. Nous passasmes par Malignes
et Bruxelle, là où des principaux de
la ville prièrent ledit Maistre d’Hos-
tel , qu’au rapasser il leur fist enten¬
dre, et qu’ils auoient volonté de m’y
festoyer, comme auoient fait ceux de
Monts. le les remerciaybien humble¬
ment , leur disant que ce n’estoit à
moy qu’appartenoit tel honneur. le
fus deux iours et demy pour visiter la
ville d’Anuers, où aucuns marchands
connoissans le Maislre-d’llostcl , le
prieront leur faire cesl honneur nous
donner à'disner ou souper : c’estoit
à qui nous auroit, et esloient tous
fort ioyeux d’entendre la bonne dis¬
position de monsieur d’Auret, me
faisansplusd’honneur que ne deman- •
dois. Enfin nous en reuinsmes Irou-
uer monsieur le Marquis, faisant
bonne chere ; et cinq ou six iours
après ie luy demanday congé , qu’il
m’accorda auec grand regret (ce di-
soit-il) : lequel me donna vn pre.scnt
honnesle et de grande valleur, et me
fit reconduire par sondit Maislre-
d’Hoslel auec deux pages , iusques
en ma maison à Paris.
le me suis laissé dire que les Espa¬
gnols ont depuis ruiné et démoli son
chasteau d’Auret , saccagé , pillé et
bruslé toutes les maisons et villages
à luy appartenans. à cause qu’il n’a
voulu eslre de leur meschant parti
en leurs assassinats et ruine du Pays
Bas.
VOYAGE DE IlOVRGES. — 1562.
Le Iloy auec son camp ne demeura
gueres à Bourges que ceux de de¬
dans ne se rendissent : et sortiront
leurs bagues saunes. le ne sçache
rien digne de mémoire, fors vn gar¬
çon de cuisine de la bouche du Boy ,
lequels’estant approché des rmirailies
delà ville auparauant que l’on eiist
fait la composition, cria à haute voix ;
Huguenot, huguenot, lire là, tire là.
Ayant le bras leué et la main eslen-
due, vn soldat luy perça la main tout
outre d’vn boulet. Ayant receu ce
coup, il tne vint trouuer pour le pen¬
ser. Monsieur le Connestahle voyant
ce garçon ayant sa main toute san-
KT V(
glanle et tout esploré, hiy demanda
qui i’auoit blessé : alors il .y eut vu
gentilhomme , qui ayant veu donner
le coup , dist que cela estoit bien em¬
ployé, parce qu’il crioit : Huguenot
frapc là , donne là. Alors ledit sei¬
gneur Conncstable dist que ce hu¬
guenot estoit bon harquebusier et
auoit l’ame bonne , parce qu’il estoit
vray semblable que s’il eust voulu
tirer à la leste , il eust encore fait
plus aisément qu’à la main. le pensay
ledit cuisinier , qui fut fort malade.
Ilguari.«l, mais auec impotence de la
main , et depuis ses compagnons l’ap-
pellerent Huguenot : il est encore
viuant.
bataille SAINCT DENYS. — 1567.
Et quant à la bataille S. Denys, il
y en eut plusieurs de tués tant d'vne
part que d’autre. Les noslres blessés
se retirèrent à Paris pour se faire pen¬
ser, ensemble les prisonniers qu’on
auoit pris, dont i’en pensay vne
grande partie.
Le Roy me fit commander fpar la
priere de madame la Connestable)
d’aller en sa maison pour penser mon¬
sieur le Connestable, qui eut vn coup
de pistole au milieu de l’espine du
dos : où tout subit perdit le sentiment
et raouucment des cuisses et iambes,
et ses excrernens retenus, ne pouuant
ieller l’vrine, ny rien par le siégé: à
raison que Tcspinc médullaire, de
laquelle naissent les nerfs (pour bail¬
ler senlimentet moiiuement aux par¬
ties inferieures) fut brisée, rompue et
dilacerée par la vehemence de la
balle. 11 perdit pareillement l’enten-
dement et ratiocination, et en peu de
iuurs il mourut.
fAGES. ..33
Les Chirurgiens de Paris furent
long temps empeschés pour traiter
les susdits blessés. le croy , mon pe¬
tit Maistre, que vous en vistes quel¬
ques vns.
le supplie ce grand Dieu des vic¬
toires, queiamaisne soyons employés
en tel malenconlre et désastre.
VOYAGE DE BAYONNE. — - 1564.
Or ie dis encore d’auantage, que
i’ay fait le voyage auec le Roy à
Bayonne, où nous auons esté deux
ans et plus à circuir presque tout ce
royaume : où en plusieurs villes et
villages i’ay esté appellé en consul¬
tation de diuerses maladies , auec de-
funct monsieur Chapelain , premier
Médecin du Roy, et monsieur Castel -
lan, premier de la Royne mere,
hommes d’honneur et tres-sçauans en
la Medecine et Chirurgie. Faisant ce
voyage , ie me suis tousiours enquis
aux Chirurgiens, s’ils auoient remar¬
qué quelque chose rare en leurs
pratiques, à fin d’apprendre quel¬
que chose de nouueau.
Estant à Rayonne , il aduint deux
choses de remarque pour les ieunes
Chirurgiens.
La première , c’est que je pensay
vn gentil-homme Espagnol , lequel
auoit vne aposteme grande et enorme
à la gorge. Il vint pour se faire tou¬
cher au defunct Roy Charles, des es-
crouëlles. le fis ouuerture de son
aposteme, où il se trouua grande
quantité de vers tous groüillans,gros
comme la pointe d’vn fuzeau, ayans
la teste noire: et auoit grande quan¬
tité de chair pourrie. D’auantage,
auoit sous la langue vne aposteme
nommée llunula, qui l’empeschoit à
apologie et voyages.
734
proférer sa parole , et à inascher et j
aualler ses viandes. Il me pria à
iointes mains la Iny ouurir, s’il se
pouuoit faire sans péril de sa per¬
sonne : ce que ie fis promptement,
et trouuay sous ma lancette vn corps
solide, qui estoient cinq pierres sem¬
blables à celles qu’on tire de la vessie.
La plus grosse pouuoit estre d’vne
petite amande, et les autres comme
petites féues longuettes, qui estoient
en nombre de cinq. En ceste apos-
teme estoit contenu vn humeur glai¬
reux, de couleur iaunastre, en quan¬
tité plus qu’il ne pourrait entrer en
quatre cuilliers d’argent. le le laissay
entre les mains d’vn Chirurgien de la
ville , pour paracheuer d’ estre guari.
Monsieur de Fontaine , Cheualier
de l’ordre du Roy , eut vue grande
fleure continue, pestilenle, accom¬
pagnée de plusieurs charbons en di-
uerses parties du corps, lequel fut
deux iours sans cesser de saigner du
nez , et ne le pouuoit-on estancher :
et par iceluy flux la fleure cessa, auec
vne Ires-grande sueur , et tost après
les charbons suppurèrent: et fut par
moy pensé , et par la grâce de Dieu
guari.
l’ay publié ceste Apologie, à fin
que chacun connoisse de quel pied
i’ay marché tousiours : et ne pense
qu’il y ait homme si chatoüilleux
qui ne prenne en bonne part ce que
i’ay dit, puis que mon discours est
véritable , et que l’effet monstre la
chose à l’œil , la raison m’estant ga-
rand contre toutes calomnies.
LE LIVRE DES ÂNIMÂVX,
ET
DE L’EXCELLEINCE DE L’HOMME
CHAPITRE I.
DE LA NATVRE DES RESTES BUVTES.
Les bestes brutes different grande¬
ment les vnes des autres , pource que
leurs natures sont differentes 2. Car
des animaux les vns sont hardis , les
autres timides, les vns farouches, les
autres priués et comme ciuilisés ,
autres comme solitaires : aucuns
sont armés de coquilles et escailles ,
comme le Crocodile et la Tortue , et
plusieurs poissons: autres d’aiguil¬
lons et espines. Le cheual a Tongle
forte , et comme animal leger , su¬
perbe et courageux, il a estépourueu
et fait braue de ses crins ; le corps
du Lion , magnanime, hautain et
cruel , est armé de dents et ongles.
1 Ce livre, qui n’a nul rapport avec le
reste de la Collection , et que j’en ai séparé
par celte raison, avait été publié pour la
première fois dans l’édition de 1579, où il
formait le premier livre, placé entre l’In¬
troduction et les Livres d’Anatomie. Il n a-
vait pas changé de place plus tard, et, sauf
une phrase ajoutée dans la première édition
posthume, il avait reçu sa forme définitive
en f5«6. Les changements opérés de la pre¬
mière à la seconde édition consistent dans
quelques additions éparses , quelques sup¬
pressions par renvoi des articles au Ducouvs
de la fJcorne , et enfin la division en deux du
chapitre 20, ce qui a porté à vingt-six le
nombre total des chapitres.
Ce qui se voit au Taureau et Sanglier :
car le Taureau a des cornes , et le
Sanglier des dents descouuertes ,
comme naturelles armeures. Le Lié-
ure , comme estant animal paoureux
et craintif, a le corps desarmé, et
totalement nud : mais en recom¬
pense, il est viste et soudain à la
fuite : car aux animaux paoureux la
vitesse leur est donnée, et aux hardis
les armes. Il y a vne infinité d’autres
propriétés admirables et de singulier
artifice aux animaux, en sorte qu’il
est impossible les comprendre et es-
crire *. Somme, les animaux ont cha¬
cun vne chose particulière, comme le
bœuf la force, le serpent l’astuce, la
furie du taureau, la patience du mou¬
ton, la fierté du crapaud, la subtilité
du renard, la stolidité de Tasne, la
Je ne me suis pas beaucoup occupé de sa¬
voir où Paré avait puisé les matériaux de ce
livre; il cite fréquemmentPlularque, Pline,
et aussi Thevet. 11 y avait joint les ligures du
Succarath, des Lions conduits par la ville de
Constantinople , des Dragons qui tuent les
Elephans, du Hérisson de mer, du Chameau
d’Asie ayant deux bosses sur le dos, et enfin
du Crocodile: celle simple énuméralion ex¬
pliquera suffisamment pourquoi j’ai re¬
tranché de l’édition actuelle ces tristes illus¬
trations.
2 Galien , liu. 1. de t’ Tsage des parties.—
A. P.
3 Ce paragraphe se terminait là en 1579 ;
ce qui suit a été ajouté en 1585.
^36 LIVIIE l)
cruauté du tigre, la douceur de la
colombe, la preuoyance du fourmy,
la négligence du tesson, la fidelité du
chien, l’infidélité du mulet , la glou-
tonnie du loup, la sobriété du camé¬
léon, la prudence de l’elephant, l’o¬
deur de la ciuette, la puanteur du
bouc, la docilité du barbet, la saleté
du porc, la netteté de l’escuricu, la
hardiesse du lion, la timidité du üé-
ure, et plusieurs autres choses qui
seront déclarées cy après.
Si nous voulons contempler leurs
façons de faire , nous Irouuerons
qu’elles sont doüées de certaines ver¬
tus naturelles en ehacune affection
de courage, en prudence, force, clé¬
mence, discipline. Elles se connois-
sent les vnes les autres, discernent
entre elles, appetent les choses qui
leur sont vtiles, fuyent le mal, eui-
tent le périt, pouruoyent àl’aduenir,
amassent ce qui leur est necessai¬
re, présagent le beau et mauuais
temps : elles ont monstré plusieurs
choses aux hommes: elles ont vn sen¬
timent exquis, elles chantent en mu
sique, elles ont vne industrie et ami¬
tié à la conseruation de leurs petits,
elles ont intelligence du pays où elles
naissent, elles gardent vne singulière
chasteté, concorde et amour les vnes
enuers les autres ; elles sont armées
pour combattre et se defendre , elles
se laissent appriuoiser aux hommes,
elles parlent et sifflent, elles connois-
sent la voix Tvne de l’autre, elles
font entre elles comme vne petite ré¬
publique : elles connoissent ce qui
leur est bon ou mauuais, tant pour
preseruer leur santé que pour se gua-
rir elles mesmes : elles sçauent quelle
diete il leur faut tenir, et de quelle
viande elles doiuent vser, et quels
remedes elles doiuent chercher con¬
tre leurs maladies : et si n’ont point
KS ANIMAVX
appris ceste science des hommes,
mais au contraire elles ont appris en
partie aux hommes. Ce qu’estant con¬
sidéré de plusieurs anciens Philoso¬
phes, ils n’ont point eu do honte de
disputer ou reuoquer en doute si les
bestes brutes esloient participantes
de raison : mesme le sage Salomon
nous renuoye quelquesfois à leurs
escoles, et Esaïe reproche aux Israé¬
lites leur ingratitude enuers Dieu ,
leur proposant pour exemple le bœuf
cl l’asne qui reconnoissenlleur mais-
tre, mais Israël a mescenneu son Sei •
gneur.
Pareillement Pline dit ', que les
hommes doiuent rendre grâces aux
bestes de plusieurs médecines et re¬
medes qu’iis ont appris d’icelles :
qu’ainsi soit, les cerfs nous mons-
trent que l’herbe nommée 1). clame
est bonne pour tirer les traits ou les
pièces de fléchés de ccluy qui en est
frappé, puis que les mesmes cerfs,
quand ils en sont naurés, vsent de ce
mesme remede. Aristote dit que les
chéures sauuages de Candie font le
semblable. La propriété de l’herbe
nommée Esclaire nous a esté ensei¬
gnée par les hirondelles, et qu’elle
estoit propre pour la veuë, voyant
qu’elles en vsoient pour les yeux de
leurs petits. Les serpents v.sent de fe-
noil, et scillans les yeux en frottent
les paupières pour recouurer la veuë.
La tortue mange de la sariette con¬
tre la morsure des viperes. La be-
1 Pline, liu. 8. chap. 27. — A. P.
Voici le long article qui avait paru , en
partie au moins , dans la préface de l’éiiition
de l-Wô, et qui, ayant été reporté ici
en 1570 avec do notables additions, avait
disparu de la préface. On peut comparer le
texte actuel avec la réduction primitive que
j’ai donnée en note, tome I, page 10,
r.T df l’excellence de l’homme.
Iclle mange de l’herbe nommée lap¬
sus barbalus, et s’en frotte tout le
corps , se couchant et traînant par
dessus. Les ours enuenimés pour
auoir mangé des pommes de Man¬
dragore, se guarissent en mangeant
des fourmis ; aussi après s’eslre long
temps veautrés, sortons de leurca-
uerne, mangent l’herbe appelée Aron
saunage, pour leur amollir le ventre,
qu’ils ont eu tousiours dur et con¬
stipé pendant qu’ils ont esté en leur
caiierne : et après s’en vont à vne
fourmilière, où ils se couchent, ti-
rans la langue, de laquelle il degoute
quelque humidité douce , la tenons
tousiours tirée iusques à ce qu’ils sen¬
tent qu’elle soit couuerte de four¬
mis, lors qu’ils se sentent malades , j
puis les auallent pour se purger.
Nous voyons ordinairement les chiens
qui mangent de l’herbe nommée
Dent de chien, pour se vuider par vo¬
missement. Les pourceaux cherchent
les escreuisses et les mangent, quand
ils sont malades. Les ramiers, les
mei les , les perdrix, v.sent de fueilles
de laurier pour leur purgation : les
pigeons , tourterelles et poullailles ,
pour se purger, mangent de la pari-
toire. L’ibis, semblable à lacicongne,
nous a monslré l’vsage des clysteres,
lequel, se sentant aggraué d’hu¬
meurs, estant au riuage de la mer,
remplit son bec et .son col d’eau ma¬
rine , puis se seringue par la partie
où il ici te ses excremens, et peu de
temps après se vuide et se purge.
L’inuenlion d’abbatre les tayes des
yeux , appellées cataractes, fut trou
uée par vne chéure qui auoit vne
taye deuant la pupille, se frottant et
gallant contre des espines, abbalit
ladite taye de deuant la pupille, et
par ce moyen recouura la veue.
l.’hippopotamc (qui est vu cheual de
lit.
'^7
la riuiere du Nil) nous a enseigné la
phlébotomie, lequel, estant de na¬
ture gourmand et glout, se sentant
aggraué de plénitude de sang , se
frotte contre les roseaux rompus les
plus piquans, et s’ouure vne veine
de la cuisse, pour se descharger tant
que besoin luy est ; puis se veautrant
dedans la fange , s’estanche le sang.
La tortue, lors qu’elle a mangé de la
chair de serpent, mange de l’origan ,
autrement marjolaine sauuagc.
Les anciens entre leurs secrets ont
expérimenté certaines choses qui ré¬
sistent aux tonnerres et foudres , et
entre les autres les plumes d’aigles
portées en panache : aussi la ceinture
de veau marin empesche que ceux
qui l’ont n’en sont iamais atteints.
Or quivoudra raconter par le menu
toutes les médecines et remedes que
lesbestes ont enseignés aux hommes,
desquels Aristote et Pline, et autres
semblables ont escrit , la chose seroit
fort longue ; car ils font un long récit
des herbes et remedes qu’elles ont
montrés aux hommes.
D’auantage, nos vestemens sont
faits des leurs , comme peau , laine ,
poil, et sommes nourris de leur chair;
la graisse, moelle, os , et excremens
nous seruent à nos infirmités, et
guarison. Exemple des brebis. De
la laine des brebis nous sommes
vestus , laquelle estant blanche
peut prendre toutes sortes de tein :
turcs : on en fait tapisseries , aussi
fourrures, et autres choses. De leur
peau on fait parchemin pour escrire,
et toutes maniérés de vestemens , et
autres vsages à diuerses choses. Leur
chair est Ircs-bonne et délicieuse
à manger : de leur suif sont faits
flambeaux , chandelles , onguens , et
plusieurs autres choses : de leurs
boyaux sont faites cordes seruans aux
73B
înslrumons musicaujf ; levH’ flpcp,c- .
tipn sert à faire clysteres çt fqinen^{\-
lions rèmollientps. Ét (pliant à leurs |
crottes et vrines ,, ij ne se trouve nu^
fiens plus excellent pqur pp^rai^ser
la leVre. D’auap|,age , ieurs' ps p|
moelle serpent à faire far^s pour
embellir les femmes: niesmes leurs
cornes seruent à faire produire des
asperges en abondance', estans pn-
lerrées aueç leurs racines. Et pour
conclusion , les Brebis sont |rantjp-
ment profitables ppur rYsage 4es
liornpies. Il est esprit en l’Escriture
sainte. qu’aucunsBoysfuventbergers,
gardani les ouailles en propres per¬
sonnes , pour le profit et excellpnce
de ces bestes : comme Abraham, Isaaç,
lacob, Laban,Moyse, Dauid, et aptres-
GTUPITRE IL
DV PaOGNOSTIG DES ANIMAVX.
D’auantage les animaux , tant ter¬
restres qu’aquaticjues et yolalilles,
ont donné aux hotnmes la copnois-
sapcq de la piutation du temps : s’il
doit faire vents, pluyes, orage, et
tpmpesle , [rpidure , gelée ^ gresle , pu
hequ tepips : comme nous voyons les
heiiers et aigneaux , lors qu’ils s’en-
trebeu rient et choquent l’vn coptre
raut\-e, corne à corne, Ips pieds en
l’air, auec le petit sault leur corps es-
braqlanl, signifient changement de
tcrpps. Le pareil nous est dempnstré
par le bœuf, quand jj seleche çpntpe-
poil, pt hausse le n\pf{le vers le ciel,
et mugd. et flepre Ig terpe, et s’ef-
fprçp çlÇ Ifiilfiger au dpmenp Apssi
qpand. les fpurn^is , plus drii e^ ep
plus grqnd npmpre qup de çoustp-
rac^ s’eulrerençpntrem pvpe l’UUli e.
AÇilMaVX
conpne pslpurdies, plies depptentla
pluyp spudain adupnir. §i les taupes
hesongnenten terre plusqpe de ppus-
tutUp 1 Pt VPmpeat pn pièces bien
ippnues, c’est sigpe de plpye. ^i le
chat passe sa pqtte par dessus Ip col ,
comme s’il se peignqlt, c'est sigpe in¬
faillible de pluye.
Las poisspns ont aussi vpe pqer-
j ueilleuse propripté it sentir la muta¬
tion du temps : qpand en lenips sprain
sp. ioüept sus l’paq, en se lapeant avt
dessus, signiflppt plpyp. Quand les
dauphins Pt piarsoüins sautent , et se
descppurpnt spr V?au > e’pst signp dp
gyand of âge et tcpipeste sur la nier :
ce que vpyaps , les piariniers inoüil-
lent Vancre, et donnent ordre à leurs
vaisseaux. Quand ou voit les oriips
de mer nager sur l’eau , c’est signe
de tepipestp ; ils spnt de çouleur dp
cristal yeluisaut > aueç du persrneslé,
dp substance si frqgUe qu’à peiue
en pent-QU tiçer d’entlerp dÇ la mer.
§i un en frptte yn bastpn ) il reluit
de nuit, cpinme si c’pstpit yne torche,
ailuntçe, qui pst chose adniirable.
Quand aussi Iq grenouille chanlp
et crie Plus hqut gpe die çoustunie-
Eps oiseaux ne spnt frustrés, dp çp
priuUpgp : car on pput auiant pu plps
parlev d’uux à ce propos , que de tou¬
tes les hestp-s- Si les grpes volent en
l’air sans faire hruit, ç’pst signe de
beau tenaps : si elles crient ef vont
sans ordre, c’est signe çputraire.
Quand les pispaux aquatiques sortept
dp la napr, pi vipa^neut assez auant
sur terre, ç’est signe de pluye et
grande tepipeste. Si la chcueçhe
chante huauepup pp lenaps de pluyp,
deupte. qup fe Ipuips se vept esçlair-
cir : Pt au PPUtrairp, si elle çhantc
en beau temps, p’est signe dp pluye.
l^iniarque dû que quanti le cprhoau
chan.te pn voix onrpUée , pt qu’il se
LE Eiv'fiiî UPS
lîT DE l’eXCE^UîNCE DE EUPWME. '^3{)
|)at dosi ailes , C'est signe de vent et
do tempeste. Quand les poulies et
antres piseAnx domestiques se bat¬
tent des ailes, sautent en chantant,
p’estsigncde pluyeetde grands vents.
Quand les oyes, canes et canars, se
baignent votontiers, et s’espluchent,
et dressent leurs plumes auec le bec,
et ensemble jargonnent, c’est signe
de pluye-, Si les irondelles valent si
prés de l’eau et de la terre qu’elles
frappent contre, cela dénoté que tost
il pleuura : aussi quand elles volent
haut en l’air en s’esbatlant, chercUans
les mouscbes, cela signifie beau
temps. Le petit roytelet , se resioüys-
sant plus que de coustmne , saulelant
et plaisamment chantant , dénoté la
pluye aduepir. Lors que la pye crie
et se tempeste prés des bayes ou
buissons, demonstre qu’elle voit le
loup, QU renard, ou quelque serpent,
Si le coq chante incontinent après le
soleil couchant (comme l’on dit entre
chien et loup) outre sa coustume, et
que sa voix soit enrouée , c’est signe
de pluye. Si les mouscbes et puces
mordent et piquent, et aiguillonnent
plus que de coustume, c’est signe de
pluye. Quand le héron vole fort
haut, il dénoté beau temps, et s’il
vole prés de l’eau en criant, il pré¬
sagé de la pluye, Lors que les pigeons
se retirent uu soir en leurs colom¬
biers plus tard que de coustume,
c’est présagé de vent et pluye. Les
milans fuyeut l’air infect et pestilent,
et le quittent, de sorte qu’il n’y a
rien si certain qui monstre la sérénité
et bon air, que les lieux où les mi¬
lans habitent, PareUlcment autres
oiseaux laissent leurs œufs et leurs
peliis, et s’enfuyent.
Quand his cbauue souris volent au
vespre, plustosl que de couslmne,
Cl en plus grand nombre, c’est signe
de chaleur et de beau temps pour le
iour suiuant-
Le crocodile fait ses œufs iuslement
Ù la hauteur que la riuiere du Nil
doit desborder et cQuurir la terre , de
façon que le paysan qui premier les
treuue de fortune , sçait et prédit à
ses compagnons iusques où le fleuue
doit monter et desborder l’esté en-
suiuant : mesurant et compassant
iiistement ce qui doit estre couuert
d’eau, à fin que luy sans estre baigné
puisse couuer ses œufs, Or cela est
plus vue preconnoissance de ceste
beste , procédante de dinipation, que
de ratiocination , chose digne d’ad¬
miration.
Nous dirons en passant, quand la
lune est rouge, signifie vents; paile,
signifie pluyes ; claire, beau temps.
Et aussi qif on la pleine lune ne faut
couper le bois pour bastir, mais en
la déclinaison : et si on le fait , il se
rend vermoulu et pourri K
ClUPÎTRü UL
DE l’artifice et INDVSTRIE DES
ANIMAVX.
Les poissons de la mer en general,
toutes et quanles fois qu’ils senfent
les flots QU lompesies venir, ils se
chargent d’arene , à fin qu’ils soyent
plus fermes, et qu’ils ne soyent si
facilement transportés et agités, par
la tempeste suruenante. Autres se
mussent en certaines cauerues et
trous tics rochers. Et quant ù ce que
les poissons nagent contre le fil de
l’eau, cela aduieut à lin que U s ondes
’ Uü tleiTuei' caragiiud*® • aai sai t an uqh
tlQ l’oinijet da Eivve, oüi ainxiddifiondo
LE LIVEE des AÏ^IMAVX
74o
et vagues ne leur leuent et rebour-
sent leur escaille et ouye, lesquelles
repliées ne ppurroient aucunement
respirer ; et par ainsi l’eau , venant
par la partie de deuant, leur serre
lesouyes, et applanit leur escaille,
qui foit que plus facilement ils na¬
gent.
Le semblable est des grues, les¬
quelles volent contre le vent à fin
qu’iceluy ne souffle par le derrière
leurs plumes, qui seroit cause, eslans
ainsi escartées , de rendre leurs corps
nuds et descouuerls, ce qui les em-
pescheroit de voler.
CHAPITRE IV.
DE l’iNDVSTEIE ST AUTIFICE DES
OISEAVX A FAIRE LEVES NIDS.
L’industrie et artiflce, laquelle tous
les oiseaux ont à faire leurs nids, est
faite tant proprement , qu’il n’est
possible de mieux : tellement qu’ils
surpassent tous les maçons , char¬
pentiers , et édificateurs ; car il n’y a
homme qui sceust faire ediüce plus
propre pour luy et pour ses enfans,
que ces petits animaux les font pour
eux , tellement que nous en auons vn
proiierbe, que les hommes sçauent
tout faire, sinon les nids des oiseaux.
Et ont cest artifice, qu’ils les garnis¬
sent de plume , laine , ou d’autre ma¬
tière molle , comme s’ils leur prepa-
roient vne coulte ou vn matelaspour
les loger plus à leur aise. L’irondelle
fait son nid en figure spherique et
ronde , laquelle figure est plus ferme
et contient plus que toute autre : el
les le bastissent de fange et petits
fétus, comme s’il cstoit de ciment et
de chaux. Les oiseaux qui font leurs
nids sus les arbres, cslisent les bran¬
ches sur lesquelles font leurs nids,
comme sur vn fondement bien as-
seuré , et qu’ils puissent estre bien
couuerts '. Or pendant que la femelle
est empeschée à couucr ses œufs el à
faire ses petits, le masle luy sert à
son tour, pour donner loisir à la fe¬
melle d’aller querre sa vie; et quand
ses petits sont esclos, le masle et la
femelle ensemble ne cessent jamais à
leur porter viande, l’ostant de leur
bec, l’espargnant pour leur bailler :
qui est cause qu’ils ne sont trop gras
lors qu’ils les nourrissent, pour le
grand soin qu’ils en ont , ne les aban-
donnans iusques à ce qu'ils mangent
d’eux-mesmes.
l’ay en ma maison assez bonne
quantité de passereaux qui font leurs
nids en certains pots de terre ; et lors
que leurs petits sont grandelets et
couuerts de plume , i’en fais dénicher
et mettre en vne cage pour le plaisir
de mes amis et de moy, à voir que le
pere et la more les viennent appasle-
1er, el quand il y en a vn qui ja a re-
ceu sa becquée , et neantmoins qu’il
se vienne représenter ouurant le bec,
le pere et la niere le laissent, connois-
sans ceux à qui il en faut bailler ; et
ainsi font leur distribution, comme il
appartient , selon l’ordre el réglé de
iustice dislribuliue. l’ay fait mettre
vn passereau eslranger auec les au¬
tres de mesme aage, pour connoistre
et sçauoir si le pere et la mere des
autres auraient cure de l’appasteler :
véritablement non, mais au contraire
le laissoient mourir de faim , neant¬
moins qu’il ouurist le bec comme les
autres légitimes.
On voit aussi les petits chéureaux
et aignelets, estans aux champs en
* Aristol. de Animal., lin. 6,c/i.8. — A T.
ET DE L EXCELLENCE DE l’hOMME.
grand nombre, que chacun recon-
noisl sa mere, neantinoins qu’elles
sont veslues toutes d’vne couleur :
parcillemenl la mere ne permettra
vue autre l’allaicter.
Le chéureau , l’aigneau , le pou
lain , et semblables animaux, si tost
qu’ils sont nés, d’eux-mesmes cher¬
chent et courent aux mammelles do
leurs meres , sçachans naturellement
que là est leur nourriture : et deue-
nus grands, ils choisissent de mille
diuerses plantes en vu terroir et pas-
lurage, celles qui leur sont piopres
pour les alimenter ».
CIIAPITllE V.
T)E l’aBTIFICE des ARAIGNÉES.
L’aiaignée fait sa toile d’vn mer-
ueilleux artifice , trauersant mainte¬
nant d’vn costé, et maintenant de
l’autre, empoignant tout ce qui luy
peut seruir pour l’estendre et alla-
cher. Et encore qu’on rompe et de.s-
face souuent son ouurage , et qu’on
la dechasse d’vn costé ou d’autre, ce
neantmoins elle n'estpoint tant crain-
tiiie qu’elle desloge de son logis pour
cela , mais tousiours retourne ^ sa be-
songne, de sorte qu’on ne luy en
sçauroit tant desfaire et gasler,
qu’elle n’en reface et raccoustre , fai¬
sant tousiours ouurages nouueaux,
et ce d’vn merueilleux artifice ; telle
ment que les tisserans et lingeres, ta¬
pissiers et brodeurs, passementiers,
pescheurs, veneurs, viennent à l’es
cole pour apprendre d’elles à faire
leurs ouurages et rets, soit qu’on re¬
garde à la perfection et subtilité du
* Ce dernier paragraphe a été ajouté en
1685.
fil , OU aux nœuds indissolubles de la
toile sans filamcns,eslant comme vne
peau deliée et gluante , comme s’il y
auoit de la colle. Finalement on ne
croiroit iamais qu’elles fussent tant
bien enseignées à retirer leurs filets,
et le gouuernement de leurs ouura
ges: tellement que s’il y a quelque
mousche ou autre proye prise à leurs
filets, la sentent, et tout en vn mo¬
ment retirent leur toile , et courent
sus comme vn chasseur bien expéri¬
menté ; ce que sine le voyions tous les
iours deuant nos yeux , on penseroit
que ce fust fable.
CHAPITRE VI.
des movsches a miel.
le ne veux laisser en arriéré la pru¬
dence des mousches à miel : c’est
qu’elles foi^t entre elles comme vne
petite republique , elles ont vn Roy ,
lequel est plus beau , plus gros et
fessu deux fois que les autres mous¬
ches : il a les ailes courtes et les iam-
bes droites, vn marcher plus graue
que les autres, ayant vne tache au
front qui luy sert de diadesme ou de
couronne, qui est le signal royal
d’auihorité et de maiesté : il est plus
poli que les autres mousches à miel.
Elles ont vn aiguillon pour leurs ar¬
mes et defenses, loutesfois le Roy
n’en a point, ou pour le moins il n’en
vse point : lors qu’il marche , il a sa
garde qui l’enuironne, et toute la
troupe le suit : il ne sort point de la
ruche sinon quand tout son régiment
doit sortir , ce qu’on connoist par le
bruit qu’elles font dedans la ruche ,
bruyans et bourdonnans comme
trompes et tabours, pouraimoncîr
qu’il faut debti.squer pour aller aux
tîî LIVhE DËS AiyiSîÀ.VX
dhattips. GhabUHB ü’ëiies ûesit’ë ëstfe
pfes lé Rcÿ , et s'il est las , le peétetit,
et ën (jüeliîue patt tlii’il s’arteste, tout
le letton s’arrestera et se campera.
S’il meurt, toutes sont tristes et thor-
nes, et Ue sortent point dehors pOUr
aller eu queste , mais s’assemblent â
l’entour de son corps , puis le portent
dehorsjOt luy font compagnie comme
és runerailles, et l’ettseuelissent eti
terre ; Cela fait 5 en esliseut vn autre
promptement , car eues ne peuuent
viure sans Roy* Il a rtfeil par toülï ce
pendant que toutes les mousches tra^
uaillent , leur donnant CCeur , volti¬
geant autour de la besongne , comme
s’il vouloit exhorter les ouurièrs.
Après qu’elles ont trauaillé , si elles
veulent sortir dehors, elles eslisent
vn temps propre , car véritablement
elles preuoyeiit et sentent lès pluyes,
vents et tempestes , lors qu’ils doi-
uént Venir. Elles Ont Cestë iüstiCe et
équité , que sus les champs iamais ne
font mal aux animaui, tels qn’îis
Soyént , et fié piquent aucUH de leur
aiguillon , SihOrt pOür la défense dé
leur maisofi : et peut-ou dire qu’elles
otil quelque portion dé l’eSprlt diuin ' .
CËÀPITRÈ VIL
nv fioyyEaaÉiMÊtijî dès MOVsetiÈs À
iWlËL.
Éliés se goüueriiënt en leur fait
coiriitié s’efisUÎt : dë ioUr elles fotit
faire le güét à la porte, et reposent
de nuit iUsqUè's à ce qUfene les id-
Ueille auëc deux ou trois sons de leurs
Bouidounefftens, comme Ü’vne troni-
1 Ces derniers mots : et peui-on dire^ ètCi,
ont ôté ajoutés en 15S5.
pelle qui leur commande ainsi qti’cn
yfi camp : lors s^assëtnblertt polir voir
s’il fera beau temps: et s’il fait beau ,
sortent et s’en vont en queste. Les
vnes apportent les fleurs à leürs pieds
et Cuisses , les autres de l’eau en leur
boUche :|les antres qui Ont encore
quelque menu poil , apportefit l’eau
sur leurs corps en forme de petite
rbsée. Èt ainsi chargées entrent de¬
dans la ruche, Où promptement il y
efi a qui les deschargent, puis les
distribuent aux lient et places à ce
Ordonnées. Or celles qui vont adk
champs, sont les plus iëUttes et me¬
nues : que si de fortune estans dehors
il s’esleue vent , attendent qu’il soit
passé pour estre plus aisément con
duites. S'il dure trop et qii’il leur soit
contraire, se chargent d’vne petite
pierre de peur d’estre emportées , et
volent bas contre la terre.
Elles sont fort vigilantes en leurs
affaires, et ont l’œil sur celles qui
sont faitardes et ne font rien , et
quelquesfois les chastient iusques ù
la mort. Les vnes bastissent , les au¬
tres polissent, autres apportent vi-
ures. Elles commencent à basllr en
leurs ruches, en voûte, d’vn arlifice
merueilleux, depuis le bas iusques
en haut du plancher, laissans deux
limites ^ l’vne pour l’entrée et l’autre
pour la sortie: et viuent toutes en¬
semble, à fin qu’il n’y ait inégalité
entre elles, ny en viandes , ny en tra-
uail. Elles tiennent leur manoir fort
nettement, iettans toutes ordures
dehors : et ont vne chose encore di¬
gne d’estre bien notée , c’est qu’elles
chassent de leurs ruches les bourdons
et les abeilles bastardes, qui ne leur
seruent de rien sinon à manger leur
miel et à gaster leur ouuràge, et par¬
tant elles les chassent et les tuent
comme leurs ennemis. Celles qui ont
ET DF l’exCELLI
pc'idii leur aiguillon < sont Un tout
inutiles^ et peii après leurs eutrailles
sortent et meurent. Elles sont de
grand prolit ft leurs inaistresj Icür
laissans cire et miel.
Aristomücbus philosophe dit eh
auoir nourri cinquante huit ans^ auec
Ires-grande diligence, pour cbnnois-
lie tout ce qu’elles faisoientj et dit
qu’elles soht compagnahles et asso¬
ciables ensembie de leur nature*.
CflAPiTRÈ Vlil.
DÈS FOVRMiS.
Les Fourmis ne sont pas de moin¬
dre admiration que les mousches à
miel, en leur industrie, prudence et
diligence, de sorte que Salomon n’a
pas eu bonté d’emioyer les paresseux
à l’escole d’icelles. Or ce seroit chose
incroyable si n’en auions l’experience
pour tesnibing, que ces bestioles tdnt
petites puissent amasser les biens
(lü’elles amassent pour leur proui-
sion , et teiiir feutre elles vu tël ordre
qu’elles tlehiifemt. Pline dit qu’il ÿ a
entre elles ordÈfe de république , mé¬
moire, seing et cüre 2; N’fesl-bè pds
TU passetemps de leur voir mordre
les fruits qu’elles veulent porter? s’ilè
Sont trop gros; elles se tournent en
arriéré , ét s’appuyént cOntre leurs
espuules, et les pou.ssetlt dé leurs
pieds. Et à celle flh qub les sémerices
qu’elles cachent en terre ne puissent
germer et repréhdrfe ; elles les ron¬
gent auant que les mettre en letirs
greniers. Et si les grains sOnt trop
gros, et qu’ils ne pufssenl facilement
' Cos derniers mots : et dit qu'elles sont
ctinipa^nubtes, ètè., sont une aUdllIWt dé 16^5.
» Pline, Uu. 11 «130. — A. P.
RNCP btî L’Mommf.
74à
tntn» par¬
tissent par lë miiiêu : al m ïm
^mim m ployé, éüpg lëg détient
dehors et lëS foot seichëK Ëilëê
bot rëht dé niilct qiiànd la iorië ést
U d’icëilg,
eri tjUoÿ ëlléfe mOHstrénl qÜ’ëÜës éh-
f*" oèiliii-ës, quel labeur et
El pourtant
q éiieS dmàSSolil letir pi'ouisîbh dé
dmersliétii.cttiÜel’ynëriësçaUrieh
de lautrëi Eüne tesnioigHe qü’éÜes
ont fcënaihs loiirs tlé tbirës pour së
cOnnOiSirè l’Viié i’dütrë. Vn ëliâcÜh
peut pënèëi- qilfellë ëOiiise ët qÜëlië
lliiigeHcëll y defatrë feUës. Mais Hui
lés fcbntëlnplërolt , Pë dirolî-il pas
tili’eMeS parlëHt ëhsëmbië ét Oü'ëllës
ihtërrogtlëht ët rëspondëhl l’vHfc à
l’ftutrè? Në voybtjs-hous pa§ lës
piëél ëà ët fcdiilOliS rbrîgéS ët eh^r'üïiëâ
en leur ePënnii ; de la troëë dë lëUrà
pléds, ët lë senliëi- qtil ëst tdlt par
leur muiirè? En ^hoy nouSpoüuOns
biën fednnbistrë ëbmbiëh la dlUgeiiëg
et feierfeicë valënt ët petinëht ën vfië
cliacUHë fcbOâë : ëar si lës plëüs tant
peiits (plë fcëtix dës Fonrmis, ysent
ët Cabent lës piëi reS pdr fbrfcë ët pat-
continuation d’aiiër et de tenir,' <jüë
peut le ëbntinuël labëtir üës bOtomes?’
Jfïàis Outré tout Cfeéy , il est ënébrë
eSërit d’ëllës tpl’èiles S’ëiiSëileliSSènt
lës vnëS ië's anti-ës , cémUie lës hotb-
mës. Plütar-qUë S’àcëOrdë eti cë qüë
piiHë ëH a ësfcrit *, mais anssi ii
mortslrë midtii ëb spëfeial ët pàë lë
menu, les grandes vëritiàt|m sont en
cfeilëS pëtilëS bëStes, deStjùëllès il
parié dltisl.
« Mais éOmmcrtl ëSt-il pbSSiblë dé
parler dssëz dignenient dë la disci-
1 më;ihi: m.à sd.'
etpiératé. i P.
- piaiài'daê i i.
LE LIVRE DES ANIJMAVX
pline et industrie des Fourmis ? si n
les faut-il pas passer sans en parler
aucunement ; Nature n’a point de plus
grand miroir des grandes et excel¬
lentes choses : car en iceluy reluit le
signal (le toute vertu, comme en vno
pure gouttelette. Geste communica¬
tion qu’elles ont entre elles, est l’i¬
mage d’amitié : ceste force et allé¬
gresse qu’elles ont aux trauaux , est
vne image de force et magnanimité :
somme , elles ont beaucoup de se¬
mence et de lesmoignage de tempe-
rance, et de prouidence, et de iustice ;
chacun peut connoistre leurbeneuo-
lence lors qu’ellçs se rencontrent,
quand celles qui sont vuides font
place aux chargées, à fin qu’elles
passent à leur aise : quand aussi elles
partissent en beaucoup de pièces vn
fardeau trop pesant , ou à porter ou
à trainer : semblablement quand elles
mettent les grains au soleil pour les
faire seicher, lors qu’ils sentent qu’ils
se nyellent, ou flétrissent, ou pourris¬
sent. Et encore d’abondant le soing
qu’elles ont que leurs grains ne ger¬
ment, surpasse tout entendement :
car elles rongent le nombril du grain,
qui est la partie par laquelle il iette
le germe, le chastrant long temps dé¬
liant On dit que la première descente
et entrée de leurs cauernes n’est pas
droite, à fin qu’il n'y eust point d’au¬
tres besles qui y poussent aller , mais
qu elle est tortue, auec de grands re¬
tours et circuits , ayans plusieurs sen¬
tiers detrauers, lesquels se rendent
en trois cauernes ; l’vne est celle là
où elles font leur assemblée etparle-
mens: l’autre où elles retirent leurs
prouisions de toute l’année : et la
tierce est le cimetiere des morts. D’a-
uantage iamais ne font mal les vnes
aux autres , et viuront cent mille en-
.semble en leurs petites cauernes de
terre : et deux hommes le plus sou-
uent ne peuuent viure en paix dans
la republique. »
Voila ce qu’en escrit Plutarque.
Les mousches à miel, les fourmis,
et d’autres animaux recueillent pour
l’hyuer, et semblent auoir quelque
ombre de raison ; mais ce qu’elles font
n’est seulement que par vn instinct
naturel, et non par prudence. Les
bestes appellées insectes sont comme
fourmis et autres petites bestioles,
pource qu’idles ont des incisions, tail¬
lades ou decouppurcs par dessus le
dos ou par dessous, ou en tous les
deux, qui sont accouplées et con-
iointes d’vu petit filet creux , selon
Pline et Aristote*.
CHAPITRE IX.
DES VEnS QVI FONT LA SOYE.
Nous pouuons aussi adiouster à
ces bestes les vers qui font la soye,
desquels les Philosophes ont escrit
merueilles, à sçauoir de la maniéré
de faire leurs nids, et de leurs laines
et toilles, desquelles elles font braues
les Roys, Roynes, et autres hommes et
femmes. Mais qui est celuy qui ne se
doiue grandement esmerueiller de
l’industrie et entendement qui sont
en ces petites bestioles? La proui¬
dence de Dieu se monstre en la na¬
ture quil a donnée aux animaux :
elle se manifeste encore mieux en ce
que les plus petits d’entre eux sont
ceux ausquels il a plus donné d’in¬
dustrie et de prudence, à fin que par
icelle ils puissent recompenser la
force qui leur defaut.
* Ce dernier paragraplic est une addition
de 1585.
F,T DK l’kXCELLENGF. DE l’iIOMME,
CHAPITRE X.
DE l’inDVSTRIE DES ANIMAVX , ET DE
I.A CONSERVATION ET ASIITIÉ QV’lES
ONT, ET PRINCIPALEMENT DE LEVRS
PETITS.
Les animaux portent vne extreme
ainilié enuers leurs faons ou petits:
que souuent elles se pourroient sau-
uer et escliapper en fuyant le chas¬
seur qui les veut prendre : mais s’il
faut par ce moyen abandonner leurs
petits, elles aiment mieux estre mises
en pièces que les perdre et laisser en
arriéré. Et la saison qu’elles sont
plus furieuses, c’est alors qu’elles les
nourrissent.
Plutarque dit que toutes les bestes
en general aiment ardemment ce
qu’elles engendrent, et le nourrissent
.soigneusement, et ont vne affection
et (inesse singulière en telle matière.
Et quant à l’industrie de conseruer
leurs petits, les perdrix vsenl en cela
d’vne grande üne.sse : car tandis que
leurs petits nepeuuent encore voler
pour leur ieune aage, elles les ac-
coustument à se coucher sur le dos ,
et à se couurir de mottes de terre
comme de quelquecouuerlure. Quand
les chasseurs sont prés d’elles, elles
les mènent d’vu autre costé, et tour-
noyenl et volent comme à peine, et
font semblant qu’elles ne peuuent
plus courir, et se feignent ainsi ius-
ques à ce qu’elh'S ayent retiré les
chasseurs loing de leurs petits. Voila
donc vne grande finesse , coniointe
auec vn amour et vn grand soing en¬
uers ses petits.
Ce que nous lisons des heures à ce
mesme propos n’est moins digne d’ad
niiration : caries heures se voulinsre-
45
tirer à leurs gisles, mènent leurs petits
l’vn à vn lieu et l’autre à vn autre : et
quelquesfois ils les séparent l’vn de
l’autre bien d’vu arpent de terre, à
fin que si d’auenture il suruient vn
homme ou vn chien, ils ne soyent
pas tous en vn mesme danger. El puis
après auoirbien Iraquassé et voltigé,
et imprimé force traces de leurs
pieds, faisant vn grand saut, ils se re¬
tirent de là, et vont en leurs gistes.
Or si le liéure est fin et caul pour
la garde de ses petits, le hérisson ne
l’est pas moins, non seulement pour
nourrir ses petits, mais aussi à se
sauner luy-mesrne, et pource oyez ce
que Plutarque en a escrit.
« Quand le renard poursuit le hé¬
risson, il s’enroùlle dans ses espines,
ainsi que la chastaigne est cachée en
sa coquille ou escorce , et par ces
moyens il se lient là caché en embus¬
cade, sans pouuoir estre nullement
blessé. Mais le soing et la prudence
de SOS petits est encore plus digne
d’admiration. Il s’en va aux vignes
au temps des vendanges , et auec ses
pieds il abbalen terre les grains des
raisins : puis il roulle par dessus et
les pique de ses espines. »
Plutarque qui en a escrit ainsi in¬
troduit vn personnage auoir veu cela
de ses yeux. Et pource il dit : « Il me
souuienl que quelque iôur nous en
vismes vn que nous estimions que ce
fust vn raisin qui cheminast, tant il
estoit chargé de graines. Quand il
est entré en sa cauerne, il en met vne
partie pour ses petits et relient l’au¬
tre pour soy. H fait le semblable des
pommes , poires , et autres fruits, et
sçail bien choisir les meilleures et les
plus meures, se roullant dessus, et en
porte tant qu’il peut, et si peu qu’il
luy jilaisl. »
Il se (rouiie en la Floride vne sorte
740
dcbesie, laquelle, laht ptitir sii
que deformile, ié h’aÿ voülü bbttiëi;-
tre en ce traité, èh ayant pris lé
portrait de tlieilet , liiire , cha¬
pitre 1. Tome 2. de sa Vosmographié
Elle est nommée de ce peuple Süc'ca-
raih, et des Caiilbales Su. Cëst àrîi-
màl la plupart dü temps fait sa rési¬
dence au riuage des tieuüéÉ , et est
rauissantë et d’vrié façon fort ëS-
trange, telle qiië la voyez figurée. Si
elle ëst poursuiüië, ëllë prend sës dé¬
lits sur son dos, lésqliëîs elle Cdiitire
de sa queue, qu’ellë à assëzlbngüë ët
large, et sësaüüè â la fuitë. Tbülës-
fois les Sauuagès pour la prebdrë fdiit
vne fosse dedans laqUëllë ëllë tbrfibë;
sans se douter dé tëllë èriibliscàdë.
Entre lës àniinàüi, là nàtürë pësë
autant d’vri cbsld tjüe d’àütre , iiüant
au courage ët 4 là hârdiëSsë ; ët në
cede point là fëifiëllë ait rtiàslë, sbil à
süpportër les tràuàüx pbtir lë rëcbü-
urement dés viufës, soit à ëbfbbàttrë
pour la deferisë dë lelits bëtil^.
Eësbichès font drditiairëttiehl lëurs
faons prés dés gfàfids fcfietrtibs, bëürtë
qüé les bëstës raüî^sàbtës, dtti tiüëfit
de pibÿë , ii’y bàiilëbt pas ëbifitilÜiie-
ment.
CëaEIïrë îi.
Le temps gyfe tM4 AittiwÂfx ^kccÔŸ-
PLÈSf ÈüisÉàBife.
La prime-vere lës animaüx sont
espris du désir de s’accoupler : car
alors sont excités à mettre hors là
concupiscence generatiue , ne plus
ne moins qu’elle fait la séue , et les
boutons des arbres ët herbages, à firt
de perpétuer leur semblable. Les
layes attirent leurs sangliers , et les
bft;
chéures Iciirs bottes, et àüîrës fcliiël-
les leurs masles, par leurs propres
odeurs : les oiseaux s’ehtrëfont l’a¬
mour des aiies et du bec , les autres
par ieuts chants ët voix dlüërsës s’eti-
tre-àppellent chacune ëh lëürlargbn,
s’ëiitrefàlsànS carëssës,Së relbuïssdtis
pour l’esperance qu’elles ont de s’afc-
coupler, monstrant par cela que Na-
tttrë ieslnëiteâfcë faire, fcë qu’on toit
aüx gi’bnoülllëS , qill ëdrrihiëriçaris à
eütrër ëti aiîibür s’ënlrë-appëlleHt
aUëë vu chant de hbpces , d’viie ibix
atribufeuse : puis qliafid lë màslë à
fait vënir sà fetnëllë, iis attendent à
s^aëbbuplël' dë nuit , pbür - ce que
dedatis l’ëali elles në peüUent bàbi-
iëi' iiyàuoir ëoiripàgtüel’vuë de l’ati-
tfë, et sür là terre elles ci àiguënt lë
iour qu’on ne les trouueliéës ensem¬
ble : itiàis qitàbd là ritlit ëst vënüë,
elles sbrtëbt de l’ëàü sedtëitlërit dü
ëllëS S’ëfitfë ëiübràsSëht. Cëlà Aiëfit
dë là Sàpiëfiëe dluifie , qtii à dortriê
afii àtilmàtli së gàrdct d’ëslfë fiàp-
pés, falëssés dü tüés, àütànt qü^l lèür
estpdssibie.
leiîàd dit que si là libftrië à ëil
ebinpapië fi’ vit àUtrëlidn,sdn hiàslë
lë ëofinoist â fodedr, ët là chastie ët
bat ërüellëhieiit.
AücÜtis àftitflàux fdht plüsiëürs pe¬
tits, lès àÜtrëS h’ëtl fdiit iàitiàîs qU’ln
seul eü lëUr vië, fcdüüflë l’elëpharit ,
leqüël üeàhttnoibs vit deux bü tidis
ëëns àfiS.'
CMÂËîtRÈ XII.
D’é u’AiWdvà Èf cÜAàiTÉ dès disÉAti
et chiens.
tà cicông'nê nburrll sbri pëfë et sâ
mérë ëii lèüf viëillëssé , ët leè petits
F.T DK î/RXCEIit,ï?rfCK CE l’hOMME.
sçaclians bien voler aident aussi et
supportent ceux d’entre eux qui ne
peuucnt encore bien voler. Et par
ainsi ils ne sont pas seulement hu¬
mains enuers leurs peres et meres,
mais aussi entre eux, comme freres et
sœurs les vns enuers les autres.
La poulie porte vne fi grande af¬
fection à ses petits poussins , qu’elle
les congregeet assemble; les gardant
sous ses ailes , et s’il vient vn chien ,
ou vn loup , ou S n ours , qui sont de
terribles bestes au prix d’elle, pour
en empoigner vn , elle sautera contre
eux, voire et fusl vn homme armé de
toutes pièces, pour les defendre, sans
auoir esgard à sa vie, ny au danger
auquel elle se met : autant en font
toutes les autres bestes.
Il se faut esmeruciiler de la loyauté
que le chicri tient à son maistre, et
de l’affection qu’il a enuers luy, et de
la mémoire et nourriture qu’il en a
receu : caf iamaisil ne i’ abandonne,
et quelque desplaisir que son maistre
luy face , encores qu’il iuy donnas!
cent coups de baston , si ne je peut-il
delaisseï* qu’il ne retourne tousiours
vers luy. Il n’y a beste qui connoisse
si bien sdn maistre : encores qxi’il àye
esté long-temps sans le voir, il le
recoiinoist tousiours. Il entend la
voix des domestiques. Le commun
de tous chiens est do garder la mai¬
son , et abbayer aiix estrarigers , et
estre mauuais aux pàüures nial-ves-
tus. Et s’il est question de trouuer
des gardes bien scures , on n’eii
pourra pas trouuer de plus certaines
que celles des chiens. Et pourtant
Cicéron leur fait cet honneur, qu’il
les appcilltî garde lldelb par dessus
tous autres animaux. 11 a vn senti¬
ment exquis, par lequel il connoist à
la trace soii maistre, et la proye.
Aucuns chiens ont demeuré long-
7^7
teinps sut lë totubedti dë lëüf fSdlStfëi
tousiours hurlans pitëtlsëtnëfit , sühs
qu’ils en poussent ëStrë dëëHËSëëS^ ne
voulons nlanÿet ny bolfë.
Pline recite * qü’vrt ëliietl tië depdf-
tit iamais prés du corps de Son ttiàlS-
tre , qui auoit esté exëcUté pdf iUs-
tice , ietlant de trlstéS hUrlëfîiëdS ,
enuironné d’vh grand ceftië dé peu¬
ple romain : et qüelqu’vh luy ayant
ietté de la viartdO; ce clliërl la pdrta
à la bouche de Sbn maistte; Püis
quand on eut ietté le corps dedans lë
Tibre; le chiert se mit à nager; es¬
sayant de lesauüer et soüstenir t Qëttt
le peuple Romain fut grandement
esmerueillé de la fidelité de ëestë
beste 2.
On lit plusieurs histoires de là fi¬
delité des chiefls^ qui serdlërlt iëÿ
trop long-temps à reciter. Ils ab-
bayënt et fclàbaudent oyaiis lé bruit
des trompettes , et le cry des asnes et
autres grands bruits , et ce elabaude-
ment et abbayement leur est vn pleur
pour rimpatience de leur ire.-
Le cheual semblablement cônnoist
son maistre , ce que Plutarque a
laissé par escrit du cheual d’Alexan¬
dre , nommé Bucefal : quand il estoit
nud , enduroit bien que le palfreniër
montast à poil dessus luy: mais qliand
il cslolt paré de ses harnois royadx ,
et de ses riches couleurs ; il n’en soüf-
froit pas vn seul monter sur luy,
qu’Alexandre tout seul ; et Si d’autres
s’efforçoient y monter, il leur Coufoit
sus, en ronflant et hennissant i et se
cambroit sous eux ; et les fouloit dux
pieds ; s'ils ne se liastoient biëb tost
de se retirer arriéré et s’enfuin
Combien que la colombe soit des
1 Lju/'fc 8; É-ftj 40; — A. P;
» Cette hisWlte , errtplüritêa â PHliëfttêlë
intercalée Ici en 188ffi
LE LIVRE DES AIVIMA-VX
7/48
bestes bien fertiles , toiitesfois tant le
masle qne la femelle garde vne sin¬
gulière chasteté , concorde et amour,
et charité l’vn eriuers l’autre, et ne
commettent point d’adultere, et ne
violent point la foy en leur mariage ;
si la femelle a vn masle difficile et
fascheux, elle le supporte neantmoins
en toute patience : après le courroux
ils se flattent et baisent , en faisant
paix, et retournent l’vn auprès de
l’autre. Ils sont d’amour égalé en¬
tiers leurs petits.
Les tourterelles en font autant , et
d’auantage : car en signe de viduité,
iamais ne couchent sus branche ver¬
te, après qu’elles ont perdu leur
party, et demeurent en perpétuelle
viduité, sans prendre autreparty. Ils
ont vn amour mutuel et réciproque.
CHAPITRE XIII.
DE LA FORCE DE l’eLEPHANT , DE SA
RELIGION , DOCILITÉ , CLEMENCE ,
BONTÉ, CHASTETÉ, VENGEANCE DES
MAVX QV’ON LVY A FAITS, ET RE¬
CONNAISSANCE DES BIENS.
Il ne se trouue beste terrestre plus
grande, plus puissante, nyespouuan-
table que les elephans. Car il faut
qu’ils soyent merueilleusement puis-
sans et robustes , quand ils peuuent
[lorter en bataille de si gros édifices
et de si grosses tours de bois plei¬
nes de gens d’armes, qui combat¬
tent en icelles. Et qu’ils soyent espou-
nantables, quand ils viennent equip-
pés en tel ordre, il appert parla peur
et frayeur que l’armée des Romains
en eut, lorsqu’Antiochus le Roy de
Syrie commença premièrement à les
amener en bataille contre eux. Car
les gens d’armes, qui n’auoienl iamais
veu tels monstres, conceurcnt grande
frayeur de voir tels animaux, qu’ils
ne sceurenl faire que se mettre en
fuite.
Depuis , les Indiens auoicnt de
coustume en la guerre de lier an
bout de la trompe desdits elephans
vne espée longue de deux coudées ,
auec laquelle estant chassés tuoient
leurs ennemis. Ils mettoicnl pareil¬
lement des bats , qu'ils lioient de
chaisnes de fer sous le ventre, et des¬
sus metloient vn chasleau de bois, en
maniéré de tours, où quatorze hom¬
mes estoient debout , et batailloient
de toutes sortes de leurs armes et
bastons. Mais depuis , sçaehans leurs
ennemis que les elephans craignent
le feu , ceste façon est abolie , à
cause des bastons à feu qu’ils ont , et
aussi des torches allumées qu’ils pré¬
sentent aux elephans , desquels ils
sont tant espouuanlés , qu’ils font
plus de mal à leurs maistres en s’en¬
fuyant , qu’ils ne font aux ennemis
en bataiilant.
Ce neantmoins tant estranges bes¬
tes qu’ils soient , c’est vne chose in¬
croyable des vertus que les philoso¬
phes leur attribuent, et les choses
qu’ils en racontent. Pline dit ‘ qu’ils
approchent fort des sens humains, et
qu’ils ont quelque intelligence du lan¬
gage du pays auquel ils sont nés, et
qu’il y a vne grande obéissance en
eux en ce qui leur est commandé ,
ayans mémoire des seruices et offices
qu’ils ont accoustumé de faire : mais
qui plus est, bonté et clemence se
trouuent entre eux. Quant à la reli¬
gion , Plutarque a escrit qu’ils l'ont
prières aux dieux immortels : car de
leur bon gré ils se purgent et lauent
en la mer, et adorent le Soleil leuant,
' Plir.o, Un. R. rh. 1. — A. P.
El' DE l’ EXCELLE]
auec vue grande rciierencc , leuans
leur trompe en haut vers le ciel au
lieu des mains. El Pline à ce mesme
propos lesmoigne qu’ils font hon¬
neur et reuerence, non seulement au
Soleil, mais aussi à la Lune et aux
esloiles : et après auoir fait leur ado¬
ration , ils s’en retournent aux bois,
et portent douant eux leurs petits ou
faons qui sont tas. Les Arabes en
font bon tesinoignage, qui voient
ordinairement la grande quantité
d’elephans à la nouuelle Lune des¬
cendre à grands troupeaux aux ri-
uiercs , où ils se lauent et baignent:
et après qu’ils sont puriflés , ils se
mettent ù genoux, et font leur ado¬
ration , piris s’en retournent aux bois,
et le plus ancien conduit la troupe,
et celuy d’après les assemble.
On dit aussi qu’on a trouué que de
nuit pensoient à ce dequoy auoient
esté chastièsde iour. Plutarque tes-
inoigne qu’il est tout certain, que
coinrae aucuns elephans eussent esté
instruits à Home longtemps deuant,
pour apprendre à faire des tours raer-
ueilleux , et difficiles ù refaire , on
en trouua vn ayant l’entendement
plus dur que les autres, et pour
ce il estoit hay de tous les autres
et battu souuent, par-ce qu’il ne
pouuoit retenir tels tours de passe-
passe , lequel toulesfois les repetoit à
par-soy , et s’efforçoit les laire de
nuit à la Lune. Adrianus récité auoir
veu va éléphant , lequel ayant deux
cymbales pendues aux oreilles, les
tüuchoit d’accord alternatiuement de
son museau (ou trompe) et dansoit
selon la mesure de l’accord, et les
autres le suiuoient en dansant comme
liiy.
Les Elephans portent leurs petits
deux ans en leurs matrices, pour la
grande corpulence de leurs corps,
CE DE L’irOBIlME.
parce qu’vn gros fruit n’est si tost
meur qu’vn petit L Ils sont de nat ure
tant amiables et pitoyables, que ia-
mais ne font rien à personne, si on
ne les y prouoque. Jamais le masle et
la femelle ne se connoissent ensemble
qu’en secret , à cause de honte qu’ils
ont. On lient qu’ils ont si bon enten¬
dement, qu’ils n’entreront iamais en
vn naulre,pour passer la mer etestre
menés en pays eslrange, que leur
gouiierneur n’aye promis et iurè les
ramener en leur pays. Aussi eslans
irrités , ils chargent les hommes sur
leurs cornes, et les iettent si haut,
que deuant qu’ils tombent ils sont
eslouifés et morts. Nous parlerons
encore de la nature des Elephans cy
après au liure des Monstres 2.
CHAPITRE XIV.
DES BESTES QVI SONT ÉS EAVX.
Après auoir parlé des bestes qui
conuersent sur la terre , il faut pa¬
reillement dire quelque chose de celles
qui font és eaux: dont la Lamproye
emporte le prix , et mérité la palme
pardessus tous les poissons, en cas
d’amour paternelle et de bonté et
douceur enuers leurs petits. Première¬
ment elles font leurs œufs, et puis les
1 Aristote , liu. 4. dei Animaux. — A. P.
a L’édition posthume de 1598 ajoutait ici :
oh la figure de l’ Eléphant defaut. En effet ,
celte figure , qui y existait en 1579, avait été
reportée én 1582 au Discours de la Licorne.
Mais le texte qui accompagnait celle ligure
avait été omis et oublié dans ce changement
de livre, cl il manque dans toutes les gran¬
des éditions, à partir de celle de 1585. Je
l’ai rétabli dans celle-ci , et on le trouvera
plus loin dans l’Appendice au livre des-
Monslren,
LP LIVKü üPSi ANIMA.VX
7Ôa
petits : ittajs eUes ne mettent pas hors
teprs petits , comme font lea autres
poissons: mes tes pourrissent en leurs
ventres, oqmme s’ils les engendraient
deux fois : et qu^nd ils sont grande-
lets, spntiettés debors leur ventre,
leur enseignant 4 nager et à s’esba-
tre à l’enlnur d'eux : puis subit elles
les reçoiuent de reébef en elles mesr
mea parleur bnuebe, et leur baillent
leurs corps pour habiter , leur don¬
nant xiapde et refuge , tant qu’elles
çonnoissBut que leur aide leur est
certaine, et asseurée.
CH/VPITRE XV.
QVE LES BESTES PEVVENT ESTRE
APPRIVOISÉES.
ïbeuet en sa Cosmographie , Tome
second , chap. f . , dit que le Tur^s fait
nourrir de toutes sortes de bestes,
comme liions, Tigres , Léopards,
Loups ceruiers , Chameaux , Ele-
phans , Porcs-espics, et autres bestes
estranges : et souuent les hommes
qui les gouuernent sont en Constan¬
tinople ou au Çair-e. Ils les meinent
par la ville auec vue grosse chaisne
de fer, et principalement les Lions,
ayans de petites Glochettes , à fin que
le peuple se retire , et que ces bestes
ne gastent quelqu’vn, cequesouuen-
tes fois est aduenu. Et si ceux qui les
gouuernent sont aduerlis de quelque
grand seigneur ou ambassadeur qui
soit arriué , ils ne faudront hiy ame¬
ner en son logis cesdils Lions , auec
compagnie d’autres bestes estranges,
ausquelb’S ils font faire mille passe-
tomps: leurs maistres semblablement
ioüent do plusieurs sortes d’instm-
mens 4 laTurquesque, mesme iftüenl
Comédies, et luttent ; s’asseurans tous
d’auolr quelque présent dudit sei¬
gneur qnl aura receu tel passe-temps.
Mais ce n’est chose merueilleuse
que les bestes terrestres puissent es-
Ire appriuoisées auec les hommes,
veu que les Aquatiques le pcuuent
estre , entre lesquelles on nomme les
anguilles. Plusieurs aulheurs ont es-
ciit de la Murene : semblablement
que Crassus a eu vne Lamproye , la¬
quelle estoit si appriuoisée, qu’elle
luy obeïssoit, dont luy auoil donné
vn nom comme à vne beste domesti¬
que, et l’appe liant la faisoit venir
vers luy. Icelle estant morte , en
pleura : ce que Domitius luy ayant
reproché d’auoirplor'sa Murene, luy
respondil qu’il auoit eu trois femmes
sans en auoir ploré vne seule *.
CHAPITRE XVI.
COMME LES ANIMAVX OST APPRIS AVX
HOMMES A EOVRBIR ET A*GVISEP
LEVRS ARMEVBES, ET FAIRE EHBVS-
CADES.
Les guerriers sont fort songneux à
eontregarder leurs armes , à fin
qu'elles ne seroüillent et g-astent, et
pour ce ils les font souuenlefois four¬
bir ; mais il y a plusieurs bestes qui
ne leur doiuent de retour.
Et quant à ce point , les Pores san¬
gliers aiguisent leurs dénis.
Les Elepbans, pour ce que l’vne de
leurs dents , auec laquelle ils fouil¬
lent , arrachans les plantes, herbes
et racines dont ils se nourrissent , eu
est ordinairement moussce, vsée et
espointéa , ils conlregardcnt loiis-
‘ Plutarque. — A. P.
KT X)li l’exCELLI
jours rajijre poiijtue et affilée, pour
s’en seruir aux ( pmbals contre les
lUjiqocerQs et autres ennemis. Le¬
dit Rhinocéros est aussi long que
i’Rlpphant , mais phis bas de iambes ,
et a son pelage de couleur de bouïs,
piccoté eu plusieqrs epdroits , et fa¬
çonné et armé comme il se verra par
sa figure py après L
Les Sangliers aiguisent pareille¬
ment leurs (lefenses pour pssaillir ou
se défendre.
Le Lion chemine tpusiours les pat¬
tes fermées, à fin que ses ongles
soyent enserrés au dedans comme en
vnegueine, de peur que la pointe ne
se rompe , et aussi (^u’on ne les puisse
suiure à la trace : car à peine la peut
on trouuer, ains seulement de petites
marques de ses pieds, et peu appa¬
rentes .- et ainsi les animaux contre-
gardent leurs armes , pour s’en seruir
au besoin.
Les Taureaux présentent le combat
auec les cornes, et s’equippent au
cornbat , comme vaillans gendarmes
et çheualiers.
Le rat d’Inde, conime dit Plutar¬
que, ne différé en rien d’vn gendarme
pour Ixatailler, tant fiien il se sçaij
çonnrif de boue et de fange, qu’if
semble proprement qu’il sqit armé
d’vn halerret et cuirasse, lors qu’il
doit batailler contre le crocodile :
neantipoips que ledit crocodile soit
vne beste si forte et cruelle qu’elle
piapge Ips boRinies, et ce rat d’Inde
est si petit qu’il le fait fuiç. Cela se
fait par vpe pbqsp indicible, que Na-
• L’édition de L'iXft disait : conmc ilso vaU
par cesle figure , Cl dotiiiait en elïet le Pour-
iraicl du UivQueros, çt combat contre l’-J^lc'
pliant. Celle (ignre fivail clé reportée dés 1^82
OU Diseoips de la Ideorne, d'oà \içnt le
elmu^caiciil du ‘^alç (le lù_85.
NCE DE l’homme. y5 l
ture met aux cœurs des grands ani¬
maux, pour les espouuenter d’vne
peur et crainte, mesme où il n’y a
point de danger pour eux : comme
l’elephant est espouuenté par vn
pourceau , et le lion par vn coq , veu
qu’il est escrit du lion , qu’il ne se
retourne point pour quelque chose
que ce soit. Telles craintes autresfois
sont aduenues à de bien grandes ar¬
mées, prestes à combattre, qui ont
esté mises en routle et fuite pour vn
liéure qui sortit d’vn buisson ; car
depuis qu’il y en eut vn ou deux ef¬
frayés par la soudaine sortie de ce
liéure , tous les autres furent sembla¬
blement effrayés et espouuentés,
comme si tout eustesté perdu et des¬
confit , pensons qu’il y eust quelque
grand danger.
On trouue à ce propos, en Phistoire
de Philippe de Gomines, que des char¬
dons qui esloient en vn champ fl-
fent peur aux Bourguignons auprès
de Paris , en la guerre qu’eut le Roy
Loys onzième auec le Comte de Cha-
rolois. 11 aduint qu’aucuns de l’ar¬
mée virent des chardons en grand
nombre , plantés en vn champ prés
Charenton : et pource que le temps
estoit couuert et obscur, il leur sem-
bloit que c’estoit l’armée du Roy qui
estoit sortie de Paris , et là arrestée ,
leur faisant alte : et après qu’ils en
eurent porté les nouuelles à leur ar-
inée , et qu’on en eut enuoyé d’autres
pour les reconnoistre, trouuerent que
ceste armée demeuroit tousiours là
plantée sans bouger, dont la peur
leur fut encore redoublée, et toute la
nuit se tindrent tous en armes. Et le
lendemain, le iour estant vn peu plus
esclairci,ils conneurent que c'estoient
chardons : parquoy ce n’csloit pas
meruoille s’ils auoicnl tenu bon sans
reculer, (mais aussi iis n’auoient point
LK LIVRIÎ B
auancé) : et ceux qui eu auoient
porté les nouuelles furent bien fort
honteux , toulesfois ils furent excu¬
ses pour l’obscurité du temps.
Les Coqs sont oiseaux royaux; aussi
sont-ils couronnés, et exercent leur
régné en quelque lieu qu’ils soient
de leur hardiesse et courage, et ba¬
taillent du bec et des argots, comme
l'experience le monstre, donnans
crainte et peur aux lions, qui sont
les plus nobles et courageux entre
les bestes saunages.
Les Connins ont monstré aux hom¬
mes à faire les mines sous terre, pour
miner et renuersers’en dessus-dessous
les forteresses de leurs ennemis.
Marc Vairon dit qu’en Espagne y
eut vn gros bourg, situé eu pays sa¬
blonneux , qui fut tellement foui et
caué par les connins, que finalement
il fut ruiné et déshabité.
Les Loups ont monstré à faire la
guerre aux hommes : ils se mettent
en troupes, et demeurent en embus¬
cades à l’entrée d’vn village. Il y en
a vn qui entre dedans pour donner
l’alarme aux chiens, puis recourt
vers ses freres et compagnons, et les
chiens après : et lors qu’il les a passés,
retourne vers les chiens , leur faisant
teste : cependant l’embuscade desco-
che , et prennent chacun vn chien , et
luy couppent la gorge, et le man¬
gent.
Le Regnard est le plus caut cl le
plus fin de toutes les bestes en gene¬
ral. Lors qu’il est chassé des chiens,
et les sent prés de sa queue, leur
ielte ses excremens à leurs museaux
et aux yeux : les ayant ainsi esblouïs
et estonnés, il gaigne le douant, et
les laisse en arriéré. Il a aussi vne
astuce que pour faire desnicher les
poulies, il feint de leur ietler sa queue,
et par ceste peur les desnichc, et à
RS ANIM/VVX
la descente en prend vne et la deuo-
re. Pareillement s’il veut passer vne
riuiere, encore qu’elle soit gelée et
prinse, marche doucement sur la
glace , et approche son oreille , et s’il
peut entendre aucunement le bruit
de l’eau cachée, il connoist que la
glace n’est pas espaisse, ny assez
ferme : parquoy il s’arreste, et ne
passe outre : et ainsi s’il ne peut en¬
tendre le bruit, il passe de l’autre
coslé hardiment. Or ne sçauroit-on
dire que cela soit seulement vne vi-
uacilé de sentiment de l’ouye, sans
aucun discours de raison. Car c’est
vne ratiocination , et conséquence
tirée du sens naturel, en ceste sorte :
ce qui fait bruit se remue : ce qui se
remue n’est pas gelé ; ce qui n’est
pas gelé est liquide : ce qui est li¬
quide ployé sous le faix, et ne tient
pas ferme ; ergo, etc.
Si les pourceaux oyent crier en
vne forest l’vn d’eux, ils s’assemblent
tous pour le secourir, comme si vne
trompette auoit sonné pour assem¬
bler vne compagnie de gendarmes, à
fin d’aller au secours de leur compa¬
gnon , et tous bataillent pour luy.
Plutarque dit des poissons appellés
Stares et /lat/ies, qu’aussi tost qu’ils
ont auallé le haim du pescheur, les
autres qui lors sont presens accou¬
rent tous pour luy aider, et rongent
le filet et le petit cordeau, et ainsi
eschappe. Les anlhes se secourent pa¬
reillement les vus les autres auecplus
grande violence : car ils iettent sur
leurs espaules le filet et petit cor¬
deau auquel l’hameçon est attaché,
et dressent leurs espines et escailles ,
dont ils le couppent et rompent.
Il y a vne grande admiration de la
société et amitié qui est entre le
poisson, appelle üouuerncur^Gl la Ra-
iaine. Quant au gouuerneur, il n’est
Ët DË lV^XCëLLëNCE bË l’iiOMMF. *753
plus grand qu’vn goujon ; loquel est
lousioiirs auec la baleine , et va dé¬
liant elle, luy dressant son chemin,
la conduisant de peur qu’elle ne se
ieltc en quelque destroit ou en la
fange, dont elle ne se puisse retirer,
ha baleine le suit , et souffre vo¬
lontiers eslre conduite par luy. S’il se
veut reposer, il se met en sa gueulle
et y dort, et elle aussi, ne le laissant
iamais neiour ne nuict.
Les Grues , lors qu’elles départent
pour aller en pays lointain , elles se
mettent si bien en ordonnance , que
iamais Capitaine de gendarmerie ne
sçauroit tenir meilleur ordre : car
auant qu’elles délogent, elles ont leur
héraut et leurs trompettes qui les
assemblent : quand elles marchent ,
elles consentent toutes ensemble, et
volent en haut pour regarder de
loing : elles eslisent vn capitaine, le¬
quel elles suiuent : elles ont aussi
leur sergent de bande, et aucunes
disposent au derrière de la bande
pour hucher et crier chacune en son
tour , à fin d’entretenir tousiours la
bande en ordonnance par leur voix.
Elles ont leurs veilles bien disposées,
et leurs guettes qui font le guet de
nuict *. Plutarque dit qu’elles sous-
tiennent vne petite pierre de leurs
pieds, à fin que si la guette s’endort,
la pierre l’esueille en tombant, et la
reprenne de sa négligence. Le Capi¬
taine a la teste leuce et col estendu ,
regardant au loing, et les admoneste
des dangers ausquels elles peuuent
estre. Et quand elles sont en ordon¬
nance , les plus fortes se mettent do¬
uant pour rompre l’air, et quand les
vues sont lasses, les autres vont en
leur lieu pour les soulager, et sous-
tenir la peine à leur tour. Et pour
1 Pline , tiu. 10. ch. 23. — • A. P.
mieux trencher l’air, elles se mettent
en ordonnance de gens de pied, es-
troitte do front et large par derrière,
en forme de triangle. Et si ont encore
ceste prudence et science d’Astrono-
mie, qu’elles preuoyent les tempestes,
et se iettent en terre subit qu’elles les
sentent, et se reposent.
Les Oyes de Sicile vsent d’vne fort
bonne grâce , pour se garder de se
descouurir par leur gazouillement ;
car combien qu’il leur soit naturel ,
si est-ce toutesfois qu’elles ont bien
sceu trouuer ce moyen pour corriger
ce vice, à fin qu’il ne les mist en dan¬
ger de leurs aduersaires. Plutarque
dit que quand il leur faut passer la
montagne nommée ïaurus, crai-
gnans les Aigles , elles mettent cha¬
cune vne pierre assez large en leur
bec, à fin d’empescher leur gazoüil-
lement et bruit naturel (qu’elles fe-
roient ) iusques à ce qu’elles ayent
passé leurs ennemis, lesquels elles
trompent en ceste sorte.
Le Cerf se sentant pressé des chiens,
se couche et met ses quatre pieds sous
le ventre, et expire son haleine contre
terre, tellement que les chiens passent
et repassent contre luy, sans en auoir
le vent ny sentiment. Voila comme
Nature donne à chacun animal con-
noissance de sauuer leur vie.
En cest endroit les dragons n’au¬
ront pas moins de gloire, car par leur
finesse et malice ils vainquent bien
les elephans, qui sont les plus fortes
bestes que la terre porte ; ce qu’ils
ne pourroient faire par leur force :
et pourtant ils se mettent en embus-
ches et au guet, et se ruent sur eux
par trahison, et puis les embrassent
soudain et enueloppcnt, et s’entortil¬
lent autour d’eux, et leur lient les
iambes de leurs queues pour leur em-
pescher do marcher : et cachent leur
'18
III.
754
LE LIVRE DES ANIMA VX
teste dedans leurs narines, leur es¬
tant l’halcine, les piquent et mor¬
dent en la chair qu’ils trouuenl la
plus tendre, et leur creuent les yeux
et leur succent le sang', en sorte qu’il
faui que les elephans meurent. Pline
dit qu’il y a des dragons en Ethiopie
de dix coudées de longueur K Et en
Indie, il s’en est trouué de cent pieds
de long, et aucuns voler si haut en
l'air qu’ils prenoient les oiseaux vo-
lans
Le poisson appellé Pesc/rmr, à cause
qu’il chasse aux autres poissons, il
vse de mesnae finesse que fait la sei¬
che Il a vne petite poche qui luy
pend du col, laquelle il retire et las-
che : comme il luy plaist en vn mo¬
ment, ainsi que fait le coq d’Inde sa
cresle. Or il l’allonge en forme d’vn
haim, et la prescrite à mascher aux
petits poissons qui nagent auprès de
luy, puis la retire à soy petit à petit,
si prés qu’il puisse happer les petits
poissons de sa bouche.
Plutarque escrit de la seiche, que
combien qu’il y ait cent mille exem¬
ptes de telles finesses, ruses et eschap-
patoires aux bestes, lesquels ie pour-
' PUoe, lin. 8. ch. 1 1; et II. — ■ A. P.
“ lei se lisent dans toutes tes éditions deux
histoires tirées de Jean Léon , touchant
certains serpents de CalLcut et du royaume
de Senegua. Paré avait sans doute oublié
que dans son livre des renim, à partir de
Éédition de 1579, il avait l’ait un chapitre
spécial avec ces deux histoires , racontées
presque absolument dans les mêmes termes.
La seule différence notable est que dans le
Livre des Venins il cite le livre d’Afrique de
.tean Léon, tandis qu’ici il citait son livre
des Nauigaiiom. En conséquence, j’ai cru
devoir retrancher en cet endroit ces deux
histoires, en renvoyant le lecteur au ch. 27
du livre des Venins , ci-devant , page 317.
.\rlst. de Nat. anim. — A. P.
rois icy alléguer, loutesfois ie ne puis
aucunement passer cestuy de la sei¬
che : laquelle a comme vne vessie pen
due au col, toute pleine d’ vne liqueur
fort noire comme ancre, laquelle elle
vuide quand elle se sent prise, et
ainsi tasche à tromper celuy qui la
chasse.
CHAPITRE XVII.
DES ARMES DES RESTES.
Les bestes ont toutes leurs armeu-
res naturelles : parquoy elles n’ont
besoing d’en faire forger d’autres, ou
d’emprunter, d’ailleurs comme les
hommes. Il y en a mesmes de celles ^
qui ont telles armes,qu’elles prennent
par icelles ceux qui les veulent pren¬
dre. Et pour exemple, la torpille ne
blesse pas seulement ceux qui la tou¬
chent à nud : mais aussi par entre les
rets , elle iette vne distillation qui
stupéfié et engourdit les mains des
pescheurs, en sorte qu’ils sont con¬
traints dé tout lascher : et par ainsi
la torpille se sauue.
André Theuel escrit ^ que la mer
Persiqiie, vers l’Arabie, nourrit vn
poisson de la grandeur et grosseur
d’vne carpe, garni d’aiguillons et
pointes, comme nostre hérisson, auec
lesquelles il combat contre tous au¬
tres poissons. C’est chose toute as-
seurée, que s’il en a donné vne at¬
teinte à vn homme ou beste, comme
aussi de ses dents, en vingt et quatre
heures on se peut tenir prest pour
mourir 2.
‘ Liu. 10. ch. 10. tome 1, de la. Cosmogra¬
phie. — A. P.
* Après ce paragraphe , auquel était jointe
ET DE l’excellence
Les cancres et escreuissos, encore
qu’ils soyent petits animaux à com¬
parer aux susdits, si est-ce qu’ils se
seruent do leurs pieds de deuant, qui
sont fourclius, non seulement à man¬
ger, mais aussi à se défendre ou as¬
saillir.
CHAPITRE XV 111.
LES BESTES SONT DOCILES.
Les bestes sont dociles pour ap¬
prendre ce que les hommes leur veu¬
lent enseigner : en quoy elles nous
baillent quelque tesmoîgnage qu’el¬
les ne sont pas sans quelque partici-
ta Figure du Hérisson demer, l’édition de 1579
en conltMialt deux autres également illustrés
par des ligures, qui furent transportés en
1582 dans le Discours de la Licorne , où ils
sont restés. Le premier concerne le Pois¬
son nommé Vletif, appelé en“1579 Stelifet
Vielif; on le trouvera au chapitre 13 du
Discours de la Licorne, ci-devant, page 503.
Seulement, au lieu de la dernière phrase :
Plusieurs estiment ledit animal estre vne Li¬
corne , etc., on lisait en 1579 : Plusieurs es¬
timent ladite corne estre vne langue de poisson,
ce que n’est pas.
L’autre paragraphe était consacré à l’his¬
toire du poisson nommé Caspitly. On peut
aussi retrouver cette histoire au chapitre 12
du Discours de la Lfcorue, ci-devaut, p. 502 ;
mais le teste de 1579 présenlo des dillérences
assez singulières pour être reproduit à part:
« Il y a vn autre poisson, qui se trouve en
risle duPeru , portant vne corne fort agüe,
en façon d’vue espee bien tranchante, longue
de plus de trois pieds. Iceluy voyant venir
la Balaine, il se cache soubs les ondes, et choi¬
sit l’endroit le plus aisé à blesser, qui est le
nombril , que la frappant , il la met en telle
nécessité , que le plus souuent meurt de telle
blesseuro. Laquelle ses eniunt touchée au vif,
commence i faire vn grand bruit, se tour-
DE l’homme. 1^55
palion (le raison. On les voit estre en¬
seignées par les hommes, y prenons
leurs esbals et plaisirs outre leur na¬
turel : comme les chiens, singes, che¬
naux , passent et repassent par les
cercles des basteleurs, et s’csleuent
sur les pieds, sautans et dançans, et
font plusieurs autres tours de passe-
passe.
Plutarque récité » qu’vu chien ser-
ttoit à vn basleleur, lequel ioüoit vne
fiction de plusieurs mines et plusieurs
personnages, et ce chien y represen-
toît plusieurs choses conuenables à la
matière suiette : mesmernent l’es-
preuue que l’on faisoit sur luy d’vne
drogue qui auoit fert^e de faire dor¬
mir, mais ainsi que l’on supposolt
mentant et battant les ondés, escumant
comme vn verrat, et va d’vne (res grande
roideur ( se sentant près les traits de la mort)
qu’elle culebute et renuerse les nauires
qu’elle rencontre, et fait telle naufrage qu’elle
les enseuelit au profond de la mer. Il se voit
au goufre d’Arabie , que les Arabes nomment
Caspilli , qui est presque aussi large que
long, et sa longueur n’excede point deux
pieds. Il a la peau comme vn petit chien de
mer ; il est armé d’esguillons , dont il en a
vn au milieu du front long d’vn pied et
demy, et aussi aigu et tranchant qu’vue lan¬
cette : et auec ce genre d’arme, quand il est
affamé, il vieot à se ielter contre le premier
poisson qu’il trouue, et de telle façon qu’il
demeure pour les gages, traînant sa proye
où bon lui semble , pour en auoir sa curer,
ainsi qu’escrit André ’feuet, disant l’auoir
veu. »
Il est évident qu’il y a là deux descriptions
dill'érentes confondues mal à propos ; et tou¬
tes les deux s’écartent encore en quelque
chose de la description du Discours de la Li¬
corne. Du reste. Paré cite en marge Theuet
liu, 5. ch, 'l.tom. l. de sa Cosmographie , où
les lecteurs curieux d’éclaircir cette énigme
en trouveront probablement le mot.
1 Plutarque , tome 2, — A. P.
tË LtVKË ÜES ANIMAVX
7^^
faire mourir : il print le pain où la
drogue estoit meslée, et peu d’espace
après l’auoir aualé, commença, ce
sembloit, à trembler comme s’il eust
esté tout estourdi : finablement s’es-
tendant et se roidissant comme s’il
eust este mort , il se laissa tirer et
traîner d’vn lieu en autre, ainsi que
portoit le suiet de la farce : puis
quand il conneut à ce qui se faisoit et
disoit qu’il estoit temps , alors il com¬
mença premièrement à se remuertout
bellement , comme s’il fust reuenu
d’vn profond sommeil, et leuant la
teste regarda çà et là, dont chacun
des assistans fut fort esbabi : puis se
leuant du tout, s’en alla deuers celuy
qu’il falloit qu’il receust, et le cares¬
sa ; de sorte que tous les assistans, et
mesmes l’Empereur Vespasien y es¬
tant, en personne dedans le theatre
deMarcellus, en demeurèrent tous
resiouïs.
Le singe est vn animal ridicule,
beau toulesfois au iugement des en-
fans, et leur est vn passe temps pour
rire : car s’essayant d’imiter tous ac¬
tes d’homme, il ne le peut faire, et
parlant appreste à rire à ceux qui le
regardent. On a veu, dit Galien *, vn
singe s’efforcer à ioüer de la fluste,
danser et escrire, et faire autres choses
que l’homme peut bien faire.
Il me souuient auoir veu en la
maison du Duc de Some, vu gros
singe malfaisant , et pource on luy
couppa les deux mains, souffrantes-
tre habillé de ses playes. Estant gua-
ri, se voyant sans mains deuint doux,
affable et docile : on luy bailla vn
habit verd, et ceint autour du corps:
cl à sa ceinture estoit pendu vn estiiy
de lunettes, auec vue paire de cou¬
teaux et vn mouchouër, comme l’on
* Liure i. del’f^satje des parlief.~^A, P.
baille aux enfans. Estant ainsi habillé,
le maistre cuisinier voulut estre son
pédagogue, à cause qu’il faisoit sa
demeure à la cuisine, à vn coing de
la cheminée. Il l’instruit à luy faire
faire plusieurs singeries : et où il fail-
loit, coups de baston ne luy man-
quoyent, non plus que la parollc, luy
diminuant sa portion, le faisant son¬
nent ieusner par cœur : car, comme
dit Perse, Le ventre est ingénieux et
maistre des arts (et celuy qui baille
l’entendement). Et par ce moyen le
cuisinier enseigna au singe à ioüer
de passe-passe, à sauter et danser au
son d’vn petit flageol, courir la lance,
passer et repasser entre les iambes :
il portoit la viande auec les pages
pour la poser sur la table auec
grande reuerence, et faisoit plusieurs
autres bons seruices, tenant tous-
iours sa vaisselle nette auec la lan¬
gue , de façon qu’on l’appeloit frere
lean factotum. Après le disner et sou¬
per, on le mettoit dans vne chaire,
contrefaisant le prescheur, tournant
les yeux s’en dessus dessous, frap¬
pant sa poitrine de ses moignons en
disant ses patenostres, clacquetant
des dents, et monstroit son cul, qui
estoit tousiours à descouuert (à cause
que son habit estoit court , de peur
qu’il ne fust saffrané) ; bref, faisoit
plusieurs autres singeries et risées,
marchant tousiours debout, à cause
qu’il ne sepouuoit tenir autrement s’il
n’estoit sur son cul, parce qu’il auoit
perdu ses mains.
On voit semblablement les Faucon¬
niers qui apprennent aux oiseaux de
proye aller combattre en l’air autres
oiseaux, et les abattre en terre : voire
voilent si haut au profond des nues,
qu’on les perd de veut*. Et le faucon
ayant gaigné le dessus d’vn héron, et
se voyant eslre presque vaincu, met
KT nrî L EXCF.LLÊNCF, hft l'îIOMME. 'tS'/
son boe long et aigu sons scs ailes, la
pointe en haut, à fin que le faucon le
voulant abattre, donne contre ius-
ques à entrer au trauers du corps,
qui est cause que tous deux quel-
quesfois tombent en terre morts. Et
oû le faucon l’aura abattu sans estre
blessé, estant descendu en terre, le
fauconnier l’appellant , retourne se
remettre sus son poing.
D’auantage, aucuns petits oiseaux
sont enseignés à besongner des pieds
et du bec, desquels ils vsent en lieu
de mains, tirans de petits vaisseaux
pendus à vne corde, (ausquels est
leur manger et boire), comme vn
homme tireroit des seaux d’vn puys
auec les mains.
Et quant au Chien, chacun sçait
comme il est docile, et comme il va
quérir vne Cane au profond de l’eau,
et l’apporte à sou maistre , viue ou
morte : et fait encore plusieurs au¬
tres choses, outre celles deuant dites,
qui seroient trop longues à descrire.
Le chameau est un animal fort do¬
mestique, quis’appriuoise facilement,
apprenant à quoy on l’addresse pour
s’en seruir. Il est bien vray qu’il y
en a de bien farouches et sauuagos,
lesquels pour n’auoir esté appriuoisés
sont fascheux, et mordent et ruent
aussi bien que pourroit faire le plus
vicieux cheual qu’on sçauroit trou-
uer. Le soir qu’on est à repos , on n’a
peine que les laisser en la campagne
pour paistre vn peu d’herbe, ou
brouter quelque espine, chardon ou
rameau, et le lendemain le recharger,
et si ne fera iamais faute. On ne leur
met point la somme sur le dos, qu’ils
n’ayent quatre ans pour le moins.
Les Arjibes ont ceste astuce de les
chastrer ieunes , à fin qu’ils s’en ser-
iient plus longuement ; et ne sont si
furieux au printemps, lors qu’ils vieti-
nent en amour. Ceste besle souffre
huit iours la faim et soiL Elle est de
douce et amiable nature, veu que les
esclaues et marchans Turcs, la vou-
lans charger ou descharger de leur
fardeau, ils ne font que toucher d’ vne
vergette sur le col, et soudain se
couche par terre, et ne se leue qu’elle
ne se sente assez chargée, ou qu’on
les face releuer. Il a quatre genoux :
pour ceste cause il fléchit ses cuisses
de derrière comme ses iambes de
deuant : et partant il demeure à ge-
noüil tant qu’il soit chargé. Telle
chose a esté faite par vne grande pro-
uidence de nature , pour satisfaire à
la commodité de sa hauteur : car au¬
trement il eust fallu des eschelles ou
escabelles à l’homme pour le charger.
11 y en a qui n’ont qu’vne bosse sur
le dos , qui sont d’Afrique ou Arabie.
Il y en a d’autres qui en ont deux, qui
sont amenés d’Asie et Tar tarie : les
vns sont grands, et bons à porter
grande charge : les autres petits,
propres à faire iournée , comme nous
faisons sur nos cheuaux. La viande
qu’ils aiment le mieux sont les féues,
et ne leur en faut que quatre poi¬
gnées pour les contenter tout vn
iour. C’est la plus grande richesse que
les Arabes ayent, tellement que s’ils
vouloient monstrer quelques vus
d’entre eux estre opulent et riche, ils
ne disent point: Vn tel a tant de mille
escus vaillant, mais bien diront-ils :
Il a tant de cent ou mille chameaux.
Le grand Turc (comme ditTheuet)
a vn Capitaine quia sous luy nomb:e
d’esclaucs Mores et Chrestiens, qui a
le seing des chameaux , lesquels sont
pensés, frottés et estrillés par lesdils
esclaues. El me suis laissé dire, ce dit
Theuet, aux Arabes, Mores, et à
quelques marchands luifs, qui es-
toienl du temps que Sultan Selim
LE LIVRE DES ANIMAVX
758
premier du nom vint en Egypte pour j
assiéger et prendre la ville du Caire, ]
qu’il auoit pour le moins soixante
mille chameaux, etvn grand nombre
de mulets. Et l’escurie du grand Sei¬
gneur, qui est fort superbe, à cause
du grand nombre des plus beaux
chameaux qui soyent au monde'.
Le seigneur du Haillan historio¬
graphe, liure 7. en son Histoire de
France, dit que les Chrestiens don¬
nèrent vne bataille contre Corbane,
Lieutenant de l’armée du Boy de
Perse, en laquelle demeurèrent morts
sur la place , cent mille des ennemis,
quinze mille chameaux et iuments.
Les deux Historiographes nous don¬
nent à connoistre , que l’on se sert
desdits chameaux en paix et en guerre,
et qu’il s’en trouue vn nombre infiny
en Arabie et Afrique.
CHAriTRE XIX.
LES OISEAVX ONT MONSTRE AVX HOMMES
A CHANTER EN MVSIQVE.
Les rossignols sont chantres fort
excellens , feignans à former la voix
humaine : ils gringoltent et desgor-
genl ainsi que peut faire le plus par¬
fait chantre du monde , en sorte
qu’on dit par excellence : Il chante,
il se clegoise , il gringotte comme vn
rossignol : et partant quand les hom¬
mes veulent rendre vne belle harmo¬
nie par leur chant, ne sont ils pas
contraints de contrefaire leurs voix,
et d’emprunter celles des bestes bru¬
tes? Et partant les oiseaux ont bien
l’auantage par dessus les hommes :
1 /.tu, tt. ch, 7. (me 1» iîe sa Camographiet
ii'.i A» Pi
car Nature leur apprend à chanter
sans labeur , cl no leur a point fallu
tirer les oreilles à l’cscole de musi¬
que pour leur apprendre leur chant,
comme les Chantres les tirent aux en-
fans, ausquels leur font longues
comme celles des asnes. Ils discernent
et connoissent leurs voix par certaine
connoissance qu’ils ont.
Il semble aussi qu’aucuns animaux
parlent : et aussi apparence de rire
est veuë en eux , quand en blan-
dissant des oreilles, ils retirent les
nazeaux et regardent doucement.
Combien que l’homme parle autre
langage que les bestes, toutesfois la
voix et le langage qui est donné aux
bestes leur sert autant en leur en¬
droit , que celuy qui est donné aux
hommes. Car toutes lesbeslesd’vne es¬
pece, de quelque pays qu’elles soient,
s'entendent l’vne l’autre, ce que nous
ne pouuons dire des hommes : car il
y a autant de différence de langage
entre eux , non seulement qu’jl y a
de diuerses nations, mais autant qu’il
y a de villes et de villages , tellement
qu’à peine l’vn peut entendre l’au¬
tre , mais semble , quand les hommes
de pays estrange se rencontrent l’vn
auec l’autre, qu’ils soyent sourds et
muets : car ils ne peuuent parler le
langage par lequel l’vn entende
l’autre. Parquoy autant leur protite
parler comme s’ils estoient muets ,
et celuy qui l’oit n’entend non plus
que s’il estoit sourd. Or que ce soit
vray, combien de fois nous trouuous-
nous tous fort estonnés, quand nous
passons par des pays estranges , à
cause que nous ne pouuons pas de¬
mander seulement ce qu’il nous faut ,
ny entendre ce qui nous est dit , non
plus que les bestes nous entendent
ou que nous les entendons; nous no
bons pouüons wi'uit* ny rte» youst > ny
ET DE L EXCELLENCE DE l’HOMME. yOÛ
des oreilles , ny de la langue que le
Dieu de nature nous a donnés , mais
nous faut parler des yeux , de la teste,
des mains et des pieds , et par signes
et mines et gestes, comme si nous es¬
tions basteleurs: et nous faut contre¬
faire nos membres à autre vsage que
Dieu les a créés , pour nous seruir au
lieu de langue et d’oreilles, Lesbestes
ne sont point tant misérables; car en-
cores que nou s ne les entendions point,
ny elles nous, toutesfois vne chacune
d’elles s’entend encores mieux en son
espece, ie ne dis pas seulement de di-
uerses nations, mais aussi ceux d’vn
mesme pays.
Il seroit bien necessaire que les
hommes n’eussont qu’vn langage ,
par lequel ils se peussent bien en¬
tendre les vns les autres. Car qui or-
roit vn Alleman, vn Breton breton-
nant, vn Basque, vn Anglais, vn
Poulonnois, vn Grec, sans les voir,
il seroit fort diffleile à iuger s’ils sont
hommes ou bestes.
CHAPITRE XX,
DES OlSEAVX QVI PARLENT, SVBLENT,
ET SIFFLENT.
Les linottes , cocheuis , pies , cor¬
neilles, chucas, corbeaux, estour-
neaux, perroquets, et autres sem¬
blables, parlent et chantent, sifflent,
et imitent la voix humaine et celle
des autres animaux. Les papegaux et
perroquets sont à louer sur tous,
pour parler et prononcer lesparolles
qu’ils oyent , et sont fort ioyeux et
gais, principalement quand ils ont
beu du vin. C’est aussi vn plaisir
comme ils se tiennent du bec, quand
il» yeitleftl monter otl descendrei
Plutarque raconte qu’il y auoitvn
Barbier à Rome , lequel auoit en sa
boutique vue pie merueilleusement
babillarde , laquelle sans contrainte,
mais de son bon gré parloit , si elle
oyoit parler les hommes , et contre»
faisoit toutes bestes qu’elle pouuôit
ouyr, mesme le son des tambours,
flustes, et trompettes, et autres ins-
trumens, et ne delaissoit rien qu’elle
ne s’estudiast à contrefaire et imiter.
On a VGU des corbeaux parler et
chanter des chansons comme les
hommes, voire mesmes des pseaumes,
d’vn assez long trait.
Macrobe raconte ceste histoire
plaisante d’vn corbeau. Il dit que
quand Auguste César reuinl de la
guerre contre Marc Antboine , entre
ceux qui luy venaient faire feste et
dire la ioye de sa victoire, il s’en
trouua vn qui tenoit vn corbeau, au¬
quel il auoit appris à dire parolles
qui valent autant à dire que si nous
disions : Dieute gardj César ^ Empereur
victorieuop. Auguste , estant esmer-
ueilié de cest oiseau tantseruiable,
l’acheta mille pièces d’argent.
Pline et Valere ont escril, entre
les prodiges, qu’on trouue les bœufs
et asnes auoir parlé.
Il y a epeores beaucoup de choses
à esprire de la nature des animaux,
qui seroient trop longues à raconter :
mais il suflira d’ auoir recité en bref
ce que ces grands personnages, com¬
me Aristote, Platon, Plutarque ,
Pline , nous ont laissé par escrit. Et
véritablement ie croy que ne sont
pas fables , et qu’il n’en soit quelque
chose, et qu’ils n’en ayept eu quel¬
que expérience ou bon tesmoignage.
Car puis qu’ils ont esté hommes sça-
uans, et de grande aulhorilé et re-
iidnl, Ü ne noua faut pas estimer
nyetit escfU ft rttaefltürtl pour
Lft LIVAE DES ANIMAVX
760
se faire moquer d’eux, sçachans bleu
que leurs escrils seroient bien exa¬
minés par plusieurs hommes de sça-
uoir, qui auront expérimenté les cho¬
ses desquelles ils ont escrit. Parquoy
il ne nous faut pas reietter comme
fables tout ce que n’auons pas veu ,
et qui nous est nouueau.
CHAPITRE XXL
DE d’antipathie ET SYMPATHIE
Après auoir descrit la nature des
hestes , il m’a semblé n’estre hors de
propos mettre icy certaines choses
remarquables qui se trouuent entre
icelles, touchant leur sympathie et
antipathie : c’est à dire , qu’elles ont
vue certaine amitié et inimitié , non
seulement eslans en vie, mais aussi
après leur mort , par vne occulte et
secrette propriété : au moyen dequoy
les vues se cherchent , les autres se
fuyent , autres se font guerre mortel¬
le , ne demandans que la ruine les
vnes des autres.
Et pour preiiue de ce, le Lion,
prince des hestes , qui est le plus fort,
et de plus grand cœur que toutes les
autres : et combien qu’il soit aussi
fier, et plein de grande animosité et
fureur, rugissant et cruel contre les
furieuses et terribles , neantmoins il
a vne peur merueilleuse du coq,
comme nous l'auons dit cy dessus.
Car non seulement il le fuit en le
voyant, mais aussi en le sentant de
loin , ou l’oyant chanter. L’elephant
a vne semblable peur du pourceau :
1 Ce chapilie élail confondu avec le pré¬
cédent, sans former même un alinéa dis¬
tinct, en 1579; il en a été séparé en 1585.
aussi ayant vne telle haine aux rats
et souris, que s’il appercoit sa pasture
estre touchée ou sentie d’iceux, il ne
la voudra toucher. Le rhinocéros et
l’elephant ont vne guerre mortelle ,
lequel elephant, estant en furie, la
remet et s’adoucit, ayant Veu et ap-
perceu vn mouton. Le cheual a telle
horreur et inimitié et crainte du
chameau , qu’il ne peut soustenir sa
presence. Le chien hait le loup , le
liéure le chien ; la couleuure craint
l’homme nud, et le poursuit estant
vestu. L’aspic a vne perpétuelle
guerre contre le rat d’Inde , lequel se
i barhoüille, couure et enduit de li-
I mon de terre grasse , puis se seiche
I au soleil : et estant ainsi armé (le
plusieurs cuirasses de terre , il mar¬
che au combat, esleuant sa queue,
présentant tousiours le dos , iusques
à ce qu’il aye espié la commodité de
se ietter de trauers à sa gorge : ce
qu’il fait pareillement au crocodile ,
comme nous auons dit de l’aspic. Le
lézard verd est ennemi iuré et capi¬
tal du serpent, et grand amy de
l’homme : ainsi que par plusieurs
belles histoires et discours on le pourra
voir et connoistre, en lisant vn dialo¬
gue escrit par Erasme , dest diverses
sympathies et antipathies de plusieurs
choses : lequel dialogue se trouue
imprimé auecques VHarmonie du ciel
et de la terre, n’agiieres mise en lu¬
mière par Antoine Mizault, homme
de grande recherche et érudition.
Il y a vne grande inimitié et con¬
trariété entre l'homme et le loup, la¬
quelle se déclaré en ce que, si le loup
voit l’homme premier que l’homme
le loup, il luy fait perdre la voix, et
1 empesche décrier. La belette vou¬
lant faire guerre à son cnnemy l’as¬
pic, qui est vne dangereuse espece de
serpent, se prémunit et arme deuant
l.T DE E JiE i/noMUin.
foult’s choses de l’herbe appel lée Hue.
Le singe a vue singulière frayeur,
crainte et horreur de la tortue, ainsi
qu’on le pourra facilement connois-
tre d’vne plaisante histoire traitée au
Dialogue d’Erasme, cy deuant allé¬
gué : comme aussi la mortelle et
iurée inimitié qui est entre l’araignée,
le serpent et crapaut: chose pleine
de plaisir, et singulière récréation. 11
y a pareillement vne mortelle inimi¬
tié entre lechahuan et les corneilles,
de façon qu’il n’ose se monslrer le
iour, et ne vole que de nuict, faisant
ses prouisions la nuict pour viure le
iour. L’oiseau de riuiere craint si fort
le faucon, que s’il le sent, et oit ses
sonnettes, se laisse souuent assommer
à coups de baston et de pierre plus-
tost que s’esleuer ; ce que i’ay veu
plusieurs fois. L’alouette semblable¬
ment se laisse prendre à la main de
l’homme, de peur qu’elle a de l’eme-
rillon , ou espreuier. L’aigle a pour
ennemy mortel l’oiseau de proye. La
crescerelle de son naturel espouuentè
les espreuiers, de sorte qu’ils fuyent
sa veuë, et sa voix. Le corbeau et le
millan ont tousiours guerre : car le
corbeau luy rauittousiours sa meil¬
leure viande. Les poullailles baissent
amerement le renard. Le petit pou.1-
let, n’estant à grand’ peine esclos, ne
craint ny le cheual, ny l’elephant ,
maisil craint le millan : de sorte que
l’ayant apperceu, voire de bien loing,
soudain court et se cache sous les ai¬
les de la poulie. L’aigneau et le ché-
ureau s’enfuyent vers leurs meres,
s'ils sentent le loup, combien que ia-
mais ne rayent veu. Pareillement il y
a vue telle antipathie entre le cerf et
le serpent, que le cerf passant par
de.ssuslelrou où se retire le serpent,
s’arreste tout court, etparson haleine
l’attire hors et le tue.
Or quant à l’amitié qu’ont les bes*
tes ensemble, cela ne mérité estre es-
crit, parce qu’on le voit ordinaire¬
ment : les grues auec les grues, les
estourneaux auec les estourneaux,
les pigeons auec les pigeons, les moi¬
neaux auec les moineaux : et ainsi de
toutes les autres bestes de mesme es¬
pece.
Inimitiés implacables sont entre les
brebis, moulons, aigneaux, et les
loups : voire si grandes, qu’aprés la
mort des vns et autres, si deux tabou-
rins sont faits, l’vn depeau de brebis,
et l’autre de loup, estans sonnés et
frappés tous deux ensemblement -
bien difficilement se pourra ouyr le
sondeceluy de brebis, tant sont im¬
mortelles les inimitiés et discordances
de ces animaux, soyent vifs ou morts.
Mesmes aucuns estiment, que si vu
luth ou autre instrument est monté
de cordes faites de boyau de brebis et
de loup, il sera impossible de l’accor¬
der. Plusieurs disent auoir esprouué
que la teste ou queue du loup pendue
sur la mangeoire ou creche des bre¬
bis, ou bien cachée en leur estable,
pour la peur et frayeur qu’en con-
çoiuent lesdites brebis, elles ne pour¬
ront manger, et ne feront que se
mouuoir et pétiller, iusques à ce que
tout soit dehors.
Il y a vne grande contrariété et
inimitié entre les rats et la belette,
laquelle inimitié se manifeste en ce
que, si l’on adiouste quelque peu de la
substance de la ceruelle d’vne be¬
lette auecques la preseure pour faire
formages, iainais les rats ou souris
n’approcheront de tels formages, et
ne se pourront aucunement corrom¬
pre. La linotte hait tellement le
bruant, que l’on lient pour asseuré
que leur sang ne se inesle iamais. La
panthère et hyene ont vne si grande
■yÔQ LE LIVRE
inimitié, que si les peaux de toutes ]
deux sontpendues vis-à-vis l’vne de
l’autre, tout le poil de la panthère
cherra, demeurant en son entier ce-
luy delà hyene. Tout ainsi que l’on
dit eslre des plumes et plumages des
oiseaux meslés auec celles de l’aigle :
car elle les consommée! met à néant,
les siennes demeurans en leur en¬
tier.
Vu taureau farouche et furieux, at¬
taché à vn figuier, deuient doux et
appriuoisé. Les escarbots meurent à
l'odeur des roses. Si on tire auec les
mains la barbe d’vne chéure rangée
au troupeau d’autres, tout iceluy
s'arreslera , et lairra sa pasture ; et
toutes deuiendront estonnées, et ne
cesseront de s’emarmeller , iusques
à ce qu’on Paye laissée.
Il ne se treuue seulement contra¬
riété entre les animaux , mais aussi
entre les plantes. Exemple du chou et
de la vigne. Le chou et la vigne sont
pernicieux l’ vn à Faulre, et leur com¬
bat est digne d’estre considéré. Car
combien que la vigne par ses ten¬
drons ou capreoles tortus, soit ac-
coustumée d’embrasser toutes cho¬
ses, neantmoins elle hait le chou ,
tant grande esllHnimitié qu’elleporte
à ceste plante, que seulement prés de
soy , elle se retourne en arriéré ,
comme si quelqu’vn l’auoit admo¬
nestée que son ennemy fust prés
d’elle. Au contraire aime les or¬
meaux , et les peupliers , voire si
heureusement , qu’elle croist et se
fait plantureuse auprès d’eux : car
elle estant prés d’eux, espart ses ten¬
drons montant en haut , et embrasse
comme liens les branches , et ainsi
s’esgayant apporte foison de raisins.
Il y a vne combination de masle
et femelle aux choses vegetatiües,
ctumne toutes sorloii dé ttlitrttes et
DES ANIMAVX
arbres : ce qu’on voit s’ils sont plan¬
tés l’vne prés de l’autre, ils font
grande admonestation de leur natu¬
relle amitié : car les branches du
masle se iettent hors de leur lieu na¬
turel, pour s’encliner vers sa femelle,
comme s’il la vouloit embrasser.
Ceste merueilleuse amitié d’arbres se
monstre fort apparente en la palme
plus qu’en nulle autre : car si la
palme femelle est plantée prés son
masle, les branches et fueillesd’iceux
s’entremeslent et ioignept si estroite-
ment ensemble, qu’à peine on les
pourroit disioindre sans les rompre*.
Les citrouilles aiment l’eau , en
sorte que si on met vn vaisseau sous
leur fruit , estant pendu à leur tige ,
il s’allongera cuidant aller à l’eau :
ce qu’on voit iournellement à ceux
qui sont curieux mettre des vais¬
seaux remplis d’eau dessous le vin ,
quand la grappe commence à fleurir.
Il semble aussi fleurir lors qu’il est en
vn voirre. Les aulx ou oignons , et
generalement toutes les plantes ayans
teste , lors que les au très commencent
à germer dedans la terre, mesmes
pendus en l’air, germent et sentent
très-fort , pourueu qu’elles ne soient
rances , seiches et pourries. Car la
vertu naturelle et ingenerée qui est
dedans les vnes et les autres , alors
suruient.
D’auantage, le sanglier, et le cerf,
lors qu’ils sont en rut, et qu’on en
ait mis au salloir long temps aupara-
uant, les faisant cuire, s’endurcissent
et enflent si fort dans le pot, qu’iceluy
n’estant qu’à demy plein s’enfuit par
dessus , iettant vne cscume de mau-
uaise odeur, de sorte qu’à peine on
en peut manger. La peau de bouc es-
* Ce paragraphe lur tel RmouM dei planlen
A Até Intercalé kl An laASi
ET DE E EXCELLENCE DE l’hOMME. ^63
corchéo, seichëe et courroyée par les crocodile. Entre les aquatiques et les
taneurs , sent le boucquiu en la sai- oiseaux, sont les poissons volans ; et
son que tes boucs sont en rut , con- entre les autres bestes et les hommes,
uersansauecteschéures, ainsi comme sont les singes. Les corails sont plan-
fait le bouc viuant. Ce qui démons- tes lapidifiées, qui produisent racines
tre vne grande sympathie et har- et branches'
monie aux choses naturelles. La dis¬
position seule de ces bestes peut faire
ceste sympathie et similitude, de sen¬
tir la peau du mort , et en vn autre
viuant. Parquoy on peut dire, que la
première et principale cause de mal¬
sentir est en Icelle habitude et tem¬
pérament du corps : mais l’accroisse¬
ment de la cause est en la coïtion et
compagnie de leurs femelles.
L’onguent rosat et eau rose per¬
dent leur forcent odeur au temps que
les roses sont en fleur et vigueur,
qu’ils auoient au parauant qu’ils fus¬
sent fleuries, et paruenues à perfec¬
tion : ce qui se fait par vne doleance
mutuelle de nature , qui est entre h s
choses qui se font par sympathie.
Il y a plusieurs autres antipathies
et sympathies cachées , desquelles la
coniecture et pensée de l’humain en¬
tendement ne peut fureter et déclarer
les causes , ny les comprendre : car
elles gisent enseiielies en l’obscurité
de nature , et en vne maiesté cachée.
Au moyen dequoy plustost on les doit
admirer, que rechercher sa confusion :
car elles sont seulement conneuës de
l’incomprehensible puissance de la
grandeur de Dieu.
Que diray-ie plus? Entre les plantes
et les animaux sont les zoophytes,
c’est-à dire , plante-bestes, qui ont
sentiment et mouuernent, tirans leurs
vies par leurs racines attachées con¬
tre les pierres comme les esponges.
Entre les animaux terrestres et aqua¬
tiques sont les amphibies : comme
sont les biéiire», louslres, tortues,
t'tutcfoi ( tiscl'euluscii i cttiHphitif , et
CHAPITRE XXII.
COMME l’homme EST PLVS EXCELLENT
et parfait OVE TOVTES LES BESTES
ENSEMBLE.
Maintenant nous viendrons à dé¬
duire la grande excellence de l’hom¬
me , et que ce grand Dieu , facteur
de rvuniuers , est grandement à
admirer , qui n’a point attribué
à l’homme certaines commodités ,
comme il a fait aux animaux , sça-
chant que la sapience luy pouuoit
rendre ce que la condition de nature
luy auoit dénié. Car encore qu’il
vienne nud sur terre, et sans aucunes
armes ( ce qui n’aduient aux bestes ,
qui ont cornes, dents , ongles , griffes ,
poil, plume, et escailles) 11 est pour
son grand profit et auantage armé
d’entendement , et vestu de raison ,
non par dehors , mais par dedans : a
mis sa defense, non au corps, mais en
l’esprit : de sorte qu’il n'y a ny gran¬
deur, ny force des bestes , ny la fer¬
meté de leurs cornes, ny la grande
masse de chair et d’os dequoy ils
sont composés , qui puisse empescher
qu’ils ne soient domptés , ou prins et
assuiettis sous la puissance et autho-
rité de l’homme. Eu luy se trouue re¬
ligion , lustico, prudence, pieté, mo¬
destie , clemence , vaillance , har-
» Go deralei' iiaiagraahû est enflore «ntî
«ddlilfrt UB 158êt
IK LlViiî! 1)
(liesse , foy , et telles vertus bien
autres et differentes , qui ne sont
trouuées aux animaux , ce qui sera
déclaré présentement.
Tout ce que nous auons escrit de
la nature desbestes, n’est pour don¬
ner matière aux naturalistes , épicu¬
riens et atheistes , qui sont sans Dieu,
de conclure par ces raisons qu'il n’y
a point de différence entre les hom¬
mes et les bestes : mais pour mons-
trer à l’homme qu’il n’a matière de
se glorifier qu’en Dieu. Car quelque
chose que nous ayons dite des bestes
et de l’homme , il n’y a point de com
paraison de luy à elles. Car l’homme
tout seul a en soy tout ce qui peutes-
tre excellent entre tous les autres
animaux , et est plus parfait que nul
d’eux. Car puis qu’il a esté créé à l’i¬
mage de Dieu , il n’est possible , quél-
que abolition qu’il ait en luy de
ceste image, qu’il n’y en soit demeuré
quelque trait et rayon de la puis¬
sance , sagesse , et bonté de Dieu son
créateur. Etiaçoit qu’il soit vne créa¬
ture fort debile et foible , au pris de
certains animaux, toutesfois ils n’ont
puissance ne force à comparer à la
sienne, si nous en voulons parler à la
vérité. Car Dieu a imprimé en luy vn
tel caractère de sa puissance , qu’il
n’y a nul de tous les autres animaux
qui ne le craignent , et qui ne luy
soient suiets , et contraints de luy
obéir. Et nonobstant qu’il semble
par les choses deuant dites , que la
raison ait esté donnée à tous ani¬
maux , toutesfois, comme dit Lac-
tance , elle a esté donnée seulement
pour la conserualion de leur vie cor¬
porelle , mais à l’homme pour viure
elernellement. Et pource que celle
raison est parfaite en l’homme , elle
est comme sapience et sagesse, qui le
fait excellent en ce , qu'à luy seul
ES \NIMAVX
est donné à entendre les choses diui-
nes : de laquelle chose Cicéron a eu
vraye opinion, disant, qu’en tous les
genres et especes d’animaux il n’y en
a aucun, excepté l’homme, qui ait
connoissance de Dieu. Et luy a donné
par grande excellence raison, et la
parolle, et les mains : et par ces trois
prerogatiues , l’a séparé des autres
animaux , et doué d’vne nature plus
singulière que pas vne des autres
créatures. Il a trouué premièrement
par raison les choses plus necessaires.
Il a imposé nom à toutes choses, in-
uenté les lettres, dressé les arts mé¬
caniques et liberaux , iusques à me¬
surer la terre et la mer, réduire par
instruction la tres-ample masse du
ciel , et la variété et distinction des
astres , et i’entresuite des iours et
nuits, mois et ans, continuellement
renaissans, et l’obseruation du cours
des estoilles, et leur pouuoir qu’elles
ont icy bas. il a escrit les loix , et gé¬
néralement forgé tous les instrumens
des arts. A rédigé par escrit les mé¬
moires et spéculations des philoso¬
phes, tellement que par ce moyen
nous pou lions maintenant parler et
discourir auec Platon , Aristote et
autres anciens auteurs.
CHAPITRE XXIII.
l’ho.mme a le cours desaumé.
Or comme l’homme a le corps dé¬
sarmé , et despouriieu d’armes , aussi
a-il l’ame destituée d’arts. Et en re¬
compense de ce qu’il est nud et dé¬
sarmé , il a la main i , et en lieu que
son ame n’a aucun art, il a la raison
Galien, t. de iTsuparti chap, 4. — A. IV
ÊT DE l’excellence DE l’hoMME.
et parolle : et de ces trois estant
garni, il arme son corps, le couurant,
et remparant en toutes choses, et en¬
richit son ame de tous arts et scien¬
ces.
Or s’il auoit quelques armes natu¬
relles , il auroit tousiours celles-là
seules : semblablement si de nature il
sçauoit quelque art, il n’apprendroit
iamais les autres. Pource donc qu’il
luy ostoil trop meilleur s’aider de
toutes armes, et de tous arts, Nature
ne luy a donné ne l’vn ne l'antre ;
parquoy Aristote dit de bonne grâce, j
la main estre l’instrument qui sur¬
passe tous autres instrumens. Et sem¬
blablement quelqu’vn , à l’imitation
d’Aristote, pourroit dire :1a raison
estre vn art qui surmonte tous les
arts. Car ainsi que la main est instru¬
ment plus noble que tous instru
mens , pource qu’elle les peut faire ,
manier, et mettre en besongne, com¬
bien qu’elle ne soit aucun des instru¬
mens particuliers : aussi la raison et
la parolle n’estant aucun art particu¬
lier , les comprend naturellement
tous. A ceste cause, la raison est vn
art qui auance tous les autres.
L’homme donc seul entre tous les
animaux, ayant en son ame vn art
pins excellent que tous autres, à sça-
uoir la raison , à bon droit possédé
vn instrument plus noble que tous
autres , sçauoir la main.
Et'aiusi l’homme, animal seul diuin
entre tous ceux qui sont en terre
pour toutes armes defensiues a les
mains, qui luy sontinstrumens à tous
arts , et non moins conuenables en
guerre qu’en paix. Il n’a eu besoin de
coi nes naturelles, comme le taureau-
ny de défenses , comme le sangiiier,
ny d’ongles, comme le chenal, ny
autres armes, ainsi qu’ont les bestes :
car il peut prendre auec ses mains
765
des armes qui sont meilleures, comme
vne pique , vne espée , vne hallebar¬
de, vne pertuisane, qui sont armes
plus auanlageuses , qui coupent et
percent plus aisément que les cornes
et les dents. Il n’a eu aussi besoin des
ongles comme le cheual, car vn cail¬
lou ou vn leuier assènent et froissent
mieux qu’vn ongle. En outre , on ne
se peut aider de la corne ou de l’on¬
gle que de prés ; mais les hommes se
seruent de leurs armes de prés et de
loing, comme ci’ vne harquebuse et
d’vne fronde et fléché, et d’vn leuier
plus commodément que d’vne corne.
Voire-mais, dira quelqu’vn, le lion est
plus viste et leger que l’homme. Eh
bien, que s’ensuit-il pour cela? L’hom¬
me auec sa main et sa sagesse, qui
aura dompté le cheual, animal plus
viste que le lion, maniant le cheual,
il chasse et poursuit le lion .- en re¬
culant et fuyant il se saune de deuant
luy : estant assis sur le dos du che¬
ual, comme en lieu haut et reloué, il
choisit et frappe , et tue le lion d’vn
espieu ou d’vne pertuisane , ou d’vne
pistole , ou autre arme qu’il voudra
choisir. Et partant l’homme a tous
moyens pour se defendre des autres
animaux : il ne serernpare point seu¬
lement d’vn corcelet, mais d’vne mai¬
son , d’vne tour ou rempart. 11 fait
toutes armes auec ses mains ; il our¬
dit vn habillement, il lance et tire vn
rets et vn filet à peschcr, et fait tou¬
tes autres choses plus commodément
que les animaux, et par la puissance
qu’il a eue de Dieu son créateur, il
domine sus les animaux qui sont en
terre. Il charge l’elephant et le rend
en son obéissance , mais aussi ceux
qui sont en la mer, comme cest hor¬
rible monstre et grand, la balaine, la
tue et l’ameine au riuage. Pareille¬
ment ceux qui sont en l’air : car le
766
le LIVBE DES ANIM4VX
Yol ne saune l’aigle du trait de 1 liotn*
me, combien que de loing il lelte sa
Yeuë. Et pour le dire en vn mot, il ne
se trouue beste, tant soit-elle armée
de forces de corps ou pourueuë de
sens , que l’homme ne vienne au des¬
sus. Ce qui est prouué par le grand
poëte diuin, quand il dit ‘ :
Regner le fais sur les œuures tants belles
De tes deux mains comme Seigneur d’icelles :
Tu as de vray sans quelque exception ,
Mis sous ses pieds tout en subiection.
plus excellente perfection que tout le
reste, à cause des grâces qu’il luy u
données. Quelques sages d’Egypte ap-
pellerent l’homme Dieu terrestre,
animal diuin et celeste, messager des
dieux, seigneurs des choses inferieu¬
res, familier des supérieures, et fina¬
lement miracle de nature.
CHAPITRE XXV.
LA CAVSE POVRQVOY LES HOMMES NE
PBPftAftF.NT COMME LES ANIMAVX.
CHAPITRE XXIV.
COMME DIEV s’eST monstre ADMIRABLE
EN LA CREATION DE l’HOMME.
Dieu s’est monstré admirable et ex¬
cellent en la création de l’homme, et
en sa prouidence autour dlceluy.
Car il ne l’a manifesté si grande aux
bestes brutes, lesquelles il n’a créées
sinon que pour seruir l’homme. Nous
pouuons bien estimer combien elle
est plus grande autour des hommes,
et quel soin il en a d’auantage, et de
quels dons il les a doüés plus que les
bestes brutes, veu qu’il les a créés les
plus excellens de tous les animaux.
Et comme son chef-d’œuure entre ]
iceux , il a voulu faire reluire son
image comme vne image de sa majes¬
té diiiine, incompréhensible à l’esprit
humain. Parquoy il n’a pas esté sans
bonne cause appellé d’aucuns anciens
Petit monde, à raison qu’en iceluy,
comme au grand monde, toutes cho¬
ses reluisent ^ par la puissance, bonté
et sagesse de Dieu. Dieu créant
l’homme a fait vn chef-d’œuure d’vne
* Pseau. 8. — A. P.
2 Le chapitre se terminait là en 1679 ; le
reste est de 1686.
La cause pourquoy les hommes
n’ont tel sentiment pour apperceuoir
la mulation du temps, c’est parce
qu’ils ont, prudence naturelle, par la¬
quelle ils iugent des choses par cer¬
tain iugeraent. Ils ne suiuenl pas la
disposition de l’air et du temps, comme
les bestes : et pource ils pourront es-
tre ioyeux en temps trouble et tem-
pestueux , tristes en beau temps et
clair, selon leurs appréhensions et af¬
fections qu’ils auront selon leurs af¬
faires. Mais les bestes sont esmeuës à
ioye ou à tristesse, non pas par iuge-
ment qu’elles ayent comme les hom¬
mes, mais selon que le temps est pro¬
pre ou mal conuenable à leurs corps,
et selon que maintenant il se relas -
che et ouure en elles ce qui estoit
auparauant clos et serré en leurs
corps ; et par ainsi elles suiuent la
disposition de l’air et du temps, et
donnent signe de ce qu’elles en sen¬
tent.
Et quant à ce que les hommes em¬
pruntent la voix dos bestes, cela n’est
pas au deshonneur des hommes, mais
à leur grand honneur ; car ils sont à
I préférer aux bestes, en ce qu’ils peu-
1 lient contrefaire toutes voix.
ET DE l’excellence DE l’HOMME.
tu glîipissenl comme Regnards ,
Ils miaullcnt comme les ChaU ,
Ils grongnent comme Pourceaux ,
Us mugissent comme Taureaux,
Us muglcnt comme Haleines ,
Ils hanissent comme Chenaux,
Us croüaillent comme Corbeaux ,
Us gringotlcnt comme Rossignols ,
Us hurlent comme les Loups,
Us gémissent comme les Ours ,
Us rugissent comme Lions ,
Us gresillonnent comme Grillons ,
Us caquettent comme Cicongnes ,
Us coqueliquent comme les Coqs,
Us Gloussent comme tes Poulies ,
Ils piolcnt comme Poullets,
Ils cageollent comme les Gays ,
Ils cacabent comme Perdris,
Us baricquent comme Elephanis ' ,
Us jargonnent comme les lars ,
Us raucoulent comme Colombes,
Ils brament comme les Cerfs ,
Us trompettent comme les Grues ,
Ils puputent comme les Huppes ,
Us gazouillent comme Hirondelles,
Us brayent comme les Asnes ,
Us bcllenl comme les Chéures,
Us sifflent comme Serpens ,
Us huyenl comme Millans ,
Us coaxent comme Gienoüillcs,
Ils clabaudent comme Limiers ,
Us claquetent comme Cigalles ,
Us bourdonnent comme les Mousches ,
Us abbiyent comme les Chiens,
Us crocaillent comme les Cailles
Le seigneur du Bartas au c'nquiéme 1
our de la sepinaine contrefait le chant
de l’alouette chantant, ïtre, Ure.aiire,
et tirelivant tire, adieu, adieu, adieu,
adieu •*.
Et pour le dire en vn mot, les hom¬
mes contrefont toutes voix des aui-
1 Ces deux lignes ont été ajoutées en 1585.
a Celte ligne est également une addition
faite en 1585.
3 Voilà le seul paragraphe qui ne se lise
ni en 1579 ni en 1585 ; il ne date que de la
première édition posthume en 1598.
767
maux. Et quant à ce que les oiseaux
chantent, ce n’est rien au prix des
Musiciens , lesquels resonnans en¬
semble, font vne voix fort mélodieuse
et plaisante à ouyr, voire aux oreilles
des Boys et Princes, et plus harmo¬
nieuse sans comparaison que tous les
oiseaux ne sçauroient faire ensem¬
ble.
D’auantage , l’homme appriuoise ,
non seulement les bestes domesti¬
ques, mais aussi les saunages et les
plus estranges de toutes , comme les
éléphants, lions, ours, tigres, léo¬
pards, panthères, crocodiles et autres.
Plutarque le tesmoigne des crocodi¬
les, qui toutesfois sont les besles plus
inhumaines et cruelles qu’on puisse
trouuer.
« LesCrocodilles, dit-il, ne connois-
sent pas tant seulement la voix des
hommes qui les appellent, mais aussi
souffrent qu’ils les manient : et qui
plus est , ouurent fort la gueulle , et
leur baillent leurs dents à curer de
leurs mains , et les essuyer d’ vne ser-
uiette. »
El combien que N ature ait appris aux
bestes la science de Medecine , toutes¬
fois c’est bien peu de chose de tout
ce qu’elles en sçauent, au prix de ce
qu’vn homme seul en peut sçauoir,
pour peu qu’il ail esludié eu Mede¬
cine, et pour peu qu’il en puisse auoir
d’expérience. Il est vray qu’elles n’ap¬
prennent pas des hommes leurs mé¬
decines , d’autant qu’elles n’ont l’en¬
tendement comme les hommes. Or ce
qui est escrit des Eléphants , qui ont
quelque religion, c’est qu’ils n’ont pas
adoré le Soleil et la Lune , comme
ayant la connoissance de Dieu , la¬
quelle il a mise au cœur des hommes
autrement qu’elle n’est pas és bestes
, brutes. Car, à parler proprement,
1 les bestes n’ont aucune connoissance
•jôâ Liî tivnr,
do Dieu qui procédé de quelque lu¬
mière et l’iiison , qui leur soit don¬
née pour estre capables de telle con-
noissance , laquelle a esté baillée au
seul homme. Car combien que l’Ele-
phant se tourne vers le Soleil, et qu’il
semble qu’il l’adore, si l’adore -il
point par intelligence, ny foy, ny par
raison qu’il aye que le Soleil soit leur
Dieu , et qu’ils soient tenus de lui
porter honneur et reuerence : mais le
font par vn instinct et mouuement de
Nature, selon qu’ils se trouuent dis¬
posés naturellement par la conuc-
nance que le Soleil a auec leur nature,
et par le bien qu’ils en sentent , sans
penser neanmoins à ce qu’ils font ,
sinon ainsi que Nature les pousse ,
sans religion qui soit en eux. Et pour¬
tant lorsque nous leur attribuons re¬
ligion , nous ne la prenons pas en sa
propre signiflcation , mais par vne
maniéré de dire , et par abusion de
langage , et par comparaison, à cause
de la similitude et façon de faire
qu’ont les Eléphants.
CHAPITRE XXVI.
l’uommë a la dextetrité d'apprendre
ÏOVTES LANGVES.
Nous voyons l’homme auoir telle
dextérité, qu’il ne sçait seulement pas
apprendre les diuers langages qui
sont entre ceux de son espece, mais
aussi apprend ceux des oiseaux : ce
qu’on voit par expérience d’aucuns
bons compagnons, qui contrefont
tous chants des oiseaux , et la voix de
toutes besles , comme nous auons dit
cy dessus, et entendent le jargon de
plusieurs autres animaux.
Et pour vérifier cecy, Apollonius,
DES ANIiU.U'X
philosophe , qui estoit excellent eu
ceste science, vniour estant en vne
grande compagnie de ses amis où il
regardoit des passereaux qui estoient
branchés sur vn arbre, ausqucls il
vint vn autre d’ailleurs, qui com¬
mença ù gazouiller au millieu d’eux,
puis s’en va , et tous les autres le sui-
uirent: Apollonius ayant veu cela (et
tons ceux qui estoient auec luy) disl ;
Ce passereau a annoncé à ses compa •
gnons qu’vn asne chargé de forment
estoit tombé prés la porte de la ville,
et que le bled estoit versé en terre. Et
ceux qui ouvrent cela , voulurent ex¬
périmenter s’il disoit vray, et allèrent
sur les lieux , où trouuerent la chose
comme il auoit dit,et quant-et-quant
les passereaux , qui estoient venus
pour manger le bled.
Or quant aux Corbeaux , Pies et
autres oiseaux , qui parlent pour des-
guiser leur ramage, et leur gazouil¬
lement, et sifflement , et son de voix
humaine , ils ont bien tost dit tout ce
qu’ils sçauent , et qu’ils ont appris de
longtemps. Et quoy qu’ils sçaehent
gazouiller, ils demeurent tousiours
bestes brutes sans raison. Mais à
l’homme, la raison luy a esté donnée
naturellement de monter plus haut
que celle des bestes, de,sirant tousiours
sçauoir, et ne se contentant point seu¬
lement d’auoir la connoissance des
choses qui appartiennent à la vie pré¬
senté : mais s’enquiert des choses plus
hautes, et des celestes et diuines : qui
est vn certain argument que la na¬
ture de I homme, et l’ame qui luy est
donnée , est bien differente à celle des
autres animaux , laquelle ne peut nul¬
lement estre conneuë. l.’Homme a en
son ame trois principales puissances
nécessairement concurrentes ù toute
loiiable et vertueuse action ; à sçauoir
rentendement, la volonté, et la me-
lir ÜK l'exCKLLENCE de LlIOflIME.
7^9
rnoii’o : vne pom’ comprendre ce qu’il
faut faire, l’autre pour l’executer: et
la mémoire , comme tidele tutrice ,
qui garde ce qui a esté conclud et
arresté en l’entendement. Aucuns
philosophes l’ont appelée lethresor de
science , d’autant qu’elle est comme
va cabinet auquel est gardé ce que
nous apprenons et voyons. Ces puis¬
sances et perfections sont grâces sin¬
gulières, et dons spéciaux, prouenans
de la sagesse diuine du sainct Esprit,
qui ne sont données aux besles : les¬
quelles puissances seront cy après
plus amplement déclarées au Liurc
de la Génération^ parlant des Facultés
de Faîne.
Et pour conclusion , l’Homme est
ingénieux, sage , subtil , memoratif ,
plein de conseil , excellent en condi¬
tion, qui a esté fait du souuerain
Dieu, et luy seul entre tous les ani¬
maux a esté orné de raison et d’intel¬
ligence, de laquelle tous animaux ont
esté priués : et en luy reuit vne image
de l’essence diuine , qui ne se trouue
en nulle autre créature *,
Semence d’JEuripide^.
L’homme a bien peu de force corporelle,
Mais sa prudence et raison naturelle
Ya iusqu’au fond de la mer captiuant :
Sur terre aussi s’estend iusqu’aux especes,
Où plus y a de ruses et finesses.
1 Ce paragraphe est de 1585.
2 Le^vers qui suivent se lisaient déjà en
1579, mais sans ce litre, et de plus ils ne
présentaient pas un rhythme régulier; ils
ont été arrangés ainsi en 1585.
iir.
49
APPENDICE
AV
LIVRE DES MONSTRES*.
CHAPITRE I.
DES MONSTRES MARINS. ^
Il ne fatit douter qu’ainsi qu’on
voit plusieurs monstres d’animaux de
I Le travail qu’on va lire faisait suite,
dans toutes les éditions de Paré, au livre des
Monstres ; j’ai exposé ailleurs (voyez ci-de¬
vant page 1 ) pour quelles raisons j’avais
jugé à propos de l’en séparer. Il faut dire ici
un mot de sa composition.
Dans les deux hures de Chirurgie de 1573,
il constituait le 32“ chapitre du livre des
Monstres; et tandis que les 31 premiers
chapitres étaient rangés sous ce titre cou-
rant : des Monstres terrestres, il portait ce
titre courant spécial : des Monstres marins.
En effet, il ne s’y agissait encore que des
animaux vrais ou fabuleux que l’on disait
vivre dans les eaux, à part cependant qua¬
tre petits articles sur l’autruche , l’oiseau
de paradis, le rhinocéros et le caméléon, qui
terminaient le chapitre et le livre.
En 1575, il y eut peu de chose de changé;
c’était toujours un chapitre unique, inti¬
tulé : des Monstres marins , avec l’histoire
des quatre animaux indiqués en dernier
lieu. Mais en 1579, avec l’histoire de l’autru¬
che et de l’oiseau de paradis, à laquelle il
ajouta deux autres articles. Paré constitua
un deuxième chapitre intitulé : des Mons¬
tres volatiles ; avec l’histoire du rhinocéros
diuersô façon sus la terre, aussi qu’il
n’en soit en la mer d’estrange sorte ;
desquels les vns sont hommes depuis
la ceinture en haut, nommés Tritons,
les autres femmes, nommées Serenes,
qui sontcouuerts d’escailles, ainsique
et du caméléon, augmentée de bon nombre
" d’autres , il fit un troisième chapitre qui
reprit l’ancien titre des Monstres terrestres ;
le tout couronné par un quatrième consacré
aux Monstres celesies. En 1582 et 1585, il
reprit les histoires des monstres à cornes
pour les transplanter dans le Discours de ta
licorne al le livre des Venins-, mais il ajouta
un dernier chapitre sans titre, et qui n’est
véritablement que la suite du quatrième, tel
qu’il avait été conçu en 1579.
Il n’y a pas dans tout ceci un mot qui ait
trait directement à la médecine ou à la chi¬
rurgie , sauf deux ou trois annonces de ver¬
tus fabuleuses attribuées à certains ani¬
maux. Aussi me suis-je peu occupé de
rechercher les sources où avait puisé l’au¬
teur ; il les annonce d’ailleurs lui-même pres¬
que à chaque article. Il y avait une grande
quantité de figures d’animaux, les uns pure¬
ment imaginaires , les autres qui représen¬
tent peut-être des êtres réels, mais grossiè¬
rement défigurés ; quelques uns enfin assez
bien tracés d’après nature. J’ai tout retran¬
ché, à l’exception de la figure d’uii sque¬
lette d’autruche préparé par Paré lui-rnéme.
J’ai dù en conséquence éliminer du texte
APPENDICE AV
(ïescrit Pline sans loutesfois que les
raisons lesquelles auons alléguées par
cy-deuant , de la commixtion et mes-
lange de semence 2, puissent seruir à
la naissance de tels monstres. D’a-
uanlage on voit dans des pierres et
plantes , efligies d’hommes et autres
animaux , et de raison il n’y en a au¬
cune, fors de dire que Nature se ioüe
en sesœuures.
Fn triton et vne serene vêtis sur le JVil.
Du temps que Mena estoitgouuer-
neur d’Egypte , se proumenant du
matin sus lariuedu Nil, vil sortir vn
homme hors de l’eau iusques à la
ceinture, la face graue, la cheueleure
iaune, entremeslée de quelques che- 1
ueux gris, l’estomach, dos, et les bras
bien formés, et le reste de poisson. Le
tiers iour d’après, vers le point du
iour, vn autre monstre apparut aussi
hors de l’eau auecques vn visage de
femme : car la douceur de la face, les
longs cheueux , et les mammelles le
monstroient assez : et demeurèrent si
longtemps dessus l’eau , que tous ceux
de la ville les virent l’un et l’autre à
leur aise.
Monstre marin ayant la teste d’vn Moyne,
armé et couvert d’escailles de poisson.
Rondelet, en sonliure des Poissons,
escrit, qu’on a veu vn monstre marin
en la mer de Norwege , lequel si tost
ces fréquents renvois: comme tu vois parceste
figure; la figure dmptel l'est icy figurée-, et j’ai
pris seulement aux titres des figures de quoi
marquer chaque article d’un titre spécial,
en n’ajoutant cependant en aucune manière
au texte de mon auteur.
' Pline 9. llu. de son Histoire naturelle. —
A. P.
2 Voyez le chapitre 20 du livre des Mons¬
tres, cl-devanl page 43.
771
qu’il fut pris, chacun lui donna le
nom de Moyne, et estoit tel.
Monstre marin ressemblant à vn Euesque
vestu de ses habits pontificaux.
Vn autre monstre descrit par ledit
Rondelet , en façon d’vn Euesque ,
vestu d’escaille, ayant sa mitre et ses
ornemens pontificaux , lequel a esté
veu en Polongne, mil cinq cens trente
et vn, comme descrit Gesnerus.
Monstre marin ayant la teste d’vn Ours et les
bras d’vn Singe.
Hieronymus Cardanus enuoya ce
monstre icy à Gesnerus, lequel auoit
la leste semblable à vn ours, les braset
mains quasicommevn singe, et le reste
d’vn poisson : et fut trouuéenMacerie.
Lion marin couvert d’escailles.
En la mer Tyrrhene , prés la ville
de Castre, futprins ce monstre, ayant
la forme d’vn lion couuert d’escaiiles,
lequel fut présenté à Marcel ', pour
lors Euesque, lequel après la mort
du Pape Paul troisième succéda au
Papat. Iceluy Lion iettoit vne voix
semblable à celle d’vn homme ; et
auec grande admiration fut amené
en la ville , et tost après mourut ,
ayant perdu son lieu naturel ; comme
nous tesmoigne Philippe Forestus, au
liure 3. de ses Chroniques.
Monstre marin ayant figure humaine.
L’an mil cinq cens vingt trois, le
troisième iour do nouembre , fut veu
ce monstre marin à Rome, de la gran¬
deur d’vn enfant de cinq ou six ans ,
1 Ceci est le texte de 1585, suivi par le.s édi¬
tions postérieures; les précédentes disaient :
à Martinus.
LIVRE DES MONSTRES.
ayant la partie supérieure humaine
iusques au nombril, hors mis les oreil¬
les, et l’inferieure semblable à un
poisson.
F n Diable de mer.
Gesnerus fait mention de ce mons¬
tre marin, dont il auoit recouuert le
portrait d’vn peintre qui l’auoit veu
en Anuers au naturel, ayant la teste
fort furieuse, auec deux cornes, et
longues oreilles , et tout le reste du
corps d’vn poisson , hors les bras qui
approchoient du naturel ; lequel fut
pris en la mer Illyrique, se iettant
hors du riuage , taschant à prendre
vn petit enfant qui estoit prés d’ice-
luy , et estant poursuiui de prés des
mariniers qui l’avoient apperceu, fut
blessé de coups de pierres, et peu
après vint mourir au bord de l’eau.
Vn Chenal de mer.
Ce monstre marin ayant la teste, et
les crins, et le deuant d’vn Cheual ,
fut veu en la mer Oceane : la figure
duquel fut apportée à Rome, au Pape
pour lors régnant.
V a Veau marin.
Olaus Magnus dit auoir eu ce mons¬
tre marin d’vn Gentil-homme An-
glois: et auoit esté pris prés le riuage
de Bergue, lequel ordinairement y
habitoit. Encore de n’agueres on en
fil présent d’vn semblable au Royde-
funct *, qu’il fit nourrir assez long¬
temps à Fontainebleau, lequel sortait
^ Charles 9. Roy de France. — A. P. _
Cette fois Paré parle d’un animal qu’il a vu ;
aussi la figure qu’il en donnait représentait
fort exactement un phoque. J’ai jugé toute¬
fois inutile de la reproduire.
soutient hors de l’eau, puis s’y remet-
toil
Truie marine.
Ce monstre marin , comme dit
Olaus , fut veu en la mer, prés l’isle
deThylen, située vers le Septentrion,
l’an de grâce mil cinq cens trente
huit, de grandeur presque incroya¬
ble, à sçauoir de soixante et douze
pieds de longueur , et quatorze pieds
de hauteur, ayant distance entre les
deux yeux de sept pieds ou enuiron :
son foye estoit si grand qu’on en rem¬
plit cinq tonneaux, la teste semblable
à vue Truie, ayant vn croissant si¬
tué sus le dos , au milieu de chaque
coslé du corps trois yeux, et le reste
tout couuert d’escailles.
Poisson nommé Orobon^.
Les Arabes habitans le mont Ma-
zouan , qui est le long de la Mer-
Rouge, viuent ordinairement d’vn
poisson nommé Orobon , grand de
neuf à dix pieds, et large selon la pro-
portion de sa grandeur, ayant escail-
les faites comme celles du Crocodile.
Icelny est raerueilleusemeiit furieux
conlre les autres poissons. André
Theuet en fait assez ample déclara¬
tion en sa Cosmographie.
Des Crocodiles 3.
Le Crocodile, comme escrit Aristote
‘ Il y avait ici , dans les éditions de 1573
et 1575, l’instüirc et la figure d’ra sumjlicr
marin. Mais en 1583, Paré la transporta dans
son Discours de la licorne, où elle est restée
dans Icsédiiions suivantes.
“ Ici SC trouvait, dans les éditions de 1573
à 1575, l’histoire et la figure d'vn éléphant de
mer; Paré les a transportées en 1583 dans
son Discours de la Licorne.
^ Cet article a été ajouté en 1579.
AV IIVRE DES MO^STHF.S.
és liiiros (le VH isloîre et parties des ani-
manx , est vn grand animal long de
quinze concilies. Il n’engendre point
vn animal , mais des œufs , non plus
gros que ceux d’oye ; il en fait soixante
au plus. Il vit longtemps , et d’vn si
petit commencement sort vn si grand
animal : car les petits esclos sont
proportionnés ù l’œuf. Il a la langue
si empeschée qu’il semble n’en auoir
point , qui est cause qu’il vit partie
en terre , partie en eau : comme es¬
tant terrestre , elle luy tient lieu de
langue, et comme estant aquatique,
il est sans langue. Car les poissons, ou
ils n’ont point du tout de langue, ou
ils l’ont fort liée et empeschée. Le
seul Crocodile entre toutes bestes , !
remue la mâchoire de dessus : celle
de dessous demeure ferme, parce que
les pieds ne luy peuuent seruir à
prendre ny retenir L II a les yeux
comme vn pourceau, les dents lon¬
gues qui luy sortent hors la gueulle,
les ongles fort pointus , le cuir si dur
qu’il n’y alléché ne trait qui le sceust
percer. On fait vn médicament du
Crocodile nommé Crocodilée , contre
les suffusions et cataractes des yeux :
il guarit les lentilles, taches et bour¬
geons qui viennent à la face. Son fnd
est bon contre les cataractes appliqué
és yeux : le sang appliqué és yeux
clarifie la veuë.
Theuet, en sa Cosmographie, tora. 1.
chap. 8. dit qu’ils habitent és fontai¬
nes du Nil, ou en vn lac qui sort des¬
dites fontaines , et dit en auoir veu
vn qui auoit six eniambées de long,
ef plus de trois grands pieds de large
sur le dos, tellement que le seul re¬
gard en est hideux. La maniéré de
les prendre est telle. Subit que les
» Le perroquel remue son bec dessus et
dessous. — A. P.
773
Egyptiens et Arabes voyent que
l’eau du Nil deuient petite , ils lan¬
cent vne longue corde, au bout de
laquelle y a vn hameçon de fer assez
gros et large, pesant enuiron trois
Hures, auquel ils attachent vne piece
de chair de chameau , ou d’autre
beste : et lors que le Crocodile apper -
çoit la proye, il ne faut à se ietter des¬
sus . et l’engloutir : et estant l’hame¬
çon auallé bien auant, se sentant pi¬
qué, il y a plaisir à luy voir faire des
sauts en l’air, et dedans l’eau. Et
quand il est pris , ces barbares loti¬
rent peu à peu iusques prés le bord
de la riue, ayant posé le cordeau des¬
sus vn palmier ou autre arbre , et
ainsi le suspendent quelque peu en
l’air, de peur qu’il ne se ielte contre
eux et ne les deuore. Ils luy donnent
plusieurs coups de leuier, l’assom¬
ment et tuent , puis l’escorchent , et
en mangent la chair qu’ils trouuent
tres-bonne.
lean de Lery, au chapitre 10. de
son Histoire de la terre du Brésil , dit
que les sauuages mangent les Croco •
diles, et qu’il en a veu apporter de
petits aux sauuages tous en vie en
leurs maisons, à l’entour desquels
leurs petits enfans se ioüent , sans
qu’ils leur facent aucun mal.
Deux poissons, Vvn comme vne panache, ci
l’autre comme vne grappe de raisin L
Rondelet en son liure des poissons
insectes , c’est-à-dire qui sont de na¬
ture moyenne entre les plantes et
animaux, baille ces deux figurc.s,
r vne appellée Panache de mer, par ce
qu’elle représente les panaches qu’on
porte aux chapeaux : les pescheurs
pour la similitude qu’elle a au bout
du membre viril, l’appellent Vil-
‘ Article ajouté en 1579.
774
A PP EN 1) IC K
volant : estcint vif il s’enflo et se rend
plus gros, estant priué de vie deuient
tout flétri et mollasse. Il reluist de
nuit comme vne estoile.
Pline escrit qu’en la mer on trouue
non seulement des figures des ani¬
maux qui sont sur la terre : mais ie
croy que ce portrait est la grappe
de laquelle il parle ; car par tout le
dessus représenté vne grappe de rai¬
sin qui est en fleur : elle est longue
comme vne masse informe, pendante
d’vne queüe.
L’Aloés, poisson monstmenx^.
En la mer de l’isle Espagnolle , aux
terres neuues, se trouuent plusieurs
poissons monstrueux. Entre lesquels
ïheuet, liure 22., chap. 12., Tome 2.
de sa Cosmographie, dit en auoir veu
vn fort rare qu’ils nomment en la
langue du pays aloés, et est sembla¬
ble à vne oye, ayant son col haut
esleué, la leste faite en pointe comme
vne poire de bon chreslien , le corps
gros comme celuy d’vne oye, sans
escailles , ayant ses quatre nageoires
sous le ventre ; et d’.lez à le voir sur
l’eau estre vne oye faisant le plon-
get parmy les ondes de la mer.
Limaçon de la mer sarmalique
La mer Sarmatique, qu’on dit au ¬
trement Germanique orientale nour
rit tant de poissons inconneus à ceux
qui habitent és régions chaleureuses,
et tant mon.strueux que rien plus.
Entre autres il s’en trouue vr tout
ainsi fait qu’vn limaçon : ma;s - ros
comme vn tonneau , ayant les cornes
quasi commeceliesd’vn cerf, au boni
1 Article ajouté en 1679.
*As'ilcle ajouté à la même daie que le
précédentt
desquelles, et aux rameaux d’icelles,
y a de petits boutons ronds et luysans
comme fines perles. Il a le col fort
gros, les yeux luy esclairent comme
vne chandelle , son nez est rondelet
et fait comme celu , <V . r. chat , auec
vn petit de poil t» ot r -i'-fuir , ayant la
bouche fort fendue , au dessous de
laquelle luy pend vne eminence de
chair assez hideuse à voir. Il a quatre
iambes, et des pattes larges et cro¬
chues qui roruent de nageoires,
auecun: / - longue, toute
martelée et coulour^.c de diuerses
couleurs, comme celle d’vn tigre. Il
se tient en nloici. , de. force qu’il
est craintif : env io suis asseuré qu’il
est amphibie , participant de l’eau et
de la îc.re; Quand le temps est se-
rain , il • met en terre sur 1-’ riuage
de la marine , là'ou U paist^et mange
ô. ,i"I trouue de meilleur. La
ch v: ( O 'St fort délicate et plaisante
à manr ; r : le sang duquel est propre
contre ceux qui sont gastés du foye
et qu sont pulmoniques, comme est
coiuy des grandes tortues à ceux qui
sont atteints de lepre. Theuet dit
t’auoir eu du pays de Damnemarch K
Du Hogçt, poisson monstrueux
En la grande largeur ii». iac Doux,
sur lequel la grande ville de -
tam, ap Boyaume de iVlf ;,jqe, est
bastie sur piliotis comme ' .'ruse, se
ir ÎUU0 vn poisson ' > ; ; ,ciomjm<^ yj?
yoau marin. Les de l’An-
tartique l’appelliml Andura : ’.is bar¬
bares du pays .et Espaqpoig, qu» Sf
.îonl faits mnstrçs de jue :ieu|p.jrjles
conquegi'e.'-, /je In;.'?: neuues,
Theuet lin. 20. chap. 18. tom. 2. desa
PmiwgrnMe. — A, f,
‘ArUcle ajouté «1 J 570,
AV LIVRE DES MONSTRES.
l’appellent Hoga. Il a la teste et
oreilles peu differentes d’vn pourceau
terrestre : il a cinq moustaches lon¬
gues de demy pied ou enuiron , sem ¬
blables à celles d’vn gros barbeau :
la chair en est tres-bonne et déli¬
cieuse. Ce poisson produit ses petits
en vie , à la façon de la baleine. Si
vous le contemplez lors qu’il se ioüe
nouant dans l’eau , vous diriez qu’il !
est tantost verd , ores iaune, et puis
rouge , ainsi que le caméléon : il se
tient plus au bord du lac qu’ailleurs ,
où il se nourrit des fueilles d’vn ar¬
bre appellé Hoga , dont il a pris son
nom. 11 est fort dentelé et furieux ,
tuant et deuorant les autres poissons,
voire plus grands qu’il n’est : c’est
pourquoy on le poursuit, chasse et
occit, à cause que s’il entroil aux
conduits , il n’en laisseroit pas vu en
vie : parquoy celuy qui plus en tue
est le mieux venu. Ce qui est escrit
par ïheuet, chapitre 22. tome 2. de
sa Cosmographie.
Certains poissons volons K
André Theuet, tome 2. de sa Cosmo¬
graphie, chapitre 10., en nageant sur |
mer dit auoir veu vne infinité de
poissons volans que les sauuages ap- '
pellent Bulampech , lesquels se lan¬
cent si haut hors de l’eau d’où ils
sortent, qu’on les voit cheoir à cin¬
quante pas de là : ce qu’ils font d’au¬
tant qu’ils sont poursumis d’autres
grands poissons qui en prenneut leur
curée. Ce poisson est petit comme vn
inacquereau ayant la teste ronde,
le dos de couleur azurée , et deux
ailes aussi longues presque que tout
le corps , lesquelles il cache sous les
' Article de ISTO.
* l'en ay vn en mon cabinet que l’on m’a
donné, que (a garde pm memofr#» A. P»
775
mâchoires, estans faites tout ainsi
que les fanons ou ailerons auec les¬
quels les autres poissons s’aident pour
nager. Ils volent en assez grande
abondance, principalernent la nuit,
et en volant heurtent contre les
voilles des nauires, et tombent de¬
dans. Les Sauuages se pourrissent de
leur chair.
I lean de Lery en son Histqipe de la
terre du Brésil, chapitre 3,, çonQrme
cecy, et dit auoir veu sortir de la
mer et s’esleuer en l’air de grosses
troupes de poissons ( tout ainsi que
sur terre on voit les alouettes ou es-
tourneaux) volans presque aussi haut
hors l’eau qu’vue pique, et queiques-
foisprésde cent pasloip- Mais aussi
il est souuent aduepu que quelques-
vns se heurtans contre les mats de
nos nauires, tombans dedans, nous les
prenions à la main. Ce poisson est de
forme d’vn haranc, toutesfois vn peu
plus long et plus gros ; il a de petits
barbillons sous la gorge , et les ailes
comme d’vne chauue-souris , et pres¬
que aussi longues que tout le corps :
et est de fort bon goust, et sauou-
reux à manger. H y a encore vne au¬
tre chose (dit-il) que i’ay obseruée;
c’est que ny dedans l’eau , ny hors de
l’eau , ces pauures poissons volans ne
sont iamais à repos : car estans de¬
dans la mer , les grands poissons les
poursuiuent pour les manger, et leur
font vne continuelle guerre : et si
pour euiter cela ils se veulent sauuer
en l’air , et au vol , il y a certains oi¬
seaux marins qui les prennent et s’en
repaissent.
F'n autre poisson volant fort monstrueux ' .
Entre Venise et Rauenne, vne licuë
I au dessus de Quinze, en la mer des
1 ‘Article de lûtOi
APPENDICF.
776
Vénitiens, l’an 1550, fut pris vn pois¬
son volant terrible et merueilleux à
voir , de grandeur de quatre pieds et
plus, de largeur d’vne pointe àll’autre
de ses ailes, deux fois autant, de
grosseur d’vn bon pied en quarré. La
teste estoit merueilleusement grosse ,
ayant deux yeux , l’vn dessus, l’autre
dessous , deux grandes oreilles et
deux bouches : son groüin estoit fort
charnu , verd en couleur : ses ailes
estoient doubles , en sa gorge il auoit
cinq trous en façon de Lamproye :
sa queue estoit longue d’vne aulne,
au haut de laquelle estoient deux
petites aisles. Il fut apporté tout vif
en ladite ville de Quioze , et présenté
aux seigneurs d’icelle, comme chose
qui n'auoit iamais esté veuë.
Diuerses coquilles , ensemble du poisson qui
est dedans icelles, dit Bernard l’Ermite^.
Il se trouue en la mer de si estran
ges et diuerses sortes de coquilles ,
que l’on peut dire que Nature, cham¬
brière du grand Dieu , se iouë en la
fabrication d’icelles: dont ie t’ay fait
portraire ces trois , qui sont dignes
de grande contemplation et admira¬
tion , dans lesquelles il y a des pois¬
sons comme limaçons en leurs co¬
quilles : lesquels Aristote, liure 4.
de l’histoire des Animaux , nomme
Cancellus ^ estans compagnons des
poissons couuerts de cocques , et de
test dur, et semblables aux langous¬
tes, naissant à par soy.
Rondelet en son liure de VHistoîre
des poissons , dit qu’en Languedoc ce
poisson se nomme Bernard l’Ermite :
i Les dix premières lignes de cet article se
lisaient déjà en 1573; mais la citation d’Aris¬
tote qui termine le premier paragraphe , et
tout le leste de l’article, sont des additions
de 1579. *
ila deux cornes longnelteset menues,
sous lesquelles il a ses yeux , ne les
pouuant retirer au dedans comme
font les Cancres, mais tousiours ap-
paroissent aduancés au dehors : ses
pieds de deuant sont fendus et four¬
chus , lesquels luy seruent à se dé¬
fendre et à porter en sa bouche. Il
en a deux autres courbés et pointus
desquels il s’aide à cheminer. La fe¬
melle fait des œufs , lesquels on voit
pendus par derrière comme petites
patenostres enfilées , toutesfois enue-
loppées et liées par petites membra¬
nes.
, Elian au liure 7. chapitre 31. en
escrit ce qui s’ensuit ; « Gancellus
naist tout nud et sans coquille, mais
après quelque temps il en choisit de
propre pour y faire demeure quand
il s’en trouue de vuides, comme colle
de pourpre, ou de quelque autre
trouuée vuide : il s’y loge , et estant
deuenu plus grand en sorte qu’il n’y
[ peut plus tenir (ou lors que nature
l’incite à frayer) , il en cherche vne
plus grande où il demeure au large
et à son aise. Souuent il y a combat
entre eux pour y entrer, et le plus
fort iette le plus foible , et ioüit de ta
place. »
Le mesnie tesmoigne Pline, li¬
ure 9.
Il y a vn autre petit poisson nom¬
mé Pinothere \ de la sorte d’vn can¬
cre, lequel se lient et vit touiours
auec la pine, qui est ceste espece de
grande coquille qu’on appelle nacre,
demeurant tousiours assis comme vn
portier à l’ouuerture d’icelle, la te¬
nant entre-ouuerte iusques à ce qu’il
y voye entrer quelque petit poisson,
de ceux qu’ils peuuent bien prendre,
lequel mordant la nacre, ferme sa co-
‘ Plutarque, — A. P.
AV r.lVRE DF8
quille : puis tous deux grignotent et
mangent leur proye ensemble.
De la Lamie *,
Rondelet, au 3. liure des Poissons,
chap. Il, escrit que ce poisson se
trouue aucunesfois si merueilleuse-
ment grand, qu’à peine peut cstre
trainé par deux cheuaux sur vne char¬
rette. 11 mange (dit-il) les autres pois¬
sons, et est tres-goulu, voire deuore
les hommes entiers ; ce qu’on a con-
neu par expérience. Car à Nice et à
Marseille, on a autresfois pris des la¬
mies dans l’eslomach desquelles on
a trouué vn homme entier tou*
armé.
« l’ay veu (dit Rondelet) vne lamie
en Xaintonge, qui auoit la gorge si
grande, qu’vn homme gros et gras
aisément y fust entré ; tellement que
si auec vn haillon on luy tient la bou¬
che ouuerte, les chiens y entrent ai¬
sément pour manger ce qu’ils trou-
uent dedans l’estomach.»
Qui en voudra sçauoir d’auantage
lise Rondelet au lieu allégué. Pareil¬
lement Conradus Gesnerus en ses His¬
toires des animaux, fueillet 151. ordre
10. confirme ce que Rondelet en a
escrit ; et dit d’auantage, s’estre trou¬
ué des chiens tous entiers dans lesto-
mach de ladite lamie, ayant fait ou-
uerture d’icelle : et qu’elle a les dents
aiguës, aspres et grosses. Rondelet
dit aussi qu'elles sont de figure trian¬
gulaire, découpées des deux costés
comme vne scie, disposées par six
rangs : le premier duquel se monstre
hors de la gueule, et tendant vers le
douant ; celles du second sont droites,
celles du troisième, quatrième, cin-
‘ Cet article est de date plus récente que
les autres; on le lit seulement dans rédition
de 1585.
Mo^"ST^.T•;.s.
/ / /
quiéme, sixième, sont courbées vers
le dedans de la bouche pour la plus-
part. Les Orféures garnissent ces
dents d’argent, les appellans dents de
serpent. Les femmes les pendent au
col des en fans, et pensent qu’elles
leur font grand bien quand les dents
leur sortent ; aussi qu’elles les gar¬
dent d’auoir peur.
l’ay souuenance d’auoir veu à
Lyon, en la maison d’vn riche mar¬
chand, vne teste d’vn grand poisson,
lequel auoit les dents semblables à
ceste description, et ne sceu sçauoir le
nom de ce poisson, le croy à présent
que c’estoit la teste d’vne lamie, l'a-
uois proposé la faire voir au defunct
Roy Charles, qui estoit fort curieux
de voir les choses serieuses et mons¬
trueuses : mais deux ioiirs après que
ie voulus la faire apporter, il me fut
dit que le marchand, sa femme, et
deux de ses seruileurs estaient frap¬
pés de peste : qui fut cause qu’il ne la
veit point.
Du poisson dit Nauticus i.
Pline, chap. 30. liu. 9. de son His¬
toire naturelle , nomme ce poisson
Nautüus ou Nauticus, auquel est gran¬
dement à considérer, que pour venir
au dessus de l’eau, se met à l’enuers,
remontant peu à peu pour escouler
l’eau qui seroit en sa coquille, à fin
de se rendre plus leger à nauiger,
comme s’il auoit espuisé lasentine de
son nauire. Et estant au dessus de
l’eau, il recourbe en amont deux de
ses pieds, qui sont ioints ensemble
auec vne pellicule fort mince pour
luy seruir de voile, se seruanl de ses
bras comme d’auirons , tenant toiis-
iours sa queue au milieu , au lieu de
‘ Cet article c«t une addition de 1579.
APPENDICE
778
timoD : et va ainsi sur la mer, contre¬
faisant les fustcs et galeres. Que s’il
se sent auoir peur, il serre son équi¬
page, et remplit sa coquille d' eau en
la plongeant, et ainsi s’en va au fond.
Description de la Baleine l .
Nous abusons aucunement du mot
de Monstre pour plus grand enrichis¬
sement de ce traité : nous mettrons
en ce rang la Baleine , et dirons es-
tre le plus grand monstre poisson qui
se trouue en la mer, de longueur le
plus souuent de trente six coudées,
de huit de largeur, l’ouuerture de la
bouche de dixhuit pieds, sans auoir
aucunes dents ; mais au lieu d’icelles,
aux costés des maschoires , a des la¬
mes comnie de corne noire, qui finis¬
sent en poils semblables à soye de
pourceau, qui sortent hors de sa bou¬
che, et luy seruent de guide pour
monstrer le chemin, à fin qu’elle ne
se heurte contre les rochers. Ses yeux
iCet article se lit déjà dans l’édition de
1573; mais auparavant il s’en trouvait un
autre qui a été retranché dès 1575. 11 était
ainsi conçu :
« Figure d’vn chancre de mer, que les
Médecins et Chirurgiens ont comparée à la
tumeur chancreuse, à cause qu’elle est ronde
et aspre, et les venes d’autour aux pieds
tortus de cest animal : aussi lorsqu’il est
accroché contre les rochers, difïicilemcpt en
est destaché : d’auantage ii est de couleur
fresque et noirastre, comme sont les tumeurs
chancreuses : et voyla pourquoy les anliens
ont donné le nom de chancre à telle tu¬
meur, à cause de la similitude qu’ils ont l’vn
à l'autre. Les chancres sont trouués dedans
les tests durs des moulles et des huystres
et autres poissons, qui ont tests pour y eslie
nourris et conserués, comme dedans des
cauernes et maisons fortes , pareequ’il n’y
a beste qui n’ait ce don de nature de pour¬
chasser CO qui luy est tant pour
sont distans l’vn de l’autre de quatre
aulnes, et plus gros que la teste d’vn
homme : le museau court , et au mi¬
lieu du front vn conduit par lequel
attire l’air et iette vne grande quan¬
tité d’eau, comme vne nuée, de la¬
quelle elle peut remplir les esquifs,
et autres petits vaisseaux, et les ren-
uerser en la mer. Quand elle est
saoule, brame et crie si fort qu’on la
peut ouyr d’vne lienë françoise : elle
a deux grandes ailes aux costés, des¬
quelles elle nage et cache ses petits
quand ils ont peur, et au dos n’en a
point : sa queue est semblable à celle
du Dauphin, et la remuant esmeut
si fort l’eau qu’elle |ieut renuerser
vn esquif ; elle est couuerte de cuir
noir et dur. Il est certain par l’anato¬
mie , qu’elle engendre ses petits vifs,
et qu’elle les allaicte : car le masle a
des testicules et membre génital, et
la femelle vne matrice et mammelles.
Elle se prend en certain temps d’hy-
uer en plusieurs lieux, mesmement ù
se nourrir que pour se retirer et heberger.
Les pescheurs (se dict Aristote) disent qu’ils
naissent auec ceux dans les tests desquels
ils sont trouués. Les chancres ont dix pieds,
comprenant leurs deux bras fourchus, et
audedans dentelés pour s’en seruir comme
de mains. Ils ont la queue replyee par des¬
sus : ils sontcouuers de coques aspres, faic-
tes de demys cercles : ils ont six cornes a la
teste , et les œils sortans fort audehors et
fort séparés l’vn de l’autre ; au printemps
ils se despoüillent de leur coque, comme vn
serpent de sa peau , et se seiitans afoiblis et
désarmés, ils se tiennent cachés aux creux
des rochers iusques 4 ce que leur coquille
soit reuenueel dure. »
Suivait la figure du chancre, que Paré
reporta en 1575 au livre des Tumeurs en
general, ch. 2 , et c’est pour cela sans doute
qu’il supprima en cet endroit l’histoire du
chancre , ne voulant pas en répéter la ü**
gure. Voyez tome Lf, page 302i
AV HVRB DES MONSTRES. -yyg
la cosle de Bayonne, prés vn petit fait : qui se connoist pour la quantité
village distant de trois lieues ou en- des dards qu’ils auront iettés et se se-
uiron de ladite ville, nommé Biarris ; ront trouués, lesquels demeurent de-
auquel lus enuoyé par le commande- dans : et les reconnoissent à leur mar-
ment du Roy (qui estoit pour lors à que. Or les femelles sont plus faciles
Bayonne) pour traiter monseigneur à prendre que les masles, pource
le Prince de la Roche-sur-Yon, qui y qu’elles sont soigneuses de sauuer
demeura malade ; où i’appris et con- leurs petits, et s’amusent seulement
firmay le moyen qu’ils vsent pour ce à les cacher, et non à s’eschapper.
faire, qu’auois leu au liure que mon- La chair n’est rien estimée : mais la
sieur Rondelet a escril des poissons, langue, pource qu’elle est molle et
qui est tel. Contre ledit village il y délicieuse, la sallent : semblablement
a vne montaignette, sus laquelle dés le lard, lequel ils distribuent en beau-
long temps a esté édifiée vne tour coup de prouinces, qu’on mange en
tout exprès pour y faire le guet, tant Caresme aux pois ; ils gardent la
le iour que la nuit , pour descouurir graisse pour brusler, et frotter leurs
les baleines qui passent en ce lieu ; et bateaux, laquelle estant fondue ne
les apperçoiuent venir, tant pour le se congele iamais. Des lames qui sor-
grand bruit qu’elles font, que pour tent de la bouche, on en fait des yer-
l’eau qu’elles iettent par vn conduit tugales, busqués pour les femnies, et
qu’elles ont au milieu du front; et manches de couteaux, et plusieurs
l’apperceuans venir, sonnent vne cio- autres choses : et quant aux os, ceux
che, au son de laquelle promptement du paysen font des clostures aux iar-
tousceux du village accourent auec dins: et des vertebres, des marches
leur équipage de ce qui leur est ne- et selles à se seoir en leurs maisons,
cessaire pour l’attraper. Ils ont plu- l’en fis apporter vne, que ie garde
sieurs vaisseaux et nacelles, dont en en ma maison comme vne chose mons-
d’aucuns il y a des hommes seule- Irueuse.
ment constitués pour pescher ceux ‘
qui pourroient tomber en la mer :
les autres dédiés pour combattre, et Vraye portraiture de l’vne des
en chacun il y a dix hommes forts et paieines qui furent prises le
puissanspourbien ramer, et plusieurs (jeuxiéme luillet 1577, en la riuiere
autres dedans, auec dards barbelés, i’Escault,l’vne à^lessingues,^au-
qui sont marqués de leur marque ^ Saflingbe , et ceste cy à Hastin-
pour les reconnoistre, attachés à des gj^g gy Doël , enuiron cinq lieues
cordes ; et de toutes leurs forces les d’Anuers ; elle estoit de couleur de
iettent sus la baleine, et lors qu'ils obscur, ^elle auoit sur la leste
apperçoiuent qu’elle est blessée , qui yj,g |iiarine par laquelle elle ieloit
se connoist pour le sang qui en sort, pg^u ; gHe auoit de longueur en tout
laschent les cordes de leurs dards, et cinquante huit pieds , et seize de hau-
la suiuent à fin de la lasser et pren- ^gg,. . la queue large de quatorze
dre plus facilement ; et l’attirans au p^g^g ; depuis l’œil jusques au deuant
bord , se resioüissent et font gode- jg muzeau il y auoit seize pieds d’es-
chere, et partissent, chacun ayant sa
portion selon le deuolr qu'il aura i cet article e»t de i679t
APPKNDICF
780
pace. La maschoiie d’etnbas csloit i
longue de six pieds, en chaque costd
de laquelle esloient vingt-cinq dents
Mais en haut elle auoit autant de
trous, dans lesquels lesdites dents
d’embas se pouuoient cacher. Chose
monstrueuse , voir la maschoire su¬
périeure desgarnie de dents . qui de-
uoient estre opposites pour la ren¬
contre des viandes aux dents inferieu¬
res, et en lieu d’icelles dents voir des
trous inutiles. La plus grande de ces
dents estoit longue de six pouces : le
tout fort merueilleux et espouuenta-
ble à contempler, pour la vastilé ,
grandeur et grosseur de tel animal.
Du Rémora^.
Pline, liure 32, chap. 1, dit qu’il y a
vn petit malautru poisson, grand
seulement de demy pied , nommé
d’aucuns Echeneis , d’autres Rémora ,
qui mérité bien estre misicy entre les
choses merueilleuses et monstrueu¬
ses , lequel retient et arreste les vais¬
seaux de mer tant grands soient-ils ,
lorsqu’il s’attache contre , quelque
effort que la mer ni les hommes sça-
chent faire au contraire , comme les
flots et les vagues , et le vent estant
en golfe des voiles , et seconde des
rames ou cables , et ancres quelques
grosses et pesantes qu’elles fussent.
Et de fait , on dit qu’à la deffaite
d’Actium, ville d’Albanie , ce poisson
arresta la gallere capitainesse où es¬
toit Marcus Antonius, qui, à force de
* Cet article a paru pour la première fois,
en grande partie du moins, en 1376.
ranics, alloit donnant courage à ses
gens de gallere en gallere ; et pen¬
dant l’armée d’Auguste , voyant ce
desordre , inuestit si brusquement
celle de Marcus Antonius, qu’il luy
passa sur le ventre. De mesme aduint
en la gallere de l’Empereur Caligula.
Ce Prince voyant que sa gallere seule
entre toutes celles de l’armée n’auan-
çoit point, et neantmoins estoit à cinq
par bancs , entendit subit la cause de
l’arrest qu’elle faisoit : promptement
force plongeons se ietterent en mer ,
pour chercher à l'entour deceste gal¬
lere ce qui la faisoit arrester, et trou-
uerent ce petit poisson attaché au
timon : lequel estant apporté à Cali¬
gula , fut fort fasché qu’vn si petit
poisson auoit le pouuoir de s’opposer
à l’effort de quatre cents espaliers et
galliots qui estoient en sa gallere
Escoutez ce grand et sage Poète le
Seigneur du Bartas, lequel dit de
bonne grâce au cinquième liure de
la Sepmaine, les vers qui s’ensuiuent :
^ Dans les deux éditions de 1675 et 1679,
on lisait a la suite de ce paragraphe •
« Dauantagc Pline au mesme liure et
chapitre, dit qu’il y a vn autre poisson
nommé torpille, lequel touchant seulement
de la ligne stupéfié et amortist le sentiment
du bras de celuy qui tient la ligne. »
Mais en 1685, Paré voulant insérer la lon¬
gue citation de Dubartas qu’on va lire,
raya cette phrase qui aurait rompu le sens :
retranchement d’autant plus facile qu’il a
parlé en divers endroits de la torpille aux
livres des Venins et des Animaux , et qu’au
chapitre ?8 du livre des Venins il cite même
à son occasion d’autres vers de Dubartas.
AV LIVRE DES MONSTRES.
781
La Remore fichant son débité museau
Contre la moitte bord du tempesté vaisseau ,
L’arreste tout d’vn coup au milieu d’vue fiole
Qui suit le vueil du vent, et levueil du pilote.
Lt'sresnesde la nef on lasche tant qu’on peut :
Mais la nef pour cela charmée ne s’esmeut ,
Non plus que si la dent de mainte ancre fichée
Vingt pieds dessous Thetis la tenoit accrochée ,
Non plus qu vn chesneencor, qui des vents irrités
A mille et mille fois les efforts despités ,
Ferme , n’ayant pas moinspour souffrir ceste guerre
Des racines dessous que des branches sur terre.
Dy nous , arresle-nef , dy nous, comment peux-tu
Sans secours t’opposer à laiointe vertu
Et des vents, et des mers , et des cieux , et des gasches?
Dy nous en quel endroit , ô Remore , tu caches
].,’ ancre qui tout d’vn coup bride les mouuemens
D’vn vaisseau combatu de tous les elemens ?
D’où lu prens cest engin , d’où tu prens ceste force ,
Qui trompe tout engin , qui toute force force ?
Or qui voudra sçauoir plusieurs
autres choses monstrueuses des pois¬
sons, lise ledit Pline , et Rondelet en
son liure des Poissons.
CHAPITRE II.
DES monstres volatiles.
De l’Juiruche.
Cest oiseau est dit Autruche , et est
le plus grand de tous , tenant quasi
du naturel des bestes à quatre pieds,
fort commun en Afrique et en Ethio¬
pie; il ne bouge de terre pour pren¬
dre l’air, neantmoins passe vn chenal
de vislesse. C’est vn miracle de nature,
que cest animal digéré indifférem¬
ment toutes choses Ses œufs sont do
merueilleuse grandeur, iusques à en
faire des vases : son pennage est fort
beau, comme chacun peut connoislre
et voir par ce portrait ‘.
le ne veux laisser passer sous si¬
lence de la rarilé que i’ai veu, tou¬
chant les os de l’Autruche. Le feu
Roy Charles en faisoit nourrir trois
au logis de monsieur le mareschal de
Rets , vne desquelles estant morte ,
me fut donnée, et en fis vn scelette.
Le portrait duquel ay voulu icy in¬
sérer auec sa description.
1 Ici était le portrait d’une autruche , da¬
tant , avec le paragraphe qui précède , de
l’édition de 1573. Mais le reste de l’article,
avec la ligure du squeiette de l’autruche , a
été ajouté seulement en 1579, et se trouvait
alors placé après l’histoire de l’oiseau de pa¬
radis. L’arrangement actuel est de 1585.
78a
appendice
A La teste est vn peu plus grosse que celle
de la grue, longue d’un empan depuis
la sommité de la teste tirant au bec,
estant platte, ayant le bec fendu ius-
ques enuiron le milieu de l’œil , estant
iceluy aucunement rond en son extré¬
mité.
B Son col est de longueur de trois pieds,
composé de dix sept vertébrés, lesquel¬
les ont de chacun costé vne apophyse
transuerse tirant contre bas, de lon¬
gueur d’vn bon poulcc, excepté que la
première et seconde proche de la teste
n’en ont point , et sont coniointes par
ginglyme.
C Son dos, de longueur d’vn pied, est com¬
posé de sept vertebres.
D L’os Sacrum est de longueur de deux
pieds ou enuiron, au haut duquel y a
vne apophyse transuerse, sous laquelle
y a vn grand pertuis , K , puis trois au¬
tres moindres, 1<’ C II: suiuant lesquels
y a la boëtle où l’os de la cuisse s’insi¬
nue , I, produisant de sa partie externe
AV LIVRE UES
latérale vn os Dcrcé, K , quasi en son
coininencemcnt, puis est vni : après le¬
dit os se fourche en deux, dont i’vn est
plus gros, L, et lautre est moindre,
M, chacun de longueur de demy pied et
quatre doigts : puis se reünissent, ayant
entre le lieu où ils se fourchent et le
lieu où ils se reünissent, vn pertuis large
de quatre doigts, N, et plus long d’vn
empan : puis ce que reste de l’os est de
ligure d’vne serpe ou Cousteau crochu ,
large de trois trauers de doigts, longue
de six poulces , O : puis en son extré¬
mité se ioint par synchondrose.
P L’os de la queue a neuf vertebres sembla¬
bles à celles de l’homme.
Il y a deux os en la cuisse , dont le premier,
Q, l’os de la cuisse, est de longueur d’vn
grand pied et gros comme celuy d’vn
cheual et plus : R, l’autre qui le suit, est
d’vn pied et demy de longueur, ayant par
haut vn petit focille de la longueur de
l’os en espointant vers le bas.
S La iambe où est attaché le pied est de la
longueur d’vn pied et demy, ayant en son
extrémité deux ongles, vn grand et l’au¬
tre petit: à chacun ongle y a trois os.
T Huit cosles qui s’insèrent à l’os du Ster-
non , dont aux trois du milieu de cha¬
que costé y a vne production osseuse
ressemblante à vn croc.
V L’os du Sternon, est d’vne piece de gran¬
deur d’vn pied représentant vne targe,
auquel se ioint vn os qui cheuauche les
trois premières costes, qui tient le lieu
des clauicules.
X Le premier os de l’aile, est de longueur
d’vn pied et demy.
ï Au-dessus de luy y a deux autres os res-
semblans au Radius et Cubitus, au boni
desquels sont attachés six os, Z, qui sont
l’extremité de l’aisle.
L’animal enlier est de longueur de
sept pieds , et de sept pieds et plus de
haut, commençant au bec, et tinis-
sant aux pieds.
11 y a plusieurs autres choses re¬
marquables, que ie laisse pour hriel’
uel6.
MONSTRES. -^33
De l’oiseau nommé Toucan L
Theuet , en sa Cosmographie dit
qu’il a veu aux terres neufues vn oi¬
seau que les Sauuages appellent en
leur gergon Toucan , lequel est fort
monstrueux et difforme , en tant qu’il
a le bec plus gros et plus long que
tout le reste du corps. 11 vit de poi-
ure, comme nos tourtes, merles et
estourneaux font icy de graine de
lierre , qui n’est pas moins chaude
que le poiure.
Un gentilhomme Prouençal en fit
présent d’vn au feu Roy Charles neu-
fiéme , ce qu’il ne peut faii'e vif, car
en l’apportant mourut : neantmoins
le présenta au Roy, lequel apres l’a-
uoir veu , commanda à Monseigneur
le Mareschal de Rets me le bailler,
pour l’anatomiser et embaumer , à
fin de le mieux conseruer : toutesfois
bienlost après se putréfia. Il estoit
de grosseur et plumage semblable
à vn Corbeau , reste que le bec estoit
plus grand que le reste du corps , de
couleur iaunastre transparent, fort
leger, et dentelé en maniéré de scie,
le le garde comme vne chose quasi
monstrueuse.
De l’oiseau de Paradis
Hierosme Cardan , en ses liure
la Subtilité , dit qu’aux Isles des Mo_
lucques , on trouue sur la terre , ou
sur la mer, vn oiseau mort appelé Ma-
nueodiata , qui signifie en langue Indi¬
que, oiseau de Dieu, lequel on ne voit
point vif.Ilhabiteen l’air haut,son bec
1 Cet article, comme la ün du précédent,
est de 1579 J mais il était alors placé à la fin
du chapitre.
2 Lia. 21. c7iap. 12.— A. 1>.
* Cet article se lisait déjà dans l’édition de
1573.
APl’KJNÜlCE
781
et corps semblable à l’arondelle, mais
orné (le diuerses plumes : celles qui
sont sus la teste sont semblables à
l’or pur , et celles de sa gorge à celles
d’vn canard : sa queuë et ailes sem¬
blables à celles d’vne panasse. Il n’a
aucun pied , et si quelque lassitude le
prend , ou bien qu’il vueille dormir,
il se pend par ses plumes, lesquelles
il entortille au rameau de quelque
arbre. Iceluy vole d’vne merueilleuse
vistesse,et n’est nourri que de l’air et
rosée. Le masle a vne cauité sur son
dos , où la femelle couue ses petits L
l’en ay veu vn en ceste ville/que
l’on donna au feu Roy Charles neu-
liéme : et aussi i’en garde vn en mon
cabinet, qu’on m’a donné par grande
excellence.
CHAPITRE III.
DES MONSTRES TERRESTRES.
D’vne besle nommée Huspalim.
André Theuet, tome 1. liure 4.
chap. 11 , dit qu’en l’isle de Zocotere ,
qu’on voit vne beste qui s’appelle
Huspalim^ grosse comme vn marmot
1 La fin de l’article était différente dans
les premières éditions. En 1573 et 1676 , on
lisait :
«L’interieur de cest oiseau, comme des-
crit Melchior Giiillaudin Beruce, est farcy et
replet de graisse, et dit en auoir veu deux :
Quant à moy i’en ay veu vn en ceste ville,
qu’vn homme notable auoit, dont en faisoit
grande estime : duquel oiseau tu as icy le
portraict. »
En 1679, tout cela fut rayé, et Paré écrivait
en place:
« l’en ay veu vn en ceste ville que Ion
donna au deffund Roy Charles. «
Et cnüu le texte actuel est de 1686.
Ethiopien , fort monstrueuse , que le®
Ethiopiens tiennent en de grandes
cages de ionc, ayant la peau rouge
comme escarlate , quelque peu mou¬
chetée , la teste ronde comme vne
boule, les pieds ronds et plats sans
ongles offensiues, laquelle ne vit que
de vent. Les Mores l’assomment, puis
la mangent, après luy auoir donné
plusieurs coups de baston,à fin de
rendre sa chair plus délicate et aisée
à digerer.
Du Giraffe.
Au Royaume de Camota , d’Ahob ,
de Benga, et autres montaignes de
Gangipu , Plimatiq, et Caragan, qui
sont en l’Inde intérieur, par delà le
fleuue de Ganges, quelques cinq de¬
grés par delà le Tropiq de Cancer, se
trouue la beste appelée des Germains
Occidentaux, Giraffe. Cest animal dif¬
féré peu de teste et oreilles , et de
pieds fendus, à nos Biches. Son col est
long d’enuiron vne toise , et subtil à
merueille , et différé pareillement de
iambes , d’autant qu’il les a autant
haut esleuéesque beste qui soit sous
le Ciel. Sa queuë est ronde , qui ne
passe point les jarrets , sa peau belle
au possible. Elle est mouchettée eu
plusieurs endroits, de tache tirant
entre blanc et tanné, comme celle
du Leopart , qui adonné argument à
quelques Historiographes grecs de
luy donner le nom de Chamœleopar-
dalis. Ceste beste est si saunage auant
que d’estre prise , que bien peu son¬
nent se laisse voir, se cachant par les
bois et deserts du pays, où autres
bestes ne repaissent point : et dés
aussi tost qu’elle voitvn homme, elle
tasche à gaigner au pied : mais fina¬
lement on la prend , parce qu’elle est
lardiueen sa course. Au reste prise
qu’elle est, c’est la besle la plus douce
AV LIVRE DES MONSTRES,
â goiiuerner , qu’autre qui viue. Sur
sa teste apparoissent deux petites cor¬
nes longues d’vu pied ou enuiron ,
lesquelles' sont assez droites et enui-
ronnées de poil tout autour ; vne
lance n’est point plus haute qu’elle
leue sa teste en haut. Elle se paist
d’herbes , et vit aussi de fueilles et
branches d’arbres , et aime bien le
pain, chose qu’atteste et figure André
ïheuet , liure 11 , chap. 13 , tome l ,
de sa Cosmographie.
85
Des Elephans ‘ .
Les Elephans naissent en Afrique ,
delà les deserts, en la Mauritanie, et
aussi eu Ethiopie. Les plus grands
sont ceux qui naissent és Indes. Ils
passent en grandeur tous les autres
animaux à quatre pieds ; neantmoins ,
comme dit Aristote, ils s’apriuoisent
si fort, qu’ils demeurent les plus doux
et priués de toutes les bestes : on les
enseigne, et entendent à faire plusieurs
charges. Ils sont couuerts d’vn cuir
1 Au lieu de cet article;, l’édition de 1579
en offrait ici quatre : le premier traitant
du pyrassouppi, le second ducarnphurch, le
troisième de l’elephant, te quatrième du tau¬
reau de la Floride. Trois de ces articles ont
été depuis reportés au Diseoursde la licorne.
Il est à remarquer que ce déplacement se fit
avec tant de négligence, que rhistoirc de la
teste thanacht avait sauté en même temps
dans l’édition de 1585, et n’ayant point
Irouvéplaceau Diseoursde la licorne, n’avait
point été remise ici, bien que la figure de la
bôtey fût conservée. Celte lacune a été ré¬
parée dès la première édition posthume. Mais
d’un autre côté, ia figure de l’éléphant
ayant été aussi transportée au Discours de la
licorne, le texte qui s’y rapporte avait été
oublié, et il avait été conséquemment effacé
d’un endroit sans être reproduit dans l’au¬
tre : je l’ai rétabli ici d’après l’édition de
J 579.
semblable à vn bulle, clair semé de
poil de couleur cendrée. Ils ont la
teste grosse, le col court, les oreilles
larges de deux empans ; le nez très
long et creux comme vne grande
trompe , louchant presque iusques à
terre , duquel se seruent en lieu de
mains. Ils ont la gueule prés la poi¬
trine, assez semblable à celle d’vn
pourceau ; du dessus sortent deux
dents fort grandes. Leurs pieds sont
ronds comme tailloirs, larges de deux
ou trois empans, et autour sont cinq
ongles. Ils ont les iambes grosses et
fortes, non composées d’vn seul os
entier comme aucuns ont estimé ,
mais plient les genoüils comme autres
bestes à quatre pieds ; et partant
quand on veut monter dessus ou les
charger, ils s’agenoüill8nt,puis ils se
relouent. Iis ont la queue comme vn
bufle, peu garnie de poil , longue en¬
uiron de trois empans; par quoy ils
seroient maltraités des mouches, si
Nature ne les auoit pourueus d’vn
autre moyen pour s’en défendre ; c’est
qu’ alors qu’elles les mordent et pi¬
quent, ils resserrent leur cuir, qui est
du tout ridé et remplié : par ainsi ils
les escachent prises entre ses rides. Il
n’y a homme qu’il n’atteinde , encore
n’allant que son pas : sa grande cor¬
pulence en est cause , car ses pas sont
si longs qu’ils outrepassent la grande
vistesse des hommes. Us viuent de
fruits et fueilles d’arbres, et si il n’y a
arbre si gros qu’ils n’atterrent et met
tent en pièces. Ils croissent iusques à
la hauteur de seize empans : pour ce
ceux qui n’ont accoustumé d’aller
dessus sont aussi eslonnés que ceux
qui n’ont coustume d’aller sur mer.
Ils sont si effrénés de leur nature ,
SX Heur liberté Uoutesfois
6o
XII.
APPENDICE
786
ils sont fort obeïssans aux bommes
de leur nation, entendans bien leur
langage : parquoy il est aisé à les
gouuerner par parolles. Lorsqu’ils
veulent molester quelque personne,
ils l’eleuent en l’air auec leur grand
nez, puis d’vne ardente furie le ruent
eontre terre et le foulent aux pieds ,
iusques à ce qu’ils leur ayent fait ren¬
dre l’esprit.
Aristote dit qu’ilsn’engendrent point
que iusques à vingt ans * : ils ne sont
point adultérés, car ils ne touchent
iaraais qu’à vne femelle, et quand ils
la connoissent pleine , ils n’ont garde
d’y toucher. On ne peut sçauoir com¬
bien de temps la femelle porte, car
les masles les couurent en secret, de
honte qu’ils ont. Les femelles font
leurs petits auec douleur comme les
femmes, et les leschent incontinent.
Ils voient et marchent soudain qu’ils
sont nés. Ils viuent deux cens ans.
On voit des dents d’Elephans ,
appellées luoire , merueilleusement
grandes , en plusieurs villes d’Italie ,
comme à Venise, Rome, Naples, et
mesraement en ceste ville de Paris ,
desquelles on fait coffres, lucts, pei¬
gnes, et plusieurs autres choses à l’v-
sage de l’homme.
De la teste Thanaclh.
André Tbeuet, tome 1. chap. lO.
en sa Cosmographie, dit que du temps
qu’il estoit sur la Mer Rouge, arriue-
rent certains Indiens de terre ferme
qui apportèrent vn monstre de gran¬
deur et proportion d’vn Tygre, n’ayant
point de queue, mais la face toute
semblable à celle d’vn homme bien
formé , fors que le nez estoit camus :
les mains de douant comme d’vn
homme, et les pieds de derrière res-
i Liu. chap, de £lisl. animal, ■— A. F.
semblans à ceux d’vn Tygre, tout
couuert de poil bazané. Et quant à la
leste, oreilles, col , et bouche comme
homme, ayant les cheueux bien peu
noirs et crespelus, de mesme les Mo¬
res qu’on voit en Afrique. C’estoit la
nouueauté que ces Indiens appor-
toient pour faire voir, pour l’honnes-
teté et courtoisie de leur terre , et
nommoient ceste gentille beste Tha-
nacth : laquelle ils tuent à! coups de
fléchés, puis la mangent.
D’vne beste monstrueuse laquelle ne vit que de
vent , dite Haiit.
Theuet en sa Cosmographie, tom. 2.
chap. 13. dit qu’en Afrique se trouue
vne beste , nommée des Saunages
Haiit , fort difforme, et est presque
incredible qu’il en soit de telle qui ne
l’auroil veuë. Elle peut esire de gran¬
deur à vne grosse Guenon , ayant son
ventre auallé et proche de terre ,
quoy qu elle soit debout : sa face et
teste sont presque semblables à celles
d’vn enfant. Ce Haiit estant pris,
ietle de grands soupirs, ne plus
ne moins que feroit vn homme at¬
teint de quelque grande et excessiue
douleur. Elle est de couleur gri¬
se, n’ayant que trois ongles à cha¬
cune patte , longue de quatre doigts,
faits en forme d’arestes d’vne carpe,
auec lesquelles griffes qui sont au¬
tant ou plus trenchanles que celles
d’vn Lion , ou autre beste cruelle ,
elle monte sus les arbres , où elle fait
plus sa résidence qu’en terre. Elle a
la queue longue seulement de trois
doigts. Au reste c’est vn casestrange,
que iamais homme ne sçauroit dire
l’auoir veuë manger de chose quel¬
conque, quoy que les Sauuages en
ayent tenu longtemps dedans leurs
loges, pour voir si elles mangeroient
AV LIVRE DES MONSTRES.
quelque chose ; et disoient les Sauna¬
ges que seulement elles viuoient de
vent.
Dvn onithal foft Monstrueux naissant
en Afrique
i’ay retiré de lean Leon , en son
Histoire d’Afrique, cest animal fort
monstrueux, de forme ronde, sembla¬
ble à la Tortue : et sur le dos sont
croisés et signés deux lignes iaunes,
en figure de croix , à chaque bout
desquelles lignes est vn œil et vne
oreille, tellement qu’en quatre parts
et de tous costés ces animaux voient et
oyent , des quatre yeux et des quatre
oreilles , et toutesfois n’ont qu’vne
seule bouche et ventre, où descend
ce qu’ils boiuentet mangent. Ces bes-
tes ont plusieurs pieds autour du
corps , auecques lesquels peuuent
cheminer de quelque costé qu’ils
veulent sans contourner te corps : la
quetiê assez longue, le bout de la¬
quelle est fort touffu de poil. Et af¬
ferment les habitans de ce pays que le
sang de ces animaux est de mer-
ueilleusé vertu pour conioindre et
consolider les playes, et n’y a baume
qui ait plus grande puissance de ce
faire.
Mais qui est celuy qui ne s’esmer-
ueillera grandement de contempler
ceste beste, ayant tant d’yeux, oreil¬
les et pieds, et chacun faire son of¬
fice? où peuuent estre les instrumens
dédiés à telles operations? Véritable¬
ment quant à moy l’y perds mon es¬
prit, et ne sçauroîs autre chose dire ,
1 Cetarticleest, comme les autres, de 15Î9,
et U a été reproduit en 1585. Mais, par je ne
sais quelle négligence, le premier paragra¬
phe avait été omis dans la première édition
posthume, et par suite dans toutes les au¬
tres. C’était une nécessité de le rétablir.
787
fors que Nature s’y est ioûée, pour
faire admirer la grandeur de ses œu-
ures.
Du Caméléon 1,
On ti’ouue cest animal nommé Ca¬
méléon en Afriqoe , et est fait comme
vn lézard, sinon qu’il est plus haut
de iambes : d’auantage il a les flancs
et le ventre ensemble comme les pois¬
sons : aussi a-il des arestes sur le dos,
comme on voit aux poissons : il â mu¬
fle comme vn petit cochon, la queue
fort longue, qui va lousiours en ap¬
pointant , ses ongles fort aigus , et
marche ainsi pesamment qu’vne Tor¬
tue , et a le corps rude et escaillé
comme vn Crocodile : il ne ferme ia-
mais l’œil, et ne bouge point la pru¬
nelle. Au reste c’est vue chose admi¬
rable de parler de sa couleur : car à
toutes heures , principalement quand
il s’enfle, il la change : qui se fait à
cause qu’il a le cuir fort délié et min¬
ce, et le corps transparant 1 2 tellement
que de deux choses T vne, ou qu’en
la tenuité de son cuir transparant
est aisément représentée , comme en
vn miroir, la couleur des choses qui
1 Cet article existait déjà en 1573, où,
comme nous avons dit , il terminait le cha¬
pitre et le livre; il a cependant subi, en
1575 et 1579, quelques changements qui se¬
ront indiqués.
Immédiatement auparavant les trois édi*
tiens de 1573 à 1579 avaient un article sur
le Rhinocéros, lequel a été reporté depuis au
Discours de la Licorne.
2 En 1579 l’article était plus court; l’au¬
teur ajoutait seulement :
« Et outre ce a vne propriété indicible
pour ce faire : estant mort il est palle : i’ay
obserué ceste description , etc. »
En 1575, le paragraphe fut rédigé à peu
près comme on le lit aujourd’hui; et la ci¬
tation de Matthiolc est de 1579<
AFPENDICE
7S8
luy sont voisines (ce qui est le plus
vraisemblable) : ou que les humeurs
en luy esmeus diuersemont selon la
diuersilé de ses imaginalions , repré¬
sentent diuerses couleurs vers le cuir,
non autrement que les pend ans d’vn
coq d’Inde. Estant mort il est pâlie.
Matthiole dit que si on luy arra¬
che l’oeil droit quand il est en vie, il
nettoye les taches blanches qui sont
sus la cornée, meslé auec du laict de
chéure: si on se frotte de son corps, le
poil tombe : son fiel digéré et oste les
cataractes des yeux.
l’ay obserué ceste description en
celuy que i’ay en mon logis.
CHAPITRE IV.
DES MONSTRES CELESTES-
Les anciens nous ont laissé par es-
crit que la face du Ciel a esté tant de
fois défigurée de Cometes barbues,
cheuelues , de torches , flambeaux ,
coulonnes , lances , boucliers, batail¬
les dénuées , dragons, duplication de
Lunes et Soleils , et autres choses ; ce
que ie n’ay voulu obmettre, pour ac¬
complir ce liure des Monstres : et
pour ce en premier lieu ie produiray
ceste histoire , figurée aux histoires
prodigieuses de Boistnau , lequel dit
l’auoir tirée de Lycosthene.
L’antiquité , dit-il , n’a rien experi.
meuté de plus prodigieux en l’air, que
la Comete horrible de couleur de sang
qui apparut en Wesirie, le neufiéme
iour d’Oclobre mil cinq cens vingt
liuict. Ceste Comete estoit si horrible
et espouuentable, qu’elle engendroit
si grande terreur au vulgaire qu’il en
mourut aucuns de peur : les autres
lomberenl palades. Ceste estrange
Comete dura vne heure et vn quart ^
et commença à se produire du costé
du Soleil leuant , puis tira vers le
Midy : elle apparoissoil estre de lon¬
gueur excessiue, et si estoit do cou¬
leur de sang ; à la sommité d’icelle
on voyoit la figure d’vn bras courbé,
tenant vne grande espée en la main ,
comme s’il eust voulu frapper. Au
bout de la pointe il y auoil trois es-
toiles : mais celle qui estoit droite-
inent sur la pointe, estoit plus claire
et luisante que les autres. Aux deux
coslés des rayons de ceste Comete, il
se voyoit grand nombre de haches,
couteaux, espées coulouréesde sang,
parmy lesquelles il y auoit grand
nombre de faces humaines hideuses,
auec les barbes et cheueux hérissés.
losephe et Eusebe escriuent qu’a-
pres la passion de lesus-Christ , la
misérable destruction de la ville de
Hierusalem fut signifiée par plusieurs
signes , et mesme entre les autres
vne espouuentable comete en forme
d’espée luisante en feu , laquelle ap¬
parut bieu l’espace d’vn an sur le
temple ; comme demonstrant que
l’ire diuine se vouloit vanger de la
nation ludaïque , par feu , par sang,
et par famine. Ce qui aduint, et y eut
vne si calamiteuse famine, que les
meres mangèrent leurs propres en-
fans : et périrent en la cité, du siégé
des Romains , plus de douze cens mille
luifs , et en fut vendu plus de quatre
vingts dix mille
Les comètes ne sont iamais appa¬
rues sans produire quelque rnauuais
effet, et laisser vn sinistre euene-
ment, J.e poète Claudian :
* Ce paragraphe, et tout ce qui suit jus¬
qu’aux citations des Psaumes inclusivement,
sont des additions de
A.V LIVRK
Oncquos au ciel Comcte on n’a peu voir,
Que quelque mal ne nous face apparoir.
Les astronomes ont diuisé les corps
celesies en deux bandes : Tviie appe¬
lée estoiles fixes et arrestées, que
l’on voit bluetter ou estinccler au
Ciel , comme s’ils feussent feux em¬
brasés : les autres sont errantes, ap¬
pelées planètes , qui ne bluettent
point, et sont au nombre de sept,
ayant chacune son ciel, cercle, rond,
ou estage ; leurs noms sont , Saturne,
Jupiter, Mars , Sol , Venus , Mercure ,
et Lune. Les estoiles sont corps sphé¬
riques apparans et luisans , composés
de simple et pure matière , comme le I
Ciel , et nul n’en sçait le nombre ny
les noms , fors que Dieu. Or lesdites
planètes font leurs cours par le Zo¬
diaque (qui est vn des principaux et
le plus grand cercle du Ciel, et la
vraye route du Soleil ) qui trauerse
ou enuironne biaisement le Ciel , la
nuict et le iour, à fin que toutes les
contrées de la terre ioüissent alter-
naliuement des quatre saisons de
l’année, par le moyen du Soleil qui
sans cessemonte etdeualle, esclairant
et nourrissant en l’espace d’vn an
tout le rond de la terre. Il est le cha¬
riot et fontaine de la lumière des
corps celestes , n’en eslans que petits
ruisseaux : parquoy est nommé Roy
des estoiles, et le plus grand de tous
les corps celestes. Il est de trois épi-
cycles, c’est à dire, ciels ou estages,
au dessus de la Lune : il marche au
milieu de six planètes ; si elles s’ap¬
prochent de luy, pour n’empescher
sa route se retirent à l’escart au plus
haut de leurs pedits epicycles ou cer¬
cles : puis luy passé , elles deuallent
au plus bas , pour l’accompagner et
ac.co.ster comme les princes font leur
Hoy. Lt lors ayans fait leur deuoir,
DES MONSTRES.
s’arrestent , et d’vne reuereuce hon¬
teuse reculent en arriéré, descendans
au fond de leurs epicycles , pour con¬
templer, comme de loing , la face de
leur seigneur. Et quand il rapproche,
en reculant elles regaignent le haut
de leurs epicycles pour aller au dé¬
liant de luy : de sorte que le fentans
à quatre signes près , elles font sem¬
blant de l’attendre , puis luy ayans
fait la bien venue marchent deuant
luy vn peu à l’escart, pour ne donner
empeschement à sa carrière et course
naturelle.
Celle qui est nommée Saturne , par
l’estimation des astronomes, est qua¬
tre vingts dix fois ou enuiron , plus
grosse que toute la terre , de laquelle
elle est loing de plus de trente six
millions de lieues françoises. La gran¬
deur de celle nommée lupiter est es¬
timée nonante et six fois plus grosse
que le diamètre de la terre , et en est
esloignée de plus de vingt deux mil¬
lions de lieues. La planete de Mars est
aussi grosso que la terre , et est esloi¬
gnée d’icelle de trois millions cin¬
quante quaîre mil deux cens quatre
lieues. La Lune signifie mois , par-ce
quêtons les mois elle se renouuelle ;
elle est esloignée de la terre deocr
tante mil deux cens treize liéuës ;
elle est plus espaisse et obscure que
les autres estoiles , attachée à sa
spherequi la porte par certains mou-
uemens , tours et retours estans limi¬
tés: creée de Dieu pour remarquer
aux hommes les temps et saisons, et
besongner par sa lumière et mouue-
ment és corps inferieurs
Le globe du Soleil est .soixante et
six fois plus grand que celuy de la
terre, et est presque .sept mille fois
plus grand que la Lune. Ptolomée
et autres astronomes ont trouué par
inuetdioiis geomelriques qu’il estoit
APPENDICE
790
cent soixante et six fois plus grand
que toute la terre : il viuifie tous les
animaux , non seulement ceux qui
sont sus la terre , mais aussi ceux qui
sont au profond des eaux. Le sei¬
gneur du Bartas l’appelle postillon
continuel, fontaine de chaleur, source
4e clairté, vie de l’vniuers, flambeau
du monde, et ornement du Ciel. B’a-
uantage le Soleil fait son tour du
Ciel aTitour de la terre en vingt qua¬
tre heures, et cause îes commodités
et agréables reuolutions du iouret
de la nuict , pour le soulagement e,t
contentement de l'homme , et de tous
animaux.
Que le lecteur considéré et adore
icy l’admirable sagesse et puissance
du Créateur, en la grandeur, vistesse
continuelle , incroyable rapidité ,
lueur et chaleur immense, et con-
ionctions et mouuemens contraires
en vn si noble corps que celuy du So¬
leil, qui en vne minute d’heure fait
plusieurs milliers de lieues sans qu’on
l’apperçoiue bouger, et n’en recpn-
nojst-on rien qu’aprés qu’il est fort
auancé en sa course. Qui plus est , la
moindre estoile est dix huit fois plus
grande que toute la terre. Cecy soit
dit non seulement pour vne grande
spéculation, mais à la louange du
Créateur, et pour humilier l’homme,
qui fait tant de bruit en la terre , qui
n’est rien qu’vu point au regard de la
machine celeste.
Outre plus il y a au Ciel douze si¬
gnes, à sçauoir Àries . Taurus, Ge¬
mini, Cancer, Léo, Virgo , Libra,
Scorpius , Sagittarius , Capricornus ,
Aquarius , Pisces , tous lesquels sont
diftérens. L’vsage d’iceux est que par
leur conioriction auec le Soleil, ils
augmcutciil ou diminuent la chaleur
d’iceUiy, à oe que par telle variété de
chaleur soient Iproduites les quatre
saisons de l’année, la vie et conserua-
tion soit donnée à toutes choses. Les
cieux sont vne quinte-essence des
quatre elemens faits de rien, c’est à
dire , sans matière.
Hola, ma plume, arreste toy : car
ie ne veux ny ne puis entrer plus
auant au cabinet sacré de la diuine
maiesté de Dieu. Qui en voudra sçu-
uoir d’auantage lise Ptolomée, Pline,
Aristote, Milichius, Cardan, et autres
astronomes, et principalement le sei¬
gneur du Bartas, et son interprète,
qui en ont très doctement et diuine-
ment escrit au 4. iour de la Sepmaine,
où l’on trouuera pour se contenter :
et confesse en auoir retiré les choses
cy dessus mentionnées, pour instruire
le ieune Chirurgien à la contempla¬
tion des choses celestes. Et icy chan¬
terons auec ce grand prophète diuin,
Psal. 19.
Les cieux en chacun lieu
La puissance de Dieu
Racontent aux humains :
Ce grand entour espars
Publie en toutes parts
L’ouurage de ses mains.
Et au Pseaume viij .
Et quand ie voy et contemple en courage
Les Cieux, qui sont de tes doigts haut ouurage,
Estoîles , Lune , et signes differans,
Que lu as faits et assis en leurs rangs :
Alors ie dis à par moy, ainsi comme
Toutesbahl : et qu’est-ce que de l’homme,
D’auoir daigné de luy le souuenir,
Et de vouloir en ton solng le tenir .î*
D’auantage ie ne veux laisser icy à
escrire choses monstrueuses et admi¬
rables qui se sont faites au ciel. Et
premièrement Boistuau oseriten se.s
histoires prodigieuses, qu’en Sugolie
située sur les contins de Hongrie, il
tomba vne pierre du ciel auec vn
AV LIVRE DES MONSTRES.
horrible esclatement , le septième
iour de septembre 1514, de la pesan¬
teur de deux cens cinquante liures,
laquelle les citoyens ont fait enclauer
en vne grosse chaisne de fer, au mi¬
lieu de leur temple : et se monstre
auec grand’ merueille à ceux qui
voyagent par leur prouince, chose
merueilleuse comme l’air peut sous-
tenir telle pesanteur.
Pline escrit que durant les guerres
des Cimbres, furent otiis de l’air sons
de trompettes et clairons, auec grands
cliquetis d'armes. Aussiil dit d’auan-
tage, que durant le consulat de Ma-
rius, il apparut des armées au ciel,
dont les vnesvenoient de l’Orient, les
autres de l’Occident, et se combatti¬
rent tes vnes contreles autres longue¬
ment, et que celles d’Orient repous¬
seront celles d’Occident. Ce mesme a
esté veu l’an 1535. en Lusalie, vers vn
bourg nommé luben , sur les deux
heures après midy. D’auanlage l’an
1550, le 19. de luillet, au pays de Saxe,
non fort loing de la ville de Witem-
berg, fut veu en l’air vn grand cerf i,
enuironné de deux grosses armées,
lesquelles faisoient vn grand bruit en
se combattant, et à l’instant mesmele
sang tomba sur la terre, comme vne
forte pluye ; et te soleil se fendit en
deux pièces, dont l’vne sembloit estre
tombée en terre. Aussi auant ta prise
de Constantinople il apparut vne
grande armée en l’air, auec vne infi¬
nité de chiens, et autres besles.
Iulius Obsequens dit, que l’an 458.
en Italie, il pleut de la chair par gros
et petits lopins, laquelle fut en partie
deuorée par les oiseaux du ciel, auant
qu’elle tombast en terre ; et le reste
qui cheutàtorre demeura long temps
» Chapitre 17. — A. P. Ce renvoi se rap¬
porte au livre de UoaistuâU.
791
sans se corrompre , ny changer de
couleur ny d’odeur. Et qui plus est,
l’an 989, régnant Otton Empereur
troisième de ce nom, pleut du ciel du
froment. En Italie l’an 180, il pleut du
laict et de l’huile en grande quantité,
et les arbres fruitiers portèrent du
froment. Lycosthenes raconte, qu’en
Saxe il pleut des poissons en grand
nombre : et que du temps de Loys
Empereur, il pleut trois iours et trois
nuits durant, du sang : et que l’an
989, il tomba vers la ville de Venise ,
neige rouge comme sang : et que
l’an 1565, eni’EueschédeDole.ilpleut
du sang en grande quantité. Ce quj
aduint la mesme année, le mois de
luin , en Angleterre.
Et non seulement se fait des choses
monstrueuses en l’air, mais aussi au
soleil et en la lune. Lycosthenes es¬
crit que durant le siégé de Magde-
bourg, du tempsde l’Empereur Char¬
les cinquième, sur les sept heures du
matin, il apparut trois soleils, des¬
quels celuy du milieu estoitfort clair,
les autres deux tiroient sur le rouge
et couleur de sang, et apparurent
tout le iour : aussi sur la nuict appa¬
rurent trois lunes. Ce mesme est ad-
uenu en Bauiere, 1554.
Et si au ciel s’engendrent telles
nouuelles, nous trouuerons la terre
produire d’autant ou plus admirables
et dangereux effets. L'an 642. toute
la terre trembla, et mesme le mont
Ætna vomit force flammes et flammè¬
ches, dont la plus grande part des
villes, et villages, et biens de ladite
Isle furent embrasés •.
1 Tout ced est de la rédaction de 1579 j
mais le chapitre ne s’arrêtait point là :
« D’auantage l’an 1531 en Portugal il ad¬
uint que la terre trembla huict iours durant,
et par chaque Iour sept ou huict fois, telle¬
ment qu'en la seule ville de Lyspotma 1050
APPENDICE
792
CHAPITllE V *.
Abraham Ortelius, au theatrede
l’vniuers , descrit qu’il y a en Sicile
vne monlagne bruslante, nommée
Ætna : de ceste montagne ont escrit
plusieurs philosophes et poêles , par¬
ce que continuellement elle iette feu
et fumée, laquelle a plus de trente
lieues d’Italie de hauteur, et plus de
cent lieues de circuit par embas :
comme Facellus escrit, qui l’a très
bien regardée, et auec non moindre
curiosité descrite. Par dessus de ceste
continuelle flambe qui ne s’esteint
point, elle iette aucunesfois telle
quantité de feu, que tout le pays cir-
conuoisin en est totalement gasté et
maisons furent ruinées, sans plus de six eents
qui furent fendues et creuees : et de n’ague-
res la ville de Ferrare a esté presque ruinee
par pareil tremblement (l’an 1561). Pline
raconte et dit, que de son temps sous l’em¬
pire de Néron, que Yasseus Marcellus, che-
ualier Romain , auoit au territoire Marrucin
quelques champs , vn de ça l’autre delà
le grand chemin, l’vn estant vn pré, et
l’autre planté d’oliuiers ; Aduint par vne es-
merueillable vertu que ces deux champs
changèrent déplacé : car lesoliuiersse trans¬
portèrent là où estoit le pré , et le pré au cas
pareil fut veu se transporter au lieu où es-
toyent les oliuiers, ce qui fut iugé procéder
par tremblement de terre. »
Après ceci il y avait un dernier paragra¬
phe qui se retrouvera , au moins en partie,
dans le chapitre suivant ; et le livre était
terminé par une histoire digne d’eslre bien
considérée, tant des Médecins que des Chirur¬
giens. Celte histoire est celle d’Isabeau Ro-
lant, reportée en 1585 au Livre des Tu¬
meurs en general: Voyez tome I, page 356.
Il n’y a eu d’autre changement que l’omis¬
sion du nom ûa Rebours, cité en 1579 parmi
les Docteurs qui avaient vu l’autopsie, et
brtislé. Mais combien de fois cela est
venu, nos prédécesseurs ne l’ont pas
couché par mémoire : neanlmoins ce
queles autheursen ont escrit, nous
le raconterons icy briefuement, et se¬
lon le dire de Facelle.
L’an de la fondation de la ville de
Rome 350 , ceste monlagne vomist
tant de feu, que par les brasiers et
charbons qui en sortirent , furent
bruslés plusieurs champs et villages :
250. ans après aduint le semblable ;
37. ans après cecy elle desgorgea et
ietta tant de cendres chaudes, queles
toits et couuertures des maisons delà
ville de Calana, située au pied de ceste
montagne, de la pesanteur d’icelles
furent ruinées. Elle fit semblable¬
ment grand dommage du temps de
effacé en 1585. Après cette histoire Paré
poursuivait :
« A ce propos ledict sieur Milot m’a dict
auoir leu vue presque semblable histoire,
escrite par lean Philippe Ingrassias, docte
Médecin de Sicile, etc. »
Ceci a été égalemen t reporté au même cha¬
pitre du Livre des Tumeurs, tome I , p. 353,
. jusqu’au milieu du premier paragraphe de
la page 354 , après ces mots : Ce qui est con¬
forme à la doctrine de Galien, lequel veut les
escrouëlles n’estre autre chose que les glandules
scirrheuses et endurcies. Mors l’auteur ajou¬
tait , ce qui terminait le livre ;
« Or qu’il y ayt plusieurs glandules au
mesentere , cela a esté demonstré cy dessus
en nostre Anatomie. On a veu pareillement
des femmes estant decedees auoir leur ma¬
trice toute squirrheuse et de grosseur de la
teste d’vn homme , qu’on eslimoit estre vne
molle, ce qui n’cstoitpas : aussi on en voit
estre la matrice squirrheuse en vne partie
seulement , tous lesquels squires sont incu¬
rables. n
‘ Ce chapitre presque tout entier est de
1585. 1! ne porte pas de titre; et en délini-
live il fait directement suite au dernier pa¬
ragraphe du chapitre précédent.
AV LIVRE DI
l’Empereiii' Caligiila , et puis après ]
l’an 254. Le premier iour de feurier, 1
l’an 1169 elle abbatit par le feu con¬
tinuel qui en sortoit, plusieurs ro¬
chers, et causa tel tremblement de
terre que la grande Eglise de la ville
de Catana en fut démolie et abbatue :
etl’Euesque,auec les Preslres, et gens
qui y estoient pour lors, furent assom¬
més et froissés. L’an 1329, le premier
iour de iuillet, ayant fait nouuelle ou-
uerture, abbatit et ruina par ses flam¬
mes et tremblement de terre qui en
aduint, plusieurs Eglises et maisons
situées à l’entour de ladite montagne :
elle fit tarir plusieurs fontaines ,
ietta dans la mer plusieurs bateaux
qui estoient à terre, et au mesme ins¬
tant se fendit encore entrois endroits
de telle impétuosité, qu’elle renuersa
et ietta en l’air plusieurs rochers,
• voire aussi des forests et vallées, iet-
tant et vomissant tel feu par ces
quatre conduits infernaux, qu’il de-
couloit de ladite montagne en bas,
comme de ruisseaux biuyans, rui¬
nant et abbattant tout ce qu’il ren-
controit ou lu y faisoit résistance ;
tout le pays circonuoi.sin fut couuert
de cendres sortans hors de cesdites
gueules ardantes au sommet de la
montagne , et beaucoup de gens en
furent eslouffés : de maniéré que les-
dites cendres de ceste odeur sulphu-
rée furent transportées du vent ( qui
souffloit alors du Septentrion) iusques
à risle de Maltba, qui est dlsiante de
160. licuës Italiques de ceste monta¬
gne là. L’an 1444, se demenoit de re¬
chef fort terriblement, en vomissant
feux et cailloux. Après ce temps là
elle cessoit de ietter feux et fumée,
tellement qu’on l’estimoit totalement
esteinte, et ne deuoir plus brusler.
Mais ce beau temps là (par manière
de dire) estoit bien tost passé. Car
S MONSTRES,
l’an 1536, le 22. de mars, elle recom¬
mença à vomir force flambes ardantes,
qui abbalirent tout ce qu'elles ren¬
contrèrent en chemin. L’Eglise de
S. Leon , située dedans la forest ,
tomba par le tremblement de la mon-
• tagne, et incontinent après elle fut
tellement embrasée du feu, qu’il
n’en reste plus rien, sinon vn mon¬
ceau de pierres bruslées.
Tout cecy estoit vne chose bien
horrible. Mais ce n’estoit encore rien
au prix de ce qui est aduenu depuis en
l’an 1537, le premier iour de may.
Premièrement toute ITsle de Sicile
trembla douze iours durant ; après
il fut oüy vn horrible tonnerre, auec
vn esclat bruyant, tout ainsi que les
grosses artilleries, dont plusieurs mai¬
sons se démentirent par toute ceste
Isle. Cecy dura enuiron l’espace
d’onze iours : après cela elle se fendit
en plusieurs et diuers endroits, des¬
quelles fentes et creuasses sortit telle
quantité de flambes de feu, qui des¬
cendirent de ladite montagne, qu’en
l’espace de quatre iours ruineront et
mirent en cendres tout ce qu’il y auoit
à quinze lieues à la ronde, voire aussi
plusieurs villages furent entièrement
bruslés et ruinés. Les habitans de
Catana, et plusieurs au très, abandon-
nans leurs villes s’enfuirent aux
champs. Vn peu de temps après, le
trou qui est au sommet de la monta¬
gne ietta trois iours consecutifs telle
quantité de cendres, que non seule¬
ment ceste mon tagne en fut couuerte,
mais qui plus est, elle s’espandit et
fut chassée du vent iusques aux ex¬
trémités de ceste isle, voire outre la
mer iusques en Calabre. Certaines
nauires voguans en la mer pour aller
deMe.ssina à Venize, distant de ceste
isle trois cens lieuës Italiques, ont
esté entachées des cendres susdites.
APPENDICE AV LIVRE DES MONSTRES.
794
Voicy ce que Facelius en escrit en
langue latine de ses histoires ti agi-
ques, mais beaucoup plus au long. 11
y a enuiron trois ans que les nouucl'
les vindrent à Anuersqueladite mon¬
tagne auoit grandement endommagé
le pays par ses feux. En ceste isle fu- J
ren t iadis plusieurs villes magnifiques,
comme Syracuse, Agrigente et autres ;
pour le présent Messine, Païenne, y
sont les principales.
Marc Paul Vénitien au 2. liure des
Pays orientaux , chap. 64. dit que la
ville de Quinsay est la plus grande
ville du monde, et qu’elle a cent mil
les d’Italie de circuit, où il y a douze
mille ponts de pierre, sous lesquels
les vaisseaux à masts esleuéspeuuent
passer. Elle est en mer comme Yenize.
Il affirme y auoir seiourné : ce que
i’ay recueilli de l’interprete de Sa-
luste du Bartas, en son quatrième
iour de la Sepmaim, fueillet cent
soixante six.
Il aduient pareillement choses ad¬
mirables és eaux. Car on a veu sortir
des abysmes et gouffres de la mer
grosses flammes de feu au trauers de
Peau, chose fort monstrueuse, comme
si grande quantité d’eau ne suffo-
quoit le feu ^ : en cela Dieu se monstre
> Ce commencement du paragraphe est
textuellement copié du texte de 1579. Mais
tout le reste est de rédaction nouvelle ; et
en 1579, voici comment l’auteur continuait :
« Dauantage les eaux se sont si estrange-
ment et prodigieusement débordées que
l’an 1530 la mer se déborda tellement en
Hollande et Zelande que toute l’isle cuida
oslre noyee, et toutes les villes et villages fu¬
rent rendues navigables par longue espace
incompréhensible comme en toutes
ses œuures. Lucio Maggio en son dis¬
cours du tremblement de terre, dit
qu’on a veu que par vn tremblement
de terre , l’eau de la mer s’eschaulfa
de telle sorte qu’elle fit fondre toute
la poix autour des nauires qui es-
toient pour lors à la rade, iusques à
voir les poissons nager sur l’eau
quasi tout cuits, et moururent infinies
personnes et bestes par l’extreme
chaleur. Pareillement on a veu en
mer calme, en vn moment les nauires
abysmer, à raison qu’elles passent
sur quelques abysmes, où l’eau est
morte et impuissante de soustenir
faix. D’auantage en la mer il y a des
rochers de pierre d’aimant, que si les
nauires passent trop prés, à cause du
fer, sont englouties et perdues au pro¬
fond de la mer. Somme il se trouue
d’estranges et monstrueuses choses
en la mer, ce qui est prouué par ce
grand Prophète Dauid, qui dit,
pseanme lot.
En ceste mer hauircs vont errant.
Fuis la Baleine, horrible monstre et grand,
Y as formé, qui bien à l’aise y noue,
Et à son gré par les ondes se loué.
de temps. Aussi à Rome le Tibre se déborda
auec telle violence qu’il submergea vne
grande partie de la ville , tellement qu'en
aucunes rues l’eau surmontoit la hauteur de
trente six pieds. Et rnesmes ces années pas¬
sées, le Rosne se déborda do telle façon, qu’il
renuersa vne partie du pont de Eyon et plu¬
sieurs maisons de la Guillauliere. »
Je ne sais pourquoi ce passage a été re¬
tranché en 1585, et Je ne l’ai retrouvé dans
aucun autre endroit des œuvres de Paré.
VIN DU TROISIEME ET DERNIER VOLUME,
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS CE VOLUME.
Pbéface du troisième volume. j
§ I. — Additions à l'histoire de la chi¬
rurgie au moyen âge. iv
S il.— Additions à l’histoire d’A. Paré, ix
S 111.— Additions relatives aux écrits
d’A. Paré. xy
Table des auleurs cités par A. Paré, xx
§ IV.— Inauguration de la statue de
Paré. xxij
Discours prononcé par M. Pariset. xxvj
LE DIX-NEVFIÉME LIVRE
Traitant des monstres et prodiges.
Pbefack. 1
Chapitre i. Des causes des monstres. .3
Chap. II. Exemple de la gloirede Dieu. Ib.
Chap. III. Exemple de l’ire de Dieu. Ib.
Chap. iv. Exemple de la trop grande
quantité de semence, 6
Chap. v. Des femmes qui portent plu¬
sieurs enfans d’vne ventrée. 14
Chap. vi. Des hermafrodites ou andro-
gynes, c’est-à-dire, qui en vn mcsme
corps ont deux sexes. 15
Chap. vu. Histoires mémorables de
certaines femmes qui sont dégénérées
en hommes. 16
Chap. viii. Exemple du defaut de la
quantité de la semence. 30
Chap. ix. Exemple des monstres qui
se font par imagination. SU
Chap, x. Exemple de l’angustie ou pe¬
titesse de la matrice. 36
Chap. xi. Exemple des monstres qui se
font, la mere s’estant tenue trop longue¬
ment assise, ayant eu les cuisses croi¬
sées , ou pour s’estre bandé et serré trop
le ventre durant qu’elle estoit grosse. Ib.
CiiAP. XII. Exemple des monstres qui
sont engendrés , la mere ayant reçu
quelque coup , ou cheute, estant grosse
d’enfant.
Chap. XIII. Exemple des monstres qui
se font par les maladies héréditaires.
Chap. xiv. Exemple de choses mons¬
trueuses qui sont aduenues en maladies
accidentales,
Chap. XV. Des pierres qui s’engendrent
au corps humain.
CiiAp.xvi. De certains animaux mons¬
trueux qui naissent contre nature aux
corps des.hornmes, femmes, et petits
enfans.
Chap. xvii. De certaines choses es-
tranges que Nature repousse par son in¬
compréhensible prouidence.
Chap. xviii. De plusieurs autres choses
estranges.
Chap. xix- Exemple des monstres qui
se font par corruption et pourriture.
Chap. xx. Exemple de la commistion
et meslange de semence.
Chap. xxi. Exemple de l’artifice des
meschans gueux de l’ostiere.
Chap. xxii. L’imposture d’vne belis-
tresse feignant auoir vn chancre à la
mammelle.
Chap. xxiii. L’imposture d’vn certain
maraul qui contrefaisoil le ladre.
Chap. xxiv. D’vne cagnardiere fei-
gnantestre malade du mal Sainct Fiacre,
et luy sortoit du cul un long et gros
boyau, fait par artifice.
Chap. xxv. D’vne grosse garce de Nor¬
mandie , qui feignoit auoir vn serpent
dans le ventre.
Chap. xxvi. Exemple des choses mons¬
trueuse» fai le» par le» démon» et sorcier».
27
Ib.
28
29
33
38
41
42
43
46
Ib.
47
61
52
64
TATîT.i;
?agM.
Chap. XXVII. De ceux qui sont possé¬
dés des démons, qui parlent en diuerses
parties de leurs corps. ^6
Chap. xxviii. Comme les démons ha¬
bitent és carrières. 57
Chap. xxix. Comme les démons nous
peuuent deceuoir. 58
Chap. xxx. Exemple de plusieurs illu¬
sions diaboliques. 60
Chap. xxxi. De l’art magique. 61
CiiAP. xxxii. De certaines maladies es-
tranges. 62
Chap. xxxiii. Des incubes et succubes
selon les médecins. 66
Chap. xxxiv. Des nouëurs d’esguillette. 67
Chap. xxxv. Autres histoires non hors
de propos. Ib.
LE VINGTIEME LIVRE
Traitant des fléures en general et en
particulier.
PREFACE AV LECTEVR. 69
Table ou indice de tout ce discours
des fiéures. 73
PREMIERE PARTIE
Du discours des fiéures, etc.
Chapitre i. La définition des fléures. 74
Chap. ii. Des causes generales de la
fiéure. 77
Chap. iii. Des signes des fléures en
general. 79
CiiAP. IV. De la curation des fléures
en general. SI
Chap. v. Des moyens desquels on se
sert à guérir les fléures. 84
Chap. vi. La différence des fléures. 87
Chap. vu. Des fléures en particulier ,
et premièrement de la fiéure ephemere. 88
Chap. viii. De la fiéure humorale, et
de ses différences. 92
Chap. ix. De la fiéure synoque simple. 94
Chap. x. Des causes et signes de la
synoque simple. 90
Chap. xi. De la cure de la synoque
simple. 97
CiiAP. XII. Des fléures putrides en ge¬
neral , et de leurs différences. 99
P«rm.
Chap. xiit. Des causes et signes des
fléures putrides. 102
Chap. xiv. De la cure des fléures pu¬
trides en general. 105
Chap. xv. De la fiéure synoque. 107
Chap. xvi. De la cure de la synoque
putride. 110
Chap. xvii. Des fléures intermitten¬
tes , de leurs especes , et comment elles
sont distinguées des continues. 113
Chap. xviii. Pourquoy les accès des
fiéures intermittentes retournent à cer¬
tains iours, sçauoir des quotidianes tous
tes iours, des tierces de trois en trois ,
de quartes de quatre en quatreMours. 117
Chap. XIX. Des fiéures faites de la bile,
et premièrement de la tierce intermit¬
tente vraye et légitimé. 121
Chap. xx. Des signes de la fiéure tierce,
où il s’agit de la rigueur et de l’horreur. 123
Chap. xxi. De la cure de la liéure
tierce légitimé. 126
Chap. xxii. De la fiéure tierce bas-
tarde , de ses causes , signes et cure. 1.30
Chap. xxiii. De la fiéure ardente, es¬
pece de fiéure tierce continue. 1.33
CiiAP. xxiv. De la fiéure tierce conti¬
nue. 136
Chap. xxiv. Des fiéures pituiteuses ,
et premièrement de laquotidiane inter¬
mittente, légitimé et illégitime. 138
CiiAp. XXVI. De la fiéure quotidiane
continue. 142
Chap. xxvii. De la fiéure epiale, et
de la lypirie. 143
Chap. xxviii. Des fiéures faites de l’hu¬
meur mclancholiqne , et premièrement
de la quarte intermittente vraye. 146
Chap. xxix. De la fiéure quarte inter¬
mittente bastarde. 153
(’.iiAp.xxx. Des fiéures quintaine, sex-
taine , octainc , etc. l .56
Chap. xxxi. De la fiéure quarte con¬
tinue. 158
Chap. xxxii. Des fiéures humorales
composées , et premièrement de l’he-
rnitritée. 160
Chap. xxxiii. De la double et triple
tierce, double (luotidiane, double et tri¬
ple quarte. 166
DBS MATIÈBES.
797
Pngc»
tiliAP. XXXIV. Des (iéures confuses. iG9
Giiap. XXXV. De la fiéure hectique, de
ses différences, causes, sijjties et cure. 170
Chap. XXXVI. Des fiéurcs symptomati¬
ques, de leur différence et curation. ne
Chap. xxxvii. Des fiéures extraordi¬
naires. J 30
CiiAP. XXVI. De la scicheresse, noir¬
ceur, et autres acciclcns de la langue. 205
Cm\p. xxvii. De la froideur des extré¬
mités du corps. iij
Chap. xxviii. De l’excessiue chaleur. 206
Chap. xxix. De la tension des hypo-
chondres. i.
secondk partie
Du discours des fiéures, louchant leurs
symptômes.
LE VINGT-VNIÉME LIVRE
Traitant de la maladie arthritique, vul-
Chap. I. De la diuision des symptô¬
mes, et suite de ce discours. 12
Chap. ii. Des symptômes de l’action
lesée, et premièrement de la douleur, 184
Chap. iii. Des veilles immodérées. 187
Chap, iv. De l’assoupissement et som¬
meil profond. 188
Chap. v. Du déliré ou resuerie. 189
Chap. VI. De la conuulsion et iectiga-
tion. 190
Chap. vu. De la paralysie. 191
Chap. viii. De l’esbloüissement des
yeux. Jb.
Chap. IX. De la surdité. 192
Chap. x. De la difficulté de respirer. 193
Chap. xi. De la toux. Ib.
Chap. xii. De la difficulté d’aualler. 194
Chap. xiii. Du degoust et appétit
perdu. 195
Chap. xiv. Des nausées et enuies de
vomir. 196
Chap. xv.Du sanglot et hocquet. Ib.
Chap. xvi. Du vomissement. 197
Chap. xvii. De la soif desregiée. 198
Chap. xviii. De ia lipothymie et syn¬
cope, 199
Chap. xix. Des symptômes qui sui-
uenl l’ametrie des excremens : et pre¬
mièrement du flux de ventre. 200
Chap. xx. De la dureté du ventre, 201
Chap. xxi. De la suppression d’vrine. 202
Chap. xxii. Du flux excessif d’vriiie, Ib.
Chap, xxiii. Des sueurs immodérées. 203
Chap, xxiv. Du flux de sang immo¬
déré. Ib.
CiiAP, XXV. Des symptômes des fiéures
qui appartiennent à lu simple uflection
du corps : et premlcrcinent de la iuu-
nisse. 204
gairemem appellée goule.
Chap. i. Description de la maladie ar¬
ticulaire, dite vulgairement goûte. 208
Chap, ii. Des causes occultes des
goules. 209
Chap. ni. Histoires mémorables. 211
Chap. iv. Des causes acquises et ma¬
nifestes des goûtes. 213
Chap, v. De l’origine de la defluxion
des goûtes. 215
Chap. vi. Signes que la fluxion vient
du cerueau, 216
Chap. vu. Les signes que la fluxion
vient du foj e et de la masse sanguinaire. 217
Chap. viii. Les signes pour connois-
Ire quelle humeur accompagne le virus
arthritique. Ib.
Chap. ix. Les signes de la cholere. Ib.
Chap. x. Signes de l’humeur pitui¬
teux. 218
Chap. xi. Signes de l’humeur meian-
cholique. 219
Chap. xii. Prognostic de la goûte. Ib.
Chap. xiii. Cure preseruatrice et cu-
ratiue des goûtes. 222
Chap. xiv. Du vomissement. 224
CiiAP. XV. Diuers remedes pour les
gouteux. 226
Chap. xvi. De la maniéré de viure des
gouteux. 229
Chap. xvii. Du boire des gouteux. 230
CiiAP. XVIII. Pour roborer les iointurcs. 231
Chap. xix. De la cure palliatiue des
goûtes. 232
Chap. xx. Des remedes topiques ou
particuliers pour matière froide. 235
Chap. xxi. Remedes locaux pour la
goûte de matière chaude, principale¬
ment faite de sang.
79»
TABLE
Vdgei.
Chap. XXII. Remedes topiques pout
l’humeur cholérique,
Chap. ixiii. Des aides de la douleur
faite d’intemperature sans matière. 2^
Chap. xxiv. Ce qu’il faut faire la dou¬
leur cessée des goûtes. 2
Chap. xxv. Des tophes ou nœuds qui
viennent aux iointures des gouteux. 2
Chap. xxvi.Des ventosités qoî le plus
souuent sont trouuées auec les goules,
et de leurs remedes. ‘
Chap. xxvn. De la sciatique. 5
Chap. xxviii. Cure de la sciatique. !
Chap. xxix. De la goûte grampe. !
LE VINGT-DEVXIÉME LIVRE
Traitant de la petite veroUe, rougeollefet
vers des petits enfanst et de la lepre.
Chap. i. Des causes de la petite ve-
rolle et rougeolle. 2E
Chap. ii. De la cure de la petite te-
rolle et rougeolle. 2i
Chap. in. Quelles parties faut pteser-
uer de la verolle. 2(
Chap. iv. Des vers qui s’engendrent
és boyaux, 2i
Chap. v. Cure des ver». 2
Chap. vi. Des poux, morpions et ci¬
rons. 2
Chap. vu. Briefue description de la
lepre ou ladrerie. 2
Cbap, vi«. Des causes de lepre. 2
Chap. ix. Des signes qui monstrent la
préparation de la lepre. 2
Chap. x. Signes qui monstrent la Ic-
pte estreja confirmée.
LE VINGT-TROISIEME LIVRE
Traitant des venins et morsure des chiens
enragés, et autres morsures et piqtteures
de testes veneneuses.
Chap. i. Pourquoy l’autheur a escrit
des venins, 283
Chap. n. Question. 286
Chap. iu. Autre question. 281
Chap. iv. A sçauoir si les animaux
viuans des bestes venimeuses sont ve¬
nimeux, et si on en peut manger sans
danger. 288
Chap. v. Les signes des venins en ge¬
neral. 289
Chap. vi. L’opinion d’aucuns re-
prouttêe. 292
Chap. vu. Pour se donner garde d’es-
Ire empoisonné. 293
Chap. vin. Des dîuersions. 294
Chap. ix. Des venins en particulier. 296
Chap. x. De la corruption de l’air. Ib.
Chap. xï. Prognostic des venins en
general. 297
Chap. xii. Prognostic du venin des
Restes. 298
Chap. xiu. Cure de la morsure et pi-
qaeure des bestes vcnîmeoses. 300
1 Chap. xiv. De la cure vniuerselle. 303
! Chap. xv. La cause pourquoy les
chiens deniennent plustost enragés que
) les autres bestes. 304
Chap. xtï. Signes pour connoistre le
I chien estre enragé. 306
I Chap. xvii. Les signes pour connoîs-
tre vn homme auoir esté mordu d’vn
4 chien enragé. It,
Chap. xviii. Des aceidens qui vien-
K nent à ceux auxquels le venin du chien
Chap. XI. Du prognostie delà lepre. 279 enragé est commencé d'estre imprimé
Chap. xii. De faire séparer les ladres
de la conuersatlon et compagnie des
sains. 2
Chap. xïh. De la cure pour ceux qui
sont préparés à la lepre. 2
Chap. xir. De la lepre des Grecs, diefe
du vulgaire Mal sainct Main, qui est
vne roBgne. 2
Chap. xv. Des dartre».
aux parties nobles. 3i
Chap. xrx, Prognostic. 3
Chap. xx. Cure de la morsure d’vn
chien enragé. 3
Chap. xxi. De la cure de ceux qui sont
ja tombés en hydrophobie, et neanl-
moins se reconnoissent cncores en vn
miroir. 3
Chap. xxn. Du régime de ceux qui
DES MATIÈRES.
ont esté empoisonnés et mords des
chiens enragés, et des piqueures et
morsures des Restes venimeuses. Ib.
Chap. xxui. De la morsure ou pi-
queure delà vipere, et de ses aceidens. 313
Chap. xxiv. Du serpent appelé coule-
sang. 315
Chap. xxv. Du serpent nommé pour-
risseur. Ih.
Chap. xxvi. Du basilic. 316
Chap. xxvii. De certains serpens es-
tranges. 317
Chap. xxvin. De la salamandre. Ib.
Chap. xxix. De la torpille. 318
Chap. xxx. De la morsure d’aspics. Ib.
Chap. xxxi. De la morsure de cou-
leuure. 320
Chap. xxxu. De la morsure du cra-
paut. 321
Chap. xxxui. De lapiqueure du scor¬
pion terrestre. 323
Chap. xxxiv. De la morsure et pi-
queure des mouscbes et chenilles. 324
Chap. xxxv. De la morsure des arai-
gnes. 325
Chap. xxxvi. Des mouscbes cantha¬
rides. 326
Chap. xxxvni. De la mousche nommée
bupreste. 329
Chap. xxxvm. De la sangsue ou
suce-sang. 330
Chap. xxxix. De la murene. Id.
Chap. xl. De la piqueure d’vne viue. 331
Chap. xli. Piqueure de la tarerondc
ou paslenaque. 332
Chap. xlii. De la vénénosité du lié-
ure marin. 333
Chap. xliii. Du venin du chat. Ib.
Chap. xliv. De la vénénosité de cer¬
taines plantes. 334
Chap. xlv. Du bezahar. 339
Chap. xlvi. Des métaux et minéraux
venimeux. 342
CuAP, xLvii. De la propriété de l’ar-
gent-vif. 344
LE VINGT-QUATRIÈME LIVRE
Traitant de la peste.
Chap. I. Description de la peste. 350
Chap, ii. Des causes diuines de la
peste. 252
Chap. m. Des causes humaines ou na¬
turelles, et semences generales de la
peste, prises de la corruption de l’air. 356
Chap. iv. De l’alteration des hu¬
meurs , qui se fait principalement par
la maniéré de viure. 360
Chap, v. Signes ou présagés de la
peste à aduenir , pris de la corruption
de l’air. 302
CiiAp. VI. Signes de la peste, pris
de la corruption qui est en terre. 364
Chap. vu. La cure preseruatine , et
premièrement de l’air, du viure, et de
la maison. 365
Chap. viu. Description d’eaux cor¬
diales, electualres , opiates , pilules, et
autres remedes à prendre par la bouche,
preserualifs et curatifs de la peste. 368
Chap. ix. Des remedes particuliers,
ou choses qu’on applique par le deho'^s. ;373
Chap. x. D’aucunes choses que l’on
doit obseruer outre les precedentes,
pour la preseruation. 375
Chap. xi. De l’office des magistrats
et officiers publies, qui ont la charge
de la police. 377
Chap. xii. Comment l’on doit procé¬
der à Felectîon des médecins , chirur¬
giens et apoticaires , pour médicamen¬
ter les pestiférés. 378
Chap. xiii. Ce que doiuent faire ceux
qui seront esleus à penser et médica¬
menter les pestiférés. 379
Chap. xiv. Des signes de la pestepre-
sente. 381
Chap. xv. Des signes mortels de la
peste, 384
Chap. xvi. Des signes par lesquels
on peut connoistre que le malade est
infecté de la peste venant du vice de
l’air, et non des humeurs. 385
Chap. xvii. Signes que le malade est
infecté de la peste prouenant de la cor¬
ruption des humeurs. 3*3
Chap. xviii. Du prognostic. 388
Chap. xix. Comment se fait la fiéure
pestilentielle,
Chap. xx. Comment le malade se doit
8oo
TABLE
Page»
retirer du lieu infect, subit qu’il se sent
frappé de peste. 393
Chap. XXI. De la situation et habita¬
tion de la maison du malade de peste ,
et moyen d’y rectifier l’air. Id.
CiiAP. xxii. Du régime et maniéré de
viure du malade, et premièrement dü
manger. 396
CiiAP. xxin. Du boire du pestiféré
malade. 400
Chap. xxiv. Des medicamens alexi-
teres, c’est à dire contrepoisons, qui
ont vertu de chasser le venin pestiféré. 404
Chap. xxv. Des epithemes ou fomen¬
tations, pour corroborer les parties no¬
bles. 409
Chap. xxvi. A sçauoir si la saignée et
purgation sont necessaires au commen¬
cement de la maladie pestilente. 410
ÇiiAP. XXVII. Des medicamens purga¬
tifs. 413
Chap. xxviii. Des accidens et compli¬
cations des maladies qui aduiennent
aux pestiférés : et premièrement de la
douleur de teste. 418
Chap. xxix. De la chaleur des reins. 421
Chap. xxx. Accidens de peste. 422
Chap. xxxi. Des éruptions et pustules
appelées pourpre. 423
Chap. xxxii. De la cure des éruptions. 424
Chap. xxxiii. De l’aposteme pestiféré,
appellée bubon ou bosse. 427
Chap. xxxiv. De la cure de l’aposteme
pestiferéei Ib.
Chap. xxxv. Du charbon non pestiféré. 434
Chap. xxxvi. Description du charbon
pestiféré , et de ses causes, signes et
marques. 435
Chap. xxxvii. Prognostic des aposte-
mes et charbons pestiférés. 436
Chap. xxxviii. De la cure du charbon
pestiféré. 439
Chap. xxxix. Du prurit et démangeai¬
son qui vient autour de l’vlcere, et de
la maniéré de produire la cicatrice. 441
Chap. xl. De plusieurs euacuations
qui se font outre les precedentes, et
premièrement de la sueur. 443
Chap. xli. Du vomissement. 444
Chap. xlu. Du cracher et bauer. 445
Page».
CiiAP, XLiii. De l’esternüer et mou¬
cher. Ib.
Chap. xliv. De l’éructation ou rouc-
tement , et du sanglot.
Chap. xlv. De l’vrine. Ib.
Chap. slvi. Du flux menstruel. 447
Chap, xlvii. Des hemorrhoidcs. 448
Chap. xlviu. Pour prouoquer le flux
de ventre. 449
Chap. xlix. Pour arrester le flux de
ventre. 451
Chap. t. De l’eiiacuation faite par in¬
sensible transpiration. 454
Chap. li. De la curation des enfans
espris de la peste. 455
Chap. lu. Discours des incommodités
que la peste apporte entre les hommes,
et du souuerain remede. 457
Chap. lui. Epilogue ou conclusion de
ce discours de la peste. 48 1
Aduertissement de l’auteur. 464
CHAPITRE COMPLÉMENTAIRE.
De l’vsage de l’antimoine. 465
DISCOVRS
HE LA MVMIE ET HE LA LICORNE.
A très haut et puissant seigneur, messire
Christophe des Vrsains. 468
DISCOVRS
De la Mumie,
Chapitre i. 474
Chap. ii. 47g
Chap. m.
Chap. iv. 477
Chap. v. ^7g
Chap. vi.
Chap. vu. 4gj
Chap. vui. ^g2
Chap. ix. 485
Chap. x. 483
DISCOVRS
De la Licorne,
Chapitre i. Introduction de l’aii-
theur : description de la licorne. 491
CiiAp. II. Variétés d’opinions touchant
la description de la licorne. 492
DES MATIÈRES.
Pagcj.
Chap. m. 494
CiiAP. IV. 495
Chap. v. 497
Chap. vi. Discord des autheurs tou¬
chant le naturel de la licorne. 498
Chap. vu. Description du rhinocéros. 600
Chap. viii. Ib.
Chap. ix. Du taureau de la Floride. 601
Chap. x. Description du Pirassoipi,
espece de licorne d’ Arabie. Ib.
Chap. xi. Eléphant de mer. 603
Chap. xii. Du poisson nommé Caspilly. Ib.
Chap. xiii. Du poisson nommé Vletif,
espece de licorne de mer. 603
Chap. xiv. Poisson ressemblant par la
teste au porc sanglier. Ib.
Chap. xv. Question touchant les ver¬
tus prétendues de la licorne. Response. 606
CiiAP. xvi.Preuue faite par authorité. 607
Chap. xvii. Preuue faite par raison. 609
Chap. xviii. Des perles et pierres pré¬
cieuses, suiuant l’opinion de loubert. 610
Chap. XIX. Du pied d’Hellend. 611
REPLIQUE
D’Ambroise Paré, premier Chirurgien du
Roy, à la response faite contre son dis¬
cours de la licorne. 516
LE VINGT-CINQUIÈME LIVRE
Traitant de la faculté et vertu des medica-
mens simples, ensemble de la composi¬
tion et vsage d’iceux. 520
PREFACE. tb.
Chapitre i. Que c’est que médica¬
ment, et la différence entre médicament
et aliment. Ib.
Chap. ii. Diuision des medicamens
selon leur matière et substance. 521
Chap. iii. Diuision des medicamens
simples selon leurs qualités et effets. 622
Chap. iv. De la seconde faculté des
medicamens. ô27
Chap. v. De la troisième faculté des
medicamens. Ib.
Chap. vi. De la quatrième faculté des
medicamens. 628
Chap. vu. Des saucurs, 629
m.
80 1
Pag,,.
Chap. viii. De la façon de préparer
les medicamens. 633
Chap. ix. Des medicamens repercus-
sifs ou repoussans. 534
Chap. x. Des medicamens attractifs. 636
Chap. xi. Des medicamens résolutifs. 637
CiiAP. XII. Des suppuratifs. 539
Chap. xiii. Des medicamens emolliens
ou remollitifs. 540
Chap. xiv. Des detersifs ou mondifi-
catifs. 542
Chap. xv. Des medicamens sarcoti-
ques. 543
Chap. xvi. Des medicamens epuloti-
ques ou cicatrisatifs. 544
Chap. xvii. Des medicamens aggluti-
natifs. 545
Chap. xviii. Des medicamens causti¬
ques et corrosifs. 546
Chap. xix. Des medicamens anodyns. 547
Chap. xx. De la composition des me¬
dicamens et de leur vsage. 660
Chap. xxi. Des poids et mesures, et de
leurs figures. 661
Chap. xxii. Des clysteres. 562
Chap. xxiii. Des suppositoires, noüetS,
et pessaires. 558
Chap. xxiv. Des huiles. 560
Chap. xxv. Des linimens. 662
Chap. xxvi. Des onguens. 663
Chap. xxvii. Des ceroüennes et em-
plâstres. 668
Chap. xxviii. Des cataplasmes et pul-
tes. 675
Chap. xxlx. Des fomentations. 676
Chap. xxx. Des embrocations. 677
Chap. xxxi. Desepithemes. 678
Chap. xxxii. Des ruptoires ou cautè¬
res potentiels. 579
Chap. xxxiii. Des vésicatoires. 684
Chap. xxxiv. Des collyres. 685
Chap. xxxv. Des errhines et slernuta-
toires. 586
Chap. xxxvi. Des apophlegmatismes,
ou masticatoires.
Chap. xxxvii. Des gargarismes.
Chap. xxxviii. Des dentifrices.
Chap. xxxix. Des sachets.
Chap. xl. Des suffumigations et par¬
fums.
5i
8o2
ÏABLÉ
Pages.
Chap. xli. Des insessions ou demis
baings, 59Ô
Chap. xlii. Des baings. Ib.
Ghap. xliii. Des estuues. GOl
Chap. xliv. Des fards pour decorer
et embellir la face des femmes. 603
Chap. xlv. De la goutte rose* 606
Chap. xlvu La maniéré de faire noir¬
cir le poil. 610
CnAPi xLviii Psilothra^ ou dépilatoires
pour faire cheoir le poil. 612
LE VINGT-SIXIÈME LIVRE ,
tmiiàrii dei âisiiUaiiohs.
Chap. t. Que c’est que distillation , et
combien de sortes ou maniérés il y a dO
distiller. 6l4
Chap. ii. De la matière et forme des
fourneaux. 6l5
Chap. iu. Destaisseaux pour distiller. 616
Chap. it. Quelles choses doiuent eStre
considérées és distillations. 617
Chap. v. En quels vaisseaux faut dis¬
tiller les eaux. 618
ChaP; VI. Gomme il faut préparer les
matières deuant qu’en distiller leseâttx. 620
Chap. vu. La manière de distiller les
eaux. 621
Chap. via. De la maniéré de distil¬
ler Teau dévie y appelée l’ame ou l’esprit
de vin. 6^8
Chap* IX, La maniéré de rectifier les
eatix distillées. 624
Ghap. x. La maniéré de distiller par
filtre. Ib.
Ghap. xi. La maniéré de distiller les
huiles y et par combien de maniérés
elles sont extraites. 625
Ghap. xii. Là maniéré de tirer les
httiles des végétaux par distillation. 626
Chap. xiii. Autre maniéré pour tirer.
Péssence et esprit de tous aromates , tant
herbes, fleurs, semence set fruits: aussi
âë la rheubarbe, agaric , turbith, her-
modacte, et antres purgatifs.
Ghap. xiv. La maniéré de tirer l'huile
dès gommes , larmes , ou liqueurs es-
paisses y et résinés, et mesmede cer-
falhs bois.
Pages.
Chap. xv. La maniéré de’ tirer l’huile
dés gommes plus solides , comme myr-»
rbe, mastic et autres. 631
CiiAP. xvi. De la manière de faire
l’huile de vitriol. 683
REGISTRE
De toutes sortes de medicamens et inslru-
mens seruans à la guarisoti des malades^ 634
aphorismes d’hippocrates
AppartendriS â td cUyurglé.
Le temps d’Hippocrates devantGalien. 64 1
Aphorismes d’Hippocrates. 643
CANONS et REIGLES
Chifkfgitpiés de Vaùtèùr. 647
LE vWgt-séMémé livre,
Traitant des rappôtts , et dû mdgeri d’èin-
baumer les corps morts. 651
De la façon d’embaumer les corps. 670
APOLOGIE ET TRAITÉ
Contenantlesvoyagesjaiis en diuers lieux,
par Ambroise Paré , de Laual, conseil¬
ler et premier chirurgien du Roy. 676
Le voyage de Thurin. — 1536, 689
Voyage de MaroUe et de Basse-Bre¬
tagne. — 1543. 692
Voyage de Parpignan. — 1544. 694
Voyage de Landresy. — 1544, 695
Voyage de Boulogne* — 1545* 696
Voyage d’Allemagne. — 1552. 697
Voyage de Danuilliers. — 1652. 698
Voyage de Chasteau le Comte. —
1552. 699
Vojage de Metz* — 1552. 700
Voyage de Hedin. — 1553. 709
Bataille de Saint-Quentin. — 1557. 720
629 Voyage du camp d’Amiens.-^1558, 722
Voyage du Havre de Grâce, — 1563. Ib.
Voyage de Rouen. — 1562. 723
Voyage de la bataille de Dreux.
630 l 1562.
724
DES MATIÈRES.
8o3
Pagesj
Voyage de la bataille de Montcontoar.
— 1569. 725
Voyage de Flandres. 726
Voyage de Bourges.— 1562. 732
Bataille de Saint-Denys. 733
Voyage de Bayonne.— 1564. Ib.
LE LIVRE DRS ANIMAUX,
Et de l’e^c^denee de l’homtne.
\
Chapitre i. De la nature des bestes
brutes. 735
Chap. II. Du prognostic des animaux. 738
Chap. ui. De l’artifice et industrie
des animaux. 739
Chap. iv. De l’industrie et artifice des
oiseaux à faire leurs nids. 740
Chap. v. De l’artifice des araignées. 741
Chap. vi. Des mousches à miel. Ib.
Chap. vu. Du gouuernement des
raouscbes à miel. 742
Chap. viii. Des fourmis. 743
Chap. ix. Des vers qui font la soiç. 744
Chap. x. De l’industrie des animaux,
et de la conseruation et amitiéqu’ils ont,
et principalement de leurs petits, 145
Chap. xi. Le temps que les animaux
s’accouplent ensemble. 746
Chap. xn. De l’amour et charité des
oiseaux et chiens. Ib.
Chap. xni. De la force de l’éléphant,
dç sa religion, docilité, clémence, bonté,
chasteté, vengeance des maux qu’on luy
a faits, et reconnaissance des biens. 748
P**ei.
Chap. xiv. Des bestes qui sont és
eaux. 749
Chap. xv. Que les bestes peuuent
estre appriuoisées. 750
Chap. xvi. Comme les animaux ont
appris aux hommes à fourbir et aigui¬
ser leurs armeures, et faire embuscades. Ib.
Chap. xvn. Des armes des bestes. 754
Chap. xviii. Les bestes sont dociles. 755
Chap. xix. Les oiseaux ont monstré
aux hommes à chanter en musique. 758
Chap. xx. Des oiseaux qui parlent ,
syblent et siflent. 759
Chap. xxi. De l’antipathie et sym¬
pathie. 760
Chap. xxii. Comme l’homme est plus
excellent et parfait que toutes les bestes
ensemble. 763
Chap. xxiu.lL’homme a le corps des,?
armé. 764
Chap. xxiv. Comme Dieu s'est mons¬
tré admirable en la création de l’homme. 765
Chap. xxv, L» cause pourquoy les
homrnes ne présagent comme les ani¬
maux. Ibf
Chap. xxvi. L’homme a la dextérité,
d’apprendre toutes langues. 768
APPENDICE
linre, des menstres.
Chapitre i. Des monstres marins, 770
Chap. II. Des monstres volatiles, 781
CifAP. UI. Des monstres terrestres. 784
Chap. iv. Des monstres çelestes. 788
Crap. V, 792
EIN DE LA TABLE DU TOME TROISIÈME ET DERNIER,
TABLE ANALYTIQUE,
Nota Pour le tome premier, à part l’Introduction , la pagination seule est
indiquée; pour les tomes II et III, on renvoie au tome et à la page. La
table spéciale des observations contenues dans l’ouvrage se trouvera au
mot Observations.
A
Abcès du foie succédant aux plaies de tèlej
II, 32. — Métastatiques ou internes; II,
142, 176; III, 361.
Abeilles. Accidents résultant de leur pi¬
qûre; III, 324. —Remèdes; III, 326.—
Moeurs des abeilles; III, 741.
Abenzoar, traduit par Jean de Campanie,
Paravieini et Jacob; Int., lx.
ÂBR.4CADABRA. Puissancc prétendue de ce
mot; III, 66.
Abraham de Tortose. Sa version du xxviii®
livre de /a A/Jdecincd’Albucasis; Int., lix.
Abstiiseisce. Son influence sur l’embon¬
point; 121. — Sur l’avortement; II, 624,
714. — Sur la fécondité; II, 734.
Acatastasia. Ce que c’est; II, 419.
Accès. Ce que c’est; III, 118.
Accidents qui surviennent dans le traite¬
ment des plaies; 438, 440 à 451. — Cure
des accidents qui adviennent au crâne;
II, 43. — Accidenis résultant d’une trop
grande compression des parties du corps;
11,292. — Accidents qui surviennent aux
fractures; II, 304. — Accidents complica-
lifsdes fractures des côtes eu particulier;
11,314.
Accouchées. Evacuation du lait des nou¬
velles accouchées par la matrice; II, 602.
—Régime de la nouvelle accouchée; II, 706.
— Ce qu’il faut faire aux mamelons de la
nouvelle accouchée; II, 709. — Position à
donner à l’acçouchée; II, 7i3.
Accouchement. Doctrine de Roeslin sur les
accouchements; Int., ccvi. — Accouche¬
ments naturels ; II, 623, 665, 673.— Contre
nature ; II, 624, 673. — Manière d’opérer
dans les accouchements contre nature :
version par les pieds; II , 623, 628, 702.—
Manière d’extraire l’enfant mort de la ma-
• trice; II, 629, 702. — Manière d’extraire
l’enfant vivant hors de la matrice de la
mère morte; II, 631 , 702. — Causes qui
font demeurer l’arrière-faix dans la ma¬
trice ; II , 630. — Manière de l’extraire ;
II, 63 1 , 681 . — Pronostic tiré de la rupture
de la poche des eaux; II, 663. — Sur l’é¬
cartement des symphyses pubiennes dans
l’accouchement; II, 665. — Le premier
accouchement est plus pénible que les
suivants; II, 672. — Signes d’un accou¬
chement prochain; positions à donner à
l’accouchée; II, 673, 674, 701. — Moyens
de faciliter l’accouchement; II, 676. —
Soins à donner à l’enfant aussitôt après
sa naissance; II, 676. — Soins à donner à
la mère après la délivrance; II, 676, 706.
— Quand doit être extrait l’arrière-faix;
II, 677, 682. — Recherches historiques
sur l’accouchement forcé dans les cas de
pertes utérines; II, 698. — Causes de
l’accouchement difficile venant de la
mère; II, 711. — Idem venant de l’en¬
fant; II , 712. — Pronostic de l’accouche¬
ment; II, 713.
Accouplement. Epoque de l’accouplement
des animaux; III, 746. — Accouplement
des palmiers; 111,762.
Acép’hale. Figure d’un monstre acéphale ;
III, 23.
Acétables. Ce que c’est; II, 645.
Achlys. Ce que c’est; II, 418.
Ackerman. Ce qu’il dit sur la culture delà
médecine en Occident avant le xi' siècle;
Int. , XIX. — Son opinion sur la Grande
chirurgie de Guy de Chauliac; Int., lxv.
Acmastiqüe (fièvre synoque-); III, 95.
Aconit. Lieux où il croît; son action sur
les animaux; accidents qu’il cause à
l’homme; son antidote; ses caractères;
III, 338.
Acrisius. Médecin cité par Gariopontus;
Int., XXV.
Acrochordon. Description; 358, 787.— Trai¬
tement; 358.
Actions. Ce que c’est; 55. — Actions natu¬
relles ou volontaires; 56.
table analytique.
SàB
Adam. Ce que c'est que le morceau d'Adam ;
255.
Adhérenck des doigts ; II , 456. — Adhérence
complète du prépuce ; II, 460.
Adnata. Ce que c’est; 237.
Adocescence. Quel est le tempérament des
adolescents; 36.
Akromanciens ; III, 60.
Aegilops. Ce que c'est; II, 419, 431. — Va¬
riétés, traitement; II, 431.
Aétiüs est inconnu aux Occidentaux au
XIV” siècle ; Int., lx. — Inconnu dans tout
le XV” siècle ; Int., cix. — Son opinion sur
les dragonneaux; 434.
Affections. Influence des affections de
l’âme sur la guérison des piaies de la tête ;
Agaric. Ses propriétés anti-vénéneuses ; III,
414. — Procédé pour extraire l’essence de
l’agaric; III, 629.
Age. Définition ; influence de l’âge sur les
tempéraments ; 36. — Aliments qui con¬
viennent aux différents âges ; 69. — In¬
dications résultant de l’âge; 86. — In¬
fluence de l’âge sur la guérison des plaies
en général; 433.— Sur celle des plaies delà
tête ; II, 26. — Sur la formation du cal;
JI, 66. — Sur le traitement des plaies
par harquebuses; II, 161. — Sur la gué¬
rison des fractures; II, 298. — Quel doit
être l’âge d’une bonne nourrice; II, 685.
— Influence de l’âge sur les accouche¬
ments; II, 711. — Age auquel la femme
peut concevoir; II, 738. — Auquel les
jeunes filles commencent à avoir le flux
menstruel ; II, 770. — Influence de l’âge
sur la curabilité de la goutte; III, 221.
— Sur la production delà peste ; III, 389.
Agglutinatifs (médicaments); III, 545.
Ag-neau. Histoire d’un agneau fruit d’une
brebis et d’un porc; III, 43. — Figure
d’un agneau à trois têtes; III, 45. —
Agneaux s’entrechoquant présagent chan¬
gement de temps; III, 738. — Instinct
des agneaux pour reconnaître leur mère
et les herbes qui leur conviennent; III,
741.
Agnelettk. Ce que c’est ; II, 647, 676.
Agnina. Ce que c’est; II, 647, 676.
Agyrias. Ce que c’est; II, 419.
Aigis. Ce que c’est; 83; II, 418.
Aigle. Maladie de l’œil; II, 417.
Aiguille enclavée dans une pierre; 28 ; III,
29. — Figures d’aiguilles a faire les su¬
tures, 439; II, 84, 85, 430. — Figu¬
res d’aiguilles à séion; II, 81, 152. — Fi¬
gure d’une aiguiile à suture pour les
plaies des yeux ; II, 430. — Figure d’une
aiguille pour abaisser les cataractes avec
son manche; II, 439. — Histoire d’une
aiguiile sortie spontanément du corps
après un long séjour ; IH, 38.
Aiguillette. Ligature de l’aiguillette, cause
de stérilité; II, 733. — Ce que c’est que
nouer l’aiguillette; III, 62. — Résultats
des manoeuvres des noueurs d’aiguillette ;
111,67.
Ail. Son efficacité comme préservatif de la
peste ; III, 367.
Ailerons. Figure d’ailerons pour l’extrac¬
tion de la pierre ; II, 485, 486. •
Aimalops. Ce que c’est; II, 419.
Aimant. Emploi de l’aimant dans le traite¬
ment des hernies; 407. — Pour extraire
le fer resté dans une plaie; II, 160. — Son
action sur l’économie humaine, et contre¬
poison; III, 343. — Rochers d’aimant;
III, 794.
Aines. Hernie inguinale; 404. — Plaies des
aines; II, 109. — Corps étranger dans
l’aine; III, 29.
.Air. Ses qualités premières; 32.— Ses quali¬
tés secondes; 33. — Son influence sur la
vie et la santé; 63, II, 138; III, 359, 360,
363, 393. — Modifications que lui fait
subir le vent ; 64. — Influence de i’élat
de l’air sur le traitement des plaies par
harquebuses ; II, 161 , 174. — Moyens de
purifier l’air; II, 167; III, 366, 378, 394.
— Action funeste de l’air extérieur sur
les os nus; II, 580. — Influence de l’air
froid sur la difficulté des accouchements j
II , 712. — Air qui convient aux fébri¬
citants; III, 84. — Causes de la corrup¬
tion de l’air; 111,295, 356, — Pourquoi
la putréfaction de l’air n’engendre pas
toujours la peste ; III , .358. — La consti¬
tution chaude et humide de l’air est la
plus dangereuse; III, 359. — Présages de
la peste tirés de la corruption de l’air ; III,
362. — Signes indiquant que la peste vient
de la corruption de l’air; III, 385. — Là
peste venant de la corruption de l’air est
la plus contagieuse; III, 389. — Médica¬
ments tirés de l’air ; III, 522.
Airain. Action de l’écaille d’airain sur i’é-
conomie humaine, et contre-poisons ; III,
342.
Aisselles. Pronostic des plaies des aisselles,
433. — Brûlures des aisselles ; II, 208.
Aithemoma. Ce que c’est; II, 419.
Alambic ; III, 618.
ALBERICÜS; Int., XX!,
Albiciüs, collaborateur de Gariopontus au
XI” siècle; Int., xxi.
Albiciüs, médecin de Venceslas, roi de
Bohême au xv' siècle ; Int., xxi.
Albricius. Ses ouvrages; Int., xxi.
Albricos; Int.,xxi.
Albucasis. Son traité de chirurgie, traduit
par Gérard de Crémone ; Int., xxvii. —
Pris pour guide par Brunus ; xxxvi. —
Est cité par Lanfranc; Int., xlvi. — Si le
grand Albucasis doit être confondu avec
ceiui qui a été traduit par Simon de Gê¬
nes; Int.,Lix ; III, V.
Alchimistes. Leur invasion dans la méde¬
cine au XV' siècle; Int., cvi. — Idem dans
la chirurgie ; Int., cvi, cxxv.
Alexandre est cité par Lanfranc; Int., xlvi.
Alexandre vi est embaumé par Pierre d’Ar-
gelatu; Int., Lxxvi,
Ali-Abbas. Gruner y aurait retrouvé tout
ce que le livre de Trotula renferme de
8b6 TA]
bon- Int,, XXIV. — Son grand ouvrage j
imité dans le Pantegni de Constantin;
Int., XXV, lU, IV. — Traduit par Etienne- 1
le-Phiiosot)be ; Int., xxvi. — Pris ppur
guide par Brunus ; Int,, xxxvi. — PUé par
Lanfranc; Int., XLVj.
Ahmexts. Qualités des divers aliinepts; 66.
— De la quantité qu’il en faut prendre,
et de leurs vertus ; 66. — Influence de
l'habitude sur leur choix; préférences
qu’ils inspirent ; 67. — Dans quel ordre et
quel moment il convient de les prendre;
,68. — De la nécessité de les varier; de
ceux qui conviennent aux différentes
époques de la vie et de l’année; 69. t-
Quels sont ceux qui conviennent dans le
traitement des blessnrps de la tête ; II, 3ê.
— Leur influence sur la formation du C8l
des fractures; II, 341. — §ur la généra¬
tion des monstres ; III, 27. — Alirnepts
qui conviennent aux fébricitants; Il|, §4.
. — Leur influence sur la production dgs
vers intestinaux ; III, 265. — Sur la pro¬
duction de la peste ; III, 360. — Alirnepts
convenables pour les pestiférés; IH, 396.
— Distinction entre les aliments et les
médicaments; III, 520. — Manière de
distiller l’eau alimenteuse; III, 621.
AMSME. Ce que c’est; III, 124, 187.
AJLI.A1TEMENT. Ce qu’il faut faire prendre à
l’enfant ayant de le faire teter ; II, 682.
"TT Quand la nouvelle accouchée doit don¬
ner é teter; avantages de Itallaitement
maternel; II, 683, — Quelques femmes
peuvent avoir leurs menstrues quoique
nourrices; II. 764.
ALpiNTOlDE. Si cette tunique existe; 170.
Allemagne. Origine dç la chirurgie alle¬
mande ; Int., cxcyu, — Ecole de Stras¬
bourg; Int., ccu. — Ecole de Parapçise ;
Int., cevni. — Etat de la chirurgie en Al¬
lemagne au XVI. siècle; Int., ccLxxxy. —
Voyage d’Ambroise paré en Allemagne ;
III, 697. ,
Almageste de Ptolémée; Int., xxyi.
Almansou pris pour guide par BrunitS ;
-xxxvi.
Aloès. Poisson monstrueux; pi, 774.
ApppéciE ; 82. — Déflnition et causés de cette
maladie ; II, 4Q5. : — Pronostic et traite¬
ment; II,; 406. — Suite de la yérqle; p,
628. — Idem de la lèpre ; III, 274. -:-
Voyez Pelade.
Alouette. Effroi que lui inspire l’épervier;
III, 76!.
Alphitidqx. Espèce de fracture ; P, 295.
AniN. Propriétés cicatrisantes dp l’alun;
P, 338, — Vertus et usage déS Caux alû-
m i lieuses ; III, 597,
Amatus Lusitanus; Int,, ccLxxyv. — Ce
qu'il dit des rétrécissements de l’urètre
et de leur traitement; P, 574, 5'i6. —
Moyens proposés par lui pour allonger
le niameloii ; II, 694.
Amaurose. Ce que c’est; p, 419.
AwÈs. Eigure de l’ambés propre d’pippo-
, crate ; II, 376.
Ambi. Figures de deux ambis ; II, 376, 377.
Ambidextre. Le chirurgien doit être ambi¬
dextre; II, 282.
Amblyopie, Ce que c^est; p, 414.
Ame. Ce que c’est que l’àme des bêtes et
des plantes ; 33. — Perturbations de l’âme;
75. — La joie, la colère; 76. — La tris¬
tesse; 77. — La crainte, la honte; 78. —
Influence des perturbations de l'ânie sur
le corps; 78, 97. — Qivision des lacultés
de l’âme; 111. — Le cœur est le domicile
de Hâme; 188, — influence des affections
de l’âme sur la guérison des plaies de la
tête; II, 38. — Sur la procréation; p,
639, — Péflnition de Pême; II, 652, 665.
— Corélation de son action et de celle
des organes; II, 724. — A quelle époque
l’ême vient aniiflcr le corps ; p. 652. —
Ses facultés; II, 654. — Ses opérations,
ses noms divers; H, 656.-:: Supériorité
de l’àme humaine sur l'dme des piaules
et sur pelle des bêtes; 11,656. — Faeul-
tés principales dé l’âme; II, 657, 658,
. 659, 66Q. r-r Facnliés attractive, réten-
tripç, concoptrice, génératrice, expultricp,
réparatripe; P, 661.
AaîFNOes qu’infligeaient aux médecins les
lois des Wis'jgpths; Ipt.,’xvii.
AMÉaiQUE. Influppcp dp la découverte fle
l’imériflue sur l’étude de la chirurgie;
Ipt., exil.
AjviiEiys. Voyage d’Ambrpise Paré au camp
d’Amiens; IP, 722.’
Amnios. Anatomie de l’amnios; 171. — Uti¬
lité des eaux de râmoios ; H, 626, 647,
676.
AiUPfllBiES ; IP, 753.
AiMPHiBLisTRoipE;'( description «le la tuni-
qup); 239.
AaipiUMERmos ; II|, 138.
AMBqpLEs. Théorie de fa conception parlçs
trois aiuppulps ; Ip 649, 65Q,
AjyfSR'TATioN' du mpmhrê gangceijé ; p, 220,
|21. — du il faullacpmmepcpr; p, 221.
— prtipédé; p, 2’?$, — iWoyens héinttsié-
tiques; p, 224, 226. — Spite «ju traite¬
ment; II, 225, 230; III, 681; 682, 683. —
Médiçameijts emplastiqpes ; H, 226.—
Sur l’emplQi du caùlère acfftpl pôqc ar¬
rêter le sang après Tâpiputation ; p, 227;
III, 680. -7 ipas 'd’amputation «ju bras
dans^U joiptnré, à la siffle de gangrène';
Amygdales. Descriptipp des amygdales : 254.
Anasabia. Ce que c’.pst; 394,
AiNASTPMflSE ; 149. — Cas présumé d’anasto¬
mose; Ifl, 694. r. , I
Amatomie. L’anatomie humaine pst professée
pour la première fqjs à Bologne parllliin-
dinus ; Int., Lxii. — Premiers essais dianà-
tomie pathologique ; |ni. , cxix. — impor-
laoce et néoossiié de la conhaissance d®
l’apaiomie ; 15, t05; P, 60fl. — Sqn nti-
lité, ordre dans lequel il convient de i’étn-
' . dier; 107. — Üéfinition de ranatom|e. 108.
ArTALTTfQtJE.
ANCpï,pFg. Ce que c’est ; ir, 41 9
ArjCHyLQSE. Ce que c’est: II, 320 _ Résiil
tant (Je 1 immpbiljié du bi-qs : H, 334 ^
AjsçfEiss Emprunts queleupa /aits l’auteur;
dêdnp®”t7°^'"'r *“'■ la mé¬
decins;’ 20.’ ~ P"»»' î«é-
ArmYLoBLEPiiARprj. Ce que c’est; II 4i6 —
Causas traitement, pronostic: 11,423 42S
Atoe Chirurgien (Je Montpellier aü'xff si^I
cie J ipt., '
A^jibE4s DK VIPEKCE. Prupusachève sagraipie
cElrprgie a sa prip^e, mf.,
Awdbe DK La Cpoix. int. ccLxxxy.
Androgyne. Voyez Jïemapfirodite.
ApipRONic n’pntnpreur). Enypie a Robert,
rot Pe mcilp, le^ puvrages de Caliep:
Ipt,, XLVIII. ^
ANENcÉEHA^m. Cas présuiné d’apenpépbaJie;
Anévrisme. Définition, causes, signes, cura-
^^^•-Ti’AiteFPept
373. —Théorie; 374. — Cangrèpes résul¬
tant tj^névrjsfpes; 11,212, 216.
Anges ; III , 54.
Angiologie; m, 684.
ÀNctEETEitBE. premiers écrivains dp l’écqle
anglaise; Int., Lfii , lv. — Caractère in¬
téressé de cette école; Int., lvi.— Sa dé-
caiience ; Jnt. , Lypi. — État de Ip ebirpr-
gie au xyi' siècle ep Angleterre; Ipt.,
ccpxxxv.
ANGüiLi-a. Histoire (J’nne anguille engendrée
par une femme; III, 37. -r- Educabijité
des anguilles; Ht, 7S0.
Animale ( faculté ). Est de trqis espèces : mo¬
tive, sensitive, principale; ^3.
Animaux. Maladies qpi ont emprunté leprs
noms à des animauit ; Sl— Rerpèfjes en¬
seignés apx nPinmes par les animaux; t9.
— De j’^me des animo'ix; p. -r- Ralsops
de rporreur qu’jpspjre le coi[l aux femeilps
des anirnaqx aprpS qu'elles put cppçu ;
II , 639. — Animaux paonstrueux quj s’en-
genilrpnl au epros dC l’homme : IC, 34.—
Enumération des bêtes yepimeuses; jll,
295.— Pronostic 4u vepjn des beles yepi-
meuses; III, 298. — Cure des morsures et
Piqfires (Jcs bêtes vepimeusès; ill, 3OO.
— Copnatssaucp que les animaux ont dps
changements aimusppériques ; jjl, ^64,
738, — Action (Jes vapeqrs terrestres sur
les animaux; III, 364. — Méijipampnls ti¬
rés 4^8 aniwiuuii; JIJ, 6?1. — parties di¬
verses des animaux spiyapt A la médica¬
tion ; IH, 634.— NatureJ, formes pi qualités
qui qistingqent les animaux entre eux;
III, 7 )5. — preuves de leqr instinct: cho¬
ses qu’ils opt enseignées aux hommes;
19; ÎII, 7g, 750, 756. - Uti|ité don ils
nous sont: III, 737. — Instinct des pois¬
sons; lll, JS9. — Sollicitude des animaux
jiogr Icuys petits ; J (1 , 745. — Epoqqe de
racoupjement; Ijl, 746. — Eijucabilité
des animaux; lll ,750, Tg. — Des armes
dos animaux 1 111,764.— pps animaux s’en¬
tendent entre aux J lU, 768, —Antipathies
807
animaux; lll, 760. —
Tous les animaux craignent l’homme et
lui sont soumis; III, 764. *
Ahis. Caractère de l’huile d’anis; III 627
Anodins (médicaments); 331, 3.32: III 547
Anopsie. Ce que c'est; li, 414. ’
Antiies. Secours qu’ils se portent; III, 752
Anturacosis. Ce que c’est ■ II 415 ^
Anthrax ; 427. ’
Antidotes. Contre le venin du crocodile •
II, 20. --Du coule-sang; 111,315.— De
40**“^ couleuvre; III.
320. — Des chenilles et des bourdons; III
325. — Des araignées ; III , 326 — Du do-
rychium ; III, 335. — Du cojehique et des
champignons ; III , 336. — De la cisiié •
III, 337. -De l’aeînit; III, 338.-be Pé-
caille d airain et du crapaud ; III 342
De l’aimant, de l’arsenic, de la chaux et
de 1 eau forte; III , 343. - De la céruse ;
III, 344. — De la peste ; III, 367. — Il v â
deux sortes d’aniidoles ; III, 404. — Ex¬
plication de leur action ; III, 405. — Prô-
priéiés anti-vénéneuses de l’agaric • m
414. — De l’armoise; III, 415. —De' l'àn-î
timoine; ni, 465, 466. - Antidotes de
lorp n et de la salamandre; III, 661.--
Voyez Contrepoison.
Antimoine. De son usage; 7nt., ccLxxip;
III, 414. — Son efficacité contre l'hydro-
phobie; III, 312. — Son emploi dans le
traitement de la peste; mode d’adminis¬
tration ; ses effets ; III, 465, 466. -Objec¬
tions faites contre l’usage de l’antimoine;
III , id.— Son efficacité dans le traitement
des maux d’yeux, des ulcères, des brûlu¬
res ; ses caractères ; III, 467.
Antoine ( Feu saint-). Diverses acceptions
de ce nom; II, 211. ^
Anus. Traité de Jean de Ardern sur la fis¬
tule à l’anus ; Intr. , lv. — Imperfora-
liori de l’anus ; II, 460, 678. -Prurit' de
l’anus; II, 790. — Causes et traitement:
II, 791. ■ ’
Aphorisme. Définition du mot aphorisme s-
aphorismes chirurgicaux d’Hippocr'aîe ;
III, 643. — Aphorismes de Galien et de
Gelse; III, 646.
Aphthes; Il 26-1.
Apochema. Espèce de fracture; II, 296.
Apologie; III, 676.
Apophlegmatismes ; III, 688.
Apophyses mainillaires; 218. — Glinoïdes;
225. — Du col droites, obliques, trans¬
verses ; 259. — Du métaphrène et des
lombes; 265.
AyoRRExis. Ce que c’est; II, 419.
Apüspasma. Ce que c'est ; Il , 403.
Apostèmes. Ce que c’est; 310.— Leurs diffé¬
rences; 319, 320. — Leurs causes généra¬
les; 320. — Leurs périodes; 322. — Leurs
quatre modes de terminaison; 323. — Pro¬
nostic général ; 324.— Cure générale; ib.—
Enumération des diverses espèces d’apo-
slèmes ; 326 ; III, 427.— Quand et comment
H faut les ouvrir; 333, 334, — Apostèmes
TABLE
808
du fondement; 419.— Exemple d’aposteme
du cerveau ; II, 70.
Apothicaire. Nécessité pour l’apothicaire de
connaître l’anatomie; 106. — Avidité des
apothicaires; III, 125. — Comment doi¬
vent être choisis les apothicaires chargés
de soigner les pestiférés; III , 378. — Su¬
percherie des apothicaires pour faire de la
fausse mumie ; III, 481.
Apozème. Préservatif de la pierre ; II , 468 ,
469. — Pour provoquer les menstrues ; II ,
768.
Appareie. Figure d’un appareil pour les frac¬
tures du bras avec plaie ; II, 320. — Opé¬
ration de la pierre par le petit appareil ;
II, 475.— idem, par le grand appareil;
II, 478.
Appétit. Appétit canin ; 83.— D’où vient l’ap-
pétit; 137. — Dépravation de l’appétit chez
les femmes grosses; II, 642, 714. — Idem,
chez les filles qui ont les pûtes couleurs ;
II, 780. — Traitement ; II, 781.
Apprenti. Ce qu’étaient les apprentis en chi¬
rurgie; Int., cxxxi.
Apüleïüs. Ses ouvrages suivis par les méde¬
cins au VI® siècle ; Int. , xviii.
Apyrexie; III, 101.
Arabes. Indigence de la bibliothèque de la
Faculté de Pàris en ce qui concerne leur
époque; Int., v.— Les Arabes brillent
dans la culture de la médecine ; transpor¬
tent leurs écoles en Espagne; Int., xix. —
Manuscrits arabes traduits en latin par
ordre de l’empereur Frédéric ; Int., xxxvii.
— Leur voisinage profite peu à l’école de
Montpellier jusque vers le xiv® siècle;
Int. , LViii. — Epoque à laquelle ils sont
délaissés ; Int., cxi.
Arabistes. Indigence de la bibliothèque de
la Faculté de Paris en ce qui les con¬
cerne; Int., V. — Guy de Chauliac est la
plus brillante expression de leur époque ;
Int., VII. — Derniers chirurgiens arabistes
en Italie; Int., lxxiii.
Arachnoïde. Description de l’arachnoïde;
239.
Araignées. Leur industrie; III, 325, 741. —
Variéiés ; accidents résultant de leur mor¬
sure, et remèdes ; III, 326.
Arbres. Parties diverses des arbres servant
à la médication ; III , 635.
Archagatus. Sa mort ; 30.
Arculanüs. Son époque; ses commentaires
sur Rhazès et sur Avicenne ; Int., Lxxxviii.
Idée générale de ses écrits ; Int., lxxxix.
— Sur ses procédés pour Tectropion ; Int.,
Lxxxvm , III , VI.
Ardern (Jean de). Son traité sur la fistule à
l’anus ; sa biographie ; Int. , ev,, — Son
charlatanisme et son avarice; Int., lvii.
Arêtes. Manière d’extraire les arêtes enga¬
gées dans la gorge ; II, 443.
Argelata (Pierre d’) ; chirurgien de Bologne,
son époque ; Int., lxxvi. — Larcins faits
par lui a Guy de Chauliac; idée générale
de son livre ; Int., lxxvii. — Sa pratique;
Int., Lxxviii. — Honneurs que lui décer¬
nèrent ses contemporains; Int., txxix. —
Il est annoté par Marcellus Gumanus; Int.,
Lxxxiv. — Son opinion sur le pronostic
tiré du pouls; II, 31. — Sur la suture dans
les plaies de tête; II, 40. — Sa doctrine
sur l’opération du trépan; II, 6i._ce
qu’il dit des fanons; II, 289.
Argema. Ce que c’est; II, 417.
Argemon ; II , 259.
Aristote. Est cité par Lanfranc; Int. , xlvi.
—Ce qu’il dit du cœur des monstres ; III, 9.
Arland (Etienne). Chirurgien de Montpel¬
lier au XIV» siècle ; Int., lxiii, lxviii.
Arles (Pierre d’). Chirurgien à Avignon;
Int. , Lxviii.
Armes. Premières notions qu’on trouve des
armes à feu; Int., lxix. — Diffusion de la
doctrine d’A. Paré sur les plaies d’armes à
feu; Int., ccLii. — Invention des armes à
feu; II, 121. — Leurs différents noms; II,
122, 123.
Armingandus Blasius , traducteur d’Aver-
rhoès; Int. , lx.
Armoise. Ses propriétés anti -vénéneuses;
III, 41,5.
Aromates. Substances aromatiques em¬
ployées dans les médicaments; III, 532. —
Procédé pour extraire l’essence des aro¬
mates ; III , 629.
Arnaud (Etienne.). Chirurgien de Montpellier
cité par Guy de Chauliac; Int., lxviii.
Arnaud, chirur. du 18® siècle; description de
ses fanons et faux fanons ; II, 289.
Arnaud de Villeneuve, iraducteur d’Avi¬
cenne; Int. , LX. — Traduction provençale
de son livre; Int., lxv.
Arracheurs de dents; Int., clxxi.
Arrière-faix. Causes qui retiennent l’arrière-
faix dans la matrice après l’accouchement ;
II , 630. — Moyens d’extraction; H , 631 ,
681. — De quoi se forme l’arrière-faix ;
II , 643 , 644. — Son utilité ; II , 644. —
L'arrière-faix doit être extrait sitôt que
l’enfant est sorti; II, 677, 682.— L’arrière-
yaii venant le premier rend l’accouche¬
ment dangereux ; II, 696, 712, —Dans
les cas de superfétation, il y a autant d’ar¬
rière-faix que d’enfants ; II, 721.
Arsenic. Son emploi dans le traitement des
chancres; 367. — Son action sur l’écono¬
mie humaine, et contre-poison ; III, 342,
343. — Cas d’empoisonnement par l’arse¬
nic ; III, 662.
Artaxerces. Lettre écrite par lui à Hystanes
au sujet d’Hippocrate; III, 641.
Artère. Ce que c’e.»t; 128, — Origine et di¬
vision de l’artère descendant aux parties
naturelles : Artères intercostale , dia¬
phragmatique, cœliaque, rénale, sperma¬
tique; 149. — Lombaire, iliaque; 150. —
Artères de la matrice ; 164.- Distribution
de l’artère veineuse; 193. — Division des
artères : artère sous-clavière, intercostale,
mamillaire, cervicale, musculeuse, hu¬
mérale, thorachique, axillaire, carotide;
199. — Distribution de l’artère axillaire,
275. — Distribution de l’artère crurale ; 291 .
anIlytioue. 809
— Pronostic des plaies des artères; 433.—
Ligature des artères ; II, 8.- Pronostic et
traitement des plaies des artères carotides ;
II, 90. — Signes des blessures de la grande
artère; II, 96; III, 664. — Autorités en fa¬
veur de la ligature des artères; III, 678,
— Raisonnements ; III, 680. — Expérien¬
ces; 111,681.
Artériotomie. De l’emploi de cette opération
dans le traitement de la migraine; II, 411,
621. — Appréciation de cette opération;
II, 412. — Emploi de l’artériotomie dans
les fluxions invétérées des yeux; III, 684.
Arthritis. Voyez Goutte.
Arthrodie; 313, 316.
Arthrose; 313.
Articles. Table des articulations; 316. —
Luxations résultant du peu de profondeur
ou de la fracture des cavités articulaires ;
11,361.
Artificiels (Membres). Yeux ; II, 603 , 604.
—Nez; II, 606. — Dents; II, 607. — Pa¬
lais; II, 608. — Langue; II, 609.— Oreil¬
les; II, 611.— Verge; II, 613. — Mains;
II, 616, 617. — Bras ; II, 617. — Jambes ;
II, 619, 620.
Artillerie. Aperçu historique sur l’inven¬
tion de l’artillerie; II, 121. — Influence
des détonations d’artillerie sur les blessés ;
III, 709.
Arts. Comment ils progressent ; 8, 9.
Aryténoïde. Du cartilage aryténoïde; 266.
Ascarides ; III , 264.
Ascite. Ce que c’est , causes ; 394.— Symp¬
tômes , curabilité ; 396.
Asie. Berceau de la chirurgie; Int., xvi.
Asphyxie. Cas d’asphyxie par la vapeur du
charbon ; III , 661 , 664. — Symptômes ,
traitement ; III , 663. — Théorie ; III, 664
à 666.
Aspic. Violence de son venin ; III , 299. —
Caractères de sa morsure, accidents qui
en résultent; III, 318. — Remèdes; III,
319.
Assoupissement. Causes et remèdes de l’as¬
soupissement des fébricitants ; III, 189.
Assyriens. Comment ils traitaient les ma¬
lades ; 19.
Astragale. Luxation de l’os astragale; II, 40 1 .
Astrologie. Traité de Guy de Chauliac ;
Int. , Lxv. — Immixtion des astrologues
dans le traitement des maladies ; Int., cc.
Astronomie. Traité de Guy de Chauliac ;
Int., LXV.
Astruc. Ce qu’il dit de Guy de Chauliac;
Int. , Lxii.
Athènes. Comment Hippocrates fit cesser
la peste d’Athènes ; III, 378.
Athérome; 341. — Caractères particuliers
de i’athérome; 346 ; II, 416.
Atmosphère. Changements atmosphériques
présagés par les animaux ; III, 73».
Atonie. Atonie des paupières; II, 416.
Atrophie. Accident consécutif des luxations
et fractures, traitement d’iccile; 11, 402.
— Atrophie de l’œil; H, 4l4. — Défini¬
tion et traitement ; II, 428.
Attelles. Description, qualités et usages
des attelles; II, 288. — Attelles de cuir
pour les fractures de la mâchoire infé¬
rieure; II, 307.
Attractifs (médicaments) , lll, 634.
Auction. Ce que c’est; 66.
Audition. Théorie de l’audition ; 248.
Aurelius Coelius ; Int., xviii.
Aurillac (Pierre d’), chirurgien à Avignon;
Int., Lxviii.
Aurispa. Voyage en Grèce , en rapporte 238
manuscrits ; Int. cviii.
Automne. Tempérament de l’automne ; 38.
— Aliments dont il faut user dans cette
saison ; 69.
Autopsie. Danger des autopsies précipitées;
II, 766.
Autreppe (Hlppolyte d’), chirurgien du duc
de Guise à Marignan ; Int., clxvi.
Autruche.. Sa description; III, 781. — Sque¬
lette d’une autruche ; III, 782.
Averrhoès. Est cité par Lanfranc; Int.,
XL VI. — Es ttraduil par Armingandus Bla-
sius ; Int., Lx.
Avicenne. Canon d’Avicenne, traduit par
Gérard de Crémone; Int., xxvii. — Avi¬
cenne est suivi par Hugues de Lucques ;
Int., XXXV. — Pris pour guide parBrunus ;
Int., XXXVI. — Traduit par Arnauld de Vil¬
leneuve ; Int., LX. — Cité par Lanfranc;
Int., xLvi. ^ — Ses écrits forment le fond de
l’ouvrage de Nicolas de Florence ; Int. ;
Lxxv. — Commenté par Arculanus; Int.,
Lxxxviii. — Son opinion sur la paracen¬
tèse; 397. — Son opinion sur les dragon¬
neaux ; 424.
Avortement. Définition de l’avortement ; II ,
624, 713. — Causes ; II, 624, 714, 737. —
Signes et pronostic de l’avortement; II ,
626, 716. — Signes indiquant que l’en¬
fant est mort dans le ventre de la mère;
II , 626. — Extraction de l’enfant , ver¬
sion par les pieds ; II, 628. — Extraction
de l’enfant mort; II, 629. — Extraction
de l’enfant vivant hors de la matrice de la
mère morte ; H, 631. — Moyen pour pré¬
venir Tavortement; H, 716.
B
Baccy (André). Son livre sur les vertus de
la licorne ; III, 492.
Bachelier. Ce que c’était que ce grade; Int.,
CXXXII.
Babyloniens. Comment ils traitaient les ma¬
lades ; 19.
Baigneurs. La chirurgie est leur patrimoine
en Allemagne jusqu’au xvi' siècle ; Int.,
cxcvii. — Condition des baigneurs en Al¬
lemagne au XV' siècle; Int., cxcviii.
Bailleurs. Ce que c’était; Int., clxxi.
Bains qui conviennent dans le traitement
de l’hydroplsie ; 396. — bons dans le trai¬
tement du spasme ; 446. — Emploi des
bains dans le traitement des grandes con¬
tusions ; H , 197. — Figure d’une chaise à
demi-bain ; H, 47i.— Bain composé pour
$to
lesnouvelles accouchées; II, TIO.— L’usage
des bains peut causer l’avortement; II,
625, 715.— Administration des bains dens
le traitement des fièvres hectiques; III, 175.
—dans celui de la goutte; III, 245, 252. —
Bains vermifuges ; IH, 269.— Ingrédients,
usage et administration des demi-baips ;
III, 595. — Définition du bain; lïl, 595.—
Bons effets desbaips; III, 596, 598, COD, 601 .
— Bains médicinaux naturels; III, 596.
— Propriétés et usages des eaux sulfureu¬
ses, alumineuses , salées, pitreiises^-bilU"
piipeuses , cuivreuses , fecrées , plorqbées,
gypseusps ; III , 5^7. — Propriétés et usage
des eaux froides ; composition des bains
artificiels ; propriétés des pains d’eau sini-
ple; ill, 598. — Bains artificiels laxatifs,
sédatifs, anodins, mondlficatifs, détersifs;
III , 599. — Règles à suivre dans l’usage
des bains; III , 6PQ.
Baleine. Attachement de la baleine pour
le Gouverneur; III, 752. — Despripfion
de la baleine ; Ifl , 778 , 779. — Pêcfie dé
la baleine; utilité qu’on pn re|ire;III,
779.
BALpscoN , de Tarante. Son Traité des épidé¬
mies; son Pftiloriiutn pfiarrriaceuticutn et
chinirgiçum ; lxX!. — Son Traité de
chirurgie ; Int., t%xu.
Balle. Gersdorf , premier inventeur !|és
instruments propres à extraire les baUps;
Int., ccy. — Les bàllés fie peuvent brûler;
II, 134.— Figures de divers tire-balips;
II, 147, 149, 149. — Des balles qui de¬
meurent pn quelques parties lopg-temps
après la guérison des plaies; ÏI, }65.
— Balle retrouvée en faisant prendre au
blessé la position qu’il avait au moment
pù j] a été frappé ;' ill , (|94‘.
B^lthaïar PAybNE;Int., CI,
BAifSEs. pominent elles doiyent être; 437.
' — Préparation préalable des bandes; |f,
303, — Du bandage dés u|cèrps; jir, 258.
— figuré d’une bande pour aidef à lever
le pied ' 11» Voyez Pajidages.
BANgApas. pilférentes inatierès dpnt sent
faites les bandes: quelles Sfint les bonnes;
II, 277. — Leürs ligures, usages et parties;
influence de la partie affectée sur la
manière dont il faut bander; II, 278. —
Ipfluepce de la maldd'ê; n, 279. — Pré¬
ceptes généraux sur la manière de faire
les bandages; II, 279, 289, 284. — : Com¬
ment doivent être faits les bandages dés
fractures et luxation^; Il , 280. — Trois
bandes sont nécessaires aux fractures ; II,
291.— Inconvénients d’un bandage trop
serré; II, 293, 294.— Bandages des fractures
àÿep plaies; il, 293, 332; — Quand il faut
délier les bandages; H, 295 ,303.— Leur
utilité ; If , 295. — Manière dé bander l'ps
fjactures de l'ps claviculaire; II , 309. —
Bandage pour le® fractures dé la puisse ;
P, 323.— Quand il faut le délier; II, 325.
— Figure d’uu bandage pqur les beruies;
II , 799. Yoyez Bandes.
BApiERs. Quand ils commencent à s’immis¬
cer dans la chirurgie ; Int. xxxu. — Lut¬
tes de la Corporation des barbiers et des
chirurgiensdeSaint-Côme;Int., cxxxv.—
Ses statuts; Int., cxxxvi. — Elle prend le
titre de Corps des Barbiers Chirurgiens;
Int., CLi. — Fin de la lutte des barbierset
des chirurgiens ; Int., cm.— Corporation
des barbiers de Montpellier ; lof., clv. —
Leqrs statuts ; Int., clvi. — Leurs querel¬
les ayec la Faculté ; Int., clxiu. — Leur
enseignement; Int., clxiv. — Corporation
des barbiers de Figeac et de Saint-Jean-
d’Angeiy; Int., clyu. — .(dem des barbiers
de Carcassonne, deTonrsefiie Ronen;int.
CLViii. — Idem des barbiers de Bordeaux;
Int., eux, CLXU. — Idem des barbiers de
Toulouse ; Int., cçx , cryii. — Querelles
des barbiers de Sens et de Rouen avec les
chirurgiens ; Int., clxiii. — Condition des
barbiers en Allemagne au xv' et au xvi«
siècles; Int., cxovip. — Condition des
apprentis chez les barbiers-chirurgiens ;
Int., ccxxx. — Description de la boutique
d’un barbief au xvE sièple ; III, xii.
Baetholin. Son opinion sur le livre de
Trotula ; Int., xxii.
Basile Valentin ; Int., cvii.
Basii-ïg. Singulière propriété attribuée au
basilic ; lil, 35.' — Effets de son regard;
III , 295. — Violence de sop venin ; iii ,
299, 3t6. — Incurabilité dp sa morsure ;
IÎI,'3I6. . H, ,
Battement. Causes et traitement des batte¬
ments de cœur; II, 799.
Battista de Rappallo; Int. cyi ; IH, vi.
Baubin. Ce qu’il dit des pessaires; II, 743.
BApip pour les plaies du cou; 11,99.—
Epur les blessures des nerfs; 11,116.—
Manière de faire les baumes . et vertus
d’ippux ; III , 032.
Baye ; 73. — Moyens de la provoquer ; III ,
445,
Bayonne.^ Voyage d’A. Paré à Bayontie ;
Beauté. f»ench4pt dps enfants pour ce qui
pst beau et brillant; 11,699.
Bec. Figure d’un bec de cane cave pour ex¬
traire les halles ; II, 449. — Figqre d’un
bpe de cane cave en sa partie extérieure ,
pour l’pxtrapljon de la pierre ; fl , 484. —
Figures dfi tenailles pn beede cané, courbé
Rpiir l’extraction de la pierre; 11, 486^ —
Figure d un bec de corbin dentelé pour
extraire les corps étrangers ; II, 147.—
Figures de becs de corbin pr'opyes à tirer
les vaisseaux poqr les lier; II, 224 , 225.
— Figures de deux becs de corbin dpnte-
lés POUf briser Ips piprres dans la vessie ;
II, 488, 489. — Figure de deux becs de
pygne popr l’extraction des corps étran¬
gers; 44 J 149, 1^0. — Figure^ de becs
de grne droits et coudés pour extrai¬
re les corps étrangers; II, 148. — Fi¬
gure q’un bec de corbin courbé pour l’ex-
IracHpn des corps étrangers; II, 486.—
Figure d'un bec 4e grue ; 44 , 188. ~ Fl-
ANALYTIQUE. 8ll
gure d’un bec de lézard pour extraire jps i
balle? aplaties; II, 148. — Figure des te¬
nailles incisives, dites bec de perrequet;
II, 16 —Figure d’un l)ep dp perroqupt
pour l’extraction des corps étrangers; Il ,
149.
Bpc OE f-iÈVRE; 82. — Aperçu iiistonquespr
le bec de lièvrp; trailprppnt ; Il , 84.
BÉGAjEaiKNT. Hérédité de celte iptirfpité ;
III, 27.
Belette. Son inimitié envers eeFla|ps ser¬
pents; III, 316.—; Son anlipathte popr
les rats; III, 76).
Béliers s’entrechoquant présagent qn chan¬
gement de temps ; III , 738.
Bell. Ce qu’il entend par l'anons ; II , 2^0.
Benedetti (Alexandre). Traitement pour lés
entéroceles et épiplocèles , publié par Iqi
pour la première fois ; Iqt., cm.— Sayie,
ses écrits, leur caractère; Int. cxcv. —
Ce qu’il dit de la lilhotritje et de la fai|)e
médiane ; Int., cxcvi.
Benedict de Leonibus, médecin dp s'ip-
cle; Ini.,xcn.
Benivieni (Antoine). Ses essais d’apatomie
pathologique; première expression des ppi-
nions nouvelles; Int. xcix.— Son époque;
Int. cxii. — Ses écrits ; erreurs de Sprèji-
gel à son égard ; Int., cxin. — Aperçu de
son livre; Int., cxv. — Appréciation; Inf.,
cxvin. — Ablation d’une loupé remarqpa-
ble;35l.— Sa doctrine sur la paracenièsp
abdominale ; 401.
BÉMiviENi (Jérôme). Sa part daiis l’qqvrage
d’Antoine Benivieni; Int., cxijii.
Benjamin Tudela. Ce qp'il dit de l’éccde de
Salerne; Int., xxvi.
BÉQP1H.E. Figure d’une béquille propre à
suppléer une jambe trop courte ; H, ((21.
Beiicement. Il ne laqt pas bercer fort ; H ,
690, 693.
Berengkr de Carpi. Détails biqgrapltiqpes ;
Int., cpxxxiv.— Ses ouvrages; lju., CLpxvi.
— Appréciation; Int- , clxxiiix. — Sa doc¬
trine sur les enfopçure's dd prâne; II , 17.
— Sa méthode de traitement des incisfons
dq crâné; H, 19. — S» doctrine sur la
cpinmoiion ; II , 24. — Son opiniqn sur le
pronostic tiré du ppuls; 11, ^1- — Sq doc¬
trine sur l’opération du trépan; Il.âi , 62.
— Sur les plaies du c^rvean; H , 73.
Bernard-Lhermite. Description de ce pois¬
son ; UI, 776.
Bernier. Ce qu’il dit sur le Cmineni de
Ithasès; Int., Lix.
Bertapa(ilia ((.éonard de). Jplte quelque
éclat sur l’école de PadPue au pominepcp-
menl du xv' siècle; Int., lxxix —Sa Ujort,
son ouvrage; Int.,Lxxx. — Idée générale
de ce livre; Int. , lxxxu— Détails qù’il
dpnne sur le traitement du cor; 3â8.
Bfrtiiéonée , ouvrage de Farapelse ; Int. >
ccxi.
Bertrand!. Modification qu’il l'ail subir aux
fanons ; D , 290.
Bertrücius. Guy de Chauliac le voit dUsé-’
([uer à Bologne; Int., lai.
BESfcLES. Figure de besicles propres à cor¬
riger le sirabisme; II, 605.
BESTiALCrÉ; III, 43. ,
Bezahar. Etymologie , définition et descrip¬
tion ; 111, 339. • — Formaiion et effets du
Bezahar ; 340. — Expérience du Bezahar
faite par ordrp de Charles IX ; III , 341.
Bicliographiiî d’A. Paré; rnt.,ccciii; III, xv.
Biceps. Déscriplion du biceps; 282.
Biches. Pourquoi elles font leurs petits aux
bords des chemins; III, 746.
Bile. Des fièvres bilieuses; III, 121,130;
136. — Deux sortes de bile; III, 122.
Bistouri. Définition ; 383. — Figure de deux
bistouris courbés • 389. — Driglne de ce
mot; 390. — Bislouri boutonné; II, 107.
— Figure d’un bistouri pour opérer Pun-
gula ; II, 430.
Bitume. Venus et usage des eaux bitumi¬
neuses ; III , 697.
Blé. Propriété attribuée au blé; 397.
Blessures. Caractères des ble.'-sures faites
ayant ou après la mort; III, 659. — Ip-
flpenee du bruit sur les fessés; ÏU , 7Q9.
Blondus (M'cbel-Ange ). Sa vie, ses ouvra¬
ges; Int. cxcui. — Demi-réforme apportée
par lui dans le traiteménl des plaies ; 438,
442.
BpÀisTU4u (Pierre). Emprunts qug lui a
faits A. Paré ; ID, 2-
Bogcace. Sa visite au mont Cassip; lut.,
jcLVfi. — Son ardeur à rechercher les ma¬
nuscrit?; Int. yLvip.
Bqepf. OEü dé boeuf; U , 414- — Emploi de
la fiente de bœuf dans le traitement de la
goutte; III, 239. — Quand les boeufs pré¬
sagent un changement de temps; lU, 738.
Bois. Manière d’extraire les huiles des bois ;
DI, 630, 632. — Distillation du bois;
ill , 638. — : Les bois pour bâtir ne doi¬
vent pas être coupés pendant la pleine
lune; 111,739. ' ^
Boissons. Quelles sont celles qui convien¬
nent dan» ie traitement des plaies de la
télé; il, 34- — Boissons propres pour les
goutteux; III . 230.
Bojano. Détails sur cette famille d’empiri¬
ques ; Int., pi.
Bologne. Ecole de Bologne; Int., xxvp. —
Université de Bologne ; ïni- 35tvin. — No¬
tions qiie le père Sarti donne sur les Pe-
depins de petP ville ; Int- xxix. — passes
de son école;Iiil.. xxxvii,xxxix. — : Bivai|té
des écoles de Bologqe et dé Sajerné; Ipt.,;
yxv}v~Apprécifti>dU «le t^Uï de chauliac
Int., ib. — Défense que rUiUYprsiié dé »p-
jogne fait en 1334, d’empofier- dPf MYffs
hors dp la yi||e; Iqt- Vid'^ i xf-YU- “ RÇjâf
que jettent sur l’école de Pologne les dis¬
sections dp Mundinns; Int. vpvil. — : ué-
cole de pohigne essaie de sé relever
l’élude de raoatom'e i î'tL, pru. — Révpil
de Vécolc de Bologne; Int. clxxxi».
BüLüGN|Ni (ANGiqpo). DéiailS ifiir sa YÎe; Int-,
cLXxxii. — Idcegénôralp tj® «P? Wcplps-
Int., GLXXXm,
BOMDARup. (itymd!b8*P i
TABLE
8l^
Bonet, chirurgien de Montpellier cité par
Guy de Chauliac; Int., lxvui.
Bonnant (Pierre de), chirurgien à Lyon ;
lut., txyiii.
Bosse. Les parents bossusengendrent le plus
souvent des enfants bossus ; II , 350. —
Curabilité des diverses gibbosités ; II ,
366. — Pourquoi les bossus ont l’haleine
fétide; II, 600.— Causes de la gibbosité
et moyen de la redresser ou dissimuler ;
II; 611.— Bosses pestilentielles; III , 361.
Voyez Bubons et Gibbosité.
Botal. Ses travaux sur les plaies d’armes à
feu; Int., ccLiv.
Bothryon ; II, 259. — Ce que c’est; II, 417.
Bottines. Figures de bottines propres à re¬
dresser le pied-bot ; II , 614, 615.
Bouc. L’odeur du bouc est un préservatif
contre la peste; III , 366.
Bouche. À.natomie de la bouche; 254.—
Figure d’un dilalatoire pour ouvrir la
bouche ; 447. — Ulcères de la bouche ; II,
261. — Traitement des ulcères vénériens
de la bouche ; flux de bouche des vérolés;
II , 549. — Imperforation de la bouche ; II,
678.
Boue. Ce que c’est; II, 244.
Bougie. Epoque de l’invention des bougies ;
Int., Lxxxvn. — Détails siir l’emploi des
bougies de cire; II, 571 ei suiv.
Bouillie. Manière de préparer la bouillie;
II , 691 ; III , 267. — Epoque à laquelle on
peut en donner aux enfants; II, 692. —
11 n’en faut pas donnera l’enfant qui a la
petite vérole; III, 260.
Bouillon préservatif de la pierre; II , 468.
Boulet. LeselTets du boulet ne résultent pas
d’un poison ; II , 133. — Ni de la combus¬
tion; II, 134. — Contusion et dilacération
produites par les boulets; II , 166.
Boulimie ; 83.
Boulogne. Voyage d’A. Paré à Boulogne; II,
696.
Bouquin ; 83.
Bourdons. Accidents résultant de leurs pi¬
qûres ; III , 324. — Remèdes d’iceux ; Ilf,
325.
Bourges. Voyage d’A. Paré à Bourges; III,
732.
Bourgeois (Louise) a été regardée à tort
comme auteur du procédé d’accouche¬
ment forcé dans les cas de pertes utérines.
II, 699.
Bourgeon. Ce que c’est ; II , 418.
Bourses. Histoire d’un morceau de miroir
descendu dans les bourses ; lli, 40.
Boursouflure. Causeset traitement; II, 780.
Bouts de sein. Figure d’un bout de sein en
plomb; II , 693.
Boyau. Relaxation du gros boyau culier ;
418. — Réduction; 419. — Longueur des
boyaux de l’homme; III, 265. Voyez In¬
testins.
Boyer. Description qu’il donne des fanons et
des faux fanons ; II, 290.
Branca ( père et fils ) , créateurs de procédés
autoplastiques importants; Int., c.
Branlement des dents ; II ,448.
Bras. Nerfs du bras ; 277. — Distribution
de la veine du bras; 271. — Description
de l’os du bras ; 278 ; H , 317. — Muscles
qui le meuvent ; 279. — Brûlures du pli
du bras; II, 208.— Pronostic des fractures
des os du bras ; II , 299. — Réduction des
fractures de l’os du bras; II, 317. — Pronos¬
tic des luxations du bras; II, 353— .Figure
de bras artificiel ; II , 61 7. — Figure d’un
monstre ayant quatre bras et quatre jam¬
bes ; III , 12. — Figure d’un monstre
ayant quatre bras, quatre pieds et deux
natures de femme ; III , 18. — Figure d’un
monstre ayant deux têtes et un seul bras;
III, 21. — Figure d’un homme sans
bras ; III , 23.
Brassavola ; ses ouvrages ; Int., cxcvi.
Brayers. Trois sortes de brayers au xv' siè¬
cle; Int., xc. — Figure de deux brayers
propres à la réduction des hargnes ; 408 ,
409.
Brebis sont les hêtes les plus utiles à l’hom¬
me ; III, 737. — .Antipathie des brebis et
des loups; III, 761.
Brechet. Fractures et enfonçures du bre-
chet;II, 311.
Bretagne. Voyage d’A. Paré en Basse-Bre¬
tagne ; III , 692.
Brise-pierre. Quel était cet instrument ; II ,
488.
Brissot ; Int., clxxiv.
Brisure. Plspèce de fracture ; III , 295.
Bronchocèle. Description; 390, 394. — Trai¬
tement; 391.
Brosse ( Pierre de la ) ; barbier de saint
Louis ; Int. xLix.
Bruant. Son antipathie pour la linotte; III,
761.
Bruit. Influence du hruit sur la guérison des
plaies de la tête ; II, 38 ; III , 709.
Brûlures. Efficacité de l’oignon dans le trai¬
tement des brûlures; II; 128. — Brûlures
superficielles ou profondes ; 11,202. — Re¬
mèdes Indiqués par leurs différences ; II.
203, 204, 205, 206, 207, 208.— Les brûlures
profondes sont moins douloureuses que
les superficielles; 11,208. — Leur traite¬
ment, 11.209 . — Brûlure cause de gangrè¬
ne; II, 211. — Signe de cette gangrène;
II , 216. — Emploi de l’antimoine dans le
traitement des brûlures ; III , 467.
Brünus. Ce qu’il dit de la plupart de ceux
qui exerçaient la chirurgie au xiii* siècle;
Int., xxxii, XXXVI.— Théodoric lui a beau ¬
coup emprunté ; Int., xxxviii, lvi.'— Ap¬
préciation de Guy de Chauliac ; Int. ,
xxxix.
Bubons; 82.— Ce que c’est, II, 528; III, 427,—
Causes et traitement des bubons; II , 578;
III , 427. — Quand les bubons des pestifé¬
rés paraissent avant la fièvre c’est bon si¬
gne; III , 390. — Quand il convient ouvrir
les bubons. 430.
Bubonocèi.e. Ce que c’est; signes; 404; II,
796.
Bucton. Ce que c’était; II, 487.
ANALYTrQUE. 8l3
Buglosse. Son efficacité contre la morsure
des serpents; III ,301.
Bulampech ; III, 775.
Bulles relatives à la faculté de Montpellier ;
Int., XXIX.
Bupreste. Description ; accidents résultant
de sa piqûre ; III , 329 , 366.
Butrol. Description du butrol ; III, 501.
C
Cachexie; II, 780.
Cachots. Ce que c’est; III, 279.
Cacochvmie. Ce que c’est; 73. — Cause an¬
técédente de toute maladie ; III, 96.
Cacots;III, 351.
Cadavre. Définition ; II, 662.
Cagots. Ce que c’est ; III, 279.
Caisses. Leur usage dans le traitement des
fractures ; II, 289. — Figure d’une cas-
sole pour les jambes fracturées ; II, 338.
Cal des os; 434. — Temps qu’il met à se
former; II, 33, 65. — La chair calleuse
s’oppose à l’agglutination , II, 272. — For¬
mation ducal; II, 298 , 299. — For¬
mation du cal des fractures du nez et
de la mâchoire inférieure; II; 307.—
De l’os claviculaire ; II, 309. — De l’os
du bras; II, 318. — Des os des doigts;
II, 321. — De la cuisse; II, 325, 326. —
Emplâtres pour aider à la formation du
cal; II, 339. — Signes de la formation
du cal ; II, 340. — Théorie du cal ; II, 341 .
— Temps qu’il met à se former dans les
fractures de la jambe; II, 342. — Choses
qui empêchent la formation du cal ,11,
343 et suiv. — Moyens de corriger le cal
vicieux; II, 345.
Cambium. Ce que c’est, 45 ; II, 244, 267.
Caméléon. Description du caméléon; pro¬
priété qu’il a de changer de couleur; III,
787. — Ses vertus médicinales; III, 788.
Camphur. Description de cet animal ; 111,
497.
Canapé (Jean) ; Int., ccxxxviii, cccxxxi.
Canards. Présagent la pluie; III, 739.
Cancellus. Ses mœurs ; III, 776.
Cancer; 82.— Origine et mode d’extirpation
du cancer avec l’instrument tranchant et
le fer rouge attribué à Jean de Vigo ; III,
vu. Voyez Chancre.
Cane. Voyez Bec.
Cannelle. Caractères de l’huile de cannelle ;
jjj^ (;27. — Description du cannellier ; III,
628.— Propriétés et usages de la cannelle ;
III, 629.
Canon. Comparaison du tonnerre et du ca¬
non ; II, 124, 177. — Différence entre le
canon et le tonnerre; II, 135. — Contu¬
sions et dilacérations produites par les
boulets de canon; II. 166.
Canons. Canon d’.Vvicenne traduit par Gé¬
rard de Crémone; Int., xxvii. — Canons
chirurgicaux d’A. Paré; III, 647.
Cantharides. Emploi de la poudre de can¬
tharides dans l’bydropisie ; 396. — Des¬
cription des accidents résultant de leur
ingestion ; III , 326. — Remèdes ; lll
327.
Canule. Figure d’une canule fenêtrée avec
son cautère actuel ; 385. — Figure d’une
autre canule avec son cautère pour tes
abcès de la gorge; 386. — Figure d’une
canule employée pour la paracenièse;
400. — Figure d’une canule pour l’opé¬
ration de la hernie étranglée; 410. — Fi¬
gures de canules à sutures; 439. — Figu¬
res de deux canules utiles après l’ampu¬
tation ; II, 229. — Emploi des canules dans
le traitement des fractures du nez; II,
306. — Figures de canules pour mettre
dans la plaie après l’extraction de la
pierre; II, 489, 490. — Figure d’une ca¬
nule propre à couper les carnosilés de la
verge; II, 569. — Figure d’une canule
pour remplacer la verge perdue; II, 613.
Capots. Ce que e’est; III, 279.
Caque-sangue ; III, 351. — Ses symptômes;
ni. 422.
Caractère. Influence du cœur sur le carac¬
tère ; 79.
Carboucle ; 320 ; III, 427.
Carcinome. Ce que c’est ; II, 418.
Cardialgie; III, 185.
Carie. De la carie des os de la tête; II, 64.
— Signes et curation ; H, 65. — Carie de
l’os du talon incurable ; II, 400. — Cau¬
ses de la carie des os ; II, 580. — Symptô¬
mes; II, 581. — Traitement des os cariés
par les poudres et emplâtres calagmali-
ques; II, 583. — Par la trépanation et la
rugination ; II, 584. — Pronostic de la ca¬
rie des os longs; II, 585. — Traitement
de la carie des os par les cautères poten¬
tiels; II, 688. — Par les cautères actuels ;
11,589. — Inconvénients de la mauvaise
application du cautère actuel; II, 591.
Carnosités. Des carnosités qui s’engen¬
drent au conduit de l’urine après quel¬
ques chaudes-pisses; II, 564. — Signes
de ces carnosités ; II, 565. — Pronostic et
cure générale des carnosités; II, 566;
— Cure particulière; II, 667. — Traite¬
ment des carnosités vénériennes de la
verge; II, 569. — Remèdes propres à ci¬
catriser les ulcères après l’ablation des
carnosités; II, 576.— Premières mentions
des carnosités urétrales ; III, v.
Carpe. Os du carpe; 283. — Muscles exten¬
seurs du carpe; 285. — Muscles fléchis¬
seurs du carpe; 287. — Situation qu’il
faut donner aux plaies du carpe; II, 119;
— Luxations des os du carpe, et moyens
de les réduire; II, 386.
Cartilages. Les cartilages s’ossifient chez
les vieillards; 175. — Définition et ana¬
tomie des cartilages; 176. — Cartilages
du nez; 243. — Cartilages du larynx; 256.
— Pronostic des ploies des cartilages; 433.
— Fracture des cartilages du nez ; II, 306.
Caspilly. Histoire du Gaspilly ; IH, 502.
Cassiodore. Auteurs dont il recommande
la lecture aux moines de son eonvent;
Int., xviii.
TABLE
8i4
Castration. Les castrats doivent être rap¬
portés à la nature des ferrimes ; 60. — Ef¬
fets de la castration : 156. — Indigne cou¬
tume dès châireurs dans le traitement des
hernie^: 407. — Intluence dé la castra¬
tion Sur le naturel dé rhorhme.et de I ani¬
mal ; 4 l4.—Castràlioii cause de stérilité;
jl^ 7^1.— Emploi de là castration contre
la lèpre ; ni, 281. ,
ÇâtalepsIe. Ce iiue c.’est; II, 753.
CÀTAPLASMÈS. Formüles de cataplasmes pjjur
lé phlcgnrton vràî, 330, ,331 ,,332, 333. —
Four i’œdème, 343. — Four lèS tiimëurs
àqiièusés et vehieiisés, 345j — ^ Four . les
écrouelles, 354. — Poür lés chànci és, 366,
3^9. — Foiir les tumeiirs dé l’orèillé, 380.
Pdiir iésliérnîes, 40è(. — Four leS turiieurs
dû gehoii, 42l. — Contré la douleur qui
sürvieiit aux plaies , 442. — Four l’èrjsi-
pièle; II, 28. — Foiir les plaies dè la iete;
II, 40. — Poiir les cohtusions.dù cuir niüs-
ciileilx ; il, 42. — Pour la p'iqûré dès tiëffs ;
11,114,115.— Pour les plaies des jointures;
II, ll7. — Poiif les plaiës d’harqiiebusés ;
II, 164. — Pour les plaies envenimées;
II, 191. — Pour léscènldsiôns avec plàiè;
II, 198. -Pour la gangrène; il, 219, 234,
235. —Pour les plaies après amputation ;
II, 232. — Aidant à la formation du çàl ;
II , 344. — Four l'ophthalmie ^ Il ; 427. —
Pour les dilatations de la pupille ; Ü, 434.
—Pour les calculs éngagés dans les ufetè-
rës; Il , 472. — Pour les carhositês de la
verge; II, 5ëî. — Répercü.ssifs contré la
goutte causée dé pituite ; lll, 235, 236.—
Résoiutiis contre ta .goutte càiiséé dé pi¬
tuite; III, 23ë. — Répercüssifs poutre la
goülie de matière chaude; III , 23Ô , 240.
— Contre la goutté provenant d’humeur
cholérique ; III, 242, 244. — Pour iés vèn-
tosités qui accompagnent les doulèurs ar¬
thritiques; III; 249 , 250. — Corilre là
goutte sciatique; III, 253. — Vermifuges ;
lit, 268. — Contre les doulèurs de tete;
ilï, 420. — Attractifs des bubons pestilen¬
tiels; III, 428. 429. — Résolutifs des bu¬
bons pestilentiels; lïl, 430. — Pour le
charbon pestiféré ; III , 439 , 44Ô. — Pour
les ecchymoses ; III , 485. — Ce que c’est
qu’un cataplasme; ingrédients, variétés,
utilité , formules de cataplasmes anodin ,
maturatif, résolutif; III, 575.
Cataracte. Prix de l’opération de la cata¬
racte aux termes des lois des Visigoths ;
Int., XVIII. — Traité de Guy deChauliac;
int., Lxv, — Procédé d’abaissement con¬
seillé par Arculanus ; ïni. , lxxxix. — Les
«hèvres ont donné l’idée de l’abaissement
de la cataracte, 20; III, 737. — Définition;
II, 418, 435. — Variétés, causes, signes;
II , 435. — Cure des cataractes qui com¬
mencent à se former; II, 436, — Signes
pour connaître les cataractes confirmées ;
II ÿ 437. —idem, les cataractes curables j
II, 438. — Curé des cataractes par fœu-
vre de main; II, 438. — Temps, lieu et
position convenables à l’opération; U,
439. —Manuel opératoire ; traitement con*
sécutif ; it, 446.— fcéqü’il faut faire qiiàrid
la cataracte remonte où (jù’elle s’est divi¬
sée; II, 441. — Ponction deS mémbranès
de l’œil dans lés cas de cataractes; 11, 625
Catarrhe;, III, 209.
Càtelàn (Nicolas) ; chirurgien à Toulouse ;
Int. , Lxvii.
CÀTHÊRÉTK^UES ; lll, 546.
Catherinaire, 22.
Cathétérisme pratiqué par Gilbert l’An¬
glais; III, v. ,
Catopsis. Ce que c’est; II, 414.
Qausüs; III, 133, 134, 137.
tAusTiQUEs; III, 546.
Cautère. Figuré d’ùn cautère actuel pour le
traiiement de la grenouillette , 382.-j^ti’iin
cautère actiièl avec sa canule fënétrééj
385. — Figiiie d’ùh cautère poür lés abcès
dè la gorgé avec sa canule , 386. — D’un
cautère actuel avec sa platine pour opérer
l’empÿême, 393. —Du èauière actuel à
séton; il; 81. — Sur l’emploi du cautère
actuel pour àrrêier le sang après l’ampu¬
tation; II, 227; lit, 680.— Figures de cau¬
tères actuels applicables après les amputa¬
tions ; II, 227, 228.— Figure d’un cautère ;
li ,, 42't. — : Emploi du cautère actuel dans
le tfaitemënt des fistules lacrymales ; II ,
431. — Figure d’un cautère actuel pour les
fistules lacrymales ; II, 432. — Figure d’un
cautère actuel pour cautériser les dents ;
II, 450. — 'Fraitement des hubons par le
caütèfe actuel: II, 578. — Supériorité des
çaütèrés actuels sur les cautères poten¬
tiels : matière dé ces derniers ; II , 288 ;
III , 57Ô. — Figures de cautères aciùels
cultellàires, ponctuels èt olivaires poür la
carie des os; II, 589, 590. — Inconvénients
de là inauvàisé application des cautères
aclùéls : soins à prendre après la càutéri-
sgtion; il, 691, — Emploi deS càülères
dans le traitement des fièvres ; III, 86. —
Application du càutère potentiel au trai¬
tement de la goutte; III, 211 , 212, 226,
254. — Manière d’établir un cautère ; III ,
227. — Emploi du càutère contre lès mor¬
sures des bêtes venimeuses; lïI, 3o2. —
lisage du càutèré potentiel; IH , 579. —
Exemples ; 580, 681. — Fropriétés, histOri-
qüëet cornposition du cautère de velours;
III, 581 , 582, 583. — Elu cautéré dans la
paracentèse ; III, 685.
Cautérisation. De l’emploi dè la càutérl-
sation dans le traitement des hernies ; 416.
— Cautérisation des plaies fenveniinées;
II, 192, 193. — Emploi de la cautérisa¬
tion dans le traitement de la gangrène ;
II, 220. — Cautérisation des ülcères;!!,
253, 254. — Cautérisation des ulcères de
la bouche; II, 262. — Ces cors; II, 468.
— Des dents; 11, 446, 448. — Premier em¬
ploi du mot Cauierizare ; III, iV;, — Cauté¬
risation du charbon; III, 4il, 514. — Du
foie, de la rate ; III, 685. — ïncqnvéniènts
de la cautérisation dans le iraitèment
des hémorrhagies d la suite d’ampula-
ANALYTIQUE. 0l5
lions; 11*2275111, 680. — De la cautéri-
sation^dans le traitement de la sciatique;
Cécité résultant de la petite-vérole et de
la rougeole ; III, 259.
Celse; Int., XIX. — Inconnu de Gariopon-
lus et de Trolula; Int., xxv. — Ignoré
des Occidentaux au xiv» siècle; Int., lx.
— Epoque où il fut retrouvé; Int., xciii.
— Est retrouvé par Thomas de Sarzane ;
Int^cix. — Dates des premières éditions
de Celse; Int., ex. — Cité par Benivieni ;
Int., cxviii. — Son opinion sur la para- “
centèse; 398. — Sa doctrine sur les fis¬
sures du crâne; II, 10. — Ses procédés
pour l’ectropion; III, vi. — Aphorisme
emprunté à Celse ; III, 646.
CÉRAT pour les écrouelles ; 354. — Pour les
plaies de la tête; II, 44. — Pour les com¬
motions ducerveau;II, 69. — Pour la pi¬
qûre des nerfs ; II, 113. — Pour les nœuds
des jointures ; Ili, 248.
Cerf a enseigné l’iitilité de la dictame; 19;
III, 736. — Vertu de la corne de cerf con¬
tre les vers ; III, 268. — Contre la peste ;
III , 369 , 50T. — Stratagème du cerf
pour dépister les chiens; III, 753. — An¬
tipathie du cerf et du serpent; III, 761.
Cermison (Antoine), médecin italien du
xv= siècle; Int., xciv.
Qéroüknnes. Définitions, différences, ingré¬
dients ; III, 568.
CÉRUSE. Son action sur l'économie animale ;
ni, 343. — Contre-poison; III, 844.
Cerveajo. Anatomie du cerveau ; 212. — Ven¬
tricules du cerveau ; 214. — Des sept paires
de nerfs du cerveau ; 22Q. — Pronostic des
plaies du cerveau ; 433 ; II, 27.-r-Effe,ts de la
compression du cerveau , II, 17. — Danger
de découvrir le cerveau ; il, 20. — Causes
et effets de la commotion du cerveau ; II,
23. — Explication de ces phénomènes ;
doctrine de Bérenger de Garpi ; II, 24. —
Exemples; II, 23,25. — Traitement de la
commotion du cerveau; II, 68. — Plaies
du cerveau avec perte de substance ; II,
70. — Cas remarquable de hernie du
cerveau; Ü, 212. — Le cerveau est fait
de substance spermatique; II, 651. — Le
cerveau est le siège des sens intérieurs ;
II, 658, 659, 660. — Canaux par où se
purge le cerveau; il, 662. — La goutte
vient du cerveau ou du foie ; III, 21 5. —
Signes de? lésions du cerveau ; III, 653. —
Cas de plaie pénétrante du cerveau ; III,
695.
Cervelet. Description du cervelet; 214.
Cervelle. Venin contenu en la cervelle des
chats ; lÜ, 333.
Césarienne (opération). Cas d’opération cé¬
sarienne ; il, 718. — Opinion de Paré sur
l’opération césarienne; 11,718.— Détails
historiques sur celte opération ; II, 7 19.
ruAOHiN. Son influence sur la fièvre ; III, 85.
CHAIR. Ce que c’est; 128. — Bégénéralipn
de la chair selon les parties de la tête; II,
43. — influence do l’alimentation sur la
qualité de la ehair des animaux; III, 2S8i
289. ,
Chaise, Figure d’une chaise à demi-bain ;
II, 471. — Figure d’une chaise pour les
accouchements; il, 674.
Chalazion. Définition ; II, 416, 422.— Trai¬
tement; II, 422,
Chaleur. Condition de la vie; 59; — La
femme en a moins que l’homnae ; 60. —
La chaleur immodérée dessèche et en¬
durcit la graisse; 121.— Chaleur qui con¬
vient dans le traitement des plaies de la
tête; II, 34. — Chaleur considérée comme
remède des petites brûlures; II, 203.
— Pierres causées par chaleur ; II, 465. —
Influence de la chaleur sur la difficulté
des accouchements,;, II, 712. —Propriétés
de la chaleur ; 11,737; — Chaleur cause. d.e
fièvre ; III; 78.— S^fmpti&me de fièvre ; ÎH;
80.— Elément de putréfaction; Ili, 103.—
Remèdes contre la chaleur qui brûle les
fébricitants ; III , 206. — Influence de la
chaleur sur le développement de la rage,
III, 704.
Chameau. Sa docilité, sa frugalité, son pays ;
111, 757.
Champier (Sympborien ). SesLunecies des
chirurgiens et barbiers ; Int., ccxxxvii.
Champignons. Espèces diverses, accidents
qu’ils peuvent causer, manière de les pré¬
parer ; III, 335. — Leur mode d’action ,
leurs contre-poisons ; III, 336.
Chancre. — Descfipiion du chancre; 361. —
Causes, espèces; 362. — Pronostic, cure
du chancre non ulcéré ; 363. — Cure du
chancre ulcéré ; 364. — Opération chirur¬
gicale ; 365. — Remèdes locaux ; 366. —
— Des chancres de la matrice en particu¬
lier; 368. — Simulation d’un chancre à
la mamelle ; III, 46. Voyez Cancer.
Chancre. Histoire du chancre de mer ; III ,
778.
Chape; III* 618.
Chapelain. Son opinion sur la corne de li¬
corne ; lil, 471, , 508,
Chapiteau ; III, 618. , . ,
Chapons. Sont souvent podagres ; ni,-229.
Charbon; iD, 351, 427. — Caqses et trai¬
tement du charbon bénin; lil, 434. —
— Description du charbon pestilentiel;
ses causes et symptômes ; III, 435. — Pro¬
nostic; III, 436. — Cure; 111,439. — Remè¬
des du prurit qui accompagne le charbon ;
III, 441. — Moyens de cicatriser l’ulcère.
III, 442. — Moyens de dissimuler la cica¬
trice ; III, 443. — Cautérisation des char¬
bons; III, 514. — Cas d’asphyxie par la
vapeur du charbon; iD, 661, 664.
Charité. Sentiment naturel à l’homme ; 7.
Charlatans. Stratagème des vendeurs de
thériaque; III, 3i9. — Supercherie des
charlatans; III, 511.
Charlemagne. Il ne parait pas qu’il ait eu
réellement de médecin arabe; Int., xix.
Charles I” d’Anjou, roi de Sicile. Son
ambassade au souverain de Tunis pour
obtenir le Continent de Rhasès ; Int. , lix.
TABLE
Charles V. Son édit sur l’exercice de la
chirureie: Int.,cxxvn. — Son ordonnance
de 1372, réglant les droits des barbiers et
des chirurgiens; Int., cxxxyui.
Charles IX. Histoire du roi Charles IX;
III 115. Voyez Æezaliai'.
Char’olles ( Jean de ) ; Int., cxxviii.
Chat Histoire d’un chat engendré par une
femme ; III, 36. — Vénénosité de la cer¬
velle, du poil et de l’halcine des chats,
III, 333. — Remèdes contre les accidents
qui en résultent ; III, 334. — Les chats
présagent la pluie ; III, 738.
Chat-Huant. Son antipathie pour la cor¬
neille; 111,761. . .
Chateau-le-Comte. Voyage d’A. Pare a
Château-le-Comte ; III, 699.
Chauche-Poulet ; III, 66.
Chaude (fièvre) ; HI, 104. V. Fiivre.
Chaude-pisse. Définition ; H, 655. — Chau¬
de-pisse résultant de réplélion ; II, 557.
— Idem d’inaction et de contagion ; II ,
558. — Pronostic des chaudes-pisses ; II ,
559. — Cure générale; II, 561. — Cure
particulière; II, 562.— Des carnosités qui
s’engendrent au coeduit de l’urine après
quelques chaudes-pisses; II, 564. — Signes
de ces carnosités; 11, 565. — Pronostic et
cure générale des carnosités ; II, 566. —
Cure particulière; II, 567, 569, 576. — En
quoi diffère la chaude-pisse chez les fem¬
mes, des fleurs blanches; II, 775.
Chaumet (Antoine); son Enchiridion chirur-
gicum; Int. , CCLXXXV.
Chausse d’hippocras. Ce que c’est ; III, 625.
Chauves-souris présagent le beau temps;
III, 739.
Chaux. Son action sur l’économie animale,
et contre-poison ; III, 343.
Chemosis. Définition; II, 415, 428.— Causes,
traitement ; II, 428.
Chenille. Histoire d’une espèce de chenille
engendrée dans la cuisse d’un homme;
III, 35. — Accidents résultant de leur mor¬
sure, et remèdes; III, 325.
Cheval. Affection du cheval pour son maître;
III, 747. — Son antipathie pour le cha¬
meau ; III, 760. — Cheval de mer; III.
772.
C hëvêche. Présages tirés de son chant ; III,
CupiLLER. Ce que c’est ; III, 62.
Chèvre. Les chèvres ont donné l’idée de
rabaissement de la cataracte ; 20, III, 737.
— OEil de chèvre; II, 419. — Chevreau
engendré d’une chèvre et d’un homme •
III, 44. — Vertus attribuées à la corne de
chèvre; III, 607. — Les chèvres nous ont
appris les propriétés de la diclame ; III ,
736. — Instinct des chevreaux pour recon¬
naître leur mère et les herbes qui leur
conviennent; III, 741.
Chiens. Huile de petits chiens; II, 127, 155.
—Enfant engendré d’une femme et d’un
chien; 111,43.— Enfant ayant la figure d’un
chien ; III, 44. — Pourquoi les chiens de¬
viennent plutôt enragés que les autres ani¬
maux ; III , 304.— Signes indiquant qu’un
chien est enragé ; III, 305.— Traitement
delà morsure d’un chien enragé; III, 309.
— Vertu de la fiente de chien pour arrêter
le flux de ventre ; III, 452. — Comment les
chiens se purgent ; HI, 737. — Fidélité du
chien; III, 747.— Son éducabilité; 111,755,
757.— Son antipathie pourle loup; III, 760.
Chiragra; III, 209.
Chiron. Regardé par Pline comme l’inven¬
teur de la médecine ; 18.
Chiromanciens ; III, 60.
Chirurgie. Faveur dont jouit aujourd’hui
l’histoire de la chirurgie ; difficultés de
cette étude; Int., v. — Plan d’une ency¬
clopédie chirurgicale; Int., vi. — L’histoire
de la chirurgie est intimement liée à celle
des révolutions de l’esprit humain; Int. ,
XV. — La chirurgie prend naissance en
Asie; Int., xvi. — Par qui elle était exer¬
cée au vu siècle ; Int., xviii. — Causes qui
peuvent expliquer comment au commen¬
cement du xiiu siècle elle émigra du midi
au nord de l’Italie ; trois sortes de per¬
sonnes l’exerçaient au xiiu siècle ; Int. ,
XXII. — Abandon de cette science en Occi¬
dent au xiu siècle, Int., xxvi. — Ensei¬
gnement et pratique de la chirurgie au
xiiF siècle; Int., xxviii,xxix. — La chirur¬
gie n’est pas encore, au xiiu siècle, nette¬
ment séparée de la médecine; Int, , xxix.
— Etait exercée aussi par des femmes;
Int. , XXIX , XXX , XXXI , xxxii. — Comment
elle était considérée au xiiu siècle; Int.,
XXX. — Ressources de la pratique chirurgi¬
cale au xiiu siècle; Int., xxxi.— Influence
de la découverte de l’imprimerie sur l’é¬
lude de la chirurgie; Int., cxi.— Idem de
la découverte de l’Amérique ; Int,, cxii. —
Etat de la chirurgie en France au xv' siè¬
cle; Int., cxx. — De la chirurgie dans les
villes de province ; Int,, clv. — De la chi¬
rurgie militaire au xv® siècle ; Int., clxvii.
— De la chirurgie dans les campagnes;
Int, , ULxviii, — Pourquoi l’Italie ne mar¬
cha pas en tête du mouvement de cette
science au xvi« siècle; Int., clxxii.— Cau¬
ses qui en arrêtèrent l’élan en France ;
Int., cLxxiv. — Origine de la chirurgie
allemande; Int., cxcvii. — Etat de la chi¬
rurgie en France de l’an 1515 à l’an 1545;
Int. , ccxxxvii. — Fondation d’une chaire
de chirurgie au collège de France; Int.,
ccxxxix.-— Etat de la chirurgie en Europe
au xvu siècle; Int., cclxxxv.— Nouveaux
documents sur l’histoire de la chirurgie
au moyen ûge ; III , iv, — Rapports de la
chirurgie et de la médecine, 10, 12, 24.
— Invention de la chirurgie , 18. —
Antiquité de la chirurgie; ses difficultés,
p. — Son excellence, 24. — Définition de
la chirurgie , 23, 25. — Elle comprend
cinq genres d’opérations , 26. — Ces opé¬
rations no se peuvent faire sans douleurs,
30, — Emploi des moyens ehlrurgicttus
ANALYTIQUE,
817
dans le traitement des fièvres; III, 86.
CniRURGiEiNS. Ils étaient compris au ’vi' siè¬
cle sous le nom de médecins; Int., xvii.—
Dispositions des lois des Visigolhs cl des
Lombards qui les concernaienl ; Int. , xvii.
— Quand il leur était permis de pratiquer
en Italie au xiii= siècle; Int., xxx.— Clii-
rurgiens du xiii' siècle ; Int., xxxiii. — Les
simples chirurgiens considérés jusqu’au
XIV' siècle presque comme des manœu¬
vres; Int., XLiii. — Quel était le bagage
d’un chirurgien au xiv' siècle ; Int., lxvii.
— Rarelé des chirurgiens lettrés en France
au XIV' siècle; lut., lxxi. — Comment on
les désignait en Italie au xv' siècle; Int.,
Lxxvi. — Procès-verbal de réception d'un
chirurgien au x;vi' siècle; Int. , ccxxxiii.
— Détails sur la réception des maîtres chi¬
rurgiens à Saint-Côme; Int., cclix. — lin
quoi consistait l’épreuve laline ; Ini., cclx.
— Let'res de maîirise; Int., cclxi. — Nou¬
velles querelles des chirurgiens avec la
Faculté; Int, , cclxxxvi. — Liste des chi¬
rurgiens du roi pour 1585; Int., ccxciii.
— Réponse d’A. Paré aux attaques des
chirurgiens , 12. — Quelle doit être la con¬
duite du chirurgien pendant l’opération,
30. — Connaissances premières qu’il doit
avoir, 31. — Il doit connaître les chosesna-
turelles, 31. — Les annexes des choses na¬
turelles, 60. — Les choses non naturelles,
62, — Les accidents ou perturbations de
l’âme, 75. — Les choses contre natme, 80.
— Les indications, 84. — Ce qui le distin¬
gue de l’empirique , 87. — Le chirurgien
connaît et juge des maladies par les cinq
sens, 93. — Nécessité pour le chirurgien
de connaître l’anatomie, 106,— Ne doit
jamais abuser le malade, 432. — Son mi¬
nistère consiste à aider la nature; 111,66.
— Utilité de la connaissance des fièvres
pour le chirurgien ; IH , 71. — Comment
doivent êire choisis les chirurgiens char¬
gés de soigner les pestiférés; III , 378, —
Précautions que doivent prendre les chi¬
rurgiens chargés de ce soin; HI, 379 —
Prudence, discernement et probité néces¬
saires au chirurgien chargé de faire un
rapport en, justice; 111, 651.
Cbo CRADES. Écrouelles; 82.
Cholère. Nature, 1 onsistance , couleur, sa¬
veur, usage delà cholère, 42. — De quoi
et quand elle se fait, 43. — Quand elle se
met en mouvement ; cholère jaune et
noire , 44. — De la cholère contre naiure,
46. — Carac ère de l’homme cholérique,
47. _ Ce qui peut donner un lempérarnenl
cholérique, 49. —Tumeurs qu’engendre
celle humeur, 336; Il , 662. — Signes in¬
diquant que c'est la cholère qui accompa¬
gne le virus arthritique; 111 , 217. — To¬
piques pour la goutte provenant d’humeur
cholérique; 111, 241.
CiioMEi.. Ce qu’il dit sur la culture de la
médecine en Occident avant le xi' siècle ;
Int., XIX,
Chorion , 166. — Anatomie du chorion, 171.
— Son usage; II, 644.
Chrysolore iKinmanuel). Son voyage en Ita¬
lie, ses leçons; Int. , cviii.
Chute. Exemple d’une phrénésic guérie à la
suite d’une chute, 95. — Chutes cause d’a¬
vortement; II, 624, 714. — Influence des
chutes sur la génération des monstres;
III, 27.
Chyle. Ce que c’est , 40. — Quand il com¬
mence à prendre couleur de sang, 144.
Cicatrices des brûlures; II , 210. — Le poil
ne croît jamais sur les cicatrices ; II , 406.
— Moyens pour effacer les cicatrices de la
petite-vérole; III , 263. — Moyens d’ame¬
ner à cicatrice l’ulcère charbonneux ; III,
441. — Moyens de dissimuler la cicatrice;
III, 442.
Ciel. Prodiges célestes ; III, 790.
Cigognes. Ont inventé le clyslère ; III , 557,
737.— Amour filial des cigognes; 111, 746.
Ciguë. Ses propriétés vénéneuses; traitement
des accidenis qu elle cause; lli, 337.
Circoncision. De la circoncision des femmes,
169. — Manières de rallonger le prépuce des
circoncis; II, 458.
Cire. Manière de faire l’huile de cire; III,
631.
Cirons. Description, origine, et manière de
les détruire ; 111, 270.
CiRSocÈLE. Ce que c’est, 404, 417 ; II, 796. —
Causes, signes, traitement, 4i7.
Ciseau. Figure d’un ciseau pour séparer le
péiicrâne; II, 8. — Figures de divers ci¬
seaux pour aplanir les os ; 11, 16. — Figu¬
res de ciseaux pour couper les os ; II, 585.
Citations. Inductions tirées des citations
faites par A. Paré ; III , xviii. — Liste des
auteurs cites par A. Paré ; III, xx.
Clarté. Action de la clarté sur l’économie ;
II , 34.
Claudication. Suite ordinaire des fractures
de la cuisse; II, 326. — /dewi, de celles de
la rotule ; II, .327, — Hérédité de cette dif¬
formité ; III, 27.— Claudication simulée ;
III, 50.— Résultant de la goutte ; III, 220.
Clavicules. Description anatomique des cla¬
vicules, 180. — Fracture de l’os clavicu¬
laire; procédés divers de réduction ; 11,
308. — Luxation de l’os claviculaire ou
jugulaire ; II, 359,
Cleisagra ; III, 209.
Clément YI. Il appelle auprès de lui Guy
de Chauliac; Int., Lxiii.
Cléopâtre. Mise à contribution dans le livre
de Trotula; Int., xxiv.
Clercs. Exerçaient la médecine au vi' siè¬
cle. Où ils allaient puiser leur enseigne¬
ment; Int., xviii. — Etaient seuls admis
à prendre les degrés dans les Facultés de
médecine; Int., xxix. — Exception laite en
laveur des chirurgiens; Ini. , xxx.
Clignotement des yeux; II, 415.
Clitoris. Mention qu’en font quelques ana¬
tomistes, 169. . , , .
Cloporte, Histoire d’une espece de cloporte
rendu pur la verge ; Hl, 35.
52
111.
TABLE
818
Ctoüs* Description, 368} II, 418.-^ Traite¬
ment, 358. , ^
Clystère. L’ibis a donné l’idée des clystèreS,
20- III, 739. — Ce qu’il faut faire en pre¬
nant un clystère, 132; III, 66t;— Dangers
de ces remèdes dans le traitement des
plaies des intestins; II, 109. — Diystéres
préservants de la pierre; II, 469; 410. —
Pour les coliques venteuses ; li; 617. —
Pour lés coliques résuliant de la rétention
des excrémenis ou de l’entortillement des
boyaux; II, 618. — four les sulîocatiotts
de la matrice ; II, 769. — Emploi des clys-
térCs dans le traitement de la fièvre syno-
que-putride ; III, 112, — Dans celui de la
goutte; III , 262; — clystères sopofaiifs;
III , 420. — Excitants; III, 450. --Rafraî¬
chissants et anodins; III, 452, 453. — Dé¬
tersif et astringent ; III, 463. — Nutritifs;
III , 454, 565. — Définition des clystères ;
espèces diverses; lll . 552. — Substances
Végétales et animales qui entrent dans ledr
composition; quantité, chaleur, mode
d’administration; formules de clystères
émollient , laxatif ; III , 563. — Anodin et
astringent; III, 654. — Clystères sarcoti-
ques; épUlCRiques, détersifs; régies poUr
l’administration des clystères nutritifs;
III, 656. — Preuve de l’efficacité de ces
clystères ; quand il faut prendre les clyslè-
res; usage des clystères; III, 556. — In¬
vention ; mani;ère de prendre un clystère;
figure d’un instrument pour s’en donner
un soi-même ; lll, 667.
Coccyx. Fractures du coccyx et leur réduc¬
tion; 11,316.— Luxation du coccyx; II, 387.
CocHLEAB. Description et Usagé de cet instru¬
ment; II, 487.
Cochon. Figure d’ün cochon monstrueux;
III, 13. --Cochons ayant le visage ti’Uh
homme ; III, 44.
COECUM, 139.
GoEt-éE, 135.
COEtiüs AUrelianüs ; Int., tix.--Sbn opinion
sur la paracentèse, 398,
CoELOMA. Ce que c’est; II, 259, 4lt.
Coeur. Influence de son volume ét de sa
densité sur le caractère ; 79. — Anato¬
mie du cœur; 188. — Son action; ses
éplphyses; 190. — Ventricules du ctSur;
191. — Orifices et valvules du cœur, 192.
— Pronostic des plaies du cœur; 433. --
Symptôrries des blessures du cœur ; II, 96;
III, 654. — Exemple de hernie dü cœur;
II, 99. — Formaiion du cœur du fœtus;
II, 660. — Causes et traitement des bat¬
tements de cœur; 188; II, 780. — Diux
corps joints, mais n’ayant qu’un cœur,
ne font qu’un individu ; III, 9. — Exem¬
ple de pierre engendrée dans le cœur ; III,
32. — Exemple d’un cœur couvert de poil ;
III, 41 .—Le cœur est le siège de la fièvre ;
III, 74, 76.
CooiTATiON. Voyez Maison.
Coing. Ses propriétés ; III, 231.
Coït. Son action sur la grandeur de la ma¬
trice; 164. ~ Dangers du coït pour les
personnes blessée^àlâ tête; It, 88.— Pour
les pefsohnes affligées de cataractes ; it,
436. — Transmlsslrtll du virUs vénéHéti par
le coït; 11, 328.--La trop longue prlvaiion
du èoït est une Cause de chaUdé-pisse;
II, 657. — Sa trop fréqUenté répétition
aussi; II, 568. — Théorie tlU coït; II,
636. — Raisons de la répugnance qü’é-
ntouVeOt les femelles des ahlmallx pour
le colt aptèS qu’elles ont conçu ; it, 639.
— Influence fâcheuse du coït sut le lait
des nourrices ; II, 696. — Les nourrices
doivent s’en abstenir; il, 086, 689.—
Coït trop fréqlieht cause d’avortement ;
II, 714. — Idèm de stérilité; II, 7.30. —
Inconvêrtienis du Colt pendant les mens¬
trues ; iil, 4i -- Coït immodéré causé de
goutte; Itl, 214. — Attraits ét dangers
des plaisirs de l’amour pour les goutteux;
îll, 222. — Pour les lêpreiit; lll, 273. —
Dangers des plaisirs Vénériens ett temps
de peste ; 111, 375.
Col. Anatomie du COl de la mairicé et du
col de la véssie; 167. --- Maladiès qui
peuvent affecter le col de la matrice; 169.
— Dangers déS fractures du col de l’ortio-
platé; II, 311.
CôLCHiqtife. Ses propriétés, Vénéheusés et
contre-poison ; lll, 336.
ColeRé. Ses effets ; 77. -- Exemple d’Une
guérison suite d’uh accès de Colère ; 96.
— influencé de la colère sur la fièvre;
III, 85.
Colique. Cas dé colique néphrétiquê Causée
par des pierres rénales; II, 463.--- üefini-
tion; If, 513.— Coliques venteuses; 344;
11 , 514. — Colique néphrétique; co¬
lique résultant d’éxcrélrtents retenus, de
l’entortillement dés boyaux ou d’inflam¬
mation bilieuse; II, 51 4.— Signés de ces
diverses coliques; H, 515. — Pronostics;
cure de la colique néphrétique, de la co¬
lique résultant de l'entortillement des
boyaux et de la colique venteuse; II, 6I6.
— Cure de la toiique bilieuse et de cel¬
les qui résultent dé là rétention des ex¬
créments ou de rentortiilement des
boyaux; II, 518.
CoLLETic (médicament) pour les frâCtUres
de l’os claviculaire; II, 309.
Collyres poür les yeux; II, 76, 77, 78. —
four les ulcères des yeox; II, 260. — Pour
le prUrlt des pàupières; II, 424. — Pour
l’ophlhalmie; II, 427. — Pour les catarac¬
tes qui commencent â se former; II, 436.
— Pour lesülcèros véhérCns de la \erge;
D, 55.3. — Ce que c’est; les collyres sont
de trois sortes; leur Usage; modèles de
collyres répercussif, anodin, détersif; III,
585, 586. ’
Colmet Gandillon, organtfaleut de la bar-
berie en Frani e; Int., clxi.
CoLOBOMA, Ce que c’est; II, 416.
Colombes. Tendresse réciproque des Colom¬
bes ;l!l, 747.
Colon; 140.
Colonnes de pierres fondues ; III, 600.
ANALYTIQUE. 8ig
CôLOT. La vérité sur Germain Colot: Int.,
cLiit.-- Laurent Colot; lut., ccmn,
eoLxxi. — llécit de plusieurs opérations
faites parles frères Colol; IIl, 20.
Combustion. Des différentes combustions;
11, 202. ’
CôsiB (confrérie de Saint-). Son origine; oxxi.
^Sa marche; Int., cxxvii.— Ses mites avec
la faculté de méaecine; Int., cxxviii.-—
Histüiiqüe de ses statuts; lot., exxx. —
Idée générale de ces statuts; Int., cxXxi.
— Rivalité de la confrérie de Salnl-Gôme
et des barblerS; Int., cixxv. ■*“ Siatuis
nouveaux; Int., cxli, cXlIu. dXLViit. --
Lutte avec la facuilé de médecine; Int.,
CXLVI. “ Fin de cette lutte ; Int., glü.--
Transformalion de la Confrérie de Saini-
Côme en collège; Int., CdLvt. — Details
sur la réception dés maîtres chirurgiens;
Int., ccLix. -- En quoi Constslait l’é¬
preuve latine; Int., cclx. Lettres de
hiiiît ise; Int., cclXi. -.*■ Nouvelles que¬
relles des chirurgiens avec la Faculté; Int.,
ccLXXxvi. ^ Nouveaux statuts; Int.,
ccLSXxViI. ^ Décadence et fin dü col-
lége de Saint-Côme ; Int., etet.
CoMÉîËS; 111, 188.
Commercé. Influence désastreuse de la peste
sur le commerce; III, 457.
COMMOBÉRATtON. Ce que c’est; 61.
Commotion. Causes et effets de la commo¬
tion du cerveau; II, 23. — Explication
de ces phénomènes; doctrine de Béren¬
ger de Carpi;II, 24. — Exemples de com-
mollon du Cerveau; II, 23, 25. — Traite¬
ment de la commotion du cerveau; II,
68.— Commotion de la moelle; II, 366.
— Commotion cause d’aVortement ; II ,
714.
Compas. Figure d’un compas pour couper
l’os du crâne; II, 59, 60.
CôMPÉRAT. Son libelle contre A. Paré; Int.,
ccxci, cccxxxv.
CoMPLExiuN. Ce que t’est ; 33.
Compressés. Leur uUlitéi il, 286, 286. --
Comment elle.s doivent être faites; II,
286. — Préparation préalable des com¬
presses ; II, 303.
Compression. Effets de là compression du
cerveau; il, 17. — Effets de la compres¬
sion sur la taille des jeunes filles ; II,
350. — La compression exercée sur le
ventre amène l’avoriement; H, 624, 714.
Conarium ; 210.
Conception. Symptômes indiquant qu’une
femme a conçu ; II, 612. — Théorie de la
conception; li, 050. — SI une femme
non réglée peut concevoir; II, 762. —
Age auquel la femme peut concevoir ; II,
738.
CoNolLËs. Défenses faite» aux moines par
les conciles de l.alraii, de Montpellier et
de Tours d’exercer et u’enselgner la méde¬
cine; lut., XXVIII.
Concussion. Voyez Commoiioh.
Conducteurs. Figures de deux conducteurs
pour l’extiacUoa de la pierre; U, 483.
CoNDYLOMEs/Définition et traitement; ii.
790.
CoNcit/ATioN cause de gangrène; II, 211.
— Signes do cette gangrène; II, 216. — •
Con«èlation des dents; 11,451.
Congestion. Ce que c’est ; 320.
Conjonctive. Description de la conjonctive;
237. — Inflarninaiions de la conjonctive;
H, 78. — Excroissances; II, 79.
CoNsiUiA MKDicA. Ouvrage attribué à Guy
de Chauliac, par J.ScUenkius;Int,, lxv.
Constantin. Restauraieur des sciences mé¬
dicales en Occident; Int., xix.— Son Pan-
tegui, Int., xxiv ; III, iV. — Ses travaux ;
Int., XXV.— Ses tradiiions fontseules pres¬
que tous les frais de l’enseignement médi¬
cal au XIII' siècle ; Int., xlii.— Est cité pat
Lanfraiic ; Int., xuvi. — Ses ouvrages fai¬
saient partie de la bibliothèque de l’École
de Montpellier au xiv' siècle; Int., tix.
Constantinople. Influence de la prise de
Constantinople sur les progrès des scien¬
ces en Occident; Int., cvilt.
Constipation. Remède contre la constipa¬
tion ; 092 ; III, 103.
Constitution. Quelle doit être la constitu¬
tion d’une bonne nourrice; III, 685. — In¬
fluence de la constitution sur la fécondité ;
II , 734.
Contagieuses (fièvres); III, 180.
Contagion de la lèpre; 111,272.
Contes. Inconvénients des contés de nour¬
rices ; II, 686.
Continence. Doit être rigoureuse dans la
cure du phlegmon vrai; 330. — Son in¬
fluencé dans le traitement de l’œdème ,
342.
Continent. Le Continent de Rhasès est tra¬
duit en latin par Farragius ; Int., tix. —
Ëmprunts faits à ce livre par Nicolas de
Florence; Int., lxxv.
Continentes (fièvres); III, 95.
C0NTiNUE8(flèvres); III, 96,100, 104,114,116,
136, 142, 158.
Contre-fENtbs du crâne ; II , 2.— Difficulté
de les reconnaître ; II , 20, 22. — Opinion
dès auteurs sur les contre-fentes ; II, 21.—
Exemples; II, 21,22.— Tiailemenl; II, 23.
Contre-poison. Mode d’action des contre¬
poisons ; II, 286, 304. — Contre-poison du
venin des frelons ; III, 325. — De la li¬
maille de fer; IIl, 343. — Contre-poison
universel de Mithridate; III, 372. — Pro¬
priétés antivénéneuses du frêne et du
geiltèvre; lit, 395. y Antidotes.
Contusion. Pronostic des plaies contuses;
433. — Contusions du crâne ; U, 2, 3. —
Traitement; II, il. — Pronostic des plaies
contusesde la tête; II, 26. — Traitement
des contusions du cuir musculeux ; K, 42.
— Contusions produites par les boulets de
canon; II, Kiü. — Définition des contu¬
sions; II, 194. — Traitement général des
grandes contusions; II,l95; 111,484.— Trai¬
tement des contusions avec plaie; II, 108.
Traitement dçs contusions sans plaie ;
II, 199. — Moyens de prévenir la gan-
TABLE
8ao
grénc; II, 200.— Accidents des contusions
des côtes; II, 201.— Inefflcaeilô de la
Murr.iedans le traitement des contusions ;
ji 202. — Grandes contusions, causes
de gangrène ; II, 212. — Signes de celle
gangrène; II , 2l6. — Accidents résultant
de contusion au talon ; II , 400. — Con¬
tusion complicative des luxations et frac¬
tures ; II, 402. — Traitement des contu¬
sions des yeux et des doigts; III , 486. —
üu talon , III, 487.
Convulsion. Convulsio canina ; 83. — Défini¬
tion des convulsions, variétés, causes, 443.
— Signes, traitement ; 444, 446.— Théorie
des convulsions ; II , 29. — Convulsions
symptomatiques des fièvres ; III , 190.
CoPHON- Obscur médecin de Salerne cité
dans le livre de Trolula ; Int., xxiii.
Coq. Le coq présage la pluie; III, 739. —
Effroi qu’il inspire au lion; 111, 751, 752 ,
760. — Manière de se battre du coq ; III ,
752.
Coqueluche; III, 351. — Ses symptômes;
111, 362,411,422.
Coquilles (distillation des) ; III, 638.
COEAIL ; 111,763.
CoBBEAu. Présage tiré de son chant; III,
738. — Aptitude du corbeau à imiter la
voix humaine ; III, 759. — Son antipathie
pour le milan; III, 761.
CoRBiN. V. Bec.
CoRCELET. Figures de corcelefs pour redres¬
ser l’épine dorsale ; II, 611,612.
Cordon. Section du cordon ombilical; II, 632.
—Formation du cordon ombilical; II, 648.
— Ligature du cordon ombilical ; II, 677.
CoRDouE. Ecole arabe de Cordoue ; Int. ,
XXVI.
Cornes. Animaux dont les cornes sont ré¬
putées bonnes contre les venins ; III, 495,
497, 501, 502, 503, 504. —Preuve de l’in¬
efficacité de la corne de licorne ; III, 505.
— Vertus attribuées à la corne de cerf et
de chèvre; 111, 507.
Cornée. Description de la cornée; 2.37. —
Rupture de la cornée ; II, 79. — Enuméra¬
tion des maladies de la cornée; II, 417.
Corneille. Son antipathie pour le chat-
huant ; III, 761.
Cornemuse. Ce que c’est ; III, 630.
CoRNETS.Manièrede les appliquer; 11,522. —
Figures de cornets avec flammeltes et lan-
cetle;II,523. — Figures de trois cornets atti¬
rant par l’aspiration ; II, 524.— Leur em¬
ploi dans le traitement des fièvres ; III, 86.
— Contre la morsure des bêles venimeuses;
111,302.
Corps. Théorie du corps humain de Para¬
celse ; Int., ccxv. — Perfection du corps
de l’homme; 15. — Eléments du corps;
33. — Division du corps en trois parties ;
111. — Animales, vitales; 112. — Natu¬
relles ; 113.
Corps étrangers. Procédés d’extraction d’Ar-
culanus; Int., lxxxviii, xc. — Extraction
des corps étrangers des yeux; 26; 11,76,416.
— Des oreilles; 26 ; II, 442.— Du nez, 27.
—De la gorge ; 27; H, 443.— De l’estomac,
de la verge, delà matrice; 28. — Delà pré¬
sence des corps étrangers dans certaines
tumeurs ; 346. — Ce qu’on appelle corps
étrangers; 435. — Des moyens de les
extraire; 436. — Figures d’instruments
propres a l’exlraclion des corps étrangers ;
H, 186.— Précepte de Gersdoif sur l’ex¬
traction des corps étrangers des plaies;
III, vil. — Cas de corps étrangers ; III, 28,
29. — Corps étrangers chassés par la force
de la nature ; III, 38 à 41.
Cors. Description et traitement des cors;
358; II, 458, 789.
CÔTES. Sept vraies et cinq fausses de chaque
côté; 180. — Leur substance, consistance,
figure et utilité ; 181. — Accident des con¬
tusions des côtes; II, 201. — Courbures
des os des côtes ; II, 296. — Fractures des
côtes; signes de ces fractures; II, 312.
— Accidents qui surviennent aux fractu¬
res des côtes ; 11,314. — Luxation des cô¬
tes; III , 367. — Cas de contusion grave
des rôles suivie de guérison ; ÏII , 489.
CoTTiER. Ce qu’il recevait de Louis XI ; 21.
Cotylédons. Ce que c’est; 165, 170; II, 645.
Cou. Définition du cou ; examen de ses sept
vertèbres ; 2.)9. — Des}virigl deux muscles
du cou; 262. — Nerfs du cou; 276. —
Pronostic et traitement des plaies du cou;
II, 90. — Luxations des vertèbres du cou;
II; 361.
Coude. Définition du mot coude ; 280. —
Description des os du coude ; 281. — Mus¬
cles qui les meuvent; 282, 285. — Situa¬
tion qu’il faut donner aux plaies du
coude; II, 119. — Fracture de l’os du
coude; II, 318. — Pionostic des luxations
de l’os du coude; II, 352. — Variétés, ra¬
reté et pronostic des luxations du coude ;
difficulté de leur léduclion; II, 380. —
Causes et sjmpiômes de ces luxations ; II,
381. — Réduction de la luxation du coude
faite en la panie extérieure, II, 382. — Idem
de la luxaiion en la partie intérieure ; II,
383. — Idem de la luxation incomp été en la
partie supérieure ou inférieure ; Il , 384.
CouLE-sANG. Accidenis qui résultent de sa
morsure et remèdes d’iceux; III, 315.
CouLET. Sa traduciion de Freind ; Int., lvi.
Couleur. In iicalion que fournit la couleur
de la peau ; 61.
Couleuvre. Accidents provenant de sa mor¬
sure , et remèdes; III, 320. — Sou anti¬
pathie pour l’homme; III, 760.
CouLL'SE. Ce que c’e>t ; II, 418.
Coup de fouet ; H. 110.
Cours. Influence îles coups reçus parla mère
sur la genéralion des monstres ; III, 27.
Courage. Modification de l’àme ; II, 655.
Courbure des ôs des membres , du crâne et
des cô es sans fraciurc; II, 296.
Couteau. Figure d’un couieau propre à cou¬
per une grande quaniiié de chair; 11,188.
Figure d’un couleau courbé pour les
amputations; II, 222. — Figure d’un cou-
tèau courbé pour fendre le ventre d’un en-
ANALYTIQUE. 8îi I
fant mort dans la matrice; II, 705. — His- ,
toire d’un couteau chassi' du corps après
un séjour de six mois ; III, 39.
Coutures. Voyez
CoxALOiES. Observations de coxalgies faites
P ir A. Benivieni ; Int., cxvn.
Crachement; 74. — Moyen de le p'rovoauer:
111, 445.
Crainte. Ses effets; 78. — Théorie delà
crainte ; II, 661.— Influence de la crainte
sur la difficulté des accouchements; II,
712. — Sur le développement de la rage;
III, 311. Voyez Peur.
Crampe. Définition, cause, traitement ; III ,
255.
Crâne. Anatomie du crâne; 207. — Trous
de la base interne du crâne; 225. —
Trous de la base externe ; 226. — Diver¬
ses espèces de fractures du crâne ; II, 1.
— Tables de ces fractures ; II, 3, 4. —
Causes et signes conjecturaux; II, 5.
— Signes sensuels ; II , 6 ; III , 653. —
Scissure; II, 7. — Contusion ; II, 11. —
Embarrures ou enfonçures ; II, 15. — In¬
cision ; II , 17. — Conire-fente ; II, 20. —
Pronostic des fraciures du crâne ; II, 26 ,
31, 33. — Soins généraux à donner aux
fractures du crâne; II, 33. — Cure des
accidents qui advienneni au crâne ; II, 43.
— Pourquoi on trépane les fractures du
crâne; II, .50. — Courbure des os du crâne;
11 , 296. — Perte de substance aux os du
crâne sans carie; II, 584.
Crapaud. Violence de son venin ; III , 299 ,
321 , 622. — Crapaud trouvé dans une
pierre; III, 43. — Accidents causés par le
venin du crapaud et remèdes d iceux ; III ,
322. — Cas d’empoisonnement par le venin
du crapaud ; III , 662.
Crapaudink. Erreur du vulgaire au sujet de
cette prétendue pierre; III, 22.
Crasis. Ce que c’est; 83.
• Crem asters ; 155.
Cri. Moyens d’apaiser les cris des enfants ;
utilité des cris ; II , 693.
Cridons. Description et traitement de cette
maladie , 439.
CRiTna. Ce que c’est ; II , 416.
Crochet. Figure d’un crochet pour l’extrac¬
tion des corps étrangers; II , 186. — Fi¬
gures de crochets propres à opérer l’un-
gula ; II , 430. — Figures de deux crochets
propies à extraire une petite pierre de¬
meurée à l’extrémité de la verge ; II, 473.
— Figure d’un crochet propre à extraire
la pierre aux petits enfants; II, 477. —
Figures de trois crochets pour tirer un en¬
fant mort hors du ventre de la mère; II,
704.
Crocodile. Remède contre la morsure du
crocodile; II , 20. — Peur que lui inspire
le rat d’Inde; III, 751. — Description
du crocodile, son pays, manière de le
prendre ; ni , 773.
Crocodilék. Son efficacité contre diverses
maladies; 111 , 773. ^
CüiiiTOS. Description du euhitus, 281.
Cucurbite; III, 618.
CuFFON est ciié par Lanfranc; Int., xlvi.
Cuir. Deux sortes de cuir : le non-vrai ou
épiderme; 116. — Le vrai ou derme; 117.
— Anatomie du cuir chevelu ; 205. —
Traitement des plaies simples du cuir
musculeux; II, 39. — Idem des morsures;
II , 41. — Idem des contusions , II , 42.
Cuisse. Nerfs de la cuisse, 293. — Os de la
cuisse; 294. — Muscles qui meuvént la
cuisse ; 297. — Pronostic des plaies des
cuisses; 433 ; II , 120. — Traitement ; II ,
120. — Fracture de la cuisseau milieu de
l’os; Il , 321. — Pronostic des fractures
de cuisse ; II, 326. — Histoire d’une
espèce de chenille engendrée dans la cuisse
d’un homme; III, 35. — Douleurs des
cuisses des fébricitants; III , 186.
Cuivre. Vertus et usage des eaux cuivreuses;
III, 597.
Curette. Figure d’une curette pour l’extrac¬
tion de la pierre ; II , 487.
D
Dalechamps. Hommage par lui rendu à
A. Paré ; Int., cclxxiv. — Sa théorie du
spasme ; II, 29.
Damien (Pierre) fixe d’une manière à peu
près certaine l’époque de Gariopontus;
Int., XXI.
Danse cause d’avortement; II, 624, 714.
Danvilliers. Voyage d’A. Paré à Danvilliers,
III, 698.
Dards. Diverses espèces de dards; 11, 283.
— Figures de ces différents dards ; II, 184.
Dartres. Causes et pronostic des dartres;
II, 597. — Signes et traitement; II, 597 ;
III, 282, 609.
Dauphins. Les dauphins sautant présagent
la pluie; 111,738.
David. Sa statue d’A. Paré; III, xxiii. —
Description de cette statue; III, xxv.
Davier. Figure d’un davier pour extraire
les denU; II, 452. — Recherche sur cet
instrument et sur l’orthographe de son
nom; II, 453.
Décadence de la chirurgie en Italie au xvi*
siècle; Int., cxciv.
Déchaussoirs. Figures de deux déchaussoirs
pour déchausser les dents ; II, 452.
Décoction pour les tumeurs du genou ; 422.
— Pour résoudre les ventosités de la ma¬
trice tombée ; II, 744. — Contre la goutle
causée de pituite; III, 236.
Décrépitude. Tableau delà décrépitude ; 37.
Déglutition. Cause et remède de la diffi¬
culté d’avaler ; symptomatique des fièvres;
III, 194.
Degrés. Institution des degrés à Montpellier,
Salerne et Paris; Int., XXIX.
Délire. Définition du délire comme acci¬
dent des plaies ; causes; traitement; 461.
— Délire essentiel et symptomatique ; III,
189. — Délire symptomatique de la lè¬
pre; III, 278.
Déli vrance. Voyez Arrière-faix,
TABLE
Deltoïde; 249.
Déjiangeaijon. Voyez Prurit,
Démons. Des démons qui habitent le* mines;
lit, 56. Comment les démons peuvent
nous décevoir; III, 57. ■r- S les démons
ayant commerce avec les femmes peu¬
vent engendrer; ni, 58, 50. Voyez Diables.
Deneux (M,), Analyse de la partie histori¬
que de son mémoire sur les bouts de
sein et mamelons attificiels; II, 693.
Dentifrices; II, 455. Ce que c’est; com¬
position; ingrédients; modèles divers; III,
591. — Usage; III, 592.
Dentiste. Gualter Bylï, auteur du premier
ouvrage spécialement consacré à l'art du
dentiste; Int,, ccvii.
Dents. Leur nombre, leurs noms et fonc¬
tions; 231. — En quoi elles diffèient des
autres os; du sentiment qui leur appar¬
tient; 232. — Leur influence sur la pa¬
role; 232, 233. T.- Ligature des dents; II,
307. — Violence des maux de dents ;
exemple de cette violence ; II, 443.— Cau¬
ses et signes de la douleur des dents;
II, 444. — Remèdes sédatifs; II, 445. —
Branlement de dents; ses cause*; II, 448,
— Ratrerroissement et reimplantaiion
des dents ébranlées ou arrachées; carie
des dents et moyen de l’arrêter; II, 449.
— Causes pour lesquelles on arrache les
dents; précautions générales à prendre
dans cette extraction ; causes et traite¬
ment de la congélation des dents; U, 451,
— Manière d’arracher les dents; 11, 452.
— Soins qui doivent suivre l’extraction
des dents ; moyens d’enlever la rouillure
des dents; II, 454,— /dm de les conserver
saines; 11, 465,— La caiie des dents rend
1 haleine fétide ; II, 600.— Des dents ai tlfl-
cielles et de la manière de les adapter ; U,
606. — Figures de dénis artificielles; II,
607, — Epoque de la dentition; 11, 604,
796. — Symptômes et moyens sédatifs;
II, 797.— Incision des gencives; II, 799,
— Exemple de dentition nouvelle; III,
41. — Prétendus remèdes contre les maux
de dents; III, 65. — Etat des dents chez
les lepreuxj lii, 276. — Poud< es denti¬
frices; iii, 591, ;,92. — Remèdes pour
blanchir et affermir les dents; lif, 610,
attribuées aux dents de lamie;
DÉPILATOIRES; III, 612.
Derme. Ce que c’est; 117. — Son utilité;
fanon*; H.
Descente; III, 209.
Désespoir. Son influence sur la fièvre; 1 IL 85.
Désirs. Théorie des désirs charnels; II. 630
DETERSIFS (médicaments); III, 542.
Dettes. Le médecin poursuivi pour dettes
devait fournir caution aux termes des
lois des Wisigoth*; Int., xvii.
Devaux. Ce qu’il dit des qua're maîtres;
Ini., XXXV.— Sa biographie de Pitard; Int.,
Dezeimerm (M.\ Son interprétation de la
doctrine d’A. Paré sur les anévrismes; 372.
— Son opinion sur le Paniegni et sur lé
Liber servitoris ; III, IV.— t>ur le livrç de
Gilbert l’anglais ; III , v.
Diabètes. Définition du diabètes; II, 510 ■
JH, 202. — Causes , signes ; II, 5u ; ml
202. — Pronostic et truiiement; II, 512!
Diables, Leur puissance; III, 53, 54, — ^
Preuves historiques de leur existence; III,
54. — Noms divers des diables; lit, 65.
— Diable de mer ; Hl, 772.
Diagnostic de la fièvre ; III, 79. — Des
plaies; lit, 652.
Diaire (fièvre); III, 88.
Diaphragme, Description anatomique du
diaphragme 5 1 84. — Symptômes de* bles¬
sures du diaphragme; II, 96 ; Hl, 663. —
Exemples de hernies diaphragmatiques:
II, 95.
Diarrhée. Symptômes du flux diarrhéique ;
III, 449.
Diarthrose; 313,316.
Diastole. Ce que c’est; 192.
Dictame. Par qui nous a été enseignée l’u¬
tilité de celle herbe; 19; III, 736.
Diète. Définition; III, 84.
Diététique. Ce que c’est; 23.
Dieu. Sur sa nature et *on incompréhensi-
bilité;II, 653. — De* monstres qui ont
pour cause la gloire ou la colère de Dieu;
m, 3. — Dieu est la cause des causes
moyennes; III, 353.— La peste est le
résultat du courroux de Dieu ; lU, 354,—
L’homme est de tous les êtres créés le
seul qui ail la connaissance de Dieu ; IH,
764.
Difformités; 81. — Difformités résultant
du virusaithritique; m, 220,
Digestif (médicament); 336.
Dilatatoire. Figure û’un dilatatoire pour
ouvrir la bouche; 447. — Figure de deux
dilatatoires pour f cililer l’extraction des
corps étrangers; il, l5L — Figure d’un
dilatatoire cave; 11, 188. — Figure d’un
dilatatoire pour ouvrir la bouche; H,
237. — Figure d un dilatatoire ouvert et
fermé pour la vessie; II, 484,
Diomède Bonardüs, traducteur de Galien;
tnt., ex.
Dissection. Principes de dissection; lt4,
115. — Dissectiou du thorax; J77. — De
la tete; 205, — Du muscle lairge; 233
Distillation. Définition ; III, 614. — Dif¬
ferentes manières de distiller; m, 615.
^.*'\*’9'es des fourneaux à distiller; III,
615, 616. — Quels s-unl les vases propres
pour distiller; III, 616. — Précautions
diyerses qu’exigent les opérations de dis-
tillation; III, qiy, — qm.)* vases il
taut distiller les eaux; III, 618. — Ver¬
tus des eaux distillées; lit, 6i9. — Pré¬
paration des matières à distiller; III, 620.
-- Distiiiaiiun de l’eau de rose, de l’eau
aliimnciise; III, 621.— Dislillaliun
d eau purgative et pour embellir la face ;
AîTALYTIQÜE.
823
ÏII, 622. T— Manière de dislillor l’eau-de-
vio; lir, 623.— Manière de rectifier les
eaux distillées; manière de distiller avec
le «lire, III, C24. — Manière de distiller
les huile» ; lll, 626, 037, — Manière ^'ex¬
traire l’hnile des résines, gommes et
bois; 111, 630, 631.— Manière défaire
l’huile de vitriol ;HI, 633. — Distillation
des huiles, des fleurs, des sels ; lit, 637.—
Des DS, de» bois, racines, coquilles, grai¬
ne», minéraux, gommes et graisses; énu¬
mération des vases servant à distiller; III,
638.
DiarvoniAsis. Ce que c’est; il, 416,
Diurétiques (médicaments). Quand il con¬
vient de les employer contre les rétentions
d’urine; II, 608. — Formules de diverses
potions diurétiques; II, 608, ôûfl. — Em¬
ploi des diurétiques dans le traitement
de la goutte; iii, 226.
Docteur. Premier exemple de ce titre; xxxiv.
Doigts. Description des doigt»; 271. — Os
de» doigts ; 283, — Muscles extenseurs
de» doigts; 285, — Musdes fléchisseurs
de» doigt»; 287. — Situation qu’il faut
donner aux doigts blessé»; II, 120.— Brû¬
lure» des doigts ; H, 208.— Luxations des
doigts, et moyen de les réduire; D, 386.
Doigt» superflus; aohérences des doigts;
cure de ces deux infirmités; II, 456, —
Moyen pour lepir droits les doigt» dont les
tendons sont coupé»; II, 613- — Traite¬
ment des contusions des doigt» ; ni, 486.
DoRvqniüRi. Accident» qu’il cause, et contre¬
poison; III, 336,
Do». Moyen d'emçècher le dos de s’ulcérer;
II, 336 — Luxation de» vertèbres du do»,
D, 362. — Les petits enfants doivent être
couchés sur le dOS; II, 690. — Corps
èiraiigeradu dos; lll, 20,
DoypEpR. C'est le pins fréquent et le plus
importun symptOroe de la fièvre ; III, 184.
— Définition de la douleur ; lll. 647,
DsAcn (Barthélemy de). C’est sur se» comp¬
tes qu on trouve la première mention des
armes à l'eu ; Int., pxix.
Drachme ; Ul, 562.
DRAOûjdiEAüX ; 82.— Opinions de (Talien ,
de Paul d’Égine, d’Avicenne et d’Aélips
sur cette maladie; 424. — Opinion de
Bhasès, de Soranos, de Manardus, de Gor-
reus; 426. Pinms divers qui lui OPt
été donnés; recherches de Dalechamps ;
réfutation de» opinion» citée»; 426. —
Doctrine de fauteur; 427,
DfiAoons. Comruent ils attaquent les élé¬
phants; III, 763.
DuAMimii»; Int., cLXxi,
Dreux. Voyage d’A. Paré a Dreux ; IH, 724.
Drvander, anatomiste allemand; Int., ccvii.
Dwooeisum; 139. , , , , ,
Dwre'MÈrk. Anatomie de la dure-mère; 2ii.
— .‘vjmpalhie de la dUi'P-mère et de»
autres inemhranesj 206. — Dure des ac¬
cident» qui advieiineiit a la durcymère;
U, 46, — Enumération de ces accident»;
U, 48, — Ineisirnt de la dure-mère pour
donner issue à la matière épanchée; li,
48, 72,
Düret. Son opinion sur la corne de licorne ;
III, 508.
Duvehnev. Description des fanons employés
par lui; II, 290.
Dynamidies, de Gariopontus; Int., xxi.
Dysderis, espèce d’araignée ; III, 326,-
Dysentkrie. Causes et symptômes du flux
dysentérique ; III, 449.
Dyspnée. Caractères et traitement de la dys¬
pnée symptomatique; III, 193, 196.
Dysürik. Traitement de la dysurie;!!, 613.
E
Eau. — Ses qualités premières ; 32. — Ses
qualités secondes ; 33. — Du traitement
des plaies par l’eau pure; 97, 438. — Opi¬
nion de Marianus sur l'usage de l’eau
comme boisson; II, 493. — Horreur des
enragés pour l’^au ; III, 307.— Action des
eaux croupissantes sur les qualités de
l’air ; IH, 367. — Quelle est Peau qu’il
faut boire en temps de peste; III, 368. —
Des divers degrés de bonté de l’eau ; IH,
403. — Médicaments tiré» de l’eau; III,
622. — Vertus et usages des eaux sulfu*.
reuses, alumineuses , nitreuses, bitumi¬
neuses, cuivreuses, ferrugineuses, plnm„
bées, et gypseuses; III, 697.— Eaux diver¬
ses employées en médecine; lll, 636. —
Vertus des eaux distillées; IH, 619.— Ma¬
nières de distiller les eaux; 111,621.
Eau de cannelle souveraine contre les mala¬
dies froides; IH, 629. -
EAu-DErviE. Vertus de l’eaurde-vie , manière
de la distiller; III, 623.
Eau forte. Son action sur l'économie ani¬
male, et contre-poison; III, 343.
Eaux pour les dartres ; li, 697, — Eau thé-
riacale ; II, 699, 600.— Eau pour cautéri¬
ser les verrues; II, 787. — Eaux cordiales
contre la peste ; III, 366, — Eau présprva-
tivo de la peste ; III , 380. — Eaux pour
effacer les rides et blanchir la peau ; III,
604, 606. — Contre la goutte rose; III,
607, 608. — Contre les pustules; III, 608.
—Pour blanchir et affermir les dents ; III,
610. — Pour noircir le poil ; III, 611. —
Pour le faire tomber; IH, 612, 613.
Eblouissement. Est nn symptôme assez or¬
dinaire de la fièvre ; III, 192.
Ebranlement. V, Commotion,
Ecchymose. Définition; I|, 195 ; III, 486.—
Tiaitement; II, 199; 111,485.
Eclaire. Pur qui nous a été enseignée l’uti-p
lilé de cette herbe ; 19 ; III , 706,i
Ecpiesme. Ce que c’est ; H, 414.
Ecrevisses. Emploi de la poudre d’écrevis¬
ses brûlées dans le traitement du chancre;
368. — Contre la rage; 111,311. — Contre
le charbon ; III, 440.
Ecroueules. Description ; 341, 362.— Causes;
363. — Traitement médical; 354. — Trai-
leinentchirurgical; 366.— Cas d'écrouelles;
363, 366. 366.
TABLE
8q4
Ectropion. Procédés d’Arculanusj Int.,
Lxxxviii ; 111, VI. — Ce que c’est; II, 415,
420,422.
Edition. Valeur relative des diverses édi¬
tions d’A. Paré; III, i. — Un mot sur
l’ordre suivi dans l’arrangement des livres
de cette édition; III, xvii.
Educabilité des animaux ; III, 750, 755.
Effluxion. Ce que c'est ; II, 713.
Egyptiac. Composition de l’onguent égyp-
tiac;336; III, 567. —Défense de l’on-
guenl égyptiac dans le traitement des
plaies d’arquebuses ; II, 174.
Egyptiens, Leurs procédés d’embaumement,
111,470,475,476,671.— Comment ils trai¬
taient leurs morts ; III, 670.
Elan. Inefficacité du pied d’élan ; III, 511.
Elcosis. Ce que c’est; II, 417.
Electüaire contre la peste; III, 513. — Pré¬
servatif de la peste; III, 369. — Piécapi-
tulalion des électuaires; III, 637.
Eléments. Déflniiion et nombre des élé¬
ments; 31. — Leurs qualités premières,
leurs combinaisons ; 32. — Leurs qualités
secondes ; éléments du monde, de la géné¬
ration et du corps ; 33. — Leur propor¬
tion fait les tempéraments; 34.
Eleotates. Médecin cité par Gariopontus,
Int., XXV.
Eléphant. Inimitié de l’éléphant et du rhi¬
nocéros; III, 501, 760. — Description de
l’éléphant de mer ; III, 502. — Durée de
la vie de l’éléphant; III, 746 , 786. — Sa
force, sa grosseur, usage qu’en faisaient
les Indiens à la guerre, son intelligence;
III, 748. — Dévotion qu’on lui a attri¬
buée ; III, 748, 767. — Sensibilité des
éléphants, leur zèle; temps de la gesta¬
tion, leur douceur, leur pudeur, leur pru¬
dence, leur rancune; III, 749, 786. — Soin
que l’éléphant prend de ses défenses ; III,
750. — Guerre que font les dragons à ]
l’éléphant; III, 753. — Son antipathie pour
les porcs, les rats et les souris ; 111, 760.—
Description et mœurs des éléphants; 111,
785.
Elephantiasis; 82.
Elévatoires. Figures de divers élévatoires ;
II, 13, 15. — Observation sur le manie¬
ment de l’élévatoire; II, 16.
Elève. Salaire qu’accordaient au médecin
les lois des Wisigoths pour l’instruction
d’un élève ; Int., xvii.
EMBARRUREdu crâne ; II, 23. — Traitement ;
II, 15. — Doctrineet pratique de Bérenger
de Carpi ; II, 17.,
Embaumement. Procédés d’embaumement
des Egyptiens; III, 470, 475, 476, 671.—
Procèdes des Juils, des Scythes et des
Ethiopiens; III, 476, 670. — Motifs des
embaumements; 111,470, 476, 477, 479,
670, 671. — Procédé suivi et conseillé par
l’auteur; III, 672.
Embula ; 390.
Embrocation. Formule d’embrocation pour
les plaies de la lôte ; II, 44. — Définition ,
lieux où se font les embrocations ; sub¬
stances qui les composent; exemple d’em¬
brocation répercussive, III, 577. — Utilité
des embrocations ; III , 578.
Eaibryon Voy. Fœtus.
Emollients. Topiques émollients pour les
scirrhis ; 361. — Médicaments émollients;
III , 541.
Empédocle. Comment il délivra la Sicile de
la peste; lit , 358.
Emphysème ; Il , 201. — Emphysème consé¬
cutif des fractures des côtes ; II , 314, —
Emphysème des paupières ; II , 415.
Empiriques du xv' siècle ; Int., c. — Ce qui
distingue le chirurgien de l’empiri¬
que; 88.
Emplâtre. Pour le phlegmon vrai , 330, 331,
333. — Pour les tumeurs aqueuses et ven¬
teuses, 345. — Pour les loupes, 350. —
Pour les écrouelles , 354. — Pour les gan¬
glions , 357. — Pour les scirrhes , 361 . —
Pour les chancres , 366. — Pour les contu¬
sions du cuir musculeux ; II , 42, 43. —
Pour les plaies des joues ; II , 83. — Pour
les plaies du thorax ; II, 99. — Pour les
plaies envenimées; II, 191. — Pour les
contusions nouvelles et anciennes ; II, 199.
— Pour les ecchymoses; II, 2 il. — Mé¬
dicaments ernplasliqnes applicables après
l’amputation ; 11 , 226. — Emplâtres pour
les ulcères putrides; II, 254. — Pour
les ulcères chironiens; 11,257. — Pour
redres er les côtes ; II , 313. — Pour aider
à la formation du cal ; II , 339, 344. —
Pour amollir le cal difforme; II, 345. —
Pour l’atrophie des membres ; Il , 402. —
Traitement de la i école par les emplâ¬
tres; II, 547.- Leurseffets; II, 548, 549.
— Où, comment et pendant combien de
temps ils doivent être appliqués; II, 548.
—Emplâtres pour les exostoses vénérien¬
nes; II, 579. — Emplâtres catagmati-
ques;II, 583. — Pour détourner le lait
des mamelles; II, 709. — Contre l’a-orte-
menl ; II , 7 1 6. — Contre les suffocations
de la matrice; II, 759. — Contrela goutte
causée de pituite; 111,237,239. — Contre
la goutte provenant d’humeur choléri¬
que ; III , 244. — Pour forlitier les join¬
tures; III, 246. — Pour les nœuds des
jointures; III, 248. — Contre la goutte
scialique; III, 252, 254. — Pour les ec¬
chymoses ; 111,-486.— Répercussifs; III,
535. — Attractifs; III, 537. — Résolu¬
tifs; III, 538. — Suppuratifs; HI, 540. —
Emollients; III, 5il. — .Sarcotiques ; III,
544. — Epuloiiques; III, 545.— Défini¬
tion des emplâtres, différences, ingré¬
dients , manière de les faire; III , 569. —
Composition de i’emplâlre de Vigo cum
mercurio ; m , 571. — Des emplâtres de
gratiâ Dei , dejanuâ-, III, 572. — Oxy-
croceum , de cerussa nignm , palmeurn ,
contra rupturarn ; ]M , 573. — De miicagi-
nihus , de rninio , diachyton magnum ; III ,
574. — Utilité des emplâtres ; ill, 574.
Empoisonnement. Cas de mort par le char¬
bon pestilentiel prise pour un einpoison-
AlfALYTtQUE.
8î25
Jiement; III, 438. — Signes d’empoison¬
nement par la salamandre et l’orpin avec
leurs antidotes J m , 661. YoyczPoiscmset
V eniiis,
ILmphosthotonos. Ce que c’est, 443.
Empvkme. Causes de rempyème,39l. — Entre
quclies côtes doit être laite la section, 392.
— Guérison spontanée ; indices , 393. —
Dangers du traitement prescrit par Paul
d’Egine, Albucasis et Celse ; III, 684.
Empyreump. Ce que c’est; II, 202, 203, 228.
Enarïhrose, 313, 3 16.
Encanthis. Ce que c’est; II, 419.
Encaüma. Ce que c’est; II, 417.
Encens. Description de l’arbre qui porte
l’encens; III , 632. — Propriétés de l’en¬
cens ; III, 633.
Encéphaeocèle. Exemple d’encéphalocèle
probable ; III , 7.
Encyclopédie. Pian d’une encyclopédie chi¬
rurgicale; Int;, Yl.
Endémie. Ce que c’est; III, 350.
Enfant. Aliments qiii conviennent aux en¬
fants, 69 —Les enfants se purgent par les
évacuations nasales , 74. — Réduction des
hernies des petits enfants, 405. — Enfon¬
cement du crâne chez les enfants ; II, 12.
— Des aphihes chez les petits enfants; II,
261 . — Fréquence de la pierre chez les en¬
fants; II, 461. — Manière d’extraire par
incision les pierres de la vessie des enfants
mâles; II , 475. — Quand il faut saigner
les enfants; II, 520. Transmission du
virus vénérien de l’enfant à la nourrice ,'
et réciproquement; II, 529.— Traitement
des entants atteints de vérole; II, 598.—
Symptômes indiquant que l'enfant est
mort dans le ventre de la mère ; II , 626,
696. — M.inière d’extraire les enfants tant
morts que vivants : version par les pieds;
II, 623, 628,629, 702 —Manière d’extraire
l’entant vivant hors de la matrice de la
mère morte ; H, 631, 716. — Quand l’enfant
commence à remuer; II, 652. — Comment
l’enfant à terme s’efforce de sortir du ventre
de sa mère; II, 664. — Positions diverses
de l’enfant au ventre de la mère; II, 669.
— Figures de ces positions; II, 670, 671.
— Soins a donner à l'enfant aussitôt après
sa naissance; II, 676. — Penchant des en-
fads pour ce qui est joli et brillant; II ,
687. — Comment il faut placer l’enfant
dans son berceau ; II, 689. — Les nourri¬
ces ont quatre moyens d’apaiser les cris
des enl'anis; II, 693. — Epoque à laquelle
il faut sevrer tes enfants; II, 694. — Théo¬
rie de la respiration intra-utérine; II, 7 17.
— 'fumeurs du nombril chez les enfants ;
II, 795. — Enfant engendié d’une femme
et d’un chien ; III , 43. — Les enfants sont
sujets aux vers ; III, 266, 268.— Aux poux ;
III, 270. — Dangers de laisser coucher des
chais dans le berceau des enfants; III ,
334. — Les petits enfants sont exposes â
être atteints de la pesle; III, 389. — Trai¬
tement des enfants pestiférés ; III, 4.55. —
Signes indiquantqu’un enfanta étéétuullé;
III , 658. Voyez Fœtus.
Enfantement. Influence de l’enfantement
sur la grandeur de la matrice, 164.
Enfle-boeuf; III, 329, 365.
Enfonçure du crâne; II. 2, 3, 12. — Traite¬
ment ; II, 15. — Doctrine et pratique de Bé¬
renger de Carpi ; II, 17, 295.— Enfonçures
du sternum ; 11, 311, 367. — Des côtes sans
fractures ; II , 312.
Enseignement. Ses ressources au xii' siècle ;
Int., XXVII. — Enseignement de la chi¬
rurgie au XIII'’ siècle ; Int. , xxvii , xxix. —
Liberté de l'enseignement jusqu’au xiii*
siècle; monopole d’enseignement que s’ar¬
rogent quelques maîtres à MonIpellier;
Int., XXIX. — Règlements relatifs â l’ensei¬
gnement de la médecine en Italie ; Int. ,
XXX.
Entendement. Voyez Raison.
Entérocèle. Ce que c’est , 404; II , 796. —
Entorse. Traitement des entorses ; III, 487.
Entre-fesson. Ce que c’est , i61.
Entortillé. Du muscle entortillé , 262.
Epacmastique (Fièvre synoqoe); III, 95.
Epanastasis HYMENON; II, 417.
Epanastema ochthodes. Ce que c’est ; II ,
416, 417.
Epanchement. Signes d’un épanchement de
sang dans le thorax ; II, 96. —Traitement
des plaies du thorax avec épanchement de
sang; II, 100.— Causes des épanchements
de sang; II, 194. — Moyens de prévenir
l’épanchement du sang dans le scrotum
après la taille; II, 491, 492.
Epaule. Situation qu’il faut donner aux
plaies de l’épaule ; II, 119. — Comment se
font les luxations de l’épaule: luxations
en la partie inférieure; II, 368. — Manière
de les réduire avec le poing ou les doigts
joints ensemble ; II, 369.— Avec le mouille;
II , 370. — Avec le talon; II , 371. — Avec
l’épaule mise sous l’aisselle ; avec un bâton
ou courge; II, 372. — Avec une échelle;
II, 373, 374. — Sur une porte ; avec famées
pur d’Hippocrate; II, 375. — Avec l’ambi;
II , 376, 377, — Luxation en la partie an¬
térieure ; II , 377. — Sa rareté, ses signes,
sa réduction; II, 378. — Luxation en la
partie extérieure, sa rareté, ses signes; II,
378.— Sa réduction ; II, 379.— Luxation en
la parlie supérieure; sa réduction ; II, 379.
Epaulière. Figure de deux épaulières , 408 ,
409.
Epée. Sorte de conducteur ; II , 484. — His¬
toire d’une pointe d’épée rejetée par l’anus
après douze jours de séjour; III, 39.
Epervier. Elïroi que lui inspire la créce¬
relle; III, 761.
Ephémère (Fièvre) ; III, 88, 116, 117, 166.
Epi. Histoire d’un épi chassé spontanément
du corps après un séjour as«cz long ; III, 39.
Epiales (Fièvres) ; III, 80, 143.
Epic.vuma. Ce que c’est; II, 259, 417.
Epicure. Sa secte est la seule, au dire de
saint Augustin , qui n’ait pas porté de
peine contre les sorciers; III, 5b.
826
TA-BIiE
Epidaube. Usaae fait par Hippocrate des ta¬
bleaux d’Epulaure, 19.
Epidémie; III, 351, 3G?.
Epiüeume, Ce que c’est ,116. — Son utilité ,
117.
Epididymis. Ce que c’est, 166, 166, 163.
Epigastre. Muscles de l’épigastre , 129. —
Plaies de l’épigastre; II, 104,— Traileinont
des plaies simples de l’épigastre ; II, 106.
— Idem, des plaies profondes ; II, 107,
Epigrotte. Anatomie de l’épiglotte, 267.
Epilepsie, Description de l’épilepsie, 211 ;
II, 80, 763. — Hérédité de cette maladie;
lU, 28. — Simulation de l’épilepsie ; III,
62, —Remède de vieille contre l’épilepsie ;
III, 66.
Epine. Anatomie de l’épine dorsale, 227, 260 ;
III , 360. — Son utilité, 261. — Ruxations
intérieures et extérieures de l’épine dor¬
sale : manière de réduire la luxation exté¬
rieure ; II , 363. — Pronostic des luxations
de l’épine ; II, 366.— Déviations de l’épine
dorsale et moyens de les redresser; H,
611.
Epineux ( Muscle), 264.
Epinyctis. Ce que c’est; II, 419.
Epipephycos. Ce que c’est, 237.
Epiphyses. Anatomie des épiphyses du cœur,
190 , 192, — Disjonction des épiphyses des
os; 11,326, 327. » *
Epiphora. Ce que c’est ; II, 414.
Epiplocèle. Ce que c’est , 135, 404 ; III, 796.
— Signes, 404, 414, — Causes et traite¬
ment, 414.
Epiploon, 135.
Epituèiue. Applicable dans les cas de mor¬
sures; II, 41. — Fortiflant;II, 167— Pour
la gangrène; II, 218. — Applicable après
l’arapmation : H, 234, — Contre la peste ;
IH, 374. — Pour les pestiférés ; III, 409,—
Ce quec’estqu’unépitbème; composition ;
exemple d’épithème pour le cœur ; IIl, 678.
— Usage des épithèmes, manière de les
appliquer; III, 679.
Epulides, Définition et traitement de ces tu¬
meurs, 331.
Epuloïiqübs ( Médicaments ) ; III , 644.
Ebasist8ate. Comment il futrécompensé par
Ptolémée ,21, — Son opinion sur la para¬
centèse, 397.
Errata, m, xv, xvi, xyii.
Erratique ^Fièvre). Ses causes; II, 383.
Erbiiine. Pour les ulcères des oreilles ; II ,
263. — Ce que c’est; III, 586. — Variétés,
ingrédients, exemples; lU , 587, 668.—
Usage , manière de les prendre ; III , 688.
Eructation. Causes, pronostic et traitement ;
III , 446.
Erysipèle. Description, variétés, signes et
causes de l’érysipèle , 320 , 337 ; II 27, —
Terminaisons et cure, 338; ii, 28,
Erytroïs. Ce que c'est, 155, 163,
Escarotiques (médicaments); lU, 433, 647.
Esculape , dieu de la médecine, 18,
Espagne. Les médecins arabes y transpor¬
tent leurs lumières; Int,, xix. — Ecoles
d’Espagne ; Ipt., xxvui. — Etat de la chi¬
rurgie en Espagne au xvi» alècle ; int.
CCLXXXV.
E'-péranck, Son Influence sur les malades, 18.
Esi'rit. Définition , 68; 11,665,666. — Trois
sortes d’esprits : esprit animal, 68.— Esprit
vital , esprit naturel ; 69.— Importance de
la connais-ance des esprits ; 60.
Esprit-de-vin, Manière de distiller l’esprit-
de-vin ; m, 623.
Esquilles. Extraction des esquilles enfon¬
cées ; II , 15, 18. — Extraciion des esquil¬
les oubliées dans les plaies par barque-
buses ; II , 160. — Il vaut mieux que les
esquilles tombent naturellement que par
médicaments ou instruments ; II , 692.
Esquinancie, Définition et variétés de l’es-
quinancie; 386. — Causes, signes, termi¬
naisons, régime; 387. — Traitement mé¬
dical , opération ; 388. — 06 doit être faite
la .saignée dans les cas d’esquinancie ; II,
620.
Esthiomène. Ce que c’est, 320; II, 211.
Estomac. Description de l’estomac, 137.—
Pronostic des plaies de l’estomac, 433 ; II,
106. — Signes des blessures de l’estomac;
II, 106; III, 664. — Traitement; II, 109,
— Ulcères de l’estomac ; II, 264. — Dan¬
ger de trop serrer l’estomac ; II, 293. —
Excréments de l'estomac ; U, 662. — Dou¬
leurs d’estomac des fébricitants; III, 185.
Eté. Tempérament de l’été , 38. — Aliments
dont il faut user dans celte saison , 69.
Eternuement. Gomme moyen de faciliter
l’accouchement ; Il , 628, 676. — Causes de
J’éiernuement et moyen de le provoquer;
III, 445. .
EtumoIpe. Description de l’ethmoide , 209.
Ethiopiens. Procédés d’embaumement usités
cbe? les Ethiopiens ; III , 476 , 670.
Etienne le philosophe traduit le grand traité
d’AlhAbbas; ini., xxvi.
Etna. Description de l’Ema, historique de
ses éruptions ; III, 792.
Etoiles; III , 789,
Etouffement. Signes indiquant qu’un en¬
fant a été étoulfé ; III , 668.
Etuve. Figure d’une étuve en fer avec son
carreau et son couvercle; III , 642. — Ce
que c’est qu’une étuve; UI, 601. — Etu¬
ves sèches , étuves humides , figure d’une
çiive à double fond avec ses tuyaux et
chaudière pour les étuves humides; iii,
602.
Eunuques, Qaractère des eunuques; 414.
Evacüaïuins. Deux espèces d’évacuations,
généraies et particulières j 73.— Légitimes
et illégi tiines ; voies di verses d’évacuation,
— Points a considérer dans les évacua¬
tions , 76.
Evanouissement. Traitement de l’évanouis¬
sement résultant d’un trouble menstruel ;
H, 783,
Evêque. Monstre marin ressemblant à un
évêque; lit, 771.
Examen, Comment se passaient les examens
dans la eunlrérie de St-Cùme ; Int., cxxxii,
ANALYTIQUE.
Excréments Enumération des excréments
naturels ; U , 66) . — Leur rétention est une
^ cause de Oèvre; III, 78, 85.
Exercice. Ses ellets , quand , combien et
quelle sorte d’exercice il faut prendre; 70.
~ L exercice endurcit la graisse j 12). —
L’exercice immodéré cause la goutte; III,
214.. Utilité de l’exeicice modéré pour
les goutteux ; UI, 231. -^Dangers des exer¬
cices violents en temps de peste : III, 367,
376. -- L’exercice doit être interdit aux
lébriciiants; III, 85.
ExfOLiATiON. Au bout de quel temps a lieu
l’exfoliation des os trépanés; II, 65.
Exompiiale. Causes et variétés de cette tu-
_ meur; 402.— -Cure, 403.
837
Exopiitualmie. Ce que c’est; II, 414.
Exostoses. Traitement des exostoses venant
du virus vérolique; II, 579.
Expérience. Son importance; II, 19; III,
649, 687,688.
Expiration. Ce que c’est; 187.
Extase. Ce que c’est; II, 754.
Extrémités. Remèdes contre le froid des
extrémités ; III , 205.
Fabrice d’Aquapendente. Mention qu’il fait
d’un Horace de Norsia; Int., en. — Sa
doctrine sur la position à donner aux
membres blessés ; II , 279. — Son silence
sur les fanons; 11,289.
Fabrice de Hilden. Sou silence sur les fa¬
nons ; II , 289.
Face. Indications de l’état de la face; 79. —
Ce que c’est; 204. — Description de la
face; 228. — Enumération des os de la
face ; 229. — Des muscles de la face ; 244.
— Suture propre aux plaies de la lace ;
440. — Plaiesde la Lice; II, 73. — Moyen
de dissimuler les plaies ou cicatrices de la
face; H , 610. — Etat de la face chez les
lépreux; III, 275, 276.
Faculté. Luttes de la Faculté de médecine
et de la corporation de Saint-Côme; Int.,
cxxviii, cxLvi, — Fin de cette lutte ; Int.,
CLii. — Opposition que met la Facubé à la
publication des OEuvres complètes d’A.
Paré; Int., cclxxxiii.— Nouvelles querel¬
les des chirurgiens avec la Faculté ; Int.,
CCLXXXVI.
Facultés. Déünition ; trois facultés princi¬
pales; l’unirnale, la vitale, la naturelle;
63. — Faculté attractrice, réleijlrice, coii-
coctrlce ou altératrice , expultrice; 54.
séquestrice; 55. — Corrélation des facul¬
tés ; 98, — Division des facultés de l’âme;
Il 1 ; IJ, 657 à 661.— Sympathie des facul¬
tés animales ; 219. — Les lacultés naturel¬
les ne sont que les instruments de notre
ftine ; II , 604.— Quatre facultés naturel¬
les; 111,215.
Falcün (Jean). Aperçu de son livre Woia-
bilia super (iuidomrnscripla ; Int., ci.xv.
1< alcohnet-Bahtiiélemv , médecin distin¬
gué du xv* siècle ; Int., xcii.
Fallope. Conseils sur l’usage des onguents;
330. — Ce qu’il dit do l’incision des ab¬
cès; 335. — Sa classification des fissûres
du crâne ; H , 1 1 . — Sa méthode de trai.r
tement des incisions du crâne ; II , 19. —
Son opinion sur le pronostic tiré du pouls;
IL 32. — Sa doctrine sur l’opération du
trépan ; II ; 52. — Baume décrit par Fal¬
lope ; III, 632.
Famine est la suite ordinaire de la peste ;
III , 458,
Fanons Description, usages et histoiredes fa^^
nous; II, 288. Appréciation; II, 291 , 331.
Fantaisie. Voyez hmginaiion.
Fards ; III, 603, 606.
Farines réperciissives ; III, 534. — Résolu¬
tives; III, 538,— Suppuratives; III, 640.
Farraoiüs. Erreur de Riolan à son sujet; sa
traduction du Continent de Rhasès ; Int.,
LIX.
Faucéole ; 390.
Fauces, 255.
Faucille, instrument; 335, 390.
Faucons; III, 756.
Faux; 300.
Faux fanons; II, 289, 290.
Fécondité. Influence de la température de
la matrice sur la fécondité; 11 , 734.—
Exemples de fécondité; II, 735, III, 14.
— Cas de fécondité prolongée ; II , 738.
Fe.mmes. Les femmes exerçaient la chirurgie;
, Int., XXIX, XXX, XXXI, xxxu, cxxvi.— Guil¬
laume de Salieet est le premier chirur¬
gien d’Italie qui ait écrit sur les affections
des femmes ; Int., xlii. — La femme a
toujours moins de chaleur que l’homme;
60. — Des vaisseaux spermatiques de la
femme; 162. — Des testicules et des vais¬
seaux éjaculatoires ; 163. — Anatomie
delà partie honteuse de la femme; 168.
— Les femmes sont moins sujettes à la
pierre que les hommes; II , 466, — De
l’opération de la pierre chez les femmes;
II , 405. — Depuis et jusqu’à quel âge la
femme peut engendrer; II , 738. — Qua¬
lité de la semence dont sont engendrées
les femelles ; II , 63, . — Histoires de fem¬
mes changées en hommes; III, 18. —
Causes de cette métamorphose ; III , 20.
— Figure d’une femme sans tête ; III, 22.
Fémur. Fractura du col du fémur ; II , 325.
— Pronostic des luxations du fémur ; II
353.
Fenouil. Par qui a été enseignée son utilité;
19; III, 736.— Ses propriétés; II, 436.
Fentes du cràne;Il, 1, 3. — 'l'raitonient
II, 7.
Fer. Action de la limaille de fer «ur l’éco¬
nomie animale , et contre-poisons ; III ,
343. — Vertus et usage des eaux ferrées;
III , 597.
Fkrnham (Nicolas de), tour à tour professeur
de philosophie et de médecine , et évêque
de Durham ; Int., xliii,
Ferrari, médecin du xui* siècle; III, vi.
Fehrahe, Ecole de Ferrare; Int., xxvm.
Ferri. Ses travaux sur les pluies d’ariuei à
TABLE
828
feu ; Int,, ccLiH. — Analyse de son Traité
des carnosiiés; II, 664, 665, 566,667,472,
67 3 , 676,
Férules, Description , qualités et usage des
férules J II , 288.
Feu, Ses qualités premières ; 32,— Ses qua¬
lités secondes; 33, — Degrés de chaleur
du feu suivant les corps ; II, 202, — Ex¬
plication du feu souterrain; III, 696,
Feu Saint-Antoine, Diverses acceptions de
ce nom ; II , 21 1,
Fez, Coutume des habitants de Fez; II, 749,
Fiacre (Fie St.) II , 64, 786, 787. — Traite¬
ment; II, 788. — Simulation de ce mal ;
III, 61.
Fibres. Ce que c’est; 127. — Des fibres du
cœur; 188.
Fie Saint-Fiacre; II, 64, 786, 787. - Traite¬
ment ; II, 788. — Simulation de ce mal;
III, 61.
Ficus. Ce que c’est; II, 787.
Fiel. Substance, figure, composition , con¬
nexion , tempérament et action de la ves¬
sie du fiel ; 145,
Fiente. Emploi de la fiente de bœuf dans
le traitement de la goutte; III, 239. —
Emploi de la fiente de chien pour arrêter
le flux de ventre; III, 462,
Fièvre. Le chirurgien doit connaître les fiè¬
vres; 13; III, 71. — Pourquoi la fievre
quarte peut être guérie par une grande
peur ou une grande joie ; 97; III, 722. —
Pronostic tiré de la fièvre dans les plaies
de la tète; II, 27. — Causes de la fièvre
erratique ; II , 783. — Oraisons contre la
fièvre ; III, 64. — Prétendus remèdes con¬
tre la fièvre ; III, 66. — Reproches adres¬
sés à l’auteur a propos de son Traité des
fièvres ; III , 70. — Division du Traité des
fièvres; III, 72, 73. — Définition de la
fièvre; III, 74, 75. — Sa fréquence, son
siège, ses dangers, ses avaniages; III,
74, — Causes efficientes; 111,77. — Causes
matérielles ; III , 77 , 79. — Signes des
fièvres en général; III, 79. — Traitement
général de la fièvre; III, 81. — D», 2«,
3* indications ; III, 82.— Cas où les indi¬
cations ne s’accordent pas; III, 83. —
Moyens pour guérir la fièvre : moyens dié¬
tétiques; III, 84. — Moyens chirurgicaux
et pharmaceutiques; III, 86. — Divisions
diverses des fièvres; III, 87. — Division
suivant Galien modifiée par l’auteur: de
la fièvre éphémère en particulier; III, 88.
—Définition, ses causes , III, 89.— Symp¬
tômes; III, 90. — Traitement général;
III , 91. — Définition de la fièvre humo¬
rale; III, 92. — Ses variétés; III, 93. —
Tableau de ces -vanéiés; III , 94. — Défi¬
nition de la fièvre synoque simple,- III,
95. — Causes; III, 96. — Signes, traite¬
ment diététique; III, 97. — Chirurgical
et pharmaceutique ; III, 98. — -Définition
de la fièvre putride; III, 100. — Division
prise des lieux où les humeurs se pour¬
rissent; III, 101. — Division prise des
humeurs elles-mêmes; III, 102. — Cau¬
ses; III , 102. —Signes ; III, 103. — Pro¬
nostic; III, 104. - Traitement des fièvres
putrides en général ; lit, 106.— Définilion
de la fièvre synoque putride; lll, 107.
— Causes, signes; III, 108. — Pronostic;
III, 109. — Traitement; 111, 110. — Ca¬
ractères distinctifs des fièvres inlermii-
tenles et des fièvres continues; III, li4.
— Variétés des fièvres continues ; III, 1 16.
—Variétés des fièvres intermittenles; III,
117. — Pourquoi les accès des lièvres in¬
termittentes reviennent à certains jours;
lit, 118. — De la fièvre tierce vraie; III ,
121. — Théorie de sa formation ; III, 122.
— Ses causes; III, 123. — Pronostic ; TU,
125. — Traitement diététique; III, 126.
— Chirurgical et pharmaceutique; III,
127. — Définition , causes et signes de la
lièvre tierce bâtarde; III, 131. — Pronos¬
tic, traitement; III, 132.— Caractères de
la fièvre ardente ; III, 133. — Causes , si¬
gnes , pronostic; III , 134. — Traitement ;
III, 135. — Définition de la fièvre tierce
continue; III, 136. - — Causes, caractères,
traitement; III , 137. — Fièvres pituiteu¬
ses ; causes de la fièvre quotidienne in¬
termittente; III, 138. — Signes; III, 139.
— Pronostic; III, 140. — Traitement;
III, 141. — Causes et diagnostic de la fiè¬
vre quotidienne continue; III, 142. —
Traitement; III, 143. — Définition, si¬
gnes de la fièvre épiale; III, 144. —
Traitement; III, 146. — Lypirie; III, 146.
— Fièvres faites de l’humeur mélan¬
colique ; Fièvre quarte intermittente
vraie; III, 147, — Causes, signes; III,
148. — Pronostic; III, 149. — Traitement ;
III, 150. — Causes de la fièvre quarte in¬
termittente bâtarde ; III , 163. —Signes;
III , 154. — rraitemeut; III , 166. — Fiè¬
vres quintaine, sextaine, octaine; III,
166. — Signes, causes, traitement et pro¬
nostic de la fièvre quarte continue; III,
158. — Fièvres humorales composées;
III, 160, — Définition de l’hérnitritée ;
III, 161.— Espèces, signes; III, 162, 163.
— Causes, pronostic; III, 164. — Traite¬
ment; III, 16.6. — Double tierce ; III, 166.
— Double quotidienne , Double quarte.
Triple tierce ; 111 , 167. — Triple quarte ;
III, 168. — Des fièvres confuses ; III, 169.
— Fièvre hectique ; III, I70. — Ses dill’é-
rences , causes , signes; III, 171. — Trai¬
tement; III, 172. — Des fie.vres sympto¬
matiques; III, 176.— Distinction entre
les fièvres symptomatiques et les fièvres
essentielles ; III, 177. — Trois différences
de fièvres symptomatiques; IH, 178.—
Signes et traitement de ces trois espèces,
III, 179. — Fièvres extraordinaires; III,
180. — Division des symptômes des fiè¬
vres ; III , 183. — Symptômes de 1,’artion
lésée: douleur de. tête; III, 184, — Dou¬
leur d’estomac et de ventre; III, 186.
— Douletir des reins, des cuisses et des
jambes; III, ,.S6. — Insomnies ; III, 187.
— Assoupissement et sommeil profond.
ANALYTIQUE.
899
tll, 188. —Délire OU rêverie; Hl, 189.—
Convulsion el jectigation ; III, igo. — Pa¬
ralysie et éblouisseinenl; III, 191. — Sur¬
dité; III, 192. — Difficulté de respirer;
III, 193, 19i).— Toux; ni, 193.— Difficulté
d’avaler ; 111, 194. — Dégoût ; III. 195. —
Nausées, sanglots et hoquets; III, 196.
—Vomissements; III, 197. — Soif déré¬
glée; III, 198. — Lipothymie et syncope;
111, 199. — Symptômes qui suivent l’a-
métrie des excréments : flux <ie ventre,
III , 200. — Dureté de ventre; III, 201. —
Suppression et flux excessif d’urine; III,
202. — Sueurs immodérées , flux de sang
immodéré ; IIl, 203. — Symptômes ap¬
partenant à la simple affection du corps,:
jaunisse ; IH, 204. — Accidents de la lan¬
gue , froideur des extrémités ; III, 205. —
Ardeur, tension des hypocoudres; III,
206. — Fièvre pestilentielle ; III , 35l.—
Causes de la fièvre pestilentielle; III,
391. — Ses signes et ses variétés; III, 392.
FiLELPHE. Piapporte de Grèce de nombreux
manuscrits; Int. cvm.
Filet. Ce que c'est ; II , il, 678.
Filtre. Manière de distiller avec le filtre;
III. 624.
FlORAVANTl ; Int. CCLXXXV.
Fissure. Espèce de fraciure; II, 295. — Fis¬
sures des côtes ; II , 312.
Fissüle. Causes de la fistule lacrymale, 236.
—Causes des fistules du fondement et du
périnée, 420. — Exemple de fistule sali¬
vaire; II, 86. — Curabilité des fistules
du thorax; II, 101.— Pourquoi les plaies
du poumon dégénèrent en fistules; II,
104. — Définition, causes et signes des
fistules; II, 270.— Pronostic et traite¬
ment; II, 271. — Fistules du fondement;
II; 273. — Fistules lacrymales; II, 4l9.
— Théorie des fistules lacrymales, varié¬
tés, pronostic, traitement; II, 431.—
Traitement des fistules de la vessie; II,
Flabellation ; II , 305.
Flaminius crassus, rhinoplaste; Int. cii.
Flandre. Etat de la chirurgie en Flandre au
xvi» siècle; Int. cclxxxv. —Voyage dA.
Paré en Flandre; III, 726.
Flèches. Différences des plates faites par
flèches et de celles qui sont faites par
harquebuses; diiférent<*s espèces de flé¬
chés; n, 183. —Figures de ces diffé-
rentes flèches; II, 184. - Instruments
nropres à l’extraction des fléchés ; 11, 185,
186^ — Extraction d’une fléché rompue ;
U 187. — Extraction d’une flèche insérée
en’ l’os •’ 188. — Signes des plaies de flè¬
ches empoisonnées ; II , 189. —Traitement
par les scarifications et la succion; II,
191), — Par les topiques; II , 191, — Par
la cautérisation et la ligatmc ; II, 192.
Fleurs répercu'sives; III , 58i. — Uésolu-
lives; III, 538. - Epulotiques; III, 545.
_ Ano.lines ; III, 549. - Fmcedés
extraire l’essence des fleurs ; III , 629, 637.
Fleurs blanches ; H , 761 , 774. — En quoi
elles diffèrent des menstrues, de la go¬
norrhée et de la chaude-pisse; II, 775 —
Humeurs dont elles procèdent; II, 770.
— Causes et traitement des fleurs blan¬
ches;!!, 777.— Effets des fleurs blanche» ;
II, 777.
Fleurs rouges; II, 761,
Florent Philippes. Son procédé de para¬
centèse, 400.
Flüguss (George). Son livre intitulé Expéri¬
menta chirurgica , etc. , Int, ccvii.
Flux de bouche des véndés ; II , 549. —
Flux de sang, cause d’avortement ; II ,
624,714. — Caractères et traitement du
flux de sang, symptôme de fièvre; III ,
203. — Flux de sang concomitant delà
pelite-vérole ; III, 260. — Flux de ventre
des fiévreux ; III , 200. — Ses caractères,
ses causes, son traitement; III, 201. —
Moyens pour provoquer le flux de ventre ;
III, 449. — Moyens pour l’arrêter ; III ;
450.— Flux mulièbre; v. Fleurs blanches.
Fluxion. Ce que c’est, 320.
Fociles. Luxation du petit focile delà jambe;
Il , 398. — Idem du grand focile ; H , 399.
— Fracture des deux fociles du bras; Il ,
318.
Foetus. Par où le foetus est alimenté dans
la matrice, 1(16; H, 648,— Putréfaction
du fœtus dans la matrice ; II , 627 , 697 ,
729. — Théorie de la formation du lœlus ;
II, 644, — Détails sur les enveloppes du
fœtus ; II , 645 , 647. — Formation du
nombril du fœtus ; II , 646. — Vaisseaux
qui forment le cordon ombilical, voies
par lesquelles le fœtus respire ; II , 648 ,
717. — Formation du foie; 11 , 649. —
Du cœur et de la tête ; II , 650. — Quand
le fœtus commence à remuer ; III, 652. —
Des excréments du fœtus dans la matrice;
II , 663. — Comment l’enfant à terme
s’efforce de sortir du ventre de sa mère;
II, 665. — Positions diverses de l’enfant
au ventre de la mère; II , 669. — Figures
de ces positions; II, 670 , 671. — Signes
indiquant que l’enfant est mort dans le
ventre de la mère; II , 696. — Coexistence
d’un fœtus avec une môle ; Il , 727; voy.
Enfant.
Foie. Action du foie sur le chyle, 40. —
Toutes les veines mésaraïques viennent
du foie, 142. — Substance et volume du
foie; 143. — Ses divisions, sa figure, sa
composition, sa connexion, son tempéra¬
ment, son action ; 144. — Pronostic des
plaies du foie , 433 ; II , 105, — Abcès du
foie succédant aux plaies de tète; H, 32.—
Signes des blessures du foie ; II, 105 ; III,
654, — Les maladies du foie peuvent occa¬
sionner une rétention d’urine; II, 497.—
Formation du foie chez le fœtus ; II , 649.
— Excréments du foie; H, 662. — La
goutte vient du cerveau ou du foie ; III ,
215. — De la cautérisation du foie; III ,
685,
Folie. Hérédité de cette maladie ; III, 28.
Fomentations pour l’œdème, 343. — Pour
TABLE
83o
les tumeurs aqueuses et ventouses, 345.
— Pour les chancres , 360. — Pour la ré¬
duction des hernies et pour la matrice ,
406. — Pour les contusions du cuir mus¬
culeux; 11,42,43. — Pour les commotions
du cerveau ; II, 69.— Pour les inflamma¬
tions delà conjonctive ; II , 78.— Pour les
ulcères intempérés humides ; II, 261. —
Pour faire tomber les vers des ulcères ;
Pour les ulcères sordides ; II, 254. — Pour
le prurit des fractures; II, 306.— Pour so¬
lidifier le cal ; II , 344.— Pour amollir 18
cal difforme; II, 346.— Objet des fomen¬
tations dans le traitement des fractu¬
res ; Il , 347. —Fomentations pour les
carnosités de la verge; II , 667. — Pour
les nouvelles accouchées; II , 711. —
Pour la goutte causée de pituite ; III , 238 ,
— Pour les pestiférés-; lll; 409. — Réso¬
lutives des bubons pestilentiels ; III , 432.
— Définition, objet et composition des
fomentations ; III , 576, — Modèle de fo¬
mentation émolliente et résolvante , ma¬
nière de faire les fomentations ; III , 577.
Fondement. Causes des tumeurs et aposlemes
du fondement, 419, — Traitement médi¬
cal et chirurgical ; causes des fistules du
fondement, 420 ; II, 273.— Signes ; II, 273.
— Accidents, traitement; II, 274.
Fontaine. Qualités de l’eaü de fontaine ; III,
403.
Fontanelle. C’est sur la fontanelle que doi¬
vent être appliqués les remèdes destinés
au cerveau , 208.
Foret. Figure d’un foret poUr commencer à
ouvrir le crâne dans l’opération du trépan,
11,63.
Forme. Influence de la forme des plaies Sur
leur guérison, 433.
Formigatio , 82.
Formillon. Espèce d’araignée; III, 326.
Fornix, 216.
Foudre. Signes indiquant qu’un individu
est mort frappé de la foudre ; III , 668 ; v.
TonnerrCi
Fourchette. Ce que c’est; 176. ■— La four¬
chette ne peut se luxer ; II, 368.
Fourmis. Les ours se purgent en mangeant des
fourmis; I, 19; III, 737.— Quand elles pré¬
sagent la pluie ; III, 738. — Prévoyance ,
industrie et mœurs des fourmis ; III, 743.
Fourneaux. Description des fourneaux à
distiller; lit, 615.
Fournier. Ce qu’il dit des fanons ; II, 289.
Fractures. Leur traitement en Allemagne
au XV' siècle; Int., CCI.— Comment traitées
par Paracelse; Int., eexx. —Fractures du
crâne ; II, 1.— Tables de ces fractures ; II,
3, 4. — Causes ei signes conjecturaux; 11,6.
— Signes sensuels; II, 6; III, 663.— Scis¬
sure ; II, 7. — Contusion ; II, il. — Em-
barrures ou enfonçures ; II, 16.— Incision;
II, 17.— Contre-fente ; II , 20.— Pronostic
des fractures du crâne; II, 26, 31, 33. —
Soins généraux à donner aux fractures du
crâne; II, .33. — Pourquoi on trépane les
fractures du crâne; 11, 60. — Causes de la
gangrène ; n, 212. “■ Des bandages des
fractures; II, 280. — Comment doivent
être faits les bandages des fractures, II,
281.— Bandages des fractures avec plaies;
II, 283. — Définition, diverses espèces ;
II, 294. — Causes des fractures; H , 206.
— Signes, pronostic; 207, 298. — Cure
générale; II, 300. — Procédés de réduc¬
tion; II, 301. — Signes auxquels on re¬
connaît que la réiluelion est bien faite;
II, 302, —Application du bandage; II,
303. — Traitement des aci irients; II, 804
— Fractures du nez; II, 306.— Leur trai¬
tement ; II , 306. — Fta' lures de la mâ
choire inférieure; II, 307.— De l’os cla¬
viculaire ou furculaire; II, 308, — De
l’omoplale; II, 309. — Uü sternum et ré¬
duction ; II, 311. — Des rôles ; signes de
Cês fractures; II, 312. — Réduction , II; 313.
— Fractures des vertèbres, leur proitoslic
ét leur cure; II, 315. — Fractures de l’os
sacrum ; II , 316.— De l’os de la hanche ;
ses signes et réduction; II, 316. — Fiac-
tures des os du croupion ; II , 3l6. — De
l’os du bras ; leur réduction; II, 317. —
Fractures de l’os du coude et du radius j
II, 318. — De la main, II , 320. — De la
cuisse au milieu de l’os; II , 321. — Du
col du fémur; 326. — De la rotule du
genou; II, 327. — De la jambe; II, 329.
—Cause des tressaillements des membres
fracturés; II, 336. — Fractures des os du
pied; II, 347.— Complicati ins et accidents
qui peuvent survenir à la partie fractu¬
rée; II, 401.
FhAisEs. Goût des crapauds pour les fraises;
III, 821.
France. Origine des écoles en France; Int.
xxtm. — Etat de la chirurgie en France
au XVI' siècle; Int., cglxxXV.
FranciieVillè ( Jean de) ; Int. cxxix.
Franco. Ses travaux; Int. cotxx — Mention
qu'il fait du séton ; II , 83. — Indication
des procédés de taille décrits par Franco
et omis par A. Paré; II, 477. — Plagiats
commis par Franco aü préjudice d’A.Paré;
II, 623,624, 626, 626,627, 629, 630, 631,
632, 646,675, 698, 714, 716, 717.
Frédéric. Cet empereur fait traduire en la¬
tin toutes sortes de manuscrits arabes; Int.
xxxvih— Son ordonnance relative à l’exer¬
cice de la médecine dans le royaume de
Naples; int. xxx , xxxi. — Défend à ses
sujets d’aller étudlerà Bologne; Ferme les
écoles de cette ville ; Rétracte son décret;
Int. xxxa.
Freind. Son Opinion sur Jean deCadde-sden;
Ce qu’il nous apprend sur Jean Ardern ,
Int. Lv.
Frelons. — Accidents résultant de leur pi-
^ûre ; III, 324. — Remèdes d’ièeux ; III ,
Ses propriétés antivénéneuses; III,
Frictions. Leurs effets ; 09. — Leur em¬
ploi dans le traitement de l’œdème ;
343.— Contre le prurit des fractures ; II,
ANALYTIQUE.
83l
304. — Traitement de la vérole par les
frictions j II, 540. — Manière d’exécuter
lés frictions ; 11, 543, 544 et suiv. _ Em¬
ploi des frictions mercurielles dans le trai¬
tement du pourpre; lll, 426.
Frissons. Frissons symplômatiques des pâles
couleurs; II, 781; lll, 123.
Froid. Son action funeste aux plaies ; 63 ;
II, 118 , 177. — Son action sur l’homme;
II, 34. — Comment le froid produit la gan¬
grène; II, 214. — Pierres causées parle
froid; II, 465.— -Influence du froid sur la
production des rétentions d’urine; II, 504.
— Nécessité de préserver du froid les ma¬
lades soumis aux frictions ihercurielles ; ,
II , 543. — Propriétés du froid ; 11, 737. —
Son influence sur le développement delà
rage; lll, 304. — Remèdes contre le froid
des extrémités ; lll, 205.
Front. Figure de deux tilles jumelles unies
par le front; III, 10.
Frontaux. Fortiflantset soporatifs; II, 167.
— Pour les fébricitants; III, 1S4. — Con¬
tre les douleurs de tête; III, 420.
Fruits. Procédé pour extraire l’essence des
fruits; lu, 629. — Fruits répercussifs;
III, 534. — Suppuratifs et émollients , lll,
540. — Epulotiques; III, 545.
Fumigations. Pour les ulcères delà matrice;
II, 268. — Appareil fumigatoire pour les
maux de dénis; II, 446. — Traitement de
la vérole parles fumigationsmercurlelles;
II, 551. — Figure d’un tonneau propre à
administrer une fumigation aux parties
génitales; Il , 568.— Appareil fumigatoire
pour lé col de la matrice ; II, 758. — Fu¬
migations pour provoquer les menstrues;
II, 767.
Fungus. Description et traitement; 359;
ïl, 64.
Gabets. Ce que c’est ; III , 280 , 350.
Gaddksden (Jean de). Premier chirurgien
anglais dont les écrits nous soient connus ;
Int., LUI. — Son livre liosamedieince-, Int.,
Liv. — Opinions de Guy de Cbauliac et
de Freind sur Jean de Gaddesden. — Son
orgueil ; Int., lvi. — Son charlatanisme et
son avarice; Int., LVii. ■
Gaiac. Traitement de la vérole parla dé¬
coction de gaïac; II, 535. — Effets du bois
degaïac; signes auxquels on reconnaît le
meilleur ; II, 536. — Manière de préparer
la décoction de gaiac ; II. 537. — Précau¬
tions qui doivent précéder, accompagner
et suivre l’administration de cette décoc¬
tion ; U , 538. — Régime à observer pen¬
dant cette médication; II, 539.
Galeatius de. Sainte-Sophie. Son époque ;
son commentaire de Rhasès ; Int., lxxxvi.
Galien; lut., xviii.— Cité par Garioponlus;
Int., XXI. — Source commune qui arrivait
aux Latins comme aux Arabes; mis à
contribution dans le livre de TrOlula;
Int., xxiv. — Ses commentaires sur les
Aphorismes d’ilippocrales ; Int., xxv. —
Ses traités traduits pur Gérard de Cré¬
mone; Int., Xxvii. — Suivi par Hugues
de Lucques ; Int., xxxv.-— Pris pour guide
par Rrunus ; Int. xXxVl. — Ses livres , ba¬
se de la doctrine de Salerne et de celle de
Bologne; Int., xxxiX. — Idem, de celle de
Guillaume de Salicet; Int., xl. — Est cité
par Lanfronc ; Int., XLVi. — Ses ouvrages
sont traduits en latin par Nicolas de Reg-
gio ; Int. , xLviii. — Traduction proven¬
çale de quelques uns de ses livres; Int.,
Lxv. — Ses commentaires inconnus dans
tout le XV' siècle; InU, cix. — Premières-
éditions de Ses ouvrages; Int., ex. — Cité
par Benivieni; Int., cxviit. —Son époque,
18 ; III , 641. — Ses travaux j 18. — Son
opinion sur la paracentèse ; 397. — Sur
les dragonneaux; 424. — Sa doctrine sur
les fissures du crâne; II, 10. — Ge qu’il
dit du bec-de-lièvre; II, 85. Vers sur
Galien ; III , 642. — Aphorisme emprunté
à Galien ; III, 646.
Gama (M.). Détaiis historiques sut Gersdorf;
III, vu.
Gamaut; 335.— Détaiis sur cét instrument ;
389.
Gamedin ; 390.
Ganglions. Description, càuséS et traite¬
ment des ganglions ; 357. — Ganglions des
paupières; 11,416.
Gangrène. — Description de la gangrène
sénile , par A. Benivieni ; Int., cxvii ; 320.
— Signes de la gangrène; 323. — Moyens
de prévenir la gangrène à la suite des
contusions ; H , 200. — Définition de la
gangrène ; II, 210. — Causes générales ;
causes particulières , primitives et exter¬
nes ; II, 2l 1. — Causes antécédentes ; II ,
212. — Signes de la gangrène résultant
d’inflammation phlegmoneuséet du froid;
II, 215. — Idem des gangrènes faites par
ligatures, luxations et grandes contusions;
11,216.— /dem des gangrènes, suite de mor¬
sures, piqûres, anévrismes, venins ; pro¬
nostic des gangrènes; II, 216. — Cure gé¬
nérale; II, 217. — Cure particulière; in¬
cisions , scarifications; II, 218.—=^ Lotions,
onguents ; II, 219. — Gaulérisalion , am¬
putation ; signes de mortification parfaite;
II, 220. — Où doit commencer l’amputa¬
tion ; II, 221. — Moyen d’y procéder; II,
222.— Moyens hémostatiques ; II, 224,
226. — Suite du traitement; II, 225. —
Médicaments emplasliques ; H , 226. —
Suite du traitement ; II , 230. — Cas d’am-
putation du bras dans la jointure à la suite
de gangrène ; II, 239. — Gangrène résul-*
tant d’une trop grande compression; II ,
293.— Gangrène des yeux ; II, 415.
Gargareon; 266.
Gargarismes pour Tesquînancie; 388.— Pour
les plaies de l’œsophage ; II, 9l, — Pour
les ulcères de la bouche ; II, 262. — Pour
les maux de dents ; II , 440. — Ce que
c’esl; composition, modèles de gnrgarls-*
mes astringent et i épercussif, anodin, mon-
dificallf;.lll, 590. — Usage des gargaris¬
mes; lll, 591.
GAnioronxus. Son ,^Pastionnaire ; Int., xxi«
T4BLE
832
— Ses Dynamidies ; Int., xxi , xxii. — Son
co'laborateur Albicius; Int., xxi. — Mal¬
traité par les critiques ; Int., xxii. — Peut
encore être consulté comme une des sour¬
ces les plus abondantes du langage médi¬
cal moderne; Int., xxii. — Semble avoir
connu le Pronostic d’Hippocrate ; Int. ,
XXV. — N’a pas le premier employé les mots
caulerizare et gargarizare ; III , iv.
Gastroraphie. Description de cette opéra¬
tion; 440; II, 108.
Gatenaria. Ce qu’il dit du séton; II, 82.
Gaz-. Ponction des intestins gonflés de gaz;
II, 107. Voy. p'entosités.
Gaza CThéodore). Ses traductions d’Aristote,
de Théophraste et d’Hippocrate ; Int. ,
CVIII.
Gémissements. Manière d’arrêter les gémis¬
sements résultant de la suppression des
menstrues; II, 782.
Gencives. Tumeurs des gencives; 381. — Ul¬
cères fistuleuxdes gencives; II, 262. — Il
faut comprimer les gencives après l’extrac¬
tion des dents; II, 454. — Incision des
gencives pour faciliter la dentition; II,
799. — Etat des gencives chez les lépreux;
III, 276.
Génération. Eléments de notre génération ;
33. — Ce que c’est; 56. — Plaisir attaché
à l’acte de la génération ; lil. — Causes
de ce plaisir ; II , 635. — Choses néces¬
saire» à la génération ; II, 640,736. —
Manière d’engendrer ; II, 649. — Age
auquel la femme peut engendrer ; II , 738.
— Si une femme non réglée peut engen¬
drer ; II, 762. — Si tes démons ayant com¬
merce avec les femmes peuvent engen¬
drer; II, 58, 59.
Genga (Bernardini). Ce qu’il dit des Nor-
sini ; Int. , cm.
Genièvre. Ses propriétés antivénéneuses;
III, 395.
Genoux. Tumeurs des genoux; 421. — Trai¬
tement ; 422. — Situation qu’il faut
donner aux genoux blessés ; Il , 120. —
Fracture de la rotule du genou ; H , 327.
— Causes des déviations des genoux; II,
350. — Luxations de la rotule du genou;
II, 396. — Causes et signes des luxations
du genou; réduction de celle faite en
arrière; II, 397. — Idem de celle faite en
devant ; Il , 398. — Exemple de pierre en¬
gendrée dans le genou; III, 32.
GÉOMANCIENS ; III , 60.
George Valla, traducteur de Galien ; Int.,
ex.
Gérard de Crémone; Int., xxvi. — Ses tra¬
vaux; Int., XVII. — Ses ouvrages faisaient
_artie de la bibliothèque de l’Ecole de
onipellier au xiv® siècle ; Int., nx.
GeRbert. Ce qu’il dit de Celse; Int., xix.
Germe { mauvais). Voy. Mole. .
Gersdorf. Auteur du premier livre en lan¬
gue vulgaire qu’on puisse citer avec hon¬
neur; Int., cciv. — Idée de sa thérapeu¬
tique , d’après Haller et Percy ; Int., ccv.
— Détails historiques sur Gersdorf; III,
vu.
Gervaisot Merlin; Int., clx.
Gesner ( Conrad ) ; Int., xxi. — Ses travaux ;
Int., ccxxi.
Ge.station. La gestation de la femme n'a
point de terme fixe ; II, 671. — Exemple
de gestation prolongée; III, 26.
Gibbosité. Hérédité de cette difformité ; III,
27.
Gilbert l’Anglais doit être classé parmi les
médecins ; III, v. — Epoque où il a vécu ;
III, VI.
Gilles de Corbeil. Mention qu’il fait de
maître Maurus ; Int., xxvi.
Ginglyme; 313,316.
Girafe. Son pays, sa description, ses mœurs;
111,784.
Girofle. Caractères de l’huile de girofle ;
III , 627.
Glace. Qualité de l’eau de glace; III, 403.
Gland, 162. —Perforation vicieuse et im-
perforalion du gland ; II . 460.
Glandüla. Ce que c’est; 348.
Glandules. Substance, quantité, ligure,
nombre des glandules; 142. — Leur .situa¬
tion, connexion , tempérament et utilité;
143.
Glaucoma. Ce que c’est; II , 418.
Glossocomes. Ce que c’est ; Il , 291 , 323. —
Figure d’un glossocome; II, 321.
Gluten. Ce que c’est ; 45 ; II , 244 , 257.
Godin (Nicolas). Sa traduction de Jean de
Vigo; Int., ccxxxvn.
Goître. Description ; 390. — Trailement ; 391.
Gommes. Attractives ; III. 536. — Résoluti¬
ves ; III , 538. — Suppuratives ; Ht , 540.
— Emollientes ; III, 541. — Dé ersives ;
III, 542. — Sarcotiques; III, 544. — Ag-
glutinatives ; III, 546. — Manières d’ex¬
traire les huiles des gommes; III, 630,
631 , 638.
Gomphose; 314, 316.
Gongrona. Voyez Goîlre.
Gonorrhée. En quoi elle diffère de la chaude-
pisse; II, 555. — Cure de la gonorrhée;
11 , 560. — En quoi elle diffère des fleurs
blanches ; II , 775.
Gonthier (d’Andi rnach ). Sa traduction de
Paul d’Egine; Int., ccxxxviii.
Gordon. Est cité et imitç par Jean de Gad-
de»den; Int., liv. — Eloge de sou livre
Lilhim medicinœ ; Int., lx; III, v. — Tra¬
duction provençale de son livre ; Int., lxv.
— Son opinion sur la paracentèse; 397.
— Emprunt fait à Gordon par A. Paré;
II, 04d.
Gorge. Extraction des corps étrangers de la
gorge, 27; II, 443; 111, 28. — Nœud de
la gorge; 255.— Prono.siic et traitement
des plaies delà gorge; II, 91. — Biûlures
de la gorge ; II , 208. — Danger des com¬
pressions de la gorge ; II , 293. — Moyens
de préserver la gorge des ravages de la pe¬
tite-vérole; 111 , 262, 263.
Gorreus. Son opinion sur les dragonneaux;
I 425.
Synopsis chirurgîœ; Int.,ccLX.xv.
l Son hostilité envers A. Paré; Int.,
Xîf A LYTIQUE.
ccLxtxm. — Nouvelles attaques contre
A. Paré ; Int. , ccxc.
Goût ; 67. — De quel secours il est au chi¬
rurgien ; 03. — Théorie du sens du goût ;
252. — Dépravation du goût chez les fem¬
mes grosses; II, 642, 714. — Cause et re¬
mède de la dépravation du goût chez les
fiévreux ; III , 196.
Goutte* Goullesereine; II, 419.— Différence
entre les gouttes vénériennes et les gouttes
ordinaires ; II , 533. — Raison de la non-
hérédité de certaines gouttes; II, 638.—
Hérédité de la goutte ; III , 28. — DéOni-
lioii de la goutte , étymologie , variétés ;
III , 208. — Causes occultes; III , 209. —
Causes manifestes; III, 213. — Origine de
la défluxion des gouttes ; III , 216. — Si¬
gnes indiquant que la fluxion vient du
cerveau; IH, 216. — Signes indiquant si
la fluxion vient du foie et de la masse san¬
guinaire ; si c’est le sang ou la faire qui
accompagne le virus arthritique ; III, 217.
— Si c’est la pituite; III, 218. — Si c’est la
mélancholie ; pronostic des diverses gout¬
tes ; III, 219. — Influence de la température
sur les douleurs arthritiques ; III , 221. —
Degrés de curabilité de la goutte ; sujets
qu’elle attaque; III, 222. — Traitement
préservatif; III, 223. — Par le vomisse¬
ment ; III, 224. — Par les diurétiques et le
cautère; 111, 226.— Par les purgatifs ; III,
227. — Par les fumigations; III, 228.—
Régime des goutteux; III, 229. — Boissons
qui leur conviennent ; III, 230. — Remèdes
pour roborer les jointures; III, 231. —
Cure palliative diverse suivant l’humeur
dont procède le mal ; III, 232. — Consiste
en quatre points; III, 233. — Remèdes to¬
piques contre la goutte provenant de la
pituite ; III, 235. — Pour la goutte de ma¬
tière chaude ; III , 239. — Pour la goutte
provenant d’humeur cholérique; 111, 241.
Soins à prendre après la disparition de la
douleur, III, 246.— Des tophes, ou nœuds
qui viennent aux jointures des goutteux ,
et de leur caractère; III, 247. — Des ven¬
tosités qui accompagnent les douleurs ar¬
thritiques et de leurs remèdes ; III, 249.—
Caractères, causes, signes; III, 250. —
Traitement par la saignée; 111,251. — Les
clysières et les purgatifs ; III , 252. — Par
les topiques; 111, 253. — Par les cautères;
III, 264. — Définition, causes et traite¬
ment de la goutte crampe ; III, 255.
Goutte rose. Ce que c’est ; III , 606. — Pro¬
nostic , traitement ; III , 607.
Gouverneur. Description et mœurs du gou¬
verneur; III, 752.
Graines. Résolutives; III, 538. — Emollientes;
III, 540.— Détersives; III, 542,551.— Pro¬
cédés pour extraire l’eisence des graines;
III, 629, 638.
Graisse. Ce que c’est; 119.— Sa composi¬
tion , son tempérament , son utilité ; 120.
— Traitement des plaies de la graisse; II,
109. — Graisses attractives; 111,636.—
Résolutives ; III , 538. — Suppuratives ;
m.
833
III , 540. — Emollientes ; III, 541. — Ano¬
dines; III, 549.— Distillation des graisses;
III, 638. — La graisse de baleine ne gèle
jamais; III, 779.
Grand dentelé (muscle) ; 266.
Gratelle; 320.
Gravelle des yeux; II, 416.
Grecs (Lèpre des) ; III , 282.
Grêle des paupières; 11,422.
Grenouille. Histoire d’un enfant à tête de
grenouille; III , 24. — Emploi des gre¬
nouilles dans le traitement des gouttes ;
III , 242. — Dans celui des charbons ; III,
440. — Les grenouilles présagent les chan¬
gements atmosphériques; III, 738. — Ac¬
couplement des grenouilles ; III , 746.
Grenouillette. Description , cause et trai¬
tement de cette tumeur ; 382.
Grevin. Emprunts que lui a faits A. Paré ;
Int. , cccxxxiu.
Grossesse. Danger de trop serrer le ventre
pendant la grossesse; H, 293. — Symp¬
tômes de la grossesse ; II, 642. — Moyen
externe de prouver la grossesse d’une
femme ; H , 643. — Quelques femmes con¬
tinuent d’avoir leurs menstrues pendant
la grossesse , II , 763. — Par où coulent les
menstrues aux femmes grosses; II, 772.
— Simulation de grossesse ; III , 49. — Les
femmes grosses sont exposées aux attein¬
tes de la peste ; 111 , 389.
Grues. Présages tirés de leur vol ; III , 738.
— Pourquoi les grues volent contre le vent ;
III , 740. — Leur manière de voyager; III,
753.
Gruner. Retrouve dans Ali-Abbas tout ce
que le livre de Trotul* renferme de bon;
Int., XXIV. — Son supplément à YAphrodi-
■siacus de Luisini ; 111, iv.
Güainer (Antoine). Son époque; ses Com-
mentarioli ; Int. , lxxxvu. — Passage de ses
écrits sur un alchimiste; Int., cvi.
Guêpes. Accidents résultani de leur piqûre ;
III, 324. —Remèdes; 111 , 325.
Guérin de Vérone ; Int. , cvii.
Guérisons. Exemples de guérisons diverses ;
94.— Influence de la joie sur la guérison
de certaines maladies; 98.
Guetteur. Description de cet instrument ;
II, 483.
Guillaume , seigneur de Montpellier, établit
la liberté d’enseignement; Int. , xxix.
Guillaume de Salicet s’appuie sur un apho¬
risme de Galien ; Int. , xL. — Sa vie ; Int.,
ib. — Caractère particulier de sa Chirurgie ;
Int., xLi. — Il est le premier chirurgien
d’Italie qui ait écrit sur les alTections des
femmes; Int., xLii. — Rapports entre lui
et Laiifranc; Int. , xliv. — Est cité parce
dernier ; Int. , xlvi. — Ce qu’il dit du sa¬
laire des chirurgiens; Int. , lvi.
Guillemot (M.). Extrait de son travail sur
l’accouchement forcé; H, 699.
Gutta-Zala. Ce que c’est ; II , 418.
Guttemberc invente l’imprimerie ; Int., ox.
Guï DE Chauliac. Est la plus brillante ex-
; pression de l'époque des Arabistes ; Int.,
53
T AB LU
834
Vit, XXIV.— Injusle critique, qu’il a fuite
lié Hugues dé Lücques; Int., xxxii. —
Ce qu’il dit de Jainerius; Int., xxxv.—
Son appréciation des écoles de Salcrne et
de Bologne J Int., xxxix. — Son opinion
sur Jean de Gaddesden ; Int. , Liv. — Ri¬
chesse de sa bibliothèque ; Int., lx. — Sa
vie , ses études ; Iht., txi. — Ses voyages }
Int., Lxii. — Sa conduite pendant la peste
d’Avignon; Int., Lxiii. — Enumération de
ses ouvrages; Int., lxiv. — Appréciation
de sa Grande chirurgie; Int., Lxv. — Sa pra¬
tique; Int., LXvi, Lxvii. — Son érudition,
sa méthode ; Int., txvn. — Ses contempo¬
rains ; Int. , Lxviii. — Parallèle entre Guy
de Chauliac et Nicolas de Florence ; Int. ,
LXXV. — - A été pillé par Pierre d’Argelata;
Int. , LXxvu. — Parallèle de Guy de Chau¬
liac et d’A. Paré; Int. , cclxxxiv. — Em¬
prunts faits à Guy de Chauliac par A. Paré ;
319. — Sa doctrine sur la paracentèse ab¬
dominale; 401. — Il est le premier auteur
qui parle des fanons; II, 288. — Ce qu’il
dit de l’opération de la cataracte ; II, 440.
— Moyen indiqué par lui pour allonger le
mamelon ; II, 693.
GüY Patin. Ce qu’il dit sur la composition
du livre de la Licorne; Int., cccxxXi. —
Réfutation; Int., cccxxxii.
Gypse. Vertus et usage des eaux gypseuses ;
III, 597.
Habitudes. Influence des habitudes sur l’a¬
limentation, 7. — Sur le traitement des
plaies d’harquebuses ; II , ICI.
Haut. Description de l’haiit ; III , 786.
Halèiné. 'Transmission du virus vénérien
par Thaleine; H, 528. — Causes de la
puanteur de Thaleine; II, 600.— Fétidité
de Thaleine des lépreux ; III , 276. — Pro¬
priétés vénéneuses de Thaleine des chats:
III, 333.
Haller. Son opinion sûr Gariopontus;Int.
XXII. — Haller se trompe quand il dit que
Guillaume de Salicei n’a pas parlé des affec¬
tions des femmes ; Int., xlii.— Ce qu’il dit
de Bienvenu : Int., lxviii. — Son opinion
sur le livre de Nicolas de Florence ; Int.
Lxxiv. — Sur Gatenaria ; Int., xcvii. —
Sur Benivieni ; Iht., cxvln.— Sur Jérôme
de Bruhswich ;Int., cciii.— Ce qu’il dit de
Gersdorf; Int. ,ccv.
Hanche. Situation qu’il faut donner aux
plaies de la hanche; II, 120. — Fracture
des os de la hanche; ses signes et sa réduc¬
tion; II, 316. — Luxation spontanée de
la hanche; II , 340. — De combien de ma-
nières se font les luxations de la hanche ;
ne peuvent être incomplètes ; symptômes
de celles faites en dedans; pronostic gé¬
néral ; II , 387. — Pronostic des luxations
de ia hanche en dehors et en dedans ; II,
389 — Idem en devant ; II , 390. — Signes
des luxations faites en dehors et de celles
faites en devant; II, 390. — Idem de la
même luxation fuite en arrière; H, 391.
— Prineipes généraux de réduction; H,
392. — Manière de réduire la luxation de
la cuisse faite en dedans ; II , 343, 394.
— Idem celle qui est faite en dehors; II ,
395. — Idem celles qui sont faites en de¬
vant et en arrière ; II , 396.
Hans de pockenbourg ; Int. , cxcviii , ccii.
Hargne. Etymologie , 4,03. — Espèces diver¬
ses, causes et signes, 404. — Indices delà
rupture du péritoine, curabilité , réduc¬
tion des hargnes des enfants, 405. — Au¬
tres moyens , 407. — Régime après la
réduction , 409. — Opération de la hernie
étranglée, 410.— Diverses manières de faire
le point doré, 411 , 412, 413. —Causes,
signes et traitement de la hargne zirbale,
4l4. — Idem de la hargne aqueuse, 415.
— Idem de la hargne venteuse , 4l6. —
Idem de la hargne charneuse et de la har¬
gne variqueuse, illi-^Idem delà hargne
humorale , 4l8. — Hargne des petits en¬
fants ; causes , signes . engouement , trai¬
tement; H, 796. Voyez Hernies.
Harmonie. Ce que c’est que l’harmonie des
os; 314, 316.
Harpies. Ce que c’est; III , 36.
Harqüebüses. Etymologie; II, 121 , 123.. —
Sur la non vénénosité des plaies d’harque-
buse; II, 128, 131 , 181. — Division des
plaies faites par harquebuses; II, 143. —
Signes ; II , 145, — Premier pansement ;
II, 146. — Description des instruments
propres à extraire les balles et autres
corps étrangers; II, 147. — Manière de
panser les plaies au premier appareil après
l’extraction des corps étrangers ; II, 152.
— Comment il faut traiter lesdites plaies
après le premier appareil ; II , 157. — Ex¬
traction des corps etrangers oubliés dans
la plaie; inductions tirées de l’essence et
de la cause de la maladie; II, 160. —
Des temps universels; de la température,
de l’âge, des habitudes , de la force du
patient ; de l’atmosphère ; II, 161 .— De la
température , de la dignité et de lacolli-
gance des parties blessées ; des affections
concomitantes; II, 162.— Suite du traite¬
ment des plaies d'harquebuse; II, 163.—
Ad)ologie touchant les plaies d’harquebu¬
ses; IL 172— Différences des plaies faites
par flèches et de celles qui sont faites par
harquebuses; II, 183.— Rectifications re¬
latives au Traité des plaies d harquebuses ;
III, XVI, XVII.
Havre-iie-Grace. Voyage d’A. Paré au Ha-
vre-de-Grâce; III, 722.
Hectique (fièvre); III, no.
Hei^ter. im^scription des fanons connus de
Helos. Ce que c’est ; II, 418.
Héméralopie. Ce que c’est; ir, 4i6.
Hemitritée; III, 161,
Hémorrhagie. Moyens d’arrêter Thémorrha-
gie des plaies : 440. — Moyens de répri-
rner 1 hémorrhagie trop abondante â la
suite de 1 extraction dé la pierre ; II, 493.
ANALYTIQUE.
835
— Prétendus remèdes contre l’hémorrha¬
gie; IH , 65. — Manière de provoquer
l’hémorrhagie nasale; III , 419. — Incon¬
vénients de la cautérisation dans ie trai¬
tement des hémorrhagies à la suite d’am¬
putation ; ÎII , 680.
Hemorrhoïbks. Définition ; diverses espèces;
II , 275. — Cure ; Il , 276. — Hémorrhoï-
des résultant de la présence d’un calcul
dans la vessie ; II , 462. — Hémorrhoides
qui naissent au col de la matrice ; II, 785.
— Causes , symptômes et traitement ; II ,
586. — Il faut se garder de supprimer les
hémorrhoides en temps de peste ; III, 376.
— Manière de les provoquer et de les ar¬
rêter; III, 448,
Henri III, Épîlre dédicatoîre à Henri III , 1.
Herbes. Répercussives , III , 535. — Attrac¬
tives ; III , 536. — Résolutives ; III , 537.
Emollientes ; III , 540.— Détersives ; III ,
542. — Agglutinatives; III, 546. — Pro¬
cédé pour extraire l’essence des herbes ;
III , 629. — Parties diverses des herbes
employées en médecine; III , 635.
Hérédité. Causes héréditaires des luxations;
II , 350. — Incurabilité des gouttes héré¬
ditaires ; III, 210 , 212 , 213 , 219. — Hé-
ré,dité de la lèpre, III, 272,279,
Hérisson. Manière dont il échappe à scs en¬
nemis et dont il fait sa provision , III ,
745. —Hérisson de mer; III, 754.
Hermaphrodite. Participe de l’homme et de
la femme ; 61. —Monstre hermaphrodite ;
III, 4.— Figure d’un hermaphrodite à
deux têtes ; III , 11. — Définition de l’her¬
maphrodisme ; III, 15. — Causes, va¬
riétés, obligations imposées par les lois
aux hermaphrodites ; indices du véritable
sexe; III,, 16. — Figure de deux enfants
jumeaux’ hermaphrodites joints par le
dos; III, 17.
Hermodacte. Procédé pour extraire l’essence
de l’hermodacte ; III , 629.
Hernies. Traitement dés hernies , conseillé
par Arculanus; Int., xci.— Espèces de her¬
nies connues par Montagnaiia ; int., xciii.
— Par Gatenaria ; Int., xcvii. — Procédés
desNorsini dans le traitement des hernies;
Int., cm ; 404.— Exemplesdeshernies dia¬
phragmatiques; 11,95. — Hernie du cœur;
II, 99. — Du poumon ; II, 100. — Cas re¬
marquable de hernie du cerveau ; II, 212.
— L’incision des hernies pratiquée par
Gilbert, l’anglais; premières notions des
hernies delà ligne blanche ; III, v.— Voyez
Hargne.
Herniers, Ce que c’était ; Int., clxviu.
Héron. Présages tirés de son vol; III, 739,
756.
Herpes. Exedens et miliaris ; 320. — Dé¬
finition, variétés et traitement; 340.—
Inefficacité de la corne de licorne contre
l’herpes miliaris ; III, 505.
Hésiode. Conseil qu’il donne relativement
à la génération ; II , 639.
Hétérooeautis. Ce que c'est; II, 419.
HiÈDES. Set propriétéi contre la goutte ; III,
243.
Hippocras d’eau; III, 400,
Hippocrate ; Int., xvni.— Cité par Garîopon-
tus ; Int., XXI. — Mis à contribution dans
le livre deTrotula; Int., xxiv. — Com¬
mentaires de Galien sur ses aphorismes;
Int., XXV.— Ses traités traduits par Gérard
de Crémone; Int., xxvii. — Ses aphorismes
cités par Brunus; Int., xxxvi.— Il est cité
par Lanfranc; Int., xlvi. — Rareté de ses
livres au xiv« siècle; Int.,Lx. — Ses traités
de chirurgie sont inconnus pendant tout
le XV' siècle ; Int., cix. — Premières éditions
d’Hippocrate et de ses traductions; Int.,
cxi. — Sa naissance, ses travaux; 18.
— Usage qu’il fit des tableaux d’Epidaure;
19. — Honneurs qui lui furent rendus
à Abdère et à Athènes; 21. — Comment
il fit cesser la peste d’Athènes; III, 378.—
Détails biographiquessur Hippocrate; III,
641. — Vers sur Hippocrate; III, 642, —
Aphorismes chirurgicaux d’Hippocrate;
III, 643.
Hippopotame. A donné l’idée de la phlébo¬
tomie; 20; III, 737.
Hippos; 83 ; II, 415.
Hirondelles. Nous ont appris les propriétés
de l’éclaire; III, 736. — Présages tirés de
leur vol; 111,739.
Histoire. L’histoire de la chirurgie intime¬
ment iiée àcelle de l’esprit humain ; Int.,
Hiver, Tempérament de l’hiver ; 38. —
Aliments dont il faut user dans cette Sai¬
son; 69.
Hocquet. Causes et traitement du hocquet
des fiévreux; III, 196. — Définition, cau¬
ses , pronostic et cure du hocquet; Itl,
446.
Hommasses. Ce que c’est; II, 765.
Homme. Perfection du corps de l’homme;
15. — Supériorité de l’homme sur les ani¬
maux; III, 763. — Pourquoi l’homme ne
présage pas les changements de temps
comme les animaux ; l’homme est le chef-
d’œuvre de Dieu ; III , 766. — Aptitude de
l’homme à imiter la voix de tous les ani¬
maux ; III, 767, 768. — Empire qu’il exerce
sur eux ; III, 767, — Aptitude de l’homme
à apprendre toutes les langues; principales
facultés de son âme ; III, 768.
Homoeopathie. On retrouve son principe
dans Paracelse; Int., ccxvin.
Honain. Est cité par Lanfranc; Int.,XLVi.—
Traduction provençale de ses livres ; Int.,
LXIV.
Honte. Ses effets; 78. — Théorie de la
honte ; II, 661.
Hordeolum. Description et traitement ; II,
422.
Horreur. Ce que c’est ; III, 123.
Hotel-Dieu. Esquisse historique de l’Hôtel-
Dieu; Int., ccxxxi. — Séjour d’A. Paré à
l’Hôtel-Dieu; 10.
Huile. Huile de petits chiens; II, 189, —
Huile d’œufs pour les brûlures; II, 206.
— Huiles répercussives; III, 535. — At¬
tractives; ni, 536. — Résolutives; UI,
TABLE
836
638. — Suppuratives ; III , 6i0. — Sar-
cotiques ; III, 544. — Anodines ; III, 649.
— Acceptions du mot huile ; huiles
faites par expression, par décoction,
par macération; III, 660. — Par insola¬
tion, par résolution ; III, 561. — Utilité
des huiies; III, 662.— Extraction des huiles
par expression , par ébullition', par infu¬
sion ; manières de faire l’huile de Laurin ,
l’huile d’œuf; III. 625.— Manière de
faire l’huile d’hypérion et l’huile de mastic;
III, 626. — Distillation des huiles; III,
626, 627, 637. — Caractères et vertus des
huiles; 111,627. — Autre procédé pour ex¬
traire les huiles des plantes aromatiques ;
III, 629.— Manières d’extraire l’huile des
bois , des résines et des gommes ; III, 63o,
631.— Huile de résine et de térébenthine;
111,630.— Huile de cire, huile de myrrhe,
III, 631. — Manière de faire l’huile de vi¬
triol ; III , 633.
Huîtres. Emploi des huîtres dans le traite¬
ment du charbon ; III, 440.
Hugues de Lucques. Premier chirurgien
que puisse citer avec honneur l’Europe
moderne ; Int., xxxi. — Injustement criti¬
qué par Guy de Chauliac ; Int., xxxii.—
Chef de l’école de Bologne (xni' siècle) ;
Int., XXXV.
Humeurs. Tempérament des humeurs ; im¬
portance de la connaissance des humeurs;
39. — Définition ; 40 — La combinaison
des humeurs forme le sang; 41. — Na¬
ture, consistance, couleur, saveur et usage
des humeurs; 42. — Quand et de quoi
elles se forment; 42, 43 , 44. — Quand
elles se meuvent; 44. — Humeurs secondai¬
res; humeurs contre nature; 4.6. — Deux
sortes de réplétions d’humeurs; 73. —
Humeurs contenues dans l’œil : humeur
aqueuse, 239. — Humeur cristalline; 240.
— Humeur vitrée ou albugineuse; 241.
— Sur l’humeur des jointures II , 118. —
Énuméralion des maladies des humeurs
de l’œil ; H, 418. — Variétés de la fièvre
humorale; 111,93. — Causes de la corrup¬
tion des humeurs; 111,360. — Signes indi¬
quant que la peste vient de la corruption
des humeurs ; IIl , 386.— La peste venant
de la corruption des humeurs est la moins
contagieuse; III, 389.
Humidité. Propâé'ésde l’humidité; 11,737.
— L’humidité est un élémentde putréfac¬
tion ; III, 103.
Humorale (Gè re); 111,92, 160.
HusPALiM.Descripiion de ce monstre; 111,784.
Hydatis. Ce que c’est; 11,416, 422.— Trai¬
tement; II, 423.
Hydrocèle. Traitement de l’hydrocèle selon
Arculanus ; Int., xci. — Définition ; 341 ,
394, 404, 415, II, 796. — Exemple d’inci¬
sion d’une hydrocèle; 346. — Causes et
jsignes de l’hydrocèle; 415. — Traitement;
416. •
Hydrocéphale. Définition et causes de l’hy¬
drocéphale; 376, 394; 11,679. —Signes et
traitement; 377.
Hydromanohns ; Itl, 60.
Hydropiiobie: III, 306.
Hyduopiiysocele. Ce que c’est; 404.
Hydropisie; 341. — Définition, espèces di¬
verses , causes ; 394. — Symptômes, cu¬
rabilité; 395. — Traitement médical; 396.
— Paracentèse ; opinion des auteurs sur
cette opération; 397. — Hydropisie de la ma¬
trice ; II, 791 . — Causes et traitement ; II,
792.
Hyène. Son antipathie pour la panthère;
lII, 761.
Hygiène ; 62.
Hymen. Si cette membrane existe? 167. —
Sa rareté; H, 747, 748. —Opinion des
auteurs; contradictions des matrones à ce
sujet; H, 748. — Section de la membrane
hymen; H, 748, 750.
Hyoïde. Anatomie de l’os hyoïde ; 250.
Hypéricon. Manière de faire l’huile d’hypé-
ricon; III, 626.
Hypkropsie. Ce que c’est; II, 414.
Hypochondre. Causes diverses et remèdes de
la tension des hypochondres; 111,206.
Hypochyma. Ce que c’est; H, 418.
Hypochysis. Ce que c’est; II, 419.
Hypoglottides ; III, 550.
Hypopion. Définition; H, 418, 433. — Cau¬
ses, traitement; II, 433. — Confondu par
beaucoup d’anciens auteurs avec la cata¬
racte; II, 441. — Ponction des membranes
de l’œil dans les cas d’hypopion; III, 526.
Hypospadias ; II, 460, 678.
Hyposphagma. Ce que c’est; H, 417.
Hystanes. Sa lettre à Hippocrate ; HI, 641.
Hystérie; II, 751.
Ibis ; a donné l’idée des clyslères ; 20 ; III ,
737.
IcHOR. Ce que c’est ; II, 244, 248.
ICOLOPOMACHOERION ; 390.
Ictère ; 83.
If. Ses propriétés vénéneuses, et remèdes;
IH, 339.
Iléon; 139; II, 513.
Illusions. Exemples de plusieurs illusions
diaboliques; III, 69,
Imagination, définition ; 58; II, 658. —
Exemples divers de maladies venant de
l’imagination ; 98. — Où réside la faculté
imaginative; 215; H, 659. — Puissance
de l’imagination ; II, 658. — Monstres qui
se font par imagination ; III, 23.
Immobilité. Immobilité absolue, signe de
mortification parfaite; H, 220.
iMPERFORATioN de la Verge et de l’anus ; II ,
461,678. — Des oreilles, du nez, delà
bouche ; H, 678, — Du col de la matrice;
H, 678, 750, 793.
Imposteurs. Des diverses espèces d’impos¬
teurs; 101. — Devraient être chassés des
Etats ; 103.
Imprimerie. Invention de l’imprimerie; Int.,
ex. — Son influence sur l’étude de la mé¬
decine et de la chirurgie; Int., cxi.
A^NXLTTIQUlî.
iMPuisiAHci. Impossibilité de constater ju¬
diciairement l’impuissance; III, 668. —
Voy. Siéi-iliié.
Inanition ; 73.
Inappétence. Cause et remède de l’inappé¬
tence chez les fiévreux ; III , 195.
Incarna^tif. Coliyre incarnatif pour les yeux;
Incisiürs. Ce que c’était ; Int., cxlvi, clxix.
Incision. Précautions à prendre dans l’inci¬
sion des abcès ; 334, 335, 336. — Incision
ou marque du crâne ; II, 13. — Espèces
diverses; II, 17. — Traitement; II, 19.
— Emploi des incisions dans le traitement
de la gangrène; Il , 218.
Incombustibilité ; lit , 67.— La salamandre
n’est pas incombustible ; III , 318.
Incontinence. Cause de l’incontinence d’u¬
rine des vieillards ; II , 498,
Incubes. Ce que c’est ; III, 67. — Impossi¬
bilité du commerce charnel attribué aux !
incubes; 111,58. — Ce que c’est, suivant
les médecins ; causes de ce mal , III, 66.
— Traitement; III , 67.
Indications. Ce qu’entendent par ce molles
chirurgiens; trois espèces générales d’in¬
dications ; 84. — Indications résultant
du tempérament général ou partiel; 85.
— De l’âge, do sexe , de la saison, des cir¬
constances, de l’étal, delà manière de vivre;
86. — Des symptômes ; utilité de toutes
ces indications ; 87. — Des indications
contraires ; 89. — Indications de simili¬
tude ; 90. — Table des indications ; 92.
Induration. Signes de l’induration des tu¬
meurs; 323. — Terminaison ordinaire de
l’œdème ; 342.
Inflammation. Fièvre symptomatique ve¬
nant d’inflammation; III, 177.
Influence de la joie sur la guérison de cer¬
taines maladies ; 98. — Des convulsions
sur le pronostic des plaies ; 433. — Du
tempérament sur la production de la peste;
III, 388.
INGRASSIAS. Son latrapologia ; Int., cxcvi.
Injections pour les ulcères de la matrice ; II,
267. — Contre la chaudepisse ; II , 563 ,
564. — Injection propre dans le traitement
des carnosités de la verge; II, 570.— Pour
cicatriser les ulcères de la verge après l’a¬
blation des carnosités;II, 576. — Pour les
suffocations de la matrice ; II, 759. — Pour
arrêter le flux menstruel excessif ; II, 774.
— Contre les fleurs blanches; II, 778.
Innocent VI s’attache Guy de Chauliac;
Int., Lxiv.
INNOMINÉ. Du cartilage innominé; 256.
Inondations ; III, 794.
Insectes. Présages de peste tirés de leur
abondance; III, 364. — Définition du
mot insecte ; III , 744.
iNlENSiBiLiTÉ. Insensibilité absolue signe de
mortification complète; II, 220. — In¬
sensibilité symptomatique de la lèpre; III,
277.
iNSKssioNS.Ce que c’est ; ingrédients, usage,
administration; III, 595.
837
Insomnies résultant d’un trouble menstruel ;
II , 784.— Insomnies, diagnostic de fièvre ;
III, 81.— Remèdes contre l’insomnie; III,
187.
Inspiration. Ce que c’est; 187.
Instinct des animaux; III, 736, 739,740.
Instruments. Instruments tranchants en
usage aux XV' et xvi' siècles ; 389. — Figure
d’un instrument propre à presser la dure-
mère; II, 46. — Instruments propres à
extraire les balles et autres corps étran¬
gers; II, 147. — Instruments servant A
réduire les luxations ; II , 355. — Figure
d’instruments pour arracher les dents; II,
452. — Instruments propres à extraire la
pierre après l’incision de la verge ; II , 475.
— Figure d’un instrument propre à sup¬
pléer à l’absence de la langue ; II , 609. —
Récapitulation des instruments de chirur¬
gie mentionnés dans l’ouvrage; III, 639.
Intempératüre ; 80.
Intermittentes (fièvres) ; III, 95, 100, 101,
104, 113, 114, 117, 138, 147, 153.
Intestins. Leur substance ; 138. — Leur
quantité, figure, nombre; 139. — Leur
situation, leur connexion; 140. — Leur
tempérament, action, utilité et longueur;
141. — Instruction pour ôter les intestins;
150. — Hargne intestinale; 404. — Pro¬
nostic des plaies des intestins grêles; 433.
— Suture propre aux plaies des intestins ;
440. — Signes et pronostic des lésions des
intestins; II, 105; III, 654. — Ponction
des intestins gonflés de gaz. Suture et ré¬
duction des intestins; II, 107. — Ulcères
des intestins; II, 265. — Chute et réduc¬
tion du gros intestin ; II, 794. — Exemple
de pierre engendrée dans les Intestins ;
III, 32. — Des vers des intestins; III,
264. Voy. Boyaux.
Introduction. Objet et division de l’intro¬
duction de cette édition ; Int. , xi. —
Première partie : Histoire de la chirurgie
en Occident du vi'auxvi' siècle ; Int., xv.
— Deuxième partie : Delà chirurgie pen¬
dant la première moitié du xvi' siècle;
Int., cLxxii.— Troisième partie : Ambroise
Paré; Int., ccxxiv.
Iris. Description de l’iris ; 238.
Isaac. Est cité par Lanfranc ; Int,, xlvi.
IscHüRiE. Caractères et traitement de l’is-
churie ; III , 202.
IscHiAS ; III , 209.
Italie. Origine des universités et des Ecoles
d’Italie ; Int., xxviii.— Règlements relatifs
à renseignement de la médecine dans
cette contrée ; Int., xxx. — Déclin des uni¬
versités italiennes ; Int., xlvii. — Ce que
dit Guy de Chauliac des chirurgiens ita¬
liens; Int., Lxvit. — Derniers chirurgiens
arabistes en Italie ; Int., lxiiu.— Elatdela
chirurgie en Italie au xvt" siècle; Int.,
CCLXXXV.
Ivoire; HJ, 786.
838
TA.BLE
J
Jacob. Sa traduction d’Abenzoar; Int., i.x.
Jacopo de Bertinoro, prend à Bologne le titre
de maître dés 1199 j Int., xxix.
Jacques I«S seigneur de Montpellier. Son
édit relatif à la Faculté; Int., xxx.
Jacques de Forli ; Int., Lxxxvi.
Jalousie. Son Influence sur la fièvre ; III, 86.
Jambe. Description générale de la jambe;
288. — Os de la jambe; 299. — Muscles
de la jambe-, 3ü0. — Plaies des jambes;
II, 110. — Exemple d’amputation de la
jambe; II, 221. — Préceptes pour l’am¬
putation de la jambe; II, 222.— Pronostic
des fractures des os des jambes; II. 299.
— Fractures de la jambe; II, 328.— Figure
d’une jambe rompue avec plaie; II, 332.
— Figures de jambes artificielles ; II, 619.
—Figure d’une jambe de bols pour les
pauvres; II, 620. — Moyen de remédier
au défaut d’une jambe trop courte ; II,
621. — Figure d’un enfant ayant quatre
jambes , deux bras et deux têtes ; III, 8.
— Figure d’un monstre, ayant quatre
jambes et quatre bras; III, 12. — ^Figure
d’un cochon ayant huit jambes ; III, 13. —
Figure d’un monstre sans jambes ; 111,21,
—Simulation d’un ulcère à la jambe; III,
47. —Douleur des jambes des fébrici¬
tants; III, 186.
Jamerius , chirurgien dq xiii' siècle ; Int. ,
XXXV.
Jakgon des mendiants ; III, 49.
Jarrets, Brûlures des jarrets ; II, 208,
Jaunisse. Causes, caractères et traitement de
la jaunisse , symptôme de fièvre ; III, 104.
— Simulation de la jaunisse ; III , 49. —
Amulette contre la jaunisse ; III , 64.
Jean. Son édi t sur l’exercice de la chirurgie ;
Int. , cxxvi.
Jean DE Campanie. Sa traduction d’Abenzoar ;
Int. , Lx.
Jean Dondi. Lettre que lui adresse Pétrarque j
Int. , XLvm,
Jean de Luxembourg. Détails sur ce roi de
Bohême; Int. , lxii.
Jean , fils de Mésué. Est cité par Lanfranc ;
Int. , xLvi,
Jean de Parme, reçoit le premier, à Bologne,
des émoluments du trésor public en 1308 :
Int., XXIX.
Jean des Romains ; Int, , cvi.
Jean de Saint-Paul. Est cité par Lanfranc ;
Int. , xLvi; III, V.
Jean de Troyes. Aperçu historique sur ce
chirurgien ; Int. , cxlii.
Jean (St.). Mal St -Jean ; II , 80. — Simula¬
tion du mal St-Jean ; III , 52.
Jectigation. Causes et traitement de ce
symptôme des fièvres; III, 190.
Jéjunum; 139.
JÉRÔME DE Brunswick. Son époque ; Int. ,
ccn. — Son livre; idée qu’en donnent
Haller et Sprengel ; Int. , cciii.
Jeunesse. Quel est le tempérament de cet
Jge ; 36.
Joie. Ses effets, 76. — Influença de la joie
sur la guérison de certaines maladies, 98.
— Théorie de la joie ; II , 661.
JOINTURES. Pronostic, des plaies des jointures,
433 ; II , 117. — Traitement; II , 117. —
Danger de trop serrer les jointures ; II ,
293. — Pronostic des fractures des join¬
tures; II, 299. — Dangers des fractures
faites près des jointures j II , 326. — Gra¬
vité des maladies des jointures ; III, 219.
— Remèdes pour fortifier les jointures des
goutteux ; IIl , 231 , 246. — Douleurs des
jointures faites d’intempérature sans ma¬
tière ; III, 246. — Des noeuds qui viennent
aux jointures des goutteux et de leur cu¬
ration ; III, 247.
Jordan ; Int. , cccxxxv.
JouBERT. Hommage par lui rendu à A. Paré;
Int., ccLxxv. — Certificats de matrones
extraits de son traité des Erreurs popu¬
laires ; III, 666.
Joue. Pronostic des plaies des joues , 433. —
Plaies des joues ; II, 82. — Danger de trop
serrer les plaies des joues ; II, 292.
JouMALiÈRE (Fièvre) : III, 88.
Juifs, Brillent dans la culture de la méde¬
cine ; Commencent à se répandre en Eu¬
rope avant les croisades; Int., xix. —
Leur influence sur i’état de la médecine
en Allemagne au xv* siècle ; Int, , cc.
—Accusation portée contre eux lors de la
peste de 1348 ; III, 461. — Procédés d’em¬
baumement des Juifs; III, 476,671.
JuLEPS pour le spasme ; 445. — Pour les pes¬
tiférés; III , 401.
Jumeaux. Figures de deux filles jumelles
unies par les parties postérieures; III, 6.
—Figure de deux jumeaux n’ayant qu’une
seule tête; III, 9. — Figure de deux filles
jumelles unies par le front, et de deux
jumeaux, mâle et femelle , joints par les
parties inférieures; III , 10. — Figure de
deux filles jointes par les parties anté¬
rieures; III, 11. — Figure de deux ju¬
meaux n’ayant qu’un seul sexe ; III, 13. —
Figure de deux enfants jumeaux herma¬
phrodites joints par le dos ; III, 17.
Juridiction. Ce que c’était que le droit de
juridiction; Int., cxxxii.
Jus répercussifs ; III, 634. — Résolutifs ; III,
638. — Agglutinatifs; III, 646,
JpsQuiAME, Ses propriétés vénéneuses , et
contre-poisons; III, 335.
L
Lacs. Diverses espèces de lacs ; II , 292.
Lacuna. Savant chirurgien espagnol; II, 574.
Ladres blancs ; III, 351.
La Fére. Voyage d’A. Paré à La Fère , après
la bataille de Saint-Quentin; III , 721,
Lagophthalmie, 82.— Définition, 82 ; II, 416,
421. — Causes et traitement, 75, 421.—
Pronostic , 421.
Laideur. Répugnance des enfants pour ce
qui est laid; II, 687.
Lait. Emploi du lait de femme dans le
ANA.LVTIQUE. 83o
traitement de l’ophthalmle ; il , 77. _
Dans celui des plaies de poitrine Ilj
103. Dans celui des lièvres hectiques !
III ; 173.— Evacuation du lait des nou¬
velles accouchées par la matrice; 11,602.
— Inlluence de la qualité du lait sur
la santé du nourrisson ; II , 685. — In¬
fluence fâcheuse du colt sur le lait des
nourrices; II, 686. — Influence du lait
sur lecaractère du nourrisson; II, 686, 687.
—Qualités du lait d'une bonne nourrice;
II, 688. — Influence du sexe de l’enfant
sur la qualité du lait; II , 689. — Moyens
do détourner le lait; II , 709. — Il y a
des vierges et même des hommes qui ont
du lait ; II , 771 ; III, 667. — Le lait des
nourrices médicamentées devient médi¬
camenteux ; III , 259. — Influence de
l’alimentation sur les qualités du lait ; III ,
288 , 455.
Lait virginal. Manière de distiller le lajt
virginal; III, 625.
Lame de myrte , 389.
Lamie. Description , mœurs , usage qu’on
fait de ses dents ; III , 777.
Lamproie. Sollicitude de la lamproie pour
ses petits; III , 749.— Educabilité des lam¬
proies; III, 750.
Lancette. Description et figure de la lan¬
cette à jeton et à anneau, 333, 334, 338. —
Figure d’une lancette courbée pour les am¬
putations ; II , 223, — Figure d’une lancette
pour faire les saignées; II, 522. — Figure
d’une lancette propre à faire des scarifi¬
cations; II , 623.
Landré. Son opinion sur la corne de licorne ;
III, 507,
Lahdrecies. Voyage d’A.Paré à Landrecies ;
III , 695.
Lanfranc. Véritable créateur de la chirurgie
en France ; ses rapports avec Guillaume
de Salicet; Int. , xliv.— Son exil; vient à
P Lyon, puis à Paris; écrit sa Petite et sa
IGrande Chirurgie ; Int., XLv. — Ses em¬
prunts, son érudition ; la chirurgie dé¬
cline entre ses mains ; Int., xlvi.' — Dote
la Faculté de Paris d’un large enseigne¬
ment chirurgical ; Int. , lix. — Moyens
indiqués par lui pour allonger le mame¬
lon ; II , 693.
Langage. Nécessité d’un langage universel ;
III, 759.
Lange. Ce qu’il dit de i’état de la chirurgie
allemande; Int., cxcviii. — Ce qu’il dit
des chirurgiens de son siècle; Int,, cxoïx.
— Détails biographiques ; ce qu’il a écrit
sur les plaies d’armes à feu ; Int., cclv, —
Histoire de sorcellerie rapportée par lui ;
III , 60,
Langue. Anatomie de la langue , 252. —
Traitement des plaies de la langue; II,
88. — Ulcères de la langue ; II , 262. —
Causes naturelles et accidentelles de la
rétraction de la langue, opération ; II ,
465. — Moyen de suppléer h l’absence de
la langue ; II , 608. — Exemple de pierre
engendrée sous la langue; III, 32.— Cau¬
ses de la sécheresse, noirceur et âpreté de
la langue des fiévreux , remède contre ces
accidents ; III , 205. — Etat de la langue
chez les lépreux; III , 276.
Languette , 267.
Lapins. Ont appris aux hommes à faire des
mines ; III , 752.
La Rivière (Etienne de). Son procès ayec
Charles Etienne; son livre; Int. , ccxli.
Larrey (M.). Dernier défenseur des fanons en
France ; II , 290.
Larynx. Sa part dans la formation de la voix,
186. — Anatomie du larynx, 265.
Lassus. Ses recherches pour découvrir les
descendants d’Ambroise Paré; III, xi.
Laurin. Manière de faire l’huile de laurin ;
III , 625.
Lavauguyon. Son silence sur les fanons ; II ,
289.
Lazare de Padoue. Brunus lui dédie l'Abrégé
de sa chirurgie ; Int. , xxxvi.
Lefèvre (François). Sa traduction des livres
d’Hippocrate; Int., cclxv.
Lenticulaire. Figure d’un instrument len¬
ticulaire pour aplanir les aspérités des os
du crâne ; II , 58.
Lenticules. Ce que c’est; III, 423.
Leonina, 82; III, 275. Voyez Lèpre.
Lepaulmier. Son livre sur les plaies d’armes
à feu ; son pamphlet contre A. Paré ;Int.,
CCLXXVI.
Lèpre. 320. — Simulation de la lèpre ; III,
47.— Nom donné à la lèpre par les anciens,
définition tirée des auteurs ; III , 271. —
Causes et contagiosité de la lèpre; III,
272. — Signes des prédispositions et des
différentes périodes; III, 274 à 278. —
Pronostic; III, 279.— Nécessité de séques¬
trer les lépreux; 111,280.^ — Traitement pré¬
ventif; 111,281. — Lèpredes Grecs; III, 282.
—Rapports sur des cas de lèpre ; III , 669.
Léthargie, Maladie propre du cerveau , 212.
Leucoma. Ce que c’est; II , 419.
Leucophlegmatie. Ce que c'est, 394. Voyez
Pâles couleurs,
Lèvres. Muscles des lèvres , 244. — Suture
propre aux plaies des lèvres , 440 ; H , 84.
— Brûlures des lèvres , II , 208. — Dan¬
ger de trop serrer les plaies des lèvres; II,
292, — Moyen de dissimuler l’ablation des
lèvres ; Il , 6i0. — Etat des lèvres chez
les lépreux; 111,276.
Lézard. Remède contre la morsure du lé¬
zard; 11,205. — Amitié du lézard vert
pour l’homme ; III , 760.
Liberté de l’enseignement médical jusqu’au
xiiu siècle ; Int. xxix. — Influence de la
liberté sur les progrès de la chirurgie en
Allemagne ; Int. ccii.
Libraires. On commence â en trouver dans
certaines grandes universités au xiii* siè¬
cle ; Int, XLiii.
Licencié. Ce que c’était que ce grade ; Int.
cxxxii.
Lichen ; II , 533.
Licorne. Origine du discours sur la licorne ;
Opinions diverses sur l’existence , le pays.
TAILI
84o
la figure et les tnœursde cel animal ; 111 ,
470 , et 493 à 497. — Fausseté des vertus
attribuées à la corne de licorne ; III j 471,
472. _ Prix énorme de cette corne ; III ,
471-, 606. — Doutes sur l’existence de
la licorne; III, 492. — Opinions dif¬
férentes des auteurs sur la forme et la
couleur de la corne de licorne ; III, 493 ,
494, 495 , 496 , 497. — Vertus attribuées
à la corne de licorne ; III , 494 , 495 , 498.
— Contradictions des auteurs sur le natu¬
rel de la licorne ; III , 498. — Lieux où
l’on garde des cornes de licorne ; III , 499.
Preuves de la fausseté des vertus attri¬
buées à la corne de licorne, résultant
d’expériences ; III , 505. — Preuves tirées
des écrits des anciens et des modernes ;
111 , 607. — Preuves tirées du raisonne-
' ment ; III , 509.
Lier ; II. Voyez Arrière-faix.
Liège. Propriétés des eaux de Liège; III, 598.
Liens. Diverses espèces de liens ; II . 292.
Lienterie. Causes et symptômes du flux
lientérique ; III , 449.
Lierre. Par qui a été enseignée son utilité;
19.
Lièvre. Effets du venin du lièvre marin ,
et remèdes ; III , :<33. — Sollicitude du
lièvre pour ses petits; III, 745. — Son
antipathie pour le chien ; III , 760.
Ligaments. Constitution des ligaments , 34.
— Définition ; 127, 261. — Diverses ac¬
ceptions du mot ; 261. — Plaies des liga¬
ments ; II , 120. — Signes de l’extension
des ligaments ; II , 351.
Ligatures. Précautions préalables ; cas' où
il faut y recourir ; 436. — Trois sortes de
ligatures : glutinative ou incarnative , ex-
. pulsive, retentrice; 437. — Ligature des
artères ; II , 8. — Ligature des plaies
envenimées ; II 192. — Fortes ligatures ,
causes de gangrène ; II , 212. — Signes de
cette gangrène ; II , 216. — Application
de la ligature aux vaisseaux ouverts dans
les amputations ; 441 ; II, 224, 226.— Uti¬
lité des ligatures dans les amputations ;
II, 222, 285, 286.— Ligature des dents; II,
307. — Ligatures pour les luxations ; II ,
356. — Pour les luxations de l’épaule ; II,
370. — Ligature prescrite par Marianus
pour l’opération de la taille ; II , 479. —
Ligature du cordon ombilical ; II , 677.—
Ligature magique ; II . 733. — Ligature
des verrues de la matrice; II , 788. — Fi¬
gure d’un instrument propre à la faire ;
11,789. — Autorités en faveur de la bonté
de la ligature des veines et artères ; III ,
678. — Raisonnements ; III , 680. — Ex¬
périences ; III , 681.
Ligne blanche ; 133.— Premières notions des
hernies de la ligne hianche ; III, v.
Limaçons. Leur emploi dans le traitement
des hernies ; 407. — Emploi de l’écume
de limaçons dans la réduction du gros
boyau culier; 419. — Utilité des lima¬
çons dans le traitement de la fièvre hec¬
tique ; III , 1 76.— Dans celui de la goutte ;
III ; 242. — Dans celui des charbons ; III,
440. — Limaçon de la mer Sarmatique ;
III , 774.
Limes. Figures de limes à limer les dents ;
II, 450.
Liniments pour le phlegmon , 330. — Pour
l’érysipèle ; 339. — Pour les tumeurs
aqueuses et venteuses ; 346. — Pour les
écrouelles ; 354. — Pour les chancres ,
366, 367. — Pour les tumeurs de l’oreille,
380. — Pour l’hydropisie ; 396. — Pour le
spasme ; 445. — Pour les paralysies ; 448 ,
449. — Pour les plaies de la tête ; II , 45.
— Pour les plaies par harquebuses ; II ,
156. — Pour les grandes contusions; II ,
1 96 ; III , 485.— Pour les plaies résultant
d’amputation ; II, 231,234. — Pour amol¬
lir le cal difforme ; II , 345. — Pour les co¬
liques venteuses; II, 517. — Liniment
mercuriel de Vigo ; II , 542. — Liniment
pour les caruosités de la verge ; II , 567.
— Pour les dartres ; II , 598. — Pour faci¬
liter l’accouchement ; II , 675. — Pour dé¬
tourner le lait des mamelles ; II , 709. —
Pour la goutle de matière chaude; III ,
239, 240. — Contre la goutte provenant
d’humepr cholérique ; III , 24 1 . — Contre
les ventosités qui accompagnent les dou¬
leurs arthritiques; III, 249. — Pour effa¬
cer les cicairices de la petite-vérole ; III ,
263. — Pour détruire les cirqns , poux et
morpions ; III, 271. — Linlrhent résolutif
des buhons pestilentiels ; III, 427. — Li¬
niment escarotique ; III , 4.33. — Liniment
pour effacer les cicatrices ; III, 443.— Dé¬
finition des liniments , usage . qualités
diverses , ingrédients ; formules de linl-
ments échauffant, alténuatit et digérant ;
humectant et rémollitif ; III , 562. — Par¬
ties où ils s’appliquent; III, 563. — Linl-
rnent pour tenir le teint frais ;III , 604.
Linotte. Son antipathie pour le Bruant; III,
761.
Lion. Lion engendré d’une brehis ; III , 45.—
Crainte que la licorne inspire au lion ; III,
498. — Jalousie du lion; III, 746.— Soin
qu’il prend de ses griffes ; III, 761.— Effroi
que lui inspire le coq; III, 751, 752, 760.
— Lion marin Couvert d’écailles ; lion ma¬
ri n ayant figure humaine; III, 771.
Lippitude. Définition, pronostic et traite¬
ment de cette maladie; II, 425.
Lipothymie. Cause de la lipothymie des fié¬
vreux; III, 199. — Traitement; III, 200.
Liqueur pour préserver des rides le ventre
des nouvelles accouchées ; II, 708.
Lisfranc (M.). Son interprétation de la doc¬
trine d’A. Paré sur les anévrismes ; 372.
Litharge. Son action sur l’économie hu¬
maine, et contre-poison ; III , 342.
Lithiasis. Ce que c’est; II, 416.
Lithotüme. Figure d’un lithotome à tran-
I chant concave ; II , 188.
Lithotritie. Premier exemple de la litho-
tritie pratiquée avec succès; Int., exiv. —
Mentionnée par Benedetti; Int., cxctij
II, 477.
Alfi LYTIQUE,
Livre. Mesure employée en pharmacie; lii,
Livkes. Leur rarelé et leur cherté au xiu» siè¬
cle; iiu. , xtiii, — Défense une fait l’uni-
inlligcaient; Int., xvii. — Obligations
qu elles imposent aux hermaphrodiies; III,
Lombards. Dispositions de leur code re'ati-
ves aux médecins; Int , xvii.
Lombes. Nerfs des lombes ; 292. — Pronostic
841
n * vertèbres des lombes ;
Long. Du muscle long; 264.
Lotions pour la gangrène ; II , 219. — Pour
les plaies cautérisées; U, 235.
Loup. Espèce de chancre; 364. — OEil de
loup; II, 419.-- Espèce d’araignée; III,
326. — Antipathie du loup pour riiomme;
III, 760. — Les loups ont appris aux hom¬
mes à faire des embuscades ; III , 752.
Loup-garou ; 82.
Loupes. Ce que c’est; 341 , 349. — Causes .
signes, résolution, incision, eitirpaiion;
350.— Exemples d’opérations? 351 .— His¬
toire d’une loupe remplie de poils; III, 41.
Luette. Description de la luette; 255.
Lumière. Horreur des hydrophobes pour la
lumière ; III, 307.
Lune. Influence de la lune sur la menstrua¬
tion ; II, 762. —Sur la production de la
peste; III, 367. — Sur l’économie ani¬
male en général ; III, 390. — Présages des
changements atmosphériques tirés de l’as¬
pect de la lune ; III, 739.
Luxations. Leurtraitement en Allemagne au
XV' siècle; Int., cci. — Causes de gan¬
grène ; II , 212. — Signes de cette gan¬
grène ; II, 216, — Des bandages des luxa¬
tions ; II, 280. — Comment doivent être
faits les bandages des luxations ; II , 281.
— Procédé de réduction des luxations ; II,
301. — Déflnition du mot luxation; diver¬
ses espèces de luxations; II, 348. — Dif¬
férence des luxations; causes internes et
externes; II, 349. — Causes héréditaires;
II , 350. — Signes généraux des luxations ;
pronostic ; les luxations sont plus fréquen¬
tes chez les hommes maigres que chez les
hommes gras; II, 351. — Traitement des
luxations accompagnées de fracture et de
plaie ; cure générale ; II , 353. — l", 2', 3'
et 4' intentions; II, 354. — 5' intention,
traitement particulier des luxations invé¬
térées; II, 355. — Luxationsde la mâchoire
inférieure ; Il , 357. — De l’os claviculaire
ou jugulaire ; variétés ; réduction ; II, 359.
— Difficulté de reconnaître cette luxation ;
luxations de l’épine dorsale; II, 360.—
De la tête avec la première vertèbre du
col ; luxation des autres vertèbres du col ;
Il , 361. — Des vertèbres du dos; U, 362.—
De l’épine dorsale ; II , 363. — Des vertè¬
bres résultant d« cause interne ; II , 364.
— Pronostic de ces luxations; II , 365. —
Luxations du coccyx ; II , 366. — Des cô-
‘es ; II, 367. — De l’épaule ; II, 368. — Ma¬
niérés de les réduire ; II , 369 à 379. Du
coude ; de combien de manières le coude
peut SP, luxer; rareté de ces luxations ;
pronostic; difficulté de leur réduction;
Il , 380. — Causes et symptômes des luxa¬
tions du coude ; II, 381.— Manière de
réduire les diverses taxations du coude; II,
382, 383, 384. — Luxations de l’apophyse
styloïde ; 11 , 384. — Luxation isolée du
radius; II, 385. — Luxation du poignet;
II , 385. — Des os du carpe, du métacarpe
et des doigts ; II , 386. — De la hanche :
de combien de manières elles se font; ne
peuvent être Incomplètes ; symptômes des
luxations en dedans ; pronostic général ;
II , 387. — Pronostic de chacune des luxa¬
tions de la hanche en particulier; II,
389. — Signes des luxations de la hanche
en dehors et en dedans ; II , 390. — Idem,
de la même luxation faite en arrière ; II ,
391. — Principes généraux de réduction ;
II, 392. — Manière de réduire les luxa¬
tionsde la cuisse faites en dedans; II,
393, 394, 395. — Idem, celles qui sont
faites en devant et en arrière; II, 396.
— Luxations diverses de la rotule ;
II, 396. — Réduction de ces luxations;
II , 397. — Causes et signes des luxa¬
tions du genou ; réduction de celle faite
en arrière; II, 397. — Idem, de la luxa¬
tion faite en devant; II, 398. — Luxa¬
tion et disjonction du péroné; II, 398. —
Luxation du grand focile ; II , 399. — Du
talon ; II , 399. — Des os du tarse, du pe-
diurn , de la plante du pied , des orteils ,
de l’os astragale; complications et acci¬
dents qui peuvent survenir à la partie
luxée; II, 401. — Les luxations intérieures
des vertèbres lombaires peuvent causer
des rétentions d’urine; II, 504.Voyez aux
Observations.
Lycosthènes. Emprunts que lui a faits
A. Paré; III, 2.
Lypirie; III , 60, 143 , 146,
Macer, écrivain du ix* ou x' siècle; Int. ,
XXI.
Machaon. Considéré par les anciens comme
inventeur de la chirurgie , 18.
Mâchoire. Muscles de la mâchoire inférieure,
245. — Fracture de la mâchoire inférieure,
réduction ; II, 307. — Luxations de la mâ¬
choire inférieure , signes et pronbstic; II,
357. — Manière de réduire la mâchoire
luxée en la partie antérieure des deux
côtes; II, 358. — Manière de réduire la
mâchoire luxée d’un seul côté ; II, 359.
Maoarosis. Ce que c’est; H, 416.
Maggi. Ses discussions et son livre sur les
plaies d’armes à feu ; Int., cclii.
Magie, DilTérents genres de magie ; IH. 60.
TABLE
84a
Magistrats. Deroirs des magistrats de po¬
lice en temps de peste j lit , 377.
Maigreur. Symptomatique de la lèpre; III,
277.
Maille. Ce que c’est; II, 4l8.
Maillet. Figure d’un maillet de plomb pour
aplanir les aspérités des os; II, 16. — Fi¬
gure d’un maillet pour couper les os ; II ,
685.
Maillot. Danger de trop serrer le maillot
d’un enfant; II, 293.
Main, Description de la main en général ,
269. — Muscles internes de la main ; 287.
— Fractures de la main; II, 320. — Figu¬
res de mains artificielles; II, 616, 617,
618. — Figure d’un dresse-main ; II , 618.
— Verrues des mains ; II, 789. — La main
est le plus noble de tous les instruments;
III, 765.
Main (Mal St-). Simulation du mal St-Main ;
III , 53. — Description et traitement; III,
282 , 348.
Maître. Ce que c’était que le grade de maî¬
tre'; Int. , cxxxii. — Droits et devoirs des
maîtres ; lut., cxxxiii.
Maîtres (Quatre). Chirurgiens du xiii' siè¬
cle; Int. , XXXV.
Maîtrise. Lettre de maîtrise ; Int., cclxi.
Mal delà mère; II, 751,
Mal fiançais; Int., cxv.
Mal St-Fiacre ; II , 786, 787. — Traitement;
II, 788. — Simulation du mal St-Fiacre ;
III, 51.
Mal St-Jean; II, 80. — Simulation du mal
St-Jean ; III, 62.
Mal St-Main. Ce que c’est; 48. — Simula¬
tion du mal St-Main ; III , 63. — Descrip¬
tion et traitement ; III , 282 , 348.
Mal St-Vitus; 52.
Malacia. Voyez Appétit dépravé.
Maladies. Causes internes et externes des
maladies; trois sortes principales de ma¬
ladies; 80. — Des symptômes des mala¬
dies; 81. — Maladies qui ont emprunté
leur nom à des animaux ; 82. — De l’ordre
à suivre dans le traitement des maladies
compliquées ; 89.— Table méthodique pour
connaîire les maladies par les cinq sens ;
93. — Maladies qui peuvent être guéries
par une grande peur ou une grande joie ;
97. -J- Exemples divers de maladies venant
de l’imagination ; 98. — Maladies qui peu¬
vent affecter la matrice et le col de la ma¬
trice; 169. — Cause des maladies hérédi¬
taires; II, 638. — Influence de certaines
maladies sur la menstruation ; II , 764.—
Influence des maladies héréditaires sur la
génération des monstres ; III, 27. — Mala¬
dies simulées par les mendiants ; III , 46.
Male. Qualités de la semence dont sont en¬
gendrés les mâles ; II, 637. — Signes indi¬
quant qu’une femme est grosse d’un enfant
mâle; II, 663.
Malignes (Fièvres); III, 180.
Malpropreté. Influence de la malpropreté
sur le développement de la peste; III,
Mamelles. Connexion de la matrice et des
mamelles; 131, 178. — Description anato¬
mique des mamelles ; 178. — Gonflement
des mamelles, symptôme de grossesse; II,
642. — Fissures des mamelles; II, 692.—
Diminution subite des mamelles, pronos¬
tic d’avortement; 11,715. — Simulation
d'un chancre à la mamelle; III, 46. —
Dangers du traitement prescrit par Paul
d’Egine et Albucasls contre le gonflement
des mamelles: III, 685.
Mamelon. Description du mamelon , 179. —
Premier lieu où se manifeste le virus vé¬
nérien ; II , 529, — Moyens pour prévenir
les gerçures du mamelon ; II, 693.— Moyens
pour allonger le mamelon ; II , 694. — Ce
qu’il faut faire au mamelon de la nouvelle
accouchée; II, 709.
Manardi de Ferrare ; Int, , cxcvi. — Son
opinion sur les dragonneaux ; 425.
Mandragore. Ses propriétés; III, 336. — Son
contre-poison ; III , 337.
Manivelle. Figure d’une manivelle pour ré¬
duire les luxations; III, 367.
Mahubriolum; 390.
Manuscrits. Recherche des manuscrits grecs
et latins au xv' siècle ; Int., cviii.
Marais. Action des vapeurs qui s’élèvent des
marais sur les qualités de l’air; III , 357.
— Qualités de l’eau des marais; III,
403.
Marcellus de Bordeaux. Ses ouvrages suivis
par les médecins au vi‘ siècle ; Int. ,
XVIII.
Marcellus Cumanus, Son époque ; ses an¬
notations sur le livre de Pierre d’Argelata;
Int,, Lxxxiv.— Idée générale de ces notes ;
Int., Lxxxv.
Marconville IJean de). Histoire de sorcelle¬
rie rappor.ee par lui ; III, 60.
Marcus Gatenaria, Son époque; Int., xcvi.
— Réputation et idée de son livre; Int.,
xcvii. — Invente la seringue; Int., xcii.
Voyez Gatenaria.
Marianus Sanctus. Inventeur du grand ap¬
pareil; Int,, cvi. — Son Compendium in
chirurgiâ; Int., CLxxxi, — Détails biogra¬
phiques; Int., cLxxxix. — Ses ouvrages;
Int., cxc. — Leur valeur; Int,, cxci. —
Analyse rapide de son Libellus aureus ; II,
478. — Sa manière de procéder à l’extrac¬
tion de la pierre; II, 479 à 488. — Traite¬
ment consécutif prescrit par lui; II, 492,
493. — Son opinion sur l’usage de l’eau
comme boisson; II, 493, — Ce qu’il dit
des rétrécissements de l’urètre; II, 571.
Marin (André). Son opinion sur la licorne;
111,492,
Marolles. Voyage d’Ambroise Paré à Ma-
rolles; III, 692.
Marque, Fracture la plus ordinaire des os
de la main; II, 320.
Marsouins. Les marsouins sautant prôsa-
gent la pluie ; III, 738.
Masque. Figure d'un masque propre ùco»-
riger le strabisme; II, 605.
Massa de Venise. Ses ouvrages; Int., cxovi.
INALYTJQUl. 843
“ASTic^^Manière de faire l’huile de Mastic j
Masticatoires pour les ulcères des oreilles ;
263. — Préservatifs de la peste; III,
369. — Ce que c’est; quatre espèces diffé-
mi. 688. — Ingrédients, usage,
modèles; III, 689, » e»
Mastoïde. Du muscle mastoïde; 263.
Matrice, Extraction des corps étrangers de
la matrice; 28.— Connexion de la ma¬
trice et des mamelles; 131, 178. — Sub¬
stance, (jualité, figure, composition de
la matrice; 164. — Nombre, division,
situation, connexion, action, utilité et
tempérament de la matrice; 165. — Face
intérieure, substance, dimension du col
de la matrice; 166. — Dilatabilité , fi¬
gure , composition , connexion de la
membrane hymen; 167,— Anatomie de
la partie honteuse; 168. — Maladies qui
peuvent affecter la matrice et le col de
la matrice; 169. —Des chancres de la
matrice; 368, — Signes et pronostics des
lésions delà matrice; II, 105; III, 655.
— Traitement; II, 109. ,— Ulcères de
ta matrice; II, 266, — Évacuation du
lait des nouvelles accouchées par la ma¬
trice; II, 502. — Ses fonctions dans le
colt; II, 636.— Dilatation de la matrice
au moment de l’enfantement; II, 672,—
Imperforalion du col de la matrice; II,
678, 750. — Influence de l’habitude de la
matrice sur la difficulté de l’accouche¬
ment; If, 712. — Figures d’une matrice
entière et d’une matrice ouverte, avec la
môle y contenue; II, 726. — Influence de
la température de la matrice sur la fécon¬
dité des femmes ; II, 734. — Signes de la
matrice inlempérée; II, 737. — Causes de
la précipitation ou perversion de la ma¬
trice; II, 739. — Signes, pronostic, trai¬
tement; II, 740. — Autres procédés de
réduction; II, 741 , 744, — Extirpation de
la matrice; 11,744. — Pronostic et exem¬
ples de cette opération; II, 745, — Exem-
pies de chute complète de la matrice ; II,
747, — Suffocation delà matrice; défini¬
tion, causes, signes; II, 761, 753. —
Théorie; II, 762, 753. — Pronostic; II,
763. — Symptômes précurseurs des suffo¬
cations de la matrice; II, 763.— Signes
auxquels on peut reconnaître qu’une
femme est morte ou non par une suffo¬
cation de matrice; II, 764. — Variétés
des suffocations de la matrice ; II , 755, —
Signes auxquels on peut reconnaître que
la suffocation vient de la semence retenue ;
traitement de cette maladie; II, 766,—
Des verrues qui viennent au col de la
matrice; II, 786, 787. — Variétés, pro¬
nostic, traitement; II, 787. — Figure de
divers spéculums de la matrice; II, 788.
— Rhagadies, condylomes et prurit de la
matrice; II, 790. — Ilydropisie de la ma¬
trice; II, 791. — Causes et traitement de
cette hydropisie ; causes et traitement de
la paralysie et de l’inflation de la ma¬
trice; II, 792. — Signes et traitement des
pierres de la matrice; Imperforation et
dilatation du col de la matrice; II, 793.
— Traitement de cette dernière ; II ,
794. — Horreur de la matrice pour les
mauvaises odeurs et son goût pour les
bonnes; II, 758. — Diagnostic et pronos¬
tic des maladies de la matrice; II, 777. —
Hémorrhoïdes qui naissent au col de la
matrice; II, 785. — Causes, symptômes
et traitement; II, 786. — Il est faux qu’il
y ait plusieurs cellules dans la matrice de
la femme; III, 14, 15.— Monstruosités
résultant de l’étroitesse de la matrice; III,
25. — Exemple de pierre engendrée dans
la matrice; III , 32, — Animaux qui s’en¬
gendrent dans la matrice ; III , 35. — Ex¬
plication de ce phénomène; III, 36, —
Effets de la suffocation de matrice; III,
40. — Simulation d’une chute de la ma¬
trice; III, 51,
Matrones. Certificats de matrones extraits
de Joubert; III, 666.
Matthieu de Gradi. Son époque ; Int,, xciv.
— Son testament ; ses commentaires sur
Avicenne et Rhasès ; Int., xcv.
Maürus (Maître). Son opuscule sur la sai¬
gnée; Int,, XXVI, xxxii. — Est cité par
Lanfranc ; Int. , xlvi ; III , vi.
Médecin. Salaire que lui accordaient les lois
des Wisigoths pour l’instruction d’un
élève; Int., XVII. — Ne pouvait, aux
termes de ces lois , être mis en prison sans
avoir été ente.ndu , sauf le cas d’homicide ;
Int., XVII. — Etait au vi® siècle confondu
avec les chirurgiens; Int., xvii. — Ne
devait point, sous peine d’amende, soi¬
gner une femme de condition libre sans
témoins ; Int., xvii. — N’avait droit à au¬
cun salaire en cas de mort de son malade;
Int., xviii. — Ce qu’il recevait pour l’opé¬
ration de la cataracte ; Int., xviii. — Sa¬
laire des médecins en Italie au xiii* siècle ;
Int,, XXXI. — Médecins du xv' siècle çui
ont aidé aux progrès de la chirurgie ;
Int., txxxvi. —Réponse d’Ambroise Paré
aux chicanes des médecins ; 12.— Respect
des anciens pour les médecins; 20. —
Nécessité pour le médecin de connaître
l’anatomie; 106. — Comment doivent être
choisis les médecins chargés de soigner les
pestiférés; III, 378.
médecine. Par qui elle était exercée au vi»
siècle ; Int., xviii. — Règlements relatifs à
son enseignement en Italie ; Int., xxx, —
Déclin de l’étude de la médecine en Italie
au xiv« siècle ; Int., xlvii, — La médecine
est seule étudiée sérieusement à Mon tpellier
jusqu’au xiv® siècle; Int. ivm. — Manière
dont on enseignait la médecine au moyen
âge; Int.’ I.XXXVI.— Rapports de la médecine
et de la chirurgie; 10 , 12, 24. — Origine
céleste de la médecine ; 17, — Ses progrès;
18. — Noblesse de cet art; 20. — Division
delà médecine en trois parties; 22.— Uti¬
lité des connaissances médicales pour la
chirurgie; ni, 71.
TABLE
844
Mkdiastin. Description anatomique du mé-
diastin ; 183.
Mébicaments. Leur invention attribuée a
Apollon; repoussés par Asclépiades ; 23.
— Tempérament des médicaments ; 39. —
Définition; distinction entre médicament
et aliment ; III , 520. — Division des mé¬
dicaments selon leur substance; III, 52t.
— Division des médicaments simples sui¬
vant leurs qualités et effets; III, 522. —
Médicaments lensifs, atténuants, emplas-
liques, rémollitifs, laxatifs , raréfactifs ,
condensatifs ; lll, 527. — Répercussifs; III,
527, 534.— Attractifs; 111,527, 536.— Déter¬
sifs; III, 527, 542.— Seconde et troisième
faculté des médicaments; III, 527.— Médi¬
caments simples, chauds au premier, deu¬
xième et troisième degrés; III, 524. —
idem au quatrième degré ; simples froids
au premier, deuxième , troisième , qua¬
trième degrés ; simples humides au pre¬
mier degré; III, 525. - Idem au deuxième
degré ; simples secs au premier, deuxième,
troisième et quatrième degrés; III, 526.
— Quatrième faculté des médicaments :
céphaliques, pulmoniques, cordiaux, sto¬
machiques, hépatiques, spléniques, né¬
phrétiques , arthritiques; III , 528. — De
la connaissance et de l’appréciation des
médicaments; III, 529. — De la prépara¬
tion des médicaments; III, 533. — Mé¬
dicaments anodins; III, 547. — Résolutifs;
III, 537.— Suppuratifs; III, 539.— Emol¬
lients; III, 540. — Sarcotiques ; III, 543.
— Epulotiques; III , 544. — Agglutinaiil's ;
III, 545. — Caustiques; III, 546. — Des
médicaments composés et de leur usage ;
III, 550. — Manière d’écrire les prescrip¬
tions ; III , 55 1 . — Des clystères ; III , 552.
Suppositoires; III, 558.— Nouets et pes-
saires; III, 559. — Huiles; III, 560.—
Liniments; III, 562. — Onguents; III,
563.— Ceroüennes et emplâtres; III, 568.
— Cataplasmes ; III , 575. — Fuites ,
fomentations ; III , 576. — Embroca¬
tions; III, 577. — Ruptoires ou cautères
potentiels ; III, 579. — Vésicatoires ; III ,
584. —Collyres; III, 585. — Errhines et
sternutatoires; III, 586. — Masticatoires;
III, 588.— Gargarismes ; III, 590. — Den¬
tifrices; III, 591. — Sachets; III, 592. —
— Suft'umigations et parfums; III, 593.
Demi-bains, bains; III, 595. — Etuves;
III, 601.— Fards; III, 603. — Remèdes
contre la goutte rose; III, 606. — Eaux
pour teindre le poil ; III, 610. — Dépila¬
toires; III, 612. — Récapitulation des mé¬
dicaments composés et alimentaires ; III,
636. — Des médicaments électuaires et
emplastiques; III, 637.
Médicée; 22.
Mblancholie. Nature, consistance, couleur,
saveur, usage de l’humeur mélancholique;
42. — Quand et de quoi elle se fait; ses
effets; quand elle entre en mouvement ;
44. — Caractères de l’homme mélancho-
lique; 47.-- Ce qui peut rendre mélancho¬
lique; 49. — Sur l’humeur mélancholi¬
que; II, 662. — Signes Indiquant que
l’humeur mélancholique accompagne le
virus arthritique; III, 219. — Aversions
des mélancholiques; III , 307.
Melciiisedek; Int. xxvi.
Mélicéride. Caractères particuliers du mé-
licéride; 341, 346. — Mélicérides des pau¬
pières; II, 416.
Melon. Ce que c’est; II, 418.
Membrane. Définition de ce mot; 119. —
Sympathie de la dure-mère et des autres
membranes; 205. — Membranes du nez;
243. — Enumération des maladies des
membranes de l’œil; II, 417.— Sur la
membrane hymen; II, 747.
Mémoire. Définition; 58; 11,660. — Ses
opérations ; 93 ; II , 660.— Influence de la
température du cerveau sur la mémoire;
2i3. — Où réside la mémoire ; 219 ; 11 ,
660.
Mendiants. Maladies simulées par les men¬
diants ; III , 46. — Leurs mœurs et usages ;
leur jargon ; III, 49.
Menstrues. Influence de la menstruation
sur la grandeur de la matrice; 164. — Par
où s’écoule le sang menstruel ; 166; II,
766. — Les menstrues retenues peuvent
être évacuées par l'urine; II, 499. — Sup¬
pression des menstrues, symptôme de
grossesse; II , 643. — Les menstrues sont
supprimées aux femmes qui ont des mô¬
les ; II , 724. — Leurs qualités indiquent
la température de la matrice; 11,737. —
Leur rétention cause la suffocation de la
matrice; II, 751, 753.— Théorie de la mens¬
truation; II, 761. — Si une femme non
réglée peut concevoir : influence du tem¬
pérament et de la lune sur la menstruation;
762. — Pourquoi la nature a voulu que les
femmes eussent des menstrues ; causes des
menstrues; II, 763. — Causes de la sup¬
pression des menstrues; II, 764. — Symp¬
tômes indiquant que les menstrues sont
retenues et accidents qui résultent de cette
suppression ; symptômes de ta prochaine
venue des menstrues; II, 765. — Symptô¬
mes des menstrues retenues ; II, 766. —
Moyens pour provoquer le flux menstruel ;
II, 767, 784 ; III, 447. — Temps favorable
pour provoquer les menstrues ; signes in¬
diquant que les menstrues veulent couler ;
II , 769. — Du flux menstruel excessif; II,
772. — Des moyens de l’arrêter; II, 772,
773; III, 448. — En quoi les menstrues dif¬
fèrent des fleurs blanches ; II, 775. — Ré¬
sultats du trouble menstruel; II, 779-784.
— Inconvénients du coït pendant le temps
des menstrues; III, 4. — Le flux menstruel
préserve de la peste; III, 375.— Les filles
nouvellement réglées sont exposées à être
atteintes de la peste ; III , 389.— La goutte
n’attaque pas les femmes au temps des
menstrues ; III, 222.
Mentagre ; II , 533.
Mer. Prodiges dont la mer est le théâtre ;
ANALYTIQUE. §45
MERcADANT.Chirurgîen à Bologne au xiv* siè¬
cle ; Int. , Lxï.
Mercure. Emploi du mercure dans le trai¬
tement de la çcsle et de la vérole j III ,
417. — Emploi des frictions mercurielles
dans le traitement du pourpre ; III, 426,
— Manière de faire la poudre dé mercure ;
III , 584. Voyez Vif argent.
Mère. Supériorité de l’allaitement maternel ;
II , 683.
Mesareon, 142.
Mésentère. Substance du mésentère, 141.
— Sa quantité , sa figure, sa qualité , ses
parties, sa connexion , son tempérament,
son action , son utilité, 142.
Mésocolon ; 142.
Mesures employées en pharmacie, et ma¬
nière de ies écrire ; III, 552.
Métacarpe. Os du métacarpe , 283. — Luxa¬
tions des os du métacarpe et moyens de
les réduire; II, 386.
Métaphrène. Description du métaphrène,
265. — Nerf du métaphrène ; 276. — Pro¬
nostic des luxations des vertèbres du mé¬
taphrène ; II , 365.
Métaux. Métaux vénéneux; III, 342. —
Répercussifs ; III, 534. — Attractifs; III,
536. — Résolutifs; III, 538.— Détersifs ;
III, 542.— Sarcotiques; III, 544.— Epu-
lotiques; III, 545. — Agglutinalifs ; III,
546. — Métaux employés en médecine ;
III, 636.
Metz. Voyage d’A. Paré à Metz; III, 700.
Meurisse ; Int. , cxxi.
Meurtrissure. Définition ; II ; 194.
Microcosme, 15; II, 652. — Comparaison
du corps humain et de l’univers ; III , 33.
Midi. Tempérament des Méridionaux ; 50. —
Nature du vent du Midi ; 64.
Migraine. Définition , causes et symptômes
de la migraine; II, 4l0. — Cure par l’ar¬
tériotomie ; II, 411.
Milan. Ecole de cette ville; Int. , xxviii.
Milans. Leur antipathie pour le corbeau ;
III, 761. — Les milans fuient l’air infect;
III , 739.
Milphosis. Ce que c’est; II , 416.
Minéraux. Minéraux vénéneux; III, 342. —
Minéraux employés en médecine; III ,635.
— Distillation des minéraux ; III , 638.
Mines. Sur les démons qui habitent les mi¬
nes; III, .56. — Par qui nous a été appris
l’art de faire des mines. Voy. Lapins.
Miroir. Histoire d’un morceau de miroir
descendu dans les bourses; III. 40.
Miserere mei. Description de ce genre de
hernie ; opération ;410 ; II , 503 , 513, 514,
516.
Mitiiridate. Contre-poison universel trouvé
après la mort de Mithridate ; III , 372. —
Ses vertus et son administration ; III , 406.
Modène (école de); Int. , xxtiii.
Moelle. De la moelle épinière ; 227.— Sen¬
sibilité de la moelle des os; 296. Signes
des blessures de la moelle épinière ; II ,
96 ; III , 654. — La moelle est te principe
de* nerf* j 11 , 360. — Commotion de la
moelle ; II, 366. — Pronostic des plaies
de la moelle épinière ; III , 657. — Moel¬
les émollientes ; III , 541.
Moeurs. Quelles doivent être les mœurs
d’une bonne nourrice; II, 686.
Moines. Exerçaient la médecine au vi' siè¬
cle; Int., xviii. — Défense que leur font
les conciles de Latran , de Montpellier et
de Tours , d’exercer et enseigner la méde¬
cine; Int., xxviii.— Monstre marin ayant
la tête d’un moine couvert d’écailles de
poisson; III, 771.
Mois. Voyez Menstrues.
Mole. Etymologie et définition ; II , 722. —
Causes , symptômes ; II , 723. — Mouve¬
ment des môles; II, 724. — Procédés
d'extraction ; sortie spontanée ; coexistence
d’un fœtus avec une môle ; Il , 727.
Monde. Eléments du monde; 33.
Mondeville (Henri de). Détails S':r sa vie et
sur son Traité ; Int. , li , lu. — Est copié
par Jean de Gaddesden ; Int. , liv.
Mondificatifs (Médicaments); 336; II, 235 ;
III , 433. — Pour les plaies envenimées ;
II , 192. — Pour les plaies par harquebii-
ses;II, 158, 260. — Pour les ulcères putri¬
des et sordides ; II, 254. — Collyre mondifi-
catifpour les yeux; II, 78. — Pour les plaies
résultant d’amputation ; II , 231 , 232. —
Pour les ulcères des reins ; II, 266 , 509.
— Pour les plaies de la jambe ; II, 338. —
Pour les ulcères de la vessie; H , 509. —
Pour les os exfoliés; 593.
Monocerosj III , 492.
Monopole d’enseignement que s’arrogent
quelques maîtres à Montpellier ; lut. ,
XXIX.
Monstres. Définition; III, 1. — Causes des
monstres ; gloire et colère de Dieu ; III, 3.
—Présages tirés autrefois de la génération
des monstres ; III, 4. — Monstruôüités ré¬
sultant de la trop grande quantité de se¬
mence ; figure d’une fille à deux têtes ;
III ,5. — De deux filles jumelles jointes
par les parties postérieures; HI, 6. —
D’un homme du ventre duquel sortait un
autre homme; III, 7. — D’un monstre
trouvé dans un œuf; d’un enfant ayant
deux têtes, deux bras et deux jambes; III,
8. — De deux jumelles n’ayant qu’une
seule tête ; III ,9. — De deux filles jumel¬
les unies par ie front; et de deux enfants,
mâle et femelle , joints par les parties in¬
férieures ; 111 , 10. — De deux filles jointes
ensemble par les parties antérieures, et
d’un enfant ayant deux têtes, l’une de mâle
et l’autre de femelle; III, 11.— D’un en¬
fant mâle ayant quatre bras et quatre jam¬
bes ; d’un homme ayant une tête au milieu
du ventre; III, 12. — De deux enfants mons¬
trueux n’ayant qu’un seul sexe, et d’un
cochon â huit jambes; III, 13.— Des mons¬
tres hermaphrodites ; III, 15. — Figure
de deux enfants jumeaux hermaphrodites
Joinis par le dos; III, 17. — D’un monstre
ayant quatre bras , quatre pieds et deux
natures de femme; III, 18. — Monstruosités
TABLE
846
résuUan t du défau t de quanti lé de la semen¬
ce ; III, 20. — Figures d’un monstre ayant
deux têtes et un seul bras, et d’un mons¬
tre sans jambes ; III , 21. — D’un monstre
sans tête: III , T2. — D’un homme sans
bras ■ 111,23.— Monstruosités résultant de
l’imagination ; III, 33. (Voyez /maj/iiian'ou
ei maladies). — De l’étroitesse de la ma¬
trice ; III , 2&. — Dis habitudes de la mère;
Figure de deux enfants estropiés dans le
sein de la mère; III , 26. — Monstruosités
résultant de maladies héréditaires (Voyez
Hérédité, Maladies).— hts, coups ou chutes
éprouvés par la mère; 111 , 27. — Mons¬
tres engendrés par la corruption ; III , 42.
— Par un mélange de semence ; III ,
43. Monstruosités résultant d’enrhante-
inents et maléfices ; III , 63. — Monstres
marins; III, 770. —Tritons, sirènes,
monstre marin ayant la tête d’ un moine ,
autre ressemblant à un évêque; autre
ayant la tête d’un ours et les bras d’un
singe ; lion marin couvert d’écailles , lion
marin à figure humaine ; III, 77 1 . — Diable
de mer , cheval de mer , veau marin ,
truie marine, orobon, crocodiles; III, 772.
— Panache de mer ; III , 773. — Aloës ,
limaçon de la merSarrnatique , hoga;III,
774, — Poissons volants ; III , 776. — Can-
cellus, Bernard l’berrnite, pinothère ;
111,776. — Lamie, Nauticus; III, 777,
—Baleines ; III, 778. — Rémora ; III, 780.
— Monstres volatiles : autruche ; III, 781.
— Toucan ; oiseau de Paradis ; III , 783,
Monstres terrestres : huspalim, girafe;
III , 784. — Monstres célestes : Comètes ;
III, 788.
Mointagnana (Barthélemy). Son époque , sa
valeur médicale et chirurgicale ; Int., xcii,
— Idée de son livre intitulé Consilia ;
Int., xciii.
Montaojnes. Tempérament des montagnards,
62.
MoîiTPELLiEH. Ecole de Montpellier; Int. ,
xxviu. — Monopole d’enseignement que
s’y arrogent quelques maîtres ; quand on
commença à y conférer des degrés ; Int. ,
XXIX. — Eclat de l’Ecole de Montpellier ;
Int. , Lvui. — Ses richesses littéraires ;
Int., nx. — Déclin de la chirurgie à Mont¬
pellier; Int., Lxviii. — Influence des évé¬
nements politiques duxiv' siècle sur cette
décadence , Int., lxx. Voyez Médecine.
MonGAGNi.Ce qu’il dit du Hegirnen sanüatis;
Int. , XX. — Son opinion sur le livre de
'l'rotula ; Int. , xxiii.
Morphée. Ce que c’est ; III , 277.
Morpions. De quoi ils sont engendrés ; ma¬
nière de les détruire; III , 270. — Le vif-
argent les tue ; III , 348,
Morstède (Thomas ). Chirurgien de Henri V
d’Angleterre; Int. , lvii.
Morsure. Pluies de la tète résultant de mor¬
sures ; II, 41. — Gangrènes résultant de
morsures ; II , 212 , 216. — Pourquoi les
morsures sont plus difliclles à guérir que
les plaies ordinaires; III , 298. — Cure
des morsures des botes vénimeuses ; III ,
300. — Signes indiquant qu’une morsurô
est celle dmn animal enragé; III. 306. —
Traitement de la morsure d’un chien en¬
ragé ; III, 309. — Régime à suivre dans
le traitement des morsures des chiens en¬
ragés et autres animaux; III, 312. —
Morsures de la vipère; III, 313. — Du
coule-sang et du ipourrisseur; III, 315.—
Du basilic; III , 316. — De la salamandre;
III , 317. — De l’aspic ; III , 318. — De la
couleuvre; III, 320
Mort, Différence du poids d’un homme
mort et d’un homme vivant ; II , 696. —
Moyens de constater la mort ; II , 764. —
Moyens d’extraire l’enfant du sein de la
mère morte ; II , 716. — Motifs de conso¬
lation pour les mourants , tirés de la re¬
ligion ; III , 461 . — Honneurs rendus aux
morts par les Égyptiens; IJI, 470, 475,
476, 477, — Par les Juifs; III, 476.—
Par les Scythes; III, 476, 476. — Par les
Ethiopiens ; III , 476. — Par les Romains ,
par les Grecs , par les Colches ; III , 477.
—Caractères des blessures faites avant ou
après la mort; III, 669.
MoRTincAiioN. Voyez Gangrène.
Motion. Ce que c’est; 67.
Mouches, présagent la pluie ; III, 739.
Moufle. Figure d’une moufle pour réduire
les luxations ; II , 366.
Mouvement, Ce que c’est; 57, 69. — Des
mouvements volontaires et involontaires;
122. — Différences du mouvement des
enfants et de celui des môles; II , 724. —
Le mouvement est une cause de fièvre;
III, 77.
Moyen âge. Histoire de la chirurgie au
moyen âge ; III, iv,
Mumie. Ce que c’était suivant Paracelse ;
Int., ccxviii. — Sur l’usage de la mumie ;
II, 202. — Origine du discours sur la
mumie; III, 468. — Ce que c’est; III,
470, 476, 480, 481, 482. — Son ineffica¬
cité ; III , 47 1 . — Ses mauvais effets ; III ,
483.
Mundinus. Eclat que jettent ses dissections
sur l’école de Bologne; Int., xlvu. — Pre¬
mier professeur d’anatomie humaine à Bo¬
logne; Int., Lxii.
MURENE. Description ; III, 330. — Accidents
résultants de leur piqûre, et remèdes;
III, 331. — EdUcabilité des murènes;
III, 760.
Musa, Comment il fut récompensé par Au¬
guste , 2l.
Muscles. De la tunique commune des mus ¬
cles; 121.— Définition des muscles; leurs
différences prises de leur substance et de
leurorigine ; 122.— De leurinseriion, delà
partie qu’ils meuvent, de leur forme ; 123.
—De l’opposition de leursaclions, deleur
office; 126. — Des parties du muscle; 127.
—Muscles de l’épigastre; 129. — Leur ac¬
tion ; 130, 131, 132, — Muscles suspensours;
166. — Muscles de la verge; 161. — Muscles
de la matrice; 166.— Muscle large ou peau-
ANALYTIQUE. 847
cicr; 233 .—Muscles dos yeux ; 23G.— Mus¬
cles du nez; 243.— Muscles des lèvres; 244.
— De la mâchoire inférieure; 245. — Des
huit muscles de l’os hyoïde; 251. — Des
dix muscles de la langue; 253. — Des dix-
huit muscles du larynx; 266. —Des qua¬
tre muscles de Tépiglolte; 258.— Des vingt-
deux muscles du col ; 262. — Muscles du
thorax ; 265. —De l’omoplate; 268.— Mus¬
cles qui meuvent l’os du bras ; 279.— Mus¬
cles du coude; 285. — Muscles internes de
la main ; 287. — Muscles qui meuvent la
cuisse ; 297. — Muscles qui meuvent le
pied; 305.— Muscles qui meuvent les
doigts des pieds; 307. — Récapitulation
de tous les muscles du corps humain ;
309.
Mirsiqüfi. Influence de la musique sur cer¬
tains malades ; 94. — Exemple de l’in¬
fluence de la musique Sur l’homme ; II ,
659.
Mutilations. Dêfinîlîon; III, 2. — Mutila¬
tions simulées ; III, 50, 52.
Mydesis. Ce que c’est; II, 416.
MYDftiASis. Définition; II, 418, 434. — Cau¬
ses, traitement ; II, 434.
MyocéphaloN ; 83.
Myopie. Ce que c’eSt; II, 414.
Myrmeciks. Description et traitement des
myrmecies, 357; II, 787.
Myrrhe. Manière de faire l’huile de myrrhe ;
III, 631.
N
Naissance. Pronostic des naissances à 6 , 7
et 8 mois ; II, 671 .—Soins à donner à l’en¬
fant aussitôt après sa naissance; II, 676.
V. Taches.
Napel. Accidents qu’il cause ; III , 334. —
Contre-poisons ; III , 335.
Naples (Université dej, Int., xxviii.
Nates. Ce que c’est , 216.
Nature. Des choses naturelles et de leurs
annexes ,31. — Humeurs contre nature ,
45. — Annexes des choses naturelles , 60.
— Des choses non-naturelles , 62. — Des
choses contre nature , 80. — C’est la na¬
ture qui guérit, 95.
Narcotiques. Contre ta goutte provenant
d’humeur cholérique , III , 243, 244, 420,
649.
Nausées. Causes et traitement des nausées,
781. — Causes et traitement des nausées
des fébricitants; III, 196.
Nauticus. Description de ce poisson ; III ,
777.
Nécromanciens ; III , 60.
NÉCROSE. Ce que c’est ; II , 21 1 .
Neige. Qualités de l’eau de neige ; III , 403.
Nepheliün. Ce que c’est; II, 418.
Nerfs. Ce que c’est ; 127.— Des nerfs distri¬
bués aux parties naturelles; 150.'— Nerfs
des testicules ; 155. — Nerfs de la matrice ;
165.— Distribution des nerfs de la sixième
conjugaison ; nerf costal , 195. — Nerf
récurrent , nerf stomachique ; 1 96. — Dè»
sept conjugaisons ou paires de nerfs du
cerveau; 220. — Nerfs de la langue; 252.
— Du col ; 264 , 276. — Du métaphrène ;
276. — Du bras ; 277. — Des lombes et de
l’os sacrum ; 292. — De la cuisse ; 293. —
Pronostic des plaies des nerfs, 433; II, 112.—
Causes et variétés des plaies des nerfs et des
parties nerveuses; II, 111. — Accidents et
traitement; II, 112. —Cautérisation des
nerfs; II, 114.— Section des nerfs; II, 115.
— Enumération des maladies du nerf op¬
tique; II, 419. — Les nerfs dérivent du
cerveau et de lu moelle ; II , 651.— Action
du vif-argent sur les nerfs; III, 348.—
Signes des lésions des nerfs ; III , 655.
Nez. Extraction des corps étrangers du nez ,
27. — D’où procède le cartilage du nez;
209. — Description du nez, 242. —Tu¬
meurs du nez , 378. — Plaies du nez ; II ,
86. — Ulcères du nez ; II , 260. — Danger
de trop serrer les plaies du nez ; II , 292 ,
306. — Fracture du nez ; II, 305. — Figu¬
res de nez artificiels et manière de les
adapter ; II, 606. — Procédés de rhinoplas-
tie italienne; II, 606. — Obstruction con-
géniale du nez; 11,678. — Histoire de vers
engendrés dans le nez; III , 35. — Moyens
de préserver le nez des ravages de la pe¬
tite vérole; III, 262 , 263. — Etat du nez
chez les lépreux; III, 275. — Manière de
provoquer l’hémorrhagie nasale; III, 419.
Nicolas de Florence. Son époque, son ou¬
vrage ; Int. , Lxxiv. — Idée générale de ce
livre; parallèle entre Nicolas de Florence
et Guy de Chauliac; Int., lxxv. — Sa doc¬
trine sur l’opération du trépan; II, 51.
Nicolas de Reggio. Traduit en latin les ou¬
vrages de Galien ; Int., xlviu.
Nicolas le dentiste. Chirurgien du duc
Sigismond d’Autriche; III, vu.
Nithe. Vertus et usage des eaux nitreuses ;
III , 597.
Nobles. Accusés d’avoir causé la peste de
1348; III, 461.
Nodus; 320. — Définition du nodus; cas re¬
marquable de guérison ; 348. — Traite¬
ment des nodus venant du virus vérolique ;
II, 579. — Noeuds qui se font aux jointures
des goutteux et leur curation ; III, 247.
Noguer. Sa traduction de Freind; Int. , lvi.
Noli me tangere; 364 , 367.
Noix. Efficacité de l’eau de noix vertes con¬
tre les contusions; III, 484.
Nombril. Anatomie du nombril , 172.— Tu¬
meur et relaxation du nombril , 402. —
Ligature nombrillère; II, 286, 677.—
Quand est formé le cordon ombilical ; II ,■
448 , 449. — Pronostic des douleurs du
nombril; Il , 516. — Formation du nom¬
bril du fœtus ; II, 640. — Vaisseaux qui
forment le cordon ombilical du fœtus; II,
648. — Le nombril ne sort point aux fem¬
mes qui ont des môles comme aux femmes
grosses; II, 724. — De la relaxation et en¬
flure du nombril des enfants ; II, 795.
Non», ’rempérament des septentrionaux ; 50.
— Nature du vent du nord; 64.
TABLK
848
Norsa (Pierre de). Chef d’une famille d’em¬
piriques célèbres ; Int., lxxxv, cii.
Norsini; Détails sur cette famille d’empiri¬
ques ; Int., eu.
Notes. Deux sortes de notes dans cette édi¬
tion , celles de l’auteur et celles de l’édi¬
teur; Int., X. — Importance des notes de
cette édition ; III, ii.
NouETS. Formule de noiiets excitants ; III ,
451. — Description , composition et usage
des nouets; III , 659.
Nourrice. Transmission du virus vénérien
de la nourrice à l’enfant et réciproque¬
ment ; II , 529. — Des mœurs de la nour¬
rice ; II, G86. — Comment doivent être sa
poitrine et ses mamelles ; U, 68". — De la
nature du lait de la nourrice ; II , 688. -r-
Les mères sont les meilleures nourrices;
II, 683. — Qualités d’une bonne nourrice ;
II , 684. — Quels doivent être son âge, l’ha¬
bitude de son corps ; il, 685. — Du temps
qui doit s’écouler entre l’accouchement de
la nourrice et te moment où elle donne à
teter; influence du sexe de son enfant sur
son lait; régime qu’elle doit suivre; II,
689. — La nourrice doit suivre le régime
au lieu et place de son nourrisson malade ,
III, 259. — Doit être médicamentée au
lieu et place de son nourrisson; III , 455.
NoùvEAU-NÉ. Soins immédiats à donner au
nouveau-né; II, 676. — Ce qu’il faut lui
faire prendre avant de lui donner à teter;
II , 682. Voyez Enfant.
Noyer. Ses propriétés vénéneuses, et remè¬
des; III, 339.
NuRsiisus (Benedictus). Son opuscule sur Thy-
giène; Int., eu.
Nutrition. Ce que c’est, 56.
Nyctalopie. Ce que c’est; II , 415.
Nymphes. Description des nymphes ; de leur
résection ; 168; III, 18.
O
Obliques. Des muscles obliques ; 263.
Obole; III, 551.
Obsekvations propres a Paré , ou com¬
muniquées PAR ses amis. — 1° Observa¬
tions anatomiques. — Communication na¬
turelle de la veine et de l’artère bra¬
chiale ; 129. — Communication naturelle
des veines et artères mammaires avec
les épigastriques; 131. — Estomac descen¬
dant jusqu’à la vessie; 139. — Divisions
les plus ordinaires de la veine-porte; 148.
— Orifice des canaux éjaculateurs au veru-
montanum recevant le petit bout d’une
spatule ; 158. — Recherches inutiles pour
trouver l’allanloïde ; 170. — Recherches
inutiles pour trouver l’ouraque; 171. —
Crâne d’une femme réduit en quelques
endroits à l’épaisseur d’un ongle ; 208. —
Expérience faite parl’auteursurla section
des nerfs récurrents ; 198. — Embaume¬
ment des rois de France par Paré; pour¬
quoi ils se pourrissent ; III , 479. — Cada¬
vre disséqué et conservé sec plus de 27 ans
par Paré ; 111 , 479 et 678. — Squclefte
d’une autruche préparée par Paré; III,
782. — Histoire de Vésale, qui fit l’autop¬
sie d’une femme vivante ; Il , 755.
— 2® Plaies en général; plaies des membres. —
Plaies guéries avec de la charpie sèche ou
mouillée, sur laquelle des charlatans di¬
sent des paroles ; 102. — Poudre à canon
avalée par des soldats et appliquée sur
les plaies sans inconvénients; II, 133. —
Effet du bruit de l’artillerie sur les blessés
à Hesdin ; II , 38 ; 111 , 709. — Exemple
de vers engendrés dans les plaies, et d’ab¬
cès multiples en diverses régions du corps;
II , 141 , 176. — Accidents survenus aux
blessés après la bataille de Saint-Denis ;
abcès dans le foie et les poumons ; 111 , 361 .
— Histoire de 31. de la Croix ; coup d’épée
au bras gauche , transport du pus par les
selles et urines , mort ; II , 500 ; 111 , 38.
— Succès obtenus dans le traitement des
plaies sans tentes, 435 ; H, 109. — His¬
toire d’un serviteur de 31. de Rohan blessé
de douze coups d’épée, guérison ; III, 697.
— Plaies de la paume de la main réunies
par première intention ; histoire de 31. Le
Coq et d’un voisin d’A. Paré ; II , 112. —
Histoire d’un gentilhomme qui eut les ten¬
dons extenseurs du pouce coupés ; cure
palliative à l’aide d’un poucier;II, 613. —
Histoire d’un 31ore de 31. de Roussy; coup
de lance à travers le bras ; mauvais effet
du vinaigre ; II , 179. — Histoire de Char¬
les Vérigiiel ; piaie du jarret avec division
des tendons fléchisseurs; suture des ten¬
dons par Etienne Teissier ; III ,42.— Plaie
du tendon d’Achille cicatrisée et se rou 3
vrant par la marche ; II , 110.— Rupture
du tendon d’ Achille ; H , 1 10. — Plaies de
l’artère crurale et de la grande veine sa¬
phène , mortelles; III, 110.
— 30 Plaies envenimées et empoisonnements.
— 31orsures de bêles venimeuses guéries
par la thériaque ; III , 301. — Observa¬
tion d’une morsure de chien enragé
guérie par la thériaque; III, 311. —
Histoire de Paré lui-même ; morsure de
vipère guérie par la ligature au-dessus et
la thériaque , III , 314. — Histoire du cui¬
sinier de madame deCastelpers ; morsure
de couleuvre guérie par des scarifications
et la thériaque ; III , 320. — Histoire de
deux marchands empoisonnés par la bave
de crapauds; III , 321. — Hisloired’un abbé
empoisonné par des cantharides; gangrène
de la verge, mort ; III , 327. — Accidents
occasionnés par nn vésicatoire sur toute la
face, guérison, couperose guérie ; III, 328.
— Histoire de madame Frotnageol ; piqûre
d’une vive , guérison ; III , 331. — Histoire
de madame de Bargelonnc; piqûre d’une
vive , mort ; III , 331. — Histoire du cuisi¬
nier de 31. de Soüssy ; piqûre d’une vive,
guérison ; III , 332. — Expérience faite
avec le bezahar sur un cuisinier condamné
à la mort et qu’on empoisonna avec du
sublimé ; III ,341.— Histoire de l’empoi-
ANALTTIOUE. 840
«onncment de Paré après la prise de
Rouen ; III , CC2. — Histoire d’un empoi¬
sonnement présumé par le venin du cra¬
paud, autopsie ; III, 662.
Observations. — 4“ Plaies par armes à feu. —
Ecchymose produite par le vent du boulet ;
III , 696. — Gangrène des membres attri¬
buée au vent d’un boulet; II, 137. —
Exemples de fractures des membres attri¬
buées au vent d’un boulet; II, 178. —
Exemple d’une balle pénétrant dans la
cuisse sans avoir intéressé le taffetas des
chausses du blessé; II, 136. — Exemples
de balles d’harquebuses creusant dans les
poumons une cavité à contenir un esteuf;
II , 104. — Exemples de balles restées
dans le corps sept ou huit ans et plus; II,
165. — Histoire de la prise du pas de Suze;
premiers essais de Paré dans le panse¬
ment des plaies d’armes à feu ; II , 126 et
suiv. ; III , 691 . — Histoire de M. de Bris-
sac ; elliiaciié delà position pour l’extrac¬
tion de la balle; II, 746 ; III, 694. —
Histoire de Jacques Pape ; coup de feu au
col , balle restée dans le corps; traité par
Jacques Dalam , III, 28. — Hisioire du
capitaine Le Rat : coup de feu à la malléole
droite; guérison; 111,689. — Histoire de
M. de Magnane : fracture de jambe par un
éclat de canon ; guérison ; III, 702. — His¬
toire du comte de Courdon : coup de feu à
travers les deux cuisses guéri en trente-deux
jours; II, 129. — Hisioire d’un gentilhomme
blessé d’un coup de feu à la cuisse; fis¬
tule; escarre prise pour un morceau de
linge; guérison; II, 272. — Histoire du
comte d’Eu : coup de pistolet à la cuisse ,
fracture en éclats, mort; III, 724. — His¬
toire du duc d’Avrel : coup d harquebuse
à la cuisse à trois doigts au-dessus du ge¬
nou, avec fracture en éclats du fémur, ac¬
cidents graves, guérison; II, 170; III, 726
et suiv. — Histoire d'un cuisinier : main
traversée d une balle ; guérison ; HI, 732.
— Histoire du comte de Mansfeldt : frac¬
ture comminulive des os du coude par un
coup de pistolet ; guérison avec ankylosé ,
abcès nombreux, II, 168 ; III, 38 , 725. —
Histoire de M. de Bassompière : blessure
analogue à celle du précédent; II, 170;
IH, 725. — Coups de feu à l’articulation
de l’épaule, mortels; exemp es du roi de
Navarre, du duc de Guise, du comieRhin-
grave Philibert ; H , 31 1 ; III , 723 , 785. —
Histoire du marquis de Villars : coup de
feu à l’omoplate; cicatrice rouverte plus
tard et de nouveau fermée ; 11,310.— His¬
toire du seigneur de Villeneuve : enfonce¬
ment du sternum par un coup de feu ; gué¬
rison; II, 311. — Histoire du connétable
de Montinorenci : coup de pistolet au mi¬
lieu de l’épine du dos ; mon ; III , 733. —
Exemples de fractures du sacrum par un
coup de feu guéries; II, 316, 317.
— it°P laies du crâne. — Histoire d’une enfant
de douze ans mordue à la tète par un lion ;
II, 42. — Large lambeau du cuir chevelu
réuni par suture ; guérison ; II, 39.— His¬
toire du capitaine Hydron; lambeau du
crâne avec un fiagmenl d’os réuni par su¬
ture; II, 19. Plaie de té e avec hémor¬
rhagie arrêtée par la ligature médiate de
l’artère; II, 8. — Plaie de la temporale;
ligature par A. Paré ; III, 683. — Excision
des parties molles du crâne dans le cas de
fissure; II, 7. — Histoire du laquais de
M. de Goulaines : plaie de tête , vive in¬
flammation , large exfoliation du crâne ;
guérison; II, 66. — Contusion du crâne,
inflammation violente ; 27 palettes de sang
tirées en quatre jours ( plus de 81 onces);
guérison; II, 37. — Histoire de M. de Sl-
Jean; plaie pénétrante du crâne par un
éclat de lance ; guérison ; II , 25. — Coup
de hallebarde pénétrant dans le cerveau ,
sans lésion notable du sentiment et du
mouvement; mort subite le 3' jour; III ,
695.— Histoire de M. de laBretesche : frac¬
ture de l’os temporal, trépan ; guérison; II,
' 63. — Hisioire de M. de Pienne : fracture
du temporal, trépan , fongus de la dure-
mère, guérison ; H, 63; lil, 702.— Trépan
appliqué le 7« et le 10' jour ; II, 10.— His¬
toire d’un serviteur de M. Grolo : large
fragment osseux ducrâneenfoncé, relevé et
bien réuni; II, 16. — Histoiredu serviteur de
M. du Mats : fracture du crâne par contre¬
coup; mort le 21' jour ; autopsie; Il , 21.
— Histoire d’un gentilhomme de la com¬
pagnie de M. d’Etarnpes : coup de feu au
crâne; fracture de la 2' table sans lésion
de la l'« ; II ; 22. — Histoire analogue sur
un geo tilhomme blessé à l’assaut de Rouen ;
II , 22. — Hisioire de Henri II : commotion
cérébrale ; mort le 11' jour; autopsie; II,
25.— Hisioire rapportée par PiothaisCou-
lon : commotion cérébrale guérieau7' jour
par des sueurs, et rejet du pus par le nez,
les oreilles et la bouche; II, 70. — Amas
de pus entre les deux tables du crâne; II,
27. — Ouverture des abcès situés sous la
dure-mère; H, 48. — Histoire rapportée
par Pierre Aubert ; fracture de la 2' table ,
abcès sous la dure-mère, trépan ; guéri¬
son ; II, 72. — Abcès dans le cerveau ; 11,
70. — Sphacèle du cerveau constaté à l'au¬
topsie ; H , 28. — Abcès du foie à la suite
de plaie du crâne : trois cas; 11,31. — His¬
toire d’un page de M. de Montejan : plaie
du crâne avec issue du cerveau , guérison ;
II , 71. — Histoire de deux patients bles¬
sés à là tète avec issue du cerveau ; guéri¬
son; II, 71, 238. — Histoire de Robert
Court-Genou : plaie du crâne avec issue
du cerveau; guérison; II, 72.
— 6° Plaies de la face et du cou. — Fistule
des sinus frontaux , suite de fracture du
coronal; H, 43. — Histoire du duc de
Guise; coup de lance à travers la façe;
guérison ; 11, 25; lit, 696.— Hisioire d’un
gentilhomme de M. de Biron : plaie faite
par une épée boutonnée, traversant de
l’orbite gauche à la quatrième vertèbre
du cou ; guérison en vingt-quatre jours ;
54
III.
TA-BÏ^E
ni, 488.-r- Plaie de la joue réunie par su¬
ture; fistule salivaire l'onsécutiye; enuté-
risation, guérison; 11,86. — Histoire du
fils fie M. Coüet ; plaie delà langue réunie
par suture, eué'json; II, 88. — sem¬
blable sur le fils de M deMarigny; U, 88.—
Histoire «ie Wailee Jfeau Piel; plaie de la
langue réunie pa.r suture; H, 8&,— Histoire
d’on homme qu.i eut la lapgoç coupée et
parvint à recouvrer la parole ; H, 608, —
Autre histoire analogue; II, 609. — His¬
toire de François Brege ; plaies de la tra¬
chée et d’une des veines jugulaires; em¬
physème; suture; scarifications faites par
Jean le jeune; guérison, ; II, 91. — Plaie de
la jugulaire externe; ligature par A. Paré;
lit , 683. — Histoire de François Prévost;
plaie du cou avec division du plexus bra¬
chial; guérison; II, 92. — Plaies de la
trachée guériés; 884. — Histoire d’un ser¬
viteur de M. de Champagne ; plaie de la
trachée et d’une veine jugulaire, guéri¬
son ; II , 92. — Histoire d’un Anglais as¬
sassiné par son compagnon; division de
la trachée et de 1 œsophage - H , 93.. —
Histoire d’un Allémand qui s’était suicidé;
division de la trachée et de l’œsophage ;
II, 93.
Obsérm!ions.-~-1o P((^ies de poitrine et du ven¬
tre.— Histoire du soldât Levçsque ; plaie
pénétrante de poitrine ; épanchement de
sang; guérison obtenue en laissant la plaie
ouverte , II , 97. — Histoire d’up quidam à
VHôtel-PiçudeParis; fistule au thorax ; la
saveur des in|ectiü,ns revenant à la bouche;
H, 98. — Histoire d’un gentilhomme alle¬
mand ; plaie pénétrante de la poitrine sans
épanchement ; réunion de la plaie ; guéri¬
son ; 11,98.-— Histoire deM. deHartigues;
coup de feu à la poitrine, mort, autopsie,
102 ; II , 600; m, 110 et suiv.— Plaié du
coçur constatée à l’autopsie, qui avait per¬
mis an blessé de courir la longueur de 200
pas ; H, 95.— Histoire d’un aide à maçon ;
hernie de l’estomac dans la poipine à tra¬
vers une plaie du diaphragme II, 95. —
Histoire dit capitaine François d’AÎon ;
coup de feu à travers le diaphragme ; gué-
rispn ; hernie coiisécutiye du colon dans la
poilpine , constatée huit moia après par
l’autopsie ; 11,95. — Histoire de l’argentier
de l’arobassadenr rie Poiiugal; cuuptl’épée
an travers du corps avec plaie des intés-
guérison ; II, 106. — Autre histoire
semblable d’un gentilhomme de Vilrev en
Bretagne; H, 106.- Hbtolre du seigrîeur
de Belle-Jambe ; plaie des intestins; gué¬
rison; II, 106. — Histoire de Francisque;
coup de feu au veutre, traité par Sinion
Crtnay ; balle sortie par l’anus ; guérison-
III, 28. PiqOre des intestins avec une
aigmllepour évacuer les vents, avec heu¬
reuse issue; H, 107.— Dans les plaies des
ipteslins , la tension du ventre et la dou¬
leur des testicules est un signe de mort-
II, 109.
— • 8® fractures, luxations, maladies des çs et
des articulations. — Fracture partielle de
la mâchoire, suite de l’arrachement trop
brusque des dents; 11,451. — Hisli ire
d’Antoine de la Rue ; Iracturede la mâ¬
choire avec renversement de trois dent* ;
gucrisdii eomplète ; II , 449. — Ankylosé
au coude, suite de fracture mal trai ée de
l’avani-bras; H, 319. — Histoire delà
fracture de jambe d’A. Paré lui-même;
II, 328. — Observation de fracture auool
du fémur; II, 327. — La fracture en tra¬
vers de la rotule amène toujours la clau¬
dication; 11, 328. — Mâchoire luxée en
bâillant ; 247. — Erreur de plusieurs chi¬
rurgiens confondant la luxation de la cla¬
vicule avec celle de l'humérus; II, 360. —
Luxation de l’humérus réduite presque
sans efforts ; II, 370. — Luxation de l’hu¬
mérus réduite par l’échelle, par Nicolas
Picart; II, 374.— Succès du procédé de La
Porte entre lès mains de Henri Arvet ; II,
375. — Observation d’une luxation de
l’humérus en avanlchez unenoniiain; H,
378. — Ankylosé survenue après la ré¬
duction des luxations du coude, suite d’un
trop long repos; II, 384. — Effet d’un cor¬
set trop serré, les côtes chevauchant les
unes sur les autres; 11,292. — Paré a vu
les os dénudés devenir si durs que le tré¬
pan y mordait à peine;II, 581.— Exemple
de prurit occasionné par la cautérisation
desbs; II, 237. — Tumeurs blanches; les
douleurs apaisées , par l’application de 15
pu 16 sangsues ; 422. — Histoire de Gréaul-
me ; tumeur blanche ouverte par un cau¬
tère contre l'avis de Paré; suites fâcheuses;
423. — Histoire de l’avocat Marchant;
séparation de l’apophyse inférieure du fé¬
mur par suite de carie du genou; II, 327.
— Calcul extrait du genou avec succès ;
histoire de Jean Bourlier; IH, 32.
— d'^i-'ontusions ; brûlures; congélations; gan¬
grènes. —Histoire dir fils de Malburin Le-
beau, snr leq^uel avait passé une roue de
voiture publique; guérison; III, 489.—
Histoire de messire Christophe des Ursins ;
chute de cheval; énorme épanchement
-sanguin aux lombes; inci.sions multiples,
guérison; III, 468. — Histoire d’un Bas-
Bieton tué dans une laltç; autopsie;
épancheruenl de sang dans la poitrine,
sansvaisseau notable lésé; HI, 693. —
Histoire d’un garçon de cuisine tombé
dans une chaudière d’huile bouillante,
pansé avec des oignons crus; bon résul¬
tat; II, 128. -Histoire d’un Allemand
brûlé aux mains et au visage; bons effets
des oignons cru^; !!, 128. — Histoire de
soldats brûlés par une traînée dé poudre
à canon, traités par les oignons; H, 204.
— Histoire d’un enfant qui eut la jambe
brûlée ; scar ficalions , guérison ; If , 269.
— Exemple de gangrène sui venue parle
iroid;!!, 177. — Exemples de congéla¬
tion de divers membres ; II , 2t4. — His¬
toire d’un Breton qui eut la jambe gelée,
puis le pied brûle; amputation, mort;
ANALYTIQUE.
85l
H , 214. — Histoire du chanoine Bouquet ;
gangrène sénile j refus d’ampulerla cuisse,
mortj in, 612.— Histoire d’une gangrène
sénile suivie de mort; h, 214.— Pareil
cas communiqué par François Vostre, de
Turin J H, 214. — Exemples de bras et
ïambes séparés par la gangrène, sur des
pestiférés, à l'Hôtel-Dieu; III, 612.
Observatious, — 10« Anmuiaiiom. — Obser¬
vations sur la sensibilité de la moelle
des os dans l’amputation; 296, — Histoire
dune amputation au coude, sur un
soldat, pour cause de gangrène trau¬
matique; guérison} H, 233. — Histoire
d un gentilhomme auquel Paré coupa la
jambe ; premier exemple de la ligature ;
III, 698, 699. — Histoire du capitaine
iecierc; jambe emportée au-dessus de
la cheville par un coup de canon , et
amputée plus tard pour son incommo¬
dité}. H, 221, — Histoire de Pirou Gar-
bier; amputation de la jambe, guérison;
H , 230 et 232 ; III , xvi. — Histoire d’une
amputation de jambe faite par Cbarbon-
nei, pour cause de carie, avec ligature
des vaisseaux; lll, 681. — Amputation
de jambes faite par Viard, pour une frac¬
ture compliquée, avec ligature } 111 , 681.
— Amputation pour carie, par Daniel
PouUet. avec ligature ; Ht , 681, — Am¬
putation pour gangrène de cause interne,
avec ligature; HI , 683, — Amputation de
l’avant-bras , pour une fracture cororoi-
oulive deia main, faite par Guillemeau;
IIl , 683.
— 11“ 'J umeurs; ukèeesi abcès; anévrismes. —
Scrolubs traités a'CC succès par ia saliva¬
tion mercurielle ; 364. — Histoire du fils
de Sermon ; aWation d’une loupe sur le
sourcil contenant des poUs; 111,41,— Loupe
du poids de boit livres enlevée par Puré
ei L, Coloi i 361 . — Histoire d’une demoi¬
selle affectée. d’un névrome vers la hanche,
avec d’excessives douleurs; destruction
da la tumeur par les caustiques; guéri¬
son; IH, 211. — Htsioire analogue sur
la femme du cochet de la reine; IH , 212.
— Histoire de M. de Vaudeville; vieil
ulcère à la jambe; lU, 'î»6 «1 suw,—
Douleurs du cancer uicéré apaisées par
les sangsues et l’application d’animaux
coupés en deux tout vivants; 366. — Ver
ex rait d’un abcès de la cuisse par Guil¬
lemeau ; III } 36. — Hisioire de Jean
Mallet anévrisme sous-clavieulaireouyert
pat un barbier contre l'avis de Paré ; mort ;
^12, — Histoire de Belanger; anévrisme
de l’anère veineuse, avec auiopsie; 373.
— 12» ArUnolomie, soiÉinda, emières. — Arié-
riutomie : plaie fermée le lendemain ; III,
418 — Saigne^e de la veine puppis faite
avec succès; 196. —Exemple de sang vi¬
cié tiré par la saignée dans certaines an¬
nées ; H, 141. —Histoire du roi Charles IX;
uiqùre d’un nerf dans une saignée 5 traite¬
ment dirigé par Paré ; guérison; U, 116.
— Histoire de madame la batlUve Cuur-
tin; saignée malheureuse; gangrène du
bras; mort; II, 116. — Histoire du cau¬
tère de velours; IH, 681.
Maladies chirurgicales du tronc, etapé-
rations , disposées par régions. — Histoire
de Dufrénoy : encéphalocèle ouvert mal¬
gré l’avis de Paré; mort; II, 212. — Quatre
hydrocéphales, tous morts; autopsie de
l’un d’eux; 377. — Ëxempled’une grande
tuméfaction de la conjonctive : Paré dé¬
fend de l’exciser et de ia cautériser; II,
78.— Histoire de messire Paul : fluxion sur
les yeux guérie par le séton; II, 79.— His¬
toire d’une femme qui, pour un prurit des
paupières , se lavait les yeux avec du vi¬
naigre; II, 425, 790. — Ouverture d'un
hypopion faite avec succès; 11,434.— His¬
toire de la sœur de Loys de Billy : rupture
des yeux par inflammation; H, 47 (note),
292, 428. — Histoire du cadet deSt-Thoan :
rhiuoplastie ilalieniie; II, 606. — Paroti¬
des traitées par l’applicaliOD de topiques
mercuriels ; 381. — Cancer de la lèvre en¬
levé par un procédé propre à l'auteur;
365. — Epulides volumineuses avec altéra¬
tion des alvéoles, enlevées par le fer et le
feu; 381- —Epulides dégénérées en car¬
tilages et en os ; 382. — Histoire d’un va¬
let de chambre du connétable : douleur de
dent suivie d’abcès à la gencive et de chute
de la dent ; II, 444.— Histoire de Paré lui-
même : douleur de dent apaisée par l’ap-
ptication d’une gousse d’ail cuite; II, 447.
— Douleur de dents apaisée par an vésica¬
toire au-dessus de l’oreille ; II, 448. — His¬
toire d’un villageois auquel on arrache trois
bonnes dents eu laissant la mauvaise; II,
463. — Hi.'toire d’une Iransplanlation u’une
dent; II, 449. — Malades suûoques par es-
quluancie ; 388,— Cautérisation de la luette
avec l’eau-forte, suivie de succès; 384.—
Histoire d’un gentilhomme e.'pagnol : apos-
tème à ia gorge rempli de vers vivants ; iH,
733. — Lemê^me; grenouillette contenant
cinq pierres ; III, 733. — Histoire du capi-
taineAuguslin: exlr«ction d un calcul sali¬
vaire so us-1 in gual ; Il 1 , 32,— Corps étran ger
dans l'œsophage, poussé a l’aide d’un por¬
reau dans l’estomac; 28. —Histoire de Bé-
nédict Vallée : empyème guéri spontané¬
ment; 393. — Tumeur squirrheuse du sein
chez madame de Montigny, oégénéréesous
l’influence d’un traitement actif , contre
l’avis de Pare ; 370. — Tumeur dure comme
une pierre trouvée è l’aulopsie dans la naa-
melle d’une dame; 362. — Tumeur dure
comme une pierre sur le vivant, et n’ayant
jamais subi de dégénérescence; 362. — "Fu¬
meur squirrheuse du mésentère pesant 10
livres et demie , autopsie; 356. — Histoire
de l’écolier Chambellan ; épi de gramen
avalé, sorti par un espace iniercostal; IH,
39. — Histoire du fol de M. de Bohan :
pointe d’épee avalée et rendue parl’anus;
Ht, 39. — Couteau avalé sorti par un ab¬
cès au-dessous de l’aine ; HI, 39. — Frag-
menl d’un miroir d’acier avalé par un en-
I A BLE
855
ftaftt;(fescendu dans les bourses; mort; lil, (
- 40;'— Hÿdropiquequl se donne un coup de
poinçon dans le ventre , mort; 400. — His-
tôire de l'enfant de Jean de Gourmont:
abcès de l’ombilic ouvert spontanément ,
isWe des inieSlins, mort ; II, 795.— Histoi re
dé vers sortis par un abcès du ventre com-
mtniiqtiant avec l’intestin ; anus anormal ;
guérison ; III, 37.— Histoire de l’enfant de
M. de Martigues : exomphale ouvert mal à
propos ; mort ; II , 795. — Enfants guéris
de hernies inguinales par les topiques et
le brhyériiOO.*— Histoire d’uncbirurgien
qui disait guérir les hernies par les topi¬
ques à l’intérieur ; 407. — Histoire de Jean
Morct, 'guéri d’une hernie scrotale à l’aide
d’unhrayer porté cinq à six ans; autopsie;
403. Autres guérisons pareilles ; 409.—
Autopsie de sujets morts de la castration
pour des hernies ; 413. — Histoire d’un en¬
fant chez qui l’on avait pris le testicule à
l’anneaü pour une hernie; 418.— Histoire
d’Un miserere mortel par amas de matiè¬
res fécales durcies dans les intestins ; II ,
515.— Calcul rendu par l’anus; 111,32.
/de>ft, -sur la dame de St-Eustache;III,.32.
— Hydrocèle chez une petite fille de sept
ans Qpérée par excision ; 346.— Gangrène
dans les abcès de l’anus provoquée par des
médicarnents trop répercussifs ou matu-
"ratifs ; 420. — Les enfants à qui l’on ouvre
l’anus imperforé ne vivent pas long-temps ;
H', 461. -—Exemple de malades ayant le
rectum sortiduvolumed’unegrosse boule;
II , 795. — Histoire de Catherine Parlan :
aiguille restée quatre mois dans la fesse et
sortie par l’anus ; III, 29. — Procédé d’un
: vieux chirurgien de Milan pour le para-
phimosis, pratiqué avec succès ; II, 554. —
Chaudepisse gardée dix ans; rétention
d’urine, mort, autopsie; II, 559. — Belles
cdreS faites par une sonde destinée à cou¬
per les brides dans les rétrécissements de
l’urètre ; II, 569, — Sonde placée dans l’u¬
rètre et s’enfonçant spontanément dans ce
canal ; '28, — Cloporte jeté par la verge
par Duret ; III , 35. — Histoire du comie
Charles de Mansfeldt : issue par la verge
d’une matière semblable à un animal; III,
35; — Broiement des calculs dans l’urètre
fait par Paré ; II, 473. — Calculs urétraux
extraits par une incision latérale à la verge ;
H, 474. — Histoire d’une rétention d’urine
pour s’être trop long-temps retenu de pis¬
ser; H, 498.— Hématurie survenue à Paré
pour avoir été trop long-temps à cheval ;
IL 500.— Histoire d’un homme qui vomis¬
sait dë l’urine ; mort, autopsie ; uretères
bouchés par des calculs; II , 503. — His¬
toire de l’avocat Goyet : slrangurie, mort,
abtopsié ; vessie calleuse et parsemée de
petits abcès ; II, 510. — Histoire de Pierre
Cocquin : calcul vésical formé sur une ai-
ghilie, extrait par les fils de Laurent Colot;
Iir, 29. — Histoire d'un pâtissier de Mon-
targis : calcul de neuf onces extrait par
Jean Colot; guérison; III, 30,— Histoire
de Tirevit : aiguille formant le noyau
d’un calcul (Golot) ; 28. — Autre histoire
de Tirevit : trois calculs , chacun du vo¬
lume d’un gros œuf de poule, extraits par
Laurent Colot le fis; III, 30, — Exem¬
ples de pierres de figures bizarres , trou¬
vées par Paré dans les reins des cadavres ;
111,31.
Observations. — 14° Accouchements ; mons¬
truosités; maladies des femmes et des en-
. fonts. — Histoire delà femme de P. Lefèvre :
règles rendues par les mamelles; II, 766.
— Histoire de la femme de Paré qui, étant
fille , eut ses règles par le nez un an
entier; II , 766. — Dame chlorotique qui
pleurait sans cause; II, 782. — Histoire de
deux tilles hystériques qui riaient de façon
désordonnée; II, 782. — Exemple unique
d’hymen (presque imperforé) trouvé par
Paré chez une jeune fille; division; II,
747. — Histoire d’une femme devenue
homme à quatorze ans; III, 19.— Histoire
de Germaine-Marie, d’abord fille, devenue
garçon à quinze ans ; III, 19. — Exemples
de femmes feignant d’ètre enceintes dé¬
masquées par A. Paré; III, 49.— Ecarte¬
ment de toutes les symphy>^es du bassin
sur deux femmes mortes après l’accouche¬
ment; 295. — Ecartement des symphyses
sacro-iliaques dans l’accouchemeni; 11,665.
—Autopsie d'une femme accouchée quinze
jours auparavant : écartement de la sym¬
physe pubienne ; II, 669. — Exemple d’une
femme accouchée, dans cinq couches suc¬
cessives, de 2, 3, 4,5, 6 enfants; III, 14.
— Femme accouchée d’un enfani, et huit
jours après d’un autre; IIL i4.— Accou¬
chements où le bras de l’enfant était sorti
et gangrené, et où Paré l’amputait; II-,
629, 703. — Histoire de la femme de Pierre
Gœurly : arrière-faix sorti le premier; en¬
fant mort; II, 696. — Opérations césa¬
riennes sur des femmes mortes ; II, 646,
— Deux cas de suture du périnée; II, 718.
— Fœtus putréfié trouvé dans le cadavre
d’une femme de soixante-huit ans; III, 26.
— Histoire de la femme de Guillaume Pio-
ger: môle volumineuse de la matrice, avec
autopsie ; II, 724. — Môle du volume d’un
œuf d’oie; mort; II, 727.— Polypes du col
utérin guéris par l’application de la pou¬
dre de Sabine; 359. — Histoire d’une ca-
gnardiére simulant une chute de matrice;
III, 51. — Histoire d’une femme guérie
dune chute de l’utérus et ayant eu des
enfants aptès; H, 740. — Histoire d’une
lemme à qui la matrice fut extirpée : mort
trois rnois après; autopsie; 11,745.— Fi¬
gure d’un enfant avec deux pieds-bots et
deux mains-botes ; III, 26.-Exemple d’un
entant qui eut le cours de ventre parce
que la nourrice avait pris médecine; Ilf,
288. -- Histoire des enfants de Paré : inci¬
sion des gencives pour favoriser l’issue
des dents ; II, 799. — Autopsie de l’enfant
de M. de Nevers mort à huit mois ; les
dents retenues par la dureté des gencives;
ANALYTIQUE.
853
n, 799. Deux exemples de monstres avec
deux têtes et quatre jambes ; II , 626. —
Monstre à deux têtes, quatre jambes, deux
bras et un seul cœur; autopsie par Paré ;
III , 8. — Monstre à une tête , quatre bras
et quatre jambes; III , 9. — Monstre bi-
corps à trois jambes, réuni par le bassin ;
III, 10. — Monstre bi-corps réuni par la
poitrine et l’abdomen; lll, il.— Pourceau
monstrueux bi-corps à une tête; HI , 13.
— Monstre sans jambes n’ayant que deux
doigts à la main droite; III, 21.— Monstre
sans tête ; lit, 21. — Monstre sans bras ar¬
rivé là l’âge adulte , et embrassant divers
objets avec l’épaule et la tête; III, 22.—
Monstre femme sans bras, qui cousait;
III, 23. — Agneau à trois têtes observé par
Jean Bellanger; III, 45.
Observations. — 15“ Douleurs ; migraine /scia¬
tique, etc. — Histoire de M. la Roche-sur-
Yon: migraine guérie par l’artériotomie;
Il , 411. - Migraine soufferte par Parélui-
même, guérie par le même moyen; 11,411.
— Douleur sciatique survenue à Paré lui-
mêrne; guérison; II, 119. — Douleur scia¬
tique chez Paré même guérie par des
topiques chauds ; III , 245. — Histoire de
M. de Longemeau : sciatique guérie par
l’application de limaçons cuits dans du
vinaigre; III, 242. — Histoire d’un gentil¬
homme génevois affecté d’une douleur à
l’épaule gauche avec impotence du bras ,
guéri par le vomissement; lll, 225.—
Douleurs de goutte apaisées par l’appli¬
cation de feuilles d’hièble; III , 243. —
Colique venteuse apaisée par l’injection
de 3 onces d’huile et d’une balle de plomb ;
11,518.
— 1 6“ Histoire d’une mort su-
atbite chezîune jeune mariée, attribuée à la
striction trop l'orte du corset; II, 293. —
Histoire de cinq hommes asphyxiés dans
une fosse d’aisances; III , 358. — Histoire
de deux serviteurs de l’avocat Duhamel ,
asphyxiés par la vapeur du charbon ; III,
661 . — Histoire de trois serviteurs de Jean
de Begin ; III, 664.
— l7°Maladies de la peau; maladies internes.
— Teigne guérie par l’emplâtre de \'igo
par maître Simon Leblanc; II, 409. — Vé¬
role communiquée par une nourrice à l’en¬
fant, et par celui-ci à la mère et à toute la
famille; II, 530.— Observation d’un enfant
atteint d’un feu volage, traité par de l’eau
pure au lieu d’eau de licorne, et guéri ; lll,
506. — Exemple d’une puanteur des pieds
rendue plus insupportable par le musc; II,
601. —Epreuve des ladres par une aiguille
enfoncée au talon; 111,277. — Exemple d’un
rapport de ce genre ; III , 669 — -Epilepsie
guérie parle séton; H, 80. — Histoire de
niademoiselle de Ghalenges : pleuro-pneu-
inonie ; douleur de tête donnée par iiuret
comme signe de mort; pronostic véiillô :
II , 776. — Histoire analogue ; autopsie ;
• abcès entre la pie-mère et le cerveau ; Il ,
776.— Histoire deTiennette Chartier : trois
vers semblables à des chenilles rendue par
le vomissement; III, 41.-rYer8 intesti¬
naux rejelés par le nez; III, 264.
— 18“ Epidémies; peste; petite vérole. — Dys-
senterle contagieuse au camp d’Amiens ;
autopsies faites par Paré ; lll , 422. — Epi¬
démie causée par la putréfaction de cada¬
vres accumulés dans un puits, au château
de Pêne, en 1562; III, 358. — fllstoire
de l’auteur tombé en défaillance en visi¬
tant un pestiféré; III, 380. — Histoire de
madame La Mare : bubon pestiféré dis¬
paru par métastase; mort sgbite; 111,^88
et 438. — Efficacité de l’armoise contre
la pesie; III, 415. — Enquête ^ite par
Paré sur les fâcheux effets de la saignée
et des purgatifs dans la peste ; IIJ , 411.
— Efficacité de la semence d’a.ncbpks :
histoire rapportée par Gilbert- Erouard;
III , 415. — Histoire de M. de Fontaines ,
affecté de la peste, guéri par unabondâiit
épistaxis; III, 419, 734, — Frictions mer-
curielles essayées par Paré conire la peste ;
III, 425. — Vésicatoires appliqués avec
succès au-dessous des phlegmons pesti¬
férés ; III , 428. — Histoire de Paré lui-
même : charbon pestiféré au ventre; III,
436, 472. — Observations sur l’ouverture
des charbons chez les pestiférés, de l'Hô-
tel-Dieu; III, 437. — Dissection de char¬
bons disparus par métastase ; III, 437. —
Histoire du gouverneur des dames de
l’Hôlel-Dieu : charbon de peste à l’esto¬
mac; mort, autopsie; III, ,439.,— Obser¬
vation d’un enfant suçant encoïe; les ma¬
melles de sa mère morte de la, peste ; tll,
459. — Histoire d’un individu sain trans¬
porté à l’Hôtel-Dieu comme pestiférç, et
mort de désespoir; III, 458., ■— Histoire
d’un prêtre de Saint-Eustacbe, qui , dans
le délire de la peste, tua trois malades à
l’Hôlel-Dieu; III, 460. — Histoire dé la
femme d’Amy Bâton, qui, dans le délire
de la peste, se jeta avec son enfant par la
fenêtre ; III , 460. — Histoire de, la flUe
de Jean de Saint-Jean, atteinte de Ig peste
et guérie par cinq grains d’antimoine;
III, 465. — Histoire de la fille de Ciâùde
Piqué ; abcès consécutifs à la petite vé¬
role, avec carie du sternum et des épi-
physes ; autopsie ; III , >258. — jHisloire de
la petite fille de Rolin Marie ; os des bras
et des jambes pourris et fracturés en suite
de la petite vérole ; HI ,i25,8.i-: Le S^igném'
de Guimenay devenu aveugle par 4 .l’é-
role ; III , 259. -r Autopsie, fait^ -avçc Ri¬
chard Hubert : éruption variolique a 1’, in¬
térieur du corps comme à r l’exterieur ;
111,260. .
— 19“ Charlatans; maladies slpiuléps ;.tf,ai(e-
ments simulés; guérisons bizarre?
toire du juif fabricant de mdinieSriap-
portée par Gui de Ja Fontaine S HL
— Exemple d’un charlatan qui arletaitle
.sftiig avec des .paroles ; ,111.^.
d’un charlatan qui voulatt., guérir, Mf ,de
Martigues f Voyez aux ipiuws, de, joz-
TABLE
854
trine.) — Histoire d’une grosse garse de
Normandie qui feignait avoir un serpent
dansie ventre; III, 52. — Histoire d’un
coquin qui feignait avoir ie bras spha-
célé; III, 46. — Histoire d’une cagnar-
dière qui feignait avoir un chancre à la
mamelle, démasquée par Jeh m Paré ;
III , 46. — Histoire d’un gros maraut qui
contrefaisait le ladre , démasqué par Jehan
Paré; III, 47. — Rapport fait par Paré,
Pigray et Viart sur un gros maraut qui
feignait être sourd, muet et boiieux; III,
50. — Histoire d’une cagnardière simu¬
lant une chute du rectum (mal Saint-
Fiacre) démasquée par Flesselles; III, 50.
— Histoire d'une femme qui riait et pleu¬
rait sans motif; 99. — Histoire d’une
femme qui se croyait empoisonnée par du
mercure; guérie par un bain où l’on avait
jeté du mercure ; lOO. — Histoire du curé
de Montlnéry se croyant empoisonné, et
guéri par ruse; 100. — Gentilhomme fou
voulant qu’on lui mit un autre cerveau;
100. — Histoire d’un homme qui croyait
avoir la vérole , guéri par des frictions si¬
mulées ; 100. — Fièvre quarte guérie par
une chute dans laVistule; 95. — Phré-
nêsie guérie par une chute dans la ri¬
vière ; 96. — Phrénésie guérie sur un Gas¬
con par une chute du deuxième étage sur
le pavé; 95. — Observation semblable sur
un gentilhomme; 103. — Fièvre quarte
guérie par un coup d’barquebuse sur le
capitaine Saint- Aubin ; 95; III, 722.—
Exemple d’une jaunisse guérie par amu¬
lette ; III , 64. — Exemples de fièvres
guéries par oraison, mais revenaniensuite;
III , 64.
Observations. — 20” Physique; histoire natu¬
relle ; dêmonotogie. — (.rap.iud trouvé vif
dans une pierre solide ; III , 43. — Histoire
d’un homme qui se lavait les mains avec
du plomb fondu, après les avoir mouil¬
lées de son urine; III, 68. — Expérience
sur des autruches pour savoir si elles di¬
gèrent le fer ; HI, 518. — Expérience sur
la corne de licorne; preuve qu’elie n’a
aucune action sur les scorpions ; lll , 470.
— Idem sur les crapauds ; III , 505. —
Autre expérience sur les bulles d’air qui
s’élèvent de la corne de licorne plongée
dans l’eau; on voit la même chose sur des
08 de mouton ; III, 471 et 505. — Corne
du poisson vlétif donnée à l’auteur par
M. Le Coq ; Ifl, 503. — Histoire des pas¬
sereaux de Paré; III, 740. — Histoire
du singe du duc de Some ; III, 756.—
Histoires fantastiques des mineurs d’Alle¬
magne, racontées à Paré par un gentil¬
homme du duc d’Ascot ; III , 56. — His¬
toire d’un sorcier véritable vu par Am¬
broise Paré; III, 55, 61. — Histoire d’un
individu tombé en délire après avoir
mordu dans une pomme ; III, 63, — His¬
toire d’un jeune gentilhomme possédé
du démon ; III, 63.
Obstruction. Obstructions naturelles et ac¬
cidentelles de l’oreille; 11, 443; III, 103.
— Fièvre symptomatique venant d'ob¬
struction ; III, 178.
Obturateurs. Figures d’obturateurs du pa¬
lais ; II, 608.
Occident. Constantin y est le réformateur
des sciences médicales ; par qui y était
cultivée la médecine avant le xi» siècle ;
Int. XIX. — La chirurgie y est complète¬
ment oubliée au XII' siècle ; Int. xxvi. —
Tempérament des Occidentaux; 61. — Na¬
ture du vent d’Occident; 64.
Occiput. Ce que c’est ; 204. — De l’os occi¬
pital ; 208.
OcTAiNE (fièvre); III, 156.
Odeur. Une mauvaise odeur chasse l’autre ;
111 , 366. — Influence des odeurs sur l’é¬
conomie ; III , 395.
Odorat; 57.— De quel secours il est au chi¬
rurgien ; 93, — Théorie de l’odorat ; 243.
OEdème; 320.— Définition, espèces diverses,
causes, signes; 341. — Terminaisons et
Iraiiement; 342. — Cas remarquables de
plaies d’harquebuses, accompagnées d’œ¬
dème ; II, 168. — OEdème résultant d’un
bandage trop serré; II, 283, 284. — Pro¬
duit par une fracture; II, 283.— OEdème
des yeux ; II, 415.
OEil de bœuf , de cochon , de chat , de loup,
de chèvre, de lion; 83.
OEïophage. Anatomie de l’œsophage; 201.—
Pronostic et traitement des plaies de l’œ-
sophage; II , 90. — Ulcères de l’œsophage;
II , 264. — Signes de la section de l’œso¬
phage ; III, 653.
OEüPS, Huile d’œufs pour les brûlures; II,
206. — Formaiion de l’œuf humain; II,
644, — Figure d’un monstre trouvé dans
un œuf ; 111, 8. — Manière de faire l’huile
dœufs; 111,625.
Officiers. Devoirs des officiers chargés delà
police en temps de peste; III , 377.
Oies. Présagent la pluie; III, 739. — Leur
stratagème pour échapper aux aigles ; 111,
753.
Oignons. Leur efficacité dans le Iraiiement
des brûlures ; II , 128, 204.
Oiseaux. Les oiseaux piésagent les chan¬
gements atmosphériques ; 111,738. — Leur
habileté à faire leur nid; leur sollicitude
pour leurs petits; 111,740.— Accouplement
des oiseaux; III, 746. — Educabililé des
oiseaux; III, 756. — Oiseaux qui parlent
et qui sifileni ; III, 759,
Omagra; 111 , 209.
Ombilic. Voyez Nombril.
Omentum; 135. — Réduction deromentum:
Il , 108.
Omoplate. Description de l’omoplate et de
ses muscles; 268 ; II, 309. — Fractures de
l’omoplate ; signes de ces fractiii es ; réduc¬
tion; II , 310. — Dangers des fractures du
col de l’omoplate; Il,3ll, — Pronostic
des luxations de l’omoplate; Il , 352.
Ongles. Leur origine ; 284. — Traitement
de l’ongle incarné; 11, 457.
Onguents. Conseils de F'allopesur l’usage des
onguënls; SâÛ.-Onguents pour les feèrpe..
340.-^Pour les chancres : 366, 36l 369.—
Pour les polypes } 378.— Pour les plaies du
cuir musculeux; II, 39. — tour les plaies
par harquebUses; II, 154.— tourles plaies
envenimées; It, 191.— Pour la biùhirè;
— Pour la gangrène ;
— Onguënls hémostatiques ; 11,
228. — Pour les plaies après arhputalion j
11,235. — Pour les ulcères inlempérés
secs; II, 25i. — Pour les hémorroïdes ;
II , 276. — Pour la telgné; II, 4()8, 499.—
Contre la vérole; II, 543.— Pourdéiroire
les carnosilés delà verge; lli5^0) 574, 675.
— Pour les dartres ; Il , 597, 599. — Pour
faciliter l enfantement; II, 673. — Pbur
mettre sur le ventre des nouvelles acbou-
chèes; II, 768. — Pour arrêtèr lé flux
menstruel excessif ; II , 773. — Coali c la
graitelle ; II, 791. — Poürlésmàux dé tête
des febricilanis; III, 185. — Contre la
goutte causée de pitüilè; lll , 236, 237,
238. — Contre la goutte provenant d'hu¬
meur cholérique; III, 242. — Contré les
noeuds des jointures; ÜI , 247. — Pôtirla
rogne ; lll, 282.— Préservatif dë là peste ;
III, 375.— Pour rafraîchir les feiris; llI,
421, 422. — Onguent tnereurièl pour fric¬
tions; III , 426. — Onguents répëfcüssifs
pour les bubons pestilentiels; lll, 43l. —
Onguents détersifs; lll, 433. — Pour ef¬
facer les cicatrices; lll , 443. — Ohgiiehk
contré les ecchymoses; lll , 485. — On¬
guents répercussifs; III , .535. — Attrac¬
tifs ;IlI, 536. — Résolutifs; 111, 538.—
Suppuratifs; lll, 540. — Sarcôtiqües ; IlI,
544. — Epulotlques; III, 545. — Défini¬
tion, qualités diverses, ingrédients des
onguents; lll, 563. — Manière dé faire les
onguents : composition des ongUetils ré-
pCrcussif, nülrilum aureum ; lll, 5ô4, —
Telrapharmacum,diapompholygo.s,déssicca-
iivumrubrum, cœmlaium, album nkasis ; lll,
566. — De alihœa, popiiUonis, appsiolo-
rurri ; lll , 566. — Ægyptiac, comîlissœ ;
III , 267. — De hedrus pour Ibdtes les
morsürpà et les rbagailiës de Paiius; lll,
468.— Onguent contre la goutte rose ; lll,
607. — Contre lès püsluléS ; lll, 608i
Onyx. Ce qüé c’est; 11, 4l8.
OpiRÂtEORS; Int., cxLvi.
Ophiasis ; 82.
OpHTHALMiÈ; 320; II, 417, — Définition ;
II , 426 ; III , 76. — causes , signes et Ifai-
temétit; II, 426.
ÔPIAT. Opial préservatif de là pèsté; III, 370.
OpistMotonos. Ce que c’est; 443.
ÔPluM. Ses propriétés et son contre-poison ;
III , 337.
pR. Inefficacité de l’or potable ; lll, 5l2.
OhDeiiic V1TAI.IS. Mention qu'il fait d’une
matrone de Sàleriiè; Int., xxiv.
Oreiéles. Exlraet’on dés Cofps étfàhgéïS des
oreilles, 26; II, 442. — Description des
oreilles; 247, — tiuiieüf des orèillès; 379.
traitettient des plaies des oreilles; II, 89.
— Ulcérés des oréitlés; 11,263. — Obstfuc-
ANALŸTipUE.
855
tioti hatürellé dit cofiduit dé l'orëllle et sa
çdré; 11, 442. — Causes de là surdité; II,
60,ï. — Moyens de masquer là pette de l’o¬
reille; 11, 6i0. — Figuré d'une oreille ar¬
tificielle ; 11, 6i 1. — État des oreilles chez
les 1. preux ; lll, 275.
Organks. Causes divérses des vicès des or-
gahes; obsiaclés que ces vices apportent à
l’action de l’àrae j 11 , 653.
Orgükil. Maladie des yeux; II, 4i6.
DrIbàse. Cité par Gariopohtüs ; Int., jtxi.
pRiÉNTi Tempérament des Orientaux; 51. —
Nature du vent d'OrienU 64.
ORiÈicES dü feœur; 192.
Orliac ( Pierre d’ ), chirurgien à Avignon j
Inli , iixvm.
Orobon ; lll ,
Orpin. Symptômes et antidotes de l’empoi-»-
sonhemént par l'orpin ; lll, 66Î.
pRpiMENT. Son action sur l’écohoinie ani¬
male, et contre-poisonj 111,343.
Orteils. Os des orteils , 30A — Musclés qui
meiiyeht les orteils ; 307. — Luxation des
orteils ; 11, 461.
pRTHobRAPHE. Rechercfiés surl’orihogi'àphe
de la langue française au xyi' siècle ; De
l’orthographe d’A. f afé ; Int, , gcgxl.-
Ortïes de mer; III, 738.
Oüraque. Recherches inutiles pour trouver
l’ouraque; 171. — Sur ce conduit; II,
648, 663.
Os. Constitution des os , 34, 179. — Les os
n’ont point de sentiment manifeste ; 179.
— Des veines et des arièrès des os ; de
leurs différences; 180. — Quels sont les
huit os du crâne ; 207. — Occipital, coro-
nal , pariétaux ; 208. — Os pétreux, sphé¬
noïde, ethmoïdé ; 209. — Énumératipn des
os de la face; 229. — Anatomie de l’os
hyoïde; 250. — Description dé l’os sacrum ;
260.. — De l’ôs du bras ; 278. — De ceux du
coude; 280. — Du carpe, du métacarpe et
dès doigts; 282. — Os sésamoidés; 284.—
Os dé- la cuisse ; 294. — De la moelle des
os ; 296. — ps de la jambe , 299. — fléca*-
pitulation dè toits les os du corps humain ;
308. — Connexion des os 5 313. — Manière
de conjoindre iesos; 317. — Pronostic des
plaies des ps; 433. — Du cal des os ; 434.
— Figure d’une scie propre à couper les
os de la tête ; II, 14, — Sur la réunion na¬
turelle des os fracturés ; Il , 16, 17, 18.* —
Pronostic tiré de ||ètat des os dans les plaies
de la tête; 11, 27, 28., — Temps que met
le cal à se forrnér; II, 33. — Altération des ,
os de la tête ; II , 65, — Mortification des
ôs; II , 213. — Section des os , 196î II ,
223. — Traitement des fistules causées par
une carie des os; II, 272. — Fractures dés
OS; II, 294. — Courbure des os du crâne
et des côtes ; courbure des os des mem¬
bres sans fràcture; U, 296, — Nécessité
de la connaissance de l’anatomie des os
pourtiàiter les fraclurés; Ü , 3Ô0.-7-LnjIii-
tioiis des os ; Il , 348. — G{inses de la carie
des ôs; II, 680, — Symptôrnes; il, 581.
Tràitemeut dès os cariés par les poudres
TABLE
866
et einplâtres catagmatiques ; Il , f>83. —
Par la.rugitiation et la trépanation; II,
584'- — ^'PronpsUc de la carie des os longs ;
II, &86. — Traitement de la cariç des os
par les cautères pôtentiels ; II, 588.— Par
leS; cautères actuels; H, ,589. — Inconvé-
nteiits dB 1 1 mauvaise application du cau-
tèèe pctüél; soins à prendre pendant et
après Jâ cautérisation ; II, 691. — Les os
'.des^'bi|Ÿèaiu-nés sont très mous ; II, 614.
— Fomaïiôn des os chez le fœtus; II, 65l.
— ÇàsL , d'un enfant sans os ; III , 23.
— câriè des os consécutive dé la rou-
geolePt de la petite- vérole; Ili, 258. —
Di^lHIation des os ; III , 638.
OsEiLi,E.. Son emploi dans le pansement des
mo'Pstfres d’animaux enragés ; III , 310.
Ostéotomie ; 317.
dijïÊ;‘57, — De quel secours elle est aux
chirurgiens; 93.— -Causes de ta perte de
l’ouïe ; II, 601.
Oulæù Ce que c’est; II, 418.
Ours. Comment ils se guérissent quand iis
ont mangé des pommes de mandragore ;
19; III, 737. — Monstre marin ayant la
télé d’un ours; III, 771.
OxicRAT pour les pestiférés ; III , 401.
OxiMEL ; III, 400.
OzoiÉNA; II, 260.
P
Padouk. Université de Padoue; Int.,xxvni.
■ —.Décadence de l’éeole de Padoue; Int.,
xLvii. — Léonard Bertapaglia jette quel¬
que éclat sur cetté école au commencement
du XV' siècle; Int., Lxxix.— L’Université
de Padoue revendique Bertapaglia , Arçu-
UnusetMontagnana ; Int. , xcii. — Carac¬
tères de l’école de Padoue ; Int. cxcvii.
Palais. Description rju palais , 254. — Ulcè¬
res du palais ; II , 262. — Causes des plaies
du palais qui nuisént à la parole ; II , 607.
— Moyens d’y remédier ; II , 608.
Pales-couleurs. Causes des pâles-couleurs;
II, 779. — Symptômes et traitement ;
battement du cœur, boursouflure, ap¬
pétit dépravé; II, 780. — Nausées , vomis¬
sements, frisson; Il ,781.— Soupirs, géiriis-
sements , ris , rêveries ; II , 782. Eva¬
nouissement; fièvre erratique; H . 783.—
Soif et altération ; insomnie et autres ac¬
cidents, cure générale; II, 784.
Palette. Capacité des palettes de Paris; II,
Palmiers. Accouplement des palmiers; III,
PAtPiTATiONS. Causes des palpitations de
coeur, 188.
Panache de mer ; III , 773.
Panaris. Définition, causes , traitement, 420.
— Soins consé cutifs , 421 .
Pancréas. Description du pancréas, 143.
Pannicùle. Ce que c’est que le pannicule
charneüx , 118. — Son utilité, 119.
PANSEjMKNT. A qiipl intervalle doivent se suc¬
céder les pansements des plaies par har-
quebuses ; U , 156.
Panteoni (le). Ouvrage de Constantin imité
du grand ouvrage d’Ali-Abbas ; Int., xXv.
— Rectification de cette hypothèse; III, iv.
Panthère. Son antipathie pour la hyène ;
III; 761.
Papier. Epoque de l’invention du papier de
chiffon ; Int. , lxx.
Papillots. Ce que c’est; III , 423.
Paracelse. Sa naissance; Int., ccviu.— Ses
premiers travaux, ses incertitudes, ses
voyages; Int., ccix. — Ses premières ré¬
formes , sa réputation ; Int. , ccx. — Idée
de sa doctrine et de sou langage ; Int. ,
ccxi. — Cause de .ses erreurs ; Int. ,ccxii.
Ses nouveaux voyages ; Int. ,cciv. — Exa¬
men de son géniê;Int., ccxv. — Sa théorie
du corps humain ; Int. , ccxvi. — Sa thé¬
rapeutique ; Int. ccxvii. — Ce qu’il dit de
la miirnie-, Int., ccxviii. — Résultats de son
système; Int.,ccxxi. — Son étiologie des
tumeurs, 321.
Paracentèse. Opinion des auteurs sur celte
opération, 397.— Manière d’operer,399. —
Autre procédé , 400. — Détails historiques
sur la paracentèse, 401, — De l’emploi du
cautère dans la pa âcentèse; III, 685.
Paracmastiqüe (fièvre synoque) ; III , 95.
Paradis (oiseau de). Description et mœurs
de l’oiseau de Paradis ; III , 783.
Paralampsis. Ce que c’est ; II , 4l8-
Paralysie. Définition , causes , curabilité,
447. — Traitement, 448. — Paralysie de
l’œil ; II, 414. — Des paupières; H , 4l6. —
Causes et traitement de la paralysie de
la matrice; II , 792. — De quelle fièvre la
paralysie est symptomatique; III 191. —
Parahsie résultant du virus arthritique;
111,221.
Paraphimosis. Définition, causes, et opéra¬
tion; 11,459, 554.
Parastates. Substance, situation, action
des parastates ; 156. — Leur quantité, fi¬
gure, composition , tempérament et nom¬
bre; 157.
Paravicini. Traducteurd’ Abenzoar, Int., lx.
Paré (Ambroise). Obscurité qui entoure sa
vie; ses biographes; Inl. , ccxxui, — Sa
naissance ; Int. , ccxxiv; III, ix, x. — Sa
famille; Int., ccxxvi; lII, x, xi.— Erreurs
dé ses biographes; Int. , ccxxviii. — Ses
premières études ; Int. , ccxxix. — Son
séjour à l’Hôtel-Dieu ; Int. , ccxxxi ; III,
686. _ — Sa réception comme maître chi-
rursien-barbier ; Int., ccxxxiii. — Sa pre¬
mière campagne à la suite du maréchal
de Montejan ; lut., ccxxxiv ; III, 689,
— Son mariage : sa seconde campagne
a la suite de M. de Rohan ; son entrevue
avec Sylvius ; Int. , ccxxxvi. — Son pre¬
mier livre; Int., ccxxxvii. — Nouvelles
campagnes ; Int, , ccxlii. — Etudes d’a¬
natomie, publication de la linefve col¬
lection anatomique; Int., ccxLiv. — Se¬
conde édition ou Traité det plnyci d'fiar-
quebutea; Int,, ocxlv. — Cures remar-
ANALYTIQUE. 857
quables ; Int., ccxlv. — Il est nommé chi¬
rurgien ordinaire du roi; Int., ccxlvii •
III, 700. — Il assiste aux sièges de Metz et
de Ilcsdin ; Int., ccxi.ix ; III, 700 et 700.—
II est f.it prisonnier; Int. , xxl. — Périls
divers; il recouvre sa liberté; Int., ccn.
— Diflusion de sa doctrine sur les plaies
d’armes à feu ; Int. , cclu. — Sur la prio¬
rité de sa découverte; Int., ccliii. — Ré-
ceplion d’Ambroise Paré au collège de St-
Côme; Int., cclviii.— Railleries deRiolan
à ce sujet ; Int., ceux. — Premières tenta¬
tives d’anatomie chirurgicale ; Int. , cclxi.
— Il recommence sa vie militaire; mort
de Henri II ; Int., ccLXit. — Mort de Fran¬
çois II; Int., ccLxiii. — Odieux soupçons
élevés à cette occasion contre A. Paré ; Int.,
ccLXiv. — Publication de V Anatomie uni¬
verselle et du Traité des plaies de tête ; Int. ,
CCLXIV, ccLxy. — Il a la jambe cassée;
Int., ccLxvi. — Il assiste au siège de Rouen;
InU, ccLxvii ; III, 723. — Il est nommé pre¬
mier chirurgien du roi ; Int. . cclxvui. —
Publication des Dix livres de chirurgie;
Int. , ccLxix. — Il suit Charles IX dans les
provinces; Int., ccLxxi. — Il est atteint de
la pesie; publication du Traité de la peste,
de la petite vérole et rougeole; Int.,ccLXXii.
— Cures diverses ; Int., cclxxiii. — Hom¬
mages qui lui sont rendus; Int. , cclxxiv.
— Publication des Cinq livres de chirurgie;
Int. , ccLxxv. — Première apologie contre
Le Paulmier ; pamphlet du compagnon bar¬
bier; Int., ccLxxvi. — A. Paré était-il hu¬
guenot? Int., ccLxxviii ; III, XIV.— Publica¬
tion des Deux livres de chirurgie ; second
mariage; il e-t nommé valet de chambre et
conseiller de Henri III; Int., cclxxxii. —
Première édi ion des œuvres complètes; op¬
position de la Faculté ; Int,, cclxxxiii. — At¬
taques des chirurgiens de St-Cônie; paral¬
lèle d’A. Paré et de Guy de Chauliac ; Int.,
ccLxxxiv. — Conduite d’A. Paré dans les
nouvelles querelles des chirurgiens et de la
Faculté; Int., cclxxxvii. — Voyage en Lor¬
raine; 2'édition des œuvres complètes; Int.,
cci.xxxviii. ■ — Le Discours de la Licorne ;
Int.,ccLxxxix ; III, 468, 470.— Polémique y
relative; nouvelles attaques de Gourmelen;
Inl.,ccxc. — Lagran leapologie;\iü,, ccxci.
— Allocution de Paré à l’archevêque de
Lyon ; Int., ccxciv, — Sa mort; Int., ccxcv.
— Son portrait; son caractère; Int., ccxcvi.
— Son dévouement à la science, sa fortune;
Int. , ccxcvii. — Son cabinet de raretés;
Int., ccxcviii. — Ses amis; Int., ccxcix.—
Anecdotes diverses ; Int., ccc. — Bibliogra¬
phie d’A. Paré : éditions françaises origi¬
nales; Int., ccciii. — Editions latines; Int.,
cccxxvi. — Traduciions anglaises ; Int. ,
cccxxviii. — Traductions hollandaises et
allemandes; Int., cccxxix. — Composition
des ouvrages d’A. Paré ; Int. , cccxxx. —
S’il a eu des collaborateurs ? Int. , cccxxxi.
— De son style; Int , cccxxxiii. — Accusa¬
tions de plagiat; Int., cecxxxv. — De l’ar¬
rangement des livres de sa collection , lnt„
cccxxxviii. — De l’orthographe d’A. Paré;
Int. , cccxL. — Caractère général de ses
écrits; Int., cccxLvn. — Leur influence ;
décadence et fin deson école; Int., cccxlix.
— Valeur relative des diverses éditions de
ses œuvres; III, i. — Valeur des traduc¬
tions; III, a. — Bibliothèques où se trou¬
vent ses traités ; III, xv. — Sonnet placé
par A. Paré en lêle de ses œuvres , III ,
xxa. — Historique du monument élevé à
Paré dans la ville de Laval; III, xxai. —
Cérémonie d’inauguration; III, xxiv. —
Description du monument et de la statue;
III, XXV. — Discours prononcé dans cette
occasion par M. Pariset; III, xxvi.— Rela¬
tion du voyage d’A. Paré au camp d’A¬
miens ; III , 522. — Canons et règles
d’A. Paré; III, 647. — Tentative d’empoi¬
sonnement dirigée contre lui ; III, xiv, 662.
— Son voyage a Turin ; occasions qu’il y
eut d’exercer son art ; III, 689.— Comment
il fut amené à renoncer à l’emploi de l’huile
bouillante dans le traitement des plaies
d’armes à feu ; III , 69 1. — Relation de ses
voyages à Marolle et en Basse-Bretagne :
occasions qu’il y eut d’exercer son art ;
témoignage que lui rend un médecin mi¬
lanais ; III , 692. — Cure de M. de Bris-
sac; autopsie faite en Bretagne; relation
de son voyage de Perpignan; III, 694.
— Relation de son voyage à Landrecies ;
III, 695. — Idem de son voyage à Boulo¬
gne; cure du duc de Guise; III , 696, —
Relation de son voyage en Allemagne; cure
d’un des soldats de la compagnie de M. de
Rohan; III, 697, — Relation de son voyage
à Danvilliers; cure d’un gentilhomme
de la suite de M. de Rohan; III, 698. —
Relation de son voyage à Château-Le¬
comte ; III, 699.— Cure de M. de M i-
gnane ; ill, 701 . — Cure de M. de MartigueS;:
III, 711. — Cure de M. de Vaudeville; lil,
717. — Relation du voyage d’A. Paré à La
Fère après la bataille de Si-Quentin; 111,
721. — Relation de son voyage au Havre-
de-'Jrâce ; III, 722. — Pronostic de la mort
du roi de Navarre; III, 723. — Voyage de
la bataille de Dreux ; cure du comte o’Eu ;
III, 724.— Voyage à la suite de la bataille
de Montcontour; cure du comte de Man-
sfeldl ; m, 725.— Voyage de Flandre ; cure
du marquis d’Avret; III, 726. — Voyage
à Bourges; III , 732. — Bataille de Saint-
Denis ; voyage à Bayonne ; III, 733.
Paremptosis. Ce que c’est; II , 419.
Parenchyme; 144.
Parfums. Traitement de la vérole par les par¬
fums: accidents tjiii en résultent; dans quel
cas il faut y avoir recours ; II, 551 . — Mode
d’administration; éléments principaux; for¬
mules ; II , 552. — Parfums empoisonnés ;
III, 297. — Ce que c’est que parfums;
combien d’espèces, ingrédients; III , 593.
— Modèles pour le cerveau, les nerfs, les
restes de vérole; usage des parfums , ma¬
nière de parfumer; III, 694.
Paris. Ecole de Paris; Int., xxviii. — Quand
ÎABL*
868
oti commèttçâ à y tojiférer dès degfés ;
Int., mx.-“ Éclat de l’école de Éarls sous
Lanfranc, Pilard et Henri de Mondevllle;
Int., XLix. — Sa décadence; Int., i.itt.
PariSrt (M.). Hiscoürs prononcé par lui lors
de l’inauguration de la statue d’A. Talé à
Lavai;, III. XKVI.
Parms. Ecole de Parme ; Int., xxvitl. —
Jean de Parme, chirurgien a Avignon ;
Int., Ltviii.
Parolè. Influence des dents sur la parole;
232. — Excellence de la parole ; 253.—
La parole est une des trois prérogatives
de rhomme ; tll, 764.
Paronychie ; 320.
Parorasis. Ce que c’est; II, 414.
Parotides. Leurs fonctions ; 250. 320. -
Déflnitiott ; Causes j curabll'té ; traitement
résolutif; 379. — Opération chirurgicale;
38'). — Guérison par le vif argent; 381.
Partiès. Des parties univer.selles et parti¬
culières , simples et composées du corps ;
108. — Origine et division de Parlèrê des¬
cendant aux parties natUreiles ; 149. —
Des nerfe distribués aux parties natu¬
relles; 150. — Substance, dimension,
forme, composition, situation, connexion,
tempérament, usage de la partie honteuse
de la femme; I68.
PassioküJairb de Garloporttus; Int., xxl.
Passions. Leur influence sur le corps; 78,
— I.eurs rapports avec lui; 79. — Leur
influence sur la santé ; 97, — Sur la gué¬
rison des plaies de la tête; II, 38 — Théorie
des passions; II, 661. — Influence des
passions violentes sur l'avortement; II,
625. 714. — sur la fièvre ; lit, 85. — Sur
le développement de là peste; III, 376.
PAsT^NAquE. Accidents résultant de sa pi¬
qûre ; IIl , 332. — Remèdes ; III . 333
PATES pour noircir le poli; ili, eio, 6ii.
Patte d’oie. Ce que c'est; il, 678.
PaUl d'Êgine est inconnu aux Occidentaux
avant Ouy de Ghauliac; Int., tx. — Est
cité par Montagnana; fnt., xcm — Est
retrouvé au xv« siècle; Int., cix. — Est
cité par BenlVlent; Int., cxvm. — Son
Opinion sur les dragonneaux; 424.
Paul Diacre. Son histoire de Constantin ;
int.^ XIX.
Paurieres. Description des paupières; 235.
— Brûlures des paupières; II, 208. —
Efiumérâtiondes maladies des paupières;
Il , 4 15. — Moyen de rehausser la paupière
supérieure; li, 420. - Prurit de.s pau-
pieres; II, 424. — GonJoncllOtt COfigé-
niale des paupières; il, 679.
Pavie (Ecole dé); lut., xxviii.
Pavot. Propriétés du pavot noir et Son
contre-poison ; III, 337.
Pax de Eabianü , prerniei inventeur supposé
du pap er de chiffon,- im., lXx.
Peaü. Etiitde la peau des lépreux; III, 277.
— Remèdes pour blanchir cl unir la
peau; IH , 60.1, 606. Voyez Cuu.
PÊCHEUR. Gomment il fait la chaise aux
autres poissons; III, 764.
ÉÈcilŸA&ftA; Ht, 209.
PECTÉtt. Ce quéc’èst* 108.
PeDIcULARiS MORbUS; 88.
Pédiüm. Os du pediutn; 303. “ Luxation
des os du pedlum ; II, 401.
Pelade. Ce què c’est; li, 406, 628, 531.
—-causes, signes et traitement; il, 534.
Voyez Aiopéck.
Pélican. Elgure de trois pélicans pour ex¬
traire les dents; H, 452. “*■ Récherches
sur cet Instrument et sur l’Orthographe
de son hom; II, 458.
Pelletiers. Suturé des pelletiers; 440.
Telvis. Ce que c’est; 216.
PémrhygodëS; ni, ÜO.
PëndaiSon. signes Indiquant qu’nn IhdtVidu
a été pendu avant ou après la ùioH; lll,
660.
Pensés. Définition; 58; II, 666.
PëNsILes (verrues): il, 737.
Percy. Eloge qu’il fait de Gérsdorf; int.,
cct. — Dêlaiis qu’il donné Sür Ambroise
Paré; Int., ccxXVii. — Ce qu’il dit sur la
composition des livres d’ Ambroise Paré;
1ht., cccxxXi. — Réfutation; Int., Ccctxxii.
— • Son opinioH sür le livre des Monstres
et Prodiges; lll, 1.
Perdrix. Sollicitude des perdrix pour leurs
petits; lll, 745.
PlREgrin. Chirurgien à Bologne au Xiv
sièclë; lut., lxi.
Përeoration. Perforation viciêuse du gland;
II, 460.
PflRiBRosis. Ce que c’est; II j 419.
Péricarde. Anatomie du péricarde* 187.
Péricrane. Anatomie du pêricrâne; 206,
PÉRiNÉË. Ce qUe c’est; 161.— Causes des
fistules du périnée; 420. •— Suture du
périnée; II, 718.
PÉRIOSTE. Ses fonctions; 109 , 206, — • Alté¬
rations du périoste; II, 314.
PÉRiRRiiÉÈ. Ce que c’est; ili, 202.
PiiilscYTHiSMOs ; III , 684.
Péritoine. 3â substance, son étendue, sa
figure, sa eompOsition , son nombre; 183.
— Sa siluaUoh, son tempérament , Bon
utilité, son exténsibiiité; 134. -^Signes
de la rupture du péritoine; 406.
Perles. Vertu médicinale attribuée aux
perles; lll, 510.
PÉRONÉ. Luxation et disjonction du péroné;
II, 398.
Perrignan. Voyage d’Ambroise Paré à Per¬
pignan; III, 694.
Perroquets. Aptitude du péffoquet à Imi¬
ter la parole; lll, 769.
Perversion de la matrice. Causes; 11,739.
— Signes , pronostic , traitement ; II , 740.
Pëssairè. Première mention d’un pessalre
solide; Int. , xcV. — Modèle de pessalre;
369. — Figures d’ün pessalre rond et d'un
pes.saîre ovale; H, 742.-— Historique du
mot et de l’instrument; II, 742, 743, 744.
Figure d’un pessalre à ressort pour te¬
nir le col de la matrice ouvert; II, 767. —
Pessairés pour les suffocations de la ma¬
trice ; II, 767, 769. — Pessaires pour p»o-
analytiqüe.
voquer tes menstrues i II , 76» • lîr m
excessif, Il , 7,4 ; IIi, 659, — Description
et objet des pessalresj IH , 659.
X® Pi’omplitude de la mort
des pesnféiés; 669. — Description de la
pesic; son nom ancien; III, 360. — Acci-
denls qui l'aci ompagnent; raison de leur
diversité; noms divers de la peste suivant
ses accidents; III, 351. — Causes divines
de la peste ; III, 352. -Faits historiques
prouvant que ce fléau est le résultat de la
colère deD eu ; III , 354. — La peste recon¬
naît deux causes naturelles : l» la corrup¬
tion de l’air ; III, 366. — 2» L’altération des
humeurs résultant de la manière de vivre;
ni, 360. — Dangers de la fréquentation
lieux infects et des pestiférés ; III, 359,
376. — La pe te se communique plus faci¬
lement aux individus de même espèce;
III , 360. — Présages de la peste tires de
la roriuptlon de l’air; III, 362. — Présa¬
ges de la peste tirés de l’exhalaison des
vapeurs terrestres r III, 364. — Cure pré-
servative de la peste; III, 365. — La peste
attaque plus facilement les individus à
Jeun ; III , 366. — Pendant le soleil ; III ,
367. — Eaux cordiales, électuaires, opiats
et pilules préservatifs et curatifs de la
peste, III, 368, — Préservatifs externes,
III, 373. — Autres observances préserva-
tives; III, 375. — Devoirs dis magistrats
de police en temps de peste; rapidité
avec laquelle les cadavres des pestifé¬
rés tombent en putréfaction; III, 377.
— Comment doivent être choisis les mé¬
decins , chirurgiens et apothicaires char¬
gés de soigner les pestiférés; Ht , 378. —
Signes indiquant qu’un cadavre e>t celui
d’un pestiféré; III, .378, 679. — Signes de
l’invasion de la peste; III, 381.— Pronos¬
tic de mort; IH, 384. — Signes indiquant
que la peste vient de la corruption de
l’air; III , 385. — Idem , de la corruption
des humeurs; III, 386. — Incertitude du
pronostic de la peste ; III , 388. — Cau.ses
de la fièvre pesillentielle; III, 391. — Ses
signes et ses variété- ; III, 392. — Cure gé¬
nérale : de l’air et de l'exposition ; III, 393.
—Desaliments; 111,396. — Des boissons; III,
400. — Résolution que demande le traite¬
ment de la peste; III, 404, 412. — Il doit
commencer par l’administration des anti¬
dotes; III, 404. — Antidotes du venin pes¬
tilentiel , et de leur administration ; III,
406. — Epithémes ou fomentations pour
corroborer les parties nobles; III, 409. —
Désaccord entre les médecins sur l’oppor¬
tunité de la saignée et de la purgation au
commencement de la maladie; lit, 410.—
Cas exceptionnels où la saignée convient
et manières de la faire; III , 412. — Pur¬
gatifs; III, 4(3. — Accidents et complica¬
tions de la peste : dou eurs de tète , leurs
causes et traitement; III, 418. — Chaleur
des reins, et remèdes ; III , 421. — Pustu¬
les ; leurs caractères et leurs causes ;
85g
III , 458. —Leur traitement ; ili , 454. -
Bubons : description . pronostic , traite¬
ment ; III , 427. — Description , causes et
symptômes du charbon pestilentiel; III,
435. — Pronostic; lit. 436. — Cure; III,
439. — Moyens d’apalscr le prurit et de
cicatriser l’ulCêre ; III , 442. — Moyen de
dissimuler la cicatrice; III, 443.— Moyens
pour faciliter l’évacuation du venin pesti¬
lentiel par la sueur; III , 443. — Par le
vomissement; III, 444. — Par la bave,
l’expectoration, l’éternuement et le mou-
chement;lll, 446. — Par l’éructation et
l’urine; III, 446. — Par le flux menstruel;
III , 447. — Par les hémorroïdes; III , 448.
— Par le flux de ventre ; III , 449. — Par
la transpiration insensible; II! , 464.—
Traitement spécial des enfants atteints de
la peste; III , 466. — Tableau des désas¬
tres causés par la peste; lll, 467. — Motift
de consolation tirés de ta religion; lll,
461 . — De remploi de l’antimoine dans le
traitement de la peste; III, 465.
Pestilentielles (fièvres); III, 180.
Petit (J.-L.'. Description de ses fanons et
faux fanons; II, 289.
Pétrarque. Se.s regrets sur la splendeur ef¬
facée de l’Italie; Int. XLVii. — Sa haine
contre les Arabes ; Int. XLlriii.
Peteus Aponensis. Quels étaient seS hono¬
raires; 21.
Petom; 22.
Peur. Exemple de son influence sur certains
malades; 94, 95, 96. — Influencé de la
peur sur la menstruation; II, 764. — Cas
de fièvre guérie par la peur; III, 722.
Peyrilhe. Sun opinion Sur les manuscrits de
Guy de chauliac ; inl. Lxtv.
Phagouë. Ce que c’est; 20o.
PHALANGosts. Ce que c’ést; Il , 416,
PuARMACEutlQUE. Ce qucc’esi ; 23.— Emploi
des moyens pharmaceutiques dans le irai*
tementdes fiéVr'es; 111,86.
Pharynx. Ce que c’est ; 255.
Philippe de Flësselles. Ce que lui a pns A,
Paré ; Int. cccxxxvi.
Philippe-le-Bel. Son ordonnance de 1311
I elative à l’exercice de la chirurgie ; Int.,
cxxv.
Phinion. Définition; II, 750. — Traitement ;
II, 751.
Phimosis. Description, causes, et opération ;
II , 469.
PhlérotoMe ; 389.
PHLÉBOToriHiE. Origine de là phlébotomie ; 20.
— Sort emploi dans le traitement de l’é-
rysipèle ; 338.— Quand elle convient dans
le traitement des plaies ; 437. — La pblé-
botomie a été enseignée à l’homme par
l’hippopotame; III, 737. Voy. Saignée.
Phlegme; tempérament du phlegffle; 39. —
Nature, consistance, couleur, saveur et
usage (lu phlegme; 42— De quoi et com¬
ment il se lait; son influence; 43.— Quand
llsemeten mou» em eut; 44.— Du phlegme
C()ntrenature;46,— Caractéresdel’hôrnme
phlegmatique ; 47. — Ce qui peut donner
TABLE
8^0
, ,un! tempérament phlegfiMtique; 49, Voy.
ÇâLE,9;MQ|i î 320i-' Du phlegmon en général;
.i32Cr -n Du, phlegmon vrai; 326, 327. —
, Da.sa mrmalion ; 327. — Ses causes; 328.
— Ses signes, ses terminaisons; cure du
.phl^mou vrai ; 329.i^«Cure du phlegmon
dégénéré en abcès ; 332.
Phl^ctknbs ; H , 417,, ■
PiiRKNÉsiB, Ce que ciest; III, 76.
Pa'£ma{s<Q.uèl4e est cette maladie des yeux ;
11,418.
P,^¥atqiBi)îS!.teur(.dédain pour let opérations
' , chirurgicales ; Int., XLvi, xLvu.
ÇKy&iOLOGtE.;62..rt Physiold^ie du cerveau ;
2-lh.|- f.. ■
PjYsiQpf;, Théorie physique ; II, 136.
PUYS0CEJ,£. Ce.que c’est; 404, 416; 11,796.
jr- Çpyses, signes , traitement ; 416.
PlGA,; ‘IL Vo-yez ddpj-âvd.'
Pie. Présage tiré detses cris; IIIi739. — Ap¬
titude des pies à imiter la voix humaine ;
PlE-MÈRE. Anatomie de la pie-mère ; 212.
Pied. Os du pied; 302. — De la forme du
pied; ,304. — Muscles mouvant le pied;
305!^ -- Fractures des orteils des pieds; II,
321. — Fractures des os du pied; II. 347.
— Luxation des os de la plante du pied ;
IL, 401. T- Causes de la puanteur des
pieds; II, 601.— Figure d’une bande pour
aider à lever le pied ; II , 621. — Verrues
, des pieds< II, 769. — Figure d’un monstre
ayant quatre pieds, quatre bras, et deux
vulves il II, 18.
PrED7Bo:r. Causes , variétés et redressement
du pied-bot; II, 613.
Pied de aRiFFON. Figures de deux instru¬
ments dits pieds de grilTons pour extraire
la tête d’un enfant demeurée dans la ma¬
trice; H,. 706, T- Figure d’un pied de grif¬
fon pour extraire les môles; II, 729.
Pierres. En quel endroit dp corps elles s’en-
geiKjrent; leurs causes matérielles et efli-s
cientes; mode de formation; II , 461. —
Symptômes de la présence d’un calcul dans
les reins et dans la vessie; manières de
Sonder; II, 462. — Degré de certitude
de ce diagnostic; II, 463., — Pronostic des
pierres ; il, 464. — Caractères des pierres
rénales et vésicales ; II , i465. — Les fem-
, mes sont moins sujettes à la pierre que les
,, homntes; U, 466, Cure préservative ;
II ,, 4^7. Moyens pour faire descendre
qn, calcul engagé dans un des uretères;
II, 47.0, “Moyens pour expulser la pierre
descendue dans la vessie ; II, 472.— Moyens
.pour expulser la pierre demeurée au col
ige la vessie ou au conduit de la verge; II,
473. — Manière d’extraire par incision les
pierres de la vessie des enfants mâles ; II,
475. — Autre moyen d’extraire une pierre
e^agée dans leipooduit de la verge en in-
^ci«au,t ce,co;i4uil; It,, 471. Manière de
traiter là plaie résultant de ccltrrmcision ;
' dqlîrfpiûrre.imx hom-
rtfé's par le grand appareil ; soins préala¬
bles , position du patient; II , 478. — • In¬
troduction de la sonde ; II, 480. — Incision ;
II , 481.— Introduction du conducteur; 11,
482. — Dilatation de la plaie ; II , 484. —
Extraction de la pierre ; II, 486. — Brise¬
ment de la pierre trop grosse; Il , 488. —
Pansement de la plaie après l’extraction ;
II , 489. — Position à donner au malade
après l’opération; II, 491. — Traitement
consécutif; II, 492. — Moyens de guérir
les ulcères par lesquels l’urine passe en¬
core long-temps après l’extraction; 11,493.
— De l’opération de la pierre chez les fem¬
mes; H, 495. — L’opération de la pierre
est une cause de stérilité; II, 731. — Pier¬
res de la matrice; II, 792. — Causes, signes
et traitement; II, 793. — Hérédité de la
pierre ; III , 28. — Relation de l’extraction
d’une pierre ayant une aiguille pour noyau;
III , 2’J. — Figure de plusieurs pierres ex¬
traites de la ves>ie ; 111, 30, 31, 41. — Cas
de pierreengendrécdatis les reins; III, 31.
— Dans la matrice, le cœur, le genou, les
intestins, sous la langue; III , .32. — Co¬
lonnes de pierre fondue; III, 500. — Pierre
tombée du ciel ; lil, 79o.
Pierre , chirurgien de Mont pellier au xiv' siè¬
cle; Int.. Lxm.
Pigeon. EiTicaciié du sang de pigeon dans
les maladies des yeux ; III, 488. —Les pi¬
geons présagent le vent et la pluie ; HI ,
7.39.
Pilules, Contre la goutte; III, 227, 228. —
Préservatives Ue ia peste; IH, 37), 372.—
Contre la peste; 111, 4l4.
Pince. Figure d’une pince; II, 16, — Figure
de pinces pour enlever les esquilles d’os ;
II, 58.5.
PlNE; III, 776.
Pineau, Extrait de son Opusculum phtjsiolo-
gicum et (inaiomicum relatif à la diduction
des symphyses pubiennes; II, 666.
PiNuTHÈRE. Ses mœurs ; 776.
Piqûre, Danger de la piqûre des nerfs; II,
112. — Traitement ; II , 113. —Exemple ;
II, 115. — Des gangrènes résultant de pi¬
qûres; n, 212, 216. —Cure des piqûres
des bêles venimeuses; 111, 300. — Régime
à suivre dans le traitement des piqûres
des bêles venimeuses ; III , 312. — Piqûre
de la bupreste; III, 320.— Des scorpions;
III, 323. — Des mouches et des chenilles ;
I H, 324. — Des araignées ; IH, 325. — De
la murène; IH,33i.— De la vive et de
la pastenaqiie; III, 332.
Pnussoipi. Description du pirassoipi ; III,
PissEMENï. Des pissements de sang ; II, 499,
Pistolet. Figure du pistolet à ressort pour
les incisions; 334.
PiTARD. Détails biographiques sur ce chirur¬
gien ; Int., xlix.
Pituite. Tumeurs qu’elle engendre; 34i. —
La pituite peui engendrer une rélenlion
d’urine; II, 497. — La piluile esllc fon¬
dement du virus véTOliquc ; U, 530. -r- La
pituite est après le sang rhuméiir lii plus
abondante; III, 118.— Fièvres pituiteuses;
iri , 188. -^'Signes indiquant que la pi¬
tuite accompagne le virus arthritique ; III,
218i — Topiques loutro la goutte causée
de pituite ; III , 235. Voyez Phlegme.
Pladaroïis. Ce que c’est; II, 4lü.
Plagiat. Accusations de plagiat portées con¬
tre A. Paré; lut., eccxxxv. — Considéra¬
tions sur le plagiat; Ini., cccxxxvi, 10.
Plaies. Comment eiiés étaient envisagées
par Paracelse; Int., ccxvul. — Traitement
des plaies par l’eau pure; 97. — Défini¬
tion ; 430. — Table des différences des plaies;
431. — Causes, signes et jugements des
plaies; 432. — Pronostic des plaies ; 433 ;
III, 652. — Traitement des plaies en géné¬
ral ; 435. — Sutures des plaies ; 438. — Du
flux de sang qui survient aux plaies ; 440.
— De la douleur qui survient aux plaies ;
442. — Du spasme ; 413. — De la paraljsie;
447. — De la syncope ; 450. — Du délire ,
451. — Pronostic des plaies de tête ; II|;
26, 31, 33. — Soins généraux à donneraux
plaies de tète; 11, 33. — Traitement des
plaies simples du cuir musculeux; II, 39.
— Traitement des plaies du cuir muscu¬
leux faites par morsure; 11 , 4 1. — Plaies
du cerveau ; II, 70. De la face ; II, 73.—
Des sourcils; II , 75. — Des joues ; II , 82.
— Du nez ; II, 86. — De la langue ; II, 88.
— Des oreilles ; II , 89. — De la poitrine ;
II, 94. -Traitement des plaies de poitrine;
II, 100, —Plaies de l’épigastre: II, 104.
— Traitement de ces plaies; II , 106.
— Plaies des aines et des testicules; II,
109. — Des cuisses et des jambes; II , 110.
— Des nerfs et des parties nerveuses ; II ,
III. — Traitement de ces plaies; II, 112.
Plaies des jointures ; II , 1 17. — De la si¬
tuation à donner aux parties blessées; II,
119. — Plaies des ligaments; II, 120.—
Plaies faites par harquebuses; II , 143, —
Action du froid sur les plaies; II, 177. ■ —
Traitement des contusions avec pluie ; H,
198. — Bandages des fractures avec plaies ;
II, 283, 303. — Fracture à la jambe avec
plaie; II, 328, — Caractères des plaies fai¬
tes avant ou après la mort ; 111, 659. — Cas
de plaie pénétrante du cerveau; III, 695.
Plaines. Tempérament des habitants des
plaines; 52.
Plaisance (Université de); Int., xxvm.
Planches. Choix et exécution de celles de
celte édition; Int., viii.
Planètes; III, 789.
Plantes. De l’ûmc des plantes ; 33. — Médi¬
caments tirés des plantes ; III, 522.— Plan¬
tes vénéneuses ; III , 334.— Répercussives ;
III, ,534. — Parties diverses des plantes em¬
ployées en médecine; III, 635. — Accon-
piement des plantes; plantes antipathi¬
ques ; III , 702.
Platearius. Est cité par Lanfranc ; Int., xr.vi;
Plâtre, Son action sur l’économie animale,
et contre-poison ; III , 344.
Platycoria. Ce quo c’est; II, 418.
tique,
Pléthore. Ce que c’est; 73, 87. — Est une
' eau “c an técé (IttH I e de to nie mula die t lt,:*j6
Pleurésie. Définition; 391; II, 76.-i'Causes’
traitement chirurgicaF; 391 . — Exeifipledl
g'iérison spontanéeiindicesdela pleurésie;
093. — Diagnostic dé la pleuréSiè llî,' «0.
PLpRocÈLEi.r, Ge queeffist; 394.'- ^ -
PLÈVRE.^Descriptiori anatomique dé fa J^lè-
Plexus choroïdes. Ce que c’éÉt; 200, *215; ’
Pline. Cité par BenivieUl; Int.*, txvrrtt ’ ■ *
Plisïonicus. Médecin cité par Gariopontus^:
lut., XXV. i ;
Plomb. Emploi de? lames de plomèTrQtlèes
de vif-argent dans le traitement des* tt'icè-
res ; 370..—^ Aflinilé du plomb avec le cérps
de l’homme; II, 311.— Moyens de toucher
du plomb fondu saos-se brûler-; III, 67.—
Aelion de la limaille de plomb sur l'éco¬
nomie animalet et contrei-noison ; III, 343.
— Innocuitédu plomb ; III, 347; -*• Vertus
et usage des' eaux plombées ; III,* 69'7.
Plombièkk. Effic.icité des eaux-de Pldmbière
contre les fleurs blanches et chaudépissès ;
II, 728.-*^’Propriétés des eahx de Plomi
bière; III, 598,
Plumasseaux. Ce que c’est; II, 291.
Pluie. Qualités de l’eau de pluie; III, 403.—
Pluies surnaturelles; IH, 791.
Pneumatocèle.; 341.
Poche. Pronostic tiré de la rupture de la po¬
che des eaux; II, 663.
Podagra; III, 209,
PoDAHRE, Considéré par les anciens comme
inventeur de ta chirurgie; 18.
Poids. Différence du poids d’un homme mort
et d’un homme vivant; II , 696. — Poids
employés en pharmacie; III , 551. — Ma¬
nière de les écrire; III, 552.
Poignet. Luxations du poignet; II, 385.
Poils. Le poil ne croît jamais sur les cicatri¬
ces ; II , 406.—* Histoire d’un cœur et d’une
loupe remplis de poils ; III, 41. — Propriétés
vénéneuses du poil des chats; III, 333.
Point doré ; 41 1.— -Seconde manière et figure
des instruments propres à le faire; 4l2, —
’l'roisième manière ; 413.
Pois. Figures de pois à cautères en métal ;
III, 227.
Poisons. Voyez Venins.
Poissons. Poissons venimeux : murène ; III ,
330. —Vive ; III, 331 . — Tareronde ou pas-
lenaque; III, 333. — Action de la peste sur
les poissons d’eau douce; III , 357. — Les
poissons présagent les changements atmo¬
sphériques; HI, 738. — Pourquoi ils na¬
gent contre le- fil de l’eau ; 111, 739.— Pois¬
sons volants; III, 775.
Poitrine. Signes des plaies de la poitrine ;
II , 94. — Cure des piales de poitrine ; II ,
100.
Poivre. Description du poivrier; vertus du
poivre; III, 628,
Pouce. Devoirs des magistrats et olïicier* pu¬
blics chargés de la policeen temps de peste ;
III , 377.
Polypes} 82. — Description ; cinq espèces de
862
polypes ; traitement palliatif; arrachement;
378. — àautérisatioii ; 379. — lolypes de la
matrice; U, 736.
Pommes de senteur; II, 167 ; III , 37u , 374.
Pommettes. Ce que c’est; II, 418.
PoifCTiON des intestins gonflés de gaz ; II, 107.
— Des membranes de l'œil dans tes cas de
cataracte et d’hjpopion; U, 525.
Pqrales (verrnes); II, 787. .
Porcs. Se purgent en mangeant des écrevis¬
ses ; III, 737.— Leur compassion entre eux;
III , 762. — Peur qu’ils inspirent à l’élé-
phanl; m, 760.
PoRosis. Ce que c’est; II, 415, 417.
Porreaux. Leur traitement; 358.
Portail; Int., ccxciu.
Porte- LIGATURE. Figure d’un porte-hgature
pour lier l’uvule; 385.
PolruGAL. Etat de la chirurgie en Portugal
au XVI® siècle ; Int., çclxxxv.
Possession. Puissance des possédés; III, 55.
— Ce qu'lis font; III, 62. — Exemples de
possession ; III, 63.
Potence. Figure d’une potence à siège pour
les boiteux; II, 621.
Potion pour tes grandes contusions; II, 196,
197. — Préservalive de la pierre; II, 469.
—^Potion vulnéraire ; II, 593,— Potion pour
hâter l’accouchement; H, 676. — Potion
narcotique; III , 420,
PouciEK. Figure d’un poucier de fer-blanc
pour tenir te pouce élevé; II, 613.
Poudre. Si la poudre est vénéneuse ; II, 128.
— Preuves tirées de sa composition ; II,
132. — Onguent pour les taches de poudre
à canon ; II, 207. — Indêlébililé des taches
de poudre à canon; IIj 208.
Poudres pour l’hydroplsie; 896. — Pour les
plaies du cuir musculeux ; II , 39. — Pour
les plaies de la tête ; II, 44. — Pour les ex¬
croissances de la conjonctive; II, 79, —
Pour les plaies des jointures; II, 117. —
Pour les grandes contusions; il, 197.-
Poudres hémostatiques ; II , 229. — Pou¬
dres pour les ulcères du nez; II, 261.—
Préservalive de la pierre ; il , 469 , 470. -
Pour détruire les caroosités de la verge,
II, 570. — Pour cicatriser les ulcères de
la verge après l'ablation des carnosUés
II, 577. — Poudres calagmatiques ; Il
583. — Régénératrices de la chair; II, 593!
— Pour faéililer l’accouchement ; H, 675,
676. — Comre les tranchées; U, 708,
Contre la goutte ; III, 228. — Aromatiqu
présers alives de la peste ; m, 374, — Cor¬
diales contre la peste ; lit , 398. — Sudo¬
rifiques ; 111, 40'7. — Poudre contre le flux
de ventre; III, 451 . — Dentifrices ; III,
691,592.
Poulain. Histoire d’un poulain ayant une
tète d’homme ; III, 4, 44.
Poulains. Ce que c’est; II , 528. — Causes
• et iraitement des poulains ; II, 678.
Poules. Présagent les changements de
temps; III, 739. — Sollicitude des poules
pour leurs petits; III , 747. — Les poules
ont horreur du reattrd; III, 761.
TABLE
Pouls. Degré de certitude du pronostic tiré
du pouls; H, 31. — Diagnostic du pouls;
’ouMONsl Description anatomique des pou¬
mons ; 185.— Raison de leur légèreté ; 187.
— Pronostic des plaies des poumons ; 433 ;
II, 102. — Symptômes des blessures des
poumons; II, 95; IH, 653. - Hernie du
poumon; H, lOO. — Traitement des plaies
du poumon; II, 102. - Pourquoi les
plaies du poumon dégénèrent en fistules;
il, 104. — Moyens de préserver les pou¬
mons des ravages de la petite-vérole ; IH,
PouRVRE; III. 110, 8.5t. — Caractères et
causes du pourpre; lU, 423. — Traite¬
ment; III, 424. ...... .
PoüRRissEOR. Accidents qui résultent de sa
morsure : remèdes ; IH , 315.
Poussoir. Figure d’un poussoir pour extraire
les dents; H. 457.. .
Poux. Où et comment ils s’engendrent; in¬
commodité qu’ils causent ; manière de les
détruire; ni, 270.348.
Pratique. Importance de la pratique en
chirurgie;7;IU, 687, 688.
Précipitation de la matrice. Causes ; H, <39.
— Signes; pronostic; traitement : 11,740.
Prédestination. Théoiie de la prédesllua-
ton;Il, 653. ^
Prépuce; 1 62. — Pronostic des plaies du
prépuce; 433. — Manière de rallonger le
prépuce <les circoncis ; U, 458. — Des di¬
verses constrictions du prépuce et des
moyens d’y remédier; U, 459.
Pressis. Pre.'S s restaurants; 398 399.
Prêtres. Exerçaient la médeclneauvi'slèclc;
Int., xvin.
Prévôt. Ordonnance du prévôt de Paris de
i254, relative aux chirurgiens ; lut., cxxii.
— Son ordonnance de 1301 ; lut., cxxiv.
— Sa commission de 1423 eu faveur des
chirurgiens; Int., cxnu.
Priapisme. Détiuition; H, 556. — Traite¬
ment; II, 557.
Piuapisqües. Ce que c’était; H, 742, 751.
Prin’vemps. Tempérament du printemps; 37.
— Aliments dont il faut user dans cette
saison ; 69. — Le printemps est l’époque
de l'accouplement des animaux ; HÎ, 746.
Priscien (Théodore), principal gui'ie de Ga-
riopoutus; Int., xxi, — Copié par lu».
Int.. xx«. — Est probablement le Théo,
doric cité dans le livre de Troluta; InL,
XXIV. — Emploie le premier les mots eau.
temare et imnarhava ; UI, iv,
PRoniaES. Définition ; Ul, t.
Proeesseubs. Leur salaire dans les anciennes
écoles; Int., xxix.
Professions. Leur influence sur le tempé¬
rament; 61.— Indications à prendre de
la profession ; 86.
ROWAïiON. Pronatiou
320.
Pronostic des plaies en général ; H, 26 ; Ul,
652.— Des plaies de la tête; U, 26, 3i, 33.
— Des plaies de l’épigastre «t des parllea
ANALYTIQUE.
86a
y contenues; II, 105. — Des gangrènes;
TI, 216. - Des ulcères de la vessie; II, 266,
5C7.— Des ulcères de la matrice; II, 267.
— Des fistules; II, 271. — Des fractures
des os en général ; II , 297. — Des luxa¬
tions en général ; II, 351.-:- Des luxations
del.i hanche; II, 387, 389. — De chacune
des luxations de la hanche en particulier;
II, 389. — Des pierres; Il , 464. -r^De la
rétention d’urine; II, 504. -- Des ulcères
des reins; II, 507.—: Des chaudes-^pisses;
II, 559.— De la carie des os longs ; II , 585.
— Des suffocations de la matrice; 11,753.
— De la fièvre en général; III ,79, 81. —
De la rage; 111, 308.
Proptosis. Définition ; II , 418, 427. — Cau¬
ses, traitement ; II , 428.
Prosphysis. Ce que c’est; II, 416, 419.
Prostates. Substance, tempérament, quan¬
tité , figure, composition , nombre , con¬
nexions, usage; 158.
Prunelle. Enumération des maladies de la
prunelle ; II, 418.
Prurit. Causes et traitement du prurit qui
survientaux fractures; II, 304.— Prurit des
paupières , II, 424.— Du prurit de la ma¬
trice et du siège; II, 790.— Causes et trai¬
tement; II, 79i. — Remèdes contre le pru¬
rit consécutif de la petite vérole; III, 263.
—Prurit éprouvé par les lépreux; III, 277.
— Prurit qui accompagne le charbon ;
III , 441. — Sa cure; lU, 442.
PsoRA. Ce que c'est; 48.
PsoROPHTHALMiE. Ce qucc’est; II, 415.
Ptervgion. Ce que c’est; II, 417.
Pterygoides ; 209.
Pterïgomata. Ce que c’est ; 168.
Pthiriasis. Ce que c’est ; II, 416.
Ptilosis. Ce que c’est; II, 4l5.
Ptolémée. Son Almageste ; Int. xeth.
Puanteur. Causes de la puanteur de I ha-
leine et des aisselles; II, 600.— Uem des
pieds et de la sueur ; II, 601.
Puberté. Age et symptômes delà puberté;
11,770, 779.
Pubis. Ecartement dclasymphyse pubienne;
PucÊs^lbe vif-argent les tue ; III, 348. — Les
puces présagent la pluie; III, "ISO.
PuÉRiLurl. Influence de la puénltté sur le
tempérament; 36.
Puits. Qualités de l’eau de puits; III, 4(«.
Pultes. Caractères, ingrédients, utilité,
exemples de pultes maturalive, mondifi-
BunaÎshs’. L» vif argent les tue ; III , 348.
PuPiSèfla d^uUon de l» mtpiUft et des
moyens d® i® réduire; H, 434.
Purgations. Leur emploi dans le traitement
Trnlaies • 437. — Les purgations sont
mauvaises au début de la vérole; II, 535.
Idem au commencement de la Iievre
I7noaue; 1», - Emploi des purp-
îCdans le traitement de la goutte ;
II» 923 234 252. — Inopportunité de la
purgation ^ début de laVle ; «L 410.
— Purgatifs contre la peste; III, 413.Voy.
Menstrues.
PuRPüRÉE (fièvre); ITI, 110, 180.
Pus. Ce que c’est; II, 244, 247. — Figure
d’one seringue pour vider le pus des oreil¬
les; II, 263. — Du pus qui peut être
éwieué par les urines; Il , 498, 5o5. —
Signes auxquels on reconnaild’où il vient;
II, 499, 500,502, 50G.— Curation ; II, 5ü6.
— Du pus évacué parles voies supérieures;
II, 503. — D’où provient le pus des chau-
des-pisse» ; II, 659.
Pustules; 320. — Remèdes pour prévenir
les pustules des brûlures; II, 205. — Ca¬
ractères et causes des pustules pestilen¬
tielles ; III, 423. — Traitement ; III , 424.
— Ongu^l coDlre les pustules ; III , 608.
PüTRÉEACTfos du fœius dans la mairiee ; II,
637 , 697. — 'rhéorie de la putréfaction;
II, 697. — La putréfaction est une cause
de fièvre; III, 78. — Eléments de la pu-
Défaction ; ill, 103. — Fièvre symptoma-
lique de putréfaction ; III, 178. — Action
des corps en putréfaction sur les qualités
de Pair; HI, 356. — Pourquoi la putré¬
faction de l’air n’engendre pas toujours la
peste; Itl, 358.
Putrides (fièvres) ; III, 100.
Pylore. Deseription du pylore; 138.
Pyosis. Ce que c’est ; II, 418.
PyoDLcas. Figure d une seringue dite pyoul-
cos pour vider le pus des oreilles ; Il , 263.
Pyroiuanciens ; III, 60.
Q
Quarte (fièvre); III, 116,117, 147, 153,
158,166.
Qüintaine ( fièvre ) ; III , 166.
Quotidienne ( fièvre }j |II, 116 , 117, 138,
142, 166.
H
Rachis. Causes des déviations dm rachis ; II,
350..
Rachisagra ; III , 208.
Racines. Attractives ; lU , 636. — Résoln-
li\ > , m, 538 .—Emollientes ; IH, 540, —
Delcrsives, lU, 542. — Epulotiques ; III,
515. —Distillation des racines; HI, 638.
Radus Diestripiiondu radius; 281.— Luxa¬
tion isolée du radius; II , 385.
Raffe ( Rieuveuu). Son éjiuque; sou traité
des maladies des yeux ; Int. , lxvih,
rags. Prétendu remède contre la rage; HI,
65., — Pourquoi les ohiens deviennent
plutôt enragés que les autres animaux; lU,
304, — Signes indiquant qu’un chien est
enragé; III , 305. — Symptômes de la riige
che4 l’homme; HI , 306, — Pronostic de
la rage; 111,308.— Développement spon¬
tané de la rage cheï l’homme ; traitement
de la morsure d’un chien enragé; lU, 309.
— Régime que doivent suivre les gen»
mordus par un ohieo enragé.; lU, 81?.
TAfeLE
Raifort. Emploi du raifort dans le tralle-
menl des charbons ; III, 440.
Raimond üeMolièrks. Guy de Ghîuiliac étudié
sous lui à Montpellier ; Int. , lxi.
Raimond de Vinario. Conduite de ce médecin
pendant la peste d’Avignon ; Int. , LXiii.
Raison. La première des trois actions voioii-
' .taires; 68. — Délinition de, la raison ; II,
(555 , 659. — Siège de cetle faculté; II ; 660.
—La raison est une des trois prérogatives
de l’homme; III, 764.— Excellence de la
raison ; III, 765.
Raîîula. Voyez Grenouilleiie, .
Raphanidon. Espèce de fracture; II, 295.
Raphi. Ce que c’est; 161.
Rapport sur des inUrmités simulées ; III,
àO. — Qualités nécessaires au chirurgien
cliai gé de faire un rapport en justice ; III,
651 , — Diagnostic et pronostic des plaies,
III , 652.— Sianes des lésions du cerveau;
des fractures du crâne ; des blessures de
la trachée-artère, de l’oesophage, du tho¬
rax, du poumon , III. 053. — Du cœur,
du diai hragme, de la veine cave, de la
grande a tcre , de la moelle épinière, du
foie , de l’estomac, de la rate , des intes¬
tins, des rognons, de la vessie, des uretè¬
res; III , 654.— De la matrice , des nerfs ;
rapport coiicluint à une mort inévitable,
rapport concluant à une mort probable;
III, 655. — Rapport concluant à une in¬
firmité incurable; rapport concluant à
une mort possible, et en tout cas à une
inürmité ; III , 656. — Rapport déclarant
que le sujet a dû mourir subitement de ses
blessures ; quelles doivent être les conclu¬
sions d’un rapport, le cas étant donné d’un
coupi orbe qui aura rompu et enfoncé les
vertèbres de l’épine ou fait plaie en la
moelle; III, 657. — Rapport sur une femme
grosse blessée au ventre , conc uant à la
mort; signes dont on peut conclure qu’un
enfanta étéétouH'é; S'gnes indi (liant qu’un
homme est mort frappé de lafoudre; III,
658. — Signes indiquant qu’un individu
est mort de la peste; que les blessures
d’un cadavre ont élé laites avant ou après
la mort; III, 659.— Signes indiquant
qu’ün individu est mort par pendaison, ou
vpar submersion ; III, 660. — Symptômes
et antidotes de l’empoisonnement par la
salamandre et l’orpin, III, 661.— Rapports
sur la question de savoir si une fille est
vierge; III, 666.— Les rapports sur l’im¬
puissance ne peuvent rien prouver; III,
668. — Rapport sur un sujet trouvé lépreux
et sur un autre soupçonné à tort de l’être:
111,669.
Rasoir; 389. — Figure d’un rasoir pour in¬
ciser le cuir chevelu; II, 7. — Figure
d’un rasoir à deux tranchants pour l'opé¬
ration lie la pierre; II , 476.
Raspatoires. Figures des divers raspaloires;
11,10,11.
Rat. Histoire d’un rat enfanté par une
femme ; III, 36. — Antipathie que les rats
inspirent à l’éléphant , III , 760. — Anti¬
pathie des rais et des belettes 5 IU ,
Manière de combattre du rat d Inde ; III,
751 , 760. — Peur qu’il inspirp au croco¬
dile ; III , 7,51.
Rate ou Râtelle. Substance, volume, figure,
composition, connexion, tempérament,
action cl utilité de la rate ; 146. — Cautéri¬
sation de la raie; 111, 685. — Signes èt
pronostic des lésions de la rate; II , 105 ;
111 , 654. — Traitement; II, 109. — Pré¬
tendu remède pour la rate; III, 65.
Ratiocination. Voyez /laisoii.
Read (Jean). Sa Iraduclioii du traité de
Jean de Ardern sur la fistule à l’anus ;
Int. , Lv. . . . ■
Reagal. Son aclion sur l’économie ajiiotal®
et contie-poisons; 111 , 343. ,
Réclusion. Condition favorable en temps
de peste; III, 393 . 1
Rebouteors. Ce que c’éliiil; Int. , glxviii.
Rectum; 140 — Rétention d’urine résultant
d’une inflammation du rectum; 11,^97.
Réduction des intestins; II, 107. — Ôé.lTi*
menlum; II, 108. — Quand il faut ré¬
duire les membres rompus ou luxiis; II,
300. — Procédé de réduciion des f actures
et luxations; II, 301. — Réduction de(f
fractures du nez ; II, 3(16.— De la mâchoire
inférieure; II, 307. — De l’os clavicu¬
laire; II, 304. — De l’ornôpiale ; II, 310.
— Du sternum; II, 311.— Des 04 de la han¬
che; du coccyx; II, 316. — De i’os du bras;
II, 317. — Signes delà réduction des luxa¬
tions; II, 354.— Réduciion de la mâchoire
luxée en la partie antérieure des deux
côtés; II, 358. — De la mâchoire luxée
d’un seul côté; II, 359. — Des luxations
des vertèbres duc lu; H, 362.— Des luxa¬
tions extérieures de l’épine dorsale ; 11^
363. — Des luxations du coccyx; de celles
des côtes; II, 367. — De l’épaule, procid'S
divers; II, 369 à 379. — Réduction des
luxaiions du coude; II, 382, 383. — De
l’apophyse styloide ; II, 385. — Des os du
carpe, nu métacarpe et des doigts ; H, 386.
— Des luxaiions ne la hanche; II, 392 à
395. — De la rotule ; II, 397, 398. — Des
luxations des deux os de la jambe et de
celles du talon ; II, 399. — lies luxat ons
de l’os astragale, des os du tarse, du pé-
dium, de la plante du pied et des or eils;
II, 401. — Réduction delà pupille; 11,434’
—De l’alvéole après l’exlractipii de» dents-
II, 454.— De la matrice ; II, 740, 74 1. ’
RÉFRIGÉRATIF.S (cataplasmes) pour les yeuX'
H, 78. — Pour les brûlures; II, 203. *
Refroidissement; lit, 123. '
Ueggio. Ecole de cetle ville ; Int., xxym. ,
Régime. Son influence sur le temperuiueut;
61. — Indications a prendre du rég'tmiB'
86. — Régime à suivre dans la euro dû
phlegmon vrai; 329. — Dans le Iraile-
nieni de l'œdème ; 342. — Dans le ira le-
ment des tumeurs aqueuses et venleu*c.xj
345. — Dans le traitement de l’esquinan-
cie ; 387, -T. Dans letrailement général 4es
ploies; 437. — Dans le traitement des
analytique.
blessures de la tête,; II, 33, — Régime que
doivent suivre les nourrices; II, 689. —
Influence du régime sur la fécondité; II,
734. — Régime fortifiant préservatif de la
peste; lU, 365.
Règles chirurgicales d’A. Paré; 111,647.
Rbgma. Cë que c’est; II, 403.
Keinesius. Ce qu’il dit de Gariopontus;,Int.,
xiu. .
Reins. Substance, quantité, figure, compo¬
sition, nombre, situation, connexion,
tempérament et action des reins; 253, —
; Ulcère des reins ; II, .265, — Symptômes
accusant la présence d’un calcul dans les
‘reins; II , 462. — Pourquoi la pierre
s’engendre le plus souvent aux reins
chez les vieillards; caractères des pier¬
res rénales; II, 4651 — Les affections des
feins’ peu veut oCcasiopner des rétentions
d’urine; II, 497. — Symptômes des ulcè¬
res des réins; II, 506. — Pronostic ; II,
507. — Exempïé de pierre engendrée
dstns les reins ; Ilï, 31.— Douleurs de reins
des fébricitants ; lïl, 186. — Chaleur de
reins éprouvée parles pesliférés, ët moyens
• de la diminuer, III, 421.
fcÈtAXATiôN'du gros boyau culier; 41_8.
Religion. Motifs de ‘consblaiion pour les
mourants, tirés de la'religion ; III, ,461.
Remèdes. Les bêtes ont enseigné aux. hom¬
mes plusieurs remedes; 19; 111, 737.—
Remèdes pour détourner lè lait des ma¬
melles; II, 709. Contre le mal, de
dents; II, 445, 448. Des remèdes de
bonnes' femmes;' III 64. — Rémè.des
contré’ les vers intestinaux; III, 267. —
Contre la peste ; Itl, . 368 à 375, 380, 3,96,
398, 400,401, 462, 406, 407, 408,' 409, 414,
.415,416. . ,
Rémission ; III, lOf. ,
Rémora. Histoire de cë poisson; 111,780.
RenàEd. Ruses de guerre du renard ■ {11,752.
Renùüèürs. Cé que c’était; II, 300. ,
RépércüsSifs (médicaments) ; 330', 331; III ,
'534. Utilité et danger des répërcussifs
dans le traitement de resquinanciè'; 388
— Cataplasmes répërcussifs .coii'tre la
goutté causée de pituite ; III, 236, 236. —
Contre la goutte de matière chaude; III,
REPLKTiolt. Deux sortes derépiélion ; 73.
ReBos. Inconvénients d’un repos prolongé;
71. — Le fepos peut être une cause de
fièvre; III, 78. — Doit être commandé
aux fébricitants; III, 85.
RÉèineS. Résines émollientes ; III, 541. —
Maniéré de faire l’huile de résine ; III, 630.
Résolutifs (médicaments); 331 ; IIl, 537. —
Cataplasmes résolutifs contre la goutte
causée de pituite ; 236.
Résolution. Terminaison la plus favora¬
ble de l’esquinancie ; 387. — Terminaison
ordinaire de l’oedème; 342. — Signes de
la résolution des tumeurs; III, 323.
Respiration. Du double mouvement delà
respiration ; 187. — Théorie de la jrcspira-
tiôn intra-utérine; II, 648, 717. — L'ab-
m
sence de la respiralion n’est pas un signe
certain de mort; II, 755. — Caractères et
traitement de la dyspnée symptomatique;
111,193,195. .
Ressemblançe. Théorie des ressemblances
héréditaires, II, 637.'
Ret;aillés. Ce que c’était ; II, 458k
Rétention. Causes intérieures des rétentions
d’urine; 11, 497. — Causes extérieures;
pronostic ; II , 504. Traitement.de la
rétention d’urine ; II, 507. -r- Des réten¬
tions d’ùrines causées par lesi carnosités
de la verge; II , 565. — Rétention résul¬
tant de l’abus, des plaisirs charnels ; .11 ,
636. , , ; . , . .
Retorte. Ce qqe c’est; III,;630..
Rétraction fle la langue ; II, 455>
RÉTR4çiÿ>EMENT. Première, luënliou, dcs ré¬
trécissements de rurèlre ; U,, 564.— Trai¬
tement; II, .5,66. , ,
ï\ets ADMIRABLE. Description du rets admi¬
rable; 223., .
Réunion, par première et seconde inteqtion;
, ce. qu’est; 434 — -Réunion immédiate des
plates après l’amputation indiquée par
Gersdorf;III,vii.
Rêveries, Traitement.deç rêveries résultant
â;un trouble mepstruej ; II, 782. — Remè-
ps contre la rêverie des fébricitants; III,
1,89.
Révulsion; H , 52t.
Réxis. Ce que c’ést; II, 414.
RhabillÉürs. Ce (iiie c’était; II, 300.
Rimeas. Ce. qiie c’est; H, 419.
PfiAGADiES, Définition et trailernent; 11, 790.
Rhagion. Espèce d'araignée; III , 326,
Riiasès. Livres de Rhasès traduits par Gé-
Tard .'de Crémpne ; Int.,, xxvu.— Il est cité
par Lahfranc ; Int., xLvi.— Son.C'o/dineni
traduit par Farragius; Int., — Après
Avicenne, c’est à Rhasès que Nicolas de
, Florence. doit le plus; Int., lexv. — Il est
. commenté parGalealiusde, Sainte-Sophie;
Jnt. , 4.XXXV1. — Par Arculanus; Int. ,
I LÉxxyin, — Par Matthieu de Craqi ; Int.,
Ecv. — Son opinion sur les dragopneaux ;
425. ,
Rhinoçéros. Description du rhinocéros; III ,
500, 751. — Ses moeurs;, 111, 501- -r- Son
antipathie pour l’ éléphant; III, 7§0'.
RinNOPLÂSTiE. Invention de l.ajnéthode ita¬
lienne de Rhinoplastie par .firaijça, fils;
Int., c. — Tagliaçozzi attachpjson nom à
cette .découverte; Ifit. , CW- —, Description
du procédé dé rhinoplastiè italienne ; II,
è05. —, Appréciation de cette opération ;
II, 606. .
Rhubarbe. Préservatif dé la peste; .III, 371.
, — Son eflicacité dans le traitement des
contusions; III, 484. — Procédé pour ëx-
Iraire l’esprit de la rhubarbe ; 111,629.
Rhume ; III, 209. ,
Richter. Description des fanons ; II, 290.
RIgord; Seinble parler de l’existencp, d’.qne
faculté de médecine à Paris, en 1209; Int.,
, XXVIU. . , , . '1,' -I.,.-. '
RicuEUR. Ge que C’est ; III, 123.
65
III,
866
Riolan. Menlion Tn'î"
corps des médecins à P®"® »
xxviii. — Erreur de Riolan au sujet de
Farragius; Int. lix. - Ses railler.es sur
la réception d’Ambroise Paré; lui., cçlix.
— Ce uu’il dit de l’usage de l antimoine ;
Int., ccLxxiii. — Ce qu’il dit sur la com¬
position de l’anatomie dA. Paré; Int.,
cccxxxï.“" réfutation ; Int,, cccxxxn.
Rire, Exemple d’une guérison causée par un
accès de rire; 95. — Moyen d’arreter le
rire résultant de la suppression des mens¬
trues; II, 782. ....
Rivièrk. Qualités de leâu de rivière j 9
Robert (roi de Sicile) reçoit de l’empereur
Aiidronic les ouvrages de Galien ; Int.,
RofôSLiN (Eucher). Son livre sur les accou¬
chements; Int., ccvi. — Emprunts faitsa
Roesslin par A. Paré ; II, 669, 674.
Roger de Parme , chirurgien du xiii' siècle;
ssi Rogérine; son livre sur la saignée ; Int.,
xxxiii. — Commentaire de sa chirurgie
par les quatre maîtres ; Int., xxxv. — Com¬
ment Théodoric lui riposte; apprécia¬
tion de Guy de Chauliac; Int., xxxix.
— Il est cité par Lanfranc; Int., xlvi.
— Ce qu’il dit du séton ; II , 83.
Rogne. Description , causes , pronostic et
traitement; III, 282,348.
Rognons. Signes des lésions des rognons ; II,
105; III, 654. — Pronostic; II, 105.
Rois. Plusieurs ont donné leur nom à des
plantes; 21. — Plusieurs ont étudié la
médecine; 22.
Roitelet. — Présage la pluie ; III, 739.
Roland. Chirurgien italien du xui' siècle;
Int. xxxiv. — Ses travaux ; commentaire
de sa chirurgie par les quatre maîtres
Int., xxxv. — Comment Théodoric lui ri¬
poste; appréciation de Guy de Chauliac;
' Int., xxxix. — Il est cité par Lanfranc ;
Int., XLVI.
Rondelet. Son opinion sur la corne de li¬
corne; 111,507.
Ronsard. Sa liaison avec Ambroise Paré ;
Int., CGC.
Ros. Ce que c’est; 45; II, 244, 258.
Rosatus ( Jean); Int., cxiii.
Rose. Distillation de l’eau de rose; III, 621.
Rota. Son livre sur les plaies d’armes à feu;
Int. ccm.
Rots; 73; II, 446.
Rotule ; 299.— Luxations de la rotule ; II,
396. — Réduction de çes luxations ; II ,
397. — Signes des fractures de la rotule;
II, 327.— Réduction, pronostic; II, 328.
Rouen. Voyage d’A. Paré à Rouen ;U1, 723.
Rougeole. Description; en quoi elle diffère
de la petite vérole; 111,257.— Pronostic;
III, 258. — Traitement; III, 259.
Rouillure des dents ; il , 454.
Rousset. Extrait de son Bysteroiomotokie ;
II, 718. — Ce qu’il dit des pessaires; II ,
743.
Rue. Ses propriétés abortives; III, 372.
Rüeff. Emprunts faits à Rueff par A. Paré ;
Il , 664, 669.
Rügines. Figures de diverses rugines; U,
10, 11. — Figures de neuf rugines pour
ratisser les os cariés; II, 584 — Figur’S de
deux rugines pour couper l’os profondé¬
ment ; Il , 586. ....
Rusticus Elpidiüs , médecin de Théodoric ;
Int., xviii.
Ryff (Gualter) ; Int. cciv, ccv.— Ses ouvra¬
ges; Int., ccvii.
Sahacat. Ce que c’est; III, 18.
Sachets. Leur emploi dans l’hydropisie;
396. — Sachets contre la goutte; III, 228.
— Description des sachets; différentes es¬
pèces; ingrédients; III, 592. — Modèles
de sachets pour l’estomac , le cerveau et
le cœur; usage des sachets; III, 593.
Sacrum. Description de l’os sacrum ; 260. —
Nerfs de l’os sacrum; 292. — Fracture de
l’os sacrum ; II, 316.— Moyen d’empêcher
le sacrum de s’ulcérer; II , 336.
Sages-femmes. Luxations produites par les
sages-femmes; II, 350. — Résultats de
l’ignorance des sages-femmes; II, 711,
712. — Leurs prétentions à reconnaître la
virginité des femmes ; 11, 748.
Saignée. Peine qu’encourait, aux termes
des lois des Wisigoths, le médecin qui
tirait trop de sang à son malade; Int.,
XVII. — Opuscule sur la saignée de maître
Maurus; Int., xxvi. — La saignée aban¬
donnée aux barbiers; Int., xxxii. — Con¬
ditions auxquelles elle était soumise en
Allemagne au xv» siècle; Int., ce. —Pro¬
cédé des barbiers au xvi' siècle ; III, xii. —
L’homme sanguin endure la saignée sans
danger; 47. — Dilficuliés de la saignée
sur les tempéraments mélancoliques; 48.
— Considérations sur la saignée du bras ;
273. — Emploi de la saignée dans le trai¬
tement des plaies de la lê e; II, 30.—
Son opportunité dans le traitement des
plaies par harquebuses; II, 164. — Son
emploi dans le traitement des grandes
contusions; II, 196. — Dans celui des
ecchymoses; II, 199. — Dans celui des
maux de dents ; II , 445 , 447. — Définition
de la saignée; II, 519. — Des cinq inten¬
tions de la saignée; considérations préa¬
lables; quantité de sang qu’on doit tirer;
où et quand il faut saigner; 11,520.—
Manière de bien faire la saignée-, II, 621.
— La saignée est mauvaise au débul de la
vérole; II, 635. — Son emploi dans le
traitement des fièvres en général; III,
86, 132,135, 141, 143, 151, 158, 165. — En
particulier dans celui de la fièvre synoque
simple; III, 98. — De la fièvre synoque
putride; III, 111. — Delà fièvre tierce
vraie ; III, 128. — Dans le traitement de
la goutte; III, 223, 234, 261. — Dans ce-
lui de la peste; III, 410, 418.
Saisons. lepipéraments de» saison»; 37.—
ANAïi-tTÎQUE.
Des aliments qui conviennent aux (iif-
ftrçntes saisons; 69, — Indications à
prendre des saisons; 86. — Influence des
Saisons sur.les plaies de la tète; II, 26.
— Sur la fréquéncé des fraçtpres; II, 298.
— Influence au renverseipenl des saisons
sur les quiililés de l’air ; III, 856.
Salaire qu’accordaient au médecin les lois
des Wisigoths, pc-ur rinslruction d'un
élève; Int., xvi|. — Ces lois n’accordaient
aucun salaire au médecin dont le malade
mourait; Int.', j^vin. — Salaire des pro¬
fesseurs dans les anciennes écoles; Int.,
XXIX. — Des médecins en Italie au
xiii* siècle; Int. , xxxi.
Salamandre. Ses propriété^ vénéneuses; III,
317. — Description de la salamaridrej sa
eopibuslibilité; III, 318. — Symptômes
et antidotes de l'ejppoisonnernent par la
salamandre ; III, 318, 661.
Salerne. Son école ; Int., jtix. Origine de
cette école; Int., xx. — Elle s’adonne
à peu près uniquement à la médecine;
les Juifs en élèvent la renommée; Int.,
jxvi.— Eile soutient avec peine la riva¬
lité de celle de Bologne; int., xxvii. —
Quand on cpmrnença a V conférer des de¬
grés; Int,, x^ix.-^kivaliié des écoles de
Salerne et de Bologne; appréciation de
Guy de Chauliac; Int., xxxix. — Déca¬
dence de l’école dè Salerne ; Int., xlvii.
Sauve. Guérit les petits ulcères; III,
S4LSEPAREILLK. Emploi de la salsepareille
dans le traitement de la vérole; II, 540.
Sang. Tempérament du sang; 89. — Géné¬
ration du sang; 40. Nature, consis¬
tance, couleur, saveur et usage du sang;
de quoi et quand il se fait ; 42. — Quand
il se met eq mouvement; 44. — Signes
de Thornme sanguin; 46. — Par où
s’écoule le sang menstruel; 166. — Par
S' ‘ è yoiplcsang est porté du ventricule
au gauche; 194. Signes d’un
épanchement de sang dans ie thorax; If,
96. — Les plaies d'ùarquebuses jettent
d’abord peu de sang; II, 164. — Causes
des épanchements de sang; II, 194. —
Moyens' pour arrêter Ip flux de sang après
l'amputation; II, 224. — Moyen de pré¬
venir l’épanchement du sang dans le scro¬
tum» URvès la taille; II, 491 , 492, — Du
aa'ng qui peut è|re évacué par les urines;
II, 498, 505. — Signes auxquels on reèon-
naît d’où il vient; II, 499, 600, 602, 606.
■^'Curation; jl, .506. — Du sqng évacué
par les voies supérieures ; II, 6Q8. — Flux
dp sang, cause d'qvortemenl; H, 624,
7j4,_,Les femmes ont le sang plus abon¬
dant, mU'S moins bon que celui des
hommes; II, 764. — Fièvre venant du
sang ou synoque: III, 93 à 99, 102, 107,
liq. — Caractères et traitement du flux
de sang comme symptôme des fièvres;
ÏH, 203. — Signes indiquant que c’est le
sang qui accompagne le virus arthritique ;
Ilï, 217. •— Flux de sang concomitant de
8G7
la petite vérole ; III , 260, — Caractères
du sang des lépreux; III , 278. — Indivi¬
dus ayant sué le sang; III, 407. — Pluies
de sang; III, 791.
SANGHER.Description du sanglier marin; III,
504. — Soins que le sanglier prend de ses
défenses; III, 751.
Sanglot. Définition, causes, pronostic, cure;
lit, 196, 446. ■
Sangsues. De leur application dans le trai¬
tement des chancrès; 366, 368. — Des¬
cription des sangsues ; caractères distinc¬
tifs des venimeuses et des bonnes ; II, 524.
— Lieux où on les applique, manière de
les appliquer et de les bien faire tirer;
moyens de les faire tomber et d’arrêter le
sang ; II, 525. — Leur emploi dans le trai¬
tement des fièvres ; HI, 86. — Leur véné¬
nosité; ce qu’ii faut faire avant de s’èn
servir ; moyen d’extraire une sangsue ava¬
lée; III, 330.
Sanie. Ce que c’est; II, 244, 248.
Sanson (M.). Sa description des fanons; II,
290.
Saphirs. Remèdes contre les saphirs; III,
608, 609. r »
Saporta. Sa doctrine sur la paracentèse;
401.
Sarcocèlb. Ce que c'est ; 404, 417 ; III, 796.
— Causes, signes, traitement; 417.
Sarcoma^ Description et traitement; 369.
Sarcosis. CTe que c’est ; II, 416. '
Sarcotiqoes (médicaments); III, 643.
Sardonia. Accidents qu’elle cause; IIÏ, 834-
Sarti. Notions qu’il donne sur les médecins
de Bologne ; Int., xxix. — Sa conjecture
sur la mort de Hugqes de Lucques ; Int.,
XXXI.
Sariette. Ses propriétés anti-vénéneuses
nous ont été apprises par les tortues : Ilî,
736.
Satan. Ses actions; III, 55.
Satiété. Deux espèces de satiété; 73.
Satyriasis. Définition; 82; II, 556. —
Traitement ; II, 557.
SAUMupE. Ses propriétés anti-vénéneuses;
III, 415.
Saveurs. Définition; d’où proviennent les sa¬
veurs ; III, 529. — Saveurs froides : acerbe,
acide, austère; saveurs tempérées: fade,
oléeuse, douce ; III, 530.— Saveurs chau¬
des ; âcre, amère, salée ; III, 631.
Savonarola ; Int. , lxxxvi.
Saxonia (Pierre de), chirurgien d’Avignon
cité par Guy de Chauliac; Int., lxviii.
ScABiEüSE. Son emploi dans le traitement
des charbons; III, 440.
ScALÈNK. Du muscle scalène; 264.
ScAjiES. Secours qu’ils se portent; III, 752.
Scarificateur. Figure d’un scarificateur;
II, 200.
Scarifications abandonnées aux barbiers;
Int., xxxti. — Leur emploi dans le traite¬
ment des plaies envenimées; II, 190.—
Dans celui des brûlures profondes; II,
209, — Dans celui de la gangrène ; II, Ô18.
— Contre les maux de dents ; II, 445. —
TABLE
868
Dans le traitement des fièvres; III, 8G. — i
Contre les morsures des beles venimeu¬
se' ;III. 302.
ScHENKius (J.). Ouvrage qu’il attribue a Guy
de Ghauliac; Int., Lxv. *
Sciatique; 29(). — C’est la plus cruelle de
toutes les gouttes ; III, 220. Caractères,
causes, signes; 111,250. — Traitement; III,
251, — De la cautérisation dans le traite¬
ment de la sciatique ; III, 685.
Scie. Figure d’une scie propre à couper les
os de la tête; II, 14. — Figure d'une scie
pour scier les os ; II, 223.
SciRRHEs ; 320. — Quatre espèces de scirrhe ,
causes, signes, traitement; 360.
SclRROPHÏHALMIE ; II, 415.
SciRRosis. Ce que c’est; II, 415.
Scissure du crâne ; II, 1 13.— Traitement ; II,
7.— Causes, pronostic, signes et traite¬
ment des scissures serpigineuses ; II, 597.
ScLEROPiiTHALMiE. Ce quc c’csl ; II, 415. ]
ScLERosis. Ce que c’est; II, 4l5.
ScoLOPioN; 389.
Scorpion. Remède contre la piqûre du scor¬
pion; II, 205; III, 65, 324 , -372. — His¬
toire d’un animal semblable à un scorpion
trouvé dans le cerveau d’un homme; III ,
34. — Description du scorpion; pays où il
se trouve, accidents résultant de sa piqûre ;
III , 323. — Emploi de l’huile de scorpion
dans le traitement de la peste; III , 417.
ScoTOMiE. Ce que c est ; II , 409. — Causes ,
signes et cure ; II, 410.
Scrofules ; 320 , 352. Voyez Ecrouelles.
Scrotum. Ce que c’est; 155. — Exemple de
guérison d’une hydrocèle par l'incision du
scrotum; 416. — Moyens de prévenir l’é¬
panchement du sang dans le scrotum après
la taille; II, 492.
Scrupule ; III , 552.
ScuLTET. Son silen^ sur les fanons; II, 289.
Scythes. Procédés 'd’embaumement usités
chez les .Scythes; lïl, 476, 670.
Skcondine. Ce que c’est; II', 644.
Section complète et incomplète des nerfs;
II, 1 12. — Des ulcères putrides ; II, 254.
Seiche. Comment elle échappe à ses ennemis ;
III, 754.
Sein. Ce que c’est; 120.
Seings. Leurs variétés, leurs caractères ; II,
679. — Causes ; II , 680 , 738. — Pronostic
et traitements divers; II , 680.
Sels. Employés en médecine; III , 636. —
Distillation des sels ; III, 637.
Semaines. Voyez Menstrues,
Semence. Pourquoiles femmes jettent moins
de semence que les hommes; 163. — Ce que
c’est que la semence; II, 633. — Ses carac¬
tères, son origine, plaisir attaché à son
émission ; II, 634. — Comment la semence
de l’homme est transmise à la femme ; II
636. — Semence masculine et féminine ,
qualités de ces semences; influence de la
semence sur la formation des sexes; If,
637. — Sympathie entre la semence et le
tempérament général; II, 638. — De l’é¬
bullition de la semence dans la matrice ;
II, 649.— La semence est la seule sub¬
stance du cerveau; II, 651. — Est le
principe des môles; II, 723. — Influence de
la température de la semence sur la stéri¬
lité; II, 730. — La corruption de la se¬
mence cause les suffocations de la matrice ;
II, 751,753 — Signes auxquels on peutre-
connaitre que la suffocation de la matrice
vient de la semence retenue; II, 756.1 —
Monstruosités résultant de la trop grande
quantité de semence; III. 5. — Mons¬
truosités résultant du défaut de quan¬
tité de la semence; III, 20. — Monstres
engendrés par un mélange desemence; III,
43. — Corrélation entre la semence et la
constitution; III, 213.
Sens. Table méthodique pour connaître les
ma'adies par les cinq sens ; 93. — Modi¬
fication de l’âme; II , 655. • — Sur les sens
intérieurs; définition du sens commun;
II, 657. — Son siège ; II, 658.
Sensation. Ce que c’est ; 56.
Sensibilité. Fausse sensibilité des parties
mortes et amputées; II , 221.
Sentiment. Ce que c’est; 56. — Les os n’oilt
point de sentiment manifeste; 180.
Sepedon. Ce que c’est ; II , 415.
^Tiqu^HS (médicaments) ; HI, 546.
SÉPULTURE. Les cadavres des pestiférés doi¬
vent être inhumés sans retard ; 111, 377.'
SÉRAPiON. Son ouvrage iradnil par Gérard
de Crémone; Int., xxvii. -- Est cité par
Lanfranc ; Int., xLVi.
Seringue. Invention de la seringue par Ga-
tenaria ; Int., xcix. — Figures de seringues
à injections; II, 63, lOl, 473. — Figtite
d’une seringue pour yiderle pus des oreil¬
les; II, 263. — Figuré d’une seringue pour
faire des injections dans la vessie par la
plaie après l’extraction de la pierre ; II ,
491. — Figure d’une seringue avec laqdelle
les femmes peuient se donner un ciystère
elles-mêmes; II, 760; III, 557. — Figote
d’une seringue droite; III, 558.
Serpent. Histoire d’un serpent engendré par
une femme; III, 36. — Serpent trouvé
dans un cercueil de plomb ; III , 42. —
Femme prétendant avoir un serpent dans
le ventre; Ilf , 52. — Efficacité de la bu-
glosse contre la morsure des serpents; III,
301. — Serpents divers; vipère; III, 313,
— Coule-sang , pourrisseur; III , 315, _
Basilic; III, 316.— Salamandre ; III, 317.
— Aspic; III, 318.— Couleuvre; III, 320.
— Les serpents nous ont appris les proprié¬
tés du fenouil ; III , 736.
SÉTON. De l’emploi du séton dans le traite-
nient de I hydrocèle ; 416. — Son effica¬
cité dans le traitement de l’ophthalmie •
II , 79. — Idem dans celui de l'épilepsie •
manière de l’appliquer; H, 80. — Recher¬
ches historiques sur l’emploi et le mode
d’application du séton ; ligures des tenail¬
les et aiguilles à séton ; II , 81 . — Précep¬
tes sur l’application du séton dans le trai¬
tement des blessures par harquebuses j II,
ANALYTIQUE. 86g
Shttala. Ce qu’il dit des Norsini ; Int.j eu.
Sevrage. Epoque à laquelle il faut sevrer les
enfants; 11,694. — Inconvénient d’un se¬
vrage prématuré; manière de sevrer; II,
Skxk. Ce que c’est; 60. — Indications prises
du sexe; 86. — Théorie de la formation
des sexes ; II , 637. — Signes auxquels on
peut reconnaîtic le sexe de l’enfant dont
une femme est grosse ; II, 663.— Impuis¬
sance de l’homme à engendrer les sexes ,i
volonté ; II , 664. — Influence du sexe du
nouveau-né sur la qualité du lait, de la
mère; II, 689. — Indices du véritable sexe
des hermaphrodites; III, 16.
Sextaine (fièvre); III, 256.
Sextus Placiïüs de Pavie. Ses ouvrages sui¬
vis par les médecins au vi' siècle ; Int.,
xviii. — Livre de lui arrangé par Con¬
stantin; Int., XXV.
SlAGONAGRA; III , 208.
Sidération. Ce que c’est; III, 357.
.Simler. Ouvrage qu’il attribue à Guy de
Chauliac ; Int., lxv.
Simon de Gênes. Sa version du xxviu' livre
d’Albucasis; Int., nx.
Simulation de diverses maladies ; III, 46, 47.
Sinapismes. Leur. emploi dans le traitement
des fièvres; III, 86.
SiNcipUT. Ce que c’est; 204.
Singe. Educabilitédu singe; III, 756. — Son
antipathie pour la tortue; III, 760. —
Monstre marin ayant les bras d’un singe;
III, 771.
Sirop préservatif de la pierre; II , 468.
Sm YEN ION ; 389.
Sodomites. Fruits de leurs abominables pra¬
tiques ; III, 43.
Soif. Soif résultant d’un trouble menstruel;
II, 784. — Symptôme de fièvre; III, 81. —
Cause et traitement de la soif des fiévreux;
III, 198.
SoLANüM MANicuM. Scs propriétés vénéneu¬
ses, et contre-poisons; III, 335.
Soleil ; III , 789.
Sommeil. Définition du sommeil; ses cau¬
ses ; ses effets; temps le plus favorable au
sommeil ; 71. — Inconvénients du som¬
meil pendant le jour ; inconvénients du
sommeil prolongé; de la position qu’il
faut prendre 72. — Comment il doit être
réglé dans le traitement des blessures de
la tête ; II , 35. — Son influence sur le cer¬
veau; III , 190.
Sondes. Origine des sondes en cuir ; Int.,
xcii. — Précautions qu’il faut prendre en
introduisant la sonde dans la vessie; 158.
— Manière de sonder les fistules; 11,271.
— Figure d’une sonde creuse pour opérer
les fistules à l’anus ; II, 274. — Manières
de sonder les calculeux ; II, 462. — De¬
gré de certitude de.ee diagnostic; II , 463.
r- Figures de trois sondes pour les calcu¬
leux; II, 464. — Figure d’une .sonde ouverte
en sa partie' extérieure pour l’opération de
la pierre; II , 480. — Figure d’une sonde
pour extraire les piérres aux femmes ; II,
495. — Figure d’une sonde propre à cou¬
per les carnogltés de la verge; II , 569,
Songes. Pronostics qu’ils fournissent ; 72.
Sonnet de Ronsard sur les ORuvres de Paré ;
Int., CGC. — Sonnet placé par A. Paré en
têie de ses oeuvres; III, xxu.
Soporeuses (fièvres) ; III, 189.
SoRANUs. Son opinion sur les dragonneaux;
Sorciers. Les sorciers ont renoncé Dieu; y
en a toujours eu ; III , .53. — Toutes les
sectes , excepté les épicuriens , ont porté
de peines contre les sorciers; III . 56. —
Pratiques diverses des sorciers; 111,62.
— Leur impuissance; III, 66.
SORDES. Ce que c’est ; II , 244 , 248.
Soufre; Vertus et usages des eaux sulfu¬
reuses ; III , 597.
Souliers. Inconvénients des souliers trop
courts et trop étroits ; II , 293.
Soupirs. Manière d’arrêter les soupirs ré¬
sultant de la suppression des menstrues,
II , 782.
Sourcils. Ce que c’est; 234. — Leur utilité;
235. — Pourquoi il ne faut pas appliquer
le trépan sur les sourcils ; II , 61 . — Plaies
des sourcils , leur traitement ; II, 75.
Souris. Antipathie qu’elles inspirent à l’élé¬
phant ; III , 760,
Sous-clavier (muscle); 266.
Spa. Efficacité des eaux de Spa contre les
fleurs blanches et chaudes-pisses; II, 778.
— Propriétés des eaux de Spa ; III, 698.
Spasme. Théorie du spasme; II. 29. — Dé¬
finition , variétés , causes ; 443. — Signes,
traitements ; 44,4 , 446.
Spathumen , Spathumile; 390.
Spéculum. Figure de divers spéculum oris-,
386. — Figure d’un spéculum oculi pour
dilater les paupières ; II , 76. — Figure de
divers spéculum de la matrice; II , 788.
Sperme. Cequ’il faut entendre par membres
spermaiiques ; II , 651. (Voy. Semence.)
Sphacèlh; 320. — Ce que c’est; II, 211.
Sphincter. De l’anus; 140. — De la vessie;
160.
Spirituelle (fièvre) ; III , 88.
Splenetique (muscle); 262.
Sprengel. Ce qu’il dit des médecins du vi«
siècle ; Int. , xviii. — Son opinion sur le
Cœliiis Aurélius mentionné dans Cassio-
dore, Int. , XIX. — Accable Garioponlus;
Int. , XXII. — Sa critique du livre d’Ar-
culanus; Int. , lxxxviii. — Ses erreurs à
l’égard de Benivieni ; Int. , cxiii. — Ce
qu'il dit de Jérome de Brunswick; Int. ,
CCIII.
Squelette. Confection d’un squelette ; 317.
Squine. Emploi de la squine dans le traite¬
ment de la vérole ; II. 540.
Stapes. Ce que c’est : 249,
Staphylome. Définition; II , 418, 433. —
Variétés , pronostic, traitement ; II , 433,
Statuts. Historique des statuts de la con¬
frérie de Saint-Côme ; Inl. , exxx. — Dis¬
cussion surces statuts ; Int., cxxxi.— Sta¬
tuts des barbiers ;Int. , cxxxvi. — Statuts
tAfetE
870
des chirurgiens de Paris j Int. > oati >
cxLin , cxLvin.
Steatomataj 341. ,
Stéatomb. Caractères particuliers du stéa-
tome ; 346.
Stérilité. Causes de la stérilité chez les
hommes ; II , 730, 793. — Remèdes; II ,
732. — Causes de la stérilité des femmes;
II, 733 , 777.
Sternum. De combien d’os il se compose ;
175, 180.^— Manières de lever le sternum;
181, 182. — Signes des fractures et des
dépressions du sternum; II, 311. — Ré¬
duction; II, 312. — Dépression ou enfon-
çure du sternum ; II, 367.
Sternutatoires. Ce que c’est; III , 587.
Strabisme. Ce que cest; II, 4i4. — Ses
causes, et manières d’y remédier; II, 604,
— Figures d’un masque et d’une paire de
bésicles propres à cet usage; II, 605. —
Causes du strabisme accidentel; 11,690.
Strangurie. Définition de la strangurie ; II,
510. — Causes ; II, 511. — Traitement;
11,513.
Strasbourg. Commencement de l’école chi¬
rurgicale de Strasbourg ; Int. ; ccii. — Sa
fin ; ses caractères ; Int. , ccvii.
Stratagèmes ; 90.
Stupéfactifs (médicaments); III, 549.
Styloïde. Luxation de l’apophyse styloïde :
11, 384,
Sublimé. Emploi du sublimé dans le trai¬
tement des nodus ; 349,
Sublimer. Ce que c’est; III, 614.
Submersion. Signes indiquant qu’un indi¬
vidu est mort noyé; III, 660.
Süccarath; lil, 746.
Succion des plaies envenimées; lî, 190; Ili,
302.
Succubes. Ce que c’est; III, 57. — Impossi¬
bilité du commerce charnel attribué aux
succubes; III, 58.
Sudorifiques (médicaments); III, 260, 407.
Suette; lil, 351.-^ Ses symptômes; III,
363, 423.
Sueur; 44, 74. — Identité de la matière de
la sueur et de celle de l’urine ; Ü , 505. —
Causes de la mauvaise odeur de la sueur ;
II, 611I. — Résultats et traitement des
sueurs immodérées; III , 203. — Moyens
de provoquer la sueur ; III , 260, 444, 456.
— Exemples d’individus ayant sué le sang;
III, 407. — Dangers de trop faire suer les
enfants; III, 456.
Suffocation. Définition; causes et signes
des suffocations de la matrice ; II , 751
763. — Théorie ; II, 752, 753. ^ Pronostic;
symptômes précurseurs des suffocations
de la matrice; II, 753. — Signes aux¬
quels on peut reconnaître qu’une femme
est morte ou non par une suffocation [de
matrice; II, 764. — Variété des suffo¬
cations de la matrice; II, 755. — Signes
auxquels on peut reconnaître que la suffo¬
cation vient de la semence retenue; trai¬
tement de cette maladie; II, 756. — Effets
de la suffocation de matrice; III, 40.
Süf fümicAtIon, Ce que c*e8t; cspécéS dllïé-
rentes; ingrédients} llI, 593. — MbdcléS;
usage; manière de fairé les sUuumigà-
Uons; Ht, 594, 595. » „
Superfétation. Définition ; II, 645, 719, 720.
— Théorie et causes; II, 720.— Exeth-
plesde superfétation; 11,721.
Supination. Sur la supination du bras dans
le traitement des fractures des deux fo-
ciles; II, 318.
Suppuratifs. Cataplasmes et emplôlres sup¬
puratifs ; 332, 333; III, 539. — Cataplasme
suppuratif pour les écrouelles; 354.—
Inconvénients des suppuraliN dans le Irai-
teraent des plaies d’harquebuses ; II, 173.
— Suppuratif pour les aposlèmes; II,
338.
Suppuration. Signes de la suppuration des
tumeurs ; 323. — Dangers de celle termi¬
naison de l’esquinancie ; 387.
Suppositoires pour les suffocations de la ma¬
trice: II, 759.— Süpposiioires vermifuges;
III, 268. — Excitants ; lIl, 450. — Descrip¬
tion, différences, composition et usage
des suppositoires; lit, 558.
Surdité. Causes internes de la surdité ; Il ,
601. — Causes externes; causes du chan¬
gement de la voix chez les soilrds; pro¬
nostic de la surdité; II, 602. — Sünlité
simulée; III, 50. — Caractère et traite¬
ment de la surdité, considérée comhië
symptôme de là fièvre ; III, 192.— Surdilé
résultant de la rougeolé et de la petite \é-
role; III, 259.
Sutures des bs. Cinq Sutures du crâné : trois
vraies, deux fausses; 206. — Sutures des
bs; 314, 316.— Dangers d'appliquéi- le
trépan sur les sutures du crâne; il, fil.-
Sutures des plaies. Quand il faut y récoü-
rir; 438. — Cinq principales sortes de su¬
turés; figurés; canules et aiguilles prbprés
à faire Jes sutures; 439. — Emploi dé ia
suture dans les cas où il y a ühe IiOrtioh
d’os comprisé dans le lambeaii, il, 40. —
Figure d’une suture des plaies dé la joué;
II, 84. — Figure d’une suture èhtorlllléë
pour le bec-fle-lièvrè; II, 85. — Sütule de
là langue incompiétémeni séparée; II, 8$.
— Sur là suture des plaies pèhélràhlesde
poitrine; II, 97. — Suture dés inlësting;
II, 1O7. — Suture après l’amputalibn; II,
225. — Suture des plaies de la lèssié; II,
489. — Suture du périnée; II, 718. — Su¬
ture des plaies pratiquée par Gilbert l’Aii-
glais; III, V. — Suture dès tendons ;jl il, 42.
Sylvaticüs. Ce qu’il dit des Norsini; lut., cil.
SYMPHYSEOTOMIE; 11,666.
Symphyses. Sur la diduclion des symphyses
publerinés; II, 665à 668.
SïMPHYsis. Ce que c’ést : 314 , 3lG; H, 419.
— Causés; pronostic; Iràitemertt; II, 423,
Symptômes, trbis espèces de symptômes des
maladies; 8I. — Inductions â tirer des
symptômes ; 87.
Symptosis. Ce quë c'est; II, 419.
Synarthhosb; 313, 314, 3l6.
ANÀtttlQUE. 87 1
StsAïMisME. Ce que c’est ; IIÏ , 121.
SŸNcHbNDRostS. Ce qüe c’est; 314.
StNCimis. Ce que c’est; II, 414.
SŸNCopfe. Déflnilioh; causes; signes ; traile-
nietlt; 450. — Cau-es des synccpes des
fiévreux; III, 199.— Traitement; 111,200.
Syîsévrosis ; âl4.
Stnoqüe (fièvre); III, 96 à 09, I02, 107, i 16.
Syrene Ce que c’est; III, 770.
SyRINGOTOME ; 390.
Syssârcosis. ce que c’est; 314.
Systole. Ce qüe c’est; 192.
TaSles. Quéllés sont celles que contient
cette édition; Int., x.
Tablettes préservaiives de la peste; III ,
371.
'Tac. Ce que c’ést; III, 423.
Tacbès. Onguent pour les taches dé poudre
à canon ; Il , 207.
Taches de naissance. 'Variétés, caractères;
il , 679. — Causes ; II , 680 , 738. — Pro¬
nostic et traitements divers ; II , 680.
Tact. De quel secours il est au chirurgien;
Tagaült (Jean). Origine de ses InstiiuHons
chirurgicales ; Int., ccxxxix. — Valeur de
ce livre; Iht., ccxl. — Emprunts faits à
Tagaült par A. Paré; 319. -Silence de
Tagaült sur ta paracentèse abdominale :
401.
Tagliacozzi. Attaché son nom à la décou¬
verte delà rhinoplastie ; Int., eu.
Taie. Ce que c’est; II, 418.
TAiLLE.Perfectionneinent apporté au xv' siè¬
cle à l’opération de la taille ; Int., cv-. —
Procédé de frère Jacques ; taille en deux
temps; lithotritie à travers l’incision pé¬
rinéale; II, 477. — Taille hypogastrique;
taille bilatérale; grand appareil ; II, 478.
Talon. Moyèh d’empêcher le talon dé s*ul-
cérër; II, 336. — Pronostic des luxations
(|[u talon; 11,365. — Luxations du talon
et manière de les réduire; II, 399, Ac¬
cidents qui surviennent ]par la contusion
faite au talon ; II, 400. — Traitement des
contusions dü talon; III, 487.
Talpa; 82. ^
Talparià. Ce que c’est; 348.
Thon. Accidents résultant de sa piqûre; III,
324. — Remèdès ; III , 325.
Taraxis. Ce que c’est; il, 417.
Tarentule ; 94.
■tARSE. Os du tarse; 302. — Luxation de l’os
du tarse; II, 401.
T'àureaü. Description du taureau de la Flo¬
ride; III, 501. — Manière de combattre
du taureau ; III, 751.
Tauüus. O que c’e»! ; 161.
Taupes. Quand elles présagent la pluié; lil;
738.
Taxis pratiqué par Gilbert l’Anglais ; Ut, v.
Teigne. Définition de la teigne ; II , 406. —
Ses quatre Variétés ; pronostic ; traite-
meht de là teigne squameuse ; It , 407. —
De la croùteuse et de la corrosive; II ,
408. — Sès caractères et ses causes ; Il ,
409.
Telosis. Ce que c’est ; II , 416.
Tempérament. Définition; 33. — Deux tem¬
péraments, rintempéréet le tempéré; -34.
— Tempéraments des parties du corps ;
35. — Modifications amenées par l’âge ;
36, — Tempéraments des saisons; 37. —
Des jours ; 38. — Des humeurs et des mé¬
dicaments; 30. — Du tempérament san-
guih ; 46. — Des tempéraments phlegma-
tique, cholérique et mélancholique; 47.
— Des changements de tempérament ; 49.
— Tempérament des méridionaux et des
septentrionaux ; 50. — Des orientaux et
des occidentaux; 5i. — Des habitants des
montagnes et des plaines; 52. — Influence
du régime et de la profession sur le tem¬
pérament; 61. — Des'âliments qui con¬
viennent aux divers tempéraments ; 66. —
Quelle sorte d’exercice convient aux di¬
vers tempéraments; 71. Indications
résullântdu tempérament; 85. — Teiü-
péraméht des muscles de l’épigdsire; 130.
—Dü péritoine; l34.— DU ventricuife; i37.
— Des iniestins j l4i.— Düfoie; 144.— De
la vessie du fiel ; 145. — De lâ rate ; 146.
— De la veine-porté; 147. — Des reihs;
153. — Des vaisseaux spermatiques ; i54.
— Des testicules; 155. — Des pâtâsiatès,
. et des vaisseaux éjaculatoires ; 157.— Des
prostates; 158. — Des uretères; l59. —
De la verge ; 162. — Dé la mdtrtCe; 165.
— Des tuniques qui cOhtienhent l’enfant
dans le sein de lâ mère; 172. — Des
mamelles; 178. — De la plèvre et du mé-
diaslin; 183. — Des poumohs; 186.—
Du péricarde, 188, — Du cteur; 190.
— De la trâchèe-a Itère; 200. — Del’œso-
phâge; 202. — Dücérveau; 213.— Du
nez ; 243.— Delà lâhgüe; 253.— Influence
du terapéramént sur le traitement des
plaies par harqüèbuses ; II, 161. — Sur
les ravages de la vérole; II, 533. — Sym- .
pathie euire le tempérament générai et les
qualités de la semence ; Il , 638.
Température. Son tüfluehce sur les dou¬
leurs des goutteux; lll, 221. — Sür la
production de la lèpre ; lll, 272.— Sur ie
développement dë la rage; III, 304.
Tempes. Cè que c’ést ; 204. — Dahger d’y ap¬
pliquer le trépan ; Il , 68.
Temps. Voyez Menstrues.
Tenailles. Figurés des tenailles capitales
incisives , dites bec de perroquet; Il , 16,
— Figures des tenailles à séton ; II, 81.—
— Figure d’une tenaille incisive pour
côuper les os fracturés ; Il , 151. — Figu¬
res de deüx tenailles incisives pour l'àin-
putatioii des doigts; II, 457. — Figurede
tenailles en bec de canne fcourbé pOur
l’extraction de lapierlé; II, 484. — FIgürc
de tenailles incisives poUr Couper tes os
d’un enfant mort dans le sein de sa nière;
II, 704. — Figure de tenailles pour è\-
TABLE
traire un enfant mort du ventre de sa mère}
TilAJcim^Rüliture du tendon d’Achille} II ,
1 10. — Suture des tendons ; III, 42.
264.
Tfiüwj’ FIgüMs lie deux tenons propres aux
sutures des plaies de la vessie } II, 494.
Tentes. Leurrs inèonvénients dans le Iraite-
W#t'aéS' plià1éS }‘436.— Figure d’une tente
' dte^l'rtn’fe' «iinrflée , de -figure plate , pour
donner issfle àMa sanie' retenue 'entre' le
otflne etlaidure-mère} il, 6^3.— Figure d’une
lente canulée pour les plaies du nez ; II ,
8V. — Leur trèp long s^our dans les plaies '
«<ïMhdra»'fait dégénérer ces plaies en fis^
'luie^: îl, 68. -^Figures de tentes canulées
avéë leu'rs liens et éponges pour les fistules
-'li!n’tliorax; IIl*I02.-i-Sur l’emploi des ten-
'iteëdhns le iraliementdes plaies par har-
(juèbüées ; II, 159, ' < ^
TÉftÉBEiSTitinE.Son efTicacité dans leschaudes-
pisses';'ir. 561-, — Manière de faire l’huile
de térébenthine ; III, 630,
Tkretes ; III , !264‘. ’
Terre, ses ’ qualités premières } 32, — Ses
qualités secondes -, 33. — Actions des va¬
peurs qui s’exhalent de la terre sur les
qualités de l’dir*; III, 357. — Présages de
la peste tirés de l’exhalaison des vapeurs
terrestres; III, 3641 — Médicaments tirés
de la terre ; III , 622. — Espèces de terres
employées en médecine ; III, 635.
Tesseramd (Claude de). Emprunts que lui a
,f!iUsA.« Paré; 111,2.
Testicules: Substance, quantité et figure
des testioùlês ; 154. — Composition , nom-
bré; situation, connexion, lemoérament
des testicules';' 155. —Action ; 156. — En
qné^i ceux dé la* femme diffèrent de ceux
de l’hornWie , 163 ; II, 636.— Leur influence
sur la nature de l’homme et de l’animal ;
414. — Plaies des testicules ; II; 109. — S’il
"vëloppement tardif des testicules; III,
'18,20..' . ) I .
Testudo. Ce que c’est ; 82 , 348,
Tétanos. Ce que c’èSt ; 443.
TÊirE;'Lé froid est funeste aux plaies de lèld;
63. — Description générale de la tèie ;
203. Ailatomie du cuir chevelu et du
' périerâne ; 205, — Des sutures ; 206. — ^ Du
crâne ; 207. . — De la dure - mère ; 211. —
• De la pie^naère et du cerveau ; 212. — Des
- teouvemenls de la tête; 263. — Figure
d’une scie propre à couper les os de la
' ■ tête ; II , 14. ’ — Pronostic des plaies de
tête'; II, 26 ,.31', 33. — Plaies de tête sui¬
vies d’abcès du foie ; II , 32. — Soins gé-
' néraux à donner aux plaies de tête ; II ,
33; — Régénération de la chair à la suite
des plaies de tête ; II , 43. — Altération
des os de la tête; II, 65. — Danger de trop
serrer la tête; II, 292. — Pronostic des
luxations de la tête ; luxation de la tête
i'Mtee'Iâ iiremicre vertèbre du cou; II,
361. — Où doit être faite la saignée pour,
les maux de tête ; II, 520, — Formftttôn
de la tête du fœtus: II, 650, — Figure
d’une fille à deux têtes; III, 5. — Fi¬
gure d’un enfant ayant deux têtes , deux
bras et quatre jimbes; III , 8. — Figure
de deux jumeaux n’ayant qu’une tête; III,
9. — Figure d’un monstre ayant deux tê¬
tes, l’une de mâle et l’antre de femelle ;
111, 11. — Figure d’un monstfe ayant' «ne
tête au milieu du ventre; 111 , 12. — Fi¬
gure d’un monstre ayant deux têtes et un
seul bras ; III, 21. — Figure d’ùn monstre
sans tète ; III, 22. — Figure d’un agneau 4
trois têtes; III, 45. — Prétendu rèmède
contre le mal de tête; III, 65. — De la
douleur de tête des fébricitants ; III, 184.
— Douleurs de télé des pestiférés; causes
et traitement ; III, 418,
Tétine. Figure d'un instrument nommé té¬
tine , à l’aide duquel «ne femme peut se
débarrasser elle-même de son lait ; 11, 710.
Texte. Soins pris pour la pureté du texte de
cette édition ; Int., vu ; III , II.
Thaddæus Dünus. Moyen indiqué par lui
pour prévenir les gerçures du mamelon ;
II, 69.3.
Thanacth. Description de la bête thanacth ;
III. 786.
Théodoric. Circonstances singulières de son
histoire ; Int., xxxvii, — A beaucoup em¬
prunté à Brunus ; Int., xxxvm. — Comment
il riposte à Roland et à Roger apprécia¬
tion de Guy de Chauliac; Int., xxxix.—
Est cité par Lanfranc; Inl., xi.vi.
Thériaque, Description de l’eau Ihériacalc;
II , 599 ; III , .368. — Ses propriétés ; II ,
600 ; III, 368. — Eflicacilé de la thériaque
contre les morsures et piqûres d'animaux
venimeux : III , 301, 311, 314, 320. — C.oii-
pable stratagème des vendeurs de théria¬
que ; III, 319. — Kflicai iié de la thériaiquc
contre la peste ; III, 368, 370.— Ses vertûs
et son administration ; III, 400.
Thierry de Héry. Ses travaux ; son livre sir
la maladie vénérienne; Int., cclxix.i—
Indication des emprunts que lui a faits
A. Paré dans son livre de la grosse vérole;
II, 526 à 579, 597. — Ses campagnes én
Italie; III, XIV. ;
Thomas de Sarzanne. Retrouve Celse vers lie
milieu du xv' siècle ; Int., xix , xciii.
Thorax. Définition du thorax ; 174. — Sa di¬
vision en trois parties ; 175.— Parties con¬
tenantes du thorax ; 177. — Parties conte¬
nues ; 183. — Muscles du thorax ; 266. —
Signes des plaies du thorax ; II, 94. — Si¬
gnes d’un épanchement de sang dans le
thorax ; H, 90. — Cure des plaies du tho¬
rax ; II, lOü, — Signes des plaies péné¬
trantes du thorax ; 111, 653.
T'erce (Fièvre); 111, 116, 117, 1.30, 136,
Thymus. Description; 260, 359; II, 786,
'^87. — Traitement ; 3.59 ; II , 788.
riiYRoliuE. Du cartilage thyroïde ; 256.
Tiraboschi. Ce qu’il dit sur la culture de ta
médecine en Occident avant le xi“ siècle ;
ANAILYTIQUE.
875
tot.» xiï. Ce qu’il dit de Léonard de
Berlapagha; IntvLxxs.
TiftE-BALr.K. Figures de divers tire-balles; II,
Tire-balles décrits par
Gersdorf ; III , vu,
lUw-FOND. Figure d’un tirerrond’pour relever
les ,os, du crâne; II, 12.-,- Figure d’un li-
refond à trois branches; II , âS.^Figure
■ «’undiie-fond pour l’exiraction des balles;
II , 150.— ! Figure de deux lire-fonds pro-
.1 près a comminuer une pierre dans le con¬
duit de Ja verge; II, 474.
Toilk. Toile Gautier pour appliquer sur le
ventre des nouvelles accouchées; II, 708.
-^Toilepour lenir le teint frais ; III, 604.
Tolède.' Ecole de Tolède ; Int., xxvi.
Tolït ( Piefre). Ses traductions de Paul
d’Egine et de Galien; Int., cexxxvu.
Tonnehre.! Théorie du tonnerre; II, 124,
135,. — Comparaison du tonnerre et du
canon , II , 124 , 136 , 177. — Prétendus
préservatifs du .tonnerre; II , 124. — Feu
du tonnerre;:!! , 202. — Traitement des
brûlures faites par le tonnerre; II, 210.
— Action du tonnerre sur l’économie ;
III , 295. — Son influence sur le dévelop-
menl delà peste'; HI; 360. Puissance
merveilleuse du tonnerre; III, 369.
Tonsilles. Description des tonsilles ; 254.
Tophes. Traitement des tophes venant du
virus vérolique ; II, 769. — Des tophes qui
vieqnent aux jointures des goutteux et de
leur curation ; III, 247. Voy. iVreads et
Nodus.
Topiques propres au traitement des plaies
en général; 433. — Contre la goutte cau¬
sée de piiuite ;III,235.— Gonire la goutte
provenant d’humeur cholérique; 111,241.
— *■ Contre la goutte sciatique ; 111,2.63.
Torches. Description et usage des torches ;
: IF, 288.
Torpille. Son action stupéfiante ; III . 295 ,
318, 754.
Tohtose. Ecole de Tortose ; Int., xxviii.
Tortues. Nous ont appris les propriétés de
la sarielle ; III, 736. — Monstre d’Afrique
semblable à une tortue; III , 787.
Toücam. Description du toucan ; III , 783.
Toucher; 67.
Toulouse. Université de Toulouse; Int.,
xxvm.
Tourterelles. Fidélité des tourterelles ; III ,
Toux. Est une des causes des chutes de la
matrice ; II , 739. — Prétendu remède con¬
tre la toux; III, 65. — Causes et traite¬
ment des toux symptomatiques de la fiè-
Yrfl;III, 194.
Trachée-artère, Anatomie de la trachée-ar¬
tère; 200. — Le larynx n’est autre chose
que l’extrémité de la trachée-artère ; 255.
— Pronostic et traitement des plaies de la
trachée-artère; II, 90. — Ulcères de la
trachée-artère; II, 264. — Corps étran¬
gers dans la trachée-artère et moyens de
; , les extraire ; II , 443. — Signes de la sec-
•'llon de la trachée-artère; 111 , 653.
Trachblaora ; III , 208. .
Trachéotomie. Application delà trachéoto¬
mie à l’exlraclion des corps étrangers; UI,'
443.
Traductions. Énumération des traductions
d’A. Paré , Int. cccxxviii , valeur de ces
traductions, III, 11.
Traouoma. Ce que c’est; II , 416.
Trancuées. Remèdes contre les tranchées ;
II , 692, 708. — Causes des tranchées ijes
nouvelles accouchées ; II, 709.
Transpiration. Sur la transpiration insensi¬
ble ; II, 662 ; III, 454.
Transversaire (muscle); 264.
Travail. Influence du travail sur la fécon¬
dité; H, 734. — Influence d’un travail
exagéré sur la menstruation ; U, 1164.
Tremblements de terre. Théorie des trem¬
blements de terre; II, 137. — Relation de
divers tremblements de terre; III, 791.
Trempe. Sur latrernpedes Instruments; 389.
Trépan. Précautions etconnaissances qu’exi¬
ge l’opération ; 209. 21 1 ; II , 54. — Figure
d’unirépan exfoliatif;II , 14, 585. — Avis
sur le maniement de cet instrument ; II ,
16, 54. — Causes pour lesquelles on tré¬
pane les fractures des os de la tête; II, 50.
— Doctrine de Nicolas de Florence, Pierre
d’Argelata et Bérenger de Carpi sur l'o¬
pération du trépan ; 11,51. — Description
des trépans; détails historiques sur cet
instrument; figure de la trépane démon¬
tée ; II , 65. — Figure de la trépane mon¬
tée, II, 66. — Façons de procéder; II ,
57. — Endroits où ii ne faut point appli¬
quer le trépan ; II , 6i. — Figures de tré¬
pans perforalifs triangulaire , quadran-
gulaire et sexangulaire; II , 687.
Tressaillements. Cause des tressaillements
des membres fracturés ; II, 336.
Triacleurs ; Int., clxxi.
Tribades; III, 18.
Trichiasis. Ce que c’est ; II, 416.
Tristesse. Ses effets ; 77. — Théorie de la
tristesse; 11,661. — Influence de la tris¬
tesse sur la menstruation ; II, 764. — Sur
la fièvre; III, 85.
Triton. Ce que c’est; III, 770.
Trocart. Date de l’invention de cet instru¬
ment; 401.
Tbochisques pour les ulcères des oreilles ;
II, 263. — Pour les ulcères des reins ; II ,
266, 509. — Pour les maux de dents ; If,
446. — Pour les ulcères de la vessie; II,
509. — Pour les dartres ; H, 598.— Contre
la peste; III, 402, 415.
Trotula ; Int., XXI, xxn. — Différence entre
les imprimés et les manuscrits; Troiula
major et mwor;fe que contiennent ces
deux traités ; date probable de la vie de
leur auteur; Int., xxiii. — Tout ce que ce
livre renferme de bon retrouvé parGruner
dans Ali Abbas; Hippocrate, Galien et
Cléopâtre y sont mis à contribution ;
Int., XXIV.
Trousse-galant; III, 134, 351 . — Ses symp¬
tômes ; III, 363, 423.
TrüIK MARINE ; III, 772. , .....V. I
TükÉORS. Comment elles étalent enrisAgées
par t^ai'acélse; Irit., ccxviu. — t)es lu-
meurs conlre nature en général; 319. — |
table des turnéurs conlre nature; cati-
ses des tumeurs eh général; 320, 326.
— Signes généraux ; 321. — l»eonosiic gé¬
néral; curé générale; .324. — Tumeurs
faites de Cholèie; 336. — Tumeurs froi¬
des; 34l. — Caiisès, carâclères et trai¬
tement des tumeurs venteuses elaqüeuses;
344. — Tühieurs engendrées de itiêlan-
cholie ; 360. — Des tümeurs contre nature
en particulier; 376. — Tumeurs dü fonde¬
ment; 419. — Des genoux; 421. — Des-
cHption, proiloslic et traitement desbu-
boriS; III, 427.
TtjüiQüÉ. De la tùniqüe cohimüne des mus¬
cles; l2j. — Tuniques de la niatrice; 165.
— Tuniques qui conlienHent rettfani au
ventre dé laihèré; i69.— l eur substance,
dimension, forme, cômposilioh,hombre;
170.
TuRBlTir. Procédé gbür extraire Tessehfce du
turbllh; ili, 629.
Turin. Voyage d’A. Paré â Turiri ; lII, 689.
TymPanite. Ce que c'est; 394. Tÿmpanite
ulérine-, II, 727, 766. — Causes et traite¬
ment; II, 766, 792.
ü
Ubsrtin dé Carraré appelle dans efetté ville
Gentilis detbligno; Int., XLVii.
ÜLCÈàfes. Comment envisagés par Paracèlse;
Int., ccxvi. — Définition, causes internés;
II , 40. — Cadses externes ; II, 4 1 . — Table
des dilîérences des ulcères ; il , 242. —Ta¬
ble de lëürs divers excréments ; Il , 243.—
Signes et pronostic dés ulcères ; Il , 245.
—Traitement de Tulcèré simple; i.t, 218.
— De ruicère intempêré; — de Tiil-
cère doüi.oureux; H, 252. — Dé Tülcêre
Ctirtipliqué d’eXCroissancè de chair; lùid.
- De 1 ulcère Vérmln'éux et putride; II,
253. — De l'ulcère sordide; II, 254.—
Des ulcères Virulents, corrodants, cacoé-
thes, et fhirohiens ou phagédéhiques ; Ü,
256. — Quand il faut panser ces ulcérés;
II , 257. — ÜU bandage des ülcèréS; II,
258. —ulcérés des yeUx, II, 259. — Du
nez ; ü, 280. be la bouche ; Il , 26i. —
Des orfeilles; il, 2lS3. — De la trachèe-ar-
têrc , dé Toesophage, de Testomac ; II, 264.
— Des intestins, des reins et de là vfessie;
II, 265.*— De la matrice; II, 266.— Symp¬
tômes des ulç’ères des reins et de la vessie ;
Il , 506, - Pronostic de Cés ulcères ; II ,
507. — PronosUc dés ulcères vénériens de
la verge; H, 533. -Traitement des ulcè¬
res vénériens de la bouche; Il , 543. —
Traitement des ulcères véUérléns de la
. Vergé; II, 552. — Les ulcères des pOumons
rendent l’haleine fétide ; II, 600. — Signes
; llidlralfeurs des ulcères de la matrice j il,
778.— Simülallon d’üh üleère à la jambe ;
III , 47. — Il faut sè garder de fermer les
ulcères en temps de peste; 111, 375. —
Emploi de l'antimoine dans le traitement
des ulcères; III , 467. ^
ÜLETiV. Histoire et description de Tulelif;
III, 503.
tlNGtuA. Définition; II, 47, 429. — Causes ,
signes, pronostic, traitement; II, 429.
ÜNICORNIS; III , 492.
Université. Origine des universités; Int.,
xxvni. — Intervention de l’Université dans
les querelles des barbiers et des chirur¬
giens: Int., CXL, CXLIV.
Urbain V. S’attache Guy de Chauliac ; Int. ,
Lxiv. — Quitte pour trois ans le séjour
d’Avignon ; Int., lxx.
Uretères. Substance, quantité, figure, com¬
position , nombre , situation , connexion ,
tempérament et fonctions des uretères ;
159. — Signes des lésions des uretères; H,
105; 111, 654. — Moyens pour faire des¬
cendre un calcul engagé dans un des ure¬
tères ; II . 470.
Urètre. Notions les plus anciennes nue nous
ayons sur les rélrécUsemenls de l’urèlre ;
Iht., cLxxx; IH, V. — Rétrécissements
de Turèlre; II, 564. — Traitement; II;
566.
Urine ; 44, 73. — Suppression de l’urine
dans lès luxations de la hanche faites en
devant ; II , 391. — ÀspeCt de l’urine des
calculeux; Il , 462. — Rétention d’urine
par causes intérieures ; II, 497. — Du sang
et du pus qui peuvent être évacués par les
urines; II, 498. — Signes auxquels on re¬
connaît d’où ils viennent ; II , 499 , 500 ,
502, 506.— Vomissement d’urine; II, 503,
505. — Causes extérieures des rétentions
d'urine; pronostic; II, 504. — Curation
des urines sanguinolentes et purulentes ;
il , 506. —Traitement de la rétention d’u¬
rine; II , 507; — Exemple de rétention d’u¬
rine engéndrée par une chaude-pisse ; II,
559. — ÜCs réientions d’urine causées par
les carnosilés de la verge ; II , 5G5.-y Ins¬
trument pour atténuer l’incommodité de
l’incbhtmence d’urine ; II, 6l2. — Réten¬
tion d’urine résuliant d’un abus des plai¬
sirs charnels; II, 636. — Quand et par où
le fœlus commence à uriner : U , 663. —
Etat (le l’urihe , symptômes de fièvre ; lit,
80. — Caractères et traitement de l’ischu-
rie et du flux excessif d’urine ; llI, 202.—
Cftraclèjes de l’urine des lépreux ; III ,
278. — Emploi de l’urine dans le panse¬
ment des morsures d’animaux enragés;
III , 310. — Moyen de provoquer Téva-
cùalion de l’urine; Ut, 447.
UvEE. Dcscripiion de Tnvée; 238. — Enu-
méiélioh des maladies de l’uvée ; II , 418.
UvuLE; 255. — be la Inmeur, iiinainmaiion
et relaxation de l’iiVule; liailement rni'-
dlc il ; excision ; ligature; 384. — Cautéri¬
sation ; 385.
ANALYTIQUE.
V
Vaisseabx. Substance; quantité, figure ,
composition., nombre, situation , tertipé-
rameni, utilité des vaisseaux spermati¬
ques; 154. — Eu quoi ceux de la femme
différent de ceux de i’homme ; 1h2. —
Substance, quantité, figure» composition,
tempérament , situation , nombre , action
des vaisseaux éjaculatoires j 167; — En
quoi les vaisseaux éjaculatoires des
femmes diffèrent de ceux des hommes;
163;
Valence. Université de Valence; Int.,
xxvni., .
Valgi. Quels sontceuxque l’on appelleainsi;
U, 613. — Moyens dé remédier à leur in¬
firmité; II, 614.
Valvules du cœur; 192.
VAfEURS; Action des vapeurs qui s’exhalent
des corps en putréfaction Sur l’air ; III ,
Sb&.—idefn de belles qui s’élèvent des
eaux dormantes oü de la terre; lli , 357.
— Action dès vapeurs terrestres sur les
. végétaux et les animaux; III, 464,.
VA8I. Quels sont ceux que l’on appelle ainsi;
i.i, 613. — Moyens de remédier a leur in¬
firmité ; tl, 6l4.
Varices. Définition, causes, signes; 11,268.
— Incision; 11,269.— Varices des pau¬
pières ; II, 416.
Varicocèle; Traitement des varicocèles
selon Arculanus; Int. , xci.
Vase. Figure d’un vase de verre pour faire
cuire au bain-marie; III, 399. — Formes
et matières des vases à distiller; III, 616 ,
617, — Enumération des vases servant à
distiller; III, 638.
VEAuayantla moitiédu corps d’un homme;
ni , 45; — Veau marin ; III, 772.
Végétaux. Action des vapeurs terrestres sur
les végétaux ; III» 364.
Veilles. Inconvénients des veilles prolon¬
gées ; 73 ; III, 376. — Action des veilles
sur l’économie j II, 35.
Veiîses. Ce que c’est qu’une veine; 128. —
Toutes les veines mésaraïques viennent
du foie ; 142. — Substance, volume, com¬
position , connexion , tempérament et di¬
vision de la veine porte; 147. — Origine
de la veine cave descendante et sa divi¬
sion en veines adipeuses, rénales ou émul-
gentes; 151. — Spètmatiques, lombaires et
iliaques ; division des iliaques en muscu¬
leuses, sacrées, hypogastriques, épigas¬
triques et honteuses; 152. —Veines de la
matrice; 194. — Distribution de la veine
artérielle; 193 -Distribution de la veine
cave descendante; 164. — Subdivision en
veines diaphragmatiques; coronales , ar¬
térielles, azygis, intercostales, mam-
millairésj cervicale; 195. — Musculeuse,
thoracique, axillaire, humérale , jugu¬
laire ; 196. — Veine Recii', veine Puppis ;
197. — Veines de la langue ; 253. — Dis-
Iribulion de la veine céphalique ; 272. —
Distribution de la veine axillaire; 273. —
Distribution dé la veiftC crürttle ; 289. —
Pronostic des plaies des veines; 433. —
Pronostic des plaies desveines jugulâirés;
II , 90. Traitémènl ; II, 9h — Signes
des blessures de la veine cave ; II ; 96 ;
III, 654:
Venceslas (roi de Bohème); Son médecin
Albiciul; Int. , xxi;
Venins, fies plaies envenimées; II, 189. —
Signes rie la qualité des venins; II, l93.
— Reiitèdes contre la morsure des bêtes
venimeuses ; II , 205, — Signes lies
gangrènes résultant des .venins; II, 216.
— G’esl aux venins de plusieurs animaux
qu’il fîut attribuer la douleur quécausent
leurs piqûres; III, 210; — Objets que
l’auteurs’estproposésen é.crivantson traité
des venins; lll, 283. — Définition , modè
d’actijtn , origine; III, 285; — Raison de la
rapidité avec laquelle les poisons agissent;
Illj 286; — S’il est possible qu’un poison
donne la mbrt dans un délai fixe; III,
287.~La chair des animaux qui mangent
des bêtes venimeuses esi-ellé nuisible?
III, 288. Signes généraux d’empoisëh-
nernent ; ill, 289. — Signes dés venins
chauds; III; 2:0; — Signés des venins
froids; lit, 290, 291. Dès venins secs ét
des venins humides; lit, 291, — Absence
de signes certains des Venins qui opèrent
par propriétés occultes; il n’est pas vrai
que le venin des bêtes venimeuses soit
froid; 111,292. — Précautionsà prendre
confre l’empoisonnement, et premiers re¬
mèdes à administrer; lil, 293. — Des ve -
nips en, pariiculier; de la corruption de
l’air ; iil, 295. — Pronostic des venins en
énéral ; III, 297. — Pronostic du vehin
es bêles ; III; 298. — Cure des morsures
etpiqùres des bêtes veniiiieuses ; lit, 300.
Traitement général > III, 303. — Régime
propre au traitement des rriorsurCs de
cblens enragés et autres animaux veni¬
meux; III; 312. — Où est placé le venin
des Vipères; III, 313. — Acèidents qu’il
cause ; remèdes ; III, 314. — Action du
venin de l’aspic ; III, 3l9; Violence du
venin du lièvre marin-, III, 333. — Plab-
tes vénéneuses; III, 334. — Métaux èt
minéraux vénéneux ; III ; 342.
Veni'osiïés, Des ventosités qui s’engendréht
dans la matHce; II, 766.— Des ventosités
qui accompagnent lès douleurs arthriti¬
ques, et de leurs remèdes; III, 249. Voyez
Ventouses. Inconvénients dé leur applica¬
tion pour le redressement des côtes; II,
313. — Emploi des ventouses contre lés
coliques venteuses; II, 5l8. — Définition,
manière de lesappliquer; II, 522. — Leür
objet, lieux ou bu les applique; figure
d’une ventouse ; II, 523. — Applicalibn des
ventouses prtur détourner le Uit des ma¬
melles ; II, 710 — Emploi des ventouses
pour léduire la matrice tombée; II, 740,
743. — Pour arrêter le flux menstruel
excessif; II, 773. — Leur emploi dans le
TABLE
tWUenient des fièvres ; III, 86. — Contre
la morsure des bêtes venimmses; III,
,302.
VkNTRK. Du ventre inférieur , II , 104.—
Danger de trop serrer le vende pendant
,, là grossesse; II, 293. — Figure d’un homme
du ventre duquei sortait un autre homme;
, III, 7. — Figure d’un monstre aianl une
tête au milieu du vende ; III, 12, — Corps
étrangers de ventre; 111,28. — Douleur
dé ventre des fébricitiinls ; III, 186. —
Flux de ventre des fiévreux, III, 200. —
Ses caraaères , causes, et traitement;
. cause et traitement de la dureté du ventre
, des fiévreux; III, 201. — Moyens pour
provoquer le flux de ventre; III, 449.—
Moyens pour l’arrêter ; III, 461.
Ventricule. Substance, quantité , figure ,
nombre et connexion du ventricule; 136.
^ — Tempérament du ventricule; ses deux
orifices; 137. — Anatomie des ventricules
. du cœur; 191. — Description des ventri¬
cules du cerveau ; 214.
Vents. Action des vents sur la santé de
l’homme; 64; II, 139. — Qualités des
vents; III, 366
Verdüc. Son silence sur les fanons; II , 289.
VÉRÉcoNDiE. Théorie de cette émotion; II,
661.
Verge. Extraction des corps étrangers de la
verge; 28. — Substance, quantité, figure,
composition delà yerge; 161. — Nombre,
situation, connexion, tempérament, uti¬
lité de la verge; du gland; du prépuce;
162. — Plaies de la verge; II, 109. —
Section du frein de la verge; 11,460. —
Moyens pour expulser les pierres demeu¬
rées au conduit de la verge; II, 473. —
Autre moyen d’extraire une pierre engagée
dans le conduit de la verge en incisant ce
; conduit; II, 474./ — Manière de traiter la
plaie résultant dé cePe incision; II, 476.
— Pronostic des ulcères vénériens de la
verge; II, 633. — Traitement des ulcères
vénériens de la verge; II, 662. — Figure
d’une canule pour remplacer la verge
perdue, II, 613. — Fonctions de la verge
dans le coït; U, 636. — Imperforation de
la verge; II, 678. — Influence de la forme
de la verge sur la stérilité; II, 731.—
Verrues de la verge; II, 789. — Dévelop¬
pement tardif de la verge; III, 18 à 20.—
Histoire d’une espèce de cloporte rendu
par la verge III, 36.
Verminatio; 83.
Vernet (Pierre). Ses traductions d’Hippo¬
crate , Int., ccxxxvii.
Vkrolk. Noms divers de cette maladie ; sa
définit on; ses effets; II, 627. — Ses causes;
II, 628. — Modes de transmission; II,
528, 629. — En quelle humeur est enra¬
ciné le virus vérolique; H , 630. — Signes
de la vérole ré'-ente et de la vérole in¬
vétérée; II, 631. — Pronostic; II, .>,32.
— Adoucissement de la vérole; II, 633.
, — Connaissances nécessaires au chirur¬
gien qui veut traiter la vérole; II, 534.
— Inconvénients des purgations et de
la saignée au début de la vérole ; trai¬
tement parla décoction de gaiac; II,
535, ,w- Vertus du bois de gaiac; 11,636.
— Manière de préparer la décoction ; II ,
537. — Précautions qui doivent précéder,
accompagner et suivre i’administration de
celte décoction; II, 638. — Régime à ob¬
server pendant celte médication ; II , 639.
— Traitement par les frictions; II, 640.
Choix, préparation et mixtion du vif-
argent pour les frictions ; II , 641. — Ma¬
niéré de les exécuter ; II , 643 , 644 et suit.
— Traitement par les emplâtres; II, 647.
— Effets des emplâtres; II, 648, 649. —
Où, comment et pendantcombien de temps
ils doivent être appiiqués ; II , 648. — Trai¬
tement par les parfums; accidents qui en
résultent; dans quels cas il faut y avoir re¬
cours ; II , 661 — Mode d’administration ;
éléments principaux; formules; II, 662.
— Traiiement des ulcères de la verge;
II, 662. — Symptômes primitifs, se¬
condaires et tertiaires de la vérole; II,
663; III, 426. — En quoi la gonorrhée
diffère de la chaude-pisse; 11, 666. — Dé¬
finitions du priapisme et du satyriasis ; II,
666. — Leur traitement; division de la
chaude-pisse en trois espèces ; Il , 667. —
Cure de la gonorrhée; II, 660. — Cure
générale de la chaude-pisse; II, 661. —
Cure particulière ; II , 662. — Des carno-
si'és qui s’engendrent au conduit de
l’urine après quelques chaudes-pisses ; II,
664. — Signes de ces carnosités; H, 665.
— Pronostic et cure générale des carnosi¬
tés ; II, 666. — Cure particulière ; II , .667,
569. — Remèdes propres à cicatriser les
ulcères après l’ablation des carnosités ; If,
576. — Des bubons ou poulains; leurs
causes et traitement; II, 678. — Des exos¬
toses, lophes ou nodus venant du virus
vérolique; II, 679. — Causes, pronostic,
signes et traitement des dartres ou scis¬
sures serpigineuses ; 11, 597. — De la vé¬
role qui vient aux petits enfants ; II, 698.
■ — Composition et vertus de l’eau ihéria-
cale contre la vérole ; II, 599, 600.
VÉROLE (petite). Description de la petite
vérole ; en quoi elle diffère de la rougeole:
III, 267. — Pronostic ; III, 268. — Traite¬
ment; III, 269.— Moyens de préserver
des ravages de la petite vérole les yeux;
Ilf , 261,263. — Le nez, la gorge et les
poumons ; III, 262, 263. — De la suppura¬
tion des boutons; 111,262. — De la dé¬
mangeaison consécutive et des moyens de
faire disparaître les cicatrices; III, 263.
VÉRON. ORil Véron ; H, 4 19.
Verrues., Cinq sortes de vei rues, et leur trai¬
tement; 367. — Verrues qui viennent au
col de la matrice; H, 786, 787. — Variétés;
pronostic ; traitement ; II, 787. — Verrues
des pieds et des mains; verrues de lu
verge ; II, 789.
Vers. Moyen pour faire mourir les vers des
deiils; II, ifà). — Remèdes contre les vers
des intestins J II, 516, 692. — Histoire de
vers engendrés dans le nez ; III, 35. — Ver
engendré dans l’estomac d’un homme:
Idem dans les intestins d’une femme;
lu, 37. — Vers engendrés dans l’es-
lomac; III, 41. — Théorie de la forma¬
tion des ycrs des intestins; leurs trois
variétés ; III , 264. — Lieux auxquels ils
s engendrent; signes pour reconnaître ces
lieux; III, 265. — Pronostic tiré de l’as¬
pect des vers ; III, 266. — Cure; III, 267.
maladies qui compliquent les vers ;
Versa SOIE; III, 744.
Vmt-ke-gris. Son action sur l’économie
humaine ; contre-poison; III, 342.
VERTEBRES. Description des sept vertèbres
du col ; 259. — Vertèbres du métaphrène
et des lombes; 265. — Danger de trop
serrer les vertèbres du dos; 11,292. —
Fractures des vertèbres; leur pronostic et
leur cure; II, 315. — Luxation des vertè¬
bres du cou; II, 361. — Signes et causes
des luxations des vertèbres du dos ; II,
362. — Pronostic; II, 363. — Luxations
des vertèbres résultant de cause interne;
II, 364. — Pronostic de ces luxations; II,
365. — Les luxations des vertèbres lom¬
baires peuvent occasionner des rétentions
d’urine; II, 5ü4. — Pronostic des enfon-
çures des vertèbres dorsales ; III, 657.
Vebtex. Ce que c’est ; 204.
Vertioo. Définition; II, 409.— Causes,
signes et cure; II, 410.
Vesale. Sa vie; ses travaux; Int., cclxv. —
Emprunts que lui a faits Paré; 15. —
Baume décrit par Vésale; III, 632.
VÉstcATOtRES. Leuremplui dans l’hydropisie;
397. — Contre les maux de dénis ; II, 448.
— Dans le traitement des fièvres; 111, 86.
— Dans celui des gouttes causées de pi¬
tuite ; III , 239. — Contre la goutte scia¬
tique ; 111,254. — Différentes manières de
faire un vésicatoire; III, 428. — Défini¬
tion ; ingrédients ; III , 584. — Exemple;
usage ; manière de les appliquer; III, 585.
Vessie. Substance delà vessie; 159. — Quan¬
tité, figure, composition, nombre, situa¬
tion, action et usage de la vessie; 160. —
Du Col de la vessie ; 160, 1 61 . — Signes et
pronostic des lésions de la vessie; 433 ; II,
105;III, 664. — Traitement; 109. — Ulcères
, delà vessie; II, 265. — Symptôrnesaccusant
la présence d’un calcul dans là vessie ; II,
462. — Caractères des pierres vésicales;
U, 465. — Moyens pour expulser les pier-
, res descendues dans la vessie ; II, 472. —
Moyens pour expulser les pierres demeu¬
rées au col de la vessie; II, 473. — Ma¬
nière d’extraire par incision les pierres
de la vessie des enfants rnàles; 11, 475. —
Traitement des fistules de la vessie ; II,
493. — S/mptômes des ulcères de la ves¬
sie; IL 606.— Pronostic; II, 507. — Corps
étrangers de la vessie; III, 29, — Cas
d’extraction de pierres de ia vessie ; III ,
29,30.
AMALYTÏQUE.
ViANEo. Détails sur cette famille d’empiri¬
ques; Int., ci. . (T,.
ViART (Claude); Int., c.; III, xt"
Viatique. Ouvrage arabe traduit par diinr
stantin ; Int., XXV. ' '
ViDUs ViDius.Sa traduction ét sés fcôThtrièn-
taires d’Hippocrate ; Int., ccxxxix.’ -^.Ses
leçons au collège de France ; Dit., c'éAV
Vie. Le cœur est le principe de la vie: T88.
— Différence du poids d’uh boiiime tifén-
dant ou après sa vie; II, 696.')^ A qiioi
la vie a été comparée;, III, 463. ' ,
Vieillards. Leur caractère, leur tèihpéi'a-
ment; 37. — Quels sont les aliments qui
leur conviennent; 69. — Pourquoi la
pierre s’engendre le plus souvent aux mns
chez les vieillards; II, 465. — Causes des
rétentions et des iiicontinerices d’iinnes
propres aux vieillards ; H, 498. — Quand
il faut saigner les vieillards ; II, Wbi —
La goutte est incurable chez les vieillards;
111,221.
Vierges. Par où fluènt les menstrues aux
vierges; II, 772.
Vif-argent. Emploi du vif-argent dans le
traitement des parotides; 380. — Dans le
traitement des ulcères; II, 253, 255. — Le
vif-argent est l’alexitère des maux véné.T
riens; II 262, 528, 542; III, 347. — Etiî-
ploi du vif-argent dans le traitement dç Jta
teigne; II, 408. — Dans cèlui de ia coliqùè;
II, 519. — Sa supérioritésur le buis de gaïac
dans le traitement de la vérole; II, 636.
— Origine de ce nom , opinions conlra-
dicloires des anciens sur le vif argent; ses
caractères et propriétés ; III, 344, 346. —
Innocuité du vif-argent pris à l’inlérieur;
III , 345 , 346. — Son efficacité contre la
rogne ; son action stir les nerfs ; est mortel
à la vermine ; deux espèces de vi t-àr'g|nt ;
III, 348, — Çaràç^ères de éè^ espèçes f lll,
349.— Choix, prèparàtion'et niixtidniluVif-
argent employé dans les friclîOns contre
la vérole; III, 541.-^ Son emploi rend
l’haleinefétidp; II, 600. , '
ViGO (Jean de). Ce qu’on sait sur sa vie ; Int.,
CLxxv; III, vt.— Idée générale de sa Prac-
tioa copiosa ; Int., cLxxvi. — Succès jiro-
digieux de ce livre; Int., clxxvii. — Va¬
leur réelle de ce livre; Int., cLxxvm. —
Erudition de Jean de Vigo; faits èt Vues
qui lui appariiennent ; Iqt,, CLxxix. —
— Motifs qui lui firent composer son Com¬
pendium; Int., cLXxxi. — Epoque probable
de sa mort; Int., CLXxxn. — Traduit par
Nicolas Godin ; Int. , ccxxxvu. — Précaq-
tions qu’il indique pour l’incision des ab¬
cès ; 335. — Son silence sur la paracentèse
abdominale, 401. — Emplâtre tnereufiel
de Vigo; U, 542. — Son mode d’extirpa¬
tion du cancer avec l’instrument tranchant
et le fer rouge se retrouve dans Gilbert;
ni, vu.
Villes. Influence funeste de la peste sur
leur prospérité ; III, 458, 459,
Vin. Sur l’usage du vin dans Iç traitement
l des fièvre» i lU, 127. — Dan» quel» ca»
table ^IfALTTIQUE.
878
il est permis am pestiférés; ^1, 402. —
Aclion de la vapeur du v}n nouveau sur
l’économie ; 111, 664.
Vinaigre. Esi l’antidote des poisons chauds
et froids; III, 674. — Manière de distiller
le vinaigre; III, 623. — Vertus conserva¬
trices du vinaigre , 111, 673.
VioL.Peut causer un ulcère à la matrice ,-11,
266. I
■ Vipère. Morsure de la vipère; III, 313. —
Accidents qu’elle cause; III, 314. — Jle-
mèdes; II, 205;III, 314.
Virginité. Flux du sang, indice trompeur qe
virginité; moyens employés par certaines
femmes pour foire croire à leur virginité;
II, 749, — Rapports sur la quesiion de sa¬
voir si une fllie est vierge; III, 666,— ^ Im¬
possibilité de prononcer sur la question de
virginité; III, 667.
Virilité, Quel est le tempérament de cet
âge ; 36.
Virus. En quelle humeur est enraciné le vi¬
rus vérolique; 11, 230, — Transmission (Je
ce virus dè la nourrice à l’enfant et réci¬
proquement; II, 629. — Traitoinenl des
nodus venant de ce virus ; II , 759. — Sur
le virus arthritique; III, 209 et suiv. —
Qualités du virus rabique; IIl, 308.
Visage. Onguent pour les brûlures du vi¬
sage ; II, 206. — La couleur du visage in¬
dique la température des humeurs ; III,
603.
Vision. Théorie de la vision; 240, 241, 242.
Vitriol. Émploi de l’huile de vitriol pour la
teigne ; II , 4(18. — Manière de faire
l’huile de vitriol ; III, 633.
Vive. Description, accidents résultant de sa
piqûre, et remèdes ; III, 331.
Vocations. Théorie des vocations ; II, 653.
Voix. Comment elle se forme; 186, — Nerfs
de la voix selon Galien ; 198. — '
cède la diversité des voix; 2.66.
teres de la voix des lépreux ; III , 276. —
Aptitude de certains animaux à imiter la
voix de l’homme; lll, 769.
Voleurs. Leurs ruses en temps de peste;
III, 378, 468.
VoLVüLUS. Ce que c’est; 613.
Vomissement, Causes du vomissement bi¬
lieux consécutif des fractures du crâne ;
24. — Vomissement d’ùrines et de matiè¬
res fécales ; II, 603, 6o5. — Vomissement
cause d’avortement; II, 714.— Considéré
comme moyen de retirer la matrice; II,
744, — Manière de provoquer le vomisse¬
ment ; II, 769 ; III, 444. — Causes et trai¬
tement du vomissement comme symptôme
des pâles couleurs ; II, 781. — Prétendus
remedes contre les vomissements; III, 66,
— Causes des Vomissements des fiévreux ;
III, 197. — Remèdes ; III, 198. — Du vo¬
missement dans le traitement des gout¬
tes; 111, 224,262.
Vomitifs; III, 132, 166, 444.
Vossius. Ce qu’il dit du Regimtn taniuttu ;
Int., XX. . , . ,
VuB ; 67. — De quel secours elle est nu chi¬
rurgien ; 03. — rrincipal sens de Vani-
I maf; 236. Eblouissement de la vue;
III, 191. — Cécité ré.'Ulianl de la petite
vérole et de la rougeole ; 111, 260.
Vuiuangs;73 ,
Vulve. Figure d’un monstre ayant deux vul¬
ves, quatre bras et quatre pieds ; |II, 18.
’VVisHMAt), Son silence sur le* fanons; II,
289.
WisiGOTHS. Privilèges que leurs lois assu¬
raient aux médepins ; pénalité qu elles leur
infligeaient; Int., ifvii.
Woop (A.). Ce qu’il pous apprend sur Jean
de Gaddesden ; Int., lui.
WuRTî (Félix) ; Int., çpLxxxv. — Sa doctrine
sur le traitement des plaies pénétrantes de
poitrine ; II, 07.
XÉROPHTHALMIE. CC QUO C'Clt ; U, 416,
Yeux. Traité des maladies des yeux , de
Bienvepu; Int., Lxvin. — Extraction des
corps étrangers des yeux ; 26. — Descrip¬
tion des yeux ; 236. — Des mu.-cles des
yeux ; 236. — Des tuniques de l’œil ; 237.
— Des humeurs contenues en l'œil; 239.
— Des veines des yeux ; 242.— Sympathie
des deux yeux; II, 79.— Ulcères des yeux;
II, 259, — Maladies des yeux ; II, 413. —
Maladies affeclant l’œil eiUier; II. 414. —
Les paupières; II, 416.— Les membranes,
la cornee ,11,417. — L’uvée , la prunelle ,
les humeurs; il, 4l8. — Les angles, le
nerf optique ; II, 419. — Figures d’yeux ar-
llficiels ; II, 603, 604,— Moyens de les adap¬
ter ; du strabisme et des moyens de le cor¬
riger; II , 604 — Moyens de préserver le*
yeux des ravages de ia petite vérole ; III,
261 , 263.— Eial des yeux chez les lépreux »
III, 276. — Emploi de l’antimoine dan» le
traitement des maladies des yeux; III,
467.— Prétendus remèdes contre les maux
d’yeux; traitement des contusions des
yeux; III , 486. — Cas de plaie grave de
l’œii avec çontusion suivie de guérison:
III, 488. — Emploi de l’artériotomie dans
les fluxions invétérées des yeux; lll, 684.
ZiRBus; 186. — Hargne zirbale; 404. —
Causes , signes et traitement de la hargne
zirbale; 414.
Zodiaque. Signes du zodiaque» lil, T96,
ZoomvTKS ; lll, 769.
flN l)« tA TAptE ANALYTIQUE
M SU TBOISIBME BT SEBNIBB VOLUHI.